Les types de textes Qua uatr tre e ty type pes s de di disc scou ours rs,, qu quat atre re ca cara ract ctér éris isti tiqu ques es différentes… Objectif : Identifier les caractéristiques de quatre types de textes.
I. La narration :
Texte 1 « Ma mère remua dans son lit, toussa toussa,, soupira, finit par se mettre sur sur son son séan séant. t. Elle Elle se le leva va et ouvrit la fenê fenêtr tre. e. La lumi lumièr ère e m’éclaboussa m’ éclaboussa les yeux et me fit mal. »
merveilles (1954) Texte 2
Ahmed Sefrioui, La boîte à
« La gardienne ouvrit ses deux mains, reçut le don et entama entama une long longue ue orai orais son. on. Des Des femm femmes es arrivèrent de l’ex l’exté téri rieu eurr et se joignirent à notre petit groupe pour bénéficier de ce moment de grâce, pour profiter de cette rosée spirituelle qui rafraichit les cœurs. »
merveilles (1954) Consigne :
Ahmed Sefrioui, La boîte à
1- Observez les verbes. A quel temps sont-ils conjugués ? A- le pass passé é compo composé sé B- le passé passé simple simple C- l’imp l’imparf arfait ait.. Choisi Choisiss ssez ez la bonne réponse. 2- Si le passé simple introduit une succession d’actions dans le pass passé é pourr pourrons ons-no -nous us dire dire qu que e l’acti l’action on se dérou déroule le de façon façon : Asuccessive B-simultanée. B-simultanée. Choisissez la bonne réponse. 3- Si le texte narratif est caractérisé par l’utilisation du passé simple. Pourrions-nous Pourrions-nous dire que ce texte est narratif ? 4- Pour Pourqu quoi oi pour pourri rion onss-no nous us dire dire qu que e l’ac l’acti tion on** se déro déroul ule e de manière rapide ?
Correction 1- Les verbes sont conjugués au : A- passé simple.
2- Si le passé simple introduit une succession d’actions dans le pass passé é pourr pourrons ons-no -nous us dire dire qu que e l’acti l’action on se dérou déroule le de façon façon : Asuccessive B-simultanée. B-simultanée. Choisissez la bonne réponse. 3- Si le texte narratif est caractérisé par l’utilisation du passé simple. Pourrions-nous Pourrions-nous dire que ce texte est narratif ? 4- Pour Pourqu quoi oi pour pourri rion onss-no nous us dire dire qu que e l’ac l’acti tion on** se déro déroul ule e de manière rapide ?
II.. La de II desc scri ript ptio ion n : le ca cas s du du por portr trai ait. t. Texte 1 ***Eugène de Rastignac avait un visage tout méridional ***Eugène méridional,, le teint blanc,, des blanc des chev cheveu eux x noirs noirs,, des yeux bleus bleus.. Sa tournu urnure re,, ses manières, sa pose habituelle dénotaient le fils d'une famille noble noble,, où l'éducation première n'avait comporté que des traditions de bon goût. S'il était ménager de ses habits, si les jours ordinaires il achevait d'user les vêtements de l'an passé, néanmoins il pouvait sorti sortirr quelqu quelquefo efois is mis comme comme l'es l'estt un jeune homme élégant élégant.. Ordinairement Ordinairement il portait une vieille redingote, redingote, un mauvais gilet, la méchante cravate cravate noire, noire, flétrie flétrie,, mal noué nouée e de l'Et l'Etud udia iant nt,, un pantalon à l'avenant et des bottes ressemelées ressemelées.. Partie 1 Honoré de Balzac, Le père Goriot, (1835)
Texte 2 ***Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la ***Monsieur Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande sale même était ornée d’une tapisserie. (…) le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l’appelaient tous Monseigneur, Monseigneur, et ils il s riaient quand il faisait des contes. Madame la baronne, baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait s’attirait par là une très grande considération, considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectueuse.. Sa fille Cunégonde respectueuse Cunégonde,, âgée âgée de dixdix-se sept pt ans, ans, était haute en couleur, fraîche fraîche,, grasse grasse,, appétissante appétissante.. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l’oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère. CH 1 Voltaire, Candide, (1750)
Consigne : 1- Remplissez le tableau suivant : Les personnages Eugène de Rastignac
Description valorisante
Monsieur le baron Madame la baronne,, baronne Cunégonde Le fils du baron Pangloss Candide
Correction
1- Je 1 Je remplis le tableau suivant :
Description dévalorisante
Les Description valorisante personnage s Eugène de « …un visage méridional …», …», Rastignac « …le teint blanc …», …», «… des cheveux noirs …», …», «… des yeux bleus bleus.. », «… le fils d'une famille noble… », », «… l'éducation première n'avait comporté que des traditions de bon goût. », « … un jeune homme élégant élégant.. » Monsieur le baron Madame la baronne,, baronne Cunégonde
Le fils du baron Pangloss Candide
Description dévalorisante « …une vieille redingote… », « un mauvais gilet », « … la méchante cravate noire,, flétrie noire flétrie,, mal nouée de l'Etudiant… », «… un pantalon à l'avenant et des bottes ressemelées.. » ressemelées
« …un des plus puissants seigneurs… » : Valorisation ironique* « …une très grande considération… considération… », « … plus respectueuse.. » Valorisation respectueuse ironique* «… était haute en couleur, fraîche,, grasse fraîche grasse,, appétissante.. » Valorisation appétissante ironique* « …paraissait en tout digne de son père. »Valorisation »Valorisation ironique* « …était l’oracle de la maison,… » Valorisation ironique* « …le petit… »
III. II I. La na narr rrat atio ion n et et la la des descr crip ipti tion on dan dans s le le réc récit it.. Texte 1 Le narrateur Sidi Mohamed se trouve dans un souk avec son pète. Il relate un événement qui la marqué dans son enfance… Brusquement, mon père me déposa à terre et disparut s’élevèrent à l’autre dans la foule. Son absence dura dura.. Des cris s’élevèrent bout du souk. Ils dominaient le tumulte, éclataient comme un orage. De grandes ondulations parcoururent cette mer humaine. CH 8
merveilles (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à
Texte 2 Leur fils ainé partit au service. Le second mourut ; Charlot resta seul à peiner avec le vieux père pour nourrir la mère et deux autres sœurs cadettes qu’il avait avait..
champs, (1883)
Guy de MAUPASSANT. Aux
Texte 3 **Dès notre arrivée nous grimpâmes sur une vaste estrade couverte de nattes. (…) nous commençâmes notre déshabillage dans un tumulte de voix aiguës, un va-et-vient continu de femmes à moitié habillées, (...) Toutes ces femmes parlaient fort, gesticulaient avec passion, poussaient des hurlements inexplicables et injustifiés. Je retirai mes vêtements et je restai tout bête, les mains sur le ventre, devant ma mère lancée dans une explication avec une amie de rencontre. CH 1
merveilles (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à
Texte 4
***Et soudain, nous l’entendîmes l’entendîmes ; mais les sons qu’elle proféra ajoutaient encore encore à l’imp l’impres ressio sion n d’ d’ani anima malit lité é qu que e donnait son attitud attitude. e. Elle était alor alors s à l’ex l’extr trêm ême e limit limite e de son son perc percho hoir ir,, à croire qu’elle allai allaitt se précipiter dans le lac. Elle ouvrit la bouche. J’étais J’étais un peu à l’écart et pouvais l’observer sans être remarqué. Je pensais qu’elle allait parler, crier. J’attendais J’attendais un appel. J’étais J’étais préparé au langage le plus barbare, mais non pas à ces sons étranges qui sortirent de sa gorge ... P 1. CH. 5
(1973)
Consigne :
Pierre Boulle, La Planète des Singes,
1- Sous forme d’un tableau délimitez* les passages où il y’a les séquences* séquences* narratives et les passages où il y’a les séquences descriptives. Sachez que : a- une séquence narrative=les narrative=les verbes sont conjugués au passé simple et b- une séquence descriptive= les verbes sont conjugués à l’imparfait.
Text Te xtes es Séqu Séquen ence ce=p =pas assa sage ge : narratif 1 2
Séquence=passage : Séquence=passage descriptif
3 4 2- Le récit* est-il au passé ou au présent ? Sachez que : a- un récit au passé les verbes sont conjugués au passé b- un récit au présent les verbes sont conjugués au présent (de la narration*) 3- Transformez Transformez donc les trois récits au présent de la narration*.
Correction
1- Remplissez le tableau suivant : Text Te xtes es Séqu Séquen ence ce=p =pas assa sage ge : narratif 1 « Brusquement, mon père me déposa à terre et disparut dans la foule. Son absence dura dura.. 2
3
Séquence=passage : Séquence=passage descriptif Ils dominaient le tumulte, éclataient comme un orage.
’ « Leur fils ainé partit
au service. Le second mourut ; Charlot resta seul à peiner avec le vieux père pour nourrir la mère et deux autres ’ « Dès notre arrivée nous grimpâmes sur une vaste estrade couverte de nattes. (…) nous commençâmes notre déshabillage dans un tumulte de voix aiguës,… »
4
« Toutes ces femmes parlaient fort, gesticulaient avec passion, poussaient des hurlements inexplicables et injustifiés. » « Je pensais qu’elle allait parler, crier. J’attendais J’attendais un appel. J’étais J’étais préparé au langage le plus barbare, mais non pas à ces sons étranges qui sortirent de sa gorge ... »
2- Le récit est au passé. 3- Je transforme les trois récits au présent de la narration.
Texte 1 Transformation Brusquement, mon père me dépose à terre et disparait dans la foule. Son absence dure dure.. Des cris s’élèvent s’élèvent à l’autre bout du souk. Ils dominent le tumulte, éclatent comme un orage. De grandes ondulations parcourent cette mer humaine. CH 8
merveilles (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à
Texte 2 Transformation
Leur fils ainé part au service. Le second meurt ; Charlot reste seul à peiner avec le vieux père pour nourrir la mère et deux autres sœurs cadettes qu’il a.
champs, (1883)
Guy de MAUPASSANT. Aux
Texte 3 Transformation **Dès notre arrivée nous grimpons sur une vaste estrade couverte de nattes. (…) nous commençons notre déshabillage déshabillage dans un tumulte de voix aiguës, un va-et-vient continu de femmes à moitié habillées, (...) Toutes ces femmes parlent fort, gesticulent avec passion, poussent des hurlements inexplicables et injustifiés. Je retire mes vêtements et je reste tout bête, les mains sur le ventre, devant ma mère lancée dans une explication avec une amie de rencontre. CH 1
merveilles (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à
Texte 4 Transformation ***Et soudain, nous l’entendons l’entendons ; mais les sons qu’elle profère ajoutent enco encore re à l’im l’impr pres essi sion on d’ d’an anim imal alit ité é qu que e donne son attitude. Elle est alors à l’extrême limite de son perchoir, à croire qu’elle va se précipiter dans le lac. Elle ouvre la bouche. Je suis un peu à l’écart et peut l’obs l’observ erver er sans sans être être remarq remarqué. ué. Je pense qu’elle va parler parler,, crier. crier. J’attends J’attends un appel. Je suis prép préparé aré au langage le plus barbare, mais non pas à ces sons étranges qui sortent de sa gorge ... P 1. CH. 5
Pierre Boulle, La Planète des Singes,
(1973)
IV. L’argumentation. Texte 1 Dans cet essai, Victor Hugo est clair : la peine de mort est une condamnation absurde et sans fondement… « Ceux qui jugent et qui condamnent… » Ceux qui jugent et qui condamnent disent la peine de mort nécessaire. D'abor D'abord, d, – parce parce qu'il qu'il im impo port rte e de re retr tran anch cher er de la communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait luii nu lu nuir ire e en enco core re.. – S'il 'il ne s'ag 'agiss issait que de cela cela,, la pr pris ison on perpétuelle suffirait. suffirait. À quoi bon la mort ? Vous objectez qu'on peut s'échapper d'une prison ? Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osezvous avoir des ménageries ? Pas de bourreau où le geôlier suffit. Mais, reprend-on, – il faut que la société se venge, que la société punisse. – Ni l'un, ni l'autre. Se venger est de l'individu, punir est de Dieu. Préface (1832)
Victor Hugo, Le Dernier jour d'un condamné –
Consigne : Remplisse Remplissez z le tableau suivant : Text e
Le thème :
La thèse : L’antithèse :
Les arguments pour la peine de mort :
Les arguments contre la peine de mort :
Correction
Text e
Le thème : La peine de mort
La thèse : « …la peine de mort
nécessaire. »
L’antithèse : la peine de mort est
absurde. Les arguments pour la peine de mort :
« …il importe de retrancher de la communauté communauté sociale un membre qui lui a déjà nui et qui pourrait lui nuire encore. » « …on peut s'échapper d'une prison … », «… il faut que la société se venge, que la société punisse… » V.
Les arguments contre la peine de mort : «la prison perpétuelle
suffirait. » « Faites mieux votre ronde. Si vous ne croyez pas à la solidité des barreaux de fer, comment osezvous avoir des ménageries ? », « Pas de bourreau où le geôlier suffit. » « Se venger est de l'individu, punir est de Dieu. »
L’information et l’explication.
Texte 1
*** Seuls de jeunes écervelés, voulant imiter à tout prix leurs aînés, allaient se perdre ailleurs, abandonnant à la frich iche les terres qui les avaien ient nourris et vu gran grandi dir. r... ..L’ L’an ancie cienn nne e soli solida dari rité té n’ n’ex exis ista tait it plus plus depu depuis is l’indé l’indépen pendan dance. ce. Ils devaie devaient nt se débrou débrouille illerr tout tout seuls seuls pour trouver un emploi. La plupart devenaient garçon de café, chasseurs d’hôtel. D’autres réussissaient à quitter le pays pour la France, la Belgique ou la Hollande. Ceuxlà reve revena naien ientt chaq chaque ue anné année e au vola volant nt d’ d’un une e nouv nouvell elle e voiture voiture qu’ils qu’ils revendaien revendaientt à bas prix avant avant de repartir. repartir. En un mois de vacances fébriles, ils dépensaient toutes leurs économies. CH 8 Moha Mo hamm mmed ed Kh Khai airr-Ed Eddi dine ne,, Il ét étai aitt un vi vieu eux x co coup uple le heureux (2002) Texte 2
**Les singes ne sont pas divisés en nations. La planète entière est administrée par un conseil de ministres, à la tête tête du duqu quel el est est plac placé é un triu triumv mvir irat at comp compre rena nant nt un
gorille, un orang-outan et un chimpanzé. A côté de ce gouvernement, il existe un Parlement composé de trois chambres : la Chambre des gorilles, celle des orangsouta outans ns,, cell celle e des des chim chimpa panz nzés és,, chac chacun une e veil veilla lant nt aux aux intérêts des siens. D’un D’une e époq époque ue asse assez z éloi éloign gnée ée où ils ils régn régnai aien entt par par la forc force, e, les les gori gorill lles es ont ont gard gardé é le goût goût de l’au l’auto tori rité té et form formen entt enco encore re la clas classe se la plus plus pu puis issa sant nte. e. Ils Ils ne se mêlent pas à la foule ; on ne les voit guère dans les manifestations publiques, mais ce sont eux qui adminis inisttrent de très haut la plup lupart des grandes entreprises. Assez ignorants en général, ils connaissent d’inst d’instinc inctt la manièr manière e d’u d’utili tiliser ser des connai connaiss ssanc ances. es. Ils excellent dans l’art de tracer des directives générales et de manœuvrer les autres singes. Partie 2 CH 5 Pierre Boulle, La Planète des Singes, (1973) Consigne : Remplissez le tableau suivant : Textes 1
Information
Explication
2
Annexe : mine de textes. Texte 1
***Monsieur Poiret était une espèce de mécanique. En l'apercevant s'étendre comme une ombre grise le long d'une allée au Jardin des Plantes, la tête couverte d'une vieille casquette flasque, tenant à peine sa canne à pomme d'ivoire jauni dans sa main, laissant flotter les pans flétris de sa redingote qui cachait mal une culotte presque vide, et des jambes en bas bleus qui
flageolaient comme celles d'un homme ivre, montrant son gilet blanc sale et son jabot de grosse mousseline recroquevillée qui s'unissait imparfaitement à sa cravate cordée autour de son cou de dindon, bien des gens se demandaient si cette ombre chinoise appartenait à la la race audacieuse des fils de Japhet qui papillonnent sur le boulevard Italien. Quel travail avait pu le ratatiner ainsi? Honoré de Balzac, Le père Goriot, (1835) Texte 2
Oluf, sur son grand cheval à formes d’éléphant, dont il laboure les flancs à coups d’éperon, s’avance dans la campagne ; il traverse le lac, dont le froid n’a fait qu’un seul bloc de glace, où les poissons sont enchâssés, enchâssés, les nageoires étendues, comme des pétrifications dans la pâte du marbre ; les quatre fers du cheval, armés de crochets, mordent solidement la dure surface ; un brouillard, produit par sa sueur et sa respiration, l’enveloppe et le suit ; on dirait qu’il galope dans un nuage ; les deux chiens, chi ens, Murg et Fenris, soufflent , de chaque côté de leur maître, par leurs naseaux sanglants, sanglants, de longs jets j ets de fumée comme des animaux fabuleux. Théophile Gautier, Le chevalier double. Texte 3
L’étranger était beau comme un ange, mais comme un ange tombé ; il souriait doucement et regardait doucement, et pourtant ce regard et ce sourire vous glaçaient de terreur et vous inspiraient l’effroi qu’on éprouve en se penchant sur un abîme. Une grâce scélérate, une langueur perfide comme celle du tigre qui guette sa proie, accompagnaient tous ses mouvements ; il charmait à la façon f açon du serpent qui fascine l’oiseau. Cet étranger était un maître chanteur ; son teint bruni montrait qu’il avait vu d’autres cieux ; il disait venir du fond de la Bohême, et demandait l’hospitalité pour une nuit seulement.
double.
Théophile Gautier, Le chevalier
Texte 4
**Nous comprîmes qu’elle voulait jouer et, sans noue être concertés, nous continuâmes avec ardeur des ébats qui l’avaient si bien mise en confiance, corrigeant nos façons dès qu’elle semblait effarouchée. Il en résulta, au bout de très peu de temps, un jeu dont elle avait inconsciemment établi les règles, jeu étrange en vérité, prés résent entant ant qu quel elq ques ues analo nalogi gies es avec l’év l’évol olut utio ion n de phoques dans un bassin, qui consistait à fuir nous et à nous poursuivre alternativement, à fabriquer brusquement dès que nous nous sentions près d’être atteints et à nous rapprocher jusqu’à nous frôler sans jamais entrer en contact. P 1. CH. 5 Pierre Boulle, La Planète des Singes, (1973) Texte 5
* Moi j’aimais mon père. Je la trouvais très beau. La peau peau blan blanch che e légè légère reme ment nt doré dorée, e, la barb barbe e noir noire, e, les les lèvres rouge corail, les yeux profonds et sereins, tout en lui me plaisait. Mon père, il est vrai parlait peu et priait beaucoup, mais ma mère parlait trop et ne priait pas assez. Elle était certes plus amusante, plus gaie. Ses yeux mobiles reflétaient une âme d’enfant. Malgré son teint d’ivoire, sa bouche généreuse, son nez court et bien fait, elle ne se piquait d’aucune coquetterie. Elle s’ingéniait à paraître plus vielle que son âge. A vingtdeux ans, elle se comportait comme une matrone mûrie par l’expérience. Ch.4 (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à merveilles
Texte 6
**Lalla aicha éprouva toutes sortes de difficulté à s’arracher du matelas où elle gisait.
J’ai gardé un vif souvenir de cette femme, plus large que haute, avec une tête qui reposait directement sur le tronc, des bras courts qui s’agitaient consta constamme mment. nt. Son Son visag visage e lisse lisse et rond rond m’ins m’inspir pirait ait un cert certai ain n dégo dégoût ût.. Je n’ n’ai aima mais is pas pas qu qu’e ’elle lle m’ m’em embr bras assâ sât. t. Quand elle venait chez nous, ma mère m’obligeait à lui embrasser la main parce qu’elle était Cherifa, fille du prophète, parce qu’elle avait connu la fortune et qu’elle était restée digne malgré les revers du sort. Une relation comme Lalla Aïcha flattait l’orgueil de ma mère. (1954)
Ahmed Sefrioui, La boîte à merveilles
Texte 7
**Le maître somnolait, sa longue baguette à la main. Le bruit, les coups répétés sur les planchettes m’en m’ eniv ivra raie ient nt.. J’av J’avai ais s chau chaud d aux aux joue joues. s. Mes Mes temp tempes es bourdonnaient. Une tache de soleil d’un jaune anémique traî traîna nait it enco encore re dans dans le mu murr d’ d’en en face face.. Le maît maître re se réveilla, distribua au hasard quelques coups de baguette et se rendormit. La tache de soleil disparut. Le maître ouvrit les yeux, bailla, distingua au milieu de toutes ces voix, celle qui déformait une phrase vénér énéré ée, rect rectif ifia ia le mot défe défect ctue ueux ux et cher cherch cha a un une e position confortable pour reprendre son somme. Mais il rema remarq rqua ua qu que e le sole soleil il avai avaitt disp dispar aru. u. Il se frot frotta ta les les yeux, son visage s’éclaira et la baguette nous fait signe de nous rapprocher. Le bruit cessa brutalement. Ch.3 (1954)
Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles
Texte 8
*Moi j’aimais mon père. Je la trouvais très beau. La peau peau blan blanch che e légè légère reme ment nt doré dorée, e, la barb barbe e noir noire, e, les les lèvres rouge corail, les yeux profonds et sereins, tout en
lui me plaisait. Mon père, il est vrai parlait peu et priait beaucoup, mais ma mère parlait trop et ne priait pas assez. Elle était certes plus amusante, plus gaie. Ses yeux mobiles reflétaient une âme d’enfant. Malgré son teint d’ivoire, sa bouche généreuse, son nez court et bien fait, elle ne se piquait d’aucune coquetterie. Elle s’ingéniait à paraître plus vielle que son âge. A vingtdeux ans, elle se comportait comme une matrone mûrie par l’expérience. Ch.4 (1954)
Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles
Texte 9
*Zineb jouais avec le chat, un chat noir, maladif, que la famille avait adopté pour satisfaire un caprice de leur fille. J’écoutais ce qu’elle lui racontait. Il y était question de la nourrir de miel et de beurre, de gâteaux fourrés d’am d’ amen ende des s et de cuis cuisse ses s de poul poulet ets s ; le gran grand d bébé bébé aurait un burnous de velours et porterait des turbans de soie. Ch.4 (1954)Texte 9
Ahmed Sefrioui, La boîte à merveilles
Texte 10
*Tante Kenza, la Chouffa appartenait pour moi à une autre race. Elle était royale. Les chacals se sentaient chacals auprès de cette lionne. Etrange est la beauté des lionnes ! Non pas des reines d’un royaume éphé éphémè mère re qu que e div divise ise la faim faim,, la conc concup upis isce cenc nce, e, et l’avidité, mais des reines vierges qui portent dans leurs flancs un dieu d’équité. Ses Ses yeux yeux,, dans dans sa face face de parc parche hemi min n déli délica cat, t, fascinaient ses clientes et imposaient le respect à celles qui ne l’aimaient pas. A vrai dire, j’en avais vaguement peur (…) Je croyais qu’elle disposait de pouvoirs illimités et je considérais comme un privilège d’habiter sous le même toit qu’une personne aussi considérable. Ch.4
(1954)
Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles
Texte 11
**Lalla aicha éprouva toutes sortes de difficulté à s’arracher du matelas où elle gisait. J’ai gardé un vif souvenir de cette femme, plus large que haute, avec une tête qui reposait directement sur le tronc, des bras courts qui s’agitaient constamment. Son visa visage ge lisse lisse et rond rond m’ m’in insp spir irai aitt un cert certai ain n dégo dégoût ût.. Je n’ai n’ aima mais is pas pas qu qu’e ’ell lle e m’ m’em embr bras assâ sât. t. Qu Quan and d elle elle vena venait it chez nous, ma mère m’obligeait à lui embrasser la main parc parce e qu qu’e ’ell lle e étai étaitt Cher Cherif ifa, a, fill fille e du prop prophè hète te,, parc parce e qu’e qu ’elle lle avai avaitt conn connu u la fort fortun une e et qu qu’e ’ell lle e étai étaitt rest restée ée digne malgré les revers du sort. Une relation comme Lalla Aïcha flattait l’orgueil de ma mère. CH.2 Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles (1954) Texte 12
**Ma mère discutait à demi voix avec son amie. Je n’osai n’osai pas m’en approcher approcher.. J’entendai J’entendais s le mot « pacha pacha » plusieurs fois au cours de leur mystérieux dialogue. Ce mot m’ m’im impr pres ess sionn ionna ais, is, me mett metta ais mal mal à l’a l’aise. ise. Le pach pacha a ? N’ N’ét étai aitt-il il pas pas ce pers person onna nage ge crue cruell qu quii fais faisai aitt bastonner les gens au gré de sa fantaisie ? Les menaient dans un cachot noir avec un pain d’orge et une cruche d’ea ’eau ?les les lais laiss saien ient dév dévorer rer par les les rats rats ? Le mot « pacha » faisait trembler les petites gens. Il s’associait dans leur esprit à des ennuis sans nombre, à des douleurs bruyantes, à des cris, et à des lamentations… Ch.4 Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles (1954) Texte 13
** Parfois, je vidais simplement ma Boîte à Merveilles par terre et j’inventoriais mes trésors. Un simple bouton de porcelaine me mettait les sens en extase. Quand je l’avais longtemps regardé, j’en caressais des doigts la matière avec respect. Mais il y’avait dans cet objet un élément qui ne pouvait être saisi ni par les yeux ni par les doigts, une mystérieuse beauté intraduisible. Elle me fascinait. Je sentis toute mes impuissances à en jouir pleinement. Je pleurais presque à sentir autour de moi cett cette e étra étrang nge e chos chose e invi invisi sibl ble, e, impa impalp lpab able le,, qu que e je ne pouvais gouter de la langue, mais qui avait un goût et la pouvoir d’enivrer. Et cela s’incarnait dans un bouton de porcelaine et lui donnait ainsi une âme et une vertu de talisman. Dans la Boîte à Merveilles, il y’avait une foule d’ob d’ obje jets ts hété hétéro rocl clit ites es qu qui, i, pour pour moi moi seul seul,, avai avaien entt un sens : des boules de verre, des anneaux de cuivre, un minuscule cadenas sans clef, des clous à têtes dorée, des encriers vides, des boutons décorés, des boutons sans décor. Il y’en avait en matière transparente, en métal, en nacre. Chacun de ces objets me parlait son langage. C’étaient là mes seuls amis. Ahmed Ahm ed Sef Sefrio rioui, ui, La boî boîte te à mer mervei veilles lles (1954) Texte 14
*** Il but son thé à petites gorgées, fuma plusieurs cigarettes. Cette brusque escapade dans le passé avait rouvert certaines plaies qu’il croyait cicatrisées depuis longtemps. Il se revit errant de ville en ville à la recherche d’un travail, mais il n’y avait rien. La misère régna égnait it part partou outt et un une e gra grand nde e épid épidém émie ie de typh typhus us emportait les plus faibles. Seuls les Européens étaient soignés à temps. Cette maladie sévissait surtout dans le peuple, chez les indigènes comme on les appelait alors. Il y’avait des poux partout. Chez les Européens, les poux n’existent pas. CH 4 Mohamm Moha mmed ed Kh Khai airr-Ed Eddi dine ne,, Il ét étai aitt un vi vieu eux x co coup uple le heureux (2002) Texte 15
*** Seuls de jeunes écervelés, voulant imiter à tout prix leurs aînés, allaient se perdre ailleurs, abandonnant à la friche les terres qui les avaient nourris et vu gran grandi dir. r... ..L’ L’an ancie cienn nne e soli solida dari rité té n’ n’ex exis ista tait it plus plus depu depuis is l’indé l’indépen pendan dance. ce. Ils devaie devaient nt se débrou débrouille illerr tout tout seuls seuls pour trouver un emploi. La plupart devenaient garçon de café, chasseurs d’hôtel. D’autres réussissaient à quitter le pays pour la France, la Belgique ou la Hollande. Ceuxlà reve revena naien ientt chaq chaque ue anné année e au vola volant nt d’ d’un une e nouv nouvell elle e voiture voiture qu’ils qu’ils revendaien revendaientt à bas prix avant avant de repartir. repartir. En un mois de vacances fébriles, ils dépensaient toutes leurs économies. CH 8 Moha Mo hamm mmed ed Kh Khai airr-Ed Eddi dine ne,, Il ét étai aitt un vi vieu eux x co coup uple le heureux heureu x (2002) Texte 16
- Mais il faut le leur dire, Zira ! m’écriais-je. J’en est assez de vivre prisonnier, même dans la plus confortable des cages, même soigné de toi. Pourquoi me caches-tu ? Pourquoi ne pas révéler la vérité à tous ? Zira s’arrêta, regarda autour de nous et posa la main sur mon bras. « Pour Pourqu quoi oi ? C’es C’estt un uniq ique ueme ment nt dans dans ton ton inté intérê rêtt qu que e j’agis ainsi. Tu connais Zaïus ? - Certes. Je voulais te parler de lui. Et alors ? - As-tu remarqué l’effet produit sur lui partes premiers essais de manifestation raisonnables ? Sais-tu que j’ai essayé cent fois de le sonder à ton sujet et de suggérer oh ! Avec quelle prudence ! - que tu n’étais peut-être pas une bête, malgré les apparences ? - J’ai vu vous aviez de longues discussions et que vous n’étiez pas d’accord. - Il est est têt têtu comm comme e une mule ule et stupi tupide de comm comme e un homme ! éclata Zira. Hélas ! c’est le cas de presque tous les orangs-outans. Il a décrété une fois pour toutes que tes tes tale talent nts s s’ex s’expl pliq ique uent nt par par un inst instin inct ct anim animal al très très développé, et rien ne le fera changer d’avis. Le malheur, c’est qu’il a déjà préparé une longue thèse sur ton cas, où il démontre que tu es un homme savant, c’est-à-dire un homme qui a été dressé à accomplir certains actes sans sans les les comp compre rend ndre re,, prob probab able leme ment nt au cour cours s d’ d’un une e captivité antérieure. - Le stupide animal !
Singes, (1973)
Pierre Boulle, La Planète des
Texte 17
****Quoi ****Q uoique que mademo mademoise iselle lle Victor Victorine ine Taillef Taillefer er eût un une e blancheur maladive semblable à celle des jeunes filles atta ttaqu quée ées s de chlo chlorrose, ose, et qu qu'e 'ell lle e se ratta attach châ ât à la souffrance générale qui faisait le fond de ce tableau par une tristesse habituelle, par une contenance gênée, par un air pauvre et grêle, néanmoins son visage n'était pas vieu vieux, x, ses ses mouv mouvem emen ents ts et sa voix voix étai étaien entt agil agiles es.. Ce jeu jeune ne malh malheu eurr ress ressem embl blai aitt à un arbu arbust ste e aux aux feui feuille lles s jaunies, franchement planté dans un terrain contraire. Sa ph phy ysiono ionomi mie e rous oussâtre, tre, ses chev cheveu eux x d'un d'un blon blond d fauve, sa taille trop mince, exprimaient cette grâce que les les poète oètes s mode moderrnes nes trou trouv vaien ient aux aux statu tatuet etttes du Moyen Age. Ses yeux gris mélangés de noir exprimaient une douceur, une résignation chrétiennes. Ses vêtem êteme ents nts simpl imples es,, peu peu coût coûteu eux x, trahi rahis ssaien ient des des formes jeunes. Elle était jolie par juxtaposition. Heur Heureu euse se,, elle elle eût eût été été ravi raviss ssan ante te:: le bonh bonheu eurr est est la poésie des femmes, comme la toilette en est le fard. Si la joie d'un bal eût reflété ses teintes rosées sur ce visage pâle; si les douceurs d'une vie élégante eussent rempli, eussent vermillonné ces joues déjà légèrement creusées; si l'amour eût ranimé imé ces yeux tristes, Vict Victor orin ine e aura aurait it pu lutt lutter er avec avec les plus plus belle belles s jeun jeunes es filles. Il lui manquait ce qui crée une seconde fois la femme, les chiffons et les billets doux. Partie 1 (1835)
Honoré de Balzac, Le père Goriot,
Texte 18
*** C’était un projet ambitieux, le plus vaste qui eût jamais été formé sur la terre. Bételgeuse, alpha d’Orion, comme l’appelaient nos astronomes, se trouve à enviro environs ns trois trois cents cents années années-lu -lumiè mière re de notre notre planèt planète. e. Elle est remarquable par bien des points. D’abord, par sa taille : son diamètre mesure de trois cents à quatre cents fois celui de notre soleil, c’est-à-dire que si son cent centre re étai étaitt amen amené é en coïn coïnci cide denc nce e avec avec celu celuii de cet cet
astre, ce monstre s’étendrait jusqu’à l’orbite de Mars. Par son éclat : c’est une étoile de première grandeur, la plus brillante de la constellation d’Orion, visible de la terre à l’œil nu, malgré son éloignement. Par la nature de son rayo ayonn nnem eme ent : elle elle émet met des des feux feux rouge ouges s et orange du plus magnifique effet. Enfin, c’est un astre d’éclat d’éclat variable : sa luminosité luminosité varie varie avec le temps, temps, ceci étant causé par des altération ions de son diamètre. Bételgeuse est une étoile palpitante. Partie 2 CH 5
Pierre Pier re Bo Boul ulle, le, La Pl Plan anèt ète e de des s Si Sing nges es,, (1973) Texte 17 Texte 19
***Monsieur Poiret était une espèce de mécanique. En l'apercevant s'étendre comme une ombre grise le long d'une d'une allée au Jardin Jardin des Plantes, Plantes, la tête couverte couverte d'une viei vieill lle e casq casque uett tte e flas flasqu que, e, tena tenant nt à pein peine e sa cann canne e à pomme d'ivoire jauni dans sa main, laissant flotter les pans flétris de sa redingote qui cachait mal une culotte presque vide, et des jambes en bas bleus qui flageolaient comme celles d'un homme ivre, montrant son gilet blanc sale et son jabot de grosse mousseline recroquevillée qui s'unissait imparfaitement à sa cravate cordée autour de son cou de dindon, bien des gens se demandaient si cette ombre chinoise appartenait à la race audacieuse des fils de Japhet qui papillonnent sur le boulevard Italien. Quel travail avait pu le ratatiner ainsi? (1835)
Honoré de Balzac, Le père Goriot,
Texte 20
****Vautrin, l'homme de quarante ans, à favoris peints, servait de transition. Il était un de ces gens dont le peuple dit: Voilà un fameux gaillard! Il avait les épaules larges, le buste bien développé, les muscles apparents, des mains épaisses, carrées et fortement marquées aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux arde ardent nt.. Sa figu figure re,, rayé rayée e par par des des ride rides s prém prémat atur urée ées, s, offr ffrait des sign ignes de dureté que démentaien ient ses manières souples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaieté, ne déplaisait point. Il
était obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'av l'avai aitt bien bientô tôtt démo démont ntée ée,, rafi rafist stol olée ée,, hu huil ilée ée,, limé limée, e, remontée, en disant: Ça me connaît. " Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, la France, l'étranger, les affaires, les hommes, les événements, les lois, les hôtels et les prisons. Si quelqu'un se plaignait par trop, il lui offrait aussitôt ses services. Partie 1 Honoré de Balzac, Le père Goriot, (1835) Texte 21
****La vieille demoiselle Michonneau gardait sur ses yeux fatigués un crasseux abat-jour en taffetas vert, cerclé par du fil d'archal qui aurait effarouché l'ange de la Pitié. Son châle à franges maigres et pleurardes semblait couvrir un squelette, tant les formes qu'il cachait étaient anguleuses. Quel acide avait dépouillé cette créature de ses formes féminines? Elle devait avoir été jolie et bien faite: était-ce le vice, le chagrin, la cupidité? Avait-elle trop aimé, avait-elle été marchande à la toilette, ou seulement courtisane? Expiait-elle les triomphes d'une jeunesse insolente au-devant de laquelle s'étaient rués les plaisirs par une vieillesse vieill esse que fuyaient les passants? Son regard blanc donnait froid, sa figure rabougrie menaçait. Elle avait la voix clairette d'une cigale criant dans son buisson aux approches de l'hiver. Partie 1 Honoré de Balzac, Le père Goriot, (1835)