Science Economique
Notions du référentiel : les fonctions de la monnaie, les formes de la monnaie
4 – La monnaie et le financement
41 – A quoi sert la monnaie ?
« La monnaie, c’est comme un éléphant, on sait quand elle est là mais on ne sait pas trop la définir ! ». Joan Robinson (19031983) veut ainsi mettre en évidence la difficulté de définir la monnaie. C’est pour cela que l’on définit traditionnellement la monnaie soit en mettant en évidence les fonctions de la monnaie, soit en présentant les différentes formes de la monnaie
I.
Les fonctions de la monnaie A. Les limites du troc
Le troc est l’échange d’un bien contre un autre bien sans utilisation d’une monnaie. On le retrouve dans des sociétés de petite taille dans lesquelles la division du travail est réduite et l’échange peu développé. Il n’y a donc pas nécessité d’utilisation d’une monnaie.
Cependant le troc limite les échanges pour de nombreuses raisons : Il faut trouver la personne qui dispose du bien que l’on désire et qui veut le bien que l’on possède Il faut, à chaque échange, déterminer le rapport d’échange : quelle quantité de bien A échanger contre quelle quantité de bien B tous les biens doivent être divisibles il est parfois difficile de transporter certains biens
A. Rendent nécessaire l’adoption d’une monnaie Toute monnaie doit alors remplir 3 fonctions
II.
Moyen de paiement ou intermédiaire des échanges : la monnaie doit servir pour régler des achats. La monnaie remplace le troc par deux opérations distinctes : une opération d’achat et une autre de vente, sans coûts de transaction. Elle assure ainsi une réduction du nombre de marchés. La monnaie est alors un moyen d’échange unique et universel.
Unité de compte et étalon de valeur : en l’absence de prix exprimé en unité monétaire, personne ne peut dire combien de litres de lait vaut une table, car, n’ayant aucune qualité commune, ils ne sont pas comparables sur la même échelle .La monnaie présente alors deux qualités : la monnaie rend les objets commensurables (avec une mesure commune) la monnaie permet de simplifier les rapports d’échange, c’est-à-dire de diminuer le nombre de prix
Une fonction réserve de valeur : pour que l’échange monétaire se substitue au troc et se développe, il faut scinder le circuit vente –achat en au moins 2 opérations : cela implique que les échangistes ne craignent pas de conserver l’unité monétaire dans l’intervalle. La monnaie doit donc être un bon moyen d’épargne dont la valeur ne s’altère pas au cours du temps. Un déterminant de la perte de valeur est alors l’inflation qui est l’augmentation du niveau général des prix. Elle entraîne une réduction du pouvoir d’achat de la monnaie donc de la valeur de la monnaie.
Quelles formes monétaires? Introduction – Les conditions d’une bonne monnaie
Certaines conditions sont donc nécessaires pour qu’un bien puisse jouer le rôle de monnaie : le bien doit avoir une valeur objective liée à ses qualités physiques : stabilité, voire inaltérabilité (l’or ne s’oxyde pas) une grande valeur sous un faible volume malléabilité qui permet la divisibilité
le bien doit avoir une valeur subjective élevée : il doit être rare et prestigieux
A. La monnaie marchandise Les premières monnaies sont des biens : coquillages, bétail. Elles présentent des caractéristiques communes : stabilité physique du bien Il peut se diviser facilement Une valeur élevée pour une petite quantité de bien Cette valeur est subjective : elle dépend de l’acceptation du bien par la population
B. La monnaie métallique C’est la monnaie dite divisionnaire. Elle correspond à la monnaie métallique émise en France par le Trésor Public et qui sert d’appoint dans les transactions. La monnaie métallique s’est transformée au cours du temps : c’est d’abord une monnaie pesée dont le poids et la pureté doivent être vérifiées à chaque fois. Puis une monnaie comptée (800 avant Jésus-Christ) qui se présente sous la forme de lingots ayant un poids déterminé. Enfin, une monnaie frappée : des pièces dont la valeur et le poids sont garanties d’abord par les autorités religieuses, puis par les autorités royales. Celles-ci essayent, depuis le Moyen Age, d’en monopoliser la frappe qui devient alors un droit régalien.
L’utilisation de la monnaie métallique comporte deux limites : La quantité devient vite insuffisante pour répondre aux besoins de l’économie Son transport peut être dangereux et difficile
C. La monnaie fiduciaire
La monnaie fiduciaire : Ce sont les billets. La monnaie fiduciaire repose sur la confiance, puisqu’elle n’est plus garantie par un support matériel tel que l’or.
Ces billets se substituent aux pièces progressivement pour leur aspect pratique. Mais se pose alors le problème de la confiance dans ces billets, dès lors qu’au XVII° siècle, un banquier suédois décide d’émettre un nombre de billets supérieur à celui correspondant au montant total de métal précieux qu’il détient dans ses coffres .L’Etat va alors intervenir, le développement de la circulation des billets ne peut être assuré qu’à 2 conditions : les agents économiques doivent avoir la certitude qu’ils peuvent convertir à tout moment leurs billets en métal donc que les banques ont dans leurs réserves suffisamment d’or pour assurer cette opération mais la confiance n’est pas un élément suffisant, il faut aussi que l’Etat assure un cours légal à la monnaie : - obliger les créanciers à accepter le paiement en billets de banque - ils sont seulement émis par l’Etat, l’émission de billets devenant ainsi un gage de souveraineté.
Mais la quantité d’or en circulation ne suffit plus à assurer l’émission d’un nombre de billets suffisant aux besoins de l’économie. Des guerres et des crises remettent en cause la capacité de l’Etat à garantir la convertibilité or des billets. Celle-ci est suspendue progressivement à partir de la guerre de 14, définitivement en 71. Désormais, les billets ont cours forcé.
Aujourd’hui, cette monnaie fiduciaire correspond aux billets émis par la Banque de France qui sont déclarés inconvertibles : leur détenteur ne peut demander leur conversion en or. Ils ont donc cours forcé, mais aussi cours légal, puisque un individu ne peut refuser d’être payé en billets (leur pouvoir libératoire est donc illimité).
D. La monnaie scripturale
La monnaie métallique et la monnaie fiduciaire constituent une monnaie manuelle, puisque les billets et les pièces sont un objet matériel, dont la circulation s’opère de main en main. En revanche, la monnaie scripturale ne circule pas physiquement, mais par un jeu d’écriture (scripturale) d’un compte courant à un autre. La monnaie scripturale correspond donc aux sommes que les agents économiques déposent sur un compte courant dans une institution habilitée à proposer ce service (banques, postes, ..) et qui leur servent à régler leurs achats : le client, par exemple, donnant l’ordre à sa banque de débiter son compte et de créditer celui du commerçant pour régler les achats qu’il vient de réaliser. Il y a 4 instruments de la monnaie scripturale: le chèque, le virement, le prélèvement, la carte bancaire. Ces instruments ne sont pas de la monnaie, ils sont simplement le support matériel par lequel transite la monnaie sur un compte courant : un chèque sans provisions car le compte courant n’est pas assez approvisionné n’a aucune valeur.
Conclusion
On utilise aujourd’hui le terme fiduciaire pour caractériser les billets .Mais en réalité, les 3 formes de monnaie décrites plus haut sont fiduciaires, car leur valeur intrinsèque est nulle et leur circulation repose sur la confiance que le public a dans le système bancaire réglementé par l’Etat qui en garantit la valeur.