PARLONS ESTONIEN
CoUection dirigée par Michel Malherbe Déjà parus: Parlons coréen, 1986, M. MALHERBE,O. TELLIER, CHOE JUNGWHA. Parlons hongrois, 1988, CAVALIEROS,M. MALHERBE. Parlons wolof, 1989, M. MALHERBE,CHEIKHSALL. Parlons roumain, 1991, G. FABRE. Parlons swahili, 1992, A. CROZON,A. POLOMACK. Parlons kinyarwanda-kirundi, 1992, E. GASARABWE. Parlons ourdou, 1993, M. ASLAMYOUSUF,M. MALHERBE.
En préparation: Parlons binnan, mongol, bengali, lapon, turc, malgache, tsigane, amharique, hébreu, letton, kabyle, indonésien, etc.
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L'Harmattan, 1993 ISBN: 2-7384-1978-X
Fanny de SIVERS
PARLONS ESTONIEN Une langue de la Baltique
Editions l'Harmattan 5-7, rue de l'Ecole Polytechnique 75005 Paris
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L'ESTONIE
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Routes
internationales
Routes
nationales
Routes
secondaires
Distances en km.
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INTRODUCTION
DE LA BALTIQUE À L'OURAL .._ ET AU-DELÀ Il Y a la mer Baltique. Il y a les Etats Baltes: Estonie, Lettonie et Lituanie. Il y a les langues baltes: le lituanien, le letton et le vieux prussien qui a disparu au XVIIe sièclc. Les linguistes les appellent aussi langues balto-slaves car leur parenté avec les langues slaves, russe et polonais par exemple, est évidente; tout comme ces dernières, elles appartiennent à la grande famille indo-européenne dans laquelle on trouve également la plupart des langues parlées en Europe occidentale, telles le français, l'anglais, l'allemand, etc. Et l'estonien? Parlé dans un "Pays Balte", au bord de la mer Baltique, on a spontanément tendance à le classer panni les "langues baltes". Or l'estonien ntest ni une langue balte, ni une langue indoeuropéenne. Il fait partie des langues flnno-ougriennes, tout comme le finnois et le hongrois, dont les origines se trouvent quelque part du côté de l'Oural. LtEurope connaît donc trois peuples finno-ougriens qui ont gardé leur langue et qui ont pu se constituer en nations. Mais en réalité, les langues finno-ougriennes sont beaucoup plus nombreuses et la plupart dtentre cnes sont encore parlées aujourd'hui. Reportez-vous au tableau, c'est impressionnant! Il semblerait que les Finnois de la Baltique - les ancêtres des Estoniens et des Finnois d'aujourd'hui - aient vécu ensemble sans trop de difficultés entre le ve siècle avant J.-C. et le xe siècle après J.-C., occupant un territoire relativement vaste qui s'étendait de la côte lettone jusqu'à Novgorod, et du lac Ladoga à la mer Blanche. Ils commerçaient déjà avant la naissance de la Russie avec les colons scandinaves - entre Peipsi et Ladoga - et participaient à leurs entreprises militaires. Le chroniqueur russe Nestor, qui les appelle les T.?'ud, les compte, avec les Varyags et les Slaves, panni les fondateurs de l'Etat russe. 9
A l'heure actuelle, le groupe des Finnois de la Baltique constitue une liste assez longue de "grandes" et de "petites" langues qui toutes ont été marquées par leur voisinage et les événements historiques qu'ils ont subis. Au nord, nous. avons les Finnois qui sont sortis d'Estonie au cours des premiers siècles de notre ère; à l'est, du côté de Narva, les Votes; à la frontière orientale de la Finlande actuelle, les Caréliens et les Ingriens ; en Estonie, les Estoniens bien entendu, et sur la côte courlandaise, en territoire letton, les restes du peuple live qui ont donné leur nom à la Livonie, une construction purement politique qui englobait la Lcttonie et une partie de l'Estonie et constituait encore au XIXe siècle une province de l'Empire russe. Il ne faut pas non plus oublier les Lapons (ou Sames) qui vivaient en Finlande avant l'arrivée des Finnois. Leur origine est aujourd'hui encore entourée de mystère mais leur langue, sans appartenir au groupe des langues finnoises de la Baltique, en est une proche parente. Ils sont tellement différents des Finnois, et pourtant. .. Allez savoi r ce qui s'est passé! En fait, on trouve des peuples flnno-ougriens un peu partout entre la mer Baltique et les monts de l'Oural, et plus loin encore, vers l'est dans les territoires de la Sibérie asiatique. Ils ont été nombreux, ils ont été influents. Pourtant ils n'ont jamais créé d'empire. Curieux, n'est-cc pas? Mais toute cohabi tation laisse des traces. Le russe, surtout dans les dialectes du nord, a été fortement influencé par le flnno-ougrien, non seulement dans le lexique mais aussi dans les constructions gralllmaticales. Les Russes, à leur tour, ont modifié les habitudes et les expressions de plusieurs peuples flnno-ougriens qui ont puisé dans le discours russe des éléments absents de leur propre langue (particules, conjonctions, etc.). Le letton porte lui aussi J'empreinte du flnno-ougrien, particulièrement du live. Au cours de l'histoire, les Lives se sont lettisés et les Lettons de sont livisés. Le résultat, sur le plan linguistique, est assez remarquable: Par exemple, le verbe live utilise tous les préfixes verbaux du letton qui semblent tout à fait adaptés à son système pourtant non indo-européen.
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LES LANGUES FINNO-OUGRIENNES *
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proto-ougrien
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zyriène vOlyak hongrois vogoul ostyak ,
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dialectes sanles actuels eston icn vote
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l Ive ingricn finnois carélien vepse
* reproduit et traduit de Valcv Uibopuu, Mcie ja meic h6imud, Eesti kirjanike koopcrativ, Lund 1984,
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Même l'allemand parlé par la noblesse balte qui croyait maîtriser à la perfection la langue de Goethe a pris quelques couleurs locales. L'estonien lui a prêté son intonation, et son système quantitatif a bien marqué le parler des seigneurs. Malgré notre sympathie pour les Lituaniens et la solidarité balte qui s'est forgée au xxesiècle, nous n'en parlerons pas. Les Lituaniens portent toujours dans leur cœur leur grand-duché médiéval et leurs regards sont tournés surtout vers la Pologne. Ils n'ont rien à voir avec le contexte flnno-ougrien. Quant aux Finnois, nos voisins du nord, séparés de l'Estonie par le golfe de Finlande, c'est un peuple frère. En effet, les Estoniens n'ont pas oublié que pendant l'occupation soviétique, seuls les Finnois eurent le courage d'apporter leur soutien moral à l'Estonie en détresse.
L'ESTONIE ET SES HABITANTS La révolution russe de 1991 a pennis à l'Estonie de récupérer son indépendance qu'elle avait perdue lors de son rattachement à l'Union Soviétique en 1940. Il est difficile de décrire un pays pris dans le tourbillon de l'histoire. Au moment où cet ouvrage voit le jour, l'Estonie est officiel1ement indépendante, mais l'armée d'occupation n'a pas encore évacué le territoire et les frontières de l'Etat semblent encore très floues. Avant la deuxième guerre mondiale, la République d'Estonie s'étendait sur une superficie de 47 549 kilomètres carrés dont les Soviétiques prélevèrent plusieurs milliers de kilomètres carrés pour les rattacher à la Russie; la superficie actuel1e est de 45 215 kilomètres carrés. Cette région frontalière lui sera-t-elle restituée un jour? Mais même amputée d'une partie de son territoire, l'Estonie est plus grande que le Danemark, la Suisse, la Belgique ou les Pays-Bas. Ene est située sur la côte orientale de la Baltique, en face d'Helsinki et de Stockholm, à quelques pas de Saint-PétersbourglLeningrad. Elle constitue un lieu stratégiquement important et, par conséquent, plein de risques pour ses habitants. Le grand tsar Pierre 1er avait dit clairement ce qu'il en pensait; 12
pour lui, j] s'agissait d'une "fenêtre sur l'Europe". Et bien entendu, il est intéressant d'occuper une bonne place à ladite fenêtre, ce qui explique les multiples convoitises dont elle a été l'objet et les malheurs subis par les populations qui sty étaient installées. On pense que les ancêtres des Estoniens et des Finnois sont arrivés dans la région de la Baltique à la fin du 3ème millénaire avant J.-C. A l'époque viking, ils étaient en contact permanent avec les autres peuples riverains de la Baltique: Scandinaves, Slaves, Lapons, etc. La Baltique constituait un merveilleux terrain d'aventures: à la fois place du marché et champ de bataille, elle pennettait de se procurer marchandises, esclaves, connaissances techniques, et d'y accomplir toutes sortes d'exploits spectaculaires à raconter à la postérité, comme 'par exemple la mise à sac de Sigtuna par les Estoniens au XIIe siècle. Le grand tournant de l'histoire des Estoniens se situe au XIIICsiècle quand les Croisés allemands (devenus plus tard les Chevaliers teutoniques) entreprirent la colonisation de la côte orientale de la Baltique. L'opération avait officiellement pour but de christianiser les populations païennes qui s'étaient pourtant déjà trouvées en contact avec les chrétiens slaves, mais en fait, il s'agissait bel et bien d'effectuer une conquête et sous les bonnes paroles se cachait une irrépressible envie de s'approprier des terres. Mais les Allemands ne furent pas les seuls envahisseurs: au cours des siècles, les Estoniens eurent affaire aux Danois; aux Suédois, aux Polonais, et bien entendu aux Russes. Les "frères baltes" de l'époque actuelle, c'est-à-dire les Lettons et les Lituaniens, n'ont jamais fait partie des envahisseurs. Il faut toutefois avouer que les Lettons ont quelquefois prêté main forte aux Allemands, particulièrement au XIIIesiècle où il leur arrivait de se battre contre les Lives et les Estoniens du Sud (de Sakala, d'Ugala, etc.) mais eux aussi ont fini par être asservis par le conquérant et, jusqu'à l'aube du xxe siècle, ils ont bel et bien partagé le sort des paysans autochtones exploités par une noblesse souvent d'origine étrangère (allemande ou scandinave), mais qui comptait quand même quelques notables indigènes assimilés depuis l'époque des Croisades. Les Lituaniens, nous l'avons signalé, avaient cu des problè13
mes à résoudre avec les Russes et les Polonais et aussi, chez eux, avec les Chevaliers Teutoniques, ce qui devait leur ôter toute envie de monter vers le nord~ Que dire des autres étapes historiques? Le XVIe siècle apporte la Réfonne qui fait basculer les Estoniens dans l'église luthérienne. Les autres confessions orthodoxes, catholiques - sont toujours restées minoritaires. Avec la colonisation suédoise, le XVIIe siècle connaît un certain "âge d'or" ; en 1632 Gustave II Adolphe crée une université à Tartu. Mais au début du XVIIIesiècle, la grande guerre nordique entre les Suédois et les Russes vide le pays de la presque totalité de ses habitants. Le XIXe siècle amène le réveil culturel et national qui sait résister à la fois à la domination de la noblesse a1lemande et à la russification entreprise par les tsars. En 1869 eut lieu le premier grand festival de chant qui aida à créer des liens entre tous les estophones. Enfin, au xxe siècle, après bien des vicissitudes, les Estoniens réussirent à secouer le joug étranger. L'indépendance de la République d'Estonie fut déclarée le 24 février 1918, événement qui fut à J'origine de la "guerre d'indépendance" (19181920) contre les Allemands d'abord, puis contre les Russes qui tentaient de mettre à profit le désordre occasionné par la première guerre mondiale pour faire main basse sur les "provinces baltes". La jeune république reçut de l'aide de la marine anglaise et d'un régiment de Finnois. La participation du Danemark et de la Suède fut plutôt symbolique. Les Allemands furent vaincus' le 23 juin 1919 et les envahisseurs russes acceptèrent de signer le Traité de Tartu (3 janvier 1920) qui devait garantir la paix entre les Estoniens et les Russes, et de payer à l'Estonie des dommages de guerre pour quinze millions de roubles-or. La république estonienne commença par promulguer une importante réforme agraire: les grandes propriétés qui avaient appartenu à la noblesse balte furent morcelées et distribuées aux paysans. Tout châtelain eut droit de garder son château avec cinquante hectares de terres et un dédommagement pour 14
les terres perdues. La vie culturelle fut encouragée par le gouvernement qui subventionna les écoles, les théâtres, les clubs sportifs, etc. Les minorités ethniques (Allemands, Russes, Juifs, etc.) se virent accorder une autonomie culturelle (une innovation pour J'époque) : ils purent organiser librement leurs activités, et les écoles furent subventionnées par l'Etat. Le pacte Molotov-Ribbentrop de 1939 mit fin à cette existence pacifique. Hitler et Staline se mirent d'accord sur le partage de l'Europe, et l'Armée Rouge put donc envahir les Pays Baltes. Les Soviétiques commencèrent par imposer à l'Estonie la présence de bases militaires, l'annexion devint effective en juin 1940. Une partie de la population fut déportée en Sibérie, plusieurs dizaines de miniers de personnes réussirent à s'enfuir et vivent aujourd'hui aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Suède. On trouve même de ces exilés en Allemagne, en Angleterre, en France et ailleurs. Pour créer les conditions favorables à une colonisation durable, Staline entreprit de "repeupler" le pays par l'envoi massif de Russes, quelquefois contre leur gré. Aujourd'hui, la plupart d'entre eux, civils ou militaires, ne semblent pas souhaiter retourner dans leur pays d'origine. Avant l'occupation soviétique, l'Estonie comptait approximativement un million d'habitants. L'invasion massive de russophones a fait 'grimper ce chiffre et on parle de nos jours d'un million et demi d'habitants, dont environ 400/0 de Russes. Le pourcentage d'étrangers a augmenté depuis 1945 de la façon suivante1: 1945 : 2,7% - 1959 : 25,4% - 1970: 31,8% - 1979 : 35,30/0- 1989 : 38,5%, dont 800/0de Russes, soit un peu plus de 40 000 personnes. Les autres groupes ethniques importants sont les Ukrainiens et les Biélorusses; viennent ensuite les "Finnois" - en fait des Ingriens qui ont fui l'occupation russe dans leur propre pays. Cette situation comporte plusieurs éléments inquiétants: issus d'un milieu culturel très différent, peu instruits mais fortement politisés, les Russes d'Estonie considèrent qu'ils ont 1 Chiffres donnés par le journal Eesti Piievaleht du 24 février 1993. 15
le droit et le devoir d'imposer leur façon de vivre au pays tout entier. Ceux qui les désapprouvent sont automatiquement classés panni les "fascistes". De plus, l'estonien utilise l'alphabet latin, ce qui constitue une hérésie pour ceux qui ne connaissent que le cyrillique.
ÇA S'ÉCRIT ... COMMENT? L'alphabet actuel se compose des lettres suivantes: a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, 1,fi, n, 0, p, r, s, S, z, z, t, u, v, 0, a, 0, Ü.. Un Français habitué aux acrobaties orthographiques telles saut, sceau, seau, sot, trouvera l'écriture estonienne d'une simplicité enfantine: à chaque lettre correspond un son, et viceversa. La réalité est, bien entendu, un peu plus nuancée mais pas de nature à troubler la compréhension essentielle. Les voyelles sont plus nombreuses qu'cn français. Pour ceux qui aiment les tableaux, voici celui des voyelles: (degré d'ouverture)
postérieures u o a
antérieures
o
ü o
i e â
Le tréma sur les voyelles attire tout de suite l'attention. Ceux qui ont fait un peu d'allemand s'y habitueront vite: ü se prononce que comme u français, 0 serait eu chez nous, mais a se réalise comme un e très ouvert; quant au u estonien, il correspond au ou de récriture française. L'élément le plus curieux, c'est la voyelle dite centrale 0, qui s'écrit avec un tilde, mais si l'on ne dispose pas de cc caractère, on peut le remplacer par l'accent circonflexe, Ô. La réalisation de cette voyel1e originale, inconnue en finnois et en hongrois n'est pas compliquée: il arrive aux bébés de la prononcer tout naturel1ernent. On commence par dire 0, et tout en continuant à dire 0, on met les lèvres en position de e. Avec quelques exercices, vous y parviendrez et vous poutTez étonner vos amis phonéticiens qui n'ont pas souvent l'occasion d'entendre une chose pareille. Mais si cela vous paraît vraiment trop difficile, 16
ne vous tracassez pas. Vous pouvez dire 0 à la place de 6, comme le font les Allemands qui essaient de parler estonien. Les mots qui contiennent réellement le son 0 ne sont pas nombreux et la compréhension n'en souffrira pas. Et surtout n'ayez aucune honte: les habitants de Saaremaa - la plus grande île estonienne - dont le dialecte n'est pas très éloigné de l'estonien commun, ne savent pas prononcer 0 ; souvent même, ils sont incapables de faire la différcnce entre les deux voyelles. Les consonnes qui figurent dans le vocabulaire de base, c'est-à-dire n'incluant pas les emprunts récents, sont relativement peu nombreuses: occlusives nasales spirante latérale vibrante semi-voyelles laryngale
k g
t d n s I r
P b m
v
j h
Elles se prononcent toutes à peu près comme en français. Le seul élément de cette liste qui pourrait déconcerter le lecteur français est lc.i qui sc réalise comme le y (i consonantique). A noter aussi que lc h initial est souvent inaudible, comme en français. A ce tableau s'ajoutent encore d'autres signes qui sont entrés dans l'alphabet avec des emprunts récents: f, S,z, z. prononcés respectivement comme f, ch, ts, j en français. Mais ricn n'empêche d'cn ajouter d'autrcs encorc. Par exemple, si vous voulez décrire votre week-end à Bordeaux ou raconter vos aventures à New York City, vous avez évidemment le droit de compléter votre alphabet par ~v,x, y, c. Un phénoIllène particulier dont i1 faut parler est ]a palatalisation2 possi bIc de l, Il, r, s, t. Cel1e-ci permet quelquefois de distinguer entre deux Inots qui s'écrivent de la même façon: 2 Le mot" palatal isation" sign ifie que la consonne en question est "colorée" par un i. 17
palk "salaire" prononcé [paYIk] signifie "poutre" ; kann "pot" (kohvikann "cafetière", teekann "théière") prononcé fkaYnYn] devient "jouet" ; kurk "gorge" ressemble dans J'écriture à [kuYrk] "concombre". La même comparaison est valable pour la particule d'interrogation kas et [k a Yss] "chat", toutefois ce dernier s'écrit avec deux s. Si, pour la compréhension, la palatalisation ne joue pas un rôle très important - ce qui explique son absence dans l'écriture - il est utile de la percevoir. Ecoutez bien quand les Estoniens vous parlent: une consonne palatalisée en fin de mot annonce en général un génitif en -i. Et cette forme est essentielle pour la déclinaison des noms. Ainsi, hull "fou" génitif hullu, mais pull "taureau" prononcé [puYI}'I]génitif pulli. Nous avons dit: une lettre vaut un son, et vice-versa. Une lettre doublée -les fameuses géminées de la grammaire - signifie donc, logiquement, que le son correspondant est plus long. Exemples: veri "sang" et veeri impératif de veerima "épeler". Ainsi, nous arrivons à parler d'un phénomène phonétique qu'on appelle "quantité" et qui a rendu l'estonien célèbre dans le monde de la linguistique. On sait que beaucoup de langues distinguent entre les brèves et les longues. L'estonien y ajoute encore un troisième degré: les ultra-longues. Mais celui-ci est négligé par l'écriture et si la brève se contente d'une seule lettre, la longue et l'ultra-longue s'expriment de la même façon, c'est-à-dire par une géminée. Il faut donc deviner la différence. Exemples: sada "cent" saada impératif de saatma "envoyer a ultra long saada 2ème infinitif de saama "obtenir viii "[roit" villi géniti f de viII (avec I palataIisé) "ampoule" I ultra long villi partitif du précédent Toutefois, cette négligence de l'écriture est excusable car l'opposition entre le deuxième et le troisième degré n'est pas trop fréquente et si le lecteur les confond quelquefois, ce n'est
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pas dramatique3.puisque certains dialectes ne les distinguent même pas. Mais une ultra longue peut être très expressive. Dans le cas des voyelles, elIc utilise une petite mélodie descendante, et avec les consonnes, elle pennet quelquefois d'extérioriser les scntimcnts du locutcur. Prenons comme exemple un juron extrêmement populaire: kurat! "diable". C'est une expression qui n'est pas très vulgaire, mais pas très distinguée non plus, et on peut l'cntendre à peu près partout. Kurat! indique que le locuteur est mécontent. S'il passe le r au deuxième degré, ce qui donne approximativement [kurratl (comparez harra "monsieur"), il est certainement furieux. S'il insiste sur la consonne intervocalique, c'est que la situation peut devenir inquiétante. Mais ricn ne vous empêche de l'essayer vous-mêmc, chez vous, sans témoin, juste pour apprendre à rouler les r à l'estonienne. L'écriture et la quantité ont donc des rapports tout à fait normaux: une lettre: un son, deux lettrcs : un son double en durée. Mais pour évitcr la monotonie, considérons le cas particulier des occlusivcs k, t, p, et g, d, b. Les dernières sont sonores dans la plupart des langues, y compris le français. Or l'estonien néglige la sonorisation: à l'initiale par exemple k et g se disent de la même façon. Pour l'écriture, évidemment, il est utile de pouvoir distinguer entre les deux consonnes, ainsi on voit tout de suite que gaas "gaz" n'est pas la même chose que kaas "couvcrcle", de même dokk "dock" et tokk "bâton", bass "basse" et pass "passeport". C'est en position intervocaliquc que les "sonorcs" g, d, b se rendent utiles. E11es distinguent notamment les consonnes brèvcs, c'est-à-dire, tandis que k, t, P symbolisent lc dcuxième degré (les longues). Et, doublant ces signes, kk, tt, pp, on aura claircment le troisième dcgré ultra long. Exemplcs :
3 Afin de pcnncttrc la distinction, ilnpossiblc avec la graphie normale, le troisième degré sera indiqué par une apostrophe (') devant le son ou le groupe de sons concerné dans les exemples et le vocabulaire. 19
lagi laki
"plafond" impératif de lakkima "venir", ou génitif de lakk "vernis" lakki partitif de lakk tigu "escargot" tiku génitif de tikk ttallumette" tikku partitif du précédent kadus 3ème pers. prétérit de kaduma "disparaître" katus "toit" kattus 3èrne pers. prétérit de kattuma "couvrir" kabi "sabot de cheval" kapi génitif de kapp "armoire" kappi partitif ou illatif de kapp Les degrés long et ultra-long apparaissent même avec les consonnes qui ne sont pas très fréquentes ou que l'on utilise surtout dans les mots d'origine étrangère. Exemples: ahi "poêle" 2ème degré tsehhi adjectif ou génitif de tsehh tchèque" 3ème degré tse'hhi partitif de tsehh . C'est justement dans le domaine de la quantité que les semivoyelles révèlent leur nature vocalique: maja prononcé [maya] "maison", iIlatif majja prononcé [maïya] "dans la maison". Le deuxième degré apparaît dans les diphtongues: maias prononcé à peu près [maïas] "goutmand". L'écriture présente donc les trois degrés de la semi-voyelle j de la façon suivante: j - i - jj. En ce qui concerne v, les parentés vocaliques sont moins évidentes. On trouve quelques rares exemples pour le 3ème degré, le plus courant est donné par kivi "pierre" dont l'illatif abrégé donne ki'vvi "dans la pierre". Bien que le deuxième degré soit facilement prononçable, il n'intervient nulle part. Mais dans certains dialectes, on remplace le u intervocalique par v, ce qui donne [kavva] pour ka ua "longtemps". Ouf! L'équilibre est rétabli: les consonnes ont toutes leurs trois degrés de quantité. Comme on le voit dans les exemples que nous venons de
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citer, la quantité a surtout un rôle grammatical: elle aide à distinguer entre les génitifs et les partitifs-illatifs. Mais si le débutant les confond,cn général le contexte aide à corriger l'erreur. Bien entendu, il y a .des groupes de voyelles, que l'on appelle "diphtongues", (on en compte 25) et des groupes de consonnes. Il ne faut pas oublier que tous les composants se prononcent. Exemple: "le mois de mai" mai est bien [maï] et non pas [mé] Les diphtongues et les groupes consonantiques aussi participent au jeu de la quantité. Mais comme il s'agit de groupes, c'est-à-dire de plusieurs sons juxtaposés qui donnent déjà de la "longueur", il est inutile d'y chercher des "brèves". Il n'y a que les 2ème et 3ème degrés. Exemples: taevas "ciel", inessif t~aevas "dans le ciel" laine "onde, vague", génitif l'aine kangas "tissu", ilJaLifka'ngas targa génitif de tark "intelligent; sage", partitif tarka A noter que dans les groupes vocaliques, c'est en général le premier composant qui porte le "poids" du 3ème degré. Mais plutôt que d'essayer de le mesurer soi-même, il est préférable d'ouvrir ses oreil1es. Les groupes consonantiques figurent en général à l'intérieur ou à la finale du mot: korsten "cheminée", vangla "prison", nahk "peau", lôplik "définitif'. Les composants d'un groupe consonantique sont au nombre de deux ou de trois. Mais exceptionnellement, i1peut y en avoir plus. Et on cite dans les manuels scolaires des merveilles phonétiques comme vintsklema "se rouler, se tordre". Après ce coup d'œi1 sur l'alphabet et les matériaux sonores de l'estonien, il convient de signaler encore que l'accent tombe en général sur la première syllabe de mot et que la mélodie est descendante. Maintenant, vous pouvez essayer de déchiffrer le journal du matin! Vous remarquerez que l'estonien utilise beaucoup de 21
voyelles; certaines langues comme l'anglais, l'allemand, le tchèque emploient dans Je parler courant 35-10% de voyelles. En français, comme en russe ou en hongrois, on en compte 42450/0 (contre 58-550/0 de consonnes). Le latin, le grec ancien, l'italien et le finnois sont encore plus "vocaliques" : leur rapport est de l'ordre de 46-51 %/54-49%. L'estonien, avec 46% de voyelles ef 54% de consonnes, appartient à ce troisième groupe. Cette richesse en voyelles explique peut-être le haut degré d'évolution du chant choral qui a rendu l'estonien célèbre dans le monde entier. Il est évidemment plus facile et plus harmonieux de chanter des voyelles que des groupes de consonnes. Le lecteur remarquera aussi que a est la voyelle la plus fréquente (33% de toutes les voyelles). Ensuite viennent e et i. Les voyelles les plus curieuses, comme fi, ü et Ô sont rclativement rares, et ne figurent qu'en première syllabe de mot. C'est comme pour ajouter un peu de piment au vocalisme de base. Les consonnes les plus fréquentes sont s et t, car elles ponent souvent des fonctions grammaticales (s représente 10% de tous les sons, et t (- d) 10,5%).
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I. LA GRAMMAIRE
A. LE NOM ET SES EXTRA V AGANCES
Pour pouvoir communiquer ses pensées et ses souhaits, il faut avant tout connaître les noms des objets et des êtres dont on veut parler. Pour les Finno-ougriens le nom est l'élément capital de la langue; il ne connaît pas de genre, et ne s'encombre pas d'articles 1. Il permet d'exprimer nombre de choses sans avoir recours au verbe qui, lui, sert essentiellement à renseigner les locuteurs sur le temps et sur les personnes concernés par l'action. Par exemple, le mot raamat "livre", peut, à lui tout seul, porter plusieurs messages qui seront complétés par la situation. On peut le traduire, selon les circonstances, par "ceci est un livre", ou "montrez-moi ce livre", ou encore "donnez-moi ce livre", ou peut-être "prenez-donc ce livre", "n'oubliez pas le livre", etc. De même pilet "ticket, billet" : "ceci est le billet", "prenez le billet", "montrez-lui (moi) le billet", "payez le billet", "le billet est tombé sous la banquette", etc. Les désinences casuelles (la langue compte officiellement quatorze cas !) suffixées au nom permettent de préciser la situation, le mouvement, etc., de sorte que l'on en arrive à pouvoir se passer du verbe, comme dans les exemples suivants: Peremees Iinnas (inessifde linn "ville") "Le patron (est!habite/travaille/... en ce moment) en ville" Kari metsa (illatifdemets"forêt") "Le troupeau (va/alla/est conduit/s'enfuit/...) dans la forêt" Cette façon de s'exprimer reste toutefois populaire, paysanne même; il est donc conseillé, si l'on veut utiliser un niveau de langage plus châtié, de faire appel au verbe pour bien préciser la nature d'une action. 1 Mais quelques fois il distingue quand même l'homme de la femme. (voirIes suffixes utilisés, p. 93 à 106). 23
Pour vous permettre d'y voir clair dans la terminologie utilisée par les grammairiens, voici la liste des "cas" de l'estonien: Nominatif le mot pour "nommer" ; on le trouve comme entrée dans les dictionnaires. Génitif forme à terminaison vocalique, très utile dans les constructions grammaticales, marque surtout une possession. Partitif cas de l'objet direct, correspond en général à l'accusatif des langues indo-européennes. Cas locaux internes: Illatif "dans, en" : indique un mouvement dirigé vers l'intérieur d'un objet. Inessif "dans, en", comme position. Elatif "de, de l'intérieur", mouvement de sortie. IIlatif Cas locaux Allatif Adessif Ablatif
~
Incssif "dans"
Elatif
externes: mouvement: "vers, à". position, situation: "à, chez, sur" mouvement à partir de quelque chose, séparation: "dett
(AdeSSif Allatif
~
~
c)
~ Ablatif
"sur"
Translatif Terminatif Essif Abessif Comitatif
indique une transformation: "en". "jusque, à la frontière de" "(étant) cornlne" "sans" "avec".
Selon la typologie traditionnel1e, - à la différence des langues indo-européennes qui sont flexionnelles - les langues finno-ougriennes sont agglutinantes, ce qui signifie qu'elles expriment leurs rapports grammaticaux par des affixes. En fait, elles sont également flexionncl1cs puisqu'cnes modifient le radical dc ccrtains mots selon un phénomène appelé alternance.
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1. Les trois formes de base: nominatif, génitif, partitif Pour commencer à pouvoir jouer avec les désinences casuelles, on commencera par trouver une fonne qui se tennine par une voyelle. En effct, si le nominatif est à finale vocalique, les choses sont rclativement simpIcs : maja "maison", iness. majas "à la maison, dans la maison". Mais si le nom se tennine par une consonne, il faut trouver la variante vocalique qui s'appelle "génitif' et se tennine toujours par -3, -e, -i ou -u : rong "train", gén. rongi, iness. rongis "dans le train". Nous arrivons ici à un point très compliqué de la grammaire estonienne. A priori, on ne peut jamais dire avec certitude quelle sera la forme d'un mot au génitif, ou au partitif. Pour maja "maison", tout comme pour vaba "libre", les trois formes sont identiques. Mais tuba "chambre" donne au génitif toa et au partitif tuba comme au nominatif; lagi "plafond" donne au génitif lae, et au partitif lage, etc. Or, le génitif et le partitif sont les deux cas les plus importants de la déclinaison. Au fur et à mesure que l'on progresse dans la conversation courante, on se rend compte des similitudes: on apprend à calquer sur un mot connu un mot inconnu mais phonétiquement semblable. Je pense qu'il est préférable de se tromper quelquefois plutôt que de s'empoisonner l'existence à essayer d'apprendre par cœur le tableau des alternances ci-après. T AIJLEAU DES ALTERNANCES* alternance
g, k
g/
"
Ig / Ij rg / rj
qualitative degré fort lugu jôgi nalg külg harg sarg
histoire fleuve faim côté taureau gardon
degré faible Joo gén. jôe gén. nülja gén. külje gén. harja gén. sar je gén.
* D'après un tableau figurant dans T. Kuldsepp et T. SeiIcnthal, Mônda Eestist, Helsinki, 1980. 25
19I 1 rg Ir hk/h sk I s b
b/v b/a Ib Il v rb I rv mb / mm
d, t, s
dia dl j Id 111 nd I nn rd / IT Id I I ndln rd Ir ht/ h set) I a sent) ln
rs(rt) I TT
26
halg solg arg kurg ôhk puhkama laisk kaskima leib tiib luba uba hatb kotbama orb varba kumb ômblema kaduma pood pada sadama pold kuld vend -kond mord kord keeld suund kaande keerd pÜ()rde leht kôht kuus kôis küüs HUis vars ors
bûche broche, agrafe timide, lâche cigogne air se reposer paresseux ordonner pain aile chambre haricot mauvais convenir orphelin génétif de lequel des 2 coudre disparaître boutique marmite tomber (pluie, ...) champ or frère suffixe coll. nasse ordre interdiction direction génitif de torsion, spire génitif de feuille estomac, ventre six corde ongle ouest tige perchoir
halo gén. sole gén. ara gén. kure gén. ohu gén. puhata 2e inf laisa gén. kasen le p. sg. leiva gén. tiiva gén. loa gén. oa gén. halva gén. kotvata gén. orvu gén. varvas orteil kumma gén. ommelda 2e in! kaon le p. sg. poe gén. paja gén. sajab 3e p. sg. poilu gén. kulla gén. venna gén. -konna gén. môrra gén. korra gén. keelu gén. suuna gén. kaane courbe keeru gén. poore tournant lehe gén. kôhu gén. kuue gén. kôie gén. küüne gén. laane gén. varre gén. ôrre gén.
alternance qualitative degréfort kk/k pp/p tt / t ff / f ~~I ~ ss I s k/g p/b t/ d kr/gr pj / bj pr I br tv / dv tj / dj tr/dr hh / hh Il/Il mm/mm nn I nn rr / rr ss / ss ks I ks ts/ts ps / ps hn I hn hl/hl hITl/ hm rm/rm aa/aa ee / ee ii / ii 00/00
uu I uu 00 / 00
visible dans l'écriture lukk serrure tappa 2e in! de tapma tuer ratta génitif de geff chef, patron tu~ fanfare poiss garçon palk salaire seep savon eit vieillc femme kokre part. de koger carassin lupja part. de lubi chaux s()pra part. de sôber ami latv sommet, cime patja part. de padi coussin, atra part. de ader charrue Invisible dans l'écriture t~ehh tchèque part. t~e'hhi* kell horloge part. ke'lIa nomm lande part. nô'mme linn ville part. IPnna narr fou part. na 'rri püss fusil part. pü'ssi oks branche part. o'ksa mets forêt part. me'tsa lüpsma traire kôhn maigre part. kô'hna mahl jus part. ma thla lehm vache part. le'hma s[)rm doigt saar** île seen champignon piim lait part. p 'iima loom anirnal part. "ooma puus hanche part. p'uusa room joie part. rt[)omu
degré faible luku gén. tapan le p. sg. ratas roue gefi gén. tu~ gén. poisi gén. palga gén. seebi gén. eide gén. kogre gén. lubja gén. sôbra gén. ladva gén. padja gén. adra gén. t~ehhi gén. kella gén. nômme gén. linna gén. narri gén. püssi gén. oksa gén. metsa gén. lüpsan le p. sg. kôhna gén. mahla gén. lehma gén. sôrme gén. saare gén. seene gén. piima gén. looma gén. puusa gén. rôômu gén.
* Nous ajoutons ici au degré fort le signe' qui n'est pas employé dans l'écriture. ** Les monosyllabes sonlloujours "degré fort". Comment faire pour les prononcer autrement?
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aa/ aa
Oô/ôô üü/ üü au/ au oe/oe ai / ai ae/ae ôe/ôe ôi/ oi
haal noor küün laul koer mais laev noel vôim
voix corde part. n' oori grange part. k'üüni chant part. l'aulu chien part. k'oera maïs navire part. l'aeva aiguille part. n'oela pouvoir part. v'ôimu
haale gén. noori gén. küüni gén. laulu gén. koera gén. maisi gén. laeva gén. nôela gén. vôimu gén.
Si cela vous amuse, ne serait-ce que pour vous détendre, au lieu de faire des mots croisés, vous pouvez toujours prendre au hasard des mots dans un texte et , à l'aide du tableau, essayer de deviner ses formes possibles, et les contrôler par la suite dans un dictionnaire. Car les dictionnaires indiquent évidemment les formes justes avec moult renvois au tableau des "mots-types". 2. IJe génitif qui "engelldre" la déclinaison Employé seul, le génitif peut indiquer la possession ou une qualité. Dans ce cas, il sc place toujours devant le nom qu'il "quali fie" : minu venna maja gênede mina "je" gênede vend "frère" (= du frère) "maison" "la maison de mon frère" kulla
(gên. de kuld uor"
r= de l'or])
varv
("couleur")
"la couleur de l'or" ou "la couleur or" N.B. On trouve aussi des expressions qui, en français, se disent au passi f : naabri ehitatud villa gênede naaber "voisin" part. de ehitama "construire" "pavillon" "La villa construite par Je voisin" On peut dire aussi: Villa 011naabri ehitatud litt. : "La villa est du voisin construiteft. Mais la grande utilité du génitif, c'est son rôle d'outil: il permet de fonner les "cas" de la déclinaison qui sont officiellement au nombre de quatorze (nominatif compris), ce qui, évidemment, effraie le débutant. En fait, c'est très simple: on prend le génitif et on y "agglutine" les terminaisons casuelles. En voici la liste: 28
- cas locaux indiquant un mouvement ou une position: internes: illatif - sse "(entrer) dans, vers" inessif -s "(étant) dans" élatif - st "(sonir) de" externes: allatif -le "(donner) à" adessif -I "à" ablatif -It "(prendre) de" - autres cas, moins fréquents: translatif -ks "(devenir, transfonner en)" tenninatif -ni "jusque" essif -na "(étant) comme" abessif -ta "sans" comitatif -ga "avec" Exemple: raamat "livre" géni tif raamatu, iIlatif raamatusse, incssif raamatus, etc. Il est à noter que les cas locaux sont essentiels pour le bon fonctionnement d'une conversation en estonien. En français les prépositions "dans", "en", etc. n'indiquent pas s'il y a mouvement ou non: "dans la semaine" peut tout aussi bien signifier "être dans une semaine" ou "entrer dans une semaine", c'est au verbe qu'il revient de préciser le mouvement. En estonien, c'est l'illatif qui joue ce rôle: l'i11atif nadalasse (nadal "semaine", gén. nadala) indique clairement qu'il y a mouvement vers l'intérieur de la semaine. Les cas locaux externes désignent en principe des mouvements à l'extérieur, à la surface d'un objet: 1. katuselt kukkus kivi "(une) pierre est tombée du toit" 2. katusest kukkus kivi katus "toit", gén.katuse, ablat. (1) katuselt, élat. (2) katusest Dans cet exemple, l'ablatif indique qu'il y a eu une pierre sur le toit, tandis que l'éJatif signifie que la pierre qui est tombée fait partie du toit; eHe en est sortie. 3. [Je problèllle de l'avoir Parmi les cas locaux externes,
il en est un qui mérite une
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attention particulière, c'est l'adessif. En estonien, il n'y a pas de verbe "avoir". Les mots modernes comme omama et evima ne s'utilisent guère dans la langue courante. On dit "est à", c'est-à-dire on + adessif (on est la 3ème pers. sg. du verbe olema "être"). minul on raha "j'ai de l'argent" (= à moi est de l'argent) lapse) on külm "l'enfant a froid" (= à J'cnfant est froid) ministril ei ole aega "lc ministre n'a pas le temps" (= au ministre n'cst pas du temps) seintel on kôrvad "les murs (ont) dcs oreilles" (= aux murs sont des oreilles) En fait, cette façon de dire les choses est assez réaliste, car aucun "avoir" ne peut être considéré comme définitif. Les choses qui sont en ma possession peuvent changer de propriétaire. Minul on raha "j'ai de l'argent", peut-être parce que minule anti "on m'(en) a donné" mais je peux le perdre, si minuit vôetakse ara "on me le soustrait". Le jeu des cas locaux externes est sous-entendu dans la formule "avoir". 4. Et le partitif? Qu'est-ce qu'on partage? Le partitif a des formes plus variées que les autres cas. Il peùt prendre pour terminaisons -t, -d, ou -da, ou quelquefois rien. Exemples: partitif génitif raamat "livre" raamatu raamatut kuu "lune, mois" kuu kuud kes "qui" kelle keda toa tuba tuba" cham bre" suvi "été" suve suve Les deux derniers exemples montrent que, formellement, le partitif peut se confondre avec le nominatif ou avec le génitif. Certains mots, comme kivi "pierre", maja "maison", ou liha "viande" ~peuvent même avoir la même forme dans les trois cas de base. Mais pourquoi le partitif? Il permet en fait de distinguer ce qui est entier de ce qui ne l'est pas. Si l'on considère que dans la vie il faut le plus souvent se contenter de .choses partagées, parcellaires, incomplètes, les conditions sont évidentes pour la 30
création d'un cas spécial. En français aussi on distingue entre "le pain" et "du pain". On dit par exemple: laual on leiba ja vôid "sur la table il y a du pain et du beurre" leib "pain", gén. leiva, part. leiba ; vôi "beurre",gén. vôi, part. vôid jaamas oH rahvast "à la gare il y avait du monde" rahvas "peuple,gens", gén. rahva, part. rahvast Si le locuteur utilise le nominatif leib "pain", v6i "beurre", et rahvas "peuple, gens", il s'agit dans le premier exemple d'un pain déterminé (que l'on vicnt d'acheter ou dc sortir du four) et du beurre que l'on a déjà vu dans la cuisine, ou ailleurs, et dans le deuxième exemple, du peuple, de la nation qui est allée par exemple manifester pour l'indépendance sur la Lauluvaljak "la Place du Chant". Nous reviendrons sur les subtilités du partitif au paragraphe 7, consacré au complément d'objet dircct, où il faut apprendre à distinguer entre l'objet total et l'objet partiel et les relations bizarres qu'ils entretiennent avec le verbc. Mais, cn tant que forme de base, le partitif intctvient dans la fOITnationdu pluriel. 5. Le pluriel Les grammairiens n'en parlent pas, car son rôle est moins régulier que celui du génitif dans la déclinaison du singulier. Mais dans la plupart des fonnes du pluriel, on reconnaît le partitif singulier. Il faut d'abord notcr que le nominatif pluricl pourrait s'ajouter à la liste dcs "cas" que nous avons énumérés au paragraphe 2. La marque est -d et il s'ajoute au génitif: raamat "livre", gén. raamatu, pl. raanlatud. A partir de là, la déclinaison devient plus complexe. Le génitif pluriel se reconnaît à la terminaison -de ou -te qui s'ajoute souvent à la fannc partitivale et pcut donc "absorber" le -t ou -d du partiti f là où il existe,:
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génitif partitif sing. linn "ville" Uooa li'ona plur. linoad Ii'nnade sing. laps "enfantlt lapse last plur. lapsed taste sing. aken "fenêtre" akna akent plur. aknad akende sing. kasÎ, "main" kae katt plur. kaed kate sing. kapsas "chou" kapsa kapsast plur. kapsad kapsaste Mais on ne peut pas en faire une règle générale; ainsi: génitif partitif sing. ~eri "mer" ~ere ~erd plur. mered ~erede ~eresid De même: sing. süda "cœur" südame südant plur. südamed südamete südameid etc. Lorsqu'on a trouvé la bonne formule pour le génitif pluriel, le ~ystème des cas fonctionne comme pour le singulier selon les schémas génitif + tenninaison casuelle comme on l'a vu plus haut. Le parti ti f plu riel util ise la term inai son -s id ou -id qui s'adapte bien à la fonnc du génitif ou du partitif: génitif partitif sing. kh1nas "gant" kinda kinnast plur. kindad kinnaste kindaid V()O v()od sing. voô "ceinture" vo()sid plur. v()()d voüde sing. magi "montagne" n1ae mage plur. ~aed magede magesid On peut y rencontrer aussi une tenninaison vocalique:
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sing. silm "œil" plur. silmad sing. oun "pomme" plur. ounad
génitif silma silmade ouna ounte
parti tif si'lma silmi 'ouna ounu
6. Raccourcir, si possible Comme on le voit, le partitif pluriel permet de jouer avec plusieurs terminaisons: maja "maison" donnerait nonnalement. majasid (ou encore majasi en parler dialectal), mais on dira plutôt maju. Et l'on dit toujours linnu « linn "ville"), metsi « mets "forêt"), korvu « korv "oreille", sonu « sona "mot,
parole"), pilte
«
pi It "image, photo"), au lieu de linnasid,
metsasid, kôrvasid, sônasid, piltisid: c'est plus court, et moins fatigant. De toute façon, il y a des mots dqnt on ne peut pas comprimer la longueur. Andrus Saareste cite le syntagme kaheksandikkudelegi "même aux huitièmes" qui se compose de huit syllabes. Heureusement, les monstres de ce genre sont extrêmement rares, et en général l'estonien donne au locuteur la possibilité de parler vite et bien, sans les longueurs du finnois par exemple. Comme le partitif est un cas très fréquent, il n'est pas étonnant de constater la richesses de ses fonnes brèves. L'exemple du partitif est suivi par l'illatif qui se forme en principe selon le schéma génitif + -sse. Pour éviter cette finale chuintante, on utilise dans les mots les plus fréquents une forme brève à déclinaison vocalique qui rejoint le plus souvent le parti tif: lahme )j'nna "allons à la ville, en ville, dans la ville" (au lieu de linnasse) ara kuku vette, jokke "ne tombe pas dans l'eau, dans la rivière" (vesi "eau", gén. vee, part. vett ; jôgi "rivière",gén. joe, part. jôge) valas veini kl'aasi "il versa le vin dans le verre" (klaas "verre", gén. kl'aasi, part. kl'aasi) ma istutan tulbid aeda "je plante les tulipes dans le jardin" (aed "jardin",gén. aia, part. aeda)
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On peut aussi classer panni ces fonnes "raccourcies" les illatifs en -de: keelde (keel "langue",gén. keele, part. keelt) aarde (a3r "bord, lisière", gén. a3re, part. 33rt), etc. Quelquefois on redouble la lettre, ce qui donne du dyna-
misme au mouvement illatif :
'
laev vajus merre "le bateau s'enfonça dans la mer" (meri "mer",gén. mere, part. merd) vôôras tuti tallu "l'étranger arriva dans la fenne" (talu "ferme",nom. = gén. = part.) lapsed tuppa "(les) enfants, rentrez (dans la chambre)" (tuba "chambrc,maison", gén. toa, part. tuba) ei anna katte "ne laisse pas attraper (ne donne pas dans la main)" (kasi "main", gén. kae, part. katt) Ici se situe aussi la variante du pluriel que les grammairiens appellent le "pluriel en i" et qui fait concurrence au "pluriel en de" . On a vu que les fonnes en -de se constituent très régulièrement en partant du génitif pluriel. Pour quelques mots on peut former cc "pluriel en i", marqué par i, e ou u ct basé sur le partitif pluriel (si cclui-ci ne se tennine pas en -sid). Ainsi "dans les pensées profondes" peut se dire tout à fait régulièrement: (sügav "profond", gén. plur. sügavate ; sügavates môtetes mote "pensée", gén. plur. môtete). Mais comme les parUtifs pluriels correspondants sont sügavaid môtteid, on peut dire à l'incssif sügavais môtteis. Ouf! On a quand même gagné deux syllabes! Ce pluriel double permet aussi de jouer avec des nuances sémantiques. Ainsi, l'adessif pluriel jalgadel (jalg "pied",gén. plur. jalgade, part. pluT.jalgu) peut signi(er "aux pieds, aux jambes, sur les pieds", tandis que "le pluriel en i" - qui dans ce cas donné
est un u - jalul, se traduit par "debout, sur pied". Pour voir clair dans le réseau de relations entre les différents cas, on peut se référer au schéma suivant:
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Relation entre les fonnes
Nom.
singulier ratas "r~
Géni.
ratta
Part.
ra tast
Illat.
rattasse
---+ratastesse ou rattaisse
Iness
rattas
---+ratastes
ou rattais
Elat.
rattast
---+ ratastes
ou rattaist
"de la roue"
etc. 7. l.Jejalneux
pluriel rattad "roues" rataste
"des roues"
rattaid
etc.
objet direct
Pour règler son compte au partitif, il faut parler tout de suite du "complément d'objet direct" qui constitue l'un des chapitres les plus compliqués et les plus amusants de la grammaire estonienne. Le lecteur habitué aux grammaires indo-européennes et soucieux de respecter J'accusatif qui existe dans toutes les langues, peut se demander où est passé ce dernier. En étudiant l'objet direct, il le découvrira, coupé en morceaux et partagé entre le nominatif, le génitif et le partiti(2. On distingue d'abord entre l'objet total et l'objet partiel. L'objet total utilise le nominatif et le génitif, et l'objet partiel se met au parti ti f.
L'objet total au nominatif, traduit un ordre. Si un douanier vous dit :"vos papiers!", en estonien ce sera: paberid ! (paber "papier",gén. paberi). 2 Historiquement, l'accusatif se confond avec le génitif. 35
On utilise donc le nominatif avec l'impératif et dans des expressions qui ressemblent à des ordres, et aussi avec le passif impersonnel du verbe. sooge üks oun "mangez une pomme" palun aken lahti teha "je (vous) prie d'ouvrir la fenêtre" (= je prie (la) fenêtre ouverte faire) külalised viiakse hotelli "(en) visiteurs, on (les) conduit à l'hôtel" Curieusement, un objet total au pluriel se met au nominatif: ta lopetas ôpingud kevadel "il finit (ses) études au printemps" Dans la plupart des expressions de totalité, le locuteur emploie le génitif: objet total objet partiel 1. ma soon ühe ôuna (gén.) 2. ma so()n üht 'ôuna (part.) "je mange une pomme" "je mange une pomme" Dans l'exemple 1. je mange une pomme entière, ou j'ai l'intention de la manger entièrement. L'exemple 2 laisse entendre que je suis en train de manger une pomme, une bouchée après l'autre, et il n'est pas du tout sûr que j'aille jusqu'au bout de cette action; je laisserai peut-être quelques restes. De même, on pourrait passer à la distinction entre défini et indéfini dans des phrases comme: 1. ta ostis leiva (gén.) "il acheta (le) pain" . (qu'il avait vu dans la vitrine du
boulanger)
2. ta ostis leiba (part.) "il acheta du pain" (du lait, du café, ...) Ici, on pourrait parler de la distinction entre le défini et l'indéfini. Quand il s'agit d'un objet matériel que l'on peut diviser, couper en morceaux, mesurer, peser, etc., la distinction entre l'objet total et l'objet partiel ne devrait pas causer de malentendus. La situation se complique quand la totalité bu la partialité est suggérée seulement par le verbe, la partialité étant souvent l'expression d'une durée, d'une succession, d'une suite sans fin ou prévisible. On dirait par exemple: me tunneme prantslasi (part. plur.) "nous connaissons (les) Français" 36
Evidemment, on peut philosopher sur les limites de la connaissance et prétendre qu'il serait impossible de savoir tout sur un peuple. Avec une opinion si modeste, on pourrait éventuellement justifier ici l'emploi du partitif. Mais que dire d'une formule d'importance internationale comme: "je t'aime", qui se traduit en estonien par: ma armastan sind (= je aime toi) (sina "toi", gén. sinu, part. sind). et où "toi" est au partitif? Faut-il en conclure que l'on n'aime personne dans sa totalité, avec toutes ses qualités mais aussi avec ses défauts, et que l'on préfère s'attacher à un aspect particulièrement plaisant de la personne? Mais si ce n'était pas le partitif, que pourrait-on choisir pour le remplacer? Le génitif, cas de la totalité? Mais, le génitif, dans ce contexte, prend des connotations trop catégoriques, trop définitives, marquant une issue, une usure, une solution finale qui rendrait le verbe "aimer" plutôt destructeur. On dit ta paastab sinu (gén.) "il te sauve", mais aussi ta tapab sinu "il te tue", ta ajab sinu auku "il te démolit" (= il pousse toi dans le trou), etc. Quelle fonne d'amour faudrait-il imaginer pour justifier ici l'emploi du génitif? Quelquefois on peut se casser la tête pour voir la différence entre l'objet total et l'objet partie1. Pour dire que "l'imprimerie a remarqué l'erreur", on peut trouver des traductions avec le génitif et le partitif: trükikoda markas vea ou viga (viga "faute,erreur", gén. Yea,part. viga) Saurez-vous expliquer la différence? Rien n'est moins évident. Et cette subtilité explique que beaucoup de gens qui parlent couramment l'estonien hésitent entre le génitif et le partitif. Et on constate que, en cas de doute, c'est le partitif qui a la préférence. Avec la négation, le partitif devient quelque peu envahissant: palun aken lahti teha "je (vous) prie d'ouvrir la fenêtre" (objet total au nominatif)
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devient à la fonne négative: ara tee akent lahti "n'ouvre pas la fenêtre" (aken "fenêtre",part. akent) Il s'introduit même dans des expressions de la langue courante où il n'a appreminent rien à faire: peremees ei ole kodus "le patron n'est pas à la maison" peut se dire aussi peremeest (part.) ei ole kodus. Avec les noms propres, c'est encore plus étonnant: Hilda ei ole kodus "Hi1da n'est pas à la maison" ou Hildat (part.) ei ole kodus. Il faut ici ouvrir une parenthèse pour le "sujet total" et le "sujet partie]". Cette distinction s'avère moins intéressante et moins utile dans le parler courant. Ene intéresse surtout les linguistes passionnés par les analyses grammaticales. Sujet total vihm ei lope "la pluie ne cesse pas" Sujet partiel vihn13 hakkab sadama "i] commence à pleuvoir" (= de la pluie commence à tomber). Sujet total kaupnlehed tulid kokku "les commerçants se réunirent" (= venaient ensemble) Sujet partiel kauplnehi tuli kokku "des commerçants se réunirent" Il est intéressant de noter ici que le sujet partiel exige le verbe au singulier: tuli 3e pers. sing. prét. de tulema "venir". 8. Le numéral: s'agit-il d'un adjectif? Puisque le mot "adjectif" fait son apparition, précisons tout de suite que l'estonien ne fait que peu de di ffércnce entre "substantif' et "adjectif'. Tout nom qui se trouve en position d'épithète, c'est-à-dire devant l'autre nom qu'il complète ou détermine, peut être considéré à priori comme "adjectif'. Hus naine "(une) belle femme" joodik mees "un homme qui boit" (= ivrogne homme) koer poiss "un garçon insolent, qui fait des bêtises" (= chien garçon)
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Le numéral s'utilisc tout seul pour... énumérer. génitif partitif ühe üht I. üks kahe kaht 2 kaks kolm kolme ko'lme 3 nelja ne "ja 4 neli viie viit viis 5 kuus kuue kuut 6 seitsme seitset 7 seitse kaheksa kaheksa kaheksat 8 üheksa üheksat 9 üheksa 10 kümme kümne kümmet Il üksteist (kümmend)* ühtteistkümmend üheteistkümne 12 kaksteist etc. kolm te ist etc. 13 kakskümnlend 20 etc. kolmkümmend etc. 30 saja 100 sada sada kahesaja kakssada kahtsada 200 tuhat tuhande tuhat ou tuhandet 1 000. 2000 kakstuhat miljoni m iljonit 1 000 000 rniljon 2 000 000 kaks miljonit * (Lill."un de la seconde dizaine")
Employé seul, le numéral se comporte comme un nom ordinaire :il se décline nonnalement, il peut même se mettre au pluriel, au moins au nominatif. Mais il est évident que dans le parler de tous les jours, on ne s'embarrasse pas avec les fonnes du pluricl qui sont rares.et plus ou moins inutilcs. Si le numéral doit indiquer un nombre d'êtres ou d'objets, il est suivi d'un nom qui désigne ces êtres ou ces objets au partitif (encore lui! et au singulier en plus!) : üks ho bu ne seisab taltis "un cheval se tient dans l'écurie" kaks hobust traavib maanteel "deux chevaux (= deux du cheval) trotte(nt) sur la grande route" kohn hobust soÜb heinu "trois chevaux (= trois du cheval) mange(nt) du foin (= des foins)", etc. On est tenté de penser que hobune "cheval" désigne ici un être collectif dont on voit deux exemplaires trotter sur la route
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et trois en train de brouter l'herbe. Tout le monde sait que deux ou trois chevaux sont plus nombreux qu'un seul cheval, mais formellement, on ne trouve ici aucun indice de pluralité. Le locuteur est donc tout à fait logique, s'il met le verbe à la troisième personne du singulier: le partitif hobust n'est qu'un complément du nominatif singulier kaks "deux", kolm "trois", etc. Mais les rapports entre le numéral et le nom au partitif qui se place après lui changcnt avec la déc1inaison. On a vu que les tenninaisons casuelles ne peuvent s'attacher qu'au génitif. Etant donné que kaks "deux", kolm, "trois", etc., se déclinent normalement, il n'y a pas dc problème pour eux, mais que faire du partitif hobust par exemple qui ne se décline pas? Et bien, on le mct au génitif. Et les deux composantes du syntagme kaks hobust "deux chevaux" fonctionnent exactement comme valge hohune "cheval blanc" (= blanc cheval) gén. kahe hobuse valge hobuse part. kaht hobust valget hobust illat. kahte hobusesse valgesse hobusesse etc. Le numéral se comporte ici comme une simple épithète. Et on voit à nouveau la position à part du nominatif qui a déjà attiré l'attcntion sur la formation du pluriel. Il s'agit de la forme la plus fréquente du nom, qui constitue, dans le parler courant, plus d'un ticrs de tous les "cas" utilisés. Si les numéraux cardinaux posent des problèmes de classification, les ordinaux ont, eux, un comportement tout à fait adjectival. Leur formation cst simpIc : 1er esimene esimese esim est 2ème,
.
t "elne "autre 3ème kolmas 4ème neljas 10ème kümme l1ème üheteistkümnes 12ème kaheteistkümnes looème sajas
40
teise kolmanda neljanda kümnenda üheteistkümnenda kaheteistkümnenda sajanda
teist kolmandat neljandat, etc. kümnendat üheteistkümnendat kaheteistkümnendat sajandat
Pour parler des fraclions, il suffit de connaître les ordinaux. Evidemment pool, gén. poole, part. poolt "moitié, demi", fait bande à part. Mais pour les autres, on prend le génitif du "troisième", "quatrième", "cinquième", "dixième", etc., et on y ajoute la tenninaison-ik : kolmanda, gén. de kolmas "troisième" "un tiers" > kolmandik gén. u, part -ku tt neljanda, gén. de neljas "quatrième "un quart" > neljandik gén. u, part -ku viienda, gén. de viies "cinquième" "un cinquième" > viiendik gén. u, part -ku kümnenda, gén. de kümnes "dixième" "un dixième" > kümnendik gén. u, part -ku 9. Le pronom persollnel et possessif Le pronom personnel apparaît sous deux formes: une variante longue et une variante brève: sing. 1. mina ma "moi, je" 2. sina sa "toi, tu" 3. tema ta "il, elle, lui" plur. 1. meie me "nous" 2. teie te "vous" 3. nemad nad "ils, enes" La variante brève est en général non accentuée et s'utilise le plus souvent avec le verbe: mina tulen "je viens; c'est moi qui viens; moi je viens" ma tulen "je viens" Les pronoms se déclinent comme tous les noms. Le génitif remplace le pronom ou l'adjectif possessif du françai s : sing. 1. minu ou mu "de moi, le mien, à moi" 2. sinu ou su "de toi, le tien, à toi" 3. tema ou ta "de lui, d'elle, le sicn, à lui, à ellc" plur. 1. meie ou me "de nous, le nôtrc, à nous" 2. teie ou te "de vous, le vôtrc, à vous" 3.nende "d'eux, le leur, à eux"
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A noter que la 3e pers. plurieI.utilise ici une forme du démonstratif see "ce, ceci" (voir p. 41). La forme brève est, elIe aussi, non accentuée. Comparez minu silmad et mu .sil111ad"mes yeux". Le partitif ne connaft qu'une seule fonne : sing. 1. mind plur. 1.meid 2. sind 2. teid 3. teda 3. neid (part. pluriel de see "ce, ceci") Ces pronoms peuvent en principe sc combiner avec toutes les terminaisons casuc1Jcs. Mais, en fait, la variante brève est seulement possible au singuner. Prenons comme exemple 1'adessif, célèbrc ct apprécié pour sa fonction d'exprimer la notion d'''avoir'' : sing. 1. minu) on ou mul on "j'ai" 2. sinul on ou sul on "tu as" 3. tema) on ou talon "il, clIc a" plur. 1. mei) on "nous avons" 2. teil on "vous avez" 3. neil on "ils, clIcs ont" Après ccci, la variantc brèvc peut être oubliée, car cHe ne se combine pas avec toutes lcs tenninaisons casuelIes. Le pluricl sc conforme au comportement du partitif qui n'admet pas la fOfIT.1C brève. Il prcnd donc pour base les fonnes meie "nous", teie "vous". Etant donné quc la 3ème pers. pluriel coïncidc, en dehors de la forme nominale, avec le pluriel du démonstratif see "cc", nous le verrons plus loin. Panni les formes du pluriel, il suffit de noter les cas locaux: illa1. meisse / teisse "cn nous / cn vous" (mouvement) iness. meis / teis "cn nous / en vous" (position) élat. meist / teist "dc nous / dc vous" allat. meile / teile "à nous / à vous" adess. mei) / teil "à nous, chcz nous / à vous, chez vous" abla1. meilt / teilt "dc nous, de chez nous / de vous, de chez vous" La troisième pcrsonne a donc des licns dc parenté avec le pronom démonstrati f, et les "vraies" pcrsonnes sont donc "moi" et "toi", "nous" ct "vous".
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10. Le pronom démonstratif:
"eux" et "ces gens-là"
Le pronom démonstratif see "ce, ceci, celui-ci, celle-ci", etc. est incontoum,able. Il nous est utile déjà pour poser deux questions essentielles: mis see on? "qu'est-ce que c'est? (= quoi ceci est) kes see on? "qui est-cc? (= qui ceci est ?) Ce pronom sc décline de la façon suivante: gén. selle "de ceci, de celui-ci" part. seda "ceci, cclui-ci" illat. sellesse (ou sesse) iness. selles (ou ses) élat. sellest (ou sest) allat. sellele adess. sellel (ou sel) etc. A notcr que l'adessi f dispose d'une variante brève qui est utiHsée fréquemment, tandis que les autres formes préfèrent la formule longue. Le pluricl est need "ceux, ceux (cel1es)-ci, ceux (cellcs)-là, "ces gens-là", à distinguer de nemad, 3ème pers. pluriel du pronom personnel "ils, e11cs". A partir du génitif, le pronom personnel sc confond avec le démonstratif: gén. nende "d'eux, d'eUes, leur, à eux, à el1es, de ceux (celles), de ceux-là, de ces gens-là", etc. part. neid Les cas locaux sc construisent à partir du génitif nende ou avec le partitif neid dans lequel on reconnait la variante -i- du pluriel: il1at. nendesse ou neisse iness. nendes ou neis élat. nendest ou neist al1at. nendele ou neile adcss. nendel ou neil ablat. nendelt ou neilt Les autres fonncs sc contentent d'une seule expression: nende + tenninaison casuelIc.
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See est une petit mot bien pratique qui se glisse quelquefois dans des endroits où l'on pourrait employer l'article, s'il existait. De ce fait, on le rencontre fréquemment dans la conversation des étrangers qui parlent estonien en pensant à leur système indo-européen. Par exemple, pour dire "où est la gare ?", on peut entendre: kus onjaam? (= où est gare ?) ou kus on see jaam ? (= où est cette gare ?) Pour distinguer entre "celui-ci" et "celui-Iàtt ou "ceci" et ttcela", les milieux cultivés utilisent pour le second tenne le mot too (gén. tolle, part. toda, pluriel nood). C'est un vieil élément ouralien, courant en finnois, mais assez rare dans la conversation courante estonienne. Il. Le "soi-même" personnel et possessif Pour dire "moi-même", "toi-même", etc., on ajoute au pronom personnelle pronom réfléchi ise : mina ise "moi-même" meie ise "nous-mêmes", etc. Comme on le voit, ise n'a pas de pluriel. Tout se complique, comme toujours, à partir de la "déclinaison", qui utilise une racine différente: singulier pluriel nom. ise ise gén. endi ou eneste enda ou enese part. endid end ou ennast iliat. endasse ou enesesse endis ou enestes etc. En principe, ise renforce le pronom personnel: mina ise tean, mida ma teen "moi-même (je) sais (ce) que je fais" see on teie enda asi "c'est votre affaire à vous" Au nominatif on peut séparer le pronom personnel et ise : tema ise organiseerib koosoleku "(c'est) lui-même qui organisera la réunion" tal pole meid vaja, ta organiseerib ise "il n'a pas besoin de nous, i1(l')organiscra tout seul" 44
Le pronom réfléchi ise se rend utile au moment où l'on oublie le pronom que l'on voudrait employer: il peut le remplacer (bien entendu, l'élément pronominal est déjà contenu dans le verbe.) : ise naed "tu le vois (toi- )même" minge, vaadake, siis otsustate ise "allez(-y), regardez, ensuite vous déciderez (vous- )même" A partir du génitif, ise peut aussi se renforcer lui-même: sa oled enda eest vastutav "tu es responsable ou - iseenda eest de toi-même" En parlant du génitif de ise, il faut ouvrir une parenthèse pour un élément adjectival particulièrement fréquent: orna (une seule fonne pour les trois cas de base) qui indique la possession: orna rnaja "la maison qui vous (à moi, à toi, etc.) appartient" Les puristes prétendent que orna s'attache au nom et enda au verbe, mais dans le parler courant, les distinctions ne sont pas tout à fait nettes. On peut entendre indifféremment: ma ostan endale (ou orna le) kasuka "je m'achète un manteau de fourrure" see on teie enda (ou teie orna) probleem "c'est un problème qui ne concerne que vous" 12. Qui et quoi? Ces interrogatifs s'emploient surtout au singulier, c'est-àdire qu'on peut les combiner avec des mots au singulier et au pluriel: nom. kes "qui" mis "que, quoi" gén. kelle "de qui" mille "de quoi, dont" part. keda "qui" mida "quoi" illat. kellesse "dans, en qui" millesse "dans, en quoi" iness. kelles "où, en qui" milles "où, en quoi" etc. Exemples: kes tuIeb ? mis tuleb ? "qui vient 7" "qu'est-ce qui va arriver 7" keda te ootate ? mida te ootate ? "qui attendez-vous ?" "qu'attendez-vous ?" 45
Utilisés comme pronoms relatifs, kes et mis s'arrangent bien sans le pluriel: see kes tuleb ja need kes lühevad "celui qui arrive et ceux qui partent" hüatsint, mis kasvab potis, ja krookused, mis maha istutati "(la) jacinthe qui pousse dans (un) pot, et les crocus que l'on a plantés en terre" Mis semble être bien plus dynamique que kes. Dans le parler courant, il est très fréquent, et comme tous les éléments utilisés très souvent il a tendance à se réduire à une seule forme, celle du nominatif. mis jaam see on ? "qu'est-cc que c'est (comme) gare? mis jaamas (ou kus jaamas) te maha lühete ? "dans quelle gare (= où dans gare) descendez-vous 'l" mis asjus ? "pour quelle affaire ?" (iness. plur. de asi "affaire") nlis uudist ? "quoi de neuf?" (part. de uudis "nouvelle") Ici se situe aussi une notion essentielle teHe que misparast "pourquoi", à comparer avec l'expression kelle (gén. de kes) parast "pour qui, à cause de qui ?" Selon le contexte, mis peut signifier aussi bien "quoi, comment" que "n'est-cc pas, à quoi bon ?", etc. C'est un petit mot souple, alerte et coloré! 13. Quelqu'un, quelque chose, ou rien Keegi "quelqu'un" est apparenté à kes "qui". Cc lien se voit à partir du génitif: gén. kellegi, part. kedagi, etc. keegi seisab ukse taga "quelqu'un sc tient derrière la porte" kedagi ei ole kodllS "il n'y a personne à la maison" De même, miski "quelque chose" se décline selon le schéma de mis "que, quoi" : gén. 111illegi,part. midagi, etc. Tallinnas on midagi lahti "à Tal1inn, il se passe quelque chose" millegiparast ei saa nla sellest jlltust aru "pour une raison quelconque je ne cOInprends pas cette histoire" tema ei saa millestki aru "il ne comprend rien" On voit que la négation annule le côté positif de ces mots:
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keegi "quelqu'un" devient "personne", et miski "quelque chose" se transforme en "rien". 14. I-Jespronoms qui "comptabilisent" Panni les pronoms dits indéfinis, on trouve une série de petits mots qui permettent de comptabiliser le vécu. Il y a d'abord l'objet ou l'être isolé que l'on voit: iga "chaque", igaüks "chacun". Ensuite, deux objets: kumb "lequel des deux? "üks ja teine "l'un et l'autre" donnent ensemble môlemad "tous deux". Ensuite, on peut compter3 et, finalement, on trouve moni "quelque, quelqu'un", plur. moned "certains, quelques-uns", mitu "plusieurs", palj u "beaucoup", et enfin la totalité: kogu, terve "entier, total", kôik "tout, tous". - iga "chaque" (même forme pour les nominatif, génitif, partitif) se comporte comme un nom que l'on utilise uniquement en position adjectivale: iga paev "chaque jour" igal rahval on1a kon1bed "à chaque peuple ses (propres) trad iti ans"
- igaüks "chacun" est un composé - seule la dernière partie se décline: igaühel (adessif) on ôigus elada "chacun (= tout le monde) a le droit de vivrc" -
kun1b "lequel des deux" (gén. kumma, part. kumba) n'a évidemment pas de pluriel, mais il se fait remarquer par une combinaison avec emb-, terme qui ne signifie ricn par luimême. Ensemble cela donne emb-kumb "l'un ou l'autre" (gén. emma-kulnma, part. emba-kumba, iness. emmaskummas, etc. C'est amusant à entendre, mais peu utile dans la conversation courante.
- môlemad "les deux" (gén. n1olemaid, illa1. môlematesse ou n1ôlemaisse, etc..) Avec la négation, n1ôlell1ad est remplacé par kumbki, gén. kummagi, part. kumbagi : ma votan molenlad "je prends les deux" ma ei vôta kumbagi "je n'(en)prends aucun" 3 Voir p. 38, paragr. 8 consacré au numéral. 47
- moni "quelque, quelqu'un", gén. mone, part. mond, illat. monesse, etc. Le pluriel est moned "quelques-uns, certains" et il ne s'utilise en général qu'au nominatif. - mitu, gén. mitme, part. mitut "plusieurs" et palju (nom. = gén. = part.) "beaucoup", se comportent comme les numéros cardinaux. Mitu se combine avec le partitif: mitu asja (part. de asi) ja mitu muret (part. de mure) "plusieurs affaires et plusieurs soucis A partir du génitif, mitu se décline comme un adjectif épithète: laksime sinna Jl1itnle nlehega "nous y al1ions plusieurs (= avec plusieurs hommes) palju s'emploie surtout au nominatif: palju rahvast "beaucoup de monde" (= beaucoup de peuple) - kogu "tout, entier, tota], ensemble", est un mot commode, car il ne se décline pas. Il ne s'emploie qu'avec les mots au singulier. kogu paev "toute la journée" kogu paevaks (translati f) "pour toute la journée" Ce tenne peut se remplacer par terve, gén. te'rve, part. tervet "entier" qui se décline nonnalement : terve paev "toute la journée" terveks paevaks "pour toute la journée - kôik "tout, tous", gén. kôige, part. kôike, pluriel: kôik, gén. koikide ou koigi, part. k6iki kôik ühe eest, üks kôigi eest "tous pour un, un pour tous" kôigil oH hea rueel "tout le monde s'est réjoui It (= à tous il y avait bonne humeur) Tout ce que l'on ne veut ou ne peut pas "comptabiliser" se classe sous le tenne muu "autre, différent, séparé", gén. muu, part. muud. En fait c'est un nom que l'on peut utiliser le plus souvent en pasi tion d'épi thète : muu jutt mind ei huvita "tout autre discours ne m'intéresse pas"
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15. Les pronoms réciproques: en tête-à-tête et en public Les uns et les autres? Ce n'est pas si simple. Il faut savoir qui sont les uns et qui sont les autres... Comme le Français, l'Estonien peut dire, et dit souvent: üks ja teine "l'un et l'autre", au pluriel ühed ja teised "les uns et les autres"ou plutôt "les uns et les seconds" teine étant adjectif numéral ordinal. Au "réfléchi" il n'y a pas de pluriel: "aimez-vous les uns les autres" serait donc armastage üksteist "aimez-vous (l')un (l')autre" (part.). Dans ce cas, il faut qu'il y ait trois personnes ou plus. Quand cette recommandation s'adresse seulement à deux personnes (amis, époux, etc.), on dit teineteist "(l')autre (l')autre" (part.). Les formes réOexives du verbe qui emploient en français le petit mot "se" peuvent poser des problèmes à la traduction. Ainsi par exemple "se connaître" : ma tunnen ennast "je me connais" nad tunnevad ennast "ils se connaissent" (s'ils ont une connaissance d'eux-mêmes) nad tunnevad üksteist (par exemple klubi liikmed "les membres du club" qui se connaissent entre eux) nad tunnevad teineteist (il s'agit de deux personnes) J6. Liesprolloms plutôt" adjectifs Il Les grammaires énumèrent parmi les pronoms indéfinis qui sont plutôt des adjectifs pronominaux ou des composés que l'on pourrait classer ailleurs. Mais, étant donné leur utilité et leur fréquence dans le parler courant, il est indispensable de les connaître le plus rapidement possible. Parmi ces mots, notons les termes suivants qui se traduisent tous "tel, de telle sorte, de cc genre". selline, gén. sellise, part. sellist saarane,gén. saarase,part.saarast seesugune, gén. seesuguse, part. seesugust (composé de see "ceci" et sugu "espèce, sorte")
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niisugune, gén. niisuguse, part. niisugust (composé de nii, "ainsi,de cette façon" et sugu "espèce,genre"). A cette liste, on peut ajouter encore sarna (une fonne pour les trois cas de base) "le même" et sarnasugune, gén. sarnasuguse, part. sarnasugust (composé de sarna et de sugu) "du même genre, pareil" . 17. Les postpositions qui bougent En français, on utilise beaucoup de prépositions. En estonien, on les traduit par des postpositions; au lieu de dire "devant la maison" ou "derrière la maison", on inverse les éléments: "de la maison devant" maja ees et "de la maison derrière" rnaja taga. L'originalité de J'estonien, c'est de pouvoir décliner ces postpositions. Presque toutes peuvent employer des cas locaux: un inessif ou un adessif pour indiquer une situation, et deux cas de mouvement: illatif - al1atif ou élatif - ablatif. Voici les plus indispensables (iness. i11at.élat.) : - ees, ette, eest "devant" maja ees on aed "devant la maison il y a (un) jardin" kôneleja astub publiku ette "l'orateur se met devant le public" mine akna eest ara "ôte-toi (de) devant la fenêtre" - taga, taha, tagant "derrière" maja taga algab mets "derrière la maison commence la forêt" ta vaatas ukse taha "i] regarda derrière la porte" selja tagant "de derrière le dos" - peal, peale, pealt "sur" laua peal on lina "sur la table il y a (une) nappe konn hüppas kivi peale "la grenouille sauta sur la pierre" ahju pealt kuuldus haali "(de) sur la poële on entendit des voix" N.B.: Dans de nombreuxcas, un adessif tout seul peut suffire: laua peal ou simplementpavai, kivi peale ou kivile, etc. - ail, alla, aIt "sous" kass istub laua ail "le chat est assis sous la table" koer puges voodi alla "le chien se glisse sous le lit" ukse aIt puhub tuul "de dessous la porte soufOc le vent" 50
kôrval, kôrvale, kôrvalt "à côté de"
-
te istute minu kôrval "vous êtes assis à côté de moi" leiva kôrvale on vaja vôid "pour compléter le pain (= à côté du pain) on a besoin de beurre" tüdruk tuli poisi kôrvalt ara "la fille quitta le garçontt (la fine s'éloigne de la position à côté du garçon)
juures, juurde, juurest "chez"
-
tô()line kais direktori juures kaebamas
plaindre auprès du directeur"
"l'ouvrier ana se
.
selle kasuka juurde sobivad elegantsed saapad "à ce manteau de fourrrure vont bien des bottes élégantes" vôôrastemaja juurest viib tee bussipeatuseni "le chemin va de l'auberge à l'arrêt de l'autobus"
- küljes,
külge, küljest "à, attaché à" ukse küljes oH ninlekaart "sur la porte, il avait (une) carte de visi te" kleebi see ukse külge "colle ceci à la porte" vooder tuli mantli küljest lahti "la doublure se détacha du manteau"
- sees, sisse, seest "dans, à l'intérieur" kasti sees krabiseb nlidagi "quelque chose crépite à l'intérieur de la caisse" pane supi sisse soola "ajoute au potage un peu de sel (= mets dans le potage du sel) ôuna seest ronis valja uss "de la pomme sortit un ver (= de l'intérieur de la pomme il sortit (un) ver) -
keskel, keskele, keskelt "au mi1ieude" kesknadal on nadala keskel "(le) mercredi est au milieu de la semaine" saali keskele pandi orkester "au mi1ieu de la sane, on installai t l'orchestre" 1I1IS111aanteehiheb linna keskelt labi "la nouvcllc autoroute traverse le centre de la ville" (= passe au mi1ieu de la vi11e)
- kaes, katte, kaest "en possession de" kelle kaes on pabrid? "qui détient les papiers ?" külaline jai vihlna katte "(le) visiteur s'est fait attraper par la pluie" (= dans la main de la pluie)
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tema kaest ei saa midagi katte "il ne rend rien" (= de sa main on ne peut ricn rattraper) - vahel, vahele, vahelt "entre" tunnistus on teiste paberite vahel "le certificat est entre les autres papiers" bussipilet jüi raamatu vahele "le ticket d'autobus est resté entre (les pages) du livre" prao vahelt paistab valgus "de l'interstice (fissure) on
aperçoit (de la) lumière"
.
18. IJespostpositions adverbes et l'homme qui a des racines Ces postpositions s'ajoutent donc au nom qui doit se mettre au génitif comme pour recevoir les terminaisons casuelles. Mais on peut les utiliser aussi seules, comme adverbe. ees on udu "devant il yale brouillard" kas kôik on seal? "est-ce que tout le monde est là ?" (dessus, en voiture, dans le car, etc.) astuge sisse "entrez" (= venez dedans) joodik tuli kallale "l'ivrogne attaqua" (= vint sur moi, toi, vous, etc.) haigus hakkas külge "(j'ai) attrapé la maladie" (= ]a maladie se fit attachée) On rcmarquera que la plupart de ces propositions sc sont construites sur des substantifs que l'on trouve dans le lexique, mais qui changent ici de sens. La plupart utilisent dcs parties du corps, et si l'on prend les postpositions "corporelles" pour en reconstruire le corps humain, on obtient une figure assez curieuse. En fait, la "racine" ne remplace pas le "pied" mais elle a une signification profonde. Elle est solidement plantée dans la terre, et elle rappelle aussi que l'arbre dans la mythologie finnoougrienne est un être anill1é et souvent sacré. La combinaison entre les noms et les postpositions qui utilisent le même élément peut donner naissance à des expressions assez amusantes. pea peale kukkunud "tombé sur la tête" hamba juure juures "à la racine de la dent"
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pea "tête" (peal, "sur")
korv "oreille" korval "à côté" .
~------. ,;I'
/' "
~:'Si
"main"
kaes "en possesion de"
....,
..... '....
'~ külg "côté" külJes "attaché à"
juur "racine't j uures "chez" 19. Les postpositions non déclinables - parast "pour, à cause de" kôik sinu parast "tout (cela) à cause de toi"
- paraIt
"à la disposition de" kogu maailm on meie paraIt "le monde entier est à notre di spa s i ti on"
- kaudu "par, à travcrs" Tallinna saab Helsinki kandu "on peut aller à Tallinn par Hclsinki" - jaoks "pour" teie jaoks on kaks piletit "pour vous il y a deux billets" - eest "à cause de, pour la valeur de" raha eest saab kôike "pour de J'argent on peut tout obtenir" tema tÜÜtab künlne ruehe eest "il fait le travail de dix hommes"
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Une mention spéciale est méritée par la postposition saadik que l'on utilise avec l'élatif :
- pôlvist
saadik (p6lv "genou) "à partir des genoux, jusqu'aux genoux" C'est l'autre version du terminatif -ni. En constatant que l'on est dans l'eau "jusqu'aux genoux", il Y a deux façons de voir la situation: 1. l'eau est montée d'en bas et arrive jusqu'aux genoux, et dans ce cas c'est le tenninatif p()lvini, 2. l'eau est aux genoux, et il importe peu de savoir si cHe remplit l'espace entre les genoux et le sol: pôlvist saadik "à partir des genoux". Cet exemple montre bien que les situations bien banales et quotidiennes peuvent être interprétées de façons di fférentcs. 20. Quelques prépositions, quand nlême ! Il convient encore de notcr une fonne quclque peu gênante pour celui qui apprend, et qui crée parfois la confusion: peale, qui ressemble à la postposition spaciale "sur". Cc mot s'emploie avec le génitif et le partitif, mais le sens obtenu est très différent : - avec le génitif, peale signifie "sauf" : peale koka ei ole restoranis kedagi "en dehors du cuisinier il n'y a personne dans le restaurant" peale raamatute 011ka heliphlate "en plus des livres, il y a aussi des disques" - peale et parast avec le partitif "après" : peale tüôd lahme teatrisse "après le travaiJ, nous allons au théâtre" peale surma ou parast surma "après la mort" 21. Une postposition-adverbe à conlplications Commençons par le substanti f pool, gén. poole, part. poolt "moitié". Il se décline normalement et se comporte comme un numéral: pool + parti li r pool ôuna "la moitié d'une poITIITIe" pool teed "la moi lié du lrajet", et ensuite dans les autres cas, désinences communes avec le complément:
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poolest kilost (élat.) ei jatku "un demi kilo ne suffit pas" (= de demi kilo ne suffit) Or, pool fournit aussi une postposition à trois cas qui dans certaines expressions peut se confondre avec la "moitié". Pool, poole, poolt qui dé~igne une distance par rapport aux êtres et aux choses. sOprade pool "chez des amis" ülikooli pool "du côté de l'université" ta vaatas sinu poole "il regarda vers toi" hakkame kodu poole minelna "mettons-nous en route pour rentrer" (= commençons (à) aller en direction de la maison) siHa poolt kuuldus kisa "du côté du pont on entendit des cris" juhatuse poolt on ôhtusÜÜk "de la part de la direction il y a un dîner" minu poolt on pudel viina "moi j'apporte une bouteille d'eau de vie" On peut imaginer que pool "moitié", qui donne un allatif poolele et un ablati f poolelt, s'est ici contracté pour former une postposition bien utile et riche en nuances. Il en reste quand même une équivoque fonnelle. Seule la forme ablative peut fonctionner comme adverbe:
poolt "pour, en faveur de"
.
enamus haaletab denl0kraatia pour la démocratie" kas sina oled poolt vôi vastu?
poolt "la majorité vote "es-tu pour ou contre ?"
22. l..,esadverbes seulenzellt adverbes Ici on trouve d'abord les" adverbes
de lieu" à trois "cas" :
inessi f, allati f, élati f - ab1 ati f :
- siin, siia, siit
"ici" oodake siin "attendez ici" tulge siia "venez ici" minge siit ara "allez-vous en"
- seal, sinna, sealt "là" seal antakse tôôd "là on donne du travai1"
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sinna on neli kilomeetrit "jusque là, il Ya quatre kilomètres" sealt tuleb abi "de là vient du secours - mujal, mujale, mujalt "ailleurs" mujal on alati parem "(c'est) ailleurs (que tout) est toujours meilleur" minge mujale "allez ailleurs" kuskilt mujalt "de quelque part ailleurs" - üleval, üles, ülevalt "en haut" on ta juba üleval ? "est-il déjà debout ?" otsi üles ! "cherche (et) trouve (-le)" ! ma arkasin üles kell kaks "je me suis réveillé à deux heures" ta tuleb trepist üles "il monte (= vient) l'escalier" (= de l'escalier en haut)
ülevalt kukkus tolmu
et
d'en haut, il tomba de la poussière"
- koos,
kokku, koost "ensemble" rahvas oH koos "les gens étaient réunis (= ensemble)" homme saame kokku "demain nous nous réunirons, rencontrerons (= devenons ensemble) laguneb koost "se défait"
- kaasas,
-
kaasa "avec" pakid on kaasas "les bagages (= paquets) sont avec" tule kaasa "viens avec (nous)" eemal, eemale, eemalt "éloigné, à distance" ma seisan eemal "je me tiens à distance" hoidke eemale "tenez-vous à distance" eemalt paistab valgust "de loin, on voit de la lumière"
- vâljas,
vâlja, vüljast "dehors" vâljas on külm "dehors il fait froid" valja! "dehors, va-t-en !" valjast tulles "en rentrant" (= venant du dehors)
23. Un verbe-adverbe passe-partout Dans le chapitre suivant, nous étudierons le verbe avec sa négation ei et l'interdiction ara qui se conjugue. Ce mot apparaît dans toutes les langues finnoises de la Baltique, mais aussi en lapon, en vogoul, en ostyak et ailleurs! Le même mot est 56
particulièrement courant comme adverbe et signifie rejet, éloignement, fin, suppression, etc. peremees on ara "le patron est absent" etendus jaab ara "la représentation a été annulée" (= reste nulle, absente) teab kôik asjad ara "(il) connait toutes choses... définitivement, fondamentalement" Dans le parler courant, cet adverbe s'ajoute à toute expression qui veut signifier quelque chose de définitif: ta laks ara koju "il s'en alla (tout à fait, sans avoir envie de revenir) à la maison" vanamees suri "le vieil homme mourut", ou suri ara "mourut tout à fait, sans retour possible" ôpi eesti keel ara "apprends l'estonien (de sorte que nous puissions le parler vraiment)" Employé seul, ara! peut remplacer des phrases entières. Il peut signifier, selon les situations, "ôte-toi de là !" ; "enlevezmoi ça"; "ça, je le jette", etc. Avec le verbe de négation ara, on réussit à former des phrases intéressantes, comme celles-ci: ara anna ara "ne (le) donne, ne le lâche pas définitivement" ara mine ara! "ne pars pas" (ne vas pas ara, reste encore avec nous, etc.) arakiri lüks ara "la copie (la lettre, le texte copié) est partie, portée à la poste, transmise à un messager", etc. 24. Et l'adjectif? Et la comparaison? Nous avons déjà vu qu'un "adjectif' est un nom qui se place devant un autre nom pour le qualifier. L"'adjectif' peut donc être considéré plutôt comme une fonction. 1. hea inimene "(un) homme bon" 2. püüame heaga "essayons avec la bonté, la gentillesse" Dans l'exemple 1. la position de hea "bon" est celle d'une épithète; dans l'exemple 2. hea est substantif, bien que le "vrai" substantif soit ici headus "bonté". (bien entendu, rien n'empêche de dire headusega).
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En général, les épithètes se déclinent nonnalerncnt, sauf les participes, et les noms propres, ou les qualificatifs considérés comme "noms propres". odav reis"voyage à bon marché" gén. odava reisi, part. odavat reisi, etc. mai s : rôhutud rahvas "(un) peuple opprimé" gén. rôhutud rahva, part. rfihutud rahvast, etc. prantsuse kirjandus "(la) littérature française" gén. prantsuse kirjanduse, palt. prantsuse kirjandust, etc. La comparaison est tout à fait possible et relativement simpIe: on ajoute à une terminaison vocalique -m. En général, on prend la forme du génitif + -m. génitif comparatif tugev "fort" tugeva tugevam "plus fort" Hus "beau" ilusa ilusam "plus beau" kuulus "célèbre" kuulsa kuulsam "plus célèbre" turne" foncé, obscur" tumeda tumedam "plus foncé, plus obscur" Certains mots aux racines en -a et u transforment ces voyelles en -e. kôva "dur" kova kôvem "plus dur" vana, "vieux, âgé" vana vanem "plus âgé" soe "chaud" sooja soojem "plus chaud" Dans les expressions qui comportent des mots sémantiquement plus substantifs que adjectifs, on peut comparer avec l'aide de rohkem ou enam "plus, davantage" : joodik mees "homme qui boit" (= ivrogne homme) ta on veel joodikum "il est encore plus ivrogne" ou veel rohkem joodik. De même, notre exemple koer poiss "garçon insolent (= chien garçon) donnerait au comparatif koerem "encore plus insolent, plus aboyant comme un chien". Pour comparer deux êtres ou deux objets, on sc sert de la particule kui "que", comme en français. Lôvi un suurem kui kass "Le lion est plus grand que le chat" Elna paistab noorenl kui tütar "La mère paraît plus jeune que la finc"
-
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On peut exprimer la même chose avec un élatif : LôvÎ on kassist (élat. de kass) suurem = lion est de chat plus grand Erna paistab tütrest (élat. de tütar) noorem = mère est de fille plus jeune Une comparaison adverbiale utilise également kui : Lennuk lendab kôrgemal kui Hnd "l'avion vole plus haut que l'oiseau" Le superlatif littéraire, peu usité, se construit sur le partitif plurie1. Exe. : ilus "beau", part. plur. ilusaid, super. ilusaim" le plus beau". Mais une telle construction n'est pas toujours possible, et de toute façon, on peut s'en passer. Dans le parler courant, on forme le superlatif avec kôige, gén. de kôik "tout, tous" et le comparatif; "le plus beau" sc dit donc: kôige ilusam (= "de tout/tous plus beau "). Pourquoi compliquer l'expression quand elle peut être claire avec peu de moyens? Les exceptions sont toujours inévitables, mais heureusement peu nombreuses. Il faut apprendre seulement: hea "bon", camp. parel11 palju "beaucoup, nombreux" compo rohkem enam "plus, plus nombreux, davantage".
B. LE VERI~E : DISCR~:l~ MAIS EFFICACE
Le verbe se distingue du nom par son "comportement" : il exprime l'action dans le temps et comporte des suffixes pronominaux, ce qui pennet de mieux identifier l'acteur. Dans les dictionnaires, il se présente en tant qu'infinitif I (avec la tcnninaison -ma). 1. lA conjugaison avec le pronom-enveloppe La conjugaison connaît trois personnes, comme en français. En principe, le pronom enveloppe le verbe: on a d'abord le pronom personnel et, à la fin du verbe, un suffixe pronominal. Prenons par exemple elama "vivre, habiter".
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mina / ma elan "je vis / habite" sina / sa elag, "tu vis / habites" tema / ta elall "iVellevit / habite" meie / me ela~ "nousvivons / habitons" teie / te elaœ "vous vivez / habitez" nemad / nad elam "ils/ellesvivent / habitent" Le suffixe est plus important que le pronom indépendant. On dira: mina elan Pariisis ou elan Pariisis "je vis à Paris" Dans cet exemple, on peut supprimer le pronom mina, mais certainementpas la tetminaison -n de la 1èrepersonne. 2. Le réel contre le non-réel Les terminaisons pronominales s'imposent donc lorsqu'il s'agit d'une action qui a vraiment lieu ou d'un état qui existe réellement. La négation ei détruit toute cette bclle construction.Les tenninaisons tombent et le verbe reste nu : mina / ma
siDa/ sa tema / ta
ei ela I
meie / me teie / te nemad / -nad I
ei ela
"je ne vis pas" "Nous ne vivons pas" "tu ne vis pas", etc. "YOUSne vivez pas", etc. C'est bien logique: puisque l'action n'a pas de fondement réel, il est inutile de se fatiguer à trouver la tenninaison qui conviendrai t. 3. Le temps sans lefutur Cet esprit réaliste du locuteur s'exprime également dans l'organisation du temps verbal. Les fonnes que nous venons de yoir au 9 1 tr~duisent le présent. Il n'y a pas de fonne spéciale pour le futur. Et pourquoi compliquer les choses? Occuponsnous d'abord, et surtout, du moment présent; pour ce qui vient, ou est à venir, on trouvera toujours une solution pour se tirer d'affaire! . On utilise donc le présent aussi pour le futur: ma kirjutan saadikube "j'écris à l'ambassadeur" 60
.
signifie que je suis en train de rédiger cette lettre ou que j'ai J'intention de le faire tout de suite, ou peut-être un peu plus tard, et s'il convient de préciser que je le ferai "demain", j'ajouterai homme, ou "l'année prochaine" tuleval aastal. Les expressions adverbiales sont assez riches pour remplacer cette catégorie verbale. 4. Le passé sails éqllivoque Ce qui s'est passé dans le passé, s'exprime par le prétérit reconnaissable à -si-/-i- placé avant la tenninaison pronominale, quand elle existe: mina / ma elasin "je vivais / vécus / ai vécu" sina / sa elasid "tu vivais / vécus / a vécu" te ma / ta elas "il/elle vivait / vécut / a vécu" meie / me elasime "nous vivions / vécûmes / avons vécu" teie / te elasite "vous viviez / vécûtes / avez vécu" nemad / nad elasid "ils/elles vivaient / vécurent / ont vécu" Comme on le voit, la 3ème pers. prend ses distances par rapport à la 1ère et à la 2ème. Il en va de même pour le prétérit en -i. Le verbe tulema "venir" se conjuguera comme suit: Présent tulen "je viens" tuled "tu viens" tuleb "il/elle vient" etc. Prétérit tulin "je venais / vins / suis venu" tulid "tu venais, vins, es venu(e)" tuli "il/elle venait / vint / est ven u(e)" tulime "nous venions / vînmes / sommes venu(e)s" tulite "vous veniez / vîntes / êtes venu(e/s/es)" tulid "ils/elles venaient / vinrent / sont venu(e)s" La négation, là encore, supprime les distinctions pronominales. Mais ce qui est curieux, c'est que le verbe se met au participe en -nud : elanud "ayant vécu", tulnud "étant venu", ... Ici, .tout comme dans le présent, il n'y a qu'une seule forme pour toutes les personnes, au singulier comme au pluriel: ei elanud "je, tu, ...nous ne vivionspas/ ne vécûmespas / n'avons pas vécu"
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ei tulnud
"je, tu, ... nous ... ne venions pas / ne vînmes pas / ne sommes pas venus" Il est intéressant de savoir que la fonnc ei "no-n,non pas, ne ..." est la 3ème pers. sing. d'un ancien verbe de négation qui fonctionne d'ailleurs toujours en finnois. 5. Etre et ne pas être Lorsqu'on exp1ique le verbe estonien à un étranger désireux d'apprendre cette langue, il ~st utile, souhaitable même, d'interrompre l'énumération des temps, des modes et des fonnes pour attirer son attention sur le verbe olema "être" qui, en raison de son utilisation extrêmement fréquente, dépasse tous les verbes contenus dans un vocabulaire de base. Si l'on doit tout oublier, que l'on garde au moins en mémoire on "est, existe, cst disponible, etc.." et ei ole "non, cela ne l'est pas, il n'yen pas pas, etc." Ce verbe est tout à fait régulier, exception faite de ce petit on à la 3èrne personne du singu1icr et du plurie1. Présent nlina / Ina olen "je suis" sina / sa oled "tu cs" tema / ta on "iI/el1e est" meie / me oleme "nous sommes" teie / te olete "vous êtes" nemad / nad on "ils/cnes sont" Prétérit mina / ma olin "j'étais" sina / sa olid "tu étais" tema / ta oli "il/cHe était" meie / me olime "nous étions" teie / te olite "vous éticz" nemad / nad olid "ils/elles étaient" Avec la négation, nous aurons, comme pour tous les autres verbes, seulement deux formes: Présent ei ole Prétérit ei olmud C'est très simple, n'est-cc pas? La "popularité" de 0 n découle surtout de son utilisation pour remplacer notre verbe
"avoir" dont nous avons déjà parlé au chapitre I <9 3. à propos des cas locaux). Rappelons que 1'adcssif + on. indique la possession. Si je vous demande: kas teil on korter ? "avez-vous un 62
appartement?" (êtes-vous logé ?), vous pouvez répondre, selon les circonstances: on "oui, j'ai un appartement" (= est) ou ei ole "non, je n'en ai pas" ou "je n'cn ai pas encore" (= n'est pas). Voilà qui simplifie la conversation. 6. Vœux et souhaits au "conditionnel" "ah! je voudrais ..." ma tahaksin! La marque du conditionnel est -ksi- ou -ks- à laquelle s'ajoute la désinence pronominale. En voici un exemple avec tahtma "vouloir" : ma taha]illn "je voudrais sa taha]illd "tu voudrais" ta tahaks "il voudrait" me tahak5.ime "nous voudrions" te tahak5.ite "vous voudricz" nad tahaksid "ils voudraient" Le vrai conditionnel, avec kui "si" emploie le même schéma dans les deux parties de l'expression: kui ma teaksin, siis Ina ütleksin "si je (le) savais, alors je (le) dirais" Mais dans la plupart des cas, le "conditionnel" exprime une intention, un souhait, un vœu pieux qui ne se réaliscra probablement jamais. Et là, nous tombons à nouveau dans le domaine du non-réel où le locuteur ne ticnt plus à donner le "détai},' pronominal étant donné que l'action est non existantc, tout comme dans la négation. En estonien parlé il est donc courant de supprimer les désinences pronominales, ce qui donne pour toutes les personnes, au singulier et au pluriel, une fonne unique:
1. ma - Ine 2. sa- te 3. ta"" nad et pour la négation: 1.ma ,.., nle 2. sa,.., te 3. ta"" nad
}
}
tahaks
ei tahaks
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Pour exprimer le passé, on fait appel au participe en -nud et au verbe olema "être" : ma oleksin tahtnud "j'aurais voulu sa oleksid tahtnud "tu aurais voulu" ta oleks tahtnud "il aurait voulu" me oleksime tahtnud "nous aurions voulu" te oleksite tahtnud "vous auriez voulu" nad oleksid tahtnud "ils auraient voulu" ou simplement oleks tahtnud pour tout le monde. La littérature, qui n'admet pas facilement les tournures de la langue parlée, a introduit tout récemment une nouvelle forme pour le prétérit du conditionnel qui, avec ses deux composants, parait vraiment très lourde. On a supprimé oleks et on ajoute au participe les désinences nécessaires. Bien entendu, pour réussir cette opération, il faut d'abord enlever le d fina1. La tenninaison vocalique rend possible toutes les suffixations: ma tahtnuksin "je voudrais sa tahtnuksid "tu voudrais" ta tahtnuks "il voudrait" me tahtnuksime unous voudrions" te tahtnuksite "vous voudriez" nad tahtnuksid "ils voudraient" Ici, on a vraiment envie de supprimer les désinences pronominales, ... si les puristes le pennettent
-
7. Le participe en -nud, bon à tout faire Le participe en -nud sert d'abord de fonne verbale. Sans lui, il n'y aurait pas de prétérit complet: il est indispensable pour exprimer la négation, comme nous l'avons vu au 9 4. Exemples: ma kirjutasin ma ei kirjutanud "j'écrivais / écrivis / ai écrit" "je n'écrivais pas / n'écrivis pas ma tegin ma ei teinud "je faisais / je fis / j'ai fait" "je ne faisais pas / ne fis pas / n'ai pas fail" ma saabun ma ei saabunud arrivais / arrivai "je n'arrivais.pas / n'arrivai pas "j' / suis arrivé(e)" / ne suis pas arrivé(e)" 64
Comme on le voit, le suffixe -nud s'attache au radical du verbe qui peut subir quelques modifications dues à la fameuse alternance (v. tableau, chap. I). Selon les grammairiens, ce participe se forme le plus souvent selon l'infinitif en -da / -ta: elada "vivre" elanud hakata "commencer" hakanud oodata "attendre" oodanud Son caractère verba} se manifeste aussi dans des expressions du parler courant où l'on peut le définir comme "prétérit de l'im-. pératif', fonnulc qui signi fie un ordre ou un conseil qui aurait dû s'appliquer dans le passé: Nüüd sa kahjatsed orna )ollust, vaadanud siis ette "Maintenant tufi regrettes ta bêtise, (mais) alors tu aurais dû
faire attention
Une autre utilisation verbale curieuse du partiçipc en nud se trouve dans les récits populaires où se participe se présente comme un prétérit au discours indirect (voir ~ 12, p. 71-72) : Eit ütles, et tallainud rahakott koige rahaga kaduma (lainud participe de minema "aller" = aller dans la perte) "La vieil1e dit qu'elle aurait perdu son porte-monnaie avec tout son argent" Mais du fait que ces utilisations du participe en -nud ne figurent pas dans les graml11airesnonnatives, vous avez le droit de les oublier. Par contre, il nous faut nous arrêter un moment sur les "temps composés". Les grammaires, conditionnées par le système indo-européen, expliquent que le prétérit utilise trois temps: le passé simple kirjutas "(il) écrivait I écrivit" le parfait on kirjutanud "(il) a écrit" le plus-que-parfait oH kirjutanud "(il) avait écrit" En fait, on peut se passer de cette classification plutôt compliquée. La forme simple du prétérit telle que nous J'avons au 9 4 suffit largement à expliquer une action passée. Mais que dire des autres? Le verbe olema "être" suivi du participe en -nud exprime moins un "temps" qu'un état ou une qualification: ta on kirjutanud raanlatu "i} a écrit (un, le) livre"
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signifie plutôt qu'il s'agit d'une personne "ayant écrit" un livre. Avec le verbe olem.a "être", le participe en -nud peut être comparé à des fonnes nominales qui apparaissent dans le même contexte. Exemples: laps on hasti maganud (magama "donnir") "l'enfant a bien donni" laps on vasinud (vasima "se fatiguer") "l'enfant est fatigué" laps on haige "l'enfant est malade" Les formes citées peuvent également figurer en position d'épithète, devant le nom à quaHfier : hâsti maganud laps "l'enfant qui a bien dormi" (= ayant bien dormi) vasinud laps "l'enfant fatigué" haige laps "l'enfant malade" Ici, le participe commence à ressembler de plus en plus à une fonne nominalc. Et si vous voulez en faire un vrai nom qui puisse aussi se décliner, ricn ne vous cn empêche. Il suffira d'enlever le -d final pour obtenir la terminaison vocalique indispensable au bon fonctionnement du système de déclinaison: kes on kukkul!lW (kukkuma "tomber) "qui est tombé ?" kukkuilll tousis üles "celui-qui-était-tombé s'est levé" môôdamineja ulates kukkun.u.l.e.(-le al1atif) kae "le passant tendit la main à la personne qui était tombée" Par conséquent, le participe en -nud peut se transformer en un substantif en -nu: Nom. et Gén. kukkunu "cclui qui est tombé" Part kukkunul Illat kukkunu~ Iness. kukkunu~ etc. La forme la plus amusante dans le cas donné est le nominatif pluriel: kukkunud.. Les fanatiques de l'analyse grammaticale pourront disserter longuement sur cette expression pour savoir s'il s'agit du participe en -nud ou du pluriel d'un dérivé en -nu.
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8. L'impératif, un mode qui se singularise par la négation Du fait que nous avons déjà nommé l'impératif~ il est peutêtre temps de parler de ce mode. D'une façon générale, i1 expri-
me un ordre ou une prière qui s'adresse à l'interlocuteur. Au singu1ier~ on emploie Je verbe nu, auquel on ajoute -ge - -ke pour fonner le pluriel (évidemment, l'alternance complique un peu les choses!) : tulema "venir" tulge "vencz" tule "viens" joonistama "dessiner" joonista "dessinc" joonistage "dessinez" andma "donner" anna Udonne" andke "donnez" ostma "acheter" osta "achète" ostke "achetcz" Ici, la négation ne supprime rien. Au contraire, elle se met elle-même à se conjuguer: afa tule "ne vicns pas" arge tulge "ne vencz pas" ara Joonista ne dessine pas" arge joonistagge "ne dcssinez pas" ara anna ne donne pas" arge andke "ne donnez pas" ara osta "n'achète pas" arge ostke "n'achetez pas" La 2èrne personne est indispensable dans la conversation courantc. Mais on utilise aussi la 3ème personne en -gu / -ku : tulgu "qu'il vienne" tulgu "qu'ils viennent" afgU tulgu "qu'il ne vienne pas" argu tulgu "qu'ils ne viennent pas" andku "qu'il donne" andku "qu'ils donnent" argu andku "qu'il ne donne pas" argu andku "qu'ils ne donnent pas" La 1ère pers. plur. -gem / -kern se rencontre surtout dans les textes poétiques; ]e parler courant emploie ici la fonne du présent: 67
vaatame (vaatama "regarder") "regardons, allons regarder" au lieu de vaadakem Une mention spéciale revient au verbe minema "aller" qui fait tout pour être aussi irrégulier que son équivalent français. On a au présent ma lühen "je vais", au prétérit ma laksin "j'allais", le participe en -nud donne lüinud, mais à l'impératif, c'est l'infinitif qui se manifeste: mine "va" minge "allez" ara mine "ne vas pas" ürge minge "n'allcz pas" ] Pour la ère pers. plur. on a la choix entre mingem, réservé à la prose officielle, et lahnle au lieu de la fonne du présent me laheme "nous allons". A noter aussi la fonne populaire pour la négation de la 1ère pcrs. plur. : argem qui devient arme,
comme dans argem mingen
,..,
arme lahme4
9. Le "ça" du verbe Quand "il plcut", la grammaire française utilise le terme verbe impersonnel ("il" étant un sujet apparent). En estonien, on peut utiliser la 3ème pers. sing. pour exprimer de nombreux phénomènes dont on ne peut, ou ne veut pas préciser le sujet. Mais dans ce cas, on n'emploiera pas le pronom. "Il pleut" se dira donc sajab, 3ème pers. sing. de sadama "tomber" (tout comme en français populaire on dirait "ça tombe". Et pour savoir ce qui tombe - car il yale choix - on précisera: sajab vihma "il pleut (= ça tombe de la pluie)" sajab lund "il ncige (= ça tombe de la neige)" sajab rahet "il grêle" sajab tuld ja t6rva "ça jette du feu et de la poix" Dans les textes littéraires, on peut touver des passages entiers où sensations et émotions sont exprimées par des verbes à la 3ème pers. sing. que l'on e~t obligé de traduire à l'aide de "ça" ou une forme nominale (exemple: Arvo Magi, Hiiiitegu "La bonne action", dans El lasta elada, Lund, 1956).
4 La négation ara joue un rÔle adverbial important (voir p. 55 ~ 22). 68
10. Le passif-impersonnel
tout à fait actif
Le pronom "on" n'existe pas en estonien: les pronoms sont personnels ou ne sont pas. Toutefois les situations présentent partout des analogies, et il faut bien désigner un action, même si on n'en connaît pas l'auteur. Dans ce cas, le verbe prend une fonne non personnelle en -akse / -dakse / -takse. La grammaire lui donne comme fonne de base le participe en -tud (voir 9 suivant), mais en fait, on a a priori quelques difficultés à deviner quel suffixe employer avec un verbe donné. Exemples: viiakse (viima "conduire, porter") lehm viiakse turule "on conduit la vache au marché" tehakse (tegema "faire") seal tehakse tô()d "là, on travaille" (= on fait du travail) saadakse (saama "obtenir, recevoir, devenir") kauba eest saadakse raha "pour la marchandise, on reçoit de l'argent" palutakse (paluma "prier") teid palutakse lounale "on vous invite à déjeûner" kôneldakse (kônelema "parler") instituudis koneldakse rootsi keelt "à l'institut, on parle la langue suédoise" antakse (andnla "donnerH) siin antakse informatsiooni "ici, on donne des renseignements" minnakse (minema "allerH) kell kümme minnakse magama "à dix heures, on va se coucher (= dormir)" Que se passe-t-il avec la négation ei ? Nous avons vu dans les paragraphes précédents que la négation supprime les désinences pronominales et qu'il ne reste qu'une forme unique pour toutes les personnes. Or, ici il n'y a qu'une seule forme que la négation ne peut que raccourcir. EUe enlève -kse que l'on peut considérer par analogie comme une désinence pronominale correspondant à "on" en français. Le suffixe -kse tombe mais le -d / -t du passi f reste:
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ei viida "on ne transporte pas" ei tehta "on ne fait pas" ei saada "on n'obtient pas ei paluta "on ne prie pastt ei kônelda "on ne parle pas" ei anta "on ne donne pas" ei minda "on ne va pas" La fOnTIedu prétérit se reconnaît au suffixe -di I-ti qui remplace -akse /-dakse /-takse. On y retrouve le signe du prétérit -i-, et le -d / -t que l'on identifie comme une marque du passif. viidi (viima "conduire, porter") vang viidi Siberisse "le prisonnier fut transporté en Sibérie" tehti (tegema "faire") aruanne tehti kahe paevaga "le compte rendu fut fait en deux jours" saadi (saama "obtcnir, recevoir, devenir") katkust saadi lahti "on se débarrassa de la peste" paluti (paluma "prier") paluti Jumalat "on priait Dieu" kôneldi (kônelema "parler") kôneldi kôigest "on parlait de tout" anti (andma "donner") konsulaadis anti viisa kohe "au consulat, on donne le visa tout de suite" mindi (minema "aUerH) mindi teist teed Hon(y) alIa par (un) autre chemin" 11. IJe participe:
passif et... négatif !
Le moment est venu de parler du participe en -tud qui ressemble au participe en -nud que nous avons vu en 7. et qui peut fonctionner et comme épithète et comme forme négative du verbe impersonnel. Le suffixe -tud stajoute à la racine verbale qui n'est pas toujours tout à fait pareil1e à celle que nous avons vue à propos de la formation du participe en -Dud-.Exemples: elama "vivreu elawW, ela1wl mais tegema "faire" teiDJ.1d,teh1wl
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En position d'épithète, le participe en -tud ne se décline pas: elatud elu "la vie vécue" elatud elust (élat.) kirjutama "écrire de la vie vécue" seda tehtud Jollust ei paranda "cette bêtise faite (part.) ne peut pas se réparer" Mais tout comme pour le participe en -nud, le participe en -tud peut, par suppression du d final, se transformer en substantif: Nom. et Gén. loetu "ce qui a été lu" loetu laks rueelest "le lu est sorti de la mémoire" Part. loetu! 111a1. loetu~ etc. Mais la fonction la plus importante est la négation du prétérit. Comparez: Présent tehakse "on fail" ei tehta "on ne fait pas" Prétéri t tehti "on faisait" ei tehtud "on ne faisait pas" Ceux qui cherchent les finesses de l'expression peuvent noter que, pour le passi f-impersonnel, il existe aussi un conditionnel que l'on n'utilise que très rarement. Pour satisfaire votre curiosité, le voici: on prend la forme du présent, par exemple tehakse "on fait", on supprime le e final, et on obtient le -ks du conditionnel: tehaks. C'est tout!
-
12. [Je "on dit" oblique, Faut-il prendre tant de précautions pour rapporter les paroles d'autrui? Bien sûr, on ne sait jamais si celui-ci dit vrai. Aussi, il peut se révéler utile de montrer à l'aide d'une forme grammaticale que l'on ne pone pas la responsabilité d'une histoire relatée par d'autres. Cette forme est -vat, ajoutée au verbe nu. Exemples: ootama attendre" ootavat tema ootavat last "(il paraît/on dit qu') elle attend un enfant" olema "être tt olevat kassas olevat auk U(ondit qu')il y aurait un trou dans la caisse"
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Pour le prélérit"on a recours au participe en -nud (v.-~ 7, p. 64) : ta oodanud sadamas terve ôhtu "(on dit qu') il a attendu au port toute la soirée" noorem vend olnud KGB agent "(on dit que le) frère cadet a été un agent du KGB" 13. Le verbe du dictionnaire: l'infinitif en -ma On l'appelle aussi Infinitif I et on le trouve comme entrée dans les dictionnaires. A quoi peut-il servir? Et bien, il désigne une action ou un état, et surtout l'cntrée en action, c'est-à-dire que l'on peut le considérer comme l'i11atifdu verbe. : ma lahen teatrisse (illat. de teater) "je vais au théâtre" ma lahen laulma "je vais rejoindre la chorale" ou "je vais aux répétitions de chant" (= je vais [dans l'action de] chanter) De même: sa lahed poodi (illat. de pood) "tu vas dans la boutique" sa lahed sisse ostlna "lu vas faire de courses" (= tu vas [dans l'action d'I acheter) L'infinitif en -ma utilise encore quelques autres terminaisons casuel1es : Inessif laulmas "en train de chanter" Elatif laulmast "sorti de l'action de chanter" Abessif laulmata "sans chanter" Quelques exemples: vihm on tulemas (inessifde tulema "venir") "la pluie s'annonce" me tuleme vôimlenlast (élatif de vôimlema "faire de la gymnastique")"nous venons d'une séance de gymnastique" üür on veel maksmata (abessifde maksma "payer") "le loyer n'a pas encore été payé" A noter encore que la littérature actue11cutilise en plus ici le translati f -ks : koormat kandmaks (translatifde kandma "porter") "pour porter la charge" mais cette fonne n'a pas cours dans le jargon de tous les jours. ,
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14. IJ'infinitifen
-da ou "cas partitif"
On l'appelle aussi Infinitif Il et on y trouve les tenninaisons -a, -da et -ta, éléments que nous avons déjà rencontrés avec le passif-impersonnel (voir ~ 10). Son utilisation - et aussi sa tonne le rapproche du partitif des noms. Il fonctionne souvent comme un complément d'objet. Comparez: anna vett (part. de vesi "eau") "donne de l'eau" anna Juua (inf. II de jooma "venir") "donne à boire" ma oskan ametit (part. de amet "métier,profession") "je connais le métier" ma oskan tolkida (inf. II de tôlkima "traduire") "je sais traduire" te voite koike (part. de kôik "tout") "vous pouvez tout" te voite kaskida (inf. II de kaskima "donnerdes ordres") "vous pouvez commander" ta tahab tôod (part. de tÜÜd"travail") "il veut du travail" ta tahab midagi teha (inf. II de tegema "faire") "il veut faire quelque chose" L'infinitif en -da sc déc1ine moins que son concurrent, l'infinitif en -ma. On n'utilise que sa fonne inessive -des. lauldes "en chantant" (Iaulnla "chanter") joostes "en courant" (jooksma "courir") ~
c. L'ADV":RH~: QUI FACILITEL~:S
CHOSES
L'adverbe est un mot invariable que l'on adjoint à un autre mot pour en modifier le sens, dit-on dans les grammaires. En estonien, nous avons aussi des adverbes qui se déclinent, comme nous l'avons vu (g 21, p. 54). Et il bien commode d'avoir une seule racine permettant de définir plusieurs situations. Ce sont surtout: 1. fJes adverbes de lieu Ils seIVcnt à localiser quelque chose et aussi à préciser le sens du mouvement. Exemple:
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siia "vers ici" üles
siin "ici" üleval
forme réduite de l'illatif
adcssif
"vers le haut"
"en haut"
On a déjà vu d'autres séries aux,
siit ud'ici, sortant d'ici" ülevalt ablatif "d'en haut"
~ 17 et
21 (p. 50 et 54).
2. Les adverbes de telnps Les plus utiles se présentent tous sous une seule forme: nüüd "maintenant" kohl "tout de suite, immédiatement" praegu "en ce moment" varsti "bientôt" enne "avant - parast "après"" tüna "aujourd'hui", eile "hier", üleeile "avant-hier" (= par-dessus hier)" . homme "demain", ülehomme "après-demain" (= par-dessus demain)" jülle "de nouveau" hilja "tard" (comparatif: hiljem "plus tard") vara "tôt" (comparatif: varem "plus tôt") kaua "longtemps" (comparatif: kauem "plus longtemps") siis "alors, à ce moment, ensuite" ükki "tout à coup, subitement" juba "déjà" Les cas locaux d'utilisation particulièrement fréquente, surtout l'adessi f, permettent de transfonner en adverbe une foule de substantifs: hon1mikul (hommik "matin") "le matin, au matin, dans la matinée" paeval (paev "pour") "de jour, dans la journée, pendant la journée" ôhtul (ôhtu "soir") "le soir, au soir, dans la soirée" ôôsel (var. de ()()I,ÜÔ"nuit) "pendant la nuit, au cours de la nuit" südaoo (süda "cœur") "à minuit" keskpaeval (kesk "mi1ieu") "à midi" 74
kevadel (kevad "printemps") "au printemps" suvel (suvi Uété) "en été" sügisel (sügis "automne") "en automne" talvel (talv "hiver") "en hiver" Le translatif, lui aussi, se rend utile: 16puks (16pp "fin") "enfin, finalement" viimaks (viimane "dernier") "enfin, en dernier lieu" korraks (kord "fois") "pour une fois, pendant un instant" 3. Les adverbes de manière Panni ceux-ci, il faut connaître les suivants: nii, nônda "ainsi, de cette façon" kuidas "comment" hasti "bien", halvasti "mal" ruttu "vite" püsti "debout", pikali "allongé, par terre" et ... apprendre à manier les terminaisons casuellcs. Exemples: meelega (comit. de meel "opinion, intention, état d'esprit, etc.") "à dessin", volontaircment, sciemment" tasuta (abess. de tasu "salairc, récompense") "gratis" lihtsalt (lihtne "simple") "simplement" (voir aussi les nombreux dérivés, Ch. II, B.1.) 4. Les adverbes de quantité et d'intensité küll "assez"5, ka "aussi" veel "encore" liiga "trop" vaga "très" umbes "à peu près, approximativement vâhe "peu" (comparatif: vâhem "moins") palju "beaucoup" (comparatif: enam rohkem "plus")
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5 (s'emploie aussi pour souligner l'affirmation: on küll "oui, il y en a", "oui, c'est vrai", etc. 75
D. À BONN.:
QU":STION, BONNE RÉPONSE: L 'INll~:RROGA TION
Il est important de savoir poser des questions, car av.ant de raconter sa vie, on peut avoir besoin de connaître l'horaire des trains ou l'adresse du dentiste le plus proche. Formuler une interrogation, c'est très simple: on prend une phrase affinnative ordinaire et on la fait précéder de kas "est-ce que". Exemples: Rong lâheb kell üks "Le train part (= va) à.une heure" Kas rong laheb kell üks ? "Est-ce que le train part à une heure?" See hambaarst elab Raekoja taga "Ce dentiste (= médecin de la dent) habite derrière l'Hôtel de Ville" Kas see hambaarst elab Raekoja taga? "Est-ce que le dentiste habite derrière l'Hôte] de Ville ?" L'inversion du sujet-verbe peut être aussi utilisée, comme en français, mais elle n'est pas très fréquente. La particule kas n'est plus nécessaire quand on peut utiliser un mot interrogatif nominal ou adverbial. Exemples: .
kes "qui ?", gén. kelle, part. keda mis "quoi, que], que?", gén. mille, part. mida missugune - milline "quel, lequel, de quel genre?, etc.", gén. missuguse - millise, part. missugust - millist Missugust varvi sa armastad ? "Quelle (est la) couleur (que) lu aimes ?" mitu "combien ?", gén. mitme, part. mitut Mitu prantslast on selles grupis ? "Combien y a-t-il de Français dans ce groupe ?"
kui palju "combien '1"« palju "beaucoup") Kui palju rahvast tuli kokku ? "Combien de personnes (= de peuple) se sont réunies (= est venu ensemble) '1" kuidas "comment ?" Kuidas laheb? "Comment (ça) va ?" kunas millal "quand?" Millal sa tuled? "Quand viendras-tu ?"
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miks misparast "Pourquoi, pour quelle raison ?" Miks sa nutad? "Pourquoi pleures-tu ?" kus "où ?", kuhu "vers où ?", kust "d'où ?" Kus on bussipeatus? "Où est l'arrêt d'autobus ?" Kuhu te lahete? "Où allez-vous ?" Kust puhub tuul? "D'où souffle le vent ?" La réponse à une question peut s'exprimer par jah, jaa "oui" ou par ei "non", mais très souvent, on répète les mots contenu~ dans l'interrogation: Kas oled valmis? "Es-tu prêt ?" - Olen "Oui (= je (le) suis)" - Ei ole "Non (= je ne (le) suis pas)" Kas vesi keeb ? "Est-ce que l'eau bout ?" - Keeb "Oui (= (elle) bout)" - Ei kee "Non (= (elle) ne bout pas)" L'affinnation peut être renforcée par la particule küll : Kas tahate sôita Piritale ? - Tahan küll "Voulez-vous faire un tour (= aller) à Pirita ? - Je veux bien / Bien sûr je voudrais" Kas professor on praegu kodus ? - On kü)J "Le professeur est-il en ce moment chez lui ?" - Oui, il y est" La négation a un auxi1iaire puissant, mitte, que l'on pourrait traduire par "certainement pas" : Ara usu! "Ne (le) crois pas!" Ara usu nlitte! "Ne crois surtout pas!" Tema ei valeta, mitte ei valeta "11ne ment pas, il ne ment certainement pas" En outre, la particule mitte se rencontre auprès des éléments nominaux: Elama peab siin, mitte mujal "Il faut vivre ici, non pas ailleurs" Vegetaarlane so()b salatit, nlitte liha "Le végétarien mange de la salade, pas de la viande" Mitte rend de grands services dans les domaines adverbial et pronominal. A noter les expressions comme: 77
mitte sugugi "pas du tout" mitte kunagi "jamais" mitte kuskil "nulle part" mitte kuidagi "en aucune façon" mitte keegi "personne" mitte midagi "ricn du tout" Pour atténuer la force de ses propos, le locuteur peut y glisser des mots tels que:
vist "peut-êtrc" (--
vôibolla)
küllap "probablement" nagu "comme, comme si" peaaegu "presque"
J4:.L":S CONJONCl'IONS : UN CASSE-TÊ~r.: R~:S.:RVf: AUX LITTf:RAIRES
La coordination et la subordination constituent pour l'estonien un héritage indo-européen. Les anciens Finnois ne se tourmentaient pas pour savoir comment joindre plusieurs propositions ou subordonner une proposition à une autre. Et si on leur avait parlé de langues à subjonctif, ils auraient probablement appelé au secours! 1. La coordillatioll silnple et moills simple On juxtaposait les phrases et les locuteurs comprenaient l'essentie1. En estonien, on peut encore entendre des phrases comme: isa ema Hiksid tÜÜle "le père (et) la mère partirent au travail " Aujourd'hui, on dit en général: isa ja ema "le père et la mère" ou ma laksin kirjutasin orna nime registrisse "j'y suis allé pour écrire (= j'allais écrivais) mon nom sur le registre. Evidemment, on peut aussi dire: nla laksin ja kirjutasin. Comme les ja trop nombreux dans un tcxte littéraire - qui en général est toujours plus compliqué que le texte courant gênent les esthètes, la bonne littérature essaie d'introduire de la
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78
variété avec la copule ning qui doit par moment remplacer ja. Il est donc utile de connaître ce mot, mais ce n'est pas la peine de s'en servir dans la conversation quotidienne. La négation remplace la copule ja par ega : ma ei suitseta ega joo(viina) "je ne fume pas et je ne bois pas (d'eau-de-vie)" ma ei vaata vasemale ega paremale "je ne regarde (ni) à gauche ni à droite" ei tana ega homme "ni aujourd'hui, ni demain" - aga / kuid "mais" constituent une autre paire de variantes. Vous pouvez utiliser celle qui vous plaît. - ehk / vôi "ou" proposent un choix. Mais ici il faut bien distinguer entre les tcrmes dc valeur égale et les notions qui s'opposcnt. Exemples: vegetaarJane ehk taimetoitJane "végétarien ou celui qui se nourrit de plantes" rahakott vôi elu! "le porte-monnaie ou la vic!" 2. La subordination se passe dans la pensée du locuteur La subordination sans conjonctions subordinatives ressemble à la coordination: on peut juxtaposer plusieurs propositions. OJeks raha, ostaks jalgratta "(S'il y) avait de l'argent, (on pourait) achctcr (une) bicyclette" Tuled, on tore, ei tule, saame hakkama "(si tu) viens, (c')est bien, (si tu) ne viens pas, nous nous débrouillerons" Les interrogatifs peuvent se "subordonner" par eux-mêmes: Erna küsib, kas sa oled juba kohvi joonud "Maman demande si tu as déjà eu (= bu) (ton) café" Ma tahao teada, millal kassa on avatud "Je vcux savoir quand la caisse est ouverte" La conjonction de subordination la plus fréquente est et "que". Raadio teatab, et pühapaev tuleb vihmaoe "La radio annonce que le dimanche sera pluvieux" Cette conjonction peut aussi introduire unc citation; dans un texte 1ittérairc, on la remplacerait par deux points et des gui11emets: 79
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Ametnik küsib, et kas harral on prantsuse kodakondsus "Le fonctionnaire demande si Monsieur a la citoyenneté française" (= ... demande que: "est-cc que Monsieur a la citoyenneté française ?) Panni les autres éléments subordinatifs, il faut signaler: kui "si, quand, lorsque" Oota, kui tahad "Attends si tu veux" Maa on kuiv, kui vihma ei tule "La terre est sèche quand la pluic ne vicnt pas" Laev oHJuba lainud, kui Ine sadamasse jôudsime "Le bateau était déjà parti lorsque nous sommes arrivés au port"
- sest "car" Olen ônnelik sest elu on huvitav "Je suis heureux car la vie est intéressante"
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sest et "puisque, parce que" selleparast et "parce que"
Ces quelques élélTIentscourants devraient vous permettre de communiquer avec les Estoniens que vos rencontrerez. Le jour où vous voudrez en savoir plus, vous pourrez étudier les grammaires détainées et savantes dont vous trouverez quelques références dans la partie bibliographique de cet ouvrage.
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II. FORMATION DU VOCABULAIRE
A. Df4:L'EXT~:RIEUR
: LES EMPRUNTS
La vie change. La façon de parler change avec le temps. L'évolution générale impose de nouvcl1cs notions pour lesquelles il faudra trouver de nouveaux noms à panir des "matériaux" existants. Mais la méthode la plus simple pour enrichir son vocabulaire, c'est de puiser des éléments dans la langue des voisins. L'histoire des emprunts reflète bien la nature des contacts avec J'étranger. Selon certains linguistes, parmi les mots les plus anciens du vocabulaire estonien, on croit reconnaître des formes qui permettent de supposer qu'il y a plusieurs millénaires, les peuples ouraliens et les Indo-européens parlaient plus ou moins la même langue. Parmi ces mots, on trouve Les ]Jronoms : mina "moi, je", sina "toi, tu", tema "eBe, il", nenlad "clIcs/ils", kes "qui", Inis "quoi". Les adverbes: nii "ainsi", kui "quand, lorsque", palju "beaucoup" . Les nOfns tels que vesi "eau", soon "veine", laas "grande forêt", piir "frontière, lilnite", para "arrière, restant", nilni "nom", pada "chaudron", viha "colère, haine". Les verbes: asunla "se trouver, être installé", vedama "traîner, Lirer",punun13 tttresser", pelganla ttcraindre", murdma "casser, rOlnprett, tooma "apportertt, l11üünla "vendre". On remarque qu'avec ces quelques mots, qui ont probablement été bien cOInpris par les Inda-européens, on peut parler de soi, dire son nom, son origine, poser des questions sur l'identité de l'autre et parler affaires. J. J.Ja base lexicale
"VraiI11ellt"
estonienne
Avant dc chcrchcr lcs mots qui vicnnent d'ailleurs, il ~st intéressant dc voir qucls sont les éléInents du vocabulaire que 81
l'on peut considérer comme authentiquement estoniens. Ils sont nombreux; en voici quelques exemples. a) les parties du corps (et les termes qui s'y rapportent) aju "cerveau", higi "sueur", huuled "lèvres'" ihu "corps, chair", jalg "pied", juuksed "cheveux", keel "langue", kops "poumon", kukal "nuque", k6ht "estomac", kôrv "oreille", kasi "main", külg "côté", maks "foie", nahk "peau", nina "nez", pea "tête", rind "poitrine", selg "dos", silm "œil", suu "bouche", sôrm "doigt", süda "cœur", veri "sang" , et particulièrement dans le domaine animal: saba hand "queue", kapp "patte", nokk ttbec", piim "lait", rasv "graisse", sulg "plume", tiib ttaile", etc.
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b) Les sexes et les relations de parenté inimene "être humain", mees "homme", naine "femme", isa "père", ema "mère", laps "enfant", poeg "fils", vend'" veli "frère", ôde "sœur", neid "jeune fille", etc. c) La nature, les phénomènes naturels, le domaine des plantes ei des animaux La nature et les phénomènes naturels: allikas "source", auk "trou", aur uvapeur", haud "tombe", ilm "temps (météoro!.), jôgi "fleuve, rivière", jarv "lac", jââ "glace", kivi "pierre", kuu "lune, mois", külm "froid", liiv "sable", lumi "neige", maa ttterre, pays", mets "forêt", magi "montagne", pime "ténèbres", sadama "tomber (eau, neige)", soe "chaud", sade "étincelle", süsi "charbon", tuli "feu", tuul "vent", taht "étoile", udu "brouillard", vihln "pluie", etc. Les plantes: juur "racine", latv "sommet, cime", leht "feuille", mah) "jus", mari "baie", oks "branche", taim "plante", oun "pomme", maasikas "fraise", murakas "chamaemorus (baie jaune, très parfumée qui pousse dans les marécages des régions du nord
- finnois:
suomuuraintt,
pohlad
"airelles",
pahkel
"noix, noisette", seen "champignon", etc. Presque tous les arbres: kadakas "genévrier", kask "bouleau", kuusk "sapin", parn "tHleul", tamm "chêne, etc.
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Les animaux: hiir "souris", janes "lièvre", kass "chat", koer "chien", rebane"rcnard", madu "serpent", etc. . Oiseaux lind "oiseau", kajakas "mouettet!, kurg "cigogne", vares "corneilleu, etc. . Poissons kala "poissont!, ahven "perche", haug "brochet", kiisk "grémine (petite perche)", sarg "gardon", etc. . Insectes kirp "puce", koi "tnite", karbes "mouche", amblik "araignée", etc. d) Les termes les plus scourants ayant trait au domaine de la psychologie elama "vivre", hing "âme, souffle", olema "être", surm "mort", v6ima "pouvoir", istunla "être assis", magama "dormir", seisl11a "se tenir debout", eksinla "errer", kaduma "disparaître", minema "aner", tulema "yenir", nagema "yoir", kuulma "entendre", tundlna "sentir, connaître", nalg "faim", hüda "détresse, misère, besoin", tahtnla "vouloir", naerma "rire", viga "défaut", haige "malade", Hu "beauté", mure "souci", nali "plaisanterie", rooln "joie", haal "voix", kutsuma "inviter", sona "mot, parole", etc. e) Les actions physiques ajama "pousser", algama "commencer", andma "donner", jooma "boire" jaama "rester", kaevama "creuser", kâima "marcher, fonctionner" liikuma "se mouvoir", sooma "manger", looma "créer", 16hkuma "démolir", 160ma "frapper, battre", nlanginla "jouer", ootall1a "attendre", otsima "chercher", pesenla "laver", p61etalna "brûler", rikkuma "abîmer", saama "obtenir, devenir", soovinla "souhaiter", tapma "tuer", tegema "faire", toollla "apporter", to6 "travail", vedama "tirer, entraîner", viskaJl1a "jeter", vôtll1a "prendre", etc. f) Mots relatifs aux qualités et aux relations iga "chaque, chacune", seal "là", see "ce, ceci", siin "ici", teie "vous", kaua "longtclnps", nlust "noir, sale", noor "jeune", etc.
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g) Les notions culturelles qui montrent comment les Estoniens ont vécu avant de rencontrer leurs voisins indo-européens
Habitat et vie de tous lesjours
.
katus "toit", kodu "foyer, le chez-soi", kôrts "taverne", küla "village", linn et linnus "ville; château-fort, oppidum", mois "maison éloignée du village", plus tard "château ou manoir de la noblesse balte", talu "ferme", saUD "sauna, étuve", uks "porte", ou "cour", hall "berceau", teem "bouillon", pada "chaudron", pang "seau", voodi "lit", etc. Eléments de parure, vêtements kingad "souliers", kaised "manches, corsage", sôrmus "bague", vôô "ceinture", etc. Travail et outils ketrama "filer", nuga "couteau", kimp "liasse, botte, faisceau", korjama "ramasser", kuduma "tisser, tricotèr", k6is "corde", long "fil", nahk "peau, cuir", sepp "forgeron", süütama "allumer", omblema "coudre", kirju "bigarré, multico1ore", etc. Déplacements juhtima "conduire", koorem "charge", rada "sentier, chemin", ratsutama "al1er à cheval", suusad "ski", tee "route, chemin", laev "navire t1,etc. Agriculture et élevage aed "jardin", jahu "farine", külvama "semer", kündma "labourer", nisu "froment", vikat "faux", ôled "pai11e",hobune "cheval", lehnl "vache", siga "cochon", etc. Commerce, mesures arv "chiffre, nombre", hind "prix", kallis "cher", lugema "lire, compter" ,maksnla "payer", nlüün13 "vendre", pool "demi", etc. Métaux et minéraux hôbe "argent", sool "sel", teras "acier", vask "cuivre", etc. Vie communautaire abielu "mariage, ménage" (abi "aide" + elu "vie"), lesk "veuf', onu "oncle", ori "esclave", rahvas "peuple", sugu "race, ,t famille, sexe", vôôras "étranger", aitama aider", au "honneur", hull" fou", hübi "honte", kade "envieux, jaloux", kiitma "louer", -knnd suffixe désignant un rassemblement, un grou84
pernent, kosjad "fiançailles", lootma "espérer", palk "salaire", paluma "prier", petma "tromper", pidu "fête", rahu "paix", teretama '''saluer'', tôsi "vrai", uskuma "croire", vale "faux", vôlg "dette", etc. Temps aasta "année", aeg "temps", kestma "durer", kevad "printernps", paev "jour", paike "soleil", ôhtu "soir", ôô "nuit", etc. Points cardinaux edel "sud-ouest", ida "cst", kagu "sud-est", lôuna "sud", laas "ouest", pohi "nord; fond", etc. Terminologie religieuse hirm "peur, crainte", inle "miracle", jumal "dieu", kiruma "jurer", kummitus "apparition", laulma "chanter", noid "sorcier", püha "sacré, saint", tanu -"remerciement", onn "bonheur", komme "usage", luule "poésie", nôu "conseil", teadma "savoir", etc. 2. Etnprunts aux Indo-européens Comme on le voit, avec ce vocabulaire de base, il est possible de se débrouiller dans la vie de tous les jours. Mais il est maintenant intéressant de voir ce qui a été emprunté aux peuples voisins, notammen~ aux Indo-Européens avec lesquels les Finno-Ougriens avaient déjà repris contact trois mille ans av. J.-C. A cette distance, il est évidemment di fficiJe de déterminer l'origine exacte d'un mot, de savoir s'il s'agit de l'indoeuropéen ancien ou de l'indo-iranien que l'on parlait en Europe du sud-est vers 1000-2500 ans avoJ.-C., ou encore du groupe des langues iraniennes auquel appartiennent le scythe et la langue des Ossètes que l'on parle encore aujourd'hui dans le Caucase. Les emprunts les plus anciens sont au nombre de plusieurs dizaines. On y trouve des termes très variés tels que sarv "come", sôda "guerre", mesi "miel", mesilane "abeille", vasar "marteau" koll "fantôme". Mais ce qui est intéressant, c'est l'élaboration de la numération actuelle: si le vocabulaire d'origine permettait de compter jusqu'à 6, l'indo-européen y ajoute seitse "sept", kaheksa "huit (2 ôté de 10)", üheksa "neuf (1 ôté de 10)" et sada "cent". 85
3. Emprunts aux Baltes L'évolution devient encore plus intéressante avec la couche suivante des emprunts anciens, celle des emprunts aux Baltes qui se sont faits à travers le letton, le lituanien, et le prussien anciens vers le milieu du dernier millénaire av. J.-C. On en compte plus de deux cents. Nous ne citerons que les plus courants Nature meri "mer", taevas "ciel", hein "foin", hernes "petit pois", seeme "semence", uba "haricot", etc. Animaux angerjas "anguille", hani "oie", harg "taureau", lohe "saumon", oinas "bouc", vahk "écrevisse", etc. Corps humain hammas "dent", kael "cou", karv "poil", loug "menton", etc. Famille hôim "tribu, peuple apparenté", morsja "fiancée, jeune mariée", sôber "ami", talgud "travail fait ensemble, avec les voisins, et qui se termine par une fête", etc. Un numéral: tuhat "mille" Objets divers kirves "hache", kübar "chapeau", luud "balai", ratas "roue", regi "traîneau", ors "perchoi rIt, etc. Qualificatifs hale "craintif, triste, pitoyable", kurt laisk "paresseux", tühi "vide", etc.
"sourd", lahja "maigre",
A noter l'adverbe veel "encore".
4. El1lprullts aux lallgues gerl1lalliques Le dernier siècle av. J.-C. a mis les ancêtres des Estoniens en contact avec les peuples germaniques et les emprunts aux langues germaniques les plus anciens se trouvent dans toutes les langues finnoises de la Baltique. Mais on les chercheraient en vain dans les langues finnoises de la Volga qui ont reçu des emprunts baltes. Il est évident que ces influences gennaniques ne provenaient pas de la même source: il y eut des élements 86
gothiques, scandinaves, etc. Parmi ces emprunts anciens aux langues germaniques on trouve les tennes ci-après: Nature rand" grève, rivage, plage", kana "poule", arm "cicatrice", lammas "mouton", kaer "ayoine", muid "terre, sol", pôld "champ", rukis "seigle", kuld "or", rand "fer", tina "étain, plomb", etc. Economie et vie quotidienne laupaev "samedi", moôt "mesure", raha "monnaie", leib "pain", juust "fromage", tuba "chambre", ader "charrue", kell "horloge", lukk "serrure", mook "épée'\ oael "clou", küünal "bougie", noel" aiguille" , etc. Vie sociale eit "vieil1e femme", joulud "Noël", kaup "marchandise, commerce", kirik "église", kuningas "roi", laen "prêt, emprunt", rikas "riche", varas "voleur", armas"sympathique, aimé", kaunis "joli", kiusama "chercher noise, embêter, persécuter", luba "pennission", riid "querel1e", tarvitama "utiliser", vara "trésor", Venemaa "Russie", viisakas "poli, courtois", etc. 5. Des emprunts turco-tatars ? Quelques chercheurs pensent que les relations commerciales que les Vepses entretenaient avec des peuples turco-tatars, notamment avec les Bolgars qui vivaient entre le VIle et le XIIIe siècle dans la région de la Volga ont apporté aux langues finnoises de la Baltique des termes comme humai "houblon", oun ubin "pomme", küla "village", piiga "jeune fille, servante". Auraient-ils fabriqué ensemble de la bière et du cidre? A noter que ces Bolgars étaient les ancêtres des Tchouvaches et des Bulgares actuels, fortement slavisés.
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6. Le vocabulaire emprunté tardivement La vie des Estoniens séparés des autres famiJ1cs finnoises a duré plusieurs millénaires. II n'est donc pas étonnant de constater que le peuple a glané des expressions par-ci par là qui font
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maintenant partie du vocabulaire courant mais ne figurent pas dans la langue de leurs cousins. a) Les emprunts au russe Ils se sont produits avec l'arrivée des Slaves, venus du sud au cours du premier millénaire. Il est intéressant de constater d'abord une terminologie religieuse qui prouve que les Estoniens ont été en contact avec les chrétiens russes bien avant les missionnaires (et colonisateurs) allemands au XIIIe siècle. 'C'est ainsi que l'on trouve: pagan "païen", papp "pope", raamat "livre", rist "croix", ristima "baptiser", sundima "forcer, contraindre", etc. Avec les couches ultérieures des emprunts russes, on arrive à toucher tous les domaines de la vie quotidienne: Vie sociale jaam "station, étape", kamp "bande, groupe", pasatski "voyou, loubard", pops "pauvre paysan, paysan sans terre", suli "escroc", vaba "libre", voli "licence, droit, pouvoir", kopikas "kopek", nadal "semaine", turg "marché", rubla "rouble", etc. Economie domestique kastrul "casserole", lusikas "cuillcr", kama "farine grillée de céréales et de petits pois (qui se mangc avec du lait caillé)", pirukas "pctit pâté", kapsas "chou", sibul "oignon", kasukas "manteau de fourrure", saabas "bottc", etc. Outils et construction aken "fenêtre", nlajakas "phare", pHit "cuisinière", varav "portail", sirp "faucille", rool "volant", saan "traîneau, etc. Vie militaire kasarnl "caserne", polk "régitllcnt", rood "compagnic", tubli "vaillant", tassiJna "porter qqch. de lourd", tikkuma "essayer de s'infiltrer, d'assai11ir,elc.", tiriu13 "tirer avcc cffort", etc. b) Les emprunts à l'allernand Depuis le XIIIesiècle, les Allemands font partie de la population de l'Estonic. Les prcll1iers colonisateurs venaient des régions de l'Allemagne du nord où l'on parlait le bas-allcmand, langue considérée camIlle officielle jusqu'au XVIe siècle. Plus tard encorc, et malgré les écoles et la littérature importées 88
d'Allemagne, les Allemands baltes -la noblesse et la bourgeoisie - parlaient un dialecte fortement coloré par la phonétique bas-allemande. On compte environ mille mots considérés comme "allemands" même si leur origine réelle est latine ou grecque. Il y a tout d'abord kalender "calendrier" et tous les mois de l'année: jaanuar, veebruar, marts, aprill, mai, juuni, juuli, august, september, oktoober, november, detsember, et - en supplément - un jour de la semaine, important pour le Carême: reede "vendredi" . Ensuite, il convient de se rappeler que toute la vie culturelle et sociale a été profondément marquée par les colons: amet "métier, profession", ingel "ange", kantsel "chaire", klooster "couvent, monastère", kool "école", kunst "art", koster "sacristain", maalima "peindre", munk "moine", naaber "voisin", piiskop "évêque", pood "boutique, magasin", preili "mademoiselle ("monsieur" et "l11adame" viendront avec les Suédois)", raekoda "hôtel de ville", selts "association, compagnie", tôlk "interprète", jaht "chasse", Ina drus "matelot", kaal "balance, poids", laat "foire, marché", üür "loyer", kink "cadeau", mood "mode", mark "signe", luurama "épier", piinama "tourmenter, torturer", etc. Pour le corps et l'habillement, on trouve beaucoup de détails qui ,peuvent intéresser surtout le citadin :jakk "veste", krae "col", lint "ruban", lips "cravate", müts "bonnet", nôôp "bouton", etc. L'alimentation comporte quelques éléments de base tels que: kartul "pommç de terre", kôrvits "potiron", pipar "poivre", parOl "levure", suhkur "sucre", redis "radis", etc. La maison, le mobilier, les outils ont importé les mots: hoov "cour", hütt "cabane", kast "caisse, boîte", kelder "cave", korsten "cheminée", kuur "grange, débarras", kaarid "ciseaux'!" kÜ()k "cuisine", laDlp "lampe", lnüür "muraille, muret, mur", paber "papier", pann "poêle à frire", peegel "glace, miroir", pink "banc", pliiats "crayon", pott "pot", riiul "étagère", seep "savon", oli "huile", etc. 89
Quelques termes de la vie militaire: kants "forteresse", kiiver "casque", lahing "bataille", piik "lance", püss "fusil", etc. Les noms d'animaux sont relativement peu empruntés: heeringas "hareng", hunt "loup", kits "chèvre", lovi "lion", tuvi "pigeon", etc. Quelques qualificatifs sont culturellement intéressants: (h)antsakas "ridicuJe, affecté, habillé drôlement (à l'origine "hanséatique" c'est-à-dire imitant les Hanséates)", eesti "estonien" (les Estoniens se désignaient eux-mêmes par le terme maa rahvas "peuple du pays"), karske "chaste, antialcoolique", kelm "filou, escroc, larron", liiderlik "immoral", ropp "ordurier", varske "frais", etc. A noter aussi quelques particules: fait", ja "et", just "justement", etc.
hoopis "plutôt, tout à
c) Les emprunts au letton Ils sont au nombre d'environ cinquante et on les rencontre surtout dans les dialcctes parlés au sud. Il ne reste, pour l'estonien commun, que peu de choses: kauss "écuelle", kuut "niche (à chien)", pastlad "mocassins de paysan", takk "étalon", nuuksuma "sangloter", mulk "habitant de Mulgimaa, région très riche de l'Estonie du sud" (un Mulk a toujours été fier de l'être, mais il a oublié que mull~is en letton signifie "imbécile, idiot" !), etc. On note plusieurs cas troublants sur lesquels les linguistes n'osent pas se prononcer avec certitude. Par exemple, maja "maison", connu dans toutes les -langues finnoises de la Baltique, se traduit en letton par mija 1 ; pardik "singe, individu bizarre se rapproche du letton përti~is "singe" ; mait utilisé uniquement dans le juron ah sa mait!, éventuellement traduisible par "diantre!" poulTait venir du letton maita "charogne" ; la fonnule ah sa sunnik qui équivaut à peu près à l'expression française "oh, quel chameau!" a certainement pour 1 S'agit-il d'un emprunt finnois de la Baltique?
90
finnois au letton ou d'un emprunt letton au
point de repère le suns "chien" letton. Il est connu que les termes péjoratifs sont toujours utilisés pour insulter les voisins. Les Lettons sont assez proches pour pouvoir échanger avec eux des injures. d) Les emprunts au suédois
Les Suédois ont toujours joué un rôle important dans l'évolution de la culture estonienne. Nous avons déjà parlé des contacts qui ont eu lieu au temps des Vikings; il ne faut pas non plus oublier la colonisation suédoise aux XVIe et XVIIe siècles qui a donné naissance à l'université de Tartu fondée par Gustave II Adolphe en 1632. La langue suédoise a évidemment laissé ses traces et à l'heure actuelle, on compte environ deux cent cinquante mots d'origine scandinave, dont on ne sait toujours pas s'ils sont anciens ou modernes étant donné que les limites entre le scandinave ancien et le suédois ne sont pas toujours claires. D'autre part, il faut dans certains cas renoncer à séparer ces emprunts des emprunts à l'allemand; en effet, le suédois contient lui aussi beaucoup d'éléments bas-allemands et on ne peut pas toujours vérifier par quel chemin un mot bas-allemand est arrivé en Estonie. En tous cas, pour ce qui est des emprunts au suédois en général, il est possible qu'ils aient été véhiculés par les populations suédoises des îles estoniennes et de la côte occ~dentale, par la langue parlée en Suède ou peut-être aussi par les dialectes suédois de Finlande. Parmi ces emprunts, on trouve des mots employés surtout dans les dialectes (bon nombre de tennes relatifs à la mer et à la navigation) mais aussi des termes très courants dans le parler des locuteurs urbains, tels que: barra "seigneur, monsieur", kroonu "d'Etat, d'administration", proua "madame", plika "adolescente, jeune fille", pagar "boulanger", riik "Etat", Rootsi "Suède", vang "prisonnier", kratt dans la mythologie: "génie qui ramasse des trésors pour son maître", nâkk "ondine, esprit des eaux", tont "fantôme, spectre, revenant", kepp "bâton", pung "portemonnaieu, tubakas "tabac", solk treau sale", kann "pot", taldrik "assiettett, kelk "luge", paat "bateau", reisima "voyager", sark "chemise", tasku "poche, pochette", raim 91
"petit hareng de la Baltique", pank "falaise", agul "faubourg, banlieue", adru "varech, etc. e) Les autres langues n'ont laissé que peu de traces dans le parler courant. Il est toutefois curieux de noter des mots comme sant "mendiant, misérable, infirme" qui vient du latin sanctus "saint, sacré" et qui, à l'origine, désignait un moine mendiant, et sorts" sorcier" dérivé de sors "sort", donc celui qui jette un sort. La traduction de la Bible a fait connaître le mot pour "autruche" jaanalind ("oiseau de jaana", d'origine hébraïque). Les Tsiganes ont donné le verbe manguma "demander, quémander avec insistance". Et les jeunes filles françaises que 1'on employait dans les grandes familles comm,e gouvernantes, nurses ou éducatrices, ont laissé quelques verbes comme kus'sutama (de "coucher") "endormir par une mélodie" et tut'tu minema "se coucher" (= aller tut'tu "faire dodo"). f) Les dialectes et les petites langues finnoises les plus proches, telles que le vote et l'ingrien, ont également fourni quelques éléments linguistiques qui n'ont toutefois pas cours ep estonien commun. g) Le finnois a passionné les intellectuels depuis la fin du XIXe siècle, et la langue littéraire comporte une foule de mots empruntés à cette langue sœur. Les emprunts ont envahi le lexique.estonien surtout au temps de la réforme linguistique le "renouveau de la langue" - de Johannes Aavik dans les années trente, qui avait pour but de compléter et d' "e~ropéaniser" le vocabulaire existant et aussi de créer des fonnes parallèles esthétiquement supérieures à celles qui s'employaient dans le parler populaire. Le projet était en partie utopique et la langue clIc-même a effe.ctué un tri: la plupart des termes proposés par Aavîk n'ont jamais été adoptés par le locuteur moyen. Toutefois, il en reste suffisamment pour pouvoir dire que cette réforme a laissé son empreinte sur l'estonien actuel. Patmi les mots introduits à cette époque, on peut citer surtout: aade "idéa]", aine "matière", ennustama "prédire", harrastama "cu]tiver, s'intéresser à", huvi "intérêt, curiosité", kiinduma "s'attacher à, se dévouer", kohtlema "traiter (bien ou mal)" , lohutalna "consoler", loobulna "renoncer à", mugav 92
"commode, agréable", nautima "jouir de", solvama"offenser, blesser", suhe "rapport, relation", suund "direction", üllatus "surprise", laip "cadavre", reetma "trahir", etc. h) Et le vocabulaire international, scientifique, politique, etc. commun à tous les Occidentaux ? Ici, il n'y a pas de difficulté, on peut allègrement emprunter et adapter tout ce qui tombe sous la main - ou plutôt sur la langue! En estonien aussi on parle de demokraatia, korruptSÎoon, sektarism, proletariaat, idealist, etc. Et la perspektiiv d'être obHgé de les traduire ne pose aucun probleem!
IJ. DE L'IN1'f:RI~:UR : Df:RIV A'fI()N, COMPOSITION
I. IJa dérivatioll C'est un procédé commode qui pennet, avec un peu d'astuce, de fabriquer plusieurs mots nouveaux à partir d'un seul. La langue propose ici un certain nombre de suffixes ou d'infixes que l'on ajoute à ]a racine du mot que l'on veut modifier. Mais les mots peuvent avoir plusieurs racines et les fonnes utilisées ici ne sont pas aussi régulières que celles de la déclinaison. Par exemple 3inus "unique" donne à l'ablatif ainsalt et, combiné avec le suffixe adverbial -It, 3inult "seulement". Pour ne pas encom brer ce chapitre avec les procédés de fonnation qui sont compliqués et, par conséquent, difficiles à utiliser pour quelqu'un qui n'a pas pour but de devenir linguiste, nous notons seulement les suffixes les plus courants en les H}ustrant de quelques exemples qui pennettront de comprendre des fonnes semblables. a) Les noms Les acteurs -ja personne (ou appareil) qui agit. n1üüja "vendeur" « mÜÜlna "vendre") ôpetaja
"professeur"
vôitleja "combattant"
« ôpeta~a «
"enseigner")
voitlema "combattre, se battre")
l11ôôtj a "apparei I de mesure 11«
11100t111a "lTIeSU rer")
93
-ur2 un professionnel,un appareil sOdur "soldat, guerrier" « sOda"guerre") vedur "locomotive" « vedama "tirer") -nik profession ou une fonction stable kunstnik "artiste" (< kunst "art") lihunik "boucher" « liha "chair") vesinik "hydrogène" « vesi "eau") -lane appartenance à un groupe, à une nationalité, à une espèce, etc.
sportlane "sportif'
«
sport "sport")
eestlane "estonien"
mesilane "abeille « mesi "miel") -nna personne féminine müüjanna "vendeuse" eestlanna "estonienne"
sôbranna "amie" « sober "ami") -tar3 personne féminine poolatar "Polonaise"
kaunitar "belle fell1me"« kaunis "joli") -line en principe, occupation passagère .
abiline "aide, assistant" « abi "aide") pulmaline "invité aux noces" « PUhl1"noce") tüôline "ouvriertf « too "travail")
-ik surtout une personne isik "personne" « ise "soi-même") saadik "ambassadeur" « saatma "envoyer")
ôpik "manuel,livre d'école" « ôppima "apprendre") -nu v. participe en -nud (chap. I, Le verbe) 2 Actuellcment, on cssaie de rClnplacer le terme vana "vieux, vieillard" par le néologislne vanur. Or, la vieillesse n'est pas une activité! Ceci montre qu'cn matière de dérivation, tout le monde peut se tromper! 3 Rare el un peu snob. Les grammairiens font des distinctions qui échappent quelquefois au commun des mortels. Par exemple: vürst "prince" aurait pour femme vürstin na "princesse" el pour fille vürstitar.
94
-tu v. participe en -tud (chap. I, Le verbe) Les actions et les moyens -mine activité
joomine "action de boire" « jooma "boire") süstimine "injection,piqûre" « süstima "injecter") muretsemine "inquiétude, souci" « muretsema "se soucier") -us activité, résultat d'une action seadus "loi" « seadma "poser,ordonner, disposer") vôitlus "combat" « vôitlelna "se battre") harjumus "habitude" « harjuma "s'habituer à") kurbus "tristesse" « kurb "triste") -is résultat concret d'une action
küpsis "pâtisserie" « küpsetama "faire cuire") saadetis "envoi, colis" « saatma "envoyer") -e action, résultat, moyen hüpe "saut" « hüppama
"sauter") palve ttprière" « palvetama ttdire des prières") kôide "volume" « kÜitma "relier")
-ng action unique, ou le produit
loeng "cours, conférence" « lugema "lire") leping "contrat, traîté, pacte" « leppima "se reconcilier") toodang
"production"
« tootma "produire")
-nd produit de l'action
tôend "preuve"
«
t()estama "prouvertt) supplément" « taiendama
taiend "complément, "com pléter")
Les qualités et les défauts -us qua1i té, état
ülbus "arrogance"
«
ülbe "orgueilleux, arrogant")
julgus "couragett « julge "courageux") pikkus "longueur" « pikk "long") haigus ttrnaladie" « haige "malade")
95
-ne4 matière, mesure, appartenance, etc.
vihmane "pluvieux" « vihm "pluie") porine "sale, boueux" « pori "boue") frangine" à un franc" « frank" franc")
siinne "d'ici, présent" « siin "ici") -line possession ou appartenance tehniline "technique" ideoloogiline "idéologique" kôrvaline "marginal" «,kfirval "à côtépostp.-adv.") -lik5 similitude, propriété realistlik "de manière réaliste"
emalik "materne}"« ema "mère") ônnelik
"heureux" « onn "bonheur")
korralik "convenable, ordonné" « kord "ordre") tundlik "sensible" « tundma "sentir") -kas a) quantité, abondance, profusion andekas "doué" « anne "don") naljakas "drôle, plein d'humour" « nali "plaisanterie") b) petite quantité, insuffisance
hapukas "aigrelet" « hapu "aigre, acide") 'punakas "rougeâtre" « punane "rouge") rohekas "verdâtre" « roheline "vert") -jas similitude ou insuffisance (cornme pour -kas) klaasjas "vitreux" « klaas "verre, vitre") mustjas "noirâtre" « must "noir") Les suffixes pour les lieux et les groupements -la lieu
haigla "hôpital" « haige "malade") ujuta "établissement de bain, piscine"
«
ujuma "nager")
vangla "prison" « vang "prisonnier")
4 Le suffixe adjectival le plus courant. A noter qu'il existe des substantifs en -ne, comme hobune "cheval", karjane "berger", etc. 5 En parler populaire, -line et -lik se confondent souvent. 96
-stik ensemble, groupe
sônastik "dictionnaire" laevastik
sôna "mot")
«
"flotte" « laev "bateau, navire")
kôrgustik "massif montagneux" maastik -kond
«
kôrgus "hauteur")
"paysage" « maa "terre, pays")
ensemble, domaine
teekond "itinéraire, voyage" « tee "route, chemin") seltskond "société" « selts "association, compagnie") laudkQnd maakond -ndus
"tablée" « laud "table") "district" « maa "terre, pays")
domaine d'activité
kirjandus "littérature" kaubandus
majandus "économie"
kiri "lettre")
«
"commerce"
« kaup "marchandise") «
maja "maison")
-ik lieu, domaine
kuusik "forêt de sapins" « kuusk "sapin") madalik "terrain bas, banc de sable" « madal "bas") N.B. toimik "dossier" « tomima "faire,exécuter") Les diminutifs -ke -- kene être ou objet petit ou sympathique
kassike "petit chat" « kass "chat") majake "petite maison" « maja "maison") kelluke "clochette" « kell "cloche") -u, -i nom de tendresse, appel affectueux kiisu "minet" kutsu "toutou" tibu "cocotte"
poju "fiston"
«
poeg, gén. poja "fils")
b) les verbes
-ta- - -da- sens causatif ou factitif kukutama "faire tomber" kasutanla otsustama
«
kukkuma "tomber")
"utiliser" « kasu "profit, utilité") "décider" « otsus "décision")
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-u- action réfléchie
laskuma "descendre" « laskma "laisser") pettuma "être déçu" « petma "tromper, leurrer")
kohtuma "se rencontrer" « kohtama "rencontrer") -ne- action translative kodunema "s'habituer, s'adapter à" « kodu "maison, foyer") taganema "reculer, se replier" « taga "derrière") tulenema
"résulter" « tulema "venir")
-ele- action fréquente ou réciproque
tegelema "s'occuper, pratiquer" « tegema "faire") kauplema "marchanter, faire du commerce" « kaup "marchandise")
vôitlema "se battre, combattre"
«
vôit "victoire")
-ata- action unique, inattendue karjatama vôpatama
"pousser un cri"
«
karjuma "crier")
"sursauter"
-tse- continuité
pidutseJna "faire la fête" « pidu "fête") haletsema "plaindre, avoir pitié de" « hale "déplorable, misérable fI)
sepitsema "forger; comploter"
«
sepp "forgeron, artisan")
-ise- sert à créer des verbes descriptifs pour désigner des bruits et des sons; ces v.erbes sont souvent intraduisibles kahisema "faire une bruit de feuilles au vent, bruire, frou frou ter"
kohisema "mumurer, gronder (en parlant de la mer)" vulisema "faire le bruit de l'eau qui coule" c) Les adverbes -sti manière
hasti "bien" « hea haa "bon") halvasti "mal" « halb "mauvais") kiiresti "vite" ( < kiire "rapide") ~
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-It manière
vahemalt "au moins" « vahem "moins") viisakalt "poliment" « viisakas "poli, counois") endiselt "comme avant, auparavant" « endine "antérieur") -mini comparatifs
paremini "mieux" « parem "meilleur") halvemini "plus mal" « halvem "pirett)
ôigemini "de façon plusjuste" « ôige "juste, vrai") -ti temps, -relation hommikuti "(en général) le matin" « hommik "le matin") kevadeti "à l'époque du printemps" « kevad "printemps") -vel ~ -vil situation, avec l'allatif -vele ~ -vile
arkvel "réveillé" « arkama "se réveiller") liikvel "en circulation" « liikuma "se mouvo~r,circuler") valvel "sur ses gardes, sur le qui-vive" « valvama "garder, surveiller")
arevil "en état d'exitation" « arev "inquiet") -kil ~-gil adessif de situation, avec l'allatif -kile ~-gile
istukil "en position assise" « istuma "s'asseoir") kükakil "accroupi" « kükitama "s'accroupir") -kesi nombre, manière
kahekesi "à deux" « kaks "deux") n1itmekesi "à plusieurs" « mitu "plusieurs") tasakesi "doucement,silencieusement,lentement" « tasa "sans bruit, doucement") -si manière jalgsi "à pied" « jalg "pied") vagisi "de force, par contrainte"
«
vagi "pouvoir, force")
-tsi moyen, manière
kasitsi "à la main"
«
kasi "main")
«
p(jlv "genou ")
-Ii situation
polvili "à genoux"
selili "sur le dos" « selg "dos) külili "sur le côté" « kü)g "côté")
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-Idi manière
eraldi "séparément"
«
eraldama "séparer, distinguer")
meeleldi "volontiers" « meel "sens, avis, esprit") pooleldi "à moitié" « pool "moitié")
2. La composition La composition est un procédé qui pennet au locuteur d'inventer des expressions des plus pittoresques s'il a suffisamment d'imagination et de courage "linguistique". La partie essentiel1e du mot composé est le dernier élément qui porte le sens principal. C'est lui qui se décline, mais c'est le premier composant qui porte l'accent. On peut donc facilement distinguer entre: isa 1f1aa(isa "père, maa "terre") "le terrain du père" et isamaa "patrie" a) Les composés nominaux Nominatif + Nominatif jalgratas "bicyclette" (jalg "pied" + ratas "roue") ôômaja "hôtel, abri pour la nuit" (OÜ"nuit" + maja "maison") puusark
"cercueil" (puu "bois" + sark "chemise"
= "chemise
en bois") kasikiri "manuscrit" (kasi "main" + kiri "écriture") postkaart "carte postale" (postkaart "poste" + "carte") kingsepp "cordonnier" {king "chaussure" + sepp "forgeron") Génitif + Nominatif laulupidu "festival de chant" (Iaul "chant + pidu fête") korstnapühkija "ramoneur" (korsten "cheminée + pühkija balayeur") habemeajaja "barbier" (habe "barbe + ajaja celui qui pousse, conduit, chasse") ajaleht "journal" (aeg "temps + .Ieht feuille") piirivalve "garde-frontière" (piir "frontière + valve sUIVcillant") sukasilm "maille" (sukk "bas + silm œil") Autres cas + Nominatif Pratiquement, on peut y utiliser toutes les formes de la déclinaison, sauf J'essif et le terminatif. Quelques exemples: 100
kodustôôtaja "personne travaillant à domicile" (kodus iness. de kodu "maison, domicile" + tüotaja "travailleur") toekspidamine "conviction" (toeks translate de tôde"vérité" + pidamine action de tenir, de croire"), etc. Adverbe + Nominatif eeskoda "vestibule" (ees "devant + koda maison, foyer") tagavara "provisions" (taga "derrière + vara" trésor") pealkiri "titre" (peal "sur + kiri écriture") - cf. allkiri "signature" (ail "sous, dessous) lâbimoot "diamètre" (Iâbi "à travers + moot mesure") Pronom + Nominatif igapaevane "quotidien" (iga "chaque + paevane de jour, journalier") iseloom Itcaractère" (ise "soi + loom nature") iseseisev "indépendant" (ise "soi + seisev se tenant debout") seekord "cette fois-ci" (see "ceci + kord fois") b) La composition verbale Certains adverbes sont sémantiquement si fortement liés au verbe que l'on peut les considérer comme étant des éléments de composition, même si l'orthographe ticnt à les écrire séparément. Exemplcs : tâhele panema "remarquer, faire attention" (tahele allat. de taht "étoile" et "lettre" + panema "mettre, placer") valja minema "sortir" ( valja "vers le dehors +minema aBer") taga ajama "pourchasser" (taga "derrière + ajama chasser, pousser") ette vaatama "être prudent" (ette "vcrs le devant, cn avant + vaatama regarder") kokku hoidma "économiser" (kokku "ensemble + hoidma tenir, garder") Tous ces éléments adverbiaux ont une grande liberté de mouvement par rapport à leur verbe. On dira par exemple: ma panin tahele, et... "j'ai remarqué que..." ; ta laks lôpuks valja "finalement,il sortit" (= il aHaenfin vers le dehors), etc. La composition sc réalise au moment où le verbe se transforme en nom. Exemple: ette vaatama "être prudent" ; vaadake ette! "faites attention!", donne l'adjectif ettevaatlik "prudent".
101
c) La composition adverbiale Quelques adverbes peuvent se lier entre eux: ümberringi "tout autour" (ümber "autour + ringi à la ronde") tagantjarele "après coup" (tagant "de derrière + jarele allat. de "après, à la suite") nagunii "certainement, de toute façon" (nagu "comme + nii ainsi") d) Composition avec -gi Le suffixe -gi
- -ki
- -ki sert surtout
à mettre en valeur un mot ou
une phrase. Le plus souvent, il remplace l'adverbe ka "aussi". ka mina oskan lugeda "moi aussi, je sais lire" ou minagi oskan lugeda Il se transforme en élément de vraie composition avec certains pronoms et adverbes: kes "qui?" > keegi "quelqu'un, un certain, personne" mis "quoi?" > miski "quelque chose" ise "soi-même" > isegi "même, de toute façon" kumb "lequel des deux?" > kumbgi "chacun des deux" kus "où?" > kuski kuskil "quelque part" kuidas "comment?" > kuidagi "d'une façon ou d'une autre" kui "quand, si" > kuigi "bien que" muid.u "autrement, dans Je cas contraire" > muidugi "bien entendu, bien sûr" peale "par-dessus" > pealegi "quand même, en plus" siis "alors, ensuite" > siiski "tout de même" ikka "toujours" > ikkagi "de toute façon, malgré cela" Le jour où vous saurez manier librement ce petit suffixe de rien du tout, mais qui pourtant exprime des nuances bien utiles, on dira que vous parlez l'estonien à merveil1c!
-
102
III. PRATIQUE DE LA LANGUE
A.LA CONVERSATION
COURANTE
1. Style littéraire, langue parlée
La langue écrite est en général plus compliquée - on dit "plus soignée" - que la langue parlée. Déjà le vocabulaire est plus varié; on cherche des synonymes, et dans la poésie on rencontre des mots rares et insolites qu'un lecteur moyen ne comprend même pas. Mais cela ne fait rien, c'est "joli". La syntaxe s'est imprégnée des façons de parler des IndoEuropéens (des Germaniques et des Baltes surtout). Elle subit des règles de coordination et de subordination peu fréquentes dans la langue parlée, puisqu'elles n'existaient pas dans la langue ancienne. Pour se faire comprendre, il faut utiliser des phrases simples. Et les Estoniens, traditionnel1ement très hospitaliers, vous aideront à vous faire comprendre. 2. IJes salutations La forme la plus simple, et valable partout, est: tere, réponse: tere-tere. A noter aussi les verbes teretama. "saluer, dire tere" et tervitaJl13 qui, lui aussi, signifie "saluer" mais relié à tervis "santé", c'est-à-dire qu'en saluant l'autre, vous lui souhaitez une bonne santé. De ce fait, on peut aussi remplacer tere par tervist "salut", partitif de tervis. Pour vous amuser, on peut rappeler ici la fonnule de Jean Cathala qui saluait parfois ses amis de Tallinn par "je vous terette" . Pour varier le tere passe-partout, on peut le situer dans la journée:
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Tere hommikust I:Bonne matinée" Tere paevast "Bonjour" Tere ohtust "Bonsoir" Toutes ces fonnes sont des élatifs (de hommik "matin", pâev "jour", ohtu "soir"), mais on entend aussi parfois, pour hommik, le partitifhommikut. En prenant congé, on dit le plus souvent: Nagenliseni (tenninatif) "Au revoir" Kuulmiseni au téléphone: litt. "Au ré-entendre" Head aega "Bon temps" Head ôhtut "Bonsoir, bonne soirée" Head ôôd "Bonne nuit" On dit aussi hüvasti (*hüva = hea) qui comporte une idée de séparation: on ne sait pas si on se reverra bientôt. Mais quand on dit jumalaga "adieu" (= avec Dieu), la séparation est probablement définitive et l'on peut y ajouter quelques lannes. Une fonnule de salutation originale a pris naissance à la campagne. Quand en passant, on voyait quelqu'un travailler, on lui souhaitai t : Joudu "De la force" ou Joudu tô()le "De la force pour le travail" Réponse: Jôudu tarvis "De la force (est) nécessaire" Il faudrait aussi retenir la forme de salut adressée aux étrangers arrivant dans une maison estonienne: tere tulemast "Sois / soyez le bienvenu" (= tere pour être venu) Après les "bonjour", on peut demander: Kuidas lüheb? "Comment (ça) va?" Kuidas elate? "Comment al1ez (= vivez)-vous?" Kuidas küsi küib? "Comment va (= marche) la main?" Il faut en effet se rappeler que la main joue un rôle essentiel dans les activités humaines. En estonien, elle s'est même grammaticalisée (v. ch. I, p. 52). Il est donc évident que le bon fonctionnement de ]a main garantit la prospérité, et une question comme celle que nous venons de voir se justifie tout à fait. La réponse polie est toujours:
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Tanan, hasti! "Merci, bien!" ou Tanan küsimast, hasti! "Merci de demander, bien!" Entre amis qui se rencontrent souvent, au "bonjour", on peut aussi ajouter la petite question: Tere, mis uudist? "Quoi de neuf ?" 3. Les présentations Si vous voulez faire connaissance et qu'il n'y a personne pour vous y aider, vous pouvez dire: Lubage, et esitlen end "Permettez que je me présente" Minu nimi on X "Mon nom est X" Olen prantslane "Je suis français" Réponse: Vaga rôômustav! "Très réjouissant!" En présence d'une personne' connue, vous pouvez dire, par exemple: Palun, esitle nlind "S'il te plait, présente-moi" - orna sôpradele "- à tes / vos amis" - orna kolleegidele "- à tes / vos collègues" See on harra A. "C'est Monsieur A." - proua B. "- Madame B." - preili C. "- Mademoiselle C." Quelqu'un peut avoir la bonne idée de se précipiter vers vous et dire: Saage tuttavaks : harra A., proua B., etc. "Faites connaissance (= devenez des connus): Monsieur A., Madame B." La réponse est toujours la même: Vaga rôômustav "Très réjouissant!" Vous pouvez ensuite demander: Kuidas' on Teie ninli ? "Quel (= comment) est votre nom?" - eesnimi? "- prénOITI?" Mis on Teie elukutse? "Qucl1e est votre profession ?" Kus Te elate? "Où habitez-vous ?" Teie aadress, palun "Votre adresse, s'il vous plaît" Annan Teile orna telefoni nunlbri "Je vous donne mon numéro de téléphone"
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4. Remerciements, excuses Le "merci" habituel 'est emprunté au langage enfantin: aitah!, avec l'accent sur la dernière syllabe. La fonnule plus
solennelle est:
'
Tanan "Je (vous) remercie" ou Suur tanu "Grand merci" (= remerciement) - kutse eest "- pour l'invitation" - abi eest "- pour l'aide, pour le secours" - külalislahkuse eest "- de l'hospitalité" Réponse: Palun ou palun vâga "Je vous en prie" (= je prie ou je prie très) Pal un peut aussi se mettre à la place de "s'il vous plaît" : Palun vôtke istet "Asseyez-vous (= prenez un siège) s'il vous plaît" Palun oodake "Veuillez attendre" Üks silmapilk, palun "Un instant (= regard de l'œi1) s'il vous plaît" L'excuse (vabandus) s'exprime par l'impératif de andeks andma "pardonner" (= donner pour don) et vabandama "s'excuser" : Anna andeks, mul on kiire "Pardonne(-moi), je suis pressé" (= à moi est rapide) Ande andeks, ma kaotasin vôtme "Pardonnez(-moi), j'ai perdu la clef' Vabanda, ma ei saanud aru "Excuse( -moi), je n'ai pas compris" Vabandage, ulis Te ütlesite? "Excusez(-moi), qu'avezvous dit ?" Andeks andma est le verbe d'usage quotidien que l'on peut remplacer par la fOnTICplus littéraire andestama : Andestage, et ma olen karsitu "Pardonnez mon impatience" (= que je suis impatient) S'il vous arrive de bousculer quelqu'un, dites seulement: Vabandust (part. de vabandus) ttExcuse"
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Vabandust, et astusin jala peale "Excusez(-moi)de vous avoir marché sur les pieds" (= d'avoir marché sur (le) pied) La réponse aux excuses peut là encore être: paluD "je (vous en) prie" 5. Les déplacements Si quelqu'un vous dit qu'il "va (ou ira) à Tal1inn" (soidab Tallinna), vous pouvez être sûr qu'il n'ira pas à pied. En effet, sôitma est un verbe qui signifie "aller, se déplacer" mais en utilisant un moyen autre que sa propre personne (cf. allem. fahren) Inill1ene soidab "Un homme (être humain) se déplace: - en (= avec) bateau - laevaga - rongiga - en (= avec) train - lennukiga - en (= avec) avion - à (= avec) cheval" - hobusega etc. Quand il "va à pied", il laheb jalgsi. Le verbe minelna "aller, parti rUconvien t en fait à tous les départs: Laev laheb sadamast "Le bateau quitte le port" Millal laheb (ou sôidab) rong valja ? "Quand part (= va) le train?" (valja minenla "sortir, partir [mouvement vers l'extérieur]) Quelques phrases utiles pour le voyageur: Kus asub lennujaam? "Où se trouve l'aérogare ?" Konsulaat annab viisa "Le consulat donne le visa" - informatiooni "- l'information" Pank vahetab raha "La banque change l'argent" Palun reserveerige mulle pilet" S'il vous plaît, réservezmoi le billet" Mul on üks reisikott ja kaks kohvrit "J'ai un sac de voyage et deux valises" Mina reisin ilma pagasita "Je voyage sans bagagcs" Politseinik kontrollib passi "Le policicr contrôle le passeport"
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Tolliametnik küsib: kas Teil on alkoholi vôi sigarette 1 "L'employé de la douane demande: avez-vous de l'alcool ou des cigarettes 1" Taidame tollideklaratsiooni "Remplissons la déclaration de douane" Kail ootavad sôbrad "Sur le quai attendent les amis" Eestis on kombeks kinkida reisijale lilli "En Estonie, on a pour coutume d'offrir au voyageur des fleurs" Kus on Uihim bussipeatus "Où est l'arrêt d'autobus le plus proche? - tranlmipeatus? "-l'arrêt du tram ?" - takso ? "- la station de taxi 1" Siit paremale "D'ici à droite" - vasakule "- à gauche" - otse "- tout droit" Meie kolleeg sôidab orna autoga "Notre collègue voyage avec sa voiturc" Kas bensiin on kallis vôi odav? "Est-ce que l'essence est chère ou bon marché ?" Ei tea, igal rnaal on orna hind "(Je) ne sais pas, chaque pays a son prix" Praegu on veel kürnme liitrit tagavaraks "En ce moment, il y a encOre dix litres en réserve" - Juhtus vaike Ünnetus "- Il Y a eu un petit malheur" - Kas tôesti ? - Vraiment? - Kumm laks katki - (Un) pneu a éclaté" (= est parti éclaté) Maantee laheb pôhja poole "la grande route va vers le nord" Vaadake kaarti "Regardez la carte" Pidage J11eelesih11akaared "Rappelez-vous (= gardez en mémoire) les points cardinaux:
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pôhi "nord" kirre
loe
ida "est"
lüas "ouest" kagu
edel lôuna sud
Kompass aitab, kui kaart on vale "La boussole aide quand la carte est fausse" Si vous savez déjà tout cela, il ne nous reste plus qu'à vous souhaiter head reisi! "bon voyage!". 6. OÙ se loger? A Tallinn, il a plusieurs hôtels dont le plus célèbre s'appelle "Vim". C'est la boîte blanche que l'on aperçoit pardessus les toits rouges de la vieille ville. Son nom vicnt de Virumaa "Vironie", département situé sur la côte septentrionale, en face de la Finlande. De ce fait, pour les Finnois, l'Estonie entière s'appel1e "Viro". Comme les Estoniens cultivés sont presque tous polyglottes, vous n'aurez pas de difficulté à vous faire comprendre. Si vous demandez: Kas Te raagite prantsuse keelt ? "Parlez-vous français ?" (= langue française) - inglise keelt? "- anglais ?" - saksa keelt? "- allemand ?" - vene keelt ? "- russe ?" il est presque sûr que l'interlocuteur vous répondra dans la langue que vous avez mentionnée. Mais vous pouvez essayer de dire tout de suite en estonien ce que vous cherchez. Il vous faut üks tuba ("une chambre") ühele inimesele ("pour une personne"), kahele ininlesele ("pour deux personnes"). Un Estonien d'Occident dirait: Kas on vaba tuba? flY a-t-il une chambre libre ?"
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Mais les Estoniens d'Estonie ont été habitués à parler de "place(s)" : Kas Teil on vabu kohti ? "Avez-vous des places libres?" Aussi, ne vous inquiétez pas si l'on vous propose une "place" (koht) : on ne vous mettra pas sur un matelas dans un dortoir, vous aurez droit à une chambre. Ce vocabulaire est un héritage de l'époque soviétique où tout devait être collectif, même le sommeil, de sorte que le voyageur était presque toujours obligé de partager sa chambre d'hôtel avec plusieurs inconnus. Dans certains endroits, on pourra aussi vous proposer des numbrid ("numéros"). Cette expression vient directement du russe où l'on demande des svobodnye nomera ("numéros Iibres"). Mais les temps changent, et à votre arrivée en Estonie, il y aura peut-être aussi des fonnules finnoises ou françaises. Qui sait? En tout cas, il ne faut surtout pas oublier de demander: Mis hinnaga ? "A quel prix ?", car, comme on le sait, les prix subissent des fluctuations. Si votre chambre est au "premier étage" (esimesel korrusel), ne vous précipitez pas vers l'ascenseur. Le numérotage des étages n'est pas tout à fait le même qu'en France: le premier étage, c'est lc rez-de-chausséc. Ensuite, tout comme en France, on monte: teine kord ou korrus "premier étage", kolmas korrus "deuxième étage", etc. Reserveerige, palun, tulevaks nadalaks! "Réservez, s'il vous plaît, pour la semaine prochaine!" si vous ne voulez pas avoir une chambre tout de suite. Sinon, on vous donnera la "clé" (vôti) et vous pourrez "monter l'escalier" (trepist üles nlinna) ou "prendre l'ascenseur" (minna liftiga). Dans votre chambre, vous trouverez probablement tout ce qu'il faut. S'il n'y a pas de vannituba ("salle de bain"), il y aura certainement un dusiruum ("coin douchc") et un WC ("WC") fonne plus élégante que valjakaik que l'on pourrait traduire par "sortie dehors".
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Au cas où quelque chose viendrait à vous manquer, notez bien des petites phrases telles que: Ma sooviksin... "Je souhaiterais, je désirerais..." Mul oleks vaja... "J'aurais besoin de... It Ma ei leia... "Je ne trouve pas..." Kust saab... ? "Où peut-on trouver, obtenir... ?" Peut-être serez-vous invité par vos amis à loger dans leur korter ("appartement") qui peut se trouver en dehors d~ kesklinn ou südalinn ("centre") et où l'on se rend en-trollibus (ou troll) "autobus régulier", ou en ekspressbuss ("bus rapide") aux tipptundidel ("heures de pointe"). Evidemment, vous pouvez aussi utiliser le takso ("taxi") ou aller jala ("à pied tf). 7. Si nous allions déjeuner? L'hôtel vous a sans doutc proposé le hommikueine "petit déjeuner" (= repas du matin) : kohvi, teed vôi piima ("du café, du thé ou du lait"). Pour déjeuner, on peut choisir un restoran ou soôkla (de sÜÜma "manger"). Le kelner "garçon, serveur" vous apportera le Inenüü. Vous y trouverez: Supid "potages" . piimasupp "soupe au lait" . hapukapsasupp "potage à la choucroute" (ri.en à voir avec la choucroutc française) "bortsh (le fameux potage russe aux . bors betteraves et à la crème)" . puljong pirukaga "bouillon, consommé avec petit pâté" Ici, il convient d'ouvrir une parenthèse à propos du pirukas, sorte de petit pâté ou de friand, feuilleté ou non, garni d'un hachis de viande, de poisson, de légumes ou de fruits. II existe une grande variété de pirukad : à la "viande" (Iiha), de bœuf surtout, au "jambon" (sink) ce qui donne des singipirukad, au "chou" (kapsas), à la "carotte" (porgand), etc. Kalaroad ou kalatoidud "poissons" . praetud kala "poisson rôti": lest "plie", sarg "gardon", haug "brochet" 111
. paneeritud . suitsukala
kala "poisson pané" "poisson fumé": angerjas "anguille", sprott "sprat"
Liharoad "plats de viande" - Ici, vous serez émerveillé de trouver une terminologie qui se passe de traduction: biifsteek, rostbiif, guljass, bofstrooganov, etc. Quelques restaurants y ajoutent des frH kartulid "pommes frites". Parmi les plats traditionnels, on peut citer: . karbot)3.ad "côtelette de porc" . lihapallid "boulettes de viande" . kotletid "croquettes de viande hachée (avec des oignons)" . kapsarullid "choux farcis" . viinerid "saucisses viennoises (ou de Francfort!)" - kartulisalatiga "avec des pommes de terre en salade" - hapukapsastega "avec de la choucroute", etc. Aedvili "légumes" : keedetud "cuits, bouillis", praetud "rôtis", riivitud "râpés" . kartulid "pommes de terre" . porgandid "carottes" . peedid "betteraves" . kurgid "concombres" . madarÜigas "raifort" . seened "champignons" . kaalikad "choux-navets, rutabagas" . tomatid "tomates" . kapsad "choux"
Salatid "salades"1
. lehesalat "salade de laitue" (= de feuilles") . tOlnatisalat "salade de tomates", etc. Magusroad "desserts" . kompott "compote" 1 Les "airelles" (pohlad) et les "canneberges" (jÜh"ikad) souvent dans la composition des salades. 112
entrent
.
kissell "kissel" gelée de fruits assez liquide préparée avec de la fécule - le plus populaire est le jôhvikakissel "kisscl aux canneberges" . jaatis "glace" . pannkoogid "crêpes" (= gâteaux à la poêle - cf. allem. Pfannkucken) . kook, tort "gâteau" (le kohupiimakook "gâteau au fromage" est particulièrement savoureux) . vahukoor "crème fouettée (avec du chocolat, des fruits, etc.)
Vous aurez remarqué qu'il n'y a pas de fromage au programme. En Estonie, on en mange au petit déjeuner et le soir, mais pas au repas de midi. Si vous ne pouvez pas vous en passer, vous direz: Sooviksin tükk Juustu, palun "Je désirerais un morceau de fromage s'il vous plaît" Il vous faudra aussi demander du pain car il n'est pas évident que vous en trouviez automatiquement sur la table, comme dans les restaurants français. Manifestez donc votre habitude de manger du pain et demandez: Palun leiba "du pain s'il vous plaît" Il faut que vous appreniez à faire la distinction entre leib "pain (pain noir, pain de siegle)" et sai "pain blanc, pain de froment, brioche" et sepik "pain complet de froment ou d'orge)". Le pain est un élément nécessaire de la nourriture. Le sai flatte surtout la gourmandise. Tous les petits pains aux raisins, à la cannel1e, aux amandes, etc. sont des saiad. Vous les trouverez chez le pagar ("boulanger"), le kondiiter ("confiseur") et, bien entendu, dans les kohvikud ("cafés"). Joogid "boissons" On ne boit pas beaucoup pendant les repas, mais on peut toujours commander quelque chose. Si le vein ("vin") est absent (Ie pays n'en produit pas), on peut toujours demander (ilut "de la bière", l11ineraalvett ("de l'eau minérale"), ou encore du nl0rss, boisson que l'on ne vous recommande pas particulièrement car il s'agit d'un mélange assez fade de jus de fruit et d'eau (du robinet en général). Après le repas, vous 113
pourrez prendre üks tass kohvi ("une tasse de café"). En tout cas, head isu! "Bon appétit!" Pour compléter le tableau, arrêtons-nous un instant sur quelques plats que vous ne trouverez probablement pas au restoran mais que l'on prépare dans les foyers autochtones, par exemple: . sült "galantine gelée" préparée à partir de tête de porc on la mange avec du sinep "moutarde". . rosolje "salade russe" composée de différents légumes dont des concombres à l'aneth et au sel et des betteraves rouges, quelques morceaux de hareng, le tout dans de la crème. . pudrud "bouillies, purées" que l'on mange la plupart du temps au petit déjeuner: riisipuder "riz au lait", tangupuder "gruau d'orge", mannapuder "semoule au lait", tatrapuder "gruau de sarrasin". . kama "farine griJlée" composée de céréales et de légumineuses que l'on mange avec du lait caillé ou de la crème. 8. Le jour, la date, l'heure Si vous ne voulez pas manquer vos rendez-vous, rappelezvous bien quel jour de la semaine (nadal) on est: esmaspaev "lundi" (= premier jour) teisipaev "mardi" (= deuxième jour) kolmapaev ou kesknadal "mercredi" (= troisième jour, ou milieu de la semaine) neljapaev "jeudi" (= quatrième jour) reede2 "vendredi" laupaev "samedi" puhapaev "dimanche" (= jour sacré) Les noms des mois (kuu) sont très simples à comprendre: jaanuar, veebruar, marts, aprill, mai, juuni, juuli, august, september, oktoober, novenlber, detsel11ber.
2 Cf. aIl. Freitag, suédois .fredag. 114
Les dates des événements et des rendez-vous se mettent à
r adessif : Aasta algab esimesel jaanuaril "L'année commence le premier janvier"3 Mais si voulez simplement connaître la "date" (kuupaev (= jour du mois) daatum), vous pouvez demander: Mitmes tana on? "Aujourd'hui, c'est quel jour 1" On vous répondra par exemple: Neljateistküll1nes juuli "Le 14juillet" Pour marquer l'heure, le vocabulaire est simple, mais il faut savoir le manier. L'''heure'' (tund) contient des "minutes" (minuteid) et des "secondes" (sekundeid). Etendus kestab kaks tundi ja kümme minutit "La représentation dure deux heures et dix minutes" On lit l'heure à la "montre" (kaekell) ou à l'horloge. Kell peut être une "horloge (au mur)" (seinakell), une "horloge de clocher" (tornikell), etc. Mis kell on? "Quelle heure est-il '1" Kell on kaks "11est deux heures" (= l'heure est deux) - veerand kolJn "- deux heures et quart" (= quart (sur) troi s) - pool kolm "- deux heures et demie" (= demie (sur) trois) -
kolmveerand kolm
"- trois heures moins le quart"
(= trois quarts (sur) trois) Quand on commence à opérer avec les minutes, cela devient plus compliqué car les réponses peuvent varier; "trois heures cinq minutes" pourra recevoir les traductions suivantes: kell kohll ja viis J11inutit "trois heures et cinq minutes" viis minutit üle kolme "cinq minutes au-dessus de trois" viis nlinutit kohll Hibi "trois passé de cinq minutes" viis nlinutit nelja peal "cinq minutes sur le quatre"
3 Pour les nOlnbres, voir Ch. I, p. 38. 115
La journée se partage en deux: l'avant-midi et l'après-midi. enne lôunat "avant midi, avant le déjeuner" ou hommikupoolikul "dans la moitié du matin, dans la matinée" ttaprès midi" parast lôunat ou ôhtupoolikul "dans la moitié du soir" Et si vous sentez que vous allez vous embourber dans des chiffres et des horaires, demandez à votre interlocuteur de vous aider: Kirjutage palun üles ttS'Hvous plaît, mettez (cela) par écrit) 9. Poste, télégraphe, téléphone Kust saab osta paberit? ttOù peut-on acheter du papier ?" tt_ des enveloppes ?" - ümbrikuid ? - postkaarte ? "- des cartes postales ?" Quand vous aurez tout cc qu'il faut pour écrire, vous vous rendrez au postkontor ("bureau de poste") pour acheter des kirjamargid ("timbres") et vous renseigner sur les tariifid. Vous y trouverez des tennes internationaux tels que chronopost, express, telegramm, etc. D'ail1eurs, pour le courrier étranger, la poste estonienne utilise le français. Mais si vous tombez sur un employé glincheux qui ne connaît pas le mot "recommandé", il faut savoir préciser que c'est tühitud (kiri "lettre", pakk "paquet"). Kui palju maksab üks kiri Prantsuslnaale ? "Combien coûte une lettre pour ]a France 'lit hariliku postiga? "par voie ordinaire ?tt ôhupostiga "par avion 'l" Après avoir payé et collé votre timbre, vous laisserez tomber votre missive dans une postkast (ttboÎte à lettres"). Notez aussi deux petites phrases qui pourront vous être utiles: Kontor (bÜroo) on avatud kella 2-st (kahest) kella 6ni (kuueni) "Le bureau est ouvert de 14 heures à 18 heures" Suletud "fenné"
] ]6
Pour envoyer de l'argent, vous demanderez une rahakaart ("mandat" = argent-carte), et pour le télégramme un telegrammi-blankett, et vous ajouterez toujours palun ("s'il vous plaît, je vous (en)prie"). Ceci peut remplacer tous les verbes généralement utilisés, : ma sooviksin "jè souhaiterais", ma tahaksin "je voudrais", kas tohib küsida "est-il possible, permis de demander" (cf. aIl: dürfen), ma pean ostma "je dois acheter", etc. "Téléphoner" sc dit helistama (heli "son"). Si vous oubliez ce mot, dites telefoneerima. Ma pean helistan13 "Il faut que je téléphone". Kaugekône tuleb tellida "Une communication longue distance doit être demandée à l'avance". Le keskjaam ("central téléphonique") parle souvent l'anglais. Mais si "l'apparei1 est qétraqué" (aparaat on rikkis), on peut essayer de nouveau à partir d'une telefoniputka ("cabine téléphonique") dans la rue. HaHoo siin raagib üks prantsuse külaline "Al1ô, ici parle un visiteur français" Kas harra X on kodus? "Monsieur X est-il chez lui ?" (kodu "maison, foyer") 10. Un tour dans les magasins Les "magasins" (kaupl used) et les "boutiques" (poed) se ressemblent: müüja müüb ("le vendeur vend") et ostja ostab ("l'acheteur achète"). Ce dernier doit surtout apprendre à distinguer entre odav ("bon marché") et kallis ("cher"), et savoir s'il peut payer en valuutas ("devises") ou s'il suffit de vahetada frangid kroonideks ("changer les francs en couronnes). Lorsque vous aurez trouvé votre "marchandise" (kaup), vous pourrez vous servir de trois petites phrases pour régler l'affai re : Las ma (veel) vaatan "Laissez-moi (encore) regarder" Lubage, et ma valin "Pennettez que je choisisse" Palju see maksab? "Cela coûte combien ?" Ma vôtan selle "Jc prends ceci" On fait un sourirc et on paic à la kassa ("caisse").
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Les étrangers s'intéressent surtout aux suveniirid. On peut leur conseiller: des "disques" heliplaadid, des "livres" raamatud, des "photos" fotod. de "l'artisanat local" kodukasitoo (= travail manuel de chez soi), des "bijoux" ehted, des "jouets" manguasjad, etc. Des livres, vous en trouverez dans les "bibliothèques" raamatukogud, les "librairies" raamatukauplused. Nous "conseil1ons" (soovitanle) des "dictionnaires" sonastikud ou sônaraanlatud, des "manuels (pour apprendre)" ôpikud, des "guides de voyage" reisijuhid, des "cartes géographiques" maakaardid, des "calendriers d'art" kunstikalendrid. Même si vous prenez vos repas à l'hôte], vous pouvez vous intéresser aux toiduainete-kauplused "magasins d'alimentation" où vous trouverez des "fruits" et des "légumes" : puuvili "fruits de l'arbre", aedvili "fruits du jardin", koÜgivili "fruits de la cuisineH. On vous vendra aussi des produits de boulangerie: leib "pain" en général. rukkileib "pain de seigle". Quelquefois aussi: sepik "pain bis, pain cotllplet de froment ou d'orge", sai "pain blanc, brioche", sarvesai "croissant" (sarv "come" + sai); küpsised "pâtisseries", koogid "gâteaux", tordid "gâteaux, tartes". Pour boire, vous aurez le choix entre: kohv "café", tee "thé", kakao "cacao", Dlineraalvesi "eau minérale", olu "bière", mahl "jus (de fruits)", viin "eaud e- vie", et peut -être du v ei n "v in" .
Dans la partie consacrée à l'épicerie, on aura le choix entre di fférentes konservid "conserves", karbid "boîtes", purgid "pots, bocaux", pakid "paquets, sachets", etc. A noter que tout ce qui passe sur la balance se mesure en kilo et en gramme Vous aurez peut-être besoin de vous acheter "une paire de chaussures" (üks paar killgi) ou quelques "mouchoirs" (taskuratikud). Vous vous dirigerez donc vers les magasins de 118
chaussures ou de textiles. Et là, vous apprendrez, au sujet de l'habillement, des expressions bien curieuses. En français, on "met" une "robe, un chapeau, des chaussures, etc. En estonien, vous les mettez "dans le dos", "dans la tête", "dans le pied", etc. C'est toujours un illatif qui s'impose: Pane püksid, sukad, kingad jalga = mets le pantalon, les bas, les chaussures dans le pied mantel, kuub, kleit selga = le manteau, la veste, la robe dans le dos müts, kübar, ratik pahe =la casquette, le chapeau, le foulard dans la tête kindad katte = les gants dans la main sali kaela = l'écharpe dans le cou. Il s'agit sans doute d'uQe représentation particulière de l'espace, de sorte que les pat1ies du corps dépassent les limites de leur contenu anatomique. Proovime saapad jalga "essayons (ces) bottes" (= essayons ces bottes pour voir si eUes conviennent à J'espace du picd) 11. Pensons aux affaires! Si vous êtes un arimees ("homme d'affaires"), on ne vous confondra pas avec un arikas "trafiquant en tous genres qui essaie de pêcher dans les eaux troubles". Vous pourrez prendre contact avec l'administration et les entreprises sérieuses. Si votre domaine est kaubandus (le "commerce") ou tê)ostus (]"'industrieH), vous pourrez vous adresser au ministeerium ("ministère") compétent. Linnavalitsus (la "municipalité" = gouvernement de la ville) pourra, elle aussi, vous être utile; vous y rencontrerez un majandusnôunik ("conseiller économique") ou tout autre ametnik ("fonctionnaire") qui saura répondre à vos questions. Les ministères qui peuvent vous intéresser sont surtout le Valisministeerium ("Ministère des Affaires Etrangèreslt), le Sisenlinisteerium ("Ministère de l'Intérieur") le Kaubandusministeerium ("Ministère du Commerce"). Parmi les ettevôtted ("entreprises") qui vous concernent, 1] 9
on distingue surtout entre riigiettevotted ("entreprises d'Etat") et eraettevotted ("entreprises privées"). La tenninologie qui les identifie est assez riche: tehas, küitis "usine", vabrik "fabrique", firma "maison de commerce, entreprise", aktsiaselts "société anonyme", kooperatiiv "coopérative", agentuur "agence". La recherche des koostôôpartnerid (= partenaires de coopération) étant toujours d'actualité, vous serez bien accueilli et on vous donnera un tolk "interprète" qui vous aidera à vous expliquer. Si l'on veut avoir une idée plus précise de la situation économique du moment, on a intérêt à feuilleter les pages de kuulutused ("petites annonces") des grands journaux. Le vocabulaire de ce livre vous aidera à les déchiffrer. 12. L'économie, ça vous intéresse? Avant la guerre, l'Estonie était surtout un pays agricole capable de se nourrir lui-même. Son industrie était centrée sur l'exploitation du schiste bitumineux (polevkivi) et des ressources forestières. La colonisation soviétique a destructuré la production (toodang) locale. L'Estonie était obligée de fournir à la Russie de l'énergie électrique (elektrienergia) et des produits alimentaires (toiduained), surtout de la viande (liha). De nouvelles usines furent construites qui travaillaient avec la main-d'œuvre importée d'URSS. Le déséquilibre économique se traduit par le fait que l'Estonie devra importer des céréales (teravili) probablement jusqu'à la fin de ce siècle. Les dernières statistiques du "revenu national", qui datent de 1989, donnaient les chiffres suivants: agriculture (pôllumajandus) 250/0,industrie (tC)ostus) 440/0, bâtiment (ehitus) ] ] %, transport (transport) 6%, commerce (kaubandus) et autres activités14%4. Actuellement, on exporte les produits suivants: énergie électrique (elekter), viande (liha), produits laitiers (piinla-
4 Selon le journal Eesti PiievalehtlEstniska Dagbladet du 24 février 1993. 120
tooted), textiles (tekstiil), machines (masinad, seadmed), bois (puidutooted), papier (paber), matériaux de construction (ehitusmaterjalid), produits chimiques (keemiakaubad). Depuis l'indépendance, les relations commerciales se sont rétablies avec les pays occidentaux, surtout avec la Finlande (Soome), la Suède (Rootsi) et l'Allemagne (Saksamaa). Mais on a surout besoin de refaire et de moderniser les installations vieillies et délabrées et de se procurer des matières premières (toorained), du pétrole (nafta), des métaux (métallid), etc. Pour la reconstruction du pays, on a quelques atouts, notamment, un bon réseau routier (teedevork) : plus de 1000 km de rail (raudtee "chemin de fer") et 14800 km de routes (teed, maanteed). Les ports (sadamad) sont restés importants pour communiquer avec l'étranger. Les Russes auront besoin, pour leurs importations européennes, de passer par les pays baltes. A côté de la restructuration de la production agricole, il faudra repenser l'exploitation des richesses du sous-sol: le chiste bitumineux (pôlevkivi), la tourbe (turvas), la phosphorite (fosforiit) et aussi de la pêche (kalapüük, kalandus). Les journaux parlent des investissements (investeeringud) et notent que le chômage (toopuudus) ne pourra être évité. En fait, ce qui manque (puudub), ce n'est pas tellement le trav'ail (too) mais, dans certains cas, le courage (julgus) ! 13. Des problèmes de santé? Avant de partir, vous aurez veillé à prendre une kindlustus ("assurance") et au moins quelques aspiriini-tabletid dans vos valises. Vous ne trouverez peut-être pas votre médicament habituel dans une apteek ("pharmacie"). Le jour où vous serez obligé de dire: Ma olen haige "Je suis malade" Mul pea valutab "J'ai mal à la tête" - hammas " - à (une) dent" - kurk " - à la gorge"
121
-
kôht
"-
à l'estomac, au ventre"
(kas on toidumürgitus? "Est-ce (une) intoxication alimentaire 1) Mul on palavik "J'ai la fièvre", il faut appeler le "médecin" (arst) ou aller dans un "hôpital" (haigla) pour recevoir des "soins hospitaliers" (haiglaravi), ou tout simplement le secours d'une "infirmière" (meditsiiniôde - ou medôde, abréviation de style soviétique, ou encore, tout simplement ôde). Il vous faut probablement paar paeva voodisse jâama "rester quelques jours au lit". S'il vous arrive un accident dans la rue, une "ambulance" (kiira bia uto) vous transportera à l"'hôpital des urgences" (kiiriabihaigla), où vous trouverez certainement des médecins qui parlent en plus de l'estonien une langue étrangère. Mais s'il vous arrive quelque chose de déplaisant dans la rue, n'hésitez pas à vous adresser à un passant sympathique: Aidake mind! "Aidez-moi".
B. L'ESTONIEN
DE PARIS
La communauté estonienne en France est moins importante que celles que l'on rencontre en Suède ou en Amérique par exemple. Les membres qui vivent à Paris se réunissent régulièrement toutes les semaines pour échanger des nouvelles et parler estonien de temps en temps ou encore organiser des manifestations culturelles, des concerts, des soirées littéraires et des services religieux avec des pasteurs estoniens invités de l'étranger. Quand on écoute les Estoniens de Paris, on constate d'abord que leur façon de parler est plus ou moins "pure", surtout quand on peut les comparer aux Estoniens d'Amérique dont "l'accent" attire tout de suite l'attention. Le linguiste Andrus Saareste venait souvent en France et prétendait qu'un séjour prolongé sur les bords de la Seine modifiait la qualité des voyelles. En tout cas, une oreille non phonéticienne n'entend en général aucune particularité. 122
Ceux dont la jeunesse se situe dans les années vingt ou trente ont évidemment gardé leurs habitudes linguistiques. A cette époque, il y avait encore des endroits où la troisième personne du pluriel des verbes connaissait au prétérit la fonne en -vad : olivad au lieu de olid "(ils) étaient", et où pea "tête" et hea "bon" se prononçaient régulièrement paa et haa. Il y a aussi des éléments dialectaux auxquels les locuteurs se sont habitués. Mais l'originalité de l'estonien parlé à Paris réside surtout dans le vocabulaire de couleur locale, adapté au système phonétique estonien. On sait qu'un objet nouveau est en général adopté avec son nom étranger. La ménagère qui va au marché y trouve beaucoup de produits inconnus en Estonie, tels que les crevettes, les blettes, les nectarines, les poivrons, les endives. Automatiquement, elles traduisent par krevetid, bletid, nektariinid, puavrood, andiivid. Certains fruits et légumes sont représentés dans les dictionnaires, mais comme on a appris à les connaître seulement en France, on ignore leur dénomination officielle. L'" artichaut" devient ainsi artisoo pour artisokk, le "poireau" donne puaroo au lieu de porrulauk, les "oranges" sont quelquefois appelées oransid au lieu de apelsinid, les "pêches" sont pesid et non pas v.irsikud, les "abricots" se réduisent à abrikood ou abrikud, pourtant le mot aprikoos devrait être bien connu. Mais très souvent, il s'agit de la paresse du locuteur qui ne prend pas la peine de réfléchir et de chercher le terme correspondant dans sa propre langue. Lennuk "avion" peut ainsi devenir avioon. Et pourquoi pas, puisqu'il existe déjà unioon, revolutsioon, etc. ? Etant habitué aux mots français qui portent l'accent sur la dernière syllabe - nous avons vu des termes comme artisoo, puaroo, etc. - on est étonné d'entendre régulièrement dans certains cas cet accent se déplacer vers la première syllabe du mot, selon la tradition estonienne. On dit ainsi métro et 6opera. Parmi les verbes utilisés quotidiennement, il n'yen a qu'un seul qui a été clnprunté au français: "se débroui11er". ]23
Les Estoniens savent bien être plus ou moins "débrouillards" mais il n'existe pas de mot pour désigner cette capacité. Le verbe français est donc repris et le locuteur essaie de lui donner une forme conjugable. Celle-ci peut être debruima, debrujeema ou, avec le factitif -ta~, debrujeetama. Phoniquement, le verbe semble insolite et, par conséquent, difficiJe à manier. De ce fait, on dit quelquefois tout simplement tema debrui "il (sc) débrouille". Ceux qui sont habitués à penser en français éprouvent quelquefois certaines di fficultés à rester fidèle à la syntaxe estonienne. "Je vous l'expliquerai" qui se traduirait normalement par ma seletan teile ("j'explique à vous"), apparaît soudain avec la même succession de mots qu'en français: ma teile seletan. Les nuances de la syntaxe mériteraient d'être étudiées car elles révèlcnt la façon de penser du locuteur. Mais, en général, on peut dire que l'estonien parlé à Paris est tout à fait correct. Et si vous voulez vous entraîner dans ce domaine, on peut vous conseiller de prendre contact avec cette communauté.
c. M~:FI~:Z-VOUS DE L'EST()-FINNOIS
!
Le finnois et l'estonien sont deux langues très proches, si proches que quelqu'un qui les regarde superficiellement peut imaginer qu'il serait inutile d'apprendre le finnois si l'on sait l'estonien, et vice-versa. En effet, beaucoup de mots du vocabulaire de base sont les mêmes: maa "terre, pays", meri "mer", kuu "lune", nimi "nom", etc. Souvent, il Y a une petite modification: "ci cI" eston. taevas, finn. taivas ; "étoHc" cston. tâht fin. tiihti ; "route" eston. tee finn. tie, etc. En général, les mots finnois sont plus longs que les mots estoniens. Par conséquent, il faut allonger les mots, ajouter une voyelle à la tenninaison consonantique - "un, deux, trois" eston. üks, kaks, kolm, finn. yksi, kaksi, kolme - et une 124
consonne à la terminaison vocalique - "huit, neuf, dix" eston. kaheksa, üheksa, kümme, tinn. kahdeksan, yhdeksan, kymmenen. Et le tour est joué! Quant aux nuances de la grammaire, on arrive à s'en passer. Une dame estonienne à qui on avait expliqué que le finnois et l'estonien étaient, à quelques détails près, la même chose, arriva un jour à Helsinki. On lui avait conseillé de surtout remplacer la voyelle centrale ô par 0, car ô est un son spécifiquement estonien. Elle héla donc un taxi, montra au chauffeur une cal1e de visite avec l'adresse de la destination et ajouta joyeusement: Nyt soittaa! Dans son esprit, elle avait prononcé rim pérati f de sôi tma "aller, rouler" que l'on pourrait traduire par quelque chose comme "vas-y". Le chauffeur ahuri se retourna et demanda des explications. Pour lui, c'était le verbe soittaa "jouer". La cHente lui demandait donc de "faire de la musique". Avouez qu'une expérience de ce genre peut être assez humiliante. Une autre personne avait réclamé du lait pour son café. La serveuse lui apporta un pot de yaourt. Heureusement, on ne les avait pas encore mélangés. Le "lait" se dit piim en estonien, mais piima signifie "lait caillé" ; celui qu'on utilise pour le café au lait s'appelle maito. Mais il y a pi re : que penser d'un curé qui invective l'assemblée au cours du sermon? En effet, siunama signifie "vitupérer" en estonien et "bénir" en finnois! Et qu'éprouveriez-vous si la personne à qui vous avez offert un foulard de chez Hermès vous remerciait pour ce "chiffon" ? En estonien ratt signifie "foulard, fichu", ratti en finnois n'est qu'un "chi ffon", un "torchon". Pour vous amuser, voici encore quelques correspondances fâcheuses:
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estonien ase edev
"lieu, endroit" "vaniteux"
finnois ase eteva
halb hallitus julge keksima korjama küünal lahja mage maja onn puhuma viinerid
"mauvais" "moisissure" "courageux" "se vanter" "bougie" "maigre, faible" "peu salé" "maison" "hutte, cabane" "souffler" "saucisses"
halpa hallitus julkea keksia korjata kyynel lahja makea maja onni puhua viinerit
pulm(ad)
"noce"
pulma
puss raamat raükima
"poignard" "livre" "parler"
pussi raamattu raakkya
sulane tark toores vaim
"valet" "sage, intelligent" "cru " "esprit, fantôme"
sulhanen tarkka tuorc vaimo
" ram asse r"
"anne" "qq'un qui a du succès" "bon marché" "gouvernement" "insolent, effronté" "inventer" "réparer" "lanne" "cadeau" "sucré" "cabane" "bonhcu r" "parler" "peti ts pains viennois" "situation pénible, embarrassante" "sac" "la Bible" "crier, hurler, croasser" "fiancé" "préci s" "frais" "femme"
Il faut donc bien faire attention à ce que l'on dit. Mais il est rassurant de savoir que les Danois et les Suédois sont quelquefois confrontés à ce même genre de plaisanterie.
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IV. VOCABULAIRE DE LA CULTURE 1. Eesti, qu'est-ce que c'est? L'Estonie s'appelle Eesti, les Estoniens sont les eestlased et ils parlent la langue estonienne: eesti keel. Le terme "estonien" a été inventé par les Allemands et les Scandinaves (La Chronique livonienne de Henri le Letton au Ille siècle: estones). Il s'agit à l'origine des Aestii de Tacite, des Aestui de Jordanes, des Aisti, Haesti de Cassiodore et autres chroniqueurs du Moyen Âgc qui ont désigné ainsi les Baltes, les Lituaniens et les Vieux-Prussiens installés en Prusse Orientale ct dans les territoires situés plus au nord, et également, pour ne pas compliquer les choses, leurs plus proches voisins. A noter aussi le récit de voyage d'un marchand anglo-saxon appelé Wulfstan, à la fin du IXe siècle, qui parle de l'E(a)stland, donc d'un pays "situé à l'Est". Evidemment, ce sont les Scandinaves qui connaissent le micux la géographie de la Baltique: leur Eistland désigne le pays du sud du golfe de Finlande. Les Estonicns se sont toujours définis eux-mêmes comme maa rahvas "peuple du pays", et leur langue comme maa keel "langue du pays". Ce n'est qu'au XIXe siècle qu'ils se sont reconnus eestlased "Estoniens". Pour la noblesse balte, en majorité d'origine allemande et scandinave, ils étaient les Und eu tsch en ("non-Allemands"), tout comme les paysans lettons et les Suédois des îles Estoniennes (Saaremaa, Hiiu, Muhu, etc.) jusqu'à ce que soit admise la particularité ethnique des Esten. 2. Villes et villages a) La capitale et l'Université La capitalc de l'Estonie s'appellc Tallinn. Les Russes lui enlèvent un n ; la forme Tallin indique donc qu'il s'agit, pour le document qui la contient, d'une source soviétique. Cette ville fut fondée par les Danois en 1219. On pense évidemment à Taani linn "ville danoise" qui aurait donné, avec l'usure du temps, la fonne actuellc. 127
Les Allemands qui s'étaient rapidement implantés dans toute la région, se référaient au district de Ravala, sur la Côte nordouest qui comprenait aussi le terrain de la ville. Ravala, en latin Revalia, donna naissance à Reval. L'administration du tsar l'a mise en cyrillique en la modifiant un peu: Revel. Ceci a eu pour résultat l'éviction presque totale du nom d'origine qui ne réapparaft dans les documents qu'au moment de l'indépendance de l'Estonie en 1918. La deuxième ville d'Estonie s'appelle Tartu. Une ville? Sans doute, mais surtout une université, l'une des plus brillantes de l'Europe de l'Est. En tant que centre du district de Uganda, Tartu était déjà connu à l'époque païenne sous le nom de Tarbatu. Les Allemands en ont fait Dorpat et les Russes Derpt. Mais au XIe siècle, les Slaves qui s'en emparèrent pour quelques années l'appelèrent Jurjev. Et ce nom fut rendu officiel pendant l'époque de la russification intense (1893-1918). b) Les villes de la mer La plupart des villes sont situées au bord de la mer. Ce qui explique leur importance commerciale -les liens avec la Hànse - et le succès de leurs installations balnéaires. Piirnu (écriture ancienne Perno), en allemand Pernau, en russe Pemov, profite du c1imat exceptionnel de la baie du même nom. Au XIIe siècle, le géographe arabe Al-Idrisi mentionne pour la première fois ce port. Pendant des siècles, surtout du XVIe au XVIIIe,Pamu a vu et supporté des envahisseurs en grand nombre: Polonais, Lituaniens, Suédois, Russes sont passés par là. Au début du XVIIIe siècle, et pendant une dizaine d'années, elle a accueilli l'Université. Mais c'est surtout de sa bcne plage qu'elle peut être fière. Kuressaare, en allemand Arensburg, anciennement Kuresaare-linn est la plus grande ville de l'île de Saaremaa (saar "fie", maa "terre"). EUe a été fondée au milieu du XIVe siècle pour le siège épiscopal de la côte ouest.
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Haapsalu, en allemand HapsaJ, est surtout une station balnéaire. Son nom, comme la plupart des noms de lieu, décrit le paysage: haab "peuplier, tremble", salu "bosquet". Narva a l'honneur terrible d'être situé à la frontière du territoire russe.. Les chroniques de Novgorod parlent déjà d'clle au XIIe siècle. La ville est construite sur le fleuve NaNa, et à l'embouchure de celui-ci, les Estoniens ont construit une jolie ville balnéaire nommée Narva-Joesuu (j6gi, gén. jôe "fleuve, rivière", suu "bouche"). Paldiski, à trente kilomètres de Tallinn, constitue un cas spécial. Cette ville, en russe et en allemand "port de la Baltique", a été fondée par Pierre-le-Grand au XVIIIe siècle dans la baie de Pakri qui a la particularité de rarement souffrir des rigueurs de l'hiver. C'est donc un endroit précieux pour la navigation. Au moment où nous écrivons ce livre, Paldiski est la ville la plus fascinante de l'Estonie. Elle est entourée de fil de fer barbelé et personne ne sait exactement cc qui s'y passc. La police et la douane estoniennes n'ont pas accès à cette forteresse, aux mains d'une unité de l'ex-Armée Rouge, devenue autocéphale et dirigée par un amiral-souverain. On parle de trafics d'annes et de réacteurs nucléaires. Il doit y avoir aussi des sous-marins (ce sont probablement les mêmes qui se sont fait remarquer dans les eaux suédoises). Attention donc! Mêlne si vous êtes curieux, il n'est peut-être pas souhaitable que vous alliez voir de très près cette merveille. c) Les noms de lieu :forme et contenu Les noms de lieu seInblent "s'user" plus rapidement que les noms de personnes. De ce fait, beaucoup de noms ne sont pas explicables. On a oublié leur origine. Quant à la forme, presque tous ont une terminaison vocalique. Cc sont donc des génitifs: ViIjandi(linn), c'est-à-dire "(ville) de ViIjandi", Mustjala (kihelkond) "(paroisse) de Mustjalg, etc. Toutefois, les composés gardent la forme de nominatif, lorsque le de111icrcomposant donne déjà la définition du Heu: Naissaar (saar "île"), PühajalV (jarv "lac"), Emajogi 129
(jôgi "fleuve, rivière", Tallinn (linn "ville"), Munamagi (magi "montagne"). Les suffixes les plus courants pour les noms de lieu sont: -la (Hargla), -vere (Rakvere), este (Sangaste), -stu (Tarvastu), -nga (HaIinga), -ngu (Varangu), era (Kibura), -ri (Kasan), -ta (Vohmuta), -tu (Vaiatu), -va (Jogeva), -ja (Abja). Comme nous l'avons vu pour Haapsalu, la plupart des noms de lieu indiquent la nature du paysage concerné: Kose (kosk "chute d'eau, cascade"), Tostamaaa (tôstma "lever, soulever", maa "terre"), Lohusuu (Iohk "cavité, creux" + suu "bouche, embouchure"). D'autres noms indiquent la nature de J'agglomération ou l'origine des habitants: Moisaküla (mois "grande propriété, château", küla "village"), Soomevere (soome "finnois", -vere suffixe), Rootsiküla (rootsi "suédois", küla "village"), Torva (t6rv "goudron"), Volla (voll "arbre, cylindre", vôllas "potence "). Il existe aussi des.noms humoristiques tels que Uniküla (uni "sommeil", küla "village"), Pahapilli (pala "mauvais, vilain, vicieux", pill "instrument de musique). Les villes et les villages fondés par les étrangers portent aussi des noms étrangers qui sont en général tout à fait "estifiés" : Petseri, le célèbre couvent orthodoxe au sud de l'Estonie), Irboska, Tallinn évidemment ("ville danoise"), Sindi « Zindt), Taagepera
Poogle « Bockler), « Stackelberg).
Lüganuse
«
Luggen-husen),
Plusieurs paroisses et églises portent des noms de saints: Jaagupi, Jaani, Kadrina, Madise, Peetri, etc. 3. Votre nom, s'il vous plait? a) Les noms de famille Les noms de famille furent administrativement introduits au début du XIXe siècle. Ces noms tirent leur origine de l'endroit où la personne habitait (fenne, domaine, village, etc.), ou de son métier, ou encore de ses particularités personnelles. On officialisait aussi des surnoms, même péjoratifs. En même temps, l'administration distribuait aussi des noms d'origine 130
étrangère, q~i constituent à peu près la moitié de tous les noms en Estonie. Cette proportion de noms non autochtones a provoqué dans les années trente une grande campagne d"'estification". Nous en parlerons après avoir vu la couche la plus ancienne de ces dénominations. Les noms estoniens Noms de lieu, de fenne, etc. : VIuots, Jogever, Soot, Laidoner.
.
. Prénoms, quelquefois ensemble avec le nom de famille: Laur. « Laureni), Nigul «Nicolas),
Jüriaado (Jüri Georges + aado)
. Patronymes + "fils", en estonien poeg, avec les variantes
germanique et sandinave son, sen: Partelpoeg (fils de Partel Bartholomé), Jakobson, Mikkelson, Petersen, Jannsen. . Noms de métier: Kangur ("tisserand"), Sepp ("forgeron, artisan") et ses nombreux composés tels: Puusepp (puu "bois" > "menuisier"), Raudsepp (raud "fer"), Pottsepp (pott "pot" > "pottier), Molder ("meunier"), Rüütel ("chevalier"), Koolmeister ("maître d'école"). . Appartenance à un groupe ethnique: Vadi (vadja "Vote"), Saarlane (saar "île"), Roots (rootsi "Suédois"), Saks (saksa "allemand, saxon"). . Surnoms: Kovamees (kova "dur, vaillant" + mees "homme"), Kiilaspea (kiilas "lisse, luisant, chauve" + pea "tête"), Püksipaik (püks "pantalon" + paik "pièce (de raccommodage") . Noms en rapport avec la nature: Koit ("aurore"), Saar ("île"), Jarv ("lac"), Jogi ("fleuve"), Oja ("ruisseau"), Kallas ("rive, rivage"), Meri ("mer"), MuId ("terre"). . Noms de plantes (arbres surtout) : Kask ("bouleau"), Parn ("tilleul"), Vahter ("érable"), Palm ("palmier") ; beaucoup de composés avec puu ("arbre, bois"): Visnapuu, Kibopuu, Tümpuu, etc.. . Noms d'animaux: K aru ("ours"), Hunt ("loup"), Rebane ("renard"), lIves ("lynx"), Kukk ("coq"), Tcder ("coq de bruyère"), Luik ("cygne"), Kun ("faucon"), Vares ("corneille"), Kala ("poisson"), Lattik ("brême"), Pôdcr ("élan"). 131
.
Quelques objets: Haamer ("marteau"), Laev ("bateau, navire"), Rand ("fer"), Teras ("acier"). . Qualités et notions abstraites 1 : Must ("noir"), Ustav ("fidèle"), Vaga ("pieux"), Pehme ("mou"), Laïus ("largeur"), Otsus ("décision"), Tarkus ("sagesse").
. Termes appartenant au calendrier: Talve ("hiver"), Kuu ("mois, lune"), Reede ("vendredi"), Hommik ("matin"). Cette liste peut être aJ10ngée par toutes sortes d'expressions tirées des parties du corps, des liens de parenté, des numéraux, des pronoms et même des verbes, ce qui donne des formes assez insolites telles que: Laheb ("il va"), Eitea ("ne sait pas"), Kuulmata ("sans entendre"). Les
noms d'origine étrangère Ici, on constate une grande influence de la Bible et de la tradition gréco-latine: Abel, Laaban, Siion, Angelus, Tertsius. Les langues voisines ont évidemment prêté quelques éléments. Du polonais viennent les noms en -inski, -itski, ovski : Manitski; du letton, le nom de l'écrivain August Gailit. Le finnois et le russe ont aussi laissé leur héritage. Le suédois a fourni surtout des noms en -berg (Gronberg) et -sten (Krusten, Viksten) et l'allemand les Schmidt,.., Schmitt, Mitt, et une série
de noms en -kop (Meikop, Oldekop) en et -mann
,..,
man
(Kampmann, Veidemann, Stresemann).
"L'estification" des années
trente Comme il existait beaucoup de noms en -mann et en -son, ainsi que des fonnes plus ou moins imprononçables en estonien que le locuteur écorchait d'une façon désagréable, les pouvoirs publics des années trente décidèrent de proposer à la population de changer les naIns difficiles à prononcer, visiblement de caractère étranger, ou encore injurieux ou ridicules, en les remplaçant par des formes plus esthétiques et conformes au système phonétique estonien. Ainsi, le suffixe -mann pouvait facilement se transformer en 1 Ce qui sem hic être rare dans les autres langues.
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-maa "terre", et le suffixe -son en -soo "marécage, marais". Comme la teITe a beaucoup d'importance pour les Estoniens et que les marécages sont nombreux dans le pays (au Moyen Âge ils constituaient des rcfuges efficaces contres les envahisseurs), cette formule semblait tout à fait justifiable. Ainsi donc, Laikman pouvait devenir Laikmaa et Jaakson - Jaaksoo. Bien entendu, personne n'était tenu de suivre ce schéma. Ainsi, par exemple, Permann a donné Parve et MaIson s'est transformé en Magiste. Il est à noter que les noms en -ste ont été particulièrement populaircs : Lehiste, Linnustc, Urvaste, etc. Les noms plus compliqués ou plus rares ont été quelquefois entièrement transfonnés. Ainsi, Einbund, homme politique très connu dans les années trente a tenu à s'appeler Eenpalu, et le slaviste Pectcr Arumaa a fait totalement oublié qu'il avait été un Blaubrück. Dans tous les cas, on essayait dc conserver au moins la prelnière lettre du nom ancien. Malgré cela, on peut imaginer la pagaHle dans les bibliographies. b) Les prénoms: liste ouverte En ce qui conccrne lcs prénoms, on peut dire que toute l'Europe y passe. La couche la plus ancienne comporte des noms apparentés à la tradition judéo-chrétienne, c'est-à-dire des forInes hébraïques, grecques et latines adaptées au système estonien: Annus, Andris, Andrus (André), Henn, Enn, Hendrik (Henri), Jaak (Jacques), Jaan, Juhan (Jean), Jüri (Georges), Kaarcl (Charles), Kusta, Kustas (Gustave), Laur (Laurent), Madis, Mats (Mathieu), Mihkcl, Mikk (Michel), Tanis, Tonu (Antoine), etc. Mari, Marju, Maarja, Maret (Marie), MadIi, Madi, Mai, MalI (Madeleine), Rect, Kraat (Marguerite), Tiiu (Dorothée), Kadri, Kai (Catherine), etc. Certains prénoms sont d'origine suédoise et bas-allemande: Nuut (Knut), 001, Olev (Olaf), Pent (Bengt), Taavi, T:ihve (Stefan). Eedu (Hedvig), Ellu, Elu, Elts (Ella), Kersti (Kerstin), Piret (Brigitte), Risti, Ristin (Christina).
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A l'époque moderne, on a ressuscité des noms antiques retrouvés dans des chroniques ou dans la poésie populaire; on a également inventé de nouveaux noms construits selon les modèles traditionnels: Aarand, Agu, Arvo, 'Endel, Hillar, Ilmar, Imant, Kalev, Kalju, Lemhit, Sulev, Uku, Vahur, Valdur, Veljo, Ülo. Aili, Aire, Aita, Eha, Elo, Endla, Hi1ja, 110, Ene, Helmi, Juta, Laine, Leida, Lilli, Linda, Maimu, Salme, Virve, Ôie. L'estonien dispose de nombreuses voyelles que l'on peut combiner entre elles pour inventer de nouvelles fonnes agréablement sonores. C'est ce qui se fait actuellement. On dit qu'il n'y a en Europe que l'italien et l'estonien qui peuvent se pennettre ce luxe. 4. Et nlaintenant, challtons ! La musique - muusika - et surtout le koorilaul "chant choral" occupent une place spéciale dans la culture estonienne. On chante partout et l'on imagine mal une vraie fête sans le chant (Iaul). Depuis le XIXesiècle, on a l'habitude de réunir les! chorales pour un laulupidu "festival de chant" (pidu, peo, pidu "fête"), qui commence par un défilé (rongkaik) des chanteurs en costume traditionnel, accompagnés souvent par un puhkpillio'rkester "orchestre d'instruments à vent". En juin 1869 eut lieu à Tartu le premier "Festival de chant général" qui mobilisa dans tout le pays quarante-six chorales et cinq orchestres. Le üldlaulupidu se répète tous les cinq ans, et notamment à Tallinn où vous aurez sans doute l'occasion de voir la fameuse lauluvaljak "Place du chant" où ont eu lieu certaines réunions historiques. On peut y réunir 25000 chanteurs. C'est extraordinaire de voir comment le koorijuht "maître- de chapelle" arrive à diriger tous ces mees-, nais- et segakoorid ("chœurs d'hommes, de femmes et chœurs mixtes"). On dit que dans la mythologie estonienne il n'y a jamais eu de dieu de la guerre, mais i1 faut tenir compte d'un vieillard barbu appelé Vanellluine qui chantait et jouait du kannel "harpe ou luth à six-sept cordes" et par sa musique faisait fleurir la végétation et donnait la voix aux oiseaux.
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Le kannel (gén. kandle, part. kannelt) accompagne surtout le chant individuel. Pour les grandes fêtes, on fait entendre un pill "instrument de musique" (gén. pUU, part. pi'lli) plus puissant, traditionnellement un puhkpill "instrument à vent" tel que pasun "trompette", vilepill "chalumeau", torupill "cornemuse". Plus tard, le lôôtspill "accordéon" s'est imposé comme instrument populaire. A la campagne, un pillimees "musicien" est toujours le bienvenu. A côté des rythmes et des mélodies fînno-ougriennes, le répertoire des chants contient d'autres créations d'inspiration européenne qui évolue avec le temps. Il y a eu le lied allemand, le swing, le rock, etc. La grande musique aussi est omniprésente. Chaque hooaeg "saison" apporte sa série de kontserdid ("concerts"). Et il Y a toujours un helilooja "compositeur" (= créateur du son) ou un dirigent "chef d'orchestre" qui se fait connaître et apprécier dans les pays voisins et quelquefois dans le monde entier. Même en France, on en voit au programme de temps en temps. Nous ne citons personne pour ... ne pas faire de jaloux! 5. lA danse et le costunle La danse populaire est intimement liée au chant. De ce fait, le laulupidu "festival de chant" comporte maintenant aussi un rahvatantsupidu "festival de danse populaire". Les Estoniens dansent en groupe, et le cercle est la figure fondamentale de la choréographie. On note que dans ces danses il n'y a pas de grands sauts, ni de petits mouvements rapides des mains et des pieds, comme cela se fait chez les Slaves- ou chez les Hongrois, par exemple. Les danseurs portent des costumes régionaux dont les éléments essentiels datent surtout des XVIIIe et XIXe siècles. Pour le vêtement féminin: une chemise blanche en toile de lin, brodée, une jupe en général rayée, un cardigan court en laine, et pour la femme mariée aussi un poil "tablier" et tanu, une coiffe spéciale. Le costume des hommes rappelle le XVIIIe siècle avec les pôlvpüksid "culottes" et les chaussures d'époque. A la campagne, on portait aussi des pastlad (sg. pastel), sorte de mocas-
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sins en cuir que chacun se fabriquait soi-même. Un détail important: voo "ceinture", tissée, très longue, ornée de motifs géométriques, plus anciens que les fleurs brodées sur les blouses. Les bijoux sont en métal, surtout en argent (hôbe, gén. hôbeda, part. hôbedat), mais aussi en cuivre (vask, gén. vase, part. vaske) ou en bronze (pronks, -i, pron'ksi). Panni les broches et les agrafes, il faut mentionner solg (gén. sole, part. sôlge), de forme légèrement conique, et prees (gén. preesi, part. pr'eesi), broche également ronde mais plate et parfois ornée de perles de verre. Kaelakee "collier", généralement en argent, est également très populaire. A noter que seuls les setud, une population du sud de l'Estonie, portent des bouclcs d'oreil1e (kôrvarôngad) et des bracelets (kaevôru). Comme nous l'avons dit, la danse populaire est liée à la poésie et au chant populaire. Celui-ci est récitatif, trochaïque, opérant avec le parallélisme (répétition de la parole et de la pensée) et l'allitération. Les temps modernes ont introduit d'autres rythmes, surtout la valse ctIa polka. La danse estonienne la plus connue à l'étranger, Tuljak, est justement construite sur le modèle de la polka. 6. Lahme teatrisse "Allons au théâtre" Si vous aimez le ballet classique (klassiline ballett), vous trouverez certainement des représentations (etendused) de grande qualité à 1"'Estonia" à Tallinn, et au "Vanemuinc" à Tartu. L"'Estonia" a aussi une "salle de concert" (kontsertsaal) et un "jardin d'hiver" (talveaed) où l'on peut voir quelquefois des ballets et écouter de la musique. Il se peut que l'on vous offre un billet (pilet) pour une première (esietendus). Réjouissez-vous, les théâtres sont de haut niveau. A Tallinn, vous avez le choix entre le Eesti Draamateater -il existe aussi un Vene Draamateater ("Théâtre dramatique russe") -, le Vanalinnastuudio ("Studio de la Vieille Ville"), le Noorsooteater ("Théâtre de la jeunesse"), le Eesti Nukuteater ("Théâtre des marionnettes") où l'on trouve 136
des programmes pour enfants (Iastele) mais aussi pour adultes (taiskasvanuile). Le programme (kava) fait une grande place aux auteurs étrangers. La France aussi est présente, et au moment où nous écrivons ce livre, on joue à Tallinn entre autres Molière, Ionesco, Genêt, Jules Romains. 7. 1..I'artdit populaire et celui qui l'est moins. L'art (kunst) dans ses origines est surtout tarbekunst ("art appliqué"), l'art de fabriquer des objets d'usage courant (tarbija "consommateur") : le paysan construisait lui-même sa maison, ses meubles et tout ce dont il avait besoin. Il était son propre tailleur et cordonnier. Son savoir s'est transmis d'âge en âge. Et dans les boutiques qui vous proposent des souvenirs, vous trouverez sûrement, à côté des bijoux traditionnels, des tissus et de la poterie, des objets en bois tels que kapad (kapp, gén. kapa, part. kappa "puisoir, puiseue", récipient en fonne de seau dont une ou deux planches fonnent des poignées) et des ôllekannud "cruches à bière" (kann, gén. kannu, part. kannu "pot") avec des ornements tai11és ou brûlés dans le bois, tels qu'ils se faisaient à la campagne. A côté du bois, et de l'écorce de bouleau (toht) que l'on utilise pour de petits récipients, c'est le cuir (nahk, gén. naha, part. nahka) qui tient la vedette. La maroquinerie, l'industrie du cuir ont été portées à un très haut niveau. Vous trouverez des pochettes, des porte-monnaie, des albums, etc. finement travaillés. Les tricoteuses de Haapsalu ont inventé un châle qui s'appel1e maintenant Haapsalu sali et dont la particularité est de pouvoir malgré ses dinlensions un mètre sur deux - passer par -= une bague. Toutes les laines (lÔngad) ne sont pas aussi fines, mais on en fait de très jolis gants. Le Musée de J'Homme à Paris en possède une bene col1ection. L'art des temps modernes, la peinture, la sculpture, etc. est en général lié aux grands courants européens. Plusieurs générations d'artistes ont t'ait leurs études à Paris. On participe aux 137
expositions à J'étranger et on récolte des prix et des critiques élogieuses dans la presse "des autres pays. Quand vous passez dans une ville, vous pouvez toujours trouver un kunstimuseum "musée d'art" ou une galerii "galerie d'art" qui vous plaira. On peut signaler aussi pour Tallinn le Kunstihoone (hoone "bâtiment, édifice") et Kunstnike Liit "Union des artistes" qui pourra vous renseigner sur tout ce qui vous intéresse. 8. La culture paysanne Bien que l'Estonie soit déjà assez urbanisée, la tradition paysanne a laissé son empreinte sur la vie du pays. Il est intéressant de voir quels sont les éléments les plus originaux dans l'existence quotidienne des ancêtres de l'Estonie contemporaine. Le sauna est sans doute l'invention paysanne la plus connue dans le monde entier. Il a été introduit en France par les Finnois. Ce genre d'étuve est connu chez presque tous les peuples finno-ougriens et aussi en Lettonie. On le rencontre également dans certaines régions lituaniennes et russes. On pense que le mot saun-sauna date du nie millénaire avoJ.-C. Presque chaque fenne avait son saUD. C'était l'endroit idéal pour se nettoyer et en même temps pour lutter contre les troubles de la circulation. L'opération importantc consistait à jeter de l'eau sur les picrres brûlantes entassées dans le poêle pour remplir la pièce d'unc vapeur dense qui nettoyait les porcs (Ieil "vapeur chaude", leili viskama "jeter du leH"). Le viht, faisceau de branches de boulcau, servait à se battre vigoureusement pour activer la circulation sanguine. Beaucoup de gens trouvent tout cela très agréable. Toutefois, on peut Je déconseiller aux personnes qui ont des ennuis cardiaques. Le saun était utilisé pour d'autres activités. On le transformait en atelier provisoire, on y séchait du blé ou du lin, ou encore des filets de pêche. Et on y fumait des jambons. Quelquefois on y logeait des artisans pauvres, des journaliers ou des marginaux qui devaient évidemment vider lcs lieux le jour où les patrons en avaient besoin pour leurs ablutions. Mais comme le saunik "habitant du saun" n'avait pas beaucoup de bagages, ses déménagements et réemménagements ne devaient pas être trop pénibles. 138
L'habitation typique du paysan s'appelle rehielamu "habitation de rehi". Elle est unique au monde.. Il faut d'abord expliquer le mot rehi (gén. rehe, part. reht). C'est une sorte de grange composée de deux parties: rehetuba "chambre de rehi" avec un plafond très haut, jusqu'à quatre mètres, et où l'on séchait les céréales, et rehealune "aire" (= "le dessous de rehi") où l'on battait le blé. A côté de rehetuba, on avait construit la "chambre" (kamber) qui était habitable surtout en été, car il n'y avait pas de chauffage. En hiver, on vivait dans la rehetuba, et l'aire était utilisée par exemple pour abriter les chevaux au temps du grand froid. L'aire, sufisamment spacieuse, pouvait aussi servir à l'occasion des fêtes. On J'utilisait comme salle à manger et comme piste de danse. Dans les détails de la vie matérielle, on peut constater différentes influences extérieures. L'Est a visiblement fourni le look "arc de limonière", élément du harnais que l'on connaît en Russie, et probablement un certain pain de seigle et le lait caiHé traditionnel. La Scandinavie a introduit les toits de chaume, le kirst "coffre" pour les vêtements et le linge, et quelques traditions culinaires, surtout sur la côte occidentale et dans les îles habitées par des populations d'origine suédoise. Les Allemands baltes, qui n'étaient pas tous nobles et grands propriétaires, ont beaucoup influencé l'artisanat, les techniques de broderie, l'évolution du vêLement et des habitudes culinaires. Le sud a eu des contacts avec les Lettons et les Lives, qui se traduisent dans le travail du bois. Mais comme la cohabitation entre ces peuples a duré très longtemps, il n'est pas facile de savoir qui a imité l'autre. 10. L,esfêtes du calendrier Le calendrier estonien se souvient de toutes les fêtes chrétiennes qui y sont inscrites, mais ccl1es-ci n'ont pas toujours la même signification pour le peuple. La Saint-Jean est la plus populaire de toutes les [êtes de l'année. Le Jaanipaev "jour de Jean" et la JaanÎôô "nuit de Jean" marquent l'arrivée de l'été. C'est la nuit la plus courte 139
parmi les nuits blanches de juin où le soleil et les gens n'ont presque pas le temps de se coucher. On allume le jaanituli "feu de la Saint-Jean", on y danse, on y chante et on s'amuse autour de kiik "balançoire". Les plus romantiques s'en vont dans la forêt à la recherche de la sônajala-ôis "fleur de fougère". On raconte que la fougère (sônajalg) ne fleurit que pendant cette nuit magique et celui qui trouve la fleur (ois) rencontrera le bonheur. A remarquer le nom bizarre de ]a plante miraculeuse, composé de sona "parole" et de jalg "pied" ! La fête de la Saint-Jean n'a rien de religieux. Mais dans certaines régions on va aussi au cimetière commémorer les morts, et à cette occasion on invite le pasteur. Un autre feu qui rappelle les feux de la Saint-Jean s'allume lorsque l'on va garder les chevaux dans la prairire pendant la nuit (ôitsile minema). ()itsituli est plus modeste que le jaanituli "feu de la Saint-Jean", mais il crée une ambiance de fête qui fait chanter et danser, et aussi raconter des histoires. Les souvenirs du temps de l'animisme font revivre les haldjad, esprits protecteurs des arbres, des rivières et de tout ce qui existe dans la nature. On se distrait aussi avec ce qu'il y a de mieux dans la littérature orale: facéties (naljad), proverbes (vanasônad = vieilles paroles), devinettes (môistatused). Un autre paev "jour" assez curieux est le jüripaev "jour de Georges". La personnalité de ce saint ne semble pas avoir impressionné les Estoniens, car le jour qui lui est consacré n'a ricn de religieux. Ce jour-là, le 23 avril, on embauchait du personnel. Les contrats de travail allaient jüripaevast jüripaevani "de la Saint-Georges à ]a Saint-Georges". C'était aussi le jour du déménagetTIent ou de l'emménagement. Si quelqu'un disait: mul on honl111eJ Üripaev, cela signi fiait "Demain je dois déménager". Il ya évidemment Noël (jôu)ud), la fête religieuse, mais aussi la fête des enfants, la fête de l'amour. On installe le jôulupuu "arbre de Noël", jôulukuusk "sapin de Noël" comme il se doit, on mange des jôuluvorstid "saucisses de Noël", des boudins noirs grésillant dans la graisse de porc. La choucroute (hapukapsad) est un autre mcts traditionncl qui fait partie du 140
menu de Noël, de même que l'oie rôtie (hanepraad) avec des pommes et des pommes de terre. Parmi les gâteaux que l'on mange à Noël, on remarque les piparkoogid, cousins de nos pains d'épices, en forme de cœur, d'étoile ou de Père Noël, tels des IJepparkakor des Suédois. JôuluÜÜ "la nuit de Noël" est une nuit merveilleuse qui incite à la générosité. Cette nuit-là, les animaux parlent comme les hommes, et vers minuit, on va à J'étable pour leur apporter du pain et des friandises. On met aussi une bougie allumée à la fenêtre pour que le voyageur égaré sache qu'il est attendu ... Dans certains endroits, on se rend au cimetière le deuxième jour de Noël. On al1urne des bougies sur les tombes. Les fêtes de Pâques ont, elles aussi, gardé leur caractère religieux, mais el1es ont quatre noms panni lesquels vous pouvez choisir celui qui correspond à votre mentalité: Ülest6usmispühad "fêtes de la Résurrection", Lihavôtted (vôtma "prendre" et liha "viande", donc la fin du carême), Kevadpühad "fêtes du printemps" et Munadepühad "fêtes des œufs", car, bien entendu, les œufs de Pâques sont incontournables! Pour les esprits plus ou moins religieux, la Résurrection semble être moins importante que la mort du Christ. Le Vendredi Saint (Su ur Reede "Grand Vendredi") était une fête si importante que toute activité devait cesser. Sous la première République, tous les établissements restaient fennés ce jour-là. Il n'y avait pas de cinéma, ni de théâtre. Par contre, au lieu de la Pentecôte, on fêtait les Suvistepühad (suvi "été") : on décorait les maisons avec de jeunes bouleaux, et on commençait à penser aux vacances. Panni les fêtes distrayantes, on peut encore mentÏonner le vastlapëv "Mardi gras" (= jour de carnaval) qui apportait les merveilleuses vastlakuklid (vastlad "carnaval" et kukkel "petit pain blanc") à la crèlne fouettée et parfumée à l'huile de rose; le l11ardipaev "jour de Martin" et le kadripaev "jour de Catherine" où les enfants sc déguisaient et chantaient dans la rue pour récolter quelques bonbons.
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Panni les traditions de la Saint-Sylvestre (vana-aasta-ohtu "soirée de la vieille année" ou uue-aasta-oo "nuit de la nouvelle année") le tinavalamine (tina "plomb", valama "fondre, couler") tient une place importante. On prenait une cuvette d'eau froide, et on y jetait du plomb fondu. La forme d'un morceau de plomb retiré de l'eau devait constituer un présage, indiquer un événement futur. Les fêtes du Nouvel An s'appellent aussi naarid. A 1'époque soviétique qui avait une peur panique de tout ce qui était chrétien, on avait remplacé Noël par naaripüha avec son naarikuusk au lieu de joulukuusk "arbre de Noël" et son naarivans pour remplacer le j(1uluvana "père Noël" réclamé par les enfants. Le calendrier comporte bien d'autres fêtes, le Vabariigiaastapaev "anniversaire de la République" (le 24 février) ou la Fête des Mères (Elnadepaev) qui sont d'origine moderne et dont la liste n'est pas fennée ... 11.loJ'homme, lafel1lme et ce qui s'ensuit La grammaire estonienne ne connaît pas de genre, excepté ... le genre humain (inimkond) qui se compose de inimesed "êtres humains en général". Inimene peut être mees "homme" ou naine "femme". L'homme et la femme sont en principe destinés à se marier. Mais cela ne sc fait pas de la même façon pour les deux partenai res: la femme sc marie: naine Hiheb mehele "la femme va à l'homme"; l'homme se marie" : mees vôtab naise "l'homme prend femme". L'éga1ité s'étab1it dans le mariage (abielu, de abi "aide, assistance" + elu "vie", c'est-à-dire une "vie d'assistance mutuelle"), où la femme devient mehenaine "femme de l'homme" et l'homme naisenlees "homme de la femme" (ou "homme à femme"). Se marier se dit aussi abiellulna, cc qui est plus commode quand on parle des couples.
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Ceux qui ne se marient pas restent, comme en France, "vieux garçon" (vanapoiss) ou "vieille fille" (vanatüdruk). Vana "vieux, âgé" est ici assez péjoratif. Mais partout ailleurs, dans la famille, ce mot inspire le respect. Perekond "famille" au sens large se compose de tous parents proches et lointains - sugulased (sugu, gén. soo, part. sugu "race, famille, genre, sexe"). La plus petite cellule fami-
liale comporte les parents (vanemad) et les enfants (lapsed).
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Il est intéressant de rappeler que le mot vanemad est dérivé de vana "vieux, âgé", comparatif vanem "plus âgé". Cette dénomination paraît tout-à-fait logique quand on pense que les parents sont plus âgés que leurs enfants. En continuant sur ce raisonnement, on peut accepter aussi les tennes vanaisa "grandpère" (vieux père) et vanaema "grand-mère" (= vieille mère) qui, ensemble, constituent les "grands-parents" (vanavanemad). En résumé, on peut conclure que: Vanavanemad on vanelnad kui vanenlad "Les grands-parents sont plus âgés que les parents". L'enfant (laps) peut être fils (poeg) ou fille (tütar). Pour distinguer entre les enfants en général ceux qui ne sont pas les vôtres, on précise qu'il s'agit de poeglaps "garçon" ou de tütarlaps "fille". Si les enfants se marient à leur tour, ils donneront à leurs parents des "petits-enfants" (lapseJapsed "enfants de l'enfant"). Les "beaux-pères", les "belles-mères", les "belles-fiUes" etc. ne représentent ricn de particulièrement beau en estonien. Avouez que amm "bcl1e-mère" sonne beaucoup plus énergique, peut-être même quelque peu agressif ... 12. l.Jesport Dans la tradition estonienne, le sport a fait partie de jeux que l'on pratiquait pendant les fêtes, en gardant des troupeaux et aux talgud, travaux en commun pour accélérer les travaux de la récolte, et qui se terminaient par une grande fête. Au programme, il y avait toujours, pour les hOlnmes un joukatsumine Uoud, gén. .iou, part. joudu "force") "épreuve de force". Depuis le début du siècle, les SpOl1ifs estoniens ont participé 143
aux compétitions internationales et ils ont remporté des médailles aux Jeux Olympiques. La première place revient au raskejôustik "athlétisme lourd", avec ses maadlejad "lutteurs" et tôstjad "haltérophiles", qui ont toujours eu beaucoup de succès. Les compétitions de kergejôustik "athlétisme" ont produit plusieurs "champions" (tsempion) cyclistes, coureurs ou basketteurs. Laskesport, le "tir", a rapporté à l'Estonie plusieurs titres de champions du monde (maailmameister). Et il ne faut pas oublier les échecs (male) qui ont rendu l'Estonie célèbre avant la Deuxième Guerre Mondiale. 13. L'Université de Tartu Comment parler de la culture estonienne en oubliant de citer ülikool "université"? Il n'y a qu'une seule université qui compte depuis toujours, c'est celle de Tartu, même si d'autres universités ont vu le jour à Tallinn. L'Université de Tartu a été fondée par le roi Gustave II Adolphe de Suède, en 1632. L'Académie Gustaviana s'occupait aux XVIIe et XVIIIe siècles surtout des dictionnaires et des grammaires estoniennes. On entreprenait aussi des travaux d'ethnologie. Au XIXe siècle, elle est devenue J'Université la plus importante d'Europe de l'Est. Elle a produit des savants mondialement connus telle biologiste K.E. Baer. Un Français, G.F. Parrot, en a été nommé recteur en 1802. Des savants étrangers, surtout originaires des pays voisins, y ont étudié et travaillé avec les chercheurs estoniens et allemands baltes. Des résultats quelquefois spectaculaires ont été obtenus dans le domaine des mathématiques, de l'astronomie, de l'électromagnétisme, de l'agro- et de l'hydrochimie, etc. C'est à Tartu qu'a été inventé la galvanoplastie et découvert le ruthénium. Mais la gloire de l'Université, c'est la Faculté de Médecine (arstiteaduskond), avec ses travaux en embryologie, pour le traitement de la lèpre et en chirurgie du cerveau. Un petit détail curieux: les chirurgiens de Tartu ont été les premiers à utiliser dès la fin du XIXesiècle des gants de caoutchouc.
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L'Estonie étant à nouveau libre, on peut espérer que cette vieille Université honorable retrouvera rapidement sa position internationale. 14. Pour se défouler Si quelqu'un veut exprimer son indignation, sa déception, sa révolte, out tout simplement se défouler, il peut se servir d'un mot extrêmement répandu que nous avons déjà signalé dans l'introduction phonétique du présent ouvrage. Il s'agit de kurat! ("diable! ") bien plus expressif et vigoureux que son homologue français, à cause du r que l'on peut rouler selon son humeur. Les chercheurs ont recensé plus de cinquante possibilités d'utiliser kurat. On peut même le combiner avec lui-même: kuradi kurat ! "diable de diable !" (= du diable le diable), kuradinla kurat! litt. "du plus diable le diable". Certains savent utiliser ce mot plusieurs fois dans la même phrase, ce qui a fait dire à quelqu'un, en plaisantant, que l'estonien n'a pas d'article, ce dernier étant remplacé par kurat. Un autre mot très courant pour exprimer une déception ou un ratage est perse" derrière, cul". Entre les deux guerres, ce mot était considéré comme trop vulgaire pour être utilisé dans une société plus ou moins civilisée. Aujourd'hui, on entend couramment des expression comme asi on perses "l'affaire est foutue". Ceci pour les situations désagréables qui font réagir. Pour insulter quelqu'un, on le traitera surtout de siga "cochon" que l'on peut traduire par "salaud", ce qui est très injuste pour un animal pacifique qui ne fait de tort à personne. Il convient de noter que le domaine des jurons est resté dans les limites du convenable, évitant les termes trop orduriers ou pornographiques (comme c'est le cas chez les Russes ou les Hongrois). II y a tout juste une petite note scatologique. Les jurons plus pittoresques, tels que kurinahk "méchante peau'" saatana silmanluna "prunelle de Satan", porgusigidik "rejeton de l'enfer", raipenahk "peau de charogne", paganajalg "pied de païen", etc. ne sont plus en vogue, mais on peut toujours en inventer d'autres, que diable!
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v. LEXIQUE
A. ESTONIEN-FRANÇAIS
Ce vocabulaire est destiné à vous aider à déchiffrer quelques petits textes, des affiches, des annonces, et à trouver le sens général d'un article de journal. Il devrait vous permettre aussi de vous oricnter dans une conversation entre Estoniens, ou de découvrir les grandes lignes d'un discours. Les noms seront présentés avec leur trois formes de base: nominatif, génitif, partitif. Si les trois sont identiques, on ne les répétera pas. Pour les verbes, on notera l'infinitif en -ma, et en cas d'alternance ou d'irrégularité, la première personne du singulier, et l'infinitif en -da, dit IIème infinitif. Le 3ème degré de quantité sera marqué par un ' devant le son ou le groupe de sons à allonger seulement quand il s'agit de distinguer entre deux formes grammaticales. Pour faciliter vos recherches, nous vous rappelons l'ordre des lettres dans l'alphabet estonien: a, b, d, e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, 0, p, r, s, S, Z, Z, t, u, v, 0, a, 0, ü.
a aadress, -i, aadre'ssi adresse aasta,
- , -t année
aasta/aeg, -aja, -aega saison aasta/paev, -paeva, -p'aeva anniversaire abi aide abielluma se marier abijelu mariage , -t époux, épouse abiikaasa, abiline, abilise, abilist aide, assistant advokaat, advokaadi, advokaati avocat aed, aia, aeda jardin, clôture aed/vili, -vilja, -vi'lja légumes
-
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aeg, aja, aega temps aeglane, aeglase, aeglast lent aga mais ahi, ahju, a'hju le poêle ainuke, -se, -st seul ainult seulement aitama, aitan, aidata aider aitah merci aja/leht, -Iehe, lehte journal (lilt. feuille du temps) aja/lugu, -100, -Iugu histoire (lilt. histoire du temps) ajama pousser, chasser, faire, etc. (ajan habet je me rase) aken, akna, akent fenêtre aja/kiri, -kirja, -ki'r ja magazine ala domaine, compétence alati toujours algama, algan, alata commencer algaja,
- , -t débutant
algul au début aigus, -e, -t commencement ail, alla, ait (post.+gén.) sous, dessous alles encore là, conservé alles hoidma garder, conserver allikas, allika, allikat source alljkiri, -kirja, -ki'rja signature alluma se soumettre, être soumis aIt, v. ail alustama commencer, débuter amet, -i, -it métier, profession, fonction ametlik, -u, -ku officiel ametnik, -u, -ku fonctionnaire ammu depuis longtemps, il y a longtemps andma, annan, aoda donner andmed données, faits, renseignements ansambel, ansanlbli, ansanlblit ensen1ble (chorale, orchestre, etc.) aparaat, aparaadi, aparaati appareil aprill, -i, apri' IIi avril apteek, apteegi, apteeki pharmacie arenema évoluer, se développer areng, -u, -ut évolution argi/paev, -paeva, p'aeva jour de la semaine arhitekt, -i, arhite'kti architecte arhitektuur, -i, arhitekt'uuri architecture armas, armsa, armast cher, aimé armastama aimer armastus, -e, -t, amour
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arst, -i, ar'sti médecin arsti/teadus, -e, -t médecine artikkel, artikli, artiklit article aru raison, intellect, notion aru saama comprendre arutama discuter arv, -u, a'rvu chiffre, nombre, multitude arvama penser, croire arvam us, -e, -t opinion arvatavasti probablement arve, a'rve, arvet nole, facture arvuti, , -tcalculatrice, mini-ordinateur ase, aseme, aset place, lieu asemel (précédé d'un gén.) au lieu de asetama mettre, poser asi, asja, a'sja chose, affaire, fait asjata inutile, inutilement asja/ajamine,{-ajamise, -ajamist gestion, administration
-
asja/tundja,
- , -t connaisseur,
e"xpert, spécialiste
astuma marcher, se diriger (astub ülikooli il entre à l'université) asuma se trouver, habiter, se mettre à (tee le asuma se mettre en route) asutama fonder asutus, -e, -t institution, établissement au honneur august, -i, -it, août au/hind, -hinna, -hi'nda prix (littéraire, etc.) . auk, augu, auku trou aur, -u, 'auru vapeur aus, -a, at honnête austama honorer (austatud harra X cher Monsieur X - correspondance) auto, , -tvoiture avama ouvrir avalik, -u, -ku public avalik arvamus opinion publique avanema s'ouvrir avaldus, -e, -t déclaration, requête avarii, - , -d panne avariis olema être, rester en panne
-
b baar, -i, b'aari bar ballett, balleti, balletti ballet borS: -i, borSSÎ borchtch (potage aux betteraves et à la crème) 149
buss, ai, bu 'ssi autobus bussi/juht, -juhi, -juhti conducteur d'autobus bussi/peatus, -e, -t arrêt d'autobus
d depoo, - , -d dépôt detsember, detsembri, detsembrit décembre diktor, ai, -it speaker à la radio direktor, ai, -it directeur dolomiit, dolomiidi, dolomiiti dolomite , -tjudo dzuudo,
-
e eba/meeldiv, -a, -at désagréable eba/usklik, aU,-ku superstitieux edasi en avant edev, -3, -at vaniteux edu succès eelÎstama préférer ees, ette, eest (post. + gén.) devant ees/nimi, anime, anime prénom eest, v. ees eesti estonien ega sûrement pas, non pas ehe, ehte, ehet parure, ornement, bijou ehitama construire ehitus, -e, -t construction, structure ehitus/materjal, ai, -i matériau de construction eksima se tromper eksitus, -e, -t erreur ei non ei midagi ricn eile hier elama vivre, habi ter elanik, aU,-ku habitant elekter, elektri, elektrit électricité elu vie elu/maja maison d'habitation ema mère ema/keel, -e, -t langue maternelle enam davantage enamik, aU,-ku plupart, majorité endine, endise, endist antérieur, précédent energia,
150
- , -t énergie
enne avant, antérieurement (prép.+part.) ennustama prédire eriline, erU.se, erilist spécial, particulier, original erinevus, -e -t différence erinema se distinguer, être différent eriti surtout, spécialement ese, -me, -t objet, chose esimene, esimese, esimest premier esi/mees, -mehe, -meest président esinema se produire, se présenter esitlema présenter esmas/paev, -a, -p'aeva lundi et que ette v. ees ette valmistama préparer ette/vôte, -vôtte.. -vôtet entreprise
f fakt, -i, fa'kti, fait, donnée film, -i, fi'lmi film fosforiit, fosforiidi, fosforiiti phosphorite foto, , -t photo, photographie fotograaf, -i, gr' aali photographe
-
g gaas, -i, g'aasi gaz garaaz, -i, gar' aaZi garage giid, -i, g'iidi guide pour touriste gripp, gripi, grippi grippe grupp, grupi, gruppi groupe
h h'aarama, h'aaran, haarata saisir habe, -me, -t barbe haige, - , -t malade haigla, - , -t hôpital hakkama, hakkan, hakata commencer (saan hakkama j'y arriverai) hakk/liha viande hachée halb, halva, ha'lba mauvais hall, -i, ha 'IIi gris halvasti mal hammas, hamba, hammast dent hani, hane, hane oie
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-
hapu, , haput acide, aigre hapu/kapsas, -kapsa, -kapsast choucroute hapu/koor, -e, -t crème aigre bapu/piim, -a, -p'iima lait caillé haridus, -e, -t éducation, culture harima cultiver barilik, aU,-ku ordinaire harjuma s'habituer harjutama s'exercer, s'entraîner harrastus, -e, -t occupation préférée, hobby harva rarement baud,baua,haudatombe bea, , -d bon heeringas, heeringa, heeringat hareng hein, -a, h'eina foin, herbe heitma, heidan, heita lancer, jeter hele, -da, -dat clair heU son heli/plaat, -plaadi, -plaati disque helistama téléphoner hernes, herne, hernest petit pois bigistama suer, transpirer hiline, hilise, hilist tardif hilja tard (hiljaks jaama être en retard) hiljem plus tard hiljuti récemment hind, hinna, hinda prix hindama, hindan, hinnata apprécier, estimer bing, -e, hi'Dge âme birm, aU,hi'rmu peur (mul on hirm j'ai peur) birmus, birmsa, hirmsat terrible, affreux hobune,hobuse,hobustchev~ hoidma, hoian, hoida tenir, garder, protéger, surveiller hoiu/kassa, , -tcaisse d'épargne homme demain hommik, aU,-ut malin hoog, hoo, hoogu élan hool, -e, -t soin, souci, zèle hooletu, , -t négligent hoolinlata sans égards boolitsema prendre soin hoone, h'ooDe, hoonet édifice, construction, maison hotell, ai, hote'lIi hôtel hulgas (postp. + gén.) parmi hulk, hulga, hulka quantité, masse
-
-
-
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hunt, hundi, hunti loup huul, -e, -t lèvre buvi intérêt buvitarna intéresser huvitav intéressant bôbe, -da, -dat argent (métal) bôôruma frotter biida malheur, misère (hiitta jiiama être dans le pétrin) habi honte bada/oht, -ohu, -ohtu danger barra, - , -t monsieur hüsti bien haal, -e, -t voix büppama, hüppan, hüpata sauter, bondir hüvesti adieu hüüdma, hüüan, hüüda appeler (appi hüüdma appeler au secours)
ida est idee,
-, -d idée
iga chaque
iga/sugune, -suguse, -sugust toutes sortes de igav, -a, -at ennuyeux, monotone igavene, igavese, igavest éternel iga/üks, -ühe, -üht chacun, tout le monde ihne, , -t avare ikka toujours, bien, sûrement ikkagi quand même ilm, -a, i'lma univers, temps ilma/teade, -teate, -teadet prévision météorologique ilma sans, gratuitement ilmuma apparaître ilus, -a, -at beau ilu beauté ime, - , -t miracle imelik, eU,-ku bizarre imetlema admirer inimene, inimese, inimest être humain insener, -i, -i ingénieur instituut, instituudi, instituuti institut isa père ise soi-même isegi même ise/seisev, -seiva, seisvat indépendant
-
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ise/loom, eU,l'oomu caractère ise/teenindus, -e, -t self-service isik, eU,-ut personne Guridique) isiklik, eU,-ku personnel istuma s'asseoir, être assis istung, -i, -it session isu appétit
j ja et jaam, -a, j' aama station jaanuar, -i, -i janvier jagama partager jagu, jao, jagu partie, groupe, section jah oui jaht, jahi, jahti chasse jahtuma tiédir jahu farine jala à pied jalg, jala, jalga pied jalg/ratas, -ratta, -ratast bicyclette jatgsi à pied jatu) sur pied, debout jalutama se promener janu soif jaoks pour jook, joogi, jooki boisson jooksma, jooksen, joosta courir jooksul au cours de jooma, joon, juua boire joon, -e, -t ligne joonistama dessiner ju bien, sûrement, n'est-ce pas juba déjà , -t directeur juhataja, juhatama diriger (teed juhatama montrer le chemin) juht, juhi, jubti chef, conducteur, guide juht, jtibu, juhtu cas, incident (iga) juhu) en tout cas) juhtima, jubin, juhtida diriger, conduire juhtuma avoir lieu, advenir, arriver julge, -, -t courageux julgema oser Jumal, -a, -at Dieu just tout à l'heure, justement, tout à fait
-
154
jutt, jutu, juttu conversation, histoire, conte juttu ajama parler ensemble, bavarder jutustama raconter juua II inf de jooma boire juuksed, juuste, juukseid cheveux juuksur, -i, -it coiffeur juuli, - , -t juillet juuni, - , -t juin juurde, juures, juurest (pastp. + gén.) chez, auprès de juust, -u, juu'stu fromage juut, juudi, juuti juif juur, -e , -t racine jogi, jOe, jôge fleuve, rivière johvikas, johvika,johvikat canneberge joud, jou, jôudu force, puissance joudma, jouan, jouda pouvoir, avoir la force de joulud, -e, joule fêtes de Noël jou)u/vana Père Noël jalg, jalje, jalge trace, empreinte jalgima suivre, poursuivre jülle de nouveau, encore janes, -e, -et lièvre jarel, jarele, jarelt (postp. +gén.) après, derrière, à la suite de jargi selon jargmine, jargmise, jargrnist suivant jargnema suivre jarje/kord, -korra, -korda tour, ordre, file d'attente jarv,- ,ja'rvelac ja'tkama, ja'tkan, jatkata continuer, suffire ja'tma, jatan, jatta laisser, abandonner jaâ,
- , -d glace
jââma rester
k ka aussi kaasa avec kaas/tunne, -tunde, -tunnet compassion, pitié kadakas,kadaka,kadakatgenévrier kaduma, kaon, kaduda disparaître kael, -a, k'aela cou kaer, -a, k'aera avoine ka'evama, kaevan, kaevata creuser kaevandus, -e, -t mine, fosse kahanema diminuer, se réduire
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-, -thuit
kaheksa,
kahekesi à deux kahe/kône,
-, -t dialogue
kahetsema regretter kahju dommage, perte kahjuks malheureusement kahtlema, kahtlen, kahelda douter kahtlus, -e, -t suspicion kahvel, kahvli, kahvlit fourchette kaitsma protéger, défendre kaks,kahe,kahtdeux kaks/teist douze kala poisson kala/püük, -püügi, -püüki pêche kalender, kalendri, kalendrit calendrier kallas, kalda, kallast rive, rivage kallis, ka'lIi, kallist cher kallistama caresser, cajoler kamm, -i, ka'mmi peigne kana poule, poulet kandma, kannan, kanda porter kange, , -t fort, dur, raide kangelane, kangelase, kangelast héros kannatlik, -u, -ku patient kannatus, -e, -t patience, souffrance kannel, kandle, kannelt harpe estonienne kaotama perdre kapp, kapi, kappi armoire, placard kapsas,kapsa, kapsast chou kari, karja, ka'rja troupeau karja/kasvatus, -e, -t élevage karjane, karjase, karjast berger karjuma crier karp, karbi, karpi boîte kartma, kardan, karta craindre kartul, -i, -it pomme de terre kask, kase, kaske bouleau kass, -i, ka 'ssi chat kassa, - , -t caisse kassett, kasseti, kassetti cassette kast, -i, ka'sti caisse, boîte, caisson kasu profit, utilité kasulik, eU,-ku utile kasutama utiliser kasvama pousser, grandir, se développer
-
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kasvatama éduquer, élever kasukas, kasuka, kasukat pelisse, fourrure katki cassé, démoli, abîmé (katki minema se briser, se casser) ka 'tma, katan, katta couvrir katse, ka'tse, katset essai, tentative katsuma essayer; tâter katus, -e, -t toit kaua longtemps kaubandus, -e, -t commence kauge, - , -t lointain kaugel, kaugele, kaugelt au loin, à distance kaunis, kauni, kaunist joli, beau; assez (see on kaunis kaugel c'est assez loin) kaunistama orner, décorer kaup, kauba, kaupa marchandise; accord, marché kauplus, -e, -t magasin, boutique kava programme kaval -a, -at astucieux, rusé kavatsema avoir l'intention de keetma, keedan, keeta faire cuire keegi, kellegi, kedagi quelqu'un (mitte keegi, ei keegi personne) keel, -e, -t langue k'eelama, k'eelan, keelata interdire keemia/toostus, -e, -t industrie chilnique k'eerama, k'eeran, keerata tourner keeruline, keerulise, keerulist compliqué keha corps kehtiv, -a, -at en vigueur kelder, keldri, keldrit cave, sous-sol kell, -a, ke'lIa horloge, montre; heure kena joli, agréable, gentil kepp, kepi, keppi bâton kerge,
- , -t facile
kerge/jôustik -u, -ku athlétisme kerkima surgir, se lever kes, kelle, keda qui keset (postp.+ part.) au milieu de keskel, keskele, keskelt (pOSlp.+ gén.) au milieu kesk/aeg, -aja, -aega moyen âge keskkonna/kaitse, kai'tse, -kaitset protection de l'environnement keskjkool, -i, -k'ooli établissement d'enseignement secondaire keskjlinn, -a, -li'nna centre ville kesk/nadal, -a, -at mercredi kesk/paev, -a, -p'aeva midi kesk/oo, - , -d minuit
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kestma, kestan, ke'sta durer kevad, -e, -et printemps kiire, k' iire, kiiret rapide kiir Irong, -i, -ro'ngi train rapide, express kiirgus, -e, -t rayonnement, irradiation kiir, -e, -t rayon kiirus, -e, -t vitesse kiitma, kiidan, kiita louer kilo/meeter, meetri, meetrit kilomètre kindel, kindla, kindlat sûr kindlasti certainement king, -a, ki'nga chaussure kingitus, -e, -t cadeau kinkima, kingin, kinkida offrir, faire cadeau kinnas, kinda, kinnast gant kinni fermé kinnitama assurer, fixer, confirmer kino cinéma kirg, kire, kirge passion kiri, kirja, ki'rja écriture; lettre; dessin kirik, eU,-ut église kirjandus, -e, -t littérature kirjanik, eU,-ku écrivain kirja/mark, -margi, -marki timbre kirju, - ,-t bigarré, multicolore kirjutama écrire kisa cris, tapage, clameur kitsas, kitsa, kitsast étroit, serré kivi pierre klaas, -i, kl'aasi verre klaver, -i, -it piano kleit, kleidi, kleiti robe , -t climat kliima, kodu foyer, maison kodus à la maison, chez soi (koju vers la maison) kodu/loom, -a, -l'ooma animal domestique , -d patrie kodumaa, koer, -a, k'oera chien kogemus, -e, -t expérience kogu masse, quantité, rassemblement koguma rassembler, collecter kohal, kohale, kohalt (postp. + gén.) au-dessus kohal présent kohal olema être là kohandama adapter
-
-
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kohe tout de suite koht, koha, kohta endroit, lieu, place kohtama, kohtan, kohata rencontrer kohtumine, kohtumise, kohtumist rencontre, rendez-vous kohu/piim, -a, -p'iima fromage blanc kohutav, -a, -at effrayant kohustus, -e, -t obligation, devoir kohv, -i, -i café kohver, kohvri, kohvrit valise kohvik, -u, -ut café (établissement) koju vers la maison, v. kodu kokk, koka, kokka cuisinier kokku ensemble kokku leppima trouver un accord, conclure un traité kollane, kollase, kollast jaune kollektiivne, kollektiivse, kollektiivset collectif kolm, -e, ko'lme trois kolma/paev, -a, -p'aeva mercredi komisjon, -i, -i commission komme, kombe, kommet tradition, usage, façon kompott, kornpoti, kornpotti compote kompuuter, kompuutri, kompuutrit ordinateur kontroll, -i, kontro'lIi contrôle kontsert, kontserdi, kontserti concert kook, koogi, kooki gâteau kool, -i, k 'ooli école koor, -e, -t crème koor, -i, k'oori chorale koorem, koorma, koormat charge, lestage koorima peler koos ensemble koputama frapper kord, korra, korda ordre, série, fois (kaks korda deux fois; korda seadma arranger, mettre en place, ranger) ko'rjama, ko'rjan, korjata ramasser korraldus, -e, -t disposition, règlement, ordre korralik, -u, -ku ordonné, convenable korrus, -e, -t étage korter, -i, -it appartement korv, -i, ko'rvi panier kott, koti, kotti sac kraad, -i, kr'aadi degré kraan, -i, kr'aani robinet krae,
-, -d col
kriips, -u, krii'psu trait
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krunt, krundi, krunti terrain kruus, -a, kr'uusa gravier kuhu où (vers) kuhugi quelque part (mitte kuhugi nulle part) kui si ; quand, lorsque kuid mais kuidas comment kuigi bien que kuiv, -a, k'uiva sec kuivama sécher kuju figure, forme; sculpture, kukk, kuke,kukke coq kukkuma, kukun, kukkuda tomber kuld, kulla, kulda or kultuur, -i, kult'uuri culture kuluma s'user kumbki, kummagi, kumbagi chacun des deux kuna puisque kunagi autrefois; un jour futur (mitte kunagi jamais) kuni jusque kuningas, kuninga, kuningat roi kunst, -i, kun 'sti art kurat, kuradi, kuradit diable kurb, kurja, ku'rja méchant kurk, kurgi, kurki concombre kurk, kurgu, kurku gorge kus, kuhu, kust où kuskil quelque part (ei kuskil, mitte kuskil nulle part) kutse, ku'tse, kutset invitation; appel kutsuma appeler, inviter kuu,
- , -d lune; mois
kuub, kuue, kuube veste k'uulama k'uulan kuulata écouter , -t auditeur kuulaja, kuulma, kuulen, kuulda entendre kuuldus, -e, -t rumeur kuulus, kuulsa, kuulsat célèbre kuuluma appartenir kuum, -a, k'uuma très chaud, brûlant kuu/paev, -a, -paeva date kuus, kuue, kuut six kuusk, kuuse, kuuske sapin kôht, kohu, kôhtu estomac, ventre kôik, kôige, kôike tout kôndima, kônnin, kôndida marcher
-
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-
kône, , -t discours, conversation kônelerna, kônelen, kônelda parler kôrge,
-, -t haut
kôrgus, -e, -t hauteur kôrts, -i, kô'rtsi taverne kôrv, -a, kôtrva ,oreille kôrval, kôrvale, kôrvalt (pos/p. +gén.) à côté kôva dur, solide kaes, katte, kaest (postp. +gén.) en posse~ion de kaik, kaigu, kaiku marche, fonctionnement kairna, kai~, küia marcher kasi, kae, katt main kasi/tôô,
- , -d travail
manuel;
broderie faite à la main, etc.
kask, kasu, kasku ordre kaarid, kaaride, kaare ciseaux kôha toux kôogi/vili, -vilja, -vitlja légumes kôok, kôôgi, kÜôki cuisine küla village külaline, külalise, külalist visiteur (Uiherne külla allons rendre visite) külg, külje, külge côté küljes, külge, küljest (postp.+gén.) attaché à küll bien, assez, évidemment küllalt suffisamment külm, -a, kü'lma külm!kapp, -kapi, -kappi réfrigérateur kümrne, kürnne, kümmet dix küngas, künkas, küngast coBine küsima demander, questionner küsim us, -e, -t question kütma, kütan, kütta chauffer kütüs, -e, -t combustible küünal, küünla, küünalt bougie
laadima charger, embarquer ladu, lao,ladu magasin, dépôt laen, -u, Itaenu emprunt laev, -a, 'taeva bateau, navire lahke, - , -t aimable lahkuma quitter, prendre congé laht, lahe, lahte golfe, baie lahti ouvert; détaché, libre lahutama séparer 161
lai, -a, l'aia large laiali dispersé, en désordre laine, J'aine, lainet vague, onde laip, taiba, laipa cadavre laisk, laisa, laiska paresseux lamama être couché, être étendu lammas, lamba, lammast mouton lange ma tomber laps, -e, last enfant lapse/lapsed petits-enfants laskma, lasen, lasta laisser; tirer laud, laua, lauda table laul, -u, l'aul chant laulma chanter lau/paev, -a, -p'aeva samedi lause,l'ause, lauset phrase Leedu Lituanie lehm, -a, lehma vache leht, lehe, lehte feuille; journal leht/salat, -i, -it laitue leib, leiva, leiba pain leidma, leian, leida trouver leige,
-, -t tiède
lein., -a, l'eina deuil lemmik, -u, -t favori lend, lennu, lendu vol Jendama, lendan, lennata voler (oiseau) lesk, lese, Jeske veuf, veuve levima se répandre libisema glisser lift, -i, Ii'fti ascenseur IigidaJ à proximité ligi/kaudu à peu près Jiha chair, viande lihas, -e, -t muscle liha/vôtted fêtes de Pâques lihtne, lihtsa, lihtsat simple liit, liidu, IHtu union liiga trop liige, liikme, Uiget membre liikuma, liigun, liikuda se mouvoir, bouger liiter, liitri, liitrit litre liiv, -a, l'iiva sable lill, -e, U'lIe fleur lilla, - , -t violet, mauve
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lind, linnu, lindu oiseau linn, -a, Ii'nna ville linna/osa quartier linna/saun, -a, -s'auna sauna municipal lipp, lipu, lippu drapeau lisa complément, annexe lisama ajouter' 10eD,v. lugema loeng, -u, -t conférence loobuma renoncer loodus, -e, :-tnature loodus/kaitse, -k'aitse, kaitset protection de la nature loom, -a, l'ooma animal looma, loon, lu ua créer loomulik, -u, -ku naturel lootma, loodan, loota espérer lootus, -e, -t espoir luba, loa, luba permission, autorisation lubama permettre; promettre lubadus, -e, -t promesse lubja/kivi pierre calcaire lugema, loen, lugeda lire lugu, 100, lugu histoire, narration lugu pidama estimer, respecter (Iugu/peetud külalised estimés visiteurs)
luu, -, -d os lukk, luku, lukku serrure lumi, lume, lund neige lusikas, lusika, lusikat cuillère luua, v. looma luud, luua, luuda balai luuletus, -e, -t poésie lobus, -a, -t gai, joyeux lohkuma, lohun, lohkuda casser, détruire lohn, -a, lô'hna odeur, parfum loikama, loikan, loigata couper lopetama finir, term iner lopp, lop\l, Joppu fin, bout, extrémité lôpuks enfin lonna, Jônna, lônnat sud; déjeuner Jovi lion Uibi à travers Uibi saama s'entendre lâbi kâima être en contact étroit lâbisegi pêle-mêle
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lahedal à proximité lahenema s'approcher Lati Lettonie laas, laane, laant ouest Laane/mer~ la mer Baltique looma, )()ôn, lüüa frapper, cogner, battre lühike, lühikese, lühikest court, bref lükkama, lükkan, lükata pousser lüüa, v. looma
m ma (forme brève de mina) je maa, - , -d terre, sol, terrain; pays, Etat maa/ilm, -a, -i'lma monde, univers maajkond, -konna, -konda district, arrondissement rural rnaalima peindre rnaal, -i, 10'aali tableau , -d route nationale maan/tee, maastik, -u, -ku paysage maasikas, maasika, maasikat fraise mada), -a, -at bas; grave (voix) madu, mao, madu serpent magama dormir magamis/tuba, -toa, -tuba chambre à coucher magus, -a, -at doux, sucré magus/toit, -toidu, -toitu dessert rnaha par terre, à terre maha jatma abandonner maha tômbama rayer mahl, -a, ma'hla jus rnaht, rnahu, mahtu volume, contenance mainima mentionner maitse, m'aitse, maitset goût (maitseb c'est bon, savoureux) maiustus, -e, -t sucrerie, gounnandise maja maison majandus, -e, -t éconoInie maksma payer mantel, mantli, mantlit manleau mari, marja, ma'rja baie, fruit masin, -a, -at machine materjal, -i, -Î matériau, matériel me (forme abrégée de meie) nous meel, -e, -t sens, mémoire, opinion meelde tuletama rappeler
-
164
meeles pidama se rappeler meeldima plaire meeldiv, -a, -at plaisant, agréable meeleldi volontiers mees, mehe, meest homme; mari meeter, meetri, meetrit mètre meie nous , -d menu menüü, meri, mere, merd mer mesi, mee, mett miel mesilane, mesilase, mesilast abeille mets, -a, me'tsa forêt mida, v. miski miks pourquoi miljon, -i, -it million millal quand milleks pourquoi, à quoi bon miltine quel genre de mina je, moi minema, lahen, minna aller mineraal/vesi, -vee, -vett eau minérale minek, -u, -ut départ minevik, -u, -ku passé mingi, -, -t un certain, quelconque minister, ministri, ministrit ministre minna, v. minema minu mien, à moi minut, -i, -it minute mis, mille, mida quoi miski, millegi, midagi quelque chose ei m iski Tien missugune, missuguse, missugust de quelle sorte mitte (négation nominale) ne pas mitme/sugune, -suguse, -sugust en tous genres mitu, mitme, mitut plusieurs; combien moodne, moodsa, moodsat moderne moodustama former moos, -i, m t()()siconfiture mudel, -i, -it modèle, forme muidu gratuitement; autrement mugav, -a, -at commode, agréable (kÜigi mugavustega avec tout le confort) muId, mulla, mulda terre, sol muna œuf murdma, murran, murda rompre
-
165
-
, -t souci muretsema se procurer must, -a, mu'sta noir, sale , -d autre muu, muuseum, wi,-i musée muusika, - , -t musique muutma, muudan, muuta changer muutuma se changer, se transfonner mois, -a, -at grande propriété rurale, domaine moistatus, we,-t énigme moju influence mojuma avoir un effet molemad, molemate, rnôlemaid les deux moni, mone, mond quelqu'un moni/kord quelquefois mote, motte, motet pensée motlema, motlen, motelda/môelda penser moot, moôdu, m'ôôtu mesure madanema pourrir magi, mae, mage montagne malestus, we,-t souvenir maletama se souvenir Oland, manni, mandi pin mang, wu,m'angu jeu mangima jouer mangu/asi, -asja, -a'sja jouet marg, marja, marga mouillé mark, margi, marki signe markama, markan, margata remarquer marts, ai, mar 'tsi mars maar, -a, m'aara norme, mesure maare, m'aare, maüret lubrifiant maarus, we,-t arrêté, décret, ordre moobel, m()()bli, môôblit meuble, mobilier mooda (postplprép.+part.) le long de môôda passé, fini müts, ai, mü'tsi bonnet, casquette
mure,
-
müüja,
- , -t vendeur,
vendeuse
müüma, müün, müüa vendre müür, wi,m'üüri muraille
n naaber, naabri, naabrit voisin nad (forme brève de nemad) ils, elles oael, -a, o'aela clou; livre (500 g.) 166
naer, -u, n'aeru rire naeratama sourire naerma rire nagu comme naine, naise, naist femme nali, nalja, na 'Ija plaisanterie naljakas, naljaka, naljakat drôle, amusant natuke un peu need, nende, neid ceux-là neiu, , -tjeune fille neli, nelja, ne'lja quatre nelja/paev, -a, -p'aeva jeudi nemad, nende, neid ils, elles, eux nii ainsi, tellement nii/sugune, -suguse, -sugust tel nHt, niidi, niiti fil (à coudre) nime/kiri, -kirja, -kitrja liste Dimelt notamment nimetama nommer nimi, Dime, nime nom ning et nina nez nisu froment noa,v.Duga Dohu rhume nokk, noka, nokka bec Door, -e, -t jeune noor/mees, -mehe, -meest jeune homme november, novembri, novembrit novembre nuga,noa,nugacouwau nurk, nurga, nurka coin . number, numbri, numbrit numéro, chiffre nutma, nutan, nutta pleurer nuudlid, nuudlite, nuudleid pâles, nouilles noid, noia, noida sorcier nonda de cette façon nork, Dorga, norka faible nou conseil; récipient noudma, nouan, nouda réclamer, exiger nou/kogu conseil, soviet Noukogude Liit Union Soviétique nous d'accord nadal, -a, -at semaine nagema, naen, Daha voir nagemiseni au revoir
-
167
Dagu, DaO, nagu visage Dahtavus, -e, -t visibilité Daide, Daite, naidet exemple Daiteks par exemple
naitama, naidata, naitan monter
-
naitleja, , -t acteur naitus, -e, -t exposition nalg, nalja, Dalga faim DarV, ai, na 'rvi nerf DÔÔp,nôôbi, nôôpi bouton nüüd maintenant
o odav, -a, at à bon marché oder, odra, otra orge oja ruisseau oks, -a, oksa branche oktoober, oktobri, oktoobrit octobre olemas/olu existence olema, olen, olla être olu/kord, -korra, -korda situation orna propre, appartenant à omaksed, omaste, omakseid les proches omandarna acquérir, prendre possession de orna/parane, -parase, -parast original ometi donc, enfin, quand même onu oncle ooper, ai, -it opéra ootama, ootan, oodata attendre oote/ruum, ai, -r'uumi salle d'attente org, oru, orgu vallée organiseerima organiser orkester, orkestri, orkestrit orchestre osa part, partie osa vôtma participer osav, -a, -at habile oskama, oskan, osata savoir faire ost, aU,-o'stu achat ots, -a, o'tsa bout, extrémité, fin otsas, otsa, otsast (postp.+gén.) sur, au sommett, au bout, à l'extrémité (Ieib on otsas il n'y a plus de pain) otse tout droit, directement otsima chercher otsus, -e, -t décision otsustama décider
168
p paar, ai, p' aari paire; quelques (paar kindaid une paire de gants ; paar raamatut quelques livres) paber, -i,-it papier pael, -a, p'aela ruban paekivi pierre calcaire pagas, ai, -it bagage paba mauvais, méchant paik, paiga, paika lieu, endroit, place paistma, paistan, pai'sta sembler, panlître ; briller, luire , -tporteur (de bagages) paki/kandja, pakk, paki, pakki paquet, colis pakkuma, pakun, pakkuda proposer, faire une offre paks, aU,pa'ksu épais, gros palavik, aU,-ku fièvre paljas, palja, paljast dénudé
-
palju,
- , -t beaucoup,nombreux
palk, palga, palka salaire, traitement paluma prier (palune s'il vous plaît) panema, panen, panna mettre, poser, placer pann/kook, -koogi, -kooki crêpe parandama réparer, cOlTiger paras, paraja, parajat qui correspond, qui convient parern, -a, -at meilleur; à droite parernal à droite, du côté droit paremini mieux park, pargi, parki parc parkimis/koht, -koha, -kohta parking parlament, parlamendi, parlamenti parlement pass, ai, pa 'ssi passeport pea, - , -d tête peaaegu presque peal, peale, pealt (pos/p. + gén.) sur peale (prép.+gén.) en plus de peale (prép. +part.) après pea/linn, -a, -li'nna capitale peamine, peamise, peamist principal peatama arrêter peatus, -e, -t arrêt (d'autobus) peegel, peegli, peeglit miroir peen, -e, -t fin, élégant peet, peedi, peeti betterave pehme,
- , -t rnou,
doux
peig/mees, -mehe, -meest fiancé peitma, peidan, peita cacher 169
peksma battre pensionar, -i, -i retraité pere, - , -t famille, maisonnée pere/kond, -konna, -konda famille pere/mees, -mehe, -meest patron pesema, pesen, pesta laver pesu linge; lavage pettuma être déçu pidama, pean, pidada être obligé; tenir (pean sona je tiens parole) pidi le long de pidu, peo, pidu fête pidulik, eU,-ku solennel pigem plutôt piim, -a, p'iima lait piir, -i, p'iiri frontière, limite p'iirama, p'iiran, piirata limiter pilet, -i, -it billet pikk, pika, pikka long pilk, pilgu, pilku regard pill, -i, p'illi instrument de musique pilt, pildi, pilti image pilv, -e, pi'lve nuage pime, -da, -dat sombre, obscur; aveugle pirn, -i, pi'rni poire; ampoule pirukas, piruka, pirukat petit pâté pisike, -se, est tout petit pisut un peu plaan, -i, pl'aani plan, projet plaat, plaadi, plaati plaque, dalle; disque plank, plangu, planku culture; en bois plast/mass, -i, -ma'ssi plastique plats, -i, pla'tsi place pliit, pliidi, pliiti cuisinière (appareil) ploom, -i, pl'oomi prune poeg, poja, poega fils pohl, -a, po'hla airelle poiss, poisi, poissi garçon pole n'est pas, il n'y a pas pood, poe, poodi boutique, épicerie pool, -e, -t moitié, delni pool, poole, poolt (postp. +gén.) en direction de, vers porgand, -i, -it carotte portselan, -i, -i porcelaine post, -i, po'sti courrier, poste, bureau de poste post/kaart, -kaardi, -kaarti carte postale
170
post/kontor, -i, -it bureau de poste post/mark, -margi, -marki timbre-poste pott, poti, potti pot praadima, praen, praadida rôtir, griller , -t maintenant praegu, preili, . , -t mademoiselle president, presidendi, presideDti président prillid, -e, prille lunettes probleem, -i, probl'eemi problème proovima essayer protesteerima protester , -t madame proua, pruuD, -i, pr'uuni brun, marron pruut, pruudi, pruuti fiancée pudel, -i, -it bouteille puder, pudru, putru bouillie puhas, puhta, puhast propre, pur, net puhastama nettoyer puhkama, puhkan, puhata se reposer puhkus, -e, -t repos, vacances puhk/pill, -i, pi 'IIi instrument à vent puhul (avec gén.) à l'occasion de puit, puidu, puitu bois, plante ligneuse pulmad, pulmade, pulmi noces punane, punase,punastrouge punkt, -i, pu'nkti point purje/sport, -spordi, -sporti yachting purk, purgi, purki pot puu, - , -d arbre, bois puuduma manquer puutuma toucher, concerner pôhi, pôhja, pô'hja nord; fond pôhjalikult à fond pôhja/maa pays nordique pôhjus, -e, -t cause, raison, motif pôld, poilu, pôldu champ pôlema brûler pôletik, eU,-ku inflammation pôlev/kivi schiste bitumineux pôllu/majandus, -e, -t agriculture pôrand, -a, -at plancher poud, poua, pouda sécheresse paev, -a, pt aeva jour pahe ilIat. de pea paike, -se, est soleil
-
-
171
parandus, -e, -st héritage parast (postp. +gén.) à cause de ; --.:.. (prép. +part.) après;
-
(adv.)plus tard
parast/lôuna, -1'6una, -Iôunat après-midi paris tout à fait paasema se sauver, échapper paastma, paastan, p'aasta sauver p'oorama, p'ôôran, pôôrata tourner; conjuguer püha sacré; jour de fête püha/paev, -a, -p'aeva dilnanche püksid, pükste, pükse culottes, pantalon püsima durer, se maintenir püsti debout püüdma, püüan, püüda attraper; essayer, tenter, s'efforcer de
r
-
raadio, , -tradio raal, -i, r'aali ordinateur raamat, -u, -ut livre raamatu/kogu bibliothèque raekoda, -koja, -koda hôtel de ville raha monnaie, argent rahu paix rahul olema se contenter rahulik, -u, -ku calme, tranquille rahvas, rahva, rahvast peuple, nation rahvastik, -u, -ku population rahvuslik, -u, -ku national rahvus/vaheline, -vahelise, -vahelist international rajoon, -i, raj'ooni région, district , -t difficile; lourd raske, ratas,ratta,ratastroue raud,raua,raudafer raud/tee, , -d chemin de fer reede, - , -t vendredi reis, -i, r'eisi voyage , -d agence de voyage reisi/büroo, reisima voyager restoran, -i, -i restaurant rida, rea, rida rang, ligne riie, riide, riiet tissu, textile riidesse panema vêtir riik, riigi, riiki Etat riiklik, -u, -ku national, d'Etat riis, -i, r' iisi riz
-
-
-
172
rikas, rikka, rikast riche rikkus, -e, -t richesse rikkuma, rikun, rikkuda détériorer, abîmer rind, rinna, rinda poitrine ring, ai, ri'ngi cercle (ringi kâima tourner, circuler partout) rippuma, ripun, rippuda être suspendu, pendre roheline, rohelise, rohelist vert rohi, rohu, rohtu herbe, médicament rohkem davantage rong, ai, ro'ngi train Rootsi Suède rosolje, , -t salade russe rukis, rukki, rukist seigle rumal, -a, -at stupide, inintelligent ru ttu vite ruum, ai, r'uumi espace; pièce, local room, aU,r'{)omu joie roômus, roomsa, -tjoyeux raim, -e, r'aime petit hareng de la Baltique ratik, aU,-ut foulard, fichu, mouchoir raakima, raagin, raakida parler rühm, -a, rü'hma groupe
-
s sa, forme abrégée de sina toi, tu saabas, saapa, saabast botte saabuma arriver saama obtenir, recevoir; devenir saade, saate, saadet émission; envoi saal, -i, s'aali salle saar, -e, -t île saastama polluer saatma, saadan, saata envoyer; accompagner saatus, -e, -t sort, destin saba queue sada, saja, sada cent sadam, -a, -at port, havre sageli souvent sajand, ai, -it siècle saksa allemand sakslane, sakslase, sakslast Allemand saladus, -e, -t secret salat, ai, -it salade sarna même
173
sama/suguDe, -suguse, sugust semblable sarv, -e, sa 'rve come; croissant saUD, -a, s'auna sauna savi argile seadma, sean, seada poser, placer, ordonner, régler sead us, -e, -t loi seal là sea/liha viande de porc sealt de là seas (postp.+gén.) parmi see, selle, seda ce, celui, celle see/kord cette fois-ci seeme, seemne, seemet graine, semence seen, -e, -t champignon seep, seebi, seepi savon see/parast à cause de cela sees, sisse, seest (postp. +gén.) dans, dedans segama mélanger; déranger sein, -a, s'eina mur seisma, seisan, seista se tenir, se tenir debout (kell seisab la montre Sfes t arrêtée)
seitse, seitsme, seitset sept sekund, -i, -it seconde seletama expliquer seletus, -e, -t explication selg, selja, selga dos selge,
- , -t clair,
évident
selle/parast à cause de cela selline, sellise, sellist un tel, de cette sorte selts, -i, sel'tsi association seltsiline, seltsilise, seltsilist compagnon seltsi/mees, -mehe, -meest camarade selts/kond, -koona, -kooda société seos, -e, -t lien' september, septembri, septembrit septembre sest car sibul, -3, -at oignon side, -me, -t lien; communication siduma, seon, siduda lier siga, sea, siga cochon, porc siia ici (vers ici) siin ici siis alors, ensuite siiski quand même sHt d'ici
174
sild, silla, silda pont sile, -da, -dat lisse silk, silgu, silku clupe, petit hareng silm, -a, si'lma œil silt, sildi, silti étiquette, panneau, pancarte sina, sinu, sind toi sinine, sinise, sinist bleu sink, singi, sinki jambon sinna vers là-bas
- , -t droit
sirge,
sisse en dedans sisse/paas, -u, -p'aasu admission, entrée, accès; vaba sissepaas entrée gratuite sisu contenu sobima convenir soe, sooja, s'ooja chaud soojus, -e, -t chaleur sool, -a, s'oola sel soolane, soolase, soolast salé soome finnois Soome,
- , -t Finlande
soomlane Finnois, Finnoise soov, -i, s'oovi souhait, désir soovima souhaiter soovitama recommander sort, sordi, sorti sorte, espèce, qualité sport, spordi, sporti sport sportlane, sportlase, sportlast sportif sugu, soo, sugu race, famille, espèce, sexe sugugi : mitte sugugi pas du tout sugulane, sugulase, sugulast parent suhe, suhte, suhet relation suhkur, suhkru, suhkrut sucre suhtes (postp.+gén.) en ce qui concerne, par rapport à sulama fondre sulgema, sulen, sulgeda fermer suits, -u, sui'tsu fumée, cigarette sulane, sulase, sulast valet, serviteur supp, supi, suppi potage, soupe surema, suren, surra mourir surm, -a, su'rma la mort suruma presser, appuyer
-
suu, , -d bouche
suudlus, -e, -t baiser suur, -e, -t grand
175
suusk, suusa, suuska ski suusatama skier suutma, suudan, suuta être capable de suvi, suve, suve été , -tmaison d'été suvila, sôber, sôbra, sôpra ami sôbralik, -u, -ku amical sôda, sôja, sôda guerre sôit, sôidu, sôitu course, promenade, trajet, voyage sôitma, sôïdan, süïta aller en voiture, en bateau, etc. sôiduk, -i, -it véhicule sôin, prét.de so()ma sôna mot, parole sôna/raamat, -u, -ut dictionnaire sônastik, -u, -ku dictionnaire sôprus, -e, -t amitié sôrm, -e, sô'rme doigt sade, -me, -t étincelle sailima se conserver sôok, soÜgi, sôôki repas, plat, nourriture sookla, , -trestaurant sooma, soon, süüa manger süda, -me, -nt cœur süda/linn, -a, li'nna centre de la ville südamlik, -u, -ku cordial süda/ôô, - , -d minuit sügav, -a, -at profond sügis, -e, -t automne sült, süldi, sülti galantine gelée sündirna, sünnin, sündida naître sünni/paev jour anniversaire süüa, v. s()oma süüdi coupable sokolaad, -i, -i chocolat
-
-
t ta, forme abrégée de terna lui, elle Taani,
-, -t Danemark
tabama attraper, surprendre, atteindre
taevas, taeva, taevast cicl
~
taga, taha, tagant (postp. +gén.) derrière tagasi en arrière, de retour tagasi tu lem a revenir tahtma, tahan, tahtl vouloir
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taim, -e, t'aime plante takso, - , -t taxi taldrik, -u, -ut assiette tali/sport, -spordi, -sporti sports d'hiver talu, ferme, exploitation agricole talu/poeg, -poja, -poega paysan talv, ..e, ta' Ive hiver tants, -u, tan'tsu danse tantsima danser tark, targa, tarka intelligent, sage tarvis nécessaire (mul on tarvis j'ai besoin de, il faut que je) tasa doucement , -t poche tasku, tass, -i, ta 'ssi tasse tasu rémunération tavaline, tavalise, tavalist habituel, banal te (forme abrégée de teic) vous teade, teate, tcadet annonce, information, communication teadma, tean, tcada savoir teadus, -e, -t science teaduslik, -u, -ku scientifique teatama annoncer teater, teatri, teatrit théâtre
-
tee,
- , -d chernin; thé
tecnindama servir tcenus, -e, -t service tegelcma s'occuper de tegelikult en fait, en réalité tegema, teen, teinud action tchas, -e, ..t usine, fabrique tehnika, - , -t technique teie, - , tcid vous teine, teise, teist deuxième, autre teisi/paev, -a, -p 'aeva mardi teisiti différcmlnent teist/sugune, -suguse, sugust différent tekkima, tekin, tekkida se faire, sc former, naître teks t, -i, te'ksti texte telefon, -i, -i téléphone telegrammi, -i, -gra'mmi télégralnmc telekas, teleka, telekat, v. televiisor tcler, -i, -it, v. telcviisor televiisor, -i, -it téléviscur tellima cOlnmandcr, faire vcnir tema, -, teda il, clIc
177
teos, -e, -t œuvre, ouvrage teras, -e, -t acier terav, -a, -at pointu, tranchant,'affûté tera/vili, -vilja, vitlja céréales tere bonjour terve, te trve, tervet entier; sain tervised salutations tervist salut, bonjour tervitama saluer tibe, -da, dat dense tihti souvent tikk, tiku, tikku allumette tingimata sûrement, absolument, nécessairement tipp/tund, -tunni, -tundi heure de pointe toa, v. tuba toe, v. tugi tohtima, tohin, tohtida avoir le droit de toidu/aine, -'aine, -ainet denrée alimentaire toimetus, -e, -t rédaction toimuma se faire, se tenir, arriver toit, toid u, toitu nourriture, repas toll, -i, to'lIi douane tolm, -u, to'lmu poussière too, tolle, toda celui-là toodang, -u, -ut production tool, -i, ttooli chaise toor/aine, -'aine, -ainet matières premières toores, toore, toorest cru; brutal tore, -da, -at, magnifique, superbe torn, -i, to'rni tour tort, tordi, torti gâteau trahv, -i, tra'hvi amende tramm, -i, tra'mmi tramway trepp, trepi, treppi escalier truu,
-, -d fidèle
trükkima, trükin, trükkida imprimer tualett/ruum, -ruumi, -r'uumi toilettes tuba, toa, tuba chambre tugev, -a, -at fort tugi, toe, tuge appui tuhk, tuba, tubka cendre tuhat, tuhande, tuhat ou tuhandet mille tulema, tulen, tulla venir tulemus, -e, -t résultat tulevik, -u, -ku futur, avenir
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tuJi, tule, tuld feu tulu/maks, -u, -ma'ksu impôt sur le revenu turne, -da, -dat sombre, obscur, foncé tund, tunni, tundi heure tundma, tunnen, tunda sentir; connaître tunne, tunde, tunnet sentiment tuntud connu tuttav, -a, -at personne connue, connaissance turg, turu, turgu marché turist, -i, turi'sti touriste turvas, turba, turvast tourbe tutvustama présenter, faire connaître tuua, v. tooma tuul, -e, -t vent tôde, tôe, tOde vérité tôesti vrailnent tôlge, tôlke, tôlget traduction tôlkima, tôlgin, tôlkida traduire (eesti keelest prantsuse keelde d'estonien en français) tômbama, tomban, tommata tirer tôsi, toe, tôtt vérité tôsine, tosise, tôsist sérieux tô'stma, tostan, to'sta lever, soulever tôttu (pos tp.+ gén.) par, à cause de tôusma, tôusen, tousta se lever tadi tante tahele/panu attention tahele panema remarquer, être attentif tahendama signifier taht, tiihe, tühte lettre, signe; étoile tahtis, tahtsa, tahtsat important taielik, -u, -ku entier tais, taie, tait plein tais/kasvanu,
- , -t adulte
taitma, taidan, taita remplir, accomplir tana aujourd'hui tanama remercier tanav, -a, -at rue tanu remerciement tapne, tapse, tapset précis tapselt tout à fait; à l'heure too, - , -d travail toôline, tôôlise, t{)ôlist ouvrier too/riist, -a, -rii'sta outil toôstus, -e, -t industrie
179
tôôtama travailler tüdruk, -u, -ut jeune fille tühi, tühja, tüthja vide tükk, tüki, tükki morceau tütar, tütre, tütart fille tütar /laps, -e, -last jeune fille, adolescente
u udu brouillard ujuma nager uks, -e, ust porte ulatama s'étendre umbes approximativement uni, une, und sommeil une/n3gu rêve une/rohi, -rohu, -robtu somnifère unistama rêver unustama oublier uppuma, upun, uppuda se noyer uskuma, usun, uskuda croire uudis, -e, -t nouvelle uudis/himulik, -u, -ku curieux uuesti de nouveau uurima chercher, explorer uus, uue,uutnouveau,neuf , -tNouvel An uus/aasta,
-
v vaatama, vaatan, vaadata regarder vaate/aken, -akna, -akent vitrine vaba libre vabandama s'excuser (va bandage excusez-moi) vaba/riik, -riigi, -riiki république vaene, vaese,vaestpauvre vaevalt à peine vahe,
- , -t interstice; différence
vabel, vahele, vahelt (postp. +gén.) entre vahend, -i, -it moyen, instrument vahe/peal entre temps vahete/vahel de temps en temps vahu/koor, -e, -t crème foueuée vaikne, vaikse, vaikset silencieux, tranquille vaip, vaiba, vaipa tapis vaja nécessaire 180
vajama avoir besoin de (mul on vaja j'ai besoin de) valama verser vale, , -t n:tensonge, faux valge, , -t blanc valgus, -e, -t lumière valik, -u, -ut choix valima choisir, élire valitsus, -e, -t gouvernement, admjnistration vallutama conquérir valmis prêt valmistama préparer valu douleur valus douloureux valutama faire mal vana vieux vana/ema grand-mère vana/isa grand-père . vana/linn, -linna, -li'nna vieille ville vana/vanemad vanemate, -va"nemaid grands-parents , -t prison vangla, vann, -i, va'nni baignoire vanni/tuba, -toa, -tuba salle de bain vanus, -e, -t âge vara tôt varem plus tôt varemed, varemete, varemeid ruines varsti bientôt vasak, -u, -ut gauche vastas en face vastastikune, -tikuse, -tikust réciproque va'stama, va 'stan, vastata répondre vastu contre, envers vastus, -e, -t réponse vastu/vott, -votu, -vottu réception vedel, -a, -at liquide vedama, vean, veda da tirer, traîner, transporter vedu, veo, vedu transport veebruar, -i, -i février vee, v. vesi veel encore veenma, veenan, v'eenda convaincre veerema rouler veetma, veedan, veeta passer (le temps) veidi un peu vein, -i, v'eini vin
-
-
-
181
vend, venna, venda frère veri, vere, verd sang vesi, vee, vett eau veski, .. , -t moulin vestlus, -e -t entretien, conversation viga, Yea, viga erreur, faute viha colère, haine vihane, vihase, vihast furieux vihm, -a, vi 'h ma pluie vihmane, vihmase, vihmast pluvieux vihma/mantel, -mantli, -mantlit imperméable vihma/vari, -varju, -va'rju parapluie viima, viin, viia apporter (là) viimane, viimase, viimast dernier viimati enfin viiner, ai, -it saucisse viennoise viis, viie, viit cinq vi.is, ai, v'iisi coutume; mélodie viisakas, viisaka, viisakat poli, courtois viiul, ai, -it violon viii, vilja, vi'lja fruit; céréale viskama, viskan, visata jeter, lancer vist peut-être voodi, - , -t lit v'oolama, v'oolan, voolata couler vorm, wi,vo'rmi fornle vôiou voi, , -dbeurre vôib-olla peut-être vôima pouvoir vôimalik, aU,-ku possible vôimalus, we,-t possibilité vôistlema, vôistlen, vôistelda concourir vôistlus, we,-t concours, compétition vôit, vôidu, vôitu victoire vôlg, vola, vôlga dette vôrdlema, vôrdlen, vÜrrelda comparer vôti, votme, vôtit clef vôtma, votan, votta prendre vôôras, vôora,vôôrastéITanger,inconnu vaetis, we,-t engrais vaga très vagi, vae, vage puissance; armée (sÜjavagi troupes) vahe peu vahemalt au moins
-
182
vaike, -se, -st petit vali, valja, va'lja champ valjas dehors valjend, -i, -it expression valjuma sortir varav, -a, -at porte, portail varske, - , -t frais varv, -i, va'rvi couleur vasima se fatiguer vasinud fatigué vaartus, -e, -t valeur vaartuslik, -u, -ku précieux
ô ode, oe, Ode sœur, infirmière ohk, ohu, ohku air ohtu, , -t soir, soirée ohtu/poolik, -u, -ut après-midi, soirée oieti d'une façon correcte; très oige, , -tjuste, correct oigus, -e, -t droit, justice, vérité ois, oie, oit fleur oitsema fleurir olg, ola, olga épaule oU huile olu, olle, olut bière omblema, omblen, ômmelda eoudre onn, -e, ô'nne bonheur, chance onnelik, -u, -ku heureux onnetu, -, -t malheureux onnetus, -e, -t malheur, accident onnitlema féliciter opetaja, - , -t professeur opetama enseigner oppima, opin, oppida apprendre opetus, -e, -t enseignement, doctrine ou, oue, 'oue cour, espace dehors oun, -a, 'ouna pomme
-
-
a aike, -se, -st orage akki tout à coup, subitement afa particule de négation, de séparation (ara mine n'y va pas ; laheb afa il s'en va)
183
aratama réveiller arkama, arkan, argata se réveiller aar, -e, -t bord aares, aarde, aarest (postp. +gén.) à, près de, au bord de
ô ôelda, v. ütlema ôô, - , -d nuit
ü ühe,v.üks üheksa, - , -t neuf ühendama réunir, relier, mettre en communication ühendus, -e, -t communication, unification ühine, ühise, ühist commun ühis/kond, -konna, -konda communauté, société üks, ühe, üht un üksi seul üks/kord une fois ükski, ühegi, ühtki pas un seul üks/kôik n'importe, c'est égal ülal en haut üldine, üldise, üldist général üld/laulu/pidu, -peo, -pidu festival de chant groupant tout le pays üle (postp.lprép.+gén ) sur, au-dessus, par-dessus üle andma, annan, anda remettre, transmettre üle/arune, -aruse, -arust dc trop, en surnombre ülem/nou/kogu conseil supérieur ülemus, -e, -t chef, patron, supérieur üles, üleval, ülevalt en haut üles/anne, -ande, -annet tâchc, devoir ülikool, -i, k 'ooli université üliô/pilane, -ôpilase, -ôpilast étudiant ümber, -ümber, -ümbert (postp.lprép.+ gén.) autour de ümbrus, -e, -t environs, environnement ümmargune, ümmarguse, ümmargust rond üritus, -e, -t dessein, entreprise üsna assez, plutôt ütlema, ütlen, ütelda/ôelda dire üür, -i, 'üüri loyer üürima prendre ou donner en location
184
B. FRANÇAIS-ESTONIEN
Ce vocabulaire contient quelques mots tout à fait ordinaires qui peuvent éventuellement vous rendre service dans votre vie de tous les jours. Si vous vous intéressez par exemple à la métaphysique, il ne vous sera d'aucun secours.
a abonner, s'abonner à tellima accent aktsent accepter vastu vôtma, aktsepteerima accident onnetus accompagner saatma accord kokkulepe ; d'- nous achat ost acheter ostma acide hapu actuel aktuaalne addition arve adieu jumalaga adresse aadress aérer tuulutama, aéroport lennujaam affaire asi âge van us agence agentuur, büroo agréable meeldiv agriculture pôllumajandus aide ab i aider aitama, aigu terav aiguille noel ailleurs mujal aimable lallke aimer armastama G'aimerais savoir ma tahaksin teada) air ôhk allemand saksa aller minerna
aller et retour edasi-tagasi allumette tikk ambassade saatkond ambassadeur saadik ambulance kiirabiauto amende trahv amer kibe américain ameerika ami sôber amical sobralik amitié sôprus amour armastus ampoule électrique pirn amusant lôbus, naljakas ancien van a anglais inglise angle nurk animalloom année aasta anniversaire aastapaev, sünnipaev annonce teade ; petite - kuulutus annuaire telefoniraamat annuler tühistama appareil aparaat appartement korter appartenir à kuuluma appeler kutsuma appétit isu apporter tooma apprendre ôppima
185
après-demain ülehomme après-midi pealelôuna arbre puu argent raba ; bôbe (métal) arme relv armée sôjavag,i, armee armoire kapp arrêt (d'autobus) (bussi)peatus arrêter kinni pidama arrière taga arrivée saabumine arriver saabuma art kunst article artikkel artisan küsitooline artiste kunstnik ascenseur lift assassin môrtsukas s'asseoir istuma assez küllalt assiette taldrik association selts assurance kindlustus
attendre ootama attention tiihelepanu ; ettevaatust (avertissement) aujourd'hui tana aussi ka auteur autor automne sügis autorisation luba autoriser lubama autoroute autotee autre teine avantenne avantage eelis, kasu avantageux kasulik, soodus avenir tulevik aventure seiklus avertissement kuulutus, hoiatus aveugle pime avion lennuk avocat advokaat avoir = être olema (j'ai minul on) avouer tunnistama
b bagage pagas bague sôrmus baignoire vann bain kümblus, suplus ; salle de - vannituba baiser suudlus bal bail balle kuul banc pink bande grupp bande pael banlieue eeslinn banque pank bar baar barbe habe bas sukk bateau laev ; paat bâtiment hoone bâtir ehitama
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bâton kepp battre looma, peksma beau Uus beaucoup palju beauté ilu bénéfice kasum besoin tarve (j'ai besoin mul on tarvis, mul on vaja) beurre vôi bibliothèque raamatukogu bicyclette jalgratas bien basti bientôt varsti bièreôlu bijou ehe billet pilet biscotte kuivik biscuit biskviit blanc valge
blanchisserie pesukoda blé teravili blessé haavatud blessure haav bleu sinine bœuf (viande de) loomaliha boire jooma bois puu boisson jook boîte karp ; - aux lettres kir jakast ; - de nuit ôôlokaal bon hea bonbon kompvek bonheur onn bonjour tere bord aar botte saabas bouche suu boucherie lihakauplus bouchon kork boue pori
bougie küünal bouillon puljong boulangerie pagariari bouquet kimp bouteille pudel boutique pood bouton nôôp branche oks bras kaevars bref lühike brioche sai brosse hari ; - à dents hambahari brouillard udu bruit larm brûler pôletama buffet puhvet bureau büroo, kontor bus bus but siht
c cacher peitma cadeau kingitus café kohv (boisson) ; kohvik (établissement) caisse kassa calculer rehkendama caleçon püksid calendrier kalender calmant rahustav calme rahulik camarade seltsimees camion veoauto camping laager canif taskunuga carburant kütus camet markmik carotte porgand carrefour teerist cas juhus casser katki tegema catalogue kataloog cause pôhjus
cave kelder céder jarele andma ceinture vôô célébrer pühitsema. célibataire vallaline cendrier tuhatoos cent sada central keskne ; - téléphonique telefoni-keskjaam centre keskus cercle sôôr, ring cerise kirss certificat tunnistus cerveau aju chaîne ahel, transportôôr chaise tool châle sali chaleur sooj us chambre tuba champ vaU champignon seen
187
champion tsempion, meister chance onn change vahetus changement muutus changer vahetama, muutma chanson,chantlaul chanter laulma chapeau kübar chapitre peatükk charbon süsi charcuterie lihatooted charmant sarmikas, veetlev chasse jah t chat kass château loss chaud soe chauffage küte ; - central keskküte chauffeur (de taxi) autojuht chaussée sossee chaussettes sokid chaussure king chef pealik, ülem, serf; - de train rongiülem ; - d'orchestre dirigent chemin tee; - de fer raudtee cheminée korsten chemise sârk chèque tsekk cher kallis chercher otsima cheval hobune cheveux juuksed chien koer chiffre arv, number chocolat sokolaad choeur koor
choisir valima . chose asi chou kapsas choucroute hapukapsas chou-fleur lillkapsas ciel taevas cigarette sigarett cinéma kino
188
cinq viis cinquante viiskümmend circulation liiklus cirque tsirkus ciseaux kâarid citron sidrun clair bele clef vôti client klient clinique kliinik clou nael club klubi cochon siga cocktail kokteil cœur süda cognac konjak coiffeur juuksur coin nurk col krae colère viha colis pakk collaboration koostôô collant sukkpüksid collègue kolleeg collision kokkuporge, kollisioon combat vôitlus combien? kui palju? cOlnrnande teUimus commander tellima ; küskima (donner des ordres) commencement aigus commencer algama comment? kuidas? commerçant kaupmees commerce kaubandus commission komisjon cornmun ühine communauté ühiskond ; ühing .
(union)
communication side; teade (information) compagnon kaaslane comparer vôrdlema
compartiment jaotus ; - de train kupee compétent kompetentne compétition vôistlus complet taielik compléter taiendama complication komplikatsioon comprendre aru saama Ge ne comprends pas ma ei saa aru) comprimé tablett comptabilité raamatupidamine compte (argent) arve compte rendu aruanne compteur à gaz gaasimootja comptoir lett concert kontsert concombre kurk concours vôistlus, kon kurss condiment vürts condition tingimus conduire juhtima conférence konverents confiance usaldus confiture moos confort mugavus confusion segadus congrès kongress connaissance teadmine connaître tundma ; je ne connais pas ma ei tunne connu tuntud ; personne -e tuttav conseil nou conséquence tagajarg consigne (mettre à la) hoiule andma consulat konsulaat consulter konsulteerima contact kontakt content rah ul contenu sisu continuer jatkama contraire (au) vastupidi contrat leping contre vastu
contrôle kontroll copic koopia coq kukk corbeille korv corde kôis cordial südamlik cordonnier kingsepp corps keha correspondance kirjavahetus, korrespondents costume kostüüm côté külg coton puuvill, vatt cou kael coucher (se) magama minema coudre omblema couleur Vary couloir koridor couper lôikama coupon kupong cour ou courage julgus courant (électrique) vool courant d'air tom betuul courir jooksma court lühike coût hind couteau nuga coutume komme couturier ômbleja couvercle kaas couverture kate ; - de lit voodivaip cravate kaelaside crayon pHiats crème koor (lait) ; kreem crêpe pannkook crier karjuma crime kuritegu crise kriis critiquc kriitika, kriitiline critiquer kritiseerima croire uskuma croissant sarvesai cru toores
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cultivé haritud, kultiveeritud culture kultuur curiosité uudishimu (volonté de savoir) ; haruldus (objet, phénomène)
cuiller lusikas cuir nahk cuisine kôôk cuisinier kokk cuit küps, küpsetatud culotte püksid
d dactylo masinakirjutaja dame daam danger hüdaoht danse tants danser tantsima date kuupaev, daatum début aigus déception pettumus décider otsustama décision otsus décommander (teUimust) tühistama découvrir avastama défendre kaitsma (protéger) ; keelama (interdire) défendu keelatud degré aste, kraad dehors valjas déjà juba déjeuner lôunaeine ; petit - hommikueine délai tiihtaeg délégué saadik, delegaat demain homme demande küsimus, palve (prière) ; naudmine (exigence) démarrer startima déménagement kolimine demi pool dent hammas dentiste hambaarst départ arasôit dépense kulu déplacer ümber paigutama déranger segama dernier viimane derrière taga
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désagréable ebameeldiv descendre alla minema désir soov désordre korratus dessiner joonistama destinataire adressaat détail üksikasi, detail dette vôlg deux kaks deuxième teine devantees développement areng devise valuuta devoir ülesanne ; kohustus (obligation) dictionnaire sônaraamat différence erinevus, vahe différent erinev difficile raske difficulté raskus dimanche pühapaev dîner ôhtusôôk, dinee diplôme diploom dire ütlema direct otse direction suund, direktsioon directeur direktor discours kône discussion diskussioon, vaidlus, arutlus disparaître kaduma disque heliplaat distance kaugus distribuer valja jagama divers mitmesugune divorcé lahutatud
doux magus (sucré) ; pehme (au toucher) ; vaikne (non bruyant) douzaine tosin douze kaksteist drame draama drap (de lit) voodilina drapeau lipp droit ôige droite (main) parem drôle naljakas dur kôva durer kestma
dix kümme doigt sôrm domicile elukoht dommage kahju donner andma dormir magama dos selg douane toll double topelt doublure (de vêtement) vooder doucement tasa douche du~ douleur valu
e eau vesi eau-de-vie viin échange vahetus échec nurjumine échecs male éclairage valgustus école kool économie majandus économiser kokku hoidma écouter kuulama écrire kirjutama écrivain kir janik édition (maison d') kirjastus éducation kasvatus effort pingutus égal vôrdne (c'est égal see on ükskôik) électricité elekter élève ôpilane emballer pakkima embouteillage ummik émigrer emigreeruma émission (de radio) saade emmener ara viima empêcher takistama employé teenistuja, ametnik emprunt laen encore veel énergiquc energiline
énerver narvliliseks tegema enfant laps enfin lôpuks ennemi vaenlane ennui igavus ; mu~ed (soucis) ennuyeux tüütav, igav enregistrer registreerima enrhumé (je suis) mul on Dohu enseignement ôpetus ensemble ansambel (nom); koos (adv.J entendre kuulma enticr terve entracte vaheaeg entraînement treening entrée sissekaik entreprendre ette vôtma entreprise ettevôte entrer sisse tulema entretien korrashoidmine ; vestl us (conversation) enveloppe ümbrik environ umbes envoi saadetis envoyer saatma épais paks épargner kokku hoidma épice vürts épicier vürstpoodnik
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épinard sp ina t épingle noel épouse abikaasa époux abikaasa équipe meeskond, salk équipement varustus erreur eksitus escalier trep p espérer lootma espoir lootus essai proov, katse essayer proovima essence (être) olemus ; bensiin (carburant) essentieloluline est ida estimer hindama estomac magu étage korrus Etat riik été suvi éteindre kustutama éternel igavene étiquette etikett étoffe mater jal étoile taht étrange imelik étranger valismaalane ; à l' - valismaal être olema étroit kitsas
études opingud étudiant üliôpilane étudier ôppima événement sündmus exact tâpne exagérer liialdama examen uurimine ; - scolaire eksam excellent suureparane exception erand excursion valjasôit, ekskursioon excuse vabandus (excusez-moi va bandage) exemple naide ; par - naiteks exercice harjutus exigeant nôudlik existence eksistents exister olema, eksisteerima expédier saatma expéditeur saatja expérience eksperiment ; (vécue) kogemus expert ekspert explication seletus exportation valjavedu, eksport exposition naitus exprès meelega extérieur valine extraordinaire harukordne, ebaharilik
f fabrique vabrik fabriquer valmistama face nagu, en - vastas fâché pahane facile kerge facture kaubaarve faible nork faim nalg faire tegema fait fakt falloir: il faut peab
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fami lIe perekond farine jahu fatigant vasitav fatigué vasinud faute viga faux vale favorable soodus féliciter ônnitlema femme naine fenêtre aken fer raud ; - à repasser triikraud
formalité formaalsus forme vorm formulaire formular fort tugev fou hull foule hulk four ahi fourchette kahvel fourneau à gaz gaasipliit fourrure karusnahk fragile habras, nôrk frais, fraîche varske frais de voyage reisikulud [Taise maasikas franc frank français prantsuse, Français prantslane, la France Prantsusmaa frein pidur fréquent sagedane frère vend frit praetud froid külm fromage juust ; - blanc kohupiim frontière piir fruit puuvili fuir pôgenema fumé suitsetatud fumeur su itsetaja furieux vihane futur tulevane
ferme taIn fermé snletud, kinni fête pidu fêter pühitsema feu tuti fiançailles kihlu~ fiancé peigmees fiancée morsja ficelle noor fiche kartoteegikaart, -sedel fidèle tru u fier uhke fièvre palavik fil (à coudre) niit ; - (de fer) traat filet york filiale filiaal, osakond fille tütar ; jeune - tüdruk fils poeg fin lopp fin, fine peen finir lopetama firme firrna fleur IiIl fleuve jôgi foie maks foire laat foncé turne fonctionner funktsioneerima football jalgpall force jôud forêt mets
g gagner vôitma ; - de l'argent raha teenima gain kasu gant kindad garage garaai garantie garantii garçon poiss gare jaam gâteau kook gauche (à) vasernal gaz gaas
gelpakane gendarme sandarm général kindral ; en - üldiselt genou polv gens inimesed gentil kena gifle korvakiil glace (crème) jaatis ; (miroir) peegel glissant libe
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gloire kuulsus gorge kurk goût maitse goutte tilk gouvernement valitsus graisse rasv grammaire grammatika grand suur grandeur suurus gras rasvane gratitude tanu gratuit tasuta
grave tôsine grève streik grippe gripp gris hall gros paks, suur grossier jame groupe grupp guérir terveks tegema guerre-sOda guichet kassaluuk guide juht, giid
h habile osav habillement riietus habitant elanik habiter elama habitude harjumus haricots oad hasard juhus haut kôrge hauteur kôrgus hebdomadaire nadalaleht héberger korterisse vôtma hélas kahjuks herbe rohi héros kangelane hésiter kôhklema heure tund (quelle heure est-il? mis kell on?) heureux ônnelik hier eile
histoire ajalugu ; (à raconter) jutt,lugu hiver talv homme mees ; - d'affaires arimees honnête aus honneur au honte hübi hôpital haigla horaire tunniplaan, sôiduplaan horloge (murale) seinakell, tornikell horloger kellasepp horrible kole, hirmus hospitalité külalislahkus hôtel hotell huile ôli huit kaheksa humide niiske
ici siin il terna illégal illegaalne image pilt impatient kannatamatu impeccable laitmatu imperméable vihmamantel impoli ebaviisakas important tahtis
importation im port impossible vôimatu impôt maks imprimé trükis, trükitud imprimerie trükikoda incertain ebakindel incident juhtum inconnu tundmatu incroyable uskumatu
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indépendance iseseisvus indifférent ükskôikne indigestion seedimisrike indispensable hadatarvilik industrie tôôstus infection nakku&, infekl~i{)on inférieur madalam, vühem infirmière meditsiiniôde inflammation pôletik influence moju information. informatsioon ingénieur insener injuste ebaoiglane innocent süütu inondation uputus inquiet rahutu insolent hübematu insomnie unetus instant silmapilk institut instituut instruction instruktsioon instrument instrument
insulter solvama intellectuel intellektuaalne intelligence intelligentsus, arukus intention kavatsus interdiction keeld interdit keelatud intéressant huvitav intérêt huvi intérieur sisemus international rahvusvaheline interprète tôlk interrompre katkestama introduction sissejuhatus inutile asjatu inventaire inventar inventer leiutama invitation kutse invité külaline irrégulier ebareegliparane itinéraire teekond ivre joobn ud
j jaloux kade jamais mitte kunagi jambe jalg jambon sink jardin aed jaune kollane jeu mang jeudi nelja paev jeune noor jeunesse noorus joie room joli ilus, kaunis
jouer mangima jouet manguasi jour paev journal ajaleht journaliste ajakirjanik juge kohtunik juillet juuli juin juuni jupe seelik jus mahl juste ôige
k kilo kilo
kilomètre kilomeeter
là seal lac jarv
laid inetu laine viII 195
laisser laskma lait piim lampe lamp langue keel lard pekk large lai lavabo pesemisruum, tualettruum laver pesema leçon ôppetund légal seadusIik léger kerge légume aedvili lendemain jargmine paev lent aeglane lessive pesupulber ; faire la
lire lugema liste nimekiri lit voodi litre liiter littérature kirjandus livre raamat location üürimine logement korter loger majutama loi sead us loin kaugel loisir vaba aeg long pikk longtemps ka ua longueur pikkus louer üürima lourd raske loyer üür lui terna lumière valgus lundi esmaspaev lune kuu lunettes prillid lutte voitl us luxe lu ksus lycée keskkool, gümnaasium
- pesu pesema
lettre taht, kiri lever tôstma ; se - tôusma lèvre huul liberté vabad us librairie raamatukauplus libre vaba lieu.koht limi te p Hr linge pesu liqueur likoor liquide vedel
m machine rnasin madame proua mademoiselle preili magasin kauplus magazine illustreeritud ajakiri magnifique suureparane mai mai maigre kôhn main kasi maintenant nüüd maire linnapea mais aga maison maja maître peremees, meister, ôpetaja
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majorité enamus mal pahe ; valu (douleur: j'ai mal mul on valus) mal (adv.) halvasti malade haige maladie haigus malentendu arusaamatus malheur ônnetus malheureux onnetu manger sooma manquer puuduma manteau mantel manuscrit kasikiri marchand kaupmees marchander kauplema
marchandise kaup marché turg Marché Commun Ühisturg marcher kaima mardi teisipaev mari (abielu)mees mariage abielu marié abielus marier (se) abielluma marque mark mars marts matelas madrats matériel materjal matière aine matin hom01ik mauvais halb mécanicien mehhaanik, masinist méchant tige mécontent rahulolematu médecin arst médicament arstim médiocre keskparane meilleur parem mélange segu membre liige menacer ahvarda01a mensonge vale mentionner nimeta01a mentir valetama mer meri merci aitiih! tanan! mercredi kesknadal, kohriapaev mère ema mériter ara teenima merveilleux imeline, imekena message teadaanne mesure moot métal rnetall méthode meetod métier elukutse, a01et mètte rneeter metteur en scène lavastaja mettre panema meuble rnôÜbel
miel mesi mieux paremini milieu keskkoht, keskus, miljôO mille tuhat mine kaevandus mineur kaevur ministère ministeerium ministre minister minuit keskôô minute minut miracle ime miroir peegel mode mood modèle mudel moderne moodne modeste tagasihoidlik moins vühem mois kuu moitié pool moment moment monde maailm monnaie raha, peenraha monsieur harra montagne magi montant summa monter tousma montte kaekell montrer naitama morceau tükk mort (le) surnu, surnud ; la - surm mot sona moteur mootor mou pehme mouche karbes mouchoir taskuratik mouillé marg mourir surema moustique s3üsk moutarde sinep mouton lammas mouvement liikumine moyen (adj.) keskmine, (nom) vahend mur sein
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musée muuseum musicien muusik musique muusika
mutuel vastastikune mystérieux salaparane
n nager ujuma naître sündima nation rahvas nationalité rahvus (ethnique), kodakondsus (politique) nature loodus naturelloomulik navire laev nécessaire tarvilik négligent hooletu négociation labiraakimine neige lumi nerf narv nerveux narviline nettoyer puhastama neuf (nombre) üheksa neuf, neuve uus nez nina niveau nivoo
Noël Jôulud noir must noix pahkel nom ni mi nombre arv non ei nord pôhi normal normaalne note arve, markus noter markima nourriture toit nous meie nouveau uus nouvelle teade, uudis nu paljas nuage pilv nuit ôô numéro number
o objet objekt obligatoire koh ustuslik, obligatoorne obscur turne observation tahelepanek, markus obstacle takistus obtenir saama occasion juhus occupé: je suis occupé ma olen hôivatud ; le pays est occupé maa on okupeeritud occuper (s') de tegelema odeur lôhn œil silm œuf m una œuvre teos officiel ametllk
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officier ohvitser offre pakkumine oie hani oignon sibul oiseau lind ombre vari onde laine ongle küüs onze üksteist opéra ooper opération operatsioon opinion arvamus or ku Id orage üike orange apelsin ordinaire harilik ordonner korraldama
ordre kord (donner un - kasku andma) oreille kôrv oreiller padi organisateur organiseerija original originaalne os kont où kus
ouate vatt oublier unustama ouest laas oui jab outil tôôriist ouvert lahti, avatud ouvrier tôôline ouvrir avama
p page lehekülg paiement maksmine, tasu pain leib paire paar paisible rahulik paix rah u panier korv panne avarii pantalon püksid papier paber paquet pakk paraître paistma parapluie vihmavari parc park parce que selleparast et pardon! vabandust! pardonner andestama pareil sarnane parent sugulane parents vanemad paresseux la isk parfait taiuslik parfois mônikord parfum lôhnaoli, parfüüm parlement parlament parler raakima parole sona part osa (quelque - kuskil, nulle - mitte kuskil) parti partei participation osavôtt partie osa partir lahkuma, ara minema partout igal pool
pas samm passage labiminek, labisôit passager reisija passé minevik passeport pass passer labi minema passe-temps ajaviide passion kirg pâte taigen pâté pasteet patience kannatus, kannatlikkus patiner uisutama pâtisserie kook patriote patrioot pause paus pauvre vaene payer maksma pays maa paysage maastik paysan talumees peau nahk pêcher kalu püüdma peindre maalima pcine vaev, valu peine (à) vaevalt pellicule membraan, film pénible vaevaline, raske pensée mote penser môtlema pente kallak perdre kaotama père isa période periood
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périodique perioodiline perle pari permanent püsiv, permanentne permettre lubama (pennettez lubage) permis luba personne isik (il n'y a - ei ole kedagi) personnel isiklik, personal perspective perspektiiv persuader veenma perte kadu, kaotus peser kaaluma petit vâike peu vâhe peuple rahvas peur hirm peut-être vôibolla pharmacie apteek photo roto pièce tükk pied jalg pierre ki vi piéton jalakâija pile électrique elektrielement pinceau pintsel pipe piip piqûre süste pire halvern piscine ujula place koht ; - assise istekoht Place du Chant Laulu-vâljak placer asetama plafond lagi plage rand plainte kaebus plaire meeldima plaisanter naljatarna plaisir lôbu, nauding (avec hearneelega) plan plaan plancher porand plante taim plat lame; roog, toit (repas) plein tiiis
200
pleurer Dutma pleuvoir sadama, vihma sadama plombier veevargitôôline pluie vihm plume sulg pluriel mitmus plus eDam, rohkem, pluss plusieurs mitmed pluvieux vihmane pneu autokumm pneumonie kopsupôletik poche tasku poêle ahi poids kaal point punkt pointe ots pointure (chaussures, etc.) number, suurus poire pirn pois (petits) herned poisson kala poitrine rind poivre pipar poli viisakas police politsei politique poliitika pomme
OUO
pomme de terre kartul pontsild population rahvastik porc seal iha porcelaine portselan port sadam porte uks, - cochère varav portefeuille portfell porte-monnaie rahakott porter kandma porteur kandja portier uksehoidja, portjee portion portsjon poser panema posi tion positsiooo possibilité vôimalus possible vôirnalik
poste post postérieur jargnev, tagumine pot pott potage supp poudre putber poule kana poupée nukk pourboire jootraha pourcent protsent pourquoi misparast poussière tolm pouvoir vôim (nom) ; vôima (verbe) pratique praktiline précédent eelmine précieux vaartuslik préférer eelistam a premier esimene première esietendus prendre vôtma prénom eesnimi préparatifs ettevalmistus préparer ette valmistama prescrire ette kirjutama présent (temps) olevik (il est présent ta on kohal) présenter esitama président president presque peaaegu presse ajakirjandus, press pression surve prêt valm is prêter laenama prétexte ettekaane preuve tôend prévoir ette nagema prier palu ma prière palve principal peam ine principe printsiip printemps kevad priorité esikoht, prioriteet prise de courant seinakontakt prison vangla
prisonnier vang prix hind probable tôenaolik problème probleem prochain jargmine ; la semaine --e tu levai Dadalal production toodang, produktsioon produire tooOOa produit produkt professeur professor profession elukutse profit kasu profond sügav programme programm progrès ed u projet projekt prolonger pikendama promenade jalutuskaik promesse lubadus promettre lubama prononciation haaldamine proposer ette panema proposition ettepanek propre puhas propriétaire omanik protection kaitse protester protesteerima prouver tôestama proverbe vanasôna province provints provisions tagavarad provisoire ajutine prudent ettevaatlik prune ploom public publik (opinion publique avalik arvamine) publier avaldama puissant vôimas puits kaev punir karistama pur puhas purée pudru
201
q quai kai qualité kvaliteet quand millal quantité kvantiteet quarante nelikümmend quart veerand quartier veerand ; kvartal, linnaosa quatorze neliteist quatre Deli quatre- vingts kaheksakümmend quatre- vingt-dix üheksakümmend
quel mis, missugune quelque chose midagi quelque part kuskil quelqu'un keegi querelle riid question küsimus queue saba qui kes quinze viisteist quittance kviitUDg quitter maha jatma, lahkuma quoi mis quotidien igapaevane
r raconter jutustama radis redis radio raadio rafraîchissant karastav réaliser realiseerima récemment hiljuti récépissé kviitung réception vastuvôtt recevoir saama recherche uurimine réclamation nôudmine, protest recommander soovitarna ; lettre recommandée tahitud kiri récompense tasu reconnaissant tanulik reconnaître tunnustama record rekord reçu kviitung réduction de prix hinnaalandus réfrigérateur külmutuskapp refuser ara ütlema, keelduma regarder vaatama région piirkond, regioon règle reegel règlement eeskiri régler korraldama
202
regretter kahjatsema régulier korraparane relation side, suhe rembourser tagasi maksma remède arstim remercier t8nama remplacer asendama remplir taitma rencontre kohtumine rencontrer kohtama rendement kasu, tulu rendre tagasi andrna renoncer à loobuma (avec élatif) renseignement teade, informatsiooD rentrer koju minema renvoyer tagasi saatma réparer parandama repas eine répéter kordama répondre vastarna rcpos puhkus représenter esindarna reproche etteheide république vabariik réputation kuulsus, rnaine
réseau vôrk réservation reservatsioon résister vastu panema résoudre lahendama respecter respekteerima respirer hingama responsabilité vastu tus ressembler sarnanema restaurant restoran reste jaak rester jaama restriction kitsendus résultat tulem us résumer kokku vôtma retard hilinemine retour tagasitulek retraité pajukiealine, pensionar réunion koosolek réussir ônnestuma rêve unistus, unenagu réveiller aratama revenir tagasi tu lema revenu sissetu lek rêver unistama revoir (au) nagemiseni rez-de-chaussée alumine korrus rhume nohu riche ri kas
rideau eesriie ridicule naeruvaart rien mitte midagi rire naerma risque risk, riisiko rivière jôgi robe kleit robinet kraan roc, rocher kalju roi kuningas rôle osa, roll roman romaan rompre katki tegema, murdma rond ümmargune rose roos (fleur) ; roosa (couleur) rôti praad roue ratas rouge punane rouler rullima route tee ruban pael rue tanav ruiner ruineerima ruisseau oja rusé ka va I russe vene, venelane
s sable Iiiv sac kott sachet kotike sage tark sain terve saison aastaaeg (année) ; hooaeg (activité) salade salat salaire palk sale must, rapane salé soolane sal1e saal saluer tervitama samedi laupaev
sang veri santé tervis sauce kas te saucisse vorst sauver paastma savant ôpetlane savoir teadma savon seep savoureux maitsev scandale skandaal scène (de théâtre) lava, stseen science teadus scientifique teaduslik sculpteur skulptor
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séance istung sec kuiv second teine seconde sekund secours abi secret saladus secrétaire sekretiir sécurité julgeolek sédatif rahustav seize kuusteist séjour viibimine sel sool semaine nadal semelle tald sens tahendus (signification) ; suund (direction) ; les cinq - viis meelt sensible tundlik sentiment tunne sentir tundma séparément eraldi sept seitse série seeria sérieux tosine serrure lukk serveuse ettekandja service teenistus serviette portfell ; kateratik (essuie-mains) servir teenima seul üksi seulement ainult sévère range siècle sajand signature allkiri signe mark signer alla kirjutama signifier tahendama silence vaikus simple lihtne sincère siiras situation olu kord, situatsioon six kuus ski suusk skier suusatama
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social sotsiaalne société ühiskond, seltskond sœur Ode soie siid soigner hoolitsema (prendre soin) ; ravima (guérir) soir ôhtu soixante kuuskümmend soixante-dix seitsekümmend sol pind soldat sôdur soleil paike solution lahendus somme summa sommeil uni sommet tipp son hel i sonnette uksekell sorte sort sortie valjapaas sortir valja minema sottise rumalus souci mure souffrir kannatama souhait soov souhaiter soovima soulier king soupçon kahtlus soupe supp source allikas sourd kurt sourire naeratama souvenir malestus; semaletama souventsageli spécial eriline, spetsiaalne spectacle vaatemang, etendus sport sport sportif sportlane stade staadion station jaam statue raidkuju stupide loll style stiil stylo à bille kuulsulepea
supplément Usa supporter vâlja kannatama sûr kindel surface pindala surprise üllatus surtaxe Iisamaks surtout eriti suspect kahtlane sympathique sümpaatne syndicat ametiühing système süsteem
succès edu succursale osakond sucre suhkur sudlouna suédois rootsi, rootslane suffisant küllaldane suisse sveitsi suite jarg suivant jargmine suivre jargnema superficiel pealiskaudne supérieur ülem, suurem
t tabac tubakas table laud tableau maal (peinture) ; tabel (liste) tache plekk tâche ü)esanne tâcher katsuma taille suurus tailleur ratsep (artisan) ; kostüüm (vêtement) taire (se) vaikima talent and, talent tapis vaip tard hilja tarif tariif tarte kook, tort tartine voiJeib tas hunnik tasse tass taverne korts taxe maks taxi takso technique tehnika, tehniline teindre varvima télévision televisioon télégramme telegramm téléphone telefon téléphoner helistama téléviseur televiisor témoin tunnistaja
température temperatuur tempête torm temps aeg (chronologique) ; ilrn (météorologique) tenir hoidma tension pinge tente te Ik terminus lopp-peatus terrain krunt terre maa terrible hirrnus territoire territoorium tête pea texte tekst thé tee théâtre teater théorie teooria timbre-poste postmark timide arg tire-bouchon korgitombaja tirer tômbama tiroir sahtel, laegas titre tiitel toi sina toit katus tomber kukkuma ; - malade haigeks jaama tôt vara toucher puudutarna ; saama (obtenir) toujours ikka, alati 205
travail tüô travailler tôôtama traverser labi minema treize kolm teist trente kolmkümmend très vaga trésor varandus tribunal kohus tricoter kuduma triste kurb trois kolm tromper (se) eksima trop liiga trou auk trouble segadus trouver leidma tu sina tuer tapma
tour torn tourner keerama tous kôik tousser kôhima tout kôik tout à coup akki tout de suite kohe traducteur tôlkija traduction tôlge trafic ari ; - aérien ôhuliiklus train rong traitement kohtlem ine ; - médical ravi trajet teekond tranche lôik tranquille rahulik transmission ülekanne transpirer higistama transporter vedama, transporteerima
u usagé tarvitatud, kantud user kulutama usine tehas utile kasulik utiliser kasutama
un üks union ühendus, ühing unité ühtsus université ülikool urgent pakiline
v vacances puhkus, vaba aeg vacciner süstima vache lehm vague laine vain (en) asjata vaincre vôitma vaisselle noud valeur vaartus valise kohver vallée org vapeur aur varier varieerima veau vasikas véhicule sôiduk vélo jalgratas 206
velours samet vendeur müüja vendre rnüünla vendredi reede venir tulerna vent tuul vente müük ventre kôht vérité tÜde verre klaas verser valama vert rohe Iine vestiaire riidehoid veston kuub vêtement rôivas
veuflesk viande liha victoire voit vide tühi vie elu vieux vana village küla villa linn vin ve in vinaigre aadikas vingt kakskümmend violent age violon viiul virage poore, kaanak vis kru vi visa viisa visage nagu visite visiit visiter külastama visiteur külaline vite ruttu, kiiresti
vitesse kiirus vitre aknaklaas vivre elama voie tee voir nagema voisin naaber voiture auto voix haa) voler lendama ; varastama (dérober) voleur varas volontiers meeleldi volume kÜide vouloir tahtma vous te ie voyage reis voyager reisima' vrai t[)eline (c'est vrai see on oige) vraiment tôesti vue vaade
z zéro null
zone tsoon
207
BIBLIOGRAPHIE Manuels OSERwinifred, SALASOOTiiu, Estonian for beginners, Sydney, 1982. HAMANArtur, Liirobok i estniska, Uppsala, 1962. LEBERECHTHelmi, Riiiigime eesti keelt (avec lexique estonien-russe), Tallinn, 1989. Dictionnaires KANNK., Dictionnaire français-estonien, Tallinn, 1988. KANNK. & KAPLINSKIN., Eesti-prantsuse sonaraamat, Tallinn, 1979. VILLECOURTL., Dictionnaire estonien-français, Tartu, 1930. WRANGELLM., Dictionnaire estonien-français, Tallinn, 1932.
Tous ces ouvrages sont disponibles à la Bibliothèque nordique, 6, rue Valette, 75005 Paris.
209
T ABLE DES MATIÈRES Carte de l'Estonie
6-7
INTR 0 DUCTI0 N DE LABALTIQUEÀL'OURAL ET AU-DELÀ L'ESTONIEETSESHABITANTS ,
ÇA S ECRIT... '
9 9 12 16
COMMENT. ? .............................................
I. LA GRAMMAIRE A. LENOMETSESEXTRAVAGANCES 1. Les troi s formes de base 2. Le génitif qui "engendre" la déclinaison 3. Le problèn1e de l'avoir 4. Et le partitif? Qu'est-ce qu'on partage? 5.
Le
p I uri el..
..23 23 25 28 29 30
. . . . .. . . .. .. . . . . .. .. .. .. .. .. .. . . .. . . .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. . . .. ..3 1
6. Raccourcir, si possible 7. Le fameux objet direct 8. Le nunléral : s'agit-il d'un adjectif? 9. Le pronom personnel et possessif 10. Le pronom démonstratif Il. Le "soi-même" personnel et possessif 12. Qui et quoi ? 13. Quelqu'un, quelque chose, ou rien 14. Les pronoms qui "comptabilisenf' 15. Les pronoms réciproques 16. Les pronoms plutôt "adjectifs" 17. Les postpositions qui bougent
18. Les postpositions adverbes 19. Les postpositions non déclinables 2(). Quelques prépositions, quand même! 21. Une postposition-adverbe à complications 22. Les adverbes seulement adverbes 23. Un verbe-adverbe passe-partout 24. Et l'adjectif? Et la comparaison?
33 35 38 41 43 44 45 46 47 49 49 50 ~
52 53 54 54 55 56 57 211
B. LEVERBE: DISCRETMAISEFFICACE 1. La conjugaison ayec le pronom-enveloppe 2. Le réel contre le non-réel 3. Le temps sans le futur 4. Le passé sans équivoque 5. Etre et ne pas être 6. Vœux et souhaits au "conditionnel" 7. Le participe en -nud, bon à tout faire 8. L'impératif .... .. .. .. 9. Le "ça" du verbe 10. Le passif-impersonnel tout à fait actif Il. Le participe: passif et... négatif! 12. Le "on dit" oblique 13. Le verbe du dictionnaire: l'infinitif en -ma 14. L'infinitif en -da ou "cas partitif" C. L'ADVERBEQUIFACILITELESCHOSES 1. Les adverbes de lieu 2. Les adverbes de temps 3. Les adverbes de manière 4. Les adverbes de quantité et d'intensité
59 59 60 60 61 62 63 64 ......67 68 69 70 71 72 73 73 73 74 75 75
D. À BONNEQUESTION, BONNERÉPONSE
76
E. LES CONJONCTIONS 1. La coordination simple et moins simple 2. La subordination
78 ,78 79
II. FORMATION DU VOCABULAIRE A. DEL'EXTÉRIEUR:LESEMPRUNTS 1. La base lexicale "vraiment" estonienne 2. Emprunts aux Indo-européens 3. Emprunts aux Baltes.. 4. Emprunts aux langues germaniques 5. Des emprunts turco-tatars ? 6. Le vocabulaire emprunté tardivement B. DEL'INTÉRIEUR: DÉRIVATION,COMPOSITION 1. La dérivation a) Les nonls b) les verbes 212
80 81 81 85 ..86 86 87 87 93 93 93 97
c)
Le
s ad v er be
s . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . . . .98
2. La composition 'a) Les composés nominaux b) La composition verbale c) La compositio.n adverbiale d) Composition avec -gi -ki
-
~
III. PRATIQUE DE LA LANGUE A. LACONVERSATION COURANTE 1. Style littéraire, langue parlée 2. Les salutations 3. Les présentations 4. Remerciements, excuses 5. Les déplacements .~ 6. Où se loger ? 7. Si nous allions déjeuner? 8. Le jour, la date, l'heure 9. Poste, télégraphe, téléphone 10. Un tour dans les magasins Il. Pensons aux affaires! 12. L'économie, ça vous intéresse? 13. Des problèmes de santé? B. L'ESTONIENDEPARIS C. MÉFIEZ-VOUSDEL'ESTO-FINNOIS! IV. VOCABULAIRE DE LA CULTURE 1. Eesti, qu'est-ce que c'est? 2. Villes et villages a) La capitale et l'Université b) Les villes de la mer c) Les noms de lieu: forme et contenu 3. Votre nom, s'il vous plait? a) Les noms de famille b) Les prénoms: liste ouverte 4. Et maintenant, chantons! 5. La danse et le costume
..100 100 lOI 102 102 103 103 103 103 105 106 107 109 111 114 116 117 119 120 121 122 124 127 127 127 127 128 129 130 130 133 134 135
213
6. Lühme teatrisse "Allons au théâtre" 7. L'art dit populaire et celui qui l'est moins. 8. La culture paysanne 10. Les fêtes du calendrier Il. L'homme, la femme et ce qui s'ensuit 12. Le sport 13. L'Université de Tartu 14. Pour se défouler v . LEXIQUE A. ESTONIEN-FRANÇAIS.. B. FRANÇAIS-ESTONIEN-
BIBLlOGRAPHIE
214
136 137 138 139 142 143 144 145 147 147 185
.........................209
EUROPE
INST ABILITES EUROPEENNES. tion?
Recomposition
ou décomposi-
Sous la direction de Raphael DRAI et CAO Huy- Thuâll L'instabilité s'installe au coeur d.el'Europe, nourrie de passions nation~listes, de haine ethnique, d'intolérance religieuse, de réactions xénophobes, de désespoirs et d' illusions... L'Europe ferait-elle un grand bond en arrière? Quel rôle jouera l' AlIetnagne réunifiée si sûre d'elle-même et si bien située entre l'Est et l'Ouest? A l'heure de Maastricht, l'Europe a-t-elle toujours besoin pour exorciser les démons de naguère, des Etats-Unis, de leur conviction, de leur leadership? Un ouvrage collectif qui tente de faire le point sur ces évolutions. (Coll. Politiques et Stratégies. 240p., J30F) ISBN: 2-7384-1545-8 POLITIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES EN EUROPE Collectif sous la directioil de Michèle DURAND Si les progrès de l'Europe sont évidents, les questions politiques qu'elle soulève et les changements structurels qu'elle entraîne incitent à s'interroger sur la signification des processus en cours, sur les nouvelles alternatives et les nouveaux cadres de pensée qui s'élaborent. D'où ce livre, né de l'intérêt des chercheurs pour les nouvelles problématiques ouvertes sur la construction européenne. (Coll.Logiques Sociales, 294p., J50F) ISBN: 2-7384-1508-3 POLICES D'EUROPE Collectif Comment développer une coopération policière qui protège efficacement les citoyens européens sans porter atteinte aux nouveaux espaces de liberté que leur promet la construction d'une maison commune? L'accélération du processus de construction européenne, la création d'Europol à la suite du Traité de Maastricht, ont conduit les responsables gouvernetnentaux, les milieux policiers et les opinions publiques des pays concernés à porter un intérêt croissant aux différents systèmes de police européens. Et bon nombre de questions fondamentales surgissent auxquelles tentent de répondre les auteurs de cet ouvrage. ISBN: 2-7384-1792-2 (266p., 140F)
PARCS NATIONAUX ET TOURISME EN EUROPE Gérard R/CHEZ Teqitoires de protection de la nature, lieux de tourisme et de loisirs de plein air des concentrations urbaines, les Parcs nationaux sont par définition tout cela à la fois. C'est ce qui fait leur complexité et explique qu'ils sont souvent des lieux de conflits exacerbés pour leur utilisation. Gérard Richez, analyse ici méthodiquement les problèmes posés par l'organisation de ces Parcs nationaux. (Coll. Tourismes et Sociétés, 42Op., 220F) ISBN: 2-7384-1279-3 LES ITINERAIRES EUROPEENS DE LA SOIE. Rout~ de l'échange Françoise CLAVA/ROLLE. Marc-Henri P/AULT Tourisme et culture: deux notions trop souvent associées sans que Iton
c.onnaissevraiment les raisons et les conditions d une telle rencontre. Les I
itinéraires culturels de la soie proposent des parcours où le plaisir s'appuie sur une véritable intelligence des lieux. Le parcours de ces routes de l'échange qui ont fait l'Europe pennet d'en reconnaître les diversités. lei nous est proposé un nouveau dialogue entre tourisme et eultur~ pour mieux cerner la spécificité comme «vecteur économique» d'un patrimoine dont la préservation et l'enrichissement ne peuvent se réduire à des comptes d'exploitation. (279p., 140F) ISBN: 2-7384-1470-2
France LE BRIANÇONNAIS
RURAL
AUX XVIIème
ET XIXème
SIE-
CLES Nadine V/VIER Le Briançonnais, région ensoleillée et appréciée des touristes, offrait aux deux siècles précédents une image différente: une population nombreuse et active, qui exploitait toutes les ressources agricoles et minières, développait l'industrie textile et essaimait ses instituteurs et marchands à travers toute la France. ' Cet ouvrage est donc l'histoire de ces paysans profondétnent attachés à leur terre natale, pour laquelle ils sauvegardent des valeurs culturelles originales bien enracinées. (Coll. Chelnins de la Mémoite, 296 p., 170 F) ISBN: 2-7384-1229-7 CONTER ET CHANTER EN PA YS REDON Collectif sous la direction de Philippe LABURTHE-TOLRA Faisant suite au «Pays de Redon-, ce volume est consacré plus particulièrement à la tradition orale de ce même pays. Chansons, récits et discours y sont analysés avec soin et justesse. Cet ouvrage rassemble des Redonnais ainsi que des «étrangers» qui tous sont à l'écoute du pays de Redon, de ses récits et ses musiques, de ses chanteuses et ses conteurs. (155p., 9OF) ISBN: 2-7384-1273-4
LE LANGUEDOC, LE ROUSSILLON ET LA MER. Des origines à la fin du XXème siècle Sous la direction de J. RIEUCA U et G. CHOL VY Ces deux volumes nous retracent l'histoire des liens que cette région entretient avec la mer et comment jusqu'à nos jours elle exploite et met en valeur sa maritimité. Si le fait maritime y est ancien, il est plus ou moins développé suivant les époques. La mobilité du rivage caractérisant le littoral (fenneture des graus, comblement d'étangs, création de ports ex nihilo). A la fin du XXème siècle une mission pour l'aménagement du littoral fait reconnaître la vocation touristique de la côte Languedocienne. Une nouvelle tonalité maritime régionale se met alors en place. ISBN: 2-7384-1054-5 (Tolne 1, 312 p., 160 F) ISBN: 2-7384-1055-5 (Tolne 2, 412 p., 200 F) DES BAGNES DE VICHY AUX MAQUIS DE CHAMPAGNE. (1942-1944) Les années terribles. Torne 1. Roger ARVOIS. Préface de Pierre SUDREAU Accusé d'activités anti-allemandes, Roger Arvois va connaître les arrestations, prisons et camps puis l'abominable tribunal des «Sections spéciales» qui le condamnent aux travaux forcés. Il va subir le régime effroyable et inconnu jusqu'à présent réservé par l'administration de Vichy aux patriotes. Livré aux SS, affaibli après trois années de souffrances, il trouvera le courage de s'évader pour reprendre le combat. Un témoignage auquel on ne peut s'arracher qui révèle enfin des pages occultées de notre histoire. (265p., 120F) ISBN: 2-7384-1632-2 LA POLITIQUE DU PCF 1939-1945. Le Parti Communiste Français et la question nationale Jean- Yves BOURSIER Ici, le propos de l'auteur est l'investigation sur la politique du parti communiste dans une situation historique particulière, celle de la Seconde Guerre Mondiale, 1939-44. Période d'occupation nazie, de trahison vichyste et de résistance, elle fut décisive pour le PCP en mettant à l'épreuve ses capacités à énoncer et à pratiquer une politique. L'étude détaillée de cette période va à l'encontre du mythe d'un PCP unanime el uni dans la résistance, et met en valeur les objectifs principaux qui détenninent en fait sa ligne de conduite. (Coll. Cheln,ins de la l1zélnoire, 273p., 120F) ISBN: 2-7384-1373-0 AU COEUR DE LI ACTIVISME COMMUNISTE DES ANNEES DE GUERRE FROIDE. «La manifestation Ridgway» Michel PIGENNET Le 28 mai 1952, plus de quinze mille personnes appelées par le parti communiste disputent la rue aux forces de l'ordre à l'occasion de la venue à Paris du Général américain Ridgway. Il en coûtera un mort et des centaines de blessés. Quarante ans plus tard, la violence, typique des années de guerre froide, surprend et intrigue. Par-delà les traits généraux du communisme français, l'auteur nous propose une plongée à travers l'étude de l'événement,
dans l'univers encore mal connu des «activistes. parisiens, hommes clés du PCF. (Coll. Chelnins de la mémoire, 175p., 9OF) ISBN: 2-7384-1674-8 LE DOSSIER GEORGES ALBERTINI. Une intelligence avec l'ennemi. Jean LEVY (préface de Madeleine REBER/DUX) Etrange éminence grise que Georges Albertini. Du socialiste Guy Mollet au président Pompidou, le monde politique sollicite ses conseils. Les grands patrons subventionnent ses activités. Pourtant, ce militant de la S.F .1.0 devient secrétaire général du Rassemblement National Populaire (parti qui collabora avec les nazis). Condamné à la Libération pour coUaboration, dès 1948 il bénéficie de la grâce présidentielle et rentre directement comme conseil1er à la direction générale de la banque Worms. (280p., 140F) ISBN 2-7384-1349-8 LA CORSE-AUTOUR.
Identités.
Enjeux
en Europe
et en Méditer-
ranée Ouvrage coordonné par Ange-Laurent
BINDI.
(Préface de Thierry FABRE. Postface d'André DEMICHEL) Etrangère et proche; repliée et disponible; sauvage et accessible; isolée et reliée à la France, à ItEurope et à la Méditerranée, ainsi la «Corse-Autour» s'inscrit-eUe dans ces multiples cercles d'appartenance qui façonnent son identité, scandent ses espoirs ou délimitent ses refus. Les initiateurs de cet ouvrage cherchent à réinventer la Corse, à partir d'une ouverture créatrice et non d'une authenticité destructrice, à partir d'un horizon européen et non d'un régionalisme passéiste. De multiples débats traversent ce livre qui a choisi de prendre l'île pour centre et d'explorer, sous une forme judicieusement comparée, les grandes questions qui vont peser sur son avenir. (202p., JJOF) ISBN: 2-7384-1128-2 L'ABBE GREGOIRE, DEFENSEUR DES JUIFS ET DES NOIRS Maurice EZRAN Personnage peu connu et parfois controversé de l'histoire de la Révolution française, l'abbé Grégoire fut un militant ardent des droits de l'homme. Très tôt, il défend la cause des Juifs, tentant de leur accorder l'émancipation, ainsi que celle des Noirs, esclaves dans les colonies d'Amérique. Homme d'exception, jamais il ne faillit à ses convictions éthiques et religieuses. (Coll. Chelninsde la Mémoire, J08 p.,J20 F) ISBN: 2-7384-1213-0
Autres pays européens LA CULTURE ESPAGNOLE. Les mutations de l'après-franquisme (1975-1992) Bernard BESS/ERE Après quarante ans de dictature obsolète, à la mort de Franco en 1975, c'est un pays fort différent qui s'éveille, conscient qu'une page de son avenir vient
de s'ouvrir: une nouvelle Espagne est née. Les bouleversements se précipitent tant dans le monde politique qu'économique et culturel. L'étude très complète de B.Bessière ne néglige aucun des aspects constitutifs de la culture espagnole d'aujourd'hui. De la création du Ministère de la Culture aux films de Pedro Almodovar, du plurilinguisme à la Movida, il nous offre un travail remarquable, introduction fondamentale à l'Espagne contemporaine. (Coll. Recherches et DOCUlnents-Espagne, 413p., 190F) ISBN: 2-7384-1477-X LE SOUPÇON ET L'AMERTUME DANS LE ROMAN GREC MODERNE (1880 1922) Renée-Paule DEBAISIEUX Cette étude critique constitue une synthèse originale et pénétrante sur une époque particulièrement riche de la littérature grecque: celle où se forme le genre nouveau qu'est le roman moderne, celle aussi où se constitue, à partir de courants divers et avec bien des tâtonnements et des c.ontradictions, la conscience hellénique contemporaine, ou tout au moins certains de ses aspects .
-
les plus importants. (207 p., 130 F)
ISBN: 2-7384-1190-8
L'ECONOMIE SUEDOISE ENTRE L'EST ET L'OUEST (1944 1949) Annie LACROIX-RIZ L'étude des relations économiquesde la Suède avec les «deuxcamps»de l'après-seconde guerre mondiale, éclaire les fondements de sa neutralité maintenue durant la guerre froide. Elle renouera par la suite avec l'Est européen atténuant ainsi une dépendance grandissante à l'égard du marché américain et ralliera en cela toute l'Europe «atlantique». (Coll. Chelninsde la Mélnoire, 311 p., 170 F) ISBN: 2-7384-1061-8 NATIONS, ET AT ET TERRITOIRE EN EUROPE DE L'EST ET EN URSS Collectif coordonné par Michel ROUX La chute du mur de Berlin à l'automne
1989 symbolise
la faillite du système
c.ommuniste en Europe de l'Est. Cette transition de régime se déroule dans
l'ordre politique,économiqueet culturelnon sans difficultéset incertitudes.Au centre des mutations se trouve principalementposée la question des identités collectives et des minorités nationales, des liens complexes et des contradictions qui unissent les Etats et les groupes nationaux. (Coll. «Pays de l'Est», 294p., 160F)
ISBN: 2-7384-1499-0
LA QUESTION ENERGETIQUE EN EUROPE DE L'EST Catherine LOCATELLI Avec l'effondrement du bloc communiste, les pays de l'Est sont aujourd 'hui confrontés à une sévère contrainte énergétique. Les réfonnes économiques vont-elles modifier les comportements d' investissetnent et de gestion de l'énergie qui conditionnent une rationalisation des consommations? L' éclatement de l'Union Soviétique remet en cause la carte énergétique de l'Europe de l'Est; de nouveauxcourantsd'échange émergent, dontce livreoriginalanalyse les contours. (Coll. Pays de l'Est, 255p., 150F) ISBN: 2-7384-1272-6
MYfHES ET LEGENDES SmERIENS Lucia POPOVA Depuis l'Antiquité, de nombreux peuples ont occupé le vaste territoire de la Sibérie. La tradition orale était le seul moyen d' infonnation et de transmission aux générations postérieures. Le présent recueil de légendes et de contes choisis brosse un tableau des conditions difficiles de vie des aborigènes de la Sibérie du Nord et de l'Extrême Orient. Le lecteur sera touché par l'âme sensible et la fine esthétique de leurs sentiments, par leur persévérance dans la lutte quotidienne pour leur survie. (Coll. La légende des Mondes, 168p., 85F) ISBN: 2-7384-1222-X MOSSA, LA GITANE ET SON DESTIN. Témoignage d'une jeune gitane sur la condition féminine et l'évolution du monde gitan Propos recueillis par Bernard LEBLON Ce récit autobiographique de Mossa, une gitane, mère de famille de trois enfants, nous fait découvrir, d'une façon plus générale, le monde gitan: la vie quotidienne, le travail, la fête et les principales étapes de la vie d'une femme. Un beau témoignage sur la condition féminine chez les gitans. (Coll. Tsiganes, l03p., 70F) -ISBN: 2-7384-1252-1 LI AVORTEMENT EN POLOGNE: LA CROIX ET LA BANNIERE Jacqueline HE/NEN. Anna MATUCHNIAK-KRASUSKA Préface de Marie-France CASALIS Le texte de loi qui vient d'être adopté par les députés polonais en première lecture, interdit l'avortement sauf en cas de danger pour la vie d'une femme. Dans sa grande majorité, le peuple polonais reste attaché au principe du droit à l'avortement. Mais il hésite à se confronter à l'Eglise. L'enquête sur laquelle s'appuie cet ouvrage donne une bonne illustration de ces contradictions et témoigne du long chemin que les femmes de ce pays ont encore à parcourir pour être reconnues comme citoyennes à part entière. (Coll. Logiques Sociales, 239p., 120F) ISBN: 2-7384-1585-7 LA PENSEE POLITIQUE DE KARL MARX Maurice BARBIER Si le marxisme est de nos jours considéré comme une idéologie périmée et inadaptée, la pensée de Marx, elle, mérite qu'on s'y attarde, d'autant qu'il n'existe aucun ouvrage en français qui la présente dans son intégralité. C'est maintenant chose faite avec l'important ouvrage de M. Barbier qui présente une synthèse complète de la pensée de Marx en retraçant sa fonnation progressive et en étudiant ses 'différents aspects. Elle peut constituer la base d'une réflexion politique féconde, capable d'inspirer l'action. (447p., 240F) ISBN: 2-7384-1527-X
Histoire LES TOURNANTS DU XXEME SIECLE. Progrès et régressions Robert BONNAUD Les «tournants du XXème siècle» sont ceux qui ont orienté l'histoire depuis les environs de 1917. R. Bonnaud analyse ici les changements de sens du progrès, les changements de direction de l'évolution. Mais d'autres retournements apparaissent liés à des variations de la quantité de changement positif, à des changements de rythme. Le progrès et la régression seraient-ils des catégories historiques indispensables à l'interprétation correcte des faits? C'est sur ce type de question que le lecteur pourra s'interroger. De nombreuses hypothèses sont posées par l'auteur, aux lecteurs de les suivre ou non. (Coll. Chemins de la mélnoire, 253p., 140F) ISBN: 2-7384-1444-3 L'HISTOIRE BAFOUEE OU LA DERIVE RELATIVISTE Claude BOCHURBERG (avec la participation de Jacqueline BALDRAN) «La controverse des historiens» allemands a mis en évidence les différentes tenUitives de relativisation de la Shoa. Ces thèses sont plus insidieuses que celles avancées par les négationnistes dans la mesure où elles ne nient pas, elles, pour l'essentiel, la réalité du génocide des Juifs mais la replacent dans une perspective scabreuse, analogique, banalisant son caractère ~pécifique, unique. Cet essai s'élève contre ce détournement de mérnoire en cherchant à démontrer le mal à sa racine à partir des problématiques posées par l'histoire en relation avec l'être. (125 p., 75 F) ISBN: 2-7384-1237-8 L'INVASION DE LA MEDITERRANEE PAR LES PEUPLES DE L'OCEAN. XIIIèine siècle avant J.-C. Une réécriture de J'histoire
antique Jean-Jacques PRADO Vers l'an 1200 avant J .-C., la Méditerranée est envahie par une immense flotte en provenance des côtes européenn~s de l'Atlantique qui fait disparaître subitement tous les royaumes existants. Or curieusement, cet événement extraordinaire est pratiquement passé sous silence par les historiens de l'Antiquité, déconcertés par cette éclatante victoire des Occidentaux sur leurs chers Egyptiens, Grecs ou Hébreux. La magistrale synthèse de la Grande Invasion Atlantique que présente ici J .-J. Prado vient remettre les choses en ordre et combler un grand vide. (267p., 140F) ISBN: 2-7384-1234-3
Littérature ELLES ONT SIGNE LEUR TEMPS Jocelyne GODART Des origines à ce début de siècle, qui sont-elles, ces femmes souvent ignorées qui nous ont laissé poèmes, lettres, romans et autres textes?
Les plus célèbres, certes, sont connues et une biographie complète les accompagne. D'autres sont citées, mais leur vie reste dans l'ombre. Et bien que beaucoup ne soient ni évoquées, ni même répertoriées, leur talent égale, le plus souvent, celui des noms prestigieux. Dans cet ouvrage, J. Godart retrace la biographie de quarante femmes, accompagnée d'extraits de leurs oeuvres. Un livre de consultation aisée qui met en lumière ces femmes-auteurs mée.onnues. (391p.,98F) ISBN: 2-7384-1360-9 HISTOIRES DE SOLOGNE ET DU V AL DE LOIRE Pierre JEROSME Mais d'où Pierre Jerosme tient-il ces récits? De quel dictionnaire de Solognot a-t-il bien pu se servir? Nul besoin de chercher bien ' loin. Ce que rapporte l'auteur dans ces histoires, il le tient tout simplement de son enfance sur les bords de Loire, de son père qui travailla dans le parc de Chambord.. . C'est donc la campagne de son enfance qu'il évoque le plus souvent dans ces récits pittoresques et séduisants. (Coll. La légende des Inondes, 123p., 70p.) ISBN: 2-7384-1296-3 CONTES ET RECITS HUMORISTIQUES DU MONDE JUIF Muriel KLEIN-ZOLTY Les communautés juives du Maghreb, d'Alsace et d'Europe Orientale: trois mondes juifs disparus et cependant bien vivants grâce à ce livre de recits de Muriel Klein-Zolty. Humour et émotion caractérisent ces contes qui forment une anthologie riche et variée de tout un pan du patrimoine culturel de ces communautés. (440 p., 210 F) ISBN: 2-7384-0981-4 HIER CHANT AIENT LES LENDEMAINS Yoland SIMON Cette chronique évoque avec sensibilité et humour les généreuses illusions et les âpres conflits d'un monde divisé. Une mémoire minutieuse qui retrouve les mots, la couleur, la saveur d'une époque (celle des années 50) avec ses petits salaires, ses bains de Iner, ses départs en car, ses ballades, ses vélos et ses bruits de radio. (Coll. Voix d'Europe, 119 p., 65 F) ISBN: 2-7384-1147-9 SANS MAUDIRE ? Marie O'NORD Histoire d'une secrétaire, celle d'un patron et, sur la scène de l'apprentissage d'un métier, dans ce petit monde qu'est une entreprise, Eros aussi bien que le rire et cent personnages attachants. Une tragédie cependant va se nouer, cel1e d'une parole impossible à prendre, ce qui se joue dans notre France d'aujourd'hui, entre patrons et employés. Qui sont-ils les uns pour les autres? (Coll. Voix d'Europe, 208 p., 90 F) ISBN: 2-7384-1274-2
AU PAYS DES ENFANTS NUS Edith HABERSAAT Des enfants des rues, des enfantsnus qui hanlent les lieux mal famésde la Cité et qui se retrouvent, le soir, autour d'une table de la Caf, le bistrot du
quartier. Une petite bande dans laquelle s'insère progressivement Marie-Eve, la responsable d'une parution hebdomadaire destinée aux très jeunes lecteurs. Lassée par le type d'écriture que cela implique, elle abandonne ce genre de «fiction édulcorée. pour une certaine fonne de vérité. C'est ainsi qu'elle entrera peu à peu au Pays des Enfants Nus... ISBN: 2-7384-1320-1 (Coll. Voa d'Europe, 155p., 75F) CHRONIQUE D'UNE JEUNE FILLE SAGE. 1944-1945 Joseph KUR1Z Georgette, qui va sur ses 18 ans, confie à son journal son vécu et celui de ses proches. En cette période troublée dans laquelle vit sa petite ville frontalière annexée par l'Allemagne, elle exprime ses émotions, ses sentiments, qui sont le reflet de son éducation très stricte. C'est l'année de tous les drames et lajeune fille attend le grand amour. A la fois forte et vulnérable, Georgette ne laissera aucun lecteur indifférent. ISBN: 2-7384-1372-2 (Coll. Voix d'Europe, 203p., 95F) TU REVIENDRAS DANS LA V ALLEE Francis SIMONINI 1936, la guerre d'Espagne fait rage. De quel côté est le salut? Pour les acteurs de la troupe de «L'Onde., ils entreront dans la lutte année sans l'avoir cherché. Venus de tous les horizons, ces hommes, ces femlnes unis par l'amour du théâtre sauront, sans l'avoir voulu, devenir des héros. F. Simonini a su restituer, avec la plus limpide émotion ce jeu où le théâtre est la vie, où la vie devient tragédie dans l'irréalité trop réelle et atroce de la guerre. (Coll. Voix d'Europe, 207p., 110F) ISBN: 2-7384-1469-9 LA PAROLE PLANETE Marc ALYN Lauréat des prix Max Jacob et Apollinaire, Marc Alyn est l'auteur d'une oeuvre poétique considérable qui le situe «au niveau des plus grands» (Alain Bosquet). Après Byblos, paru à nos Editions, il nous donne ici, avec La Parole pwnète, un livre majeur, de grand souffle et de vision profonde: hymne à l'éternelle création du monde par le verbe. (Coll. Poètes des cinq continents. l08p., 70F) ISBN: 2-7384-1241-6 LEUR DIT Jean-Claude VILLAIlV D'abord poète des lieux, qu'ils soient de terre ou de mer, J .C. Villain s'est ouvert ces dernières années, par une écriture légendaire, familière des mythes, à d'autres espaces et à d'autres temps, tels la Grèce ancienne et le désert. Fidèle à la mémoire imaginative qui l'inspire, il évoque dans le recueil présent l'exil forcé des Africains vers un autre continent. Ce thème est sujet d'une méditation sur la souffrance, le courage et l'espoir, ainsi que le prétexte à un travail novateur sur la langue, entre le chant et le cri. (Coll. Poètes des Cinq Continents, 57p., 60F) ISBN: 2-7384-1522-9
SAISONS ADULTES Collectif Des adultes à mi-parcours entre adolescence et retraite ont eux aussi
découvert le pouvoir de l'écriture pour exprimer ce qui est en eux. Avec l'association Vivre et l'Ecrire, L'Harmattan ouvre une nouvelle collection qui cherche à promouvoir l'expression écrite de ce que chacun porte en soi. Saisons Adultes est un premier recueil collectif. (Coll. Vivre et l'Ecrire Adultes. 106p. BOF) ISBN: 2-7384-1362-5 CONVERGENCES ET DIVERGENCES DANS LES LITTERATURESFRANCOPHONES Collectif Peut-on écrire hors de France dans l'indifférence par rapport à l'institution littéraire française? COlnmentéciire dans une langue qui, mêlne sienne, est toujours d'abord celle des autrês? Qu'en est-il de la quête identitaire face à un impérialisme français, qui a marqué l'émergence de ces littératures antillaise, suisse, canadienne, ou maghrébine? Autant de vieilles questions toujours d'actualité auxquelles ce livre apporte des réponses neuves, fruit commun d'écrivains et d'enseignants. (206p., 110F) ISBN: 2-7384-1376-5