La nouvelle bande dessinée. Entretiens avec Hugues Dayez

Blain /Blutch

/llavid B./de Gnécy

Dupuy-Benbenian / Guibent i Rabaté / $lan

tA IUOUUETLE BANIIE IIESSIIUEE Entretiens avec HIIGUES DAYEZ

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RËN r RÉ DÉlr.RroRÉ SERA RF,I!'IPI A('F AIIT FR \IS

DI- I'EN'IPRUNTEUR

Blain / Blutch/David B. / de Crécy Dupuy- Berberian / Cuibert / Rabaté / Sfar

LA NOUVELLE BANDE DESSINEE Entretiens avec HUGIJES DAYEZ

NT FFLE

INTRODUCTION

I

J d

Journàliste culturel à la RTBF depuis 1986, Hugues Daycz â deux passioN: le cinémâ et la bànde dessinéc.

Ap.ès avoir réalisé des éftis sioûs de iélévision, il prodisùe au jourd'hui des critiques râdiopbo.iques hebdonadâires sur l'actùâlité du 7c arr. Quant à la bâ e dessinée. elle lui à déjà inspiré deùx li,ltes I Le Duel -îifltin Spitou, recueil d'enûetiens avec les srands aureurs belses, et Tirtib et les Hûniùs, radioscopie de lâ sestion de I'hé.itagc Hergé.

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C'est bien connu,les journalistes sont friands d'étiquettes, La bande dessinée n'écbappe pas à la Ègle: "li3ye cldire" l)arci, "écote de Matcinelle" par-là, les tboirs abondent pour classifiet les genres et les auteurs. Pa er de "nout elle. bande d.essinée", est ce djouter une étiquette à ce répertohe déià si dbondant ? En réalité, le propos de ce lil,re setuit plutôt d'apprébender un mouuement de renouuedu salutaire pout urre discipline qui semble cubiuer les paradoxes.

Le premier patudore d.e Ia bande dessinée auioutd'hui, c'est qu'elle remPorte un succès public inuersement ptupottionnel à I'intérêt médifiique qu'elle suscite. Autrement dit, alors que les tirdges peuuent ôtîe pa4ois les plus importants du monde de l'édition, le discours critique sur la bande dessinée occupe une place minime, uoire inexista te, clans les prihcipttux médias français. Le deuxième parailoxe de Ia bande dessinée, c'est que ce moyen d'expression reuefidique souumt l'llppellation d.e "9è-" .trt" (tenne inuenté il y d des lustres p.1r Mofiis), flldis fie cesse en même temps de s'inféoder à d'autres disciplines artistiques: combien de dessindteurc ne louchent-ils pas uers Ie cirléflta antéricain le plus spectdculdire po1t1' coficeuoir les cddtages et les découpages de leurs pldnches ? Résubdt: au lieu d'affirmer sa ùchesse, cette band.e dessinée 'cinématogrdphique" réuèle tristement ses manques: l'absence de son et de ttouuernent. Reste alors ux " cinémd de lrapier" qui fait plutôt '.inémd du Pauurc". Les auteurs qui s'expîiment dans ce liure ont une tout autrc dmbition pour la bande dessinée. Darc leur trauail, ils reuiennent à I'essence même de ce moyen d'expression: il s'agit d.e ficonter une histoirc en images, Le ts intertogations, à une époque dominée par I'esbroufe et l'effet tape-à-l'.æil, sont sdlutdires: elles portent sur l'écriture, la ndûation, la lisibilitë et I'effica.ité du dessin. Il n'est pas étonfiant, dès lors, que I'on retrouue si soullent dans ces entretiens des ftférences à Hergé, Franqtirl ou Pt.ttt. Plus inhabituelles sont, sdns doûte, Ies allusions à Daumier, Kokoschka, Jean Ray ou Tolhien. La no tteauté ile cette bande dessinée réside sans doute là: dans cette capa.ité à ouurb les fenêh.es uers tl'autres sources grdpbiques et litteraires qui, bin d'éto ffet I'originalité propre du ,nédi.r, lui donnent u11 nouueau souflTe.

En menant, au printemlrs 2001, cette série d'entretiens avec les auteurs réunis dans ce liure, ie connaissais Ia complicité créatrice qui rassefltbldit pl siews d'entre eux. Mais ie n'indginais p.ts coffibien les connexions seraient nombreuses. Plus qu'un portrait de groupe, ce liure se réuèle, à mon plus grdnd flaisir, comme une rélTexion globale sur les moyens actuels de la bande dessinée. Il ne rcste plw maintenant qu'à pdr%tger ce pL7Àir. HUGUES DAYEZ

CHAPITR

BLAIN LE DETOURNEUR DE GENRES On est tout le temps obligé de s'interroger, de savoir si son dessin fonctionne ou pas, s'il est crédible et suffisamment expressif. Rien n'est jamais acquis. Il y a des moments où je fais des croquis comme un bon dessinateur réaliste, j'arrive à faire des gens ressemblants qui sont bien campés sur leurs jambes, bien lisibles. Et puis, il y a des moments où je dessine comme une enclume: on ne comprend rien, c'est moche, le dessin est mou ! n "

PORTRAIT

Blâin Preno,'1(s) :

Christophe Ddte .le naissanæ : 10 âoût 1970

Lieu de naissan e: Argenteuil

Nationalité: Frânçâise

Situation de

fanile:

Célibataire avec une copine

Tai e: 1,75 m

70 kg

Châtains

Bleus Sisne paniculiet :

Poilu

Ti.s et mal'ies : Glandeur

Christophe Blain semble avoir débarqué presque par hasard dans le monde de la bande dessinée. D'abord illustrateur, Blain profite de son service militaire pour faire , \a I'expérience de la marine: il y réalise un superbe journal de bord truffé de e.---croquls prls sur le vif qui témoigne d'une véritable

sera ses premiers albums en solo, comme Le Réducteur de uitesse ot Isaac le pirate, Blain n'hésitera pas à se débar. rasser de son ancien \

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9t.

aisance de dessinateur. Il fait également des incursions dans le domaine du livre pour enfants, où il montre une grande maîtrise de la couleur directe. Son premier album, paru en 1.997, HoltFrog, scénarisé par David B., intrigue la profession et ne pâsse pas inaperçu : les planches originales de ce western décalé sont exposées en 1998 au festival d'Angoulême et le public découvre un dessin qui semble emprunter à la naïveté de l,Art brut et un travail sur la couleur qui regorge de textures et de

relief. Pourtant, lorsqu'il réali-

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savoir-faire pour innover avec un dessin faussement simple, qui semble autant emprunter à la gravure du XIX. siècle qu'à la ligne claire de l'école belge. En

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venu a lmposer sâ griffe, en revisitant des genres qu'on pouvait croire éculés comme le western ou le récit de piraterie.

DAYÈZ A"ant In bande dessinée, tu ds fait rle lillu,ttatrck et du Je>n p,,ut eatants... Es!..e,tu! Icnute de de*i s at campasrc for.ément chez toi d.une entie de fane de ld fiction a BLAIN Jc dess;ne pour raconter des histoires, quelles qu,elles soicnr. même si ellcs tiennent en un scul dessin. même s,il n r c prs de rexre. J ar un dr$in Daffârit te mc sujs dela pose b quesrion de la pejnruie. j'en âi déjà fait un petit peu, et j'cn ferai pcur ètc davrnrage a I'avcnrr. Mars pour mc,i. il , agrt rv:nt rnur d( rJconrer unc hii toire, même si clle n'esr pas forc6ment

à g -

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structurée dâns un scénârio précis. Tout mon plaisi du dessin est 1à. - Tu as pensé ttès ieffie à fa e de la

- Quand j'étab gamin, j'adorais les bandes dessinées, nais j'étais beâucoup trop fai néânt pour en faire ! J'ai plein d'âdmirâtion quand je vois les planches, même très

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naives, que Dâvid B. â réalisées quand il avait scpt ou huit âns... Moi, à cet âge-là, je dessnrais deu cases, j'écrivâis le texte, et puis j'cn âvâis mârre !Je faisais des dizaines de dessim dâns des câhiers, nâis je n'avaÈ jamais le courage de les menre dans des cases: tracer ces cases, dessiner des bulles, ça m'ennuyâit à mourir ! Mcs premières bandes dessinées abouties sont celles que i'âi signées comme dessinateur professionnel.

-

Ub de tes premiers liurcs inportdnts est ce Carnet d'rn matelot dans lequel tu

rektes tak expe.ien.e comme main pendant ton seruice militdire... Cefte dnnée sous les drapeaux, tu I'as aêcueillie ..hme an désastre ou comme une occasion de pouuotu dessiner d'autres botizons a - Au dépârt, je n'en âvâis âucune envie mâis, à l'ârrivée, je crois que ce tut une âubâine. En réâlité, quând j'étâis étudianr, i'âvâis déjà sisné un bouquin sur un voyase au Bangladesh dans une collection qui s'ap

pelait "Carnet du Monde". Il est pâru

en

""..f* 1992, l'ânnée où je pârtais justemcnt au service militaire. Et en discutant avec l'édi'"il: teur, on s'est dit qu'il {allait profitcr de cette :f1";l',ï occasion pour {ane un "Carnet du Monde" sur la vie d'un trou6on de base. Mon idée initiale, c'était de dessiner la vie de ces rnecs dans les casernes qui apprennent le manie-

ment d'un tank, etc. Mâis à Cherbours, je rne suis fait embobiner par le recruteur qui m'â convâincu de reioindre la Marine. - De quelb marye de marueatne dispo sais-tu Po

r dessi,tet

?

Dans la Marine, ily a une tradition du reportage dessiné qui n'exist€ pas dans les âutres secteurs militaires. Mon travail était donc bier pris par les autorités, qui ne le voyâient pas comme une occupation incongIl]e, lllême si je ne suis pâs toùt de suite ârrivé âvec mon projet de bouquin. Il aurait méme été très fâcile pour moi d'être mis en situâtion d'exception, c'est-à dire de n'âvoir que çâ à fâire. Mâis je nc le voulais pas: si le bouquin avait l'ambition de décrire la vie d'un matelot, je ne pouvais pas rester planqué, mon reportage n'aùrait plus eu le moindre accent de vécu. Tecbniquement, comment as tû réussi à dessiner alors que tu soufftes d'un nal de

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- Ah, ça, c'était difficile !J'arrivais à dessiner une heure, au maximum, sans être malade. Après, ce n'était plus soutenable ! Je me suis arransé malsré tour pour ne pas me faire débarquer, car théoriquement quand on est malade à un degré pareil, on quitte le bateau et on est affecé à ære. Heureusement, le médecin du bord m'aimâit bien et il a cornpris que j'âvâis envie de rester sur le bateau pour dessine! rnalgré le mal de mer. Et tu ds tenû ddns cet étit jûsqu'du bott de ton seruice ! Oui, j'âi mêIne demândé à rester un jour supplémentâire, pârce que j'avais la possibilité de fâire un tour en hélicoptère. Et là, pas de chance, avant même de nonter dedâns, j'étâis déjà rnâlâde comme un chien, car le bateau sur lequel décollait I'hé lico étâit sorti en mer pour faire des essais. Résultat, 1â première chose qoe j'âi fâite en grimpant dans I'habiracle, c'est de vomir sur mes carnets de croquis ! Mais qùând on vomit, on jouit ensuite d'un petit momeft de répit, ce qui me permettait de dessiner pendant à peu près un quart d'heure âvânt de retomber à nouveau malade. Bref, j'ai opéré comme ça une espèce de cycle cornposé de crises de vomissements et de séances de croquis pendant une heure et demie de vol ! C'étâit pénible et marrant à lâ Iois. Disons plutôt que, comrne beaucoup de choses vécues durant ce service, c'était pénible sur le moment, mais c'est devenu âmusânt dâns mon souvenir. Quand on obserue ces ctoquis pris sur Ie uif, uoit hrl gnphis/ne assez realiste, ûès éloigné sryle de dessin de tes futwes

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d

ba*les dessinées. Qadnd tu as fait tes études dttistiques, tu te uoydis plutôt ) astrateuî dans .ette ueine là a - Non, je me voyais plutôt illusrrer de lâ fiction avec un dessin plus stylisé. Mâis ie n'ai jamais été très éloigné du dessin réaliste parce que, pendant mes études, j'âvâis une

prédilection pour des peintres comme Toulouse Lautrec, Dâumier, €æ. Cet espèce

de réalisme un peu ernporté,

flirtant âvec lâ

caricature, me plaisâit beaucoup. Puis, j'âi découvert I'art brut, l'arr primitjf, ce qui m'a dirigé vers un autre type de dessin,

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- Ce dessin d'dprès naturc que tu prdtiquais à I'dr'née, c'étdit pour sûder k mait oa cela conespondait à une aspirdtion bearcoup ptus proforule

?

- C'ââit

surtout âvec I'opponunité de pârticiper à cette collection "Cârnets du monde". Le directeur artistique de lâ collec tion étâir égâlement professeur âux Ans Déco ct ie suis âllé le voir suite à une annonce qu'il âvâit lâissée à l'école. À partir de ce momentlà, je me suis mis à dessiner dans

i'ai commencé à en faire une spécialité. Je séchais les cours de pubticité pour aller dessiner dans le rnétro, sur les marchés, sur les chantiers... C'est devenu mon truc: les rues et

dessinâteur tout terrâin qui exécute des cmquis même dans des conditions un peu difficiles ! J'âi pris I'hâbitude de {aire des carnets, de dessiner régulièrement dès que je suis en vacances, de faire des portraits de mon entourâge. Mon nouveau dada, c'est de des siner devant la télé: croquer les acteurs des films, c'est un exercice très intéressânt. Pendant tes études, tlt pe sais deià à la

Non, à ce momentlà, c'était lâ peinture qui m'intéressâit sunout. La bande dessinée, c'était ma culture dc gamin et du début de mon âdolescence. J'avais tourné la page.

peut sorrir de soD coffextc pour en âppréci€r les quâlités dc compositbn. De plus, jc Dre suis senti très proche de son univers à la fois

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fantastique et luculent ; son mélange d'hmour et de grâvité me plaisâit beaucoup. Létrângeté ne sédoit très fort en bande dessinée. I eq

-'Lbn désintérêt laur la bdnde

dessiltée

étnit lié à ce qui pdraissdit à l'époEle

?

- Mon

adolesccnce s'est déroulée dans les ânDées 80, er lâ BD de cefte décennie ne me touchait absolumcnt pas. Mâ culturc, c'étair la producrion dcs années 50 dâns Ti,tt . er le l';/ote des années 60, début 70. y a très peu d'auteurs de l'époque de ruon adolcscence auxquels je rnc sois inréressé.

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Qu'est-.e qai t'int&esait en priarité dans une bande dexinée: La narration ou le

Ah, le dcssin ! I'âi totriours été fasciné par le dessin. lc dessine depuis que je suis tour gamin... Cela dit, ie n'ar.ive pas à dis socier le dessin du scénârb: il faut qu'il y ait une cohércnce enrre lcs deux. Il faur quc le dessin n'ait pas seulcnent une qualité de virtuosité, i1 faut qu'il âir un charme, qu'il développc une ambiance qui soir en accord avec c€ itui est râconté. Un dessinâtcur pénible qù raconr ùe bonne histoirc. pour moi, ça donne ùe bande dessinéc

histoires réâlistes ciâssiques m'inréressenr rârement, j'ai besoin que ce soir un pcù bizarre... À cette époque, j'ai aussi été fort marqué par des autcurs comme Blutch er dc Crécy. Fir découvrant Fol,Srûo, je lne suis dit qu'il y avait quelque chosc d'irréressânt à faire en bande dessinée: voilà des auteurs qùi arrivenr à âllier une nârrâtior originâle ct ture qualité picturale erceptionnelle I

-

Le fait de dkposet

Da!û paw td tlelnière t'ti donné .onfiaftce ?

d' n s.éturia

de bdnde dessinée,

ç.1

Oui, bien sûr I J'âvâis tout à fâir conflance en I'univers de David. câr il laisse une grandc libefté d'imagination. C'esr un vrâi plaisir de se lâisser couler dans son histoirc, parce qu'il y a beaLrcoup d'éléments joùNsifs à dcssiner: il y â dc l'âcrion, du sou{fle, des vrais personnâgcs! et d€ ia trftulence I Pour H(,p r/og, la seule véri

È!E

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pénible, et I'inverse est rour âussi vrai.

A1ie. ton so.iil pow le dessin libre et ld peintwe, .omnenl eqliquer alors ton déclic pour faire de la bande dessinée ? C'est lié à td len.antre aue. Dduid B. ? - Oni, essenriellement. J'âi rcnconrré Dâvid

en 1993, par hâsard, en pârtageanr le mêmc âtelicr C'esr le travail de David qui m,.r fait cornprendre que la bande clcssirée pouvait âvoir des qualités à ia fois narrarives et pictural€s. Car le dessin de Dâvid est âmânr un dessin qui sen la naration qu'un dessin qu'on

table difficulté pour moi était d'arriver à ne détacher dc son univers graphique, puisque c'étâit un scénario qu'il avait d'abord imaginé dessiner lui mêmc. Donc, jc demandais à lravid de ne pâs mc livrer des décoLipages trop précis pour me laisser

trouver mo;même l'aspecr grâpLique

des

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personnases.

Il

oi

en â résuhé un

travail de va et vient

âssez âmûsânt:

il

csquissait d'abord des petits bonshommes, des "totos", là dessus, je créâis les p€rsonnages finis, et lui les reprenait ensuite dans son style pour qubn se comprenne sur la suite de l'histoire. Ça donnait parfois des trucs assez cocasses. ll n'anivait de modi fier un peu son découpase, câr on nla pas forcément le mêmc rlthme de narration pour cerrâines scèn€s. Mais, dans I'ensemble, je reste assez iidèlc à ce qu'il me propose, et on se comprend tout de suite. Un Point .onftun qae ta pattdges auec pas mal de copains, c'est.e rcto r au

'gauftiet", .ette stru.turc tÈs simple .je la plan.be rcpdttie en une série de .dses au fatmdt irlÊbtique. On est loin de cette bande dessinée ûuffée d'e[fe* de tadragæ... - Oùi, mais cette BDIà, c'est de la couillonnade ! Ce sont les dessinâteurs qui

cssaient des trucs de cinéma, alors que ça ne présente aucun intér& de faire des grandes câses âllongées âvcc juste un regard en gros plan dedans: ce sont des effea un peu bidon ! Si j'ai éré d'emblée séduit par le gaufrier,

c'est parce que son côré ftès simple permet de mieux se concentrer sur la recherche picturale, et d'avoir un aspecr "livr€ pour enfânts" qui me plait beâucoup. Par contre, dans les albums que ta scé, natises tol-tnême, tu dppliq"es moins systé

mdtiquement ce p frier - C'est parce quc je suis plus bavard, plus cornpliqué dans ma narration ! Je fâis fâcile, ment des pages qui comportenr eftre douzc et quinze cases, alors que David â cet espèce de rythme qui tourne autour des neuf cases. Joânn Sfâr, lui, a trouvé un nouveau rythme de nârratioD en sir câses. C'esr un

pour cnfânts, Lewis m'â dit: .Tu te lances dans une disciplnre nouvelle pour toi, ne te compliquc pas la tâche en accumulant des difficultés, dessinela avec les tcchniques que ru connâis., Moi, à l'époquc, je n'en avais pas tellcment envie parcc quc c'étâit la gr:nde mode de la couleur directc: les gens avaient lu Follgaro er voulâient toùs fâire comme de Crécy! Je n'avais pas tcllcmeft envie de m'inscrire là dedans. Mais pour ce premier album, j'âi quând mème sùivi lcs conseils de Lewis, et je crois qu'il

- Dd,s Les Ogres, rll ds .hdngé .]e tech niEue: to11en.rdge, ttès cantt.tsté, se stuffit à luimêne, et Ia mise en coùeur en aplats nettre ton ttuit en ualeur. À ld limite. 'ient on dirdit u,1Peu àes Dieilles gauarcs tehdussées à I dqudrclle...

srand plâisir de dessiner dans un gaufrier', particulièrement de six cases: c'est nn format idéa1, les dessins viennent rapidenent avcc beaucoup d'évidence er c'est aussi asréâble à lire q'r'à fâire. Mais se pose évidcmment le problème de conserver suf6s:nment de densité récir. Il faut avoir le sens de la concision comne Dâvid. êire capable dc racontcr dcs choses très denses avec très pcu d'élémcnts. Quand on est bavard comnc noi, un tcl découpage pose problènc: si je n'âdonnais au rythrne en six cascs, rnes albuns nanqueraient de den sité. .l'ai bcsoin dc m'étaler un peu plus, de rentrcr dars le détail. J'utilisc dâvântâge le tenrps réel, c'cst un petit peu monrs symbo-

:r

iique, moins elliprique... TLl p!ïles de rapi.Jité, mais dans r],opFtoS, tlt tutilises ld coLtew dbecte Etui est une tecbnitlue assez lente. Qu'est ce qai t'a paussé à fdire ce choix ? C'esr ]-ewis Trondheim qui m'â poussé à travailler en couleurs direcres. Comme je travaillais de cette manière dans mes livres

r

Oui, c'est l'effet que j'avais envie d'obteûir: dès le dépârt, j'âvâis ervie de couleurs en aplars sur un dessin très "srâtté", pour donner un effet rétro. Et Walter, qui est probablement 1e rneilleur coloriste du moment, â parfâitemeirt compris mes inten

tn)ns. Celâ dir, si je pouvais faire des albunx cn noir et blanc, je rrr'en coftente rais volontiers. Mâis c'cst difficilc de publier des albums en noir et blanc chcz Lcs grands éditeurs, on est obligé de passer par la couleur. Malgré cela, j'essaie de trrvailler mon dessin comme s'il allait resrer en noir ei blânc à lâ publication.

Et tu n'inasines pds de publier uniqrc lnent toft ùauail à l:Assa.ittian paw pou

lioir t'adanner au noir et blan. ? Non. LAssociâtion pâyc bicn scs auteurs, nais cllc ne donnc pas d'avances sur droits: c'est une trop petite structure éditoriale pour pouvoir se le permettre. [.t moi, à pâr ft du monenr où je ne fais plus que de la bande dexinée je n'ài plus envie de fâire de l'illustration ou de la commânde , j'âi besoin d'argent pour vivre, et je ne peux donc pas me permettre de travailler sans toucher des avances.

lL FAur VÀ

FiLER p'iêi !E jrJ6E RÊVÊNiR ÀVEC DES F€NFORTsI

f:rntastique de ce quc j'avâis pu observer pendant mon service milirâirc, er qLre jc r'avais pas pu raconter dâns nes câncts de !.)yase. Car on se croirâit dans un filn quard on csr sLir un barelru de la mârinc de guerre ! Cct

lnirers ressemblair à un iavc de le Rldr.teur de litesse,

gosse pour Droi !

c'esr une

:_\K --Ï--

-' tL

visio

fanrasmée, avec des accents

fantastiques, mâis en mênlc reDrps, i,y déve loppe une visbn à la limite plus f èlc et plus intime dc 1'environnemenr et .les gens quc dans mcs carne$. Quant au cLoir dLr dcssin, cela corresporclairà mon cnvie de trouver un dcssin plus narrarifj trroins picu râl que celui de llop-Èl.,s. Fâire un dessir picrural, çâ va sur dcs planches dc sir cases comDre cellcs scénârisées pâr David, mâis

ç'aurait été complètcnenr indigcsre srrr les

- Qudnd .1es srcs éditeurs camne Ddrgd"d i."pèrc ! les talents origindw de LAsso.itlian, est .e E"'ils leur laissent la nène liberté de oAiion a

-

Il y â juste la contrainre de la paginarron: il faur penser à travailler sur rics album:, de ,16 or 54 pages. Pour le rcste, on esr rranquiUe. De toute Drânière, cn ce qui me concernc, lcs albLrns sur lesquels je trâvaille rrourcDr toùt à fâit leur plâcc chez Dargaud oLr Dupuis, jc ne nourris pas de projer spécifique qui ne trouver:it sa place qu'à t-'Association, comme c'csr le câs pour Joann qui réa1ise Pascir dans un Iormat particulier.

Aptès Hop-Frcg thez Dnrgnld, t't paôlies t-e Réducteur dc viresse rbez D p is. ()" n le sentltnent que c'est ufte étdpe inlp attdnte àa s tor traudil : à'abord, ttu 1't àffntues drtew .r,telet. enstite, tu

trcures tan ststème de .oaleurc et1 apldts. QLrcl a été le décli. paur cet nlbLm a I'avais eDvie d'€xploirer rour le côté

planches plus touffues du Réàucteuï. J'avais envie d'un swle beaucoup plus spon tané, qui s'âppareDre dâvantage à un code d'écriture. En farr, j'essaic de trouvcr un graphisnre qui ne pernctre de réduire Te délai enrre le nnment où j'imâsinc l,hisroire er 1e nonenr où je lâ .lcssine. Évidcmment. on réf.]achir plus vire .tn'on ne clcssine, c,est toujours le problène i tvlêis le bur, c,est d'ârriyer à râconrer lcs hisroircs le ptus rapidemenr possiblc er de ne pas tr.rîncr des sem:ines sLr une planche pour évitcr le phénomène d'usure qui fige le dessin. Le Réducreur de vitesse d ef[ectiue"teft! un desstll très stylisé. p.tr conte les àia los,es selttent le ùécu,le tendift...

Oui, pârce que çâ rn'amuse dc rr.inspi-

rer de cc que j'âi vu et cnrendu: cela donne des personnagcs plus savorreux. par exemplc, le pcrsonnagc du roubib esr vraimerr le portrair de celui quc j'ai renconrré à

bord, il iui resselnble màrc physiclucment. C'c'st un dcs personnages-clés dL, livre, er j'ai pour lui beâucoup de tendressc: dâns lâ vraie vie, il a lâ môme verve. lâ maDre m, culence, 1â même souaillc... Et je trolrve ouc c'esr devenlr un cxceltent person'r.ge de iicti.)n: dès qu'on I'inrroduit dâns l,hirroire, il

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Ionrrronne presque rour seul. C'esr Lin regJl de làire vjvre des persônnraes tomme cà : d'abord les connaître. et ensuite tes réutiliser! - Sur le pldn tumttif, ton s.étatio est

conshuit .amme ûne sucêesslon d'instdnta_ nés. Tu te pemets une serie de disessions assez sauorreuses sur la uie de bateaa. et et

même temps, ttt élabores toltt doflt tu .asses Les effets D ltne e ipse btutale et ûn

épilosue

assez

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susbe6p

brcf...

- Certc construcdon est venue spontânément. J'avais envie de certe fin un peu brutâlc, pârce que c'cst quelque chose que j,ai vécu et que j'avais envie de raconter. À l: f,n de non sù i.e. quffd i.ri tre débarque. le me \trrs rLrroule dân\ cene espece de ..nL) man's hnd entLr la !ic mitira,re er la vie crvrle. C esr absurde: alors ou.on r ânen.tn

la tin du servrce Jepuis te dËb"r on ," retrouve seul dans un arsenat. er on n.r olus rjen : ietef, DLr roup, te (ervi.e miljràire' perd tout son sens: tour ce qu'on â vécu

pendant un an s'écronle er ne débouche sù ûen. On se retrouve ieré dâns la vrâie vie avec un gros cafard.I,avais envie de fâiæ pâsser cene sensadon à la {nr du récir: il a v une intrigue, oD atrend sa résolution... et puis, non, il n'y en â pas, ça s'ârrêre coDrme çâ. beremcnr. Tour frnir dans unc espete Oe melrilc.lie un peu foisscuse. Ton c(nt rc etant aste2 slontancej en
si, j'ai des problèrnes de cet ordre 1à. Mais ce sont des problèmes intéressants à résoudre parce qu,ils font progresser, même dils sont difficiles à vivre sur le moment. En fJit. ce qui me Éerâir vrrimcnr pJarsrq rr serrjr dc realiscr des albuns nu re ne dois rhsôt,,ment pâs me préoccuper de la pasinarion, ou je peux tour le remps rmDrovrser (t.esr un de" .cuells qu a resolu I;-n en .on",,te rrnt quc les h'sroires {Lr lesquets it rr.rvante \ont de\ hisroires sans frn, qur ava!cenr petit à pedt d'un album à l,aurre. Car c€ qui est très agréable, c,est de vieillir avec ses

{tue ça s'est fait âssez sinplement. La charre graphique n'esr pas très éloignée dc Dron propre dessin, et puis, il me semblair âssez intéressânt d'apportcr un gène supplémen ràire à cette espèce d'univers mtrtant généré pâr Lewis e.Joânn. Dans tout cc qu€ je fâis, c'est le trâvâil qui se déroulc le plus

Ta interuiens sur les s.éndtu)s

qu'à m'adonner au plaisir de l'éftpc finale, en travaillant le mouvement, 1e jcu d'ac teurs, etc. Bref, rour ce qui est le plus anu sânt à fâire dâns une bânde dessinée ! - Reuenalts à.ette notion de rdpidité, essentielle paw toi duns I'exécution d'une llancbe, mdis qai induit d"ssi Ie isque de uetser dans ]e tic, I'autondttsme dessin... - Bien sûr, c'est un danger, mâis celâ peur aussi laire progresser car on ose des choses qu'on n'oserait pas si on avait davantage de temps poLrr se poser la question. Mais ce qui m'aide, c'esr d'âvoir un spectrc d'in fluences assez larec: i'airne Toulouse Lautrec. Dubuffct, Picâsso, màis âussi Herrimân, Crumb, Girâud, Fred, Blutch, Davicl B. ou Joânn... Ce sonr des gens très différents qui mc doDnenr envie de dessiner tout le temps différemnenr: tanrôr j'âi envie de {âire une bande dessinée comnc Schulz, rântôr comme Flergé !

.!

la vie: sâns trop sâvoir où on vâ. Tu é"o.lues ladbn Sf : qu'en-.e qui t'n danné enuie de ttdlticipet à La sétie colIectiue Doi)an, m déjà ttès balisé "niyerc sw le plan smpbique ! Oh, parce que ce sont dcs copains et

i,

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- Non, j'interviens rniqucmert sur cer taines séqLiences du découpase: je viis par fois développer une action ou insisrer sur un moment conique... Mais je resre qùand lerne tre. nce e r les moreurs de 1â séric. Moi, je n'âi plus

personnages t{ùr en pouvânt se surprendre_ Le problème, c'est d'évirer d'être coincé par des systèmes rigoureux de narrarion et dc rebondissements qui sont des choses pâs touj{)rrs mârranres à mettre en -plâce, er sur lesquelles on n'a pas souvent envie d€ s,at tacher En fait, I'idéal, c'esr de pouvoir s'embarqucr dans une histoire comme dâns

A)

- On se t a ssi parfais.hez tai I'influe .e d'une certaibe nai:reté: il y a qtehlues cases dans t{op-FrcA qui fant penser à des desÇâ correspondâir à Dorr envie de fâire de 1'art brur. Ça me préoccupe moins majn

renânt: je vâis vers un dcssin plus habile, alors qu'avant, je rendais vers rrn style plus volontairement rnathabile qui me pcrmenait aussi de masquer mes manques. Car d:ns

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un dessir, si on réussit un élément et qu'à côté on se plânte, ce plantagc vâ se voir d'autant plùs ! C'est rout le problèrne du réâlisme: on en arive ..ès vite à d€ssiner À propos de ces choses qu'on dessine mal, est-ce qu'il y a des éléments à d.essiner q'!i t'e"n ient prcfondément t - Ce qui m'ennuie, c'est quand je suis obligé de dessiner des éléments répétiri{s, dans un univers clos ou dans une scène statique sans beaucoup d'action. Je m€ souviens avoir éprouvé énormément de difficultés à dessincr unc dcs premières scènes des Ogres

où un groupe de personnages discutent dans un couloir pendant plusieurs pages. J'en ai bâvé, j'âi recommencé plein de {ois, p:rce que dessiner un couloir, c'est étriqué el ça n€ permet pas beaucoup de points de vue différents. Tu éProûues soauent des Prcblèmes

pwenent techniques de dessin ? On en renconrre tout le temps, des pro blèmes comme ceux là ! On est tout le

temps obligé de s'interroser, de sâvoir si son dessin fonctionne ou pas, s'il est crédible et suffisamment expressif. Rien n'est jâmâis âcquis. Il y â des momerts où ie iâis dcs croquis comrne un bon dessinateùr réa lisre, j'ârrive à fâire des gens ressemblants qui soft bien câmpés sur leurs jambes, bien

lisibles. Et puis, il y a des moments où ie dessine comrne

orc encl

prend rien, c'cst moche, le dessin est moù ! - Ddns la nes*e aù ton dessin peut êùe inégaL, est-ce que tu as le coutage de rcfaie complètement une planche q"i ne te lrhît pas, ou tu as pl tôt tendance à auancer en te disaflt qtue la prochaine serd plus ftussie I Au?enent dit, es tu plutôt peîfe.tioflniste à h Heryé oa impulsif à la liié a Je me situe un peu entre les deux. J'ai des crises de perfectionnisme, mais ma lisne

de conduite, c'est de me soumettrc beâu

coup au regard de mon entouragc d'atelier, de Joânû, d'Emnanuel Guibert... Je lcur fais une grande confiance, et quand ils ûe disent qu'un dessin ne va pas du tout, ie n'hésite pas à le recommencer. S'ils me disent: .C'est foireùx, ton truc,, je ne discure pas et je le refâis immédiâtement.

qu'il y â ce chnât de confiancc. - Et pltis, Le fdit de trdu1illet en ateliet asse aussi Ia solitude de ce tîauail q'!i peut rcnù e ne"rasth éniqre... - Bien sûr Mais j'aherne les périodes où j'ai besoin d'être chez moi tout seul quand j'écris du scénario et les périodes où i'ai Pârce

0'

teurs qui r'ont strictemcnr rien à voir entrc eux ! Èt pourtanr, on s'en.end bien, on échaDgc des avis, c'est efrichissanr.

-'Question technique,

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ttdutlilles ton

e .nge en "àécdlqladnt' ton .rayonné à ld tdble Luminetse. Conment en es tu uett à déuehppet .ette tecltnique ? -Je lais ça pour rcnrer de ÉsoLrdre l'étcnrel problème dc l'encrage en bânde dessinéc: conment ne pas figer son cLessin. comment garder la vivacité du crayonné ? D'autant plus quc j'âi unc prarique du cro.tuis, j,âi rrrr dcsrn ,sstz nerveur. Ltunc je \u,, suscep

tibli Jr |rerdrr rrp,d
i"t(li'ffi!,i;k3!1-' envie dc sociabiliser en atclier. J'essâic de combnrcr les dcux arec phls ou moins de bonhcur, mais tout dépend in fine rlc mon étât générâ1. Dans mes bons jours, jc sris heLrreux à l'atclier et jc suis heurcux chez llloi. Dans les mâuvâis, je suis melheureux pârtolrt ! Et ie me rrouv€ â1ors coincé à fâirc le grâid écân cnrre motr domicile ct mon atelier sans sâvoir choisi! er en 1âissJnt Ju dey,rdre p.rr,,trr ! A lattlkr. uous n ntcttctc? idnats

.o11.ùtemeù Ains le ttutuait de chdc n ? 1.\on, mais l'ârelier permct de soumeftre son travaii âu jugenenr de gcns qui ont des goûrs et des façons de dessnrer rrès diffé

rcnts. lar exemple, en cc moment il y a Marhieu tsonhomne. dessinateur réaiisre dans la mouvancc de Ciraud, il y a Grven, dcssinareur humoristiquc, il y a Mariane

\arr;pJ. qur ; signe ur rL.,r .r',roh,,,srr fhrque à fÀss,rrJrion, Lr puis esatemenr Nicolas de Crécy: ce sonr quâtrc dessinâ-

er

l'énergic du prcmier geste qui tieincnr pârIois dâns trois fois rien er qui tront sa force ! Tout nnù but est de réduirc l'écârt cntre lâ forcc du croquis et Ie résultar finjl I c'csr exactcmcnt le mêr1le défi que de réduire le dé]ai cnrre la rapidiré dc pensée ct lâ len€ur de la main... Je crois beaucoup à là sponrânéiré dans 1'encrage, mais c'est un problème que je n'âi pâ,t cornplèlenent résotrr et que je ne résoLrdrâi sans cloure jârnais roùr à fâir. En lant qae lecteq ta préfèrcs ld spontanéité des Tlntin en noir et blanc, ott te

petfe.tiobnisme des (letnieïs albuns I'ânne les deux. Jàime aussi lc charne rétro quln trouvc dans les dcssins d'Alain Sânrr

?

Ogan, j'ânne le dcssin de Cirlùnb qui s'insp;e du style des âDrées 20, nrfluencé par les débuts

J'aime cette espèce de flLridité, ces per somâgcs lui onr à la fois urre srrucrurc et un côré "rnarshmall<,w"... Par excmpte, je uouve les premicrs dessnrs de À/orris âbsolument fâscinanrs: c,cst irès hcau et très érranse à lâ fois. Mâis ie suis aussi fou dc I'alb:Jt].\ Val 711 pour Sydrey qui est un pctit bijou d'âboutissemcnr du scDs du détâit.

Je trouve qu'il y a une srânde beauté dans routes les périodes de T,fltm. Je suis très amateur de cet univers, et en même temps, je suis très friand de dessins comme ceux de Blutch ou de loann Sfar, où le style diffère parfois d'une case à I'autre en {onction de ce que l'on veut exprimc4 mâis où l'on garde une cohérence. Ce sont des bandes dessinées qui ressemblent à la vie: avec des points d'orgue, avec du relief... Joann poussc cette démarche à un paroxysme: il ose fâire

ju{âposer un dessir âu pinceâu ûès libéré avec un dessin très sratté à la plume, se

quasiment réaliste; cela crée de lâ tulsurânce, on sent la nervosité et lâ vie derière ces planches. Ça me fascine ! J'âimerâis tendre vers cette spontanéité, âlors que la tech nique de la bande dessinée est le contraire de lâ spontanéité.

-

Ces rc.her.hes graphiques pointues ne

s'adressent-elles pas uniquement à un lecteur q i conprcnd le dessin de I'intétiew ? N'y a t il pds b risque de passer au-dessw de la tête d'une gta de maioité d, le.tordt ?

Çâ, je dois bien iavouer que je n'y pense pâs: je suis mon prenier lecteur, et ensuite ce sont mcs copains ! Je Éais ce qu'il me plâît, et je cofftate que ça le marche pas si mal. Je crois qu'il y a beaucoup de gens qùi ont €nvie de choses nouvelles, et qui sâvent âpprécier le dessin. C'est vrai que les bând€s dessinées que nous faisons sont peut-être moins fâciles d'accès car il faut être sensible au graphisme. Cela dit, je crois tout de même qu€ mon travail reste

-

assez lisible.

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Ce que ie x dire, et ùlricaturant à peine, c'est que pour beducotp de lectcûts, n dessin de Sfar or de Blain, c'est naladroit .omparé réalisme classirlue d'an Phiûppe

d

Francq dans Larso Ninch, par exenple. Je crois que Btutch, Sfar ou moi-même somrnes des auteurs qui aimons le dessin avant d'anrer le dessin de DD. Tandis que

Francq est quelqu'un qui mâitrise un dessin spécifiquement de bande dessinée: son srâphisme n'a du sens que dans ce cadre là. C'est un dessin qui se nourrit des codes de 1â BD et qui foncrionne en circuir fermé.

.opié dans la noitié du catdlog e Glenat - Voilà, et le problème, c'est qu'on se

!

retrouve âvec une ârmada de dessinateurs

dit "réalistes" qui veulenr rout monrrer, avec le plus de détails possible. Et ça produit souvent un dessin lourdingue et figé ! À1ors

qu'un Giraud n'est jamais lourdingue, parce que mêrnc si son dessin fourmille de détails, ça sent toujours l'excitation du type qui

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- Mdh.onnen

c'phquei tu q,'on r"ttouuc (J.?. Joann. Dauià,qlu!(h o' loi meme cc goùt du dessn pt de ta lit?nlure dvec des Éf&ences q"bn await chetchées en uain cbez les ieunes alateurs des années 80 ?

-Je crois que les dessinateurs de bande de+inee de, ânnees 40. ç0 er 60 q-, nou\ rn\pirenr ,onr de, aureur, qui ;v.renr une culture "classique" du dessin et du récit, er qui l'appliquaient à la bande dessinée. Tandis que dâns lcs ânnées 70 er 80, on a assisté à une dégénérescence de la discipline car les nouveaux dessinatcurs trouvaient leurs références, non pas dans la vie ou dans l,art, mais dans la bande dessinée elle-même. par exemple, un auteur comme Giraud est un arriste qui aime le dessin, tandis que ses "héritiers" sont des types qui aiment Giraud avant d'aimer le dessin. Dans son travail. clrâud

esr extraordinâire, mais il a fait beaucoup de mal en suscitant une anée de suivcurs sans ârne.

-

Conme

luilûd

daiourd'b"i qui

se

uoit

aime tout dessiner avec la même passion. Moi, je peux être réaliste quand je iais un croquis d'attitude, mais si j'essaie de le ter mineË je le {ige... C'est rrès difficile de faire du dessin réaliste sans le figer.

-

Lorc d'ufle pÉ.édente .oltuersatio\

t

me disais êtue d.'uantage intercssé pat les sentimeflts de tes perconnages que pat le contexte historique dans lequel ils éuoluent.

C'est e11.ore

rrui

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oui. Cela me pose d'ailleurs parfois des problènes câr te manipule mon histoire de pirates avec teliement de libertés que ie finis par oublier qu'ils sont des pirâtes !Je subis touiours un mouvemenr de balancier enrrc ce que j'ai envie de faire dire aux personnages et le fait de préserver leurs cârâcréris

tiques. Mâis il est clâir que ce qui m';nréresse le plus, ce sont les histoires d'amitié ou d'amour et les problèmes morâux que peu vent se poser mes personnages. Poaîquoi dlorc rcssens tu Ie besoin de cboisb un cadrc histoique comme b westem

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ou la pidtetie pow tes bistohes I Je me pose la question. Au départ, je me disâis que c€ qui m'intéresse, c'est de raconter des histoires de genre, car cela per rnet de dessiner des choses €xcitântes: des tempêtes, des bagarres, des explosions, des costumes... Et en ce moment, ie suis en trâin de me demander: est-ce la bonne voie ? Est-ce

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ton expé.lition en Antdrctique

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nouftiï ton dessin ? -J€ me suis très précisément posé cette question. Mes cârn€$ de voyâg€ m'on! effectivement inspiré beaucoup de choses

que je ne devrais pas dessiner des choses plus contemporaines, plus proches de ma vie I - Tu es friand du trauail de D@uy et

-J'âime beâucoup ce qu'ils font, mais en même tmps, cet univers du quotidien me fait un peu peur: j'aurâis peur de m'ennuyer, d'être en mânque de souffle rornanesque. Cela dit, je m'interroge: dans la Inesure oir j'âi un erând plâisir à dessiner des gens
- Non, j'essâie de rne pousser à développer mes propres idées, à ne pas me rétugier dans le con{on de la collaboration avec mes scénâristes préférés je suis verni pârce que mes deu auteurs de BD préférés du moment sont justement loann et David avec lesquels ie travaille!... J'essâie de voir ce dont je suis capable car j'ai envie de progresser. Ce serait beaucoup plus facile de m'en remenre à David et à Joânn, pârce qu'ils ont suffisamment de ressources pour me livrer des histoires dans lesquelles j'aurais une totale confiânce. Mâis je résiste à lâ tentation

!

- Est .e Eæ t1t ds eruie de reuiwe des expériences comme ton seruice miÙtaiîe

dont je me suis servi dâns mes bandes dessinées. Mâis en ce moment, je n'âi pâs envie

j'ai moins envie de dessin d'après nature. Je fais encore beaucoup de portraits, de croquis, mais ie préfère que cela serve mes histoires de fiction... J'ai un vrai désir d'écriture, ça me libère et, en de voyages,

même temps, çâ me fâit peur. Je ne sais pâs on je vais. Isaa.le ptuatr, ie pensais initia-

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lement en faire deux volumes, aujourd'hui, je pars v€rs trois, peut-être davantage... Je

Su le pldn éditoial, Jodnn, toi et d'dutres io issez d''ne grande libettt, mais malgré tottt, uous restez encore assez margi' nalkés ddns .e métier... - Franchement, ie trouv€ notre situâtion assez confortable: on peut fâire nos trucs dâns notre coin sâns être emmerdés par une quelconque pression médiatique, ei en même temps, il y a des édiieurs sérieux qui nous font confiance et qui veulent des choses nouvelles. Donc, on est peut être rclativemcnt confidentiels, mais on n'est pas ridicules pour autant: nos albums se vendent aurour des 10000 cxemplaires. Ce qui signifie qu'on ne louche pas encorc beau' .oup de dro rr d aureun. rnài\ on r\r qurna mêmc pâyés correctement. Ët j'âjouterâis que, nêrne si des best sellers comme XlIl ne sont pâs ma rassc de thé, jc suis ravi que de telles séries existent et rapportent âutânt d'argcnt à Dargaud ! Vive Van Hammc ! Vive Vance ! Continuez ainsi, çâ permct à Dargaud de financer des collections comme "Poisson Pilote" ! - Quelle .onceqtion as tû d succès ? l,'avantage d'avoir un peu de succès publrc. .'c'r que .el r r'anporre de Ir liberte Trop de succès doit être sans doutc alié nant. mais ie n'en suis pas là ! Les difficul tés de mon néder proviennent surtout de mes propres doutes et .les affres que cela Le su..ès, ça peut être .tussi le stt.cès criticlue. Or, malgré uos rethercbes et uos références Pi.tuft'les, u.)ns souffrez d'un

manque àe .onsidérution des grands nédns .tui ne uoient là que des 'petits nikeys ... - Oùi, mais en mème temps, si 1â bande dessinée érajt pris€ dâvâffage au sérieux, ceL nou' rmenerair peur erre a nou' prendn pl,,' l, rere: lands que la, on rrri,e a farre le méti€r dont on a toùjours rêvé, on est des êrristes dâns notre milieu, on y ùlet un

max,num de oassion... En defrn,rive, on

tit

.om-" ,le" eniant. s:t.', on trrt c. qoi pâyés pour ça ! Et ,rou" u-o"., .t on "i, même si je me réveille parfois lâ nuit âvec des angoisses et des prol,lèmes de scénârio, je suis encore capable de relâtiviser.

- r) * ,",n * ,, ,, *anqxe

de consindis tu de àessinée, àération enuers ld bd que plus pas de enpLus tiste de loir n'es d'duteurs s'élotgftent des spé.ifi.ités de .e notle à'erpressbtl pour essdyet d'en faie du "cinéna de pdpiet" ? - Ah si ! D'âilleurs, pour cn revenir à X]J-I, qu'est-ce qui plâîr tant aux gens dans cette BD ? C'est qu'i1s y retrouvent toules l€s références des séries qu'ils resârdent à la télévision. Les sens sont rassurés parce qu'ils y voient ce qu'i1s connâissent déjà !.. Je pense qu'il existe effectivement des passe relles entre le cinéma et la bande dessinée, mais qu'il est dommage de lcs appliquer au pied de la lenre. Découper ùne scène de poursuite cn bande dessinée avec un plan sur les sabots des chevaux, un plân sur la

boue qui gicle, un plan sur le regard du

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héros, en croyant que cela va faire cinéma,

Le ftpport du renls est tatdlement

dif

fércnt en bdnde dessi'tée... Oui, 1a bande dessinée n'a pas le pouvoir d'immédiâreté que possède Ie cinéna. Par exemple, on nc peur pas faire peur en bandc dessinée. On peur créer un climâr nâuséeux, on peut sénérer un malaise, une énotion, mais impossible de faire sursauter le public dans son fauteuil avec une bandc dessinée ! Dorc, çâ nc sert à rien d'essâycr: le temps De se découpc pas de la rrrême mânière et pas âvec lcs mêrres codes. Mais par ailleurs, la bandc dessinée â un pouvoir d'ellipsc absolument extraordinâire : on peut joue. indéfinnnenr avec ce

qri

peut se pâsser enrre deux cases, il peut s,y écouler deux secondes commc dix ans...

La tentation de fdire du .it'émd, .'est I' 11 des é.ueils de la bande àessinée

- Oui, âlors que ce soft souvenr les distorsions pâr râpporr âu réâlisme qui sont intércssantes en bânde

Blutch: qucl

fulgurânt! S'il dessine un perit gâr, çon qui pleure, il va lui faire des grands yeux déformés en ftrme de larnes ou de

flâques. On comprend immédiârcnrenr rout un tas de sentimcnrs subrils. dc tristesse er dc désarroi. C'csr infiniment plus riche que de dessûrer la grimace réalisre d'un gossc en pleurs ! Et à côté de cc dessin stylisé, Blurch sera capable de brosscr un portrait réaliste de Paul Newman, et les deux dessins vonr coexister sur ia mênrc planche de façon cohérente. C'esr ça, la vraie mâgie de 1â bande dessinée

On trouudit dussi

ce mélange des s?yles

.hez Milton Cdniff: an uieux pépé cari.dt ralpouuait se retrouuer dans la nême tase

-

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Oui, j'adore çâ ! C'est le genre de

mélange que j'essaie de fâire quand je dcssine des pirares en style semi réalisre, âvcc un code graphique qui poùrait se râpprocher de Hergé, et à côté d'eux. haac avec sa téte rectangLrlaire et sor nez pointu, sty lisé de manière plus extrême. Mais c'esr comme dans la vie: on

rencontre dcs gens qui ont des exprcssions mârquées de façons telle-

ment différentes qu'on aura envie de dessircr

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l'un avec un long nez en forme de nouille, l'autre avec un trait réaliste pour fâire res sortir des ponûncttcs saillantcs. Tout est possible I Et c'est justcmcnt cc qui est it1téressant dans la bande dessinée, c'est dc joucr avcc son caractère lybride. - Est-.e que tu penses qu'il y a àes thàmes imlossibles à dborder en bande tlessinée ?

- Sur lc plan personnel, je ne me sens pas capahlc dc ne lancer dans un travail comme celùi de David, qùi â râconté son hisroire lamiliale douloureuse dar-s I:Ascension da ndl. l'altais du mal à le faire, ça heurterait ma pudeur, il y a des souvenirs que je n'ai pâs envie dc rcmcr.. Ccla clit, je trouve que le travail de David est excep tionnel, et j'âi ù plâisir inrmerse à lc lire. Tu t'es exftimé à plasie"rs rcprises stur baut

E i t dssaillent duioud'hai. F,st te uais fdîe de la bande dessinée pendait de longaes années a - C'cst la question qu'on se pose enrre les doates

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nous: est ce qu'on ne va pas devenir des vieux cons dc dessinateurs qui vont se répé ter cn s'enfcrmanr dans leur propre sysrème ? Êt bicn sûr, on n'a pas lâ réponse ! On â ervie d'acquértu des certitudes, et puis, dès qu'on les a, on veut pesscr à aùtrc chose, ct on â envie de doutcr à nouveâu !

Le moteur, t'est de se surpren&e ? Le moteur, c'est de rendre vers le bon heur ! Se servl du trâvâil pour progresser dâns sâ vie, et sc servir de sa vie pour pro gresscr dans son travail. Mais au delà de ces considérations philosophiques à deux francs cnlquante, je me dis que si la bande dessinée ne m'intéresse plus au bout d'un moment! je pounâi mc tilunrer vers d'aurres activités. Mais ie suis certain d'une chose: elles tourncronr touiours aurour du dessin. Je voudrais atriver à un niveau de dessin où je serais capable de r:conter n'im pone quoi sans eflorr: être juste et fulgo rânt âvec un seul trêit !

CHAPITRE

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II

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BLIJTCH ET LE VIRUS DE LA PACOTILLE "Notre génération est victime

de ce virus : on aime parler de bêtises, on aime regarder des crétineries, chanter des chansons idiotes qu'on entendait il y a quinze ans.

Je

On éprouve un besoin de régression ! Quand je cite le générique de Drôles de dames dans mes bandes, fais un clin d'æil à tous les imbéciles qui, comme moi, le connaissent par cæur. Car on est vraiment con de connaître des choses pareilles par cæur ! "

PORTRAIT Norr: Hincker

Pftnon: Christian Sumom:

Blutch Date de tuissance: 27 àêcembrc'1967

Lieu de naisst t.e: Strasbourg

Nationalité: Françâise

Siwation de famille:

Je suis fils, frère, concubin et Père

Taille: Pâs terrible

Inférieur

Cha'eux: En tmin de tomber

Très beaùx Signe

Parti. lier:

Très beaux yeux

Ti.s et manies : Se balancer sur les chaises iusqu'à la limite du déséquilibre

Blutch est-il ce Petit Christian dont il a raconté les faits et gestes dans un album paru à LAssociation ? Selon les dires de son auteur, cette plongée en enfance, si juste et si vraie, n'est pâs pour autânt ,"È\ \iz:--\ autobiographique.

::.

llitiË'N _ g'{>7 saisir.:les

premlers

reclts ' /p

qu'il publie dans

Blotch, le roi de Paris, satire décalée d'un certain sérail parisien dans I'entre-deux-guerres. Il faudrait encore citer des albums de dessins en couleurs, comme ce Caualier blanc

lointainement inspiré d'un épisode de Lucky Luke..- Derrtère cette inspiration éclectique en apparence, se cache un artiste exigeânt qui, tout en refusant l'intellecrualisme, propose une des ré{lexions

Fluide Glacial au début des les plus originales années 90 instâllent un humour sur ce que peut être le dessin plus ouvert sur une poésie de de BD aujourd'hui. l'absurde que sur le gag. Chez l'éditeur Cornélius, Blutch DAYEZ - Cotrmençons par ane co staexpérimente tous azimuts : tation: alon que la gënerutian des "gands carnets de voyage lLettre amé- anriens' dc la BD ut tsaiczt un pseudonync pout latte catnèrc tttons en uruc Herye, ricaine), brefs récits sur la liië. Pe.vo, Monis , t est deuenu plutot relation enfe l'aftiste et son rdrc d.aûs û peftcrut'on. to rquoi p1ndtc modèle lMitchum)... Il revisite un pseudonyne aqourd'hn ? BLUTCH -Je vâis te surprendre: Blutch, aussi le genre épique lPépluml. ce n'est pas un pseudonyme, c'est un sobriAussi à l'aise dans l'illustraquet! On m'appelait comme ça bien avant que ie ne d€vienne dessinateur professionnet. tion (The New Yorker, Les surnom de qrLand j.érais perit. Inrockwptibles...l que la bande C'est mon Ça u'cnt d" .aparal Btut& dansLes dessinée, Blutch se voit décerTuniques bleues ? Oui. parce que je ressejnbJars, preren, ner à Angoulême l'Alph-Art du dair-on. à ce tameux caporal. l'avajs des meilleur album d'humour pour grosses joues comme lui, et en sporr, j'érais

nre-au-flânc ! J'érais le senre de type qui se laisse tomber do chevâl et qui fait semblant d'êtr€ mort. Et un copâin de classe m'a appclé comrne ça, puis deux, puis cinq, puis toùt le monde, y compris mes pârents. Àujourd'hùi, rour Ie monde m'appelle Bluæh, c'est devenu Ta ét)oq'es

couq de bandes dessinées ? Ouais, mais bas de gamme ! Ta ne fdisais pds le ùi ezrre l'if Gadget et des albams pl"s dnbitie'x a Tout était "lisible", mais je faisais quand mème le tri, bien sûr. Dâns tout çâr j'âppréciâis déjà plus ou moins les styles de

le.ôté tire-d -flanc de

Blutch, mais ne .lois-tfi Pas que tes copdi'ts uo aient dussi charriet ton indtuiàuaLisme ? - Vraisemblablement. Mais je crois que rour d€ssinâteur, e1 tout ârtisre en générâli est quelqu'un d'individuâliste. Même s'il doir se con{ronter âux âutres. il n'attend qu'une seule chose, c'est d'ètre seul avcc lui mème, dans son monde, pour pouvoir iouer âvec ses mârionnettes! construire ses châteaux, imagincr des histoires. Et faire de la BD, c'est un simple prolongemenr des ieu de l'enfance: quand j'invente des péri' Énes pour mes personnages, je t1e suis pas ûès éloigné de ce que j'échafaudais pour nes Playmobil ou mes Bie lim. - Dès ton ddolescetce, tu alises .leià des banles dessinées assez consista tes, conne ce É.it intitulé La Guerre des mil

T

tinel lia.àajJes et dessiné àans le style - oui, j'ai commencé beaucoup de BD quand j'étâis pedr, mais il y en a très peu que j'ai terminées. Pârfois, je râcontais une épopée en un seul dessin. J'âi rerrouvé cctte façon de faire chez David B. en lisant sorl Ascension .lu hdut mdl I il raconte comment il m€ttâit

en scène des bataiiles avec des

dizaines de soldâts en composant uDe sone de sisântesque srâffiri. Je faisais aussi des rrucs comme çâ: en une seule case, on âvait tout Le Sec/et de I'EsPddonl te rdppelles à'où ricnt ta Est ce qae uo.dtion Pow Ie dessin ? Le dessin vient de la lecturc. On devient dessinateur, auteur, ou mêmc éditeur, pârce que tout d'abord on a été lccteur. On â adoré lire et ça nous a donné envie de faire tire. À mon avis. tout vient de là. - Et pami tes lectwes, il y auait beau-

t

èt Ddns un àe tes récits du Petit Christiân, il ), a cette appré.idtioft délicietse , . Rahau qaand mème, c'€st utuinent biefl dessi'té ! C'est quand même dutre chose qte cette n orÀe de Corto Maltese l" Âh, mâis quând j'étâis sosse, je détestais C.,/to ! Je n'ârrivâis pas à le lire: je trouvais ça raide ! Au premier âbord, le dessin de Chéret avait pour moi urlc générosité qui n'apparaissait pas dans le dessin de Pran. Il :vait une espèce de virulence qui me râvissâit. J'adorais le côté exccssif de Rdrdr qui {âisâit flèche de tout bois: dès qu'il faisait un pâs, on avait I'impression qu'il avait chaussé des botres de sepr l;eues ! Ça nous dopait, mes

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ffi\\ '4 copâins et moi: après avoir iu Ralar, on avait l'imprcssion d'être très forts nous âussi. Ëst-ce que ce monde de ld tsD t dptdnissdit .onne un unirer accessible ou.

-

a" contldire, cohne an Eldondo a - Non, je n'aijamais eu I'imprcssion d'ùn Eldorado, je n'ai jamais eu le sentiment d'avoir ùn Everest à escalader. J'étars sûr de moi, quand même !Je nre souviens d'ailleurs d'un concours de dessin ddns Le loarnal de M,l:Ée] : je devâis âvoir dix âns er j'érais vrâiment certain de gâgner, je pensâis que j'étâis imbâftâble I Le preûier prix, c'étâit un voyase à Disneylând, en Floride. Quelques senaines plus târd, le journâ1 â publié le dessin du gagnânt et je me suis rendu compte qu'il dcssinâit vâchemeit nieux que moi I J'ai cu un pcu de mauvaise grâce à le reconraître.

Mtris

çd e t'd Pas dé.auraqé p

t'alientes e suite lets

Les

isqhe ttl Alts Dé.ordti:fs .ie

- Oui, parce que je manqu.is d'imàsinâtion pour trouler quoi que ce soit d'aurre à faire. - Ta présentes h chose de .ette 1a ière NoD, pire: ils le sâvent! C'est plutôt eux qui, en désespoir de câuse, se disert: "11cst trop borné, il n'ârriverâ janais à ricn fairc d'autre que gibouillcx, on va l'envoycr là-bas." C'était dlià ànns le b"t d'apprcndre la

- oui, oui, j'avais déjà dans l'idée de faire dc la BD cn allan! âux tuts Déco. C'est plutôt cn fréqucnranr les cours que j'âi commencé à douter, parce qu'il v avait tellement de disciplnres qui semblaient plus ouvertes et plus intéressantes que la bande dessùéc.

-

Tu as trauaillé deux ans dans I'aæûer

l'illusttateur Claude Ld'ointe. As t' été dttifi pdl I'illustration à ce ,noment là a - Non, pârc€ qu'il travaillait surtout sur I'illustrâtion enfântine et que çâ ne m'a de

jâmais vrâiment intéressé. Toutes les his toires qùe j'âvâis envie de raconter n'éraien! pas pour les enfants. Et je ne me voyâis pâs faire des conccssions pour m'adapter à un jeLrne lectorat. Mêmc aujourd'hui, j'ai du mrl à le concevoin - L'illastration offre un audntage Par rd\' poû à Id BD puisqu'elle fait I'é.onomie de touEs les .ases de transition. Cet duantage fle t a iamais teltté ? Non, pârce qr'âucune case ne m'emmerde. En ce momenq je suis en plein tra vail et je vob bien qu'ii n'y a âucune case dont la réalisation me pèse. Je pcnse que le récit en bande dessinée, avec sa succession de cases, est d'une énorme richesse. On n'en a exploré qu'une petite pârtie, sâns doute. Quand je fais un dessin d'illustration (une commande, la plupân du temps)' jc ne l'aborde pas du tout de lâ même manière. Quand on dessine une BD, à la limite, cela s'apparente à de ta linérature. Alors que la réalisation d'une illustration rejoint davattage un travail plastique. La bande dessinée a un côté vrâiment littérâire: on écrit à l'horizoûtâle, on âligne nos câses à l'hori zontale, de gauche à droite. Tandis que

l'illustration, comme les arts plastiques, c'est ùn trâvâil à 1â verticale, on dessine ver ticalement. Et je sépâre vraiment les deux. - Heryé acpliryait que ddns sotl prcces sus crédtif, tout iailliss.tit ei nêne temps: le texte et Ie dessin. II pftcisdit biel1 q e, pour lui, créer une bismbe en BD, ce n'étdit pas éaire d'abord des dialogaes et p'is seu' lement après cbercher conment les illustîer... - Oui, tout jaillit en même temps: le texte qui s'apparente à une espèce de griffouillis et le dessin qui ressemble à un genre de gribouillis. Les deux se combinent et c'est comme ça que le récit se construit.

Pourtdnt, deltuis une bonlte dizaifle ,l'années, il i a tluæ cette tendt'n.e qui de ta BD conme du " cinéna rre papief , ioxant la surencbère dans les s'ecta. kires. dans ld ûise en s.ène, - Pour moi, la bande dessinée est un moyen d ÈxpressLon qur r sà specrhcrte propre. nous, âuteurs, de lâ trouver et pas besoin de sinser les dcs du ciné. D'ailleurs, le ciné, c'est tellement ânecdotique, iilustratif et descrip

fdit iï:'ll"'i en '\.il;i:

decoupages ,, ii:: etc. h'ùr'r, ^

tif que ça

reste limité. C'est le XIXg siècl€ !

Une bande dessinée réussic est plus abstraite, plus mystérieuse. C'est plus beau. Tu cites Hersé: on peut pltls ou moins apprécier son æuvre, mâis on ne peut pâs nier quc c'est

I'un de ceux qui ont forgé la personnâlité de ce rnode d'expression. Ce qu'il fait, c'esr spécifiquement de \a bande dessinée. - Puisqu'on paie d'Heryé, plusiews clins

d'æil

tinti

esques panè1nent tes premières

bdndes: )l y a I'irïLpûon de Mr RackhamLerouge dars une séqten re de Sunnymoon, il y a une plan.he pdsti.Ée da Lotus Bleu...

Pdtok même, tu insèrcs des cases de Tnnjn or tle lacobs qui semblent fonctionnet comme des images subliminales. Était-ce une manière de leur rendre hommage ?

-

Eh bien, jusqu'à il y â dix ans, je lisâis

Tmtt, tous

les âns.ldem pour les Jacobs,

. ,, "., i:i;;,,,,' :;, .,::.*,

drns une morndre me,ure. r cr tecrunr.er vrienr.r m, ,.rdrer Ie rrr\dit d He,tse me servait de garde {ou, sinon je serais pirri dans ron h. ren,. l ctrr, be,oin de ngueur. j.rvai, bejnn d r\oir d(, sen. risoureux auroL[ Je moi, et ça n'a pas changé depuis. Jacobs est un u. prni. ulier. ParrdoratcmenL je ,ne \un rcndu.nmpre que trcoh\ n d j.rmà\ \e.irJblement trouvé son style. tt a dû iane BLahe tt \[oftnet pcndÀnt ptu, de r ingr anr a, en ii" de . olnpr, . il n ! a rd. deu\ àtbun , qui sont dessinés pâreils ! Soit il tend vers le sryle d'Hergé, soit il ænd ven cetui d Alex Ravmond. ll n) d prr d equ,tit re. c e,r bizrrre. i r rrr divenrenr, c'est devenu de plus eu plus pho togrâphique : les .l Fom ahs du professeur Saro, c'est du Boilet! Alors que du point de vue Darrâtifr c,est un aureur qui s'est, disons, nè' ror r.ôure. L( de\.inàreur, lui, â erre. - Et p"is, il y d un styte qui se désase de

L'attitude de

ses

personnales, toaiouts tlès

théâtru\e...

-

Oui, ça, j'ai beaucoup aimé: I'emphase

de Jâcobs ! Des aureurs comme ceux

É o"t

vraiment constitùé un t€rreau pour moi. Et ,i t'âi inrsre de. rêrerenre, d leur, univeE dans mon rrararl. r'esr parce que;e raisan dô l-i\ro,re\ qu e'dienr d abord de, pr$icnè. C'esr une mânière de rendre la rnairr vcrs des gens qu,on a aimés, de faire vivre des per\onndge\ qu on ne roir pas assez er qui

ont des physiques intéressânts. C,esr un peu comme si j'engaseâis l'âcteur qui jouait I'hé_ ritier dans Le Trésor de Rackhdn Le Rouge pour jouer dans une dc mes bandes dessinées. l ar refarr la meme , h,*e r!e, te Râ,pourine .Je Cotto Mabese. chez moi, c'était un auùc

personnage, rnais il âvair 1â même tête. - C'est d.tns la mêne logiq,e que tu utilises l'int'ginaire de Disnel, /a,Â, Donâldville Ou est .e pow te seruù du .té.dtase h mo

ftsttque

a

Oui, c'esr pour Ie décalase, parce que ce qui érâit recherché à Fltide CIaciaI, c'émir avant rout l,efficâciré du sâe. Il faut aller vite, donc jc piochais là dedans. Mais

i

c'est de la fâcilirér c'esr de la recette. Tu ntes à F|ûde Glaciat uia nn conco ts

pastrchant Tin n J:uTjbet... L,t cc qu! tu ds tout de tuic ttoure tes marque, Jans

J'ai été tour de suite conscient de la chance que j'avâis de trâvailler dans la presse parce

que cela me pernerrait d'apprendre à faire

des hisroires proprement. pour un dessinâ-

reur qui Jebure..'e\r une.h;nre in.rorabte d ètre publie rous tes mois er.te pou,orr .e periecronner rJe Lme manière. h me \ôuv,enr qu'aux Arrs Déco, il y avait des types qui \oulâicqr tri'e de Jà tsD er qur dvJrenr nene directemeft pour une série d,alburns chez un éditeur. Er les pâuv.es s,embourbaient, parce que te lancer dans un bouquin de 46 pages quand tu as vingr âns, c'est pâs évi denrl Ce n csr prs tareiJ qurnd tu fars cinq planches, purs cJnq, puis cncore rino... Un iour. on sc retroure deran, ur Jtl--T rini,,àn. s'en rendrc compte ! C'est beâûcoup plus léser de travailler ainsi, sunout quand on est jeune. - Est-.e que tu as senti ûne ligne édioriale t/ès pré.ise à Flù;de ? Ou bien chacan ttot nit eqtorer ses obsessions à sa guise ) - Non, il y a une ligne édito.iâle âssez p.ecrse, c elt Éarre \'.:ùmrque . le crois que c'esr l un des râres inurnrux quL n.onr ;Js changé de formuJe en vJngr-cLnq ans, ce qur esr quand meme rncrol ahte I Tânr qu on tujr "comique". on peur irrre (e qu.on veur. Mâinteninr. evrdemmenr. -e pôse tJ qu$llon: qu est-ce qur esr L,rmique ? Mâjs moi. j'ai toujoùs fâit à peu près ce que vou ie tais, personne ne m,a cmmerdé. - On pd/lan d inlbences... Dans ralbum

sù;l;:ymoon. oh peat s'enpêcbet de "e pensel à Gaosscns hout hn atDnche àê l humow -non'ensi'. - Ah oui, complètement ! J,âi utilisé cer ta,nes Je ses cles, mais je n ai ramaLs es\ryé de nvâlier âvec luiparce que, dâns son eenre. il est insurpassable ! Lui, .,est un humo.;ste r Il est tcrriblement fort parce qu'il n,y a rien qui pârasite son comique, il n,est pâs du

{,-ffi

tene r€ g/irs

çerrqe làft}is -?usÉi

bi€$

dàn9 rnù,

Pcôt^r"

Bl!*(rrtout sentimentâI, il n'a pâs d'âffect. Alors

que moi, j'âi ûn côté satimentâlisre. Goossens, c'est un véritable modernej câr dans son ravail il n'y â âucune trâce de romanrisme !

C'est un âbstrait ! l,€ mouvemenr dâns toute sa puftté. Goossens est l'un de mes modèles, cornme Saul Steinberg ou Merce Cunningham. - Swtolt pour tdas .elLr qui con dissekt n peu les diffic.ubés d dessin. Goossens est darantage rc.o tu p1r la professioa que

Oui, c'est vrâi, c'esr dommâge pour le pubtic. Mais les gens préfèrent qu'on leur râconte des histoires. De "vraies" histoires, comme on dit. Au cinoche. on noùs fâir

bouffer des histoires; la bande dessinée, c'est autre chose. Enfin, çâ devrait être âutre

chose. Et puis Goossens trâvâille en noir er blanc, et la plupan des gens ne lisent pâs de BD en noir et blânc. C'est comne pour les

films soùs-tiffés: dès qu'on travaille en noir e. blânc, on se met à dos lme pârrie du public. F.n 1 99 S , xt publies thez Co\nélius

Lettre américâine, 4'ri ,rt une sorte de journal srapbique, tlès dffectif, de ton L'oyase à Netu York. T, audis enuie de sofitu d'un

éuentuel ronlon natatif ? - Non, c'est simplement l'occasion qui s'est pÉsentée. En ârivânr à New York, pour plusieurs raisons, j'avais besoin de faire ça. C'étâit nécessâire, Je ne prenâis pas la pose, d'ailleus je ne pensais même pas le publier. Et je ne ferai plus iamais un truc pareil parce que le côté "nez sur te guidon" du dessin rouristique m€ gêne, en fin de compte.

À I'intériew de cette expérience. il y a ta tentattue d'apprcchû grd|hiquement le

E

- Oui, peut être. réalité, je me sens parfois tellement largué que je dessine pour me donner une contenance: ie dessine les musiciens, je dessine le pot de fleurs, je dessine lc

ÎrottoiI... C'est une

manière de se réfugier vers quelque chose qu'on connait et qu'on nâîûise pârce que, afivé à New York, je me suis serti propulsé d'un coup dans un nonde hostile, en pleine tempête de neige. C'était comme dâns

Il y auait un rêrc Sâns doute, oui. Un rêve nourri par les films, par le physique de cerrains

âcteurs que nous envions tous ! Non, blâgoe à parr, j'ai i'surgné des films, des séries TV, des comics... De la littératlre, aussi: le premier auteur que j'âi lu vraiment,

vers quinze âns, c'était Nornân Mâiler ! - Ta cites les séries télévisées: elles reuiet nent dans plasiews de tes albums comme ne sone de dé.ot sonore, atec ces quelques bribes de générique de Drôles de danes o, d Amicâlement vôÎre... - C'est triviâl, mâis en même temps, c'est un clnr d'æil à tous les irnbéciles comme moi qui se sont tâpé ces crédûeries ! C'est un procédé {acile parce que je sâis que je vâis me les mettre dans la poche. - C'estpe t-êt/e fd.ile, mais tràs peu d'auteurs dessinent d€s tiersonnages uautés

deunt laTV

en

ûain de rcgader des

- Et pourtant, il n'y a rien de plus trivial que ces séries TV. Notre génération est vic time de ce virus de lâ pacotille: on âime bien parler de bêtises, on :ine regarder des crétineries, chânter des chansons idiotes

qu'on entendait il y a quinze ans. On vit dans un monde ultra technologique, on manipule des objets que nos pârenrs ne connâissâient pâs, on â des portables, des ordinateurs, des fax... Et en mème temps, on éprouve un besoin de régression totale: Les années Âi6,ztol, 1â compil Années 80 ringarde, Carlos, Ardcabment uôtre... C'est le virus dc la pacotille. Quând je cite le géuérique de Drôles da ddmes, je la.;s un clin d'æil aux autres imbé ciles qui, comlne moi, le connaissent par cæur. Pârce

qu'on est vraiment con de

q"

connaître des choses pareilles par cceur

- Il

!

y a t)ds mal

utilisent .e geflre de

ftféren es n peu kitch. lat exemple, un cifléaste .onme Tim

Burto

fle û.be Pas des séries B et I'influence des comiæ dans l'élaboration de son nircts. - Ie trouve que sor Ed Woorl est un Iilrn

splendide sur ia création et I'enthousiâsme. Mais je suis un peu lâssé des citârions, des clins d'æil et du rccyclage. J'ai envie de pureté, d€ premier desré. Plus le temps passe, plus j'aime les choses simples, plus

j'âime la pureté des pionniers. pîoduction assez disparute. Tlt as "nepasser constnmment à' ne çt t'oblige à série à l'.tutre, d'un sene à I'dutîe ? - Oui, je ne travaille que comme çâ. Je suis obligé d'interrompre un travail pour en commencer un âutre, plus court, plus poncruel. Je suis oblieé, pârcc que je {ais des projets qui n'ont ni Ia même durée de vie ni la même portée. Je produis à la fois une page pour un magazine metLsrel, lazzman, tandis que je peux travailler sur une bande qui ne paraîtra que dans deux ans. C'est pârfois pénible, mâis je dois essayer de faire

coexisrer ces r).rhmes différents de pmduc

tior plus ou moins harmonieusement. eeh dit, chaque bande dessinée ne repose de la frécédente.

- Ta série cbez lnrnélius {appelle Mitchnû. Po rquoi ce title ? Parce que, parfois, j'ai besoin d,un par rain. Et je me suis donc choisi ce parrâin. I1 est cool. il a un nom évocateur je dis câ, mais de moins en moins de

était Robert

Mitchum.

déjà toute une musicâhé du

spherr... - Dans b naméro oit t" I'as mis en s.ène, tu tlduailats auec un ieu dë photos ? - Oui, j'avais quelques phoros, mais rès

peD, pârce que j'érais en voyase à New York quând j'ai fâit ces pâges, et je ne ne suis

trirnbâ é mâ docurnentarion sur le dos. C e kè ra Ienekt, tt' truva illes beaurcup d'abrès dadmPnt< ? - Oui, énormément, ne serâir-ce que pour pâs

m'en inspirer. Je découpe des photos dans

les journâux, mêrne si elles n'ont aucun râpport âvec mon travail du moment, rien

que pour âvoir unc sorre de conrrepoin.. De toutes façons, je ne recopie pâs de phoros, sau{ parfois des panies de décor. Mâis i'es sâie d'éviter le décâlque de documenrs phorographiqnes parce que, rout simplemenr, j'essaie d'éviter le côté descriptif du dessin. Quând je dessinc un voler, je n'âi pas envie d'en dessiner toutes les lattes. Lâ photo m'aidr juste à synrhétiser - Un des rares auteurs qai ont îetussi à ttanscender la photo, c'est Taùt. Cbez hi, .'est dssez nystéier'. : &1/Ls ûn preftiet tenps, on croit tlr'il ), a toates les lattes du 1'olet dans son décot mais d.ès qu'on t'examine

L

de plus près, on Éalise

-

qtil

t'en

est rien.

Oui, j'essaie un peu de travailler cnmme lui pour le rrJjkmenr du Jecor. Je l'ai beaucoup regarde, parce qu Lt farr cJ

- Dans ton album Pêplun un des aspects etan dntt, ( est iu*encnt td ttes {dnde lib.fte fdr tat,Fon a la à()cumentation.

GénéftlemenL les Aessinateurs qai t:r.luaillent sur des récits histoiEtes font des décots tirés dtu .ordeau. altec un dessin bien sdse.

Pépfum, auec ce saphisme an peu sa ;se, .'est comme le négdtif d'Alix... - En fait, ie me laisse porter Je suis essentielleDenr un aureur instincrif, je ne

réfléchis pas, je ne prends pâs de décision. Je ne suis pâs du tour intellecruel. Dans ce câs-ci, c'est le livre Sd4,/i.o, de PerroDe qui m'a insp;é. Je ne veux pâs me comparer à Fellini, mais je pense qu'il a dû ressintir le même choc en lisant ce livre, pârce que ce texte est complèrement obscDr, {antoma

tique, fourmillan! convulsif, brutal... et

inachevé, avcc des ellipses, des queues de poisson... Ce bouquin esr âDx anripodes d'une reconstitution holllwoodienne de l'Antiquiré. C'est ùe sorre d'ovni littérâi.e

qui vient dc la qmtrième dimension. Et

c'est ce ljvre quj rn a dicrc t esprir et te ,ryle de la b:nde desrnee. - Tu te dis instin.tif, nais le natériel .lue tu emploies ne détermi e-t-il pds aussi

-

En réâliré, t'use de très peu d'insrrun1ents. h pJume de moins en moins. ie Drn ce.ru de manrere senerate. er te srvlo a b; e. J unlisc

Mais on dessine ave. sa rête bien pi"s qu'ave. ses instrumenrs. C'est pour ça que je disâis

qurâucune case ne m,emmerde. Dans chaque j'âi envie de donner quelque chose à \ôir Je ùayonne beJucnup, virr, de pLus en pJus. Parce que si je nc crryonne pJs! rÈ me laisse aller à ma facilité naturelle. Tous les gens qui dessjnent trtrlemenr De sonr ras à l abri de la repchrron. de h rcceffe. Al(,rs- te crayonné, c'est vrâimenr l,étâpe où je réflé câse,

4994.

Vues de

tè

ior'11la tét{ritbir,,

ôxs \e aiel du\p q?tzte xobe ,,,

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b,ukMt'

ar6 uiqv4e$îe

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pirl tang4cl _

chis, où je cherche des choses que ie n,ai pas encore tentées. S'il n'y avair pâs ces crayonnés, je pense que mon travail serait

Et sur

tes

flanches, tu

des .dses, tu .orriges

uoih poutant une barule tellement atnbis'aê, telement décalée... Il y d d'abord b détourhenent de to s les noms des autears de t luide Lla.ial. a comnen,er pat te tien, it L

t

a eftsuite

?

- Non, jarna;s. Il n'y a jamais de coltâse, jarnais de découpage. Parfois un peu de Tipp-Ex, mâis de moins en noins, vu que je

cet

niuers de bksues de calendriet

éleuées au rang des Beaux-Arts tians un

Paris nondain des années 30... Comment as tu .oncocté ufl tel méhflge ? - Tout bonnement à I'occâsion du numéro

"spec,âl 20

àn.

de F1,iclc Cla, MI en

tc.t;.

pour lequel la rédaction m'âvair commândé deu pâges. Et Blot , est né à ce momentlà. J'âi repris le personnase un ân après, pour le. numéro 'Spéciâl Humour" du journal (À Sa,tel, pour lequel j'ai refait deur pages.

\ \.---..-

Z'

_

,/

Puis je l'ai laissé tomber quelques années... Mais sil est venu comme çd. L esr pàrce que i'avais envie de parler de la Frânce. Toutes mes 'américaneries", ie n,en pouvais ptus, i€ me seffâis prâliquemenr désincârné à forc€ de dessine. des ru.s améncains. Ou, plus est, ie rroure ça bète de de.çjner dei

,/ -;)^-/,/ t- --t

) i+ " J-rltr.t -,,/_,--'-----,""

- Jasqu'i.1, tu as rcalsé la plupatt de tzs plawhes en noir er blan.- L'arerdwre dz td couleu/ dbecte ne te tente pas ? - Lâ spécificiré du noir et blanc, à mor avis, c'est d'être plus mystérieux. ta couleur décrit, le noir et blanc suesère. Une band€ Jexinéc en noir et blanc s'approche de l êcrirure. Mais comme on est rous pârâ-

ie sujs rusremenren rrain de rmvâi tr sur une BD en couleurs ! J'en âi envie notr pas puur que ça se vende mieux. mâ;s poDr eruichir mâ gâmme, pour monrrer des am biances surprenantes, pour essayer des peaux iaunes. des crels rouges, des couteurs pop! Venons-en à Rlorch,le tot de pans qur

doxau,

k pnx Ansoulème du neittett albun d'b ftout en 2000. Tu parlais de pureté, a rcçu

L-

Américains qui parlent frânçais ! En fin de compte, ie pense que la chose la plus im, portantg c'est de parler de soi, de ce qu,on corrnît- Parce que dans Blotcb, tl n'y a pfts cet aspect pastiche, ce fatras culturel... - t a tout de mêrke une ftfélence ttès sauot rc*se à un .ertaii Ceo/ges Remi aela.eilli comme n péquenot pdr Btotch qnand il ljient montret sofl Trirtjn... -Àh oùi, it y â des personnâges réels, des

évenemems politiques qui sonr esqursses en toile de Iond. il y a des fieur pri"Ëi par te Pâris de l'époque... - Pourq"oi cette Eoque Ià, d'ai eurs ? - Parce que c'esr l'époque la plus violente. Enfin, presque... Je pense que rour te XXc siède toume autour de la Seconde Guerre

mondiale. Tout ce qui s,est pâssé âvanr nous a amenés à cetre guerre, et tout ce qui s,est pasé depuis ne découle que de cette euerre...

et de la Shoah. Le næud du problè,ne, c'est la Shoah. Pour moi, il n'y a rien de plus imponanr que ceia. Et dessiner Blorc&, porù moi, c'esr ue mânière de m'approcher

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de la Shoah, c'est à dire de l'événement ccntrâl du XXe siècle. Je pense que les ânnées 30 furent De époque violenre de bêtise épouvantable, une époque qui fonce droit vers le drâne, à 200 à I'heure. Et ce qui me frappe, c'cst que, même aujourd'hûi, on vir âvec ce traumatisme en nous. Pour moi. il n'y a rien au delà de ça ! Je toûrnc âutour mais je n'y toucherai pas. El c'est pour ça que je ne supporte pas qLr'on traite de la Shoah au cinéma, qLri esr la trivialiré même. Il n'y d aucan filbr à sauuer ? Aucun. Je pense que la pire horreLrr que j'âi pu voir, c'est I,a Vte esr Éelle de Roberto Benigni. C'est ûâiment I-a Grande Uadrouille à Auschwitzl C'est Papa Schultz ! Lidéc que des gens voienr ce {ilD en 2050 en se disanr quc ça s'est passé tel quel, comme on croit

que le débarquernent s'est pâssé comme dans Le low Ie plus long, me fait {rémir. Poat en reuenù àR|ol(h, ce qui te tient donc à ctwa derrière le poùrdit dû uituiol de ce gros fat, c'est la dénon.iation du tucisme otuJhdire a - Oui, c'est en sous mâin, en anière fond. - Que penses-tu alors .J'ûre bande dessinée conme i]{âDs de Spiegelrnan a - Si ça tient debout, c'est parce que I'auteur racontc son histoire à lui. à sa farnille I Ce n'est pas un petit mârquis du cinoche ! Personnellement, jc n'ose pas m'âttaqùer à un rel morceau. J'ânnerais bien fâire une bande dessinée sur l'Occupation, sur Paris en 1942, mais je ne sâis pas comment m'y prendre. Dans 3/of.r, je crois qu'il n'y a pas une seule fois le mot "jui{". On sent que Rlotch est une étipe importante dans xn par.outs, pdrce .1"'on quitte la spbèrc du sag "made in Fluide", on n'est plus dans le rie inn)cent... - Non, pârce que c'est une BD méchânte. Mais je n'ai pas envie de rn'éterniser là dedans parce que ça me dégoûtc: ce personnâge est vraiment rrop laid et trop bêre ! En même temps, c'est aussi une manière d'exorciser ses propres démons, sa propre bêtise: ol la

met en pâture, on s'en débarasse et on se sent plus propre ! Mais si je me laissais aller,

.,:iï:i

d'ï"|:::: i'irâis pltrs loin, iusqu'à la Colhborarion. J,âi de' idcc' arec le, amrres oendanL lOaunrrion MaF h',n, re ,urr .1,'. un .r.irc ediro;irl '"l;.;

qli

ne s'y prête pâs rrop

- Sur le pkn sapbiqae, qudnd on exaniÆ ton euolution entte Sù']nymoon er Blotch on a le sentinrent que ton dessin perd de sa sopbisticatiôtt. Est ce qae tu ds eu enuie, à un monent donné, d' n dessin plus 'ieté" a Oui, pârce que i'âi srandi avec des gens qui cherchcnt l'évidence er la lisibilité, plu tôt qûe 1â performânce. Er puis, cc qui a joué, c'cst le fait d'avoir ffavaillé des années dans le même atclier que Dupuy et Berberiar, parce qu'ils ont un dessin très synrhétiqueLes gens que j'aime, en général, dessincnt assez sinrplemcnt: Fabio, Tardi, Bretécher, Chaland, des auteurs américains comme Carl Barks ou Chris Ware, par exemple. Au-delà de cette simplicné, je me rcnds compte que si on est intéressant, c'est parce qu'on est dc son temps et de son pays. C'esr pour çâ qre Tirt,, esr une û:nvre aussi fone, car Hergé décrir son époque.

J'aimerais essaycr de n'approcher de cctte démarche, au lieu de dessiner des ârmùes ! Dessinù des choses senties, vécues, vues

- A ce pîopos, il nt

!

a tien d'autobiosa pbique dans les ftcits .l'ent'ante de I'album Lc Petit Chrisrian a

- Non, je ne suis pas mérhodique. le suis sujet à des courants conoâdictoires et désor_ donner. Jc ne crois pa. que je pursse Éarre de l aurohrographie. n..orierponrt pa, à

,r

mon rempérrmenr. le lerars oluror mrenne la pt rase de Flauben: . ir.e pi*enr p,nou,,

mâis visihle nutte pârr.

- Tu ne poxrrak jamak t'enfemet dans ane séfie, je suppase a -Je ne sâis pâs. De toures façons, Ia BD c'esr tellernenr t herJrage du feuilleton aue c esr dur d y echapper Mais c'est vrai o,. i â,me b,en érre sùrpri,, exptorer rJe. ctrore,

difierenres. Alors. ,i ie doi; dessin.. h. mèmes rêres pendanr drx âns, çJ va me déprimer. Er le pieee du dessrnàreur de BD c'€sr bien 1â dépression ! Donc, tânr que je peux vivre selon mes caprjces, âu noin\, je

r€ste en bonne sinrê I - Parlons de ton tauail dctuel: éuoqaais tes pages po'r un mensuel de jazz... ce qui anènÊ inéuitabletnent la qaestion:

t

connent pallier I'absence

de son ttans une

planche de BD ? - Eh bien, i'ai iusremenr âccentué cefte absence de son en supprrmanr les dialogues dans ces plânches. pârce que tes draloeues. c'e$ détà un son er qDe, d.une cerrajni

- Non, rien n'esr vrai, ou si peu..- Il ne s'âgit que de lâ retranseiption de sensa, tions er tr'y a pâs d'anecdore qui arr &é 'l reellemenr vécue. û n'y a pas de souveù- cc manière. ça pàrasire cer âDrre sc,n qu.esr lâ n'esr que du pipeau. Nânmoins, p râlse mlrsque. Donq ce sonr des cases mucnes drnc que j aurais pu exploiter cer univers æ.r lesqueles j'e*are de vj.uati.er ta musrque. Je danr dx tomes. Je n,ai fait qu'efleure. le ne sars pas ce que ça va domcr. mars t.esrere sujer, parce que c'esr dur à fâire. Er je ne que le mysrère du srlence vâ me servir me sentais pas la pêche de continuec Èn Tt dessines en nusique ? fâit, i'âi invenré ce personnâge qu"Dd i,étâis - Oui, ça Ine stimule. Er puis, d,avoir des aDx Arrs Deco. J'âj sourenD mon diDlôme musiciens qoi jouenr dans mon dos. ca me Le Petit Christnn. Er il à r€fai; surfâc€ donne I'imp.essjon de n ètre oas te se,r , ^.vec drx ans pJus tard. Je ne suis djr qu.en repre bosser. nant ses aventures, j,allais pouvoir faire un - As-tu le seitiment d'être infuencé dans rravail un peu pJus leger er plds accessibte, tot bauail par ce que tu é.ortes ? ce qùi oDvrirarr peur èrre les pones pou ur -J'ersaye d'ere intluencé par rour re qui cenain pubtic vers des atbums plus difÉciles vient de Iextérier:r, sons er iormes- Ourn,l ta barde dessinee ne se nourit aue de - Tu es plutôt dèsoftloni" o" plutôt hetho- bande dessinëe. ça donne
des rcieron\

F,,,r,.

I

nourrir de fout, et surtout pâs trop de BD. C'étt:tit I'un àes enseisnenents de. Jiia qui fdisdtt de ld peint re paw se .!éterube de

q

h

bdnde dessinée.

oui, le seul problème

avec Jijé, c'es.

ii dcssinâit très vitc ct qu'il y âvâir pârfois chcz lui des crreurs dc cLcssin hallucinantes. avcc rlcs problèncs cLc proportion, etc. C'est très inég'rl: il y a dcs albùtns de letry Sprins qui sont complètcmcnt ratés. Celâ dii, ce1â reste I'un dc ncs auteurs préférés. Il y âvâit aussi \0ill que j'aimais beaucoup ct <1ui

âvâit un peu ]e même type

d'approche.

":[1]lï

II y a ptusieuts dttusiolls aux séances de ",,1ï1j," dessin.l'aptès modèb riuant dans tes ft.its. C est ffi exerci.e Eue tu lrdtiq"es tol-même ?

- D$. Mitcb"n, e(fe.tivemenr, le thènrc général esr I'artiste er son lllodè]e. Mâis je ne pratique plus beaucoup le dessin d'après nature. C'est dommage, il faudrait que je Ce qui sisnifie que ta triuailles I'anato

Oui, sâns béquilles. Tout est bâsé sur

:':',iî'i.^ ",r. ff::f. !: I

I'observation continuelle des formes er des corps. Par excmple, ic dois dessin€r ure planche avec des vieilles. Eh bien, pendant deur t,,ur,. ic rJi\ e*J\er de reLenrr rôur.\ bour d un moment. iar en rère une rmagc synthétisée de vieille. Quand i'ai besoin de

quelque chose, je pars à la pêche. C,est colnme çâ que je procède.

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èIôe' , I çàt j?rnlis.

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- Tu es d' style à pdsser ta sur ta table à dessin ?

io ftée entière

Oui, hormis les moments, souvent lonss. qui sonr devoJus aux ràches domesuques. Des fois, mes heura de rlav;il sonr morcelecs sur l'ensemble de la jounée. - Tu n'es pds ép isé aue. ûn rytb,ne ljûeil ? - Non, je ne suis pâs fâtigué de dessiner. Même quând ça m'ennuie un peu, ccla ne devicDr jâmâis une épreuve. É-videmrnent. j'âi des périodes dc creux où je ne suis pas rrès producri! où je me lânse âller Ça ne

m'inquiète pas car je sais que ça revient

toujilurs. LidéâI, c'esr de pondre des

plânches de BD régulièremenr, mâis en même temps, il ne faur pas oublier de sortir de son âtelicr, câr c'esr la vie qui nourrit te trâvâi1, qui excire I'inaginâire...

- Bon nonbre d'duteuts dénofl.p t Iab'en.p d unp ù/rizblp pti.e,t,,,asid?tatian de la bdnde .lessinée pû tes nédia' Connent erphques ru.p nanqul dc rc.oanaissance, alots que la BD .onstitue un phénotnèfte éditotial auec tun paids économiq'le noft néCliseable ? Parce que la bandc dessinée esr roujours, dans les esprits, liée au monde de I'enJance. Et le nonde de I'eniance reste subalternc. Lorsqu'on fait un sondage aDprès des Français e' qu on letrl demande quer ^r le penorrnre( de BD le plus populaire, on obtient le tiercé: Tintin, Astérir, Luckt LrÉe. Celâ veut dire que les référenccs n'ont pas évolué dans la tête des gens en quaranrc ans ! Ce sonr les personnages de quand ils éraient gamins. Mais 1â question esr tordue car, en sommc, depuis tente âns, il y â eu des BD à succès sans personnâge-rirre : I-a Rubrique à-bnc,

Les Fustrés, Tlanches de r,æ, etc. À mon avis, les pères de la BD moderne ont une part de responsabilité dans 1e fait que la BD ne bénéficie d'aucun crédit intellectuel. Je veux dire par là qù'à l,époque où les auteurs "adulres" en onr eu l occasron, ils r'onr pa; dèfendu ce noyen d'e\p,*".' âuraienr pu le fâirc. Je me souvicns,:u début dcs ânnées 90, que l'émission télévisée te Cercle de ninuit ayît téalisé un numéro spécial sur la bande dcssinée à l,occâsion du Fatival d Angoulême. Margerii étair président du iury er Michel Fjeld àvarr inviri pteLn dr dessinareurs: rl y av;it C,,rtrb, Lrurer... ir ne rne souviens plus exactement de lâ conÈ

...ln.;tr

position du plateâu. Mâis tous ont balavé

les questions sérieuses d,un reven de la main drsanr: Vous savez, nousJ on e(r iusre des penrs rigolos... . En gros, c errrt ca tr messase ! Et moi, devant nâ Élé, je fuiminais:

en

Mol /4/4yù"1oJ ../

"Mâis pourquoi dites-vous çâ ? Vous nous poienârdez dâns le dos !" - Le seul ryi auait fait dudn.er le débdt,

de .ompte, .'était Gos.in quand on pense que 'y. ce rype Sunout publiait des âuteurs qùi ne lui rcssemblaienr pâs, ni de près ni de loh. Il a nis au monde en

fik

mieux vendu le prernier tome de Blorcû que nes autres livres. Feu de paille peut être, parce que le deuxième tome, visiblement, ne se vcnd pâs âussi bien... Mâis pour en revenir avec la question de la critique, je veur res t€r optimiste. Mâinten3nt, dans le mâgâ?ine

des enfants sauvages et il â dû être surpris pâr l'arnpleur que le mouvement âvait pris. Quând

on songe à I'explosion graphique et à lâ virolence de tous ces dessinateurs des ânnées 70 ! Goscinny a des racines plus anciennes: c'est une espèce de mélange entre l'école belse et le nonsense de Mad, mais ce n'est pâs un auteur "adulte". Pour moi, le premier auteur absolument moderne, qui se soit détâché de I'héritâse belse et de I'inîuence de Grxcinny, c'est Jeân-Claude Frorest. C'est le premiel auteur qui a signé des bandes véritablement adultes. Et qu'est-il devenu ? Il s'est banu, il s'est usé, il a fait des albums, mais il n'â jamais joui d'une larse reconnâissânce. - on sent dans tes prolros n agacement

nr par

ne

rcIonté d'intégtité. On sent que

tû ne couls pas après les glos titases... - Non, effectivement. Qu'on me laisse faire ce que je veux, ça c'est primordiâI. Mais sâns reconnâissance critique, on vâ tous dispârâite ! Le problème, c'est que sans critique, il ne peut pas y avoir de pensée, et sans pensée, le rendement, le fric prennent toure la place. Le problèrne, c'est que les médias ne s'iûtéresseft qu'au phénomène commercial de 1â BD. Mâis ce n'est pâs pârce que tu as plein de lecteurs que tu as mison. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui pourraient lire de la bande dessinée si les médiâs et la critique les amenaieft à en découvrir. - Dans êe co"tercte, le ptix que tu ds reçu à Angoulême pour Blotch a-t-il fdit at anêer Ie scbmilblick pour toi ? - Personnellement, je ne suis pas allé à Angor ême. Lâ seule répercussion, c'est que cela te perrnet d'avoir un bandeau de papier rouge autour de ton bouquin qui fâit que tu en vends... dix de plus ! Non, sans rift, j'âi

Beaux Arts, il y a chaqte mois une pâge sur 1â BD, ce qui était inconcevable il y a seulement dix ans ! Mais il faut reconnaître qu'aujourd'hui encore, certâins dessinateurs servent très mal notre cause. Beâucoup d'entre eux continuent de répondre aux interviews sûr le mode: .Je suis un p€dt rigolo et je rne prends pas la tête !, Alors que le métier, c€ n'est pâs çâ. Un jour, j'ai répondu à une interview pour Bearr-Alts, €t à la fin de l'entretien le joumâliste me demande: .Vous considérez-vous comme un ârtiste ?, Et j'ai répondu: "Mais évidemment !" Quell€ question ! Mais bon, voilà, on est

obligé de ramer à contre-courant. - En définitiue, faire de la bande dessinec, c'est ta nanière à toi d'exister ? - Oui, je crois. Mon dessin a changé avec le temps, mes préoccupations âussi, mais

i'ai I'inpression de ne pas avoir changé fondamentalement depuis l'âge de dix ans. Je fais la même chosc et je suis à peu près le même: renfermé sur moi-même !

CHAPITRF,

DAVID B. LONIRISME EN APNEE "Mes parents en avaient marre

des commérages des voisins sur mon frère,

et ils ont choisi cette maison pour s'isoler. À partir de ce moment-là, j'ai perdu de vue mes anciens copains, et mes véritables amis sont devenus ceux que je m'inventais. Vivre dans le rêve devenait une réalité presque palpable: je n'avais qu'une envie, c'était de me balader la nuit dans le grand jardin, grimper aux arbres et parler âvec mes fantômes... Pour ma sæur, cette maison était une prison', mais pour moi, c'était le paradis !

"

PORTRAIT Nom: Beauchard

Pténomç): David Pseudonyme,

David B. Date de naissdn e: 9 févûet 1959 Lieu de naissance : Nîmes Ndtiohdlite : Française

Situdtioll de fami e: Célibataire

Taitle: 1,75 m

Poids: Je ne me pèse jârnâis, mâis je ne dois pas être lourd

Cbeueux: Bruns avec du gris

yeux: Bruns Signe Se

pdrti. ller:

fait couper les cheveux

Par une âuthentiqde princesse Tics et mafties :

Acheter des livres et les lire j Apprendre des poèmes par cæur et me les récirer dâns mâ rêre quand ie sLris en festival

Même si sa carrière est loin beaucoup plus sinueuse. À cet d'être close, il est d'ores et déjà égard, UAscension du haut mal ceriain que David Beauchard, est un sommet dans I'art de alias David B., restera dans David B. : ce récit sur l'épilep1'Histoire de la bande dessinée sie lancinante de son frère comme I'un des parvient à marier membres fondateurs une description des du collectif éditorial émotions humaines L'Association qui a les plus complexes salutairement révoavec une plongée lutionné la discidans I'imaginaire pline au seuil des fantastique le plus années 90, et intime de l'auteur. comme I'auteur Depuis ce récitd'une des autobiofleuve, David B. s'est graphies les plus révélé un scénariste à saisissantes jamais la fois inspiré et génédessinées : L'Ascension reux pour ses amis, du haut mal. Ce dessinateur qu'il s'agisse de Christophe discret, voltigeant d'un mâgaBlain pour Hop-Frog où zine à I'autre, de Okapi à Emmanuel Guibert pour Ie (A Suiure), connaît quelques Capitaine écarlate. années de galère avant de trouver son style. Mais cette période difficile, loin d'affadir D^\EZ -Tes pdrcnts étdi€flt tous les plofesseuc de dessin: est-.c q e ta ds de"x son tempérament, le poussera à senti une pression de lat t)a1t porr t'enRdset radicaliser ses recherches. Avec ddns les dfts s\aphiques ? Le Cbeual blême, mise en cases DAVID B. - ll est cerrain que mes parents nous encourâgeaient à dessiner, mâ sæu! de ses propres cauchemars, mon frèrc et troi, mais saDs exercer de presDavid B. trouve sâ marque de sion particulièr€: ils ne voulaient pâs faire de nous des grands peintres, ils estimâienr fabrique : un art savant du sirnplement qùe le dessin nous permeaait de décalage entre un dessin plutôt nous exprime!. Er mes copâins venâient volontiers dessincr chez noi, parce que leurs linéaire et une inspiration

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pârents n'âimâient pâs qu'ils répandent de la couleur partout, alors que chez nous, c'étâit une âctivité tout à fait mturelle: on mettâit des joumâux strr 1a table, on sortait nos boîtes de peinturc, et on pouvâit dessi ner toùte l'âprès-midi. - C,ontrdiîeûent à bea'.o P d'autews q i ont.ommencé à fdire des bandes dessinées àès I'enfdnce, tai, tu ne cherches pas à imiter des sbies existuntes. - À l'âdolescence, si: j'âvais imaeiné un personnage qui ressernblait très fort à Corro Maltese. Pâr contre, quând j'étâis petit, j'avâis plutôt envic de racoùtcr mes trucs à moi, de me crécl mon propre univers. Il fâut âussi dire que nes références nc se soft jâmais limitées à la bande dessinée: mes pârents nous emmenaient souvent voir des exposi rions de peinrure, et il y avait bcaucoup de bouquins sur les arts figuratifs à la mâison. - Pow dé1irc ton u iuers $aphique, é.tis .lans le prcmiet tome de I-'Ascension haut mal (qui ratonte I'dppaùtion de I'éPilepsie cbez ton frèrc): "Le dessin, . est non épilepsie à moi"... Oui, câr il y âvâit un côté presque convulsif dans ma manière de dessiner des batailles en accumulant les petites silhouetres de suerriers: j'y pâssâis des après midi entières, je fâisâis çâ à toutc vitesse, rem plissant dcs feuilles et des feuillcs... Je crois vrâimert quc c'était une mânière d'expri

une enfance nalheureuse, j'ai eu une enfance dilférente de celle des auties, et ceux ci

me

faisaient bien sentir cerre différence. J'étâis sans doute plus solitaire, plus réservé, plus masqué. J'avâis d'âutres centres d'intérêt que mes copains de lycée, je n'érâis p:rs très porté sur le foor, lri sur lâ mudque à l'âge oir les auûes garcons commenc€nt à s')y intéresser, c'est

sûi

t'

û

mer toute la violcnce qui étâit en moi. J€ réalisc d'ailleurs avcc le rccul que la violence n'a accompagné pendant toutc mon enfânce: je lâ voyâis se nranifester trois f(,is pâr jotrr dans le corps de mon frère, et ccla m'â Êappé de manière inconsciente beaucoup plus que je n'aurais pu l'imaginer. (b.rtdirs aùbes qui ont uA11 des éuene ents traues ttès ie nes emplaient pdrfois l'exyession "On m'd uolé mon enfarc.e". Est .e que tu éprouues .e sentiment la ? Je n'ai pâs I'impression qu'on m'ait volé mon enfânce: j'étâis à la fois un enfant et quelqu'Lrn de plus matuJe... Je n'âi pâs eu

- E .e qai .on erne tes lectwes, t" mentionnes deur appotts décisifs: la reuue I'laiète de Jd.qaes Bersier, et ld cone.tion de littératrre fdntdsti.lue cbez Mdrabout. Ah oui, ce sont les deu lectures qui m'onr sorri de mon univers qtrâsi obsession nel de dessins de batailles et qui m'ont âmené à la littérâture. Mon pèrc âchetâit ?ldràté dâns les ânnées 60, j'étais trop jeune pour comprendre les articles nrais j'étais absolument fasciné par son iconographie.

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-Ot P/drère cherchair visiblemenr à fâire découvrir I'avancgarde dc l'époque: il y avâit des photos dc sculptures et de peinrures, il v avair âmsi les premiers dessins de Druillet... E. pour moi qui lisâis P,t je me rendais cornpre que 1â bande dessinée poLrvait cxprimer autre chose quc des histoires dc chien er de chat qui se courent après âvec une massue I - Mais rd.onter dcs .hoses pLas ifltiftes en bdnde àessinée, ttu le fdisais déià presq e

- Oui, ûrâis je ne prenâis pas cela au sérieux, ou plutôr, je le faisais vraimenr comme un truc polll moi, ça s'ârrêrâir là. Er en découvrant dans Plazàre des peintures d'inspirâtion fantâstique exécutées dans un sryle réâliste, ie retrouvais cette imprcssion d'étrângcté qui me semblait correspondre à ce qre nors vivions en fâmllle, avcc la maladie de mon frère donr on nc trouvair ni lâ câuse ni le remède. Découvrir ce monde

È

Gtm de 1'érrange dâns cette revLre rn'a conlorté, quelque paft: nous vivions sans doure dans

une autre dimension que lcs familles "nor males", mais l'lazàre mc disait que cene dimension étêir pârragée par d'autres gens. Et en srândissânr, j'ai commencé à lire l€s nouvelles de sciencejiction qu'il publiait: Lov€craIt, Ray Brâdbury, Ambrose Bierce... Là, ce fut un nouvcau choc: c'était aurre chosc qùe les Orr-Ori etles Fantônette de

- Cet dppétit fow le fantastiqtue t'dide dussi à auoit .e "sdut de mdtarité" qhe tu décriuis: très ieune, tu n'ds plus pew des fantônes et dutrcs flayeurc enfantines C'est vrai! je n'étâis pâs du tour un en{ant apcuré, bien au contrâire! J'adorâis me balader la nuit, er les fantômes, pour moi, c'étaient dcs amis! C'étair une mânière d'apprivoiser l'univers de non frère qui

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s€mblait victime de forces invisibles. Par contre, les continsences de la vie réelle rne semblaienr,beaucoup plus ângoissântes : iàire des études, rrouvff un métier, âcheter une rnaison, quelle terreûr! Quând j'enten dais mes parents parler de leurs problèrnes d'enseignants et de toutes leurs dénarches, ie frémissâis en pensânt: "C'est donc çâ, 1â \ie ?" C'est une des râisons pour lesquelles j'ai eu ervie de faire de la bande dessinée, parce que c'était un moyen justernent de ne pâs âvoir une vie de fonctionnâire. - Tan goût pour b fantastiq"e semble dassi s'ê*e

no tri

de ton cadre de uie: prcpiété isolee q4e tes pûents achètent près d'otléans, on

qnntl n

dessines la uaste

I'imprcssion q e tu es plonsé dans n an1à ld fois ttès lomdnesq"e et tuès mystéiew. Ceùe mdison me fdit penser à celle dn film fdntdstique L.es Yeur sans visage de

r

L'ers

Oui, il y a un côté comme çâ, c'esr exact. Comme mes parents en âvâient assez des commérages des voisins sur mon frère, ils ont choisi cette maison bien à I'abri pour s'isoler. Et à pârtir de ce moment 1à! j'âi perdu de vue mes anciens copâins, et mes rériubles amis sont devenus ceux que je m'invenrâis. Vivre dâns le rêve devenâit llne réalité presque palpable: jc r'avais qu'une envie. c'était de rne balader la nuit dans le grând jârdin, grimper âux arbres et parlcr âvec mes fântômes... Pour ma s(rur, cettc mâison étâit une prison, mais pour moi,

c'étâit le pârâdis

!

- Est-ce to io rs .e désî de fui le réel qai t'a poussé à.hangû de prénom I - Non, j'âi pris ccttc décision à t'aube de

rnon adolesccncc en réacrion à toute une série de choses. J'adorais le monde des lndiens d'Anérique, et j'avais lu que les Sioux changeaient de non au cours de leur vie en lonction des événements importânts qui leur arrivaiert. Et changer de prénom, pour moi, c'étâit une fâçon de marqucr le coup, de prendre mes distânces et de dire:

je ne serai pas malade comne lnon fièrc, ie serai capable d'ètre indépendant de mes parents, j'âurâi ma propre dcstinée, je serai dessnuteur si j'âi envie de l'être. Et j'ai choisi Dâvid, qùi est mon troisième prénom, der rière l'ierre-François, un peu comme une revanche face à mon grand père, issu d'un

milieu petit bourgeois catholique, qui ivâit rctusé avec véhémence que je pone ce prénorn, alors que mes parents l'âvâient choisi.

-

F,t pourquoi " 8.", plutôt qte Beauchard ? Oh,là, c'est beaucoup rnoins synrbolique. Signer David Beauchard sur une planche, je

trouvais ça trop long; alors quand il y âvâit un coin pour mcttrc ma signârure, je me conteûtâis de "Dâvid 8.". Et puis c'est resté, c'est dcvcnu ma narque de fabrique. - DaÆ h nesarc oit tu sens tÈs ieufle t,1 uaation d'aateur de BD, que t'a a?poié Ie Pdssd!
passé

trois âns âux Arrs Appliqués, et j'ai I'impression que mon travail n'a pas évo1ué pèndaat cette période. Il a évolué à la sortie

rique de L'Assa.iation, mdis comment expliques-tu q' un gtolpe d'auteurs assez differents les uns des aures dient eu .ette

de I'école, pârce que j'ai commencé à me servù de mes âcquis. J'ai cu comme professeur Georges Pichard, qui est quelqu'un d'extraordinâire : il érâir dtne culrure phénoméDale et nous racontait des histoires fabuleuses sur 1a peinture. ll cherchait à nous transmettre son €xpérience, tout en nous poussant chacun dâns notre voie per sonnelle. [,t ça, c'est ûès précieux !

enuie de se lancer dans I'édition ? Justement, c'cst pârce qu'on n'était abso lument pas d'accord avec les choix des grands

-À

Id

soiie de I'école, est-.e qae tu

îdt'

uie'is uite à deuelopper tan u iuerc percon' nel, ou dois tu lonstem?s tonget ton frein ? - Si je fâis le compte, entre mâ sortie des

étaieDt conviés beâucoup de dessinateurs inréressés. C'est là que j'ai r€trouvé pâr exemple Matt Konture que i'avais côtoyé dans un fanzine. Mais 1e plojet, baptisé lal'o, n'a connu qu'un scul numéro. A1ors, Menu a réuni tous les pânicipânts et leur a proposé de contiruer l'expérience en fondant collectivement une petite maison d'édition. Il a éré rejoint dans soû idée par Konture, Killofer, Stanislas, Trondheim et moi mème. Voilà, L'Associatiù étâit née. - Poar des raisons économkues,

C'était dLr boulot alimentaire qui m'emmer dait uû peuj j'âurâis bien aimé avoir lâ pos

I'Asso.idtion ne publieru pendant Longtenps Eæ des lécits en noir et blanc. Tu le fessens comme ne .ol1truinte ? Ah non, pas du tout. J'admirais Tardi, Pratt, Munoz, et donc çâ me convenâit tout à fait- Spontanémcnt, mes planches sonr d'ailleurs assez charsées dc noir. Dès tes prcftiers ré.its à L'Association,

sibilité de déveiopper des travaux plus penon nels, mais ie souffrais d'un manque d'intérêt des éditcùrs poù mon travail. D'un côté, il est certain que u>n style n'étâit pas encore très abouti, mais dc l'autre, je me demandais toujours comment certaines planches que je trcùvais nettement moins abouties que les miennes parvenaient à être publiées ! Mais ça, ce sont les nrystères de l'édition... On ne ud pas retîd.et iai to t I'histo

tu imposes tun fantastique tlès otigindlen bantle dessinée: auec me ceîtaine é.anomie de moyens, tant natratifs qae stuphi.tues, ta pdtuiens à Sénérct une angoisse diffuse. - Ce qûe tu décris, c'est l'hérirage de Jean Ray et de Dino Buzzâti. Rien ne m'a aucant frappé que cenâines nouvelles de Buzzati où il décline des vâriitions sur un même thème. Chcz J€an Ray aussi, les Cozres de Cantzrbrry sont d.e petites âftcdotes fan

Alts Appliqués et la séation de LlAssociation,

pîssé dû âns pendant lesquels 1â majeure panie de rnon boulot fut consdtuée i1 s'est

d'histoires en couleurs pour les cnfants chez Bayard, Fleurus ou

Tt,tin rcpoftet.Ie faisais

dcs histoires vrâies, des nachins comme ça.

i,

éditeurs qui, eux, n'étâient pas d'accord avec nous ! Alors, on s'est dit que la seul€ chose à laire était de dcvenir éditeurs nousnêmes, sinon on ne s'en sortirâ;t iâmais. Mais âvânr celâ, on â beaucoup espéré d'un p.ojet 1âncé pâr les éditioDs Iuturopolis: leur directeur, Étienne Robial, planchait sur I'idée d'une revue annuelle un peu d'âvantsarde. Jeân Christophe Meru fâisâit pârtie du projet et orgânisâit des réunions où

Oq;x

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Ta:l tastiqres qui restent oùvertes: il n'explique rien, mâis il provoque un scntiment de chute vertigineuse chez son lccteur. Pâr exemple, il y â un texte où il entend du bruù, il sort sur le pâs de sa pofte, et il voit ûn gigantcsque chât noir qui dcscend I'escalier. c'est tout. Mais avec tout cc qu'il a

râconté avant, sâ chute prend unc dirnen Ce gewe de fantdstiq e, fait de petits iens, est Possible en littetutne. Mais en bande desst' comment le née ? Comûebt ne Pds tuet le

-

ft*st

mystètë à Pdttiî da molnent

- Tout l'art est justement là ! Mâis c'est diÊ ficile à définir... Je ne

suis pas quelqu'un qui théorisc beaucoup, je travaille plutôt d'insdnct: je ne fais pas beaucoup dc rcchcrches avânt de dessiûer, je me lance et ça vient un peu comme çâ vieût. Cette méthode i,lstinctiue semble te téltssit puisque tu tto'tl)es àes images très f.)ttes. Je pense à .ette s.ène qui reuient plusieuts fois oi1 Ie lisdse de to grdnd Pùe décédé, une fois qu'on lui refetme lamà

chute. Ttend le profil d un otseau. - ça, c'cst une imâse que j'ai rêvée. On en revjent à Buzzati, à cette câpâcité de tirer

Ies choses vers 1e rêve. Face à un cadavre qu'on a défiguré en lui enlevant son dentier, je reftrse cette réalité, il fâu1 que celâ devienne un oiseâu sjnon c'est trop insupportablc ! C'est une

É.tea

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4 ap slol sap &antos sanol al nx anb ranb -!pu uad uo 'ussaP uol aP sodord v '91rl"uûosrâd Eru rre] rnb âr sÛ"p ânb s3rrorsq sàP râ1ûor?r âP uo5sl 1â ulssâP "û <ùàIq âP ûoru srreP nr€1 rânlo^9 1IEJ E.lu "lâr ârlolsq q.3 'âIEIIIûeJ ]u3rûâluroù9 1r"l

".ttt âDâ. àrno1 ! lodd€r rEd srns uâ.( !o râp uPurrP 3r1! âP râ l"ld ! s3soqr sàl ârrrâû âP ârQ[rEur âun ]sâ.tr '.srslr?w€tr âun rsrlr 'Ino slslotl1f. aun atuuor 2?n s11.1

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sat : nP s?tt ?14p4 aun salrorlr! [ tll < i|t11t l rq np ,orsrrrsvJ su"p iârÛPl Jr xnrd nl rrâlÛotrer êp ârûâ sE nr rnb âr rârÛotrer nod â3€3 'uEI ùn.P âtrroujt,t 9^no! s" u !PIo^ u.g> .lQ slns eu àt 'au?Iq pnaq) al nua^)P $à mb âr gurs$p rro^B s?rdt rg sû.3 sâp I.ssrrgrur râ 4noq? rre^nod lâlord .l ânb rrEJ et su"P ârÛequor ?uûoP rÙo,In slr slEru '85 rr^" utnbnoq un àrtt .p aslp âlll Ûo,nb .sâÀgr ssru sIErrùIssâP âf !o 9t]s srErgll '!Iow

âr rr ûn ârr"J rP rlrulxûotr ruruâl?IP9ulÛI (rrErrâqrag liro.ttl mb ! râ nûâw P seqru?ld sar âp sârrn $nblânb tl]uoru rP,l tnol Lm rf sâqu"l uâ ârrr.tû âuI rnod nâd ûn'roln lnod sresreJ â( ânb sqrrtu?P rÛn Nâ.r 'sâ,\gr (ùollrnpojl s.ur FurssoP 'rr"d9p nv sIoD rf u.P t^t)s e âu?lq lroaql a7 unql"J j i"tu rneq nP uorsu3rsvJa4b asru atd ,Jsnr asuda4ua a suop .ffiuot aj ap al tsa P Ôas4nû alauuoP a? lnb '!p?P '$rrorsq sâû suep rûârunlosqB ar11âu ! âqrr3qtr âl rnb rr rsâ.r râ êIs9od EI y rlqrsurs s?! srns âl lrej uE rssalrrod âùâl rp .]û?soduor âun rssn" rs. à^?r 3l ànb sroD rlsr"u '..rrodsâs9P nP rssrrrrod $a "l moulnql' : ne4ro) âp âtnttlrot EI rylruor uo 'rr^ EI .p srnp sdnor s.t râssrEruâ.P àrarusur

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'r9.r9rur ûnrnE rorû rnod âluâs9rd âu ârs -dâlrd9,p rsur .Inâld u. àra{ Ûottl êp âB"sr^ np ûoDedsrrtr r?l stre19p uâ ràurssr(I tû?s sàtetrr et ltPrllÈ lfu 1np.{ np uolsaarsv.T rârûotrPr rnod àtsrtBtr urssrp rrn r.d dotâ 9p ânb s"d sroJ] àù rt 'srn.llrE.q .âru srr€9r Ituâs nP sâpor xne rgrnld srtqo.l 'rr srr?9r rnâ:teûrssâp un sÈd sms .rr rI-àIIàIE8 rl râ1"d9 rnod s1rn1€r8 rllrs rp srurrur8ueq. sâp jâiàdolp ârnùr rÛà.uâtEr.,9ds spd rE,û àI 'glrlrqrsrl rl 1sâ.r '!lnor rueê 3ss.r9rur.ru inb r) iùrssâP np rson ûn àJr? sÈd âù âp rrùàFsuor uârq rE,l srelu 'qv 'a4t't awpw a bs d $a saSptn sdq uossadxa.P at at 'alntn) -ppads au?s ua asw a nan') o {,,u tt : alqos zass, $a uEsap uo1 'snaltl' toà '.rusrtE?r 3l ânb rgrnld rroDEtrrIiusls rn.t .r39lr^ ud d uo,nb rsâ.r lJrrrûIud !€.1 no sâFtuâ'ro sâru -"rùrû sal sû"P àuruor

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: ll-ruàurour à. E ruâsr.Êr âl rnb srû€lno.) s.l.rrrurrdx. rnod â8tsr uos lns s.rEJrsqE sâu8rt sâp rJ]Er âp xnâru dnotrnEâq $.,:)

sJp rùbrr

-oqûIs 's.3Euûosràd sâP r rusrS "t EI r.rrqno sues 'sûetd.p e âq.,9,p sEd P {.u I r:lo !âru"lodur nrt àp uoE uot rrâ rrurlgp

r rBr rnât ruo s.BEuuosrâd sât !o 'â3y uàlotr{ np sàInlEruru sât ârop€.[ sâ8"ru, uê sàror{dEr9ûr srp tâ $loquls sâP ùollrnP"i] El rEd ?unsEJ 919 sinolnol r".l rÈ '.mO .âFuara rp4 ,satn) -snuu sanno.P )aû sa"bsâtup8'8 saBuuuos nd sap Df,olgi as ryfs1o| ua 'a paùstad 9A

semblajent pourtant ûormâles, mâis Irrâ1glé

toutj I'album â choqué pâs mal de monde. Ma mère m'a dit: .Si tu avais écrit cettc histoire, cela aurait été moins pénible pour moi que de la voir dessinée " Elle a vraiment lout pris en plejne figure ! Le dessin a un côté immédiât qui permet des choses que lâ littérâture ne permet pâs

d'un anarchiste qui disait ne croire en rien,

mais qui disait aussi avoir rencontré iâ Mort ! J'aime cette phrâse, pârce qu'il m'arrive pârfois d'avoir 1â sensation, moi âussi, d'êire "dicté": j'ai I'impression que les choses dans ma tête arrivent d'ailleurs C'est peut être ça la poésie, justement. D'un côté, je suis totalement athée, et de l'âutre, je scns qLrelquefois une espèce d'écho dâns ma tête qui ârrive de très, très loin. C'est étrange - Il y a .eux pow q'i la bande dessinée est un ,nétiet, tuais .hez tai, æla semble tenir dauantage d'rn processus existentiel. D'une

rcdah manpp, ks bandps sont 'habit,,' - Oui, j'essaie de les habiter le plus pos-

'Ia pdrlais de "pilotage auto dtique" , mas as tu besoin d'un cddre patti.ulier po r te mettrc à ùauailler ? - Oui, quand ie fâis nes découpages der sùés, il faut que j'écoute du Dach: c'esr un rythme rrès régulier et en même temps, il y a cette espèce de souffle qùi me doùne de l'énergie. Colcne l'appelait la "divine machine à coudre", il y a effectiverncnt ce

côÉ ùâthématique dâns sâ nùsique qùi correspond bien à l'aspect méthodique de la bande dessinée. avec cet enchaînernenr de cases comme des théorèmes .. Mon autre musique pré{érée, c'est Léo Ferré. Dâns un dc ses textes, il dit: "Je suis dicté" et qui m'ârrive de là bâs". "J'écoute cettc voix Ce sont des phrases surprcnântes venâft

pJse pâr ro,,' oend,rnr plu',eu1 ioun d Jtli lée, la page précédente nourrit lâ su;vânte, et on ressent alors une espèce de poussée d'adrénaline qui est cxtrêmement agréable. Puis, tout d'un coup, on retombe, on est lessivé: là, ca veur dire qu'on a besoin de regarder un peu vers I'extérieur. C'cst curieux, faire de la BD, c'est un processus

^- il Lur ; i,rre-rp' pu*rrorr

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sible. Mâ voloùté, c'est d'éviter d'être superficiet ou désinvolte, et de sârdcr une énergie dans ma narration. Il y a des moments où c'est facile, d'autres moins, . el. dep. nd de re. , i'po.irion'. ll m dr riv( d'avoir des coups de fatigue au nilieu d'uûe histoire, de savoir ce que je veux râconter mri' de n. plu' .rro,r . "mrnenr m u prendr, . Dâns ces câs là, il faut pouvoir s'arrêter et prendre ur peu de recul. C'est aussi une qucstion de rythme: quand je dessine une

-

rÊiii :i

et

lerer 1,.leux re^ ler ,rrieur p,,u ne pâ' LrJquer: I e plut ,-por taùtr c'est de bosser réguljèrement: il ne faut pas forcément accoucher de sa page quotidienne, il vaut pcut êÎre mieux en faire un peu moins, mais bosser régulièrement. Il y d des aspects ûès fastiàieux .lans ce processus: le côté rcpétitif da dessin, pat

( 'e.r \râ:J L e'r rd'r,dicut. il raur -cde' siner tout le temps les nêmes personnages,

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rnb sàsorlr srl siâ^€r1 ! srnolnor sleF"d âul bl 'ârrerrtos uosrt8 un siErg!lâlutuor âtruElur ùoû àP à1nop sÛ?s luàI^ :

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tnrd ùo.nb 1lr9r âP .lnrrnIrs rln âuùoP elâtr ânb r)i"d €5 3ûrp.f iâllou rrr?s rp no âr€Û uord$.p ruIrlsâ^r âp âssÉe.s l,nb 'rrur8 âP sârorsrq srl troPE srnofnol r".{ sl"ttt lrlv nJ-

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âr11âru âur rnod - srldurs sljr s1uâur9l9 sâP tùruât?reu38 ruâuuâuuor srllr.nbl)]rrd sù"td sorH s.p :rârnssâp g sâJI.)eJ Zâss" luos

'lûêuâlsnlrsàd,{r -o9r91s s.P ru.tÈr?P .s Inb xnâr snor lêrq 'poo \tsEr rnl:) sràruDrd srt '.âuoâ'I or€râs âp 41âqâ?ds slrràrsàÀ sât .IledûDlrâd tuES âp

28fn"ps aproH o'1.0L sà9uu" sâP suoDtrnP -ord sât trâÊ urârsâ^\ ât r.rurB t 9rùâûrulol rE.l 'rou ânb srolv uiDnor âl rnol1â !âlI3 u. sloq'r{or sât Jugqs ât 'ûootEs àt : ùrâ1 sâa np rnbrss€Itr 919r âl lnouns .lrrre Ir '!rnl 'ruâurrtnàS noj 1sâ uâ rnb ur€l{ âqdo$ûq) rp àpù"ûàp ! 1sâ.tr 'urârsâ.,\ nE Proqs.P "l tùbeD" srns âu âl rs srEW ruEss.r9lùr rnb Pl 1sâ.r 1â 'êsInB Es ! ru.^râd

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êùqtu uâ srEW rorgP âul€ru ât srojrÈd

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grând iârdin que je ressentâis p.esque comme un orgânisme vivânt. Évidenrment, j'ai grandi, ures parents ont vendu cette mâison, mais je suis sûr que i'ai dû y laisser un paquet de fântômes ! Dans la mesure où ton scénd o a été adapte par un dessinateur aydnt un style gdphique ùès élaisné .Ju tien, est-.e q e tu fle t'es pis senti an peu dépos sédé d'une partie de ton imd?inaie a

- Non, car ce qui m'intéresse dans Ie fait de travailler avec cl'autres dessinateurs, c'est qu'ils prennent mon scénârio er le tordent dans tous les sens, pour en faire ce qu'ils veulent. Attention, je ne demande pas qu'ils dénaturent mon scénario,

- Tu Inres ton scénario sous quelle forme ? Est ce uniquement tune s ite de dialogues, pour latsser la liberté de mise en s.ène at .lessindte* ? - Non, je le fais sous fonne de découpage dcxiné, avec des petits bonhommes pet'ts bonhommes et des bulles. Je pcnse en dessin, ie ne pense pas en dialogues

mais qu'ils l'âdâptenr à leur dessin, à leur rnanière de raconter, car j'ai envie de voir un résultat qui ne me ressembie pas. C'est très

imponant que cene coila-

bor:tion soit

basée sur un échange, c'est pour cette

raison que ie ne bosse qu'avec des copains. Ça /1,-.ne m'jnreresserrrr pâs du tout d'écrire un scénario pour Untel que je ne connais pâs. C'est pas mon rruc. Pnisque ta ne fon.tionnes pas à Ia cotnftande, et .jue tes prciets sont très pelson

rcls, .omnent nowris-tu tes scénarios

sûq nais je rne rends compte qu,il y a des gens qui sont capables de les dessjner mieux que moi I De route mânière, le plus important pour moi, c'est I'histoi.e. L€ dessin, j'essaie dc le fairc du rnicnx que peux, ie Dais je rne sens beaucoup lnoins bon dess! nateur qu'Ernmanuel, que Joânn ou que Christophe, c'est évidenr.

? Tu

les l,.isses nûù lentement ? Disons que leur gesration propremenr dite prend du temps, mais une fois que ie les è(ris. çà và yjre. Dans mon burùau, i.ai des tas de dosieLs arec des proiers de stenârios qui âvanceût un peu rous cn mèmc temps. Je pâsse régulièrement de t,un à l'âutre, je prends résulièremerlr des nores... Mâis j€ n'âi pas de seftiment de possessivité

par rappon à mes histoires: il y a des trucs quc j'ai envie de dessincr moi rnêne. bien

ou en scènes. J'écds des scé nârios en tanr que dessinâ teur, jc ne peux pâs me résoudre à les écrire comme si je ne maniais pas le dcssin, ça m'est impossibie. Le mélanse .txe tu opèrcs enbe westem et fantdstiEte est déià pftsent ddns lfl.opFtog. mais il est encore plus l'rcnoncé dans Les Ogtes. Cette histoire vient d'une vieille idée dc scénârio que j'avais commencé à écrire it v â une dizaine d'années er q"" je pens.; dessiner moi-même. Finâlement, i'ai enlevé la

plupart des références fanrasriques du premrer tet pour me coDcentrer sur cefte idéc centrale de manseurs de chair humaine. C'est un album qui fan appet à .tes émations dngoiss,zfttes, .e qui n'amène à tc derutn.let si tu qois qae li bauJe dessinée, auec ses moyens Itnttes lpds de son. peu de nai s! du temp'...), ett rat able de rcncter

ane uruie gdm,ne .l'énotions a - Ori, c'est vrai, on ne peut pâs iouer avec le temps, donc la sensarion de peur par exrmple, ne passe pâs. De route facon. ;e prefirais travaLllrr

rur f.rngoise ou

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malJ,v dan' / .5 oerp". I r le 'ur. peruadc r,,e lJ trnde de,,in,e e.r rour J r'tir irprhle de rraduire des émotions: il suflit de lire des albums de Joann sfar ou La Cuefte d'Aldn d'r-mmJnuet Guite4 pour.en .onvJ,nfre. Le problème, c'est que la bande dessinéc ne s'est pâs âssez confrontée au monde des sentimen$ et des émotions, elle reste trop souvent dâns des cânevâs très stéréotypés.

Et témotton depend darantdse de ld natrution que de I'esthétiqae: tu ne chercbes pas l.t 'belle imdge" duant tout... La bel1e inase se justi{ie si elle accom pagne une bonne narration. Dans Tintit tru Ttr?t si 1â câse où Tinrin verse une larme en disant .Adieu, Tchang !" esr émouvâfte, c'est parce que toure la séquence fonctionne, et pas seulement la case isolée. Je me sou viens d'une succession de cases qui m'âvâit émervcillé étant adolescent, dâns l'âventnre de Corto Mâltese Vdrdou

poû

Ie tnési.lent,

qui traduisait à merveille toute la révolte de la popularion d'unc île conre son président décédé. Ilpeut y âvoir des découpases cjné nâtographiques chez Prâft, mâis çâ ne fâir jamais "cinéna du pauvre" ! Èt quând je

parle d'émotion, je ne pârle pas de sentimen .alisme, celâ peut ètre âuxi lié à I'angoissc ou à une certaine form€ de brutalité. Le Capitaine écarlate erplore un nonde d'émotlo'1s ttès differcnt de celui de HopFrcB : on reioint la ton désir de toucher à ne .enaine fome .le poésie... - Cct album est né d\ne pâssion commune: au détour d'une conversâtion, Emmanuel et moi âvons réâlisé que nous adorions tous lcs deux Marccl Schwob. Et comne j'âvâis le projet d'écrire une série de courtes biogrâphies, Enmanuel s'est déclaré intéressé pâr cell€ de Schwob. Et de fil en âiguille, ce qû devait n'être qu'une hisroire coune est devenu ce gros album. - Deftièft ..et éctiltain qui ptéfère ftær sd ule pl"tôt q"e se frottet aa ftel, il y a bea .oap de Dauid 8., n.)n ? - Ah oui, certaincment ! Mais le plus syrnp tomatique âvec Schwob, c'est que le jour oir

il a cherché à vivre son rêve cn pârtanr aux îles Samoa sur les traces de Stevenson, ça I'a complètement usé, et il en meurt peu de temps âprès son retour €n France. On sent .bez toi des rcfércnces littéraircs ùès impottantes et a ssi tuès é.le.tiques, .e qai est égalenent le c,.s .bez Sfdr au Cuibeft. Ahrs que pendant hnstemps, Ies ieanes dutesrs de BD se contentaient de .iter d'autres bdndes dessinées, sans i,lhais en sottit ! - C'est vrai. Ie pense qu'on a bénéficié du climar d'ouverture des années 70. oir des auteurs se sont mis à élargir le champ de la bande dessinée: ie Malol

or

I.i

Même

deT

Iitdl

de

Mcbius

di er Foresr sont des albums qui ont compté dans l'évolution de lâ BD ! On â bénéficié de ces auteurs intelli gents qui ténoignâierr déjà dc références en dehors de la bande dessinée. D'un âure côté, il y a mon éducârion personnelle: j,al été nouÛi de liftérarure er de cinémâ âutanr Ie

que de bande dessinée. Par exemple, quand je pense aventure, je pensc aussi à Steveûson, à Schwob, à Ceorees Arnaud. à Pierre Mac Orlan... Après, ce qui csr inréressânt, c'esr

de

radu

que celur

influencé

Oui,

r

û. lsr nb lr?^!Jl ûn rsâ,.:àxp9qr âp âu?.s ùr istrù rt rêsrrÈnsr^ âp r. Ià8esrûâ,P uosEJ ts lnod 1.^nol sino'I rnod luâruorû â. uâ ruuorssÈd .s uurol 'àtdruâxa rrd $nâ1ûr.p s.{\âr^r.rur.P no Ptu9ûl] ât rns sâËu^no.p ldnol

3ssr8r,s lr,nb 'sârnFât sorr âp ârmsrp uo nEâq rrr uo "iâriolsrq ùossûep1sâ I' u3rq ttlotr â^nord EI.tr sr€tu '.sânbrlsu"ugrs s91tLrtr IIjP sâs râÀ'? 31e1 rl Pûrrd snou rqdorsuLl:) raru.tkl â1 .ppst )aê ùârq(or nâral res rr âtldo\s q)'urtv.P a1lant r.^È lrnueluug '17 'rTrsrd ri^" uû"ol :âFssàp àpuq q àP srlrEr

u.rod sâl s.rn lr1 rsroldxâlp âr^ûâ,1trrÊ rsr,:) 'âqdorsuql no lânueuruq 'ùùrof.rê 'rtq nrssnâ âlLrrsrP uo Pû"nÔ rrEj ! rnor.mo - ualssardxa.p aPalu a) b tbua"la(l zatquas sion
rE.l : àllâ'

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lccteurs qui Ine disent préférer Bourgeon à Pratt parce que les décors de Bourgeon sont plus précis, j'âi envie de leur dire: "Bourgeon, c'est peuÈêtre du travail bicn fait, mâis c'est moins inréressânt que Pratt, qui est fascinânt pâr son côté abstrait, pai

!'

son ellipse du dessin. iusremenr En tant qae membrc fondatet de

XAssociation, ta fais pt:Ûtie d .omité de lectare. Qu'est-ce qtue tu ressens en e:.dni nakt tous .es proiets de bande dessinée .tui

-

pan d€

c'érait

r

le sixièi parce q

que i'ar

-

C'est intéressant de voir l'évolution de

C,!',

ce qu'on nous propose depuis qu'on a créé

*t t'tt, /-ty- an .") {in dc compte, relativenent proche du nôtre. - N'est-il pas un pe .1é.o"tLtsednt pat fois de meneî toutes ces recherches pour faire u e bdnde dessinée innouakte, et de .onstdter que ça passe a"-dessus de la tête du lecteur ldmbda ?

- Le problème avec le lecteur lambda, c'est qu'il va touiours aller vers une BD ayant un dessin qui se rapproche de ce qu'il connâît déjà. Du coup, il est en terrâin bâlisé, il n'a pas besoin de références, il n'a pas besoin de se poser de questions. Ces lec, teurslà, quand ils se retrouvent devâft un alburr de Sfar ou de Blain, ils vont se grâtter la tête en se demand.nr où ils se ftôùvent, parce qu'ils sonr face à un graphisme un peu moins lissé. S'il y âvait une vérirable éducâtion graphique en France, ce problème ne se poserâit pas: si on apprenair à regar der les imâgcs sénérées par les principaux courants de la peinture, les gens auraienr une visid d€ I'univers peur-êrre un peu plus ouverte ! Quând i€ discute avec des

L

LAssociation. Maintenant, on reçoit des bandes qui onr été visiblemenr calibrées pour L'Association. OD reçoit un paquet de

-J..

trucs autobiographiques, évidemment, mâis c'est souvent ffès déprimant parce <1ue la mâjorité ne sont pas intéressânts. F.t puis, en même temps, on sent la personne derrière le projet, on sent ses espoirs ct ses déceptions.

rukarn

Il ârive qu'on

se dise en les

lisant: .Oh là

là, c'est dur comme destin !", mais comme c'est mâl râconté er mâl dcssiné, on ne peut que compâtirr assez impuissaDrs... - A/e. fAscension du baur malj dsr re qte tu as I inptession d'auoir ouuert ld Patte à un seme q"i donne pas nal tle sco-

Oui, mâis c'est normâl. C'esr vrai qu'à L-Associâtion, on nous reproche de donner rrop dans I'autobiographie cnnuyeuse. D'âbord, on ne fait pâs quc 1'autobiogra phie, loin s'en faut, mâis il y a aussi le fait que tout le rnonde se prosterne devânt

Mdri

de Spicgelmân, et cerrains considèrcnt que tout le reste est de lâ merde ! Ie suis âssez surpris de cette .éaction qu'ont b€au coup d'auteurs de rejerer I'autobiographie, comne ça, en vrac. On a un pcu l'impression qu'ils se sentent nenacés: ils avaiert l'habi tude de pratiqucr Ia BD d'avcnture sans trop se poser dc questions, ct c'esr comme si ce nouveâr genre venait faire vaciller leurs certitudes. Je crois qu'il fâur fâire 1â

Iapidù

ment dr rncapab

albums:

le temg Cela

ùt

erilr''a

d'élabor

plus snb

In

OCr

lâniniû, Ce sonr

sâsoqtr srP rreÊ uo.nb rrirqnd un rrsrrgpq .p s3lqldEtr rerg uo.nb 9^nord E uo rEtr ,nO 'q rPua4?Pulsnayf sap

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E.lrâ(sà8pd ârenb-ârûenbul] âp rÈûrol

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maP los \alaalq Pna.lJ a? ruos rE.l pùenÔ iJrr^ s.lr snuâ^ 1ûos surEuâtr srcrll 'qv i sdualSrol ts spd o {,,u tl tunf4 ûo1 watltplar 1 b su.)slt)Lu sa) nd sptjuor sap rasodad hon a1 ap suassat q anb n-tsa.nô 'ao4flrossv.-I laq)nry9p sfton &a uan snal

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.ruruor ân5rad rsâ 33rlssâp rpu€q EI lrp ruâru âl1nv (icfl el rP rsâ.) iitnâd, : ârrEprd"l âlnuroj Èt rùr^nos ârùet uo ,ruE un,p oD err9rs àl rrroLu9p rnâ ùo puEnÙ grueSln^ âP uorrerndrr âûn âur?! .llâ .uEd â!n€.p 'ênb rr .8Eur 4titr êp rrrrEdgp âs ns sr"û"I F srssoS àp rnl] ûn tD sdruâfuot rru ".û " -'ssrp .putq pl r:rr"d run.p .ânb sror) r1i aluoq ua sflp?14 sat rod a?343?u $ alsa.t a?utssap aPu'q E .snon ,u111o) s.nalno sap

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uoââ

Itrurr

à râconter et qu'on étâit câpâbles de faire aboutir des albums. Je crois qu'âvoir publié un tome pâr ân de lAscension tlu haut mal a joué en ma faveur: les sros éditeurs ont

vu itu'on pouvâit tcnir le rythrnc d'une production régulière et respecter des délais, bref, qu'on n'était pas des branquignols I Dù coùp, certains d'enûe eùx se sont dit: "Tiens, il y a là une nouvelle sénérâtion qui semble capâble de tenir la distânce, c'€st intércssant.> D'autres gros éditeùrs, par contre, ont tout raté: Casterman a ainsi laissé passer La rille du Professeur de Sfar et Guibert, Iblras de Rabaté et, en ce qui me

concerne, Hop F/og quc notrs avions présenté sâns jânâis recevoir de réponse !

A/".

I-â Lecture des

rvlnes que tu ftaLises poltt Dupuis, ta sisnes en fait tan prchier

album solo en aulears pour un grand éditeat ! Comment est né .e prciet ? - Aptès Le Capitaine é.arlate,lc directeur éditorial de la collection "Aire Libre",

Tardi po rales. Je

déroulan

Claude Gendrot, m'a proposé de réaliser un

alburr tout seul. Je lui ai râconré mon envie d'une histoire qui se déroule pendant la suerre de 1,1 18 et il m'a demandé de lui présenrer un synopsis. Mâis plutôt que de lui écrire un synopsis, j'âi tout de suite

Finaleme

Tardi a n

commencé à dessiner les premièrcs pâges,

qui lui ont plu. D€ toute façor, conme je n'écris pâs mes histoires à lavance, È n'avâis qLle ces pâges à montrcr; si ça ne lui avait pas plu, j'aurais fait I'album à I-Association, ce n'était pâs grave. - Le fdit de situaer ton histoire pendant Ia Prcmierc Gaeïe mondiale, ça t'a obligé à te docunenter datafltage ? -J'ai pleir de bouquins sur cette périodc qui m'aident pour certains détails, mais je mets tout ça à mâ sâuce. J'âvais pris contàct âvec un spéciâliste qùi avait aidé

dessins d

-TuA

Oùi,

rouioÙls I pla:nche

sr

Bagdâd à

i rnor qro^'sur"tunq sr!?,P sârior -sq s.P râruorrr âP lsr.tr <.9rrrssâp àpueq el .P rûPsrEl ue lnol ru?^p âss.r9rur,rn rnb âtr ':ûrurJqp uT -sàSEuuosrâd xn? tuârùâr

IEruolrd râqrrùB.s Jnod 'âgroldxâ ânbod9.l tros 3nb âllânb .ànbrrorsq âlùrelluor ?l ! 3lqrssod sntd rt rrddeqtrg,p râI"ssâ lr"lt"l Irlnb âldn'or npùrr srns âttl âl : sdur4 np lrl n" gnlo^9 rnbuorsq lrtrqj np uoodrrûo. sEW" srn9r 3P âruâH àr B râru0gùol "ùârr rp riûà n. srnolnol rÉ.1 rnb l'
rnb É plqsÈXlE ulJ€H.p anbodg,l p pEpseg t .ssEd rs rnb âro$rq run lns èqtru"td âl 'EI rA le^9rp9ru (eFI.t : âûItrs?r srnornol

e,ur mb râ rlors.l e srEruEI ârpnlà.u ûo.nb 'arop",l.nb âpo 9d 3un r I rr .mo è .na) p tuauaall a1 tnb sapol!?d saruo.p tLt f [ '81 t[ ap .t|'t8 q'qon?S ap ëwr tdo.t'tuù
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CHAPITRE

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( 'âujâlqoJd soJS un lsâ.f, 'e5 lele8 luârxtuoJ sed srnolnol sles âu â[ fg 'âfsâlâp e1 a[ 'luauaqoue.r; 'âurerluâ eyac enb âl?Jf,uof, âr^ EI srBIN ilualuor .radns srns a[ 'sallaanou sâsorlf, sâp Jâsrleer ep luâurlues e1 re,I puenb 'seue,tnocap sâp sreJ et puen|

'luetusErsnoqluâ ]uâruâlqrJJâl lelg un suep letu eru e5 ânb ecred reurssep erope.f srery Tnerrgtxâcl âp srozr. a1 el puenb rerlgru âr elsâl9p âl 'treJ ug 'an8urp puâr âru e5 i ârtsrurs e5 e,rnort o[ 'rotu zeql Inâs JâllrBÊJt alsâlep âf>

JNEIIYdIAII Nf,INOHIVUVIAI f,'I

À)EU3 flC

En 1989, alors qu'il n'a que vingt-trois ans, Nicolas de Crécy pv,bhe Bug Jargal, un premier album inspiré de l'æuvre de Victor Hugo. Mais c'est en 1991, avec I'album Foligatto, qu'il fait sa véritable entrée dans le monde de la BD. Publié sous une maquette luxueuse, ce récit baroque, véritable opéra dessiné, ne connaît qu'un accueil public confidentiel, mais est très remârqué par la critique : le cinéaste belge André Delvaux lui remet le Prix du Lion, décerné par le Centre Belge de la Bande Dessinée, avec un enthousiasme sans réserveFoligaTto, avec son monde truffé de silhouettes tantôt obèses tantôt décharnées, âvec ses couleurs fauves, installe d'emblée de Crécy dans le cénacle des auteurs de BD à qui on ne peut rien refuser. Casterman publie ainsi son album suivant, Léon la came, dans sa presti-

gieuse collection "Romans (À suivre)", réservée jusqu'alors aux talents confirmés du neuvième ârt. IJalbum, écrit par

Sylvain Chomet, se verra décerner le Prix Goscinny au festival d'Angoulême. La liste des prix n'est pas close : le livre suivant, Laid, pauure et mdlade, reçoit l'Alph-Art du meilleur album au même festival. Cet enviable palmarès n'a pas changé Nicolas de Crécy : ce grand jeune homme dégingandé ne s'est laissé endormir ni par les sirènes du succès, ni par le confort de ses dons naturels, et reste touiours à lâ recherche de nouvelles pistes.

3*iÉ *È, èÈr

-sa -ia lllcr --$r D- -i. ci kÉ.lb lls r kcp

.rqiEi ÀqiEi

-T'1 -çâr àeI rms-l Fo,s,rar

Fi,cÉ ârir È

prls

Fûça

- oh, Lu.+j L DA\AZ Tu as debouté dans le ryonde de la BD auec Foligano, un album qai témoignait .leià d'une gande mdh.lritê gnt phiqae. Qu'est'ce cette

ryi peînet d'expliquer

mdt rité précoce

?

DE CRÉCY -Je ne sais pâs, jc n'ai iamâis vrâiment réfléchi sur mon trâvâiler sùr lâ

iadûd

gt"nde

s'

ttÈ prto bouquin

dnple.

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âsrÈ5ùer, .ss.tqou .p ûoq"trnp9.r rsa.:) '3llârruollu.ûor "truâulâ rr"Jâr 'mo â auuo4uanaol totttnnp? aun tpl?.) 'âlqrssod sEd 1r€r9.u â:l ..rsDn

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rru.^âp âp s?d rrlrr.rrrâd âù sluàp9tr9rd suoBPr9u9â sâp uoqEtrnpg.l rnb .suâd âl J?r ânbqsru? âi?urEr âun sûlp snou rucê

.âllrlulJ €l su"p tBESûâ rrDrg.s âù .ûuosrâd .rsDrP untrnÈ rr!Ê ,{.u Ir ,rrEl ur (uoN è

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.1e.;rg6n1çç' l, pen.e qù il ) r!:rir une rihre drU.flque Ire\ lorre. marr qui ne \'e.r irmàr, developpee. 4 mon Jris, mon pere eq, un artisre qui n'a pas pu développer ses dons et qui nous â lâissé rrânquillernent faire ce qu,on voulait ! Il a bien prodigué quelques recorn rnrndarinrr, d'u.age. rJu genre: "Fs,a1ez d'être bons en maths", mais quand on a voulù {aire ce qui nous intéressait dans des domaines artistiques, nos pârents n'onr iâmJr\ ere.ônrre nou,. J, .ro,, mème que. sans le dire expressément, il nous ont fait conliance en nous responsâ-

Nolde, quand on examine leurs gravures stll bois, c'est un rravail très graphique qui peut inspirer des sysrèmes utiles à lâ BD. Èt lâ vision de la réaliré pâr Egon Schiele, c'esr une vis,on dure. maiç en mime remps.etâ produrt un dessin superbe. Toures ces images là me {ascinaient et m'onr influeDcé,

- Commeflt est né Foli]atto ! De la ren conùe arc. ALexios Tioyds ? Oui, nous étions ensemble à l'école d'Angoulême. Il âvair écrit quelques his roires que je trouvâis inréressânres er origi nâles. Èt quand je suis âllé montrer aux Hurnanoides Associés des planches que j'âvâis réalisées pcndanr mes études, ils m'ont répondu: "Propose,nous un scénârio, et on fait un album ensemble." Alexios â mixé deux ou trois scéna.ios qu'il âvâir écrits pour concocter celû de Foligdfto.Et

-

Qu'est-ce que

de dessin à l'école

ha ds

rctift

comme son monde me paraissait {amilier, j'avais plein d'idées graphiques à dévelop per. Je dois dire que c'était parfois un peu long à réaliser. Cenéralement, d.ans un premier album,

de tes études

d'Angoxlêne

?

-Je l'ai vécu comme un laboraroire. on était une vingaine d'élèves et i] y âvâit pas mal de gens intéressants parni eu. ça m'â permis de iaire des progrès, j'âi expérimenré des trucs, il y avait vraiment un climat d'émulatioa. - Et ta auais des profs suffisamnent

-

Je ne dcvrais peut-êrre pas le d;re mais les profs, on ne les écourâit pâs... On n'al

lait même pas suivrc les cours I On esrimâit tous que lâ BD, çâ ne s'apprenait pas avec lâ théorie, çâ s'âpprenâit avec la pratique. - À tes déb ts, surto t dt1,s Foligâtto, ou

sent dans ton dessin des léfêrences

-

pl tôt

Il y a évidemnent certains erpression-

nistes allemands: quand on regarde des

pciotres comme Grôsz,

Oro Dir ou Emil

so stjle au t'il des I'albun dl'pdraît d'emblée ttès cohérent sur le pldh yaphique. -Je n'ai pas particulièrernent cherché à faire quelque chose de cohérenr, rnais il fât lart que ce soJr lirible de la prem,ire a la dcrnrère pâge. À Iepoque, pour mor, te bur d'un album, c'était de pousser la recherche graphique et d'essayer des techniques difféle dessinateur chercbe

pages. Alors que Ià,

u

rentes. Pârce que entrer dans système bien balisé dès le premier bouquin, ça me faisait très peur ! Dès le dépârr, rrouver son style et I'exploiter jusqu'à la fin de sa vie, c'est Ia préretrâire, c'est rerrifiânt ! Dès qùe i'âi trouvé une solu.ion, je m'ennuie. Lâ sâdsfâction. c'est de chercher et de trouver des pistes que je pourai ensuite explorer dans d'autres livres. - Ttu rc.euais le s.é"atio Ae Tioyas so'ts forme de découpage ? - Non, je le découpais moi-même. J'âi

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âuuotr 9rrrssâp rftrl9 lI ilquâT rp a19r .un ? supp : rrrrgur rrrgq.gv! el'antu4Luv ua srED,l puEnb guuolssârdujl rùâujâlqrrràr elur

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en trâin d'entrer dâns dcs tics, ct çâ m'em' bête. Et le seui moyen de ne plus en avoir, c'est de fâire des croquis d'après naturc. Le problème, quard on veut vivre de la bande dessinée, mais qu'on ne vend pas énorméme,rt de bouquins, c'est qu'on n'a plus le temps de faire des croquis d'âprès nature.

téussi, aqtant le ûaisième dpparuît .omme frustrant, auec beaucoup de pistes .le s.éna-

rio qui semblent tourner court... - C'est un peu bouclé râpidement, c'est vrâi. Je trouve effectivement qu'il n'a ni la force du premier, ni la saveor du dcuxièmê. Le troisième àurâit nérité trentc-cinq pâges supplémeûtâires, mâis lc cæur n'y était plus. l âtri' deir de$inc li.qur rros cenr\ fa3e\ ct je commençâis à le vi tine. De plns, j€ crois qu'en trois albums, on finit par épuiser les codes graphiques

'tecbniquenent, tu éuites d'encret

tes

pldnches dans Léon là c^me: ta ûdyonnes, ttu photocopies .e trait .tayo1tn4 et tu trd udilbs en .oulel.îs dircctes sur ld pbotocopie. Oùi, en fait, pâ. rapport aux planches très chargées de Ioligaro, ie dégrâisse: te me contente du trait vif du croquis, er lâ couleur vient rehausser ce croquis. Er à l'époque, si la technique de mne en cou leurs par ordinateur avair été au point, je I'aurâis ûtilisée câr j'âime I'idée qu'un trâit

libre soit solidi{ié pâr une nise en couleurs très simple, cn aplârs. De .e Point de we, Le Bibendûm céleste est

- Léon lâ câme est d?/rru un cycle àe ùok dlbun' c'étdit ?iuu dès le dépdi ou c'est Ie succès clitiqae qui rcus d dé.idés à femettfe b .antert ? Non, c'esr venu comme çâ. Le premier album n'était pas encore soni que Sylvain commcnçait déjà à éc.ire le deuxième tome. Et on a continué de mânière tour à Iair naturelle, en se disanr: tel personnage est intéressant, il mérite qu'on I'approfondissc. Par contre, le deuxième et le rroisième rome ne devaient initialement cn faire qu'un. On I'a coupé en dcux pour des raisons de pâginâtion trop importanæ. - Cette decoupe me semble un peu malheureuse: dutant le deuxième tome est très

a x antipodes de .ette simpli.ité... Poû mo;, Le Bibendum, c'est r...on

livre le plus riche, le plus âbout;. C'est celui dont je suis le plus

Éier, à

tous les niveaux.

Y compris au niveâu de I'histoire. même si j'âi eu beâucoup de criiiques sur le scénario. Ce que je veux développeq c'est une recherche narrative, c'est un monde qui soir très éloigné d'une dramâtdrsie clâssique. C'est tout à tâit revendiqué ! - Q a d expétimentes de Id soîte, tu es sLttui par ton éditelaî I Je ne peùx pâs me plâindre: l'éditeur, quand il publie mon livre, il ne sait pas ce qu'il y a dedans, en général. Il I'a raremert lu avant que je lui remette l'ensemble des plânches, et ça, c'esr quand même une for-

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nidâble liberté ! Je n'âi jamais rencontré de difiiculté sur un projet, parce qu,en {in de

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j'aime au naçaillé , dedars,

rail compte, il va se vendre à peu près correctement. réditeur doit savoir que je fais grosso .nodo 10 000 *emplâires, donc il se dit: " Ça fonctionne. " - Ton uniueÆ se rapprocbe dauantage de I'absurde anglo-saxon à la Leuis Carrttll que d'un imaginaire cartésien à l.' ftunçaise. - Oui, c'est un nonde qui crée sa propre logique. Et il est vrai que je ne donne pas toujours les clés pour qu'on saisisse cece logique. Je reconnais que, quclquefois, ça peut paraître un peu hermétique, mais j'es saye délibérément de développer un monde différent. Et d où prauient .e ftonde ? De tes

Oui, il vient sâns doure en pâftie de mes lectures. À une époque, je lisâis bcaucoup d'écrivâirs surréalisres ou âppârentés.

J'étâis friand de Max Jacob, de Joyce, de

de

.l

C

Beckett, de Doulgakov.. Je n'aine pas telle ment citer des références, çâ fair très "Vous

savez, moi, j'âi des lenrcs !", mais c'esr vrâi qu'il y a tout un pan de !a lirtérature que ie

trouve passionnânt ct qui m'â influcncé poû Le Bibendum. -'li as égdlement signé deux Ltufts pour erlazrs: t.a Nuit du grand méchant loup er Le Roi de lâ piste. 7, arais enûe de t'aùesser à an auùe p hlic I D'essayer d'autres

- En fait, je suis confrorté à un problèmc. Daùs Fobgatto et Le Bibendum,ll y a tou.t un travaiJ dc recherche quasi picturale. Er je m'âperçois que c'est un rravail quc jc ne peux plus nener dans le cadre de la bande dessinéc parce que c'est rrop lourd. J'âi fait trois livres comme ça er je n'âi plus le cou râgc de recommencer à passer deux ans et demi sur un bouquin. Financièrement non

graphism

acme[e,

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Fiaal

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rnod uoll"rsnllr.l âp lnaD.s âl ..uuoxEs oFù" uo'irp9,l âp àpuo.Il n! rurrr'ân€ruof, 'ânbsmd 'âssâunâf tl Jnod ûoBEllsnll.l âp rnâr -.rs ât surp ruauânbrposrdg râltreÀer1 âp 1sâ roul lnod uolrnlos q 'puo1rp9 uetd ât ]ns 'ruoc ei dnotrnEâq âttll".l lâlnrrrr €iinod Iro.t Iânbât su?p nEâtq"r lr1êd un râltrotrùor

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uos 'sdluJr .urgur u. tâ ltuâurâprdrr zâss" râIrE^"rr lnod ûrssâp uos su"p sâruasls sâp r.^nor ! a^rrrE Ir :xnâp sâl â.l]ùâ âtrd ân1rs âs Ir,nb s nor âl rEr ll'etg âqdorsuq) âp lre^ e! âl dnorn€.q âure.t'pJs39 lâtr y .sûep.p rââe,(o^ âp ârDauJâd âuI E^ rnb ?IrEÊrr âqru ânbrqder8 srâ^run un IssnE .unp,l

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ces dessins. I€ trouvais çâ iftéressânr

comme démârche, pâIce quc l'écrirure esr âussi une discipline qui rn'intéresse. - Tu fais plutôt paûie de .es dessinateuts qui s'inuentent n mondc tuopre pl tôt que de t'inspber dr monde dans lequel at uis ? Non, les deux se nélangent. Simplement, c'est comme quand on fait un rêve ou un cauchemar: on s'inspire d'ùne réâlité vécue pour générer une forme sublimée inconsciernment. Quând je mc suis lancé dans le tsibendun, j'avais elie de retrouver ceae atmosphère que I'on ressent quand on fait un rêve. J'ai d'âilleurs un peu travaillé à la manière des collages des surréalistes, puisque j'âi pris divers éléments disparates pour consÎruire mon histoire: line tête coupée, un phoque, une ville... J'âi mixé le rour comme dans Lrn songe.

On pert désdset .ertaifts leitmotiue dans ton trdudil: je pekse à ta mdnièrc de faire parler les objets, .1"'il s'asisse des /orcts de Lâ Nuit du grand méchant loup ou des haionnettes de l-éon la came. C'est une des fornidables possibilités qu'ofIre le dessin: on peut rendre vivant ce que l'on veut. Je pense d'âilleurs que rout ce quc je fais, c'est toujours un posirionnement pâr rapport âu vivânt. Chaque personnage ou chaque objet que ie dessine, ie n'inter roge sur son shtut: Qui est-il ? F-si-il vivant ?... Par exemple, dans Le Bibendulk, ce sont davântuse des symboles, des archétypes, que des personnagcs réels. Le récir

est râconté par une rête coupée, ce qLri signi{ie que le nârrâteur esr décédé, ce qui induit le doute sur le degré de réalité de

I'histoire qu'il va nous raconter. Mais, encore une fois, j'essaye de ne pas analyser mon trâvâil câr si j€ conmence à le faire... Tu es bon pour t'allonget sar un diudn ! Non, lnâis je risque de le dévekpper de manière moins iDtuitivej et çâ me fair peur. Après coup, je suis câpâble de dég:ger tel ou tel thème de mes histoires, mais ce ne sont souvent pas des axes que i'âi voulu développer de façon délibérée. - Et qaakd tu es ton proprc s.é arkte, tu

o

coupes beaucoup dans ce que tu éûis t te laisses pottet par toft iftttuition ? - Dans le noisième tome du Bibendam, i'ai énormément réécrit les texres - bien plus que pour les deux tomes précédenrs , et à force de corriger, ic finis par ne plus savoir qu'en penser. Je réalise qu'il nc s'y pâsse rien, c'est terribl€ ! C'e$ une expérience... J'ai I'impression qu'à rrop travâiller le texte, on perd un peu le sens iûirial. F.n ce moment, je me pose des qDestions sur l'écriture: ça se travaille beâucoop, il faut revenir dessus, rnais le problèrne est de savoir quand s'arrêter. - En dessin, tu uois phs facilenent

Ah oui, ie le vois tour de suitc. Et dès que je le vois, je m'arrête. Je sâis précisément quand mon dessil est bon. Il est fldppant de uoir q 'en bande des sinée, plus le dessin est téaliste, plus c'est figé. Un dessitl stytisé .omme Ie tien est nettement plus uiuant... - Bien sûr. Le problème, c'est qu,il y a beaucoup trop d'auteurs donr le trâvâil D'est influencé qùe pâr la bande dessinée. Et du coup, il n'y a plus de vie parce qu'il n,y a plus de réflexion par rappon à l'observa tion de 1â réalité. C'est du dessin moar: du dessin qoi s'inspire dù dessin qui s'inspire du dessin... et on a perdu en chemin tout ce qui relie le dessin à la vie.

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- Je .onstate qu'en dëpit de ton style ori ginal, tu as été beaucoup po,t'pé pû .et tains qui ont cru a1r per uite qu'il suffisait de mdnier .les tons é.nrlates en

co

eurs

diectes pour faire son petit "aft et essai". Çd te t'.tgd.z pds trof a - Pfff, si | ça m'âgace parce que ça enlève du crédit à mon travail... En fair, ça m,ât-

t.iste. Je resarde ces pompâges er ie vois des éléments vifs qui sonr apposés sur un dessin mort ! C'cst comme enlever des bouts de peau à un vivant et les greffer sur un cadavre... À côté de ça, j'ai vu des essais de jeures dessinâteurs où je détectâis parfois une petite influencc, mais où il y âvait déjà des éléments à eux. Ça, c'esr normal, on subit tous des influences au débot. Mais cc qui m'en, nLde, c'esr quâDd je ne sens rien en dessous et quc c'esr juste la façade de mon style, ou d'un

autre, qui â été plâqùée en suriace. - Mêne si tu ds tejoint I'Atelier des Vosges, ta .lémarche rcste tÈs indiuiàuelle. Comment uis tu Ie côté presque monacal d'

ça que j

sa Plan.be à dessin a

coincé à

dessùnterr de bande dessinée, isolé deûnt Je sère ça très mâl! Je détestc rester seul chez moi, je trouve ça sinistre ! Çâ me

rend dingue. Èn fâir, je déteste cefte activité quând je la vois de l'crtérieur. Mais j,adore dessiner parce que ça me met dans un étar terriblement erthousiasmânt. Quand je {ais des découvcrres, quand i'ai le sentimcnt de réaliser des choses nouvelles, jc suis super contenr! Mais Ia vie concrère que cela entraîne, franchernent, je la déteste. Er je ne sâis roujours pas comment gérer ça, cela reste un gros problème. Il faut que jc trâvaille rrès vire et de mânière ûès concenrrée, à petire dose: je

oùÈre

- Et.

- C'e

le mond

il

est de

goupe l le remps

vais ûâvailler quatre heufts dans ma journée, mais après ça, il fâut que je sorre, que jc

j'érais gr Je doÈ i

,lf*.' ..:?

r.lord ârdord uorû ru€ddolâ,r9p uâ rnor 's.soqr sâp ràSErrrd .p bdrnbg u3 râ[rPÊ]r:P àL\rrâ I".[ iârieu ,€ ûâ.1

5u" xrp sard€ '!l s,€y{ Irlrs r. rB^Èrr ruoP lneJ l' 1â teâ^rr. rl sueP .ûuûr snld êP € ûo.nb âr rrdrrrxr rn"l lrlnb ,€i^ rsâlr rlroj srâ^rûn un râddotà^tp inod crs âP rnrlBûrssiP nP àPn{os ûorDetr ùr rùrulJlsni rs3.tr'uosEr

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rnàtrârP ânb tûEr ùr rllreêI rE.Î rin8rê,\ -rrr.P ùorr"ûm".| rrlold un!P rJrIeuI rJle.P rr^ùr re,t rnb 1s.!. 'rrQrurrrd E'I rrbrd rtr rurnbrrdxr.nrb suosIEI slnrlsntd e I

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rroi,icme rJ,.or. c e,r que i ài peur de dJn\ lr ,ôuune de\ $\reme, que j'a,

mi,:ru po,nr drn, mer ba"a", ae*in;er. Comme la BD m'inréresse rnoins poûr le momcnt, ie n'ai plus la {orce de chercher de nouvclles pistes dans ce domaine. Et je sens que si je continue, ça vâ devenir un peu désincarné: je vais comnencer à prodùir€ dcs alburns à la chaine, ce ne sera plus qu'un métier comme un autre, et ça, je n'en ai vrâimenr pâs envie. - On présente souuent la hande dessinée et Ie dEssin animé comme des disciplines uoisines. J'di plutôt le sentiment que .e sont des 'faux amk", deux langdges comptètement di:ffercnts. - Je suis bien d'accord. Prenons la notion de mouvement: dans la bande dessinée, en une seule image, on doit faire comprendre tout un mouvement. Il y â tout un trava;l sur I'eltipse qu'on nc peur pâs sc permeftre en dessin ânimé. Dâns le cnrémâ d'animation, ch:que donc

il

retll. C'est-à dire que si on est seul à tra

vâiller er qù'on met quarre âns à faire son filrn, on reçoit généralement une perùe bourse du Centre Nâtional dll Cinéma et on rentre drns le cirturr des couns,mercges d'âureur. Dàns ce conrxte, graphrquemeni, on est très libre, mâis d'un aritre côté. on est très peu vu. Le loDg-métrâge esr la seule possibilité d'espérer une sonie cinéma convenâble er que le film soit vu pâr un large publ;c. De plus, l'hisroire que je veux développer fonctionne sur le format d,un long-métrage. Et tu ft'as pas pew .le I'inéuitable dépe ition srupbique entrc ton dessin ini tial et sa déclindison pû tout un studio t - Non, justement, ça peur être très exci rant de rrouver les gens avec qui navarller... Evidemmenr. il lâur sufrisrmmenr de jugeote pour savoir quelle personne vâ pouvoir foncrionner dans ce système et âpporrer uû perù plus inté ressant. Personnellemerr, je ne suis pas animâteur mâis j'ai déjà rencontré des anima

t.-..,, t"

I

travail en

ner. Je cro

les Wallac

faut pcnser le dessin en fonction du mouvement. Mais c'est çâ que je rrouve intéressant: on doir aborder sa laçon de dessiner autrencrlr, on doit mettre en scène autrem€nr. - Ddns h plapdrt de tes bandes dessi nées, tu I'as bien expliqaé, ta aib'dis uatier les tecbfliq es. C'est ane liberté q\i t'est intedite e .lessin animé où il fdut une

homosénéité beaucoup plus grande dans ta

- On peut se permetre ce genre de libené si on se tânce dâns lc coun-métrage d,âu-

collaborarion enrichissante. J'ai rencontré quelqu'un qui sent I'anina tioD commc moi je sens le dessin, et il com prend mon rêve dc faire du croquis ânimé, c'est à dirc de sârder lâ vivacité du croquis

qu'il ne devienne lisse er fâde. Je crois qu'on pourra parler facilement de la même sans

chose parce que, même si je ne suis pâs ani mâteur, je pense que je comprends le mo* vement de I'inrérieur Ce que te voudrâis

dé{endre, c'est un cinânâ d'ârimation d'âuteur, mâis visible mâlgré tour pâr un public relativernent iarge. Donc, jeIn€ suis âssagi, c'est moins cxpérimental que mon

-

Et apt

J'âi re

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uorsânbDur sâp ruoJ(ruâsr suri snQ Inrâr âp ânbuEru uo 'âinop àp àpou9d àun 1sê.) i not sduâr un srrd E,rn rêlord â. ânb ..r€d toù a7 re unPæq,û âtuilsrolr s.ssErn sàP sld srDur'rno -

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dâns unc cspèce de mélodie. - Ta n'es jamais effrdyé par la lowde dn .inéfta par rupport au côté aiisdndl de la bande dessinée a - Si, bien sûr, mais j'en ai soupé de ce câractèr€ a.risânâl I Après dix ans et plus dt sept cents planches, j'ai envie d'âutre chosc I Et je sâis que je me lance dâns un projer d€

t

très longue haleinc: un lons mérâge d'âtrimation! çâ peut prendre dix ans, cntre le moment où jâillit lâ premièrc idée er celui où lc film sort en salles. On verra bien. - Et mainteflant, dprès .es deux années de tfauail, ta es stu que Ie

filn ua se fdire ? producleur, un Entropie Film, un -J'ai important producteur d€ pub qui a copro duit notamnrent les Poûes de ld Sloirc â';,ec Benoît Poelvoorde. Mais il resre à ffouver des financements européens, car il faut tabler sur un budget :voisinânr les quârânre à soixânte millions de FE Et lc problème en

s'aperçoit qDe çâ ne lonctionne pâs, âlors

on -efJir. Fr c c\r d,ffi.ile de pJrder h iô'r, qu'on âvâit âu départ, de ne pâs p€rdre 1e fil de son inention première. C'esr difficile, mâis c'€st pâssionnart ! - Je ne ûis pds te demandÊl de ne rdconter I'inttigue, nais tu es parti de q"elle bdse a C'cst basé sur une trâne relârivemenr

.l.rsiqu, : u- pere,,on f'1,, u,r rru;nd, une .hrrmanr, lrrreu.e de pizlà, qu,pe.e t00 ks, de. lùnenr\ \rnuelle.... (,râp\rquemenr. à juste un peu sinplifié n1on rrair pour qu)il soit ânimable. Quânt à l'intrisue proprement dite, je suis parti d'idées de séquences. Je fcrmais les yeux et jc voyais des mouvemenrs. Ce scénario auran d'ailleurs peu d'irtérêr à etre reali.e en hJ,,de de-inee cà, ,l cn bd\e sur une conception du mouvement spécifique à l'animatn,n. Il a aussi besoin du son et de la musiquc. Par exernple, jc pense à une séquence où chaque personnage fait un bruit spéciiique en bougeant, et ça finit

Europe, c'est que souvent les invesrisseurs se disent: " Si on a du sous-Disney ou du sous To), Story, pâs de problène, on finance., Or, ce scrâit bien qu'ils prcnnenr le risque de produire autre chose parce que les tâlents originaux ne mânquent pas sur le Vicux Continent et que l'originâlité peut êne pay:nte. Bref, je serai ravi quand les financements seront trouvés câr le prûrcipal problème serâ réslé. Et en dttendaftt, tu n'inagifles pas d'aller trauailler un temps tlans des grands studios .1'animdtion, .ornme I'ont fait Mæbia, Laisel au Cotlrad, pdr exemple ? Non, parce que 1à, je ne serâis qu'trn dessnrateur au service d'une grosse machine âméricâine où mâ conrriburion serâit noyée dans la masse. Ie préfère essayer de déve lopper mes propres projets que travailler pour d'âutres, même si on csr dix fois mieux payé qnand on iait le mercenaire ! C'est d'âilleurs tout le problème qui me mct dans une position difficilc: je fais pâs mâl de projets, lrtâis commc je ne développe pas sur le long terme les systèmes que i'âi Inis

chaque fr

c'esr difÊ

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'r.uârsrxà.I sueP rrr rnou âru rnb âtr 1ùâurÈr^ rsâ,1 irârrrssàp âp rsreld âl rnod ràùrssrp : ûrssâP np

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CHAPITRE

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ETVHdEfITI EEI{ISSEA f,CI{Vfl V-I Nrvluf,flurs-ÀndocI

PORTRAIT

Dupuy

Berberian

Philippe

Charles

Ddte de ndissance:

Date de ndissdn e: 28 mâi 1959

15 décembre 1960

Lie

de naissdnce: Ste-Adresse (76)

Lieu de ndissdnce: Bâsdâd (lrak)

Nationatité: Frânçaise

Sianion

de

fami

e:

Célibataire, deux enfants

Tailb:

Sitaation de famille: Caballero

1,80 m

Taille: 40

Variable

Moyen

Des bruns, des blancs

Bruns Sigfte

pdrti.ilier:

J'€n ai sûrement un... Tics et manies: pl sieurs

... uone

Myopes Sisne particulier:

Lunettes + gros nez

Je ris bêrement

Chez Dupuy-Berberian, le tout est dâvântâge que la somme des parties. Dès leur première collaboration en 1983, Philippe Dupuy et Charles Berherian déjouent les règles en vigueur de l'habituel tandem dessinateurscénariste, puisque chez eux chacun écrit et dessine. Iientité

Journal d'Henrieite, ils goûtent aujourd'hui au succès public avec Monsiewr Jean- Le charme de leur destin, epuré et éléganr, leur vaut aussi d'être plébiscités comme illustrateurs et affichistes. Cette notoriété "multimédia" aurait pu écorner leur modestie, mais Philippe Dupuy et Charles Berberiân restent tels qu'en eux-mêmes : ouverts et disponibles..-

"Dupuy-Berberian" évacue aussi tout problème d'ego, puis qu'il ne s'agit jamais pour eux d'expliquer qui a fait quoi. Évidemment, avant leur rencontre, ils ont vécu des enfances différentes : Berberian passe la sienne au Liban, tandis que Dupuy est originaire de

Normandie. Même s'ils font des essais isolément dans divers fanzines, c'est en unissant leurs destinées professionnelles qu'ils

parviendront à imposer leurs planches au sein de Fluide Glacial- lls ont d'abord connrr le succès d'estime avec Lc

DA\\Z - Vote caîière ommune

comnence da s les pages de Flûdc

Clacizl. F.st ce tn tonnnrs rle .irconstan.es q i liots d d'nenés chezFlùide au Le désir

faùe.e senre de BD, à sduai des îé.its caurts *rés sur le gag ?

de

DUPUY

-

En ranr

que lecteuq i'appréciâis ce mâgâzine câr il y

:veir là des rrtcrrs

'./

que j'âimâis énormément comme Daniel Goossens. À l'époque,

c'était un journal d'humour très varié où lcs âuteurs ne

marchaient pas sur les picds, er chacun avait son st1le. Cela dit, il y avait beaucoup d'autres journarx qu'on adorâit on âurâit

BERBE

ça me pL

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mis à die qué qùe Searle,

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rapproch

.ésùlrar d

nous pla sépâréme

se

vraiment âimé être dâns Métal Hûlaflt,pat exemple , mais il faut avouer que Èlrlle est le seul qui ait accepté de prendre oos histoires. Il â iâllu évidemment s'aclapter à l'esprit du journal et, du coup, on s'est oriends vers dcs histoires councs avec I'hu rnour cortlrne passage obliÉ.

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âùn rroqrtg rnod InràI rp rrEnburlll ùo lâ xnu un sû€p slld 9r9 E uo sroru sâl snor sJti]trPJd s.p âr,npord âp .puftr'âp snoû aP,"rc ànb puârddE uo .suEd ? rnorâr âp 1q '_àrdàrtrE 9D e rnb LunqlE.p lâlord ùn rùursgrd rnod 'dlrrs-trÉlw sùorrrpt xnE 's.llàxnrg

q s IE sruruos snoû '!,p?,qc srrep sâllo$q sou rJ:)EId âp ràIessâ.p urEll u. suo4? snou

rnb sIPu"J âruâ8rn.p uollenrrs âun surp uE g

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,pi,/d ànb t^nor rssn€ lsr,s I jûâru9red9s Ir?^t! âIou ânb â3tru€Êp tr"srrld snou uouEroqElotr ârârlq.rd âroÛ âp lelFstJ âl rnb n5rrdE rsâ.s uo r"r .tqrllâsûâ ràssoq Ee snou p5 râ' ûerupp.rs qdl"d .rtrels pltuod 1âr.3un ruroJ âultuor srn]rn? s.p - s.tru.r9l9r sâurâu s.t suorê snoù ânb 9nb -reujâr sûoê snoù .âlquâsuê râln.sp ! snû

sâLrlntos snoû snoû ânb sâp sreu .uouErl no â9ùrssap âputq ânb"qr Ê

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s?rd nrd p.tl$ âp s,"r8ûerlr âl ,row - fl 'àtqursrrà r.ltrr^'?rr âP Jrûr âun lâ ûnu(o. ùr?râr ûn â^nort sùoê snou ânb sâsog. srl rrBÈsrû.,p âritru"u sou su€p .srto8 sou suEp rsr(tr ânb rnorrns âsùâd âl srEur

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sorr .u?rs uâ àsILu 3un rl8r9.J - s ,,',:1,r, 'sâr1ne xne rrodder rr;d.rlorurrr.loû rânbreu àp n .ïi"li* smârtrrt sâp uorlûâuE,t ràrrr?.p râluèr rnod lll,i'li:i'. uoutrnpord â!oû suEp rnâ8ed€t nrd

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sâl â,{nssr ùo.nb sroj àûn .E^ rro lto ûârq " sQ! sreûÈl rrEs âu ûo 'srsnlllp sârûâ sâp uo ts rûrru 'âtnq9p ûo,nbsrol ânb tûâp " r^9 rsà I srEW uoq d Iruot{ s:p àrqrùEur e molunq,t âp êrrEJ àp srr^qr âr .rolt{ "l 'tuâu.llârnrEu rrÈ, € rnor sprnsqe rDorunq 1âr tùrrEnbnerd xna.nb sroP luauurdruar ârroû n.d ûn rrE5rol ùo,nb .trred ârnop su"S

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Le farr de de*iner deux, æla a déjà éré une Danière de pou vorr rffrorrrer Ie rrarail 'an, r-op d angois,e. ll y r b,en eu de\ in.l,on. au debur, mai, te . Jr n,ere d ur8ence n,,us obirgeair Jr Jn cer. nous nous sentions solidaires dans le même bâteau. Cc n'est pas tellement dans le t.âvail âu qDotidi€n que râpprochés, c'est plutôt dans les moments B

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.LDIDÉ 6LACIAL\,

gens avâiert du m.l à comprendre: pàrtir de F/z/de, mais enfin, ça ne se fâit pas ! - A ce moment-k, uolts duiez déià rne B - Oui. on âvait commencé à faire de l'illustration en paralièle, ce qui nous a roir jours donné unc certaine liberté par rapport à la bânde dessinée. Mâis sunout. le rédac teùr en chef de Flride nous {aisait tourner en bourrique, on ne savait plus comment dessit1er, on étâir pâumés ! Quirrer le jour-

ùâYaill€

nà fon

qu'aYair

phie; ce que

j'av

ment il

nal était devenu une quesrion de survie. D - On trouvait que nos livres ne nous rcssemblaient pas. On se sentait en décalage par rapport au fonctionnement du journal. Son évolution ne me plaisâir pâs: il commençait à y avoir des auteurs qui se mârchaienr sur les pieds. le ùouue q e Flûde d généré ses propres ercatz dans ses pages: des mauuais

I

rl

clones tle Coossens, par exemple. Voilà ! Et donc, à côté des aureurs qu'on âimâit comme Coossens ou Edika, il commeûçâit à y avoir des gers qu'on com-

D

où il a fallu faire des choix essentiels. Pâr exemple, quand nous nous sommes dit: .Bon. On en a marrc de Flaide, qu'est ce qu'on fait ?" EnÙe nous, lâ discussion â duré trente secondes: .Moi, j'âi envie dc

pâltir " "Ben, moi âussi !, C'es1 âprès, âvec Diament, qu'il a fallu expliquer none déci sion pendant dcs heures. D -Je me souviens des copains qui rous disâient: .Mâis parrez, c'est évidenr, vous aspir€z à âutre chose !" Et lorsqu'on leur a annoncé eitectivement noÛe déparr, ils Dous ont dernandé: .Vous êtes cerrains de ne pas fâire une connerie ?" Beâucoup de

prenâit ûoins... Mâis ce n'était pas tant ces dessinâteurs qui nous dérangeâient, c'éûir dâvâitase la ligne éditoriale que le journal étâit en train de prendre. B - Après l'expérience de l'âlbum Petil I'eifttre chez Ma9ic Stlip, on a renconiré Yves Chaland, Serge Clerc, Perir Rouler, Frânçois Avrii et, plus târd, Jean Clâude Denis. C'e$ là que nous âvons trouvé noûe vraie famille, c'étaient dcs sens av€c qui nous âvions des discussions sur ia bandc dessinée, sur le découpase, sur lâ mânière d'envisagcr les dialogues... Ça nous changeâit du dirisisme dc Diâment ! - Auez uous I'impression que Ia bande dessinée et I'i stra*rn se noal.rissent mutuellement dins uoùe *audil a B - Des auteurs comme Serge Clerc ou Yves Chaland nous ont clâiremenr montré que Ie dessin dc bande dessjnée érair trânsposable sur une affiche. Et quand on voit Loustâl ou Târdi. ils ont ure ma.ière de

D-C réfleno

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iruât tnâd I rùâr ulotr ro,! ti rrpu"rSt,l(urssâp unlp rùâû 9tq ûn ârpuârd : àrr"I ip ârûâ sr"ê,t rnb êtr ! ûruâFÈxr rrppuodsàrior ÈIJ]:rrqd -rrHuJs )ùn nod âddrlrrl.I tsrregr lrEÊ.nb soràrouiqr rp rnssâp âr na re,t purnb 1s:,: 'r'Itr9p àlqsrût^ âl .rom rnod srEW .uol sQrl snoù mb sâru?u-xnr luEsâr rrâ rnol sloddns s)l snor rns utssrp ln.l râllrDê!

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Cotnment trouuiez rots uotîe soarce d1nspirdtion pow que .ette séie sonne i ste et ne se re.luise pds à ûn rcaÆil d'inases d'Épinal sw I'enfance ? D - Je pense qu'il y â deux choses. primo, le statut d'Henriene une pré adolescente con{rontée au nonde des adultes - est un statut que nous avons {orcément coDnu. Et f idée de lui faire tenir un iournâl nous per met d'exprimer sans ârtifice rout ce qui lûi passe par la tête. Sccundo, on allait essayer de montrer une héroine qui n'étair pas forcément tout d'une pièce, et rnême de faire en sortc que les lecteurs puissenr la rejeter de prirne abord, pour finalernent la dé{endre. D'aillcurs, la prernière fois qne i'ai dessùé

€e personnâse, j'en avâis fâit un porrrâit asscz dur, er Charles avait envie qu'elle soit

B : Avant notre collaborarion, Philippe ses ca.tons à dessins quelques pages de gags avec une grosse fille qui écrit son journal intime et qui se fait surprendre par ses parents. On a retravaillé le person nage pour livrer une première histoire de quatre pages à F/ale. Et nous, on était vraiment contenrs du résultat, parce qu,on avait I'imprcssior d'avoir trouvé quelque chose. Mais Diament nous dit: pasn-

âvait dans

"Je vos pâges, mâis çâ n'iDtéresserâ personne, ie

ne veux plus de ce truc, continuez plutôt âvec vos trois gamins..., Er quelques mois

âprès,

il nous dit: .C'esr mârâDr, voûe

Henriette. I'ar des :mrs qui n rrrerenr pâs D

-

Et donc, sorpris par l'enthousiasme

tenâce de ceriâins lecteurs er voyânt notre désiI de continucr avec ce personnâge, Diâment nous lâisse fâirc. C'est ce qui ex plique que nous ayons pu produire l'équivalent de trois albums du /oumal d'Henriette dans les pages de

lllile.

plus mignonne. t'inalement, derière ce phy sique un peu ingrât, on sent une cn{ant vraiment toucLante. B Franquin disait quelque chose de tellement simple et vrai: il disait que lorsqu'on fait one bandc dessinée, on lâ fait

pour l'adultc qu'on est deventr rout en

essayant dc retrouvcr I'enfânr qui est en nous. Gamin, quand je lisais des bandes dessinées. j'érais complètement immergé daff cer ùni vers, et ie me rends compte que c'esr ce

plu; nos

rapport enfantin entre le livre et noi que

ie$àie de rerrier ruiôurd hui.lL ne.asir pas de retomber en enfance, Jl s agrr plurôr d'être capable de garder ure présence en{ântine en soi. Bref, ce qùe Frânquin disâit très bien ! - Heffienc ud tahber en létbaryie duant de renaître ryel.tues dnnées ptus tard. dans Je bouqnnrc. Comneflt exfliquez-roas cette cnrrière en deux tenps ? D - On a d'âbord ârrêré parcc qu,on avait l'impression d'âvoir fâit le tour dc la question en trojs albums. er qu'ôn ne rouvair plus d idee orisinâle. Alors. un .r annonce : Diâmcnt qù)on ârrêtâit Hrniette, majs là, pour le coup, il voDlait qu,on conrinue ! Er on a attaqué autre chose qui ne lui a pas

lancés d.

de collal

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l'â1

I'uniren

et Nadu résénère qu'elles

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Estr

;lfï1il :,:;î::;

'!l strnJr s3tr sno11â r,osduts sa1'saqqoq Q ulnlo) àIltulo. sâlnlaâl sâ4nr.P nâ rssn€ N rc 'auat"aHi toqdllrr$ûr.l rû?Puod 'sûnqte srâtrûârd srp s.rueql sâl ânb F.rgrsr^ sùIoûI :InP sûIou rururâll.nreu nuâ^.p rsà,] 'spû"q sloq srp râ gltr s.rr9s sâp trurdo. s.p 'oto)t,t .P ratnd Y 9truâu,-rso. E uo 'awlbnoq ,l suep 'to rurruolu np nuEd V àllrtuej El rârursgrdâr sroJr"d rnâd ânb lErgr€tr rsEnb srâîrrn,l lns lsrûâr"d sâs trâ^" ârrârrrâH.p suoddEr sât rns slûâtor,\ snld]u3rrârrâû sodord sâp I l, 'rpr,/C rnod s1,rj r uo.nb sûnqlP srorl "sip àu?s EI srrec-sâ uuà3 doù ruàrEr,r sàrrorsnl sâr?ruiàrd srl ânb ?nbJor?r E snou ûo 'àurztSErr J] rnod uournpord ârou.rlIâruor mb àtr uâ'trp EPJ aunbnoq alJnod ârrq EI nd rrErnD ûo,nb rts srd 3r luâls ârrâ,rlâH,.1o ârolsrq âun r I r { stns âu

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rro. rIJduu'rnb

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qrù, sÛrP rnD àt luruàr]Ûuo{ sJra - o é ùàluDu auttlrd) ru4.p 'upâl rnàKuow ,.rr,irrd , à!ârrurH r, ùaYuotlDrràsqal ap ,"a. 4 ntt àu lnau shtd shtd rp.,tqEuàs.nt4 uût1t4 slan,rlt @.tod anon $a In'[aâH,

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I le côté, et on s'en resscrr après ! C'csr une technique qui fonctionne parce qu'on fait iotre pelite cùisine à deux. - Mais on sent bien que rctrc .aisine à deux ne peut fas fon.tionner de maniàe tlututuatique: il y û d dilleurs cette crise que uous rucontez dans loltnal d'un album. Oz a le sentiment qu'il y auait à Ia fois une ûise d'inspbation et ufte .ùe de confiance fdce à

B

rctft

calldbatution...

Jc crois qubn érâit arri.\,és à un vrâi

carre{our où toutcs les difficultés se rejoignâient. ll y avâit ùne période de tnrbulence lrès désagréâble aux HumaDos, il y avair s:ns doute un pcu de lassitude après dix ans dc travail en commun. notre dcssin nous sen]blâit moins iiréressânr, ct c'érâir

aussi unc période-charnière dans notre vie privée. Nous vouft)ns fâire vieillir notre personnase, Inais, pour ccla, nous dcvions réussir notre propre mLrrâtion: il fâllair trouver une noLrvclle maûière de plâcer notre dessin, cornme s'il s'agissâit de placer sâ voix après âvoir mué- C'est âinsi qu,on s'est rcssourcés cn comnrençânt des cârners de croquis, pâr exemplc.

- Joun

B-Po

D - Chez FLui.Je, oi fonctionnair à lâ commanclc cn ponrlant nos pages pour ie numéro du mois. Un albùrn àe Môù\ipur ne pcut jamâis êrre élaboré de cene Dranière: il faut le temps dc se régénérer et, surrout, il faur rlnc envie commrlne. Clesr ce qui erplique que 1e rythme de parution des albums peut être très irrégulier.

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tion, mêr vo-vage,

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bien sù.

lâtion:

j.

sruàûIruàs sâlÙettt sâl suâss3r âl .nb rânoê usrq sroP âl '.xnâP p IeÀ€! r4ou 3P plâP-n" 'sEl/{ srpÛo.P rnân8uôl àturLu EI rns ]Ùâr.u

rPr\ 15â uo .lurod làl n(l làl rns lroj \nld rsâ airne.l rs aur?ur'auaururd rsâ ùoreroqEIIol â]loù : ârlp âs rlo^nod 3P 'âsti €l .rPnos?l .1urûâllânPl,\IPul rP srQlu"u àùn rnJ rr sgsrttgl sêltd"qr sou râ E ru:rû.llânrnûI tùcritdruor às ur àr 'rit I ârrel P rà^rrrP r3 lio '1uJLUà rnfr^rPUr çâlqPder àrrJ rre^nod

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ràJuPê àrr€I )ù P^ elâr'rnlrDd sàâ^norl 11â sânbiqdEr8 suoEnlos sâp rês41n ! rlllnb

âl : Ùol]el ruaûqu.s âtr .P rlrrnou âur sr"^ (arsnoFl ârr" -nrB ùâ râurrolsuEn €l sle^ âl E i I tls Ùâtq sr"l\ 'âIsnoFl €l âP Proq".P .lc âddqlqd .P rolnoq nP Jlr€rrutPr srns .( rlo ruâuoù un srnolnor r^rrrE II 'ê€"Io'{ ûâ smbor. âp srâur"r s.p rns rluqui 'ûoo

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',ii r"";",.. un peu lalour de .e qu il, r.ri'enr J,rou\erl Àu"-o-err. .ramire er;e

lhilippe .r rr.rva'lle drn. 'e mère arelier que Blutch, et celui-ci nous a vraiment fait évo luer dâns notre dessiD. qéation à deux sembte iustenent uous

maturité. Et puis, on â fini par dégager quelques principes de travail: à pârtir du moment oi, il y â natière à discussion, c'est qu'il y a un problème. Si i'amène une idée qri ne séduit pâs Philippe, je ne vâis pâs me braquer en disant: "Mais attends, cefte idéè est géniââle !, On va plùtôt essâyer d'ânâlyser calmcment la proposirion pour rendre

avctir petmis de surmonter les syndromes d'uswe et de lassitude qre pe t paiais eprouuer celui qui tauaille en solo. D - Ah oui- ci.r erdenr I I e phenomene d'usure, c'est ce qui explique que des gens comme Petit-Roulet ne font plus de bande

D-No chaque al

multirude

rnanière b

lons-le, er permis de

dessinée. Au bout d'un moment, quand on

rr:varlle,eul chez.oi er qu on.r lrmpre, sion que tout le monde s'en fout, que l'ed,reur -e vou, relante p.r\. o- Lnir prr baisser les bras ! Tandis qu'à deux, on a au moins l'encouragement du regard de l'autre. Si l'un des deux cale sur un crayonné, I'autre peut le reprendre et le retravailler avec une nouvelle fraîcheur Quand on est tout seul! on mânque de recul, or re voit plus forcément les tics contenus dâns son dessin. Vous euitez plus fa.ilement les tics, nais éuitez uous ]e isqae du "consensus mou" ? Q anrl uaus auez des idées ftop .lùergentes, n'êtes-uous pas tentés de choi sb me sol*nn médiane moins oiRinale ? D - On serâit peut-être tentés de choisir le compromis si nous acceprions de céder à des pressions commerciales. Comrne on ne

fait pas ce métier pour devenir riche, mâis pour éprouver du plaisir à réâliser des livres dont on est vraiment conænts, on nropre

irmri, pôu l, .oap.om.. \i u"

p,ojer

bloquc, il bloque, et on attend de trouver une vraie solution poua s'y remertre. B - Par exemple, on â mis rrois ans à rer Diner le Iivre Ld lcti Gdryon qai fl'existdit prs, car on n'étâit pâs satisfaits du dénoue ment de I'histoire. On travailie comme des pêcheurs ou des jardnriers: il faut laisser le remp, rux .ho,er de germer er d arriver ,r

B-Ave d'éprouver

À suiûe)

pages elle

éventuellenent l'idée plus fone. Cela étant, il est évident que si ce genrc de situarion ârivâit systématiquement dans la genèse de chaque projet, je ne crois pâs qu'on trâ' vaillerait encore ensemble. Si ça fonctionne cûtre nous! c'est pârce {tu'on a des modes de vie similaires, qu'on est tarabustés par les mêmes petites angoisses, et qu'à pârtir du momenr où il s'agit de les transformer pour en faire unc hisroirej celâ se lner en

libenélà-

fiter de

-

cer

C'est

B

t

Oui,

place très naturellement.

Dans thacun de uos albams, il y a un leibnotili qui appdrtient sourcnt du moncle tu fannsme ot du ftue: Ies bûpopotanes,

les hommes assiésés ddns un château fott ol nenacés Par des r e rs à gages. Est ce qre c est ûn systètne ndtatif qae uous auez

de la série

la passer à trois pâges reÊlâir les

I

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'âr^rr âr sû"p xIItJ ! gljrluâpl dnotr n!âq srns àlu âl 1otr/{ -tllpl]r.P 1â âr?lor âp n.d ûn râuirdxâ.p 3Iûâ IIPÊ ùo '{q,?as auoàttl D1ltql e Ùu purnÔ àtulfl

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dans l'album. Donc, il y a {orcârent des petites choses vécues ou observées dans la rue qui se retrouvent dans nos histoires. Patlofls mise er s.ène: si 1)ous roas dttaquez souuent à des'nêne situdtians .omplerces à déûie, il n'y a effets spectaculaies dans rcs h)ses en page. C'est très sobre, tuès siml,le... D - Celâ tient à m€s envies de lecteur, tout simplenent. Dans une bande dessinée, si je retrouvais uniquement de la virtuosité

grâphiqùe, j'aùrâis le sentiment de m'éffe fâit un peu avoir: en général, c'est ie genre de bouquin dont j'arrête la lecture en cours de route, même si c'est super beâu ! C'est pour ça qu'it y a si peu de livres de bande dessinée que j'âirne, pârce quc j'attends d'un album qu'une fois sa lecturc tcrminée, il m'en reste quelque chose, quc ce nc soit pâs just une lecture pour pâsser le temps !

â pâs cette srrmédiâtisation. Je sais que c'cst vécu pâr certains comme une frustra tion, mais moi, au cont.âire, j'y vois ùne source dc libené très précieuse. N'étant pas considérés comme des vedettes, on peut continucr à vivre tranquillement dans le monde quotidien, oD peut acheter notre pain sans être reconnu dâns lâ rue, e1 on peut raconter la vie de tous les jours dans nos histoires. Quand je regarde un film âujourd'hui, i'ai souvent I'impression que le scénârio â été écrit pâr un type qui ne sait pltls de quoi il pârle ! - Que uous le rcuLiez ou non, uous êtes q dnd mê,ne en rain de deuenir très à la mode: Libêlation ûus commande m des sn po* sa ne", uous aue. pds nal de papieÆ .lans des ioulkaux importants... Est-.e que .e s .cès fl'ent:raîne pds de nolt velles contraintes ? I'ai quarante deux âns. Si je fâisâis de la bande dessinée pour la gloire et la célébrité, il y a longtemps que j'âurâis ârrêté ! Donc, si ça nous arrive âujourd'hui, cc n'est pas comme si ça nous étâit ârrivé quând on avâit vingt ans. Et puis, on a la chance d'être

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B

deux: l'entité "Dupuy-Berberian", ce n'est pas seulement moi ou seulement Philippe, on ne

se sent pâs exposé directement. Si c'est l'entité avec nos deux noms qui est

exposée, tant mieux ! Nous, on esr derière. B - Ce qu'il y a d'agréable dans la bande dessinée, c'est que ça reste quand même du

papier et du crayon. Entre le moment oir I'idée surgit et le moment où on se met âo travail, il n'y a pas un énorme délâi et on reste à peu près seul maître à bord. Cela nous donne une tiberté qui est très enviable par rapport à ceux qoi travaillent dans le cinémâ, où il y â tout de suite une flopée de commanditaires... Et même en littérature. il y a davantage de pression, parce que les écrivains sont mâintcnaDt de plus en plus vendus comme des stars de la chanson. Dans le monde de la bande dessinée, il n'y

D - C'est vrai que lorsqu'nn nouvel albun sort, on rencorltre pas mal de journalistes. Mais il ne faut pas se leurrer: c'est très passâger Èt tant mieux d'âilleurs, parce que, même si j'aime avoir des conversâtions avec les gens qui sont irtéressés par notre travail, j'ai surtout envie d'être chez moi, de dessiner ou de partir en vacances avec mes enfants ! Être reconnu dans la rue, très peu poù nroi ! Lorsqte rcas auez reçu le prix du mei eur album à Angoulême paur Ie quattième torne de }',o\.'sierr Ieâ\ auez-uaus rcssenti son in|act suf rotre .dtrièrc ? D - Une chose est sûre: on ne va pas cracher sur le fait d'avoir reçu ce prixlà !

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f,UIOIAIEIÎ EIAIWOf,

NISSIC g-I

ruf,fIInS

PORTRÀIT

lNon: Guibert

Emmanuel Date de naissdnce :

21 arrl 1964

Lieu de naissdnce: Paris (12c)

Sit dtion de fd'nille:

Taille: 1,82 m

69 kg

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Emmanuel Guibert a fait une entrée remarquée dans le monde de la bande dessinée : dès sâ parution, I'album La Fille du Professeur, scénarisé par son ami Joann Sfar, suscite ,, *,\ I'enthousiasme et se voit décerner le prix René Goscinny au festival d'Angoulême en 1997. Mais, en réalité, ce premier album n'en est pas un : cinq ans âupârâvânt, Guibert signe un récit intitulé Brune, dont 1'étonnante sophistication graphique ne lui plaît plus. Cet album ampoulé sera pourtant riche d'enseignements pour le jeune dessinateur parisien : en intégrant I'Atelier des Vosges, il n'aura de cesse de tendre à la fois vers un dessin plus épuré et plus proche de la vie. En se lançant dans un projet de très longue haleine avec La Guerre d'Alan, biographie intimiste de son ami disparu Alan Cope, il tente la démarche quasi proustienne de fixer la complexité du souvenir dans la

simplicité d'un jeu de cases de bande dessinée. Il s'affirme aussi très à l'aise dans ses collaborations : que ce soit pour illustrer les délicieuses fantaisies oniriques de David B. (Le Capitaine - .J écarlate) ou les sagas imaginatives de Joann Sfar (Les Oliues noires) , Emmanuel Guibert réalise des planches d'une très grande élégance, où le réalisme n'est jamais figé et où la poésie est touiours au rendez-vous.

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GUIBF-RT - Il â touiours été évident pour moi que je {erais de la bande dcssinée. À l'école, qùand il {allait répondrc sur une

petite fiche à la question: "Quel nérier penses tu exercer plus tard ?", j'ai toujours

écrit: "Auteù d€ bânde dessiDée". Quând j'étâis petit, je raconrâis dans des cases la sâgâ fâmiliale avec pépé, mémé, papa et maman... Après le bachor, Iorsque j'âi dit mon intention de fâire des érudes ârtistiques, cela n'a donné lieu à âucune discussion: j'ai toujours été merveilleusemcnt soutenu par tres pârcnts. Et puisqtr'on est

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en Frânce à l'époque âvec sor prcmier albunr de RdrÀ Xclor. Et âprès avoir ru les quelques planches que je publiais dans ce canard,

Liberâtore m'â invité à venir le revoir. En réâlité, sâns que je lc sache, il avait pris ren dez vous pour moi auprès de la rédaction d'Albin Michel en me recommandant chau dcmcnt I Bre! ie me suis rendu chez Liberatore en pensant juste lui nrontrer quelques planches et discuter le bout de srâs, et je me suis retrouvé dâns sâ voilure pour aller chcz Albin. oir le comité de rédâctid1 n'a tdrt de suite proposé un contrât ! Tout ça résulte

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gens, c'était rigolo et gratifiant. c'est à ce momenËlà qùe j'âi rencontré les sens d'Albin

Mich€l avec qui j'ai sjgné un contràt pour mon premier livre. J'âi donc lâissé romber

le srory board parce que j'âvâis envic d'être indépendant et de travaillcr scul pour r:conter des histoires. À l'épaque, Albin Mi.hel était en.orc un éditeur un peu atypique dans Le monde de la BD. Tu n'as pils e enuie àe tentEl ta chance chez des poids Lt)wds

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Ddrgdud. Dapuis ôu Cdstemdn a En fâir. tout â été le frùit du hasard le plus complet ! Si j'âi fait du story board, c'esr pârce ituc j'cn ai eu I'oppoftuniré, je n'imâ ginâis pâs gâgner ma vie avec ça. Et pendant quelqucs nois où j'êi fréquenré les Arts Déco, cn 1983. i'ai collaboré à une revue d'étudiants pour laquelle je suis âllé int€rviewer quelques noms de la bandc dcssinéc: Goossens, Bilal et Liberâtore qùi énerseait 1es

rlonc tl'rn concours ne , irt,nst:nces Ta æ lances dans æ prenier albtm ilttithh Btû:e... et tu uas mettre six ans à le tetminer ! Q 'est-æ qai expli.lue ce délai ? - El fait, si cet album a souffert d'hyper trophie, c'cst parce que je me retrouv:ris seul pour le faire, je l'avais pas trorrvé d'interlo cuteur susceptible de me montrer lâ voic à suivre. Et même si j'âvâis rencoùtré un tel inrerlocuteur, je ne sûis pâs certain quc tc l'aurais écouté. J'âvâis une tcllc {ringale de dessin que je me slis 1âncé à corps perdu dans l'aventure. J'ai voulu tout apprendre pâr noi même: l'ârchitecture, les perspec tives, l'ânîtomie, lcs expressions, avec une opiniâtrcté qui confitrâit à I'aveuglement. - Qu'dudis-tu enuie de ru.ontet ? -Justement, là étâit tout lc problème: à la base, I'hisroire de Brme n'était pas de moi. C'érâit en quelque sorte une comnrande de l'éditeur qui m'âvâit âdjoint uD scénariste dont la première version de l'histoire n'était pas sâtisfâisânre. Dc mon côté, tout en réunissant de la documentâ.ion, j'âi pondu une âutre version qui a éré choisie. Le scé nâristc avait trâvâillé son s.énâriô .:ôn,n. une simple BD destinée à nourrir les pages tle L:Ecbo des sauanes, alors que noi, comme un frais émoLrlu dc \ûcst Point, ie voulais absolunent tout mcttre dans cette histoire. Je voulais que cctte histoire me fasse voyager, je suis donc parti âmasser une iconosrâphie énome à Berlin, j'ai lu,

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soigne mon trâvâil, ie sens qLre c'est du provisoire. C'est âlors que je Iais dcs rencontres décisivcs dans mâ vie. Fin 1994, j'entends parlcr par un ami dc l'€xisrence d'un âtelier Chez cet âmi, ie rcnconrre Dâvid 8., à qui je monrre mes carnets de croquis. David les regârde soigneusemenr et se montre encourâgeânt. Il me parle de l'âtclier collectif oir il trâvâill€ rue Quincampoix, oii Lrne place va se libérer. Suite à son invitâtion, je m'y rends un peu pantelant et je reùcortre Joânn Sfâr à une table, Emile Brâvo à une autre, Christophe Blâin à une troisièDre... L'atmosphère est conviviâle, ils m'âccueillent à bras ouverts, et voilà. Du jour âu lendemâin, moi, fils unique, je ne rctrouve âvec une bande de frângins ! C'cst comme dans 1a fable du

ftême Guibett qti a dcssiné les deux dlbams ! - Oui, il y â d'âilleurs des sens en séânce de dédicace qui viennent m'inrerroser pour sâvoir si c'est l€ n1ême mec qui est derrière les deux bouquins. Mais on peut se poser la même question si on compare La Fille du Prcfessew et Ld Guene d'Alan.Ic lJowa ce genre d'interrogation inréressânt car j'âimerais que le lccteur n'achète plus sculement une série, mâis suive rel oû tel autcur qui a

pu lui plaire avec tel alburn et qui pourra peut être lui plaire avec tout autre chose. Si on y pârvient, on s'âchère unc liberté de créâtion âbsolument extraordinaire. - Mais, coftûètement, que {est il p.tssé entrc 1992 et 1997 pout expli.juet td métaAprès cer album absurde et épuisânt, j€ rentre dans le rang et jc vais chez Bayard Prcsse où je fais de f illustradon et de 1â bande dessinée de corrmande. Mênle si je

-

petit tailleur: ils ne sont pas deux ou trois, ils sont sept d'un coup ! - Qu'est ce qui a motiué la réunion en atelier a Xenuie de trdLailler en groupe, ou plrtôt ld nécessité .l'uni des moyens financiers pour disposer ddns Paris d'une surface de trauail suffisdnment confortable ?

- Il est certain

que les raisons

prâtiqfts

ont été décisives: l'atelier s'esr consrittré autour de gens qui, soit ne poûvâicnt pas travâiller chez eùx, soit ne 1e voulaient pas et pré{éraient I'entourâge d'autres dessina teurs. Èt puis, un loyer parisien divisé par sept devient plus abordable, on peut profiter collcctivemert du téléphone, du fax, etc. Perxrnnellenent, mon mobile n'érâir pâs d'ordre losisrique. fe voulais vraiment changer, évoluer. Mon insertion dâtrs ce milieu s'est déroL ée tou. nâturellement: on a comnencé à trâvailler côte à côte, à aller ensemble au resto et au cinâna, à parrir en vacânces... Et puis, on s'est posé bien évi demment lâ question: "Et si on réalisait des histoires enscmble C'cst ure démârche tellement naturelle qu'aujourd'hùi je ne pourrâis pâs nnasiner de faire une bande dessinéc avec un scénârisre ou un dessiûâ-

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teur qui ne serait pâs d'abord un ami.

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j'ai suivi la comme CL

D'ailleurs, Les autews qui ne .orrespondent que par fax, c'est pas ton trnc ? - Non, et jc pense même que dans notre petite bândc, il y a rellement de combinâisons, de collaborations possibles que ie n'âurâi pâs âsscz d'une vie pour partager ce qu'il y a à pârtâger Jc suis vraiment né à la bande dcssinée avec eux. D'ailleurs, je pcnsc qu'à l'origine de beaucoup d'expérienccs ârtistiques

intéressântes et organiques, il y a des fratries, des gens qui s'cncouragent, qui commcntent

travail des uns et des autres... En tout cas, en cc qui me concerne, ça a tout changé. 1c

- Le fdit 4ue cba.un .itique Ie îauail de I'a"tue au seift de I'ateltet, est-.e forcéftent .onsttuctif a Qaand t penses, pdr exenple, duoir téûlisé td neilleule l)lanche et que tu dois essurer des æmnenù1ires étentuclL

peuplenr n cienne génr

âr nt ,sâ(re nr ânb srnârflrssâp sâl snor âp xn€^€r1 sêl sâûrur€xâ nt puEnb '91rt"tr ùc âsEr ânbÈqr suEP âlnoiâP âs mb âtr rp tlr"P "l rsr,. 'àss.r9lur,u rnb âx re.'r.ûJn€3 nP JPoru àl rns s.91ûor"r tûos srrrorsrq sânr âp rl"dnld E.I sâs"]srur rrroS€ srd srtl .û àl truop 'âEEd ùâ inâurur un.nb .ue.s uâ Ineurur un rgrnld srns rf .nb ârrEd 'rno

rt rnod lss t uado sa3od11û?p sal 'ûoDnlos ârl1âllolu !l srnolnor rsâ rnb 9rr}ld

-urs et srsroqr âl 'àurQlqord âtr rât8+ rnod .uop 'âqdErSod& el rârua8e mod JrsrqdElB rp uop un sEd r".ù êl'à:)"dsr.p.n.rEsrut8ro ûoq sQ! ûn s€d sms ru rI rnlrgFgr .{ sntd âuj+u srop ân â{ 'âsÈ. el rp rqrnt8 p rnpq uâ ârEId sât ât'sdûrr np urdnld u1 :n1osq: ârt^ 1sâ sâllnq sàp .Iu?tqord â'I âûrssâp sâl âl ânb ârnsàlu y sâqruEld s3ru :rrr xnâÀ âl ânb âtrrrd 'râJlrrl âp sed arnuu.,uj ârr EI3)

surrrd Eur s?P retr âgurssrp .pu€q q .p sr€râ, ât ânb rIpF 9tq srnotnq ! lr 'rou rnod sa!?ppltq( saP 0d ,jq!nua|-

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so4 $a,r ulssâp al @ atnd uo1\p4sryH sod slolaJ9d aa 4 'ussap ,p a{4s uot laav , 'ârrl e sudde rE.l ânb sânbns"F sàr râÊ Nâ.r ànb ârr"d ru.ttrrûâpr^9 tsà.r '!rour Jnod â[à4uâssà rsr cg rl âp uor]er9u91i rurrârJ

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'.nuuâ,u.r âu â9ùrss.p àpu'?q q su"p sr31 âr ânb uâD :rO âsoqtr ârn€ sl"lâ, :l ânb râ srErâr9rrr.l ànb rEIr rsâ Ir .9lrsn4 sr"lûrs âui âl rs srcW rolu rnod lrrergdur nuââp

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âur9m 1sâ.r tlnbo! âp slâûi?r sâp surp âu'ssâp a( '!5.p 919r y ilauuErsqnsuor

lnâur"r^ nuà^àp rsâ.û lr.nb runrtrurluàllâl gnbu"rd rE.l ânb slnrqr^ un rsr .9urss.p

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:rp srns rur âl trotv iorrtlr â9ujtrroE p.l lr lc " I.,àr àruuotr sntd nâd ûn âr€ rr!\âp. r 'PI uIEtÛ àD.l' : rru.8 np trrur un 1rp rE rnl àl '.uûotr nâd un rnrop suDs tâ âgss"irequrr ârairj'rtu âp rsroty ârr€I âs âp ùreJl uà urss.p ûn Pn"qr y râruârllmor rro^rp :rre^ urp.û e5 enb srol àrQ[uârd ?l rrErt.:) srps uâd ûâ.1 ânb à) ruEpupmâp àu ur sâqruptd s:s âr1ùour E.ûr urelA rqdorsuql ,rnol iârûôrd rt 'rârrâre.t p tûrE slns âl pûenô xnâ^ nr ânb êr srl] ur nl srnd sârnorâ nr 'rruE.{o^rDp rl 13 grtpDnl sreûuor nr "l rùop 'sruÈ sâp r€d srrp ruos sârr€lùâûLuo.) rS nrlâl rânot rntl lr.nb srortr aÎst d $a,a 'sJ11"3?u uatu sàr à

luîs(.totod

rends romfrc qtr'un ceLràrn seurl de \trruo.'re q rùernt âlsez \ ite Tous (e5 tvpes qu on

atlore, Franquin ct les auires, ils ont dcssiné rour de sujic très bien, ils ont très vire pigé en ouor consisrarr La bande d.ssinte Nanr ,l .rvoir trenre .rns. ils etlenr delà

-;-"

rnreres\anr pour qu on pursse. p-rr exempte, se rJonnrr comme protescron de for d en chaûger souvent Cle changement permet de déiouer le moment où lâ technique se mue en autoDâtisne, où on commence à se

rer:rter. à -rplliquer tertatnes fuLmults pour dssiner tclte attirudc. Or, 1e rrou'e qu il f.rut que mon Je'srn vieillrse avtc mLri. il hut qu',l.hangt Un dessrn qur ft lhanseLàrt Pâs e\po$ \on àuteur à s emporsonner a"ec .on propre ttyle Lt de$in e\t unt e.pece d humeur. au sen" phv"ique du

rerme,.t

le

lour

oiL cene

trum.ur

ne coin'Lde

nlus avtc ct que l ,'n ect, on eLr vrenr ;l'rs a r..ine. one 'one Je booter et.ela rcnd rnrl heureux. C€tte distorsion entre sâ mânière de dessiner et sa manière d'ètrc peut prove nrr Je pressr,,ns c,mmertrale' auxquelle' il er res J,ffr.ile de risister quand on a du succès. Donc, il y a une vigilance à entretenir vis à-vis de son propr€ dessin pour qu'il

nc'e"'M de r,',a*'' 4" "^qui:' j'âi anlsi des esPaca oùt je Peux Oui, faire des taches, des trous . C'est impor Lt ou la

tânt. câr en rèsle sénérale, je {ais

capables de raconter des histoires cxcessive meDt efficaces. Et entr€ trente ei quârante ans, ils ont pu faire des albums étincelaûts' où l'on voit bien qu'ils avaient évacué les pr"blemes de trbncarion. Lr quesrion. ce n cr.rit flus Comnr(nr fâire 1". màr\ plut"r

--

C'est Ic

bo

uieit ddase: il faut maîtriset

!a teûn'que 1n,H

ien libe,cr'..

- our- Iour tn srchânt

que

l.

technrque

est quand même un aiguillon suffisamment

des

ulanches propres, je n'aine pâs rustiner tnâ page, parce que jc suis très maladroit l-a seule chose que je sache faire avec mes doign, r'e'L de*iner ! lour le retre. 'r tu m' drnt une rlen'rndes de Ji'ouoer une "netrc plus sou est le de Ûres olanches. le résirhat ûon bcsoin vent caàstrophique ! D'orl d'avoir des espaces parallèles où ic peux être brouillon, maladroit, bordélique Je prends de la gouache, du pastel' du cravon gras qui déborde sur Ia page d'en tace parce que j'ai oublié de fixer le dessin, et âu Jerour d un c.oq"i'. ie d, ( ouvr' une perrre chimie, une technique que je rationâlisc

pour I'utiliser dans mes baûdes dessinécs

Par exernple, j'ai découvert qu'en encrant mes crayonnés avec de I'eau clairc, chaque trait devient un siilon dans lequel je peux faire ensuite circuler de I'encre. F-t cela donne un encrage avec un srâin un peu

rieillor

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Non

troffê

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sibles à

r

àl râss€d âr"l sroF 1â 'ârù€Fqtruou "^ Ir sntd âs"tr âùn ç à?perqr râdlq âser âun.p râssed âP !$ùr" rell!ÊJr âp rlq"d€r rsr uu"of rnrunq uos.p 9rB nE'âDns.t y .s!tr

âIm,p .tdrs âp râSutrtr ! ârsrsuor Inb 'âro^ .ur?rsroJr .u. rroru. ârsx. II < rsoqr 3!nE y âss?d rl srnd r. 'snbrurFâr 3ur?ru q râÊ râIII!êr âP ârcssr.l trour xls rrrPpurd, :rp âs uo'âr^rr.nb'?qr nâd un r.fiuPqr.p ! âprtr9P uo âtr tuâuu9luâ rnb rros 'ruânrâ8u€rp cg et âp sroqâp uâ trnpord

sÛorr"rsntlr sâp

uo lros :1ùâ1srxâ sùoudo srnârsnld '{srolv

ià3ueqr uo :alrneil p rnolun.p làr"d àtsrr

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r.srr"9r lnod uo5pJ.rù?uj et rp rnot serd" rnolrâurssâp 9suâr rs. uO urssâp âp âI,{rs

àuâu ât ârmpordâr âp 98rrqo rsr uo,nb rrq nP ruâuarsnt ruâhord âgrrrssâp âputq q àP 1u"u93 9r9tr âl slâur€r sâLrl su"p ràqtrord ru.^nos src^ âl '!âituor red(surnb noq sâru âP un rûÀnor âP âtq"dÉùr 1ûàtrr ânbqErd srns âl rs 19 ârrnpordr sâlqrs

sodu srn]r strrâd âp 1â slùàprrtre.p "sgJJnrr :xnrI sâIn ! xnârr9rd rs srâùretr sâr pu.l rnb €5 Nâ!tr râ rsinolnol sed 'uoN -

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On sent dans tes Pîo\os ne 'o 'eP' ti()n ulaiment oryaniqae d dessitl "

Oui, parce que derrière ma passion du dessio. il 1 â d'rhord lâ pâssron des ren

-

à le faire

."*r.r .i a. .. q*

Rl''nspirenr les :rutres' I e rlessin sert d ailteurs avânt tout ; diâtosuer. avrc soi-meme et avec les aLrtres l'ai ine telle {rineale de rega(der, drns la vie'

G)n

.De le dessin me serr d'adiu!ânr indispen.',t't. t.e dessin intrvrent à lâ tors en âmont' parce qu'it fouerte Le de"ir de regardtr' et en

av.rl. oarce qu il engr.rnge un certârn nombre pour de fo.me' qu' de"'enne't disponrhtes hi5des drns etre rctraitees ulrelreurement de :'te l r,ires. Le dessrn. c est vraiment rerarder dans ce qu'rl a de plus chrrnel' cela consiste r sentir rhvsiquemenr lâ forme des choses à trâvers I'outil qutln est en trâin d'utiliser. Dessiner, cela permet de détach€r des morceaux de réel et de les emporter chez soi. Dans mes carnets, je sais que l€s .lùs beaux dessins, les plus vibrânts' sont 'ceux que j'ai faits dans des lieux ou face à

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Cela

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Et lui voulâit se râconter mâis n'âvâit iri le tenps ni 1e goût de mettre celâ sur pâpier.

Inaàemment, qu'est-ce ryi aQliqbait que .et A,n&iatin étnit resté efl Frdn.e ? - Il voulait être potier, il avait une formation de cérâmiste q il âvait suivie après guerre, à l'écolc dcs nétiers d'art de Paris. Mais comme il s'cst marié jeune et qu'i1 a eu

-

très vite ses premiers eDfânts, il â réintégié l'ârméc ânéricânre en tânt que juriste pour rég1er lcs conflits cntre les soldats des bases américaincs et les populâtions locales, à I'}oitiers, Oriéans ou La Rochelle. Il â pu

prendre une rerraite anticipée à cinquânte ans et s'est installé, en 1975, à l'île de Ré. Et quand tan yoiet de bande dessinée est deuentu rcalité, .lueqe fiû sd rci.tior1 ?

En voyant les premières planches, il était très conrent. Il ne lâissâit personne entrer chez lui sans montrcr les photocopies

de mes dessins.

Il étâit extrâordinâirem€nt

fier et heureux que ça existe. Lironie du sort, c'est qu'il n'â pâs vu le livre terminé, ça, c'est désolant. Il est mort, il me manque, mais je fais cc que je peux pour rester avec 1ui. Perdre les gens qu'on aime, il n'y a rien

du temp

de pire. J'aime beâucoup le contact des per sonnes âgécs: le grand âse est une période difficile mais, en même temps, c)est un

plus il m troDblé r

moment ultrâ-p.ivilégié si on pârvient à dialoguer, à échanger des choses. La Guerre d'Alan esl are démanstraûon très conuain.ante de ton dessin pour ùaduire la subie.tirité du ndrtuteur: on sent bien

Auiourd'

qL'il s'agit d'me ûsioft de la guete, et nofl d'un compte rendu histoique de celle ci. Ça, c'est l'aspcct le plus émouvant de cette relation: le Iait qu'Alan accepte que ie dessine ses souvenirs. On a vécu cefte entre pise de fâçon très érroite. Te lui envoyâis

me laiss

faire que

dant lesq

de

trarail

3P eF. srEui 'âj,ernr?Fêds âp ûârI l'"ProqtP rrelt.û rr lu€rnotrq.l uâ srrlo^ âl rnb r:) 'rrrrddns xnâFrqp ùn l,"u.^rp ur ttJ] rnb sà3Èun,p n^ ruâuêllât re.l 1à 'àr^ es rrÈrûorEr .ru II rruà^nos nP uorsr),rrdrur,t râ uorsrtrgrd EI .rnor sroJ El ! srâû rt ].nbrt surp ruqq .noll 1â rrori ûâ ucsâp np grnres nàd ûn nàd un q]gtr âr e I F.nb ærÈd (rno < rDrÀ ât srrep srns âl> : rrtp âs ânb rnâd âu ûo,nb 3qtrord 1uâuâll.r'rllâDûersqnsuor ruâûrèll:1 ârQrûeu âûn,p '.rnbEdrlâ 9]9tr uos .rrûê^nos nP rû?LrLruàur3^nou âl ân1'lsâr €lâr !êPr^ àl .urruor truElq ûâ 1â lrerr )t .uruotr rrou uê r3ûrs$P noÀnod âP rr"J it rnb â.i"d .Ino " uEIY.p .rrânc rt rtrod uap4? a0uu fi14 atquas ) rtq 1a tlou noq) al ..!EIrE 'lp np â rC È'I r"od9 âulErldtl â 17, inrssùoJd halbû Dt aP rpLP at tlp] so Ma b stow rJrnor? P ruP^Dd€tr 1u3uâJlâ91 lnor srrd sr?rnE,l3nb xn3r rûânr rre19

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guoj sed ruos âû rnb sûruàqr :p ârqûoù ûrEuâtr un êipûr.rd rr€+ âtrl 1â tlrr^€rt âp àlq€l ! srl1s âl puEnb :lt3s ûà rru)r rrlr x'o^ "u rs rp ûos 3l ânb êtrird ,xro^ ?s ru.ru -âiQrtn8rr àrnor9?r.l srÈw lnrs rnor rrrel sâl lo^rp srE^ âl (âIns ?l àp srgBd sruàr r.rs ânbtrnb srt iâs{E9r sr"^ âl sr rnbsâl ruEp ,uàd 'rûi^ s.gurrp xrp sàt rr ,à.rrâs9rd Es " uâ unqt" r,rurrrd np $âu xnrp srt ânb rrrrJ nd rE,u ât rlr 9rrtrlduor .Dr) âp nûâ^nos nÈ dnornerq rqtrortrr"r àû àt 'mq,plnolnv 'nr9^ rrPÊ lr.nb âr ra surssrp sâur âIuà riD^" I lr,nb sârùàpDurotr sât rpd gtqnorr re19 ll sntd 'trrrqrr âp rressrcl âu I sùld rE < sor8 1â rurd rrErs lr.nb srot€ êiSrru 1â pu€rË lêruû ?ursssP sP nI, : âruâS nP sânbrtuâr sâp rr^" rrerrâ^ àu Ir sr"uef '.uorl ?lârdràtùr!p àrr.qrt àpuErE âûn rr?ssrel âû lt l"rFs?r nP xnàrnâq s?r 1trt9 I! 's.Iùar ùp lealntd lreruâuruotr sâl I lâ rsùrssàp s.p

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vie, à un point Îel que je mourais d'envie de coucher tout cela sur des p]ânches pour que

d'âutres en profnent.

Il y a aussi

cettz uolonté d'épure dans ton dessin: tu éuites les desûiptions anec dotiques, tes decors sont its à I'essen tiel, tes physionolnies sont simples... Comme si .ette sobriété deuait mener directement à L'essefltiel, à sdlioù les sentiments

lcrnent pendant un an sur ce projer. Et pen dant cette année 1à, j'ai beaucoup moins travaillé parce que j'allais l'assister dix jours pâr mois. A sa mort. j'ai eu envie de {aire un bouquin rapidement, je voulâis qû'il âit son nom sur un livre et que les gens le connaissent. Et comme à ce momenr 1à je disposais de plus de matériel sur sâ guerre que sur son enfânce, j'ai développé cette période-là pour le premier volume. Et avec le recul, ie suis très content d'âvoir procédé de la sorte parce qu'il lagit de la partie Ia pius anecdotique. Par contrc, quand ie m'attaquerai à son enfancc ou au récit de notre amitié, je sâis déjà que mon dessin devra aller encore plus loin dans l'épure. Car les heures d'enregistrement que je pos sède sont d'une belle qualité littérâire et il faur que je sois à la hauteur. Mâis je sâis qu'avec un tel matériau, je vâis faire de bons livres, parce que même si ie n'âi connu Alan que pendant cinq perirs ânnées, il D'y a rien de ce qu'il m'a raconté qui n'air éveiilé ul écho au plus profond de moi. Ce sou.i de sautegaftJû .les élénents .le ùe pdî le dessin, est-.e qre .eld reioint

ftd

du narratew: sa solitude, s"r /b,€s, res moments de .nfdrd... C'est typiqùemenr ce que je vise, er c'est idéâlement ce que j'espère atteindre an {il du temps. C'est une vie que je ne vais pas

râconter chronologjquement. J'aurais voulu commencer par le commencement, mais la maladic d'Alan m'a fait prendre une autre dircction. Après âvoir fait des pianches sur son enfâDc€, j'ai trâvâillé sur sa période de préparatioD militâire, qui me semblait un bon épisode à prépublier dans la revue tdp,, de t-'Associârion. Èn parallèle, j'avais demandé une bourse au Cenûe Nâtionâl des t-ettres pour pouvoir travailler tranquil-

t'envie

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imméô lorsqù'i ment il

l'ernbra

parté q, Er quar

fiche. Mais, pour l'heure, il est clair que je veux assurer la péreflnité d'Alân Cope et ne pâs lui lâcher la nain. Tu expliqrdis I'impott'1n.e p()ut toi de poutioi entendre le gt.tin de Ia uoix d'Alan qaand * dessines. Porrrais tu inaginet d'ddnîts un liure qui te fdscineftit, sans .1toir iatuais ren.ontré son aatat ?

-

Je pense que lcs rencontres iivresques

sont aussi de l'ordre de I'amidé. Il y a des auteurs de certains livres qui sont des amis sur lesquels je peux compter en permanence, ce dont je ne me prive pâs, d'âillcùrs. Mais

- Ici,

-

Oui

prend d,

'sârrou sâ^{o sâ'I arqs a/tan'ou 4 su"P Mnelxptu tl, ?l9tldLuts Dl sass od ltl 'g-rnlâr âllltuor lrtr9r ûn,nb xnàrnuâê snld tâ 1ù"^noù9 sntd dnornerq sed i.u I 'sduâ1 àugu uâ 'râ â8tdno.9p tuuotr" ânb$eu9ql"u snld s€d € Â,u l . au.to.1't .ànbrs E ap pnâs â'r râê 9BrâH 3PrE8âu sEp z.ss€ ârlPred r€Ànod 'proq! rûrud âp 'Inb uorrsrl"û âun sù?p rnâFrl )rlou lreâ8?rd uo.nb sæe.rJjâ snld luPrntrP ruaEl -â^âr âs sâIr?du.d srr sâFor sr€w sâ8sp Joq? sâp râ sâr?druâr srP râÀ€ Er?do,l âP ror rl ins âururâr .s E5 râ 'sir".I âP IâIr su"P egu-s,oll un 9quâd àlll?u puEnb

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€ uo '!uo{ srâJlâ srP 9r?rrqos rur"lrêtr âûn sû€p s91sâr rs. uo {(rolorruqrâr uâ,, unqF

ùou ânttûotr ârQPrsuotr âl àîb'a],,I.tÛ1? auvtlrlpl a1 sûp àùew snld lu.s sât ru I 'url "t q 'luârl,ur€1suor sânbEltr s.p puârd rs rnùrât 3t ,s ânb âsuâd âI 3lu.uEulI.d P s€d srortr âu âl fttr 'Ino -

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rrrur sruB^r^ s?.u sân8olErp sâp ruâuodujotr uu"of âp sou€u9rs si'I sâlrrqns sâsoqr sâp râruotrEr rnâ^ uo pu€nb 9u€luods 1â âprder âI?,p âtrtrqIlp 1sâ.) râ e-srd ùn,nb sEur?l rs..u âtr srEW 'sl'"r9P sâl snor rùErqÈs u. 'âttlntd q ! urssâp âl iàtûâ^ùrtr rnod rsnrù ruint âtq?l EI t âqtru€td eu âss"d r( 'arrnsu, lâ guuoltltr np urssêp âp srûrllqord srl s.or âl8Ql â( : ârr"r1ùor rl ]JrBJ rp .rcssr.l 't-I 'l,ldutrsâp rsâ â8ej]ua.t rnb srote l$n È rsr âuùol"n âl rer 'âùuo,{"D rl rrpl"r .3"r.ûà,1 !rûàûôlPi9u95 irsorp rurgru rl râurssâPrr ro^âP àP su.s-uou un âulgttl rsâ.r : âuiatqord un sInolnor rsr guuoltrtr np â8ertruâJ 'su qlt sa4n0 sa1s rP anb ?u"luodr sn4 'xhatLou sqd atqlaas a8,pua uot 'sànou seNIO sà't srrQ 'âl?poru uos âp rflttrEr9p âs ! s"d âÀurr,û uo prrEnb ânbÈEurgtqord ruâhâp ea srcl.tl 'â1nq9p

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CHAPITRE

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<'tuerueJdoJd luâllreêrl rnb xnâJ ânb snld uârq luassâJâlur

CTI

V-I E(I

xo5vrr Er f,JVflVU

PORTRAIT

Nom: Rabaté

Prénom: Pascal

Datz de naissance: de l'élévation du mur de Berlin (i'âi {âit mes premiers bouquins l'année de l'écroriement du rnuq

l3 âoût 1961, iour

si c'est pâs un signe...)

Lie

de naissan.e:

Tours

Ndtionalité: Frânçâise

Situati.n de famiqe:

deu

Célibâtâire, enfants et leur mère

Taille: Médiocre PoidÀ:

Élastique Cheueux: Râres et gras

Signe

pafinulier:

Porte un chapeau Tics et manies:

Bordélique, mais je fais avec, je {ais avec tout d'ailleurs

c

d

t +

I

Avec une æuvre commencée à la fin des années 80, Pascal Rabaté a vite collectionné les étiquettes : dessinateur "au trait charbonneux", "observateur nârquois de la France profonde"... Des étiquettes qu'il a réussi à balayer allègrement en srgnânt un monument ( âussi impressiônnant qu'inattendu: lbicws, adaptation en quatre gros albums d'un

T\.

roman oublié d'Alexis Tolstoï, primée à sept reprises dont I'Alph-Art du meilleur album lors de l'édition 2000 du Festival d'Angoulême. Avant ces quatre volumes essentiels, où il déploie sa maîtrise expressionniste du lavis, Rabaté avait déjà fait montre de son goût très sûr pour la narration en noir et blânc dans de savoureuses trânches de vie qui s'intitulent Vacances, udcances oo Les Pieds dedans. Le dessir'ateur ângevin y fait preuve d'un

talent d'observation et d'un sens de I'humour aigre-doux qui font mouche. Auteur complet, Rabaté ne travaille pas touiours en solitâire : il a dessiné Ex-Voto sw 4 scénario de Zampar ttti, et scénârisé Tartines de courdnt d'air pour Bibeur-Lu et Les Yeux dans le bouillon pour Virginie Brochet. La gouâille qu'il développe dans ses dialogues n'y est iamâis grâtuite et témoigne d'une empathie sincère pour le genre humain.

*r. r4

qu'il y te dois le plus Donc,

faut qu

f.

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DAYEZ - Auant de faire de la bande dessinée, tu as expérimenté Ia gtarute

sat bois alLx Beaux-Afis. Q 'est'ce qui t'attinit dans cette technique ?

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faire de

RABATÉ - Je suis quelqù'un d'as - sez physique, et même d'assez nerveux. Et la sravur€ sur bois ou sur cuivre est une technique qui me convient car ce sont des malériâux

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qui poussent à la neflosité. J'âi touioûrs été plus attiré par l'expressioûrisme qu€ pâr

-Let

.-

I'impressionnisme. J'aime des couleurs assez vives,le côté brutal des choses... À l'époque, mes expériences en peinture ne marchaient pas parce que ie n'ârivais pas à faire des choix. Alors, je préfère utiliser des matériaux solides qui choisissent pour noi, en quelque sorte: on fâit de lâ born€ cuisine qùand on ouvre le friso et qdon se démerde avec ce

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Oh, j'âi ceftainemenr profité de lâ structure des Beaux-Arts, lnâis j'âi pârIois {rôlé les murs, crois moi ! Quând un truc m'emmerde, je ne le fais pas: j€ n'ai jamais été très assidu au cours d'Histoirc de l'Art, ni au cours de typographie. J'âi cu tort, mais que veux-tu, on ne se refâit pâs ! Je n'ai pâs un cârâctère soupl€ et on n'cst iâmâis rieD pâNenu à m'inposer: dès qu'on m'ordonne un truc à faire, je dis "oui" et puis je ne le fais pas I Par exemple, j'ai essayé de faire de la bande dessinée de cornmande, mais dès qu'il n'y a pas de plaisir, ça se transforme en sueur et je déteste ce qui senr la sueur. Alors je fais de la ncrde er en plus, ça rne prend beaucoup plus de temps ! - Comment en es-tu reuenu à la bantle dessinée alors que tu auais déià commelr.é à trouuer tes marques en grauare ?

- Quand i'ai eu mon diplôme, ie me suis retrouvé à faire deux ou trois €xpos âvec mes gravures. Avec le fric qu'elles m'ont rapporté, je me suis pâyé un voyage en Afrique. Et à mon retour du Câp Vert, je me suis demandé: "Bon, mâintenânt, qù'est ce que je fâis i" Ily avait plein de gens qd me disâient que ce serait bête d'ar, rêter lâ grâvure... C'est pourrânt ce que j'âi fâit, pârcc que je lne suis rendD compte quc j'avais besoin de plusieurs imâges pour raconter quelque chose, j'âvâis besoin des mots, j'avais b€soin de prendrc les gens à un endroit et de les déposer à un autre. Bre! i'avais besoin de la bande dessinée. - Pefldant ta peiode de grauure, tr continaais à dessùret Poar ton pldisir ? Oui, je continuâis à pratiquer le dessin de nu. Mais la gravure, même s'il y a route une petite cuisine pour travailler le rendu des mâtières, çâ restait d'abord du dessin. Et donc, entrc 1985 er 1988, ie rne suis lâncé directement dans une bande dessinée de 46 pages, avec le but d'ête publié. Je voulâis voir si j'étâis câpable de tenir la distance sur un projet de iongue haleine, car j'arrivais quasirnent vierge dans le domaine. Pcndant mes érudes, ie n'avais plus acheté de bandes dessinées. Er quatre ans, j'ai réalisé une histoirc intitulée Vacances,

/,r.ar.es, qd fâisait 55 pâges. Là, jc mc suis dit: .Si tu âs été capable d'en venir à bout, tu seras peut-êrre capable d'en {aire un jour un métier, et d'en vivr€.' Et ton bistoire a facilement troaué un

- Non, ellc a été refoulée de partout ! D'âbord, elle n'étâit pâs formatée selon le standard habnuel des 46 pâses, ensuite, ie dois bien reconnaître que c'étâir âssez pâuvre sur le plan graphique. J'étâis revenu à un réâlisme assez fâde. pour xÉcho des sauanes, je me suis gouré d'adresse, j'âvâis rnis l'âdrcsse de Playboyl Chez Dargaud, je me suis fait jerer. Quânt à (A Suiure), je n'ai pas osê

affronter le rédacteur en che{!Je ne sùis

édireur Théven au poin

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petir m Tu t'es senti t at de suite auteur .om ? Ta n'as P.'s ea enuie de collaborer duec des s.énatistes ? -Je ne pouvâis pâs travailler avec quel qu'un en sortânt des Beaux-Arrs, parce que chaque élève qui sort de là se sent comme un électron libre: j'âi vrâûnent appris à me planter tout seul t Et purs, j'avâis des ve éi tés de scénârio, j'âvais envie de raconter des histoires un peu immorâles, et qui s'attachâient âu petits détâils de I'existence. Vacan.es, ûa.aflces, c'est I'histoire d'une bande de mecs qui partent à la mer se faire un plan "cul" et qui foirent conplètemenr. Dès le début, j'étais dâns I'anti-spectaculaire. Les Amants de Lucie, ce sont des rèslemenrs

plêt

de compte entre petits vieux, quarante ans

après la guerre. Erode, c'cst le récit du déménagemeDt de toût un village qui tourne mal... Tu vois, j'étais déjà dans la culrure du ratage ! Je ne m'en suis rendu compte qu'après dix ans de travail, mais ma problé-

matique est toujoùs la même: voir comment les gens su ivent. - Est ce q e ta pratiques le ooqris fîis sw ]e rif dans des atfés ou des endnits

Non, câ! rnême si je voulais mettre de la vie dals nes bandes dessinées, i'ai tou jours dâvântâge interprété que vérihble ment retranscrit le réel. J'essaye que cette interprétatioD ne soit pâs trop caricârurâle,

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-Esr.^rrotr sâl srrlnorg!l '.sârLrsâu sâl]âd sâùr srEsrEl â{ ânb 1ùepuâd lrou 13 ssll]uûol âP sPr sâP \âu,"j8 sâP 'âqr?d âP s3ltrDr!

sip rrEprrâ^ rnb âu8€d(€r âp ursE8lrû 1r1âd ûn re19!) xr1âr^ srû âP urs!8Èo ât su"p sltssoq :l luârsàtop! s'er9.r pù"nÔ !l ied Itr r"d âqrord rl rùb seropr)us.p s€rrui sr. -rù. s.p re,l 'âtduràxâ rEJ sruE^r^ 'strotol

sânltotÈrp sèp 3qrrâqrâr 3l ànb p5 rnod rsà,tr 'saùSolErp sàl rrd:uoI sqjl:sspd à9urss3p âPûeq et àP rrsrl]ld âl ânb 9^no! srnolnor rElI

''uàrq ruàuâqràdns rssnE ânsotPrP uorls uruEl J t sgurlrur sâ8Puûosrâd s3p ! srej srÈruàs àru âl !âlorrâg rÊd 1trâ auuas f.l Dl p p.trpnor lrâ^ttorâp,e.l pûEnô û'E^ 'urq ruâtlârxâ ûr1 rlur^rp Lrrû rnod s".l rsr.u tmrr: ,n^ lJ qn{ râÊ gltrÈê! r mb 'omoD

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âurlrpElui âl 3nb srrdruor sEd ruo.u sur"dotr surEur3 9tnss3pâr ruâulâreDuâ rE,l ât dnor nP Iânb i.r ru.rdâtrtrE.t lprqou r3 Frrâ^9ql ânb rnod qnlonâ dorl pl?p rrÈ^€ âllrs uonr sr€W 'sarufi?n 'saaurTpA gsodordâi r" jnâl âl rorntnl zàq) û.rq às slretùor rgrnld tû "ssÈd sâl ruruo. rrEl rro^È slrdv 'rPorEJ à tplloltP? tu44 at tns sauanno s2 a-uot as sauod sal'sltodolrqni za? u11q|r lzlLuard uol sadv 'ros .p rnornE âr^ sl rârnor9.P rr r.r9u93?r âs âp IErr^ rs. Ir,nb ârrEd 1ærq sorc un ârreJ srE^ âl 'truo(r '.rûsrln?,1 ! âssnod e5 rnb rsr.r 'uorss.Jord ânâtr âp sâû qoid srp un.nb r"r^ rsr.. srEW 's,rr9l.nb Suol rssnÈ rrtord un sùÈp .rr)uElrl âu âp rtq"dEtrur srEr.s àt ânb srp àul àt .luJà nor sâIr 'rnq.prnofnv-sr.tord s.ur âp

!

rorsr^ run rusPrsS u3 '.rr^ s?Jr ruEssoq

Un ver dans le fruit a sasciti des comparaisons élogieuses àe k critiq e qLi n'hésittiit pas à citet Le loùtnal d'ur curé de campagne de Bernanos. Les romans de Bernânos de Mauriac d'ailleurs, sont unc littératurc

que j'âilne be.ucoup: c'est une pcirlturc dc cârâctères. c'est une vision assez sombre de lâ câmpâgne. Et jc reconnais volontjers qu'âvânt dc Iâirc U, ,e/ dans le fruit, )'a'tais vu au moiùs trois fois I'adâptâtior cinéma

togrâphi{tuc du/orl"rl d'un aré de can prgTe pâr Robcrt Bressonj pour moi, c'esr uù chcf-dtuvre, il y a là une âscèse dans la construction du récit. 'érirâble Mâis je ne mc situe pâs du tout à un Él niveâu ! I'âi

davantage I'impression d'âvoir Iâit un petit

polar, plus proche de ce qLre Châbrol peut {a;e - mêrne si je trouve Chabrol très inégal, et que ses réussites semblent plus relever du dorraine de l'accident que dc la préméditârion ! - le ùouue qtu\In \et dâns lc fruit est bien plus qu'un simple |etit p(ldr: tes per sanndges sont àécrits duec subtilité, tu t'éloignes de cettdines c!:Ûicatwes monoltthiques de tes lé.its pté.édeftts... Très hoùnêtcment, je pense que j'es sâyâis déjà.l'échapper.u monolithisme dâns l'album res Pleds .leda s: j'essâyâis dc parler du Quart monde sans tomhr dans lc misérabilisme. Mâis je n'étâis pas

de 46

ellipst C'étai

probli dien.

TI

rbicus

(

'àTdurrxâ.t âp grSlEur

!r.l

âs

nu.^ Pj P sxd sIoI iù â[ Inl àr$sn9r â]rrtr âLrb smLu I'ssn9r

!srr,., suEp ÛotLLIIs àP i?ttt rnâÀ lr,nb rs..r -uosiâd êl ri^È 1uPss.r91ttl ]s. rnb âl s:rPn1 -r1râr âP s9Pr"q suà8 srl ârs4rf âl ânb à.r"d àrnll]P it rP rrqr?.lurà,ul sÙd xnâd r àl th4 at su11p m un suÈP grnr nP rstuuosnd âl rtr ulor lun spûàId ù..i PIrEnb 13 râurssiP (sJlrlsod srSeÙuosrsd sil sàt ip â1gqul]lul $ sEd âtrùtl.u :f ,sà^û ruiu.^norû rl ârIPJ rf ânb rqrntd r3ruouâr âP r.iPss3 r] sPuol sE.l rl rrrEILruLrrs PlJl rLPrr!l rc.nr nrrFr"uL un.P rLrrPd \rp

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Éh'dcd(

Ë,ilis',i-

i;i^

je crois à celle du contre exemple. Plutôt que ae s'iaentifier à lâ victime, il est plus intéressant de se menre dans la peau du bourreâu pour sâvoir si on se sent capable d'aller aussi loir que lui.

Au depatt, ce rcman sembldit Pouftant a x a tipodes des ntuers de la France profandP quc ht avar ptis Bout a dc ne.

- Justement, je voulais prendre le contrepied de rour ça. Je me drvi,: Moi qui donne d'habitude dans la chronique, le petit rituel, pourquoi est ce que je ne me lancerais pas dans le grand spectacle, dans l'épique ?" Et puis, en fin de compte, le naturel est revenu au galop encore plus vite que je ne le pensais puisque, dès 1â troisième page, je ramenais toute l'action dans un café ou un appa{tement, et j'éva cuais tout ce qui pouvait étre spectâculâire. - Êst-.e que le style littérabe du livre

,' dttiîait égaletheflt a - Oui, dans la mesure où Alexis Tolstoï pratique une écr;ture très râpide. J'âi tou jours âdoré ce qu'on peut désigner pâr 'l'écriture blanche" d'un Simenon où le style semble se faire oublier au profit du récit. Et cela rejoint mon travail sur les dialogues: ie pense qu'on peut comprendre mon adaptation d'Iùiars presque sans lire les dialogues. Er quand il y en a un, il faut vraiment qu'il apporte un plus, une couleur. D'ailleurs, je n'ai jamais âutânt bossé sur

dialopes que sur Iàr'.rrs. - Auant de travaillet dess s, q e t'i'1stirait l'époqae de la Réuolation ruxe de 1917 où se dûoub I'actioz zJ'Ibicus ? des

C'est une époque passionnante, pnrce que c'est celle d'une grande révolution artis rique, avec tout ce qui a découlé de l'im pressiondsme: les Fauves, les expression nistes, les consùuctivistes. Toute lâ trâdi tion s'est effondrée comme un château de

cânes âprès lâ Première Guere mondiale, il y a eu la déstructuration de la mélodie en musique, il y a eu l'arrivée de l'ârt âbstra;t... Trait€r cette époque en pleine ef{ervescence m'a poussé à me replonger dans ce qui me motivait le plus en Histoire de I'Art, à la fin de mes études.

Ton trauail sembb constuuit .omme un manifeste .onûe le ïéalisme en bande dess; née. C'est délibétu ? - Oui, c'est d'ailleurs ce que ie reproche à mon dcssin dans Un uer dans le fruit, il allait vers un réalisme un peu trop classique. Or, si tu structures soigneusement tes per sonnages, tu le {âis généralement au détriment du mouvement. Quand i'àir rcptls lbi.us, ie ne suis aperçu que je devâis trâduire grâphiquement un déséquilibre, que le personnage devait être {ragile. Donc, il fallait que je l'étire, et que toutes mes câses soient en déséquilibre, parce quc la Révolution russe, c'étâir ça. J'âi donc râdicalisé ma façon de râconter. En fâit, dès que tu remets ton travâil en question, c'est comme toucher à un château de cartes: tu eo enlèves une, et tout se ramasse. En

des silhouenes,

travaillanr sur l'étirement

il y

-Iet

-

Oui

enfind

quin po sons.

D

donnait

il y

âvai

dans Ur

généré |

-Un

Ilv

posé de

crâphiq

a toures des références

expressionnistes que j'avais enfouies depuis vingt âns qui sont remontées à lâ sur{âce: cela va de Pascin à Otto Dix en passant par Grosz et Kokoschka. Et je ne suis rendu compte que l'équilibre graphique ne se fai sait pas par la case, mais par la planche toute entière. Lâ plânche cst une pensée globale, et pour que la case fonctionne, elle

dessitrâ

doir avoir impérârivement des vertus nârrâ tives, elle ne doit pâs arrêter le regard du lecteur comme un tableau. Il ne faut pas hésiter à simpli{ier, à couper des visâges à l'avant-plan, oser la profondeur de champ, etc. Je fais du montage cornrne au cjnéma: si j'estime une scène trop longue, je coupe dans ma planche et je n'hésite pas à la refâire. Le fait d'avoir instauré des chapitres dans lâtcas m'a aussi aider à pratiquer des

Mais j,,

ellipses franches.

dérâng€

scénâIi( dedans des

pé

pâle tn Simeon que d'é

r",( snb.rorsrq.l 1sâ.:) sroII.P ne r'lrossâr rnod suEpâp np rj"d ùIss.p ûoIlI rnb luâLûq -uâs ât r?.1 : €a rurlurÈrÀ rsâ!:) < àtrElrns Èl

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ùrrouâr rnb puoJ àl rsr.r 'âûuoI rr'I) : oSnH rorrr^ âp âsûqd .rrr:) âroPP.i âtlrueld ?i âP r€d .rqrmb?9r 3s â â 'ruârugrrq 'tquâsuâ
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ap &a1n2!4r àn?p an'tllr? uol ahb s|Pltpl 'au adun.p 111:,,, ! alual?ddp,s sar?lunl sal ]a saq4o sal l s lnnoll uat : &fssatttltl â3m01u un s$sn/ I'luaua bru?a2l -

-sEd rr"l 1nâ^ uo rS sEd âssrrtlùr.ul3u Ea low sâ âtr suorsùâtûIp srnrt su"P srotr9p sâl râurss.pâr âp r. âreid rns râllE.p r'?râs âtr 'ânbuolsq uoEnrDsuo.âr lâr]qlrr" rùru

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'ârorsrH.l rp à^Drêlqns ruâur9r?q{?P âlnrtrel âun rsâ,1 àloùlrq â[â1 âp sânoj xnÈ sûoler âp sFgrd rrquou âl no rûêulrgq lâr ! sâ8eD.p !"xâ ârqurou rt rÛrûtrroJ srd E ,{.û lr râ sâuroù9luos srlEroj srû :xnâtl sêP

}r)"it^ et ! âtrrrErqrut.t DrStfîrd ârQlgrd Eu?ùrr np uos ât ru ruâtur^nou âl sed e.ù ûo ier 1rrr1 âl rà.roJ âP tSrrqo lsâ uo

'ànbodt âûn.p ârQqdsouDElt rp nrd ùn râs

luoûrr

âp sorgq sâP râÀ3 sânblr

otsq sâSeuuosrrd sâp ruâl?tu Inb sâ9utss3P sâprreq srP rrrr sed âttIIP,u ât : lâLruosrâd xtoqtr rm rsà.tr râllnsu3 rnbrqde.I5 -oroqd uoqeluâunroP rp dnotrnEâq .p gsod -srp s"d rr.û âl ânb rrq àt Proq".p E I II 'atupsad p aPr?1111 anb'l -otstq uo11,||lsuûat pl supP )aqao1 stplupt sups s'tu atnns ot aP .tn2Ltotu Dnbon?,P $a2'uo1:toldppp uot ap sa!.!?u sap an ; \uuu, .)n suo, rtu r8u,\ JP \nrd àrrurl ruElE rlr^É âirânB âun,p uollsànb 1uâtûâr r11 rprr l, nb!nd /',4 rt .uDP n uq \uPP àLuruor Jrnoq rr)d un r àllrtuoa JrunJ4 r, urot 1rer9 uo : nuuorurll rP lrrl]lcll rIeÊ tr Ir '.ùLlûâ iânbqd€rg ?uàqr .pù"r8 âun rIEuÛoP âu âitnâû ârnru.g rros (àmsùâ :ârqruo.P .pJ r.prrl àru àu lr.,b.rp.'p tu à( nuLo'u' Iprr urùor rt rnb ruPrl\P' 'Pr.qP.c .uo\ -r"i sâsr?^l1€ur sâP lâ ssuuoq srP inod ulnb -noq rtr ! rânb€le.trl nlno^ rsll ,nb âldurotr spù.r ùu àf Inrâi âl trâ,ry 'gudorddÉgr rùâru -à?tdulo. srns 3t âul ât !âldtuor rP ûg ùà râ srâ run rnnE un sù?p râsstÉ ârû srEsurd âl : sâxoportd sâp âullÈqtr rl lsâ.r lInO anotarpa auuosnd snld q znnæ uot tloJ st, ua n! a'1b p t au 4x? t1D1r.l sÆtuunJ st)P utnbnoq n,P 4 anb $a." 't4lnsat 27 9lodtua sa.l

tânt mieux, si çâ ne marche pâs, tant pis I Chez Verts d'Oùest, ie travaille avec nn photosraveur qui â compris que ie veux des choses franchcs, ie veux des noirs profonds, jc ne veux pas des contrâs1es tièdes. Le pho tograveur précédent était très contenr de lûi parce qriil était parvenu à rendre mes planches bien propres à I'impression, à évâcuer toutes les bavures du premier tome d'I6iczs.l'ai été le voir et ie lui âi dit: .Te sùis désolé, monsieu4 mais moi je veux que ça sorte; les défauts, ça ne se cache pas, ça se met en exergue Quand on les cache, c'est un défaut, quand on les montre, ça

l,

devient une affirmation. Je ne suis sans doute pas propre dans mon travail, mais les typcs qui montrent du tempérament et de l'éncrgic dâns leur dessin m'intéressent bien plus que ccux
défini comne ûn 'maçon de Ia BD"

-

?

Oui, de la mème façon que Rauscheaberg

est un "maçon de la peinture". Est-ce que des artistes de cene trempe trâvâilleût à

I'instinct ou à I'intelligence ? Lâ question ne se pose pas, il n'y a pas de dissociation, les deux forment une même cellule et les ceuvres sortent comme çâ.

Tu te dis pl tôt "sale" ddns ton tîauail, q i ne t'empê.he pds d'arci une ceftaine .L1s.ùline: pû erenple, tu respectes les

.e

limites d" .ddre dans tes planches. à râconter qui dictc mon style. Mon but n'est pâs de fâ;re de la "belle" bande dess;' née, j'âi simplement envie de faire un bloc où l'on ne dissocic plus le texte de I'image. Je prends le risque que ce soir complète' ment râtéj mâis ce n'est pas grave: la créa tion est dâns le postulat de ratage, pas dans

- ru rcfuses les comprcnis ? - Oh, des compromis, j'en Iais tout

le

temps, mais je ne veùx pas faire de compromis à la séduction. Ce que ie veu, c'est concevoir mes bandes dessinécs commc un bloc, à prendre ou à laisser Ët si ça marche,

t-

-

Plus uû câdre est riside, plus on I'oublie.

Quând on coûmence à tout fâire éclârr, çâ peut être intéressant regarde Druillet -, sauf que, in fnre, le cadre est toujours là: il rcste toujours la limite de la page. Ilessentiel, c'est que je n'âmuse à f intérieur de cette pase. Moi, je ne gâgne pas mâ vie, je la dépense; je ne travaille pas, je prends du plaisirt je n'âi pâs de talenr, je n'ai que des envies, c'est mut. Èt quand je m'emmerde, j'emmerde les aunes parce que j'âi une fâculté à fâire pârtâger mon €nnui qui est âussi fone que ceile dc faire partâger mon plâisi !

Le regdld qre

ttu poses

sr

tes petson-

C'E

je suis

pour

s

rel

.knej

que je Jucer,

r ç

.nb snld rrs ùâ rnb rnâ!ât np uorlrso.l ùl spd.uoddns âu rf rLll âiâùrâp $nohn)r srns àl râSEuuosrid ûor idb torpù. r:rnr! un p ê!e!P uoP ,t .:riP e rsâ,r '91rnbrqn,P uoP àl

gsnrâr rssni snrs rur.l ruâurÈdd" nrT uoâurs âP Jrù .P In.rr.rurJ â.su.d rP àllnq "l runrù! .snonre(ur âu âl : àldurs }sà râruotrrr 3p ùoi"l st{ pl u3 suorsàr'rouj rnod s"d 'nri rnod srrsnl Suosrpr sâs rûâtttrrfs rr?^€ lr

r8e ûr],nbl:nlr rr rs â!ne!P râ " âp sûorlErqlsnl srl âtsèt9p âf :lrlrurjgp

'rlros lrl rP

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run.nblânb r.^r1 rLIr-BJ ?rqr rin rû:,\Llos N i I êu êl PurnÔ rnor $i.r!rxl..)!.Iùo àsdJâr

.l anb ruâuâ{drurs ârlruSrs qâtr riàuuÈpuo.) 'uo5.l âp rLrâuuop trg. uù ù ù5:r.gùt ànb srputl(tnàs nn)r rcLu rnod .sod.l ànb àtrP url 1sâ.. llrruepuor ânb 3rrp.T < sduràr

:l tnor ruûiEpûor âl lsrùrrrt .Bnl àu àf' :ruârnos srl r[ iSEuuosràd iâr no Iâr rnod sirdgu unrn! rÈ.û .l 'àùbruIr spd srns .û êl srPû '.àùbrprs sroJâùblànb ]u:rûârlls srns:l .rr. xnàd âl : 15 ruârrlàtrrxâ :tsâ...r

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de Gui

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Pep

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vois pa parer I mâis

p

-Lz

Or le pcrsornage- Je ne supporte pâs ùon plus la position de lâ plupârt des âtrteurs

perçoit. Et mâ position s'esr certâinement

d'heroitJantasy qui

k position de certains grantls .ine.astes ameriai'E q"i disent que la atméra doit touiouls s ture les perconnage!

component cn déniurges. Il {aut au contrâire acc€pter son petit niveâu d'humâinj et raconrer ce qulon se

zffirmée

avec

lbicus.

Cek rcioiflt

fait un

On esr

,i,"" :J::i'." .;;,::1," :'.:t :""",;,

ât à ârruâssâ âtrûâi9J9l !orâq.ew ap "oulepq) êuuor rê1r13r È^ '.mq,Prno(n€ â9urssâP rPû"q et rP n"âuIàPrrE-I rl .norrs sntd àt ruo rnb nrr rp un rsâ Inb 'nurw .ruruor âdh unlnb.no^ rp ruEu.rdns $â!. t. lno '''xna|lru r1o ?3)aH

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CHAPITRE

<'essEJJ ârusruuorlf,âtJâd un(p âruàru srns e[ (seJro]srq sâIu P sduer8uol sQrr srqrgl;âr a[ .ro înelaleq un srns a[ anb aur8erur.s âpuoru el tnol isues sâl snot suep lrnor rnb 'no; lnol tlueuuosro;: Jnâlne(l ap a8eurr,l âllof âru uo.nb ê.uetu re ua.[ 'ltp ela3 "'i sârJes seru Jns eJueê.P sor;euâf,s sroJl Jroê(p assro8ue,ru e5 la trnoI red sâJnâr{ azurnb ellre,Lerl af I sdual el lnol êJIJJâ a assnod eru rnb enbrlor.ngu assro8ue.p arqdsa eun te.f 'eurssâp au a[ enb alr,t snld dnocneaq srna,I sarualgord sêru âp un lsâ.J > :

f,-IgYSSIuYII{I

unf,INIOf g'I UV{S

PORTRAIT

Sfar

Joânn

Ddte de haissance: 28 aoit 1971 Lieu de naissante: Nice (Alpes maritimes)

Française

Situation de famille: Marié, une {ille

.

Taille: 1,81 m

87 kg

Noirs

Noirs

'

Sisne particulier: Pas si gIos que çâ (os très lourds)

Tics et manies: Bavarde sans cesse, dessine en classe

À trente ans à peine, Joann Sfar se retrouve à la tête d'une bibliographie déjà très impressionnante, qui déjoue toutes les classifications hâtives. Curieux de tout, lecteur infatigable, le dessinateur niçois peut puisèr ses sources

d'inspi

râtion à lâ fois dans la tradition juive,

amis Christophe Blain et Emmanuel Guibert, pour qui il écrit des histoires à la fois simples et truffées de références culturelles les plus diverses (La Fille dw Profes{ sezr, Les Oliues \ noires..,l.

ftr € Narrateur proli(J fique et insaisis-

sable, Sfar est aussi l'auteur d'une biographie à episodes du des;E sinateur et

dans les récits fantastiques anglosâxôns ou dans la philop;i;;;;j,r., -'\-----.-sophie grecque. Au début de Pascin,dans sa carrière, Sfar peut réaliser en laquelle il livre une passionnante même temps une série grand réflexion sur l'éternelle question public chez Delcourt lTroll) et du rapport entre la vie et l'ârt. un récit quasi-expérimental à LAssociation lLe Petit Monde DAYEZ -T as un nom q t sonne presque dw Golem). Ces deux tentrop bien poû fairë de la bande dessinée... SFAR - Ah, rnais c'est mon vrai nom ! Er dances, qu'on pourrait croire je crois que ma famille n'âurâit pas accepré ântinomiques, Sfar réussira à que je prenne un pseudonyme. C'est un nom juif qui vient d'Afriqne du Nord et qui est les marier dans des projets hors une déclinaison du mot hébreu "sofer" qui normes comme Donjon, série signifie "scribe". Le sofer, c'est celui qui d'heror'c-fantasy décalée qu'il détient la fonction sacrée d'écrire les rouleaux imagine avec Lewis Trondheim. de la Torah. J'aime bien cete idée d'être un scribe: il y a à la fois une notion d'humilité Sans prétendre être chef de file et de connaissance du métier. J'âirne aussi l'idée de sacraliser l'aae d'ecrift. Pâr exemple, de la nouvelle génération, Sfar je ûouve qu'écrire pour des annonces publi semble fonctionner comme un citaires relève de la prosriturion. J'ai renagitateur d'idées idéal pour ses dance à penser que la pne des bandes dessi

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puÈnb : È5 .nb âr?q sntd dnornFq s,ns rl To!,{ lâtns uos.p sI^ p sr âprEu.n8o9 n.d m âruersip .p âr?ds. àrr.r r.^r.sûo. srnolnor âlqurâs [.nb .rEd àlio]slrl âun rûâurrlq"r u9^.rnjrsuotr âp âqr?dur.,s tr srEI,{ ârnd

ùn àl sms rEd irusruntosqv 'âtdruâxâ lunulonu@ a4? tko4 lrat uq ! ton ) op slop n1 :atBap h1ffitd no aruu)a aun t'auatqlsn sâugtl 4L 'ârrrotrEr ûo,nb ârrolsrq.l srrEp t?r.uûr ru UârQDûâ rJr? 1nq |.nb lou rùod rrlrû3$ EFr'.!rrssàP âPueq û3 âtêpoû ûos rùp^rp rnouàB ! :r? rne, lr.nb lr"srp - rnt rroru. sâl8ul juârr t âtquâssrr rù : sà.qrrr"x. "5 sâPn1ulr $p 1â xnê^rrlr srl sùÈP rûr^ nP snol lrro sâ8puÛos$d srl lto r..ûErrno.l sûBp 1â âs€qduâ.t su"p ruuop mb àltnpe-opnâsd qg EI rf rtrùEpu.r âun .tnor E I Ir (ârûotr rsd uoure,l u.s rà srsn{ rs: .r$3.nbPql (tsllÈo!9qr slEru rsâ àrs:8.nbeqtr :3qr{[r àt suEp rltrEÊ! Ir 'rnl '.sqotr'rf p rupnô iuoD"rurp".p IJl9d srns uâ.llca : sâldrurs sQI

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sagpr sâp ruâttlânbqdxl8 âinperl ! âJlârxâ 93r.H 'â9urssâp âpurq u! 1ûâurgruroù9 ârrgrddE,l ânb urssâp âl surp phnod aup,p âtrQdsâ âun E ,( Ir 'àIsonur^ raq)rJllrr.r "l sr?lu'nEâq s"d lnej êu II ùsntrros lr.nb Ios I.ùb std 1sà.û l.uùâssr.l 'r8Èuuosrâd un âûrssàp ûo.nbsiol rnb ruâÊs rnb s.rsDl? sâp riorûnec sâp ,rpu"rqlu.U s.p '.tràilnp.r sâp rùos rtr 's'ro^Bj srn$Èurss.p sâI { âssàrsnl âP sùorrs.nb sâP asod às uo ûrssàp u3 ruErnE 'srnbû9qrsà ru.russn.rnoBu sâuralqord srp .sod ès ûo 'âruurâd uâ rû€1nv !âford ûos ânbrdxâ I :luod ûn râll"qrâ,p 1ûeê orsl]ql rrpl enb âr $r.r :..ùrrss)p,, rrE^ ur9.s ulssâp 'âu'8uo.t y . re.1 ap 9r1qo:d EI rsâ ûrssâp â.1, :rp saiBul .rrnrurg.l " âp !l9p rsê.tr 'û,ssrp rt 'àgrrrssâp âpuEq El âP !l3P n'?.ruâw i rrmuâpr^9 srEI,{ â arn1.D, arn e Ag pt p.toqD.p sa4auapt 4 : aqlt)s aP tuo4ou atla. f s ouana>l 'sL1ssàp-Bl rlqerrprtll z.ssE srns 3l lùâuànbÉolorpl i sâtqEuûoprrdtul e,\L1or1 srl rl snld 'suoq ruos s| snld : srn €ûrssrp srurlFxr.p s:9llnl1 1ùos rnb srrrerDrqnd sr:ruà8",p uËld E I I srnor sm.p'iO rtqou rùrrurerÀ s€d rnq un.p ârr^râs nB sure^rr9.p srûqlr sâp .rrsrlrn ! âtsrsùor qnd Èl .nb r.J€d '9rr.qqnd âln.tlrâLtl et ânb xn.rur 1n?^ sr?u

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I cer: on peut rire, mâis sans sortjr du récit. - Est ce que tu 'as pds .juekuefois désd morcé toi mâme tes ft.its en dio t.tnt àes notes en bas de page qui étaient autant de digressions gratuites, cctmme dans Lc Borsne sâuchet et Le Petit Monde du Golem, par exemple ? - Oui. et c'étâit une erreùr Ce sônt des détails qui m'énervent quand je relis ces âlbums.Ic vois tout à Iâir ce qui motivâit ces notes: c'est

corrme l'auteur qui ressent la nécessité d'écrirc une préfâce à

son propre bouquin. On n)est pâs tout à fâit stu de

soi, on â cnvie de s'âttircr la connivence du lecteur et on le fait à grands

âctcur qui en fait trop. Louis Jouver disâit quc le secret pour dirc un bon texte, c'est d, .rrorr re.pirer: dc, qu o- ,e mer : d..lamer, on est mâuvâis. Flt donc, tuus ces clins d'ræil en bas de page, ça n'â vrâimenr rien à Ioutre dans une bande dessinée ! Auiour d'hui, je pense avoir gomné ces péchés de jeuùesse: nême dâns une série âussi fântâisiste que Dorlo,, je veux rou jours que le lectcur croie en mes personnâg€s. - Qualtd tu situes tolt a.tlo dans une périrde rcculée de I'Llistone, te sau.ies-tu de don ner une coale* 'd époque"

Non, mes diâlogues n'utilisent

..'

C'étâieDt mes premiers bouquins publiés, j'âvâis le trac, er j'étâis comme le jeune

jamais ie lexique de l'époque, poL:r lâ simple râison qu'on isnore la plupart du temps comment les gens parlâient à l'époque eû question. Si on enploie le véri-

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- Tu n'as iandis été tenté par I'autobio' std1hie e,r bdnde dessinée a Non, i'ai troP de Pudeu comtrcr que mâ vi( n'est pas â$ez rnteres sânte pour m'insprrer une bande de*tnet Pâr contre, i'âime les récits épiques' mâis te crois qu il fàut les nourrir de quotid,ennerê PouJ qu'its sorent credibles. Et I âi te senti ment que les fioritures médiévales ou "à I'antique" qu'ont pLr cultiver toutes les séries de la collection "Vécu" chez Clenar, ça a tu€ le rêcit historique Je Pense .t I qu'un récir histonque /, if concevoir à lâ mânière

d'un Charlier qui Par

venait à donner envie

;::i;';;;;'Ë;;" il situâiî dans lâquelle

I'rction de

ses séries:

\i

il

mêlâit contre vérités et réâ

lité, mâis il s'attâchai1 tou jours à être PassionMnt!

T

as

reçu

ne

double fotmation: Pen

daû a ndîtrise

en Philo des .ours fliut ta as sol)hie, de Peintare. Qu'est ce qui

tait, c est Pour t.rirr Plai père que j'ai fâit des mofl à sir Puisqu il fallait "serieuses études trire des etudec,I'âi vôlonûers (hosi lâ philusoph,e parce que t en liqjs dtià pour mon plâier Je suivris âtrssr des cour\ du sorr de nernrurt a l hujte. dans une ecole pou( ui",lles dam* r l"e, 1" Ies frequent:is r ràrson Je troh ou quJtre sernLes par sÉmrine'

-

F-n

AD,es- re me suis rnscrrt aux Beaux Arrs a laris et i'ai termrne me" Ëtudes Je philo â

N,.e maioritairemrnt pàr corresçondance. je n'y descendais plus que lorsquc j'avâis des examens à Passer'

-

Qu'atuts-tu .hoisi co',1'ne saiet Pour

!il

"ilti

- l'ai fait un m.morre intitulé le

Conbtexe du Golem qoi explorail les rap oorts ou enuetiennent les peinirts iur{s à\ec ' la reoresenration de la iisure hurnaine tl faur savoir qu avanr le debut du XX'

secle, te. luik ne pLatiquâient iâmâjc lâ oeinture figurative aurrem€nt que drns un bur pedagogique. Je ne sul de" lon ,iemande si dans l ceuvre des Peintre' iuits modernes on ne pouvait pas déceler un (ace au étonnemenr commun theme de lâ hsure humâine l'ài don. regarde cornment Chrgall' Soutine, Kokoschka et Pa.scin abordaient ce Problème. Avec ces quarre-la, on ditPose de rout un évcntrrl d attirudes I le rejer de la tradition iuive, le conflit PerPétuel entIe modernité et tradition' ou encore, comme chez Pâscin. I'utilisation de iâ peitture comme

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l'ai rer

moyen de séduc-

don. Bref, dans ce mémoir€, il y âvâit des thèmes que je n'ai Pas arrêté d'erplorer

dePuis.

Mdlsft tout, ta érites de fa;re uà ba*]e dessinée de tûe ".eribtal '. .en. idet que les rnrellet a t,i"iou^ Or ruels sont dts sens avec qur on s'tnnuie Au .o.*",,., 1. p.n.. ,1u. ptus on est intello. plus on peut s'amuser dans la vre parc' ou'on s:it que les meitleurs moments sont i^ -oments d< iour*ance enfantin' Par

-

exemple, ma form:rnon doit énormement a pieûe Dubois On le connâ t comme L€ cce ûâriste de tdii'd (âvec René Haûsmân au dessin) et de Plt'"s Bdfbvgèle, mâis c'est aussi un auteur d'encyclopédies sur les lutins, un conteur, un acteù de télévision ' Ft c'est vrâiment mon deuxième pâpa I Je

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s'cst arnusés à faire cet albun, nais au

final, l'histoire est inconpréhensible, elle ressemble à certains phénonèncs que je n'aimc pas en bande dessinée, dcs auteurs qui se font plâisir en oubliant lc lecterr, un re. ,, q. i pâ,r dri . rou' le. 'en'. de' per'o nages pas très attachânts... F-n fait, Dâvid e* un de rnes meilleurs amis. et nous vou

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En

tésu

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du.tion Pléthotiq"e ? - Chez Delcou.t, je poursuis les aventures de I'etit Vampirc et Granà Vanpbe, q|; cst la sLlite û Petit Monde da Colem , ce sont des pcrsonnâses que j'ai créés âdolescent ct pour lesquels i'âi écrir des centaines de pases non publ;écs que je vâis rerravaillcr Ie continue aussi mes histoires de mousquetâûes: Le Borgne Caathet, paru à IlAssociâtion, prend un nouvel envol sous le non de Minas.ule Mousquetdite chez Dargâud. J'ai aussi envie de parler de judaisnle dâns une nouvelle série iftitulée I,e Chdt du rubbin, qui sera un récir un peu initiatiquc. Avec Christophc Blâin, j'enrâme Soûate le demi rDlez, une série oùr il serâ question d€ philo sophie s,recque. Sans oublicr Les Olives noires avec Emnanuel Guihcrt. Ces cinq projets seronr mes priorités dans les mois à veDir Tu ne powsuis Pas Uftni que tu ds .réé

qu'il faut avoir l'honnêteté de reconnâitre que Lhari était ut1e erreur. On Je crois

lions tous deux prolonger cette amitié dâns un proiet commun. Mâlheureusemert, la nâyonnâise D'â pâs pris. Néânmoi's, jc pense que c'était unc cxpérience utile, elle a permis à Dav dc sc frotter au dessin cn couleurs, er de voir cc <1u'il avait envie dc faire dans ce fornat. - Et qael aleni ftserues-t à ta serie Professeur Bell ? - C'est une série qui ne tient à cceur, quc j'adorc écrire, mais qui m'cnnuie à dessiner Car elle relève de toute une imagerie qui existe déjà .t, âu bout d'un moment, celâ me fatigue de faire du "sous Gusrave Doré: ! Pour le dire âutrement, j'ài été tellement fâsciné par cette imâgerie dir neuviémiste que je I'aborde avec un respect quasi religieux Conlme si i'cntrâis dâns un musée sans oser

toucher à rien. Du coup, mon dessin stu Professeur tselL êtait amidonné, ânxieux, comme si je passais un examen devant mes maîtres. Il fallait que je me décoince, et rnes angoisscs de dessin commençaient même à déteiDdre sur les histoires. Par miracle, j'ai rencùûé uû dessinareur qui lait ça bien mieux.tue moi: Llervé Tanquerelle. Tout d'abor.l, ce gârçon met dans son dessin une distaDce tcintée d'humour fâce aux clichés victoriens que j'étâis incapable de placer moi même (parce que ça m'impressionne trop). Ensuitc, ii a un scns du décor jusre qui me fait déIaur. Il esr capable dc retranscrire avec précision et sans lourdeur l'csprit d'une époque. Quand je reçois ses pascs, je m'y crois vrâiment. çlâ me surexcite <1c travailler avec des gens conrme F-mmanucl Guiberg

Cltistophe Blain ou Hervé Tanquerellc. Je suis rcll. mcnt '.r.ci e p:r leun de* n' qur je me

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sens pousser des âiles pour lerir construire des histoires diaboliques ! Bon, enfin, pour cn revenir à Bell' grâcc à Tanquerellc, le rythme de la série va dcvcnir beêucoup plus régrrlier, car j'ai trois his-

j'ai une {ascination pour

toires déjà écrn€s quc jc re trouvais

dcssin,

pas le temps de dcssiner. C'esr

auteurs qui dessinent "jâ22", avcc une espèce d'élégance d:rns l'inprovisation: celâ vâ de Hugo Pratt à l'illustrateur anglais Blake en pJssrLrr pàr

d'ailleurs un autre de mes pto b1èmes: j'écris beaucoup plus vite que je ne dessine. J'ai une espèce d'angoisse névrotiquc qui me pousse à écrire tout le temps ! Je travaille quinze heures par jour, ct 9 m'angoisse d'avoir trois albums d'avance sur mes séries !... ED réâ

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lité, i'€n âi mârre qu'on me collc f image de l'auteur foisonnant, tout fou, qui court dans tous lcs sens ! J'âi plurôt cnvie qu'on identifie rroD trâvâil à

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ùne rigueû d'écri.ure I tort lc nonde s'inrasine quc je suis un bâtelelrr, or jc réfléchis très longtemps à rnes hisroires, je suis même d'un perfectionnisme crasse dans l'écriture. En même remps, dars le

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Blutch. le m. rennclle avorr lu une interview de I'râtt où

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depurs qu( ie suis sâmin, je rêve de raire mes planches sans crayonné. J'y parviens dcpuis peLi: les nouvelles histoires dc Grand vd, p e sor.t dessinées sans crayonné.

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raconte bien. Pâr quoi doit on commencer un dessin ? On commence par l'élérn€nt qu'on a le plus envie de faire comprendre. Et si c'êsÎ une position des mains, je vâis comnencer mon dessin pâr çâ. Bien sûr, {tuand j'entame une case, je place d'abord ma bulle avec le texte dedâns, ensuite je me plonge complètement dans mon dessin. Et je vais me poscr des tâs de questions: où est le sens de gravité de mon personnase ? Comment se tient-il I Où se trouve ma source de lumière ? Et les peti$ trâits que je mers partout dâns mon dessin, c'est peutêtre une faiblesse, rnais j'adore ça parce que j'ai un goût pour les gravures... Dâns toues les questions que je me pose, la question du

"beâu dessin" n'inrervient iamais. On a le sentiment q'e tes pelsolltuges et æs decors naissent presquë en même tenps. Oui, mes imases viennent comme des photos qui se révèlenr. Et ie tiens compÎe de

la composition de ma double page comme

d'un objet graphique cohérent. Donc, même si je ne fais pas ou peu de crâyonnés, je découpe ma double page en deux fois six câses en pensânt horizontales, verticales,

lignes brisées, contrast€s, etc. Dans les Olt ?s ro,iés, Emmânuel a réussi, à travers le gaulrier de sir cases, à alterner dessin calme et dessin nerveux avec un vrai bonheun

-

Ah câ, i'âi toujours voulu le faire, mais

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les éditeurs n'en voulaient pas au début. Quand j'ânivais âvec ce genre de découpage, ils me disâieft que mes pâges ne fâisâient pas le poids ! Tout comme ils préconisâient qu'il fallait faire de la couleur directe,

comme c'était t.ès à la mode. En fait, ie

n'arrivâis pâs à avoir un dessin satisfaisant pour le grand public, je n'avais pas le sens du décoa ni le sens des aplombs, donc i'étâis oblisé de fâire un peu d'esbroufe. Et malgré le succès de Pratt qui le pratique, le

lité: toui

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fimportânt, c'est que mon dessin soit compréhensible. Je suis comme Popeye le marin: je suis ce que ,e suis. Un dessin, c'est de l'intellisence pure, et quand tu regardes un dessin, tu comprends ce qui se passe dans la tète du type qui dessine. Quand tu regardes Crumb, par exemple, tu te rends compte que c'est quelqu'un qui essaie de com prendre le monde contemporain à trâvers son dessin. Èt ce n'est jamâis pervers pârce qu'il sublime ses pervcrsions en récits abso lunent {ormidables.

r

- Tû poses ld question de la lgarité : dans P^scin, par er.eftPle, il y a des passages ouuetrenent sexuels - où tu A)oques le Per sonnage face à ses démons -, mais .e ne

rien de courir âprès la photographie car elle sera toujours plus photographique qu'un dessin. Ce qui est intéressânt, c'est d'offtir au lecteur un dessin qui lui laisse imaginer I'objer représenté. Le vrâi réâlisme, c'est Picasso quand

il déstructure un taurcâu

!

Tu n'as dit ffi joat: "Dans mon dessin, iI y a la possibilité d'imaginet pdî.e q e ie Bien sûr ! Il y a
L

sont idmak des séq en.es " ébloustilhntes ' . Je me pose rârement le problème de la vulearité. Ce que je trouve dégueulasse, c'e$ de raconter une histoire pour que le lecteur se masturbe. J'ai eu récemment une discussion av€c ù éditeur qui m'a dit: y per"Dans votre livre, il a beaucoup de soùnâges nus, et ponnânt, ce n'est pas un livre pornographique: ça ne va pas ! Si vous voulez faire des livres pornos, allez n mais si vous {aites un récit d'aventures, vous ne pouvez pas y inclure des scèlcs de sexe parce quc vous âllez vous couper d'une par de du lectorâÎ.' or, moi, ça m'intéresse de raconter la vic dc nes p€rsonnages, y compris leur vie sexuclle si nécessâire. Mais je ne vais par pour autant décrire l'acte sexuel parce que, comme disait Kanr, si I'art excclle à retranscrire le beau, il ne peut pas parler du subline. Par contre, évoquer I'avant er I'après,,trâiter des problèm€s de

;

virilité, celâ peût êÎre intéressânt, car en bande dessinée, on en reste trop souvent à des représentâtions mâsculines vâlorisântes. Donc. râconter les heurs et malheurs sexuels de rnes personnâses, je ne considère pâs que c'cst une question de vulgarité, mais bien d'honnêteté intellectuelle.

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lenrnie: leri. qu, en reali.e le decouprge. ., pôur rinir. ôn rerrl!d,llc le rour (nsen'ble. envie rle fane rnaner I'autre. Mais Lewis, put'lic très difficile, c'est dur de le .'e"t "" liire rre:Quand ru y drrrte'.ld ruurnêe n e.r pà' perdue: I I moi, màinrenJnr. ie me comporte de la même man;ère avec lui: ie suis devenu aussi très exigeaût ! Du coûp, oû a été un peu mortifiés quand, à la sortie de Donion fdraàe,lfalbnm â été quâlifié d'aimable divcnissement ! Putain, c'est si difficile de réussir une bande dessinée s1'npa qui fa,r rire: Un rype Lommc Fr.rnquin. ie nc iui tirerâi iâmais âssez moû chapeau !

ù1ns Donion, tu penses à'abotd à faite Pldisiî à Leuis ou 4u le.teat

?

Fred,l'auteur de ?izillzoz' m'a dit un iour un truc très important: "Le but de ta vic, ce n'est pas de surprendre le lecteur' c'est de te surprendre toi mème d'une case

le merlleunerui.e que ru pru"e' Pârce rendre au lecteur, c'est de l'oublier que si tu penses au lecteor, tu vâs finir pâr écrire pour lui. Et si tu écris pour le lecteur, tu agis dans la même logique que les producteurs hollywoodiens aujourd'hui: tu {ais un produit. Or, quand on y réfléchit' c'est a"ez t.rcrle de.urp'endrc le lecreur: en vingt mrnure., rl \a li'e un dlbum que ru â. mi\ six mois à réâliser' Si en six mois de réflexion tu n'ârrives pâs à être plus malin qu'un lecteù pendaft vingt minutcsi c'e$ que tu es vrâiment con ! Pâr contre, te surprcndre toimême, ça c'est un vrai défi ! Mais c'est

r lrutre. tr

!'

importânt car un livre doit être plein de surprises, comme dans la vie. Je pense qu'on erolue

drn. l.

monde rel

qu,

le conc.vaient

les tragédiens grecs: on est le jouet de

rorce\ àveugle' qui gôuveroenr no' vie'.. ru kc P,ft'e" Pa< au lect mêne tem1s, tû ne w x Pas le Prcndre Poar an moûton... Oui, pârce que j'écris Pour des mons. J'écris pour des rn€nbres disparus de ma famille auxquels j'ai envie de montrer que

I

j'ai fâit quelque chose

de bien. Comme je

ne peux plus communiq

grand-père, qui m'a toujours raconté des histoires de qualité, je me dis que le seul moyen dont je dispose auiourd'hui pour commûiquer avec luii c'est de pârler à mâ {euille. Ët ie veux qu'il soit fier de noi, je ne veux pas I'entendre dâns ma tête me dire: .Tu as écrit des histoires pour les enfants qui ne leur apportent rien !' Mon grand-père maternel, que ie représente dâns Petn Vdmpiîe, était l'homme le plus cultivé que j'âie jamâis rencontré. En Ukrâine (enfin, âvant c'éiâit lâ Pologne, maintcnânt c'est devenu l'Ukraine), il a suivi des études pour devcnir rabbin, il hésitait entre rabbin et rnédecin. Mâis âprès âvoir perdù toute sa famille dans les câmps nazis, il â définitivemcnt opté pour lâ médecine, car c'est plus utile, me disait-il Il parlâit huit langues, il connâissart rôutes les prieres. mai' il ne croyrir plus en ren. er tout le fài-

plu

dia est

qui

lui s4

val

âuj

pâ ph po

àr

sait mârrer ! C'est lui qui m'a appris à prendre de la distance sur les choses - Les références à Ia cubute i iue so,tt ttès nombteuses dans tes

albuns. Quel

rcsa foies tû srr k rcligiofl

?

Pour noi, le iudaisme reste lc vecteur de sagessc le plus performant que j'ai croisé. Àvec la philosophie grecque, le judâisme est ce qui m'a le plus nourri. Le point commun

cntre la philosophie juive et le plâtoûisme, c'est le recours à lâ dialectique' c'est I'idée que la sagesse ne vient pas du maître, mâis du contâct entre le mâître et l'élève. J'ai âppris de cette maûière âvec Pierre Dubois. Er, soit dit en passant, on se plâint toùiours des linites de la bande dessinée, mais s'il y a bien un donaine où elle excelle, c'est dans l'art du dialogue. La bande dessiûée y est d lJ linêr.rrure prrce qu elle mème 'uperieure montre l'expression de celLri qui parle. En

qu de

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âr ! sod ruàlqurJssàr àu slnbor s.:) slutlq -uàssâr rurros sli.nb Îessâ.1 '.sulss,P xnêq .r"J âP sEd srEssà,u rl rùâssEd Inb sùâ3

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'ârrnsua âpn"rm sâ! ârruEur iP s'eù '$nss.P sâl .t rsùxâ1sâl su.9.l sânbFnb âp 'û8edûortr? 'srnbor rP srrur€tr setrl suÈP sâr'o1sq sà. srrrt.l trrrdgp nV iTnlqrq.p ânb sruâ8rlêrul sntd àrotru3 slnâFrl srp rP.l ânb àdi.ùud np sred â( luoDEr.ossvJ rEd sgitqnd s.lùJrs"J rp r8e.s lr âruuor '..lnor 3l rnod 'q '.mo suoltt4"a'utt?dç.P ut'rr1l à sanbrydp.tS

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que ie fais en bânde dessinée, c'e$ qùelque chose de plus libéré. J'âirnerais beaucoup faire des albums dans ce style, mais je n'os€ pas encore, i'âurais peur qu'on ne dise que

ie bâcle. Or, ce ne serait pas ça du tout, ce

serait dans l'optique de vouloir être encore plus juste. F-n définitive, mes cârnets rem-

ou de {aire de la littérature dessinée comme Àlben Cohen pouvait faire des romans : c'est-à-dire des histoires qui vont fâire cinq cents, six cents ou sept cents pages car

iou'

dei

cela

lorsque je fréquente un personnage pendant .eulemenr cinquanre prge'. ie'rilne que i, ne le connâis pâs assez. Mon rêve, ce serait que ce livre de cinq cents pages sorte d'un .oup. Mais le problcme. evidemrnent, c'esr que 1 en ferais un tou' Les vin$ àns. eI qu'il ne resterait que deux mois sur les tables des librâires. Ma cârrière d'auteur ne durerait que deff mois âprès vingt ans de labeur souterrâin ! Au lieu de ça, jc rne plie à lâ discipline conmerciâle de l'album, et j'essaie de con$ruire mon histoire en châpir.es de quarânte six pâges qui saiisfont mon éditeur er qui ne bousculent pas le public. - C,e Ei est dttl sant ddns ton trawlil'

par

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il s' del

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.'est q'e tes personnages peuuent nauiSuet d'une série à l'dutre. Par exenple, le peintre So tine est à ld fois danr Pâscin et dars Le Petit Monde du Golcm. Powquoi.ette "petmédbiûté" enùe tes séries I

plissent le même rôle que des échâuffements pour les sponits. C'est un peu comme mon journal, sauf que je n'y râconte pâs ma vie, nâis i'y dessine ce que je vois. Èt le but du jeu est d'arriver un jour à dessiner âussi bien, avcc la même fulgurance, dans mes bandes dessinées que dans mes carnets.

d'un Proiet plutôt pointu .onme Pzscin ou plus grdnd public comme

- Qu'il s'dgisse t"

.hoisi le fornat de la sélie febilletonesq e poat t'exprimer,Ià où bed .o p d'auteLts ne iutent que pû le "one sbot" ou le "rcman 8D"... - Oui. mais mon but est de faire du feuil leton âu même titre qu'Alexandre Dunas, Donion.

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MJ

- Tous rrres personnages sont des petites voix qui ont envie de se fâire entendre à certâins moments. On a chacun des petites voix dans la tête qui nous poussent à fâire ceci ou cela. Je ne vordrais pâs pâsser pour un fada, mais il y a des personnages qui parfois me chuchotent dâns lâ tête: (Çâ fâit longtemps que tu ne m'âs pas dessiné, j'aimerais bien que tu me dessines à nou veau." Celâ dit, les appâririons des personnages obéissent toujours à une certaine cohérence. Par exemple, aucun des person nases de Dor4o,l ne peut sortir de la sâgâ: c'est un univers clos. Quant à fâire débârquer le personnage réel de Soutine dans

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Golem,ç m'nr.é' âjoutait à l'étrâ geré

l'univers imâgiûâire du ressâit pârce que celâ

-h t'empdîes sonent d'drchétlles nndncsque': Ip uanptrc, b mùu'quPtairc". Par Welle chinie Pdsses-tu pouî e,l faie des personnrlges oîiqind x ?

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ârr.d Erû r.ê 'âu8"d -srnEdoi) snu .âÊ ulo. lur rr^! sduâr.p dnorwrq àss"d rl 'uârq sr^ âI ruâru.tqaroluor rr^r^ ronb âp ârroddpr .ttl rnb uorssâIord âun nûâ^àp nd " 'âru"qr rEd 'rnb puolord ârq[nb9s9p un rrd gssnod â4e.p âruârrsuotr re.[ siâ run lâtr suep rl '!susprp-yt rrSnlgr àLù âl1g âInuânbsp rur

sâs suEp 9runtr9s uâ ââ" I^ ùos âp qinf sâl snor ârl] n âp âr,{ûâ 1,",{" l' 'rrânË el âp 1nq?p n".nb rresrp mb IIeBsqt .J?W rsr,) 'xna.p radnrro.u mod ql sJnotnor l"r.s it 'sa8eûùosiâd srw âp rtnân8 el .'ns s?rdx. srlorâss"r s.p .rrquor sr€l .t Is âlu9lr'{ 'trrrntr9s uâ rsà rPuoru âl rnor llo à. orsrll run rrrùotrer âp â9pr.l uârq .urrE.l D 'srrq.

sr!?.p uou el red gnbrEru 9r? rE.trnb ruâp r^9 rsà II rrnop surs'sârnssâtq s.p rld ; sn un uot 'a{$ uol tur ou tutruua hod u sap?od uatutuoJ a1 rhod atupututad aa sn nI

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"^ Ir sres àf râ '9ssreJJ" nad un tsâ Ir !âltrâlnoq "l rp srrd ? Ir :ârùâtsrxâ.p s.3ed rp sâur"lùâtr snrrsnld 9l9p lnb o8euuosttd '.Jr.'?apnf) adroA np" .rulssrEurr âun rrEJ ur rsr.l 'pn!ftEc 7âqr {Eu,r,r?a,tbs oht aln2s tW rlâr ânb spu.rûâ.l

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puenb r?rrol,,{ .p â rtr ânb rqrr€ur9p ânrgnr ?l nrd ùn rsà,r 'rrràânbsnou .l no .rrd

tF.-'saq.ù?ld srru sûEp àrDsns âl .l 'rârFsnssâr rt âp F"l?p y'ruoc qEorts El srndâp nrEd srp E Ir.nb srot'? rnq,prnotn? rârsrxâ arotru3 rssrnd q-âpûouj âtr ânb âhuâ.t âtlEqurrJl âru âl .nb ârrEd $â.f i lsg.l êp âdorng,p sInI s.p srnolnor âF€d âl ânb atr lsâ ronbrnod :srEt âl rnb .tr luârûâF"xâ rsâ.1 xnEâtq"l

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srp r.qràqr r.IE ! ârsrsuor rnb ârqure:l 's.nbrsrq s?n r. suâIpllonb sQil s1uâuâû9,\9 srp q lâroduârur ârQlrrr"tr un âùuop €tàr râudorddE sâl âm âp ârrnsuâ tà s orsrq sàLu

su"p sârp,{lll xn€ sno.ar roÊ àu'I!,i lrâred sr"J âI âsortr âirn" .rr^ san Erpuàr^rp plâtr rrope Ir€C tùâuâlErâ snld Erâs .u.r'râ E erânol I' pû"nb .sa/,or srp alran) r.I àp âu'rnâ! âùn 1ûÈlur un y sâr?qr? ru rS isFnol sâs râÀe âsso8 un âululotr âp?trord âI

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Dupuy - Berberian DÀNDES DESSIN!TS ?ET[

PHNTRE, Mâgic StliP, 1985

GRAINES DE VOYOU, Fluide Glâcial, 1987. LEJOURNÀL D HENRIETTE, Fluide Glâciâl1988 1989.

KLONDIKE, Milan, 1989 LES HÉROS N-E

MIURENT JAMAIS, LAsSCiâtiOT, 1991,

MONSIEUR JEAN, Les Hùnanoides A$ociés' 1991LE DES' N D HENRIETTE,l,es Hûnamides Assdiés, 1991 IOURNAL D't NALBUM, LÀssoci.tion' 1994

HENRIETTE, Les Huûanold€sÂssæiés' 1998 . GENS sEUl-S. Les Hunanordes Assiés, 2000

LA'rHÉoRE Dls

LIVRFS ILLUSTRÉS LE

CtiÀI

BLEU, Comixland,

1

990.

ToUT N'EST lAs ROSI (z/c. A"ne Rozdbldù,L^ Snène, t993. LES MoNT?ARNOS, LÀtlier Medicis, 1995. NÊV YoRK CARNETS, cornéliùs, 1996 SANS TIIRE, Sâts Tirre, 1996. NECIARS, IlAt€liei Médicis, 1998

l-E PE_III GÀRçON QUI N'ExlsTAtT tÀs (a,ed Àz,r Rô.e'bl,r, cornéliùs, 2000 BARCELONE CARNETS, Comélius, 2000 I-ISBONNECARNETS, CÆméliùs, 2001.

l, Neùviime Monde.2002

Guibert rÀNDEs DxssrNÉEs BRUNE, Albin Michel, 1992.

LÀ FILLE DU IRoFESSEUR I A LLn RRF D Àl

k.ëturio: loann Sldù, DtttiÂ, 1997

A\,I

A'wirr'on,2n00

LE CAPITAINE ÉCÂRLÂTE s.éMtio: Datid B,), Dnpùs,20o0. SARDTNE DEI-E5PÂCE (d.ssin : lMnfl sf'ù, Bayatd,21oo . s/dr), Dùpuis, 2001 .. LES OLIVES NolREs (r.lu rn : .lou (

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IùJOL ld5sifl: Marc Boutdta'r), Bâtârd,2002..

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TABLE DES MATIÈ 6 / Introduction 8

/ Chapitre BLAIN

1

LE DÉTOURNEUR DE GENRES

/ MaI de mer

14

20lLe Réducteur de

vitesse 24 / Éloge de Ia uiuacité 26 / Le désir d'éctiture

28 / Sac.ès et notoriété 30/ Poat a mélange de genres

I Chapiile 2 BLUTCH LE VIRUS DE I-4. PACOTILLE 361Pseudonyme ou sobriq et ! 40/ Fdire '.omique" 42 / Le uitus de la Pacotille 48/ Shoab 52 / Reconnaissan e d, senre 54 / Mei eat ahum d'h mo r 32

55 / Chapitre 3

DA}'ID B. IJONIRISME EN APNÉE 60/ La conuulsion du dessin

62/ Lecturcs fantastiq es 64/ Naissancz de f Association 66 1 Dëssher ses .au.hemars 72/ Le trauail d.u s.e ariste 76/ Xa tobiograpbie

/ Chapiùe 4 DE CRÉ,CY

.

80

LE MARAITIONIEN IMPAIIE,NT 84 / Dessirs d'enfance

/ Xit 'Prouistltion 90lLéon lâ cam€

88 96

/

Vie et

nott

du dessin

/ Le dessin animé 102 / End ran e et sponta éité 98

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CRÉDIT

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CON OCRAPH

IQUÈS

Albin Michel 136. Bdyârd PrsÊ 134. 135. Chistophc B.âùesârd 107. Bùb€riân 35. JÈnHugùerBérour55.81ain12.13.t4,1s.16,r7,14,19,20,21,22,23,24,25,26,2?,24,29,30,3!. Blùrch 36,37,33,39,41.42,,13,44,45,46,47,43,49, SZ,53,54,55. Cr#rman 174. Dupuy

DâvidB. 60,61,62, 63, 64,65,66, 67, 69,70, 71, 72,73,14. 75,76,17. 13. 79110,111,113,114,117,11a,119,12O. i21,I22,127. Ch.6p,la 125. Comalius 115,113,

Btrbùi

FâÛriæDeÛatty6.deCrécy34.35,36,3Z33,9q91.92,93,94.96,97,10o,101r102,103. Delouû 133, 139, 195, 196. Dùpuis 139. 149. Entopie Filn 93, 99. Flùide Glâcirl/Audie 109, 112. luturopolis 161. Guiù€d 132, 133, 137,133,140. 141,142,143,1,14,145,143,149,150,151. fAssociatiDn 63, 146, 147, 192 lr !@ Monde 163. lls Hu!]toids âsociés 116, 124. Mæl,s 123. PM.J.95. Rabaté 157,153,159,160.162.t64,ÉA,169,172,1?3. tuft Sasiia 11,59,179.

S€uij50.39.Sfar130,131,132,131,llJ4.135,136,137,190,191,192.I94.194,I9a,199. Thc N* Yorker 51- Vmb d'Ouëi 156. 166. 167. 17O. 111.

REMERCIEMENTS Meri rùx

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à l'âvcnturc

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Merci à Muriel pûur sa pati.nc€, Mâne lltre Stcjsl porr leur t.le Mcrci à non edieur. FÉdéri. Nifile, poù sâ ElÉM critiqùe sor ptrfftion.ime de to$ 16 in*ânts.

Mmi à Ish€lle Prévof *

Mèti

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lire.

intdewé, de

cnapite.

prêi t. sluiair

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à Mreinie Arùib, Év.ltd. Calâs, EnDmuelle Keù, Jdelyne Nùboùrs, Olieid Maltt d Thoms Râson pour lù âide à f iconosapÀie.

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La nouvelle bande dessinée. Entretiens avec Hugues Dayez

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