Dandy Warhol - Daniel Salvatore Schiffer

DANDY WARHOL DANIEL SALVATORE SCHIFFER

75 ormules et maximes à l’usage des dandys de Baudelaire à Cioran

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CHARLES BAUDELAIRE (PORTRAIT F. NADAR)



DANDY WARHOL DANIEL SALVATORE SCHIFFER

PETITS CAHIERS ÉV ÉVADÉS ADÉS DU POÈME 2

75 ormules et maximes à l’usage des dandys de Baudelaire à Cioran

Illustration couverture : Marc Salvatore Graphisme : Pascal Liénard Le Théâtre-Poème et les Jeunesses Poétiques A.S.B.L. Direction: Dolorès Oscari 30, Rue d’Écosse B-1060 Bruxelles (Saint-Gilles) Belgique www.theatrepoeme.be [email protected] Tél. : +32-(0)2-538.63.58 Fax : +32-(0)2-534.58.58



1 « Le dandysme est l’afrmation de la modernité absolue de la Beauté. » Oscar Wilde, Wilde , Quelques maximes pour l’instruction des personnes trop instruites

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OSCAR WILDE

« Qui est dandy ? Brummell, un che-d’œuvre de sobriété britannique ? Barbey d’Aurevilly, ‘bardé d’or vieilli’, agent provocateur du bon goût ? Baudelaire, l’ascétique vêtu de noir portant le ‘deuil de son époque sourante’ ? Boni de Castellane, l’hôte astueux du Palais Rose ? Des Esseintes, le grand solitaire cloîtré dans sa thébaïde ? Le bel Alcibiade laissant traîner dans les rues d’Athènes ses robes de pourpre, mutilant à loisir la beauté luxueuse de ses chiens ? Ou encore David Bowie, le mystérieux rocker à rocker à la lippe dédaigneuse ? Impossibles réponses. Les dandys toujours mouvants, toujours diérents, narguent les académies et se dérobent à toutes les curiosités. La multiplicité de leurs individualités ait d’eux des êtres absolument atypiques. Et le masque du mystère voile le secret de leur nature. Le mot ‘dandy’ suppose donc un infni pluriel et une singularité indéfnie. Le mot ‘dandysme’, lui, évoque une généralité bien illusoire.

(PORTRAIT N. SARONY)

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Jouant sur plusieurs tableaux, il échappe totalement à la tentative dogmatique d’une défnition unique. » Marie-Christine Natta, Natta, La Grandeur sans convictions Essai sur le dandysme

3 « Comme tant d’autres mouvements qui se situent en marge de la société pour la dénoncer en même temps que la aire rêver (…), le dandysme intéresse donc autant l’histoire que la littérature. Or cette double relation est à l’origine de l’ambiguïté qui caractérise sa défnition. D’où part-on, en eet, pour comprendre le dandysme ? De l’histoire ou de la littérature, du document ou du mythe, de l’exactitude des aits ou de la vérité imaginaire ? (…) Le dandysme n’a laissé ni doctrine, ni code, ni manieste, n’a inventé ni école ni mouvement, alors qu’il est inimitable et intransmissible (…). Il n’y a pas en réalité un dandysme mais des dandysmes. dandysmes. » Henriette Levillain, Levillain, avant-propos au Petit Dictionnaire du dandy de dandy de Giuseppe Scarafa

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le Dandysme était surtout l’art de la mise, une heureuse et audacieuse dictature en ait de toilette et d’élégance extérieure. Très certainement c’est cela aussi ; mais c’est bien davantage. Le Dandysme est toute une manière d’être, et l’on n’est pas que par le côté matériellement visible. C’est une manière d’être, entièrement composée de nuances (…). Ainsi, une des conséquences du Dandysme, un de ses principaux caractères - (…) son caractère le plus général est-il de produire toujours l’imprévu (…). Le Dandysme (…) se joue de la règle règle et pourtant la respecte respecte encore. encore. IlIl en soure soure et s’en venge tout en la subissant ; il s’en réclame quand il y échappe ; il la domine et en est dominé tour à tour : double et muable caractère ! Pour ce jeu, il aut avoir à son service toutes les souplesses qui ont la grâce, comme les nuances du prisme orment l’opale, en se réunissant. » Jules Barbey d’Aurevilly, d’Aurevilly, Du Dandysme et de George Brummell

5 « Ce qui ait le Dandy, c’est l’indépendance. Autrement, il y aurait une législation du Dandysme, et il n’y en a pas. Tout Dandy est un oseur , mais un oseur qui a du tact, qui s’arrête à temps et qui trouve, entre l’originalité et l’excentricité, le ameux point d’intersection de Pascal. ». Jules Barbey d’Aurevilly, d’Aurevilly, Du Dandysme et de George Brummell

« Brummell (…) ut le Dandysme même. Ceci est presque aussi difcile à décrire décrire qu’à défnir. Les esprits qui ne voient les choses que par leur plus petit côté, ont imaginé que

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6 « Puis vinrent, par hasard, les évangiles où Baudelaire et Barbey d’Aurevilly glorifèrent Brummell à l’égal d’un dieu proane. (…). On y voit Brummell, tel qu’il surgit alors, sombre adolescent, en provenance de lui-même et égaré dans une aristocratie qui, bradant ses lignages, semble abdiquer en aveur d’un ange. (…). Son allure procède de l’esprit plus que du corps. (…). Il ne veut, quant à lui, qu’une élégance sobre et sans ornement. Il aime le noir, le blanc, le bleu presque noir. (…).C’est de ce Brummell, mystique et cérébral, c apable de verser à dose égale l’eroi ou la sympathie, que Baudelaire ft un prêtre selon son cœur. » Jean-Paul Enthoven, Enthoven, Les Enfants de Saturne

des signes. Il célèbre le sublime imperceptible. Il n’étend sa loi terrible qu’à des agencements secondaires. De son vêtement, il s’est ait une meilleure peau, une muraille opaque d’où il tire la règle de son élégance : le dandy s’habille pour devenir devenir invisible invisible.. Il choisit de se vêtir comme le belluaire choisit d’être nu - afn de n’orir aucune prise. Il peut alors s’esquiver derrière son apparence comme un absolu derrière son incarnation. » Jean-Paul Enthoven, Enthoven, Les Enfants de Saturne

8 « Eternelle supériorité du Dandy. Qu’est-ce que le Dandy ? » Charles Baudelaire, Baudelaire, Mon Cœur mis à nu

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« Ce Brummell-là sera toujours indispensable pour qui veut inscrire sa morale dans un système d’illusions. L’illusion ? Il en ft donc, à dessein, la matière même de son art et le principe despotique de son gouvernement. Puisque Brummell sait qu’il n’est rien, il va s’engendrer, se dissimuler, se contraindre à n’être qu’un masque sans visage, qu’un héros dépourvu d’identité. C’est à partir de cet exercice spirituel - « The Making of Me » - qu’il se réduit à une pure maniestation, à un inépuisable gisement d’artifces. Que veut-il vraiment ? Jusqu’à quel point se laisse-t-il abuser par son sacerdoce rivole ? Brummell se tait. Il règne sur

« Le dandysme est une institution vague, aussi bizarre que le duel ; très ancienne, puisque César, Catilina, Alcibiade nous en ournissent des types éclatants ; très générale, puisque Chateaubriand Chateaubriand l’a trouvée dans les orêts et au bord des lacs du Nouveau-Monde. Le dandysme, qui est une institution en dehors des lois, a des lois rigoureuses auxquelles sont strictement soumis tous ses sujets, quelles que soient d’ailleurs la ougue et l’indépendance de leur

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caractère. (…). Ces êtres n’ont pas d’autre état que de cultiver l’idée l’idée du beau dans leur personne, de satisaire leurs passions, de sentir et de penser. » Charles Baudelaire, Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne

10 « Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu rééchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parait dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son esprit. Aussi, à ses yeux, épris avant tout de distinction, distinction, la perection de la toilette consiste-t-elle dans la simplicité absolue, qui est, en eet, la meilleure manière de se distinguer. Qu’est-ce donc que cette passion qui, devenue doctrine, a ait des adeptes dominateurs, cette institution non écrite qui a ormé une caste si hautaine ? C’est avant tout le besoin ardent de se aire une originalité, contenu dans les limites extérieures des convenances. C’est une espèce de culte de soi-même (…). C’est le plaisir d’étonner et la satisaction orgueilleuse de ne jamais être étonné. Un dandy peut être un homme blasé, peut-être un homme sourant ; mais, dans ce dernier cas, il sourira comme le Lacédémonien Lacédémonien sous la morsure du renard. On voit que, par de certains côtés, le dandysme confne au spiritualisme et au stoïcisme. (…). Étrange spiritualisme ! (…). En vérité, je n’avais pas tout à ait tort de considérer le dandysme comme une espèce de religion. »

ARTHUR SCHOPENHAUER

Charles Baudelaire, Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne

(PORTRAIT J. SCHAFER)

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« Que ces hommes se assent nommer rafnés, incroyables, beaux, lions ou dandys, tous sont issus d’une même origine, tous participe du même caractère d’opposition et de révolte ; tous sont des représentants de ce qu’il y a de meilleur dans l’orgueil humain, de ce besoin, trop rare chez ceux d’aujourd’hui, de combattre et de détruire la trivialité. De là naît, chez les dandys, cette attitude hautaine de caste provocante, même dans sa roideur. (…). Le dandysme est un soleil couchant ; comme l’astre qui décline, il est superbe, sans chaleur et plein de mélancolie. »

« Le dandysme apparaît surtout aux époques transitoires où la démocratie n’est pas encore toute puissante, où l’aristocratie n’est que partiellement chancelante et avilie. Dans le trouble de ces époques quelques hommes déclassés, dégoûtés, désœuvrés, mais tous riches de orce native, peuvent concevoir le projet de onder une espèce nouvelle d’aristocratie, d’autant plus difcile à rompre qu’elle sera basée sur les acultés les plus précieuses, les plus indestructibles, et sur les dons célestes que le travail et l’argent ne peuvent conérer. Le dandysme est le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences. »

CharlesBaudelaire, Baudelaire, Le peintre de la vie moderne


12 14 « C’est bien là cette légèreté d’allures , d’allures , cette certitude de manières, cette simplicité dans l’air de domination, cette açon de porter un habit et de diriger un cheval, ces attitudes toujours calmes mais révélant la orce (...) de ces êtres privilégiés en qui le joli et le redoutable se conondent si mystérieusement (...). Le caractère de beauté du dandy consiste surtout dans l’air roid, qui vient de l’inébranlable résolution de ne pas être ému ; on dirait un eu latent qui se ait deviner, qui pourrait mais qui ne veut pas rayonner. »

« Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption ; il doit vivre et dormir devant un miroir. » Charles Baudelaire, Baudelaire, Mon cœur mis à nu

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« Le mot dandy implique dandy implique une quintessence de caractère et une intelligence subtile de tout le mécanisme moral de ce monde. » Charles Baudelaire, Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne - 14 -

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qui trouvât dans la spiritualisation des sens son plus haut accomplissement. » Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

« Oui, l’élégance est une e t indivisible, comme la Trinité, comme la liberté, comme la vertu. De là résultent les plus importants de tous nos aphorismes généraux : le principe constituti de l’élégance est l’unité l’unité.. »

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Honoré de Balzac, Balzac, Traité de la vie élégante

17 « Et il est certain que pour lui la Vie était le premier et le plus grand des arts, auxquels tous les autres ne semblaient être qu’une préparation. Bien entendu, la mode, qui conère à ce qui est en réalité une antaisie une valeur provisoirement universelle, et le dandysme qui, à sa açon, tente d’afrmer la modernité absolue de la beauté, le ascinaient. Sa açon de s’habiller et les styles particuliers qu’il aectait de temps à autre inuaient ortement sur les jeunes élégants qu’on voyait aux bals de Mayair ou derrière les croisées des clubs de Pall Mall ; ils copiaient tout ce qu’il aisait, et tentaient de reproduire le charme ortuit de ses gracieuses coquetteries de toilette, même si pour lui elles n’étaient qu’à demi sérieuses. (…). Il désirait pourtant, au plus proond de son cœur, être plus qu’un simple arbiter elegantiarum qu’on consulterait sur la manière de porter un bijou, de nouer une cravate ou de manier une canne. Il cherchait à inventer un nouveau système de vie qui reposât sur une philosophie raisonnée et des principes bien organisés, et

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« Dorian Gray estimait que l’on n’avait jamais compris la vraie nature des sens, et qu’ils n’avaient conservé leur sauvagerie ou leur animalité que parce que le monde avait tenté de les soumettre par la aim ou de les tuer par la sourance, au lieu de viser à en aire les éléments d’une spiritualité nouvelle, qui aurait pour trait dominant un sens instincti et subtil de la beauté. (…). Oui, comme Lord Henry l’avait prophétisé, un nouvel hédonisme allait advenir, qui recréerait la vie et la sauverait (…). Il erait certes appel aux services de l’intelligence ; mais il n’accepterait jamais nulle théorie, nul système impliquant le sacrifce de quelque orme d’expérience passionnée que ce ût. Son objecti, en vérité, serait d’être lui-même expérience, et non pas ruit de l’expérience, l’expérience, que celui-ci ût doux ou amer. » Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

19 « Il avait une conscience aiguë de la stérilité de toute spéculation intellectuelle séparée de l’action et de

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l’expérience. l’expérience. Il savait que les sens, tout autant que l’âme, ont des mystères spirituels à révéler. (…). Il s’aperçut qu’il n’y a pas d’état d’âme qui n’ait son pendant dans la vie des sens, et décida de découvrir leurs rapports véritables. (…) Guérir l’âme par les sens, et les sens par l’âme. Oui, c’était là le secret. » Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

20 « Ceux qui voient la moindre diérence entre l’âme et le corps ne possèdent ni l’un ni l’autre. » Oscar Wilde, Wilde, Formules et maximes à l’usage des jeunes gens

21 « Et il me sera loisible de posséde de posséderr la vérité vérité dans une âme et un corps. corps. » Arthur Rimbaud, Rimbaud, Une saison en enfer

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l’extérieur devenu expressi de l’intérieur ; l’âme devenue chair ; le corps doué d’esprit. (...). Car la vie artistique n’est rien d’autre que l’épanouissement de soi. L’humilité consiste pour l’artiste à ranchement accepter toutes les expériences, tout comme l’Amour n’est rien d’autre pour lui que le sens de la Beauté qui révèle au monde son corps et son âme. (…). Ce que l’artiste recherche en permanence, c’est ce mode d’existence où l’âme et le corps ont un tout indivisible ; où l’extérieur exprime l’intérieur ; où la orme révèle. » Oscar Wilde, De profundis

23 « C’est ce mélange tout baudelairien de contemplation et de jouissance, jouissance, ce plaisir plaisir spirituali spiritualisé sé qu’ilil nomme nomme volupté volupté.. » Jean-Paul Sartre, Sartre, Baudelaire

24 « Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l’une vers Dieu, l’autre vers Satan. L’invocation à Dieu, ou spiritualité, est un désir de monter en grade ; celle de Satan, ou animalité, est une joie de descendre. » Charles Baudelaire, Baudelaire, Mon cœur mis à nu

« La vérité en art est l’unité d’une chose avec elle-même,

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« L’âme et le corps, le corps et l’âme - quel mystère en eux ! Il y a de l’animalité dans l’âme, et le corps a ses moments de spiritualité. Les sens sont capables de rafner, et l’intellect est capable de dégrader. Qui peut dire où s’arrête l’élan charnel, où commence l’élan psychique. (...). L’âme est-elle un antôme habitant la demeure du péché ? Ou le corps est-il vraiment situé à l’intérieur de l’âme, comme le pensait Giordano Bruno ? Mystère que la séparation de l’esprit d’avec la matière, mais mystère aussi que l’union de l’esprit et de la matière. »

« Et la beauté est une orme de génie - supérieure en ait au génie, car elle ne requiert aucune explication. (…). Impossible de la mettre en doute. Elle est, de droit divin, souveraine. (…). La Beauté est la merveille des merveilles. ».

Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

26 « Il n’y a pas une seule dégradation corporelle que je ne doive essayer de changer en une spiritualisation de l’âme. (…). Car de même que le corps absorbe des choses de toute autre nature, aussi bien des choses ordinaires et malpropres que celles que le prêtre ou la vision a purifées, et les convertit en agilité ou en orce (…) ; de la même açon l’âme a également ses propres onctions nutritives, et peut transormer en pensées pleines de noblesse et en passions de haute valeur ce qui en soi est bas, cruel et dégradant ; mieux encore : elle peut y trouver ses moyens de s’afrmer les plus augustes, et peut souvent se révéler le plus paraitement au travers de ce qui était destiné à proaner ou à détruire. »

Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

28 « La beauté est une chose terrible et erayante. Terrible parce que insaisissable et incompréhensible (…). La beauté ! Ce sont les rivages de l’infni qui se rapprochent et se conondent, ce sont les contraintes qui s’unissent dans la paix. (…). L’âme humaine est opprimée de vivre parmi tant d’énigmes indéchirables. (…). Le diable sait ce qui se cache dans tout cela, après tout ! (…). Le plus terrible dans la beauté n’est pas d’être erayante, mais d’être mystérieuse. En elle, Dieu lutte avec le diable, et le champ de bataille se trouve dans le cœur de l’homme. » Fiodor Dostoïevski, Dostoïevski, Les Frères Karamazov

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Oscar Wilde, De profundis

« le Beau n’est rien autre que le commencement du terrible,

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qu’à peine à ce degré nous pouvons supporter encore ; et si nous l’admirons, et tant, c’est qu’il dédaigne et laisse de nous anéantir. Tout Tout Ange est terrible. » Rainer Maria Rilke, Rilke, Les Élégies de Duino

30 « Partagé entre Dieu et le Diable, entre entendre Bach et regarder les hommes, entre l’adoration et l’impiété (…), je ne saurais me décider entre les deux seules attitudes qui puisse séduire l’esprit : la rivolité et le renoncement. Pour laquelle opter alors que toutes les deux sont légitimes, et qu’aux arguments de l’une, l’autre oppose les siens avec autant de validité ? (…). Je renonce à la vie avec ses moyens : c’est le libertinage ; je la uis (…), c’est l’ascétisme. Mais si je pratique les deux voies, tour à tour ou simultanément ? »

les plus élevés se mêlent à des exaltations sensuelles où l’hédonisme a partie liée avec le mysticisme. Avec l’âge, Dante Gabriel Rossetti est la proie de hantises étranges et corrosives. Il peint inlassablement des emmes somptueuses, des séductrices d’une beauté conondante au regard perdu dans des méditations insondables et spleenétiques (...). D’autres sont d’authentiques d’authentiques déesses, ornées de bijoux précieux et vêtues de robes astueuses, immanquablement entourées d’un luxe excessi et d’objets extraordinaires. (...). Tous ces modèles posent dans la temporalité temporalité suspendue et dangereuse de la mélancolie, mélancolie, dans l’ambiguïté d’un érotisme sanctifé. Cette mélancolie est l’image d’une transcendance déchue où l’éphémère beauté de ces emmes enchanteresses devient éternelleet, éternelle et, de ce ait, s’avère hors de por tée, aussi pure et abstraite que la sphère des philosophes. philosophes. » Gérard-Georges Lemaire, Lemaire, Les Préraphaélites (entre l’enfer et le ciel) ciel)

E. M. Cioran, Cioran, Exercices négatifs (en marge du Précis de décomposition) décomposition)

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« Mais lorsque Zarathoustra ut seul, ainsi dit à son cœur : Serait-ce chose possible ? Ce sain vieillard, en sa orêt, encore n’a pas ouï dire que Dieu est mort !. »

« Mais cette tension entre le trivial et le divin, entre le vouloir de l’esprit et la résistance aveugle des orces matérielles, matérielles, aboutit à un déchirement insoutenable. Dans un mouvement que nul n’a le pouvoir de vaincre, les Préraphaélites Préraphaélites se détachent de plus en plus des données concrètes pour s’enermer s’enermer dans un univers où les élans

Friedrich Nietzsche, Nietzsche, Ainsi parlait parlait Zarathoust Zarathoustra ra

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33 « Il n’existe pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes. » Friedrich Nietzsche, Nietzsche, Par-delà bien et mal (Prélude d’une philosophie de l’avenir )

34 « Tout art est immoral. (…). L’esthétique est supérieure à l’éthique. Elle appartient à une sphère plus spirituelle. Discerner la beauté d’une chose, c’est le plus beau sommet que nous puissions atteindre. Même le sens de la couleur est plus important, pour la ormation de l’individu, que celui du bien et du mal. » Oscar Wilde, Wilde, Le Critique comme artiste

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BEAU BRUMMELL

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« Il n’existe pas de livre moral ou de livre immoral. (…). Nul artiste n’a de sympathies éthiques. (…). Vice et vertu constituent pour l’artiste des instruments de son art. » Oscar Wilde, Wilde, Le Portrait de Dorian Gray

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« C’est en haussant à la hauteur de vertu, pour mon propre usage, l’envers des vertus communes que j’ai cru pouvoir obtenir une solitude morale où je ne serais pas rejoint. »

« Je ne peux pas nier qu’après un premier coup d’œil dans ce journal, journal, le titre n’ait été choisi choisi avec beaucou beaucoup p de goût goût et de compréhension, témoignant, sur lui-même et la situation, d’une véritable supériorité esthétique et objective. Ce titre est en paraite harmonie avec tout le contenu. Sa vie a été un essai pour réaliser la tâche de vivre poétiquement. Doué d’une capacité extrêmement développée pour découvrir ce qui est intéressant dans la vie, il a su le trouver et, l’ayant trouvé, il a toujours su reproduire ce qu’il a vécu avec une veine mi-poétique. ».

Jean Genet, Genet, Pompes funèbres. funèbres.

37 « Le goût de la singularité, singularité, l’attrait de l’interdit, concoururent à me livrer au mal. Comme le bien, le mal se gagne peu à peu par une découverte géniale qui vous ait glisser verticalement loin des hommes, mais le plus souvent par un travail quotidien, minutieux, lent, décevant. »

Sören Kierkegaard, Kierkegaard, Le Journal du séducteur

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Jean Genet, Genet, Pompes funèbres. funèbres.

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« Oh ! ces grecs, ils s’y entendaient à vivre ! Pour cela, il est nécessaire de s’arrêter vaillamment à la surace, (…) d’adorer l’apparence, de croire (…) à tout l’Olympe de l’apparence ! Ces Grecs étaient superfciels - par proondeur… » Friedrich Nietzsche, Nietzsche, Nietzsche contre Wagner

« Il maintient le Bien pour pouvoir accomplir le Mal et, s’il ait le Mal, c’est pour rendre hommage au Bien. » Jean-Paul Sartre, Sartre, Baudelaire

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41 « Personne n’atteint d’emblée à la rivolité. C’est un privilège et un art ; c’est la recherche du superfciel chez ceux qui, s’étant avisés de l’impossibilité de toute certitude, en ont conçu le dégoût ; c’est la uite loin des abîmes, qui, étant naturellement sans ond, ne peuvent mener nulle part. Restent cependant les apparences : pourquoi ne pas les hausser au niveau d’un style ? (…). Ainsi la rivolité est l’antidote le plus efcace au mal d’être ce qu’on est : par elle nous abusons le monde et dissimulons l’inconvenance de nos proondeurs. Sans ses artifces, comment ne pas rougir d’avoir une âme ? » E. M. Cioran, Cioran, Précis de décomposition

42 « Tout esprit proond a besoin d’un masque ; je dirais plus : un masque se orme sans cesse autour de tout esprit proond, parce que chacune de ses paroles, chacun de ses actes, chacune de ses maniestations est continuellement l’objet d’une interprétation ausse, c’est-à-dire plate c’est-à-dire plate.. »

43 « Le premier devoir dans l’existence, c’est d’être aussi artifciel que possible. » Oscar Wilde, Wilde, Formules et maximes à l’usage des jeunes gens

44 « Au reste, l’artifce paraissait à des Esseintes la marque distinctive du génie de l’homme. » Joris-Karl Huysmans, Huysmans, À Rebours Rebours

45 « Il aut soit être une œuvre d’art, soit porter une œuvre d’art. » Oscar Wilde, Wilde, Formules et maximes à l’usage des jeunes gens

Friedrich Nietzsche, Nietzsche, Par-delà bien et mal

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« Je n’ai mis que mon talent dans mes œuvres ; j’ai mis tout tout mon génie dans ma ma vie. »

« Que dis ta conscience ? ‘Tu dois devenir l’homme que tu es’. »

Oscar Wilde à Paul Verlaine, cité par André Gide dans Oscar Wilde

Friedrich Nietzsche, Nietzsche, Le Gai Savoir

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« Le but de la vie, c’est l’épanouissement de soi. Réaliser notre propre nature à la perection, voilà notre raison de vivre en ce bas monde. »

« J’ai parlé du dandy. Il ne aut pas le conondre avec ceux qui découvrirent dans son attitude, prise en tant que fn, une image visible de leur âme hautaine et de leur révolte. Je comprends que Baudelaire en éprouve l’attraction. (…). Le dandy est tête roide et main roide. Je conseille aux navires d’éviter cet insolent iceberg. Rien ne change sa route. Il tuerait pour nouer sa cravate. Du reste, son impérialisme est sans base. Il n’est oint que par lui-même. »

Oscar Wilde, Wilde , Le Portrait de Dorian Gray

48 « Ce qui est essentiel dans l’art, c’est la perfection la perfection de l’être, l’achèvement, l’acheminement vers la plénitude ; l’art est essentiellement l’afrmation l’afrmation,, la bénédiction, bénédiction, la divination de l’existence » Friedrich Nietzsche, Nietzsche, La Volonté de Puissance (Essai d’une transmutation de toutes les valeurs) valeurs )

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Jean Cocteau, Cocteau, La Difculté d’Être

51 « Le vrai dandy n’est pas tant celui qui cherche à être admiré comme une œuvre d’art que celui qui cherche à se singulariser, à se démarquer du commun des mortels, de la oule, du bourgeois. La fgure du dandy relève bien du régime

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de singularité en même temps que du surinvestissement de l’esthétique, la diérence avec l’artiste ne relevant que du point d’application de ce culte de l’apparence et de l’originalité l’originalité : le sujet s ujet créateur, ou l’objet créé. La bizarrerie devient une qualité, et la déviance un principe, tandis que l’art de plaire, qui caractérise ‘l’honnête homme’ à l’âge classique, devient l’art de plaire en déplaisant (...). Comme tout groupe, les dandys se défnissaient moins par ce qui les attirait - l’esthétique - que par ce à quoi ils s’opposaient. Et la oule était leur premier ennemi, conormément à l’éthique du régime de singularité. » Nathalie Heinich, Heinich, L’Élite ite ar tiste (Excellence et singularité en régime démocratique) démocratique)

public ; le dandy ne peut se poser qu’en s’opposant. Il ne peut s’assurer de son existence qu’en la retrouvant dans le visage des autres. Les autres sont le miroir. Miroir vite obscurci, il est vrai, car la capacité d’attention de l’homme est limitée. Elle doit être réveillée sans cesse, éperonnée par la provocation. Le dandy est donc orcé d’étonner toujours. Sa vocation est dans la singularité, son perectionnement dans la surenchère. Toujours en rupture, en marge, il orce les autres à le créer lui-même, en niant leurs valeurs. Il joue sa vie, aute de pouvoir la vivre. Il la joue jusqu’à la mort, sau aux instants où il est seul et sans miroir. Être seul pour le dandy revient à n’être rien. » Albert Camus, Camus, L’Homme L’Homme révolté

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« Le dandysme est une orme dégradée de l’ascèse. Le dandy crée sa propre unité par des moyens esthétiques. Mais c’est une esthétique de la singularité et de la négation. ‘Vivre et mourir devant un miroir’, telle était, selon Baudelaire, la devise du dandy. Elle est cohérente, en eet. Le dandy est par onction un oppositionnel. Il ne se maintient que dans le déf. La créature, jusque-là, recevait sa cohérence du créateur. À partir du moment où elle consacre sa rupture avec lui, la voilà livrée aux instants, aux jours qui passent, à la sensibilité dispersée. Il aut donc qu’elle se reprenne en main. Le dandy se rassemble, se orge une unité, par la orce même du reus. Dissipé en tant que personne privée de règle, il sera cohérent en tant que personnage. Mais un personnage suppose un

« Le romantisme démontre en eet que la révolte a partie liée avec le dandysme ; l’une de ses directions est le paraître. Dans ses ormes conventionnelles, le dandysme avoue la nostalgie d’une morale. Il n’est qu’un honneur dégradé en point d’honneur. Mais il inaugure en même temps une esthétique qui règne encore sur notre monde, celle des créateurs solitaires, rivaux obstinés d’un Dieu qu’ils condamnent. À partir du romantisme, la tâche de l’artiste ne sera plus seulement de créer un monde, ni d’exalter la beauté pour elle seule, mais aussi de défnir une attitude. L’artiste devient alors modèle, il se propose en exemple : l’art est sa morale. Avec lui commence l’ère des directeurs de conscience. Quand les dandys ne se tuent pas ou ne













deviennent pas ous, ils ont carrière et posent pour la postérité. Même lorsqu’ils crient, comme Vigny, qu’ils vont se taire, leur silence est racassant. » Albert Camus, Camus, L’Homme L’Homme révolté

54 « À rebours de son siècle, le dandy se livre aux autres. Il se venge avec une insolence qui brise leurs valeurs et afrme son irréductible singularité. Sa soumission aux règles strictes d’un code qu’il s’impose à lui-même et dont les tonalités changent subtilement avec le siècle est le seul moyen qu’il possède pour détruire le réel et vivre dans l’espace de son mythe. Nouer sa cravate pendant des heures, jusqu’à ce point de perection que lui seul peut reconnaître, ressemble à la toilette d’un condamné à mort et laisse soupçonner que derrière le masque se cachent les eets horrifants d’un mal étrange. Ce mal, aux allures de tragédie, atteint les générations bousculées par ce terrible ébranlement de tout le socle culturel de l’Occident : le romantisme. Privé de Dieu, renvoyé à une liberté absolue, hésitant devant les incertitudes d’une époque en pleine mutation, privé de gloire par un siècle qui a ait du libéralisme une idéologie de l’argent, l’individu au sang bouillonnant succombe à un mélange d’impatience et de désenchantement qui le ronge. » Patrick Favardin, Laurent Boüexière, Boüexière, Le Dandysme

BARBEY D’AUREVILLY













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« Alors, parois, par désespoir, comme Eugène Sue, il se ait homme de luxe comme on devient homme d’État ou homme de guerre. Mais en sacrifant son œuvre à sa vie, la proondeur de son être à un style, le dandy s’écarte du romantisme orthodoxe dont il est le compagnon de route pour une aventure qui n’a comme perspectives que sa propre dissolution dans l’exil ou la olie. »

« Aux yeux ébahis de son entourage soumis, le dandy naît d’une seule option. Il quitte son propre passé solitaire dont il ne retient rien, comme la èche quitte l’arc aux ormes de lèvres dans un jet décisi. Tous les porteurs de toge, tous les visages construits, toutes les valeurs composées et déendues par des hommes sont pour lui rappés de mort et dans son arraché iconoclaste, il risque sa ace d’archange dans l’horreur démoniaque. Après la très intense sourance du « passé-amme » purifcateur, il entre dans une dimension nouvelle où, toujours solitaire, il mène sa vie d’artiste, de poète, d’adorateur de beauté roide dans un engagement total. Il incarne pour son temps la fgure de proue insensible aux tempêtes, et trace en un style de vie servant d’exemple, son orgueilleux chemin vers l’horizon de sa mort, indiérent aux dires et aux aires de qui se targue de le suivre. »

Patrick Favardin, Laurent Boüexière, Boüexière, Le Dandysme

56 « Dandy, sans pitié demandée, sans pitié donnée, chevalier solitaire, moine en dentelles, paillard chipoteur, artiste difcile, prince du aste, héros aveugle ou voyeur des ascinations qu’il suscite et décourage, ofciant missionné du culte sans rituel d’une beauté qu’il veut et sait toujours inaccessible. Flèche inexorable au ulgurant tracé, tel est le dandy, fdèle à son engagement total. Aucune cible terrestre ne saurait l’arrêter, et les plus captivantes sont pour lui transparentes. C’est au cœur même de Dieu qu’il doit atteindre, èche de désir, c’est au cœur de Dieu qu’il doit fcher son cri. » Françoise Dolto, Dolto, Le Dandy, solitaire et singulier

Françoise Dolto, Dolto, Le Dandy, solitaire et singulier

58 « L’essence essence du dandysme (…) - celui, concret , de Brummell, comme ceux, plus intellectuels, de Barbey d’Aurevilly et de Baudelaire - procède de cette volonté de s’inventer ex nihilo un destin, de sculpter sa propre statue devant l’Éternel : (…) raison pour laquelle, comme le montrent les vies de













chute et la mort, au point qu’on peut soutenir qu’un dandy qui fnit bien ne saurait tout à ait en être un…. » Patrice Bollon, Bollon, La Tentation du dandysme

59 « Le dandysme : un monde métaphorique aux couleurs du soleil couchant, un exercice impossible. Comment s’appeler Barbey ou Nerval sous le règne de Monsieur Prudhomme ? (…). Comment garder le secret ou le silence au temps de l’ordre public ? Comment vivre sur le mode de l’être, non du devenir ? Comment rêver sous le règne du progrès ? Questions terribles et sans réponse, menant parois au suicide et toujours au rebut et à la mort. ». Roger Kemp , Dandies (Baudelaire et Cie) Cie)

60 « Le dandy se retranche, ignore l’échange, sinon avec les siens, n’ore à la galerie qu’un impénétrable miroir. La sociabilité n’est plus cet état où, selon Stendhal, des étrangers se donnaient mutuellement du plaisir. Dans le ‘monde raréfé’ où évoluent Custine et Baudelaire, il n’y a place, désormais, que pour les mondanités, récréations d’un siècle laborieux. Le dandy en profte pour paraître

superfciel et le dérobé, servant de couverture à une activité ou à un vide dont les proanes n’ont pas à connaître. Certes, pour être de la même compagnie, Baudelaire Baudelaire sait que la roideur de Gautier n’est qu’apparente, comme celle de Delacroix, et leur calme est souvent actice. Mais le dandy s’astreint, sans y réussir toujours, à la contention et au repli. » Roger Kemp , Dandies (Baudelaire et Cie) Cie)

61 « Ce goût de la mort et de la décadence, par quoi Baudelaire annonce Barrès, et qui accompagne chez lui le culte de l’individualité, le pousse à reuser ce que Flaubert réclame : il ne veut pas d’une société qui dure autant que l’espèce humaine. Pour qu’elle ait un cachet de rareté et d’unicité, il aut qu’elle soit, au sein même de l’humanité, vouée à la disparition. (…) Par-delà l’artiste, qui cherche encore à créer, il a projeté un idéal social de stérilité absolue où le culte du moi s’identife à la suppression de soi-même. C’est pourquoi J. Crépet a pu dire à juste titre que ‘le suicide est le suprême sacrement du dandysme’. Mieux encore, le dandysme est un ‘club de suicidés’ et la vie de chacun de ses membres n’est que l’exercice d’un suicide permanent. » Jean-Paul Sartre, Sartre, Baudelaire













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« Le dandysme, orme moderne du stoïcisme, est fnalement une religion dont le seul sacrement est le suicide. »

« Reed incarne la transgression des tabous qu’il traite dans ses chansons (…). Sa rupture avec le rock ‘classique’ indique depuis longtemps une démarche romantique initiale. Mais ce romantisme est devenu ultra-romantique : il est incarné par la vie extrême de Lou Reed, et perçu comme tel. Poète maudit, mal compris, son image romantique extrême devient symbolique d’un ‘nouveau’ romantisme, le romantisme noir, celui des années 70. Un romantisme d’esthète où même la mort peut être romantique. Cette attitude défante redéfnit le rock & roll avec une arrogance absurde, transcendante, comprise comme sublime par une partie de son public, comme un absolu qui peut être vécu avec panache, quitte, au pire - ou au mieux - à en crever. Le dandysme ultime, suicide à petit eu, est le triomphe de l’apparence et du moi. »

Michel Butor, Butor, Histoires extraordinaires - Essai sur un rêve de Baudelaire

63 « L’habit s’interpose entre nous et le néant. Regardez votre corps dans un miroir : vous comprendrez que vous êtes mortels ; promenez vos doigts sur vos côtes (…), et vous verrez combien vous êtes près du tombeau. C’est parce que nous sommes vêtus que nous nous attons d’immortalité : comment peut-on mourir quand on porte une cravate ? Le cadavre qui s’accoutre se méconnaît, et, imaginant l’éternité, s’en approprie l’illusion. La chair couvre le squelette, l’habit couvre la chair : subteruges de la nature et de l’homme. Duperies instinctives et conventionnelles : un monsieur ne monsieur ne saurait être pétri de boue ni de poussière… Dignité, honorabilité, décence, - autant de uites devant l’irrémédiable. Et quand vous vous mettez un chapeau, qui dirait que vous avez séjourné dans des entrailles ou que les vers se gorgeront de votre graisse ?. » E. M. Cioran, Cioran, Précis de décomposition

Bruno Blum, Blum, Lou Reed - Electric Dandy

65 « Foucault opère un rapprochement inattendu entre Kant et Baudelaire. De Kant, il retient que la modernité correspond à une manière de penser et d’agir, et en particulier, que la modernité défnit la liberté comme un travail sur soi (…). Près de quatre-vingts ans après Kant, Baudelaire identife la modernité à un ‘rapport qu’il aut établir à soi-même’. C’est















que Foucault décrit comme ‘l’ascétisme du dandy qui ait de son corps, de ses comportements, de ses sentiments et passions, de son existence une œuvre d’art’, et qu’il ramasse en une ormule : l’invention de soi. soi. En somme, la modernité prescrit, dans les termes de Foucault encore, de ‘s’élaborer soi-même’. Arrivé à ce point où la pensée de Foucault s’arrête par la orce des choses, il est impossible de ne pas se rappeler qu’en 1944, Sartre avait lui-même interrogé le dandysme de Baudelaire. Comme Foucault allait le aire quarante ans plus tard, Sartre interprétait le dandysme comme une création de soi. Baudelaire, écrivaitil déjà littéralement, comprend le dandysme comme ‘un incessant travail sur soi’ (…) Quarante ans avant Foucault, Sartre rencontrait chez Baudelaire le projet d’une éthique de l’invention de soi. Il en marquait le lien nécessaire à la mort de Dieu. »

désirables et les amants désespérés, les emmes Damnées et Satan, les prostituées aux odeurs capiteuses, les vampires et les squelettes. (…). Son art est la distinction : le dandy est seul de son parti. Suivre et guider lui sont mêmement odieux. Zarathoustra est un des leurs, et Cyrano bien sûr. Car tous pratiquent avec ardeur le culte de soi-même qui caractérise les individualités ortes de leurs potentialités, soucieuses de produire un style là où triomphe, a priori, le chaos. Rien à voir avec les chemises empesées, les cravates hystériquement nouées, les gants açonnés par trois artisans, les tissus précieux et les rafnements de circonstance qui ont ait la réputation, autive, du dandysme réduit aux accessoires et à l’esbroue. Certes, c’est aussi cela, mais pas seulement comme aiment à le aire accroire les spécialistes en désamorçages qui stérilisent cette pensée en acte. » Michel Onray, Onray, Le Désir d’être un volcan

Daniel Giovannangeli, Giovannangeli, Entre Sartre et Foucault : l’homme en question

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de l’esprit de lour deur. Volontarisme, aristocratisme et esthétisme, autant de vertus inactuelles, au sens de Nietzsche, car cette époque est tout entière aite d’avachissement, d’uniormité et de laideur. » Michel Onray, Onray, Le Désir d’être un volcan

68 « C’est un thème déjà présent chez Baudelaire ou chez Kierkegaard qu’une orme de vie peut elle-même être de l’art. Kierkegaard parle dès les années 1840 du stade esthétique de l’existence, Baudelaire, lui, parle du dandy. Cette substitution de la vie à l’art trouve une première réalisation dans le dandysme fn de siècle (…). » Yves Michaud, Michaud, Visualisations - Le corps et les arts visuels, visuels, in Histoire du corps

rançaise est en quête d’un corps lui permettant d’eacer l’écart entre l’être et le paraître. (…). C’est pourquoi, entre 1990 et 1993, Orlan se soumet à une série d’opérations chirurgicales/perorm chirurgicales/perormances ances connues sous le nom de La réincarnation de sainte Orlan dans le but de ‘ramener l’image interne à l’image externe’, d’annuler son ancienne apparence et de permettre ainsi au paraître au paraître choisid’émerger choisi d’émerger et de s’imposer à l’extérieur. » Michela Marzano, Marzano, Philosophie du corps

70 « Ne croyez pas qu’être dandy soit démodé. C’est tout le contraire ! L’attitude dandy est bel et bien vivante ! (…). Le ringant dandy est un caméléon qui change au gré des temps et des tendances, mais qui n’hésite pas à imposer sa propre vision du luxe. Après tout, le style est une aaire de conviction













71 « Le dandy ne peut plus posséder aujourd’hui qu’un ensemble de valeurs proondément négatives : il ne s’agit pas - surtout pas - d’apparence, de manières de parler, de comportements, de traits de caractères, d’idées, d’opinions. Simplement : une concentration d’énergie désinvolte. La négativité du dandy s’exerce à chaque instant de açon ultrapositive (négation de la négation). » Philippe Sollers, Sollers, propos recueillis dans Splendeurs et misères du dandysme

72 « Le dandy semble être une aaire d’hommes. Alors même

la onction avec brio. Or l’analogie n’est quasiment jamais utilisée et la comparaison à peine énoncée. L’adjecti dandy L’adjecti dandy , encore aujourd’hui, ne s’accommode guère du genre éminin. Et pourquoi ? En quoi y aurait-il une part irréductible du dandy qui résisterait aux emmes ?. » Félicienne Marboeu , Ma Dandy

73 « La emme est bien dans son droit, et même elle accomplit une espèce de devoir en s’appliquant à paraître magique et surnaturelle ; il aut qu’elle étonne, qu’elle charme ; idole, elle doit se dorer pour être adorée. Elle doit donc emprunter à tous les arts les moyens de s’élever au-dessus de la nature pour mieux subjuguer les cœurs et rapper les esprits. Il importe ort peu que la ruse et les artifces soient connus de tous, si le succès en est certain et l’eet













rapproche immédiatement l’être humain de la statue, c’està-dire d’un être divin et supérieur ?. » Charles Baudelaire, Baudelaire, Le Peintre de la vie moderne (éloge du maquillage) maquillage)

74 « Quant au noir artifciel qui cerne l’œil et au rouge qui marque la partie supérieure de la joue, bien que l’usage en soit tiré du même principe, du besoin de surpasser la nature, le résultat est ait pour satisaire à un besoin tout opposé. Le rouge et le noir représentent la vie, une vie surnaturelle et excessive ; ce cadre noir rend le regard plus proond et plus singulier, donne à l’œil une apparence plus décidée de enêtre ouverte sur l’infni ; le rouge, qui enamme la pommette, augmente encore la clarté de la prunelle et ajoute à un beau visage éminin la passion mystérieuse de la prêtresse. »

Point n’est besoin d’autre commentaire à ces deux testaments littéraires : c’est tout le dandysme, son essence première tout autant que son sens ultime, qui se trouve là, en cette dimension humaine où le plan de l’esthétique se voit hissé, via ce démoniaque attrait pour le sublime, au niveau de la métaphysique, paraitement













En hommage à l’auteur Daniel Salvatore Schiffer, de passage au Poème 2 les 15,22 et 29 avril 2013.















D A N D Y WA RHOL 75 ormules et maximes à l’usage des dandys de Baudelaire à Cioran

Dandy Warhol - Daniel Salvatore Schiffer

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