GROUPE INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES CYCLE D’EXPERTISE COMPTABLE (CEC)
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME NATIONAL D’EXPERT COMPTABLE
Sujet :
TRAITEMENT EN NORMES IFRS DES FRAIS DE RECHERCHE & DEVELOPPEMENT ET PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’AUDIT SPECIFIQUE www.mémoiregratuit.com Auteur
: Madame Bouchra FARDAOUSSI
Président du jury
: M. Abdellatif EL QUORTOBI Expert-comptable DPLE
Directeur de recherche
: M. Mostafa FRAIHA Expert-comptable DPLE
Suffragants
: M. M’hammed EL HAMZA Expert-comptable DPLE
M. Abdelmajid BENJELLOUN TOUIMI Expert-comptable DPLE
Mai 2010
GROUPE INSTITUT SUPERIEUR DE COMMERCE ET D’ADMINISTRATION DES ENTREPRISES CYCLE D’EXPERTISE COMPTABLE (CEC)
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME NATIONAL D’EXPERT COMPTABLE
Sujet :
TRAITEMENT EN NORMES IFRS DES FRAIS DE RECHERCHE & DEVELOPPEMENT ET PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’AUDIT SPECIFIQUE
Auteur
: Madame Bouchra FARDAOUSSI
Président du jury
: M. Abdellatif EL QUORTOBI Expert-comptable DPLE
Directeur de recherche
: M. Mostafa FRAIHA Expert-comptable DPLE
Suffragants
: M. M’hammed EL HAMZA Expert-comptable DPLE
M. Abdelmajid BENJELLOUN TOUIMI Expert-comptable DPLE
DEDICACE Je dédie ce mémoire à toutes les personnes chères à mon cœur. Qu’elles trouvent en ce travail l’expression de toute ma gratitude et mon amour.
A mon père et A ma mère Auxquels je dois ce que je suis. Que Dieu vous protège
A mes frères et sœurs Pour leur amour et leur confiance
A mon mari Pour ses encouragements et son infaillible soutien
Bouchra FARDAOUSSI
En préambule à ce mémoire, je souhaite adresser tous mes remerciements aux personnes qui m'ont apporté leur aide et qui ont ainsi contribué à l'élaboration de ce mémoire. Tout d'abord à Monsieur Mostafa FRAIHA, directeur de recherche, pour l'aide et le temps qu'il a bien voulu me consacrer et sans qui ce mémoire n'aurait jamais vu le jour. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à Messieurs M’hammed EL HAMZA et Abdelmajid BENJELLOUN pour l'intérêt et le suivi qu'ils ont porté à mon travail et qui m'ont été très profitables dans l'accomplissement de ce mémoire. Je remercie également Monsieur Abdellatif EL QUORTOBI pour l’honneur qu’il m’a accordé en présidant le jury. Mes remerciements à Messieurs Rachid M’RABET et Mohammed ELMOUEFFAK ainsi qu’{ tout le personnel et le corps enseignant de l’ISCAE et les membres du secrétariat pour les efforts qu’ils déploient pour la conduite et la réussite du cycle d’Expertise Comptable. Enfin, je remercie tous les membres de ma famille qui m’ont soutenu tout au long de ma formation.
A mes chers fils ILIAS & SAAD
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Table des matières INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................... 14 PREMIERE PARTIE : TRAITEMENT EN NORMES IFRS DES FRAIS DE R&D............................................................................................................................................. 23 INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE ................................................................................. 24 Chapitre 1 : La norme IAS 38 : présentation et comparaison avec d’autres référentiels comptables .............................................................................. 25 Section 1 : Présentation de la norme IAS 38.............................................................. 25 1. Introduction à IAS 38 .........................................................................................................25 1.1. Une approche nouvelle ....................................................................................................25 1.2. Les débats autour de l’exposé sondage de la norme ............................................26 2. Les critères d’activation des frais de R&D ...............................................................29 2.1 Définition et critères déterminants d’une immobilisation incorporelle ......29 2.2 Les dispositions spécifiques pour des frais de R&D ..............................................31 3. Evaluation des frais de R&D ...........................................................................................35 3.1 Les incorporels générés en interne .............................................................................35 3.2 Acquisition séparée d’une immobilisation générée en interne........................38 3.3 Acquisition d’une immobilisation générée en interne dans le cadre d’un regroupement d’entreprises ....................................................................................................39 3.4 Immobilisations incorporelles – coûts liés aux sites web...................................40 4 Les modalités d’amortissement ....................................................................................42 4.1 Détermination de la durée d’amortissement et de la base imposable .........42 4.2 Date de départ des amortissements ...........................................................................44 4.3 Modifications du plan d’amortissement ...................................................................45 4.4 Comptabilisation de la dotation aux amortissements ........................................45
Section 2 : Une opposition au référentiel américain .............................................. 46 1. La conception américaine selon SFAS 2 ....................................................................46 2. La position de la norme SFAS 2 .....................................................................................47 7
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
3. Traitement comptable.......................................................................................................47 4. Les exceptions au cadre général ...................................................................................49 4.1 Logiciels destinés à un usage interne ........................................................................49 4.2 Logiciels non destinés à usage interne ......................................................................50
Section 3 : Principales dispositions des normes marocaines........................... 50 1. Dispositions générales ......................................................................................................50 2. Principes comptables ........................................................................................................51 2.1 Définition et conditions de comptabilisation des frais de R&D .......................51 2.2 Détermination du coût d’entrée ...................................................................................52 2.3 Détermination de la valeur résiduelle .......................................................................52 2.4 Règles d’amortissement ..................................................................................................53
Section 4 : Synthèse des différents traitements comptables de la R&D ........ 55 Chapitre 2 : Analyse critique sur les conséquences de l’application de la norme IAS 38.................................................................................................................... 58 Section 1 : Application d’IAS 38 aux coûts de développement ....................... 58 1. Distinction entre recherche et développement .....................................................58 2. Interdiction d’inscrire { l’actif des charges comptabilisées antérieurement …………………………………………………………………………………………………………..59 3. Evaluation de la R&D immobilisée à la juste valeur ............................................60 4. Acquisition dans le cadre d’un regroupement d’entreprises ..........................61
Section 2 : Traitement comptable du cas particulier des coûts de R&D sur les contrats mixant développement et production................................................. 63 1. Arguments en faveur de la comptabilisation des coûts de développent conformément à la norme IAS 11 .......................................................................................64 2. Arguments en faveur de la comptabilisation des coûts de développement conformément à la norme IAS 38 .......................................................................................64 3. Proposition d’un traitement comptable des coûts de R&D sur les contrats mixant développement et production ..............................................................................65
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Section 3 : Impact de l’application de l’IAS 38 sur Les comptes des entreprises marocaines ...................................................................................................... 66 1. Traitement comptable.......................................................................................................67 2. Coût d’entrée .........................................................................................................................68 3. Mode d’amortissement .....................................................................................................69
Section 4 : Définition des bornes de départ et de fin d’activation des coûts { l’actif immobilisé ................................................................................................................... 70 1. Difficulté de détermination de la date de début et de fin de capitalisation …………………………………………………………………………………………………………..70 2. Proposition des jalons techniques comme critères d’activation ...................70 3. Les écueils potentiels de la proposition des bornes début et fin d’activation ....................................................................................................................................73 3.1. La borne « début activation » .......................................................................................73 3.2. La borne « fin activation » .............................................................................................74
Section 5 : Impact de la capitalisation des frais de R&D sur les marchés financiers .................................................................................................................................. 75 CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE ..................................................................................... 78 DEUXIEME PARTIE : PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’AUDIT SPECIFIQUE AUX COUTS DE DEVELOPPEMENT ................................................. 79 Chapitre 1 : L’approche de la mission d’audit .................................................... 81 Section 1 : L’identification des zones de risques ..................................................... 81 1. Revue des assertions d’audit pour l’activation des coûts de développement ............................................................................................................................81 2. Revue des risques relatifs { l’activation des coûts de développement .......82
Section 2 : La prise de connaissance générale de l’entreprise et de l’activité de R&D ....................................................................................................................................... 84 1. L’environnement de l’entreprise et sa stratégie en matière de R&D ...........85 2. L’organisation de l’activité de R&D .............................................................................87 2.1 Le suivi par projet de la R&D ........................................................................................87 9
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
2.2 Classement des projets par nature .............................................................................89 2.3 L’organisation d’un système prévisionnel ................................................................92 2.4 Le rôle du contrôle de gestion dans le suivi de la R&D .......................................93
Chapitre 2 : La phase intérimaire de contrôle interne ................................. 95 Section 1 : La revue et l’appréciation des procédures de contrôle interne .. 95 1. La revue de la procédure d’engagement de projet ...............................................95 2. La revue de la procédure d’imputation des coûts par projet ..........................96 3. La revue de la procédure du suivi budgétaire et technique par projet.......99
Section 2 : La vérification du respect des critères d’activation des frais de R&D ........................................................................................................................................... 100 Section 3 : L’analyse et l’exploitation des données financières issues du suivi des projets de R&D ............................................................................................................. 103 1. La revue des tableaux de bord mis en place par la société ............................ 103 2. Revue des principaux projets de R&D .................................................................... 104 2.1 Revue technique du projet........................................................................................... 104 2.2 Revue de la rentabilité future du projet ................................................................ 105
Section 4 : L’évaluation de la rentabilité d’un projet de R&D .......................... 106 1. La détermination des cash-flows et leur horizon .............................................. 106 2. La détermination du taux d’actualisation ............................................................. 107 3. La prise en compte de la flexibilité ........................................................................... 109 4. Le recours aux experts métier .................................................................................... 110
Section 5 : Le suivi de la valeur d’inventaire des incorporels .......................... 111 1. Rappel des règlementations comptables en la matière .................................. 111 2. La juste valeur diminuée des coûts de la vente .................................................. 111 3. La valeur d’utilité.............................................................................................................. 112
Chapitre 3 : La phase de contrôle des comptes ............................................... 114 Section 1 : L’analyse des charges de R&D engagées sur l’exercice ................ 114 10
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
1. Revue analytique et explication des principales variations .......................... 114 2. Contrôle des charges de R&D affectées aux projets ......................................... 115
Section 2 : La vérification de la véracité d’activation des coûts de développement..................................................................................................................... 116 1. Analyse des coûts immobilisés................................................................................... 116 1.1 Critères de capitalisation............................................................................................. 116 1.2 Contrôle des charges sur exercices antérieurs .................................................... 117 1.3 Evaluation ......................................................................................................................... 118 2. Revue de la charge d’amortissement de l’exercice ........................................... 119 2.1 Amortissement ................................................................................................................. 119 2.2 Dépréciation exceptionnelle ....................................................................................... 119 3. Diligences { effectuer en cas de mises hors service ou sortie d’un projet ...... ................................................................................................................................................... 123
Section 3 : La validation des informations liées à la R&D communiquées aux actionnaires et aux tiers ................................................................................................... 123 1. La qualité des informations portées dans l’annexe .......................................... 124 2. Le respect des mentions obligatoires à fournir dans le rapport de gestion .. ................................................................................................................................................... 125
Section 4 : L’audit des retraitements de consolidation liés { la R&D ............ 125 Section 5 : Nos conclusions et recommandations ................................................. 127 1. Mettre { jour les normes d’audit marocaines dans le contexte de transitions aux normes IFRS .............................................................................................. 127 2. Converger les normes comptables locales vers le référentiel IFRS ........... 128 3. Adapter la norme IAS 38 afin de tenir compte des spécificités propres à certains secteurs d’activité.................................................................................................. 131 4. Converger les deux normes IAS 38 et SFAS 2 ...................................................... 132
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE ................................................................................... 135 CONCLUSION GENERALE ............................................................................................... 137 11
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
ANNEXES ................................................................................................................................ 143 BIBLIOGRAPHIE................................................................................................................. 163
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Liste des abréviations
CAC
:
Commissaire Aux Comptes
CGNC
:
Code Général de Normalisation Comptable
CNC
:
Conseil National de Comptabilité
CNCC
:
Compagnie Nationales des Commissaires aux Comptes
FAS
:
Financial Accounting Standards
IASB
:
International Accounting Standards Board
IFAC
:
International Federation of Accountants
IFRS
:
International Financial Reporting Standards
IFRIC
:
International Financial Reporting Interpretations Committee
ISA
:
Normes internationales d’audit
NTIC
:
Nouvelles Technologies de l’Information et de Communications
OEC
:
Ordre des Experts Comptable
R&D
:
Recherche et Développement
SEC
:
Securities and Exchange Commission
SIC
:
Standing Interpretations Committee
UGT
:
Unité Génératrice de Trésorerie
US GAAP
:
United States Generally Accepted Accounting Principles
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
INTRODUCTION GENERALE
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
L’observation des pratiques récentes en matière de stratégies compétitives montre que l’ensemble des options mises en œuvre par les entreprises comporte une dimension immatérielle. L’évolution des sociétés développées montre que la part intellectuelle de l’activité humaine s’accroît par rapport aux traditionnelles activités manufacturières. De plus en plus, les processus de production font appel à des connaissances accumulées autant, sinon plus, qu’{ des outils. Au plan macro-économique, cette évolution se traduit par le glissement des secteurs primaires et secondaires au profit du secteur tertiaire. C’est en effet dans ce dernier que se situent les secteurs au plus fort contenu immatériel (services de recherche, entreprises de publicité ou de services informatiques, NTIC, etc) L’investissement incorporel, indispensable pour améliorer la compétitivité hors prix des entreprises industrielles, dépasse largement depuis longtemps l’investissement corporel. Les dépenses de recherche et développement sont la partie la plus connue des investissements immatériels, et celles dont les effets sur le développement et la compétitivité de l’entreprise sont les plus acceptés. Dans un contexte économique instable et où les évolutions techniques sont rapides, la R&D devient un facteur essentiel pour la compétitivité, la croissance et la création de valeur des entreprises. Face aux problématiques de montée en puissance de la concurrence asiatique et des contraintes de développement durable, les grandes entreprises misent sur l’innovation pour demeurer compétitives. Une étude menée par le Boston Consulting Group (BCG) en 2004 auprès de 236 dirigeants, montre que les entreprises industrielles prévoyaient augmenter leurs dépenses pour développer leurs processus internes d’élaboration de produits et de services innovants. Dans presque tous les pays industrialisés, les gouvernements investissent massivement pour créer les conditions d’innovation de leurs entreprises : en Europe par exemple, il existe de nombreux programmes d’accès { l’innovation ; au Canada, le gouvernement a créé des centres et des organismes de soutien { l’innovation. Toutes ces initiatives démontrent que l’innovation est au cœur de la croissance et de la compétitivité des entreprises. 15
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Quelques chiffres résument { eux seuls l’importance prise par la R&D dans l’économie moderne et la production des richesses : En 2007, l’UE27 a consacré 229 milliards d’euros { la recherche et au développement (1,85% du PIB). Les Etats-Unis ont consacré 269 milliards d’euros (2,67% du PIB) contre 118 milliards d’euros pour le Japon. Le graphique suivant illustre l’évolution comparée des dépenses de R&D { l’UE, USA et au Japon : Evolution comparée des dépenses intérieures de R&D Union Européenne, Etats Unis et Japon 300
280 244
Millions d'EUROS
250 190 150
172
166 125
Etats Unis
185
199
UE 27
152 135
119
Japon
100 50
269 228
219
200 150
252
68
74
78
83
91
1993
1995
1997
1999
2001
99
2003
113
118
2005
2007
0 Source : Rapport biennal de l'OST, Publication EUROSTAT
Compte tenu de cette évolution, les outils de représentation économique des entreprises ont dû évoluer. Des organismes professionnels et réglementaires ont proposé de nouvelles normes et recommandations comptables portant sur la reconnaissance des investissements immatérielles dans les comptes des entreprises individuelles et des groupes, et sur la nécessité d'une information claire et précise sur ces dépenses.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Intérêt du sujet : Notre travail vient en réponse à un besoin qui commence à se faire sentir au niveau de la profession : 1.
L’importance du capital immatériel et en l’occurrence la recherche et développement dans la croissance des entreprises au Maroc
Le contenu de l'investissement réalisé par les entreprises a singulièrement changé au cours des vingt dernières années : à côté de l'investissement physique se sont développées de façon croissante des dépenses immatérielles, dans un but d'accroissement de la richesse et du potentiel des entreprises. Le développement de ces dépenses immatérielles a été accompagné d'une remise en cause progressive, ou d'une demande de précision, des concepts utilisés traditionnellement dans la gestion des entreprises depuis des siècles. La croissance économique par exemple, initialement fondée sur une croissance matérielle, a peu à peu été complétée par la croissance financière, puis immatérielle. De nombreux travaux récents ont montré l’importance des investissements immatériels dans la croissance des pays. C’est le cas de la nouvelle publication de la fondation ONA, intitulé « Le capital immatériel au Maroc : une stratégie pour le XXIème siècle », ce document de synthèse englobe les travaux de la table ronde organisée par la fondation et le nouveau club de Paris le 26 avril 2007. Il regroupe les allocutions de décideurs et autres experts, mais également des documents stratégiques et des données qui traitent le capital immatériel de notre pays. Les opinions qui y sont contenues mettent en évidence plusieurs aspects importants relatifs à la stratégie du Maroc dans le domaine de la valorisation du potentiel que représente son capital immatériel. Aujourd’hui, le Maroc est confronté { des enjeux majeurs dus aux contraintes de la mondialisation. Les accords de libre échange signés par le royaume lui imposent d’être compétitif pour surmonter le déficit de la balance commerciale élargie et assurer un développement socio-économique durable.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
L’une des pierres angulaires de réussite des politiques volontaristes, en matière de création de richesse, est l’augmentation de la valeur ajoutée afin de se différencier des concurrents. Cette finalité peut être atteinte à travers deux dimensions. Premièrement, la dimension du transfert technologique qui favorise le développement de nouveaux produits. Elle est également essentielle pour accompagner l’évolution technologique et s’approprier un niveau technologique permettant de devenir une destination privilégiée { l’égard des mouvements de délocalisation. Deuxièmement, la dimension de l’investissement immatériel et en particulier la Recherche et Développement pour innover et être capable de valoriser nos ressources naturelles et offrir des produits de qualité. La recherche et développement au Maroc représente aujourd’hui un enjeu capital pour le développement économique et social et se trouve au centre de l’action gouvernementale qui a prévu une revalorisation des allocations budgétaires de l’équivalent de 0,8% du PIB en 2007 à 1% en 2009. La politique industrielle adoptée vise à doubler le PIB et le taux de croissance économique. Pour ce faire, les décideurs marocains ont exprimé leur volonté d’orienter davantage la Recherche et Développement vers le traitement des problématiques réelles répondant à des besoins professionnels spécifiques. Cette orientation est reflétée à plusieurs niveaux : La signature du «Contrat Progrès 2006-2012» entre le gouvernement et les professionnels du secteur TIC. Le plan « Emergence », lancé par le Ministère de l’Industrie, du Commerce et de la Mise { niveau de l’économie, qui représente une nouvelle politique industrielle qui se veut volontariste et qui met en avant les facteurs compétitifs du pays.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
2.
L’opportunité d’adoption des normes IFRS face { l’hétérogénéité des pratiques comptables en matière de traitement comptable des frais de R&D
Tout le monde s'accorde pour affirmer que les investissements et les efforts consacrés à la R&D par les entreprises constituent un des facteurs de leur réussite, de leur développement et de leur compétitivité. Force est de constater que cette harmonie des points de vue ne se retrouve pas dans le traitement comptable des frais de recherche et de développement tel que défini par les différentes normes. Les pratiques comptables en matière de comptabilisation des frais de recherche et développement ont été jusqu’{ ce jour très diverses compte tenu de la multitude de traitements proposés par les différents référentiels comptables. A titre d’exemple, les textes comptables marocains { l’instar des textes français laissent le choix aux entreprises d’inscrire ou non au bilan, sous forme d’un actif incorporel, le montant des frais de recherche et développement engagés pour leur propre compte alors que les normes comptables américaines imposent leur inscription en charges. Ainsi, cette hétérogénéité des pratiques comptables a rendu inéluctable l’adoption de règles et méthodes précises dans un marché international qui appelle un langage commun et la mise en place de normes harmonisées afin de permettre la comparaison des états financiers. Le phénomène de mondialisation a crée une demande d’uniformisation des méthodes de comptabilisation des frais de R&D au niveau international. Le traitement alternatif des frais de R&D peut être vu comme un moyen de réduire l’asymétrie d’information entre les managers et les investisseurs. L’inscription { l’actif des frais de R&D diminue le levier d’endettement (car elle augmente les capitaux propres) et permet de lisser le résultat. Ces deux conséquences peuvent être recherchées par les dirigeants dans le cadre d’une gestion opportuniste du résultat. Par contre, l’enregistrement en charges des frais de R&D fournit des résultats financiers plus faibles. Ce choix est recherché par les dirigeants dont le souci est de réduire le montant des impôts à payer, et de ne pas divulguer une information stratégique de l’effort de recherche et développement à ses concurrents.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
L’adoption de la norme IAS 38 pour les frais de recherche et développement, répond { la nécessité, d’une part, d’améliorer la qualité de l’information financière et, d’autre part, de faciliter l’accès des investisseurs à des données fiables, compréhensibles, interprétables et surtout homogènes et comparables. Dans un monde de capitaux internationaux, de sociétés internationales, de compétition mondiale, d’investissements internationaux, il est difficilement acceptable de ne pas avoir de normes comptables mondiales. 3.
La nécessité d’élaborer une démarche d’audit spécifique en matière des frais de R&D établis selon la norme IAS 38
Phénomènes essentiels de la vie économique des entreprises, les opérations liées à la recherche et développement ne pourront être ignorées par le commissaire aux comptes ; elles devront être prises en considération dans l’appréciation du risque professionnel. En effet, elles peuvent présenter des difficultés théoriques, tant au niveau de leur identification que du mode de comptabilisation à retenir, et pratiques, au travers de l’organisation et du suivi comptable qu’elles nécessitent. Si l’activation des frais de R&D se justifie économiquement, elle fait néanmoins apparaître des risques nouveaux pour le commissaire aux comptes, liés à la nature même des actifs incorporels. En effet, l’identification des projets de R&D rentables demeure difficile et risque de conserver son caractère arbitraire du fait qu’elle est influencée par les choix des dirigeants. De même, l’évaluation par les dirigeants des flux futurs générés par les projets de R&D est basée sur des prévisions du développement de ces projets. Or cette évaluation reste très difficile en raison de la nouveauté des projets et des incertitudes sur leur succès commercial. La recherche industrielle est un processus long, complexe qui repose avant tout sur la prise de risques financiers : elle nécessite donc d’être pilotée pour que les facteurs d’incertitudes soient transformés en risques calculés. Afin d’être en mesure de porter une opinion sur les états financiers et notamment sur la conformité à la norme IAS 38, le commissaire aux comptes se doit de
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
mettre en place une approche spécifique pour la revue des frais de recherche et développement dans le cadre de sa mission de révision. L’audit des frais de R&D ne doit pas être considéré comme un domaine soustraité de la mission d’audit, mais en faire partie intégrante. Il ne s’agit pas d’un support supplémentaire en sus de la mission principale mais d’une nouvelle orientation de la mission elle-même. Celle-ci doit être dirigée par le responsable d’audit assisté, le cas échéant, par des experts spécialisés dans le domaine traité. Ce mémoire est tout { fait d’actualité car il correspond { l’évolution observée dans la vie des entreprises marocaines : Aujourd’hui, la véritable richesse n'est pas concrète, elle est abstraite. Elle n'est pas matérielle, elle est immatérielle. C'est désormais la capacité à innover, à créer des concepts et à produire des idées qui est devenue l'avantage compétitif essentiel. Au delà des obligations réglementaires dont le champ d’application demeure relativement restreint (principalement groupes côtés et groupes bancaires), les groupes nationaux et les grandes entreprises marocaines, à travers une démarche volontariste, auront tout intérêt à appliquer les IFRS pour faciliter le dialogue avec leurs partenaires étrangers. En effet, pour les entreprises marocaines, l’intérêt des IFRS se situe à plusieurs niveaux. Tout d’abord, elles représentent un référentiel comptable de qualité reconnu au niveau international et par les différentes places financières. Le passage aux normes IFRS consiste { adopter un nouvel état d’esprit. Il s’agit de passer d’une comptabilité imprégnée de considérations juridiques et fiscales { une information financière plus économique et plus détaillée, répondant aux besoins des investisseurs. Le présent travail se propose de mettre à la disposition des experts comptables et/ou commissaires aux comptes marocains des outils pratiques pour dérouler une mission d’audit des coûts de développement activés en normes IFRS, tenant compte des difficultés spécifiques à cette mission.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Propos méthodologiques L'objectif du présent mémoire est double :
Le but de la première partie est de présenter et analyser la norme IAS 38 « immobilisations incorporelles » en se limitant aux immobilisations générées en interne que sont les coûts de développement, de la comparer à l’approche américaine { travers la norme SFAS 2 « frais de recherche et développement » et au référentiel marocain, et de faire une analyse critique quant aux incidences de l’application de la norme IAS 38 ;
Dans une seconde partie nous nous intéresserons à proposer une démarche d’audit spécifique des frais de R&D et nous présenterons un guide d’audit sous forme d’un programme de travail adapté aux spécificités des frais de R&D.
Le présent mémoire traite la recherche et développement qui touche les domaines scientifiques, techniques, et industriels d’une manière générale. Les dépenses relatives aux droits miniers, prospections et extractions de minerais, pétrole, gaz ou autres ressources non renouvelables ne font pas l’objet de notre étude et sont traités par la norme IFRS 6. Il est important de préciser que ce mémoire n’a pas pour but de traiter les problématiques relatives aux frais de R&D effectués pour le compte de tiers en contrepartie de contributions financières spécifiques.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
PREMIERE PARTIE : TRAITEMENT EN NORMES IFRS DES FRAIS DE R&D
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE Le traitement comptable des frais de R&D constitue, encore aujourd’hui, une question délicate, dans la mesure où chacune des deux solutions, comptabilisation en charges ou en actif, est défendue par ses partisans avec une même richesse d’arguments. Les partisans de la capitalisation affirment que les frais de R&D sont parmi les actifs économiques les plus prisés de l’économie actuelle. L’investissement dans des projets de R&D réussis est générateur de flux de trésorerie, il est donc plus approprié d’inscrire les dépenses relatives { ces projets { l’actif par respect du principe de continuité d’exploitation. De leur côté, les opposants { la capitalisation des frais de R&D, soutiennent l’idée qu’étant donnée l’incertitude quant { la réalisation des avantages économiques futurs générés par les projets de R&D, la passation en charges des frais relatifs à ces projets dès qu’ils sont encourus est le mode de comptabilisation généralement préconisé par les normalisateurs comptables par respect du principe de prudence. A l’heure de la mise en place des normes comptables internationales, la question de la comptabilisation des dépenses de R&D prend toute son importance. En prescrivant l'inscription des frais de développement en immobilisation incorporelle plutôt qu'en charge, la norme IAS 38 poursuit l'objectif nécessaire de meilleure évaluation comptable de l'immatériel, et donc de meilleure communication financière auprès des investisseurs. Il est important pour les experts comptables de maîtriser dès aujourd’hui cette norme afin d’accompagner les entreprises dans sa mise en place aux coûts de développement. Quel est donc le contenu exact de la norme IAS 38 ? Quelles sont les divergences de cette norme avec le référentiel marocain et américain ? Et quelles sont les conséquences de l’application de cette norme ? Voilà les questions auxquelles la première partie de ce mémoire veut répondre.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Chapitre 1 : La norme IAS 38 : présentation et comparaison avec d’autres référentiels comptables Le traitement des frais de recherche et développement, qui diffère fortement d’un référentiel { un autre, est une question controversée susceptible d’avoir des impacts importants sur les états financiers. Les IFRS au travers de l’IAS 38 prescrivent une capitalisation dès lors que la probabilité d’obtention d’avantages économiques futurs est forte. A l’autre extrémité, les US GAAP interdisent toute activation au nom du principe de prudence. Entre les deux, le référentiel marocain rend possible un enregistrement en charges ou une activation des coûts de développement sous réserve que les conditions de réussite technique et commerciale soient réunies.
Section 1 : Présentation de la norme IAS 38 1.
Introduction à IAS 38
1.1. Une approche nouvelle La doctrine internationale adopte une approche totalement nouvelle puisqu’elle rend obligatoire l’inscription { l’actif des frais de développement dès lors que certains critères sont remplis. Cette obligation répond au respect des critères généraux d’inscription { l’actif : Il est probable que les frais donneront lieu à des avantages économiques futurs ; Les frais peuvent être mesurés de façon fiable. Dans le référentiel comptable IFRS, le traitement comptable des frais de recherche et développement est régi par la norme IAS 38 relative aux immobilisations incorporelles, qui a été publiée en septembre 1998 et révisée en 2004. Concernant les frais de R&D, la norme IAS 38 reprend les dispositions qui figuraient dans l’ancienne norme IAS 9 révisée en 1993. Elle aborde le traitement 25
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comptable des frais de R&D dans le cadre des critères de comptabilisation des actifs incorporels générés en interne. Dans l’exposé sondage de la norme, l’IASB indique qu’il a refusé de développer une norme particulière sur les actifs incorporels générés en interne, partant du principe que les mêmes critères d’identification et de comptabilisation doivent s’appliquer { toutes les catégories d’actifs incorporels. Le caractère obligatoire de l’activation des coûts de développement remplissant certaines conditions a suscité de nombreux débats lors de la rédaction de la norme. Nous revenons dans le paragraphe suivant sur ces débats qui permettent de mieux comprendre les enjeux liés à la capitalisation des coûts de développement. 1.2. Les débats autour de l’exposé sondage de la norme Lors des discussions sur l’exposé sondage de la norme, deux approches des actifs générés en interne se sont en effet opposées : a.
Les partisans d’une comptabilisation systématique en charges des frais de R&D
Les arguments d’une comptabilisation systématique en charges de tous les incorporels générés en interne, y compris les frais de R&D, ont été les suivants : Les actifs incorporels générés en interne ne répondent pas à la définition d’un actif selon les normes internationales car ni les avantages économiques futurs issus de cet actif ni les coûts ne peuvent être distingués de ceux liés au goodwill interne ; La reconnaissance de ces actifs va { l’encontre du principe de comparabilité des comptes car la part de jugement nécessaire pour déterminer s’il est probable que des avantages économiques futurs vont { l’entreprise est trop importante pour être comparable d’un exercice { l’autre et pour respecter le principe de permanence des méthodes comptables ;
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Il est difficile de déterminer avec fiabilité la valeur recouvrable d’un actif incorporel sauf si sa juste valeur peut être déterminée par référence à un marché actif ; L’obligation de reconnaître { leur coût des actifs incorporels générés en interne respectant certains critères ne conduit pas à produire une information utile à la décision pour les raisons suivantes : -
La faisabilité technologique ou la possibilité de succès commercial ne peut être démontrée tant que les dépenses significatives n’ont pas été reconnues. Pour cette raison, le coût évalué pour l’actif incorporel { un instant donné ne reflète pas la totalité des dépenses liées { l’actif ;
-
Les coûts engendrés par un actif incorporel ne sont pas forcément représentatifs de la valeur de cet actif.
Dans certains pays, les lecteurs des états financiers sont méfiants { l’égard des entreprises qui reconnaissent des incorporels générés en interne. Enfin, les coûts nécessaires { la justification de la reconnaissance d’un actif incorporel n’en valent pas la peine. b.
Les partisans d’une inscription { l’actif
A l’inverse, les partisans de la reconnaissance systématique de tous les actifs incorporels générés en interne (y compris les dépenses de développement) ont évoqué les arguments suivants : La reconnaissance d’un actif incorporel généré en interne qui respecte la définition d’un actif et remplit les critères de reconnaissance, est conforme au cadre pour la préparation et la présentation des états financiers. Il est possible, dans certaines circonstances de : -
déterminer la probabilité de bénéficier des avantages économiques futurs générés par l’actif incorporel interne ;
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-
de distinguer les coûts liés à cet actif des coûts liés au goodwill généré en interne.
Au cours des deux dernières décennies, les entreprises ont investi massivement dans des éléments incorporels. Certains se sont plaint que : -
La non reconnaissance des investissements incorporels dans les états financiers altère la mesure de la performance d’une entreprise et ne permet pas une évaluation correcte du retour sur investissement ;
-
Si une entreprise n’évalue pas correctement son retour sur investissement dans les actifs incorporels, il peut en résulter un risque de sous ou sur investissement dans d’autres actifs. Un système comptable qui encouragerait cette situation serait un mauvais outil de pilotage.
Des études réalisées, en particulier aux Etats-Unis, ont mis en évidence une relation coût/valeur pour les dépenses de recherche et développement. Ces études ont en particulier établi que la capitalisation des frais de R&D fournissait aux investisseurs une information pertinente sur la création de valeur dans l’entreprise (nous renvoyons notamment le lecteur { l’étude de Thomas JEANJEAN et Anne CAZAVAN –JENY : « Value relevance of R&D reporting : a signaling interpretation » juillet 2003) Le fait qu’il existe des incertitudes sur la valeur d’un actif ne justifie pas le fait qu’aucun coût ne puisse être activé ; Le fait qu’un actif soit acheté { l’extérieur ou développé en interne ne devrait pas avoir d’influence sur les critères de reconnaissance. En particulier, cela ne devrait pas conduire à un arbitrage entre sous-traiter ou développer en interne un actif. L’IASB a retenu l’approche selon laquelle il ne devrait pas y avoir de différence de traitement entre un actif acquis { l’extérieur et un actif développé en interne, qu’il soit issu des activités de développement ou d’autres activités. L’IASB a également rejeté la proposition d’introduire un traitement alternatif qui consisterait à pouvoir comptabiliser en charges toutes les dépenses relatives à 28
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des incorporels générées en interne, même si les critères de reconnaissance d’un incorporel sont respectés. Cette proposition a été rejetée car l’IASB a considéré que cette possibilité de choisir conduirait à une diminution de la comparabilité des états financiers. Ce refus est par ailleurs cohérent avec sa volonté de limiter le nombre de traitements alternatifs dans les normes internationales. L’IASB a donc retenu le principe unique d’évaluation des coûts de développement lorsque certains critères d’activation sont respectés. 2.
Les critères d’activation des frais de R&D
Au-del{ du respect des critères généraux de comptabilisation et d’évaluation initiale d’une immobilisation incorporelle, des dispositions spécifiques doivent être appliquées à toutes les immobilisations incorporelles générées en interne, et notamment aux coûts de recherche et développement. Ces dispositions complémentaires portent notamment sur la distinction entre la phase de recherche et de développement et sur les conditions d’activation des frais de développement. Avant d’approfondir ces dispositions spécifiques, il convient tout d’abord de rappeler la définition et les critères déterminants d’une immobilisation incorporelle afin de comprendre à quel titre les frais de recherche et développement peuvent constituer des immobilisations incorporelles. 2.1 Définition et critères déterminants d’une immobilisation incorporelle a.
Définition des immobilisations incorporelles :
Selon la norme IAS 38 « une immobilisation incorporelle est définie comme un actif non monétaire identifiable sans substance physique », et « un actif est une ressource contrôlée par l’entreprise et dont les avantages économiques futurs sont attendus par l’entreprise ». Ainsi, les frais de recherche et développement peuvent constituer des immobilisations incorporelles s’ils répondent aux critères constitutifs de cette
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nature d’actif. Il est important de s’arrêter sur les trois caractéristiques essentielles de la définition d’une immobilisation incorporelle : Le caractère identifiable de l’immobilisation : En pratique, une immobilisation incorporelle est « identifiable » si elle est « séparable » (possibilité pour l’entreprise de vendre, échanger ou louer le produit) ou si elle résulte de droits contractuels ou légaux ; Le contrôle par l’entreprise de l’actif : Une entité contrôle un actif si elle a le pouvoir de bénéficier des avantages économiques futurs découlant de la ressource sous-jacente et si elle peut également restreindre l’accès des tiers à ces avantages ; L’existence d’avantages économiques futurs : Les avantages économiques futurs résultant d’une immobilisation incorporelle peuvent inclure les produits découlant de la vente de biens ou de services, les économies de coûts ou d’autres avantages résultant de l’utilisation de l’actif par l’entreprise. Il convient alors de s’assurer que les futurs avantages économiques ont fait l’objet d’une estimation raisonnable et peuvent être prouvés en utilisant des hypothèses raisonnables et documentées représentant la meilleure estimation par la direction de l’ensemble des conditions économiques qui existeront pendant la durée d’utilité de l’actif, par exemple, par une étude de marché. Pour apprécier le degré de certitude attaché aux flux d’avantages économiques futurs attribuables { l’utilisation de l’actif, une entreprise doit exercer son jugement sur la base des indications disponibles lors de la comptabilisation initiale, en accordant un poids plus important aux indications externes De plus, le contrôle de ceux-là peut notamment être démontré par la protection juridique du bien incorporel soit par le droit de la propriété intellectuelle ou industrielle, soit par un accord commercial ou de confidentialité. b.
Conditions de comptabilisation des immobilisations incorporelles :
La comptabilisation d’un élément en tant qu’immobilisation incorporelle impose qu’une entreprise démontre que cet élément remplit les critères détaillés 30
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ci-dessus de définition d’une immobilisation incorporelle d’une part et répond d’autre part aux deux critères de comptabilisation suivants : Il doit être probable que les avantages économiques futurs attribuables { l’actif iront { l’entreprise Le coût de cet actif doit pouvoir être évalué de manière fiable. Ces définitions et conditions de comptabilisation des immobilisations incorporelles en IFRS sont fondées davantage sur la notion de ressource contrôlée que sur la notion de patrimoine (au sens de propriété juridique) retenue en principes marocains. Les dépenses relatives à un élément qui ne respectent pas ces critères devront être comptabilisées en charges. Il en est de même des dépenses relatives à un actif dont le caractère identifiable ou son contrôle par l’entreprise n’est pas démontré. Après ce bref rappel des critères généraux de comptabilisation d’une immobilisation incorporelle, nous abordons les critères spécifiques et complémentaires, relatifs à la comptabilisation des frais de recherche et développement. 2.2 Les dispositions spécifiques pour des frais de R&D Il est parfois difficile d’apprécier si les frais de recherche et développement remplissent les conditions pour être activés. En effet, il est souvent difficile : d’identifier si, et { partir de quand, il existe un actif identifiable qui générera des avantages économiques futurs probables ; de déterminer de façon fiable le coût de l’actif : dans certains cas, le coût pour générer une recherche en interne ne peut pas être distingué du coût pour maintenir ou accroître la survaleur générée en interne ou du coût pour la conduite des affaires courantes.
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Pour déterminer si une recherche générée en interne satisfait aux critères d’activation, une immobilisation incorporelle développée en interne doit répondre à une comptabilité analytique scindée en deux phases : a. une phase de recherche et, b. une phase de développement Les termes de « phase de recherche » et « phase de développement » ont dans la norme IAS 38 une signification plus large. Si une entreprise ne peut distinguer la phase de recherche de la phase de développement d’un projet interne visant { créer une immobilisation incorporelle, l’entreprise doit, dans ce cas, traiter la dépense au titre de ce projet comme si elle était encourue uniquement lors de la phase de recherche. a.
Définition de la phase de recherche et de la phase de développement Phase de recherche :
La recherche est définie par la norme comme une « investigation originale et programmée entreprise en vue d’acquérir une compréhension et des connaissances scientifiques ou techniques nouvelles » (§8 IAS 38) Par ailleurs, l’IAS 38 donne plusieurs exemples d’activités de recherche : Les activités visant à obtenir de nouvelles connaissances ; La recherche d’applications de résultats de la recherche ou d’autres connaissances ainsi que leur évaluation et le choix retenu in fine ; La recherche d’autres matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou services ; et La formulation, la conception, l’évaluation et le choix final retenu d’autres possibilités de matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou services nouveaux ou améliorés. 32
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Phase de développement Le développement est défini par IAS 38 comme « l’application des résultats de la recherche ou d’autres connaissances { un plan ou un modèle en vue de la production de matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou services nouveaux ou substantiellement améliorés, avant le commencement de leur production commerciale ou de leur utilisation » (§8 IAS 38) Lors de la phase de développement d’un projet, une entreprise peut, dans certains cas, identifier une immobilisation incorporelle et démontrer que cet actif générera des avantages économiques futurs probables. Cela tient au fait que la phase de développement d’un projet se situe { un stade plus avancé que la phase de recherche. Les exemples suivants sont donnés par IAS 38 en matière d’activités de développement : La conception, la construction et les tests de pré-production ou de préutilisation de prototypes et modèles ; La conception d’outils, gabarits, moules et matrices impliquant une technologie nouvelle ; La conception, la construction et l’exploitation d’une unité pilote qui n’est pas d’une échelle permettant une production commerciale dans des conditions économiques ; et La conception, la construction et les tests pour la solution choisie d’autres matériaux, dispositifs, produits, procédés, systèmes ou services nouveaux ou améliorés. Cette distinction entre les phases de recherche et de développement est importante car elle débouche sur deux traitements comptables différents.
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b.
Traitement comptable et présentation des critères d’activation
Les travaux de recherche sont obligatoirement comptabilisés en charges de la période au cours de laquelle ils sont engagés. En effet, l’IASB considère que les frais de recherche, de part leur nature (dépenses se situant trop en amont de la phase de production ou de commercialisation) ont un caractère trop aléatoire et qu’il n’existe pas une certitude suffisante de réalisation d’avantages futurs pour qu’ils puissent être inscrits { l’actif. Les frais de développement d’un projet doivent être comptabilisés { l’actif en immobilisations incorporelles si, et seulement s’ils répondent { la totalité des critères déterminés pour la constatation d’actifs incorporels générés en interne. Ainsi l’entreprise doit pouvoir démontrer les six critères cumulatifs suivants : La faisabilité technique nécessaire { l’achèvement de l’immobilisation incorporelle en vue de sa mise en service ou de sa vente ; Son intention d’achever l’immobilisation incorporelle et de l’utiliser ou de la vendre ; Sa capacité { utiliser ou { vendre l’immobilisation incorporelle ; La façon dont l’immobilisation incorporelle générera des avantages économiques futurs probables. L’entreprise doit démontrer l’existence d’un marché pour la production issue du développement ou pour l’immobilisation incorporelle elle-même, si celle-ci doit être utilisée en interne, son utilité ; La disponibilité des ressources techniques, financières et autres, appropriées pour achever le développement et utiliser ou vendre l’immobilisation incorporelle ; Sa capacité à évaluer de façon fiable les dépenses attribuables à l’immobilisation incorporelle au cours de son développement. Pour démontrer comment une immobilisation incorporelle générera des avantages économiques futurs probables, l’entreprise utilise les principes 34
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énoncés dans la norme IAS 36 « Dépréciation d’actifs » pour apprécier les avantages économiques futurs qu’elle recevra de l’actif, ou d’une unité génératrice de trésorerie si l’actif ne génère des avantages économiques que conjointement avec d’autres actifs. La disponibilité des ressources nécessaires { l’achèvement, l’utilisation et l’obtention des avantages d’une immobilisation peut être démontrée par un plan d’activité montrant l’existence des ressources (techniques, financières et autres) et la capacité de l’entreprise { les immobiliser, ou en obtenant d’un prêteur l’indication qu’il est disposé { financer le plan. Les systèmes de détermination des coûts permettent d’évaluer de façon fiable le coût pour générer une immobilisation incorporelle en interne, tels que les salaires et autres dépenses encourues pour assurer des droits de reproduction ou des licences ou pour développer des logiciels. 3.
Evaluation des frais de R&D
3.1 Les incorporels générés en interne a)
La période des coûts à retenir
Les coûts de recherche et développement capitalisés { l’actif du bilan sont égaux au cumul des dépenses encourus à partir de la date à laquelle cette immobilisation satisfait pour la première fois aux critères d’activation exposées précédemment et non au cumul des coûts encourus depuis l’origine. Les dépenses relatives à un élément incorporel qui ont été initialement comptabilisées en charges dans les états financiers précédents, ne peuvent être incorporées dans le coût d’une immobilisation incorporelle { une date ultérieure : il s’agit non seulement des dépenses engagées au cours des exercices précédents, mais également celles encourues pendant l’exercice au cours duquel survient la date de début d’incorporation. Les dépenses ultérieures au titre d’une immobilisation incorporelle dès son achèvement doivent être comptabilisées en charges lorsqu’elles sont encourues, sauf : 35
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S’il est probable que ces dépenses permettront { l’actif de générer des avantages économiques futurs au-delà du niveau de performance défini à l’origine ; Si ces dépenses peuvent être évaluées et attribuées { l’actif de façon fiable. Si ces conditions sont satisfaites, les dépenses ultérieures doivent être ajoutées au coût de l’immobilisation incorporelle. Toutefois, la plupart des dépenses ultérieures à la mise en service de l’immobilisation générée en interne sont susceptibles de maintenir le niveau d’avantages économiques futurs attendus d’une immobilisation incorporelle existante plutôt que de répondre à la définition et aux critères de comptabilisation des immobilisations incorporelles. Les dépenses ultérieures sont donc rarement intégrées dans la valeur comptable d’une immobilisation incorporelle. b)
La limite d’incorporation des coûts de production
Une fois les conditions d’immobilisation remplies, tous les coûts de production engagés jusqu’{ la date d’achèvement de l’immobilisation incorporelle sont immobilisés. Cependant, seule la partie recouvrable des frais de recherche et développement est immobilisée. Si le recouvrement de ces coûts au travers des recettes nettes futures n’est pas assuré en totalité, le montant considéré comme non recouvrable, déterminé conformément à la norme IAS 36, est comptabilisé en charges (pertes de valeur). Il peut faire l’objet au cours des périodes ultérieures, d’une reprise si le montant recouvrable s’améliore. c)
La nature des coûts activables
En IFRS, seuls les coûts directement attribuables { la production d’une immobilisation incorporelle, c à d les coûts marginaux qui n’auraient pas été engagés en l’absence de production de cette immobilisation, sont incorporables 36
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au coût de production. Il en résulte en pratique que les charges indirectes de production ne devraient généralement pas être incorporées au coût de production des immobilisations incorporelles. Le coût d’une immobilisation incorporelle générée en interne comprend toutes les dépenses pouvant être directement attribuées, ou affectées sur une base raisonnable, cohérente et permanente, à la création, la production et la préparation de l’actif en vue de l’utilisation envisagée par l’entreprise. L’organisation de la comptabilité analytique pourra retenir plusieurs natures de coûts : Les coûts salariaux directs Trois catégories de salariés peuvent être retenues à ce titre : les salariés dont le coût peut être directement affectable à un projet, les salariés dont le coût peut être affecté au centre de recherche uniquement, les salariés liés à la structure générale dont le coût ne peut être incorporé au coût de revient des projets. La détermination du coût résultera de l’application de la formule suivante : Coût main d’œuvre= nombre d’heures * taux horaire Pour recenser le nombre d’heures consacrées par chaque chercheur ou technicien sur les différents projets, il est nécessaire d’utiliser un système de suivi par feuille de temps qui recense pour chaque salarié affecté à un projet de R&D l’ensemble des heures imputées aux différents projets de R&D. Afin d’assurer un recensement exhaustif des heures de main d’œuvre directe affectées aux différents projets de R&D, il est recommandé d’utiliser une périodicité assez courte pour la remontée et la consolidation de ces feuilles de temps, ainsi qu’un contrôle systématique des feuilles de temps par le supérieur hiérarchique. Le taux horaire se définit comme étant le rapport entre le coût total du salarié et le nombre d’heures de travail théorique.
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Le coût total du salarié inclut les charges sociales. Dans la pratique, il conviendra de retenir un taux horaire par catégorie de personnel (technicien, chercheur, responsable de projet) et de s’assurer en fin d’exercice que le taux horaire théorique pour valoriser les heures en cours d’année est cohérent avec le taux réel de l’année. Le coût des équipements et matériels utilisés Ces coûts serviront dans la plupart des cas à plusieurs projets de recherche et développement. Par conséquent, l’entreprise, devra se doter de fiche d’utilisation des différentes immobilisations afin d’affecter leur amortissement sur les projets en cours au prorata de leur temps d’utilisation. Les autres coûts de fonctionnement Certains coûts pourront être affectés directement aux projets : matières, fournitures, prestations extérieures, frais de déplacement, etc… ; les autres coûts ont une nature de charge indirecte et doivent être ventilés sur l’ensemble des projets à partir des clés de répartition (par exemple : au prorata de la masse salariale directe de chaque projet). 3.2 Acquisition séparée d’une immobilisation générée en interne Normalement, le prix qu’une entité paie pour acquérir séparément une immobilisation générée en interne reflète les attentes relatives à la probabilité que les avantages économiques futurs attendus incorporés dans l’actif iront { l’entité. En d’autres termes, l’effet de la probabilité se reflète dans le coût de l’actif. Par conséquent, le critère de comptabilisation relatif à la probabilité des avantages économiques futurs est toujours considéré comme satisfait pour des immobilisations incorporelles acquises séparément. De plus, le coût d’une immobilisation générée en interne acquise séparément peut généralement être évalué de façon fiable. C’est le cas en particulier lorsque la contrepartie de l’achat est sous forme de trésorerie ou d’autres actifs monétaires.
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Le coût d’une immobilisation générée en interne acquise séparément comprend : Son prix d’achat, y compris les droits de douane et les taxes non remboursables, après déduction des remises et rabais commerciaux ; Et tout coût, directement attribuable à la préparation de l’actif en vue de son utilisation prévue. Les dépenses directement attribuables incluent, par exemple, le coût du personnel résultant de son intervention dans la formation de l’immobilisation, les honoraires versés aux professionnels, le coût des tests nécessaires à un fonctionnement correct. Si le paiement d’une immobilisation incorporelle est différé au-delà des durées normales de crédit, son coût est l’équivalent du prix comptant ; la différence entre ce montant et le total des paiements est comptabilisée en charges financières sur la durée du crédit { moins qu’elle ne soit incorporée dans le coût de revient de l’actif selon l’autre traitement de la norme IAS 23. 3.3 Acquisition d’une immobilisation générée en interne dans le cadre d’un regroupement d’entreprises Si une immobilisation générée en interne est acquise dans le cadre d’un regroupement d’entreprises, le coût de cette immobilisation est sa juste valeur { la date d’acquisition. La juste valeur d’une immobilisation générée en interne reflète les attentes du marché sur la probabilité que les avantages économiques futurs inclus dans l’actif iront { l’entité. En d’autres termes, l’effet de la probabilité se reflète dans l’évaluation de la juste valeur de l’immobilisation générée en interne. Par conséquent, le critère de comptabilisation de la probabilité des avantages économiques futurs est toujours considéré comme satisfait pour les immobilisations générées en interne acquises lors de regroupements d’entreprises. Il en résulte que lorsqu’une entreprise en acquiert une autre, elle acquiert et inscrit { son bilan tous les actifs et les passifs de l’entreprise acquise, même ceux générés en interne par l’entreprise acquise et qu’elle n’avait pas pu
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inscrire à son bilan compte tenu des restrictions comptables applicables aux incorporels générés en interne. 3.4 Immobilisations incorporelles – coûts liés aux sites web Bien que le mémoire ne traite pas les coûts de développement d’un site web, il nous paraît intéressant d’aborder ce point { travers la norme SIC 32. Nous souhaitons, toutefois, souligner que cette norme n’a pas été suffisamment interprétée par le normalisateur comptable international.
Les étapes de développement d’un site web : Planification : comprend la réalisation d’études de faisabilité, la définition d’objectifs et de spécifications, l’évaluation des options et le choix des préférences. Développement des applications et de l’infrastructure : comprend l’obtention d’un nom de domaine, l’achat et le développement du matériel et du logiciel d’exploitation, l’installation des applications développées et les tests préalables { la mise en œuvre. Création graphique : comprend la mise au point de la présentation des pages web. Développement du contenu : comprend la création, l’acquisition, la préparation et le chargement d’informations sous forme de graphismes ou de textes sur le site web avant son achèvement. Cette information peut être mémorisée dans des bases de données distinctes qui sont intégrées dans (ou auxquelles on a accès depuis) le site web ou codée directement dans les pages web. Exploitation : commence dès l’achèvement du développement du site web. Pendant cette phase, une entité tient à jour et améliore les applications, l’infrastructure, la conception graphique et le contenu du site web.
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Comptabilisation Le propre site web d’une entité qui résulte du développement et est destiné à un accès interne ou externe est une immobilisation incorporelle générée en interne soumise aux dispositions de IAS 38. Un site web résultant du développement doit être comptabilisé en tant qu’immobilisation incorporelle si et seulement si, l’entité peut démontrer les six critères cumulatifs énoncés dans le point 2.2.b. L’étape du développement ou postérieure au développement du site web doit être évaluée pour déterminer le traitement comptable approprié : l'étape de planification est d'une nature similaire à la phase de recherche dans IAS 38 (§ 54 à 56). Les frais encourus lors de cette étape doivent être comptabilisés en charges lorsqu'ils sont encourus ; l'étape du développement des applications et de l'infrastructure, l'étape de la conception graphique et l'étape du développement du contenu, dans la mesure où ce contenu est développé à des fins autres que celles d'assurer la publicité et la promotion des propres produits et services de l'entité, sont d'une nature similaire à la phase de développement traitée dans IAS 38 (§ 57 à 64). Les frais encourus dans ces étapes doivent être inclus dans le coût d'un site web comptabilisé en tant qu'immobilisation incorporelle, lorsque ces frais peuvent être directement imputés et sont nécessaires à la création, la production ou la préparation du site web pour lui permettre d'être exploité de la manière prévue par la direction. les frais encourus à l'étape du développement du contenu, dans la mesure où ce contenu est développé pour assurer la publicité et la promotion des propres produits et services de l'entité, doivent être comptabilisées en charges lorsqu'ils sont encourus. la phase d'exploitation commence dès l'achèvement du site web. Les frais encourus à cette étape doivent être comptabilisés en charges au moment où ils sont encourus, sauf s'ils satisfont aux critères du § 18
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d'IAS 38 (l’élément satisfait { la définition d’une immobilisation incorporelle et aux critères de comptabilisation) 4 Les modalités d’amortissement Les frais de développement inscrits { l’actif doivent être amortis de façon systématique et rationnelle afin que cet amortissement suive au mieux le rythme suivant lequel l’entreprise bénéficie des avantages économiques liés au produit et les comptabilise. Avant de discuter des modalités d’amortissement des frais de R&D, il y a lieu d’abord d’éclaircir la notion de la durée d’utilité. La durée d’utilité est définie par IAS 38 comme étant soit la période pendant laquelle l’entité s’attend { utiliser cet actif, soit le nombre d’unités de production ou d’unités similaires que l’entité s’attend { obtenir de l’actif. L’entité doit estimer si la durée d’utilité d’une immobilisation incorporelle est définie ou indéfinie, et si elle est finie, sa longueur ou le nombre d’unités de production ou d’unités similaires correspondant { cette durée d’utilité. Une immobilisation incorporelle doit être considérée par l’entité comme ayant une durée d’utilité indéfinie quand, en tenant compte d’une analyse effectuée avec des facteurs pertinents, il n’ y a aucune limite prévisible { la période durant laquelle on s’attend { ce que l’immobilisation génère des flux de trésorerie pour l’entité. 4.1 Détermination de la durée d’amortissement et de la base imposable a.
Durée d’amortissement
Les coûts de développement, lorsqu’ils sont immobilisés, doivent être amortis sur leur durée d’utilité finie. L’amortissement doit commencer dès le moment où l’actif est prêt à être utilisé. Il doit cesser dès l’instant où l’immobilisation est appelée à être cédée. La limite suggérée par l’ancienne norme IAS 9 d’une période d’amortissement n’excédant pas cinq ans n’est pas reprise par l’IAS 38.
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En pratique, la période d’amortissement a une durée égale à celle retenue pour l’établissement du « bilan de rentabilité ». Elle est donc variable en fonction du domaine d’activité : la durée sera significativement plus longue pour les radars aéroportés que pour un logiciel industriel, ces activités ayant une durée de vie plus courte. Les coûts de développement dont la durée d’utilité n’est pas définie ne sont pas amortissables. La nature de cette durée d’utilité doit être revue { la fin de chaque exercice afin de déterminer si elle est restée indéfinie ou est devenue finie. Dans ce cas, un changement de méthode doit être constaté conformément à IAS 8 en amortissant de manière prospective les coûts de développement sur leur durée d’utilité restante. b.
Mode d’amortissement
Le mode d’amortissement utilisé est choisi sur la base du rythme de consommation des avantages économiques futurs attendus de l’actif par l’entité. Néanmoins, si le rythme de consommation des avantages économiques ne peut être évalué de manière fiable, alors le mode d’amortissement linéaire doit être utilisé. Par ailleurs, la norme IAS 38 précise que l’amortissement cumulé d’une immobilisation incorporelle doit être égal au minimum { l’amortissement cumulé linéaire. Le mode d’amortissement pourra être déterminé en général par référence aux quantités ou encore au chiffre d’affaires relatifs { la période de prise en compte des avantages futurs. En pratique, les frais de développements capitalisés seront donc amortis sur les contrats de série attendus utilisant la technologie développée en amont par la société. Un amortissement unitaire par unité produite ou par dirham de chiffre d’affaires est déterminé pour tout le programme et l’amortissement est affecté au coût de revient des contrats notifiés. Ainsi, chacun des contrats de série utilisant la technologie développée incorpora dans son coût de production une quote-part de l’amortissement des coûts de développement capitalisés.
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c.
La base amortissable
Le montant amortissable d’un actif est sa valeur brute sous déduction de sa valeur résiduelle, celle-ci étant la valeur vénale de l’actif { la fin de son utilisation, diminuée des coûts de sortie. En pratique, cette obligation ne devrait néanmoins pas avoir d’incidence pour les immobilisations incorporelles, et notamment les coûts de développement portés { l’actif, compte tenu de leur nature : ces éléments n’ont en effet pas de valeur résiduelle. En effet, pour être considérée dans la détermination de la base amortissable, la valeur résiduelle doit pouvoir être mesurable ; or pour être mesurable, l’un des deux critères suivants doit être rempli : o Engagement d’un tiers { racheter l’immobilisation { la fin de sa durée d’utilité, ou o Existence d’un marché actif { la fin de la durée d’utilité de cette immobilisation permettant de déterminer cette valeur de manière fiable. Lorsqu’elle n’est pas mesurable, ce qui semble être le cas pour les coûts de développement portés { l’actif, la valeur résiduelle doit être considérée comme nulle. Par conséquent, en pratique, la base amortissable des frais de R&D activés correspond { leur coût de revient pour l’entreprise. 4.2
Date de départ des amortissements
L’amortissement doit débuter systématiquement { compter de la date { laquelle l’actif est prêt { être mis en service, c'est-à-dire à la date à laquelle l’immobilisation est en état de fonctionner selon l’utilisation prévue par la direction. Dans le cas particulier des frais de recherche et développement immobilisés, l’amortissement doit débuter { la date d’achèvement du projet et non au fur et { mesure de l’immobilisation des dépenses.
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4.3
Modifications du plan d’amortissement
Le plan d’amortissement est défini { la date d’entrée du bien { l’actif. Toutefois, toute modification prévue, par exemple, durée ou rythme de consommation des avantages économiques attendus de l’actif, entraîne la révision prospective de son plan d’amortissement. En effet, au cours de l’utilisation d’un actif, l’estimation de l’utilisation faite { l’origine peut ne plus apparaître appropriée. Par exemple, des changements techniques ou des évolutions du marché peuvent conduire à la réduction de l’utilisation initialement prévue et des avantages économiques futurs attendus par l’entreprise. En matière de fréquence de la révision des plans d’amortissement, la norme IAS 38 prévoit que : La durée et le mode d’amortissement doivent être réexaminés au minimum { la clôture de chaque exercice. La valeur résiduelle prise en compte pour la détermination de la base amortissable doit faire l’objet d’un réexamen obligatoire au moins { chaque clôture annuelle. Lorsque la valeur résiduelle d’une immobilisation devient supérieure ou égale { sa valeur nette comptable, l’immobilisation cesse d’être amortie jusqu’{ ce que la valeur résiduelle redevienne inférieure { sa valeur nette comptable. 4.4 Comptabilisation de la dotation aux amortissements Selon le paragraphe 99 de l’IAS 38, l’amortissement annuel des immobilisations incorporelles doit être systématiquement incorporé dans la valeur comptable des autres actifs (comme par exemple, les stocks) lorsque les travaux correspondants sont utilisés dans le processus de production de ces actifs. A ce titre, la quote-part d’amortissement des coûts de développement immobilisés doit être prise en compte dans le coût de production des stocks en tant que frais généraux de production considérés comme des coûts indirects de production.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Section 2 : Une opposition au référentiel américain La comptabilisation et le traitement des immobilisations incorporelles sont définis par les normes américaines suivantes : « SFAS 142 Goodwill and Other Intangible Assets » (Survaleur et autres immobilisations incorporelles) et « SFAS 2, Accounting for Research and Development (Comptabilisation des frais de Recherche et Développement). 1.
Costs »
La conception américaine selon SFAS 2
La norme SFAS 2 émise par le FASB en octobre 1974 traite des coûts de recherche et développement. Les définitions de la recherche et du développement sont très proches aux définitions en IFRS; la distinction est également faite entre la recherche et le développement : La recherche recouvre les efforts planifiés par une entreprise en vue d’obtenir ou de découvrir des informations nouvelles qui l’aideront { créer de nouveaux produits, services, processus, techniques ou qui contribueront à une amélioration significative de ceux existants, Le développement consiste à partir des découvertes faites grâce à la recherche { mettre en œuvre les plans pour produire le bien (service) désiré ou améliorer celui qui existe. Les FASB ont délimité le champ d’exclusion des composants des frais de recherche et développement. En sont notamment exclus les éléments suivants : Les travaux de routine, adaptation, mise au point, contrôle qualité qui n’aboutissent pas en fait ou ne peuvent contribuer { déboucher sur une production nouvelle effective ; Les frais relatifs à des travaux directement rattachés à des machines, équipements, biens… qui ont des utilisations futures et qui constituent un élément du prix de revient capitalisable de ces biens immobilisés. 46
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Le développement couvert par la norme ne concerne pas les améliorations effectuées dans le cadre des opérations courantes de production. La norme ne traite pas de la recherche commerciale, des études de marché et des tests de vente. 2.
La position de la norme SFAS 2
En raison des difficultés à établir une relation entre les coûts actuels et les profits futurs, et partants du principe général qu’il n’existe pas de méthode de détermination du succès futur de la recherche et du développement, la norme SFAS 2 a adopté une approche conservatrice. Cette approche consiste à enregistrer immédiatement en charges les frais encourus sur la période ({ l’exception de ceux engendrés pour la création de site Internet et de ceux liés au développement de logiciels utilisés en interne) évitant ainsi toutes les pratiques hétérogènes constatées par ailleurs. La position des principes US se trouve donc en retrait par rapport à celles adoptées par d’autres principes tels que les IFRS. 3.
Traitement comptable
Les frais de recherche et développement générés en interne sont généralement inscrits en charges lorsqu’ils sont encourus. Il en est de même pour la recherche et le développement en cours acquis { l’extérieur par le biais d’un contrat de service. Toutefois, les coûts des matières, équipements, installations et incorporels achetés { des tiers en vue d’être utilisés pour des activités de R&D doivent être capitalisés s’ils ont d’autres utilisations futures, c'est-à-dire s’ils ne sont pas spécifiques à un projet mais utilisés pour une activité R&D continue : dans le cas contraire ces coûts sont maintenus en charges de l’exercice. Ainsi, concrètement sont comptabilisés en charges lorsqu’ils sont encourus : Tous les coûts de R&D spécifiques à un projet particulier ;
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Tous les coûts de personnel de l’activité R&D ; Les coûts de structure indirects utilisés par et clairement liés { l’activité R&D ; Les coûts de contrat de services de R&D réalisés par une entreprise tierce pour le compte de la société concernée. Doivent être inscrits { l’actif en tant qu’immobilisation incorporelle : Les coûts des matières, équipements, installations et incorporels achetés à des tiers en vue d’être utilisés pour des activités de R&D et non spécifiques { un projet particulier. Le coût des incorporels utilisés par la R&D achetés { des tiers, en dehors d’un contrat de service, s’ils ont plusieurs utilisations futures. Ces immobilisations sont alors amorties sur leur durée d’utilisation estimée { partir de leur date de mise en service. Par ailleurs, les incorporels résultant de l’activité de R&D et valorisés lors d’une opération d’acquisition ne sont pas reconnus comme des immobilisations incorporelles et sont comptabilisés en charges post-acquisition. Ce cas est analysé au regard des §11 (c) et §34 de SFAS 2 qui se réfère à APB Opinion 16 devenue SFAS 141 en 2001 et qui traite des regroupements d’actifs. Notons { ce sujet que l’IASB a publié, le 10 janvier 2008, la version révisée d’IFRS 3 « Regroupements d’entreprises ». Cette norme est l’aboutissement de la phase 2 du projet « regroupements d’entreprises » mené conjointement avec le normalisateur comptable américain (FASB). En publiant, en décembre 2007, la version révisée de sa norme SFAS 141 «Business combinations » qui est comparable à IFRS 3 révisée et IAS 27 révisée, le FASB a apporté des modifications fondamentales à la comptabilisation des regroupements d’entreprises, ce qui permet au référentiel américain d’être en cohérence avec le référentiel international.
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4.
Les exceptions au cadre général
Bien que le mémoire ne traite pas spécifiquement des logiciels développés en interne, il paraît important de mettre en avant la position du FASB dans ce cas particulier puisqu’elle diffère de l’application de SFAS 2 aux frais de R&D et se rapproche d’IAS 38. 4.1
Logiciels destinés à un usage interne
Les coûts encourus au titre d’un logiciel utilisé en interne (qu’il soit acheté, élaboré en interne ou modifié dans le but de répondre aux besoins internes de l’entreprise) peuvent être capitalisés en fonction de son stade de développement. Les stades de développement d’un logiciel sont : tout d’abord la phase préliminaire du projet (formulation conceptuelle de solutions alternatives, évaluation, détermination de l’existence de la technologie nécessaire au choix final), puis le stade du développement des applications (conception, codage, installation et tests) et enfin le stade de la post-mise en œuvre de l’exploitation. Les coûts encourus lors de la phase préliminaire du projet et de la phase de la post-mise en œuvre de l’exploitation doivent être inscrits en charges lorsqu’ils sont encourus. Au stade de développement des applications, les coûts encourus à capitaliser sont uniquement : Les coûts directs externes des matières et des services consommés pour le développement ou l’obtention des logiciels { usage interne ; Les coûts salariaux et charges connexes encourus au titre de salariés qui sont directement associés au projet de logiciels à usage interne et qui lui consacrent du temps ; 49
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Les frais financiers encourus lors du développement. Les frais généraux et administratifs et les frais centraux ne doivent pas être capitalisés. 4.2 Logiciels non destinés à usage interne Les coûts encourus en interne pour la création d’un logiciel informatique destiné { être vendu, loué ou commercialisé de toute autre façon sous la forme d’un produit distinct ou d’une partie de produit ou de procédé, sont des frais de recherche et développement et sont inscrits en charges lorsqu’ils sont encourus jusqu’{ ce que la « faisabilité technologique » du produit ait été établie. La faisabilité technique est établie lors de l’achèvement d’un programme détaillé et de la conception du produit ou, { défaut d’un programme détaillé, lors de l’achèvement d’un modèle satisfaisant (dont la cohérence avec la conception du produit a été confirmée par des tests). Après quoi, tous les coûts de production de logiciels encourus jusqu’au stade de la diffusion générale du produit aux clients sont capitalisés puis par la suite présentés au plus faible du coût amorti et de la valeur nette de réalisation. Le coût d’un logiciel acquis pour être utilisé dans le cadre de ces projets et n’ayant pas d’autre utilisation est comptabilisé de la même manière que le coût d’un logiciel élaboré en interne. Si le logiciel acheté a une autre utilisation, il est capitalisé et comptabilisé en fonction de son utilisation.
Section 3 : Principales dispositions des normes marocaines 1.
Dispositions générales
Au Maroc, au niveau comptable, le dilemme existant est de savoir si les dépenses de recherche et développement constituent des charges ou un actif immobilisé. Dans la mesure où ces dépenses constituent des sources de profits futurs, il est légitime de les considérer comme des actifs. Toutefois, l’incertitude quant aux résultats de ces activités impose une grande prudence dans l’activation des coûts correspondants. 50
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Contrairement à la norme IAS 38, les principes marocains ne fournissent pas de définitions précises des immobilisations incorporelles et ne prévoient pas de conditions strictes de comptabilisation d’immobilisations incorporelles, celles-ci étant généralement opérées à la date du transfert de propriété. La principale différence pour la capitalisation des coûts de développement réside dans l’obligation du traitement en IFRS et de la simple option dans le référentiel marocain. Le référentiel marocain offre le choix entre la possibilité d’enregistrer les coûts de développement en charges ou de les activer sous réserve que les conditions de réussite technique et commerciale soient réunies. Ce traitement alternatif ne facilite pas la comparabilité des comptes d’entreprises ayant des pratiques différentes. 2.
Principes comptables
2.1
Définition et conditions de comptabilisation des frais de R&D
En ce qui concerne les frais de recherche et développement, selon le CGNC, il s’agit des « dépenses qui correspondent { l’activité réalisée par l’entreprise pour son propre compte en matière de recherche appliquée et développement. En sont donc exclus les frais entrant dans le coût de production des commandes passées par des tiers ». Le CGNC opère une distinction entre la recherche fondamentale d’une part, et la recherche appliquée et le développement d’autre part. En vertu du principe de prudence, l’entreprise n’immobilise pas en général les frais de recherche et de développement qu’elle a engagé en raison du caractère aléatoire de cette activité. Toutefois, à titre exceptionnel, les frais de développement peuvent être immobilisés si les deux conditions suivantes sont simultanément réunies : Les projets en cause doivent être nettement individualisés et leur coût distinctement établi { l’aide d’une comptabilité analytique pour être réparti dans le temps ;
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Chaque projet doit avoir { la date d’établissement des états de synthèse de sérieuses chances de réussite technique et de rentabilité commerciale et financière. Ces critères sont moins précis que ceux définis par les principes IFRS et pourraient conduire, dans certains cas particuliers, { l’immobilisation d’un volume de frais de développement plus important en principes marocains qu’en IFRS. 2.2
Détermination du coût d’entrée
Les immobilisations produites doivent être enregistrées à leur coût de production. Les charges indirectes de production, qu’elles soient fixes ou variables, sont incluses dans le coût de production des immobilisations incorporelles. En principes marocains, contrairement aux IFRS, les coûts antérieurement comptabilisés en charges dans les comptes annuels ou intermédiaires ou plus généralement les coûts comptabilisés en charges avant la date de respect des conditions d’immobilisations incorporelles générées en interne doivent être pris en compte pour être ensuite portés { l’actif. 2.3 Détermination de la valeur résiduelle En l’absence de précisions pratiques du PCGM ou des guides comptables professionnels sur la notion de valeur résiduelle, il convenait d’apprécier cette valeur au moment de l’établissement du plan d’amortissement et de la retenir si elle est susceptible de modifier de façon sensible le calcul des annuités. Cette valeur peut être définie comme le montant, net des coûts de sortie attendus, qu’une entité obtiendra de la cession de l’actif sur le marché { la fin de son utilisation. Pour être déduite de la base imposable, la valeur résiduelle doit être significative et déterminée dès l’origine par référence à des éléments dont le montant est connu de manière fiable (existence d’un contrat de vente ferme, d’une option de vente, d’un catalogue de prix d’occasion..)
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La norme IAS 38 est beaucoup plus précise et contraignante que les principes marocains concernant la détermination de la valeur résiduelle des immobilisations incorporelles. Rappelons que selon cette norme : La valeur résiduelle des immobilisations incorporelles est nulle, sauf si l’une des deux conditions suivantes est remplie (IAS 38. 100). o Un tiers s’est engagé { acheter l’actif { la fin de sa durée d’utilisation par l’entreprise (ce qui suppose que cette durée d’utilisation est inférieure { la durée de vie probable totale de l’actif (IAS 38. 101). o Ou il existe un marché actif qui permet une mesure fiable de la valeur résiduelle et dont il est probable qu’il existera encore { la fin de la période d’utilisation de l’actif. (Un marché actif est un marché qui répond aux trois conditions suivantes, selon IAS 38 : les éléments négociés sur ce marché sont homogènes, on peut normalement trouver à tout moment des acheteurs et des vendeurs consentants, et les prix sont mis à disposition du public). Il est inhabituel qu’un marché actif remplissant les trois conditions précitées existe pour des immobilisations incorporelles, même si cela peut arriver dans des cas limités (IAS 38. 78). 2.4 Règles d’amortissement a.
Mode d’amortissement
Lorsqu’ils sont immobilisés, les frais de recherche et développement sont amortis au maximum sur une durée de cinq ans. A titre exceptionnel, et pour des projets particuliers, ils peuvent l’être sur une période plus longue dans la limite de la durée d’utilisation de ces actifs. Une mention de cette dérogation doit en être faite dans l’ETIC (A1). En cas d’échec du projet, les frais correspondant sont immédiatement amortis par le débit d’un compte de dotations aux amortissements exceptionnels et la valeur nette d’amortissements est ramenée { zéro.
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Sur le plan juridique, aucun mode d’amortissement ne peut être considéré, { priori, comme l’expression de l’amortissement pour dépréciation. Toutefois, en pratique, par simplification, le mode d’amortissement de l’immobilisation incorporelle correspond généralement au mode linéaire. Les autres modes d’amortissement comme, par exemple, l’amortissement variable en fonction de l’utilisation de l’immobilisation incorporelle (durée d’utilisation définie en unités d’œuvre) sont rarement utilisés et ce pour des raisons fiscales. b.
Comptabilisation de la dotation aux amortissements
En normes marocaines, la dotation aux amortissements des frais de R&D sont généralement exclus du coût de production des stocks, sauf si des conditions spécifiques d’exploitation le justifient. Selon ce principe, l’amortissement des frais de recherche appliquée et de développement immobilisés est rarement inclus dans le coût de production des stocks, sauf dans le cas où ces frais ont été engagés { l’occasion d’une commande spécifique d’un client. La norme IAS 38 retient une position contraire à celle des principes marocains en indiquant que l’amortissement annuel des immobilisations incorporelles, dont les frais de développement, doit être incorporé, le cas échéant, dans la valeur comptable des autres actifs (comme, par exemple, les stocks) lorsque les travaux correspondants sont utilisés dans le processus de production de ces actifs.
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Section 4 : Synthèse des différents traitements comptables de la R&D Nous présentons ci-après une synthèse des différents traitements comptables des frais de recherche et développement tels que développés ci-dessus, ainsi que les pratiques comptables dans les comptes sociaux des pays européens les plus caractéristiques selon nous (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Paysbas, Royaume-uni). Certes, tous les pays de l’UE adoptent désormais les IFRS. Toutefois, un aperçu des différentes pratiques comptables est intéressant à plusieurs titres. Il permet d'abord d'apprécier la diversité des approches, et leurs liens éventuels avec les cultures nationales et le développement historique des pays. Il confirme bien évidemment la nécessité de l'harmonisation internationale des normes comptables, spécifiquement en matière des frais de R&D, ou plus généralement pour permettre une comparabilité des comptes des sociétés. Les normes comptables européennes sont issues dans un premier temps de processus de formalisation internes aux pays, puis, de façon plus secondaire, des tentatives d'harmonisation entre pays. La dimension culturelle de chaque pays est néanmoins prépondérante pour expliquer les différences de normalisation.
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Recherche fondamentale
IFRS US GAAP MAROC Allemagne
Recherche appliquée
Développement Amortissement
Non activable
Non activable
Obligation sur la durée d’activation d’utilité + test sous conditions d’impairement
Non activable
Non activable
Non activable
Option Non activable d’activation sous conditions
Non activable
Non activable
Non activable
-
Option d’activation (pas de conditions explicites) Option d’activation sous conditions
Option d’activation (pas de conditions explicites)
Sur 5 ans maximum ou durée de vie.
Option d’activation sous conditions
5 ans maximum
Belgique
Discutable
Espagne
Discutable
France CRC 04-06
Non activable
Italie
Option d’activation (pas de conditions explicites)
Pays-bas
Discutable
Royaume – uni
Non activable
Non activable
sur 5 ans maximum.
Option sur la durée De Non activable d’activation vie utile + test sous conditions d’impairement Option Option d’activation d’activation 5 ans (pas de (pas de maximum conditions conditions explicites) explicites) Option Option d’activation 5 ans d’activation sous maximum sous conditions conditions Option Non activable d’activation Durée de vie sous conditions
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Au terme de cette analyse, quelques conclusions s’imposent : Selon la norme IAS 38 révisée, dès lors que les conditions sont remplies, l’inscription en actif des dépenses de développement est obligatoire. Par contre, pour le Maroc, ces dépenses peuvent, sur option, être capitalisées si les conditions sont remplies. Autrement dit, la comptabilisation des dépenses de développement relève d’une décision de gestion, même si l’inscription en actif est considérée comme étant la méthode préférentielle. La capitalisation obligatoire des frais de R&D devrait faciliter la comparabilité entre les sociétés et éviter les choix discrétionnaires de la part des managers.
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Chapitre 2 : Analyse critique sur les conséquences de l’application de la norme IAS 38 Section 1 : Application d’IAS 38 aux coûts de développement 1.
Distinction entre recherche et développement
En ce qui concerne la recherche/développement, les nouvelles normes imposent que la recherche reste en charge et ne soit pas inscrite { l’actif. Le développement étant, sous réserve des conditions de capitalisation, intégré à l’actif du bilan. La mesure du montant des coûts de recherche et développement (R&D) capitalisés repose sur l’exercice du jugement professionnel et donc sur une part de subjectivité : tout d’abord pour la catégorisation des projets activables et dans les hypothèses retenues pour satisfaire le critère relatif aux flux économiques futurs. Ceci se répercute évidemment sur la distinction entre recherche et développement. A ce sujet, deux difficultés peuvent se faire jour : La classification des dépenses de recherche et développement en charges ou
en actifs risque de se heurter { l’incompréhension des opérationnels qui devront être sensibilisés à ce sujet. D’autre part il va être difficile d’évaluer ces nouveaux postes d’actif. Comment
déterminer la valeur actuelle des flux futurs et quelle sera la bonne méthode ? En outre, l’identification des coûts de développement { activer peut poser problème, car ce domaine d’activité est parfois difficile { définir. La frontière est souvent étroite entre les travaux réalisés pour aboutir { la mise au point d’un nouveau produit et ceux entrepris pour prendre en compte de nouvelles contraintes de production (contraintes techniques) ou de commercialisation (contraintes marketing), ces dernières pouvant être qualifiées de dépenses d’amélioration.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
A cet effet, la norme IAS 38 aura des impacts directs sur les processus et l’organisation de l’entreprise dans le sens où elle créera un transfert de responsabilités. Plusieurs des dispositions de la norme conduiront nécessairement à transférer vers les opérationnels des responsabilités qui étaient antérieurement uniquement assumées par les comptables. En particulier, l’intervention des opérationnels comme les chefs de projets et le contrôleur de gestion, sera nécessaire pour : déterminer la nature de l’immobilisation incorporelle et en particulier définir
sa durée d’utilité réaliser l’affectation des immobilisations incorporelles aux unités génératrices
de trésoreries examiner au minimum { chaque clôture la durée d’utilité des immobilisations
incorporelles identifier, au sein d’un projet de recherche et développement, les dépenses
engagées au titre de la phase de développement qui remplissent les critères d’activation et enfin fournir les informations non comptables nécessaires.
2.
Interdiction d’inscrire antérieurement
{
l’actif
des
charges
comptabilisées
Les charges directement attribuables à la création, la production et la préparation de l’actif sont activées uniquement à partir de la date à laquelle les critères de comptabilisation sont réunis. En d’autres termes, les dépenses antérieures ne peuvent pas être inscrites { l’actif. En outre, dans la pratique, la définition des bornes de départ et de fin d’inscription des coûts { l’actif immobilisé est particulièrement délicate.
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Ceci risque de mettre en cause le principe de la juste valeur dans la mesure où les dépenses antérieures peuvent contribuer à la rentabilité des projets. 3.
Evaluation de la R&D immobilisée à la juste valeur
Deux méthodes d’évaluation sont envisageables en IFRS. La méthode du coût historique (traitement de référence) qui fait apparaître le coût diminué du cumul des amortissements et des pertes de valeur éventuelles définies par la norme IAS 36. L’autre méthode est celle de la juste valeur qui permet d’inscrire les actifs pour les montants les plus proches de leur valeur de marché. Toutefois, sa mise en œuvre suppose de pouvoir définir cette juste valeur par référence { un marché actif (c'est-à-dire un marché liquide où les prix sont disponibles et les éléments négociés sont homogènes), ce qui limite fortement son application dans le cas des frais de développement car il est exceptionnel qu’un marché actif existe pour ce type de frais. Le caractère critiquable de la notion de « fair value » (approche discrétionnaire en cas d’absence de référence de marché) constitue un véritable risque associé { l’adoption de la norme IAS 38. En effet, chaque projet de R&D est unique en son genre et n’est pas souvent négociable séparément. Les tests de dépréciations et les fluctuations induites par les calculs de juste valeur conduiront à accroître la volatilité des soldes comptables et créeront un risque nouveau lié aux doutes sur la pertinence même des comptes. Il ne faut pas aussi sous-estimer l’élément psychologique. Compte tenu du choix laissé aux dirigeants quant à la méthode de détermination de la juste valeur, on peut craindre une plus grande difficulté dans la comparaison des comptes d’une entreprise { l’autre. Pour faire face à ce risque, il est quasi-certain que l’on voit émerger des experts en évaluation. Le recours aux compétences pluridisciplinaires d’un professionnel est un atout complémentaire qu’il ne faudra pas négliger.
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Le recours { des spécialistes favorisera l’émergence d’une zone de certification dans laquelle vont s’engouffrer les cabinets de consultants. Ce point peut soulager les analystes financiers. Notons qu’{ ce sujet, l’IASB a publié, en novembre 2006, dans le cadre de la volonté clairement affichée de voir converger les IFRS et les USGAAP, un « discussion paper » reprenant ni plus ni moins le contenu de la norme FAS 157. L’objectif de la norme FAS 157 est de définir un cadre conceptuel susceptible d’être utilisé dans toutes les normes exigeant une évaluation à la juste valeur. La norme FAS 157 distingue trois approches d’évaluation : l’approche marché : s’applique lorsque des prix sont observables pour des
actifs identiques ou similaires. L’approche résultat : utilise des techniques permettant de convertir des
montants futurs en un seul montant présent : cette approche inclut notamment les techniques d’actualisation des flux futurs de trésorerie et les modèles d’évaluation des options. L’approche coût : est basée sur le montant qu’il faudrait décaisser pour
remplacer un actif existant en tenant compte notamment de son obsolescence. Cependant, la norme FAS 157 ne comporte pas, dans le prolongement de son cadre conceptuel, un guide d’application des techniques d’évaluations ; il ne fait doute que les rédacteurs de la norme n’ont pas souhaité empiéter sur le terrain des financiers et des évaluateurs. Une telle attitude, qui est de nature à encourager la diversité des pratiques en matière d’évaluation, va { l’encontre de l’objectif de comparabilité, dans le temps et dans l’espace, habituellement assigné { l’information financière. 4.
Acquisition dans le cadre d’un regroupement d’entreprises
Lorsqu’une entreprise en acquiert une autre, elle acquiert { son actif tous les incorporels, même ceux générés en interne par l’entreprise acquise et que cette dernière n’avait pu inscrire { son bilan compte tenu des restrictions 61
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
comptables applicables aux incorporels générés en interne. On voit ainsi apparaître au bilan consolidé des frais de R&D de l’entreprise acquise développées par elle-même et qu’elle n’avait pas pu activer. Les incorporels détenus par la société acquérante avant l’acquisition de la nouvelle entreprise ne sont pas touchés par cette opération. En conséquence, l’opération d’acquisition sera un révélateur loquace sur ce qui a été acquis mais restera discret sur ce qui existait déj{ dans l’entreprise acquérante. Ainsi, nous pouvons conclure que la norme IAS 38 ne permet qu’avec réserve et réticence l’inscription au bilan des incorporels générés en interne par l’entreprise elle-même. Ces réticences tombent dès lors que ces incorporels sont acquis auprès de tiers à des conditions de marché dans le cadre d’une acquisition globale d’entreprise. Dans ce dernier cas, les incorporels seront inscrits au moment de l’acquisition { leur juste valeur, qui sera réputée être le coût d’acquisition pour l’entreprise acquérante. Pour éviter d’avoir { constater en charge ses coûts de développement, une entreprise peut ainsi être tentée de faire faire sa recherche par des tiers puis d’acquérir ultérieurement ces entités tierces ou certains projets isolés. Le coût d’acquisition sera alors une immobilisation et non une charge, et devra donner lieu ultérieurement à une valorisation en vue de la constatation éventuelle des provisions pour dépréciation. Il résulte de ces dispositions une grande hétérogénéité dans la représentation comptable des incorporels, selon un continuum qui va de la non comptabilisation à la comptabilisation à la juste valeur. La dissymétrie est grande entre les entreprises qui innovent et se développent par croissance interne et celles qui procèdent par croissance externe et acquisitions. La raison de cette dissymétrie est que les transactions avec des tiers sont plus vérifiables et fiables que les processus et évaluations internes. En postulant que la condition de probabilité de perception des avantages futurs existe toujours dans le cas des immobilisations incorporelles acquises séparément ou { la suite d’un regroupement d’entreprises, la norme IAS 38 déroge au cadre conceptuel de l’IASB. En effet, selon celui-ci, ce n’est pas parce
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Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
qu’un élément a un coût ou une juste valeur qu’il procurera nécessairement des avantages.
Section 2 : Traitement comptable du cas particulier des coûts de R&D sur les contrats mixant développement et production Les projets de recherche et développement sont long et coûteux et font, le plus souvent, l’objet de contrats de financement spécifiques de la part des clients. Ces contrats peuvent comporter une phase prépondérante de fabrication mais précédée d’une phase accessoire d’études de développement. Ces études de développement constituent des prestations de service faisant l’objet de facturation spécifique et concourant au chiffre d’affaires de la société. Ces études financées n’entrent { priori pas dans le champ d’application de la norme IAS 38, mais plutôt dans le champ d’application de la norme IAS 11 (contrats de construction) et IAS 2 (stocks). Le paragraphe 19 de la norme IAS 11 semble confirmer cette analyse en précisant que les coûts d’un contrat de construction doivent inclure les coûts qui peuvent être spécifiquement facturés au client selon les termes du contrat. Les coûts du contrat incluent les coûts de développement dont le remboursement est spécifié dans les termes du contrat. Par différence, les coûts de développement dont le remboursement n’est pas spécifié dans le contrat n’entrent pas dans le coût d’un contrat de construction. Nous souhaitons, à ce niveau, souligner une difficulté pratique d’application de la norme IAS 38 dans le domaine de la R&D en raison de la concomitance de plus en plus fréquente des phases de développement et de production. Cette concomitance n’a pas fait l’objet d’une interprétation spécifique par le normalisateur comptable international. Nous présentons ci-après les arguments en faveur des différentes méthodes de comptabilisation ainsi qu’une proposition de comptabilisation pour les contrats mixant développement et production. 63
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
1.
Arguments en faveur de la comptabilisation des coûts de développent conformément à la norme IAS 11
Compte tenu de l’existence d’un contrat conclu avec un client, une entreprise a une obligation contractuelle vis-à-vis de ce client. Cette obligation consiste à livrer des produits conformes au cahier des charges défini contractuellement et constitue clairement une obligation de résultat. Pour cette entreprise, le développement est indispensable pour être en mesure de livrer les produits au client en respectant les obligations contractuelles. Il en découle que les coûts de développement doivent être considérés comme des coûts directement liés au contrat concerné conformément au paragraphe 16)a) de la norme IAS 11 sur les contrats de construction et sont, par conséquent, enregistrés en charges selon la méthode de l’avancement décrite par cette norme. Ces coûts ne peuvent ainsi être isolés du contrat pour être comptabilisés en immobilisations incorporelles. Cependant, compte tenu du poids des coûts de développement d’un nouveau produit, le rattachement de l’ensemble de ces coûts au premier contrat de production dégrade fortement la marge de ce premier contrat qui, dans certains cas, peut devenir négative. Dès lors, conformément à la norme IAS 11, il est nécessaire de comptabiliser une provision pour perte à terminaison. Dans le cas où des contrats de production futurs sont attendus par la société, la comptabilisation d’une provision pour perte { terminaison apparaît en contradiction avec les principes de la norme IAS 38 qui prônent une activation et un amortissement économique des coûts de développement sur l’ensemble des contrats de production futurs. 2.
Arguments en faveur de la comptabilisation développement conformément à la norme IAS 38
des
coûts
de
Le développement du produit, objet du contrat, pourra être réutilisé par la société dans le cadre d’autres contrats. Dans ce cas, la société conserve exclusivement
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la propriété intellectuelle de l’étude. Le client a la propriété des prototypes, des plans et des maquettes. La société a donc développé un actif intellectuel qui survit au premier contrat et qui n’est pas entièrement consommé par ce dernier. Ainsi, il semble dans ce cas que la société ait effectivement crée un actif au sens de la norme IAS 38, dans le sens qu’elle le contrôle et qu’elle pourra générer des flux de trésorerie, et surtout que cet actif n’est pas consommé par le seul premier contrat. Enfin, le client commande non pas un développement mais un produit ; l’objet principal du contrat est la fourniture du produit, le développement étant quant à lui une phase accessoire. 3.
Proposition d’un traitement comptable des coûts de R&D sur les contrats mixant développement et production
Nous constatons qu’il existe deux conceptions opposées de la capitalisation des coûts de développement sur les contrats mixant développement et production. La question fondamentale qui se pose : dans le cas où une société vend un produit développé, peut elle considérer et, sous quelles conditions, qu’elle développe un actif incorporel « indépendant » du contrat, c à d utilisable pour la réalisation du présent contrat mais aussi pour d’autres contrats de production futurs ? Deux cas de figure sont à étudier : a.
La société ne conserve pas la propriété intellectuelle du développement : Dans ce cas, il y a lieu d’appliquer la norme IAS 11 « contrat de construction » ou la norme IAS 2 « stocks »
b.
La société conserve exclusivement la propriété intellectuelle du développement :
Si le remboursement des coûts de développement n’est pas spécifié dans le contrat : les frais de recherche et développement sont traités conformément à la norme IAS 38 (immobilisation si critères d’activation sont réunis)
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Si le remboursement des coûts de développement est spécifié dans le contrat ; il y a lieu dans ce cas de comparer le financement de la R&D par rapport à son coût : i.
Si le financement couvre la totalité des coûts, les coûts sont donc rattachés au contrat ;
ii.
Si le financement ne couvre pas la totalité des coûts, les coûts de R&D sont rattachés au contrat à hauteur de financement. La partie des frais de R&D non couverte par le financement est traitée dans le cadre de la norme IAS 38.
Section 3 : Impact de l’application de l’IAS 38 sur Les comptes des entreprises marocaines Devant les exigences de l’ouverture économique internationale que le Maroc a choisi d’adopter, celui-ci ne peut qu’admettre l’adoption des normes comptables internationales IAS/IFRS. En effet, les sociétés et groupes nationaux cotés dans la Bourse de Valeur de Casablanca sont amenés à produire leurs états financiers selon les normes du CGNC d’une part, et selon les normes IFRS d’autre part. Les groupes étrangers sont aussi bien concernés par l’application de ces normes que les groupes nationaux. Ces groupes doivent appliquer les normes internationales IFRS pour les besoins de reporting financier à leurs sociétés mères. Toutefois, l’application de la norme internationale IAS 38 n’est pas sans difficulté. En effet, cette norme va générer pour les entreprises marocaines des ajustements ou des changements de méthodes par rapport aux règles du CGNC tant au niveau du traitement comptable, du coût d’entrée que du mode d’amortissement des frais de R&D.
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1.
Traitement comptable
Le CGNC permet, dans un traitement accepté, l’activation des frais de
Recherche appliquée et de Développement, tandis que la norme IAS 38 ne permet en aucun cas la comptabilisation des frais de Recherche parmi les actifs de l’entreprise. La position de la norme IAS 38 est justifiée par le fait que les frais de Recherche ne peuvent pas répondre à une condition essentielle de l’immobilisation, qui est celle de la probabilité raisonnable de générer des fonds ultérieurs. De plus, les conditions exigées par la norme IAS 38 pour l’activation des seuls
frais de Développement sont beaucoup plus strictes que celles formulées par le CGNC pour la même raison. Le CGNC fixe un délai, jusqu’{ la date de l’arrêté des comptes, pour pouvoir
démontrer la réalisation des conditions requises afin d’activer les frais de Recherche et Développement et déterminer rétroactivement le montant de cette immobilisation. Tel n’est pas le cas pour l’IAS 38 qui stipule qu’ils ne peuvent pas être inscrits { l’actif que les dépenses postérieures { la connaissance du caractère activable des frais de Développement, les coûts enregistrés en charges avant ce moment ne sont pas à contenir dans le coût d’entrée en immobilisation des frais de Développement. L’introduction de la norme IAS 38 est décrite comme entraînant une
révolution de l’information financière. Selon la norme IAS 38, le principe de prééminence de la substance sur l’apparence fait que le traitement comptable des frais de R&D découle d’une analyse économique, alors que selon le référentiel marocain, il découle prioritairement de l’analyse juridique des opérations. En effet, l’ambition de la norme IAS 38 est de refléter la situation économique d’une entité. Cela a pour conséquence, que l’analyse des faits { divulguer ne se limite pas aux seuls documents juridiques, mais à l’analyse de la substance économique. L’évaluation des frais de R&D selon la juste valeur est une notion
fondamentale en norme IAS 38. Elle est en cela très différente des normes comptables marocaines basées sur les coûts historiques. Il pourra en résulter
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une très grande volatilité des résultats des entreprises, en particulier pour celles détenant d’importants projets de R&D. L’adoption de la norme IAS 38 constituera sans doute un changement
comptable. En effet, les conditions rendues obligatoire pour l’activation des frais de R&D, vont au-del{ d’un simple jeu d’écritures comptables puisque la norme IAS 38 fait apparaître une nouvelle manière d’appréhender la réalité économique. A l’intérieur de l’entreprise, des automatismes, des réflexes professionnels
anciens seront remis en question. Une coordination nouvelle doit s’instaurer entre les responsables comptables et différents acteurs à savoir les responsables opérationnels, les directeurs de projets, les directeurs techniques et les contrôleurs de gestion. 2.
Coût d’entrée
1. Le coût d’entrée des immobilisations incorporelles est déterminé selon l’IAS 38 :
soit par les coûts diminués du cumul des amortissements (méthode préférentielle);
soit par le montant réévalué dit de juste valeur, moins le cumul des amortissements et pertes des valeurs (méthodes autorisées).
Le CGNC n’accepte que la première méthode, qui est celle de la valeur comptable diminuée du cumul des pertes de valeur. 2. En ce qui concerne les frais de Recherche et Développement (R&D), le CGNC ne prévoit aucune règle spécifique précisant leur évaluation. Les méthodes d’évaluation de leur valeur d’entrée, selon le CGNC, sont donc les mêmes que celles retenues pour les immobilisations corporelles produites par l’entreprise pour elle-même. Il s’agit des règles servant { calculer le coût de production comme une somme de :
coût d’utilisation des matières consommées ; 68
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charges directes ;
fractions de charges indirectes de production.
Les intérêts des capitaux empruntés pour financer la fabrication d’une immobilisation peuvent être inclus dans les coûts de production lorsqu’ils concernent la période de fabrication. En IFRS, seuls les coûts directement attribuables { la production d’une immobilisation incorporelle sont incorporables au coût de production. Il en résulte en pratique que les charges indirectes de production ne devraient pas être incorporées au coût de production des immobilisations incorporelles. 3.
Mode d’amortissement
L’IAS 38 stipule que tout incorporel doit être amorti sur sa durée de vie c { d de la durée probable d’utilisation de cette immobilisation par l’entreprise elle-même. Quant au CGNC, les frais de Recherche et Développement doivent être amortis sur une durée maximale de cinq ans avec une exception de pouvoir prolonger ce délai jusqu’{ la limite de « la durée d’utilité de ces actifs » c { d la durée normale d’utilisation sans prise en compte de l’utilisation attendue par l’entreprise ellemême. Cela est dû à trois raisons :
La prise en compte de l’utilisation attendue par l’entreprise elle-même n’étant pas exclusivement requise par le PCG Marocain ;
La prise en compte de la durée d’utilisation par l’entreprise suppose la prise en compte d’une valeur résiduelle pour la détermination de la base amortissable, lorsque cette durée d’utilisation est inférieure { la durée de vie normale. Or la doctrine requiert que les valeurs résiduelles soient garanties, ce qui limite les possibilités pratiques de prise en compte de ces valeurs et conduit { retenir des durées d’amortissement conformes aux durées de vie normales.
Les considérations fiscales ont tendances à prévaloir : 69
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o
dans les comptes individuels, la durée d’amortissement fiscale doit correspondre aux usages professionnels (amortissement sur la durée de vie probable totale) et selon l’administration fiscale, l’amortissement dérogatoire ne peut, sauf exceptions explicitement prévues, résulter de la durée d’utilisation, les durées comptable et fiscale devant être identiques.
o
dans les comptes consolidés, l’obligation d’éliminer les écritures { caractère fiscales est interprétée de manière restrictive comme s’appliquant aux seuls amortissements comptabilisés en amortissements dérogatoires dans les comptes individuels (interdisant notamment le retraitement des durées d’amortissement pour tenir compte de l’usage propre { l’entreprise).
Section 4 : Définition des bornes de départ et de fin d’activation des coûts à l’actif immobilisé 1.
Difficulté de détermination de la date de début et de fin de capitalisation
Dans la pratique, la définition des bornes de départ et de fin d’inscription des coûts { l’actif immobilisé est particulièrement délicate. Cette difficulté n’est pas sans effet sur le résultat comptable qui peut être faussé en conservant une partie des coûts en charges au lieu de les capitaliser. Il est donc nécessaire d’assurer un jalon pertinent et documenté comme départ et fin d’activation tout en ayant l’objectif de rester proche des procédures opérationnelles mises en place par la société. 2.
Proposition des jalons techniques comme critères d’activation
Dans un souci de rester proche des réalités opérationnelles et tout en respectant les normes IFRS, nous proposons les limites de détermination des bornes de début et fin d’activation d’un projet de R&D { travers le guide suivant qui décrit les différentes phases d’un projet. (source : tiré d’un cas pratique d’une société auditée)
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Nous pouvons retenir une activation des frais encourus après la réunion R1 et jusqu’{ la réunion R5 incluse. En effet, après la décision prise en réunion R1, on peut dire que les six critères d’inscription des coûts { l’actif sont remplis :
Faisabilité technique : le choix et la faisabilité des solutions techniques sont argumentés ; la faisabilité des solutions industrielles est établie ;
Intention de poursuivre : dans les documents formels et comptes rendus de la réunion R1, le point de l’intention d’achever le projet est spécifiquement évoqué sous la rubrique « décisions prises »
Capacité d’utilisation ou de vente : cette condition est considérée comme remplie par principe dès que l’on commence un projet ; en R0 le positionnement marketing de l’offre est déj{ étayé et la notion de capacité de production n’est pas un frein au vu des capitaux engagés par la société ;
Futurs bénéfices économiques : à chaque stade du projet, les calculs de rentabilité sont affinés. Les calculs sont réalisés en différentiel par rapport aux produits existants dans la plupart des cas. La décision de poursuivre est conditionnée à un niveau de gain attendu ;
Disponibilité des ressources : en phase R1, les équipes techniques de R&D, de qualification et d’industrialisation sont nommées et disponibles, les ressources financières sont disponibles et affectées dès R0 ;
Mesure des dépenses : les coûts engagés par projet sont suivis depuis R0 à travers une comptabilité analytique.
En ce qui concerne la date de fin de capitalisation, la limite est moins nette entre les réunions R5 et R6, puisque les coûts entre R5 et R6 pourraient être capitalisables. Par prudence R5 est retenue comme la borne de « fin d’activation », puisque c’est celle de la décision du lancement de la production et donc des ventes.
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3.
Les écueils potentiels de la proposition des bornes début et fin d’activation
3.1. La borne « début activation » Il peut arriver que la R1 effective soit décalée par rapport à la date à laquelle les critères d’activation IFRS sont satisfaits. En effet, le compte rendu R1 comporte d’autres informations et hypothèses que les critères d’activation : le chef de projet est notamment évalué sur la pertinence des informations contenues dans R1 et il peut avoir tendance à décaler la R1 pour assurer une meilleure fiabilisation des hypothèses retenues, autres que les critères d’activation. Il peut ainsi s’agir des aspects qualité des fournisseurs, planning d’industrialisation,…etc. Les chefs de projets doivent par conséquent être sensibilisés à cette problématique. Ce constat montre qu’il n’est alors pas pertinent de retenir systématiquement R1 comme date de départ d’activation, car le résultat peut être fausse en conservant une partie des coûts en charges au lieu de les capitaliser. Il est nécessaire d’assurer un jalon pertinent et documenté comme départ de l’activation tout en ayant l’objectif de rester proche des procédures mises en place. Le guide de projet exige la rédaction d’un contrat de projet entre R0 et R1. Le contrat de projet est l’ensemble des documents (spécifications techniques de besoin, équipes, planning, budget,…) qui, tout au long du projet, sert de référence quant à la façon dont seront satisfaits les besoins exprimés par le service marketing industriel. La rédaction de ces documents prend en compte : Les besoins exprimés par le marketing ; Les possibilités technologiques et industrielles existantes et maîtrisées ; Les éléments de politiques industrielles et achat applicables au projet. Le contrat de projet formalise ainsi les six critères obligatoires { l’immobilisation des coûts de développement.
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La date d’activation doit donc reposer sur la tenue de R1 et par exception sur l’établissement d’un contrat de projet qui est ainsi : Soit inclus dans le compte rendu de R1 Soit antérieur à R1 et il doit être formalisé pour assurer la documentation d’éléments probants { l’activation des coûts. 3.2. La borne « fin activation » Théoriquement, les coûts postérieurs à R5 sont des coûts de stabilisation de l’industrialisation du produit et les coûts post-R6 des coûts de gestion de gamme globale (et donc non spécifique au produit) qui peuvent être identifiés comme des projets d’ingénierie de qualité et de valeur. Cependant, il est nécessaire de mettre en place une remontée d’informations dans le cas de défauts majeurs ou de reprises de conception qui peuvent survenir pendant la phase de stabilisation R5-R6 : cette information est doublement nécessaire d’une part pour l’activation potentielle de coûts postérieurs à la phase R1-R5 mais qui sont du développement ; et d’autre part dans le cadre des tests de dépréciation des coûts de R&D activés. Par ailleurs, le traitement des coûts de conception initiale doit être analysé pour décider si ces coûts doivent être activés ou non, partiellement ou totalement. La norme IAS 38 indique que « Les inefficacités clairement identifiées et pertes opérationnelles initiales encourues avant qu’un actif n’atteigne le niveau de performance prévu ne constituent pas des composantes du coût d’une immobilisation incorporelle générée en interne ». Il peut être considéré que ce point est applicable aux coûts de stabilisation et de qualité post R5 dans la phase de lancement de production. Concernant les défauts majeurs de reprises de conception, ces coûts ne peuvent pas être analysés comme des inefficacités au sens du point ci-dessus cité d’IAS 38 : il s’agit l{ en effet de coûts nécessaires au développement du produit, corrigés ensuite par des travaux complémentaires des équipes de R&D et non liés à la stabilisation de sa production.
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Pour bien cerner ces coûts, les actions suivantes doivent être réalisées : Organisation d’une revue trimestrielle avec la direction qualité pour une revue des alertes qualité clients afin d’analyser au plus tôt le traitement des coûts concernés ; Organisation d’une revue semestrielle avec la direction de R&D pour traiter entre ces types de projet le cas échéant.
Section 5 : Impact de la capitalisation des frais de R&D sur les marchés financiers En raison d’une relative incertitude sur les résultats futurs, de l’absence de marché organisé, d’une protection juridique parfois limitée et du caractère souvent unique de chaque projet de R&D, plusieurs travaux montrent que la complexité et le manque d’information sur ces éléments entraînent une asymétrie de l’information entre les managers et les investisseurs. Se pose alors la question de savoir dans quelle mesure une activation des frais de développement peut améliorer la qualité de l’information financière. Il nous est apparu intéressant d’examiner cette question dans la mesure où la valorisation des frais de R&D occupe une place importante au sein de la recherche comptable et financière. L’actif immobilisé représenté par la capitalisation d’une partie des coûts de développement est une information porteuse de valeur ajoutée pour la société. En effet, les marchés financiers valorisent les sociétés par leur capacité à générer du chiffre d’affaires, des profits et des cash-flows. La décision d’inscrire { l’actif des coûts de développement donne une information au marché : la capitalisation veut dire que les produits résultant de l’effort seront mis sur le marché dans un futur proche pour engendrer des avantages économiques.
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Plusieurs publications de recherche, entre 1996 et 2005, montrent que l’inscription { l’actif des coûts de développement, suivant certaines conditions, apportent de la valeur ajoutée aux investisseurs. Ces recherches qui se basaient jusqu’alors sur des données partiels ou simulées, ont été approfondies par une étude rendue fin 2003 (par Cazavan Jeny, JeanJean Thomas ). Cette étude a cherché à tester de manière empirique la relation entre d’une part le traitement comptable des coûts de R&D et d’autre part la valorisation boursière et le niveau de résultat. Cette étude a été réalisé sur la base d’un échantillon de 95 sociétés cotées en France sur la période 1998-2000 : il faut noter que le choix de la France était pertinent du fait que le PCG permet l’option entre les deux traitements comptables comme le cas du PCG marocain. Le résultat montre que l’activation des coûts de R&D est associée positivement et de manière importante avec la valorisation boursière et le retour sur investissement. A contrario, le traitement des coûts de R&D comme des charges de l’exercice est associé négativement avec ces indicateurs. La capitalisation de la R&D donne donc un signal aux investisseurs qui est reçu favorablement. D’autres études récentes menées par Thibierge (2001) et Cazavan-Jeny et Jeanjean (2005) sur des données françaises concluent que la décision de capitaliser les dépenses de R&D n’est pas pertinente par rapport { la valeur boursière de l’entreprise. Ces résultats s’expliquent par le fait que les managers, même s’ils inscrivent { l’actif la R&D de bonne foi, ne sont pas capables de discriminer les programmes de R&D rentables des projets non rentables. Il est également possible que les dirigeants n’activent pas les projets de R&D rentables pour ne pas divulguer une information stratégique. Les résultats de ces études sont intéressants car ils apportent des éléments de réponse { l’arbitrage pertinence- fiabilité en matière de reporting comptable et financier de la R&D. L’inscription { l’actif n’est pas aussi fiable car elle est sujette { la discrétion du manager (le succès commercial et/ou technique d’un projet n’est pas aisément vérifiable). Cette absence de fiabilité peut nuire à la pertinence de la capitalisation et peut être en contradiction avec le principe de prudence. 76
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Le traitement en charges présente des caractéristiques inverses : le traitement uniforme des frais de R&D (quelque soit leur succès) est fiable et conforme au principe de prudence, mais peu pertinent car il ne permet pas de communiquer au marché financier une information sur les chances de succès des projets de R&D. Bref, les investisseurs accueillent donc favorablement le complément d’information représenté par la capitalisation des coûts de R&D mais réagissent différemment face au compromis entre pertinence objective et fiabilité de l’information.
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CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE Si l’adoption des IFRS a pour objectif de garantir aux investisseurs un degré élevé de transparence et de comparabilité des comptes, force est de constater que, pour les frais de R&D, cette comparabilité est mise à mal compte tenu des traitements comptables radicalement opposés retenus par les référentiels comptables internationaux et américains. Cette divergence de traitement devra être traitée dans le cadre du projet de convergence entre les IFRS et le référentiel comptable américain. La normalisation comptable des dépenses de R&D permet d’améliorer l’information sur les activités de R&D de l’entreprise. Pour les utilisateurs des états financiers, l’information sur les dépenses de R&D est un facteur important dans leur processus de décision, notamment en ce qui concerne l’évaluation des performances actuelles et futures, de la compétitivité et du potentiel de survie et de croissance de l’entreprise. Du point de vue des utilisateurs, il est important d’assurer la comparabilité de l’information divulguée dans les états financiers sur ces activités. L’application stricte et correcte de l’IAS 38 devrait normalement amener les dirigeants à capitaliser seulement les projets rentables, ce qui contribue à l’amélioration de la pertinence des informations financières publiées. Cela nécessite la disponibilité des données historiques concernant les projets antérieurs, l’expérience d’un personnel compétent pour évaluer les chances de succès des projets de R&D et discriminer entre les projets rentables et ceux non rentables. L’identification des projets de R&D rentables demeure difficile et risque en effet de conserver son caractère arbitraire du fait qu’elle est influencée par les choix des dirigeants. De même, l’évaluation par les dirigeants des flux futurs générés par les projets de R&D est basée sur des prévisions du développement de ces projets. Or, cette évaluation reste très difficile en raison de la nouveauté des projets et des incertitudes sur le succès commercial. Ainsi, le commissaire aux comptes se doit de mettre en place une approche spécifique pour la revue des frais de recherche et développement afin d’être en mesure de porter une opinion sur les états financiers et notamment sur la conformité à la norme IAS 38.
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DEUXIEME PARTIE : PROPOSITION D’UNE DEMARCHE D’AUDIT SPECIFIQUE AUX COUTS DE DEVELOPPEMENT
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INTRODUCTION La mission du commissaire aux comptes ne se limite pas à une intervention ponctuelle mais se déroule en trois étapes :
Une prise de connaissance générale de l’entreprise, du contexte de son activité, de l’environnement du contrôle interne et de ses procédures comptables ; { l’issue de cette étape, l’auditeur définit l’approche d’audit en fonction des premiers risques identifiés.
Une intervention dite intérimaire, qui se déroule en cours d’exercice ; elle a généralement pour objectif de contrôler la fiabilité des procédures qui auront été identifiées comme des éléments permettant de réduire les risques d’erreurs détectés préalablement,
Une intervention dite finale qui se déroule après la clôture de l’exercice et qui consiste { valider l’arrêté des comptes, en exploitant les résultats et orientations des deux étapes précédentes.
Les trois étapes de la mission d’audit pour leurs spécificités touchant { l’importance des frais de R&D dans le cadre du référentiel IFRS, font l’objet de la deuxième partie de ce mémoire.
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Chapitre 1 : L’approche de la mission d’audit Section 1 : L’identification des zones de risques L’approche par les risques conduit le commissaire aux comptes à analyser et évaluer les zones de risques afin de concevoir un plan de révision et des programmes de travail adaptés aux particularités de la mission. Afin d’identifier et d’apprécier les risques pesant sur les états financiers, le commissaire aux comptes doit évaluer le risque que les assertions d’audit relatives aux états financiers soient affectées par des anomalies. Nous analysons dans les paragraphes suivants les assertions d’audit et les risques relatifs { l’activation des coûts de développement. 1.
Revue des assertions d’audit pour l’activation des coûts de développement
Nous commentons ci-dessous les sept assertions définies par la CNCC (France) et déclinons les questions que l’auditeur doit se poser dans le cas particulier de l’activation des coûts de développement : Existence : l’actif de développement capitalisé dans la société auditée existe – t-il réellement ? L’auditeur n’est il pas en présence d’un actif fictif créé par l’entreprise pour piloter son résultat ? Evaluation : Les coûts de développement sont ils correctement évalués à la date de clôture des comptes ? Exhaustivité : Compte tenu du caractère obligatoire de la capitalisation selon la norme IAS 38, tous les coûts de développement remplissant les critères de capitalisation ont-ils donné lieu { la comptabilisation d’une immobilisation incorporelle ? Régularité : Les coûts de développement doivent ils être sujets à capitalisation ou doivent ils être directement rattachés sur le plan comptable au contrat client ? Les critères de capitalisation sont-ils exhaustivement 81
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remplis ? Les frais de recherche ont-ils été correctement comptabilisés en charges de l’exercice ? Rattachement : Les coûts de développement capitalisés au cours de l’exercice incluent ils des dépenses encourues avant la date où tous les critères de capitalisation ont été remplis (capitalisation rétroactive) ? Les transactions de la période ont-elles été correctement comptabilisées au cours de l’exercice comptable ? Présentation de l’information financière : Les informations requises par la norme IAS 38 ont-elles été correctement présentées par la société auditée ? Pertinence de l’information financière : L’information donnée est elle complète, correctement rédigée ? La réponse à ces questions concrètes permet au commissaire aux comptes d’identifier plus facilement les risques d’audit liés { l’activation des frais de R&D. 2.
Revue des risques relatifs { l’activation des coûts de développement
Conformément aux Normes professionnelles de la Compagnie Nationale des Commissaires aux Comptes (France) (CNCC 2-301, Evaluation du risque et contrôle interne, § 04-05), la démarche d’identification des risques comprend généralement : o Une identification de l’erreur potentielle : l’erreur potentielle est l’erreur qui pourrait théoriquement survenir si aucun contrôle n’était mis en place par la société pour l’empêcher ou la détecter. Elle est usuellement associée { la notion de risque inhérent défini comme la possibilité que le solde d’un compte comporte des anomalies significatives nonobstant les contrôles internes existants. Le risque inhérent se situe donc en amont du contrôle interne mis en place par l’entreprise. o Une identification des erreurs possibles qui sont associés aux risques de non maîtrise ou risques liés au contrôle : ils sont définis comme les risques qu’une anomalie dans un solde de compte ou dans une catégorie d’opérations soit
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significative et ne soit ni prévenue, ni détectée par les systèmes comptables et de contrôle interne, et donc non corrigée en temps voulu. L’activation des frais de recherche et développement rendue obligatoire par la norme IAS 38 engendre les risques suivants : Risques inhérents liés { la création d’actifs fictifs : Le principal risque financier lié { l’activation des frais de recherche et développement correspond à la création d’un actif sans valeur qui n’aurait comme objectif que de différer des pertes sur des exercices ultérieurs. Ce risque est d’ailleurs inhérent { toute création d’actif incorporel. Dans le cadre de son appréciation des risques relatifs à la capitalisation des coûts de développement, l’auditeur doit se concentrer sur les erreurs potentielles suivantes : Coûts de recherche et développement activés alors que les critères de capitalisation de la norme IAS 38 ne sont pas remplis ; Coûts de recherche et développement activés alors qu’ils devraient être comptabilisés en charge ; Coûts de développement remplissant les critères de capitalisation, non exhaustivement portés { l’actif du bilan ; Pas de distinction appropriée entre les phases de recherche et de développement entraînant l’enregistrement en charges de dépenses qui devraient faire l’objet d’une capitalisation ; Utilisation d’une méthode d’amortissement inadéquate ne reflétant pas le rythme de consommation des avantages économiques futurs, ayant pour conséquence : o Une mauvaise évaluation de la charge d’amortissement ; o Une mauvaise évaluation du montant des coûts de développement portés { l’actif du bilan. 83
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Pas de prise en compte d’une éventuelle dépréciation exceptionnelle { enregistrer compte tenu d’une dégradation du bilan de rentabilité ; Informations à fournir incomplètes et non conformes à la norme IAS 38. Afin de limiter ces risques d’erreurs, et pour s’assurer de la justification des activations réalisées, l’analyse des procédures relatives { la fonction recherche et développement est nécessaire. La difficulté repose à la fois dans l’évaluation des coûts engagés sur le long terme, le suivi au cours de la vie du projet des coûts effectivement supportés et dans les prévisions de rentabilité commerciale des projets engagés. Risques de contrôle liés { l’absence de suivi fiable des coûts : Une première approche du risque lié au contrôle doit être opérée par l’auditeur lors de la phase de prise de connaissance. L’auditeur doit en effet acquérir une connaissance suffisante des systèmes comptables et de contrôle interne pour planifier l’audit et concevoir une approche efficace et efficiente. Mais c’est essentiellement dans la phase d’évaluation du contrôle interne que l’auditeur apprécie définitivement les risques de non maîtrise. Ainsi, dès la phase de prise de connaissance, le commissaire aux comptes doit s’assurer que la société est en mesure de justifier : o Distinction appropriée entre les frais de recherche et de développement ; o La répartition et le suivi des coûts par projet et par nature ; o La rentabilité commerciale des projets dont les coûts encourus sont supportés.
Section 2 : La prise de connaissance générale de l’entreprise et de l’activité de R&D Lors de cette étape de la mission, le commissaire aux comptes revoit l’environnement de l’entreprise, l’activité de R&D ainsi que les procédures mises en œuvre pour suivre les dépenses de R&D.
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1.
L’environnement de l’entreprise et sa stratégie en matière de R&D
L’auditeur s’efforce de comprendre l’environnement dans lequel évolue l’entreprise { partir des aspects suivants : Les métiers de la société, leur importance, leur évolution passée et à venir : au cours d’un entretien avec les dirigeants de l’entreprise, l’auditeur pourra prendre connaissance de l’activité, de l’historique et des perspectives d’avenir de l’entreprise. Les principales rubriques { aborder pourront être les suivants : Nature des différents programmes de R&D développés ou en cours de développement ; Evolution du chiffre d’affaires par programme de R&D ; Parts de marché des principaux programmes de R&D ; Evolution des résultats financiers ; La stratégie de l’entreprise en matière de R&D au regard des évolutions technologiques. L’environnement juridique en matière de propriété intellectuelle des études et développement réalisés. Le contexte concurrentiel du marché dans lequel l’entreprise opère : L’étude de la concurrence revêt une importance capitale lorsque l’entreprise y consacre des efforts importants dans l’espoir d’aboutir { des dépôts de brevets. Des entreprises concurrentes peuvent breveter la recherche développée avant que l’entreprise auditée n’aboutisse, réduisant ainsi { néant les efforts engagés jusque-là. L’évolution et l’organisation de l’effort de recherche et développement : L’auditeur se fera expliquer l’évolution du poids de la recherche déj{ achevée et celle en cours de développement : comparaison du ratio de dépenses de
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recherche rapportées au chiffre d’affaires par rapport { celui de la profession et des concurrents directs. A l’aide de ces données, l’auditeur appréhendera les grandes tendances de l’effort de recherche de l’entreprise auditée. Ces informations combinées avec le plan stratégique, les budgets, l’analyse du secteur et de la concurrence permettront d’évaluer de manière préalable les perspectives de rentabilité commerciale des projets en cours et le potentiel de l’entreprise auditée à proposer de nouveaux programmes de développement. L’auditeur pourra s’informer du type de recherche pratiquée, afin de s’assurer { ce stade qu’il n’y a pas de confusion sur la terminologie employée ; ainsi, lorsque l’entreprise auditée présentera ses différents travaux de recherche, l’auditeur s’interrogera sur la qualification de ceux-ci (recherche fondamentale, appliquée ou développement) à la lumière des définitions édictées par les normes comptables. L’organigramme du département R&D : L’auditeur demandera à obtenir l’organigramme du département R&D, ainsi que la définition des principales fonctions. De même, il s’informera de l’existence de méthodes et procédures écrites. Mode de comptabilisation des frais de recherche et développement : L’auditeur mettra { profit l’examen des derniers états financiers pour procéder { une première revue des options prises par l’entreprise en matière de comptabilisation des dépenses de R&D, afin de vérifier qu’elles sont en conformité avec les principes généralement admis. L’auditeur relèvera, le cas échéant, la politique d’amortissement suivie, ainsi que la méthode de valorisation retenue. Il se fera expliquer les raisons de ces choix.
D’autres points pourront être abordés : Comment les investissements en recherche et développement sont ils réalisés ? il conviendra de déterminer si le plan d’investissement en recherche et développement privilégie l’effort « interne » ou la soustraitance auprès des tiers ; 86
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Quelle est la part des recherches sous traitées, quels sont les principaux organismes ou sociétés sous traitants ? Existe-t-il sur les projets importants, des partenariats avec d’autres acteurs du secteur ? si oui, sous quelle forme (accords de co-développements, de concessions de licences, etc…) ? 2.
L’organisation de l’activité de R&D
L’innovation constitue l’un des éléments clés de la rentabilité future et la survie de nombreuses entreprises. La réduction du poids des incertitudes qui y sont inhérentes passe par leur prise en compte permanente au travers d’organisation et d’outils de suivi adéquats. La mise en œuvre de procédures de suivi comptable des projets de R&D et de l’organisation des systèmes d’information permet de maîtriser ces incertitudes pour les transformer en risques calculés. La mise en œuvre de procédures de contrôles s’imposent de manière accrue aux entreprises ayant opté pour l’immobilisation de leurs frais de R&D : ils doivent avant tout mettre en place une organisation administrative et comptable leur permettant d’identifier et de valoriser les ressources affectées aux programmes de R&D (« projets nettement individualisés », « coûts distinctement établis »), tout en incorporant un système de prévisions (« sérieuses chances de réussite technique et de rentabilité commerciale ») 2.1 Le suivi par projet de la R&D Pour comprendre et analyser les projets de recherche et développement, il est important pour l’auditeur de commencer par obtenir la documentation opérationnelle existante. Souvent, parmi les procédures mises en place, existe un « guide des projets de R&D » qui synthétise et guide le développement d’un produit nouveau en précisant une formalisation définie pour les décisions de changements de phase du cycle de vie du produit jusqu’{ l’arrêt final de sa production. Ce guide, qui devrait être utilisé par l’auditeur, a l’avantage de standardiser l’information et la documentation de suivi des projets sur laquelle il faut
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s’appuyer pour vérifier l’application de la norme IAS 38. Ce guide des projets détaille : Le but de l’étude ; Les difficultés principales à surmonter et les principales étapes clés ; Les moyens affectés en hommes, matériels, locaux, fournitures diverses, etc…, ainsi que leur évaluation en terme de coût de revient Les sources de financement ; Le découpage des projets en phases et revues successives ainsi que les attendus nécessaires à ces revues La rédaction de ce guide nécessite la collaboration de différents intervenants au sein de la société : Le responsable du projet qui devra réunir les différents éléments techniques ; Les services comptables et financiers qui auront à évaluer le coût de l’ensemble des moyens nécessaires au projet, Le département marketing susceptible d’estimer les chances de réussite commerciale du projet. Le projet tel qu’il vient d’être décrit constituera pour l’auditeur un outil de travail permettant le contrôle et le suivi opérationnel des activités de recherche. Cette organisation n’est pas sans intérêt, pour l’auditeur, en matière de comptabilisation des frais de recherche et développement : La formalisation de différents projets, connus des services financiers et du personnel scientifique, permet une meilleure communication entre les différents intervenants, donc une meilleure affectation des coûts ;
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Les études préliminaires et le suivi régulier de l’état d’avancement constituent autant d’éléments permettant d’attester des « sérieuses chances de réussite technique et commerciale » pour, le cas échéant, justifier l’immobilisation des coûts afférents au projet. Il est donc important pour l’auditeur de s’appuyer sur la documentation existante pour être en phase avec le suivi opérationnel du projet. Ce guide de projet permettra de comprendre l’évolution et le suivi des projets ainsi que de recenser la documentation existante pour matérialiser les preuves nécessaires à l’application d’IAS38. Si ce guide n’existe pas sous une forme ou une autre, il paraît important de demander { l’entreprise auditée de le mettre en place du point de vue opérationnel. Autrement, l’activation des dépenses de R&D sera remise en cause. 2.2 Classement des projets par nature L’auditeur doit classer par nature d’activité chacun des projets de R&D pour les analyser au regard des définitions données par la norme IAS 38. a.
Revue du portefeuille de projets de R&D
Cette démarche doit être réalisée en collaboration avec la Direction du département R&D et le contrôle de gestion qui connaissent les projets en détail. Ainsi, avec l’aide et la forte implication de ces intervenants et sur la base de la documentation et des guides, les catégories suivantes peuvent être identifiées : Anticipation ou Développement avancé : cette catégorie regroupe les initiatives et les projets technologiques et commerciaux visant à préparer les bases des projets futurs, notamment : les études d’architectures, de fonction, de principes aboutissant { une évolution technologique ; toutes les études d’orientation pour la planification, les programmes ou les projets relatifs aux produits, 89
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toutes les initiatives et études développement du savoir-faire,
technologiques
consacrées
au
toutes les actions orientées vers l’innovation. Support : cette catégorie regroupe tous les projets qui ne sont pas nécessairement corrélés { l’offre de l’entreprise, mais qui ont un impact sur les ressources du processus de création des offres. Il s’agit en particulier de « projets d’organisation » visant à : Renforcer les compétences du groupe ; Adapter les investissements en termes humains ; Améliorer les méthodes de développement ; Accroître la productivité des développements ; Investir dans l’élaboration de règles et de normes. Nouveaux développements : Nouvelle offre : création d’une nouvelle offre pour le catalogue des produits de l’entité, afin de générer de la croissance via l’accès { une clientèle nouvelle, à de nouvelles applications, à de nouveaux secteurs grâce à de nouvelles fonctions ou de nouveaux services inexistants dans la gamme actuelle de produits ; Renouvellement d’offre : renouvellement de la gamme de produits visant à remplacer tout ou partie d’une gamme figurant dans le catalogue, ou à une amélioration de la productivité et une augmentation du chiffre d’affaires tout en introduisant de nouvelles variantes et des caractéristiques innovantes. Adaptation des produits : adaptation des produits existants afin d’élargir la couverture des demandes provenant des différents pays, des demandes 90
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émanant d’un client, et le cas échéant, adaptation des produits aux normes d’un pays. Ingénierie de la qualité et de la valeur : Ingénierie continue pour la qualité : résolution des questions de qualité liées aux produits existants posant des problèmes aux clients pour des questions de sécurité ou de non-conformité aux normes environnementales ou { d’autres normes obligatoires. Ingénierie continue pour productivité : cette catégorie regroupe les projets de réduction des coûts, tels que les mesures de compression des coûts, les projets d’amélioration de la qualité visant { réduire les coûts internes résultant de la non qualité, changements de matériaux, de composantes pour réduire les coûts, projets d’amélioration des procédés industriels visant à améliorer les possibilités de fabrication et la marge brute. Ingénierie continue pour obsolescence : mise à niveau des produits existants en raison de l’obsolescence des composantes ou des matériaux, des processus et procédés. b.
Classement des catégories de projets R&D
A cette étape, l’auditeur vise { classer les catégories précédemment identifiées dans trois grands groupes dont le traitement comptable IFRS à appliquer sera différent, et à identifier les projets dont les coûts sont partiellement activables. Projets « recherche » : il s’agit d’activités définies comme de la recherche qui ne va pas aboutir à la création ou à la modification substantielle d’un produit mais plutôt { l’obtention de nouvelles connaissances et de nouvelles techniques qui seront le support de projets de développement futurs. Entrent donc dans ce groupe de projets les catégories « anticipation » et « support ». les coûts de ces projets doivent être conservés en charges.
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Projets « développement » : il s’agit d’activités qui vont aboutir { la création ou la modification substantielle d’un produit : cette activité doit apporter de la valeur ajoutée au produit vis-à-vis du client. Les sous catégories «offre nouvelle» et «renouvellement de l’offre» répondent { la définition du développement. Par contre, la sous catégorie « adaptation des produits » doit faire l’objet d’un complément d’analyse. En effet, ne répondent pas aux critères d’immobilisation, les projets « d’adaptations » qui ont pour effet de maintenir le niveau d’avantages économiques futurs attendus d’un projet existant. Répondent aux critères de capitalisation, les projets d’adaptation qui { partir d’un projet cœur, apportent des systèmes ou services nouveaux ou substantiellement améliorés. Les coûts de projets de « développement » doivent être inscrits { l’actif pour la part encourue de la décision de développer à la première décision de vendre. Les coûts encourus avant la date de la décision de développer doivent être analysés comptablement comme des projets de « recherche » et ceux encourus après la date de la décision de vendre doivent être analysés comme des projets « d’entretien » Projets « d’entretien » : ces coûts concernent des dépenses ultérieures à la commercialisation des projets, qui sont susceptibles de maintenir le niveau d’avantages économiques futurs attendus d’une immobilisation incorporelle existante plutôt que de répondre à la définition et aux critères de comptabilisation des immobilisations incorporelles. Les dépenses ultérieures sont donc rarement intégrées dans la valeur comptable d’une immobilisation incorporelle. Par conséquent, les coûts encourus au titre de projets d’ingénierie de qualité et de la valeur ne sont pas capitalisables. Ils sont conservés en charges de l’exercice. 2.3 L’organisation d’un système prévisionnel Afin de disposer d’un suivi efficient de l’effort de R&D et pour répondre aux principes réglementant les possibilités d’activation, l’auditeur doit appréhender 92
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l’organisation administrative et comptable qui outre une gestion par projet, doit incorporer un système de prévisions. Rappelons que l’immobilisation des frais de R&D ne peut se justifier que si l’entreprise dispose { la clôture de l’exercice, de données apportant une assurance suffisante sur leur rentabilité future. Ces prévisions doivent être établies sur des hypothèses approuvées par la direction de l’entreprise et considérées par elle comme étant les plus probables, en vertu du principe de prudence. Ainsi, l’établissement des prévisions nécessite : La concertation de tous les responsables opérationnels et fonctionnels de l’entreprise capable de fournir des éléments techniques nécessaires ; Les hypothèses retenues doivent être en corrélation avec les tendances du secteur, les données historiques, la stratégie de l’entreprise et ses moyens financiers ; Les données prévisionnelles doivent être appuyées par des pièces justificatives permettant à celui qui les utilise ou les valide de connaître les méthodes employées pour la collecte des différentes informations, de connaître les procédures qui ont permis d’établir les prévisions, d’apprécier les choix qui ont été faits en matière d’hypothèses. Les prévisions doivent être arrêtées à un niveau hiérarchique garantissant leur cohérence avec la politique générale de l’entreprise (par exemple discutées au comité de direction) 2.4 Le rôle du contrôle de gestion dans le suivi de la R&D Le commissaire aux comptes peut utilement s’appuyer sur les travaux du contrôleur de gestion (s’il existe) afin de pouvoir orienter ses travaux d’audit. Le contrôle de gestion peut être considéré comme un excellent outil de maîtrise des risques liés { l’activité de R&D. Le contrôle de gestion peut fournir des indicateurs d’alerte au niveau de chaque projet de recherche. En effet, l’objectif de suivi de la R&D ne sera atteint que si chaque projet fait l’objet d’un contrôle
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rigoureux de sa gestion. Il doit s’appuyer sur les étapes traditionnelles du contrôle de gestion : établissement d’un budget par projet de recherche, qui devient un objectif { part entière une fois qu’il est accepté par le responsable de projet ; collecte des données nécessaires au suivi mensuel des réalisations ; analyse des écarts entre le réel et le budget. Recommandation des actions correctrices dont la nature et le délai doivent être décidés conjointement entre le contrôleur de gestion et le responsable de projet.
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Chapitre 2 : La phase intérimaire de contrôle interne L’intérim est une phase de l’audit qui prend place en général dans le courant de l’exercice avant l’arrêté des comptes. Elle est axée essentiellement sur l’évaluation du contrôle interne. De part sa nature, l’activité de recherche et développement d’une entreprise est difficilement maîtrisée. En effet, les préoccupations des chercheurs sont généralement éloignées des contraintes administratives nécessaires à une gestion rigoureuse. La maîtrise des risques liés à cette activité est donc un enjeu majeur pour l’entreprise et le commissaire aux comptes et passe par une organisation interne spécifique permettant un suivi rigoureux des dépenses de recherche et développement. C’est dans le cadre de sa revue intérimaire que le commissaire aux comptes doit revoir et tester la fiabilité des procédures internes mises en place par la société pour suivre les projets de recherche et développement.
Section 1 : La revue et l’appréciation des procédures de contrôle interne Le réviseur doit s’assurer de la fiabilité des systèmes de suivi des projets 1.
La revue de la procédure d’engagement de projet
La procédure d’engagement de projet est l’ensemble des activités et travaux menés par l’entreprise pour initier les différentes phases de programme de recherche et développement. Dans ce contexte, un contrôle efficient des autorisations s’impose afin d’éviter toute dérive non maîtrisée des dépenses de recherche et développement. En guise de préalable, il convient de vérifier que les pouvoirs attachés à la fonction de recherche et développement de l’entreprise sont bien définis : notamment, toute personne ordonnant l’exécution de travaux de recherche ou l’achat de matériels devra être habilitée à le faire. 95
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A ce stade, l’auditeur devra vérifier que les procédures existent afin que la direction ait une maîtrise suffisante des dépenses engagées. Si des recherches peuvent être effectuées sans accord préalable, le risque est grand pour que des ressources soient consommées sans cohérence avec la stratégie de l’entreprise, que certains projets échappent aux contrôles réalisés dans le cadre du suivi financier et technique. A ce titre, l’auditeur devra porter une attention particulière sur les aspects suivants : Comment est sélectionné un programme de recherche et développement ? il est important qu’il soit autorisé par la direction de l’entreprise, ou la sélection soit faite selon des critères définis par la direction ; Des responsables de projets sont ils systématiquement désignés ? sont ils les seuls à pouvoir engager des dépenses pour les projets dont ils ont la charge ou les délégations sont elles partagées ? comment sont matérialisées ces autorisations ? Existe – t- il des procédures permettant de s’assurer que les ressources de l’entreprise sont affectées aux différents projets autorisés selon les critères définis par la direction ? Existe –t-il des procédures prévoyant la diffusion de l’information relative aux autorisations de projets afin d’assurer un traitement administratif et comptable correct des activités de recherche et développement ? 2.
La revue de la procédure d’imputation des coûts par projet
Afin de se prononcer sur le traitement comptable des dépenses de recherche et développement, l’auditeur devra vérifier que les coûts sont « distinctement établis » pour chaque projet. L’auditeur devra étudier l’information provenant du système de saisie et d’imputation des coûts (comptabilité analytique) afin d’appréhender et de justifier le coût de revient des différents projets de recherche.
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Comme la norme IAS 38 l’indique « le coût d’une immobilisation incorporelle générée en interne comprend toutes les dépenses qui peuvent être directement attribuées et qui sont nécessaires à la création, la production et la préparation de l’actif en vue de l’utilisation envisagée par la Direction » L’approche de l’auditeur est de revoir le calcul du taux standard utilisé pour la valorisation des heures du personnel de R&D, et notamment l’incorporation des frais généraux directs. Le principe du taux standard est de déterminer la totalité des coûts de structure dédiés au département R&D, puis la masse salariale représentée par les chefs de projets et techniciens qui interviennent directement sur les projets : la somme de ces deux coûts divisée par le budget d’heures effectives des opérationnels de la R&D permet d’obtenir le taux standard qui viendra valoriser chaque heure passé sur un projet. Les heures effectives sont les heures effectivement travaillées y compris les heures supplémentaires et hors les heures de formation, absences. Les coûts de consultants, matériels et autres achats directs sont directement affectés à un projet. L’annexe 2 « Analyse détaillée des coûts capitalisables » permet de récapituler les coûts affectables directement à un projet et ceux rentrant dans le calcul du taux horaire. Ainsi les travaux de l’auditeur consistent { analyser avec le contrôle de gestion les clefs de répartition des coûts de structure industriels puis le calcul du taux horaire. Dans le cas où un projet comprend une part sous traitée importante, l’auditeur devra vérifier qu’un suivi de ces prestations est régulièrement effectué au vu des comptes rendus écrits sur l’avancement des travaux. En effet, les sous-traitances de travaux de recherche et développement font l’objet de contrats pluriannuels, pour un prix prédéterminé et payé sur facturation du prestataire selon un échéancier généralement prévu d’avance (fréquemment inclus dans le contrat).
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Dans la plupart des cas, les termes de paiement peuvent être déconnectés de l’avancement réel des travaux. De plus, des paiements conditionnels significatifs peuvent intervenir en cas de réussite d’étapes clés du projet. A cette étape, l’attention de l’auditeur pourra être portée sur les aspects suivants : La comptabilité analytique est elle interfacée avec la comptabilité générale ? à défaut les suivis de coûts de revient par projet (par comparaison au budget notamment) pourraient être faussés ; Les frais qui s’imputent directement sur les projets et ceux qui s’imputent par le biais d’unités d’œuvre sont ils définis précisément et avec logique, Les unités d’œuvre et clés de répartition utilisées sont elles appropriées, L’auditeur appréciera ensuite le fonctionnement de la comptabilité analytique en s’intéressant dans un premier temps au système de saisie des temps du personnel affecté à la recherche : Des contrôles permettent ils d’assurer l’exhaustivité des temps saisis ? Les supports de saisie (feuilles de temps) font ils l’objet de contrôles préalables (par exemple par les responsables de projets) en ce qui concerne l’imputation sur les différents projets ? La périodicité de la saisie permet elle aux responsables de projets de suivre les coûts de manière satisfaisante ? Dans un second temps, l’auditeur passera en revue les mécanismes d’imputation des autres frais, qui comprennent en particulier la codification des factures d’achats et la ventilation des heures d’utilisation du matériel. En cas d’utilisation des coûts standards, l’auditeur pourra valider les points suivants : Les coûts sont ils évalués de manière logique et précise (par rapport à un budget détaillé, qui tient compte des coûts réels des exercices précédents) ? 98
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Les comptes enregistrant les écarts entre les charges réelles et les coûts standards imputés aux différents projets sont ils analysés ? donnent ils lieu le cas échéant à une actualisation ? 3.
La revue de la procédure du suivi budgétaire et technique par projet
La procédure de suivi budgétaire et technique rassemble les activités de suivi et de contrôle des prévisions des projets de recherche et développement. Ce suivi est nécessaire afin de démontrer l’existence des avantages économiques et futurs probables. L’existence des moyens de contrôles efficients est importante, car c’est tout au long du déroulement du projet de recherche que la qualité du support de l’information financière et la sécurité des actifs sont menacées. C’est au cours de cette phase que la société doit se donner les moyens de justifier le mode de comptabilisation retenu (activation ou comptabilisation en charges) Le commissaire aux comptes doit apprécier les procédures mises en place par la société pour établir le coût de revient prévisionnel des projets de recherche et développement. L’auditeur sera donc amené { étudier les aspects suivants : Comment sont définis les budgets par projet ? font ils l’objet d’une approbation par la Direction ? Au niveau financier, sous quelle forme les responsables de projets sont ils informés de l’avancement du projet ? selon quelle périodicité ? En ce qui concerne le suivi des différentes dépenses, les responsabilités sont elles clairement définies ? les dépassements importants sont ils recensés et analysés exhaustivement ? Quelle est la périodicité du suivi technique des projets de recherche et développement en cours ? Ce suivi est il formalisé par les responsables de projets ? Les éléments quantitatifs (heures de main d’œuvre, achats et sous-traitance) sont ils supportés par un plan de déroulement du projet ? 99
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Les éléments de valorisation (taux horaire, coût d’achat, frais d’approvisionnement) sont ils cohérents d’un projet { l’autre et sont ils conformes avec les données communiquées par la direction financière ? Existe-t-il des procédures spécifiques pour modifier le budget d’un projet ? pour transférer les coûts d’un projet { un autre ? L’accès au système informatique de gestion budgétaire des projets (création, enregistrement des coûts, saisie des budgets) est il réglementé ? est-il réservé à des personnes indépendantes des services recherche ? Dans le cas des distorsions importantes par rapport aux prévisions, les causes et les effets sont ils clairement explicités ? Après la revue et l’appréciation des procédures d’engagement, d’imputation des coûts et de suivi budgétaire et technique par projet, l’auditeur doit procéder { La vérification du respect des critères d’activation des projets de recherche et développement tel que stipulés par la norme IAS 38.
Section 2 : La vérification du respect des critères d’activation des frais de R&D Les activités de développement sont par nature entourées d’incertitudes et le commissaire aux comptes doit donc être prudent dans l’évaluation des critères pour décider l’inscription ou non des frais de recherche { l’actif. Les critères d’activation de la norme IAS 38 peuvent souvent apparaître comme subjectifs et l’interprétation de ces derniers peut varier considérablement d’une entreprise { l’autre. Il est donc nécessaire de définir les modalités d’application pratique de ces critères : Faisabilité technique de l’actif incorporel afin de pouvoir l’utiliser ou le vendre : Le choix et la faisabilité technique des solutions techniques doivent être argumentés, la faisabilité des solutions industrielles doit être établie. 100
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A cet effet, il convient de définir une étape précise dans la phase de développement qui permettra d’apprécier la faisabilité technique du produit. A titre d’exemple, cette faisabilité technique pourra être démontrée dès lors qu’il y a qualification du prototype de définition. Des jalons techniques doivent par ailleurs être clairement identifiés tout au long du programme de développement permettant de suivre l’avancement du développement. Intention d’achever l’actif incorporel L’intention de l’entreprise de procéder au développement d’un nouveau produit doit être confirmée par l’existence au sein de l’entreprise d’une documentation formalisant l’engagement de l’entreprise pour ce développement. Ainsi, seront souvent précisées et documentées au sein de l’entreprise : Les grandes orientations en matière de recherche et développement dans l’entreprise ; La nature des études et développements envisagés (parts accordées aux études amont, aux développements décidés) Les enveloppes budgétaires et notamment la distinction entre les études financées et les études non financées, La structure générale de la décision d’investissement (précision des périmètres de responsabilité entre la direction générale et le département recherche et développement) Capacité d’utilisation ou de vente de l’actif incorporel : L’entité doit démonter en particulier l’existence d’un marché pour la production issue de l’immobilisation incorporelle ou pour l’immobilisation incorporelle ellemême ou, si celle-ci doit être utilisée en interne, son utilité. L’entreprise doit prouver l’existence du marché avec des cibles bien identifiées. Dans le cadre de produits n’ayant pas de marché propre, ceux-ci ne seront 101
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retenus que lorsqu’ils sont rattachables avec suffisamment de précision à des produits futurs. La condition de la capacité d’utilisation ou de vente est considérée comme remplie par principe dès le démarrage d’un projet ; le positionnement marketing de l’offre doit être déj{ étayé. Avantages économiques futurs probables associés : L’entreprise doit démontrer l’existence de débouchés économiques permettant de justifier l’activation des coûts de R&D. Cette démonstration passe notamment par une analyse de la rentabilité des différents projets de R&D. Ces analyses sont nécessaires pour justifier le lancement d’un programme de R&D et pour suivre sa rentabilité globale : la marge sur la production des contrats de série futurs doit en effet permettre d’absorber les coûts de développement et d’assurer ainsi une marge globale positive sur l’ensemble du projet. L’analyse de la rentabilité par projet se traduit en pratique par la construction d’un « bilan de rentabilité » du programme établi à partir des flux de trésorerie actualisés générés par le projet. La détermination des flux de trésorerie actualisés est développée dans la section 4 de cette deuxième partie. Le taux d’actualisation utilisé doit refléter l’effet « temps » (cette notion s’apparente { celle du taux d’intérêt sans risque), mais aussi les risques spécifiques { l’actif. Concrètement, il s’agit du taux de rendement que les investisseurs requièrent pour un investissement devant générer des flux de trésorerie, et dont le montant et le type de risque sont équivalents à ceux que l’entreprise attend de son actif. Disponibilités de ressources techniques, appropriées pour réaliser le projet
financières
et
autres,
La disponibilité des ressources nécessaires { l’achèvement, l’utilisation et l’obtention des avantages d’une immobilisation incorporelle sont démontrées par l’existence d’un bilan de rentabilité montrant l’existence des ressources
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techniques et financières nécessaires et la capacité de l’entreprise { mobiliser ces ressources. Dans certains cas, l’entreprise démontre la ressource financière soit en interne par la mobilisation d’un budget spécifique approuvé par la direction générale, soit en externe en obtenant d’un prêteur l’indication qu’il est disposé { financer le plan d’activité. Capacité de l’entreprise { mesurer de façon fiable les dépenses liées { cet actif au cours de son développement Les systèmes de détermination des coûts dans l’entreprise doivent permettre d’évaluer de façon fiable et exhaustive les coûts de développement attendus par l’entreprise. Une bonne maîtrise des coûts de développement suppose : Un recensement exhaustif, exact et rapide des dépenses déjà encourues par l’entreprise ; un suivi des coûts par projet est nécessaire pour assurer un tel recensement ; Un outil de prévision micro économique (par projet) à moyen terme permettant de recenser et chiffrer le reste à réaliser pour chaque projet de développement
Section 3 : L’analyse et l’exploitation des données financières issues du suivi des projets de R&D L’analyse des procédures de suivi des coûts de recherche et développement est une étape importante afin de vérifier la cohérence entre les données comptables et les données de gestion. 1.
La revue des tableaux de bord mis en place par la société
L’auditeur doit réaliser une revue analytique, sur la base des outils de gestion mis en place par la société pour le suivi des projets de recherche et développement, afin d’appréhender les principaux faits marquants de l’exercice en matière de projets de recherche et développement : 103
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Principaux développements réalisés par l’entité durant l’exercice, Nouveaux projets de développement capitalisés, Principales dérives budgétaires et techniques, Changements significatifs attendus dans la rentabilité des projets, Dépréciation exceptionnelle de coûts de développement préalablement capitalisés…etc Ensuite l’auditeur sélectionne plusieurs projets de R&D afin de les revoir de manière plus approfondie avec les chargés de projet. Cette analyse permet { l’auditeur d’avoir une vision synthétique de la contribution des principaux projets de R&D au résultat de la société et de se prononcer sur le traitement comptable envisagé par la société pour les nouveaux développements engagés durant l’année. 2.
Revue des principaux projets de R&D
L’organisation d’entretiens spécifiques avec les différents intervenants du processus recherche et développement est une étape importante de l’audit des frais de recherche et développement. Deux types d’interlocuteurs doivent être systématiquement rencontrés : le responsable de projet et le contrôleur de gestion. Les entretiens avec ces intervenants permettent au réviseur de comprendre la source des activations de recherche et développement. 2.1 Revue technique du projet L’entretien avec le responsable du projet a pour objectif d’obtenir des informations quantitatives et qualitatives sur le déroulement du projet. Lors de cet entretien, l’auditeur doit avoir une présentation : De l’avancement du projet ainsi que des moyens mis en œuvre ; 104
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Des principales étapes critiques pour la réalisation ainsi que les difficultés rencontrées ou anticipées ; De l’évolution des coûts de développement depuis la dernière revue, des coûts restant à réaliser pour mener à bien le développement. Les dépassements budgétaires doivent alors être justifiés par le responsable du projet ; L’auditeur procède également { une revue critique de la qualité des prévisions établies par la société et s’assure notamment que : Le coût final figurant dans la fiche projet est bien celui déterminé par le responsable de projet et son équipe ; Ce coût est supporté par une documentation formelle, indiquant pour chaque étape et de manière quantifiée, les types de prestations nécessaires : cette phase permet au réviseur d’apprécier la cohérence et la qualité du mode de calcul du coût. Enfin, l’auditeur finalise sa revue du projet par : Le contrôle arithmétique des documents d’élaboration des coûts obtenus lors de ses entretiens ; Leur recoupement pour vérifier l’homogénéité de calcul des coûts et des éléments de valorisation retenus ; La revue des comptes rendus des réunions d’avancement de projet. 2.2 Revue de la rentabilité future du projet Le réviseur revoit le tableau de rentabilité présentant les flux de trésorerie attendus sur les principaux projets de développement. Chaque bilan de rentabilité doit pouvoir être rapproché du plan stratégique à long terme de l’entreprise ainsi que de son budget à court et moyen terme.
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Le réviseur doit porter une attention particulière { l’évolution de la situation de trésorerie en termes de contrats attendus (description des marchés, concurrence sur le produit développé, probabilité d’obtention du contrat…). Il doit également s’assurer que les budgets ont été réalisés sur la base d’hypothèses réalistes et vérifiables (les données en terme de chiffre d’affaires devant être systématiquement rapprochées des contrats).
Section 4 : L’évaluation de la rentabilité d’un projet de R&D Le Commissaire aux comptes, tout comme l’analyste financier, a besoin de certains repères pour évaluer les perspectives de rendement d’un projet et incorporer le risque d’échec dans les calculs financiers. Parmi les différents critères d’évaluation des projets de R&D (VAN, TRI, délai de récupération, taux de rendement…), la VAN est le seul critère qui prend en compte la valeur temporelle de l’argent, { être indépendant des méthodes comptables et à permettre des comparaisons fiables. L’évaluation financière par le commissaire aux comptes des perspectives de rentabilité future d’un projet nécessite l’appréhension des éléments suivants : la détermination des cash-flows et leur horizon, la détermination d’un taux d’actualisation et la prise en compte de la flexibilité du projet. En cas de besoin, le commissaire aux comptes pourra recourir à des experts métier afin d’évaluer les chances de succès des projets de R&D et discriminer entre les projets rentables et les projets non rentables. L’expertise sera également précieuse en matière d'évaluation de la valeur des projets et de la description des risques, tels qu'ils sont envisagés dans la norme IAS 38. 1.
La détermination des cash-flows et leur horizon
Dans le cas des projets de R&D, le problème spécifique va être de calculer des profits prévisionnels nettement individualisés pour le projet. Pour cela, on peut procéder par une évaluation des profits futurs spécifiques au projet, ou par une estimation par analogie avec des recettes comparables.
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L'estimation des profits futurs spécifiques au projet correspond à la méthode la plus rigoureuse, et demande une planification précise des cash-flows qui sont susceptibles d'être engendrés. Ces cash-flows peuvent être plus aisément calculés une fois que l'on a réalisé une décomposition analytique des charges pour distinguer les charges fixes et les charges variables : la difficulté consiste à fixer le niveau des ventes espérées du projet. Ici, plusieurs hypothèses peuvent être posées (optimiste, neutre, pessimiste), en fonction non seulement de la qualité du projet, mais aussi du risque de cannibalisation du marché par d'autres entreprises. La question de l'horizon des cash-flows est extrêmement difficile à résoudre. Cet horizon est limité au maximum par la durée de protection juridique de l'actif, mais peut être fortement réduit si les sociétés concurrentes ont une activité intensive qui peut laisser supposer qu'elles ne laisseront passer que quelques années avant de proposer un produit équivalent ou meilleur. Cet horizon pourra être appréhendé lors de la phase de prise de connaissance générale. L’autre solution alternative consiste { se référer { des recettes comparables, et { les assimiler aux cash-flows du projet. Par exemple, les profits tirés d'un brevet peuvent être assimilés aux loyers d'une licence de ce brevet, c'est-à-dire au coût qu'une entreprise devrait régulièrement débourser pour pouvoir utiliser le brevet. Cette assimilation des profits est intéressante dans la mesure où elle permet d'évaluer facilement et rapidement des profits (la plupart du temps, les redevances sur brevet ou franchise sont calculées comme un pourcentage situé entre 1 et 3% des ventes réalisées). 2.
La détermination du taux d’actualisation
Le taux d’actualisation, qui permet d’établir le lien entre les valeurs futurs des cash-flows et leur valeur actuelle, devrait correspondre idéalement au taux de rentabilité qui serait exigé sur un projet de même risque. Dans la pratique, ce taux est souvent évalué au coût des capitaux propres selon le modèle d’équilibre des actifs financiers (MEDAF), qui permet justement d'apprécier l'exigence de rentabilité des actionnaires. 107
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Le MEDAF stipule que le coût des capitaux propres s’exprime sous la forme : r = Rf + B ( Rm – Rf ) et nécessite l’établissement des paramètres suivants : Le taux sans risque Rf représente le taux de rendement d’un titre ou d’un portefeuille de titres ne comportant pas le moindre risque, quelles que soient les circonstances, et sans corrélation avec le rendement de quoi que ce soit d’autre dans l’économie. La pratique financière estime généralement que le rendement des obligations émises par l’Etat représente la meilleure estimation possible du taux sans risque ; La prime de marché (Rm – Rf) correspond à la prime de risque qu’un investisseur est en droit d’espérer lorsqu’il investit dans le portefeuille de marché par rapport au taux sans risque ; Le risque spécifique de l’investissement B (bêta) mesure la sensibilité du titre aux mouvements du marché boursier dans son ensemble. En d’autres termes, le B traduit la sensibilité avec laquelle les mouvements du marché boursier sont répercutés sur le cours du titre. La valeur de ce paramètre dépend de l’impact d’une hausse ou d’une baisse générale du marché sur le cours du titre. Par définition, le bêta du marché dans son ensemble est égal à 1. Une action dont le bêta est supérieur à 1 est telle que le cours du titre réagit de manière plus que proportionnelle aux variations du marché, tandis qu’un titre présentant un bêta inférieur à 1 est telle que le cours du titre réagit de manière moins que proportionnelle aux variations du marché. L’estimation du bêta est effectuée { partir d’une série chronologique des taux de rendement respectifs du marché du titre observés au cours des périodes précédentes. B = Cov(Ra,Rm) Var(Rm) Ra
étant le taux de rentabilité du titre 108
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Il existe plusieurs méthodes d’évaluation des projets (nous renvoyons notamment le lecteur aux ouvrages de la gestion financière pour plus de détail), Le MEDAF est reconnu comme la méthode la plus appropriée d’évaluation du coût des capitaux propres. Le succès de MEDAF provient en partie de ce qu’il permet d’expliquer de manière relativement simple la réalisation de l’équilibre du marché, en tenant compte de l’aversion naturelle des investisseurs pour le risque. 3.
La prise en compte de la flexibilité
Les projets de R&D ont la caractéristique d'être souvent plus flexibles que des investissements matériels. En effet, la valeur de ces projets est souvent fondée sur des salariés (chercheurs, commerciaux), et non sur les investissements matériels qui leur servent de support. On peut apprécier cette différence de flexibilité au cours de la durée de vie d'un projet en analysant les différentes décisions qui pourront influer sur la rentabilité globale du projet. Ces décisions sont : a.
L'abandon pur et simple du projet
b.
L'arrêt temporaire d'une activité du projet
c.
La modification des données du projet (taille, durée, valeur résiduelle), ou l'apparition de nouvelles opportunités de développement
Le fait que les projets R&D soient en général flexibles est un point important que le commissaire aux comptes doit prendre en considération. L’approche du réviseur consiste, ainsi, à pratiquer une évaluation globale, c'est-àdire qui n'est pas uniquement fondée sur un calcul financier, mais aussi sur des considérations juridiques, stratégiques ou marketing destinées à enrichir l'évaluation de la flexibilité. Ces considérations doivent être appréhendés par le Commissaire aux comptes dans la phase de prise de connaissance et de contrôle interne.
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4.
Le recours aux experts métier
Les projets à forte composante immatérielle ont régulièrement des risques d'échec plus élevés : les entreprises innovantes sont généralement en forte croissance, ce qui induit un risque de croissance qui peut conduire à des problèmes de liquidité (croissance du BFR, gestion de la trésorerie et des financements). Cela est d'autant plus important que ces firmes sont généralement de petite taille, et n'ont donc pas la surface financière nécessaire pour absorber des crises. L'incertitude sur le succès des innovations développées induit un risque technologique et concurrentiel. Le risque technologique est celui d'une rupture technologique rendant brutalement obsolète la découverte (par exemple, un médicament comme l'AZT pourrait devenir inutile le jour où un vaccin contre le SIDA serait développé). Le risque concurrentiel consiste à ne pas réussir à établir sa découverte comme un standard du marché (par exemple, la lutte pour établir le mini-disc comme un standard par rapport aux autres cassettes numériques a duré plusieurs années). Enfin, l'absence de matérialité de ces innovations, souvent associée à une absence de marché secondaire, impliquent qu'il n'y a pas vraiment de garantie gagée sur le bien, et induit donc un risque d'insolvabilité plus fort. Compte tenu de ces risques, le Commissaire aux comptes pourra recourir à l’expertise en ce domaine. Le recours aux compétences pluridisciplinaires d’un professionnel est un atout complémentaire qu’il ne faudra pas négliger. Dans la relation entre informations comptables et évaluation financière, les experts métiers jouent un rôle majeur. En effet, ces experts vont augmenter l’efficience en assurant la diffusion d’informations nouvelles, fondées sur des retraitements des informations comptables, et contribuer ainsi à réduire les asymétries d’informations. Les experts métiers ont également le privilège de pouvoir correctement et rapidement interpréter et diffuser les informations importantes, et ainsi éviter une fixation sur certains indicateurs comptables. 110
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Section 5 : Le suivi de la valeur d’inventaire des incorporels Les sociétés immobilisant les frais de recherche et développement sont confrontées { la question de l’évaluation de l’actif incorporel crée, et ce { double titre : Lors de l’activation des dépenses, les frais de recherche ne peuvent être immobilisés que dans la limite des avantages futurs qu’ils sont susceptibles d’engendrer ; A chaque clôture d’exercice, la valeur nette comptable de ces mêmes frais de recherche et développement doit être comparée à leur valeur recouvrable. 1.
Rappel des règlementations comptables en la matière
L’article 5 de la loi comptable n°9-88 précise que « La valeur des éléments actifs et passifs de l'entreprise doivent faire l'objet d'un inventaire au moins une fois par exercice, à la fin de celui-ci ». On pourra noter que les textes comptables marocains ne donnent pas d’indications précises quant aux méthodes d’évaluation { retenir. A ce titre, il nous semble intéressant de mentionner la norme IAS 36 « Dépréciations d’actifs » qui apporte des compléments intéressants en la matière. Cette norme retient le principe qui consiste à examiner la valeur recouvrable de l’actif lorsque des indicateurs donnent { penser que la valeur comptable de l’actif ne peut pas être récupérée par les résultats futurs provenant de son utilisation. La valeur recouvrable d’un actif est définie comme la valeur la plus élevée entre sa juste valeur diminuée des coûts de la vente et sa valeur d’utilité. 2.
La juste valeur diminuée des coûts de la vente
La juste valeur diminuée des coûts de la vente est définie par la norme IAS 36 comme le montant qui peut être obtenu de la vente d’un actif ou d’une unité génératrice de trésorerie lors d’une transaction dans des conditions de concurrence normale entre des parties bien informées et consentantes, diminuée des coûts de sortie. 111
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Les dispositions de la norme IAS 36 définissent la hiérarchie à retenir dans les normes IFRS pour la détermination de la juste valeur dans le cadre des tests de dépréciation : Prix résultant d’un accord de vente irrévocable ; Prix négocié sur un marché actif ; Meilleure information disponible, en considérant le résultat de transactions récentes portant sur des actifs similaires dans le même secteur d’activité. En pratique, il est rare qu’on dispose au Maroc d’une information sur les deux premiers éléments. En effet, le nombre limité des sociétés cotées et le manque d’informations qui caractérise les opérations de regroupements d’entreprises en sont les principales raisons. La difficulté porte alors sur la détermination de la meilleure information disponible. La norme IAS 36 privilégie à ce niveau le recours à des transactions récentes portant sur des actifs similaires. Mais l{ aussi, il s’avère difficile voire impossible de trouver des projets de R&D similaires pour le même secteur d’activité et pour des actifs crées par l’entreprise. En l’absence de telles transactions, le modèle de « Discounted cash flows » basés sur des hypothèses de marché (taux de croissance, rentabilité…) devrait être utilisé comme seule base d’estimation de la juste valeur de l’actif. 3.
La valeur d’utilité
La valeur d’utilité est la valeur actualisée des flux de trésorerie futurs susceptibles de découler d’un actif ou d’une unité génératrice de trésorerie. Les projections de cash-flows doivent être basées sur des hypothèses raisonnables et documentées représentant la meilleure estimation de la direction de l’ensemble des conditions économiques qui existeront pendant la durée d’utilité de l’actif restant à courir. Un poids plus important doit être accordé aux indications externes. Les projections de cash-flows se ventilent en deux parties :
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Les projections { court terme d’une durée maximale de cinq ans, sauf si une période plus longue peut être justifiée, doivent être basées sur les prévisions les plus récentes approuvées par la direction ; Les projections à long terme qui doivent se fonder sur une extrapolation des projections à court terme avec une grande prudence, c'est-à-dire en utilisant un taux de croissance nul ou négatif, { moins qu’un taux positif ne soit justifié. Le taux d’actualisation, qui correspond { un taux déterminé par le marché et avant effet d’impôt, doit refléter la « temporalité » de l’argent, mais aussi les risques spécifiques { l’actif. Concrètement, il s’agit du taux de rendement que les investisseurs requièrent pour un investissement devant générer des cash-flows, et dont le montant et le type de risque sont équivalents { ceux que l’entreprise attend de son actif. Le taux d’actualisation est généralement calculé selon la formule du coût moyen pondéré du capital. Les modalités de calcul usuelles sont présentées ci-dessus (partie II chapitre 2 section 4) La revue du contrôle interne et l’analyse des procédures de suivi des coûts de R&D doivent, en fonction de leurs conclusions, orienter les travaux du réviseur lors de la phase finale de sa mission. Lorsque cette revue met en évidence des insuffisances significatives dans le suivi des coûts et de la rentabilité des projets, l’activation dans son principe risque d’être remise en cause.
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Chapitre 3 : La phase de contrôle des comptes Les travaux réalisés par le commissaire aux comptes lors de la phase de contrôle des comptes sont essentiellement constitués par des travaux substantifs nécessitant de remonter aux pièces justificatives. Nous détaillons dans ce chapitre les travaux que le commissaire aux comptes doit mener durant cette phase d’intervention. Il convient de noter que ce programme de travail doit systématiquement être adapté pour tenir compte de l’étendue et du résultat des travaux déj{ menés lors de l’intervention préliminaire et intérimaire.
Section 1 : L’analyse des charges de R&D engagées sur l’exercice 1.
Revue analytique et explication des principales variations
Lors de cette phase, le réviseur met { jour les travaux de revue analytique qu’il a mis en place lors de son intervention intérimaire. L’objectif de ces travaux est de lui permettre de comprendre les principales variations encourues sur les projets au regard du budget initial, de l’exercice précédent, et depuis l’intervention intérimaire. Dans le cadre de sa revue analytique, il est essentiel pour le commissaire aux comptes de revoir l’évolution des coûts des différents projets de recherche et développement. Toute variation négative des coûts sur un projet peut être la conséquence de difficultés techniques rencontrées sur le projet pouvant avoir une incidence sur sa rentabilité et donc remettant en cause l’activation des coûts de développement. Le réviseur doit s’assurer que cette dérive industrielle a bien été prise en compte par la société dans ses calculs de rentabilité prévisionnelle par projet de recherche et développement. Le commissaire aux comptes procède également au suivi des revues de projets réalisées lors de son intervention intérimaire. Il doit prendre connaissance de l’évolution des principaux projets depuis sa dernière revue. En particulier, il doit 114
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analyser et comprendre toute évolution nouvelle des coûts de revient des projets et s’assurer que les derniers coûts ont bien été reflétés dans les outils de gestion et tableaux de bord de la société. 2.
Contrôle des charges de R&D affectées aux projets
Le commissaire aux comptes doit obtenir une synthèse des charges de recherche et développement de la société encourues sur l’année faisant clairement apparaître la ventilation suivante : Charges de R&D avec contrepartie spécifique correspondant aux coûts de recherche et développement encourues dans le cadre de commandes spécifiques avec remboursement des frais de recherche et développement ; Charges de R&D sans contrepartie spécifique encourues par la société pour son propre compte. Cette ventilation est importante pour le commissaire aux comptes en raison de la divergence de traitement comptable pour ces deux catégories de coûts de R&D. Ainsi, le commissaire aux comptes doit revoir les frais de recherche et développement rattachés sur le plan comptable à des contrats ou à des commandes précises des clients. En pratique, l’auditeur doit se poser les questions suivantes : Dans le cadre du contrat passé avec son client, la société conserve –t-elle la propriété intellectuelle du développement ? pour répondre à cette question, l’auditeur doit revoir avec la plus grande attention les clauses juridiques relatives à la propriété intellectuelle insérées dans le contrat ; Le remboursement des coûts de développement est il spécifié dans le contrat signé avec le client ? si oui, le montant financé absorbe t il la totalité des coûts de développement à réaliser dans le cadre du contrat ? Quelle est la nature de l’obligation contractuelle vis-à-vis du client ?
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Selon les réponses apportées à ces questions, les coûts de recherche et développement seront à rattacher au contrat client et seront donc comptabilisés en tant que stock (IAS 2) ou travaux en cours pour les contrats traités comme des contrats de construction (IAS 11). Les frais de R&D, au même titre que tous les autres frais refacturés au client doivent être intégrés dans le coût de revient de la commande. Ils doivent être comptabilisés en charge durant l’exercice au cours duquel ils sont engagés, si la commande a été facturée, et en stocks ou en encours de production si aucune facture n’a été réalisée { la clôture de l’exercice. (cf partie I. Chapitre 2. section 2 : Traitement comptable du cas particulier des contrats mixant développement et production) Nous rappelons que l’objectif de ce mémoire n’étant pas de traiter les problématiques comptables et d’audit afférentes aux dépenses de R&D avec contrepartie spécifique, nous n’abordons pas les problématiques relatives { la comptabilisation des stocks ou des contrats de construction.
Section 2 : La vérification de la véracité d’activation des coûts de développement Nous présentons dans cette section les principales diligences que le commissaire aux comptes doit mettre en place lors de la phase finale pour auditer les coûts de développement capitalisés. Nous avons synthétisé ces diligences dans un programme de travail présenté en annexe du mémoire. Sur le plan pratique, compte tenu de la complexité imposée par la capitalisation des coûts de développement (analyse et mise à jour de la rentabilité prévisionnelle par projet), la société et le réviseur pourront s’accorder sur un seuil en dessous duquel les coûts de R&D d’un projet ne seront pas portés { l’actif. 1.
Analyse des coûts immobilisés
1.1 Critères de capitalisation Pour chacun des projets de R&D capitalisés, le réviseur doit : 116
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S’assurer de la correcte distinction entre la phase de recherche et la phase de développement sur la base de discussions avec les managers de la société ; Revoir l’évaluation faite par la société de la faisabilité technique de chaque projet, de son intention d’achever le projet, de le vendre ou de l’utiliser en tant qu’actif, et de sa capacité { le vendre ou { l’utiliser ; Revoir l’évaluation faite par la société des avantages économiques futurs en utilisant les principes décrits par la norme IAS 36 (dépréciation des actifs) ; Revoir le bilan de rentabilité du projet en le rapprochant du plan stratégique de la société afin de s’assurer de la rentabilité { terme du projet ; Revoir le suivi des coûts par projet pour s’assurer que les dépenses font l’objet d’une évaluation fiable. Le commissaire aux comptes doit également s’assurer que les montants enregistrés en charge de l’exercice ne répondent pas aux critères de capitalisation et donc ne doivent pas être inscrits { l’actif en tant que projet de développement : il revoit les comptes relatifs aux dépenses de recherche et développement dans la balance générale afin d’identifier les montants significatifs qui auraient dû faire l’objet d’une capitalisation sur la base d’entretiens avec les managers de la société. 1.2 Contrôle des charges sur exercices antérieurs Pour les projets de R&D activés pour la première fois durant l’exercice, le réviseur doit s’assurer que les coûts de développement ont été capitalisés de manière prospective à compter de la date à laquelle les critères de capitalisation de la norme IAS 38 ont été remplis et que l’entité n’a pas activé de manière rétroactive des dépenses précédemment comptabilisées en charges. Dans cette optique, il est conseillé de revoir les comptes relatifs aux dépenses de recherche et développement dans la balance générale afin d’identifier des mouvements créditeurs qui pourraient indiquer que des dépenses initialement comptabilisées en charges ont été capitalisées de manière rétroactive. 117
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1.3 Evaluation Le réviseur doit obtenir un détail des coûts imputés par projets détaillant les heures ainsi que les achats afin de valider l’évaluation des coûts de développement capitalisés. A cet effet, il peut remonter aux factures ou aux imputations d’heures pour réaliser des contrôles sur pièces et compléter les tests qu’il a souvent déj{ mis en place lors de la phase intérimaire. Les coûts de développement étant essentiellement constitués d’heures de personnel, le commissaire aux comptes devra s’assurer de l’absence d’activation de coûts liés à la sous activité. Ces coûts doivent par nature être maintenus en charge l’exercice où ils ont été encourus. Des contrôles sur les taux horaires utilisés pour valoriser les heures imputées sur les projets pourront être effectués pour s’assurer que les heures de sous activité ne sont pas indirectement activées via une surévaluation du taux horaire. Par ailleurs, conformément à la norme IAS 38, le réviseur doit s’assurer que les coûts de développement capitalisés n’incluent pas les coûts suivants : De coûts de lancement d’un nouveau produit ou service (y compris les coûts des activités de publicité et de promotion) ; Les dépenses au titre de la formation du personnel pour utiliser l’actif ; Les coûts de vente, les coûts administratifs et autres frais généraux à moins que ces dépenses puissent être directement attribuées à la préparation de l’actif en vue de son utilisation ; Les inefficacités clairement identifiées et les pertes opérationnelles initiales encourues avant que l’actif développé n’atteigne le niveau de performance prévu.
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2.
Revue de la charge d’amortissement de l’exercice
Le contrôle des amortissements comptabilisés se décompose en deux étapes. La première consiste à vérifier la prudence et la correcte application de la méthode définie par la société. La seconde vise à contrôler que les amortissements exceptionnels sont comptabilisés quand un projet n’est plus jugé rentable. 2.1 Amortissement La revue des charges d’amortissement de l’exercice commence par le contrôle de la méthode d’amortissement utilisée par la société. Cette méthode doit refléter le rythme de consommation des avantages économiques futurs découlant de la production. Le réviseur doit ainsi s’assurer pour les principaux projets : Toute marge comptabilisée sur les contrats de série utilisant le développement entraîne un amortissement des coûts de développement capitalisés ; La durée du plan d’amortissement n’est pas supérieure { la durée du projet c à d le cycle de commercialisation des produits concernés. Les coûts de développement engagés et capitalisés doivent être intégralement soldés lorsque les dernières facturations concernant les contrats de production sont réalisées ; Une quote-part d’amortissement des coûts de développement doit être incluse dans les coûts des programmes de production figurant dans le bilan de rentabilité (prise en compte d’une quote-part de l’amortissement dans les coûts de contrat de production) 2.2 Dépréciation exceptionnelle Le commissaire aux comptes doit vérifier la rentabilité des projets de développement capitalisés. Au cas où cette rentabilité se dégrade et devient globalement négative, il y’a lieu d’appliquer un amortissement exceptionnel. 119
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Ce test doit être réalisé { chaque fois qu’il existe un indice de perte de valeur sur un projet de développement capitalisé en cours d’amortissement ; Ce test doit être réalisé de manière systématique (au moins une fois par an) pour les coûts de recherche et développement capitalisés et non encore amortis (non encore mis en service). Afin de déterminer s’il y a eu dépréciation d’une immobilisation incorporelle, l’auditeur doit se référer { la norme IAS 36 « dépréciation des actifs ». Aux conditions précisées dans cette dernière, la norme IAS 38 ajoute qu’une entreprise doit estimer au minimum à la clôture de chaque exercice, la valeur recouvrable d’une immobilisation incorporelle qui n’est pas encore prête à être mise en service. Cette estimation doit être réalisée même s’il n’existe aucun indice de perte de valeur de l’actif. Pour les autres immobilisations incorporelles, dont les coûts de développement sont activés et mis en service, l’estimation de la valeur recouvrable doit être réalisée dès lors qu’il y a des indices de pertes de valeur. Bien que l’IASB ait consacré une norme entière pour traiter de la question de la dépréciation d’actifs, des difficultés pratiques de mise en œuvre des tests de dépréciation sont rencontrées dans le cas des projets de R&D : a. Quel est le sort d’un projet en cas de son abandon total ou partiel ? Des cas d’abandon total ou partiel de l’exploitation du projet peuvent survenir. Ainsi, la valeur réelle de l’immobilisation incorporelle, constituée des coûts activés ne générant pas (ou moins) de flux de trésorerie, devient inférieure à sa valeur nette comptable. Une dépréciation totale ou partielle de cette immobilisation est alors nécessaire. Au-del{ d’abandon partiel ou total de l’exploitation des projets qui sont rares et plus simples { identifier, l’auditeur doit prendre en compte les contreperformances. Ainsi, si le chiffre d’affaires généré ne satisfait pas les prévisions utilisées pour les calculs de rentabilité, une dépréciation est peut-être nécessaire.
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L’auditeur doit donc organiser une remontée d’information financière et commerciale provenant des chefs de produits sur le suivi de l’exploitation des projets. Cet exercice n’est pas si simple, notamment, dans sa première étape consistant à rattacher les produits commercialisés aux projets qui les ont générés surtout lorsque les projets « cœur » ont fait l’objet d’adaptations. b. Peut-on considérer que les projets de développement sont des actifs qui peuvent générer indépendamment des avantages économiques sans faire partie d’une unité génératrice de trésorerie au sens de la norme IAS 36 ? A priori, la réponse est non, puisque la production pour la commercialisation des produits utilise par exemple des immobilisations corporelles comme les lignes de production. Par conséquent, le test de dépréciation doit porter sur l’unité génératrice de trésorerie. Néanmoins, dans le cas d’une contre-performance évidente dans l’exploitation d’un projet de R&D activé, le test de dépréciation de l’unité génératrice de trésorerie, à laquelle le projet est rattaché, peut conclure à une non dépréciation des actifs la composant. En effet, d’autres actifs immobilisés génèrent peut être des avantages économiques qui compensent la faible rentabilité du projet concerné. Il semble approprié dans ce cas, de réaliser le test de dépréciation en deux temps : D’une part sur le projet concerné en le dépréciant le cas échéant ; Puis d’autre part sur l’unité génératrice de trésorerie à laquelle il est rattaché en tenant compte de la dépréciation déjà retenue. c. Doit-on exclure dans tous les cas l’effet des restructurations ou d’investissements significatifs non engagés pour le calcul de la valeur recouvrable d’un projet de R&D (ou d’une UGT) ? Les flux de trésorerie futurs attendus du projet à prendre en compte dans le calcul de sa valeur d’utilité doivent être estimés dans l’état actuel d’utilisation de 121
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ce projet. Ainsi les dépenses futures nécessaires pour maintenir le niveau de performance d’un projet dans son état actuel d’utilisation et les flux de trésorerie y afférents doivent être pris en compte dans le calcul de sa valeur d’utilité. En revanche, la valeur d’utilité d’un projet doit exclure les entrées ou sorties de flux de trésorerie futurs devant résulter : D’une restructuration future dans laquelle l’entreprise n’est pas encore engagée ; De dépenses d’investissements futurs qui amélioreront ou accroîtront la performance du projet. Les estimations des flux de trésorerie étant établies sur la base des prévisions/budgets financiers les plus récents approuvés par la direction, il peut être nécessaire de retraiter ces budgets pour en exclure les flux liés à ces restructurations ou projets d’investissement qui seraient déj{ pris en compte dans les budgets utilisés. En pratique, il peut s’avérer difficile d’ajuster un budget pour identifier les flux de trésorerie générés en l’absence de prise en compte de ces éléments, c'est-à-dire sans que l’entreprise ne se développe de la manière prévue par la direction. Ceci nous amène à nous interroger sur le « caractère de marché ». En effet, les restructurations ou investissements futurs devant améliorer la performance d’un projet peuvent avoir, dans des cas particuliers, un « caractère marché » c'est-àdire qu’il s’agit de restructurations ou d’investissements qui seraient pris en compte dans la détermination du prix d’acquisition par n’importe quel acquéreur potentiel. Dans ce cas, il serait nécessaire de faire référence à la juste valeur nette des coûts de la vente du projet plutôt qu’{ la valeur d’utilité, cette dernière étant probablement inférieure.
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d. Peut on déterminer la juste valeur nette des frais de cession d’un projet ou d’une UGT { partir d’un modèle de flux de trésorerie actualisés prenant en compte les hypothèses du marché (« discounted cash flows » - DCF) ? Ce point a été déjà traité dans la section 5 : suivi de la valeur d’inventaire des incorporels (du Chapitre 2 de la 2ème partie). On voit donc que la mise en place de tests de dépréciation, sur les immobilisations incorporelles représentées par la capitalisation des coûts de développement, est complexe. Cette partie évoque et ne développe pas cette problématique puisqu’elle fait alors appel { la détermination des unités génératrices de trésorerie et { l’application pratique d’IAS 36 qui peuvent faire l’objet de mémoires à part entière. 3.
Diligences { effectuer en cas de mise hors service ou sortie d’un projet
L’auditeur doit obtenir une explication justifiant l’élimination d’un projet de R&D du bilan. Un projet doit être décomptabilisé lorsqu’il est sorti ou que l’on attend plus aucun avantage économique futur de son utilisation ou de sa sortie. L’auditeur doit également vérifier que les profits et pertes provenant de la mise hors service ou de la sortie d’un projet sont déterminés par différence entre les produits de sortie nets estimés et la valeur comptable du projet et sont comptabilisés en produits ou en charges. Notons que l’amortissement d’un projet de R&D { durée d’utilité finie ne cesse pas lorsque le projet n’est plus utilisée, sauf s’il a été pleinement amorti ou est classé comme détenu en vue de la vente (ou inclus dans un groupe destiné à être cédé qui est classé comme étant détenu en vue de la vente) selon IFRS 5.
Section 3 : La validation des informations liées à la R&D communiquées aux actionnaires et aux tiers Quelle que soit la solution comptable envisagée, mais tout particulièrement en cas d’activation des frais de recherche et développement, l’auditeur devra veiller à la qualité des informations données aux actionnaires et aux tiers. 123
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En effet, chaque fois que la société opte pour une solution comptable, basée avant tout sur un critère de sincérité, il est prudent d’en informer les lecteurs des états financiers. Il existe, { ce titre, deux niveaux d’informations complémentaires du bilan et du compte de résultat : celles portées dans l’annexe et celles fournies par le rapport de gestion. 1.
La qualité des informations portées dans l’annexe
Toutes les informations significatives relatives aux frais de R&D, nécessaire à une bonne compréhension des états financiers annuels doivent être portées en annexe : Mouvements ayant affecté les divers postes de l’actif immobilisé ; Le tableau des dépenses de recherche et développement engagées au cours de l’exercice ; Commentaires sur les éléments constitutifs des frais de recherche immobilisés ; Mode et méthode d’évaluation des frais immobilisés ; Les changements de méthodes comptables appliqués aux frais de recherche et développement ; Méthodes utilisées pour le calcul des amortissements ; Commentaires sur les éventuelles dérogations aux règles d’amortissement ; Commentaires sur les éventuelles dérogations aux règles de non distribution de bénéfices aussi longtemps que l’amortissement n’est pas achevé ; En cas d’échec, l’annexe doit donner une information sur l’amortissement exceptionnel des frais de recherche dans la mesure où il s’agit d’un changement d’estimation affectant la comparabilité des comptes.
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Nous renvoyons le lecteur à la section « informations à fournir » du programme de travail présenté en annexe 1 de ce mémoire, qui reprend de manière exhaustive les informations requises par la norme IAS 38. 2.
Le respect des mentions obligatoires à fournir dans le rapport de gestion
Rappelons que contrairement { l’annexe, qui doit fournir une information strictement comptable portant notamment sur les frais de R&D, la vocation du rapport de gestion est de fournir aux actionnaires, aux associés et au public une information économique et financière sur la politique de la société dans le domaine de recherche et développement. A cet égard, les suggestions suivantes peuvent être faites : Budget : montant global des dépenses de R&D de l’exercice écoulée et comparaison avec l’exercice antérieur. L’information doit demeurer globale ; pour des raisons de confidentialité, les sociétés éviteront de communiquer les budgets et les moyens de chacun des grands axes de recherche et développement ; Axes : Les grands axes sur lesquels porte l’effort de recherche et développement : l’information doit rester sur ce point purement descriptive, en évitant une description à caractère trop scientifique ; Moyens : Les moyens humains globaux mis en œuvre dans cette activité ; Résultats : Le nombre de brevets déposés au cours des dernières années.
Section 4 : L’audit des retraitements de consolidation liés { la R&D Comme nous l’avons rappelé dans la première partie de ce mémoire, le traitement comptable des frais de recherche et développement diffère largement selon les référentiels comptables. Dès lors, dans le cadre de l’audit des comptes consolidés d’un groupe multinational, l’auditeur doit s’assurer que des retraitements de consolidation ont été comptabilisés afin de répondre au principe d’homogénéité des comptes consolidés : ces retraitements doivent en
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effet corriger les divergences identifiées entre les principes comptables du groupe et ceux des filiales. Dans le cas des frais de R&D, les principales divergences de traitement comptable envisageables et devant être corrigées pour la consolidation concernent : Le principe de comptabilisation des frais de R&D : charge ou capitalisation ; Les durées d’amortissement retenues ; Les dates de début d’amortissement. Les divergences entre les principes comptables appliqués par les filiales et ceux retenus par le groupe doivent être identifiées et validées par les auditeurs locaux puis synthétisées dans leur rapport envoyé aux auditeurs de la consolidation. Dans la liasse de consolidation, les auditeurs des filiales doivent s’assurer qu’au niveau local les frais de R&D sont comptabilisés conformément à la norme IAS 38. Le principal risque associé à cette nature de retraitement concerne le fait que la décision d’activer puisse être prise par la direction financière sans que la justification des activations n’ait été vérifiée dans la filiale. Dans certains cas, les auditeurs ne valident en effet pas ce point pour la certification des comptes sociaux lorsque le référentiel local ne le requiert pas. Les auditeurs des comptes consolidés doivent par conséquent préciser dans leurs instructions d’audit la nature des informations requises et les contrôles à mener par les auditeurs locaux pour les besoins de consolidation. Ces travaux peuvent en effet être différents de ceux à réaliser pour la certification des comptes sociaux des filiales consolidées. L’auditeur doit également s’assurer que la société auditée a mis en place une organisation lui permettant de centraliser l’information en provenance de ses filiales. En pratique, cette organisation passe par l’adaptation du manuel des principes comptables et des liasses de consolidation ainsi que par la reconfiguration du rapport annuel du groupe. 126
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Section 5 : Nos conclusions et recommandations Dans l’état actuel des normes comptables, l’apport d’IAS 38 doit être renforcé { travers les axes suivants : 1.
Mettre { jour les normes d’audit marocaines dans le contexte de transitions aux normes IFRS
Les normes d’audit en vigueur au Maroc sont recueillies au niveau du Manuel d’audit contractuel et légal. Ces normes ont fait l’objet, durant la période allant de janvier 2007 { janvier 2008 d’une mise à jour avec les normes ISAs clarifiées à cette date. Le nouveau manuel d’audit révisé a été adopté par le Conseil National de l’OEC en février 2008. Toutefois, ces normes souffrent des lacunes suivantes : Le manuel d’audit légal et contractuel n’a pas prévu de normes spécifiques pour traiter la conversion des états financiers aux normes IFRS. Les paragraphes liés aux changements de méthodes ne sont pas à notre sens suffisants pour couvrir la conversion des états financiers aux IFRS. En effet, le projet des IFRS est un changement de référentiel comptable et non d’une simple règle d’évaluation ou de présentation. Les modèles de rapports d’opinion { émettre au cours de la conversion des IFRS et des états financiers IFRS n’ont pas été proposés par l’Ordre des Experts Comptables. En conclusion, Les diligences du CAC ainsi que les rapports d’opinion dans le contexte de transition aux normes internationales n’ont pas été prévus par la profession au Maroc. De plus, compte tenu des changements que connaît le processus de normalisation au niveau international, et puisque le Maroc est en voie à une ouverture de plus en plus grande vers les normes comptables internationales, nous estimons que la profession devrait mettre { jour ses normes d’audit dans le sens de l’évolution des normes IFRS { l’instar de plusieurs autres pays. 127
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2.
Converger les normes comptables locales vers le référentiel IFRS
Devant les exigences de l’ouverture économique internationale que le Maroc a choisi d’adopter, celui-ci ne peut qu’admettre l’adoption des normes comptables internationales IAS/IFRS. Ainsi, suite { la demande de ses fournisseurs d’avions, la compagnie aérienne nationale (la RAM) s’est trouvé dans l’obligation de préparer ses comptes consolidés en normes IFRS bien avant que la loi n°38-05 relative aux comptes consolidés des Etablissements et Entreprises Publics ne soit votée au niveau du parlement. C’est aussi le cas de Maroc Telecom qui, depuis sa cotation sur la bourse de Paris, a entamé son processus de transition vers les normes IFRS, avant que le CDVM ne publie la circulaire n°06/05 relative à la publication et à la diffusion d’informations financières par les personnes faisant appel public { l’épargne. Cette circulaire instaure l’obligation pour les sociétés cotées { la bourse de Casablanca de publier leurs comptes consolidés. Plusieurs sociétés marocaines, filiales de Groupes, Européens, Asiatiques ou Arabes préparent leurs comptes individuels en normes IFRS. Ces comptes, destinés au Reporting de leurs sociétés mères, sont préparés et certifiés depuis 2005. Ces exemples et bien d’autres démontrent que la transition vers les normes IFRS est un processus irréversible et définitif. La seule variable de discussion et de choix que le Maroc peut gérer réside dans la manière d’orienter ce mouvement. Toutefois, le Maroc n’a pas élaboré une démarche claire et homogène permettant d’englober tous les secteurs et d’intégrer tous les opérateurs dans cette grande marche qu’est la transition de tous les référentiels comptables vers un seul, celui des normes IFRS. Pour répondre { cette problématique, il nous faut tout d’abord examiner les différentes formes d’adoption dont on dispose. Il existe trois formes d’adoption des normes de l’IASB :
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Adoption au plan national des normes IAS/IFRS ; Adoption des normes IAS/IFRS comme complément des normes nationales ; Adoption des normes IAS/IFRS comme substitut aux normes nationales. La première solution consisterait à remplacer les normes nationales par les normes internationales. Elle a été adoptée dans 8 pays : Croatie, Chypre, Lettonie, Koweït, Malte, Oman, Pakistan, Trinidad & Tobago 3. Il existe plusieurs variantes de cette solution : des normes nationales sont développées sur des sujets non couverts par l’IASB, ou ces normes sont parfois modifiées pour tenir compte des circonstances locales. Cette solution semble impossible dans le cas marocain qui dispose déj{ d’un cadre comptable solide. Le CGNC a pu assurer l’équilibre d’information entre les préparateurs et les utilisateurs de l’information durant sa durée d’existence. Il a rempli des fonctions spécifiques dans l’environnement économique, légal et social. La deuxième solution qui préconise d’adopter les normes internationales comme compléments des normes nationales à travers : La réconciliation formelle avec les normes internationales, dans des tableaux de passage, des principales grandeurs comptables telles que le résultat et les capitaux propres. Cette solution pose un problème de comparabilité et de pertinence du fait que les utilisateurs des informations comptables auront le choix entre les grandeurs établies { l’aide des règles locales ou celles établies { l’aide des normes internationales. Retraitement intégral des états financiers. Ceci signifierait la publication de deux séries de comptes : nationaux et internationaux. Cela pose les mêmes problèmes de la solution précédente. Ajouter des informations, aux états financiers nationaux, établies { l’aide des normes internationales.
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La troisième solution, qui consiste au remplacement de la réglementation comptable nationale par la réglementation internationale au moins pour les états financiers consolidés, semble avoir plus de chances d’être la plus apte aux exigences de l’harmonisation comptable internationale et ce pour plusieurs raisons : C’est cette même solution qui sera adaptée par l’Union européenne (notre plus grand partenaire économique) ; Les normes comptables internationales concernent les comptes consolidés ce qui correspond bien au remplissage de la faiblesse de la réglementation locale en la matière ; C’est cette même solution qui a été préconisée par la Banque mondiale et le groupement français susvisé ; Cette solution aurait des effets bénéfiques sur la relance du marché financier marocain. Toutefois, l’adoption des normes comptables internationales à toutes les catégories d’entreprises ne parait pas avoir des effets bénéfiques sur l’augmentation de la qualité de l’information comptable. En effet, les besoins de publication des petites et moyennes entreprises, qui visent à minimiser le résultat net de l’exercice (plus perçu comme une base imposable), ne paraissent pas conformes à ce que propose les normes IAS/IFRS qui cherchent à présenter un résultat net attirant les investisseurs sur le marché financier. Ainsi la convergence de la comptabilité marocaine vers les normes comptables internationales IAS/IFRS suscite les interrogations suivantes : Jusqu’{ quel point l’application totale des normes IAS/IFRS réussira dans un contexte économique et culturel non approprié ? L’application partielle des normes IFRS, ne conduirait-elle pas à une dualité entre l’image fidèle pour les grandes entreprises et celle pour les petites et moyennes entreprises ?
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Enfin, quel serait le degré de satisfaction des entreprises marocaines, compte tenu du besoin d’information, tenant compte des changements qu’impliquerait l’alignement de la comptabilité marocaine sur les normes IAS/IFRS ? 3.
Adapter la norme IAS 38 afin de tenir compte des spécificités propres à certains secteurs d’activité
La norme IAS 38 ne semble pas être adaptée { tous les secteurs d’activité. Ceci est dû au fait que la norme IAS 38 ne précise pas à partir de quelle phase de développement les conditions d’immobilisations sont réunies : ce fait générateur est donc laissé à l’appréciation du management. Les entreprises ayant moins de doutes sur la viabilité de leurs futurs modèles, telles que les constructeurs automobiles ont pour pratique d’activer conformément { la lettre et { l’esprit d’IAS 38 leurs frais de développement. Par contre les entreprises ayant de lourds projets de recherche, telles les compagnies pharmaceutiques, font valoir que les incertitudes pesant sur le succès éventuel d’un projet ne sont levées que très tardivement dans le processus de recherche et développement, ceci ne permet d’activer qu’une faible partie des coûts totaux encourus. Selon une étude de l’agence des entreprises du médicament en France, les entreprises pharmaceutiques préfèrent souvent ne pas reconnaître avant la fin du développement que le critère de probabilité de succès est satisfait. Ceci est dû au fait de la réglementation, du délai écoulé entre le démarrage d’une phase de recherche et la commercialisation d’une spécialité (généralement plus de douze ans) et des autres incertitudes inhérentes au développement de nouveaux produits, les critères prévus pour l’activation des coûts de développement, tels qu’énoncés par la norme IAS 38, ne sont pas réunis tant que le produit n’a pas reçu l’Autorisation de Mise sur le Marché. Il n’existe { ce jour aucune interprétation de la norme IAS 38 en fonction du secteur d’activité. Les critères d’immobilisation étant laissés { l’appréciation du management.
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Compte tenu des contraintes fixées par l’environnement juridique et économique ainsi que les réalités spécifiques { certains secteurs d’activité, il nous semble nécessaire de rédiger et de diffuser des pratiques professionnelles relatives { l’application d’IAS 38 { certains secteurs d’activité pour mieux encadrer la mise en œuvre de la norme et réduire ainsi le degré de subjectivité critiqué. 4.
Converger les deux normes IAS 38 et SFAS 2
La norme IAS 38 a l’avantage de proposer une formalisation théoriquement homogène des coûts de développement pour leur permettre d’accéder { une reconnaissance économique et comptable. Elle rassemble en ce sens information comptable et analyse financière : l’analyse financière tend en effet { valoriser l’effort de R&D tant via sa sensibilité { l’investissement en R&D et son impact sur la capitalisation boursière de la société, qu’{ travers la valorisation de la cible lors d’une acquisition. A l’opposé, les normes américaines sont en contradiction entre les normes SFAS 141 et SFAS 2. La première reconnaît dans le cadre d’une acquisition l’existence d’un incorporel représenté par l’effort de R&D chez la cible, qui est dissocié de la survaleur : cette capitalisation indirecte est rattrapée par la norme SFAS 2 qui, visant prudence et comparabilité, interdit la capitalisation d’un tel incorporel. Cette non reconnaissance n’a ainsi pas favorisé la clarification aux Etats-Unis des techniques de valorisation des incorporels liés à la R&D. Aussi dans les années 1990, la SEC (Securities Exchange Commission) a émis des réserves sur le fait qu’une part excessive de la survaleur, dégagée lors des acquisitions, était affectée { la valorisation de l’effort R&D pour être ensuite comptabilisée immédiatement en charge. Cette constatation a connu son apogée au 1er trimestre 1998, lorsque le S&P500 (indice de la bourse américaine de New York qui regroupe les 500 plus importantes valorisations boursières des valeurs technologiques) a vu la comptabilisation d’une charge de $.11 milliards relative { l’affectation de la survaleur à la valorisation de la R&D lors des acquisitions.
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La SEC a ensuite proposé un guide méthodologique pour valoriser l’effort R&D qui semble porter ses fruits puisque les valorisations retenues depuis ces directives sont beaucoup plus cohérentes. Poussé par la SEC, le FASB a pris également conscience de l’importance de revoir les règles comptables relatives aux coûts de R&D. Dans un article du « CPA Journal » sur l’harmonisation des pratiques comptables concernant les frais de recherche et développement, les auteurs concluent que la norme IAS 38 propose la meilleure approche. Pour eux, l’approche américaine de considérer comme charge de l’exercice les investissements en R&D offre certes prudence et comparabilité entre les états financiers ; néanmoins, ils mettent en avant la limite de ce traitement comptable concernant la sous estimation évidente des actifs immobilisés puisque ces investissements vont générer des avantages économiques futurs. La norme IAS 38 faisant suite { IAS 9 a retiré l’option d’inscription { l’actif pour la remplacer par une obligation si les conditions d’activation sont réunies, permettant ainsi théoriquement un traitement homogène de ces coûts dans le référentiel IFRS : c’est ainsi au prix d’une meilleure formalisation théorique proposée par IAS 38 que les éléments incorporels représentés par les coûts de développement accèdent enfin à une reconnaissance économique et comptable. Au regard des éléments précédents, et suite { l’émergence des normes IFRS, le FASB s’est entendu avec l’IASB depuis octobre 2002 pour travailler { éliminer les différences de traitement comptable et financier entre les deux référentiels. Ainsi, sous l’appellation de « Points de convergence à court terme » le traitement des frais de R&D a fait partie des projets pour lesquels une solution de qualité peut être présentée et validée dans un délai satisfaisant { travers le choix d’une des deux solutions existantes dans ces deux référentiels. Le FASB a donc inscrit dès 2002 le thème des coûts de « recherche et développement » dans son programme de convergence à court terme avec les IAS – IFRS. Un débat a été ouvert { l’IASB en octobre 2006 pour faire évoluer la norme IAS 38 sur le point précis des conditions de reconnaissance initiale et de suivi des actifs incorporels développés en interne. Le FASB a été associé à ces travaux. 133
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En décembre 2007, les deux boards ont décidé de supprimer le projet des frais de R&D de leur programme de travail commun. Les deux boards ont publié, le 11 septembre 2008 la version actualisée du programme de travail commun. Au niveau des projets en cours : le FASB devrait décider s’il convient d’adopter la norme IAS 38 « immobilisations incorporelles ».
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CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE Les caractéristiques des projets de recherche et développement rendent leur audit complexe puisqu’il demande non seulement de contrôler des situations passées mais également d’analyser des rentabilités prévisionnels : Le dénouement d’un projet de recherche et développement dépend en effet de la réalisation d’événements futurs (commercialisation du produit développé par exemple) et l’estimation de la rentabilité future repose sur des hypothèses difficilement vérifiables et pouvant évoluer dans le temps. Le commissaire aux comptes se trouve donc confronté à l’existence d’incertitudes importantes. Le commissaire aux comptes ne peut ignorer ces aspects et doit en intégrer les conséquences sur l’information financière tout au long de sa démarche d’audit. Il lui appartiendra, par l’application d’un programme de travail adapté, de veiller { la sincérité des états financiers. Bien que n’affectant pas l’objectif global de la mission d’audit financier, l’auditeur doit porter une attention particulière afin de couvrir les risques d’erreurs envisageables en matière de capitalisation de frais de recherche et développement. Les risques d’erreurs les plus couramment rencontrés dans le cadre de l’application de la norme IAS 38 sont les suivants : Les coûts de recherche et développement sont capitalisés alors que les critères de capitalisation ne sont pas remplis. Les coûts de R&D ne sont pas correctement mesurés. Tous les projets de développement remplissant les critères de capitalisation ne font pas l’objet d’une capitalisation de manière exhaustive. Distinction inappropriée des phases de R&D sur les différents projets, résultant en coûts passés en charges quand ils doivent faire l’objet d’une capitalisation ou en coûts capitalisés alors qu’ils ne remplissent pas les critères de capitalisation. 135
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Méthodes d’amortissement inappropriées, provoquant une mauvaise évaluation de la charge annuelle d’amortissement et de l’actif net de développement capitalisé. Mauvaise estimation de la durée d’utilité des projets de R&D. Problématique de dépréciation de la R&D capitalisée non prise en compte. Informations à fournir incomplètes et non conformes à la norme IAS 38.
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CONCLUSION GENERALE
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Au moment où les entreprises doivent faire face à une concurrence de plus en plus vive, la sélection et le positionnement sur les marchés dépend pour une grande part des efforts consentis en matière de recherche et développement. Reconnue comme une dépense stratégique importante, la recherche est surveillée de très prés par les analystes. Parmi de nombreux critères pris en compte pour comparer les stratégies figurent le pourcentage du chiffre d’affaires consacré à la recherche et développement, l’âge du portefeuille de brevets détenus et le nombre de programmes développés ou en développement. La recherche industrielle est un processus long, complexe qui repose avant tout sur la prise de risques financiers : elle nécessite donc d’être pilotée pour que les facteurs d’incertitudes soient transformés en risques calculés. Le suivi en termes de coût de réussite future de l’effort de recherche et développement constitue une condition préalable édictée par les instances comptables internationales qui ont prévu l’obligation d’immobiliser et d’amortir les frais de développement dès lors que certaines conditions sont remplies. La question d’activation des coûts de R&D devient aujourd’hui récurrente pour les raisons suivantes : Économiques en raison de l’augmentation des coûts de R&D autofinancés par les industriels : l’activation de ces coûts permet en effet d’éviter la présentation de résultats simultanément négatifs lors des phases de développement réalisés sur des gros projets, puis fortement positifs lors du dégagement des marges sur les contrats de production ; Comptables suite à l’adoption du nouveau référentiel comptable international qui impose cette activation dès lors qu’un certain nombre de critères sont remplis. Ainsi le Maroc ne peut plus se contenter de normes comptables nationales qui n’évoluent pas au même rythme que les normes comptables internationales, rendant difficile la comparabilité des performances des entreprises et entravant les prises de décision stratégiques des investisseurs.
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La norme IAS 38 pour les frais de R&D permet une considérable valorisation de l’entreprise au travers des coûts de développement { activer sur le plan comptable. La norme IAS 38 a en effet retenu une approche économique des frais de R&D en considérant qu’ils s’apparentent { des investissements, dès lors qu’ils sont maîtrisés et que des produits futurs sont attendus et précisément documentés. La mise en place pratique de cette norme doit s’appuyer sur l’organisation et les procédures existantes du département R&D et du contrôle de gestion industriel. A cette première étape d’analyse de l’existant, doit succéder une cartographie des types de projets R&D pour les catégoriser et définir leur traitement comptable au regard d’IAS 38. Le suivi interne et analytique des projets de R&D va être modifié en conséquence et en fonction des outils informatiques. Il est également nécessaire de réaliser des compromis avec les opérationnels pour trouver le juste milieu entre le besoin d’une information satisfaisante et ne pas trop gêner ou alourdir inutilement la fonction première du département R&D. Il ressort de l’application de cette norme que la mesure du montant de R&D capitalisé repose sur l’exercice du jugement professionnel et donc sur une part de subjectivité. C’est notamment le cas pour la catégorisation des projets d’adaptation dont la frontière n’est pas tout { fait claire entre projets capitalisables ou non. Le critère d’activation relatif aux futurs bénéfices économiques est satisfait par des calculs de rentabilité attendue incluant un pari sur les volumes vendus et les autres paramètres utilisés. De plus, le choix des bornes de départ et de fin d’inscription des coûts { l’actif immobilisé résulte d’une analyse basée sur des procédures de suivi technique qui conserve une part de subjectivité. Enfin, la valorisation de la R&D immobilisée repose nécessairement sur une part d’estimation et d’arbitrage { travers la détermination des frais généraux affectés de manière raisonnable { l’actif et l’incorporation ou non d’une quote-part des coûts des départements qualité, achats et marketing. Pour le commissaire aux comptes, l’application de la norme IAS 38 génère des risques spécifiques liés principalement { la création d’actifs 139
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potentiellement sans valeur. La réalisation de diligences s’impose donc lors de toutes les phases de son audit. Dans la deuxième partie du mémoire, et dans le programme de travail développé en annexe 1, nous nous sommes attachés à synthétiser et commenter ces diligences. Ce programme de travail pourra servir de support technique et de point de repère à tout expert comptable et/ou commissaire aux comptes confronté, dans l’exercice de sa profession, { l’activation des frais de R&D. Lors de la phase intérimaire, le commissaire aux comptes doit évaluer le contrôle interne et les procédures mises en place par l’entreprise en matière de suivi de son activité de recherche et développement. L’application de la norme IAS 38 impose en effet des conditions exigeantes en matière de suivi des coûts de R&D et d’estimation de la rentabilité future associée, nécessitant l’existence d’outils de gestion adéquats. L’appréciation du contrôle interne permet au commissaire aux comptes de favoriser la réduction des délais de contrôle de fin d’année. Elle s’insère par ailleurs parfaitement dans la démarche « d’audit intégré » qui se développe aujourd’hui pour les groupes côtés aux Etas Unis sous l’effet du Sarbanes-Oxley Act. Depuis le milieu des années soixante dix, le FASB aux Etats-Unis, et l’IASB Board tentent de définir des normes concernant le traitement comptable et financier des actifs immatériels. Ces deux organismes, bien que très influencés par la doctrine économique libérale et le modèle anglo-saxon et malgré toutes ces années de réflexion et de pratique, ne sont pas encore parvenus à faire converger leurs normes sur le traitement des dépenses de R&D. Même si globalement les projets de R&D dynamisent les résultats futurs des entreprises, le FASB refuse l’activation des frais de développement en raison du caractère relativement incertain des avantages économiques futurs potentiels pouvant résulter de chaque projet. Au nom du principe de prudence, la norme FAS 2 exige une constatation immédiate en charges au cours de l’exercice où ces dépenses interviennent. Avec ce traitement, l’augmentation continue des dépenses de développement s’accompagne d’un déphasage croissant entre la valeur comptable des 140
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entreprises et leur valeur de marché, un certain nombre d’actifs incorporels n’étant pas pris en compte au bilan. Cela entraîne également un décalage entre la constatation immédiate en charges et les avantages économiques futurs résultant du projet. Enfin, cette absence d’activation se traduit par de fortes disparités selon la politique de croissance des groupes, ces investissements étant indirectement intégrés au travers de l’écart d’acquisition dans le cas d’une croissance externe. A l’inverse, l’IASB considère que ces dépenses participent à la création de potentiels immatériels, sources de création de valeur future. Dès lors que l’incertitude sur les revenus futurs est raisonnablement levée, ces frais contribuent { la construction d’un actif et doivent donc être traités comme tel. Cette inscription au bilan permet d’apporter de l’information utile aux investisseurs sur les performances futures de l’entreprise puisque seuls les projets a priori rentables sont à capitaliser. Cette position est toutefois critiquée en raison du caractère potentiellement opportuniste de l’activation, les critères { remplir pour un tel traitement étant très subjectifs, mais également de leur valorisation et de la définition des dates d’inscription début et fin de bilan. En d’autres termes, tout risque de comptabilité créative n’est pas { exclure, l’entreprise pouvant décider d’une inscription { l’actif d’éléments sans valeur réelle de manière { améliorer ses résultats et sa situation nette en reportant dans le temps ces charges au travers de l’amortissement et d’éventuelles dépréciations. Il existe donc de notables différences de traitement entre les systèmes comptables sur ce point, alors que la façon d’enregistrer la R&D a une incidence très sensible sur la valeur ajoutée, le résultat d’exploitation, le taux de marge et le taux d’investissement déclarés par l’entreprise. De plus l’information résultant de la capitalisation de la R&D est un signal accueilli positivement par les investisseurs puisqu’une corrélation est établie entre ce traitement comptable et la valorisation boursière immédiate d’une part et les résultats futurs d’autre part. Communiquer sur les dépenses de R&D permet ainsi d’envoyer des signaux au marché financier concernant le bon emploi des ressources financières et de conforter les investisseurs sur la capacité de l’entreprise { lever les verrous technologiques identifiés. Cela permet également d’établir un historique de 141
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l’activité de R&D des entreprises et donc d’informer le marché financier du niveau d’expertise que les entreprises ont pu acquérir dans la gestion de projets innovants. La maxime « on ne peut pas gérer ce que l’on ne voit pas, et on ne le voit pas parce qu’on ne le mesure pas »1 est assez bien adaptée à la problématique de la capitalisation des coûts de R&D : mais est-il obligatoire d’incorporer une valeur aux coûts de R&D dans l’actif immobilisé pour rendre cet élément plus visible ? En d’autres termes la reconnaissance économique et comptable de la R&D est-elle possible à travers des informations en annexe des comptes ? En effet, la nécessaire information sur ce thème ne doit pas se faire au prix de la comptabilisation d’un actif chargé d’incertitude trop importante. La problématique de fond d’IAS 38, appliquée aux coûts de développement, est qu’elle oblige les entreprises à « vivre à crédit » en décalant des charges pour le futur qui seront ensuite rapportées au chiffre d’affaires qu’elles sont censés générer. Cet objectif est louable et pertinent pour un secteur d’activité stable, mais dans le cas de secteurs soumis à des retournements de marché, la sanction peut être rude. En effet, { la dégradation du chiffre d’affaires et de la rentabilité va s’ajouter la charge des dotations aux amortissements des projets activés et mis en service et surtout la charge de dépréciation exceptionnelle des coûts de développement dont la juste valeur est inférieure à la valeur nette comptable. La comptabilisation soudaine de ces charges initialement décalées dans le futur peut avoir un effet significatif sur une entreprise. Ainsi, la capitalisation de la R&D rajoute ainsi une immobilisation qui peut venir amplifier l’impact des tests de dépréciation en cas d’indice de perte de valeur. Dans l’état actuel des normes comptables, l’apport d’IAS 38 sera renforcé { travers deux axes : d’une part la convergence des normes américaines vers les IFRS permettant ainsi une réelle comparaison internationale des états financiers ; et d’autre part, la rédaction puis la diffusion des pratiques professionnelles relatives { l’application d’IAS 38 { certains secteurs d’activité, comme l’industrie pharmaceutique, pour mieux encadrer la mise en œuvre de la norme et réduire ainsi le degré de subjectivité critiqué.
142 1 Kaiser Alain, Lantz Jean-Sebastien : « Propriété intellectuelle et valorisation financière », option Finance, 11/2004, page 40-42
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ANNEXES
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Liste des annexes :
Annexe 1 : Programme de travail d’audit des frais de R&D Annexe 2 : Détail des coûts capitalisables
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Annexe 1 : Programme de travail d’audit des frais de R&D Champ d’application Ce programme de travail détaillé couvre l’audit de la capitalisation des frais de recherche et développement selon la norme IAS 38 relative aux immobilisations incorporelles. La norme IAS 38 ne s’applique pas aux immobilisations incorporelles destinées à être vendues dans le cadre de l’activité récurrente d’une entité. Ainsi, la R&D réalisée dans le cadre d’une commande client et spécifiquement financée par ce client n’entre pas dans le champ d’application de la norme IAS 38 et doit être traitée conformément aux normes IAS 2 « stocks » et IAS 11 « contrats de construction » Guide d’utilisation Chaque étape d’audit détaillée dans ce programme de travail a été conçue pour couvrir les risques d’erreurs envisageables en matière de capitalisation de frais de recherche et développement. Ce programme de travail devra être adapté pour tenir compte des spécificités de l’entité auditée. Risques d’erreurs Les risques d’erreurs les plus couramment rencontrés dans le cadre de l’application de la norme IAS 38 sont les suivants : Les coûts de recherche et développement sont capitalisés alors que les critères de capitalisation ne sont pas remplis. Les coûts de R&D ne sont pas correctement mesurés. Tous les projets de développement remplissant les critères de capitalisation ne font pas l’objet d’une capitalisation de manière exhaustive. Distinction inappropriée des phases de R&D sur les différents projets, résultant en coûts passés en charges quand ils doivent faire l’objet d’une capitalisation ou en coûts capitalisés alors qu’ils ne remplissent pas les critères de capitalisation. Méthodes d’amortissement inappropriées, provoquant une mauvaise évaluation de la charge annuelle d’amortissement et de l’actif net de développement capitalisé. Mauvaise estimation de la durée d’utilité des projets de R&D. Problématique de dépréciation de la R&D capitalisée non prise en compte. Informations à fournir incomplètes et non conformes à la norme IAS 38. 145
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Programme de travail d’audit des frais de R&D Client : Exercice :
Prise de connaissance générale de l’entreprise et environnement de contrôle interne
Fait par :
Réf :
Revu par :
Oui/Non Réf
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N/A A. Description de l’activité 1. Recenser les programmes de développement sur lesquels est présent l’entreprise. 2. Documenter l’historique de l’entreprise en termes d’activité et de résultats financiers. 3. Quelles sont les perspectives d’évolution { moyen terme du marché et la part que l’entreprise souhaite détenir ? Obtenir, par exemple, des prévisions de chiffre d’affaires et des principaux résultats financiers sur 3 à 5 ans en distinguant ceux liés au portefeuille actuel et ceux générés par les projets à développer. B. Politique générale de l’entreprise 1. Existe-t-il un plan d’investissement { moyen et long terme en matière de R&D ? 2. Si oui, seront-ils réalisés par l’entreprise (recherche interne) ou par soustraitance ? 3. En cas d’existence d’un centre de recherche interne, existe-t-il une politique en matière de développement ? 4. Quelle est la politique de l’entreprise en matière de comptabilisation des frais de 146
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
R&D : Frais généraux ? Immobilisations si les conditions le permettent ? 5. Le cas échéant, quels sont les moyens et procédures utilisés pour vérifier que les conditions fixées par la norme IAS 38 sont remplies : Comment les critères de « projet individualisé » et « sérieuses chances de réussite technique et commerciale » sont-ils définis en pratique ? Quelle est la durée d’amortissement des frais de R&D activées ? Quelles sont les méthodes de valorisation initiale et de suivi de la valeur de ces actifs ? 6. Des budgets pour chaque projet de recherche sont ils établis ? C. Organisation 1. Les missions et l’organisation de la fonction recherche et développement sont ils formalisés ? 2. La fonction recherche et développement a –t-elle formalisé un organigramme et une définition des postes et des fonctions ? 3. Les modes de fonctionnement font ils l’objet de procédures écrites, notamment en ce qui concerne : la proposition de programmes et projets de recherche, la gestion des projets et l’allocation des ressources, la communication des résultats scientifiques et techniques ? D. Suivi comptable et financier 1. Existe-t-il un système analytique de suivi 147
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
des dépenses de R&D ? Si oui, quels sont les niveaux d’analyse : activité, projet, programme,… ? 2. Les systèmes d’information permettent ils la fourniture de données fiables et pertinentes ? 3. Est il procédé à des analyses de rentabilité des frais de R&D ? si oui, quelles méthodes sont utilisées ? E. Dispositifs de contrôle 1. Quels sont les dispositifs de contrôle existant dans l’organisation : service audit interne, contrôle de gestion ? 2. Leur composition en terme qualitatifs, quantitatifs permet elle de garantir des moyens d’actions satisfaisants ? F. Personnel 1. Les effectifs sont ils suffisants, notamment au niveau de l’encadrement et des services administratifs ? 2. Les responsables de projets sont ils clairement informés de leurs responsabilités et des objectifs à atteindre ? Ont-ils la compétence et la formation nécessaires ? 3. La rotation normale ?
du
personnel
est
elle
4. Des politiques adaptées en matière de recrutement et de formation sont elles mises en œuvre ?
148
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Programme de travail d’audit des frais de R&D Client :
Fait par :
Revue de procédures
Exercice :
Réf :
Revu par :
Oui/Non Réf
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N/A A. Engagements des projets 1. Les projets de recherche et développement sont ils autorisés par la Direction ou selon des critères préalablement définis par elle ? 2. L’affectation des ressources de l’entreprise aux différents projets est elle décidée par la Direction ou selon des critères définis par elle ? 3. Des responsables de projets sont ils systématiquement désignés ? 4. Ont-ils seuls le pouvoir de procéder à des ouvertures de projet ? Dans le cas contraire, les délégations sont elles clairement définies ? Sont-elles autorisées par La Direction ? 5. L’engagement de dépenses au titre des projets est il subordonné { l’accord des personnes habilitées ? 6. L’information relative aux autorisations de projets de R&D est elle diffusée en temps utile aux services administratifs et comptables ?
149
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
B. Comptabilité analytique 1. Décrire le fonctionnement général de la comptabilité analytique et analyser l’existence de systèmes de contrôles globaux ? 2. S’informer de la répartition des charges par projet entre coûts directs, coûts indirects et coûts non incorporés. 3. Décrire le système de prise en compte des coûts directs : Main d’œuvre interne, Achats de matières et fournitures, Sous-traitance intérimaire
et
main
d’œuvre
Matériels 4. Evaluer les éléments de contrôle interne mis en place et relatifs à la prise en compte des coûts directs : Contrôle des factures fournisseurs, Rapprochement des données de la paie avec les imputations de la main d’œuvre, Contrôle de immobilisations.
l’utilisation
des
Revue des échéanciers de facturation des contrats d’études sous-traitées en rapport avec l’avancement réel des travaux ; vérifier qu’un suivi extra comptable et séquentiel (garantie d’un suivi exhaustif) existe ; de même, s’assurer que des comptes rendus écrits sont régulièrement demandés aux prestataires concernés sur l’avancement des travaux. 5. Décrire la méthode d’incorporation des coûts indirects. Vérifier l’existence d’un rapprochement périodique entre le montant total incorporé et les coûts réels 150
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
indirects incorporables. 6. Lister les coûts non incorporables. Apprécier le bien fondé de leur non incorporation au coût de revient des projets de recherche et développement. C. Suivi budgétaire et technique 1. Existe-t-il une procédure standardisée et des documents normalisés à partir desquels sont élaborés les budgets de recherche et développement ? 2. Le suivi et l’actualisation des budgets sont ils effectués périodiquement ? 3. En ce qui concerne le suivi des différentes dépenses, les responsabilités entre contrôle de gestion et responsables de projets sont elles clairement définies ? 4. Le suivi technique des projets est il matérialisé ? Selon quelle périodicité ? Fait-il l’objet de discussions d’approbation ? 5. Les dépassements significatifs par rapport aux prévisions sont ils recensés exhaustivement par le contrôle de gestion ? Les causes et les effets sont ils explicités ? Un compte rendu financier et technique périodique est il réalisé par la Direction ? 6. L’accès au système de gestion budgétaire est il réservé à des personnes indépendantes ? 7. Des procédures spécifiques pour modifier les budgets ou transférer des coûts d’un projet à un autre sont elles prévues ? 8. Existe-t-il une procédure de diffusion de l’information aux services comptables, notamment en cas d’abandon de projet ?
151
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Programme de travail d’audit des frais de R&D Client :
Contrôle des comptes
Fait par :
Exercice :
Réf :
Revu par :
Oui/Non Réf
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N/A A. PROCEDURES GENERALES 1. Obtenir le tableau des mouvements de la période des coûts de R&D comptabilisés en immobilisations incorporelles. Réconcilier le solde { l’ouverture avec les états financiers de l’année précédente, et le solde de clôture à la balance générale et aux états financiers de l’année. 2. S’assurer de l’exhaustivité du tableau de passage précédent qui doit inclure l’ensemble des coûts de développement qui respectent les critères de capitalisation. B. PRINCIPES COMPTABLES 1. Revoir les principes comptables appliqués par la société auditée pour s’assurer de leur comptabilité avec la norme IAS 38. Au cours de l’audit, s’assurer que la société applique réellement les principes et méthodes comptables présentés dans les annexes aux états financiers. C. COMPTABILISATION 1. Obtenir le tableau des mouvements de la période des coûts de recherche et développement comptabilisés en immobilisations incorporelles. Réconcilier 152
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
le solde { l’ouverture avec les états financiers de l’année précédente, et le solde de clôture à la balance générale. 2. A partir de la liste des projets de recherche de l’exercice précédent, vérifier si les montants capitalisés respectent les six critères de capitalisation définis par la norme IAS 38. Si aucun montant n’est capitalisé, sur la base de discussions avec le management s’assurer que les montants enregistrés en charges ne devraient pas être inscrits { l’actif en tant que projet de développement. 3. A partir de la liste des projets de recherche de l’exercice précédent, revoir les montants capitalisés durant l’année afin de s’assurer qu’ils n’incluent que des frais incorporables conformément à la norme IAS 38. 4. Revoir chaque nouveau projet de R&D capitalisé durant l’exercice pour s’assurer que la capitalisation est appropriée ; pour chaque nouveau projet capitalisé : a) Sur la base de discussion avec le management, s’assurer de la correcte distinction entre la phase de recherche et la phase de développement ; b) Revoir l’évaluation faite par la société de la faisabilité technique de chaque projet, de son intention d’achever le projet, de le vendre ou de l’utiliser en tant qu’actif, et de sa capacité à le vendre ou à l’utiliser ; c) Revoir l’évaluation faite par la société des avantages économiques futurs en utilisant les principes décrits par la norme IAS 36 « Dépréciation des actifs » d) Revoir les business plans de la société pour s’assurer de la disponibilité de 153
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
ressources appropriées pour achever le projet, le vendre ou l’utiliser en interne en tant qu’actif ; et e) Revoir le suivi des coûts par projet pour s’assurer que les dépenses font l’objet d’une évaluation fiable. 5. Pour les projets de R&D activés pour la première fois durant l’exercice, s’assurer que : a) Les coûts de développement ont été capitalisés de manière prospective à compter de la date à laquelle les critères de capitalisation de la norme IAS 38 ont été remplis et que l’entreprise n’a pas activé de manière rétroactive des dépenses précédemment comptabilisées en charges. b) Aucun coût de recherche n’a été inscrit à l’actif. 6. Revoir les comptes relatifs aux dépenses de R&D dans la balance générale afin d’identifier les montants significatifs qui auraient dû faire l’objet d’une capitalisation. 7. Revoir les comptes relatifs aux dépenses de R&D dans la balance générale afin d’identifier des mouvements créditeurs qui pourraient indiquer que des dépenses initialement comptabilisées en charges ont été capitalisées de manière rétroactive. D. EVALUATION 1. Rapprocher les montants de R&D capitalisés durant l’exercice { des documents justificatifs appropriés pour s’assurer que ces coûts incluent : La somme des dépenses encourues à compter de la date à laquelle les critères sont remplis pour la première fois ; et 154
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Tous les coûts directement attribuables à la préparation de l’actif en vue de son utilisation prévue, comme par exemple : o Les coûts des matériels et services utilisés pour le développement ; o Le coût de la main d’œuvre affectée aux activités de développement ; o Les honoraires résultant directement de la mise en état de fonctionnement de l’actif ; o Les coûts des tests fonctionnement de l’actif ;
de
bon
o Une quote-part d’amortissement de brevets et licences utilisés dans le cadre du développement ; 2. Revoir la composition des coûts de développement capitalisés pour s’assurer qu’ils n’incluent pas : De coûts de lancement d’un nouveau produit ou service (y compris les coûts des activités de publicité et de promotion) ; Les dépenses au titre de la formation du personnel pour utiliser l’actif ; Les coûts de vente, les coûts administratifs et autres frais généraux à moins que ces dépenses puissent être directement attribuées à la préparation de l’actif en vue de son utilisation ; Les inefficacités clairement identifiées et les pertes opérationnelles initiales encourues avant qu’un actif n’atteigne le niveau de performance prévu ; en particulier, veiller à ce que les coûts de sous activité ne soient pas inclus dans les coûts capitalisés.
155
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
E. AMORTISSEMENT 1. Obtenir une synthèse de la durée d’utilité, des méthodes d’amortissement et du montant des amortissements pour chacun des projets de R&D capitalisés. Rapprocher les soldes { l’ouverture avec les états financiers de l’année précédente et les soldes de clôture à la balance générale et aux états financiers audités. 2. Pour les projets de R&D capitalisés durant l’exercice, analyser le caractère raisonnable de l’évaluation de la durée d’utilité du projet faite par la société. En particulier pour apprécier le bilan de rentabilité de chacun des projets, il convient de revoir les analyses réalisées par la société pour justifier l’activation des coûts de développement (analyse sectorielle, engagement de clients pour acquérir le produit une fois développé…) 3. Pour chacun des projets en cours d’amortissement, s’assurer que la méthode d’amortissement est fondée sur le rythme de consommation des avantages économiques futurs découlant du développement. A défaut l’amortissement linéaire sera retenu. 4. Déterminer dans quelle mesure chacune des immobilisations incorporelles générées en interne a une valeur résiduelle (existence d’un marché actif ou engagement d’un tiers de racheter l’immobilisation incorporelle) 5. Obtenir une analyse de la charge d’amortissement de l’exercice et s’assurer que cette charge a été correctement comptabilisée en charge ou inclue dans le coût de production d’un autre actif (stock 156
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
par exemple). Si l’immobilisation incorporelle a été utilisée pour produire cet actif. 6. S’assurer que tout changement dans le mode d’amortissement a été comptabilisé comme un changement d’estimation en accord avec la norme IAS 8 « méthodes comptables, changements d’estimations comptables et erreurs » 7. Recalculer la charge d’amortissement pour tous les coûts de R&D capitalisés. F. DEPRECIATION 1. S’il existe un indice de perte de valeur sur un développement particulier ayant donné lieu { capitalisation, s’assurer qu’un test de valeur a été réalisé par la société et que ce test a été conduit conformément à la norme IAS 36 « Dépréciation d’actifs » 2. S’assurer que la société a réalisé des tests de valeur de manière systématique (au moins une fois par an) pour tous les coûts de R&D capitalisés et qui n’ont pas encore donné lieu à un amortissement (car non encore mis en service) G. INFORMATIONS A FOURNIR 1. S’assurer que les informations appropriées ont été fournies dans les annexes aux comptes et notamment pour les projets de R&D capitalisés : La durée d’amortissement pratiquée (durée d’utilité), Le mode d’amortissement utilisé, La valeur comptable et tout cumul des amortissements (regroupé avec le cumul des pertes de valeur) { l’ouverture et { la 157
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
clôture de la période ; Un rapprochement entre les valeurs comptables { l’ouverture et { la clôture de la période faisant apparaître : o Les coûts période,
capitalisés
durant
la
o L’amortissement comptabilisé durant la période, o Les pertes de valeur comptabilisées durant la période, o Les autres variations de la valeur comptable au cours de la période. 2. Pour les coûts de développement dépréciés durant la période, s’assurer que les informations adéquates ont été portées en annexe et sont conformes aux exigences de la norme IAS 36 3. Si des changements d’estimation comptable ont des incidences significatives sur les résultats de la période actuelle ou sur les résultats futurs, il convient d’en indiquer la nature et le montant (IAS 8) 4. Pour les projets de R&D capitalisés et significatifs, il convient de donner une description du projet et d’indiquer le montant des coûts capitalisés et de la durée d’amortissement restant { courir. 5. S’assurer que l’entreprise a indiqué en annexes le montant global des dépenses de R&D comptabilisées en charges de la période.
158
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Annexe 2 : Détail des coûts capitalisables
Coûts
Imputation directe
Achat de marchandises
X
Achat de pièces de rechange
X
Achat de produits semi-finis
X
Achat d’outils d’entretien
X
Achat de consommables
X
Achat de matériel
X
Achat de d’emballage
Imputation au taux horaire
fournitures
X
Achat de (capacité)
sous-traitance
X
Achat de (processus)
sous-traitance
X
Electricité
X
Gaz
X
Eau
X
Autres fournitures
X
Pièces de rechange
X
Matériel pour prototypes et tests Droits de douane
X
X
Services informatiques externes
X
Frais re-facturés - filiales
X
Frais de gestion
X
Crédit bail de matériel
X
Crédit bail de véhicules
X
Crédit bail d’immeubles
X
Location matériel
d’outillages
et
Autres loyers d’immeubles
de
X
X
159
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Entretien de matériel
X
Etudes
X
Achat d’informations techniques et générales
X
Personnel intérimaire Frais facturés au personnel détaché
X
titre
Coûts d’homologation produits Frais de déplacement directement imputés)
du
X
des
X
(si
X
Téléphone
X
Affranchissements et coursiers
X
Amortissement des immobilisations corporelles
X
Amortissement des immobilisations incorporelles
X
Frais de personnel
X
160
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Lexique français, arabe, anglais Français
Arabe
Anglais
Actifs
اصىل
Assets
Actifs immobilisés
اصىل ثاترح
Fixed assets
Amortissement
اسرخماد
Depreciation
Audit
ذذقيق الحساتاخ
Audit
Bilan
الحصيلح/ الميزانيح
Balance sheet
Code Général de Normalisation Comptable
la
المذونح العامح لرىحيذ الحساتاخ
Accounting standard general code
Chiffre d’affaires
رقم المعا مال خ
Turn over
Commissaires aux comptes
مراقة الحسا اب خ
Legal auditor
Comptes consolidés
حساتاخ المدمىعاخ
Consolidated statements
Consolidation
ذدميع الحساتاخ
Consolidation
Contrat
عقذ
Contract
Démarche
إخراء
Approach
Dématérialisation
إلغاء قيىد الردسيم المادي
Dematerialization
Entreprise
مقاولح
Firm
Etats financiers
قىائم ماليح
Financial statements
Expert comptable
خثير حساتاخ
Chartered Accountant
Frais généraux
مصا ريف عا مح
General expenses
IAS 38 : immobilisations incorporelles
األصىل الغير الملمىسح
Intangible assets
IAS 36 : actifs
Dépréciation
des
انخفاض قيمح األصىل
Financial
Impairment of assets
انذماج منشاخ العمل
Business combinations
الرنقية عن و ذقييم المىارد المعذنيح
Exploration for and Evaluation of Mineral Assets
Investissement
اسرثمار
Investment
Image fidèle
صىرج وفيح
Fair presentation
Juste valeur
القيمح الحقيقيح
Fair value
Norme
معيار
standard
معايير دوليح للمحاسثح
International Standard (IAS)
مهمح
Mission
IFRS 3: d’entreprises IFRS 6: évaluation minérales
Regroupement exploration et des ressources
Normes internationales Mission
comptables
Accounting
161
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
Procédure
اخراء- طريقح
Procedure
Programme de travail
ترنامح العمل
Working program
Projet
مشروع
Project
Rapport
خقرير
Report
Recherche et développement
تحد و ذطىير
research and development
Seuil de signification
ذحذد الماديح
Materiality level
162
Traitement en normes IFRS des frais de R&D et proposition d’une démarche d’audit spécifique
BIBLIOGRAPHIE Textes officiels et réglementaires
Règlement CRC n°2002-10 relatif { l’amortissement et { la dépréciation des actifs immobilisés,
Règlement CRC n°2004-06 relatif à la définition, la comptabilisation et à l’évaluation des actifs
Norme IAS 38 relative aux actifs incorporels – révisée en 2004
Norme IFRS 1 relative à la première application des normes IFRS
Les normes IASC (International Standards on Auditing)
Les normes US GAAP
Règlement (CE) n° 297/2008 du Parlement Européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n) 1606/2002 sur l’application des normes comptables internationales – mars 2008
Dahir n°1-91-139 du 08 janvier 1993 portant promulgation de la loi n°1589 réglementant la profession d’expert comptable et instituant un Ordre des Experts Comptables.
Loi n°9-88 portant obligations comptables des commerçants
Les 4ème et 7ème directives comptables européennes.
Directive 2006/46 du parlement européen et duc conseil du 14/06/2006
Code Général des Impôts
Manuels, guides et mémentos
Code générale de Normalisation Comptable Marocain
Abdeladim Mohamed et Talbi Abdelaziz, le Plan Comptable Marocain annoté et commenté, imprimerie Afrique Orient, 1993. 163
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Mémento pratique FRANCIS LEFEBVRE : comptable et fiscal
Mémento comptable marocain : édition Masnaoui
Revues et collections (études) :
Anne CAZAVAN-JENY « les normes IFRS renforcent elles la qualité de l’information comptable sur la R&D » La tribune des professeurs du 30 AVRIL 2007
Nicolas BINCTIN « IAS 38 : une analyse prospective de l’intégration comptable des actifs incorporels »
Patrick PINTEAUX « les actifs immatériels : leur traitement comptable et fiscal » Tertiaire n°110 Janvier 2004
« Convergence IFRS- US GAAP frais de recherche et développement » Cahiers de l’académie n°9 novembre 2007 page 61-65
DAMODARAN Aswath- « Research and development expenses : implications for profitability measurement and valuation » - Stern School of Business
BARNETO Pascal « l’évaluation des actifs incorporels dans le référentiel IFRS » - CEREBEM N°82-05, mai 2005
Yuan DING – Hervé STOLOWY « Les facteurs déterminants de la stratégie des groupes français en matière de communication sur les activités de R&D » Finance Contrôle Stratégie, Volume 6, numéro 1, mars 2003, pp.3962
Yuan DING – Hervé STOLOWY « Les déterminants de la stratégie de « capitalisation » des frais de recherche et développement en France » Finance Contrôle Stratégie, Vol. 7, No. 4, December 2004, pp. 87-106
Yuan DING – Hervé STOLOWY « R&D Productivity : an exploratory international study » Review of Accounting and Finance,Vol. 6, No. 1, 2007, pp. 86-101
Conseil d’entreprises « La révolution comptable IAS/IFRS, un changement pour les conseils d’entreprises ? » édition 2003
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Christophe Thibierge « Le traitement incorporels » université Paris-Dauphine
Bernard BARDES « Investissement immatériel » entreprises, observatoire des entreprises
Anne CAZAVAN-JENY « La pertinence de l’inscription { l’actif des frais de recherche et développement » N°11 – mars 2006 – Le Bulletin de la Recherche.
Yves BERNHEIM « Frais de R&D : la difficulté de l’harmonisation comptable internationale » Les Echos n° 17177 du 27 juin 1996
Benoît LEBRUN « La capitalisation d’une immobilisation incorporelle suivant la norme IAS 38 » R.F.C 367 du juin 2004.
Xavier PAPER « Juste valeur : de nouvelles difficultés d’interprétation en vue » ECHANGES – Février 2008
Sylvie Berthelot, Réal Labelle « Pertinence de l’information financière et non financière relative à la recherche et au développement » Avril 2007
comptable
des
éléments
Direction
des
Articles de presse :
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Basma Sellami Mezghanni « Pratiques des entreprises françaises en matière de traitement comptable des frais de R&D suite à la transition aux normes IAS/IFRS » R.F.C n°414 octobre 2008.
Alan Fustec « Valorisation de l’entreprise et limites des normes IFRS » ANALYSE FINANCIERE n°25 Décembre 2007
Florent DAUBORD « IAS 38 et coûts de développement » R.F.C. n°395 Janvier 2007
Lionel Touchais , Gaëlle Lenormand « L’impact de l’IAS 38 sur le traitement des frais de développement » R.F.C n° 409 Avril 2008
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Luc Kempenich « De la difficulté d’appliquer les nouvelles normes comptables à la R&D » journal LA TRIBUNE du 1 7 novembre 2004
Gilbert GELARD « La valeur de l’entreprise dans l’économie de l’immatériel : du conformisme à la conformité » Interview menée par les étudiants du projet collectif « Tribune sciences – Po de l’économie de l’immatériel » publié le 26 juin 2007
Interview avec A. BENJELLOUN TOUIMI sur les normes IFRS parue dans l’économiste le 1er juin 2007
Interview avec A. BENJELLOUN TOUIMI sur les normes IFRS parue dans l’économiste le 11 juin 2004
Frédérique GARROUSTE « Normes IFRS : les critiques redoublent sur la juste valeur » OPTION FINANCE n°952 du 22 octobre 2007
Xavier PAPER « Première application des IFRS : actifs incorporels et fiscalité différée » OPTION FINANCE n°952 du 22 octobre 2007
Xavier PAPER « Le capital immatériel a –t-il sa place dans l’information financière » OPTION FINANCE n°775 du 8 mars 2004
Ouvrages :
« Normes Internationales d’Audit » publié par International Federation of accounts 1996
Jean Raffegeau – Pierre Dufils – Ramon Gonzalez – Frank I Ashworth « Audit et contrôle des comptes »
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« Normes IAS/IFRS ». éditions d’organisation 2004-2005 – Association nationale des Directeurs Financiers et contrôle de gestion.
Yves BERNHEIM – Mazars et Guérard « L’essentiel des US GAAP ».
Robert Obert « La pratique des normes IAS/IFRS « édition Dunod- juillet 2003
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Joelle Le Vourc’h, Hennie Van Greuning et Marius Koen « Normes comptables Internationales » Guide Pratique » édition FIDEF 2003
Jean Louis Fort : « Le projet IAS, un défi majeur pour le secteur financier » novembre 2002
Thèses:
Christophe THIBIERGE – « Contribution { l’étude des déterminants de la comptabilisation des investissements immatériels » -Décembre 2007
Ahmed ZEMZEMI – « Le choix de comptabilisation des dépenses de R&D des dépenses de R&D en France » - Novembre 2007
Yassine LOUAZZANI – « Immatériel et performances des entreprises » Juin 2004
Mémoires d’expertise comptable /France
VINGENT Régis « Recherche et développement et actifs incorporels dans l’industrie pharmaceutique – Aspects spécifiques de la mission d’audit du commissaire aux comptes » novembre 2001
Laurent BLANCHET « Frais de recherche et pharmaceutique : présentation et évaluation » mai 1999
Etude comparative du traitement comptable et de l’information relatifs aux frais de R&D dans les entreprises innovantes – le CAC face aux frais de R&D » Novembre 2000.
développement
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www.efrag.org
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www.sec.gov 168
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www.aicpa.org
www.asb.org.uk
Sites de praticiens
www.iasplus.com
www.deloitte.fr
www.kpmg.com
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www.pwcglobal.com
www.ey.com
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www.bfinance.fr
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www.anecs.org (Association Nationale et Commissaires aux comptes Stagiaires)
des
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Sites de journaux et de revues
www.grouperf.com
www.netpme.fr
www.efl.fr
www.lexinter.net
www.net-iris.fr 169
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www.leconomiste.com
www.lesechos.fr
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www.lobservateur.ma
www.lemonde.fr
www.lexpansion.com
170