Micro-Economie :
Quelques principes de microéconomie Ce sont les principes de bases qui mettent d’accord l’ensemble des économistes. Ils sont spécifiques à la microéconomie car ils définissent la manière dont les individus prennent des décisions et interagissent. En tant que science des décisions individuelles et collectives, l'économie applique certains principes de base à toute sorte de phénomène social et économique. Comment les individus prennent des décisions ? •Ils font face à des trade-offs (ils ne peuvent pas tout faire et tout avoir → choix sous contrainte). •Chaque choix a un coût d’opportunité (le coût de quelque chose est identique à la valeur de ce à quoi on renonce pour l’obtenir). •Les individus sont rationnels et raisonnent à la marge. •Les individus répondent aux incitations. Comment les individus interagissent ? •L'échange volontaire génère des bénéfices pour tous les participants. •Les marchés sont généralement une manière efficace d’organiser les interactions économiques. •Les gouvernements peuvent parfois être plus performants que des marchés laissés à euxmêmes et pallier à des failles des marchés. •Les quatre premiers principes font référence à la prise de décision des agents économiques.
Principe 1 : Les individus font face à des trade-offs En économie, il faut toujours choisir, il faut prendre des décisions, on est toujours confronté à un choix et on doit faire des compromis. C’est ce qu’on appel le trade-offs. Tous les individus font des choix. •Au niveau de l’individu/entreprise Les ressources sont rares et limités, on doit optimiser ces ressourcer pour maximiser son profit ou son bien-être. La question centrale est de savoir comment allouer ces ressources ? •Au niveau de la société Dans le cas de la collectivité le compromis se situe entre efficience et équité. Ces deux objectifs sont souvent en contradiction, il est nécessaire de choisir soit l’un soit l’autre. La redistribution de la richesse cherche à atteindre l’objectif d’équité, il faut supporter des coûts. Le trade-offs est vrai à tous les niveaux.
Principe 2 : Le coût d’un bien ou d’un service correspond à la valeur de ce à quoi on renonce pour l’obtenir Dès lors qu’on renonce à quelque chose, c’est ce qu’on appelle un coût d’opportunité Les coûts d’opportunité sont tout ce à quoi on renonce. C’est un concept différent du concept des coûts comptable/financier. Le coût d’opportunité et ce à quoi on renonce pour obtenir ce que l’on désire Les individus font des analyses coût-bénéfices pour évaluer le coût d’opportunité.
Ce que l’on compare afin de déterminer la quantité optimale : on compare les bénéfices à la marge, c’est-à-dire les bénéfices dérivé d’une unité supplémentaire consommé
Principe 3 : Les individus, rationnels, raisonnent à la marge Lorsqu’on prend la décision de faire quelque chose ou non, on compare le coût additionnel (marginal) avec le bénéfice marginal, et non pas le coût total avec le bénéfice total: coût marginal = bénéfice marginal = condition nécessaire pour que le choix soit optimal
Pourquoi ces différences dans les tarifs pour le même vol ? L’avion est presque vide le jeudi 9 et le coût additionnel d’un passager supplémentaire est très faible (disons CHF 3 d’essence). En chargeant un prix de peu en dessus du coût additionnel l’entreprise fait un bénéfice sur cette unité qu’elle ne fait pas si elle charge le coût moyen (coût total/nombre total de passager), car le voyageur ne voyagerait pas.
Principe 4 : Les individus répondent aux incitations Plutôt que d’imposer quelque chose, on introduit des systèmes d'incitations afin d’induire un certain type de comportement. Le problème est que souvent les individus réagissent aux incitations de façon étrange et engendre des comportements inattendus, ce sont des effets pervers. •Levitt : L’introduction d’une amende pour les parents venant chercher leurs enfants en retard à la crèche a eu un effet inverse. Cela a incité les parents à venir chercher leur enfant à la crèche plus tard parce qu’il se sentait en droit de le faire parce qu’ils payaient plus. •Peltzman : L’obligation de porter la ceinture de sécurité a paradoxalement engendré une hausse des accidents de la route parce que les individus se sentaient plus en sécurité, ce qui les a incités à conduire de façon moins attentive.
Principe 5 : L'échange génère des bénéfices pour tous ceux qu'y participant L'échange nous permet de nous spécialiser dans l’activité dans laquelle nous sommes relativement plus efficaces (productifs) et d’acheter les autres biens des individus qui les produisent avec une plus grande efficience, et donc à un coût (d'opportunité) plus bas. C’est identique pour le commerce entre pays. Et ceci même si on est le plus (ou le moins) efficient dans la production de tous les biens. L'avantage comparatif est un concept strictement lié à celui de coût d’opportunité.
Principe 6 : Le marché est une manière efficace d’organiser l’activité économique L’économie de marché est une manière d’organiser l’économie de manière efficace. On arrive à un équilibre qui est efficace, c’est-à-dire optimal. C’est l’idée que sans besoin d’intervention avec des individus égoïste qui prennent des décisions et essaie de maximiser leur bénéfice on arrive à un résultat efficace. De plus ceci est vrai sans besoin d’intervention d’un gouvernement. Adam Smith parle de main invisible. Les décisions sont prises exclusivement en regardant les prix du marché. Le prix contient les informations sur : •la rareté du bien •la désirabilité Une intervention externe n’est pas nécessaire pour décider la quantité optimale. Cependant le résultat peut ne pas être socialement acceptable. Dans un mécanisme de marché s’il fonctionne comme il faut, l’allocation des ressources est optimale. Dans les cas où le marché dysfonctionne, l’intervention/action de l’État est nécessaire. En revanche on est souvent confronté à des failles de marché soit dues à l’existence d’externalités comme la position dominante d’entreprise. Si l’on arrive à un équilibre de marché non-équitable d’un point de vue de la justice sociale, le rôle redistributeur de l’État est souhaitable.
Principe 7 : Les gouvernements peuvent parfois être plus performants que des marchés laissés à eux-mêmes Par les mécanismes de marché, si le marché fonctionne bien, on arrive à une situation de marché optimal. Ce mécanisme se base exclusivement sur la connaissance des prix. Rappelons que les résultats se trouvent dans la somme du prix. Le principe de la main invisible permet d’arriver à un équilibre. Ce principe se base sur une hypothèse de fonctionnement parfait du marché. Au contraire dans la vie réelle le marché contient de nombreuses faillent. Dès lors les hypothèses précédentes doivent être strictes et fortes. Donc l’intervention du gouvernement devient souhaitable dans certains cas : •lorsqu’il y a des failles de marché ; •le résultat est efficacement optimal mais pas acceptable socialement. Il y a des avis très différents en fonction des économistes. L’action du gouvernement peut introduire des failles parce qu’il ne dispose pas nécessairement l’ensemble des informations. •Keynesianistes : pensent que l’intervention de l’État est nécessaire est perpétuelle ; •Monétariste : pensent que l’intervention de l’État est nécessaire seulement dans certains cas ; •École néoclassique : pense que le gouvernement doit s’abstenir sauf pour créer un cadre institutionnel.
Penser comme un économiste Comment travaillent les économistes ? L'économie est une discipline basée sur l’observation des faits(analyse statistique, analyse des données). On crée des modèles abstraits qui ont pour objectif de décrire les comportements. Pour cela on émet des hypothèses simplificatrices On fait des prévisions et on teste les modèles afin de savoir s’ils peuvent expliquer la réalité. Le problème est de savoir si le modèle est approprié pour définir la réalité. Imposer des hypothèses est nécessaire, il faut simplifier la réalité. On créé une réalité artificielle. On va étudier cette forme spécifique pour développer un modèle théorique, c’est une réalité fictive. Si on veut comprendre la réalité on ne peut la reproduire, il faut la simplifier est isoler certains facteurs/mécanismes. Les modèles servent à expérimenter. Les modèles se basent fortement sur des hypothèses, un modèle n’est pas positiviste.
Méthodes de l’économie moderne On utilise beaucoup de mathématiques. Derrière les instruments mathématiques il y a toujours une intuition. Ils permettent de simplifier les raisonnements parce qu’ils ne sont pas descriptifs. Allais met l’accent sur le fait qu’il faut toujours se poser la question de la validité des hypothèses qu’on utilise afin de légitimer le modèle choisi. L’utilisation des mathématiques simplifie les choses ce qui permet de synthétiser les comportements des individus, en d’autres termes on simplifie la réalité. On a dès lors un pouvoir de prédiction qui résulte d’une réalité artificielle que l’on transcrit dans des modèles.
Exemple: le modèle de l'offre et de la demande Qu’est-ce qui détermine la valeur d’un bien ? L’importance de son usage / bénéfice marginal? Sa rareté / coûts de production? Ce sont des Débats interminables jusqu’à ce que Alfred Marshall (1842-1924) intervienne. Quelle est sa réponse ? Il va proposer deux modèles qui sont le Modèle de l’offre et de la demande. Les forces de la demande et les forces de l’offre déterminent simultanément le prix et la quantité d’équilibre dans le marché des biens.
Mais les économistes ne sont pas toujours d'accord ! Les économistes sont rarement d’accord. On assiste à des débats principalement quand on analyse des questions normatives comme par exemple comment intervenir dans les systèmes économiques ?. Il y tout une série de jugement de valeur, de morale qui tendent à des opinions différentes Il est aussi vrai que les économistes ont des opinions différentes en ce qui concerne la réalité (ex- comment le monde fonctionne ? –description des variables économiques). Cela dépend du fait que l’on développe des modèles sur des hypothèses et dans un contexte de discipline social on peut difficilement de développer des modèles sur des
hypothèses valables. L’économie reste une science descriptive (positive) que l’on essaie de rendre le plus possible scientifique et détaché de la position idéologique et politique. C’est pourquoi on essaie aussi d’utiliser une approche quantitative afin de tester les hypothèses. Ainsi, on a confrontation entre la réalité et les données
Résumé Qu'est-ce que l'économie ? •Science qui étudie l’allocation des ressources rares •Micro vs Macro-économie •Positif vs Normatif Quelques principes : •There is no such thing as a free lunch •Coût d’ opportunité •Calcul économique à la marge •Les individus répondent aux incitations (économiques, mais aussi morales, sociales) •Les gains du commerce •L’efficience du marché pour allouer les ressources rares •Les failles du marché et le rôle de l’État Comment travaillent les économistes ? •L’importance des modèles, de l’observation, de l’analyse graphique et statistique et leurs interactions.
Causalité ou corrélation ? L'approche statistique Quand on analyse des données il y a un certain nombre de piège qui peuvent influencer l’analyse des économistes. À partir des années 1930 on a développé tout une série de méthode afin d’éviter de tomber dans un certain nombre de piège. L’idée est d’avoir un pouvoir de prédiction afin d’anticiper les réactions (ex- influence d’une intervention de l’État sur la modalité de l’aide au chômage). Le but final est de chercher une relation de causalité. Cela prend le nom d’identification, on définit un mécanisme de causalité. L’économie se base sur l’analyse des données toujours en fonction d’un modèle théorique (quel mécanisme peut-on mettre en évidence ?). L’analyse quantitative (approche empirique) n’est jamais détachée du modèle théorique.
Le problème de l'identification On peut interpréter une simple corrélation comme un mécanisme de causalité. •covariation On collecte des données sur une variable X (bikini) et Y (glace): •on peut voir une corrélation entre ces deux variable est que la variable X cause la variable Y. On voit juste une corrélation. On admet qu’il y a une corrélation positive •il peut y avoir covariation invisible du a une information additionnelle qui influence simultanément les variables X et Y. La seul chose mise en évidence est une corrélation est non une covariation, c’est un piège assez fréquent. •direction de la causalité
Plus un pays est en difficulté plus un pays reçoit d’aide du FMI (FondMonétaire International). Le fait que le pays se trouve en situation de difficulté fait que ses aides sont plus élevé. On a donc une corrélation inverse. Le risque est de donner une mauvaise direction à la causalité par une mauvaise interprétation d’une variable Pour éviter ces pièges on a développé un certain nombre de mécanisme. L’économie en particulier porte une attention à l’identification de ce mécanisme de causalité ainsi qu’à l’identification des analyses quantitatives. Cowles a réuni les économistes les plus importants de son époque à travers une commission afin de développer afin de faire une analyse quantitative qui n’était pas influencée par un jugement de valeur (idéologie, opinion, etc.) L’idée était de développer toute une série d’instruments pour surmonter ces problèmes d’identification de causalité ou d’une direction de causalité qui n’est pas forcement la bonne. Typiquement si on veut analyser l’impact sur le chômage d’une augmentation du salaire, ce phénomène on peut l’analyser une fois, on ne peut répéter l’expérience pour voir ce qui se serait passé s’il n’y avait pas eu une augmentation du salaire. Pour pouvoir identifier directement un groupe de causalité il faudrait faire l’analyse sur un groupe de contrôle en regardant qu’elle est l’effet sur un autre groupe qui n’aurait pas été soumis au même traitement. On développe des techniques empiriques qui permettent de faire des expériences qui se rapprochent à celles faites dans d’autres disciplines. 1ere étape - traiter et simplifier les données : on obtient toute une série d’observation que l’on ne sait pas nécessairement faire parler. Il faut simplifier est résumer les N observations dans une droit de régression.
y=a+b.x Ce processus qui permet de résumer ces N informations qui viennent de la collecte des données qui viennent d’un espace bidimensionnelle est un processus que l’on appelle la méthode des moindres carrés.
Nuage... de points On récolte N informations. On chercher un droit qui passe par le milieu de ces points. Toutes ces informations sont résumés dans les paramètres a et b qui définit la position de la droit ainsi que la pente.
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• On peut s’attendre à ce qu’il y ait une relation entre ces deux variables. On a collecté ces données en fonction des différents pays que l’on traduit graphiquement : 1er étape : on résume les N observation, dès que l’on connaît la pente et l’intercepte de cette droite on peut déterminer les relations de l’abscisse et de l’ordonnée. On veut estimer une droite qui aura une forme de ce type : Grâce à ces deux paramètres on peut en déduire le niveau de stress. La difficulté réside en trouver une droite qui résume au mieux la corrélation. Il faut trouver une méthode qui permet de déterminer une droite qui estime correctement les informations collectées.
La droite de régression et la technique des moindres carrés L’analyse des moindres carrés résume de manière significative toutes les informations à disposition. La manière de trouver les paramètres a et b est de minimiser toutes les distances au carré entre les points d’observation et la valeur correspondante lu sur la droite.
C’est tel que la somme des distances entre les N2 et la droite de régression soit minimale. Cependant cette méthode assure une marge d’erreur minimisée. On peut très bien imaginer un mécanisme qui va du stress au chômage. Le piège est dépenser qu’une fois l’estimation faite un certain niveau de chômage provoque un certain niveau de stress. La relation peut très bien être inverse. Cela met en évidence une simple corrélation. Cette méthode va permettre de trouver la droite. C’est le fait de minimiser la sommes des observations qui par cette procédure va permettre de trouver les paramètres a et b et de déterminer la droite de régression.
Généralisation Cette méthode peut être généralisée afin d’estimer un paramètre qui va résumer ces trois variables dans une simple équation linéaire.
Cela relève d’une simple corrélation entre les variables étudiées. Il faudrait voir si cette simple corrélation serait un mécanisme de causalité.
À la recherche de la causalité: les diverses techniques Difficultés : la causalité inverse Il existe différentes théories dans l’économie : •théorie du capital humain : Plus on acquérir de connaissance plus le salaire sera élevé – on construit un capital humain en augmentant sa propre productivité. La relation causale va des qualifications vers le revenu •théorie du signal : les talents des travailleurs est une variable que l’employeur ne peut directement observer. On peut observer le résultat mais directement le talent. Alors les travailleurs vont étudier une année supplémentaire pour signaler son talent supérieur. Le sens de causalité est inverse : le talent qu’on ne peut pas observer directement fait étudier plus et donc augmenter le salaire.
Ici la simple analyse des données ne permet pas d’identifier le mécanisme. On doit développer d’autres méthodes notamment qualitatives pour déterminer la faction qui engendre une augmentation du salaire. Par exemple, il y a un pourcentage élevé de décès qui se vérifie quand une personne est allongée dans son lit. Le fait d’être allongé dans son lit n’est pas un déterminant unique. L’état de santé de l’individu rentre aussi en jeu.
Le « contrefactuel » L’idée est d’arriver à identifier un mécanisme de causalité. On cherche par exemple à déterminer l’effet d’une augmentation du salaire minimum le taux de chômage. En d’autre terme le contrefactuel indique quelle est la variation de Y (variable indépendance) si X (variable dépendant) n’avait pas varié Théoriquement, il faudrait faire deux expériences : •prendre une certaine région est pratiqué l’augmentation du salaire minimum puis regarder la conséquence sur le taux de chômage •Inversement on s’intéresse à l’évolution du taux de chômage sans variation du salaire minimum La différence va nous permettre d’attribuer l’impact sur le taux de chômage après l’introduction du salaire minimum. Cependant on ne peut réévaluer la situation économique par le processus inverse afin d’observer la variation. Il faut développer des analyses qui permettent de se rapprocher du contrefactuel. Ces méthodes se font en employant différentes méthodologies.
La technique des expériences contrôlées On crée artificiellement et de manière aléatoire des « groupes de traitement » dans l’un ou on va modifier la variable et un « groupe de contrôle » dans lequel on ne change rien. Ensuite on compare à terme les résultats, c’est-à-dire l’effet de la variable X sur la variable Y. On cherche des groupes similaires afin d’isoler la variable unique étant donné tout le reste ; ainsi les deux groupes sont théoriquement identiques. Dans ce cas le groupe de contrôle crée le contrefactuel qui permet de coir l’impact de la mesure par différence sur le groupe de traitement Donc, l’idée est de distinguer les deux groupes seulement par la valeur modifiée tout en s’employant à avoir deux groupes les plus similaires possible. Il y a cependant des difficultés éthiques avec l’expérimentation. D’autre part si on travaille avec des volontaires, est que ceux-ci ne constitueront pas un échantillon représentatif de la population : ils seront un échantillon particulier et surtout auto-sélectionné. De plus
ceux choisissent faire partie de l’expérimentation sont sans doute ceux qui en bénéficient le plus. Exemple : Quand on s’intéresse au lien entre le salaire et le taux d’emplois on observe que lorsqu’on offre un salaire faible on diminue l’incitation des individus à se mettre sur le marché du travail. Cette personne aura un coût d’opportunité élevé (baby-sitter, coûts de transport, etc.). Pour il faut évaluer l’impact d’une étude faite dans deux provinces du Canada en créant un « groupe de traitement » et un « groupe de contrôle ». •groupe de traitement : introduction d’une incitation salariale •groupe de contrôle : aucune incitation On a observé un taux d’incitation plus élevé dans le groupe de traitement que dans le groupe de contrôle. Cependant, d’autres facteurs peuvent influencer le résultat ; pour pouvoir identifier un mécanisme de causalité il faut isoler la variable du reste d’ou la création du groupe du contrôle.
On a remarqué que ces deux groupes avaient presque le même comportement économique. Les individus qui constituent ces groupes sont en moyenne très similaires. Après introduction de l’incitation le taux de participation du groupe de traitement augmente de manière considérable. On peut dire que durant les premiers mois la politique d’intégration salariale a eu un impact impressionnant et il est possible d’affirmer que c’est la mesure d’incitation qui a influencée uniquement cette expansion, ce qui a permis d’isoler le mécanisme de causalité. Par contre on constate que les comportements se resserrent finalement. On utilise une astuce par l’analyse quantitative qui permet d’isoler l’impact d’une certaine variable sur une autre. Ces méthodes posent des problèmes éthiques parce qu’il s’agit d’expériences parlantes faites directement sur des individus.
La technique des expériences naturelles Il y a un choc externe qui va provoquer une séparation nette entre deux groupes à savoir le groupe de contrôle et le groupe de traitement. L’idée est de faire une comparaison par rapport à la situation initiale pour pouvoir isoler l’impact du choc sur le groupe de traitement. Exemple :
Concernant le taux de chômage il y a deux théories alternatives, ce sont les théories keynésiennes basés sur une incitation à la production afin de relancer la production et intensifier la demande de travail, et les théories néoclassiques qui pensent que si on augmente le salaire minimum alors on provoque un taux de chômage plus élevé. En 1992 aux Etats-Unis on a augmenté le salaire minimum dans un État passant de 4.5$ à 4.95%. Dans un État limitrophe la hausse n’a pas été observée. On a donc deux groupes de contrôles. En faisant une comparaison du taux de chômage on peut isoler l’impact de l’augmentation du salaire minimum sur le chômage. On sait qu’on est confronté au même type de travailleur, seul l’introduction d’un salaire plus élevé différencie les deux États. Dans la restauration l’augmentation du salaire a un impact effectif sur les travailleurs.
Juste après l’augmentation du salaire minimum, au New Jersey il a eu d’abord une augmentation du taux d’occupation, puis une stabilisation. C’est seulement 4 années plus tard que le taux d’emploi augmente dans le groupe de contrôle à savoir la Pennsylvanie : Les explications : •en 1992, on est en période de crise ce qui fait que les entreprises gardent leurs salaires parce que cela coute cher de les former •concernant les établissements de restauration, ces entreprises vont se placer là ou les coûts sont les plus faibles •après quelque années c’est en Pennsylvanie que le taux d’occupation est le plus élevé parce que le salaire et plus faible
La technique de l'utilisation des discontinuités On profite d’une discontinuité, c’est-à-dire d’une différence entre deux groupes soit une variable qui permet de distinguer deux groupes afin de pouvoir analyser les différences de comportement entre le groupe de traitement et le groupe de contrôle. Grâce à la valeur critique on définit les groupes de traitement et les groupes de contrôle Exemple : Plus la taille des classes est critique plus l’élève pourrait profiter de l’enseignement et avoir une performance aux examens qui est meilleurs. Dans ce cas on ne peut se limiter à de simples comparaisons entre des classes avec peu d’élèves. Il y a ici une distorsion en fonction de l’origine sociale de l’enfant. Pour pouvoir isoler l’impact de la taille de la classe deux chercheurs on étudier le cas des écoles israéliennes. Dans la culture juive on limite la taille de la classe afin de ne jamais dépasser 40 élèves.
On a un groupe de traitement qui sont les élèves dans les écoles avec un effectif de maximum 40 élèves. Ensuite on compare ces élèves avec d’autres écoles qui ont des effectifs supérieur à 40 personnes.
Il est possible de remarquer que les performances dans le test de lecture baissent si la taille de la classe augmente. La seule différence entre les élèves concerne donc la taille de la classe. On a isolé un mécanisme de causalité qui permet de rendre compte de l’impact effectif de la dimension de la classe sur le test de lecture.
Les méthodes instrumentales Cette méthode consiste à isoler les variables dites « instrumentales ». Elle est utile si on est dans une situation de variable manquante, si on veut savoir si X à une incidence sur Y ou si une troisième variable Z peut influencer simultanément les deux variables précédentes. On cherche une troisième variable liée à la variable explicative que l’on substitut à la variable instrumentale. Ensuite on regarde l’impact sur la variable indépendante. En d’autres termes, un instrument est une variable corrélée uniquement avec la variable d’intérêt mais pas avec les autres facteurs explicatifs. Exemple : Plus on étudie plus on augmente la productivité de l’individu. Cependant ce n’est pas nécessairement avec une année supplémentaire d’étude qu’on acquiert des connaissances, il faut prendre en compte le talent des individus qui va influencer simultanément les années d’études et les revenus de l’individu. Pour tester ces deux théories on compare les élèves puis on analyse les revenus des élèves étant nait durant la première partie de l’année avec ceux étant nait durant la deuxième partie de l’année. L’entrée à l’école dépend du mois ou l’on nait, la sortie est indépendante du mois d’entré. On a deux groupes qui permettent de mettre en évidence que ceux qui sont nés en deuxième partie d’année passe un peu plus de temps à l’école.
Sur le second graphique on voit que les personnes nés en deuxième partie d’année on un salaire plus élevé que ceux nés en première partie d’année. La seule différence systématique concerne le moment ou ils sont nés. On isole seulement la variable « temps passé à l’école »
La causalité au sens de Granger Cette méthode permet d’isoler un mécanisme de causalité spécifique. La procédure est d’analyser le comportement des séries chronologiques des variables. Il traduit la séquentialité des événements. Les agents forment des anticipations qui peuvent les conduire à réagir non pas en fonction du passé mais en fonction de l’avenir.
Xt=a∗b×Y(t−1)+autrevariabledecontrôle :On observe les valeurs de la variable Y retardée (t−1) : Xt=at+bt×Y(t−1)autrevariabledecontrôle Ensuite on s’intéresse à l’existence d’une relation entre la variable Y et la variable X au temps t. Si le paramètre b est significatif on peut dire que la variable b engendre la variable X. Exemple : En France entre 1989 est 2006 il y a une corrélation positive forte entre croissance du PIB et la consommation.
L’idée est que l’analyse des données peut déduire s’il y a une corrélation. En l’état on ne peut rien admettre. La théorie de Granger par une analyse temporelle permet d’estimer les paramètres et de voir quel facteur influence l’autre. L’analyse des séries chronologiques montre une corrélation, lorsque l’on a un pic positif dans la production se produit une augmentation de la consommation. Ainsi on peut affirmer que la variation du PIB prime la variation de la consommation. Cette technique montre qu’il y a un cercle vertueux qui se met en place dans le sens que si la production augmente il va y avoir une augmentation de la consommation qui va ellemême engendrer une hausse de la production. Limite : Les variations de variables dépendent des anticipations. Très souvent la variable Y retardée pourrait être influencée par les prévisions des individus induit par la variable X. Il y a un rôle des anticipations très courant en économie qui n’est pas pris en compte par l’analyse de la causalité au sens de Granger. En d’autres termes, la causalité au sens de Granger ne tient plus puisqu’elle peut prédire une causalité inverse à celle qui existe réellement. Ainsi les économètres préfèrent parler de « prédictibilité au sens de Granger » car le pouvoir d’anticipation des agents économiques est un problème fondamental pour l’économie empirique. Les agents économiques ont des anticipations qui dépendent d’eux-mêmes et plus fondamentalement de la représentation qu’ils se font du monde.
Une dernière recommandation Très souvent les modèles théoriques plutôt que d’être représentés avec des équations seront représentés par des graphiques.
Dans le modèle de l’offre et de la demande la relation entre le prix et la quantité est inverse. On induit aussi une relation avec le revenu de l’individu qui donne la fonction suivant F(p,R) Il y a une différence fondamentale : •mouvement le long de la courbe : quand il y a une variation en fonction d’une variable on lit la variation le long de la courbe, cela est dû à une variation endogène •déplacement de la courbe : quand la variation dépend d’un facteur exogène la variation se déplace sur le graphe
Les forces du marché : l'offre et la demande
Le marché et le lieu dans lequel les forces de la demande interagissent avec les forces de l’offre. On définit l’équilibre comme un couple qui est tel que la quantité demandée égalise la quantité offerte. L’équilibre indique aussi la désirabilité du bien ainsi que son prix. Par exemple, dans les années 2000 on a constaté une augmentation des prix des biens alimentaires, phénomène provenant soit de l’offre, soit de la demande.
« There is keen interest in the soft commodity bull run at present. We are not convinced by either the “world population growth” or “Chinese
meat eaters” argument. After all neither of these happened overnight, yet the 22% rise global food prices was a one-year jump. Rather it is soaring oil prices, leading to greater demand for bio-fuels and the poor output of key swing producers that have seemed to play the largest role. » — ING, Directional Economics, February 2008 Pour certains économistes cela est dû à la baisse de l’offre, pour d’autres c’est la population des pays nouvellement industrialisés qui a augmentée la demande des biens alimentaires. La seule chose dont on est sûr c’est que le prix d’équilibre émane à la fois de l’offre et de la demande.
« The price mainly reflects changes in demand – not problems of supply, such as harvest failure. The changes include the gentle upward pressure from people in China and India eating more grain and meat as they grow rich and the sudden, voracious appetites of western biofuels programmes, which convert cereals into fuel. ... Such shifts have not been matched by comparable changes on the farm. ... The era of cheap food is over. » — The Economist, The new face of hunger, 19 Avril 2008.
Les marchés parfaitement compétitifs Le marché Le marché est le lieu de rencontre entre les offreurs et les vendeurs qui permettent de déterminer l’équilibre du marché résultant de l’égalisation de la quantité offerte et de la quantité demandée. Ce mécanisme peut être régulé ou spontané. Selon les différentes hypothèses on pourra distinguer entre un marché en situation de concurrence pure et parfaite ou un marché en concurrence imparfaite. La discriminante concerne les pouvoirs de marché des individus qui participent à l’échange : •atomicité des consommateurs : c’est le cas où les individus sont extrêmement petits, on se trouve alors en situation de marché concurrentiel ; la modification des choix de consommation et de production n’auront aucun impact sur les prix du marché ; •monopole : s’il n’y a qu’un seul vendeur détenant à une taille conséquence relativement à la taille du marché il peut influencer le prix ; •monopsone : s’il y a qu’un seul acheteur sur le marché est plusieurs offreurs, le consommateur peut influencer le prix. Dans ce cas les acteurs sont des prices-takers parce qu’ils prennent le prix qu’on leur impose.
La concurrence pure et parfaite C’est une forme de marché qui fait référence à un « idéal type » ou le marché est sans failles. On arrive à une allocation optimale grâce aux seules forces du marché même si il n’y a pas d’intervention du gouvernement. Selon la théorie de la main invisible d’Adam Smith, si les marchés fonctionnent correctement la solution obtenue est optimale. Pour que ceci soit vrai il faut qu’une série d’hypothèse soit vérifiée : •Mobilité parfaite des produits et des facteurs de production •Homogénéité des produits •Atomicité des acheteurs et des vendeurs •Pas d'obstacles à la libre entrée des producteurs sur le marchéé •Transparence du marchéé et absence d'incertitude Cependant ces hypothèses sont difficiles à réaliser car on constate dans la réalité de nombreuses failles
La demande La demande La loi de la demande indique que, toute chose égale par ailleurs, lorsque le prix d’un bien diminue, la quantité demandée augmente. La courbe de demande illustre comment la quantité demandée change lorsque le prix du bien varie, toute chose égale par ailleurs (ceteris paribus).
La demande de marche La demande de marché est la somme des quantités individuelles demandées à chaque prix (somme à l'horizontale des courbes de demande individuelles).
Variables qui influencent la demande •Variation du revenu : déplacement de la courbe de la demande Biens normaux : la demande de bien augmente pour n’importe quel prix si le revenu des individus augmente. La propension à consommer sera dès lors plus élevée Biens inferieurs et de première nécessité : la demande baisse quand le revenu de l’individu augmente •Variation des prix des autres biens : lecture le long de la courbe de la demande Biens complémentaires : la quantité demandée augmente lorsque les prix complémentaire diminuent (ex. pétrole et voiture ; thé et café) Biens substituables : la quantité demandée augmente lorsque le prix d’un bien substituable augmente •Goûts des consommateurs : déplacement de la courbe de demande (ex. campagne anti-tabac) •Expectatives ou prévisions : déplacement de la courbe de demande (ex. maison en bord de mer et réchauffement de la planète) •Nombre d’acheteur : déplacement de la courbe de demande (ex. vieillissement de la population et demande pour maisons de retraite)
Mouvements "sur" et "de" la courbe de demande
Application Par exemple, il y a deux manières de réduire le demande de tabac :
La fonction de demande En général qdi=(pi,ps,pc,R,g,...), avec ∂Di∂pi<0. •qdi = demande du bien 'i ; •pi = prix du bien i ; •ps = prix des biens substituts ; •pc = prix des biens complémentaires ; •R = revenu ; •g = goût. Dans l’espace à deux dimensions : qdi=(pi,ps¯,pc¯,R¯,g¯,...)=Di(pi) avec D′i(pi)<0. Fonction de demande linéaire (forme spécifique) : •qdi=a−bpi avec a,b≥0 et ∂Di∂pi<0 (pente). •ou pi=ab−1bqdi fonction de demande inverse dans l'espace (qi,pi).
L’offre L’offre La loi de l’offre nous dit que, toute chose égale par ailleurs, la quantité offerte d’un bien augmente avec le prix du bien. La courbe d’offre illustre comment la quantité offerte change lorsque le prix du bien varie, toute chose égale par ailleurs (ceteris paribus).
L'offre de marché L'offre de marché est la somme des quantités individuelles offertes à chaque prix (somme à l'horizontale des courbes d'offre individuelles).
Variables qui influencent l’offre Le prix du bien : mouvement le long de la courbe d’offre. Le prix des inputs : déplacement de la courbe d’offre. par exemple, l’augmentation du prix du pétrole augmente les coûts de production du soja et donc fait diminuer son offre. Le prix des autres biens : déplacement de la courbe d’offre. par exemple, l’augmentation du prix du soja fait qu’il y a de moins en moins de terre à allouer à l’élevage en Argentine.
Technologie : déplacement de la courbe d’offre. par exemple, l’introduction du soja transgénique a permis d’augmenter la productivité de la terre et donc d'avoir une augmentation de l’offre. Expectatives ou prévisions : déplacement de la courbe d’offre. par exemple, les expectatives de la réapparition de l’aphteuse en Uruguay font que les éleveurs sont réticent à investir dans l’élevage. Le nombre de vendeurs : déplacement de la courbe d’offre. par exemple, l'apparition de nouvelles compagnies de téléphonie dans le marché des télécommunications.
Mouvements "sur" et "de" la courbe d’offre
La fonction d'offre En général qsi=Si(pi,w,r,A,...), avec ∂Si∂pi>0. •qsi = offre du bien i ; •pi = prix du bien i ; •w = prix du travail ; •r = prix du capital ; •A = état de la technologie. Dans l'espace à deux dimensions : qsi=(pi,w¯,r¯,A¯,,...)=Si(pi) avec S′(pi)>0. Fonction d'offre linéaire (forme spécifique) : •qsi=c+dpi, avec ∂Si∂pi>0 et (pente). •ou pi=−cd+1dqsi = fonction dans l'espace (qi,pi).
L’équilibre de marche L’équilibre du marché
Forces de "rappel" Comment atteint-on l'équilibre ? Y a-t-il des forces qui ramènent le marché vers la situation d'équilibre s'il s'en est éloigné ? Si le prix est moins élevé que le prix d'équilibre → excès de demande (PENURIE) → concurrence entre les consommateurs (des consommateurs sont prêts à payer plus cher que le prix de marché) → le prix augmente → incitations pour les producteurs à réagir → les quantités augmentent → on revient au prix d'équilibre. Si le prix est plus élevé que le prix d'équilibre → excès d'offre (EXCEDENT) → concurrence entre les entreprises (des entreprises sont prêtes à offrir leur bien à un prix plus faible que le prix de marché) → le prix baisse → incitations pour les producteurs à réagir → les quantités baissent → on revient au prix d'équilibre.
Marché en déséquilibre
Choc de demande
Choc d’offre
Modifications simultanées Evidemment les chocs de demande et d'offre peuvent aussi se produire simultanément. Lorsque les deux côtés du marché sont perturbés, les prédictions sur le prix et la quantité d’équilibre peuvent être plus ou moins certaines, selon l’ampleur des variations de chaque partie du marché. 1.Augmentation simultanée de l’offre et de la demande: la quantité augmente, effet incertain sur le prix ; 2.Diminution simultanée de l’offre et de la demande: la quantité diminue, effet incertain sur le prix ; 3.La demande augmente et l’offre diminue: le prix augmente, effet incertain sur la quantité ; 4.La demande diminue et l’offre augmente: le prix diminue, effet incertain sur la quantité.
Petit résumé
Application au marché du pétrole
À partir de cette figure, comment expliquer l’évolution du prix du pétrole et des transactions sur le marché mondial du brut? 1.Lorsque le cours du pétrole et les volumes évoluent dans le même sens, cela signifie que les mouvements de la demande de pétrole sont plus forts que ceux de l’offre ; 2.Lorsque le cours et les transactions vont dans des sens opposés, c’est l’inverse : l’offre se déplace plus que la demande.
Résumé
Les économistes utilisent le modèle de l’offre et de la demande afin d’analyser les marchés concurrentiels. Marché concurrentiel = nombreux acheteurs et nombreux vendeurs, chacun d’entre eux ayant peu ou pas d’influence sur le prix de marché. La courbe de demande montre de quelle manière la quantité demandée d’un bien dépend du prix. D’après la loi de la demande, à mesure que le prix d’un bien diminue, la quantité demandée augmente => courbe de demande décroissante. Les autres déterminants qui influencent les décisions d'achat des consommateurs sont le revenu, le prix des compléments et des substituts, les préférences, les anticipations, et le nombre d’acheteurs. Si un de ces facteurs changent, la courbe de demande se déplace. La courbe d’offre montre de quelle manière la quantité demandée d’un bien dépend du prix. D’après la loi de l’offre, à mesure que le prix d’un bien augmente, la quantité offerte augmente => courbe d’offre croissante. Les autres déterminants qui influencent les décisions de production incluent les prix des facteurs de production, la technologie, les anticipations, et le nombre de vendeurs. Si un de ces facteurs change, la courbe d’offre se déplace. L’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande détermine l’équilibre de marché: au prix d’équilibre, la quantité demandée est égale à la quantité offerte. Le diagramme de l'offre et de la demande permet d'examiner comment un événement (choc) affecte le prix et la quantité d'équilibre. Dans les économies de marché, les prix sont des signaux qui guident les décisions économiques et par conséquent l’allocation des ressources rares.
Les élasticités et ses applications
L’élasticité mesure le degré auquel les quantités demandées ou offertes répondent à un changement de prix ou de tout autre déterminant de la demande ou de l’offre. Elle permet d’évaluer la réactivité de la quantité demandée ou offerte s’il y a une variation a dans une ou deux des variables. Par exemple une variation dans les prix va nous permettre d’évaluer la réactivité de la demande. En se déplaçant le long de la demande, on mesure de combien change la quantité demandée suite à une variation du prix. D'autre part, la pente de la demande indique si cette variation est élevée ou non pour un même changement de prix.
Quel besoin de l'élasticité En se déplaçant le long de la demande, on mesure de combien change la quantité demandée suite à une variation du prix. La pente de la demande indique si cette variation est élevée ou non pour un même changement de prix. Ne suffit-il donc pas de connaitre la pente de la fonction de demande pour exprimer la sensibilité de réaction de la demande ? Non, cela ne suffit pas et pour deux raisons: 1.L’information qui en découle est tributaire des unités de mesure. Lorsque la demande de café augmente de 10 tasses suite à une baisse du prix de 1 franc, comment comparer cette hausse à un autre bien mesuré en mètres ou en heures ? 2.Le chiffre obtenu ne dit rien sur l’importance de la variation: 10 tasses... est-ce peu ou beaucoup ? 1 franc de variation, est-ce peu ou beaucoup? Cela dépend du niveau initial du prix et de la quantité demandée. L'élasticité permet de mesurer la réaction des acheteurs et des vendeurs aux changements dans les conditions de marché sans être affectée par ces problèmes.
Les élasticités de la demande L’élasticité prix de la demande L’ élasticité-prix de la demande mesure comment la quantité demandée répond à un changement de prix du même bien. Sa formule est donnée par le rapport entre le changement en pourcentage de la quantité demandée et le changement en pourcentage du prix du bien. •Pour des variations discrètes :
εdp=% de variation de la quantité demandée% de variation du prix =ΔqdqdΔpp=ΔqdΔp×pqd=(q1i−qd0)qd0p1−p0p0<0. •Pour des variations infinitésimales (ou à la marge) :
εdp=% de variation de la quantité demandée% de variation du prix=∂qd∂p×pqd<0.
Déterminants de l’élasticité-prix de la demande •Disponibilité de substituts proches Si on peut substituer un bien, la fonction de demande sera très réactive et particulièrement flexible. Ainsi les substituts proches ont tendance à avoir une demande élastique Ex- Demande pour des vacances de skis héliportés en Alaska versus demande pour des vacances de skis à Chamonix (il existe des bons substituts). •Biens de première nécessité versus biens de luxe •Bien de luxe : la demande sera très élastique •Bien de première nécessité : même si les prix changent beaucoup la fonction de demande va rester constante et est donc relativement inélastique (ex- fonction de demande de l’alimentaire) Ex- Demande d’aliments (d’électricité, médicaments, vêtements…) versus demande de billets pour la Champions League Bien évidemment, le fait qu’un bien soit un bien de première nécessité ou un bien de luxe dépend de la préférence des consommateurs. •Définition du marché (taille) Plus la taille du marché est grande plus la demande est inélastique. Les marchés locaux ont une demande beaucoup plus élastique que les marché étrangers. Ex- L’élasticité de la demande de viande versus l’élasticité de la demande de viande de poulet •Le temps de réaction des quantités demandées Toutes les fonctions de court terme sont plus inélastiques que les fonctions de long terme. En d’autres termes, plus l’horizon temporelle est élevé plus la fonction est inélastique : Ajuster sa production nécessite du temps ce qui mènera à une variation des prix alors qu’il est plus difficile d’impacter des variations dans l’immédiat. Ex- Demande d’énergie du pétrole d’ici 1 mois versus d'ici 10 ans Plus la part dans le budget est importante, plus la demande est sensible au prix. L'augmentation du revenu change la structure de la consommation. Ainsi plus élevé est la proportion du budget dévoué à un bien, plus sa réaction sera élastique. Ex- Le loyer versus les allumettes
L’élasticité-prix : exemple Lequel de ces deux individus a une demande plus élastique ?
Prix
Quantités demandées par Individu Quantité demandées par Invividu B A
1
20
100
2
15
80
4
10
60
8
5
50
Lorsque le prix augmente la demande du bien baisse pour les deux individus, mais l’individu A diminue de façon beaucoup plus importante sa consommation, en pourcentage de sa consommation initiale et donc il a une demande beaucoup plus élastique que l’individu B.
Remarquez que les montants absolus de la consommation de l’individu B diminuent de façon plus importante que ceux de l’individu A sans que cela ne nous dise quoi que ce soit sur leurs élasticités-prix respectives. Le prix des glaces augmente de CHF 2 à CHF 2.20, ce qui provoque une diminution de la quantité demandée de 10 à 8 cornets. Quelle est l’élasticité prix de la demande ?
εdp=% de variation de la quantité demandée% de variation du prix =[8−10]10[2.20−2]2=−0.20.1=−2 Parfois l'élasticité est estimée au point moyen, plutôt qu’au point final, pour éviter que l'élasticité entre deux points de la courbe de demande diffère selon que le prix augmente ou baisse :
εdp=Δqdqd¯Δpp¯=qd1−qd0qd1+qd02p1−p0p1+p02 et dans l'exemple :
εdp=8−108+1022.20−22.20+22=−290.22.1=−2.3 En connaissant la valeur de l’élasticité, nous pouvons établir des prédictions sur la variable “quantité demandée” sur la base des mouvements du prix . On utilise alors la formule de l’élasticité sous cette forme :
Δqdqd=εdp.Δpp Par exemple, le prix augmente de 20% et εdp=−1.5; de combien varie la quantité demandée ? Elle varie (baisse) de :
Δqdqd=−1.5.0.2=−0.3
La valeur absolue Très souvent on exprime l'élasticité-prix (qui est négative) en valeur absolue :
∣∣εdp∣∣=ΔQdQdΔPP≥0 Cette convention évite toute confusion associée au signe lorsque l’on dit que “l’élasticitéprix est plus grande que ...”. Par exemple, une élasticité-prix de −2 est mathématiquement plus petite qu’une élasticité-prix de −1.5, mais la première est plus grande en valeur absolue, ce qui la rend plus facile à associer à une demande plus élastique (tel que c'est le cas).
Les différentes courbes de l’élasticité-prix de la demande
•Cas extrêmes Demande parfaitement inélastique : la quantité ne change pas, quelle que soit la variation de prix.
εdp=0 Demande parfaitement élastique : une petite variation du prix conduit à une demande soit 0 soit ∞.
εdp=−∞ •Cas intermédiaires Demande inélastique = demande peu réactive : la demande varie moins que proportionnellement au prix.
∣∣εdp∣∣<1 Demande élastique = demande très réactive : la demande varie plus que proportionnellement au prix.
∣∣εdp∣∣>1 Demande avec élasticité unitaire : Hyperbole équilatère (c’est le cas si la fonction d’utilité est une Cobb-Douglas).
∣∣εdp∣∣=1 ou ∣∣εdp∣∣=−1
En résume
Elasticité d’une fonction de demande linéaire Quelle est l’élasticité-prix de la demande d’un consommateur qui fait face à un prix de 1 et a une demande donnée par : qd=10−2p ?
εdp=∂qd∂p×pqd=−2×18=−0.25 Et avec un prix du marché de 4 ?
εdp=∂qd∂p×pqd=−2×42=−4 Donc le long d’une demande linéaire, l’élasticité prix de la demande varie. Elle augmente (en valeur absolue) lorsque le prix augmente et les quantités demandées diminuent. Ne pas confondre le concept d’élasticité avec le concept de pente (même si ces deux concepts sont évidemment étroitement liés).
Elasticité-prix de la demande et dépense totale Il existe un lien entre l'élasticité-prix de la demande et la dépense totale (ou recette totale) des consommateurs (= p×q). Lorsque le prix d'un bien diminue(augmente), la quantité demandée augmente (diminue). L'effet sur la dépense totale est donc ambigu, car il dépend de quel est l'effet plus fort, la baisse (hausse) du prix ou la hausse (baisse) de la demande. Lien avec l'élasticité-prix : lorsque le prix est élevé, une diminution de prix donnée sera relativement faible (par rapport au prix) alors que la quantité demandée augmente proportionnellement beaucoup (la demande est élastique et la quantité réagit proportionnellement plus que le prix). L'inverse est vrai lorsque le prix est faible (demande inélastique).
Demande inélastique.
Demande élastique.
Elasticité-revenu de la demande Définition :
εdy=% de variation de la quantité demandée% de variation du revenu =ΔqdqdΔyy=ΔqdΔy×yqd=∂qd∂y×yqd. •Dans le cas des biens normaux εdy>0. •Dans le cas des biens inférieurs εdy<0. Parmi les biens normaux on distingue les biens de première nécessité et les biens de luxe. L’élasticité-revenu des biens de première nécessité est généralement faible (entre 0 et 1), car la part du bien dans le budget diminue avec l'augmentation du revenu. Pour les biens de luxe, l’élasticité-revenu est généralement plus élevée (> 1).
Elasticité-revenu : exemple Cas d'une variation discrète: si le revenu moyen des consommateurs de glace passe de CHF 3000 à CHF 3150, et que la quantité demandée augmente de 10 à 12 cornets, l'élasticité-revenu de cette demande est
εdy=ΔqdqdΔyy=(q1i−qd0)qd0R1−R0R0=(12−10)103150−30003000=+0.2+0.05=+4
Elasticité-prix croisée de la demande L'élasticité-prix croisés de la demande est définie comme le rapport entre le pourcentage de variation de la quantité demandée de bien A et le pourcentage de variation du prix d'un bien B, lorsque les biens A et B sont des biens dits « de substitution » ou des biens dits « complémentaires ». En d’autres termes, c’est un moyen de mesurer la quantité demandée d’un bien en réponse au changement du prix d’un autre bien.
εdp≠i=% de variation de la quantité demandée% de variation du prix d′un autre bien =ΔqdqdΔp≠ip≠i=ΔqdΔp≠i×p≠iqd=∂qd∂p≠i×p≠iqd. On peut distinguer deux types de biens : •Biens complémentaires : un hausse dans le prix d’un bien entraine une baisse dans la consommation d’un autre bien : εdp≠i<0. Par exemple, 5+px+2py. •Biens substituables : une hausse dans le prix d’un bien entraine une hausse dans la consommation d’un autre bien alors : εdp≠i>0. Par exemple, 5−px+2py. Si le prix d’un bien i augmente et le prix des biens substituables augmente également, la quantité demandée du bien i en équilibre peut augmenter. Les signes de l’équation permettent de voir directement quelle est la relation entre les deux biens.
L’élasticité-prix de l’offre L’élasticité prix de l’offre
L’élasticité-prix de l’offre mesure comment la quantité offerte répond à un changement de prix du même bien. Sa formule est donnée par le ratio entre le changement en % de la quantité offerte et le changement en % du prix du bien :
εsp=% de variation de la quantité offerte% de variation du prix =ΔqsqsΔpp=ΔqsΔp×pqs=∂qs∂p×pqs. Par exemple, le prix des glaces augmente de CHF 2 à CHF 2.20, ce qui provoque une augmentation de la quantité offerte de 5 à 6 cornets. Quelle est l’élasticité prix de l’offre ?
εsp=% de variation de la quantité offerte% de variation du prix =(6−5)52/20−22=0.20.1=2.
Déterminants de l’élasticité-prix de l’offre •Elasticités de l’offre des inputs : plus les inputs sont accessibles et disponible plus l’offre est élastique, plus l’offre finale sera élastique. Ainsi, on pourra plus facilement adapté la production. ; Offre de biens dans la production desquels on utilise des biens manufacturés intermédiaires est plutôt élastique. •Capacité des vendeurs à adapter le niveau de production du bien : •Le front de mer est inélastique •La production d'ordinateurs va être plutôt élastique •Le temps de réaction des quantités offertes : la flexibilité varie en fonction de l’horizon temporel, dans le court terme l’élasticité et rigide, dans le long terme la fonction d’offre est plus inélastique. C'est par exemple l'offre d’énergie du pétrole d’ici 1 mois versus d'ici 10 ans.
Elasticité-prix de l’offre : cas divers
•Cas extrêmes Offre parfaitement inélastique : la quantité ne change pas, quelle que soit la variation de prix.
εsp=0 Offre parfaitement élastique : une petite variation du prix conduit à une demande soit 0 soit ∞.
εsp=∞ •Cas intermédiaires
Offre inélastique = demande peu réactive : la demande varie moins que proportionnellement au prix.
∣∣εsp∣∣<1 Offre élastique = demande très réactive : la demande varie plus que proportionnellement au prix.
∣∣εsp∣∣>1 Offre avec élasticité unitaire :
∣∣εsp∣∣=1
Applications Elasticités et équilibre When good news is bad news : la découverte du blé hybride. Qu'arrive-t-il aux producteurs de blé lorsque des scientifiques découvrent un hybride de blé dont le rendement est meilleur que les variétés existantes ?
Pourquoi l’augmentation du prix du pétrole après le premier choc pétrolier n’a pas duré ? •Parce que dans le long terme les élasticités de l’offre et de la demande sont beaucoup plus grandes que dans le court terme: l'incitation à investir dans le pétrole augmente (et donc a moyen terme la quantité offerte à un prix donné augmente aussi) et simultanément les incitations à trouver des substituts du côté de la consommation augmentent => une diminution de l’offre comporte une petite augmentation dans les prix dans le long terme. Politiques pour lutter contre la consommation des drogues et leur impact sur la criminalité : •Politiques qui réduisent l’offre (augmentation des contrôles policiers sur les vendeurs), provoquent à l’équilibre une augmentation des prix sur le marché, et probablement une augmentation du revenu total pour les dealers car la demande des drogues est inélastique. Cette augmentation de la taille du marché de la drogue peut provoquer des incitations à la criminalité. •Politiques qui réduisent la demande (éducation/information), provoquent à l’équilibre une diminution du prix sur les marchés et du revenu total, diminuant ainsi les incitations à la criminalité.
Elasticités et équilibre : en général Plus la fonction de demande est élastique, plus un choc sur l’offre se traduit dans une variation importante des quantités et dans une variation plus contenue du prix. Implication : plus la fonction de demande est inélastique plus il est facile pour les producteurs de transférer aux consommateurs une augmentation des coûts de production. Cf. graphiques suivants. Dans le très court terme la fonction d’offre est rigide (inélastique). Elle devient de plus en plus élastique dans le moyen et long terme. Implication : le rôle des prix dans le court terme est de rationner la demande. Tout choc de demande se traduit dans une augmentation du prix. Cf. graphiques suivants.
Elasticités de la demande et équilibre
Demande inélastique (faible variation de la quantité et grande variation du prix).
Demande élastique (grande variation de la quantité et faible variation du prix).
Elasticités de l'offre et équilibre
Offre inélastique (faible variation de la quantité et grande variation du prix).
Offre élastique (grande variation de la quantité et faible variation du prix).
Résumé Les élasticités mesurent la réaction des quantités demandées ou offertes à des variations dans le prix des biens ou d’autres déterminants de la demande ou de l’offre. Elles sont calculées comme le ratio des variations en pourcentage : •si la demande est inélastique le revenu total augmente lorsque le prix augmente ; •si la demande est élastique le revenu total diminue lorsque le prix augmente. Elasticité-revenu (biens normaux > 0; biens inférieurs < 0) et élasticités-prix croisées (biens compléments < 0; biens substituts > 0). Elasticités dans le court terme < que dans le long terme. Importante pour comprendre l’impact des chocs de la demande et de l’offre sur l’équilibre de marché.
Offre, demande et politiques gouvernementales
L’État peut intervenir de plusieurs manières sur un marché : • interdiction pure et simple (marché rendu illégal, sécurité/santé/environnement) ; • réglementation sur le produit (normes de qualité/santé/sécurité) ; • contrôle des quantités (obligation d’achat, quotas, rationnements, bons) ;
• contrôle des prix (prix-plafonds, prix-planchers); • impôts et subventions.
Contrôle des prix Le contrôle des prix L’État intervient sur le marché et en réglemente le prix lorsqu’il juge le prix d’équilibre inadapté ou injuste. Par exemple, des prix injustes peuvent être : •taux d’intérêt trop élevé (limite de l’usure); •salaire trop bas (salaire minimum) ; •loyer trop cher (contrôle des loyers) ; •prix trop bas des denrées agricoles (prix de soutien). Il peut intervenir sur les prix aussi s'il considère que le marché ne fonctionne pas de manière efficiente en raison d’un pouvoir de marché d’un côté ou de l’autre. Le contrôle des prix est en plus une mesure moins coûteuse que l'introduction d'une subvention (qui devrait être financée par les impôts). Souvent l’État instaure un contrôle de prix suite à des pressions de lobbies, qui essayent de créer des situations de rentes (“rent seeking activities”). Pour terminer, plus rarement un contrôle de prix peut être instauré pour maîtriser une inflation très élevée.
Prix plafonds Un prix plafond ou maximal est prix au dessus duquel il est interdit de faire des transactions. Il est appliqué lorsque le gouvernement pense que le prix d’équilibre du marché est « trop » élevé. Il faut noter qu'un prix plafond au dessus du prix d'équilibre n'est pas contraignant.
La quantité effectivement échangée à un prix donné est du prix d'équilibre est la plus petite entre la quantité offerte et la quantité demandée. Le prix plafond permet aux consommateurs fortunés de consommer à un prix plus bas que le prix d'équilibre, mais en exclut d'autres du marché → files d'attente, discrimination...
Prix plafonds : court vs long terme Dans le long terme les élasticités-prix sont beaucoup plus fortes et donc la pénurie beaucoup plus grande (aucune incitation pour les producteurs à faire des investissements car le prix est contrôlé et de toute façon il y a pénurie sur le marché). Ceci a comme conséquence que les biens vendus sont de moindre qualité. Le résultat est qu'il y a moins d’offre, plus de pénurie et moins de qualité. Application : contrôle des loyers = forme de prix-plafond appliquée au marché du logement. La réglementation rend illégale la fixation d’un loyer plus élevé que le niveau fixé par la loi ou limite les augmentations possibles plus que le loyer lui-même (l’effet sera semblable: le loyer est en-dessous de sa valeur d’équilibre) → pénurie sur le marché du logement.
Application : le contrôle des loyers dans le court terme
Impact du contrôle de loyer (prix plafond) dans le court terme (offre et demande inélastiques)
Application : le contrôle des loyers dans le long terme
Impact du contrôle de loyer (prix plafond) dans le long terme (offre et demande élastiques)
Gagnants et perdants du plafonnement des loyers Le plafonnement des loyers provoquent des gagnants : les locataires ayant déjà un logement ou qui en trouvent un à loyer plafonné; et des perdants : les propriétaires qui reçoivent un loyer plus bas et les personnes qui cherchent un logement mais n’en trouvent pas. Le problème d’équité est que les bénéficiaires d’un loyer modéré en raison du plafonnement ne sont pas nécessairement ceux qui en ont le plus besoin : à Genève, exemples récents dans les médias de personnalités politiques bénéficiant de loyers bas. Plus généralement, le loyer est inversement corrélé à l’ancienneté du bail => il touche donc davantage les personnes âgées ou dans la force de l’âge, alors que les jeunes ou les migrants font leur entrée sur le marché.
Conséquences/coûts des loyers contrôlés La pénurie crée un marché dit “de vendeurs” et provoque : •Rationnement de la demande: listes d’attente, rationnement en fonction des préférences des fournisseurs de logement (connexions, discrimination, etc.); •Plus d'exigences de la part des fournisseurs: garanties/cautions bancaires et/ou salariales, attestations de solvabilité, “clientèle huppée” favorisée. . . Développement d'un marché "noir": sous-location abusive. Inefficience (pertes pour la collectivité): découragement à la mobilité (une fois rentré dans un appartement on hésite à le quitter); frein à la construction et à la rénovation (les investisseurs préfèrent se tourner vers d'autres formes de placement plus lucratives); mésallocation des ressources (personnes âgées et seules vivant dans des grands appartements à faible loyer, et des familles s’entassant dans des petits appartements chers).
Loyers contrôlés : efficience et concurrence imparfaite Mais, attention: la situation de référence de cette analyse présuppose la concurrence parfaite sur le marché du logement! Or, dans ce marché les conditions de la concurrence parfaite ne sont clairement pas vérifiées. •Le logement est un service extrêmement hétérogène;
•Les coûts de prospection et de recherche sont importants (l’information n’est pas parfaite). •Le marché est mince avec peu de régies et de promoteurs immobiliers qui se partagent un canton ou une région (pouvoir de marché). Dans un contexte de concurrence imparfaite, on peut montrer qu’un contrôle des loyers peut améliorer l’efficience. De plus, souvent, le contrôle des loyers est justifié d’un point de vue non pas d’efficience mais d’équité. Avec des contrôles sur les loyers, on garantit une certaine redistribution qui évite que les petits locataires à bas revenu ne payent de trop hauts loyers.
Prix plancher Le prix plancher ou minimal est un prix en dessous duquel on ne peut pas avoir de transactions. Il faut noter qu'un prix plancher en dessous du prix d'équilibre n'est pas contraignant.
Salaire minimum et chômage L’excédent de travail va être plus grand, lorsque la demande de travail est élastique, et la demande de travail va être élastique lorsque le producteur ne peut pas répercuter des augmentations de coût sur les consommateurs du produit final (marchés très compétitifs et prix donné). Les produits intensifs en main-d’œuvre peu qualifiée sont souvent caractérisés par une concurrence très grande et donc la demande de travail sur ces marchés est en général très élastique => le salaire minimum peut engendrer un chômage élevé des travailleurs peu qualifiés. Evaluation de l’impact social et de redistribution du revenu associés au salaire minimum: il faut confronter les gains en salaire pour les travailleurs qui restent sur le marché du travail et qui gagnent un salaire élevé aux pertes pour les travailleurs qui perdent leur emploi ou qui n’arrivent pas à en trouver. Il faut garder à l'esprit que nous avons fait l’hypothèse d’un marché du travail compétitif. Si les producteurs (demande de travail) ont du pouvoir de marché, le trade-off (choix) entre salaire plus élevé et chômage n’existe pas nécessairement, comme vous verrez dans d’autres cours plus avancés en analysant le cas du monopsone. Historiquement institution très ancienne: •les historiens mentionnent des villes au Royaume Uni où l’on fixait des minima déjà en 1524; •lois nationales sur le salaire minimum apparaissent pour la première fois en NouvelleZélande (1894) et en Australie (1896) et au Royaume Uni en 1909;
•aux États-Unis première introduction partielle en 1912 et extension à tous les travailleurs en 1966; •en Suisse pas de salaire minimum légal, mais des minima sont négociés entre partenaires sociaux (en 2012 aboutissement de l'initiative populaire voulue par l'USS – Union Syndicale Suisse - pour l'introduction d'un salaire minimum de 22CHF de l'heure). Il n'y a pas de consensus empirique concernant le lien entre salaire minimum et emploi (cf. étude empirique chapitre 2).
Taxation Les ressources financières de l’État L'État finance son action en partie par la vente d'actifs ou de biens et services (vente de terrains ou de bâtiments, péages...). La plus grande partie de ressources publiques proviennent de l'utilisation du "pouvoir de coercition" de l'État à savoir le prélèvement de taxes, d'impôts, de redevances... L'activité de l'État peut aussi être financée par des emprunts (obligations) ou par des transferts.
Impôts L'impôt représente la principale source de revenu de l'État. Il consiste dans un prélèvement fiscal SANS contrepartie directe. On distingue: •l'impôt direct = impôt personnel (dépend de la situation financière de la personne physique ou morale); •l'impôt indirect = impôt collecté sur une transaction marchande (ne dépend pas des caractéristiques de la personne → anonyme). L'imposition peut être: •ad valorem (le plus courant) = le taux d'imposition est exprimé en pourcentage et la base imposable en unités monétaires (exemple, la TVA = taxe sur la valeur ajoutée); •unitaire (ou spécifique) = le taux est exprimé en unités monétaires par unité physique et la base imposable en unités physiques (exemple: 73 centimes/litre d'essence sans plomb). Pour information, les recettes de la TVA représentent près de 40% des ressources de la Confédération; le taux pour la majorité des biens est de 8%, 2.5% pour alimentation, sport et culture.
La taxation indirecte Les taxes indirectes réduisent les incitations à produire et consommer, car le prix payé par le consommateur augmente et le prix reçu par le producteur baisse. La différence entre les deux est le montant de la taxe qui est collecté par le gouvernement ( pd–ps=t). Donc, quand un bien est taxé, les quantités échangées sur le marché vont être plus petites qu'en situation d'équilibre sans impôt. Le fardeau ou incidence des taxes va se répartir entre les consommateurs et les producteurs selon l’élasticité-prix des fonctions respectives.
Taxes sur les consommateurs versus taxes sur les producteurs On va voir que l'impact sur les consommateurs et producteurs ne dépend pas de qui paie concrètement la taxe. Pareillement, la quantité d'équilibre et la recette fiscale sont les mêmes que les contribuables légaux soient les consommateurs plutôt que les producteurs.
Taxe sur les consommateurs
Une taxe de € 0.50 sur les consommateurs.
Taxes sur les producteurs
Une taxe de € 0.50 sur les producteurs.
Taxation : qui paie ? Le rôle des élasticités prix La répartition du fardeau de la taxe entre consommateurs et producteurs ne dépend donc pas de si l'impôt est prélevé auprès des consommateurs (demande) ou des producteurs (offre), c'est-à-dire de qui est le contribuable légal. L’incidence de la taxe dépend de l’élasticité-prix de la demande et de l’offre sur le marché, et, indépendamment de qui paie concrètement la taxe, son fardeau tombera de façon plus forte sur l’agent économique qui a une élasticité-prix relativement plus faible. Intuition : un agent avec une élasticité-prix relativement faible n’ajuste pas son comportement de manière importante aux changements de prix (il n’est pas très flexible car son élasticité-prix est petite), et donc il va subir la plus grande partie de la taxe. Cas extrêmes (faites les graphiques!) :
•Demande parfaitement inélastique ou offre parfaitement élastique → la taxe est complètement transférée sur les consommateurs. •Demande parfaitement élastique ou offre parfaitement inélastique → la taxe est complètement supporté par les producteurs.
Offre élastique et demande inélastique
Offre inélastique et demande élastique
Détermination de l’équilibre en présence d’une taxe En général, à l'équilibre, qd(pd)=qs(ps) et pd−ps=t. 1) L'impôt (unitaire t) est payé par les acheteurs :
pd=ps+t→qd(ps+t)=qs(ps) et ps est le prix d'équilibre du marché ; 2) L'impôt (unitaire t) est payé par les vendeurs :
ps=pd−t→qd(pd)=qs(pd−t) et pd est le prix d'équilibre du marché. Fonctions linéaires :
qd(pd)=a−bpd ; qs(ps)=c+dps ; pd−ps=t.
Sous le cas (1), a−b(ps+t)=c+dps => ps∗=(a−c−bt)d+b ← prix d'équilibre et pd=ps+t=a−c−btd+b+t => pd∗=a−c+dtd+b.
Résumé
Prix plafond versus prix plancher (pénuries versus excédents). Prix plafond : prix maximum (contrôle des loyers). Prix plancher : prix minimum (salaire minimum). Les taxes sont coûteuses car elles diminuent les incitations à l’activité économique: •Prix consommateur plus élevé ; •Prix producteur plus bas ; •La différence entre les deux est la taxe collectée par le gouvernement – → Quantités échangées plus petites sur le marché qui est taxé. Une taxe à la consommation a un impact identique à celui d’une taxe sur la production. Le partage des taxes entre consommateurs et producteurs dépend des élasticités prix de la demande et de l’offre. Détermination de l’équilibre avec une taxe par la condition pd=ps+t.
Surplus du consommateur et du producteur
L’économie du bien-être (“welfare economics”) permet d’évaluer si l’allocation des ressources assurée par le marché est souhaitable. En particulier, l’économie du bien-être mesure les bénéfices que les consommateurs et les producteurs tirent de leur participation au marché et établit si le mécanisme de marché permet de maximiser ces bénéfices. L'économie du bien-être consent donc d’examiner si le marché est effectivement une bonne manière d’allouer les ressources rares. On sort donc de la logique de l’analyse positive pour rentrer dans l’analyse normative (« ce qui devrait être »). Pour faire cela on introduit tout d'abord les concepts de surplus des consommateurs et surplus des producteurs = évaluation des bénéfices que ceux-ci tirent de leur participation au marché.
On verra que, dans le cas où il fonctionne parfaitement (sans failles), le marché permet une allocation des ressources qui maximise le bien-être agrégé de la société (surplus consommateur + surplus producteur).
Surplus du consommateur et du producteur Demande Le surplus du consommateur mesure le bénéfice que le consommateur tire de sa participation au marché. Il est donné par sa volonté à payer (= prix de réserve) moins ce qu’il paie effectivement pour acquérir le bien.
Courbe de demande agrégée
Surplus du consommateur
La surface sous la courbe de demande et en dessus du prix du marché mesure le surplus des consommateurs, c.à.d. le bénéfice (ou bien-être) qu’ils tirent de leur participation au marché = valeur du bien pour les consommateurs – montant payé.
Changement du surplus du consommateur Le changement dans le surplus du consommateur (bien-être des consommateurs) suite à un changement de prix est donné par la surface en-dessous de la courbe de demande entre les deux prix.
Offre Le surplus du producteur mesure le bénéfice que le producteur retire de sa participation au marché. Il est donné par le revenu qu’il reçoit pour ce qu’il vend moins le coût de production (= prix de réserve) qu’il a du subir pour produire les biens.
Courbe d’offre agrégé
Surplus du producteur
La surface entre la courbe d’offre et le prix du marche mesure le surplus du producteur = montant reçu par le producteurs – coût de production.
Changement du surplus du producteur Le changement dans le surplus producteur suite à un changement de prix est donné par la surface en dessus de la courbe d’offre entre les deux prix.
Efficience du marché Surplus total Est-ce que l’allocation des ressources par le marché maximise le bien-être (le surplus total) ? Est-ce que le marché est efficient ? Surplus du consommateur (SC) = Valeur pour le consommateur – Prix payé Surplus du producteur (SP) = Prix reçu – Coût de production Surplus total = Surplus consommateur + Surplus Producteur = Valeur pour le consommateur – Prix payé + Prix reçu – Coût de production
Et, étant à l'équilibre Prix payé = Prix reçu => Surplus total = Valeur pour le consommateur – Coût de production Une allocation des ressources est dite efficiente ou efficace si elle maximise le surplus total reçu par tous les membres de la société.
Exemple : marché de la viande d’agneau
qda=286−20pda qsa=88+40psa q∗=220 et p∗=3.3$ SC=(14.3−3.3)×2202=24202=1210 SP=220+882×3.3=508.2 Stot=SC+SP=1210+508.2=1718.2
Remarques Trois remarques sur l’efficience du marché : 1.Le marché alloue les quantités offertes aux acheteurs qui leur attribuent une valeur plus importante mesurée par leur volonté à payer. 2.Le marché alloue les quantités demandées aux producteurs plus efficients (ceux avec les coûts de production les plus bas). 3.Le marché laissé à lui-même maximise le surplus total. Le laissez faire est donc optimal. NB: ce critère ne dit pas si la situation d’équilibre est “juste” ou équitable! Limites du laissez faire On a supposé un fonctionnement parfait des marchés, et ceci est souvent loin de la réalité. Il y aura des failles de marché dans les cas suivants: a) Concurrence imparfaite b) Externalités positives ou négatives c) Biens publiques d) Problèmes d’inégalité (Mais n’oublions pas l’existence de failles du gouvernement également!)
Application : Taxation Introduction Dans le chapitre 5 on a vu comment la taxation : •réduit les quantités échangées sur le marché •augmente le prix payé par le consommateur •diminue le prix reçu par le producteur Et comment l'incidence de la taxation : •est indépendante de celui qui est désigné à payer cette taxe (consommateurs ou producteurs) •dépend des élasticités prix de l’offre et de la demande (le côté le plus inélastique du marché paie une part plus importante) Ici on se concentre sur l’impact de la taxation sur: •le bien-être (ou surplus total = SC+ SP) •le revenu du gouvernement(SG) On verra en particulier quelle est la structure de taxation qui permet de minimiser le coût social pour un niveau de revenu du gouvernement donné. Finance publique.
Le coût social des taxes Peu importe qui paie la taxe (consommateur ou producteur), elle réduira la taille du marché et l’impact sur les prix et les quantités sera identique.
Revenu du gouvernement Mais le gouvernement collecte du revenu, qui est donné par le produit de la taxe (CHF/kilos) et des quantités vendues (kilos) Revenu Gouvernement (SG) = taxe ∙ quantités échangées
Effet net sur le surplus total
Intuition Le bénéfice pour les consommateur est plus grand que le coût de production des producteurs et le gouvernement ne collecte pas de revenu sur cette différence car ces quantités ne sont plus échangées.
Exemple: marché de la viande d’agneau
qda=286−40(psa+1.05)=88+40psa=qsa qsa=2.95$, pda=4$ et q∗=206 SG=1.05×206=216.3 SC=(14.3−4)×2062=1060.9 ΔSC=1060.9−1210=−149.1 SP=433.65−508.2=−74.55 Stot=SG+SC+SP=1710.85 ΔStot=216.3−149.1−74.55=−7.35 chargemorte=(4−2.95)(220−206)2=7.35
Taxes et élasticités Le coût social dépend des ajustements des quantités échangées après l’introduction de la taxe. Et cela dépend des élasticités-prix de la demande et de l’offre. Plus grande est l’élasticité prix de la demande ou de l’offre et plus grande va être la réduction des quantités échangées suite à l’introduction de la taxe, et donc plus grand va être le coût social de cette taxe (la surface C+E dans le graphique précédant). Pour un niveau de revenu donné, le gouvernement aura intérêt à collecter du revenu là où les élasticités sont les moins grandes.
• Demande et offre inélastiques.
• Demande et offre élastiques.
Taxe forfaitaire La manière la plus efficiente de collecter des taxes est d’introduire une taxe forfaitaire ou lump sum tax (poll tax de Margaret Thatcher à la fin des années 80s). Une taxe forfaitaire n’affecte pas le comportement de consommation ou production des individus (que je consomme ou pas une unité supplémentaire je devrais payer la taxe; que je travaille ou pas je dois payer la taxe, que je produise ou pas le bien je dois payer la taxe, etc.). Le coût administratif est aussi très petit (si on arrive à identifier les individus sans difficulté). Pas besoin de comptables ou de codes de taxation compliqué. Problème de la taxe lump sum: elle n’est pas très équitable. Quel que soit leur revenu ou leur consommation, les individus paient le même montant... Il y a tout de même un consensus qui émerge parmi les économistes sur le système de taxation et de redistribution du revenue: il vaut mieux avoir un système de taxation qui n’est pas très progressif pour ne pas affecter les incitations des individus à travailler (générer du revenu) et réaliser les politiques de redistribution par la dépense du gouvernement plutôt que par la taxation.
Plein d'autres applications possibles... Dans ce chapitre nous avons utilisé le concept de surplus du consommateur et du producteur pour faire l'analyse de bien-être de l'introduction d'une taxe indirecte. Ce même type d'analyse peut être employé pour évaluer l'impact de bien-être de toute autre sorte de choc ou d'intervention sur le marché : •l'introduction d'un prix minimum provoque une redistribution (transfert) de surplus des consommateurs vers les producteurs et génère une perte sèche pour la collectivité (montrez cela avec une analyse graphique) → application au salaire minimum. •l'introduction d'un prix maximum provoque une redistribution (transfert) de surplus des producteurs vers les consommateurs et génère une perte sèche pour la collectivité (montrez cela avec une analyse graphique) → application au loyers contrôlés.
Résumé Surplus du consommateur (graphiquement: surface en-dessous de la courbe de demande et au dessus du prix). Surplus du producteur (graphiquement: surface au dessus de la courbe d’offre et endessous du prix). Une allocation des ressources qui maximise la somme du surplus du consommateur et du producteur (surplus total) est une allocation efficiente. Le marché (et sa main invisible) maximise le surplus total et est donc efficient. On aurait pas besoin de la main plus visible du gouvernement. Mais le marché ne fonctionne pas toujours parfaitement. En présence de failles de marché une meilleure allocation peut être obtenue si le gouvernement intervient dans le marché. Une taxe réduit le SC et le SP d’un montant plus élevé que l’augmentation du revenu du gouvernement (coût social de la taxe ou perte sèche). Les taxes ont un coût social plus petit pour un revenu collecté identique lorsqu’elles sont appliquées sur des marchés où la demande et/ou l’offre sont inélastiques.
Les externalités et le rôle de l'État
Dans le chapitre 6 nous avons vu que la “main invisible” (absence de coordination ou organisation centralisée) conduit à maximiser le surplus du marché. Cette conclusion est vraie seulement si les conditions de la concurrence pure et parfaite sont remplies. Or, l’hypothèse de concurrence parfaite est une abstraction très commode mais très forte de la réalité. Dans le monde réel, il existe de nombreuses situations où le marché dysfonctionne. On nomme ce cas lacunes ou échecs de marché, car l’efficience n’est plus assurée. Dans ce cas, l’État peut être amené à corriger l’échec du marché. Un de ces dysfonctionnement est lié aux EXTERNALITES.
Externalités et inefficacité des marchés Définitions Une externalité se définit comme l’impact sans contrepartie de l’action d’un individu sur le bien-être d’un tiers individu. Dit différemment, l'impact de l'action d'un individu sur le bien-être d'un autre individu est direct et ne passe pas par le système des prix. On parle d'externalité négative si l'impact sur les tiers est défavorable. On parle d'externalité positive si l'impact sur les tiers est avantageux. Exemples d'externalités négatives : la fumée des cigarettes (fumée passive); le gaz d'échappement des voitures; les chiens qui aboient ou crottent les trottoirs; les nuisances sonores; la consommation de médicaments qui génèrent une résistance par la mutation de l’agent pathologique; toute pollution ou dégradation de l’environnement... Exemples d'externalités positives: le camion qui “aspire” une voiture sur l’autoroute; les vaccins; la restauration de bâtiments historiques ou tout ce qui attire des touristes; un verger pour les ruches d’un apiculteur voisin qui améliore son miel et l’apiculture qui favorise la pollinisation pour le verger; la recherche dans le domaine des nouvelles technologies...
Externalité et inefficacité des marchés La présence d’externalités négatives conduit les marchés à produire une quantité supérieure à la quantité socialement optimale. La présence d’externalités positives conduit les marchés à produire une quantité inférieure à la quantité socialement optimale. Explication: les participants à l’échange marchand ne prennent pas en compte le coût ou bénéfice externe qui échoit à un individu (ou groupes d’individus) tiers. Exemple: le marché de l'aluminium Si les usines polluent (externalité négative), le coût de production de l’aluminium pour la société est alors plus élevé que le coût de production des producteurs. Pour chaque unité d’aluminium produite, le coût social comprend le coût privé des producteurs d’aluminium et le coût externe supporté par les tiers affectés par la pollution => Coût social = coût privé de production (offre) + coût externe
Pollution et optimum social L’intersection entre la courbe de demande et la courbe de coût social (= coût privé + coût externe) détermine le montant optimal d’un point de vue de la société dans son ensemble. Le niveau de production socialement optimal est plus faible que la quantité d’équilibre de marché. quantité d’équilibre du marché: coût privé = bénéfice privé. quantité socialement optimale: coût social = bénéfice social.
Externalité négative et bien-être
Education et optimum social L’intersection entre la courbe de bénéfice social (bénéfice privé + bénéfice externe) et la courbe de coût détermine le montant optimal d’un point de vue de la société dans son ensemble. Le niveau de production socialement optimal est plus élevé que la quantité d’équilibre de marché. Quantité d’équilibre du marché: coût privé = bénéfice privé. Quantité socialement optimale: coût social = bénéfice social.
Externalité positive et bien-être
L'internalisation des externalités Internaliser une externalité consiste à modifier les incitations de façon telle que les individus prennent en considération les effets externes de leurs actions. Une internalisation adéquate permet d’atteindre le niveau de production socialement optimal. Dans certaines conditions très spéciales, l’internalisation peut se faire par la négociation entre l’agent subissant l’externalité et l’agent qui produit l’externalité (solution privée). En cas d'externalité négative, l'État peut introduire une norme de comportement pour limiter l’externalité. Il peut aussi imposer une taxe au producteur afin de diminuer la quantité d’équilibre vers le niveau socialement optimal. On parle alors de taxe pigouvienne. En cas d'externalité positive, l'État peut introduire des obligations ou des recommandations pour promouvoir la production de l'externalité. Il peut aussi subventionner la production du bien ou conférer des droits de propriété au individus qui génèrent l'externalité positive.
Solutions privées aux externalités Théorème de Coase Selon le théorème de Coase, si les parties privées à l’échange peuvent négocier sans coûts de transaction l’allocation des ressources, alors elles peuvent résoudre d’ellesmêmes le problème des externalités sans besoin de l'intervention de l'État => solution privée à l'externalité. Dans ce cas, il suffit que les droits de propriétés soient bien définis et le mécanisme de marché permet d'atteindre la solution socialement optimale, c’est-à-dire le niveau de l'externalité qui égalise les bénéfices marginaux aux coûts marginaux de l'externalité ellemême et ceci indépendamment de qui a les droits de propriété sur l'externalité (cf. graphique à la page suivante pour le cas de la pollution). Problème I : le plus souvent, les parties intéressées ne parviennent pas à résoudre le problème des externalités en raison de la présence de coûts de transaction si élevés qu’ils ne permettent pas la mise en place d’un accord. Problème II : un problème majeur de l’initiative privée réside dans la non- révélation des préférences (problème du resquilleur). Ce comportement stratégique résulte de l’incitation à bénéficier de l’action des autres sans en subir le coût.
Négociation privée et droits de propriété
NB: le niveau de pollution socialement optimale n'est pas égal à zéro!
Exemple de solution négociée Deux frères étudiants, Toxico et Asmatico, rendent visite tous les mois à leurs parents qui habitent au Tessin. Toxico est fumeur, Asmatico n’aime pas la fumée. Pour économiser l’essence, ils alternent les voitures. Dans la voiture d’Asmatico, il est interdit de fumer. Dans celle de Toxico, on peut fumer. En général, durant le voyage, Toxico fume un paquet (20 cigarettes). Pour Toxico, le coût marginal associé à la renonciation d’une cigarette est donné par : CmT(C)=1+C où C est le nombre de cigarettes non fumées. Pour Asmatico, le
bénéfice marginal associé à ces mêmes cigarettes non fumées est donné par BmA(C)=10−C2 (cf. graphique à la page suivante). On remarque que lors de ces voyages, Toxico subit un coût total de
21+12×20=220
soit les
surfaces C+D+E+F lorsqu’il accompagne Asmatico dans sa voiture, tandis que ce dernier subit un coût total de
10×202=100
dans la voiture de son frère fumeur
(surfaces A+B+C+D).
1. ACHAT DE PERMIS DE POLLUER Supposons que Toxico achète le “droit de fumer” dans la voiture d’Asmatico à raison de 7CHF la cigarette. Tant que son coût marginal est supérieur au prix, il achète ce droit de fumer. Il renonce donc à fumer 6 cigarettes (il en fume 14). En achetant le droit de fumer il dépense les surfaces D+E=7×14=98 et subit un coût associé à l’abstinence de 6 cigarettes égal à la surface C (= 24). Son coût total est donc de 122 et il réalise un gain net de 98 correspondant à la surface F. De son côté, Asmatico accepte, car jusqu’à la treizième cigarette, son bénéfice marginal est inférieur au dédommagement qu’il reçoit par cigarette. Il subit un coût associé à la fumée passive de D (= 49), mais réalise un gain monétaire de D+E (= 98). Son gain net est donc de 49 (surface E). 2. ACHAT DE DROITS À L'AIR PROPRE On obtient exactement le même résultat en termes de quantité (mais pas de gains nets) si, dans la voiture de Toxico, Asmatico achète l’abstinence de son frère au même prix de 7CHF par cigarette non fumée.
Politiques publiques et externalités Interventions publiques et externalités Lorsqu’une externalité amène le marché à réaliser une mauvaise allocation des ressources et qu’une négociation privée ne peut pas être atteinte, le gouvernement peut résoudre le problème... en adoptant des politiques autoritaires qui prennent la forme de réglementations = obligation ou interdiction de certains comportements (exemple: vaccination obligatoire pour tous les écoliers ou fixation d'un niveau maximal de pollution); en recourant à des politiques orientées vers le marché = recours aux taxes et subventions pour faire correspondre les incitations privées avec l’efficacité sociale (exemple: aides
financières aux travaux d'amélioration de l'isolement des habitations privées ou taxes sur la consommation des alcools forts). Définition: on appelle TAXES PIGOUVIENNES les taxes qui sont imposées afin de corriger les effets d’une externalité négative.
Permis versus taxes i l’État décide de réduire la pollution émanant d’une usine particulière, il peut intervenir de deux sortes : 1.en imposant à l'usine de réduire la pollution d'un montant défini et de respecter une certaine limite (réglementation); 2.en levant une taxe par unité de pollution émise par l’usine (taxe pigouvienne). Marché des permis à polluer (cap and trade system) Dans le premier cas, l'État peut attribuer un certain nombre maximal de permis de polluer aux entreprises. L’échange de permis de droits de polluer permet le transfert volontaire du droit à polluer d’un entreprise vers une autre et le développement d'un marché pour les droits à polluer. Les firmes qui peuvent réduire la pollution le plus facilement auront la volonté de vendre les permis dont elles disposent et les firmes pour qui la réduction de la pollution est plus coûteuse auront la volonté d’acheter tous les permis dont elles ont besoin. Problème potentiel : lobbies militent pour un plus grand approvisionnement de certificats d’émission.
Equivalence des taxes pigouviennes et des droits à polluer
Avantages et désavantages des permis et des taxes Même si les permis et les taxes sont équivalents en termes de la pollution générée, chaque instrument présente des avantages et des désavantages. La taxe est en général préférée par les économistes car elle n'entrave pas le mécanisme du marché. Les taxes permettent d'obtenir les mêmes réductions d'émissions d'une norme à moindre coût (les entreprises peuvent s'adapter selon leur capacité à réduire la pollution). De plus, en taxant les firmes qui polluent, l'État les encourage à investir dans la recherche de techniques moins polluantes (effet de moyen/long terme). D'autre part, le gouvernement ne possède pas les informations nécessaires sur le coût social qui seraient nécessaires à fixer le montant de la taxe de manière à restaurer l'optimum social.
Le principal avantage des restrictions est qu'elles sont faciles à comprendre et à appliquer. Lorsqu'on manque d'informations, les normes offrent plus de certitude quant aux niveaux d'émissions. En revanche elles n'incitent pas les individus à améliorer leur comportement et elles créent plus de distorsions que les taxes.
Résumé Lorsqu’une transaction entre un acheteur et un vendeur affecte directement une tierce partie, l’effet est appelé une externalité. Les externalités négatives conduisent à une quantité socialement optimale inférieure à la quantité d’équilibre du marché. Les externalités positives conduisent à une quantité socialement optimale supérieure à la quantité d’équilibre du marché. Ceux qui sont affectés par les externalités peuvent parfois (mais rarement) résoudre le problème de manière privée. Suivant le théorème de Coase, si les individus peuvent négocier sans coût, alors ils peuvent toujours aboutir à un accord tel que les ressources sont allouées efficacement. Quand les agents privés ne peuvent pas traiter les effets externes de manière adéquate, alors le gouvernement intervient. L’État peut soit réguler les comportements (par des normes), soit internaliser l’externalité en utilisant une taxe Pigouvienne ou encore émettre des permis de polluer (certificats d’émission échangeables).
Les biens publics
Dans le chapitre 7 nous avons analysé un premier cas d'échec du marché, c'est-à-dire une première situation dans laquelle le marché décentralisé n'est pas en mesure d'assurer la réalisation de l'optimum social (= allocation efficace des ressources) → externalité. Il existe des biens qui pour leur nature intrinsèque ne peuvent pas être (partiellement ou totalement) offerts par le secteur privé → échec partiel ou total de la solution marchande. Par exemple : • Pourquoi les routes, les ponts, la voirie, l’éducation, les transports les services du feu, la sécurité, sont-ils l’oeuvre de collectivités publiques? • Pourquoi l’État intervient-il sur certains marchés comme celui des véhicules à moteur ou des frigos pour en limiter les émissions polluantes?
• Pourquoi certaines espèces végétales ou animales qui sont exploitées à des fins marchandes disparaissent ou sont menacées d’extinction tandis que d’autres pas ?
ature des biens publics Caractéristiques des biens publics Les externalités ont de nombreux points communs avec ce type de biens qu’on appelle les biens publics, qui vont aussi être confrontés, comme les externalités, à une mésallocation par le marché. Biens caractérisés par la présence de fortes externalités → sous-production ou absence de production dans une économie privée. Dans de tels cas, la politique de l’État peut potentiellement pallier la défaillance de marché et augmenter le bien-être en se chargeant de l'offre de biens publics. On peut résumer les caractéristiques principales des biens publics comme il suit: •la production est sujette à des fortes économies d’échelle dans la production (= coût moyen de production décroissant avec la quantité) ; •les biens ont des caractéristiques de “biens publics”, c'est-à-dire ils sont "partagés" par tout le monde ; •les droits de propriété sur certaines ressources sont inexistants, vagues ou non respectés.
Propriétés des biens publics Les biens dits “publics” se distinguent des biens dits “privés” par rapport à deux propriétés liées à la manière dont le bien peut être fourni sur le marché. Lorsque le producteur ne peut pas exclure des consommateurs potentiels, on parle de nonexclusion. Lorsque le coût de fourniture d’une unité additionnelle du bien est nul, on parle de nonrivalité.
La non-rivalité Non-rivalité dans la consommation: Une fois produit, le coût additionnel pour qu’une autre personne consomme une unité du bien est nul. Par exemple : un phare, une fois qu’il est construit et qu’il est allumé, le coût pour qu’il éclaire un bateau additionnel est nul. Il en est de même pour un pont, une autoroute, un paysage, la sécurité, etc. Au contraire, les biens privés sont typiquement rivaux dans la consommation: une seule personne profite d’une barre de chocolat donnée. NB: il ne faut pas confondre le coût d'un consommateur additionnel (qui est nul) avec le coût marginal de fabrication du bien (qui n'est pas nul). Par exemple, le coût marginal de fabrication d’une autoroute est croissant avec la densité du réseau autoroutier, mais une fois construit ce réseau, le coût associé à la consommation de ce bien est nul (ou très faible).
Ceci implique aussi qu'une fois fabriqué, il est effectivement difficile de fractionner le bien en fonction de la demande → caractéristique d’indivisibilité : le bien est fourni en bloc.
La non-exclusion Non-exclusion dans la consommation: Il existe des biens pour lesquels il est difficile, voire impossible d’exclure quelqu’un de sa consommation. Par exemple : •un phare, une signalisation routière ; •un beau paysage, un feu d’artifice ; •l’éclairage des rues, leur propreté ; •la défense nationale, la sécurité d’un quartier ; •la qualité de l’air, de l’eau, l’environnement en général. Difficulté n’est pas nécessairement technique, mais économique. Il peut être techniquement possible de mettre des barrières pour un feu d’artifice, mais c’est extrêmement coûteux et donc non rentable.
Résumé
Le problème du resquilleur La non-exclusion et le problème du resquilleur La non-exclusion est directement associée au problème du “passager clandestin” (free rider problem) ou des préférences non révélées. La difficulté d’exclusion permet de consommer le bien sans avoir à en payer le prix et donc couvrir le coût. Exemples : •un bateau qui ne paye pas mais bénéficie de l’éclairage d’un phare. •la télévision publique et la redevance. •les personnes non vaccinées bénéficient implicitement de la vaccination des autres, car la diffusion de la maladie est limitée.
Comportement stratégique du resquilleur La théorie des jeux permet de montrer que les individus ont une incitation naturelle à adopter un comportement de "passager clandestin", qui conduit à une situation sousoptimale pour tous. Ce principe a été mis en évidence par John Nash, prix Nobel pour l’économie en 1995, et il est une application du dilemme du prisonnier, que l’on retrouve très souvent dans des situations où le choix de l’un dépend du choix de l’autre. La force de la théorie de Nash est de montrer que la poursuite de l’intérêt propre peut aller à l’encontre de l’intérêt collectif, contrairement à l’argument de la main invisible.
Exemple fictif Deux voisins, dont le chemin jusqu’au village est dépourvu de tout éclairage la nuit, contemplent le possible investissement en éclairage de rue. Deux lampadaires permettraient d’avoir une visibilité sur tout le trajet, et un seul lampadaire n’apporte qu’un bénéfice partiel car une partie du chemin reste dans l’obscurité. Admettons que le coût d’un lampadaire soit de 3000. Le gain de bien-être associé à un éclairage complet du chemin (en équivalents monétaires) est de 4000 chacun. Si l’éclairage est partiel, le bien-être n’augmente que de 2000.
Problème de coordination Si l’action conjointe était coordonnée, le gain net de chacun serait positif: (+1000, +1000). En revanche, il existe une incitation pour chaque voisin à minimiser l’importance du problème de l’éclairage, pour bénéficier de l’action unilatérale de l'autre. La stratégie dominante se révèle être l’inaction: (Ne fait rien, Ne fait rien) est l'équilibre de Nash, unique, de ce jeu. Par conséquent, l’équilibre est sous-optimal (cas classique du dilemme du prisonnier). Problème: comment financer le bien si les personnes disent ne pas en profiter (problème des préférences non-révélées)? Solution: l’État fournit le bien mais rend la contribution obligatoire. Il reste à savoir dans quelle mesure chacun doit participer au financement du bien public.
Biens mixtes Exclusion et non-rivalité Il existe des biens mixtes qui présentent seulement une des deux caractéristiques typiques des biens publics. Par exemple, un pont, un cinéma ou une autoroute, une piscine, la télévision permettent l’exclusion, malgré la non-rivalité. Certains biens mixtes sont fournis par des privés, d’autres par l’État. Les pratiques peuvent être très différentes de pays à pays, car des considérations d’équité entrent également en ligne de compte. La congestion et la réduction de qualité concomitante réintroduisent une certaine rivalité entre les consommateurs et un rationnement du service en question, qui correspond à une forme d’exclusion. Exemple: l'éducation → exclusion + non-rivalité •l’éducation est publique à des degrés divers dans différents pays. •souvent, l’éducation est fournie à un prix inférieur au coût de production pour des questions de redistribution. L’accès égal à la formation est une manière de favoriser la mobilité sociale. L’éducation est également fournie par le secteur public en raison des externalités positives qu’elle véhicule. •en cas de congestion, l’objectif redistributif est réduit, car les personnes ayant plus de ressources peuvent substituer l’éducation publique par l’éducation privée, si celle-ci est de meilleure qualité.
Non-exclusion et rivalité Le bien mixte peut également avoir la configuration de non-exclusion couplée à la rivalité. C'est le cas de tous les biens ou ressources dont la propriété commune implique à terme un problème de congestion. Ex: ressources naturelles. Mésallocation: la sur-exploitation peut conduire à la disparition pure et simple de la ressource. Les perdants sont souvent les exploitants eux-mêmes pris collectivement. Prise de conscience avec l’article célèbre de Garett Hardin (1968) et les travaux de Elinor Ostrom (prix Nobel 2009).
La tragédie des communaux Exemple classique: village d’éleveurs qui se partagent les champs (les communaux) où ils font paître leurs bêtes. Incitation de l’éleveur individuel à sur-exploiter le pré, car il n’y a pas d’incitation à la retenue. Chaque éleveur impose une externalité sur les autres en réduisant la qualité du champ commun. Le bénéfice d’une gestion “responsable” de la ressource commune est minime, surtout en anticipation de l’absence d’une telle attitude par les autres. Conséquence: tous les éleveurs sur-exploitent le pré, dont l’herbe ne peut pas se renouveler.
Problème récurrent et de grande actualité des zones de pêche: il est difficile d’exclure des nouveaux bateaux de pêche, mais il y a rivalité dans les prises. Il serait dans l’intérêt de tous les bateaux de limiter leurs prises pour laisser les poissons se reproduire, mais chaque bateau individuellement a intérêt à maximiser les prises avant que les autres ne le fassent. Nécessité de régulation par une instance publique pour limiter les prises individuelles. Problème aigu lorsque la ressource naturelle est partagée par plusieurs pays: nécessité d’une instance supra-nationale. Cf. The Economist, The tragedy of the commons, contd, 04.05.2005. Pleine d'autres applications possibles, par exemple l'impact des émissions de CO2 sur l'atmosphère (= bien commun) et les tentatives de régulation avec le Protocole de Kyoto (1997) et l'Accord de Copenhague (2009).
La tragédie des communaux : coût privé versus coût social
Allocation du bien public Offre optimale Une fois décidé qu’un bien public doit être fourni, il se pose la question de savoir dans quelle quantité. Sur le marché d’un bien privé, pour un prix donné, chacun consomme une quantité optimale du bien. Bien privé : des quantités différentes pour le même prix. Pour un bien public la question est plutôt de savoir pour une quantité donnée du bien public (en raison de la non-rivalité) quel prix faire payer.
Pour une fourniture efficiente, il faudrait que la somme des bénéfices marginaux (des volontés de payer) soit égale au coût de fabrication du bien public. Chaque individu paye ensuite l’équivalent de sa volonté de payer. Bien public : la même quantité avec des prix différents.
Demandes individuelles et demande agrégée : bien privé
Au prix d'équilibre de marché, chaque consommateur consomme une quantité différente du bien
Demandes individuelles et demande agrégée : bien public La quantité consommée est la même, mais chacun paie un prix différent. Si on avait prix = Cm (marché privé), l'offre du bien serait sous-optimale ou nulle.
Exemple Par exemple, si pour avoir un service de voirie des rues donné, le coût est de 100 et que Jean est prêt à payer 20, Jacques 30 et Paul 50, on a la quantité optimale du bien public, car la somme des volontés de payer est égale au coût de production du service. Or, une entreprise privée de voirie ne pourrait pas financer ce service en faisant payer chacun selon sa volonté de payer à cause du problème de passager clandestin et des préférences non-révélées. L'État, de son côté, pourra procéder à une évaluation des bénéfices du service de voirie et, une fois établie la quantité optimale, grâce à son pouvoir de coercition, obliger les citoyens à se partager son financement. (Mais, comment évaluer le bénéfice et répartir au mieux le
fardeau entre citoyens si l'État lui-même ne connait pas les préférences de chacun? → questions très délicates...)
Analyse coûts-bénéfice Une solution consiste donc à procéder à une analyse coûts-bénéfices, en procédant au décompte de tous les bénéfices et tous les coûts (monétaires et non-monétaires) pour la collectivité associés à une certaine quantité du bien public. Problème: sans prix, comment estimer les bénéfices et coûts pour la société d’un bien public? Exemples : •quelle valeur sociale pour une ambassade? Un zoo? •des routes plus sûres? Valeur d’une vie sauvée? •valeur d’une atteinte à la bio-diversité? Combien vaut une forêt? Ce type d’analyse est nécessairement complexe et emprunt de subjectivité dans l’évaluation des coûts et des bénéfices. Selon le poids que l’on donne à l’énergie générée par un barrage hydro- électrique et les atteintes aux riverains et la bio-diversité, différentes décisions pourraient être prises.
Exemple : construction d'un pont Analyse coût-bénéfice de la construction d'un pont sur une rivière (bien mixte). Bénéfices •Bénéfices monétaires: péage (si péage il y a) que les automobilistes paient. •Bénéfices non-monétaires: surplus des consommateurs = automobilistes. •Externalités positives: plus de tourisme dans des régions autrement isolées, trafic moins congestionné sur les routes. Coûts •Coûts monétaires : paiement de l’entreprise de construction. •Coûts non-monétaires : perte sèche du prélèvement d'une taxe pour financer la construction du pont. •Externalités négative : moins de profits pour le tourisme dans d’autres régions ou pour la compagnie qui faisait la traversée en bateau (externalités monétaires) + vue des riverains ou destruction de la vie sauvage dans les environs (externalités non-monétaires).
Exemple : la valeur d'une vie Très souvent, les décideurs politiques doivent se prononcer sur l’amélioration de la sécurité (lieu de travail, circulation, loisirs...) et le projet peut nécessité des coûts qu’il faut mettre en balance avec des vies sauvées. Problème : quelle valeur donner à une vie sauvée? Approche du capital humain : utilisée dans certains tribunaux aux USA pour évaluer des dommages compensatoires. Problème d’équité: ceux dont les proches décédés n’ont pas fait d’études reçoivent moins que ceux ayant un niveau d'éducation élevé. Approche des dépenses de sécurité : tout ce que les gens payent pour avoir un airbag, des freins ABS ou un extincteur. Approche de la valeur statistique : le marché du travail comporte des risques de décès que les travailleurs peuvent être prêts à prendre si on les compense avec une prime salariale de risque encouru.
Analyse coûts-bénéfice et le temps Un autre problème qui se pose aux décideurs survient lorsque les flux de coûts et de bénéfices arrivent à des périodes différentes. Exemple: meilleur encadrement éducatif, investissement dans une meilleure épuration des eaux, reboisement d’une forêt... coûts sont subis aujourd’hui, alors que les bénéfices sont plus éloignés dans le futur. Or: “un tiens vaut mieux que deux tu l’auras”. Autrement dit, les individus ne donnent pas la même valeur à des flux de coûts ou bénéfices présents et futurs: c’est la préférence pour le présent. Il est clairement très difficile de faire des évaluations des conséquences non-monétaires ou des externalités, mais on peut aussi avoir beaucoup d'incertitude sur tout ce qui est monétaire.
L'État de droit est un bien public Les résultats d’efficience du marché dépendent crucialement du respect de l’État de droit et, en particulier, de la sauvegarde des droits de propriété, mais aussi des libertés individuelles de base. Sans respect des droits fondamentaux, pas d'efficience de l'économie de marché. Or, le marché seul ne permet pas en soi de voir émerger un État de droit. La poursuite de l’intérêt privé (main invisible) seule donne lieu à des situations de non-droit où les échanges sont réduits, car découragés par l’expropriation (seigneurs de guerre, mafia, Far West...). La collectivité dans son ensemble pâtit du non-respect des droits fondamentaux. Loi du plus fort : l'incitation n'est pas à la production mais à l'extorsion. Les sociétés de chasseurs cueilleurs vivent sans droits de propriété! Mais: sont peu nombreux en regard des ressources environnantes. Dès que la pression démographique augmente, les ressources sont épuisées, car il n’y a pas d’incitation à les préserver (tragédie des communaux).
Résumé Les biens diffèrent au regard de leur nature: (non-)exclusion et (non-)rivalité. Exclusion: il est possible d’empêcher quelqu’un de l’utiliser. Un bien est rival dans le cas où, s’il est consommé par quelqu’un, la possibilité qu’il soit aussi consommé par quelqu’un d’autre est réduite. Les biens publics purs sont caractérisés par la non-exclusion et la non- rivalité. Si l’exclusion n’est pas possible, les individus sont incités à se comporter en passagers clandestins lorsque ce bien est fourni par le secteur privé. L’État prend en charge les biens publics et décide de la quantité à fournir au moyen d’une analyse coûts-bénéfices. Les ressources communes sont des biens rivaux sans exclusion possible. Comme les individus ne paient pas pour l’utilisation de ces ressources, ils tendent à les sur-exploiter. L’État est dans ce cas nécessaire pour suppléer au marché. Le problème devient critique lorsque la ressource dépasse les frontières nationales d’un pays
es coûts de production
C’est la partie de la micro-économie appelée Organisation Industrielle L’analyse des coûts est une étape analytique essentielle car l’objectif de tout agent économique, et notamment pour les entreprises, est de maximiser ses bénéfices. Son objectif est de comprendre le comportement des entreprises dans diverses conditions de marché (concurrence parfaite et différentes formes de concurrence imparfaite). Les coûts sont les déterminants clefs qui influent les décisions de production et les prix pratiqués. En d’autres termes, le programme de l’entreprise dépend du choix de facteurs de productions. L’objectif ultime des entreprises est de maximiser leurs profits. Les coûts de production, qui influencent la fonction d’offre, sont des déterminants importants des profits. • Le profit des entreprises est donné par: Profit = (Recette Totale) – (Coût Total) π=RT–CT • La recette totale (RT) est donnée par: Recette Totale = Prix * (Quantité Vendue) Le reste de ce chapitre est dédié à l'analyse des coûts de production. Cette théorie est derrière la fonction d’offre de marché, le fonction d’offre est une fonction croissante. Cependant nous n’avons pas justifié quel est le comportement des entreprises. L’idée est de justifier le comportement de la fonction d’offre.
Avec la théorie de la consommation nous allons analyser tout ce qui est derrière la fonction de demande.
onction de production et coûts totaux Qu’est-ce que le coût de production ? Le deuxième principe économique qui a été énoncé dans la première session nous dit que le coût de quelque chose n’est pas seulement égal au paiement monétaire mais aussi à la valeur de ce à quoi on doit renoncer pour l’acquérir. On appelle ceci le coût d’opportunité. La notion de coût en termes économiques est liée au concept de coût d'opportunité. Lorsqu’une entreprise produit un bien, elle fait face à des : •coûts explicites qui sont donnés par les paiements monétaires, ce sont des flux sortants (approche comptable). •coûts implicites qui sont donnés par la valeur de ce à quoi elle a dû renoncer ; ce sont des coûts qui n’ont pas de contrepartie monétaire immédiate (approche économique). Exemples de coûts implicites: •le coût du capital propre (ou fonds propres) investi dans l’entreprise (et qui aurait pu être investi ailleurs); •le salaire que l’entrepreneur recevrait comme employé dans une autre activité. Le comptable ne tient pas compte des coûts implicites quand il évalue les coûts de production et le profit comptable de l’entreprise. L’économiste, quant à lui, tient compte des coûts explicites et des coûts implicites.
Profit économique et profit comptable Le profit économique ne peut jamais être plus grand que le profit comptable et un profit comptable positif est compatible avec une entreprise qui fait des profits économiques nuls.
La fonction de production et les coûts totaux La fonction de production montre la relation technique entre la quantité produite (q) et la quantité d’inputs utilisée pour produire cette quantité. La fonction de coût total montre la relation entre la quantité produite (q) et ses coûts de production. Les deux fonctions sont intimement liées : les coûts totaux sont déterminés par les contraintes techniques de la fonction de production.
Produit marginal et moyen du travail Le produit marginal du travail, ou productivité marginale du travail, est la quantité d’output supplémentaire que l’on peut produire avec une unité supplémentaire de cet input: PmL = accroissement de production/travail additionnel =
ΔqΔL
ou, pour
des toutes petites variations, PmL=∂q∂L. Il est donc donné par la pente de la fonction de production. La fonction de production précédente montre un PmL décroissant: la pente devient de plus en plus petite au fur et à mesure qu’on augmente les quantités produites → une unité de travail supplémentaire permet d’augmenter la production, oui, mais d’un montant de plus en plus petit.
Le produit moyen du travail, ou productivité moyenne du travail, mesure la quantité que chaque travailleur produit en moyenne: PML = production totale/# de travailleurs = Il est donc donné par la pente du rayon sortant de l'origine.
qL.
Les rendements décroissants On parle dans ce cas de LOI DES RENDEMENTS MARGINAUX DECROISSANTS = étant donnés les autres inputs, la productivité du travail décroît avec la quantité de travail. Intuition : quand les autres facteurs de production sont fixes, rajouter des travailleurs additionnels ne peut pas accroître la production proportionnellement. Exemple : dans un bureau, les travailleurs commencent à se gêner et à se relayer sur un ordinateur ou une photocopieuse avec des attentes et des problèmes de coordination. Ceci se traduit par une fonction de production avec une pente de plus en plus petite et par une fonction de coût total avec une pente de plus en plus grande lorsque les quantités produites augmentent. Intuition : s’il faut de plus en plus de travailleurs pour produire une unité supplémentaire, les coûts de production de cette unité supplémentaire vont devoir augmenter => le coût augmente à un taux croissant.
Exemple : fonction de production et coût total
Fonction de production et de coût total d'un producteur de pizzas.
• Fonction de production.
• Courbe de coût total.
Différentes mesures de coût Différentes mesures de coût Coûts fixes (CF) sont les coûts qui ne varient pas avec la quantité produite (liés aux investissements en capital physique). Coûts variables (CV) sont les coûts qui varient avec la quantité produite (liés à la rémunération des travailleurs au d'autres inputs variables). Coût total (CT) est la somme du coût fixe et coût variable :
CT=CF+CV. Coût moyen (CM) est le coût total par unité produite et donc :
CM=CTq=CFq+CVq =coût moyen = coût fixe moyen + coût variable moyen Coût marginal (Cm) est l’augmentation dans le coût total associée à la production d’une unité additionnelle du bien final (= pente de la fonction de coût total) Cm = (variation dans le coût total)/(variation des quantités)
Cm=ΔCTΔq (ou = ∂CT∂q pour des variations infinitésimales).
Exemple
Coûts de production d’un producteur de limonade
Exemple : coût total
Exemple : coût marginal Le coût marginal généralement augmente avec la quantité produite à cause de la productivité décroissante qui rend la production d’une unité supplémentaire de plus en plus coûteuse. Le CF ne variant pas, par définition, avec la quantité produite, le Cm indique nécessairement la variation du CV.
Exemple : Coût moyen Le coût moyen a généralement une forme en U, c’est-à- dire il diminue avec les quantités produites lorsqu’on commence à produire le bien (le CF est réparti sur un petit nombre d'unités seulement), mais pour des quantités plus grandes de production il augmente avec les quantités produites (à cause de l'incidence grandissante du CVM).
Coût marginal et coût moyen Lorsque le coût marginal est supérieur au coût moyen, le coût moyen est croissant, alors qu’il est décroissant si le coût marginal lui est inférieur => Le coût marginal rencontre le coût moyen au minimum du coût moyen (EME).
Coût moyens (fixe et variable)
Plus en général La productivité marginale est initialement croissante (spécialisation des travailleurs dans leurs tâches) et décroissante ensuite (car les facteurs fixes doivent être partagés par un nombre croissant de travailleurs)
Propriétés Trois propriétés importantes des fonctions de coûts : 1.Le coût marginal va, tôt ou tard, finir par augmenter avec la quantité produite. 2.Le coût moyen a donc une forme en U (si le coût marginal était toujours décroissant on aurait des coûts moyens toujours décroissant également). 3.Le coût marginal croise la fonction de coût moyen à son minimum (ou à l’échelle minimale efficiente).
Résumé graphique
Exemple numérique Une entreprise manufacturière a le coût total suivant :
CT(q)=100q–4q2+0.2q3+450 CF=450 CV(q)=100q−4q2+0.2q3 Cm(q)=∂CT∂q=100−8q+0.6q2 CFM(q)=CFq=450q CVM(q)=CV(q)q=100q−4q2+0.2q3q=100−4q+0.2q2 CM(q)=CT(q)q=100q−4q2+0.2q3+450q=100−4q+0.2q2+450q=CFM+CVM
Lien entre fonction de production et coûts La fonction de coût total est une sorte de fonction de production lue "à l'envers" (fonction réciproque): Étant donné un certain stock de capital physique, on détermine quel est le nombre d'heures de travail nécessaires pour produire une certaine quantité q (= "envers" de la fonction de production); On multiple ces heures de travail par le salaire horaire et on détermine ainsi la masse salariale ? ∙ ?(?, ?) (= CV, si L est le seul input variable); On rajoute à cela le coût fixe engendré par le capital physique pour obtenir le coût total.
Court versus long terme Fonction de production de court et de long terme Toute l'analyse qui précède a été faite en faisant implicitement l'hypothèse qu'un seul facteur de production, le travail, pouvait être adapté par l'entreprise afin de réaliser ses décisions de production. Ceci revient à dire que nous avons fait implicitement l'hypothèse que tous les inputs sauf le travail sont fixes. Autrement dit, nous avons fait une analyse de court terme. Hypothèse : pour produire une certaine quantité q du bien, la firme utilise deux(mais on pourrait en considérer plus) inputs de production : •le capital physique, K •le travail, L L’entreprise peut choisir différentes combinaisons de capital et de travail qui conduiront à différents niveau de production. La maximisation du profit sera maintenant une maximisation sur les deux quantités L et K. Pour beaucoup de firmes, la répartition du coût total entre coûts fixes et coûts variables dépend de l’horizon temporel. •COURT TERME Une entreprise qui doit décider au jour le jour quelle quantité produire considère sa capacité de production (= locaux, machines, instruments… = capital physique) comme donnée → fonction de production: q=f(K¯,L).
•LONG TERME Quand elle planifie son activité future, l'entreprise peut décider de sa capacité de production → tous les inputs sont flexibles →fonction de production: q=f(K,L).
Coûts de production dans le court et long terme Les coûts fixes sont liés au long terme ; les coûts variables sont des coûts modifiables sur le court terme. La distinction entre coût variable et coût fixe dépend de l’horizon de temps qu’on considère: •dans le court terme certains coûts sont fixes (en général, les coûts liés au capital physique). On doit utiliser un stock de capital fixe •dans le long terme on peut rendre les coûts fixes variables notamment grâce aux investissements. •mais avec le temps ces mêmes coûts fixes deviennent variables car les entreprises peuvent ajuster leurs décisions sur tous les inputs (modification de la capacité physique de production). Comme beaucoup de décisions sont fixes dans le court terme mais variables dans le long terme les fonctions de coût des entreprises ne sont pas les mêmes dans le court terme et dans le long terme. Parce que beaucoup de décisions sont fixes dans le court terme mais variables dans le long terme, les coûts d’une firme sur le long terme diffèrent des coûts dans le court terme. Il sera toujours plus facile d’avoir des coûts de production plus petits dans le long terme car on peut ajuster les facteurs de production qui sont fixes dans le court terme.
Les coûts moyens dans le court et long terme
Economies d’échelle La pente de la fonction de CM à long terme nous indique la présence ou absence d’économies d’échelle.
Rendements marginaux vs rendements d'échelle Ne pas confondre le concept de rendement marginal ou de produit marginal avec le concept de rendement d'échelle! Le rendement marginal (souvent décroissant) est un concept de court terme: il nous indique la variation de l'output pour un changement d'un seul input, tous les autres étant fixes. Le rendement d'échelle (croissant, constant, décroissant) est un concept de long terme : tous les inputs sont variables et une entreprise qui veut modifier ses décisions de production peut aussi intervenir sur sa capacité de production. Intuition pour économies d'échelle (→ rendements d'échelle croissants) : dans une usine plus grande beaucoup de tâches peuvent être agrégées + spécialisation plus élevée de K et de L possible + possibilité d’utiliser de la main d’œuvre qualifiée ou des machines plus performantes... Intuition pour déséconomies d'échelle (→ rendements d'échelle décroissants) : difficultés croissantes dans l’organisation et l’intégration des activités dans une usine de taille grandissante + moins d’engagement personnel des travailleurs + le management ne suit pas (sorte de « facteur fixe »)...
Résumé L’objectif de l’entreprise est de maximiser le profit = différence entre la recette totale et le coût total. Le coût total inclut les coûts explicites mais aussi les coûts implicites (= coûts d'opportunité de la production). Le coût total de l’entreprise est un reflet de sa fonction de production. Une fonction de production type montre généralement une productivité décroissante (en tout cas a partir d’une certaine quantité ou échelle de production). Le coût total de l’entreprise est divisé entre les coûts fixes (qui ne changent pas avec la quantité produite) et les coûts variables (qui dépendent des quantités produites). Le coût moyen est le coût total par unité produite.
Le coût marginal nous donne l’augmentation dans le coût total nécessaire à produire une unité additionnelle. Généralement augmente avec la quantité produite (en tout cas a partir d’une certaine quantité produite). Si le coût marginal est croissant, le coût moyen doit, tôt ou tard, commencer à augmenter; il va donc d’abord diminuer et ensuite augmenter avec les quantités produites. Il aura une forme en U. La courbe de coût marginal croise la fonction de coût moyen à son minimum (au point d’échelle minimum efficace). La forme des fonctions de coût dépend de l’horizon de temps qu’on considère. Beaucoup de coûts qui sont fixes dans le court terme deviennent variables dans le long terme.
Les entreprises en concurrence parfaite
En analysant le comportement des entreprises et les déterminants de l’offre de celles-ci sur le marché on distingue entre deux types de structure de marché : 1. Les marchés compétitifs où on trouve un grand nombre d’entreprises et chaque entreprise individuellement n’a pas d’impact sur le prix ; 2. Les marchés non compétitifs où les entreprises ont du pouvoir de marché et en changeant leur niveau de production (ventes) elles affectent les prix sur les marchés. Dans ce chapitre nous nous concentrons sur les marchés compétitifs en examinant le rôle joué par les fonctions de coût de production des entreprises dans les décisions de produire ou ne pas produire et, si oui, quelles quantités. Dans les chapitres suivants nous allons analyser les principales formes de marché non-concurrentiel. Un marché compétitif est un marché où il y a une infinité de vendeurs et acheteurs et où chacun d’entre eux a donc une part de marché infiniment petite (la taille de chacun est toute petite par rapport à la dimension du marché). Aucun agent économique n'est donc en mesure d’influencer le prix du marché en modifiant les quantités achetées ou vendues. On peut également définir un marché compétitif comme étant un marché où :
1. le bien vendu est homogène (pas trop de différence entre les producteurs) ; 2. il y a un grand nombre d’acheteurs et des vendeurs ; 3. il y a libre entrée et sortie des acheteurs et vendeurs sur le marché. Le résultant de ces trois conditions étant toujours qu'aucun acheteur ni vendeur pris individuellement ne peut influencer le prix sur le marché. Les actions d’un vendeur ou d’un acheteur isolé sur le marché ont un impact négligeable sur le prix et tous sont des ‘preneurs de prix’ (price takers).
Maximisation du profit La recette Le profit (π) de l’entreprise est donné par la différence entre la recette totale ( RT) et le coût total (CT). Nous avons déjà analysé les fonctions de coût, mais pas encore les déterminants de la recette totale : RT=Prix∙Quantité La RT est proportionnelle à la quantité vendue (q) car, dans un marché compétitif, le prix est donné. La recette moyenne (RM) nous dit quel est le revenu que l’entreprise fait en moyenne par unité vendue : RM=RTQuantité=Prix×QuantitéQuantité=Prix La recette marginale (Rm) nous dit quel est l’augmentation du revenu lorsque les quantités vendues (q) augmentent:
Rm=ΔRTΔq (= ∂RT∂q pour des variations infinitésimales) Pour les firmes concurrentielles, la recette marginale est égale au prix du bien : Rm=ΔRTΔq=p
Le profit Les deux composantes du profit dépendent de la quantité produite :
π(q)=RT(q)−CT(q) π(q)=p×q−CF−CV(q) (pour une entreprise concurrentielle) Le profit moyen est :
πM(q)=RM−CM(q)=p−CFM−CVM(q) Le profit marginal est :
πm(q)=Rm−Cm(q)=p−Cm(q)
Le profit est maximisé quand le coût marginal est égal à la recette marginale : maxπ(q)=RT(q)−CT(q) CPO (condition de premier ordre) :
∂π∂q=∂RT∂q−∂CT∂q=Rm−Cm=p−Cm=0 À l’optimum Rm=p=Cm
Maximisation du π : un exemple numérique
NB: P = 6 € => RM = Rm = 6 €
Maximisation du π : analyse graphique La firme décide de la quantité à produire de façon à maximiser ses profits et en raisonnant à la marge...
q∗ maximise la différence entre la recette totale et le coût total.
Cm versus CM La firme décide de la quantité à produire de façon à maximiser ses profits en raisonnant à la marge... et non pas en moyenne. Si l'entreprise se limite à produire qπM, c’est-à-dire la quantité qui maximise le profit moyen, elle renonce à réaliser des bénéfices nets.
Maximisation du π : vue d'ensemble
Profit Le profit maximum est donné par la différence entre la RT et le CT au point q∗.
π=RT−CT=RM∙q−CM∙q=(RM−CM)∙q=(p−CM)∙q
Maximisation du π : un exemple analytique Fonction de coût : CT=1+10q−q2+13q3 Déterminez quelle est la quantité qui maximise le profit de l’entreprise en sachant que le prix de marché p est égal à 13. CPO : Cm=10−2q+q2=13=p
q=2±4−4×1×(−3)−−−−−−−−−−−−−√2=2±16− −√2=⎛⎝62>0,ok−22=−1<0,exclus⎞⎠
Offre de la firme de court et de long terme La courbe d’offre de l’entreprise à court terme La courbe d’offre de l’entreprise à court terme Coûts coïncide avec la fonction de coût marginal...
Décision de fermeture à court terme ... au dessus du CVM
L'entreprise pourrait décider de ne rien produire pendant une période donnée du fait des conditions courantes de marché. La firme continue à produire si le profit qu'elle réalise en produisant une quantité non-nulle (q*) est plus élevé que le profit (perte) qu'elle fait en arrêtant la production:
q=0 → π(0)=−CF q=q∗ → π(q∗)=pq∗−CV(q∗)−CF La firme produit une quantité positive si π(q∗)>π(0) => si pq∗>CV(q∗) => si p>CVM(q∗) L'entreprise ferme si la recette qu’elle aurait obtenue en produisant est inférieure au coût variable de la production et la courbe d’offre de la firme à court terme est la partie de la courbe de coût marginal au-dessus du coût moyen variable. On peut donc définir le seuil de fermeture comme le niveau de prix tel que : p(SF)>CVMmin Tant que l’entreprise se trouve au-dessus du seuil de fermeture, elle a intérêt à continuer à produire, même si elle fait des pertes.
La courbe d’offre de l’entreprise à long terme La courbe d’offre de l’entreprise à long terme coïncide avec la portion de la fonction de coût marginal de long terme au dessus du CM.
Décision de sortir/entrer La fermeture renvoie à une décision de court terme de ne rien produire pendant une période donnée, tandis que la sortie fait référence à une décision de long terme de quitter le marché. La firme prend en compte les coûts irrécouvrables (= tout coût qui a déjà été engagé et qui ne peut plus être récupéré = CF) quand elle décide de sortir du marché, mais les ignore quand elle décide de fermer temporairement. À long terme, la firme quitte le marché si la recette qu’elle retirerait de la production est inférieure à ses coûts totaux : si RT
si
RTq
=> si p
À long terme, la firme entre sur le marché si la recette qu’elle retirerait de la production est supérieur à ses coûts totaux (= profits positifs): => si RT>CT => si
RTq>CTq
=>
si p>CM. La courbe d’offre de long terme est la portion de la courbe de coût marginal qui se situe au-dessus du coût moyen total.
Offre agrégée La courbe d’offre agrégée à court terme La courbe d’offre agrégée est donnée par la somme (horizontale) des courbes d’offre individuelles des entreprises. Avec un nombre fixe d’entreprises (sans sortie ou entrée d’entreprises dans le marché), c’est-à-dire à court terme , on a que :
La courbe d’offre agrégée à long terme Comme on vient de voir à la fin de la section précédente, dans le long terme les entreprises décident d'entrer sur (quitter) le marché si le prix est plus grand (plus petit) que le coût moyen. Si P>CM, des nouvelles entreprises rentrent sur le marché car elles font des profits économiques positifs, la courbe d’offre agrégée se déplace vers la droite, et le prix tombe, jusqu’à ce qu’on retrouve un équilibre où p=CM. Si P
Profits économiques nuls : intuition Rappel : des profits nuls à long terme ne veulent pas dire que les propriétaires n’ont pas de revenu, mais simplement que leur revenu à long terme est identique à leur coût d’opportunité. À l’équilibre de profit nul, la recette de la firme doit rémunérer les propriétaires pour le temps et l’argent qu’ils dépensent à faire fonctionner leur entreprise.
Un profit économique nul est tout à fait compatible avec un profit comptable positif car le profit économique tient compte du coût d’opportunité dans l’évaluation des rémunérations des facteurs et que le profit comptable n’en tient pas compte.
Courbe d’offre de long terme croissante Pourquoi la courbe d’offre à long terme a aussi parfois une pente positive? Certaines ressources (facteurs de production) sont disponibles seulement dans des quantités limitées même à long terme (exemple: terre agricole). Au fur et à mesure que des nouvelles entreprises entrent dans le marché leur productivité peut être de moins en moins grande. Ces nouvelles entreprises ont des fonctions de coût de plus en plus élevées (la terre agricole est de moins en moins productive). La condition de profits nuls est établie sur l’entreprise marginale. La courbe d’offre à long terme aura une pente positive, mais toujours plus grande que la courbe d’offre à court terme (= au coût marginal sans libre entrée et sortie des entreprises). En d’autres termes, la courbe d’offre de longue période est toujours plus élastique de la courbe d’offre de courte période.
Mécanisme d’ajustement : court versus long terme
Choc exogène positif de demande → hausse du prix → p>CM → π>0.
Le profit économique de court terme attire des nouvelles entreprises dans le marché.
Résumé Le revenu total d’une entreprise sur un marché compétitif est proportionnel aux quantités produites (car le prix est donné). Le prix du bien est identique à son revenu moyen et marginal. Une entreprise maximise ses profits en choisissant la quantité produite telle que le coût marginal est identique au revenu marginal (= prix) et donc la courbe d’offre de l’entreprise est donné par son coût marginal. Dans le court terme quand une entreprise ne peut pas récupérer ses coûts fixes, l’entreprises décide de fermer temporairement ses opérations si le prix est inférieur au coût variable moyen. Dans le long terme, l’entreprise récupère les coûts fixes et variables (pas de coûts perdus), et donc elle sort du marché seulement si le prix est inférieur au coût moyen. Dans le long terme, avec l’entrée et sortie des entreprises, les profits des entreprises sont égales à zéro et elles produisent à leur EME. Si il y a de l’ hétérogénéité dans les fonctions de coût des entreprises certaines pourraient faire des profits positifs.
Les entreprises en monopole
Dans le cas du monopole on analyse une configuration de marché imparfait. Le monopole est une situation où il n’y a qu’une seule entreprise et donc un seul niveau de production qui sera absorbé par la demande. D’autre part, alors que dans un marché compétitif les entreprises sont des « price taker », dans le cas du monopole les entreprises sont des « price maker ». Cependant, bien que les monopoleurs peuvent contrôler les prix des biens qu’ils produisent, leurs profits ne sont pas illimités, c’est pourquoi leur seul objectif et de maximiser leurs profits. Le problème du monopole est que
souvent, la recherche du profit des monopoleurs n’est pas forcément dans l’intérêt de la société. Il est très difficile de trouver des cas de monopole pur, plus généralement on trouve le cas d’oligopole. Une lacune de marché récurrente survient lorsque l’hypothèse de concurrence parfaite est violée du côté du nombre d'intervenants sur le marché → violation de l’hypothèse d’atomicité. • L’absence de compétition procure un certain pouvoir aux rares offreurs en place. • Ce pouvoir s’exerce sur le prix pratiqué: contrairement à ce qui se passe en situation de concurrence parfaite, l’offreur “choisit son prix ” (price maker). • Ce type de situation a des effets sur l’allocation des ressources et le bien-être de la collectivité. • Conséquence: inefficience. Lors d’une faille de marché on s’éloigne d’une situation de concurrence pure et parfaite qui fait que le marché est inefficace.
Origines du monopole et choix optimal Les causes du monopole Hypothèse simplificatrice d’une situation extrême: un offreur unique sur le marché pour un bien ou un service, dont il n’y a pas de substituts proches. La cause constitutive fondamentale des monopoles se situe dans la présence de barrières à l’entrée, qui sont principalement de trois types: •Une ressource spécifique est détenue par une seule firme. Exemples : De Beers et les mines de diamants; un fournisseur local de gaz naturel. •L’État donne à une entreprise le droit exclusif de produire un bien ou un service → barrières légales. La concurrence peut être empêchée par l'introduction de patentes, licences ou franchises dans l’exercice d’une activité (médias, électricité...); brevets pour des inventions, des médicaments (industrie pharmaceutique → cf. plus bas); droits d’auteur dans le domaine artistique; barrières douanières (restrictions des importations par des quotas, droits de douanes, et autres barrières non tarifaires). •Les coûts de production font qu’une seul producteur soit plus efficace que plusieurs producteurs → monopole naturel.
Monopole naturel La technologie est telle que le coût moyen diminue avec l’échelle de production => deux entreprises qui produisent une quantité donnée subissent un coût total supérieur à celui d’une seule entreprise. Par exemple, deux entreprises effectuant chacune 50 tonnes de recyclage génèrent un coût total plus grand que si une seule des deux réalisait 100 tonnes de recyclage. En présence de fortes économies d'échelle un seul producteur peut se retrouver sur le marché → monopole naturel. Raisons : coûts fixes d’entrée ou de sortie importants (infrastructure, R&D, publicité...), économie de variété, etc. → concurrence difficile à mettre en place.
La recette : concurrence parfaite vs monopole La principale différence entre plusieurs firmes sur un marché compétitif et un monopoleur est que le monopoleur peut influencer les prix. Comme le monopole est une situation où il n’y a qu’un seul producteur sur le marché, le monopoleur peut altérer les prix en ajustant la quantité produite ; à l’inverse,dans un marché compétitif, chaque firme est petite relativement au marché, donc elles subissent le prix imposé par le marché. •En concurrence parfaite, le prix ne change pas avec la quantité (q) produite par l’entreprise(il est dit exogène) => La recette totale (RT) est proportionnelle à q et si q double, RT double également: RT=p.q ⇒ p∙(2q)=2RT Le prix est égal au revenu moyen de production. Les prix ne dépendent pas de la quantité vendue sur le marché. Si le prix ne dépend pas de la quantité alors la recette totale dépendra proportionnellement de la quantité produite. En situation de monopole, la recette totale n’est plus proportionnelle à la quantité vendue. Le prix est fonction de la quantité. Si on veut vendre une unité additionnelle il faut réduire les prix. En d’autres termes, une firme dans une situation de concurrence parfaite peut vendre avec de petites variations de quantité un bien en fonction d’un prix qui lui est imposé, de plus, il est intéressant de noter qu’une entreprise en situation de concurrence parfaite vend un produit qui est parfaitement substituable.
En situation de monopole, le producteur fait face à toute la demande (décroissante) de marché et il décide seul du prix (price maker) => le volume produit et mis sur le marché a une influence directe sur le prix du bien et la RT subit donc deux effets antagonistes: •D'une part, l’augmentation de la quantité fait augmenter la recette totale; •De l'autre côté, la baisse du prix(on se déplace le long de la fonction de demande) fait baisser la recette totale. •A priori, l’effet total sur la recette est incertain, mais le monopoleur va en réalité exploiter cette relation. Par contraste à la concurrence parfaite, le monopole est transposé dans une seule dimension qui est la quantité produite. La demande du marché correspond à l’offre du monopoleur ; ainsi si le monopoleur réduit sa quantité de production (outputs), les consommateurs achèteront moins. En ajustant la quantité produite, le monopoleur peut choisir n’importe quel point de la courbe de demande. NB 1 : Parce que les firmes dans un marché compétitif sont des « price takers », elles font face à une courbe de demande horizontale. Au contraire, lorsqu'une seule firme est en situation de produire sur un marché donné, elle fait face à une courbe de demande décroissante. NB 2 : Ainsi, si le monopoleur doit diminuer son prix s’il veut vendre plus de produits
La recette pour le monopoleur La recette totale d'un monopole s'écrit :
RT(q)=p(q)×q, ∂p∂q<0 La recette moyenne, comme en concurrence parfaite, est donnée par le prix : :RM=RT(q)q=p(q)×qq=p(q) La recette marginale est donnée par l'incrément de recette associé à la vente d'une unité supplémentaire (qui fait baisser le prix) :
Rm=∂RT(q)∂q=∂[p(q)×q]∂q=p+∂p(q)∂q×q NB : étant ∂p∂q<0, contrairement à ce qui se passe en concurrence parfaite, la recette marginale est toujours inférieure au prix. Interprétation : la recette marginale montre qu'une unité supplémentaire du bien vendue fait accroître la recette du montant du prix, mais fait aussi baisser la recette d’un montant égal à la diminution de prix (causée par l’unité supplémentaire) multipliée par toutes les unités infra-marginales.
Fonction de demande: concurrence parfaite vs monopole
Recettes d'un monopole: un exemple numérique
Recette marginale (Rm) et courbe de demande d'un monopole Remarque: sous l'hypothèse de fonction de demande linéaire (p(q)=a−b∙q), la Rm a la même forme de la fonction de demande inverse mais avec une pente deux fois plus raide (Rm=a−2b∙q).
Maximisation du profit Comme en situation de concurrence parfaite, le producteur en situation de monopole maximise le profit en égalisant la recette marginale au coût marginal et il utilise la courbe de demande du marché afin de déterminer le prix permettant d’écouler cette quantité, sauf que maintenant, la recette marginale étant inférieure au prix, l’entreprise de monopole choisit une quantité d’équilibre qui, à la marge, coûte moins (Cm + bas) que le consentement à payer (le prix). Maximisation du profit:
maxπ(q)=RT(q)−CT(q) CPO (condition de premier ordre):
Rm(q∗)=Cm(q∗)Cm(q∗) → pouvoir de marché
Il est intuitif de comprendre que le monopoleur choisira toujours de se positionner dans la section élastique de la fonction de demande: la baisse de prix qu'il faut pour vendre une
unité additionnelle est plus petite que dans la section inélastique de la fonction de demande.
Le profit total Le profit total se lit par la surface donnée par le produit du profit unitaire et la quantité optimale : πM=[pM−CM(q∗)]×q∗.
Exemple : l'industrie pharmaceutique Patentes et brevets encouragent l’innovation mais maintiennent aussi les prix élevés et créent un avantage sur les autres producteurs.
Le monopole naturel Le monopole naturel se caractérise par un coût fixe important et un coût marginal faible (secteurs qui nécessitent de gros investissements initiaux, par exemple, et qui sont caractérisés par des énormes économies d'échelle). Le coût total moyen est décroissant mais se trouve toujours au-dessus du coût marginal.
Inefficience du monopole Le coût en bien-être du monopole En contraste avec une entreprise en situation de marché compétitif, un monopole charge un prix supérieur au coût marginal. Du point de vue du consommateur, la pratique d’un prix élevé rend le monopole indésirable au contraire du point de vue du producteur pour qui le monopole est une situation désirable. Le surplus total est la somme du surplus du consommateur et du surplus du producteur. Le surplus du consommateur, c'est la volonté que le consommateur a de payer pour un bien
moins le prix qu’il paie réellement pour ce bien tandis que le surplus du producteur est le montant reçu par le producteur moins ses coûts de production. Dès lors, le monopoleur n’a pas à partager ce surplus qu’il va chercher à maximiser. Parce que la situation de monopole mène a une allocation de ressources différente de celle d’un marché en situation de compétition, la production de biens (output) échoue à maximiser le bien-être économique total. Du point de vue des consommateurs, ce prix élevé rend le monopole indésirable. Cependant, du point de vue des propriétaires de la firme, ce prix élevé rend le monopole très désirable. Comme le monopole fixe son prix au-dessus du coût marginal, il introduit un écart entre la volonté de payer du consommateur et le coût de production. Cet écart implique que la quantité vendue à l’équilibre du monopole est inférieure à celle de l’optimum social. La perte sèche causée par un monopole est similaire à la perte sèche causée par un impôt indirect (sauf que dans ce cas le gouvernement ne perçoit pas de recettes).
Inefficience : perte de surplus du consommateur (SC)
Inefficience : gain de surplus du producteur (SP)
Inefficience : perte nette
Politiques publiques et monopole Solutions possibles Les décideurs politiques peuvent réagir au problème posé par un monopole de quatre façons : •En essayant de rendre les industries monopolistiques plus concurrentielles (cf. page suivante). •En réglementant le comportement des monopoles (cf. plus bas). •En transformant certains monopoles privés en entreprises publiques. •En ne faisant rien du tout.
Accroître la concurrence L’État peut promouvoir la concurrence en utilisant les lois antitrust de plusieurs manières : •L’État peut empêcher les fusions. •L’État peut démanteler des entreprises ou punir l'abus de positions dominantes (Netscape vs Microsoft). •L'État peut réduire la durée des patentes ou des brevets. •Les lois antitrust peuvent empêcher les entreprises de coordonner leurs activités de manière à rendre les marchés moins concurrentiels. Les politiques de la concurrence sont connues aux États-Unis sous le nom de lois antitrust : •Le Sherman Act (1890) réduit le pouvoir de marché des groupes industriels qui dominent l’économie. •Le Clayton Act (1914) renforce les pouvoirs du gouvernement et autorise les procès civils. •Le Traité de Rome (Art. 82) en Europe (1957). •La nouvelle Lcart (Loi sur les cartels) en Suisse (1996).
Réglementer le comportement des monopoles L’État peut réglementer le prix fixé par le monopole: l’allocation des ressources est efficace si le prix est tel qu’il est égal au coût marginal. Cependant, il n’est pas toujours aisé pour le régulateur de connaître et fixer le prix idéal. De plus, en monopole, fixer un prix égal au coût marginal n’est pas forcement viable pour l’entreprise. Forcer le résultat "idéal" de concurrence parfaite en imposant au monopoleur le prix de la concurrence parfaite comme plafond, implique automatiquement une recette marginale constante pour le monopoleur, de sorte qu’il n’a plus intérêt à limiter sa production. Problème pratique : le prix de concurrence parfaite n’est pas observé en monopole. L’État peut se tromper et fixer un prix qui est plus haut ou plus bas. Selon le niveau du prix choisi, le gain de bien-être sera moindre par rapport à la concurrence parfaite (ou même pire).
Prix plafond
Réglementation dans le cas de monopole naturel Si on force un monopole naturel à pratiquer un prix égal au coût marginal (concurrence parfaite), l’entreprise fera des pertes ! Rappel: en monopole naturel, le coût marginal est toujours inférieur au coût moyen de sorte que le prix-plafond sera aussi nécessairement inférieur au coût moyen => la recette totale est inférieure au coût total => perte.
Monopole naturel : subventions Dans ce cas, une solution de pis-aller consiste à subventionner (!) l’entreprise qui fait des pertes. Le montant de la subvention est alors : [p(q∗)−CM(q∗)]×q∗ de sorte que l’entreprise ne fait ni profit ni perte, q∗ étant la quantité qui correspond à la condition de concurrence parfaite p=Cm. Inconvénient : la subvention nécessite une ponction fiscale ailleurs dans l’économie... Difficile de dire, sans une analyse d’équilibre général, si cette solution est avantageuse par rapport au statu quo (principe du second best).
Monopole naturel: tarification au CM Une autre solution consiste à appliquer une tarification au coût moyen. Aucune ponction fiscale n’est nécessaire, car l’entreprise est autonome (profit nul). En revanche, l’idéal de concurrence parfaite (P=Cm) n’est pas atteint avec une perte d’efficience malgré tout par rapport à l’idéal de concurrence parfaite... Cette perte d’efficience est toutefois moindre par rapport à la situation de monopole, et reste donc une amélioration possible.
Monopole naturel : autres options {{#ev:youtube|tIp_oeD1RuA|200|right}} La propriété publique : au lieu de réglementer le monopole naturel d’une firme privée, l’État peut administrer le monopole lui-même en nationalisant le service en question (et en internalisant les pertes). Problème potentiel: les entreprises en monopole pourraient être utilisées pour des raisons électorales et non pas pour des raisons d’efficience productive. Ne rien faire : l’État peut considérer que la gestion publique d’une entreprise est sujette à des rigidités et lourdeurs administratives telles qu’il est préférable de ne pas nationaliser l’entreprise (les failles de marché sont plus petites que les failles du gouvernement)... mais... est-ce vraiment une solution ?
La discrimination par les prix La discrimination par les prix est une pratique qui consiste à vendre le même bien à des prix différents à différents consommateurs. La discrimination par les prix est impossible lorsqu’un bien est vendu sur un marché concurrentiel parce que de nombreuses firmes vendent le même bien au prix de marché, mais devient une pratique possible si le producteur est tout seul sur le marché (pour pouvoir pratiquer la discrimination par les prix, la firme doit avoir un certain pouvoir de marché). Exemples de discrimination par les prix : •Les tickets de cinéma ; •Les prix des billets d’avion ; •Les bons de réduction ; •Les remises sur les quantités achetées. La discrimination parfaite par les prix est possible dès lors que le monopole est capable de connaître exactement la volonté de payer de chaque consommateur et qu’il peut leur faire payer à tous un prix différent.
Bien-être et discrimination par les prix Deux effets importants de la discrimination par les prix :
•elle augmente le profit du monopole (le SC est tout transféré au producteur). •elle réduit (ou élimine dans le cas de la discrimination parfaite) la perte sèche.
Quelques considérations d'équité Avec la discrimination parfaite par les prix il n’y a plus de perte sèche/sociale mais il n’y a pas non plus de surplus pour le consommateur → considérations d'équité sociale : à priori, pourquoi mettre plus de poids sur le bien-être des consommateurs que sur celui des producteurs? (Pensez par exemple au pécheur d’huitre et son consommateur.) La discrimination par les prix peut être une bonne chose du point de vue social également (pas tout ce qui a l’air mauvais est nécessairement mauvais): les consommateurs qui auraient été exclus du marché sans discrimination (ceux qui sont entre la quantité du monopoleur sans discrimination et la quantité efficiente du point de vue social) ont maintenant accès au bien. Ils n’ont pas de surplus (dans ce cas extrême), mais au moins ils peuvent consommer !
Résumé Un monopole est une firme qui a l'exclusivité de production sur son marché. La courbe de demande qui s’adresse au monopole est décroissante => la recette marginale du monopole est toujours en dessous du prix du bien. Comme une firme concurrentielle, une firme en monopole maximise le profit en produisant la quantité pour laquelle la recette marginale est égale au coût marginal. Contrairement au cas d’une firme concurrentielle, le prix du monopole est supérieur à sa recette marginale et donc son prix est supérieur au coût marginal. La quantité de biens produite qui maximise le profit du monopole est inférieure au niveau qui maximise la somme du surplus des consommateurs et des producteurs (quantité en concurrence parfaite). Le monopole engendre donc une perte sèche pour la société. Cette perte est identique à celle causée par les taxes. Les décideurs politiques peuvent réagir à l’inefficacité du comportement du monopole en utilisant le droit de la concurrence, en réglementant les prix ou en transformant le monopole en entreprise publique. Les monopoles peuvent augmenter leurs profits en fixant des prix différents pour le même bien sur la base de la volonté de payer d’un acheteur. La discrimination par les prix peut augmenter le bien-être économique total et réduire les pertes sèches.
Concurrence monopolistique
La concurrence imparfaite renvoie à des structures de marché qui ont certains traits de la concurrence et certains traits du monopole. On distingue deux types majeurs de marchés en concurrence imparfaite: • La concurrence monopolistique est le fait que plusieurs firmes vendent des produits similaires mais non identiques. Les producteurs se concurrencent indirectement, ils prennent des décisions sans prendre en compte ni de l’action des autres producteurs du marché, ni des conséquence de sa propre concurrence sur les autres. D’autre part, les producteur on une large latitude à pratiquer les prix souhaité, ainsi les producteur sont des prices makers. • L'oligopole est le fait que seulement quelques vendeurs, chacun offrant un produit similaire ou un produit identique (cf. chapitre suivant). On tient compte est de l’action des autres producteurs sur le marché ainsi que des conséquences de ses actions sur les autres. Dans ce cas c’est un concurrence direct qui assume un comportement stratégique. La différence essentielle entre ces deux formes de marché consiste dans le type de concurrence existante entre entreprises. Les firmes en concurrence monopolistique prennent leurs décisions sans tenir compte de l'action des autres concurrents ni de l'impact de ses propres décisions sur les autres (la concurrence se fait indirectement,par le prix); en revanche, l'oligopole analyse les interactions stratégiques entre producteurs (concurrence directe: l'action d'un concurrent influence directement le processus décisionnel des autres producteurs). Ainsi, ce qui caractérise la compétition monopolistique est la présence de caractéristiques du monopole et de caractéristiques de l’entreprise en marché compétitif.
Concurrence monopolistique Attributs de la concurrence monopolistique 1. Des nombreux vendeurs Des nombreuses firmes rivalisent pour capter le même groupe d’acheteurs. 2. Des produits différenciés Chaque firme produit un bien (variété) qui est au moins légèrement différent de celui des autres firmes (cf. page suivante). Plutôt que d’être preneuse de prix, chaque firme est confrontée à une courbe de demande décroissante (pour sa variété). 3. Une entrée libre Les firmes peuvent entrer ou sortir du marché sans restriction. Le nombre de firmes sur le marché varie jusqu’à ce que les profits économiques de chacune deviennent nuls. Il s'agit peut-être de la structure de marché la plus récurrente. Les exemples sont nombreux: les livres, les CD, les films, les jeux vidéos, les restaurants, les leçons de piano, les pizzas, les corn-flakes, les meubles, etc.
Comment différencier ? 1. Par style ou par type de bien, qui correspondent à des besoins et des goûts différents. Voitures : familiale, sportive, tout terrain... Fast food : pizza, hamburger, kebab, nourriture chinoise... 2. Par localisation : coûts de déplacement implique une préférence pour ce qui est proche. Le même bien ou service dispose donc d’une demande “locale” relativement captive. Cf. modèle de Hotelling. 3. Par qualité: les biens sont vendus dans une gamme d’entrée, milieu de gamme ou haut de gamme.
Chocolats, vélos, montres, stylos... Comme on verra en suite, la publicité joue un rôle important dans la différenciation des biens.
Court terme Dans la compétition monopolistique, chaque firme agit comme si elle était en situation de monopole. Chaque firme produit un bien différencié, c’est pourquoi chacun des firme fait face à une courbe de demande décroissante. Lorsque les firmes réalisent des profits économiques, de nouvelles firmes sont incitées à entrer sur le marché. Comme il n’y a pas de barrières à l’entré, l’entreprise qui voit qu’il y aune potentialité de profit va donc entrer sur le marché. Ceci provoque: •Augmente le nombre de produits(variétés) offerts. •Réduit la demande qui s’adresse à chaque firme déjà présente sur le marché (demande résiduelle) → déplacement vers la gauche de la courbe de demande des firmes en place. •Réduit le profit des firmes en place. Lorsque les firmes font des pertes économiques, elles sont incitées à sortir du marché. Ceci: •Diminue le nombre de produits(variétés) offerts. •Accroît la demande pour les biens des firmes restant sur le marché → déplace vers la droite la courbe de demande qui s’adresse aux firmes restantes. •Augmente le profit des firmes restantes.
Court terme : entrée/sortie
Court terme : profit/perte
Long terme Ce processus d’entrée et de sortie continue jusqu’à ce que les firmes sur le marché réalisent un profit économique égal à zéro (cf. graphique suivant). Deux caractéristiques de l’équilibre de long terme : 1. Comme en monopole, le prix est supérieur au coût marginal. La condition nécessaire à la maximisation du profit est l’égalité entre le revenu marginal et le coût marginal. La courbe de demande (résiduelle) décroissante engendre un revenu marginal plus faible que le prix. 2. Comme sur un marché de concurrence parfaite, le prix est égal au coût moyen en raison de la libre entrée et sortie qui engendre un profit économique nul. Il y a deux différences notoires entre la concurrence monopolistique et la concurrence parfaite - la capacité excédentaire et le mark-up (taux de marge) → cf. plus bas.
Long terme : équilibre
Concurrence monopolistique vs concurrence parfaite •CAPACITE EXCEDENTAIRE Il n’y a pas de capacité excédentaire en concurrence parfaite: les firmes produisent à la taille minimale efficiente: la libre entrée conduit les firmes concurrentielles à produire au minimum du coût moyen ce qui correspond à la taille minimale efficiente. Les firmes ont une capacité excédentaire dans le cadre de la concurrence monopolistique à long terme: en concurrence monopolistique, la production est inférieure à la production correspondant à la taille minimale efficiente. •MARK-UP Pour une firme concurrentielle, le prix est égal au coût marginal. Pour une firme en concurrence monopolistique, le prix est supérieur au coût marginal: mark-up (= taux de marge) sur le Cm. Comme le prix est supérieur au coût marginal, la vente d’une unité supplémentaire au prix fixé signifie plus de profit pour une firme en concurrence monopolistique.
Concurrence monopolistique et bien-être de la société La concurrence monopolistique ne réunit pas toutes propriétés désirables de la concurrence parfaite => inefficacités. Une source d’inefficacité est l’existence d’un mark-up sur le coût marginal, qui implique la traditionnelle perte sèche du monopole: les consommateurs sont prêts à payer davantage que ce qu’il en coûte au vendeur de fournir ces unités additionnelles → des gains mutuellement avantageux ne sont pas exploités. Pour appliquer une tarification au coût marginal, les décideurs politiques devraient réglementer le comportement de toutes les firmes qui produisent des biens différenciés. Comme de tels biens sont très courants, la charge administrative associée à de telles réglementations serait surdimensionnée. Une autre raison pour laquelle la concurrence monopolistique pourrait être socialement inefficace tient au nombre de firmes sur le marché qui n’est pas nécessairement “idéal”. Cela signifie qu’il est probable qu’il y ait trop ou pas assez d’entrée (et donc trop ou pas assez de concurrence entre les producteurs). L'entrée de nouvelles firmes est associée à des externalités liées à la variété et au “détournement d’activité”. L’externalité de variété affecte la demande : comme les consommateurs retirent un certain surplus de l’introduction d’un nouveau produit, l’entrée d’une nouvelle firme est porteuse d’une externalité positive pour les consommateurs. L’externalité de “détournement d’activité” affecte l’offre : les firmes en place perdent des clients et des profits suite à l’entrée d’un nouveau concurrent, l’entrée d’une nouvelle firme impose une externalité négative sur les firmes existantes.
Dilemme entre variété et quantité : •L’hétérogénéité du produit est désirable, car souhaitée par des consommateurs aux goûts différents. Mais la diversité implique aussi l’utilisation de ressources coûteuses, avec la présence de coûts fixes. •Plus les biens sont variés, plus les ressources doivent être consacrées pour fabriquer des petites quantités de biens différents qui se trouvent en quantité plus limitée (=> CM plus élevés). •Il faut donc opérer un arbitrage entre diversité et quantité de chaque bien.
Applications: le modèle de Hotelling et le rôle de la publicité Application : concurrence spatiale Afin de comprendre les effets de la diversité nous analysons le modèle très simple de Hotelling sur la LOCALISATION SPATIALE. On suppose que deux kiosques à glace se partagent les baigneurs d'une plage. Par hypothèse les baigneurs sont distribués uniformément le long de la plage. Le premier kiosque se trouve à a kms de l’extrémité Ouest et le deuxième se trouve à b kms de l’extrémité Est. Les baigneurs subissent un coût par unité de distance, c, de sorte que si le prix est le même, ils vont vers le kiosque le plus proche. Donc : •le kiosque 1 considère comme captifs tous les clients à sa gauche; •le kiosque 2 considère comme captifs tous les clients à sa droite; •ceux au milieu se répartissent à moitié de la distance entre les deux magasins. EQUILIBRE :
•Lorsque le premier kiosque se rend compte que ses clients de gauche lui sont acquis, il peut prendre des parts de marché au kiosque 2 en se postant juste à côté (mais toujours à gauche) du kiosque 1. •Mais le kiosque 2 peut également faire la même opération et se mettre juste à gauche du kiosque 1. •Ainsi de suite, jusqu’à ce que les deux kiosques se retrouvent exactement au milieu de la plage.
IMPLICATIONS: •L'équilibre du modèle correspond à ce que l’on observe souvent: la concentration dans un quartier du même service ou bien → quartier des banques, des bijoutiers, des magasins de mode... •L’équilibre est inefficient, car les deux kiosques se retrouvent avec la moitié des clients qu’ils pourraient également obtenir en se plaçant à équidistance des limites de la plage, ce qui réduirait les coûts pour les clients (=> meilleure solution pour la société). •La localisation n’est pas nécessairement à prendre au sens littéral. C’est un choix de gamme de produit. Par exemple, si TF1 montre un film le lundi soir, alors France 2 montre aussi un film le lundi soir; rapprochement vers des positions "centristes" dans les systèmes politiques bipartites... •dans certains cas, pas assez de différentiation.
Application : le rôle de la publicité Dès que l’on considère des marques et une variété de produits, il est difficile de faire abstraction de la publicité: lorsque des firmes vendent des produits différenciés et fixent un prix au-dessus du coût marginal, chacune d’entre elles sera incitée à faire la publicité afin d’attirer davantage d’acheteurs pour sa variété (une plus grande différentiation des autres variétés accroît le pouvoir de marché). Les questions qui se posent sont alors multiples : La publicité est-elle rentable ? Quel lien y a-t-il entre pouvoir de monopole et publicité ? Info ou intox ? Quelle influence sur la demande, accroissement ou redistribution des parts de marché? Si l’on se réfère à des données historiques, on constate que : •la variété des produits a augmenté ; •les dépenses publicitaires représentent des sommes importantes pour les entreprises. Quelques données: •Les firmes qui vendent des biens de consommation hautement différenciés consacrent entre 10 et 20 pourcent de la valeur de leurs ventes à la publicité.
•En 2002, les entreprises États-Uniennes ont dépensé env. 237 milliards de dollars en publicité, soit 2,3% du PIB US! •Env. les 3/5 de ce montant va dans les médias (radio, TV, internet, presse). Les 2/5 restant sont le fait de tous-ménages, campagnes promotionnelles, échantillons gratuits, catalogues, etc. Ce dernier type de publicité est surtout concentré dans le commerce de détail. Un résultat qui semble assez souvent répertorié est que l’intensité des dépenses de publicité vont de pair avec une forte profitabilité du secteur (exemples: céréales, parfums, savons, produits pharmaceutiques, boissons). La publicité est également plus marquée dans les secteurs à forte concentration et caractérisés par moins de concurrence (cf. médicament de marque et son générique). Stabilité dans le temps et à travers les pays des parts consacrées aux dépenses publicitaires entre secteurs: les secteurs qui dépensaient beaucoup dans les années 1950 continuent de le faire maintenant, et ce, quel que soit le pays. Pour ou contre la publicité ? Critiques de la publicité : •Elle a pour but de manipuler les goûts des consommateurs. •La publicité est une entrave à la concurrence car elle vise à convaincre les consommateurs que les produits sont plus différents qu’ils ne le sont vraiment. Partisans de la publicité : •La publicité est utilisée par les entreprises pour véhiculer une information aux acheteurs. •Elle renforce la concurrence car elle permet une plus grande variété de produits et de prix.
Les marques C'est la même idée et même problématique que la publicité. Ceux qui critiquent les marques soutiennent qu’elles conduisent les consommateurs à percevoir des différences qui n’existent pas vraiment. Certains économistes défendent les marques car elles renseignent le consommateur sur la qualité des biens qu’ils achètent, et incitent les firmes à maintenir une qualité élevée. Contrairement à la publicité, la marque déposée permet d’obtenir un monopole, et donc un pouvoir de marché sur les consommateurs. La différenciation se fait à travers la publicité sur la marque, et les entreprises peuvent investir des montants considérables pour signaler la différence.
Mésallocation des ressources ou signal ? Les premiers modèles consacrés à la publicité mettaient en avant le côté néfaste ou coûteux de ces dépenses. Des ressources sont détournées de la production pour les consacrer à essayer d’obtenir davantage de pouvoir de marché sur les consommateurs, et réduire leur capacité à substituer les produits. La publicité permet de rendre réelle dans l’esprit des consommateurs une différenciation des produits qui n’est en réalité qu’illusoire.Ces ressources auraient donc pu être mieux exploitées à la fabrication de biens. D’autres modèles expliquent que l’investissement publicitaire doit être crédible auprès des consommateurs. Seules les entreprises fournissant des biens de qualité vont accepter de dépenser des sommes importantes pour toucher les consommateurs. La publicité peut aussi se faire sur le rapport qualité prix plutôt qu’uniquement la qualité (cf. Lidl). Enfin la publicité s’adresse parfois aux concurrents sous forme de "menace".
Résumé Un marché en concurrence monopolistique possède trois attributs : le nombre élevé de firmes, des produits différenciés et la libre entrée. L’équilibre de long terme sur un marché en concurrence monopolistique se distingue d’un marché de concurrence parfaite sur deux points : •Chaque entreprise en concurrence monopolistique est en capacité excédentaire et opère sur la portion décroissante de la courbe de coût total moyen. •Chaque entreprise fixe un prix supérieur au coût marginal. La concurrence monopolistique n’a pas toutes les caractéristiques désirables de la concurrence parfaite (inefficacités). On retrouve la perte sèche du monopole causée par le mark-up (taux de marge) du prix sur le coût marginal. Le nombre de firmes (et donc la variété des produits) peut être trop grande ou trop petite. La différenciation du produit inhérente à la concurrence monopolistique conduit au recours à la publicité et aux marques. Les critiques de la publicité et des marques soutiennent que les firmes les utilisent pour tirer parti de l’irrationalité des consommateurs et pour limiter la concurrence. Les défenseurs de la publicité et des marques affirment que les firmes les utilisent pour informer les consommateurs et pour se concurrencer encore plus intensément sur les prix et sur la qualité du produit.
Oligopole
Ce type de concurrence imparfaite caractérise les secteurs où les entreprises font face à des concurrents mais où l’intensité de la concurrence n’est pas suffisante pour qu’elles soient “preneuses de prix”. En fait, l epetit nombre d’entreprises a pour conséquence d’engager une compétition stratégique et minutieuse. Marchés avec un faible nombre de participants. • Duopole : deux entreprises • Oligopole : quelques offreurs Un marché dominé par un nombre relativement petit de vendeurs est appelé un marché concentré. Cela leur procure un pouvoir de marché car elles peuvent choisir les prix et pratiquer des prix à un coût supérieur au coût de production.
Caractéristiques: Un des points clef de l’oligopole est qu’il existe une tension entre la volonté de coopérer et la volonté d’agir en fonction de leurs propres intérêts. • Pouvoir sur les prix, mais ce pouvoir est réduit par rapport au monopole. • Aussi : interdépendance des décisions des offreurs (décisions stratégiques). • La collusion est possible : souvent il est dans l’intérêt des firmes de coopérer en agissant comme si elles étaient en situation de monopole. La théorie des jeux est l’étude du comportement des individus placés dans des situations stratégiques. Elle se prête bien à analyser le comportement d'entreprises qui se trouvent en situation d'oligopole → éléments de théorie des jeux
Maximisation du profit avec et sans coopération Hypothèses Atomicité du côté de la demande; Le bien est homogène (mais on peut aussi avoir un oligopole avec des biens différenciés → oligopole à la Bertrand); Pas de libre-entrée (nombre fixe de participants du côté de l’offre); Les offreurs sont peu nombreux et ont un certain pouvoir de marché (= prix supérieur au coût marginal); Etant le bien produit homogène, les entreprises ne font que choisir le volume de production (pas de publicité, pas de différentiation par le prix, pas de qualité différente, etc.). Analyse d'un marché spécifique sous ces hypothèses
La demande d'eau potable La demande peut être représentée comme suit : qD=120−p ou, sous forme inverse, la volonté de payer (qu’on obtient par la réciproque de la demande) est donnée par : p=120−q UN et DEUX sont les deux seuls offreurs sur le marché d’eau potable du village. L’eau provient d’une source et on suppose que le coût marginal est nul (⇒ CT=CF). Prix et quantité offerte dépendront de la structure de marché (= du type de concurrence). Deux cas extrêmes: la concurrence parfaite et le monopole.
Solution en concurrence parfaite Sur un marché parfaitement concurrentiel, les décisions de chaque offreur pousseraient le prix au niveau du coût marginal de l’eau potable, à savoir zéro : P=Cm=0 La quantité totale consommée serait : Q=120. L’équilibre serait efficient puisque le prix est égal au coût marginal. Mais ce résultat est-il un équilibre possible? Étrange car on n’imagine mal l’activité économique se produire sans aucun revenu pour les offreurs s'ils ne sont que deux ! Le modèle de concurrence parfaite n’est pas adéquat.
Solution en monopole Dans un régime de monopole (UN et DEUX coopèrent), le profit serait maximisé lorsque la recette totale du marché est maximisée puisqu’il n’y a pas de coût variable (par hypothèse). Maximisation du profit :
maxπ=RT−CT=(120−q)q−CF CPO: ∂π∂πq=(120−2q)=0 => q∗=60 ; p=60; RTmax=πmax=3600 Donc, UN et DEUX pourraient s’entendre pour écouler une quantité totale de 60 au prix de 60 avec chacun une recette de 1800 (la moitié de 3600). Coopération : collusion ou cartel •On parle de collusion lorsque les entreprises s’entendent sur les quantités à produire ou les prix à fixer. •On parle de cartel lorsque des offreurs se regroupent et agissent ensemble. Bien que les producteurs en oligopole veuillent former des cartels et percevoir des profits de monopole, cela n’est pas toujours possible car la loi antitrust interdit de manière explicite les accords entre producteurs en oligopole.
Incitation à tricher Dans l’exemple de UN et DEUX, le choix de produire 30 au prix de 60 peut se faire par collusion. Néanmoins, UN pourrait décider d’augmenter sa production d’eau potable en comptant sur une production constante (de 30) de DEUX et ainsi accroître ses profits. En soustrayant la quantité de 30 de la demande totale, la demande résiduelle pour UN devient :
p1=120−q2−q1=120−30−q1=90−q1 avec une recette totale et marginale respectivement de :
RT1=(90−q1)q1 et Rm1=(90−q1)q1 Le π de UN serait donc maximisé s'il produisait une quantité de 45 (maxπ→Rm1=Cm→q∗1=45). Cet accroissement de quantité fait chuter le prix à 45 (quantité totale sur le marché = 30+45=75 et p=120−75=45), mais procure à UN un revenu de 452=2025 plutôt que les 1800 du monopole (cartel).
Équilibre sans coopération Bien entendu, DEUX se rendra compte que UN triche puisque le prix sur le marché diminue et elle se retrouve avec un profit diminué à 45×30=1350 plutôt que les 1800 du monopole (cartel). Elle va donc également augmenter sa production d’eau potable pour compenser la baisse de prix.
Mais cette augmentation de l'offre de DEUX va provoquer une baisse ultérieure du prix, ce qui va faire à nouveau réagir UN, etc. Ce processus de réaction et contre-réaction s'arrête quand l'équilibre du duopole est atteint. Condition d'équilibre du duopole dans ce cas spécifique :
Rm1=(120−q2−2q1=Rm2=(120−q1−2q2=Cm=0 Ce qui implique :
q∗1=q∗2=40; p=40; RT1=RT2=1600 Ces deux volumes constituent l’équilibre de duopole car aucun offreur ne souhaite modifier sa quantité (les profits marginaux sont nuls pour les deux). Remarquez que le ? de chaque entreprises à l'équilibre de duopole (1600) est plus bas que dans le cas de la solution de monopole (1800).
Maximisation du profit en duopole : cas général Maximisation du profit de l’entreprise 1 :
maxq1π1=p(Q)q1−CT(q1) , Q=q1+q2 CPO (Rm = Cm):
Rm1=p+∂p∂Qq1=∂CT∂q1Cm1 Maximisation du profit de l’entreprise 2 :
maxq2π2=p(Q)q2−CT(q2), Q=q1+q2 CPO (Rm=Cm):
Rm2=p+∂p∂Qq2=∂CT∂q2Cm2 Remarquez l’interaction des choix des deux entreprises dans ces deux conditions: en effet, les termes p et ∂p∂Q dépendent tant de q1 que de q2 → chaque producteur tien compte des décisions de l'autre en pérennant les siennes.
Équilibre de l'oligopole Lorsque les firmes en oligopole choisissent individuellement et sans coopérer la production qui maximise le profit: •La quantité totale est supérieure au niveau de monopole, mais inférieure à celle de concurrence parfaite. •Le prix fixé par l’oligopole est inférieur au prix de monopole, mais il est supérieur au prix concurrentiel (qui est égal au Cm). •Les profits sont inférieurs à ceux du monopole, mais ils sont supérieurs à ceux de concurrence parfaite. NB: à l'équilibre de l'oligopole, p>Cm (mark-up) => pouvoir de marché
L'effet de la taille Quel va être l'impact d'une augmentation du nombre des vendeurs sur le prix et sur les quantités vendues ? L’effet quantité : comme le prix est au-dessus du coût marginal, vendre une unité supplémentaire au prix courant augmente les profits. L’effet prix : l’augmentation de la production accroît le montant total vendu ce qui réduit le prix ainsi que le profit par unité sur chaque unité vendue. Au fur et à mesure que le nombre de vendeurs en situation d’oligopole augmente, le marché se rapproche d’un marché concurrentiel. Le prix converge vers le coût marginal, et la quantité produite se rapproche du niveau socialement efficace.
La théorie des jeux et l'économie de la coopération Eléments de théorie des jeux La théorie des jeux est l’étude du comportement des individus placés dans des situations stratégiques. Par stratégie, on entend un choix dans une palette de décisions possibles que l’individu confronte à toutes les réactions possibles des autres individus relativement à sa propre décision. Un jeu est la combinaison d’un ensemble de stratégies donnant lieu à des gains (ou pertes) différents selon la réaction des autres joueurs, tous censés agir rationnellement. Le jeu peut être statique ou dynamique (répété ou séquentiel). Il peut également être l’objet d'incertitude si on adopte une certaine stratégie avec une probabilité et une autre avec une autre probabilité. Dans une optique dynamique, importance du choix de stratégies crédibles.
Ici: approche très sommaire de la théorie des jeux, qui fait appel à des notions mathématiques parfois très poussées.
Théorie des jeux et oligopole Comme le nombre de firmes sur un marché oligopolistique est faible, chaque firme adopte un comportement stratégique: chacune d’entre elles sait que son profit ne dépend pas seulement de ce qu’elle produit mais de ce que les autres produisent aussi. Chaque entreprise est un joueur qui maximise son profit (gain du jeu). Chaque entreprise sait que l’action des autres peut affecter son profit ou gain. Particularité absente de la concurrence parfaite, du monopole et, en partie, de la concurrence monopolistique. L'action es simultanée → information complète (tous connaissent toutes les issues possibles du jeu) mais imparfaite (chaque joueur prend ses décisions sans savoir quel est le choix de son adversaire).
L'équilibre de Nash John F. Nash (1951) a donné une caractérisation de l’équilibre dans la théorie des jeux noncoopératifs, qui lui a valu le prix Nobel en 1994. Principe : l’équilibre non coopératif de Nash est atteint avec un ensemble de stratégies, lorsque, pour tout joueur, la meilleure stratégie est choisie en considérant les stratégies des autres comme données. C’est un équilibre, car aucun participant n’est incité à changer de stratégie (déviation unilatérale non-profitable). Remarque : cet équilibre peut être sous-optimal pour tous les participants! En présence de stratégies dominantes (= stratégie qui est la meilleure pour un joueur, quelle que soit la stratégie jouée par les autres), chaque joueur choisit sa stratégie dominante et l'équilibre de Nash est très facilement déterminé.
Le dilemme du prisonnier Le dilemme du prisonnier illustre le fait que la coopération est difficile à maintenir: souvent les individus (firmes) ne parviennent pas à coopérer les uns avec les autres même si la coopération est mutuellement avantageuse. Le dilemme du prisonnier Deux suspects sont arrêtés et mis dans des cellules séparées → impossibilité de communiquer entre eux (non-coopération). Preuves insuffisantes en l’état, mais l’aveu d’un des deux prisonniers constitue une preuve suffisante de condamnation pour la justice, même si l’autre persiste à nier. L’information que les prisonniers connaissent : •Si aucun n’avoue, ils doivent purger une peine mineure (1 an de prison); •Si les deux avouent, ils écopent tous deux de la peine prévue pour le délit (8 ans de prison); •Si un prisonnier avoue, il bénéficie d’une mesure de clémence et est immédiatement relâché. L’autre purge une peine plus grave que celle du délit pour obstruction à la justice (20 ans de prison).
Equilibre de Nash unique: (Avoue, Avoue). Equilibre non-optimal: les deux joueurs pourraient améliorer leur situation en se taisant. La coopération est difficile à maintenir car elle n’est pas un choix rationnel au niveau individuel. NB: ici, le jeu est symétrique, mais ce n’est pas nécessairement le cas.
Un jeu de course à l'armement
Stratégie dominante dans le jeu du dilemme du prisonnier: "avoue" ici: "s'armer".
Le duopole comme dilemme du prisonnier Tout comme la logique de l’intérêt individuel conduit les prisonniers à avouer, ce même intérêt individuel engendre des difficultés pour l’oligopole à maintenir une situation coopérative (qui serait la solution optimale pour les deux), caractérisée par une production faible, des prix élevés et des profits de monopole.
Un jeu de publicité
Un jeu de ressources communes
Le jeu oligopolistique UN et DEUX
Equilibre de non-coopération: (40L, 40L) Optimum (pour les producteurs) → coopération: (30L, 30L)
La coopération dans un cadre dynamique Avec le passage du temps et si on considère que le "jeu" entre les duopolistes se répète, on peut envisager la coopération comme plus stable, car les duopolistes se rendent compte des profits auxquels ils renoncent en trichant. Tant que les firmes se soucient des profits futurs, elles décideront de renoncer au gain ponctuel résultant du non-respect de l’accord dans le cadre d’un jeu répété. Lorsque UN triche, DEUX peut le “punir” par la cessation immédiate de la coopération et le retour à l’équilibre non-coopératif → punition CREDIBLE. UN se rend compte qu’il a gagné un profit de triche de court terme mais perdu tous les profits de monopole futur.... La répétition du jeu sans date de fin, ou une incertitude, permet d’assurer un équilibre coopératif.
L'oligopole et le rôle de l'État L'oligopole et le rôle de l'État La coopération entre les membres de l’oligopole est désirable du point de vue des entreprises du secteur en question uniquement. Pour la société dans son ensemble, l’oligopole est indésirable car il conduit à une production trop basse et à des prix trop élevés. La plupart des pays s’équipent d’un appareil législatif visant à empêcher les enfreintes à la concurrence par des cartels ou des ententes sur les prix. Certaines lois sont plus souples que d’autres selon le pays. Les économistes, de leur côté, ne sont pas toujours unanimes sur la manière de juger les restrictions à la concurrence et la nécessité de légiférer contre certaines pratiques.
États-Unis : le Sherman Antitrust Act Loi votée déjà à la fin du XIXe siècle (1890) pour contrer le monopole de la Standard Oil de la famille Rockfeller. « Every contract, combination in the form of trust or otherwise, or conspiracy, in restraint of trade or commerce among the several States, or with foreign nations, is declared to be illegal. Every person who shall make any contract or engage in any combination or conspiracy hereby declared to be illegal shall be deemed guilty of a felony, and, on conviction thereof, shall be punished by fine not exceeding $100,000,000 if a corporation, or, if any other person, $1,000,000, or by imprisonment not exceeding 10 years, or by both said punishments, in the discretion of the court. » Le Sherman Act a été complété par le Clayton Act en 1914.
Europe : le Traité de Rome (art. 82) Selon le Traité de Rome (1957), est incompatible avec le marché commun et interdit, dans la mesure où le commerce entre États membres est susceptible d’en être affecté, le fait
pour une ou plusieurs entreprises d’exploiter de façon abusive une position dominante sur le marché commun ou dans une partie substantielle de celui-ci. Ces pratiques abusives peuvent notamment consister à : 1.imposer de façon directe ou indirecte des prix d’achat ou de vente ou d’autres conditions de transaction non équitables ; 2.limiter la production, les débouchés ou le développement technique au préjudice des consommateurs ; 3.appliquer à l’égard de partenaires commerciaux des conditions inégales à des prestations équivalentes, en leur infligeant de ce fait un désavantage dans la concurrence ; 4.subordonner la conclusion de contrats à l’acceptation, par les partenaires, de prestations supplémentaires qui, par leur nature ou selon les usages commerciaux, n’ont pas de lien avec l’objet de ces contrats.
Suisse : la nouvelle LCart La loi anti-trust en Suisse (de 1995, révisée en 2004) est fondée sur la notion d’abus (les accords anti-concurrentiels sont licites, seuls les abus sont illicites), alors qu’ailleurs (en Europe notamment) c’est le principe de l’interdiction qui prévaut. Possibilité pour la Comco (Commission de la Concurrence) d’infliger des sanctions dès la première infraction (avant: seulement dans les cas de récidive). La LCart prévoit un programme de clémence qui devrait inciter les entreprises à collaborer pour bénéficier d’une réduction de l’amende. Des sanctions jusqu’à à 10% du chiffre d’affaire réalisé en Suisse au cours des trois dernières années.
LCart: l'abus de position dominante « (...) Sont en particulier réputés illicites: a) le refus d’entretenir des relations commerciales (p. ex. refus de livrer ou d’acheter des marchandises); b) la discrimination de partenaires commerciaux en matière de prix ou d’autres conditions commerciales; c) le fait d’imposer des prix ou d’autres conditions commerciales inéquitables; d) la sous-enchère en matière de prix ou d’autres conditions commerciales, dirigée contre un concurrent déterminé; e) la limitation de la production, des débouchés ou du développement technique; f) le fait de subordonner la conclusion de contrats à la condition que les partenaires acceptent ou fournissent des prestations supplémentaires. »
Résumé Les firmes en oligopole maximisent leur profit total en formant un cartel ou en agissant comme un monopole.
Si les membres du cartel prennent les décisions relatives à leur niveau de production de manière individuelle (pas de coopération), le résultat est une plus grande quantité et un prix plus bas comparé à la situation de monopole. Plus il y a de firmes dans l’oligopole, plus les quantités et les prix se rapprochent des niveaux concurrentiels. Le dilemme du prisonnier montre que la poursuite de l’intérêt individuel peut empêcher les individus de maintenir la coopération alors qu’elle est dans leur intérêt mutuel. La logique du dilemme du prisonnier s’applique dans de nombreuses situations incluant la course à l’armement, la publicité, les ressources communes et les oligopoles. Les décideurs politiques utilisent les lois sur la concurrence pour empêcher les oligopoles d’adopter des comportements qui réduisent la concurrence.
Source: Perloff, 2007 NB: MR = marginal revenu et MC = marginal cost
Contrainte et préférences du consommateur
La théorie du consommateur est la partie de la micro-économie qui analyse le processus décisionnel des individus concernant leur choix de consommation. La théorie du choix du consommateur répond à des questions comme : • Est-ce que toutes les courbes de demande sont décroissantes ? • Comment les salaires affectent-ils l’offre de travail ? • Comment les taux d’intérêt influencent-ils l’épargne des ménages ? Les individus sont confrontés à des trade off (est-ce que vous vous rappelez ? There’s no such a thing as a free lunch!). L’objectif des individus est de maximiser leur niveau de bien-être. Etant donné leur revenu, les prix des biens et des services et leurs gouts, ils vont prendre des décisions de consommation qui maximisent leur niveau de bien-être (optimisation sous contrainte)
La contrainte budgétaire La contrainte budgétaire La contrainte budgétaire est ce que le consommateur peut se permettre. La contrainte budgétaire représente la limite des paniers de consommation que le consommateur peut se permettre d’acheter. Les individus consomment moins que ce qu’ils désirent parce que leur dépense est contrainte ou limitée par leur revenu. La contrainte budgétaire regroupe les paniers de consommation que le consommateur peut acheter étant donné son revenu et les prix des biens. Par simplicité dans la suite nous allons considérer que la dépense peut se distribuer sur deux seuls biens de consommation. Supposons par exemple une consommatrice, Amy : •Elle n’a le choix qu’entre deux biens : des bières en quantité Qb dont le prix unitaire (Pb) est de 2 francs et des kebabs en quantité Qk dont le prix unitaire (Pk) est de 10 francs. •Elle dépense tout son revenu (R) de 100 sur ces deux biens (pas d’épargne).
Contrainte budgétaire : exemple
Ou, en termes analytiques : Pb×Qb+Pk×Qk=R ou Qb=RPb−PkPb×Qk
Contrainte budgétaire : interprétation Contrainte : Pb×Qb+Pk×Qk=R ou Qb=RPb−PkPb×Qk. Toutes les combinaisons de (Qb; Qk) qui respectent cette condition sont possibles pour Amy.
Le revenu divisé par le prix d’une bière représente la quantité maximale de bières que Amy peut acheter (lorsqu’elle n’achète pas de kebabs): Qmaxb=RPb. Par analogie : Qmaxk=RPk. Il s'agit d'un revenu réel car exprimé en unités d’un bien. NB : on passe de l’une quantité à l’autre par la simple opération : Qmaxk=Qmaxb×PbPk=RPb×PbPk=RPk.
Contrainte budgétaire : prix relatif Le rapport des prix (= pente de la droite) est donc un taux d’échange ou taux de conversion pour passer d’un bien à l’autre. Dans l’exemple, PkPb indique ce que vaut un kebab en “équivalents bières” et à quel taux le consommateur peut échanger les deux biens (= coût d'opportunité d'un kebab et terme de bières): ∂Qb∂Qk=PkPb. Le prix du kebab est ici cinq fois le prix d’une bière. Donc un kebab vaut cinq bières et le taux d’échange est de 5. "Relecture" de la contrainte: la quantité possible de consommation de bières (? ンムマ) est égale à ?ンムリ?ンムホ? diminuée de la quantité de kebabs achetés et convertis en “équivalents bières”; alternativement, la quantité de kebabs est donnée par la quantité maximale possible de kebabs diminuée des bières converties en “équivalents kebabs”:
Qb=1Pb(R−Pk×Qk)=RPb−PkPb×Qk. Qk=1Pk(R−Pb×Qb)=RPk−PbPk×Qb.
Contrainte budgétaire : graphique
Variation du revenu Le revenu diminue (de 100.- à 80.-)
Si l’on regarde les deux expressions de la contrainte budgétaire, Qb=RPb−PkPb×Qk et Qk=RPk−PbPk×Qb, on voit qu'une diminution du revenu réduit les quantités maximales de kebabs et de bières qu’Amy peut acheter ( RPk et RPb). La pente de la droite budgétaire (le taux d’échange) n’est pas du tout affectée par cette modification. La droite budgétaire se déplace vers l’intérieur et réduit ainsi les possibilités de consommation d’Amy. Il est clair qu’une augmentation de revenu a l’effet inverse.
Variation des prix Le prix de la bière augmente (de 2.- à 2.50.-) Si l’on regarde les deux expressions de la contrainte budgétaire, Qb=RPb−PkPb×Qk et Qk=RPk−PbPk×Qb, on voit que la hausse de prix modifie la quantité maximale de bière (mais pas la quantité maximale de kebabs) ainsi que la pente de la droite budgétaire. Le taux d’échange entre les deux biens est maintenant différent (= variation de la pente). Graphiquement, la droite budgétaire pivote autour de la quantité maximale de kebabs (qui reste bien entendu inchangée). Un kebab s’échange désormais contre 4 bières (= 102.5): le coût d’opportunité d’un kebab est maintenant plus faible (on renonce à moins de bières en achetant un kebab). Alternativement, une bière s’échange contre 0,25 kebab (contre 0,20 avant): le coût d’opportunité d’une bière est maintenant plus élevé (on renonce à davantage de kebabs en achetant une bière). La hausse du prix de la bière entraîne deux effets : •une perte de pouvoir d’achat; •une plus grande cherté relative de la bière par rapport au kebab (ce dernier devient plus “intéressant”).
NBI: Pivotement inverse en cas de diminution du prix de la bière. NBII: La variation du prix du kebab aura un effet analogue symétrique.
Préférences Les préférences Les références individuelles sont ce que le consommateur désire. Etant donnés deux paniers (= combinaisons) des biens, A=(XA,YA) et B=(XB,YB), où X et Y représentent des quantités (par exemple de kebabs et de bières), le consommateur est toujours capable de donner un ordre de préférence à ces deux paniers et de dire s’il en préfère un à l’autre ou s’ils lui sont indifférents (indépendamment des prix et du revenu). Hypothèses standards : •rationalité et cohérence dans le choix (les préférences sont transitives); •non-satiété: “plus” de biens est toujours préféré à “moins” de biens, et vice versa. •En revanche, pas de certitude lorsque la consommation d’un bien augmente et celle d’un autre diminue. •Si la quantité d'un bien baisse, il est possible d’imaginer une compensation suffisante du bien dont la consommation augmente pour être tout juste indifférent.
Ordre de préférence
Courbe d'indifférence La courbe d’indifférence: trace une frontière entre les paniers préférés à A et ceux jugés inférieurs. Elle réunit tous les paniers qui donnent le même niveau de bien-être que le panier A. Les paniers sur la courbe d’indifférence (P, J) sont jugés équivalents entre eux et au panier A par Amy. Les paniers N, L sont jugés plus désirables que le panier A par Amy.
A: panier arbitrairement choisi. A est certainement préféré à E, F, G, H. B, C, D sont certainement préférés à A. Quadrants NW et SE: incertitude car il y a moins de l’un mais plus de l’autre.
La carte d'indifférence Le choix du panier initial A est arbitraire, ce qui fait qu'une courbe d’indifférence peut être tracée pour n’importe quel panier.
Chaque panier a donc un groupe de paniers pour lesquels le consommateur est indifférent (sur la courbe d’indifférence), un ensemble de paniers qui lui sont préférés (au-delà de la courbe d’indifférence) et un ensemble de paniers jugés moins désirables (en-deçà de la courbe). On peut tracer une famille de courbes d’indifférence pour chaque individu. Chaque courbe est rattachée à un niveau de bien-être différent. Propriétés : 1.Les courbes d’indifférence bien-être supérieurs; 2.Les courbes d’indifférence indifférent; 3.Les courbes d’indifférence 4.Les courbes d’indifférence
les plus éloignées de l’origine correspondent à des niveaux de sont décroissantes: compensation nécessaire pour rester ne peuvent pas se croiser; sont convexes.
Courbes d'indifférence et bien-être La fonction d'utilité est relation dans l’espace à trois dimensions qui permet de donner une « valeur » aux paniers de consommation.
Pas d'intersection Les courbes d'indifférence ne doivent jamais se croiser. En effet, cela reviendrait à admettre que le panier situé au croisement est jugé équivalent aux paniers des deux courbes d’indifférence. Par conséquent, tous les paniers devraient être sur la même courbe d’indifférence !
Courbes convexes
Le taux marginal de substitution Le raisonnement à la marge est suite à la réduction marginale de la quantité d’un bien, quelle compensation exige implicitement l’individu en termes d’un autre bien pour rester indifférent (on reste sur la même courbe) ? Cette compensation se nomme le taux marginal de substitution ou TmS → évaluation marginale subjective du bien: prix subjectif que l’individu attribue au bien (mais exprimé en unités de l’autre bien).
Plus concrètement : TmS = montant de Y dont le consommateur a besoin pour renoncer à une unité de X et rester indifférent, c'est-à-dire garder le même niveau d’utilité) => TmS=−∂X∂Y = pente de la courbe d’indifférence. Avec des préférences convexes, cette évaluation marginale décroît au fur et à mesure que la consommation du bien (X) augmente → la pente change le long de la courbe d’indifférence (elle baisse en valeur absolue), et par conséquent le TmS aussi.
TmS et utilité marginale On peut montrer que le TmS (en valeur absolue) est donné par le rapport des utilités marginales des deux biens. Le concept d’utilité marginale est de combien augmente le bien-être suite à une augmentation marginale de la consommation d’un bien. Exemple : •Admettons qu’il existe un “utilomètre” qui mesure le bien-être en “kiffogrammes”. •Le bien-être de Barack ne dépend que de deux biens: la cigarette et la bière. •Le panier de consommation de Barack est tel que l’utilomètre indique les valeurs suivantes: Utilité marginale de la bière (UmB) = 10 kiffogrammes (kfg) Utilité marginale des cigarettes (UmC) = 2 kiffogrammes (kfg) •Combien vaut le TmS d’une bière ? TmS=UmBUmA=102=5 •Autrement dit, pour rester indifférent, une bière en moins (= -10 kfg) doit être compensé par 5 cigarettes en plus(5×2=10kfg) => TmS = 5 est l’évaluation marginale d’une bière exprimée en cigarettes.
Cas particuliers L'hypothèse traditionnelle est que les préférences sont régulières (well-behaved), c'est-àdire comme celles que nous venons d'analyser, à savoir les courbes d’indifférence lisses et convexes à l’origine. Cas spéciaux :
•Les biens peuvent être parfaitement substituables : quelle que soit la composition du panier, c’est la quantité totale qui compte pour la satisfaction de l'individu ; •Les biens peuvent être parfaitement complémentaires : leur consommation isolée n’accroît pas le bien-être. Il faut que la consommation soit conjointe.
Biens substituts parfaits Le consommateur est indifférent entre 3 pièces de 50 centimes et 15 pièces de 10 centimes = il est toujours prêt à sacrifier 5 pièces de 10 centimes pour 1 pièce de 50 centimes quelle que soit la quantité de monnaie totale.
Biens compléments parfaits Si le consommateur a 5 chaussures gauches, son utilité reste la même si les chaussures droites passent de 5 à 7.
Résumé La contrainte budgétaire montre les combinaisons possibles des différents biens que le consommateur peut acheter, son revenu et le prix des biens étant donnés. La pente de la contrainte budgétaire est égale au prix relatif des biens, et traduit leur taux d’échange de marché ou coût d’opportunité relatif.
Les préférences du consommateur peuvent être exprimées grâce à des courbes d’indifférence. En tout point, la pente d’une courbe d’indifférence mesure le taux marginal de substitution = le taux d'échange subjectif des deux biens
Choix du consommateur
Maintenant que nous avons vu que ce que l’individu PEUT consommer, ce qu’il VEUT consommer, nous sommes armés pour analyser ce qu’il va consommer. Rappelons que l’individu souhaite maximiser son bien-être, ou utilité, mais doit respecter la contrainte budgétaire. Le panier optimal obéira donc à cette double exigence. Selon la réaction de la demande aux variations de revenu et de prix, nous pourrons distinguer différents types de biens. De plus, la théorie du choix de consommation peut être utilisée pour analyser les décisions d'offre de travail et d'épargne (choix intertemporel).
Optimisation sous contrainte et courbe de demande La choix optimal Une simple analyse graphique où l’on réunit la contrainte budgétaire et les courbes d’indifférence permet de montrer de manière assez directe comment l'individu choisit le panier optimal.
Interprétation Le panier A est tel que la dépense est inférieure au revenu (il ne sera donc pas choisi par Amy). Le panier D n’est pas atteignable en l’état avec ce revenu. Les paniers qui se trouvent le long de la contrainte budgétaire ne procurent pas tous la même satisfaction à Amy. Seul le panier E maximise son bien-être, car le TmS (= taux d'échange "subjectif") en ce point est égal au prix relatif (= taux d’échange de marché) → la droite budgétaire est tangente à la courbe d’indifférence. Le panier B •respecte la contrainte, •mais se trouve sur une courbe d’indifférence plus proche de l’origine = niveau de bienêtre inférieur; •le TmS y est plus grand que le taux d’échange: Amy peut accroître son bien-être en consommant davantage de kebabs. Le panier C •respecte aussi la contrainte, •mais se trouve sur une courbe d’indifférence plus proche de l’origine; •l’évaluation marginale subjective d’un kebab (le TmS) y est plus faible que le taux d’échange. Amy peut accroître sa satisfaction en réduisant sa consommation de kebabs.
Condition d'équilibre L’équilibre se caractérise donc par l’égalité du TmS et du rapport des prix :
TmS=UmKUmB=PkPb On peut également récrire cette équation d’équilibre comme suit :
UmKPk=UmBPb Um de la dépense sur les kebabs = Um de la dépense sur les bières
En effet, 1p nous indique combien d’unités du bien l’individu peut acheter avec un franc et, multiplié par l’utilité marginale d’une unité du bien, ce rapport nous donne l’utilité marginale d’un franc dépensé sur le bien en question. À l’équilibre, un franc dépensé en kebabs et un franc dépensé en bières doivent rapporter le même bien-être additionnel.
Démonstration formelle Le problème du consommateur peut s’écrire :
maxQ(b),(Q)kU(Qb,Qk) sous la contrainte: R=Pb×Qb+Pk×Qk Que l’on peut récrire en substituant Qk par la contrainte dans U(Qb,Qk) :
maxQbUQb,(R−Pb×Qb)Pk Le maximum s’obtient par le respect de la condition de premier ordre (CPO) :
∂U(.)∂Qb=UmB+UmK×(−PbPk)=0 Autrement dit:
UmB=UmK×PbPk ↔ UmKUmB=PkPb.
Modification de l’équilibre L’équilibre peut se modifier suite à des variations de l’environnement (exogène) de l’individu: variations du revenu et/ou variation des prix. Le revenu peut varier: déplacement parallèle de la droite budgétaire vers l’extérieur (augmentation) ou l’intérieur (diminution). Le prix d’un bien peut varier: la droite budgétaire pivote vers l’extérieur ou l’intérieur. Analyse graphique en commençant par le revenu, et ensuite un prix. NB: Bien entendu, prix et revenu peuvent varier simultanément.
∆R: biens normaux et inférieurs La consommation d’un bien peut soit augmenter soit diminuer suite à une hausse de revenu. Si suite à une hausse de revenu : •la consommation augmente, le bien est dit normal (∂QD∂R>0); •la consommation diminue, le bien est dit inférieur (∂Q−D∂R<0). Exemples de biens inférieurs: repas de cafétéria, transports en commun, etc. On distingue encore les biens normaux selon que : •εR<1 : biens de première nécessité = baisse de la part du bien dans la dépense totale (p.ex. alimentation);
•εR>1 : biens de luxe = hausse de la part du bien dans la dépense totale (p.ex. loisirs, éducation).
Effet d’un changement de revenu La courbe de revenu-consommation trace tous les choix (combinaisons optimales) du consommateur quand le revenu change. Ici les 2 biens sont normaux (leur demande augmente suite à l’augmentation du revenu) => la courbe de revenu- consommation a une pente positive
Bien inférieur Le kebab reste un bien normal, mais ici la bière est un bien inférieur (sa demande baisse quand le revenu augmente) => la courbe de revenu-consommation a une pente négative.
Pour résumer
∆P: biens ordinaires et de Giffen La consommation d’un bien peut soit augmenter soit (théoriquement) baisser suite à une baisse de prix. Si suite à une baisse de prix : •la consommation augmente, le bien est dit ordinaire (∂QD∂P<0); •la consommation baisse, le bien est dit de Giffen → cas théoriquement possible, mais difficile à vérifier empiriquement (cas des pommes de terre pendant la famine en Irlande). NB: un bien normal ne peut pas être un bien de Giffen. Parmi les biens ordinaires, si suite à la baisse du prix d'un bien : •la quantité demandée de l'autre bien baisse, on parle de biens substituts bruts; •la quantité demandée de l'autre bien augmente, on parle de biens compléments bruts.
Effet d’un changement de prix
Effets de revenu et de substitution Lorsque le prix d’un bien varie, deux effets s’entremêlent. Supposons par exemple que le prix de la bière diminue. Cette baisse de prix engendre deux effets (décomposition de SLUTSTKY): (i) un effet substitution = le consommateur va ajuster son choix et consommer plus de bières (vu que leur prix à baissé relativement au prix des kebabs); (ii) un effet revenu (même si le revenu nominal n’a pas changé!) = le pouvoir d'achat du consommateur s'est accru et l'individu va donc pouvoir consommer plus des deux biens, si les biens sont normaux. [NB: avec une augmentation de prix, on aurait l’effet revenu allant en sens contraire.] Trois cas possibles (cf. graphiques suivants): 1.la bière est un bien normal → les deux effets vont dans le même sens et ils se renforcent et la quantité demandée de bières augmente suite à la baisse de ?_?; 2.la bière est un bien inférieur → les deux effets vont en sens envers, mais l'effet revenu est moins fort que l'effet de substitution et la quantité demandée de bières augmente suite à la baisse de ?_?; 3.idem au cas 2, mais l'effet revenu est plus fort que l'effet de substitution et la quantité demandée de bières baisse suite à la baisse de ?_? (bien de Giffen).
Effet total d’une variation de prix
Décomposition de Slutstky : bien ordinaire (i) un effet de substitution: mouvement le long de la courbe d'indifférence initiale (niveau d'utilité constant); (ii) un effet de revenu déplacement sur une courbe d'indifférence plus élevée (↑ pouvoir d'achat). Dans cet exemple l'effet de revenu renforce l'effet de substitution.
Décomposition de Slutstky : bien de Giffen La bière est un bien inférieur: quand le revenu augmente, la consommation de bière baisse. L'effet de revenu contraste et est plus fort que l'effet de substitution.
Fondements microéconomiques de la courbe de demande Demande individuelle pour les kebabs : •La loi de la demande qui avait été vue au cours introductif sur le marché postule que la quantité demandée varie inversement avec le prix du bien. •À ce stade, il devient possible de démontrer comment chaque individu exprime une demande pour chaque bien. NB: si le bien est normal, sa courbe de demande est sûrement une fonction décroissante du prix.
Agrégation de deux demandes individuelles :
•Les individus ont tous des courbes de demande différentes selon leurs préférences et leur revenu. Pour agréger ces demandes, on additionne la quantité désirée par chacun à chaque niveau de prix. Le résultat est la demande totale du bien ou service. •À l'équilibre tous les consommateurs égalisent leur TmS au prix relatif : TmS1=TmS2=PkPb=Pk, où la bière fait office de numéraire et Pb=1 par commodité.
Demande de loisir et offre de travail Le modèle d'offre de travail La théorie du consommateur permet de comprendre le comportement d’offre de travail des ménages. L’individu exprime des préférences sur le temps de loisir (l) et la consommation agrégée (C). On peut aussi supposer que le temps de travail est un “mal” → courbes d'indifférence croissantes si en fonction des heures de travail. La contrainte de l’individu est que sa consommation, dont le prix est par commodité normalisé à 1, doit être égale à son revenu : C=wh, où w indique le salaire unitaire et h le nombre d'heures de travail. L’autre contrainte à laquelle l'individu est confronté est celle du temps total disponible ( T), qui se partage entre temps de loisir et temps de travail : T=h+l. La contrainte budgétaire peut aussi s’exprimer en fonction du temps de loisir : C=w(T−l) ou C+wl=wT.
Arbitrage consommation/loisir
Si h↑, ? doit également ↑ pour dédommager l'individu et maintenir son niveau d'utilité constant.
Forme habituelle des courbes d'indifférence: ? et ? sont deux biens.
Lien entre le travail et le revenu non salarial Le revenu salarial de la personne est endogène: il dépend de ses heures de travail (= choix de l'individu). Ses ressources financières peuvent dériver aussi d'autres sources de revenu non salarial (loterie, héritage, pensions...). On peut donc se demander ce qui se passe si une autre source de revenu (non salarial) varie. Avec un revenu non salarial, R¯, la contrainte se déplace parallèlement vers le haut du montant de revenu supplémentaire:
C=w(T−l)+R¯ ou C+wl=wT+R¯ En théorie, les heures de travail pourraient augmenter si le loisir est un bien inférieur. Cependant, tous les résultats empiriques (et le bon sens) indiquent que le loisir est un bien normal => les heures de travail diminuent avec le revenu (cf graphique à la page suivante).
Variations du revenu non salariale
Lien entre le travail et le salaire Une variation du taux de salaire équivaut à un changement du prix du temps de loisir, qui devient plus cher avec une augmentation de w. L’effet net sur les heures de travail sera la résultante des deux effet de revenu et de substitution qui se combinent. Or, si on admet que le loisir est un bien normal, cela implique que les effets de revenu et de substitution sont nécessairement antagonistes: la hausse du revenu fait augmenter la demande de loisir et donc réduire l'offre de travail (effet de revenu), mais l'augmentation du prix du loisir en fait réduire sa demande (effet de substitution). Cet effet a priori ambigu est en réalité dû à un troisième effet dit de dotation qui se rajoute à l'effet de revenu proprement dit: le temps de loisir reste toujours disponible quel que soit son prix et une hausse du taux de salaire correspond à un enrichissement de l'individu. Deux cas possibles → cf. graphiques.
Augmentation du salaire : offre du travail croissant Si l’individu souhaite augmenter son temps de travail, l’effet de substitution domine l’effet de revenu → OFFRE DE TRAVAIL CROISSANTE.
Augmentation du salaire : offre de travail décroissante Si l’individu souhaite réduire son temps de travail, l’effet de revenu domine l’effet de substitution → OFFRE DE TRAVAIL DECROISSANTE.
Choix intertemporel Consommation et épargne Le modèle du choix du consommateur permet aussi de modéliser le comportement d’épargne. Pour cela, on fait l’hypothèse que l’individu vit deux périodes de sa vie et, si on fait abstraction du système public de pension, la contrainte de l’individu sur le cycle de vie sera : •une période d’activité quand il est jeune où il gagne un revenu R et peut consommer CJ; •une période d’inactivité quand il est âgé et retraité, et consomme l’épargne de sa jeunesse, avec l’intérêt rapporté : CV=(R−CJ)(1+i). On peut récrire la contrainte comme :
CV+CJ(1+i)=R(1+i)
où (1+i) représente le prix relatif de la consommation présente (ou de jeunesse) par rapport à la consommation future (ou de vieillesse) => i = coût d'opportunité de la consommation courante.
Consommation et épargne : équilibre
Changement du taux d'intérêt Plus le taux d’intérêt est élevé, plus la consommation courante est chère en termes de la consommation future (coût d’opportunité). Cependant, comme pour l’offre de travail, la hausse du taux d’intérêt accroît aussi le revenu de l’épargne l’individu. À nouveau, les deux effets de substitution et de revenu seront antagonistes, puisque : •La hausse du taux d’intérêt rend l’épargne attractive par rapport à la consommation (effet de substitution); •Le revenu plus élevé associé à cette hausse du revenu de l’épargne pousse l’individu à consommer davantage dans le temps présent (effet de revenu). Deux cas possibles → cf. graphiques.
Augmentation du taux d’intérêt et décision d’épargne
Résumé Le consommateur optimise son choix en sélectionnant le point de sa contrainte budgétaire qui permet d’atteindre la courbe d’indifférence la plus éloignée de l'origine.
Lorsque le prix d’un bien diminue, l’impact sur le choix du consommateur peut être décomposé en un effet de revenu et un effet de substitution. L’effet de revenu est la variation de la consommation due à l'augmentation de pouvoir d'achat provoqué par la baisse de prix. Il se traduit par un déplacement vers une courbe d’indifférence plus éloignée. Pour les biens normaux l’effet revenu est positif (la demande pour le bien augmente si le revenu augmente); pour le biens inférieurs l’effet revenu est négatif (la demande pour le bien augmente si le revenu diminue). L’effet de substitution est la variation de la consommation due au changement de prix relatif qui incite l’individu à consommer davantage du bien devenu relativement moins cher. L’effet de substitution se traduit par un déplacement le long de la même courbe d'indifférence de départ. La théorie du choix du consommateur permet aussi de comprendre : •comment les courbes de demande peuvent potentiellement être croissantes (biens de Giffen). •comment des salaires plus élevés peuvent faire augmenter ou diminuer la quantité de travail offerte. •comment des taux d’intérêt plus élevés peuvent conduire à une augmentation ou à une diminution de l’épargne
Les problèmes d'information et les choix publics
Hypothèse de concurrence parfaite: transparence et pas d'incertitude. On suppose que les agents des deux côtés du marché savent tout des caractéristiques du bien ou service échangé. Exemples: • Si une tomate n’est pas très mûre, ça se voit. Le consommateur peut aller acheter ailleurs ; • Un euro acheté à Genève ou à Paris est rigoureusement identique ; • Même dans l’électroménager, je peux savoir si un ventilateur est bruyant en allumant le modèle exposé avant de l’acheter. Mais dans la réalité, il existe de très nombreux biens ou services pour lesquels l’information n’est pas parfaite → cas d'asymétrie d'information qui peuvent affecter les choix et les actions des individus. Dans son rôle de redresseur des failles de marché l’État fait également face à des problèmes d’information, mais, au de là de cela, il existe des difficultés qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État → théorie du choix public.
Les asymétries d'information Exemples d'asymétrie d'information du côté des ménages Le client/patient connaît mal la cause de la maladie ou de la panne. Le garagiste/médecin a donc un avantage informationnel sur le service à produire; Les produits sont parfois complexes intentionnellement → ex.: contrats pour des produits bancaires ou d’assurance souvent difficilement comparables → les entreprises essayent de différencier; Ordinateurs ou appareils-photo numériques: trop de caractéristiques; Un client peut engager un avocat pour sa cause, mais ignore tout du comportement effectif de ce dernier dans son étude; La publicité introduit des distorsions dans l’information des consommateurs.
Exemples d'asymétrie d'information du côté des entreprises L’employeur connaît-il bien ses employés et l'effort qu'ils vont mettre dans leur travail ? Les actionnaires contrôlent-ils bien les gestionnaires ? Une banque sait-elle bien à qui elle va prêter de l’argent et si son débiteur va pouvoir rembourser sa dette ? Une assurance qui propose des polices contre différents risques sait-elle qui va prendre ces polices ? Pour un fournisseur, dans la chaîne de distribution, l’acheteur est-il fiable (va-t-il payer) ? Plusieurs domaines d'application possibles de la théorie de l'asymétrie d'information.
Information cachée L’asymétrie d’information peut accroître le comportement opportuniste des agents économiques. L’avantage informationnel peut alors être exploité aux dépens d’autres agents moins bien informés. On distingue deux types de problèmes d’asymétrie d’information : •l’aléa moral (ou risque moral) ; •la sélection adverse (ou anti-sélection). Les deux ont trait à des comportements qui ne se produiraient pas en information parfaite, ou pas dans les mêmes conditions. Prix Nobel en économie attribué en 2001 conjointement à Akerlof, Stiglitz et Spence pour leurs travaux sur les problèmes d’asymétrie d’information.
Aléa moral L’aléa moral s’observe lorsqu’un agent modifie son comportement à son avantage de manière contraire aux termes acceptés dans l’échange. Exemples "hard":
•Un employé surfe sur internet ou tire au flanc ou profite pour se créer un portefeuille de clients; •Déclarer un bien (faussement) volé à l’assurance pour remboursement; •Se mettre volontairement au chômage sans intention immédiate de retrouver un emploi; •Détourner l’argent d’un prêt pour un placement très risqué; Le comportement “immoral” n’est pas nécessairement extrême. En effet le terme (moral) n’est pas idéal, car le cadre d’analyse reste celui de l’économie positive, et ne juge pas la moralité du comportement. Exemples "soft": •Un employé ne travaille pas au maximum de l’effort possible; •Se montrer moins vigilant par rapport à la perte ou le vol d’un objet ou tout autre sinistre; •Ne pas chercher très activement un emploi; •Utiliser le crédit à d’autres fins (consommation plutôt qu’investissement).
L'aléa moral et les marchés financiers Les banques centrales ou le Fonds Monétaire International (FMI) sont des institutions censée intervenir en cas de problème de liquidité majeur sur les marchés. Cependant, le fait-même d’exister et d’assurer ce rôle induit un comportement plus risqué de la part des opérateurs du marché. La fonction de prêteur en dernier recours incite les banques (ou les États) à se reposer sur ce coussin amortisseur. L’introduction d’une plus grande sécurité sur un marché peut donc impliquer une plus grande prise de risque sur le marché.
Cas particulier : les problèmes d'agence Un problème particulier d’aléa moral survient dans une situation d’agent- principal. Typiquement, le principal (employeur/actionnaire) confie à l’agent (employé/manager) une mission donnée, mais n’a aucun contrôle sur son comportement effectif et sur l'effort qu'il va effectivement faire. Il est donc nécessaire de trouver un contrat qui assure que le bien-être de l’agent soit lié à l’intérêt du principal.
Comment limiter le problème d'aléa moral ? Assurances : franchise et participation aux frais réintroduisent une incitation à la prudence. Problèmes d’agence : rétribution basée sur la performance: primes, bonus, stock-options des managers qui voient leur rémunération associée à celle des actionnaires. Cf. exemple. Contrats de travail : le bâton et la carotte avec contrôle aléatoire et salaires élevés. Prêteurs en derniers recours (banque centrale, FMI) : asseoir une crédibilité en n’assistant pas systématiquement les pays ou banques en difficulté.
Un exemple d'agence Un propriétaire (le principal) met sa boutique en gérance auprès d’un vendeur (l’agent).
Le chiffre d’affaire mensuel de la boutique dépend de l’acharnement au travail du vendeur et de la demande de vêtements qui fluctue entre faible, moyenne et forte avec une égale probabilité (de 1/3). Le vendeur peut choisir de travailler d’arrache-pied ou de tirer au flanc. Travailler d’arrache-pied implique un coût pour le vendeur (qu’on suppose pouvoir mesurer en francs) évalué à 1 000 francs. Le bénéfice de la boutique est simplement donné par la différence entre le chiffre d’affaire (cf. tableau) et le salaire du vendeur. Le gain net du vendeur est simplement le salaire diminué de la valeur monétaire de l’effort (1 000) si ce dernier est fourni.
Deux cas possibles : 1. SALAIRE FIXE •Si le propriétaire offre un salaire fixe de 3000 au vendeur, ce dernier n'a aucune incitation à travailler d'arrache-pied et le bénéfice moyen de la boutique sera calculé avec la deuxième ligne du tableau des chiffres d’affaires. •La boutique réalise donc un bénéfice moyen de : 2. SALAIRE VARIABLE
5000+10000+150003−3000=7000.
•Le vendeur perçoit un salaire lié au chiffre d'affaire: le salaire est de 12 000 si le chiffre d’affaire du mois arrive à 20000, et de 3000 si le chiffre d’affaire est inférieur à 20000. •Le gain net du vendeur avec effort devient : devient intéressant de fournir l’effort.
3000+3000+120003−1000=5000.
Par conséquent, il
•Le bénéfice moyen de la boutique sera alors : 10000+15000+200003−3000+3000+120003=9000 et il est plus élevé avec ce 33 mécanisme de salaire incitatif.
Sélection adverse La sélection adverse advient lorsqu’une partie du marché ne connaît pas la qualité intrinsèque du service échangé avec l’autre partie, du moins pas avant son acquisition. La qualité est hétérogène sur le marché, mais l’information sur cette qualité est asymétrique. Lorsque les différences de qualité s’observent (concurrence parfaite), les prix s’ajustent en conséquence, sans créer de perte particulière. Le problème survient lorsque les différentes qualités peuvent se mélanger sur un marché sans qu’on puisse les distinguer de l’autre côté. Le choix d’échange marchand comporte alors une composante de risque. NB.: Aléa moral et sélection adverse sont parfois difficiles à distinguer. Exemple : •Monsieur X prend une assurance "casco" complète, parce qu’il connaît les risques qu’il prend au volant (sélection adverse); •Monsieur Y roule plus vite parce qu’il sait qu’il est couvert par une assurance "casco" complète (aléa moral).
Qualités hétérogènes La sélection adverse s’observe lorsque les “mauvais” biens ou services sont surreprésentés et peuvent se camoufler parmi les biens ou services de qualité supérieure. Exemples(cf. plus en détail ci-dessous) : •Marché du travail : l’employeur ne connaît pas toujours très bien ses employés ; •Marché du crédit : les banques ont parfois de la difficulté à séparer les “bons pères de famille” des “têtes brûlées”; •Marché de l’assurance : les clients connaissent leurs risques, tandis que l’assureur possède une information plus limitée; •Marché de l’occasion : difficile de connaître la qualité d’un véhicule.
La sélection adverse et le marché du travail Les employés d'une entreprises ont tous des opportunités alternatives et des salaires potentiels différents, que l’employeur peine à identifier. Un employé qui a de meilleures perspectives quittera plus facilement l’entreprise en cas de baisse du salaire, qu’un travailleur ayant des alternatives très limitées. Si on postule que les travailleurs les plus performants sont aussi ceux qui ont les meilleures opportunités alternatives, une baisse de salaire induira tous les travailleurs performants à quitter le navire et les moins performants à rester. Dans ce cas la performance moyenne diminue. L’entreprise préfère donc licencier les travailleurs (au hasard) que de baisser les salaires et voir ses travailleurs les plus performants partir en surnombre.
La sélection adverse et le marché du crédit Pierre Desproges (humoriste français): “Un banquier est quelqu’un qui vous prête de l’argent à condition que vous lui prouviez que vous n’en avez pas besoin”. Ceux qui se présentent pour un crédit sont ceux qui en ont le plus besoin, et qui sont donc prêts à payer des taux d’intérêt élevés. Ces ne sont cependant pas nécessairement les plus fiables. Si le taux d’intérêt devient élevé, seuls les projets plus rentables mais aussi plus risqués sont demandeurs de fonds prêtables! Par exemple, cordonnier qui veut juste un prêt pour agrandir son arcade et l’entrepreneur qui ouvre une startup. Dans le premier cas, le rendement espéré est faible mais assez certain. La startup peut générer des bénéfices importants, mais avec un risque aussi beaucoup plus élevé.
La sélection adverse et le marché de l'assurance L’assurance connaît la distribution des affections et atteintes à la santé dans la population. En proposant des contrats fondés sur cette information, le danger est celui de n’attirer que les personnes ayant de problèmes de santé plus importants que la moyenne. Tous les risques sont sujets au même problème : •inondations, catastrophes naturelles; •chômage (si l’assurance-chômage n’est pas obligatoire); •cambriolage, assurance-ménage;
Les plus exposés au risque vont être davantage attirés par des polices d’assurance.
La sélection adverse et le marché d'occasion : une application Modèle célèbre de George Akerlof sur les "lemons" Supposons que le marché d’une marque de voitures soit constitué de deux types de véhicules: •Les“bonnes affaires” ont été bichonnées par leur ancien propriétaires qui sont prêts à s’en défaire pour un prix de PVB=14000.−; •Les “mauvaises affaires” tombent beaucoup plus souvent en panne, et leurs propriétaires n’en demandent que PVM=7000.−. •Le maximum qu’un acheteur représentatif serait prêt à payer pour une bonne voiture est PAB=20000.− et PAM=10000.− pour une mauvaise. Tout ce que les acheteurs savent c’est qu’il y a autant de mauvaises voitures que de bonnes, donc la probabilité de tomber sur une mauvaise est de 50% ( πM=0.50). En cas d'information parfaite: gains mutuellement avantageux avec un prix intermédiaire entre le prix d'achat et le prix de vente. L'équilibre de marché est efficient, car toutes les voitures sont échangées à un prix conforme aux attentes des vendeurs et acheteurs. En cas d'information imparfaite mais symétrique (personne ne sait quelles voitures sont bonnes ou mauvaises): l’échange se produit tout de même. Les acheteurs acceptent de payer un prix moyen avec un risque de tomber sur une guimbarde une fois sur deux. L’équilibre est efficient, même si des consommateurs peuvent s’avérer malchanceux. En cas d'information imparfaite et asymétrique: la qualité moyenne devient endogène car elle dépend du prix. Lorsque les vendeurs bénéficient d’une asymétrie d’information sur leur bien, ils ne le mettent en vente que si le prix est suffisamment élevé. Sans autre information que la probabilité πM, les acheteurs sont prêts à payer au maximum un prix moyen entre PAB et PAM :
PAmax¯=πM∙PAM+(1−πM)×PAM = 0.5∙10000+0.5∙20000=15000 Le marché peut ici fonctionner, car ce prix est supérieur aux deux prix de réserve. Mais il suffit que la proportion de mauvaises voitures augmente, par exemple à πM = 70% pour que le prix devienne:
PAmax¯=0.7×10000+0.3×20000=13000<14000=PAB Dans ce cas, les propriétaires de bonnes occasions se retirent du marché : ils préfèrent attendre que leur voiture tombe toujours en panne pour la vendre au prix des mauvaises.
Comment résoudre le problème d'anti-sélection ? Une manière de résoudre le problème de sélection adverse consiste à faire "révéler" les propriétés cachées (défauts ou qualités) du bien. Le système de la garantie ou du label permet par exemple de transmettre une information du vendeur vers l’acheteur.
Cette garantie doit comporter un coût suffisant à décourager les propriétaires de mauvaises voitures de recourir aussi à la garantie. Lorsque le vendeur manipule une caractéristique pour montrer sa qualité, on parle de signal de qualité.
Application au marché de l'assurance Soit 4 catégories différentes de personnes d’égale importance en terme de nombre dont les risques de maladie sont différents, mais que les assureurs ne parviennent pas à identifier. Pour chaque groupe, le coût associé à la maladie est supposé identique: 1 000 francs pour l’intervention médicale. Les personnes savent dans quel groupe de risque elles se situent et ont une volonté de payer pour une police d’assurance en accord avec ce risque :
Comment fixer la prime d'assurance ? Le calcul actuariel dit que la prime doit être fixée au minimum à l’espérance de dommage. On peut donc en principe calculer une prime actuarielle pour la population pour chaque groupe en prenant le produit du montant du dommage (le coût de l’intervention) et de la probabilité de la maladie.
Il y a des gains mutuellement avantageux à l’échange car le coût de la prime est inférieur à la volonté de payer pour tous les groupes. Or, le problème est que les assureurs ne connaissent pas forcement le risque par catégorie. Dans ce cas ils doivent fixer différemment la prime. Si le risque moyen de chaque catégorie n’est pas connu des assureurs, ces derniers vont fonder leur prime actuarielle sur le risque moyen de toute la population :
20%+40%+60%+80%4=50%. Si le coût annuel moyen d’une intervention est de 1000.-, cela implique qu’une prime annuelle de 500 francs (=0.5×1000) est tout juste suffisante pour ne pas faire de pertes. Supposons que les assureurs ne peuvent pas faire de profits de sorte qu’ils fixent cette prime. Avec cette prime seuls ceux qui ont une volonté de payer supérieure à 500.- s’assureront, soit tous les groupes sauf celui ayant un risque de 20%. Cependant, si ce groupe ne s’assure pas, cela veut dire que la clientèle des assureurs est maintenant plus risquée! (effet de la sélection adverse). La composition effective se modifie si aucun individu du premier groupe ne s’assure. Le vrai risque moyen fondé sur la population assurée sera alors :
40%+60%+80%3=60%
Lorsque les assureurs se retrouvent face à cette sélection de demandeurs, ils feront nécessairement des pertes avec la prime fixée initialement à 500.-, car la dépense moyenne sera elle de 600.- (=0.6×1000). Il devient donc nécessaire d’ajuster la prime à 600.-. Problème: avec la prime fixée à 600.-, la sélection adverse se fait sur le deuxième groupe qui préfère ne plus s’assurer, car la prime dépasse sa volonté de payer. La nouvelle prime doit passer à 700.- pour les deux derniers groupes, car le risque monte à 70%, mais le troisième groupe ayant une volonté de payer de 680.- renonce à l’assurance... Les seuls qui restent sont les membres du groupe le plus risqué qui payeront une prime de 800.-, avec un surplus total de 50.- (= volonté de payer − prime). Inefficience de l'équilibre de marché: l’équilibre finit par se vérifier, mais le marché est composé seulement des individus les plus risqués. Lecture du tableau: des gains mutuellement avantageux entre assureurs et demandeurs existent pour tous les groupes (puisque tous ont une volonté de payer supérieure à leur risque moyen). Les assureurs aimeraient pouvoir assurer les trois groupes manquants, mais ne peuvent pas les distinguer des autres groupes plus risqués.
Comment résoudre le problème de sélection adverse ? Une solution permettant d’avoir une prime actuarielle échappant au problème de sélection consiste à contraindre toute la population à s’assurer. Si on reprend le tableau initial avec une prime unique de 500.- et obligation de s’assurer, nous avons :
Le surplus total est positif, mais il y a des perdants: le groupe le moins risqué essuie une perte nette en s’assurant = “prime de solidarité”.
Les choix publics Choix public Les lacunes de marché appellent le plus souvent une intervention de l’État. Souvent, exactement comme pour les agents économiques privés, aussi l’État fait face à des problèmes d’information, mais il existe d’autres raisons qui peuvent générer un écart entre les désirs de la collectivité et l’action de l’État. La théorie du CHOIX PUBLIC essaie de comprendre comment l’État prend des décisions pour la collectivité et si les conditions d’un planificateur social idéal existent. Problème récurrent et ancien: comment agréger des préférences hétérogènes ?
Le paradoxe du vote de Condorcet Dans une petite communauté, trois "types" d'individus doivent choisir parmi trois projets alternatifs. Le tableau montre que les préférences collectives violent le principe de transitivité :
•a. Si le vote concerne seulement l’alternative A et B, c’est A qui est choisi par les groupes 1-3 contre 2. •b. Si le vote concerne seulement l’alternative B et C, c’est B qui est choisi par les groupes 1-2 contre 3. •c. Si le vote concerne seulement l’alternative A et C, c’est C qui est choisi par les groupes 2-3 contre 1. Implication : le choix de la votation dépendra de l’ordre dans lequel les alternatives sont proposées
Théorème d'impossibilité de Arrow Kenneth Arrow (prix Nobel en 1972) a proposé un ensemble de critères désirables et relativement peu exigeants pour obtenir un système de vote: •Unanimité : si tous préfèrent un objet par rapport à un autre, il devrait être choisi; •Transitivité : si A est préféré à B et B est préféré à C, il faut que A soit préféré à C; •Indépendance des options non pertinentes : la préférence entre A et B ne devrait pas dépendre de l’existence (ou absence) d’une troisième option C; •Non-dictature : il n’y a pas d’individu dont les préférences correspondent à tous les choix sociaux indépendamment des préférences des autres. Le théorème montre que tout système de choix collectif doit relâcher au moins une de ces conditions (→ dictature?).
Le principe de l'électeur médian On peut montrer que, à partir du moment où les préférences sont exprimées en continu, le paradoxe de Condorcet n’a plus lieu d’être. Un système majoritaire implique alors que c’est toujours l’électeur médian qui décide du résultat final. L’électeur médian est celui qui se trouve au milieu de la distribution des préférences. Il a donc 50% des votants à sa droite et 50% à sa gauche. Étant donné que les préférences sont ordrées sur une variable continue, tous les électeurs des deux extrémités lui sont acquis.
Par exemple, imaginons la distribution suivante des préférences sur le budget de l’État :
Si chaque votant devait préciser le montant du budget dans le bulletin de vote, la moyenne donnerait un budget de 9 Mio CHF. Mais s’il faut décider entre deux montants, ce sera toujours celui choisi par l’électeur médian, qu'ici souhaite 10 Mio. Il y aura toujours plus que 50% des votants qui préfèrent 10Mio à n'importe quelle autre somme.
Implication: si deux partis politiques concurrents essayent de maximiser leur probabilité d'élection, ils vont les deux se rapprocher de la position de l'électeur médian (est-ce que ça vous rappelle quelque chose?).
Résumé Les asymétries d’information sont présentes lors de nombreuses transactions économiques. L’aléa moral se produit lorsque les incitations des agents sont modifiées suite à la conclusion d’un contrat sur un bien ou un service. Le problème d’agence survient lorsqu’un principal ne contrôle pas parfaitement le comportement d’un agent. Lorsque les caractéristiques d’un bien ou service sont cachées, le marché est sujet à un problème de sélection adverse. Une solution marchande au problème d’asymétrie d’information est donné par le signal. La théorie du choix public montre que les préférences collectives ne peuvent pas être aisément être exprimées. Le théorème d’impossibilité d’Arrow montre qu’aucun système de vote n’est parfait et que des concessions sont nécessaires. Dans de nombreuses situations, les institutions démocratiques engendreront le résultat désiré par l’électeur médian indépendamment des préférences du reste de l’électorat.