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G1LBERTE SOLLACARO
BIVOUAC, MON AMI nuit d'or nuit d'orag agee da dans ns les les Pyré Pyréné nées es.. Le hurl hu rlem emen entt d'un d'un ch chie ienn pe perd rduu réve réveil ille le,, da dans ns un unee fer ferme isolée, une fillette ui se l!ve et va recu recuei eill llir ir l'an l'anim imal al.. "' "'es estt le dé dé#u #utt d'un d'unee gran grande de amitié entre Lisa et $ivouac. "'est aussi, pour la fillette, et sans u'elle le sache encore, le signal d'une vie nouvelle. L'on L'oncl clee de Lisa Lisa prat prati iue ue la co cont ntre re#a #and nde. e. Pour lui un chien de #erger vigoureu%, intelligent com co mme $ivo $ivoua uac, c, c'es c'estt un unee au au#a #ain inee & le ch chie ienn passera seul la fronti!re et assumera ainsi tous les risues. ais Lisa sait ue les douaniers a#attent sans pitié les chiens de contre#andiers et elle est pr(te ) tout pour sauver $ivouac. Pr(te ) tout, m(me ) perdre son seul ami en le rendant ) ses anciens propriétaires. ais c'est plus facile ) dire u') faire * Le collier du #erger des +landres est perdu Lisa se rappelle vaguement ue le chien vient d'une ferme... l) #as... pr!s de ende... ) plus de trois cents ilom!tres.... /ue fai faire 0 Peu eutt-((tre tre Lisa Lisa saur sauraa-tt-el -elle trouver un e%pédient et, ou#liant sa propre peine, assurer le salut de $ivouac, son ami. UNE
BIVOUAC MON AMI
GILBERTE SOLLACARO
BIVOUAC, MON AMI ILLUSTRATIONS DE PIERRE PROBST
HACHETTE 1144 11
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© LIBRAIRIE HACHETTE, 1956 4ous 4ous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays.
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PREMIÈRE PARTIE PARTIE
CHAPITRE PREMIER était était lourde lourde dans dans ce silence a#solu ui préc!de l'orage, les nuages s'amoncelaient lentement au fond du col de Li8arietta. La ferme, adossée ) un pan des Pyrénées, sem#lait déserte. Ecartant les #uissons o9 il s'était tapi, évitant avec soin les #rindilles s!ches ui crauent sous les pas, le chien avan:a dans le sentier. ;es flancs maigres, son long poil noir emm(lé, et la déchirure d échirure imparfaitement imparfaitement guérie ui faisait pendre son oreille droite, disaient asse8 ue la vie, récemment, ne lui avait pas été douce. ais l' - et celle, famili!re entre toute, ui dénon:ait, dans le #=timent secondaire accoté ) la maison, l'e%istence de #re#is endormies aupr!s de leurs agneau%. 7l hésita & la perspective d'un a#ri, f?t-il provisoire, le tentait peut(tre parviendrait-il ) se glisser dans la #ergerie et ) échapper, cette nuit, ) l'orage ui s'annon:ait.... @emain, il serait temps de reprendre la route. La #(te fit uelues pas en direction de la maison. 4out ) coup, le vent ui, depuis uelues minutes, ramassait ses forces, cour#a les #ranches des L6 NU74
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ar#res rares, coucha les her#es et, en une rafale hurlante, #ondit sur la maison. /uelues gouttes larges vinrent s'écraser autour du chien & le poil dressé, les pattes raides, il pointa son museau vers le ciel o9 un éclair venait d'ouvrir un sillon violet tandis u') la pluie succédait le grésillement d'une gr(le serrée, un roulement de tonnerre le coucha au ras du sol & alors, il hurla. B BB Lisa se redressa dans son lit, le c Et tu m'éveilles m'éveilles ) cause d'un chien chien *... 6lors 0 > n ne peut pas le laisser laisser dehors par ce temps temps il a peur, peur, lui.... > Eh #ien, va v a le chercher, si :a t'amuse. ais laisse-moi dormir, dormir, pour l'amour de @ieu * F Lisa descendit rapidement. La porte, gonflée par la pluie résistait. 4andis ue l'enfant luttait contre l'o#stacle com#iné du #ois im#i#é d'eau et du vent ui plauait le #attant contre le cham#ranle, une de ses longues tresses noires s'accrocha ) la poignée Lisa s'énerva & D 6h * ces nattes * F ronchonna-t-elle, tout en se li#érant au pri% de uelues cheveu%. Enfin, sous sa poussée, la porte céda. ;ous l'averse, pétrifié, le chien attendait. esurant d'un coup d'
H
Ses doigts se refermèrent sur un collier.
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La salle gardait encore la tiédeur du feu ui s'endormait lentement dans la grande cuisini!re de fonte. Jepoussant d'un geste vif sa p!lerine trempée, Lisa alla Geter sur les, #raises une poignée de petit #ois, puis une pelletée de char#on. Le chien, apr!s s'(tre vigoureusement é#roué, attendait, immo#ile au centre d'une flaue d'eau ui s'élargissait lentement. D @ans cin minutes, tu auras chaud, dit l'enfant. En attendant tu vas manger un peu ensuite, Ge soignerai ton oreille. F Elle lui Geta un coup d'
+erme @argilan, ) Pourrac, PJ; EN@E, Lo8!re. D ... ende, en Lo8!re.... 4e voil) ) la fronti!re espagnole c'est #ien loin de che8 toi, $ivouac * tu t'es perdu 0 F Entendant prononcer son nom pour la premi!re fois depuis #ien des Gours, $ivouac eut l'impression de revenir d'e%il & il cessait d'(tre le chien errant et anonyme livré ) la faim, au% hasards de la montagne et, pis encore, ) la solitude. 7l avait un nom, une amie, et l'espoir, peut-(tre, de retrouver cette ferme de la Lo8!re o9 il était né deu% ans plus tMt. 7l s'élan:a et, posant ses deu% pattes de devant sur les épaules de Lisa, se mit ) lui lécher les Goues en Gappant de d e Goie. ;oudain, son Gappement se transforma en un r=le de col!re & un pas rapide faisait crauer l'escalier de #ois & D L'oncle Luigi * chuchota Lisa, affolée sans #ien savoir pouruoi vite, $ivouac, cache-toi'* F Elle le poussa sous la ta#le recouverte d'une nappe ) carreau% #lancs et rouges, dont les pans descendaient presue Gusu') terre. $ivouac, docile, se laissa faire. Lisa se retourna & dans l'encadrement de la porte se découpait la longue silhouette maigre de l'oncle Luigi son visage #ron8é portait tous les signes de la col!re. D 4rois heures du matin * rugit-il, dirigeant sur sa ni!ce un regard furieu%. ademoiselle ramasse un rouet, et la maison enti!re est condamnée ) veiller. 4u ne te l!ves pas, demain, non 0
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> @emain, c'est Geudi, murmura Lisa ui s'était glissée entre la ta#le et l'homme. > Oeudi pour toi. ais moi Ge travaille. 4ous les Gours, tu entends 0 Et presue toutes les nuits. @emain soir, Ge passe la fronti!re & G'ai vingt #re#is pour Paco et du dia#le si Ge ne mets pas toute la nuit ) les conduire Gusu') anci * 6vec :a u'il faut ouvrir l' 4rop dangereu%. ;i on se fait prendre, :a co?te cher. Pour la contre#ande du ta#ac, ma petite, il faut (tre deu% & un homme et un chien. Le chien porte le ta#ac, et l'homme surveille la route. @e loin. ;i la douane montre son ne8, c'est le chien ui se fait pincer pas l'homme. > Et u'est-ce u'ils u'ils lui font, au chien chien 0 ' > h * ils l'a#attent, en général, dit l'homme d'un ton insouciant. > 7ls l'a#attent l'a#attent 0 répéta Lisa Lisa horrifiée. > Eh oui * @'ailleurs, mieu% vaut un chien a#attu u'un homme en prison. ;ans compter l'amende ) payer.... payer.... F 77 se préparait ) remonter uand, tout ) coup, il se rappela pouruoi il était descendu. ;a col!re lui revint d'un coup & D En tout cas, ton rouet, Ge n'en veu% pas ici, grogna-t-il. 4u vas le remettre dehors, et immédiatement. immédiatement. >i Pas cette nuit, oncle Luigi, supplia Lisa, pas sous cette pluie * et puis il est #lessé. 7l a l'air tout Geune, tu sais.... » "e n'était pas tout ) fait vrai, mais il fallait gagner du temps. D 9 le caches-tu donc 0 ontre-moi donc un peu ta trouvaille.... F L'enfant hésita uelues secondes puis, résolument, souleva un pan de la nappe en appelant & « 7ci, $ivouac * F ;ous les yeu% stupéfaits de Luigi, l'énorme #(te sortit de sous la ta#le en s'étirant. D ais... mais, il est super#e, ce chien* s'écria-t-il. Un peu maigre, #ien s?r mais dans une semaine, il n'y paraQtra plus. 4u as raison Lisa, on ne peut pas mettre une si #elle #(te dehors & ce serait dommage. Un peu de dressage, et G'aurai e%actement ce u'il me faut pour p our passer la fronti!re.... F Lisa l'interrompit avec inuiétude & 11
D ncle Luigi, ce n'est pas possi#le ce chien n'est pas ) nous.... > "omment :a, pas ) mous 0 7l est ) personne > ) tout le monde tu l'as trouvé, il est ) nous * > ais non, regarde, coupa l'enfant, il a un collier avec son nom gravé sur une plaue, et aussi le nom et l'adresse de ses propriétaires.... F Luigi se pencha ;U4 l'animal & D "'est vrai, ma foi..., dit-il d'un ton r(veur. > Oe vais leur écrire, ) ces gens, et leur dire ue $ivouac se trouve che8 nous, F Lisa pépiait, sans remaruer la mine préoccupée de l'oncle. D u encore, continua-t-elle, Ge pourrais avertir la police ui se chargera de le faire ramener che8 lui.... F En entendant mentionner la police, l'oncle sursauta & D /uelle idée de m(ler la police ) cette histoire de chien * F lan:a-t-il d'un ton irrité. Puis il se reprit, et continua plus calmement & D 4u veu% donc voir $ivouac passer des Gours et des Gours ) la fourri!re, dans une cage trop étroite 0... Non, il vaut mieu% écrire ) ces fermiers de Lo8!re.... F Un sourire rusé passa sur son visage & D @!s demain 'matin, nous écrirons cette lettre et, en attendant la réponse, $ivouac retrouvera ses forces. aintenant, au lit. Et pas de #ruit, hein * F B BB /uelues instants apr!s, sous le haut édredon de plumes, Lisa reprenait peu ) peu le fil de son sommeil interrompu, et se laissait aller ) r(ver ue $ivouac lui appartenait, ) elle seule, pour touGours, et ue ses maQtres. . comment s'appelaient-ils donc 0... enfin, ces gens de ende,... des environs de ende, lui disaient & D Rarde-le, il est ) toi. F "ouché au pied du lit, le chien, épuisé, dormait déG). Un rayon de soleil les éveilla tous les deu%, uelues heures plus tard. Un soleil de Guin, un soleil de lendemain d'orage, #ien lavé. Lisa s'assit dans son lit et allongea le #ras pour caresser le chien ui s'étirait et #=illait d'aise. ;es doigts flatt!rent le museau carré, gratt!rent doucement le front couvert de longs poils soyeu%. D Pauvre $ivouac, avec toutes ces histoires, G'ai ou#lié de soigner ton oreille, cette nuit * F ;a main descendit sous le menton, puis le long du coup et, #rusueme #rusuement, nt, s'immo#ilisa s'immo#ilisa sur le visage visage de Lisa se peignit peignit un étonnement sans #orne & $ivouac n'avait plus de collier. L'enfant sentit s'éveiller en elle une inuiétude ine%plica#le.
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.Elle sauta du lit et, tout en glissant ses pieds dans des espadrilles ) seme semell lles es de co cord rde, e, s'ef s'effo for: r:aa de trou trouve verr ) la disp dispar arit itio ionn du co coll llie ierr un unee e%plication satisfaisante. satisfaisante. Le collier, mal fermé, avait-il glissé pendant la nuit 0 Un coup d'
@ans la salle, personne. L'oncle se levait tMt et, a la ferme d'7stillar, ) uatre ilom!tres de l), s'occupait pro#a#lement de compléter le troupeau u'il ferait passer en Espagne, le soir m(me. L'oncle.... Lisa eut un peu honte des soup:ons ui, cin minutes plus tMt, lui avaient traversé l'esprit. Elle trempa sa tartine dans son #ol de café au lait. « Non, l'oncle Luigi a dit u'il u 'il rendrait $ivouac & il le rendra. L'oncle est honn(te. La contre#ande, c'est une chose le vol, c'en est une autre. 6pr!s tout, l'oncle, Ge le connais depuis touGours il n'est pas mauvais. Pas tendre, #ien s?r, et un peu pr!s de ses sous. ais ais pa pass mauv mauvai ais. s....... F Elle Elle s'ef s'effo for: r:ai ait, t, pa parc rcee u uee c'ét c'étai aitt né néce cess ssai aire re et rassurant, de se persuader de la #onté de l'oncle ui l'avait élevée > son uniue parent depuis des années. Et, malgré elle, lui revenaient des épisodes de leur vie commune, ui ne plaidaient gu!re en faveur du contre#andier. Pas tendre, non s'il l'avait élevée, c'est parce u'il n'avait pu faire autrement. Et il ne s'en cachait pas. « Une fille, uel em#arras * disait-il volontiers rends-toi utile, au moins... F, et c'étaient la vaisselle et le ménage ui prenaient le temps u'elle aurait aimé consacrer au% devoirs de classe ou une course au village voisin, plus importante, dans l'esprit de
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l'oncle, ue les cours d'orthographe et de calcul ui auraient d? occuper la matinée sacrifiée. L'institutrice L'institutrice était intervenue aupr!s de Luigi L uigi & « Kous ruin ruine8 e8 lSav lSaven enir ir de cett cettee en enfa fant nt,, av avai aitt-el elle le dit. dit. Lisa Lisa a de dess capacités, de l'am#ition. > ;on avenir, c'est le ménage * > En tout cas, la loi vous o#lige ) l'envoyer en classe Gusu') son certificat d'études. F +inalement, il avait cédé, mais en apparence seulement, et la lutte sournoise avait continué. Lisa croyait l'entendre & D ;i mademoiselle ne se croit pas trop savante pour nettoyer l'éta#le, Ge lui en serai #ien reconnaissant. F Ta, c'était pour les Gours d'ironie. ais uand il était d'humeur plus difficile, difficile, Luigi savait dire #rutalement ) sa ni!ce & D 6u travail, ma fille, et gagne un peu le pain ue tu manges. Les femmes, c'est fait pour tenir le ménage, et pas autre chose * F Elle en était arrivée ) détester Gusu') ses Gupes ui lui rappelaient u'un gar:on, ) sa place, aurait eu le droit de r(ver ) une carri!re, de faire des proGets d'avenir.... Non, l'oncle Luigi ne sortait pas ) son avantage de l'e%amen auuel venait de le soumettre Lisa. D 4out cela cela ne me fiai fiaitt pa pass retr retrou ouve verr le co coll llie ierr, soup soupir iraa l'en l'enfa fant nt.. eureusement, eureusement, Ge me rappelle ce ui était écrit dessus.... F Elle s'arr(ta & étaitelle #ien certaine de se le rappeler 0 Elle chercha un peu & D $ivouac... pr!s ende, Lo8!re. F La consternation se peignit sur son visage & ses souvenirs n'allaient pas plus loin. D $ien s?r, murmura-t-elle, désolée, Ge n'ai retenu ue la premi!re et la derni!re lignes, ui étaient écrites en maGuscules. Les autres, Ge les ai a peine lues * F La matinée avan:ait. Le c
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Luigi rentra au moment o9 Lisa finissait d'éplucher les légumes du déGeuner. D @i% moutons de plus ) passer, ce soir F, lan:a-t-il du pas de la porte.... 7l s'interrompit pour #ourrer sa pipe, puis se tourna ver& le chien ui, ) son arrivée, avait reculé dans un coin de la salle. D 6lors, $ivouac, tu as #ien dormi 0 .$ien mangé 0 F 77 fit un pas vers ranimai ui se mit ) gronder. D @is donc, Lisa, il n'e n'est st pas aima#le, ton chien il faudra faudra le dresser dresser un peu.... F Le contre#andier s'aper:ut enfin u'il parlait seul. D /u'est-ce ue tu as, auGourd'hui 0 demanda-t-il ) sa ni!ce. 4u es devenue muette 0 F Lisa murmura & D Le collier de $ivouac a disparu. F Luigi partit d'un grand rire #on enfant & D @isparu 0 ais non, grande sotte * c'est moi ui l'ai pris, ce matin, pendant ue vous dormie8 encore, tous les deu%. 7l m'avait paru un peu grand, cette nuit et on ne peut pas courir le risue de le perdre * ;i tu as un moment, aGouta-t-il avec un #on sourire, tu devrais #ien écrire cette lettre. Oe la posterai tout ) l'heure, en descendant ) 7stillar. F Lisa ne se le fit pas dire deu% fois. Elle prit dans son carta#le un crayon ) #ille, arracha une feuille dou#le ) l'un de ses cahiers, et écrivit & Monsieur, Monsieur, Votre chien Bivouac, un berger des Flandres de deu ans environ, s!est r"fugi" cette nuit dans notre notre ferme. #e ne com$rends com$rends $as comment il a $u s!"garer si s!"garer si loin de che% vous. &n tout cas, il est maintenant en s"curit", et ' votre dis$osition....
Elle r(va un instant sur la formule de de politesse politesse convena#le, convena#le, fit son choi%, signa, et aGouta le nom et l'adresse de Luigi. D "'est fait, dit-elle dit-elle ) son oncle veu%-tu lire 0 F L'homme L'homme prit la lettre lettre et la parcourut parcourut du regard & D Koil) une affaire réglée, dit-il, en la glissant dans la poche de sa vieille veste de velours marron. 7l faudra ue G'ach!te des enveloppes, aGouta-t-il & nous n'en avons plus. F Lisa, pendant ce temps, calculait ) haute voi% & D @ans une semaine, deu% au plus, nous aurons une réponse... > Et d'ici l), interrompit interrompit Luigi, Ge ne veu% pas voir $ivouac ) 7stillar. ;ous aucun préte%te. F Lisa s'étonna & D ais pouruoi, oncle 0 Ta l'amuserait, et moi aussi *
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> Ne discute pas, répondit Luigi avec une sévérité sans répliue. O'ai l'intention > en attendant la réponse de Lo8!re, #ien entendu, se h=ta-t-il d'aGouter >, de mettre $ivouac sur la route du ta#ac d'ici uelues Gours :a me tente. 6lors, inutile de le faire remaruer par les douaniers ui traQnent un peu partout dans les environs. ;i un Gour il se fait prendre, on ne doit pas savoir u'il est ) moi. F « 77 n'est pas ) toi », faillit crier Lisa mais l'indignation et le chagrin lui coupaient le souffle. @éG) Luigi était sur le seuil & D "ompris, n'est-ce pas 0 F lan:a-t-il, et il sortit. Lisa s'approcha du chien et, s'asseyant pr!s de lui sur le plancher, enfouit son visage dans les longs poils soyeu% du cou de l'animal. D on pauvre $ivouac, gémit-elle, uel mal Ge t'ai fait * F Et elle se mit ) sangloter tandis ue lui revenaient ) la mémoire les paroles de Luigi & D Le chien, ils l'a#attent & mieu% vaut un chien a#attu u'un homme en prison. F
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CHAPITRE II somnolait, #ercée par la voi% de l'él!ve ui, de#out pr!s de la chaire, récitait d'une voi% monotone la liste des départements & D Nord, chef-lieu Lille Lille Pas-de-"alais, chef-lieu chef-lieu 6rras.... 6rras.... F L'enfant, une grosse petite petite #londe un peu serrée dans son ta#lier #leu, tortillait sa ceinture de la main gauche tandis ue, de l'autre, elle désignait successivement sur la carte D muette F accrochée au mur les départements et les villes u'elle nommait. D ;eine-ar ;eine-aritim itime, e, chef-lieu chef-lieu ... F Elle hésita. Une grosse grosse mouche mouche se promenait promenait sur l'un des rideau% ue l'on avait tirés pour donner un peu de fraQcheur ) la classe. D ;eine-aritime.... ;eine-aritime.... > 6lors, 6lors, dit l'institutrice, l'institutrice, tu ne sais plus 0 Lisa, dis-le-lui. F Lisa sursauta. Elle s'était laissé emporter, pendant uelues minutes, par un r(ve ui, parti de la Lo8!re, chef-lieu ende, la ramenait inui!te et perple%e au pro#l!me de $ivouac. "ela faisait di% Gours, maintenant, ue l'oncle Luigi avait envoyé la lettre. Et touGours pas de réponse. "e n'était pas le manue d'em d'empr pres esse seme ment nt de dess prop propri riét étai aire ress du ch chie ienn ) récl réclam amer er leur leur #ie #ien u uii l'inuiétait, mais plutMt la campagne menée par l'oncle pour dresser $ivouac et faire de lui un vrai chien de contre#andier. Pendant une semaine, il l'avait laissé reprendre des forces, lui réservant touGours uelue #on morceau, le flattant. Puis, soudain, Geudi soir, au moment de partir pour une de ses e%péditions nocturnes, il avait dit & L6 "L6;;E
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D O'emm!ne $ivouac il faut u'il apprenne la route de la D venta F de anci. > ais, oncle Luigi, Luigi, s'il lui arrivait arrivait uelue chose 0 > 4u es plus inui!te inui!te pour lui ue pour moi, hein 0 F avait-il répliué, hargneu%. Et elle n'avait pas osé répondre. "ar c'était vrai. D Et peu m'importe, au fond, pensait-elle, ue ces gens de la Lo8!re ne réclament Gamais $ivouac. "e ue Ge veu%, c'est le protéger contre le danger ue lui fait courir l'oncle Luigi.... F 4oute la nuit, elle avait veillé en attendant leur retour. @epuis, l'aventure s'était répétée ) trois reprises. "haue fois. Luigi avait reparu au petit Gour, la mine satisfaite. $ivouac, de son cMté, paraissait prendre plaisir ) ces e%péditions dont il ne soup:onnait pas le danger & auss au ssit itMt Mt atte attein inte te la D ve vent ntaa F, il #o #ondi ndiss ssai aitt Gus Gusu' u')) la ch cham am#r #ree o9 Lisa Lisa l'attendait, assise dans son lit, les genou% ramenés haut sous l'édredon, les poings serrés, serrés, le c
D Eh #ien, Lisa 0 4oi non plus, tu ne sais pas 0 F Elle fit un effort, fouilla dans sa mémoire, et lan:a au hasard & D ;eine-aritime, chef-lieu Jouen. > Parfait, dit l'institutrice. l'institutrice. ais ne r(ve plus. @'ailleurs aucune de vous n'a grande grande envie de travaille travailler, r, auGourd'h auGourd'hui. ui. Essayons Essayons d'occuper d'occuper agréa#lement la derni!re demi-heure de notre année scolaire. F 6ussitMt les visages s'éveill!rent. La grosse mouche s'envola pour aller se poser sur le ta#leau. La classe se mit ) vi#rer d'un murmure d'anticipation & demain, on distri#uerait les pri% et ensuite, ce seraient les vacances, les grandes vacances. Les écoli!res échangeaient des proGets, des confidences, et la plupart parlaient de départs prochains.... D oi, dit Lisa ) la grosse petite #londe ui avait regagné sa place aupr!s d'elle, G'ai un agneau. 7l s'appelle Plume. P lume. > Pouruoi Plume Plume 0 > Parce u'il est tout tout petit, tout léger, et ue sa laine laine a l'air en soie. soie. "et été, Ge vais pouvoir m'occuper de lui. > "'est pas drMle, drMle, dit la petite petite grosse. 6lors, 6lors, tu ne vas nulle part 0 F Lisa fit appel a toute sa fierté & elle n'allait pas avouer ue la #ourse de l'oncle était trop serrée pour permettre ) sa ni!ce m(me les Goies modestes d'une colonie de vacances * D Non, Ge n'y tiens pas. O'aime mieu% rester ) la D venta F avec Plume. > 4ouGours 4ouGours 0 (me plus tard tard 0 F
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@e vieilles révoltes, et un espoir ui avait résisté ) tous les o#stacles accumulés par Luigi vinrent gonfler le c "'est vrai. "'est le dernier dernier Gour de classe, tu sais alors on a #avardé, en route. Et puis, il fait chaud & on n'a pas envie de se presser. ais Ge vais me dép(cher, s'empressa-t-elle d'aGouter, soucieuse de ne pas l'irriter, et le dQner sera pr(t ) l'heure. > 4u feras feras #ien & nous avons un invité. > Un invité 0 > anech. > 6lors, 6lors, Ge vais descendre au village, chercher un peu de viande ou uelue uelue chose & il nous reste reste uatre uatre Laisse donc, Ge m'en m'en suis occupé. » Elle pénétra dans la cuisine, pour en ressortir presue aussitMt, le visage décoloré, une assiette ) la main & D /u'est-ce u'il y a dans ce plat, oncle Luigi 0 demanda-t-elle. 1I
> 4u le le vois #ien & de la viande * > /uelle viande 0 F 7l se détourna, g(né, hésita, puis finit par répondre & D @u mouton. F Elle regarda l'assiette & D @u (eune mouton * du tr!s Geune.... 9 est Plume, oncle Luigi 0 > Laisse un peu Plume tranuille * cria-t-il avec col!re, et rentre préparer le dQner. dQner. > 9 est Plume 0 répéta-t-elle, répéta-t-elle, en se dirigeant lentement vers la #ergerie. #ergerie. > Eh #ien, oui, c'est Plume, éclata Luigi. Et alors 0 4u espérais le garder toute la vie 0 F Lisa était muette d'horreur. 7rrité par son silence, Luigi poursuivit & D 77 va payer en un repas un peu du lait ue m'ont co?té ses #i#erons pendant uin8e Gours. Gours. F Elle retrouva sa voi% pour répondre & D 77 était ) moi, tu me l'avais donné.... - Et Ge l'ai repris. Jien n'est ) toi, entends-tu 0 rien pas m(me ta ro#e pas m(me le lit lit o9 tu couches. couches. Jien. F Le visage de l'enfant se ferma. D En tout cas, dit-elle froidement, ne compte pas sur moi pour faire cuire Plume ni pour t'aider ) le manger. F L'homme partit d'un gros rire & D anech s'en chargera * ais comme Ge n'ai pas l'intention de te nourrir ) ne rien faire, tu voudras #ien mettre le couvert, comme d'ha#itude et tu feras la vaisselle comme d'ha#itude. F ;ans un mot, elle rentra. * * *
Le dQner s'achevait. anech parut enfin s'apercevoir du silence de Lisa ui, pendant tout le repas, s'était contentée de passer les plats sans toucher ) rien. D /u'est-ce u'elle a, ta ni!ce 0 demanda-t-il ) Luigi. Elle n'a pas faim 0 > ademoiselle porte le deuil d'un agneau. Nous en avons pour huit Gours ) lui voir voir faire une t(te t(te d'enterrement. d'enterrement. F Lisa uitta la ta#le. D 6pporte 6pporte donc la #outeille de fine F, lui cria-t-il. Puis, ) anech & D Parlons un peu de nos affaires & G'ai vu Paco. 7l accepte $7KU6", N 67
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@e vieilles révoltes, et un espoir ui avait résisté ) tous les o#stacles accumulés par Luigi vinrent gonfler le c "'est vrai. "'est le dernier dernier Gour de classe, tu sais alors on a #avardé, en route. Et puis, il fait chaud & on n'a pas envie de se presser. ais Ge vais me dép(cher, s'empressa-t-elle d'aGouter, soucieuse de ne pas l'irriter, et le dQner sera pr(t ) l'heure. > 4u feras feras #ien & nous avons un invité. > Un invité 0 > anech. > 6lors, 6lors, Ge vais descendre au village, chercher un peu de viande ou uelue uelue chose & il nous reste reste uatre uatre Laisse donc, Ge m'en m'en suis occupé. » Elle pénétra dans la cuisine, pour en ressortir presue aussitMt, le visage décoloré, une assiette ) la main & D /u'est-ce u'il y a dans ce plat, oncle Luigi 0 demanda-t-elle. 21
> 4u le le vois #ien & de la viande * > /uelle viande 0 F 7l se détourna, g(né, hésita, puis finit par répondre & D @u mouton. F Elle regarda l'assiette & D @u (eune mouton * du tr!s Geune.... 9 est Plume, oncle Luigi 0 > Laisse un peu Plume tranuille * cria-t-il avec col!re, et rentre préparer le dQner. dQner. > 9 est Plume 0 répéta-t-elle, répéta-t-elle, en se dirigeant lentement vers la #ergerie. #ergerie. > Eh #ien, oui, c'est Plume, éclata Luigi. Et alors 0 4u espérais le garder toute la vie 0 F Lisa était muette d'horreur. 7rrité par son silence, Luigi poursuivit & D 77 va payer en un repas un peu du lait ue m'ont co?té ses #i#erons pendant uin8e Gours. Gours. F Elle retrouva sa voi% pour répondre & D 77 était ) moi, tu me l'avais donné.... V -4- Et Ge l'ai repris. Jien n'est ) toi, entends-tu 0 rien pas m(me ta ro#e pas m(me le lit o9 tu couches. Jien. F Le visage de l'enfant se ferma. D En tout cas, dit-elle froidement, ne compte pas sur moi pour faire cuire Plume ni pour t'aider ) le manger. F L'homme partit d'un gros rire & D anech s'en chargera * ais comme Ge n'ai pas l'intention de te nourrir ) ne rien faire, tu voudras #ien mettre le couvert, comme d'ha#itude et tu feras la vaisselle comme d'ha#itude. F ;ans un mot, elle rentra. * * *
Le dQner s'achevait. anech parut enfin s'apercevoir du silence de Lisa ui, pendant tout le repas, s'était contentée de passer les plats sans toucher ) rien. D /u'est-ce u'elle a, ta ni!ce 0 demanda-t-il ) Luigi. Elle n'a pas faim 0 > ademoiselle porte le deuil d'un agneau. Nous en avons pour huit Gours ) lui voir voir faire une t(te t(te d'enterrement. d'enterrement. F Lisa uitta la ta#le. D 6pporte 6pporte donc la #outeille de fine F, lui cria-t-il. Puis, ) anech & D Parlons un peu de nos affaires & G'ai vu Paco. 7l accepte
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de nous fournir cent cinuante cartouches de cigarettes américaines par semaine. > Le chien est dressé dressé 0 > Pas encore tout ) fait, mais il commence ) connaQtre le chemin. @'ailleurs, Ge fais un essai cette nuit et.... F 4out ) la conversation, il n'avait pas vu Lisa ui l'écoutait, immo#ile dans l'em#rasure de la porte. D ...et on verra #ien comment il s'en tirera.... F Lisa avan:a vers les deu% hommes. La #outeille de fine trem#lait dans sa main tandis u'elle les servait. Jeposant la #outeille, elle s'assit ) sa place, ne sachant comment intervenir. La mort de Plume venait de l'avertir u'il serait inutile de faire appel au% sentiments du contre#andier, ou de lui rappeler ses promesses. Elle pensa ) l'argument l'argument dont s'était servie l'institutrice, l'institutrice, en désespoir de cause, lorsu'elle avait d? renoncer ) convaincre Luigi du tort u'il causait ) l'enfant en l'emp(chant d'aller en classe 2
réguli!rement & D La loi vous o#lige ) l'envoyer ) l'école Gusu') son certificat d'études. F ...La loi... il ne comprenait ue ces mots-l) parce u'il vivait constamment en marge de la loi.... 7l fallait éveiller en lui la peur du gendarme. D /u'est-ce ue tu feras, lui demanda-t-elle ) #r?le-pourpoint, le Gour o9 les propriétaires de $ivouac viendront te réclamer leur chien 0 > Oe... Ge le leur rendrai, #ien s?r F, répliua-t-il, surpris par le calme de sa ni!ce. 7l s'était attendu ) une nouvelle sc!ne. D $ien s?r, poursuivit-elle, impertur#a#le. ais s'il lui arrivait uelue chose, d'ici l). > 7l n'arrivera rien. rien. > 4u n'en n'en sais rien. > En tout cas, ricana Luigi ui commen:ait ) s'échauffer, s'échauffer, ils ne sont pas pressés de le réclamer, réclamer, leur ca#ot ca#ot * ;i tu veu% mon avis, ils ne tiennent pas ) le reprendre. > Ta n'est pas si s?r. ;uppose u'ils te le redemandent, ue tu ne puisses pas le leur rendre, et u'ils portent plainte.... plainte.... > @ans ce cas, ma petite, G'esp!re ue tu auras asse8 #onne mémoire pour témoigner u'on leur a écrit, écrit, ) ces gens, et u'ils n'ont pas répandu. 4u te rappelles #ien la lettre, hein 0 "'est toi ui l'as écrite. > ;upposons, alors, continua Lisa ) ui le désespoir et la col!re pr(taient une audace inaccoutumée, supposons ue G'aille, moi, remettre le chien ) la police, en e%pliuant tout.... > ;i tu faisais :a, petite miséra#le, Ge... Ge.... » anech se pencha vers Luigi & D N'e%ag!re pas, chuchota-t-il, tu vas tout g=cher. F 77 se tourna vers Lisa & D a petite, tu es comme ton oncle, emportée et touGours pr(te ) parler sans réfléchir. La police * 4out de suite les grands mots * @irait-on pas ue Luigi a voulu le voler, ce chien * ais il est #ien naturel ue, si personne ne le réclame, il le garde et s'en serve. "'est Gustice, non 0 puisu'il le nourrit. 6pr!s tout, il est possi#le ue ces gens se soient compl!tement désintéressés de $ivouac il est possi#le, aussi, ue leur réponse vous parvienne d'ici uelues Gours. @écidons > il cligna de l' par e%emple, ue si d'ici samedi prochain la réponse de Lo8!re n'est pas arrivée, l'oncle Luigi commencera ) mettre $ivouac sur la route du ta#ac. Ousue-l), il se co cont nten ente tera ra de l'em l'emme mene nerr av avec ec lui lui po pour ur pa pass sser er la fron fronti ti!r !ree av avec ec les les troupeau%. Ta te va 0 F Lisa opina de la t(te, incapa#le de prononcer une parole. $7KU6", N 67
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D @e toute fa:on, Ge le perds, pensait-elle mais G'aime mieu% renoncer ) lui et le savoir en sécurité che8 des maQtres ui l'aiment, plutMt ue de trem#ler pour lui toutes les nuits. F Elle se pencha vers le chien ui, l' ... et s'il se faisait prendre, mieu% vaut limiter les dég=ts. F "ette nuit-l), Lisa ne dormit pas. Plus de vingt fois, elle ralluma, vérifiant l'heure au gros réveil de cuisine u'elle était redescendue chercher dans la salle, apr!s le départ de Luigi. D 77 est peut-(tre détraué F, pensa-telle, et secoua l'instrument ui cliueta dans sa main. D "'est vrai ue le temps paraQt deu% fois plus long, uand on attend * F Le sommeil et la fatigue allaient avoir raison de son inuiétude lorsue, vers uatre heures, elle entendit grincer la porte d'entrée. Elle tendit l'oreille & D L'oncle a le pas moins vif ue d'ha#itude F, remarua-t-elle. Puis elle se mit ) guetter le #ruit de galop ui, les nuits d'e%pédition, lui annon:ait ue le chien montait la reGoindre. /uelues minutes s'écoul!rent & rien. En #as, Luigi verrouillait la porte, se versait un verre de vin. Enfin, Lisa l'entendit a#order l'escalier de #ois. Elle Elle se leva leva,, inca incapa pa#l #lee d'at d'atte tendr ndree plus plus long longte temp mps, s, et sort sortit it de sa cham#re au moment o9 le contre#andier atteignait le palier. D Ta n'a pas marché, oncle Luigi 0 demanda-t-elle, remaruant ) la fois la mine lasse de l'homme et la déchirure ui laissait voir la chemise sous la manche de la veste de velours. > Nous sommes tom#és sur trois cara#iniers, ) uatre cents m!tres de che8 Paco. 6 croire u'ils étaient prévenus * grogna-t-il. eureusement ue G'avais l=ché le chien cin minutes plus tMt. "'est comme :a ue G'ai pu leur échapper. O'ai eu tout Guste le temps de plonger dans les #roussailles & regarde ma veste * 7l faudra ue tu me répares :a demain.... > Et $ivouac 0 demanda demanda Lisa d'une voi% #lanche. > 7ls l'ont eu. F
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CHAPITRE III $7KU6" avait
été pris. D Peut-(tre est-il mort, maintenant, sanglotait Lisa, recrouevillée au pied de son lit. Oe n'avais ue lui * et Ge n'ai pas su le défendre contre l'oncle * F Et elle pleurait ) la fois sur le sort du chien et ;ur elle-m(me. Oamais elle ne s'était sentie aussi seule. D 77 y a uin8e Gours, Ge ne le connaissais pas, mais Ge l'aime comme s'il était .né ici.... F Le reste de la nuit fut un cauchemar. cauchemar. Le petit Gour la trouva épuisée de chagrin. D 6utant vaut me lever F, pensa-t-elle tristement. tristement. Elle descendit. La vaisselle du dQner de la veille l'attendait et, pour une fois, elle #énit la perspective des #esognes ménag!res ui occuperaient sa matinée. D Ta m'aidera peut-(tre ) ne pas penser F, se dit-elle. ais, tendis ue les heures passaient, force lui fut de reconnaQtre ue, si ses mains étaient actives, sa mémoire ne l'était pas moins & sans cesse elle revoyait la grosse masse noire #ondissant ) la voi%. D Pauvre $ivouac * F murmurait-elle et elle se remettait ) pleurer. Luigi descendit tard. D 4iens, dit-il, lui tendant sa veste de velours. 4=che de raccommoder :a le plus vite possi#le & G'ai été o#ligé de mettre mon chandail pour auGourd'hui mais G'étouffe G'étouffe l)-dedans & il est trop chaud pour la saison * F ;ans un mot, Lisa prit le v(tement et le suspendit au dossier d'une chaise. D Oe descends che8 anech, aGouta l'homme. Nous avons ) causer. Ne m'attends pas pour déGeuner. F 25
Nous sommes om!"s su# #o$s %&!$'$e#s( ) 2A
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Luigi parti, l'enflant termina au plus vite sa #esogne. L'a#sence de l'oncle allait lui épargner la corvée de préparer un repas u'elle n'aurait pas eu le courage de manger. D Oe vais lui réparer sa veste tout de suite, pensat-elle G'en serai dé#arrassée. F Elle chercha son dé et une aiguille dans la vieille #oQte ) #iscuits ui lui servait de trousse de couture, et s'effor:a d'assortir la nuance du fil ) celle de la veste. Puis elle s'installa pr!s de la ta#le. 4andis u'elle dépliait le v(tement sur ses genou%, son attention fut attirée par le volume anormal d'une des poches. D /u'est-ce ue :a peut #ien (tre 0 F se demanda Lisa et, sans plus réfléchir, y glissa la main. « /uelue vieu% morceau de Gournal F, murmura-t-elle murmura-t-elle en ramenant une #oule de papier froissé. Elle allait la poser pr!s d'elle lorsue, y Getant machinalement machinalement les yeu%, elle reconnut des fragments de sa propre écriture. D Ta, alors, c'est drMle * s'e%clama-t-elle, s'e%clama-t-elle, si l'oncle se met ) collectionner mes vieu% #rouillons de devoirs, maintenant, on aura tout vu * F Et elle se mit ) déplier la feuille. Elle crut soudain ue le souffle allait lui manuer & écrit de sa propre main, sur un papier u'elle reconnaissait maintenant, maintenant, elle venait de lire & Monsieur, Monsieur, Votre chien Bivouac, un berger des Flandres de deu ans environ, s!est r"fugi" cette cette nuit dans notre notre ferme. #e ne com$rends com$rends $as comment.... comment....
Lisa comprenait, elle. Luigi n'avait Gamais envoyé la lettre ui devait avertir les propriétaires de $ivouac de l'endroit o9 se trouvait leur chien il n'avait Gamais eu l'intention de le rendre. D Et moi, pauvre sotte, ui priais pour u'arrivé au plus vite la réponse des fermiers * moi ui guettais le facteur, facteur, tous les matins, au risue d'(tre en retard ) l'école * Oe pouvais #ien attendre.... attendre.... F Et il avait eu #eau Geu de promettre, l'oncle. 7l sem#lait ) Lisa ue tout ce ui, Gusu'ici, lui avait donné un sem#lant de sécurité s'écroulait. L'oncle Luigi pourrait #ien (tre cent fois son oncle et l'avoir élevée pendant mille ans & il l'avait trompée. La découverte de son mensonge faisait ce ue la perte de $ivouac n'avait pas accompli & elle faisait de lui, pour l'enfant, un étranger. D Et c'est touGours la m(me chose * pensa-t-elle, découragée tout arrive touGours trop tard. "ette lettre, si Ge l'avais trouvée vingt-uatre heures plus tMt seulement, Ge me serais méfiée, G'aurais essayé de faire disparaQtre $ivouac * mais maintenant le mal est fait.... F Elle sursauta & elle avait cru entendre un a#oiement plaintif au% a#ords de la D venta F & D Oe deviens folle, murmura-t-elle. n voit ue Ge n'ai pas dormi & G'entends des voi%.... F
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un nou nouvel vel a#o a#oie iemen ment,t, plus plus proche proche cette cette fois, fois, l'inte l'interro rrompi mpit.t. Elle Elle se précipita au-dehors. au-dehors. D $ivouac * F s'écria-t-elle. s'écria-t-elle. ;ortant des #roussailles ui environnaient la ferme, le chien dé#ouchait sur le sentier ) son cou pendait un morceau de gros grossse co corrde de son sou oufffle cou ourrt sou oullev evaait ses flanc lancss, et il traQn raQnaait lamenta#lement lamenta#lement la patte. 6 la vue de Lisa, il tenta un effort pour s'élancer vers elle, mais déG) elle était ) cMté de lui. D "'est un miracle, $ivouac. Oe n'espérais plus te revoir, murmura-t-elle en serrant contre elle l'énorme t(te. 4u leur as échappé 0 F Elle se mit ) l'e%aminer & D 4u as l'air de mourir de soif* et tu dois avoir faim, aussi. Le déGeuner de l'oncle Luigi va servir ) uelue chose. Kiens F, aGouta-t-elle en se relevant pour se diriger vers la maison. Le chien la suivit péni#lement. D ais tu #oites * F Elle e%amina ses pattes, et trouva, plantée dans une des pelotes sensi#les, une énorme épine. D Pauvre $ivouac, murmura-t-elle, émue, et tu es revenu uand m(me * Oe vais t'enlever t'enlever :a tout de suite. F 77 lui fallut uelues minutes pour dé#arrasser de l'épine la patte #lessée du chien ui gémissait ) petits coups. D 6 ta#le, maintenant, lui dit-elle uand elle eut terminé. n dirait ue tu te sens déG) mieu%. F Elle Elle remp rempli litt un unee assi assiet ette te de tout tout ce u u'e 'ell llee pu putt trou trouve verr de plus plus appétissant dans la réserve, et $ivouac n'attendit pas une deu%i!me invitation pour commencer commencer son repas. D /u /uee fair faire, e, main mainte tena nant nt 0 se de dema mand ndai aitt Lisa Lisa.. $ivo $ivoua uacc reve revenu nu,, il retom#e entre les mains de l'oncle et cette fois, Ge n'ai plus l'illusion u'une lettre de Lo8!re viendra #ientMt viendra #ientMt l'en tirer.... F Elle réfléchit & D /ue ce soit en Lo8!re ou ailleurs, il faut ue $ivouac s'en aille. ais o9 0 et comment0F comment0 F
La menace u'elle avait faite la veille ) son oncle lui revint & si elle prévenait la police et remettait le chien au% gendarmes 0 7mmédiatement, 7mmédiatement, la fai#lesse de son proGet lui apparut & D En supposant u'on veuille #ien croire ) mon histoire, réfléchit-elle, ) ui la police rendra-t-elle $ivouac 0 $ivouac ui n'a plus de collier, plus d'adresse.... F Elle chercha dans sa mémoire, pour la centi!me fois depuis dou8e Gours, le nom du village, le nom de la ferme & rien rien.. D Pr!s Pr!s ende ende,, Lo8!r Lo8!re. e....... F & c'était tout ce ui restait de la plaue entrevue, l'espace d'un instant, deu% semaines plus tMt. L'oncle Luigi avait #ien travaillé. travaillé. Elle appuya sur le chien un regard pensif. D 6pr!s tout, lui dit-elle, tu n'as pas #esoin ue lés gendarmes te raccompagnent che8 toi & tu es peut-(tre asse8 grand pour rentrer tout seul 0 F Une idée commen:ait ) se faire Gour dans son esprit & D... ;upposons ue Ge demande ) Kictor, Kictor, l'employé de la gare d'7still d'7stillar, ar, de confier confier $ivouac au chef du train de 4oulouse ui passe ) di% heures.... Koyons un peu, Gusu'o9 va-t-il ce train 0... F Elle feuilleta son atlas et trouva la carte des chemins de fer. D... Ousu') Jode8 sans changement. Et de Jo Jode de88 ) end ende, e, la dist distan ance ce n'es n'estt pa pass én énor orm me. Pas Pas po pour ur $ivo $ivoua uac. c. L'essentiel, c'est u'on ne le laisse pas échapper avant. Une fois ) Jode8, il trouvera plus facile de partir dans la direction de ende ue de revenir ici. N'est-ce pas, $ivouac 0 F Elle tourna vers le chien un regard triste & D Oe ne t'ai retrouvé ue pour te perdre aussitMt.... F Elle se secoua & il fallait agir vite d'une minute ) l'autre, Luigi pouvait rentrer et, ) la vue du chien, se remettre ) échafauder des proGet proGetss dan danger gereu% eu%.. Et il dev devien iendra drait it plus plus diffi difficil cile, e, alors, alors, d'o d'org rgani aniser ser l'évasion de l'animal et d'e%pliuer sa disparition. 4andis ue, pour l'instant, $ivouac n'avait pas d'e%istence officielle. 7l fallait en profiter. profiter.
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$ivouac, son repas terminé, était venu s'asseoir pr!s de l'enfant et guettait son premier geste. D 4u as déG) retrouvé ta #onne mine, lui dit-elle ne perdons pas une minute. minute. F 77 était huit heures et demie. « Une heure pour arriver ) la gare, calculat-elle :a me laisse tout Guste asse8 de temps pour e%pliuer ) Kictor ce ue G'attends de lui & il est #on gar:on, Kictor, Kictor, mais plutMt timide, et pas tr!s intelligent & il me faudra un moment pour le convaincre * F ;oud ;oudai ain, n, elle elle se frap frappa pa le fron frontt & « La distri#ution des pri% * F Les événements ui s'étaient accumulés depuis la veille la lui avaient fait ou#lier. D Les rues du village vont (tre pleines de monde * pensa-t-elle. 7l vaut mieu% ue Ge m'ha#ille, sinon Ge vais me faire remaruer, et les gens risuent de poser des uestions.... uestions.... F Elle monta rapidement dans sa cham#re et échangea son vieu% ta#lier contre la ro#e de cotonnade #leue ui lui servait dans les grandes occasions. Puis, devant le miroir minuscule accroché au mur, elle se mit en devoir de refaire ses nattes & le visage rosé et #run, les grands yeu% #leus u'elle voyait en face d'elle, e%primaient un mélange de désespoir et de détermination. D Oe n'ai pas ma t(te de tous les Gours F, murmura-t-elle, puis ell: se détourna et redescendit. D Nous sommes pr(ts, $ivouac F, annon:a-t-elle. Et ils uitt!rent la maison. * * *
Lia route, Gusu'au village, lui parut longue. 6 chaue tournant, Lisa s'attendait ) voir Luigi surgir de derri!re les #ouuets de ch(nes verts ui #ordaient le sentier, et son c
Elle fouilla dans un carton et en retira plusieurs coupes de ru#ans de largeurs et de nuances diverses. D Leuel préf!res-tu 0 demanda-t-elle ) l'enfant, > Le vert, répondit Lisa, au hasard. > 4u as du Gugement, repartit la merci!re. Une soie #ien solide et #on teint. 4iens, prends & il y en a trois m!tres.... F Lisa #redouilla ses remerciements et fila. D 4rois m!tres de ru#an vert, marmonna-t-elle un peu plus loin. Pouruoi ai-Ge choisi le vert 0 O'ai cette couleur en horreur * F Elle leva les yeu% & de l'autre cMté de la place, l'horloge de l'église disait di% heures moins vingt. D Plus vite, $ivouac * F murmura-t-elle elle #aissa les yeu% vers le chien. ;on regard s'arr(ta ) mi-chemin et son c
voyant Lisa dé#oucher, ) #out de souffle, sur le uai de la gare. D 4u prends le train train 0 aGouta-t-il aGouta-t-il sur un ton plaisant. plaisant.
> Pas moi, haleta Lisa.... Lisa.... ais ilil faut ue Ge t'e%pliue, t'e%pliue, Kictor Kictor & c'est c'est le chien.... > 7l veut un #illet #illet pour 4oulouse 4oulouse 0 F Lisa se contint. D Ecoute-moi #ien, Kictor, dit-elle au Geune homme. Oe vais essayer de t'e%pliuer & mon oncle en a asse8 de ce chien ue nous avons.., u'on nous a confié il dit u'il mange trop, u'il encom#re.... > 4iens, 4iens, vous ave8 un un chien, maintenant maintenant 0 F « 4ouGours en retard de deu% mesures, le pauvre gar:on, pensa Lisa. "'est e%aspérant * F D Non, poursuivit-elle. n l'avait mais on ne l'a plus & on veut le rendre. 4u saisis 0 L'oncle n'en veut plus. 6lors G'ai pensé u'il valait mieu% le renvoyer che8 ses propriétaires. > @'o9 u'ils sont, sont, ces gens 0 > @e Jode8. ;i tu voulais confier $ivouac au chef du train de 4oulouse, 4oulouse, tout ) l'heure 0 7l pourrait l'enfermer dans un fourgon et le l=cher ) Jode8 & l), le chien se dé#rouillera tout seul. » Kictor était pensif. D "'est facile, n'est-ce pas 0 F hasarda Lisa ui trem#lait un peu. D Ta n'a pas l'air si facile ue :a, pensa-t-elle et moins encore pour Kictor ue pour n'importe ui. F D Ta peut se faire, finit par dire le Geune homme, lentement. Ta a l'air drMle, mais :a peut se faire * Et tu dis ue ton oncle, il est au courant 0 F Lisa se sentit rougir. D Pas tout ) fait, mentit-elle. 4out ce u'il veut, c'est u'on le dé#arrasse du chien & « Et ue Ge n'en entende plus parler F voil) ce u'il m'a dit ce matin. @is, Kictor, ne lui en parle pas & G'aurais une histoire. > $ien s?r ue G'irai pas lui en toucher un mot, puisu'y veut veut pas, cet homme * F Lisa reprit espoir & D 6lors, c'est entendu 0 > "'est entendu F, F, fit l'autre. L'enfant eut un élan de gratitude gratitude & « 4u es gentil, Kictorl* > Rentil, oui. Et pas curieu% F, aGouta l'employé avec un sourire #ienveillant. #ienveillant. Le long sifflement d'une locomotive ui approchait l'interrompit. D+ile au #out du uai, dit Kictor ) l'enfant voil) le
Une charrette lui fournit l'abri u'elle cherchait! 3
train ui entre en gare. Et emm!ne ton chien & Ge vais arranger :a. F Le chef de train s'était laissé convaincre sans trop de mal, sem#lait-il & Kictor revenait, l'air satisfait, vers Lisa et $ivouac. 7l fit glisser la porte d'un fourgon. D @ép(che-toi de le faire sauter l)-dedans, dit-il ) l'enfant & le train repart dans deu% minutes. F Lisa s'affola. D Oe n'ai m(me pas le temps de lui dire adieu F, pensa-telle, désolée. D ;aute, $ivouac F, dit-elle au chien, en lui désignant la porte du fourgon. ais le chien sem#lait résolu ) ne pas entrer seul dans ce véhicule inconnu dont l'arrivée #ruyante l'avait rempli d'une terreur dont il trem#lait encore. D 7l ne voudra Gamais * F gémit Lisa. ;oudain, elle eut une idée & elle grimpa tant #ien ue mal dans d ans le Xagon et appela & D $ivouac * F Le chien la regarda uelues secondes, avec l'air d'e%aminer la uestion & donc, c'était un Geu * il n'avait plus peur et la reGoignit d'un #ond. @éG) la locomotive se remettait ) haleter. Lisa serra contre elle la grosse t(te noire et déposa un #aiser sur le museau du chien. D 6dieu * lui ditelle, Ge ne t'ou#lierai Gamais. F Puis elle sauta sur le uai et Kictor, Kictor, ui guettait le moment propice, repoussa d'un coup sec la porte ) glissi!re. Le train s'é#ranlait & D O'ai trompé $ivouac, pensa Lisa Ge ne vau% pas mieu% ue l'oncle Luigi. F
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CHAPITRE IV "'Y4674 un
Geu & le train prenait de la vitesse, et les vi#rations du four fourgo gonn o9 #rin #ringu gue# e#al alai aien entt écro écrous us mal mal aGus aGusté téss et plan planch ches es disG disGoi oint ntes es,, devenaient rapidement inconforta#les. ais c'était un Geu, et $ivouac attendit patiemment, assis assis pr!s de la la porte u'on avait refermée sur lui. $ientMt le temps lui parut long. 6llongé sur le plancher du fourgon, il se mit ) gratter de ses ongles, un peu au hasard, le #as de la porte. ais sans résultat. Le train maintenant filait ) grande allure, #r?lait uelues petites gares sans importance, et saluait d'un coup de sifflet strident chaue passage ) niveau. Une peur nouvelle se glissa dans le c
A
6u #out d'un temps indéfini, une secousse #rutale le réveilla & le train s'arr(tait. $ivouac tendit l'oreille & de l'e%térieur lui parvenaient des cris, des appels, et il tenta vainement de donner un sens ) cette confusion. 7l distingua #ientMt le #ruit de pas ui se rapprochaient du fourgon & allait-on lui rendre la li#erté 0 7l poussa un a#oiement #ref, puis un second. Les pas s'arr(t!rent. D /u'est-ce u'il y a, dans ce fourgon 0 demanda une voi% d'homme. > Un chien u'on doit livrer ) Jode8, répliua une autre voi%. Une #elle #(te.... #(te.... > n peut voir 0 reprit le premier. premier. > ;i tu veu% F, répondit répondit le chef de train et il tira la porte ) glissi!re. 6u #ruit de la porte, $ivouac s'était mis sur ses pattes. Un coup d' 4'en fais pas, coupa le chef de train. "'était un passager clandestin, pour ainsi dire. dire. n n'aura pas d'histoire. F
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B BB ;i $ivouac avait pu lire, il aurait su ue la plaue de la gare disait ;aint-Oean-Pied-de-Port, ;aint-Oean-Pied-de-Port, et u'il se trouvait ) plus de soi%ante ilom!tres de la D venta F de Luigi. @ans son ignorance, il se contenta de filer ) travers la foule ui encom#rait le uai. 7l contourna adroitement uelues piles de #agages, évita avec avec soin les portes ouvertes ouvertes dont on ne sait sait o9 elles m!nent et, sautant par-dessus une #arri!re, se retrouva sur la place de la gare. 6rrivé l), il s'arr(ta & il ne convenait ni de se faire reprendre, ni de partir dans la mauvaise direction. 7l regarda autour de lui & uelues maisons, un café-rest café-restauran aurant,t, la #outiue d'un marchand marchand de fruits fruits tout cela, cela, plein plein de gens ui allaient et venaient. 6visant ) uelues pas de l) un petit Gardin pu#lic, il s'y rendit d'un pas déli#éré. Les massifs étaient hauts et épais $ivouac se #lottit entre deu% fusains et ramena sous lui sa ueue tronuée ui risuait de trahir sa présence. Puis il se mit ) guetter le moment propice. L'attente lui parut longue. 7l put o#server ) loisir les allées et venues des promeneurs, les Geu% des enfants, le garde du Gardin faisant sa ronde. Enfin midi arriva promeneurs et enfants s'éloign!rent par petits groupes et le garde, tirant de sa poche un pauet de tartines épaisses, alla s'installer sur un #anc pour y savourer savourer son déGeuner. déGeuner. $ivouac, de son taillis, ne perdait pas un geste de l'homme. "elui-ci, ) l'ai l'aide de d'un d'un co cout utea eauu de po poch che, e, co coup upai aitt méti méticu cule leus usem emen entt ses ses tart tartin ines es en #ouchées compactes u'il avalait avalait d'un air concentré. D /uand il aura mangé, il faudra #ien u'il aille #oire F, o#serva le chien ui aurait #ien voulu en faire autant. ;on attente ne fut pas dé:ue & le dernier sandXich avalé, le garde replia lentement son couteau avant de le remettre dans sa poche, alla Geter dans une cor#eille ) papiers l'em#allage graisseu% de son repas, et partit vers le petit café ui faisait face ) la gare. Lorsu'il eut disparu dans le café, $ivouac émergea de son #osuet, étira ses mem#res engourdis et s'é#roua. 7l avait soif il avait faim, aussi. La petite pi!ce d'eau d'eau dont s'ornait le centre centre du Gardin lui permit de se désaltérer désaltérer.. 7l mangerait plus tard s'il pouvait. Pour l'instant, l'essentiel, c'était de partir. partir. L'instinct lui fit reGoindre la voie ferrée u'il se mit ) longer dans la direction d'o9 était venu le train de 4oulouse. $ivouac ne réfléchissait pas & il se contentait de humer la petite #rise de
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midi, de dresser ses oreilles, et la conclusion s'imposait d'elle-m(me. 7l marc marcha ha long longte temp mps, s, se terr terran antt pa parf rfoi oiss en en ente tend ndan antt siff siffle lerr un unee locomotive, faisant un détour ) chaue passage ) niveau dont la maison recelait un risue. Enfin, il s'arr(ta, sa faim devenait insupporta#le & le repas ue Lisa lui avait servi le matin m(me n'avait servi u') le remettre des fatigues d'une nuit difficile et il avait, de nouveau, devant lui une longue route ) parcourir. 7l couvrit du regard le paysage ui l'environnait & des her#ages ) flanc de montagne, de la lu8erne. @onc des lapins, ou des li!vres. "hien de #erger, $ivouac n'aimait pas chasser. 7l lui fallait pourtant s'y résoudre résoudre il domina domina sa répugnance répugnance et, en uelues uelues minutes, réussit réussit sans trop de peines ) capturer un lapereau imprudent. ;on repas lui rendit des forces une sensation de #ien-(tre l'envahit. 6llongé dans l'her#e humide, il fut tante de céder au sommeil. ais son instinct prudent veillait et l'avertit ue, s'il voulait parvenir au #ut, la rapidité serait son meilleur atout. Encore las, il se releva et reGoignit la voie ferrée. * * *
Le Gour #aissait. 6ssise pr!s de la fen(tre, Lisa réparait en silence la veste négligée le matin. Luigi posa sur la ta#le le fusil dont il four#issait le canon. D Pas moyen de faire partir cette tache * F ronchonna-t-il et il alla prendre sur la cheminée une #urette d'huile dont il versa uelues gouttes sur un chiffon de laine. Jevenant ) la ta#le, il remarua les yeu% rougis de sa ni!ce. D 6rr(te donc un peu de pleurer * gronda-t-il. Ta devient lugu#re, ici * Un Gour, c'est pour un agneau le lendemain, c'est pour un chien & tu gémis tout le temps, ma parole * F ;ans répondre, Lisa #aissa la t(te un peu plus sur son ouvrage. Elle pleurait, oui. ais pouvait-elle avouer ) son oncle ue c'était du chagrin d'avoir perdu deu% fois le chien u'elle aimait 0 Un #ruit de pas lui fit lever les yeu% & deu% hommes en uniforme apparaissaient sur le sentier & D ncle Luigi, chuchota-t-elle, sans uitter les deu% hommes du regard, les douaniers.... F Japidement, Luigi accrocha ) un gros clou l'arme u'il tenait,
puis s'avan:a vers vers la porte. Les douaniers étaient étaient déG) sur le seuil. seuil.
D "'est #ien la D ventaF de Luigi0... demanda le plus =gé ui était aussi le plus galonné. > Oe suis Luigi F, répliua le contre#andier ui, si la visite lui était désagréa#le, n'en laissa rien voir. D Nous cherchons un chien un grand #ouvier noir ui nous a échappé la nuit derni!re, poursuivit le douanier. douanier. > Un grand #ouvier noir 0 "onnais pas, affirma Luigi, un peu rassuré. > n l'a pourtant aper:u ce matin dans ces parages, insista le plus Geune. > Oe n'ai pas de chien chien F, répliua le le contre#andier d'une d'une voi% ferme. D L'oncle a du cran, remarua Lisa. @isons aussi u'il a de la chance. ;i Ge n'avais pas éloigné $ivouac d!s ce matin, les douaniers trouvaient la pie au nid. Et l'oncle était pris du m(me coup. F Pourt Pourtant ant les hommes hommes en unifor uniforme me ne sem#la sem#laien ientt pas dispo disposés sés ' se laisser convaincre. D "'est tout de m(me #i8arre * reprenait le plus =gé. O'ai le sentiment ue vous le connaisse8, ce chien.... > ;i c'est un sentiment ue vous ave8, on peut en discuter un peu, rétorua Luigi. 6sseye8-vous 6sseye8-vous donc, et nous #oirons uelue chose en causant. n a tout le temps. F 77 partit chercher la #outeille de fine. Les deu% hommes s'interrog!rent du regard puis, avec un haussement d'épaules, s'install!rent pr!s de la ta#le. ta#le. Luigi revenait revenait avec la #outeille. #outeille. « Ta menace d'(tre long F, pensa Lisa. Elle s'appr(tait ) reprendre son ouvrage lorsue, par la fen(tre, son regard fut attiré par un mouvement insolite des foug!res ui poussaient en touffes serrées au #as de la cMte menant ) la maison. @ans le m(me instant, les tiges s'écart!rent, et la grosse t(te noire de $ivouac en émergea. L'espace de uelues secondes, l'enfant se sentit clouée sur place. D 6u premier mouvement de ma part, il va se mettre ) a#oyer F, se dit-elle, sans se demander comment le chien ui, ) la m(me heure aurait d? rouler vers Jode8, se trouvait de retour dans le crépuscule du col de la Li8arietta. Elle Geta un coup d'
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* Oncle Lui"i# chuchota$t$elle# le% &ouanier%!!!! ) $7KU6", N 67 2
c'est la fin de la douane si on le laisse courir. Nous #attrons toute la région, s'il le faut, mais nous le retrouverons. F Lisa se leva. @e son air le plus naturel, mais le c
ne songeraient pas ) uitter la D venta F avant une heure au moins. Lisa traversa la salle, cueillit au passage le #issac de Luigi, pendu au dossier d'une chaise, et se glissa dans la réserve au% provisions. Elle fit main #asse sur un fromage de ch!vre et le glissa dans une poche du #issac, en m(me temps u'un pain de deu% livres. Elle y aGouta le gigot cuit le matin m(me et destiné au dQner. D 77 me faut un couteau F, pensa-t-elle, en trouva un dans la deu%i!me sacoche du #issac, ainsi u'une lampe de poc ochhe dont, nt, immédiatement, elle vérifia la pile. D 4rois pommes * F annon:a-t-elle ) voi% #asse, en pla:ant p la:ant les fruits dans le sac. D "e pauet de petits-#eurre.... Et une #oQte d'allumettes. aintenant, il faut aller chercher l'argent.... F La difficulté difficulté était de sortir de la réserve avec ce #issac #oursouflé ui tirait l' La vitre de la lucarne, e%pliua l'enfant ui ressortait apr!s avoir lancé le #issac par l'ouverture. > 4'es #ien maladroite F, remarua l'oncle, revenant aussitMt ) ses hMtes. Lisa en profita pour uitter la salle, et monta d'un trait GusuS) sa cham#re. La vieille Gupe rouge et la chemisette de percale #leue dont elle était rev(tue lui parurent convenir parfaitement ) son éuipée. Elle y aGouta son pull-over gris u'elle enfila ) toute allure. Puis elle vérifia le contenu de ses poches & un u n grand mouchoir, un crayon ) #ille, un morceau de sucre > et les trois m!tres de ru#an vert offerts par la merci!re. D 4out cela peut servir, réfléchit-elle, mais il y manue l'essentiel F et, tirant de son carta#le son grand atlas, elle déchira la carte du sud-ouest de la +rance. D /ue Ge sache o9 Ge vais, au moins * » pensa-t-elle. Pliant la carte en huitZ elle la glissa dans sa poche, en m(me temps u'un peigne. D L'argent, maintenant.... F ;a #ou #ourse rse con conte tenai naitt toute toutess ses économ économies ies de l'anné l'année, e, pén péni#l i#lem ement ent accumulées au pri% de corvées sans nom#re, dans l'espoir d'atteindre un Gour la somme ui lui permettrait de s'offrir une #icyclette. Elle r(va un instant & D "'es "'estt main mainte tena nant nt u u'e 'ell llee me sera serait it util utile, e, ma #icy #icycl clet ette te * » Puis compta& en tout, deu% mille uatre cent trente sept francs. "ertes pas asse8
pour un vélo, m(me d'occasion mais de uoi envisager, envisager, sans trop d'angoisse, les Gours ) venir. Elle enfon:a son porte-monnaie dans sa poche, Geta un coup d'
en se cotisant ) l'occasion de sa premi!re communion, ses camarades de classe. D Une montre, :a doit pouvoir servir ) #ien des choses, réfléchitelle m(me ) manger, s'il le faut. F Le petit miroir pendu au mur lui renvoya son image & le pull-over enfilé ) la dia#le n'avait pas amélioré l'état de sa coiffure. Lisa envisagea une seconde la possi#ilité de se recoiffer, mais se ravisa. Elle plongea la main dans le tiroir de la commode resté entrouvert, et en ramena une paire de gran grands ds cise ciseau au%. %. En de deu% u% co coups ups secs secs,, elle elle tran tranch chaa les les na natt ttes es #run #runes es u uii encadraient son visage, puis, passant ses doigts dans les #oucles noires ui, déG), se formaient autour de sa t(te, elle mesura du regard la distance ui séparait le re#ord de la fen(tre du toit de la #ergerie en contre#as. 3
D Ta n'est pas impossi#le F, murmura-t-elle. murmura-t-elle. Et, Getant d'un geste de défi les deu% nattes noires sur la ta#le, elle enGam#a l'appui.de la fen(tre.
EU(IEME PARTIE PARTIE 5
CHAPITRE V UNE grosse
lune ronde illuminait le col des 4rois-+on-aines dans le creu% des roches dures, la voi% fraQche d'un ruisseau anonyme conviait ) un #ain nocturne les Geunes grenouilles de l'été, u'on entendait plonger les unes apr!s les autres. Lisa s'arr(ta au #ord de l'eau et déposa entre deu% rochers, dans le tr!fle épais de la rive', la #esace dont la courroie lui sciait l'épaule. $ivouac profita de la halte pour aller #oire. D Passer la nuit ici * F soupira l'enfant en s'asseyant dans l'her#e. Elle en était #ien tentée & poussée sans cesse par la crainte d'(tre poursuivie ou découverte, elle avait marché sans rel=che depuis son départ de la D venta F, évit év itan antt 7sti 7still llar ar,, empr emprunt untan antt un unee rout routee en enca cais issé séee do dont nt les les lace lacets ts serr serrés és descendaient en pente rapide Gusu'au% Rrottes des +ées. Pas une fois elle n'avait osé s'arr(ter & elle connaissait trop de gens dans la région et risuait ) chaue pas -une rencontre ui pouvait compromettre le succ!s de sa fuite. Ousu') la nuit, elle avait donc continué ) dévaler les pentes raides, coupant parfois ) travers la montagne par d'étroites sentes rocailleuses ui n'avaient pas de secret pour pour la petite Pyrénéenne. Pyrénéenne. Et maintenant, apr!s plusieurs heures de marche, elle se trouvait avec $ivouac $ivouac ) la limite d'un domaine domaine familier familier et souvent parcouru. La remontée remontée ui l'avait conduite au col des 4rois-+ontaines maruait le commencement d'une autre autre étape étape et allait la faire accéder ) une région totalement inconnue o9 son instinct de montagnarde ne suffirait plus ) la guider. D "'est maintenant ue commence l'aventure F, pensa Lisa. 6vec un frisson involontaire, elle se retourna et chercha du regard le village d'7stillar en vain. ais l)-haut, tr!s loin, entre le pic d'7#antelly et celui de ;ay#erry, on pouvait apercevoir l'entaille profonde du col de Li8arietta o9 traQnait une écharpe de #rume. L'enfant tenta de se ressaisir. « 77 ne s'agit pas de savoir d'o9 Ge viens, raisonna-t-elle, mais o9 Ge vais. F Et, tirant de sa poche la carte du ;ud-uest de la +rance u'elle avait arrachée ) son atlas au moment de partir, partir, elle l'étala l'étala sur l'her#e. l'her#e. Le clair de lune ui ciselait avec précision le moindre caillou, la plus petite feuille de tr!fle, devenait un moyen d'éclairage #ien précaire lorsu'il s'agissait de lire une carte. La fillette sortit sa lampe électriue et, pendant uelues instants, s'a#sor#a dans l'étude des taches #runes ui prétendaient représenter les hauteurs, des plaues vertes ui figuraient les plaines. D um * fit-elle d'un air perple%e en éteignant, tout cela n'est gu!re précis. F "ependant, elle n'avait pas perdu son. temps & l'e%amen de la carte lui avait appris ue sa fuite ne pouvait s'effectuer s'effectuer ue dans une seule direction A
& l'oue l'ouest st.. 6 l'es l'est, t, en effe effet, t, le mass massif if se prés présen enta tait it co comm mmee un unee mura murail ille le compacte au% vallées rares, a#ruptes et espacées. D Oe risue de mettre des Gours et des Gours Gours ) atteindre atteindre une gare, pensa Lisa. 4andis 4andis u') l'ouest.... l'ouest.... F 6 l'ouest, les vallées largement ouvertes sillonnaient généreusement la montagne c'étaient des routes toutes tracées ui descendaient des sommets vers 6scain, ;aint-Oean-de-Lu8, $ayonne.... D 6llons ) ;aint-Oean-de-Lu8, se dit Lisa. Personne ne pensera ) venir nous y chercher. L), nous n'aurons plus u') prendre le train pour ende et ) end ende, e, ) forc forcee de po pose serr de dess u ues esti tions ons,, G'ar G'arri rive vera raii #ien #ien ) retr retrou ouve verr les les propriétaires propriétaires de $ivouac. F La chose ne serait pas si simple, Lisa s'en doutait #ien & ses deu% mille uatre cents francs suffiraient-ils ) l'achat d'un #illet de chemin de fer [m(me de troisi!me classe *W ui lui permettrait de traverser la +rance dans les deu% tiers de sa largeur 0 D @emain matin, il faudra ue Ge revoie cette carte en plein Gour, décida l'enfant. Oe ne sais m(me pas com#ien il y a de ilom!tres entre ;aint-Oeande-Lu8 et ende * F Et il faudrait, surtout, atteindre ;aint-Oean-de-Lu8 sans se faire repérer sans se perdre, non plus. Le mieu% serait encore de rester sous #ois le plus longtemps possi#le, et de n'avancer ensuite u'avec prudence. Lisa se leva. 7l était un peu plus de deu% heures du matin, et elle tenait ) profiter du reste de la nuit pour mettre des ilom!tres entre elle et l'oncle Luigi. Elle appela & D $ivouac * F, et sursauta & dans le silence de la montagne, montagne, sa voi% résonnait résonnait de fa:on surprenant surprenante. e. D @e uoi alerter alerter toute la population du pays F, ronchonna-t-elle, ronchonna-t-elle, furieuse de son imprudence. ais l'appel avait été efficace & s'étirant paresseusement, le #ouvier uitta le #ord du ruisseau o9 il s'était allongé, et vint appuyer sa t(te contre la fillette. "elleci ramassa la #esace le poids du sac lui rappela u'elle n'avait rien mangé depuis plusieurs heures. D /uelues petits-#eurre feront l'affaire F, décida- telle. Elle sortit le pauet de #iscuits, en offrit un ) $ivouac, puis se servit. "'était #on, cela donnait envie de s'endormir au chaud en grignotant le #iscuit sucré et crouant.... 7l fallait uand m(me repartir. Lisa ouvrit la marche et uittant le col des 4rois-+ontaines, elle s'engagea dans la descente avec $ivouac. B BB Lisa essuya son front empourpré o9 perlaient de grosses gouttes de sueur. D Oe n'en peu% plus * murmura-t-elle. Et touGours pas d'eau * F ;ans H
ralentir son allure, elle plongea sa main dans son sac et en retira une pomme. D L'avant-derni!re F, constata-t-elle machinalement, et elle mordit dans le fruit. $ivouac, ) cMté d'elle, allait de son trot régulier fatigué aussi, sans doute, mais déterminé ) ne pas s'arr(ter le premier. "ontrairement ) ses plans, l'enfant avait d? reGoindre la grand-route d!s le petit Gour. Passé Passé le point de rep!re du col de ;aint-7gnace, elle s'était mise ) errer dans un vallon #oisé dont les ar#res et les sentiers se ressem#laient tous, dans l'o#scurité totale ui avait succédé au coucher de la lune. 6 plusieurs reprises, elle avait eu l'impression de tourner en rond, de revenir sur ses pas.... +inalement, compl!tement désorientée, elle avait d? se résigner ) chercher la route départementale la plus proche l'aurore commen:ait ) poindre lorsue les deu% fugitifs fugitifs s'étaient s'étaient engagés sur la route d'6scain. d'6scain. 6 la la vue des #ornes #ornes ilométriues, Lisa avait poussé un soupir de soulagement mais elle n'avait pas tardé ) déchanter & peu ) peu, les ar#res ui #ordaient la route s'étaient espacés la montagne, progressivement, avait fait place ) un large fond de vallée envahi de vigno#les et, au milieu de la matinée, les deu% fugitifs s'étaient trouvés en terrain découvert, sur ce long ru#an poudreu% u'encadrait un paysage dénudé, rongé de soleil. @epuis ce moment, l'angoisse s'était aGoutée ) la chaleur et ) la fatigue. Lisa s'avan:ait plus u'en se retournant tous les
cent m!tres, dans la crainte de voir surgir un promeneur ou une voiture& savait-elle si son signalement et celui de $ivouac n'avaient pas, déG), été transmis au% diverses gendarmeries du ;ud-uest de la +rance 0 I
La peur d'(tre reconnue et ramenée che8 elle lui avait d'a#ord donné des ailes. ais maintenant, elle n'en pouvait plus de cette marche en plein soleil elle n'en pouvait plus de se sentir comme une ci#le trop cr?ment découpée sur un hori8on trop plat. ;on c
L'enfant sortit soudain de sa torpeur et #ondit sur ses pieds & du tournant, ) uelue deu% cents m!tres, venaient de surgir deu% hommes en uniforme ui poussaient lentement leurs #icyclettes sous le soleil. D @es gendarmes * F murmura Lisa ui sentait son c Pas ) moi ) ma tante F, répondit Lisa ui nota mentalement & « Un premier mensonge.... mensonge.... F Elle poursuivit & D Elle nous l'avait confié pour uelues Gours, et Ge vais le lui rendre. > @'o9 elle est, ta tante 0 F demanda l'autre. Lisa Lisa hé hési sita ta impe imperc rcep epti ti#l #lem emen ent, t, le temp tempss d'in d'inve vent nter er un seco second nd mensonge& D @'6mots, s'entendit-elle répondre.
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> ais c'est loin * F s'e%clama le premier tandis ue l'enfant pensait & « O'ai gaffé uand m(me. F "ependant, l'homme poursuivait & « 4u n'y vas pas ) pied, G'esp!re, ) 6mots 6mots 0 F E%aspérée par sa propre maladresse, Lisa adopta un ton sec & D Et m(me, Ge n'y vais pas du tout. Oe vous ai dit ue ma tante était d'6mots, Ge ne vous ai pas dit u'elle s'y trouvait en ce moment. F D Et maintenant, pensa l'enfant désespérée, u'ils ne s'avisent pas de me demander o9 Ge vais la reGoindre, cette tante & Ge ne saurais plus uoi inventer plus Ge parle, parle, plus Ge m'enferre. m'enferre. » D 4u es #ien rouge F, remarua le second gendarme ui n'avait gu!re pris part ) la conversation, Gusue-l), mais ui n'avait pas uitté l'enfant du regard. \al ) l'aise, l'enfant se sentit rougir davantage encore. D "'est le soleil, répondit-elle d'un ton plus aima#le. Kous n'ave8 pas chaud, vous 0 > Un peu, oui * s'e%clama le premier en s'épongeant le front. Et si tu veu% mon avis, tu ferais #ien d'aller te reposer ) l'om#re, avec ton chien. ;inon, c'est l'insolation ui vous guette, tous les deu%. > "'est ce ue Ge vais faire F, murmura Lisa, Getant autour d'elle un coup d'
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Le second gendarme posa sur l'enfant un regard perspicace o9 per:ait une pointe de compassion. du m(me regard, il nota le #issac plein, le pullover hors saison, les chaussures d'hiver.... d'hiver.... 7l intervint & D Ka donc t'asseoir un temps dans le #ois ui #orde la route. 4u sais #ien, poursuivit-il en appuyant sur les mots, le #ois de ;aint-Pée, ) cent m!tres apr!s le tournant.... F 77 reprit son vélo, fit uelues pas, puis se retourna pour aGouter & D Jepose-toi un peu :a te permettra de réfléchir. F * * *
D "'est tout réfléchi F, pensait Lisa en se dirigeant vers le coude ue faisait la route un peu plus loin & D Primo, Ge #ois [s'il y a de l'eau*W seconde, Ge dors. F ;a t(te lui faisait de plus en plus mal, elle avait peine ) avancer et #ientMt, la vue #rouillée par les taches rouges ui, sans cesse plus nom#reuses, dansaient devant ses yeu%, elle se contenta de suivre $ivouac. ;entant derri!re lui l'enfant épuisée, le chien avait pris la direction des opérations et ou#lié sa propre fatigue. ;on instinct l'avertissait de l'e%istence d'un point d'eau, pas tr!s loin de l), et il allait ) petite allure, se retournant de temps ) autre pour lancer ) Lisa un regard encourageant. 7ls venaient de dépasser le tournant lorsue la fillette s'arr(ta au milieu de la cro?te. $ivouac revint sur ses pas et leva un regard angoissé sur sa compagne ui, d'un geste devenu mécaniue, appuyait ses deu% mains sur ses yeu%. L'énorme #ouvier laissa échapper un petit Gappement tendre, et prenant entre ses dents le #ord de la Gupe de l'enfant, tira un peu. Lisa laissa retom#er ses mains et a#aissa sur le chien un regard découragé & D "o "ont ntin inue ue seul seul,, $ivo $ivoua uacc F, murm murmur uraa-tt-el elle le.. Et elle elle le repo repous ussa sa doucement. ais le chien insistait. @e sa patte, il tentait de faire glisser la courroie du sac touGours accroché ) l'épaule de l'enfant. Lisa comprit & elle pla:a la #esace sur le dos du #ouvier ui avan:a de uelues pas puis revint vers elle, avec au fond des yeu% une lueur de satisfaction. Jassem#lant le reste de ses forces, Lisa se remit en marche et, appuyée sur ranimai, finit par atteindre le #ois. ;itué en #ordure de la route, le #ois de ;aint-Pée se composait de #ouuets de h(tres clairsemés dans un mauis de fourrés touffus. Entre les ar#res courait un ruisseau minuscule dont l'eau, Gaillie d'une source proche, se perdait rapidement entre les pierres. L'arrivée 3
des de des deu% u% fugi fugiti tifs fs fit fit s'él s'élev ever er un unee nu nuée ée de mésa mésang nges es ch char ar#o #onn nni! i!re ress u ui, i, a#andonnant leur #ain, s'envol!rent vers les hautes #ranches des ar#res. 7ndiffé 7ndifférente rente ) la paniue u'elle venait de Geter dans le petit monde du sous #ois, Lisa s'agenouilla parmi les her#es du #ord et #ut dans le creu% de sa main. Les premi!res gorgées lui firent du #ien mais il lui sem#la #ientMt ue la fraQcheur de l'eau rendait plus sensi#le encore la douleur ui #r?lait son cr=ne. D Un coup de soleil, pensa-t-elle. Koil) ce ue G'ai & un #on coup de soleil.... F +ouillant dans la poche de sa Gupe, elle en tira un grand mouchoir de coton u'elle trempa dans l'eau puis, s'adossant au tronc d'un Geune fr(ne, elle pla:a la compresse compresse sur son front. front. 6u contact de la toile humide, elle éprouva un soulagement passager. ais le mouchoir fut #ientMt sec. D 77 est trop petit, murmura-t-elle, et on dirait ue ma t(te enfle.... F Le coton séchait trop vite & peut-(tre p eut-(tre son pull-over ferait-il l'affaire 0 Jetirant l'épais lainage gris, .elle le trempa ) son tour dans le ruisseau, puis elle s'allongea dans l'her#e du #ord. Elle ne sentait pas les caillou% pointus ui lui entraient dans les cMtes & seule l'occupait sa t(te plus douloureuse de minute en minute. Elle posa sur son front la volumineuse compresse de laine. D Ta via via alle allerr mieu mieu%, %, se répé répéta tait it-e -ell lle. e. 7l suff suffit it de pa pati tien ente terr.... ... ;i seulement ma t(te pouvait cesser d'enfler * F Un instant, elle lutta contre de vertige ui s'emparait d'elle-puis elle perdit connaissance. connaissance.
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CHAPITRE VI 33
EN 6JJ7K6N4 pr!s
du ruisseau, $ivouac s'était, d'un coup de reins, dé#arrassé de la #esace encom#rante et il avait attendu, pour #oire, de sentir son sang courir moins vite dans ses veines. 6u #out de uelues instants, il alla, la, ) so sonn tou ourr, lapp pper er l'eau 'eau vive vive et fraQch aQchee u uii piu piuaa son mus useeau d'innom#ra#les aiguilles invisi#les. Puis, il revint vers Lisa et, s'allongeant aupr!s d'elle, céda ) la fatigue et au sommeil. La faim le réveilla ) l'heure o9 l'om#re de l'ar#re devient plus longue ue l'ar#re lui-m(me. 6 son cMté, l'enfant délirait. $ivouac la regarda un instant, puis se mit ) lécher doucement ses Goues et son front empourprés. Le délire, l'agitation de Lisa, empruntaient trop ) la vie pour l'inuiéter vraiment. $ientMt, le chien se leva et partit ) la recherche de la #esace il la trouva entre deu% touffes d'her#e, ) uelues pas du ruisseau. @'un coup de patte, il la retourna et, introduisant son museau dans la poche contenant le gigot entamé, le flaira délicatement ) plusieurs reprises. Puis, d'un air dé:u, il s'éloigna et, apr!s un dernier regard dans la direction de l'enfant, s'enfon:a dans le #ois. B BB $eau $eauco coup up plus plus tard tard,, Lisa Lisa repr reprit it co cons nsci cien ence ce l'es l'espa pace ce de u uel elu ues es instants, et ouvrit les yeu% sur un clair de lune ui trem#lait ) la pointe de chaue #ranche. Elle porta la main ) son front douloureu% et tenta de se redresser. En m(me temps, la mémoire lui revint, et sa premi!re pensée fut pour $ivouac. Elle le chercha des yeu%, et la constatation de son a#sence parut souligner le caract!re cauchemaresue d'une situation ui sentait la catastrophe. Le #ouvier disparu, Lisa voyait disparaQ disparaQtre tre en m(me m(me temps temps la raison de sa fuite, et elle se retrouvai retrouvaitt seule, seule, ) plus de trente ilom!tres ilom!tres de che8 elle, elle, et malade. malade. ;aisie d'angoisse, elle elle appela doucement D $ivouac * F @ans @a ns le sile silenc ncee du #o #ois is,, son son ch chuc ucho hote teme ment nt év évei eill llaa de dess échos échos u uii l'effray!rent. @ésorientée, en plein désarroi, elle chercha un point de rep!re, cet autre compagnon, de sa fuite & le #issac. 7l était l), dans l'her#e, encore entrouvert. D $ivouac a peut-(tre eu faim F, pensa l'enfant. Elle voulut vérifier et tira de la poche de toile le gigot entamé. Une odeur éc
D Pas grand-chose * F constata la fillette, comme en r(ve. @e nouveau sa t(te #r?lante la faisait souffrir elle perdait peu ) peu conscience de ce ui l'entourait, et des images fantastiues surgissaient devant ses yeu%. ;oudain, sous l'effet de la fi!vre intense ui la dévorait, elle crut voir Gaillir d'un taillis une grande langue de feu. D Un incendie * F cria-t-elle. cria-t-elle. Et elle se mit ) courir. Elle n'alla pas loin & affai#lie par la fi!vre et le manue de nourriture, elle #uta contre une grosse racine, tom#a sur les genou% puis le vertige la reprit, et elle se laissa aller sur le sol. "'est l) ue $ivouac la retrouva, une heure plus tard. 7l avait fait #onne cha hassse et rapp rappor orttait un lape perreau eau u uii lui sem sem#lai #laitt de devo voir ir rempl emplaacer cer avantageusement le gigot devenu immangea#le. 6 la vue de l'enfant gisant immo#ile sur les feuilles tom#ées ui Gonchaient le sous-#ois, il l=cha son gi#ier. 7l y avait, dans l'attitude de la fillette, un a#andon total ui n'était pas celui du sommeil. 6ng ngoi oiss ssé, é, le ch chie ienn se rapp rappro roch chaa et flai flaira ra les les #o #ouc ucle less no noir ires es u uii s'emm(laient s'emm(laient autour de la t(te p=le. Lisa respirait avec peine et le #ruit de son souffle un peu rauue rassura un instant l'animal ui, s'attendant ) lui voir ouvrir les yeu%, s'assit pr!s d'elle et se mit ) guetter patiemment son réveil.
@es minutes pass!rent une heure enti!re. @éG), entre les #ranches des ar#res, le clair de lune avait disparu. Pour $ivouac, le temps se mesurait ) l'inuiétude ui, de nouveau, s'emparait de lui et ne faisait ue grandir. Lisa s'était remise ) divaguer elle pronon:ait des paroles sans suite, d'une voi% méconnaissa#le ui changea en paniue l'angoisse du #ouvier. 7l gémit. @ans son c
considéra un instant la petite fille ue dissimulait presue enti!rement une .couverture de feuilles et de #rindilles m(lées, puis, ) moitié rassuré, il fit demi-tour et se dirigea vers la route d'6scain. @'un #ond, il franchit le petit fossé ui #ordait la grand-route. Puis, il s'arr(ta et huma l'air vif de la nuit. @u tournant u'il avait passé le matin apr!s la rencontre des gendarmes lui venaient des odeurs de poussi!re, d'her#e froissée ui se redresse sous la rosée de la nuit, de petites #(tes endormies dans leurs terriers & ce n'était pas ce u'il cherchait. 7l tourna la t(te de l'autre cMté & m(mes odeurs, avec en plus, pourtant, cette pointe =pre ui rév!le la présence, dans l'atmosph!re, de la fumée d'un feu de #ois. Pour le chien, le feu, c'est le signe de l'homme. $ivouac s'engageait résolument sur la route lorsue le #ruit d'un moteur le figea sur place l)-#as, ) uelues centaines de m!tres, venant d'6scam, apparaissait une voiture automo#ile. L'auto aussi, c'est le signe de l'homme. Le #ouvier n'hésita pas & #ondissant au milieu de la route, il' se oampa sur ses uatre pattes, et hurla. L'auto grossissait ) vue d'
poussa un second hurlement. Le grincement d'un coup de freins #rutal lui répondit. 7l ferma les yeu% tandis u'une roue le frMlait au passage & l'auto s'arr(tait ) cMté de lui. 3H
Un homme descendit de la voiture et, clauant la porti!re, se dirigea vers $ivouac ui l'attendait de pied ferme. D ;acr ;acréé chien hien * grom gromme mela la l'ho l'homm mme. e. Pour Pourvu vu u uee Ge ne l'ai l'aiee pa pass #lessé....F En m(me temps, il se penchait vers le #ouvier et palpait l'animal ) travers l'épaisse ro#e de poils noirs. D Jien de cassé 0 poursuivit le voyageur. 4u as de la chance * F Pressé Pressé sans doute, doute, et rassuré maintenant, maintenant, il se détourna et s'appr(ta s'appr(tait it ) remonter en voiture sans se poser d'autres uestions. ais cela ne faisait pas l'affaire de $ivouac ui, em#oQtant le pas au voyageur, le reGoignit pr!s de la porti!re et se mit ) gémir. gémir. L'homme le regarda d'un air ennuyé. D Encore un chien perdu * pensa-t-il. Pourtant celui-l) est trop #eau pour ue ses maQtres maQtres ne s'inui!tent s'inui!tent pas de sa disparition.... disparition.... » D Oe n'ai pas le temps de te ramener che8 toi F, reprit-il ) haute voi%. Et il ouvrit la porti!re. $ivouac gémit plus fort. L'insistance du chien intrigua le voyageur $ivouac, sentant son étonnement,
en profita pour pousser son avantage & saisissant entre ses dents le #as de la veste de l'homme, il tira doucement, prenant garde de ne pas entamer le tissu. L'homme, maintenant, était persuadé u'il s'agissait d'autre chose ue d'un d'un ch chiien éga garré il y ava vaiit, da dans ns tout toutee l'at 'attit titud udee de $ivo $ivoua uac, c, un unee détermination détermination iné#ranla#le et désespérée ui le toucha. D Nous verrons #ien * F décida-t-dl. 7l alla ranger sa voiture sur le #ascMté de la route, puis se laissa entraQner par le #ouvier. Persuadé maintenant ue l'homme avait compris, $ivouac avait l=ché sa veste et, tournant la t(te tous les deu% pas, se dirigeait vers le #ois. L'homme le suivit sous les #ranches. 7l poussa une e%clamation de surprise en découvrant sous les feuilles ui le recouvraient, le corps immo#ile de Lisa. "raignant ue l'enfant ne f?t morte, il se pencha et appuya sa main sur son front & le contact de la peau #r?lante lui apprit u'il s'était trompé, mais ne le rassura u') demi & l'enfant était malade, cela ne faisait aucun doute. $ivo voua uacc, ) cMté Mté de lui, ui, suiva uivaiit d'un d'un
D 7nsolation F, décida-t-il en voyant la peau #r?lée ui se plissait par endroits. Puis il se redressa et réfléchit. @ans ce #ois, il ne pouvait pas grandchose pour la petite malade ui avait sans doute #esoin de #eaucoup de soins.... Un instant, il pensa ) sa propre fille ui, ) la m(me heure, s'agitait sans doute, elle aussi en proie ) la fi!vre il relut mentalement le télégramme ui, deu% heures plus tMt, lui avait fait uitter ;aint-Oean-de-Lu8, affolé affolé &
* MONI+UE OPEREE DURGENCE APPENDICITE( RENTRE() oniue, du moins, était dans un lit, dans une cliniue de ontpellier, entourée de sa m!re et de ses grands-parents ui veilleraient ) ce ue rien ne lui manu=t. 4andis 4andis ue cette petite fille, toute seule au milieu d'un #ois.... 7l regarda l'enfant. "omme si elle avait senti ce regard, Lisa ouvrit les yeu% & D /ui (tes-vous 0 F demanda-t-elle. demanda-t-elle. L'homme poussa un soupir de soulagement.
D ;i tu poses des uestions, c'est ue tu vas mieu% F, répondit-il en souriant. 7l aGouta & 5
D Oe suis uelu'un ui a #ien failli écraser ton chien & le #rave animal a risué sa vie pour arr(ter ma voiture et m'o#liger ) venir Gusu') toi. Et toi, ui es-tu 0 F 6 peine consciente, consciente, Lisa s'entendit répondre & D Oe vais ) ende. F La vérité lui avait échappé, dans cette réponse ui n'avait u'un rapport secret avec la uestion posée. 4out ) fait réveillée, Lisa haussa les épaules & elle ne voulait et ne pouvait plus mentir. L'homme ne s'attarda gu!re ) s'étonner de ce u'il y avait d'étrange dans les circonstances de l'aventure. Un scrupule lui vint, pourtant & la présence d'une enfant, toute seule, en plein #ois, avait uelue chose de suspect. +lairant la fugue, il demanda & D 4u vas ) pied, ) ende 0 > O'allais prendre le train F, répliua Lisa. @ans le noir, elle se sentit rougir. Par sa réponse, vague ) dessein, elle invitait le uiprouo et laissait croire au voyageur u'elle se rendait ) la gare la plus proche, 6scain.... /uoi de plus logiue 0 Jepris déG) par son propre souci, l'automo#iliste se laissa convaincre sans résistance et donna dans le pi!ge u'on lui tendait. @'ailleurs, cette petite fille venait d'(tre tr!s malade, il fallait l'aider. D Ecoute, lui dit-il, 'moi Ge vais ) ontpellier, et Ge suis pressé. ;i tu veu%, Ge peu% t'emmener avec moi Gusu') ;aint-6ffriue & c'est sur ma route l), tu n'auras plus u') prendre le train & ;aint-6ffriue doit se trouver ) une centaine de ilom!tres de ende, ) peu pr!s.... Ta te fera gagner du temps, et moi Ge n'en perdrai pas. F Lisa n'eut pas le loisir de remercier & déG) l'homme la soulevait comme une plume et, regagnant la route, allait déposer l'enfant sur la #anuette arri!re de la voiture. $ivouac suivit, portant entre ses dents la #esace u'il avait ramassée dans l'her#e. D @ors, conseilla le voyageur en glissant sous la t(te de la petite fille son propre imperméa#le plié en huit. Nous serons ) ;aint-6ffriue vers neuf heures du matin.... F @éG) Lisa, apr!s s'(tre assurée de la présence de $ivouac ) cMté d'elle, fermait les yeu%. Elle ne sentit pas la puissante voiture démarrer. ais au petit Gour, elle se réveilla & l'auto longeait un fleuve large dont les eau% Gaun=tres roulaient entre des #erges d'her#es grasses. Le conducteur surprit, dans le rétroviseur, le regard étonné de l'enfant. D La Ra Raro ronn nne, e, e% e%pl pli iua ua-t -t-i -ill #ri! #ri!ve veme ment nt.. No Nous us ve veno nons ns de u uit itte ter r 4oulouse. F
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Puis, a#sor#é de nouveau par l'inuiétude ue lui donnait l'état de sa propre fille, l'homme se replongea dans son mutisme, tandis ue Lisa se rendormait, ravie & elle avait fait les deu% tiers de son voyage sans m(me s'en apercevoir. B BB D Et nous voici ) ;aint-6ffriue * F murmura Lisa, encore étonnée de sa #onne fortune uasi miraculeuse, tandis ue la grosse voiture disparaissait au coin de la rue. 6 uelues heures de ende & mon coup de soleil aura servi ) uelue chose.... F Elle porta sa main ) son front, étonnée de le sentir si frais apr!s les tourments u'elle avait endurés la nuit précédente. ;on geste fit apparaQtre, dans les yeu% de $ivouac, un regard inuiet ue surprit Lisa. D Ne crains rien, dit-elle tendrement au #ouvier. Oe ne suis plus malade. Et c'est toi ui m'as sauvée F, aGouta-t-elle ) voi% #asse.
Elle se pencha pour em#rasser la grosse t(te au% poils emm(lés, puis se redressa, un sourire au% l!vres. D 6llons visiter la ville F, décida-t-elle. ;aint-6f ;aint-6ffri friue, ue, c'était la ville, ville, et m(me une grande ville ville pour la petite petite campagnarde ui n'avait Gamais dépassé le village d'7stillar. La vitrine d'un onopri% fit naQtre en elle plus d'émerveillement ue n'en susciteraient, peut(tre, plus tard, les plus grands magasins de Za capitale. D Kiens voir, $ivouac, s'écria-t-elle, une vitrine pleine de Gouets *... F ais le chien chien promenait promenait sur les poupées ha#illées ha#illées d'organd d'organdii un regard regard indifférent de #lasé, et l'enfant en fut réduite ) admirer seule. « 4outes les poupées ue Ge n'ai pas eues * soupira-t-elle. Et maintenant, Ge n'en ai m(me plus envie & Ge suis trop vieille vieille * F Les poupées ne la tentaient pas. ais d'autres devantures recelaient de uoi e%citer sa convoitise. Pendant un uart d'heure, Lisa passa de vitrine en vitr vitrin ine, e, dé dévo vora rant nt du rega regard rd les les trou trouss sses es de cu cuir ir liss lisse, e, #ien #ien ga garn rnie ies, s, u uii paradaient che8 le li#raire, la pacotille étincelante des D 6rticles 6rticles de Paris F, les coupons de soieries d'un marchand de tissus.... Elle allait d'une #outiue ) l'autre, regardant tout, se retournant de temps ) autre pour ne rien perdre du spectacle de la rue, s'effor:ant de découvrir en uelues minutes tout ce u'elle avait manué pendant dou8e 52
ans. Elle finit par s'arr(ter devant une p=tisserie dont l'enseigne portait, écrit en lettres d'or sur fond rosé & D 6u% @ames de ;aint-6ffriue ;aint-6ffriue F. "e u'elle vit aiguisa son appétit, et, en m(me temps, son désir de vivre, une fois en passant, la vie des enfants ui ont, pour veiller sur leur #onheur, un p!re tendre et une m!re raisonna#le & de l'autre cMté de la vitrine, deu% serveuses en ta#lier et coiffe de mousseline rosé allaient et venaient entre les ta#les recouvertes de mar#re vert. @es étag!res de verre supportaient des assiettes de porcelaine fine remplies de plus de variétés de g=teau% ue Lisa n'en avait Gamais vu dans le fond de la salle, un peu grasse et Goliment mauillée, trMnait une caissi!re souriante. La tentation était trop forte. Lisa se mit ) calculer & D @eu% croissants, un chocolat, et peut-(tre aussi un de ces g=teau% rosés, :a ne doit pas co?ter plus de deu% cents francs. 7l nous resterait deu% mille deu% cents trente-sept francs de uoi prendre le train, si c'est nécessaire, ou l'autocar. 6pr!s tout, conclut-elle, il faut #ien déGeuner uelue part. /u'en penses-tu, $ivouac 0 F Et, poussant le chien devant elle, elle pénétra dans la p=tisserie. Elle hésitait au milieu de la salle lorsu'une des serveuses s'approcha d'elle.
D /u'est-ce ue tu veu% 0 demanda la femme, sans douceur. douceur. > Oe voudrais voudrais déGeuner F, #al#utia #al#utia Lisa ue la timidité faisait faisait rougir. rougir. La serveuse se méprit sur le sens de la reu(te. D La mendicité est interdite, siffla-t-elle. siffla-t-elle. +ile immédiatement. F Lisa se sentit p=lir de honte, et tenta de mettre les choses au point & D ais, madame, Ge ne mendie pas.... p as.... F L'au L'autr tree l'in l'inte terr rrom ompi pitt sans sans l'en l'ente tend ndre re elle elle av avai aitt mieu mieu%% ) fair fairee u u') ') écouter une gamine dont la présence peu décorative déshonorait le salon de thé. Elle répéta & D +ile, Ge te dis et la prochaine fois, pense donc ) te coiffer avant d'entrer che8 des gens comme il faut. F L'enfant avait trop de fierté pour supporter l'insulte et l'inGustice. "ette fois, elle se re#iffa & D Un peu de politesse ne vous ferait pas de mal non plus F, lan:a-t-elle ) haute voi%. La serveuse se mit ) clamer son indignation mais déG) la caissi!re, touGou touGours rs tr!s tr!s mauil mauillée lée,, mais mais #eauco #eaucoup up moins moins souria souriante nte,, s'appr s'approch ochait ait de l'enfant ui restait plantée au milieu de la #outiue. D @éguerpis immédiatement, tu m'entends 0 F cria-t-elle. 7nstinctivement, l'enfant recula d'un pas et se trouva entre deu% étag!res de verre surchargées de plateau% de p=tisseries co?teuses $ivouac se serra 5
contre elle en grondant. ais la caissi!re, tout ) sa col!re, n'avait cure du chien. D Oe t'ai dit de sortir F, insista-t-elle. Et elle posa sa main sur l'épaule de Lisa u'elle s'appr(tait ) secouer d'importance. Elle n'eut pas le temps de terminer son geste & le #ouvier s'élan:a. Un fracas de verre #risé remplit la #outiue et, tandis ue ue serveuse et caissi!re caissi!re reculaient en h=te Gusu') Gusu') l'a#ri de la caisse, une di8aine de plateau% de #a#as au rhum et d'éclairs au chocolat vinrent s'écraser au% pieds de Lisa. uette d'angoisse, l'enfant contempla le désastre & devant elle, plusieurs p lusieurs milliers de francs de vitrine pulvérisée et de p=tisseries en miettes ) l'autre #out de la salle, caissi!re et serveuse agrippées au re#ord de la caisse, tenues en respect par $ivouac ui montrait les dents et, un peu partout dans la salle, des clientes ue la sc!ne avait surprises au milieu de leur dégustation et ui, muettes de peur, attendaient, la petite cuiller en l'air. l'air. Pendant uelues secondes, un silence parfait régna dans la p=tisserie, tandis ue les acteurs du drame se dévisageaient. Puis, soudain, le charme fut rompu, et une vieille dame posa sa petite cuiller pour proférer ) haute voi% &
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D "e chien est dangereu% * 7l faut prévenir la police. F 6larmée, Lisa tourna la t(te vers la vieille dame. ;on geste parut rendre l'usage du mouvement et de la parole ) la caissi!re ui, sans uitter l'enfant des yeu%, saisit son téléphone. D 77 faut agir tout de suite, pensa Lisa, ou nous sommes perdus. F En un éclair, elle se vit, emmenée au poste, inculpée de scandale, condamnée ) rem#ourser [comment, mon @ieu * W les dég=ts u'elle avait provoués et, pis encore, $ivouac envoyé ) la fourri!re, et a#attu comme un animal dangereu%.... "omme en r(ve, elle entendit la caissi!re ui, d'une voi% ue la peur faisait encore trem#ler, trem#ler, pronon:ait & D 6llM * le commissariat 0 7ci, la p=tisserie des @ames de ;aint-6ffriue.... ;aint-6ffriue.... F Lisa n'en écouta pas davantage. Jegagnant le milieu de la salle, elle appela doucement & D $ivouac », puis recula vers la porte. Le #ouvier, entendant son nom, avait tourné la t(te vers
l'enfant. Lisa, déG), atteignait la porte vitrée et posait sa main sur la poignée. @'un #ond, le chien la reGoignit. La man
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CHAPITRE VII mouvement de Lisa fut de s'arr(ter. D 7ls n'ont pas perdu de LE PJE7EJ mouvement temps * B pensa-t-elle. ais aussitMt, elle se remit en marche. Elle n'avait pas #esoin de réfléchir pour savoir u'un #adaud ui stationne attire plus facilement l'attention u'un promeneur ui poursuit son chemin. @'autre part, 55
il y avait de fortes chances pour ue la caissi!re de la p=tisserie tente de la rattraper.... ;'effor:ant de ne pas courir, elle continua ) avancer, guettant le premier tournant ui lui permettrait de disparaQtre avant ue le car de police n'arrive ) sa hauteur. 6ffolée, 6ffolée, Lisa se sentait incapa#le de réfléchir. Le car de police était déG) sur elle lorsue, prise d'une inspiration su#ite, la fugitive avisa une charcuterie. ;ans hésiter, elle y entra. $ivouac la suivit. (lés au% ménag!res ui attendaient leur tour, l'enfant et le chien reprirent leur souffle. @ans la rue, le car de police s'éloignait, tandis ue Lisa s'effor:ait s'effor:ait de retrouver son sang-froid. D aintenant, pensa-t-elle, il s'agit de ressortir au plus vite et d'aller nous cacher uelue part pendant ue les agents et la p=tissi!re sont occupés ) s'e%pliuer. Nous cacher... ou peut-(tre prendre le premier train en partante oui, c'est encore le mieu%. Ragner du temps, et uitter ;aint-6ffriue le plus tMt possi#le.... F 6ppelant $ivouac, elle se détourna pour gagner la porte. ais déG) la charcuti!re venait vers elle & D Et pour toi, ma petite, u'est-ce ue ce sera 0 F aud audis issa sant nt ce co cont ntre rete temp mpss u uii alla allait it lui lui fair fairee pe perd rdre re de dess minu minute tess précieuses, Lisa s'entendit répondre répondre d'une voi% ferme ferme & D Une tranche de Gam#on, et une livre de pommes de terre #ouillies. F Elle réfléchit, puis aGouta & D Et aussi des dé#ris pour mon chien, s'il vous plaQt. F La charcuti!re, pas plus ue Lisa, n'avait de temps ) perdre trois minutes plus tard, l'enfant et le chien se retrouvaient sur le trottoir, le #issac un peu plus lourd, le porte-monnaie moins garni. 6 l'autre #out de Za rue, un rassem#lement s'était formé devant la p=tisserie. Jésolument, Lisa s'engagea dans la direction opposée. D 7l n'y a plus u') trouver la gare F, murmura-t-elle en allongeant le pas. B BB ;aint-6ffriue ;aint-6ffriue est une de ces petites villes de province, dont les trois ou uatre art!res principales convergent toutes vers la gare mais Lisa n'eut pas ) demander son chemin & di% minutes apr!s avoir uitté la charcuterie, elle dé#ouchait sur une petite place om#ragée de platanes et #ordée sur trois cMtés de uelues cafés-restaurants. ;ur le uatri!me cMté se dressait un petit #=timent #lanc, coiffé de la pendule traditionnelle. traditionnelle. "'était la gare, et il n'y avait pas ) s'y tromper. 5A
D 6llons 6llons consulter les horaires des trains F, se dit Lisa. ;ans ;ans rega regard rder er au auto tour ur d'el d'elle le,, elle elle trav traver ersa sa la pe peti tite te plac placee et, et, av avec ec $ivouac, reGoignit l'entrée de la gare. Un peu d'optimisme lui revenait ) l'idée ue, dans uelues heures, moins peut-(tre, un train l'emporterait vers le #ut de son voyage, loin de la D venta F o9 les proGets de l'oncle Luigi constituaient une menace pour $ivouac, loin de ;aint-6ffriue ;aint-6ffriue o9 les deu% fugitifs s'étaient en si peu de temps, fait une pu#licité de mauvais aloi. D Nous avan:ons, pensa-t-elle. En pleine pleine catastrophe, mais mais nous avan:ons. F Le c
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La fu"iti)e a)i%a une charcuterie.
5I
Lia fillette, maintenant, était au% a#ois. 7l ne s'agissait plus de fuir, mais mais de se cacher. 9 0 Peu lui importait, pourvu ue ce f?t dans uelue recoin tranuille o9 elle p?t rassem#ler ses idées sans craindre, ) chaue instant, d'(tre découverte et emmenée au poste avec le #ouvier. P=le d'angoisse, elle se mit ) longer la fa:ade de la gare. /uelues portes s'ouvraient dans cette fa:ade > des portes dont il aurait peut-(tre suffi de tourner le louet pour se trouver en sécurité, dans la salle d'attente, au #uffet... #uffet... ais Lisa commen:ait ) douter de la vertu protectrice des portes le plus difficile, difficile, ce n'était n'était pas d'entrer, d'entrer, mais de ressortir. ressortir. Elle continuait ) avancer, hésitant encore sur le parti ) prendre, lorsue les circonstances lui impos!rent une décision & de l'autre cMté de la place apparaissait un car de police identiue ) celui u'elle avait vu s'arr(ter devant la p=tisserie des @ames de ;aint-6ffriue. Etait-ce le m(me 0 Lisa ne s'attarda pas ) se le demander la main crispée dans le pelage épais de $ivouac, elle poussa la premi!re premi!re porte venue et et se glissa ) l'intérieur l'intérieur.. * * *
6dossée contre le #attant de la porte, Lisa essaya de percer les tén!#res du réduit o9 elle s'était Getée. as le moindre rai de lumi!re & donc, pas de fen(tre. D Un dé#arras uelconue F, pensa l'enfant. Elle tira de sa #esace sa lampe de poche et promena autour d'elle le faisceau lumineu% puis, par prudence, elle éteignit. "et e%amen rapide lui avait permis de constater u'elle ne s'était pas trompée la petite pi!ce était encom#rée de #alais, de seau%, de #rosses, et servait visi#lement de remise au% #alayeurs de la gare de ;aint-6ffriue. L'enfant et le chien y seraient en sécurité pendant uelues minutes > le temps de laisser repartir le car de police et, peut-(tre aussi, l'agent de faction dans la salle des pas-perdus. « 6llons nous asseoir », dit Lisa. Elle se dirigea vers une pile de caisses u'elle avait aper:ues au fond du réduit. $ivouac allait et venait dans l'o#scurité, le ne8 au sol, inuiet de se sentir enfermé dans cette pi!ce minuscule ui lui faisait l'effet d'une trappe. +inalement, il se décida ) reGoindre la pyramide de caisses sur lauelle la fillette s'était Guchée tant #ien ue mal appuyant sa grosse t(te contre les Gam#es de Lisa, Lisa, il gémit doucement. doucement. D Prends patience, murmura l'enfant en caressant le museau
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velouté. Nous serons #ientMt sortis d'ici.... /uelle heure est-il donc 0 F 77 fallut ressortir la lampe de poche et Lisa fut tr!s étonnée de constater u'il était plus de midi. @epuis son arrivée dans la ville, elle n'avait plus rega regard rdéé sa mont montre re.. 6yan antt retr retrou ouvé vé le fil fil du temp temps, s, elle elle sent sentit it au auss ssit itMt Mt l'impatience s'emparer d'elle & D Nous n'allons pas passer l'apr!s-midi dans ce trou * F s'e%clama-t-elle. s'e%clama-t-elle. Et, sautant ) #as de sa caisse, elle se dirigea vers la porte. Elle entre#=illa le #attant & un soupir de soulagement lui échappa lorsu'elle constata ue le car de police avait disparu. Peut-(tre l'agent de police de faction dans la gare était-il, lui aussi, parti déGeuner 0 "'était le moment de filer * uvrant plus largement la porte, elle était sur le point de se retourner pour appeler $ivouac uand elle aper:ut, sur le m(me trottoir, deu% hommes v(tus de l'uniforme de la ;.N.".+. et munis chacun d'un seau et d'un #alai. Kivem Kivement ent elle se reGeta reGeta en arri!re et repoussa le #attant. #attant. « Une éuipe de nettoyage de la gare, pensa-t-elle. 7ls viennent déposer leur attirail avant de rentrer che8 eu%.... F $ivouac pr!s d'elle, grondait & les hommes approchaient. Japidement, Lisa s'effor:a de se rappeler la topographie de la pi!ce o9 elle se trouvait pas un meu#le derri!re leuel se dissimuler, pas un recoin.... Elle distingua les voi% des deu% hommes de peine ui discutaient tout en marchant & D ... 4uant, ce métier-l) métier-l) * 4'as #eau faire, c'est touGours ) recommencer * > 4u crois pas si #ien dire, répondait l'autre. Le chef m'a prévenu ue ce soir, ) huit heures, avait de prendre le service de nuit, il fallait u'on sorte les caisses u'on a entreposées dans le dépMt.... F Lisa Lisa fit fit un #o #ond nd en arri arri!r !re. e. Les Les cais caisse sess * Le seul seul a# a#ri ri po poss ssi# i#le le.. EntraQnant avec elle le #ouvier, elle alla se #lottir derri!re la haute pile de caisses de toutes dimensions ui s'entassaient au fond du réduit. 7l était temps. La porte s'ouvrit et les deu% hommes pénétr!rent dans la pi!ce. L'un d'eu% tourna un #outon & la lumi!re pauvre d'une ampoule gris=tre fi%ée au plafond éclaira la sc!ne. Lisa, serrant ) deu% mains le museau de $ivouac, trem#lait de tous ses mem#res. 4out en dé dépo posa sant nt seau seau%% et #a #ala lais is,, les les ho homm mmes es po pour ursu suiv ivai aien entt leur leur conversation & «. 4'avais encore laissé la porte ouverte, dit le premier. Un Gour, on aura des ennuis * > 4'as peur u'on te te vole ta casuette casuette 0 plaisanta l'autre. l'autre. > Ne ris pas & on est responsa#le de toute la camelote entreposée ici. Ne serait-ce serait-ce ue ces caisses.... caisses.... F 4out 4out en parlant, il se rapprocha de l'échafaudage de caisses. D> /uand Ge pense u'il u'il va falloir transporter transporter tout :a, ce soir * n aura ) peine le temps & si on s'y mettait tout de suite 0 » A1
77 fit mine de secouer la pile. @ans son coin, Lisa frémit. D Laisse :a, dit l'autre. a temps pour tout. Pour l'instant, c'est l'heure de la soupe on y va 0F Les deu deu%% homme hommess gag gagn!r n!rent ent la porte, porte, l'ouvr l'ouvrir irent ent,, puis puis éteign éteignire irent nt l'électricité. D Et cette fois, m'ou#lie pas de fermer F, lan:a le premier en tirant sur lui le #attant. La porte claua. Lisa entendit le grincement d'une clef ui tournait dans la serrure. Le refuge se transformait en pi!ge. * * *
Lisa écouta s'éloigner le #ruit des pas des deu% hommes, puis sortit de sa cach cachet ette te.. Elle Elle sent sentai aitt mont monter er en elle elle un unee co col! l!re re plus plus fort fortee u uee son son inuiétude. ;e laisser prendre, #(tement,
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comme une souris dans une sourici!re * @erri!re cette porte fermée, il ne restait plus u') attendre le retour des employés ui, ) huit heures, viendraient cueillir l'enfant et son chien en m(me temps ue les fameuses caisses. D Et ue fait-on d'un enfant et d'un chien u'on découvre cachés dans un réduit o9 ils n'ont ue faire 0 n les conduit au poste * 4out est ) recommencer * ragea-t-elle. O'aurais mieu% fait de me laisser prendre ce matin & plus le temps passe, et plus les choses se compliuent. 6 l'heure actuelle, Ge suis coupa#le & premi!rement, de m'(tre enfuie de che8 moi deu% de u%i! i!me meme ment nt,, d'av d'avoi oirr #ris #riséé un unee vitr vitrin inee et écra écrasé sé de dess do dou8 u8ai aine ness de g=teau% troisi!mement, d'avoir terrorisé une p=tissi!re en l=chant sur elle un chien apparemment dangereu% et, uatri!mement, de 'm'(tre introduite dans un #=timent o9 le pu#lic n'a pas acc!s. 4out cela risue de me co?ter tr!s cher.... Et ) toi aussi, $ivouac F, aGouta-t-elle en caressant le #ouvier ui se serrait contre elle. La pensée de $ivouac la calma, en lui rappelant u'elle avait une mission ) remplir, et u'il lui fallait, co?te ue co?te, ramener $ivouac ) ses maQtres. Jegagnant ) t=tons le fond du réduit, elle s'assit sur une caisse et, la t(te entre ses mains, se mit ) réfléchir. « E%aminons la situation, murmura-t-elle. Nous sommes enfermés, soit. soit. ais, ais, Gusu') Gusu') huit heures heures du soir, nous ne risuons risuons rien personne ne viendra nous déranger ici, puisue les employés ont emporté la "lef. 7l s'agit donc, avant huit heures, de trouver un moyen de sortir d'ici... F (me posé en termes clairs, le pro#l!me restait entier, et sans solution apparente. Lisa sentit le découragement l'envahir. D 6pr!s tout, on a le temps, dit-elle ) $ivouac. @éGeunons nous verrons ensuite. F ais lorsue, dans le noir, la fillette et le chien se furent partagé Gam#on et pommes de terre #ouillies, La fatigue et la chaleur firent leur
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faisait encore Gour. Une fois encore, Lisa eut recours ) sa lampe de poche et consulta consulta sa montre & si% heures et demie demie * 4out 4out d'a#ord elle crut avoir mal vu, et vérifia mais il n'y avait pas de doute & les deu% fugitifs avaient dormi pendant si% heures. 6larmée, Lisa sauta sur ses pieds et appela $ivouac. 7l lui fallait, en moins d'une heure et demie, trouver un moyen de sortir de cette pi!ce avant ue les deu% employés n'y reviennent. Pendant un instant, une di8aine d'idées lui pass!rent par la t(te & mettre le feu ) la porte, démonter la serrure, se cacher dans une caisse.... ais aucun de ces e%pédients n'était pratica#le, et l'enfant le savait. D Essayons tout de m(me de dévisser la serrure, soupira Lisa. Ne serait-ce ue par acuit de conscience * F Usant de son couteau de poche comme d'un tournevis, elle s'attaua sans #eaucoup d'illusions au% grosses vis ui fi%aient au cham#ranle une moitié de la serrure. ais, dans le noir, le couteau manuait sans cesse l'encoche de la vis, glissait.... Lisa alluma sa lampe de poche et, dirigeant le faisceau lumineu% sur la serrure, s'effor:a de faire tourner une vis ) l'aide de son couteau. Pendant plus d'une demi-heure, elle lutta, changeant son couteau de main, s'effor:ant d'é#ranler, les unes apr!s les autres, les vis incrustées dans le #ois auuel une couche de ripolin les faisait adhérer plus soli solide deme ment nt en enco core re.. Enfi Enfin, n, l'am l'ampo poul ulee de la lamp lampee de po poch chee se mit mit ) rougeoyer, puis puis s'éteignit & la pile était épuisée. Lisa referma son couteau et le repla:a, avec la lampe, dans la #esace. @éco @é cour urag agée ée,, elle elle s'as s'assi sitt pa parr terr terree pr!s pr!s de $ivo $ivoua uacc u uii av avai aitt suiv suivii sa tentative avec intér(t. D Jien ) faire, murmura la fillette. Les vis ont l'air d'avoir pris racine dans le cham#ranle et nous n'avons m(me plus de lumi!re. 6 moins de tourner l'interrupteur.... F ais, dehors, le Gour devait #aisser & ui sait si, un employé de la gare, voyant filtrer sous la porte du réduit un rai lumineu%, ne serait pas tenté d'entrer pour voir ce ui se passait. ieu% valait ne pas courir ce risue. 6pr!s 6pr!s tout, Lisa avait sa #oQte d'allumettes. ;oudain, une idée lui traversa l'esprit les gens, c'était certain, sont touGours plus maladroits dans le noir.... Un plan s'é#auchait dans sa t(te & il s'agissait d'enlever l'ampoule fi%ée au plafond. Le premier geste des employés, lorsu'ils reviendraient ) huit heures, serait de tourner l'interrupteur placé pr!s de la porte. ;urpris de n'o#tenir aucun résultat, ils parleraient de panne,
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d'ampoule d'ampo ule #r?lée #r?lée peu peut-( t-(tre tre les deu deu%% prison prisonnie niers rs pou pourr rraie aientnt-ils ils en profiter pour se se glisser au-dehors. au-dehors. L'entreprise n'était pas sans risues, et Lisa, mieu% ue personne, savait ) uel point son plan était précaire. ais mieu% valait un proGet #oiteu%, une tentative désespérée, ue la perspective de se laisser prendre comme des lapins enfumés dans leur terrier. terrier. Jaga Jagail illa lard rdie ie pa parr cett cettee fai# fai#le le lueu lueurr d'es d'espo poir ir,, Lisa Lisa se mit mit en de devoi voir r d'e% d'e%éc écut uter er son son plan plan.. 7l s'ag s'agis issa sait it de dé dévi viss sser er l'am l'ampou poule le mais mais co comm mmen entt l'atteindre 0 La douille était fi%ée au plafond, et la pi!ce était haute. Un instant, elle envisagea la possi#ilité d'empiler les caisses au milieu du réduit et de grim grimpe perr sur sur cet cet écha échafa faud udag agee impr improv ovis isé. é. ais ais les les cais caisse sess étai étaien entt pesantes, et Lisa tenta en vain d'en déplacer une. 6lors 0 @émonter l'interrupteur 0 "'était compliué, et dangereu% & Lisa ne tenait ) électrocuter personne. Une seule solution & #riser l'ampoule. Le temps passait. Japidement, Lisa se déchaussa et rempla:a par ses sandales ) semelles de cordes les lourdes chaussures de cuir u'elle avait mises au moment de uitter la D venta F. D Ta vaut un pavé * F pensa-t-elle en soupesant un de ses souliers. Encore fallait-il viser avec précision. 9 donc se trouvait l'ampoule, e%actement 0 4irant rant de sa po pocche sa #o #oQt Qtee d'al d'allu lume mett ttes es,, elle elle en cra craua ua un unee et, et, rapidement, repéra l'ampoule sale ui se #alan:ait au plafond. L'allumette s'éteignit. 6u 6u Gugé, Lisa L isa lan:a une chaussure. D anué, murmura-t-elle en entendant le soulier s'écraser avec un #ruit mat contre contre le mur apposé. apposé. Essayons le deu%i!me. deu%i!me. F "ette fois, il fallait réussir. Le c D huit heures moins vingt * plus ue vingt minutes * F >, repéra l'ampoule avec soin et, au moment o9 l'allumette s'éteignait, lan:a la deu%i!me chaussure. Un tintement de verre #risé lui annon:a annon:a u'elle avait atteint atteint son #ut. Elle eut une pensée de regret pour ses chaussures perdues. D $ah * se dit-elle. Elles auront tout de m(me servi ) uelue chose... F Un Gappement discret de $ivouac lui fit tendre l'oreille. Elle écouta, et reconnut, de l'autre cMté de la porte, les voi% des deu% employés dont elle attendait la venue. 6ttirant $ivouac pr!s d'elle, elle s'appuya au mur contre leuel la 'porte viendrait se ra#attre en s'ouvrant. D n est en avance * F grommela une voi%, tandis u'une clef fouillait la serrure.
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A %on tour# elle %'en&or*it!
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La porte s'ouvrit. 4rem#lante d'angoisse, Lisa entendit le clauement de l'interrupteur, suivi de l'e%clamation des deu% hommes ui, machinalement, continu!rent ) avancer dans le noir. "'était le moment & poussant $ivouac devant elle, Lisa contourna le #attant ui la dissimulait et se glissa vers l'ouverture. algré ses espadrilles, le #ruit de ses pas fit se retourner les deu% employés. D Nous sommes repérés * F pensa Lisa. 6u m(me moment, une inspiration lui vint & franchissant le seuil, elle claua la porte derri!re elle et, rapidement, tourna la clef restée dans la serrure. Puis, avec $ivouac, elle traversa la place ) toutes Gam#es et s'enfon:a dans la nuit. @erri!re elle, les deu% hommes de peine mena:aient de défoncer la porte ) coups de poing.
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CHAPITRE VIII 7L PLEUK674. Une pluie verticale ui sem#lait vouloir durer toute la
nuit et, entre les deu% haies de m?riers, faisait luire la route comme un grand serpent noir. Lisa s'arr(ta, dirigea un regard navré sur ses espadrilles rouges dont les semelles de corde #uvaient les flaues, et soupira. $ivouac leva vers elle ses yeu% patients. D 77 faudrait s'arr(ter, s'arr(ter, murmura l'enfant, et attendre uelue part, au sec. ais o9 0F algré algré l'o#scuri l'o#scurité, té, il était était facile facile de reconnaQt reconnaQtre, re, dans ce paysage paysage noyé de pluie, des vigno#les ) perte de vue. Jien ui promQt un a#ri efficace efficace contre le déluge ui transper:ait les m?riers eu%-m(mes. L'orage les avait surpris ) la sortie de ;aint-6ffriue mais un orage, c'était peu de chose ) cMté de la paniue ui tenaillait Lisa. Elle sentait sur ses talons des poursuivants imaginaires, #ien décidés ) lui faire payer ses méfaits de la Gournée. Evitant les ha#itations, se cachant au passage des véhicules, ils avaient marché, marché. "ela durait depuis des heures. aintenant, ils se trouvaient, ) deu% heures du matin, sur une route inconnue ue fouettait une averse tenace. D 6van:ons, décida l'enfant, nous aurons moins froid. F Et elle repartit. Le chien,* ) son cMté, reprenait le petit trot régulier ui permet ) ses fr!res de race de couvrir, sans trop de fatigue, des distances considéra#les. * * *
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La nuit sem#lait sem#lait inusa#le. inusa#le. L'averse L'averse violente violente s'était transformée transformée en une petite pluie fine et serrée ui donnait ) cette marche sains fin la ualité irréelle d'un cauchemar. Lisa sentait le sommeil l'envahir et n'avan:ait plus u'en tré#uchant. "om#ien de nuits avait-elle passé sur les routes, dans les #ois 0 7l lui sem#lait u'elle u'elle n'avait pas dormi dormi dans un lit depuis des mois. mois. "e fut $ivouac ui l'arr(ta, devant un poteau indicateur ui portait, en lettres noires sur un fond Gaune délavé & $elle-Epine, 1 ilom!tre. Le nom me lui disait rien. Kille, village 0 En tout cas, des maisons, des (tres humains, ui ne refuseraient pas un gQte ) une enfant et une #(te épuisées, trempées, et tom#ant de sommeil. ;aint-6ffriue était loin, et c'était l'essentiel. Lisa sentit un peu de courage lui revenir. JeGetant en arri!re les m!ches ui plauaient ) ses Goues, elle se redressa. D Un ilom!tre, calcula-t-elle, :a repr représ ésen ente te un u uar artt d'he d'heur uree de -mar -march che e pa pass plus plus.. F Elle Elle eu eutt un unee tape tape encourageante pour $ivouac ui s'é#rouait, et repartit d'un pas plus ferme. $elle-Epine, elle s'en aper:ut #ien vite, n'était u'un tout petit hameau groupé autour d'une place minuscule & si elle se décidait ) frapper ) toutes les portes, elle n'aurait gu!re de chemin ) faire. faire. Un coup d'
77 parla le premier, et ce fut pour s'étonner de trouver devant son église, ) trois heures du matin, une petite fille et un chien ui sem#laient avoir passé la nuit dans la rivi!re. D L'heure n'est pourtant pas au% e%plications F, pensa Lisa tout en s'ef s'effo for: r:an antt de sati satisf sfai aire re,, sans sans se co comp mpro rome mett ttre re,, la cu curi rios osit itéé du pr(t pr(tre re.. @'ailleurs le saint homme paraissait avoir compris l'urgence de la situation et, sans insister davantage, conduisait l'enfant et le chien ) l'intérieur de la maison. La grande cuisine carrelée de rouge sem#lait un paradis retrouvé. Lisa nota avec délices la rangée de casseroles étincelantes, les petits rideau% #lancs et verts, et pensa, avec urne pointe de regret & D 77 ferait #on s'arr(ter uelues Gours ici.... F ais le #ol de soupe chaude ue le pr(tre avait placé devant elle la détourna #ientMt de ses pensées et elle se mit ) manger. 6pr!s avoir servi ) $ivouac une copieuse assiettée de la m(me soupe, son hMte s'était installé dans un vieu% fauteuil et, tout en tirant sur sa pipe, ne uittait pas l'enfant du regard. Lisa, de son cMté, enregistrait la silhouette massive du pr(tre, son visage au% rides profondes, son cr=ne dénudé, ses mains soignées. D "e doit (tre un #rave homme, pensa-t-elle. "he8 lui, nous sommes en sécurité, au moins pour uelues heures. F Elle avala les derni!res gouttes de son potage, et attendit. $ivouac avait terminé depuis longtemps, et mena:ait de s'endormir sur place. Le pr(tre se leva. D Kous alle8 dormir un peu, tous les deu%, dit-il. Kous en ave8 #esoin.F La petite cham#re o9 il les conduisit contenait un lit de fer étroit et une chaise de #ois grossier Lisa eut l'impression,, pourtant, de n'avoir Gamais rien vu d'aussi conforta#le. @éG) $ivouac prenait possession de la descente de lit. Le pr(tre se dirigea vers v ers la porte. 6u moment de sortir, il se retourna et, désignant le crucifi% accroché au mur & D N'ou#lie pas ta pri!re F, dit-il ) l'enfant. Lisa se retrouva seule. En guise de pri!re, elle repassa dans son esprit les événements des derniers Gours. ;a prudence toute neuve lui disait ue cette halte sous un toit était contraire ) ses plans u'il faudrait sans doute payer demain, de uelues aveu%, le #ien-(tre de la minute présente. ais Lisa était ) #out de forces. D n verra demain F]& décida-t-elle en fermant les yeu%. * * *
77 était on8e heures du matin. Lisa venait de s'éveiller et le
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pro#l!me u'elle avait refusé de résoudre avant de s'endormir se posait po sait de nouveau. ais cette fois, il n'était plus uestion de remettre sa solution au lendemain & dans uelues minutes, il faudrait descendre, revoir le pr(tre ui l'avait accueillie sous son toit, répondre ) ses uestions. Jépondre 0... 6ssise au #ord de la chaise de #ois #lanc, Lisa hésitait. Elle comprenait #ien ue le devoir du pr(tre, lorsu'il connaQtrait son histoire, serait de s'assurer de son retour ) 7stillar dans les plus #refs délais & uelle importance pouvait avoir, pour une grande personne, le salut d'un chien, si on le comparait ) la sécurité d'un enfant 0 6pparemment, c'était tout simple & il suffisait de refuser de répondre au% uestions du curé, et de repartir. ais en fait, c'était plus compliué. @'a#ord, Lisa répugnait ) répondre ) la #onté du pr(tre par un refus de s'e%pliuer ui ressem#lait #eaucoup ) de l'ingratitude. Ensuite, il était évident ue $elle-Epine représentait, dans son cas, la meilleure des cachettes & ui songerait ) venir la chercher dans ce hameau perdu, situé ) l'écart des grandes routes, ) plusieurs heures de ;aint6ffriue 6ffriue 0 demeurer uelues Gours, le temps de laisser s'apaiser le scandale de la veille et de dérouter ceu% ui la cherchaient... Elle soupira. D 7nutile d'y penser, conclut-elle. Le mieu% est de descendre, de dire merci, et de repartir. F Elle Elle se leva leva,, ap appe pela la $ivo $ivoua uacc et, et, cu cuei eill llan antt au pa pass ssag agee la #e #esa sace ce accrochée ) la poignée de la porte, s'en fut ) la recherche de la cuisine. Elle la trouva sans peine car la maison n'était pas grande. Pr!s de la ta#le, une forte femme en ta#lier #lanc s'affairait entre une Gatte de farine et une motte de #eurre. D La #onne du curé F, pensa Lisa. D $onGour, madame F, aGouta-t-elle ) haute voi%. La #rave femme se retourna, puis revint ) ses travau% de p=tisserie. D Oe m'appelle "atherine F, précisa-t-elle. Elle donna un tour ) la p=te u'elle pétrissait, l'écrasa au rouleau, la replia encore, avant de reprendre & D 4'as dormi * +allait-il ue tu sois fatiguée * > n avait avait #ien marché F, F, répliua Lisa vaguement. vaguement. "atherine parut sentir la réticence et, tout en écrasant du pouce, au fond d'un moule ) tarte, la feuille de p=te u'elle venait de fa:onner, changea de conversation & D onsieur le curé ne va pas tarder ) rentrer, annon:a-t-elle. 6ide-moi donc ) dresser le couvert. F
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Lisa s'empressa. Elle souhaitait faire plaisir au pr(tre et ) la #onne "atherine, et disposa de son mieu% sur la ta#le les assiettes de fa^ence au% teintes vives. 4out 4out était pr(t lorsue la porte s'ouvrit, livrant passage au pr(tre. 7l s'épongea le front et eut un regard amusé ) l'adresse de $ivouac ui suivait pas ) pas les allées et venues de l'enfant. D 77 paraQt #ien docile, pour un si gros chien * F remarua-t-il. Puis il se tourna vers Lisa & D Es-tu reposée 0 » demanda-t-il avec #ienveillance # ienveillance.. Lisa aurait voulu savoir lui répondre u'elle se sentait mieu% ue reposée, u'elle avait l'impression de respirer li#rement pour la premi!re fois depuis une semaine. Elle se contenta de #al#utier uelues mots vagues, mais mit toute la sincérité de sa reconnaissance dans sa réponse maladroite. ais le curé poursuivait & D Puisue tu te sens mieu%, tu vas pouvoir me parler de toi, et m'e%pliuer ce ue tu faisais, toute seule, sur les routes, en pleine nuit, avec ce chien.... "omment s'appelle-t-il, ton chien 0 > $ivouac, dit Lisa, Lisa, la gorge gorge serrée. > Et toi 0 F Elle répondit sans hésiter. Un prénom, ce n'était pas compromettant. D Lisa, c'est un #ien Goli nom, remarua le pr(tre. Et d'o9 viens-tu 0 F D Nous y voil) * F pensa l'enfant, navrée. Un instant, elle fut tentée de répondre, de dire toute la vérité. Pendant u'elle hésitait, son regard tom#a sur $ivouac & les yeu% fi%és sur elle, le chien sem#lait attendre, lui aussi. D Oe ne peu% pas lui faire faire :a F, conclut conclut Lisa. Elle se tut. Le pr(tre reprit d'un ton encourageant & D Pouruoi n'as-tu pas confiance en moi 0 ;i tu as des ennuis, Ge dois pouvoir t'aider.... t'aider.... > Oe vous en prie, monsieur le curé, interrompit Lisa, n'insiste8 pas & Ge n'ai pas envie envie de vous mentir mentir et Ge ne peu% pas vous dire la vérité. F Le curé o#serva un instant le visage désespéré de l'enfant ui, se détournant, poursuivait & D @'ailleurs, nous allons partir tout de suite. F Lisa fit deu% pas vers la porte. Le pr(tre se leva et, la reGoignant, lui posa la main s9i s9i l'épaule. D Ne pars pas, lui dit-il. Pour l'instant, Ge ne te demande pas ton secret & chacun de nous.a le sien, et Ge suis s?r ue tu n'as rien fait de mal. Jeste ici uelues Gours, le temps de te reposer, et de réfléchir.... F
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CHAPITRE I;i L6 p=tissi!re de ;aint-6ffriue avait eu l'idée d'aller faire un tour au pres#yt!re de $elle-Epine, elle aurait eu du mal ) reconnaQtre la petite vaga#onde u'elle avait voulu livrer ) la police, trois Gours plus tMt. /uarantehuit heures de sécurité, de #onne nourriture et d'affection avaient suffi ) rendre ) Lisa son air de petite fille sage et soignée le #ouvier, de son cMté, sem#lait avoir, lui aussi, mis ) profit le répit ui lui était offert. D 4u grossis, $ivouac F, plaisanta Lisa. Et elle caressa le chien ui,couché devant la porte, go?tait les délices d'une sieste sans cauchemar. 7l faisait chaud. L'enfant s'assit sur la pierre fraQche du seuil. Elle venait de ranger la vaisselle du déGeuner. "atherine, uelue part dans la maison, se livr livrai aitt ) de dess racc raccom ommo moda dage gess sava savant ntss de dest stin inés és ) fair fairee du dure rerr les les maig maigre ress provisions de linge du pres#yt!re. Le pr(tre, le déGeuner terminé, était parti ) #icyclette visiter un malade des environs. Lisa n'avait rien d'autre ) faire ue de savourer la pai% de cet apr!s-midi sans nuages. ais il y avait en elle un malaise u'elle tentait vainement de dominer depuis son installation au pres#yt!re et ui, auGourd'hui, triomphait de sa résistance et s'emparait de sa conscience. D Le confort, c'est #ien #eau, réfléchissait-elle, tout en arrachant d'un geste machinal les her#es folles ui poussaient entre les dalles du seuil. Encore faut-il savoir de uel pri% on le paie et ui en fait les frais.... F "ette halte dans un havre s?r, elle la payait d'un peu de son honneur. h onneur.
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;on ;on séGo séGour ur au pres pres#y #yt! t!re re repo reposa sait it sur sur un malen alente tend nduu u uee Lisa Lisa entretenait en silence & le pr(tre lui avait donné asile dans l'espoir de lui voir reprendre confiance et avouer ses proGets. Lisa, de son cMté, n'était restée ue par intér(t, parce u'elle espérait égarer les recherches et #rouiller sa piste. ais son honn(teté naturelle, et l'affection u'elle sentait naQtre en elle pour le pr(tre, la rappelaient maintenant ) l'ordre & elle était en train de se rendre coupa#le d'un a#us de confiance dont elle avait honte. Elle regarda le chien ui, le museau sur les pattes, dormait touGours. D O'ai O'ai po pour urta tant nt un de devo voir ir en enve vers rs $ivo $ivoua uac, c, rais raison onna na-t -t-e -ell lle. e. Plus Plus Ge prolonge notre séGour ici, plus G'ai de chances d'arriver ) ende sans encom#res. "e serait trop facile de faire le malheur de ceu% u'on aime sous préte%te de garder garder la pai% de sa sa conscience.... conscience.... F Le dilemme n'était pas facile ) résoudre, et elle aurait eu peine ) prendre une décision décision immédiate. immédiate. D 6ttendons encore uelues Gours F, soupira-t-elle. Un #ruit de pas vint interrompre ses réfle%ions elle leva la t(te & le facteur du village traversait la place en direction du pres#yt!re. 6 mi-chemin, il s'immo#ilisa pour laisser passer un camion ui alla se ranger devant la mairie puis il se remit en marche et vint se planter devant l'enfant. D adame "atherine n'est donc pas l) 0 demanda-t-il en fouillant dans sa sacoche. > Elle est occupée ) l'intérieur, l'intérieur, e%pliua Lisa. Lisa. > Ta ne fait rien, répliua le facteur. facteur. O'apporte seulement le Gournal. 4u le lui donneras.... F Lisa prit le Gournal u'on lui tendait, et rentra dans la maison. L'intérieur du pres#yt!re était plongé dans le silence. D adame "atherine, appela l'enfant, G'ai votre Gournal. F Personne ne répondit. La fillette se dirigea vers la petite pi!ce ui ui servait ) la fois de cham#re cham#re ) coucher et de lingerie ) la #onne du curé. La porte était restée entre#=illée Lisa passa la t(te par l'ouverture, et sourit & enfoncée dans son fauteuil d'osier, la t(te renversée contre le dossier, "atherine dormait. ;ur la pointe des pieds, Lisa alla ramasser le torchon ) moitié ourlé ui avait glissé des mains de la #rave femme, le posa sur la ta#le, puis sortit en refermant doucement doucement la porte. 4raversant 4raversant la cuisine, elle retourna se planter sur le seuil, et #=illa. D 4out le monde dort, ici, constata-t-elle c'est contagieu% * F Un chat rou% traversa la place d'un pas déli#éré, s'arr(ta devant le monument au% morts pour s'étirer ) loisir, puis repartit
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lentement et alla tourner autour du camion ui stationnait devant la mairie. Lisa suivit des yeu% le petit animal, puis Geta un coup d'
LA POLICE RECHERCHE /ne fillette de dou%e ans nomm"e /sa, ui a uitt" le 01 (uin la ferme de son oncle, $rès d!2stillar. Signalement 3eu bleus, cheveu noirs boucl"s 4courts5. 6!enfant est accom$agn"e d!un bouvier des Flandres r"$ondant au nom de Bivouac. 6a fillette fillette et le chien ont "t" vus, il 3 a trois trois (ours, dans Saint-ffriue. Saint-ffriue. 644EN47N * le chien est @6NREJEU_ .
Les mains de Lisa se crisp!rent sur le Gournal & l'oncle Luigi avait prévenu la police... police... elle était était repérée, $ivouac $ivouac signalé comme comme dangereu%.... En uelues secondes, l'effet #ienfaisant de son séGour ) $elle-Epine fut anéanti. Lisa redevenait une fugitive, trauée, affolée. D 77 faut partir tout de suite, décida-t-elle. /uitter la région, nous éloigner du pres#yt!re avant u'un autre Gournal ne tom#e sous les yeu% du curé ou de "atherine. Oe n'aurai m(me pas le droit de leur dire adieu F, constata-t-elle constata-t-elle avec amertume. Elle sentit uelues larmes piuer ses yeu%, et se moucha avec rage. "'était #ien Oe moment de s'attendrir * 7l y avait mieu% ) faire. L'enfant s'effor:a s'effor:a de retrouver son sang-froid. D @'a @'a#or #ord, d, décida décida-t-t-el elle, le, #rouil #rouiller ler la piste piste c'estc'est-)-d )-dir iree détrui détruire re ce Gournal. 7nutile 7nutile de renseigner . le curé. F Elle rentra dans la cuisine et Geta la feuille imprimée dans
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le foyer de la cuisini!re dont les cendres recouvraient uelues #raises. Le papier prit feu sur-le-champ. sur-le-champ. 4out 4out en le regardant flam#er, Lisa continuait ) réfléchir. D Partir, pensait-elle, soit mais pas ) pied. ;ur les routes, tout le monde rencontre tout le monde et déG), trop de gens m'ont vue. 6lors, comment 0 F 7l n'y avait pas de gare, ) $elle-Epine pas d'autocar, non plus. Lorsue les ha#itants du hameau voulaient D aller en ville F, ils avaient recours ) l'auto démodée du maire ou, plus souvent, ) leurs propres carrioles. carrioles. Le Gournal était consumé Lisa retourna ) la porte. D 7l faut pourtant partir tout de suite, se dit-elle. Le curé est a#sent, "atherine dort, la place est déserte... F t L'horloge de l'église sonna uatre coups. @u regard, l'enfant fit le tour de la place le camion était encore arr(té devant la mairie. La ca#ine était vide. Le chauffeur et son aide, leur livraison terminée,
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devaient se rafraQchir che8 le maire. @e loin, la fillette pouvait lire, sur la plaue fi%ée ) l'arri!re du véhicule & "har#ons ontagner, 6l#i. 6l#i, c'était loin c'était une grande ville, avec une gare. Lisa n'hésita pas. $ondissant dans la cuisine, elle saisit le #issac ui, depuis deu% Gours, attendait pendu ) l'espagnolette l'espagnolette de la fen(tre puis elle ressortit, et alla secouer $ivouac ui se leva en s'é#rouant et, sans chercher ) comprendre, la suivit. La fillette entama la traversée de la place. Un coup d'
. .. @eu% heures plus tard, le camion ralentissait. Passant la t(te entre les sacs, Lisa souleva un coin de la #=che et regarda au dehors& on arrivait dans une grande ville les trottoirs larges, la chaussée encom#rée de véhicules en étaient la preuve. 7l s'ag s'agis issa sait it,, main mainte tena nant nt,, de u uit itte terr le cami camion on av avan antt u u'i'ill n'arrive ) destination. La fillette sortit de sa pile de sac avec le #ouvier. #ouvier. Ensem#le, ils guett!rent le moment propice & ils n'eurent pas longtemps ) attendre au carrefour suivant, le véhicule freina, puis s'arr(ta, s'arr(ta, #loué par un feu rouge. rouge. Les deu% fugitifs saut!rent en m(me temps un crauement triste annon:a ue la Gupe de l'enfant faisait les frais de l'opération. Noirs de poussier, poussier, Lisa et et $ivouac dé#aruaient dé#aruaient ) 6l#i.
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TROISIEME PARTIE PARTIE CHAPITRE et $ivo $ivoua uacc s'ét s'étai aien entt diri dirigé géss ve vers rs la ga gare re d'6l d'6l#i #i.. D No Nous us y trou trouve vero rons ns cert certai aine neme ment nt un unee font fontai aine ne,, un unee sall sallee d'at d'atte tent nte, e, et l'he l'heur uree du prochain train pour ende F, avait prévu Lisa. ;on espoir ne fut pas dé:u ) ceci ceci pr!s pr!s u uee le proc procha hain in trai trainn po pour ur end endee ne pa pass sser erai aitt pa pas' s' av avan antt le lendemain, ) cin heures du soir. 7l était si% heures un uart, et il ne leur restait plus u') organiser de leur leur mieu% les vingt-trois vingt-trois heures de leur leur séGour forcé ) 6=#i. Lavés, coiffés, un pli adroit dissimulant la déchirure de la Gupe, les fugitifs commenc!rent ) reprendre respiration. D 6llons dQner F, proposa Lisa. Le #uff #uffet de la ga gare re co cons nsti titu tuai aitt un unee tent tentat atio ionn u' u'el elle le écar écarta ta pa parc rcee u'imprudente, et aussi trop co?teuse. Elle se ra#attit sur les #outiues du uartier & pour elle, une tranche de Gam#on et une #anane, accompagnées d'un petit pain ) sept francs francs pour $ivouac, un morceau de viande défraQchie défraQchie ue le #oucher du coin lui lui céda ) un pri% pri% avantageu%. /uittant le uartier de la gare, ils contourn!rent la "ité 6dministrative, emprunt!rent la rue du général ;i#ylle, et se retrouv!rent sur les #ords du 4arn. Le dQner au #ord de l'eau, le retour par les rues désertes u'animait parfois la voi% désaccordée désaccordée d'un vieu% piano, le vol silencieu% des hirondelles hirondelles découpées en noir sur le ciel p=li de nuit > tout cela fit ) Lisa l'effet d'une sorte de tr(ve de @ieu dans la lutte u'elle menait depuis une semaine. L7;6
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7l s'agissait cependant de trouver un a#ri pour la nuit. Lisa réfléchit ue c'était ) la gare u'on risuait le moins de la remaruer. D 77 y a touGours des gens ui dorment dans les salles d'attente, pensa-t-elle personne ne s'étonnera de m'y voir... F Lorsue, la main posée sur la t(te de $ivouac ui sem#lait partager son humeur, elle elle atteignit la gare, elle trouva uelue chose d'accueillant ) la salle d'attente pauvrement éclairée, meu#lée de #anuettes ui perdaient leur crin par cent vieilles #lessures. 4oute 4oute méfiance endormie, Lisa et $ivouac s'appr(t!rent ) passer la nuit dans la gare d'6l#i. * * *
n se l!ve tMt dans les salles d'attente. Et les deu% amis se trouv!rent, au réveil, ) la t(te d'une longue Gournée ) user. Lisa aurait volontiers dormi encore un peu mais déG) l'éuipe de #alayeurs ui venait de prendre possession de la gare, entrait, avec seau% et #alais, dans son a#ri de fortune et lui rappelait de péni#les souvenirs. D N'insistons pas * F se dit l'enfant et, secouant d'une tape $ivouac ui #=illait encore sous une #anuette, elle uitta la salle d'attente. Un des #ancs ui faisaient cercle sur la place de la gare, en face de l'horloge, les accueillit. Lisa en profita pour remettre sa montre ) l'heure. D ;ept heures, annon:a-t-elle, nous avons du temps devant nous & ce serait l'occasion de faire nos comptes. F Elle prit son temps et, ) l'aide de son crayon ) #ille, se mit ) additionner sur un lam#eau de papier p apier les dépenses des derniers Gours. D @eu% cent cin francs ) la charcuterie de ;aint-6ffriue, calcula-telle, plus les cent trente francs ue nous a co?té le dQner d'hier soir. "e ui fait.... F Japidement elle additionna & D... trois cent trente-cin francs -Mtés de deu% mille uatre cent trente sept..., il doit nous rester... deu% mille cent deu% francs. F 4irant son porte-monnaie de sa poche, elle fit son compte & D 7ls y sont, constata-t-elle avec satisfaction. @isons, pour arrondir la somme, ue Ge consacrerai les cent deu% francs ) l'achat d'une pile neuve pour ma lampe de poche & nous pouvons en avoir #esoin. Jestent deu% mille francs. @'6l#i ) ende, le #illet de troisi!me classe co?te mille deu% cents francs ce ui nous laisse encore huit cents francs pour le repas d'auGourd'hui et l'imprévu & c'est royal * F $ien entendu, les frais du retour de Lisa ) 7stillar ne figuraient pas dans ces calculs Lisa s'était #ien gardée d'y penser. penser.
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idi approchait. Lisa et $ivouac, ui avaient passé la matinée ) errer dans les rues de la ville, commen:aient ) souffrir de la chaleur et ) sentir leur fatigue. 6 l'angle du #oulevard de ;tras#ourg et de la rue de la "roi%-Kerte, l'enfant s'arr(ta et Geta un coup d' avec sa #ar#e poivre et sel mal rasée, son cr=ne presue chauve, et sa silh silhou ouet ette te cass cassée ée sur sur l'ac l'acco cord rdéo éonn en un unee po post stur uree cari carica catu tura rale le.. 7l y av avai aitt pourtant une Geunesse évidente dans le sourire malicieu% ui Gouait sur le visage sans regard. Lisa interrompit son e%amen & pressé par la foule ui sem#lait le connaQtre, le musicien se lan:ait dans une interprétation fantaisiste mais charmante d'une vieille mélodie populaire. L'enfant pr(ta l'oreille & D Oe connais :a F, pensa-t-elle. 6ussitMt le titre lui revint & elle l'avait apprise en classe, deu% ans plus tMt, la chanson des "olchiues. Et sans plus réfléchir, elle se mit ) fredonner. L'av L'aveu eugl glee leva leva la t(te t(te et, et, l'es l'espa pace ce d'un d'un inst instan ant, t, se tour tourna na da dans ns la direction d'o9 lui parvenait la voi% un peu fr(le mais Guste.
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;ans doute sensi#le, lui aussi, ) la musiue, $ivouac s'était rapproché de l'accordéoniste et, assis devant Lisa, écoutait. Le musicien avait si #ien captivé l'attention de son pu#lic ue personne ne vit l'agent de police approcher. Et Lisa sursauta lorsu'il lui posa la main sur l'épaule. Jamenée #rutalement ) la réalité, il lui fallut uelues secondes pour comprendre ce ui lui arrivait arrivait & elle #l(mit. #l(mit. L) police l'avait reGointe * L'aveugle s'était arr(té de Gouer et maintenant, c'était autour de l'enfant et du chien ue la foule faisait cercle, dans l'attente de l'incident ui se préparait. D 77 est ) toi, ce chien 0 > ui, monsieur, #al#utia Lisa, pla:ant instinctivement instinctivement sa main sur l'encolure de $ivouac ui déG) montrait les dents. 7 "omment t'appelles-tu 0 > Lisa.... > 4u sais sais ue tu es en faute 0 F poursuivit poursuivit le représentant représentant de l'ordre. L'enfa L'enfant nt n'e n'enn écouta écouta pas dav davant antage age.. 6ffo 6ffolée lée,, elle elle fit fit voltevolte-fac facee et, et, $ivouac sur ses talons, fendit la foule. ;tupéfait, l'agent la vit atteindre le #ord du trottoir et s'élancer dans la rue. 7l n'eut pas le temps d'intervenir l'accident se produisit en l'espace de uelues secondes & au moment o9 Lisa atteignait le milieu de la chaussée, elle aper:ut ) vingt m!tres, un camion de di% tonnes ui dé#ouchait sur sa droite. Le conducteur freina en Gurant. ais déG), presue sous les roues, $ivouac traversait la rue d'un #ond aveugle. ;ur le trottoir o9 son élan le fit atterrir s'ouvrait une #ouche d'égout dont on avait retiré la plaue pour cause de travau%. Le chien franchit, sans la voir, la chaQne ui, par mesure de sécurité, avait été placée autour de l'ouverture. ;entant le sol se déro#er sous ses pattes, il tenta vainement de se raccrocher au% #ords de l'ouverture & ses pattes gliss!rent gliss!rent sur Qle métal métal lisse et ilil se sentit tom#er tom#er dans le noir. noir. 6u m(me moment, Lisa ui, d'instinct, avait reculé ) la vue du camion, se Getait contre une #icyclette ui passait derri!re elle, et tom#ait sur la chaussée. 6ussitMt, la rue fut pleine de monde. Le pu#lic s'était regroupé autour de l'enfant ui avait perdu connaissance, cependant ue l'agent s'effor:ait de désigner les responsa#les. Ni le conducteur du camion ni le cycliste, c'était évident, n'étaient en faute. @éG) des femmes, armées armées de mouchoirs mouillés mouillés en h=te ) une #ornefontaine, s'empressaient s'empressaient autour de Lisa u'on avait étendue sur le trottoir. trottoir. « Oe me demande ce ui lui a pris * monologuait l'agent. O'al-
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idi approchait. Lisa et $ivouac, ui avaient passé la matinée ) errer dans les rues de la ville, commen:aient ) souffrir de la chaleur et ) sentir leur fatigue. 6 l'angle du #oulevard de ;tras#ourg et de la rue de la "roi%-Kerte, l'enfant s'arr(ta et Geta un coup d' avec sa #ar#e poivre et sel mal rasée, son cr=ne presue chauve, et sa silh silhou ouet ette te cass cassée ée sur sur l'ac l'acco cord rdéo éonn en un unee po post stur uree cari carica catu tura rale le.. 7l y av avai aitt pourtant une Geunesse évidente dans le sourire malicieu% ui Gouait sur le visage sans regard. Lisa interrompit son e%amen & pressé par la foule ui sem#lait le connaQtre, le musicien se lan:ait dans une interprétation fantaisiste mais charmante d'une vieille mélodie populaire. L'enfant pr(ta l'oreille & D Oe connais :a F, pensa-t-elle. 6ussitMt le titre lui revint & elle l'avait apprise en classe, deu% ans plus tMt, la chanson des "olchiues. Et sans plus réfléchir, elle se mit ) fredonner. L'av L'aveu eugl glee leva leva la t(te t(te et, et, l'es l'espa pace ce d'un d'un inst instan ant, t, se tour tourna na da dans ns la direction d'o9 lui parvenait la voi% un peu fr(le mais Guste.
;ans doute sensi#le, lui aussi, ) la musiue, $ivouac s'était rapproché de l'accordéoniste et, assis devant Lisa, écoutait. I2
Le musicien avait si #ien captivé l'attention de son pu#lic ue personne ne vit l'agent de police approcher. Et Lisa sursauta lorsu'il lui posa la main sur l'épaule. Jamenée #rutalement ) la réalité, il lui fallut uelues secondes pour comprendre ce ui lui arrivait arrivait & elle #l(mit. #l(mit. L) police l'avait reGointe * L'aveugle s'était arr(té de Gouer et maintenant, c'était autour de l'enfant et du chien ue la foule faisait cercle, dans l'attente de l'incident ui se préparait. D 7l est ) toi, ce chien 0 > ui, monsieur, #al#utia Lisa, pla:ant instinctivement instinctivement sa main sur l'encolure de $ivouac ui déG) montrait les dents. 7 "omment t'appelles-tu 0 > Lisa.... > 4u sais sais ue tu es en faute 0 F poursuivit poursuivit le représentant représentant de l'ordre. L'enfa L'enfant nt n'e n'enn écouta écouta pas dav davant antage age.. 6ffo 6ffolée lée,, elle elle fit fit voltevolte-fac facee et, et, $ivouac sur ses talons, fendit la foule. ;tupéfait, l'agent la vit atteindre le #ord du trottoir et s'élancer dans la rue. 7l n'eut pas le temps d'intervenir l'accident se produisit en l'espace de uelues secondes & au moment o9 Lisa atteignait le milieu de la chaussée, elle aper:ut ) vingt m!tres, un camion de di% tonnes ui dé#ouchait sur sa droite. Le conducteur freina en Gurant. ais déG), presue sous les roues, $ivouac traversait la rue d'un #ond aveugle. ;ur le trottoir o9 son élan le fit atterrir s'ouvrait une #ouche d'égout dont on avait retiré la plaue pour cause de travau%. Le chien franchit, sans la voir, la chaQne ui, par mesure de sécurité, avait été placée autour de l'ouverture. ;entant le sol se déro#er sous ses pattes, il tenta vainement de se raccrocher au% #ords de l'ouverture & ses pattes gliss!rent gliss!rent sur Qle métal métal lisse et ilil se sentit tom#er tom#er dans le noir. noir. 6u m(me moment, Lisa ui, d'instinct, avait reculé ) la vue du camion, se Getait contre une #icyclette ui passait derri!re elle, et tom#ait sur la chaussée. 6ussitMt, la rue fut pleine de monde. Le pu#lic s'était regroupé autour de l'enfant ui avait perdu connaissance, cependant ue l'agent s'effor:ait de désigner les responsa#les. Ni le conducteur du camion ni le cycliste, c'était évident, n'étaient en faute. @éG) des femmes, armées armées de mouchoirs mouillés mouillés en h=te ) une #ornefontaine, s'empressaient s'empressaient autour de Lisa u'on avait étendue sur le trottoir. trottoir. « Oe me demande ce ui lui a pris * monologuait l'agent. O'allais lui e%pliuer u'il fallait u'elle mette ) son chien une laisse, ou une muse museli li!r !re. e....... +orc +orcém émen ent, t, da dans ns la rue. rue....... Et la vo voil il)) u uii pren prendd la po poud udre re d'escampette sans m(me écouter *...F /uittant son pliant, l'aveugle s'avan:a vers le centre du groupe. I
D "omment va-t-elle 0 F demanda-t-il. Un #adaud de #onne volonté le renseigna & D Elle n'est pas #lessée seulement évanouie & c'est le choc... > 4iens, 4iens, son chien a disparu * F remarua une autre voi%. L'agent ui lavait entendu Geta Geta un coup d' Oe la connais, coupa l'accordéoniste. l'accordéoniste. "'est la fille d'une de mes voisines. Oe vais la raccompagner. F Et, tandis ue l'agent dispersait [la foule, il ramassa son pliant, sa sé#ile, sa canne > puis, s'emparant de la main de l'enfant, se mit en marche. Lisia leva vers l'aveugle un regard étonné & D Kous save8 o9 G'ha#ite 0 lui demanda-t-elle. demanda-t-elle. > Non F, fit l'homme. l'homme. Un peu d'angoisse passa dans les yeu% de l'enfant & « oi non plus F, finit-elle par avouer.
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CHAPITRE -I $7KU6" avait
atterri durement sur le ciment du #oyau ui n'était u'une art!re du réseau souterrain o9 circulaient les conduites de ga8 et les canalisations des égouts d'6l#i. Etourdi, il s'assit et, dans le noir, se mit ) lécher ses pattes écorchées. $ientMt, il a#andonna sa t=che pour humer, ) petits coups, l'air confiné du souterrain & les odeurs inconnues ui lui parvenaient le déroutaient autant ue l'o#scurité totale o9 il était plongé. Plus encore ue l'étrangeté de sa prison, ce fut l'a#sence de Lisa ui l'inuiéta & elle avait disparu au moment o9 un danger grave les mena:ait tous les deu%. u #ien, était-ce lui ui l'avait a#andonnée 0 $ivouac se sentit coupa#le. Poussé par le désir de retrouver l'enfant, plus encore ue par la nécessité de découvrir une issue ui le ram!nerait ) l'air li#re, il se leva et, dans le noir, se mit en marche. 7l av avan an:a :a av avec ec préc précau auti tion on.. L'o# L'o#sc scur urit itéé tota totale le l'o# l'o#li lige geai aitt ) se fier fier uniuement au témoignage de son ou^e et de son odorat. Les oreilles o reilles dressées, le museau pointé devant lui, il se mit ) longer l'énorme conduite de ciment o9, avec un #ruit de rivi!re de montagne, coulaient les eau% usées de toute une ville. Le chien n'avait pas hésité sur 'la direction ) suivre & son instinct lui conseillait de suivre le courant, et il o#éissait. 7l avait fait une centaine de m!tres lorsu'il sentit s'amorcer sous ses pas une peinte glissante d'humidité. $ivouac hésita & du #as de la pente lui parvenait une fraQcheur précise, en m(me temps ue le #ruit d'un ruis ruisse sell llem emen ent, t, plus plus pu puis issa sant nt u uee la vo voi% i% u uii se fais faisai aitt en ente tend ndre re da dans ns la conduite de ciment.
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Un instant, il fut tenté de re#rousser chemin. ais il n'avait rien [laissé derr de rri! i!re re lui lui u uii lui lui pe perm rmQt Qt d'es d'espé pére rerr, de ce cM cMté té,, un unee li#é li#éra rati tion on rapi rapide de.. Jésolument, il s'engagea dans le nouveau #oyau. 4out d'a#ord, il n'eut pas de peine ) avancer & le ciment humide, la pente douce, rendaient facile sa marche et le dispensaient de tout effort. ais #ientMt le #oyau parut s'enfoncer plus rapidement dans le sol, et $ivouac dut résister contre l'élan ue lui donnait son propre poids. L'eau, plus proche maintenant, envoyait Gusu') lui des vapeurs ti!des ui, en touchant les parois de ciment, se résolvaient en une #uée ui ruisselait partout. ;oudain, le chien se sentit glisser sur la pente plus raide s'aidant de ses griffes, il réussit ) s'arr(ter au #out de uelues m!tres. 6u-dessous de lui, toute proche, l'eau grondait. Effrayé maintenant, il tenta de revenir sur ses pas. ais il avait trop attendu & sous ses pattes, la pente raide et luisante d'eau n'offrait aucune prise, et tous ses efforts pour remonter ne réussirent u') le faire glisser un peu plus #as. # as. 6rc-#outé, suffoué de vapeurs éc
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Ses $attes rencontrèrent le ciment $lus sec de la $aroi.
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$ivouac était un chien de taille imposante et aussi un chien courageu%. ais il savait ue ni son courage ni sa force ne le protégeraient longtemps contre les milliers de rongeurs ui peuplaient le souterrain, s'il leur laissait le temps de l'attauer. L'immo#ilité pouvait devenir dangereuse & déG) deu% rats énormes, plus audacieu% ue les autres, s'approchaient de lui Gusu') frMler le #out de ses pattes. 7l devinait, dans l'om#re, leurs petits yeu% cruels fi%és sur lui avec l'intér(t actif u'inspiré ) de perpétuels affamés la perspective d'un repas. 7mmédiatement, 7mmédiatement, $ivouac se remit en marche.
6 mesure u'il avan:ait, il sentait courir plus nom#reu% autour de lui les rats ue sa présence avait attirés du fond de leurs repaires les plus secrets. 7l accéléra sa course, dans l'espoir de les décourager. ais les rats avaient pour eu% leur nom#re, et Oe savaient. savaient. Une meute imposante imposante s'attachait au% pas du chien tandis u'une colonne de renfort, surgie de tous les coins du souterrain, venait au-devant de lui. ;oudain toi rat de la taille d'un petit chien s'élan:a sur $ivouac il ne réussit u') s'agripper un instant au% longs poils du #ouvier ui, d'une secousse, se dé#arrassa rapidement de l'assaillant. "ette fois, le danger était réel il n'y avait plus une minute ) perdre. $ivouac se mit ) courir le long du canal. Le sol glissant contrariait sa course > et, plus encore, l'o#stacle l'o#stacle vivant ue constituaient les centaines de rats ui, e%aspérés ) l'idée de voir leur proie leur échapper, galopaient ) ses cMtés et Gusue sous ses pattes. pattes. IH
Le chien, cependant, for:a l'allure et parvint ) un coude du souterrain. 7l franchissait le tournant lorsu'il aper:ut, tr!s loin devant lui, une lueur vague, un point minuscule o9 l'om#re sem#lait se faire moins dense. Un peu d'espoir lui revint de la lumi!re, cela signifiait la présence d'(tres humains ou, mieu% encore, une issue. 7l se lan:a dans une course vertigineuse. @evant lui, la tache claire grandissait ) vue d'
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CHAPITRE -II L'EN+6N4 et
le musicien terminaient un repas étrange mais savoureu%, composé d' "'est le choc, reprit l'homme la mémoire te reviendra. En attendant, tu n'as u') rester ici.... » L'enfant promena son regard sur la demeure u'on lui offrait & la petite mansarde encom#rée de vieu% Gournau%, Gonchée de mégots, le lit mal fait recouvert d'une couverture grossi!re, le plafond noirci ui a#sor#ait l'essentiel de la lumi!re, l'étroite fen(tre en ta#ati!re il m'y avait pas de uoi faire r(ver. ais autant ce logis u'un autre.... L'aveugle continuait & D 4u pourras dormir dans le dé#arras ui se trouve ) cMté de la cuisine & il y a un lit de camp. F L'enfant sentit un vague scrupule l'envahir & D ais Ge vais vous co?ter de l'argent et.... F Elle avait failli aGouter D et vous (tes pauvreF une pudeur l'arr(ta. D 4'en fais pas, coupa l'homme d'une voi% Goviale. 4u t'occuperas du ménage et de la cuisine et puis tu m'accompagneras dans mes tournées, tu chanteras :a plaQt au pu#lic. oi, Ge ne peu% plus, G'ai la voi% cassée & cinuante ans #ien sonnés, tu penses * @'accord, Lisa 0 FL'enfant sursauta &
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D Oe m'appelle Lisa 0 > "'est ce ue tu as dit ) l'agent, tout ) l'heure ce doit (tre vrai. oi, on m'appelle l'Empereur. on on vrai nom c'est Napoléon $erteau, mais les gens me disent l'Empereur. 4u saisis l'astuce * aGouta-t-il avec un petit rire. O'ai perdu mes yeu%, il y a #ien des années, uand G'étais dans la marine. 6lors, 6lors, Ge Goue de l'accordéon, comme tu as vu. Ta rapporte asse8 pas tous les Gours, mais enfin Ge m'en tire. @e uoi manger, et les cigarettes. D aintenant, Ge m'en vais faire ma sieste. 4u peu% ranger, pendant ce temps, et t'installer ) cMté.... F * * *
L'installation s'était donc effectuée, il y avait deu% Gours maintenant, et il sem#lait ) Lisa u'elle n'e?t Gamais connu d'autre e%istence. 4r!s vite, elle s'était faite ) la routine uotidienne & le matin, la tournée avec l'Empereur, le long des rues d'6l#i le pu#lic sem#lait prendre plaisir ) écouter la voi% fraQche de cette enfant ui dé#itait de vieilles chansons avec, sur son visage, un sourire a#sent. Les recettes en témoignaient, et l'accordéoniste se félicitait du geste généreu% ui l'avait poussé ) recueillir la petite amnésiue. Kers midi, idi, ils ils rent rentra raie ient nt lent lentem emen ent, t, long longea eant nt les les mais maison onss d'o9 d'o9 s'échappaient des odeurs de cuisine compliuée. "he8 eu%, c'était plus simple et plus vite fait & on mangeait sur le coin de la ta#le les fruits et le fromage achetés sur le chemin, du retour. Puis l'aveugle faisait sa sieste et Lisa était li#re. Elle en profitait pour lutter contre le désordre ue le musicien laissait touGours touGours sur son passage. D Un ancien ancien marin, marin, pensait-el pensait-elle, le, tout en ramassan ramassantt une pantoufle dépareillée, on croirait plutMt ue c'est ordonné et méticuleu% mais pas lui, c'est drMle. "'est comme cette manie d'acheter le Gournal tous les Gours, alors u'il ne peut pas le lire, le pauvre * 7l dit d it ue ce n'est pas pour les nouvelles, mais pour l'odeur de l'encre d'imprimerie toute fraQche.... F ;a #esogne était terminée. Elle Geta un coup d'
* * *
$ien entendu, entendu, les demoiselles demoiselles "onfetti "onfetti avaient avaient d? avoir avoir un autre nom mais personne ne s'en souvenait. Leur so#riuet leur venait du métier u'elles e%er:aient. Enfermées dans la pi!ce uniue u'elles occupaient deu% étages au-dessous de celui du musicien, Ursule et ira#elle "onfetti fa#riuaient, ) longueur de Gournée, ) l'aide d'une poin:onneuse de ticets de métro échouée che8 elles par @ieu sait uel détour du hasard, des confetti multicolores. Le papier leur était était fourni par les chiffonniers chiffonniers du uartier, uartier, et aussi aussi par les voisins. 4out y passait, papiers rosés ui avaient enveloppé deu% éclairs au chocolat, déchets de papier d'ameu#lement, cartes postales en couleur, couvertures de cahiers d'écoliers. /ueluefois, prises d'une inspiration su#ite, les deu% s ;i tu veu%, ma #elle. 4u vois, Ge les mets dans ce petit sac de toile #lanche.... F
L'enfant se Goignit au% deu% vieilles filles ui, tout en travaillant, cauetaient comme des perruches. Elles n'en finissaient plus de révéler ) 12
leur visiteuse les ressources cocasses de leurs petites vies. ;ous leur direction, Lisa admirait de #onne gr=ce les guirlandes de papier rouge et vert ui couraient au plafond, le lampion tricolore ui tenait lieu d'a#at Gour, et une étonnante collection de #illes de verre de toutes les couleurs et de toutes les dimensions. D La couleur, vois-tu, conclut ira#elle en refermant le tiroir de la commode o9 elle rangeait ses trésors, c'est peut-(tre ce u'il y a de plus #eau sur la terre. /uand Ge regarde cette cham#re > un peu petite, note #ien, et pas tellement conforta#le, mais pleine de verts, de rouges, de #leus >, G'ai l'impression l'impression d'avoir apprivoisé un arc-en-ciel. arc-en-ciel. F D Elles ne sont peut-(tre pas aussi folles u'on le prétend, les demoiselles "onfetti, réfléchissait Lisa. "'est peut-(tre :a u'on appelle des artistes.... F ais sa visite ) Ursule et ira#elle avait un autre #ut, et elle finit par demander timidement & D Est-ce ue Ge peu% regarder la ménagerie 0 > ais #ien s?r * s'e%clama s'e%clama Ursule. Ka Ka donc, tu connais le chemin.... chemin.... F Lisia se glissa dans la cuisine et ouvrit une porte. Le dé#arras correspondait ) celui o9 elle couchait che8 l'Empereur. ais ici la fen(tre était plus grande, et tout l'espace li#re avait été consacré ) ce ue les demoiselles "onfetti appelaient D la ménagerie 8». L'enfant se pencha sur un #ocal o9 une grenouille verte montait et descendait inlassa#lement les degrés d'une minuscule échelle. D "e ue tu dois t'ennuyer * F lui murmura-t-elle et pour la distraire, elle plongea sa main dans l'eau Gusu'au poignet. ais la grenouille ne parut pas s'en apercevoir, apercevoir, et Lisa se tourna vers la voli!re. "ette voli!re, c'était le lu%e des demoiselles "onfetti, et elles avaient passé des heures ) confectionner et ) orner cette cage d'osier #leu et Gaune, ui occupait l'essentiel du dé#arras. Lisa ne se lassait pas d'en e%aminer les moindres détails, la petite #aignoire en métal doré, l'a#reuvoir en verre peint, et la sauci!re de porcelaine fine ui servait de mangeoire. Le petit nid, d'osier fin rem#ourré de vieilles dentelles roussies par le temps, lui serra le c
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Cette )oli+re# c',tait le lu-e &e% &e*oi%elle% Confetti!
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l'énorme saladier de fa^ence fleurie o9 nageaient un poisson de cellulo^d rouge, et un petit cygne #lanc et vert. Pour faire plus vrai, les deu% s Peut-(tre, répéta Lisa, tout son plaisir tom#é d'un coup. 6llons, 6llons, aGouta-t-elle, aGouta-t-elle, il faut ue G'aille chercher le Gournal. > Jeviens demain * lui cria ira#elle. Nous te montrerons nos serpentins.... F Lisa remontait lentement l'avenue, son Gournal sous le #ras. D Un chien* réfléchissait-elle. Est-il possi#le ue G'aie eu un chien et ue Ge l'ai ou#lié 0 F "haue fois u'elle s'effor:ait de retrouver un fragment de ce passé perdu, sa t(te lui faisait mal, et elle avait l'impression d'étouffer d'étouffer au fond d'un puits dont elle ne sortirait Gamais. @écouragée, elle a#andonna la partie. D Essayons de penser ) autre chose F, se dit-elle. Et, poussant du pied un morceau de #riue rouge ui traQnait sur le trottoir, elle se mit ) regarder autour d'elle. "'était l'heure o9 les gens travaillent ou font la sieste. La rue était livré vrée au au%% cha hats ts erran rrantts et au% #an ande dess d'e d'enfan nfants ts du uart artier ier ui, ui, n'appartenant pas ) la catégorie privilégiée de ceu% u'on envoie passer les vacances ) la montagne ou au #ord de la mer, s'inventaient par leurs propres moyens des aventures plus passionnantes passionnantes ue des romans. romans. Jesp Jespec ecta tant nt d'in d'inst stin inct ct le co code de u uii inte interd rdit it de trou trou#l #ler er un unee pa part rtie ie commencée, Lisa contourna soigneusement une D marelle F
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tracée ) la craie sur le trottoir et s'approcha d'un pas hésitant d'un groupe d'enfants de son =ge. Pris tout entier par une discussion dont Lisa me comprenait pas la portée, ils mirent un moment ) s'apercevoir de sa présence. "e fut un gar:on de on8e ans environ ui finit par la remaruer. D 6ttention, 6ttention, lies gars, lan:a-t-il, une espionne. F Lisa Lisa recu recula la d'un d'un pa pass et, et, d'un d'un air air em#a em#arr rras assé sé,, rega regard rdaa le ga gami minn maigrichon dont le visage semé de taches de rousseur e%primait une profonde méfiance. méfiance. D Oe n'espionne pas, finit-elle par e%pliuer & Ge passais.... > 4u passais, hein 0 fit un autre, ui sem#lait (tre le chef de la #ande. n dit :a mais on écoute uand m(me et on va tout raconter ) la #ande de Pierre-le-Raleu% Pierre-le-Raleu% * F aintenant, la petite troupe faisait face ) Lisa trois gar:ons et une fille de son =ge, plus un tout petit en #ar#oteuse ui léchait patiemment un énorme caramel. D ;i G'arrive ) leur faire comprendre ue Ge ne suis pas une ennemie, ils m'accepteront peut-(tre dans leur #ande F, pensa Lisa ui, pour gagner du temps, temps, demanda & D /ui c'est, Pierre-le-Raleu% 0 > "'est un du #out de la rue de la "roi%-Ke "roi%-Kerte, répondit le petit rouuin. @'o9 tu es, toi 0 > @e la rue des uletiers, tout pr!s d'ici. d'ici. F Le petit rouuin se tourna vers les autres d'un air perple%e & D @ans la rue des uletiers, fit-il remaruer, remaruer, y a pas de #ande.... > 4u as asse8 parlé, parlé, l'interrompit l'interrompit le grand #run. "'est moi le chef. F 7l reprit, s'adressant ) Lisa. D "omment :a se fait u'on fiait Gamais vue par ici, alors 0 > 77 y a deu% Gours seulement ue Ge suis arrivée arrivée F, e%pliua-t-elle. e%pliua-t-elle. Le grand #run consulta les autres du regard & D /u'est-ce ue vous en dites, vous autres 0 n n'est pas tellement nom#reu%.... F La fille, une #londe un peu grasse, protesta & D n est #ien asse8 comme :a * et puis on n'a pas #esoin de filles.... F Les gar:ons s'esclaff!rent le rouuin lan:a & D 4u peu% parler * toi ui nous as suppliés pendant uin8e Gours pour u'on t'accepte dans la #ande * > Laisse ma s
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Lisa assistait sans mot dire ) la discussion. Elle sentait ue la moindre intervention, de sa part, dresserait fatalement les uns ou les autres contre elle. 7l n'y avait u') attendre. Le grand #run #rusua les choses & D Elle fait partie de la #ande, annon:a-t-il. ;i Ge veu%. F 7l se tourna vers Lisa & D "omment tu t'appelles 0 > Lisa. > oi, c'est anu. "'est moi ui commande. Le petit #ouuin, il s'appelle $ernard. Et le fr!re et la s Pouruoi anu 0 demanda Lisa ui trouvait ue c'était #ien son tour de poser des uestions. > anu, parce ue Emmanuel. aintenant, on va te dire.... ais d'a#ord, tu Gures de ne Gamais rien répéter ) personne 0 > Oe le promets.... promets.... > Non, rép!te apr!s moi & D Ni par le feu feu ni par le fer D "eu% ui parlent vont en enfer. F Lorsue solennellement Lisa eut Guré et répété la formule, le petit groupe se referma autour d'elle et, t(tes rapprochées, se mit ) chuchoter. "e fut anu ui e%pliua & D Koil) & on a vu, che8 le #rocanteur de la rue +ernande,
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une paire de patins ) roulettes ils sont en vitrine, on te les montrera tout ) l'heure. n Koudrait les -acheter.... > 6h oui 0 F fit Lisa, vaguement dé:ue. Elle comprenait #ien ue la possession d'une paire de patins ) roulettes f?t un o#Gectif capa#le de faire travailler les imaginations. ais de l) ) fonder une société secr!te.... Le myst!re de l'entreprise lui paraissait disproportionné. D $ien s?r, ils doivent co?ter cher, répondit-elle, pour dire uelue chose. ais en économisant, peu ) peu.... p eu.... > anu e%pliue mal, interrompit livier. 7l ne s'agit pas de patins ) roulettes ordinaires & ceu%-l) sont magiues ils ont appartenu ) un empereur de Jussie, autrefois.... > Les patins ) roulettes d'un ancien empereur de Jussie, s'e%clama @enise en ricanant, encore ve%ée de ce ue l'introduction de Lisa dans la #ande se soit faite faite sans son consentement, consentement, laisse-moi laisse-moi rire * > Jis touGours, reprit son fr!re sans se démonter & le marchand l'a dit. Et puis, u'est-ce ue :a peut faire, hein 0 > ui, u'est-ce ue ue :a peut faire, faire, répéta Lisa ui entrait dans le le Geu. > @onc, Ge te disais, ils ils sont magiues & tu les mets, mets, tu donnes un coup de talon et, hop * tu te retrouves o9 tu veu%, ) Paris, ou en 6mériue. 6mériue. F $ernard intervint & D ;eulement voil) & d'a#ord, ils co?tent cher mille cin cents francs. Les mille cin cents francs, remarue, en économisant tous pendant les vacances, on pourrait #ien les trouver. ais il faut les trouver le plus tMt possi#le parce ue.... F 77 s'interrompit pour Geter un coup d' 6h, :a non, alors * F s'e%clama Lisa malgré malgré elle. anu releva la t(te et promena sur ses compagnons un regard de triomphe & D Kous voye8 #ien * F lan:a-t-il. 6u% regards appro#ateurs dont la couvraient les autres, Lisa comprit u'on venait de l'accepter définitivement et sans réserves. Elle eut envie de donner un gage ) ses nouveau% amis, et pensa au% deu% mille francs u'elle avait trouvés dans sa poche, l'avant-veille, en arrivant che8 l'Empereur. ;a déco dé couv uver erte te l'av l'avai aitt surp surpri rise se et elle elle av avai aitt au auss ssit itMt Mt prop propos oséé la somm sommee ) l'accordéoniste. l'accordéoniste. ais il avait refusé & D n va mettre ton argent de cMté, pour l'instant. n ne sait pas d'o9 il vient. F D O'ai deu% mille francs F, lan:a-t-elle spontanément, et sentit aussitMt u'elle venait de
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gaffer. Les enfants la regard!rent froidement, #aiss!rent les yeu%. Les secondes de silence ui suivirent furent péni#les. Enfin, anu parla & D 4on argent, on n'en veut pas. 4u es #ien gentille F, aGouta-t-il rapidement, en voyant les yeu% de Lisa se remplir de larmes, D et on comprend #ien. ais ce u'on veut, c'est acheter les patins tous ensem#le, comme on pourra et u'ils soient ) nous tous. F 77 posa sa main sur l'épaule de Lisa et lui sourit & D 6 toi aussi, dit-il pour terminer. > 7l faut les lui montrer, montrer, les patins, intervint $ernard en renfon:ant dans sa poche un morceau de ficelle ui traQnait. > Entendu, on y va F, F, approuva anu. Les enfants se mirent en route. Les trois gar:ons marchaient en t(te, les mains dans les poches, sifflotant d'un air dégagé chaue fois u'ils croisaient d'autres enfants de la rue. @erri!re eu%, les fillettes avan:aient sans mot dire et se lan:aient, de temps ) autre, un coup d' 6h, oui 0 » fit Lisa poliment. @enise, sentant ue son information tom#ait ) plat, se tut un instant. ais, au #out de uelues minutes d'hésitation, elle prit le #ras de Lisa et, se hissant un peu, lui murmura ) l'oreille & D Oe suis #ien contente.... F * * *
Les gar:ons s'étaient arr(tés au #ord du trottoir, ) uelues m!tres de la #outiue du #rocanteur. #rocanteur. Elles les reGoignirent. reGoignirent. D /u'est-ce ue vous ave8 ) faire cette t(te 0 F demanda @enise, en voyant les visages fermés des trois conspirateurs. @'un mouvement du menton, anu lui désigna le coin de la rue +ernande. D Jegarde F, lui dit-il simplement. Lisa regarda, elle aussi, et n'eut pas de mal ) interpréter comme il convenait la présence, ) uelues m!tres de la #outiue, d'une petite troupe sem#la#le ) la leur. D Leuel est Pierre-le-Raleu% Pierre-le-Raleu% 0 demanda-t-elle ) voi% #asse. 1I
> Ta se voit sans u'on le dise * répliua répliua $ernard d'un air dédaigneu%. "'est cette esp!ce d'asperge sans cheveu%.... F @'un -mouvement de la t(te, il désigna un grand gar:on maigre dont les cheveu%, taillés en #rosse courte, laissaient deviner un cr=ne #ossue. L'autre devina u'on parlait de lui et traversa la rue. 7l se planta devant anu et, les poings au% hanches, demanda en le toisant & D "'est ) nous ue vous en ave8 0 > 6 toi et ) ta #ande, répliua l'autre sur le m(me ton. @e vous voir dans le uartier, :a fait mal au c 4u peu% touGours parler, relan:a l'autre. ais les patins, vous (tes pas pr!s de les les avoir. Nous, dans trois trois Gours, on aura l'argent.... l'argent.... > 7l vous faut trois Gours pour pleurnicher aupr!s de papa-maman p apa-maman pour avoir des sous-sous 0 coupa $ernard d'un ton méprisant. Pouruoi pas tout de suite, pendant ue tu y es 0 F L'autre ragea & « @ans trois Gours, Ge te dis. Et vous sere8 tous ) #=iller d'admiration, et ) supplier pour u'on vous les pr(te un peu, les patins.... F ;ur cette menace, il tourna le dos. do s. D 4rois Gours, souffla Lisa ) livier, c'est pas #eaucoup * > Kiens Kiens touGours voir les les patins, coupa anu. n réfléchira réfléchira apr!s. F "'étaient des patins ) roulettes comme ceu% u'on voit dans les vitrines des grands magasins au% approches de No`l l'humidité avait piué uelues taches noires dans le métal, mais les roues caoutchoutées paraissaient en #on état. D N'est-ce pas u'ils sont #eau% 0 demanda @enise, levant vers Lisa un visage an%ieu%. > Oe pense #ien * F approuva l'enfant d'un air distrait. aintenant u'elle les avait vus, ces patins, elle se rendait compte u'ils contenaient autant d'enchantement, ni plus ni moins, ue le poisson rouge et la voli!re des demoiselles "onfetti. "e ui comptait, c'était de les acheter ) la #ar#e de la #ande adverse avant trois Gours. Gours. anu surveillait avec inuiétude le visage pensif de Lisa il finit par demander & D 4'es dé:ue 0 F Elle prit le temps de réfléchir uelues secondes de plus, puis annon:a & D Oe crois ue G'ai une idée. F
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CHAPITRE -III L'EPEJEUJ #ourrait #ourrait
sa pipe avec méthode. D Une ermesse de la rue des uletier uletiers, s, :a n'est pas une mauvaise mauvaise idée, finit-il finit-il par admettr admettre. e. Et ce serait pour uand, ta ermesse 0 > 7l faudrait u'elle ait lieu demain apr!s-midi, précisa Lisa. 6pr!s demain matin, on aurait l'argent, et on pourrait aller acheter les patins.... > @ia#le * s'e%clama le musicien. "omme tu y vas, toi * 4u veu% organiser organiser une ermesse en moins de vingt-uatre heures 0 > n y arrivera, l'Empereur. l'Empereur. ;eulement, il me faudrait ma matinée pour aider la #ande #ande ) tout préparer. préparer.... ... > ;i tu veu%, répliua l'homme. @'ailleurs, moi aussi G'ai une idée. Une ermesse sans musiue, :a ne s'est Gamais vu. ;i tu veu%, au lieu de faire ma tournée demain matin, G'irai Gouer pour vous demain apr!s-midi, rue des ule uleti tier ers. s. 4u ch chan ante tera ras s et on pa part rtag ager eraa la rece recett ttee av avec ec ta #a #and ndee de garnements.... garnements.... F B BB La nuit avait paru longue ) Lisa. Et maintenant, la matinée filait sans u'on y pense. 7l y avait fort ) faire avant l'heure de l'ouverture de la ermesse. Les mem#res de la #ande s'étaient répartis les t=ches & on avait chargé livier ui avait la main lég!re, de peindre sur deu% pancartes &
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6UOUJ@'U7 ) trois heures
EJE;;E @E L6 JUE Les pancartes devaient figurer, en #onne place, au% deu% e%trémités de la petite rue et avertir les passants des réGouissances ui se préparaient. @enise préparait des enveloppes-surprises dont chacune contenait un numéro. D 77 faut ue tous les [numéros soient gagnants, avait insisté Lisa. Nous oie voulons pas ue les gens nous donne leur argent pour rien * F Elle-m(me avait organisé un petit stand de p(che ) la ligne. ais le plus gros restait ) faire & il fallait réunir des lots. "e furent les demoiselles "onfetti, u'on avait mises dans le secret, ui fournirent le premier apport. Penchées sur la commode au% trésors, Ursule et ira#elle s'étaient rapidement consultées ) voi% #asse, et avaient fini par offrir, en s'e%cusant, une partie de leur collection. La #ande, réunie dans le couloir de l'immeu#le, avait 'crié de Goie devant le #utin ue ramenait Lisa & une soucoupe de porcelaine fine, des pantoufles de tapisserie #rodées au petit point, un Geu d'aiguilles ) tricoter, tricoter, une paire de lunettes noires, on8e cartes postales en couleur, couleur, et trois m!tres m!tres de dentelle. dentelle. D Elles voulaient aussi me donner leur poisson rouge, e%pliua Lisa. ais G'ai refusé. Elles y tiennent trop. En revanche elles ont insisté pour fournir les confetti. Elles sont en train de les mettre en sachets & :a se vendra #ien.... F "e premier résultat donna des idées au% enfants chacun se mit ) fureter dans ses poches, et #ientMt vinrent s'aGouter ) la masse le stylo ) #ille d'livier, D Un "lic F, précisa-t-il une #ague de cuivre trouvée par @enise, uelues Gours plus tMt, dans une pochette-surprise, et une #oQte de pétards ue $ernard avait achetée en vue du 1 Ouillet. anu hésita un instant, mit sa main dans sa poche, l'en retira, l'y remit, puis finit par sortir en soupirant soupirant un gros canif & D "'est un couteau suisse, e%pliua-t-il, avec un peu de regret. Ta fera un Goli lot. F ;eule Lisa n'avait rien ) offrir. D Oe ne peu% tout de m(me pas leur proposer mon vieu% peigne * F pensait-elle tristement. tristement. ;oudain, une inspiration lui vint et, détachant de son poignet sa petite -montre, elle la Jendit ) anu & D n va la mettre en loterie, dit-elle. 7l n'y a plus u') préparer les numéros.... F @evant l'importance du sacrifice ue s'imposait Lisa, anu hésita un instant. 7l regarda les autres et vit ue, comme lui, ils
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se sentaient g(nés. 7l allait refuser lorsu'il comprit soudain ue Lisa n'avait pas autre chose ) offrir. D erci, Lisa, lui dit-il simplement. 4'es une chic fille. F * * *
La ermesse se terminait pour la seule raison u'il n'y avait plus rien ) vendre & plus une seule enveloppe-surprise, plus un #illet de loterie. La p(che miraculeuse, ayant épuisé ses lots, avait fermé #outiue. Et seul l'Empereur continuait ) faire recette il Gouait, au centre de la petite foule ui, en attendant le tirage de la loterie, se promenait dans la rue semée de confetti. anu s'approcha de Lisa et @enise ui se reposaient, assises sur une vieille caisse. D 6lors, les filles, s'e%clama-t-il, c'est pas encore le moment de vous évanouir & on va tirer la loterie. Kene8 nous aider.... > 4u t'en tireras #ien sans nous * F répliua @enise ui avait assuré seule, tout l'apr!s-midi, la vente des enveloppes-surprises et des #illets de loterie. « oi, Ge n'en peu% plus * > Et moi, Ge n'ai plus de voi%, .aGouta Lisa ui, sans répit, avait chanté au cMté de l'aveugle pendant toute la durée de la ermesse. @emande ) $ernard et ) livier.... F ais, déG), planté au milieu de la rue, $ernard, armé d'un porte-voi% en carton, prévenait la foule. D esdames et messieurs, criait-il de sa voi% gouailleuse, dans cin minutes, nous allons procéder au tirage de la grande loterie. Un seul lot, niais un #on & une montre-#racelet pour dame.... F Le pu#lic s'était groupé autour du gamin ui accompagnait sa harangue de pitreries sans fin, tandis u'livier secouait dans une vieille #oQte de #iscuits les cent numéros du tirage. tirage. D Et nous les avons tous vendus * remarua @enise ui, avec Lisa, s'était rapprochée du groupe. > O'aimerais #ien ue ce soit une des demoiselles "onfetti ui gagne, confia-t-elle ) son tour ) @enise. Elles ont été tellement généreuses * Et elles sont tellement pauvres * » L'accordéoniste, ui s'était arr(té de Gouer, reGoignit les enfants. D Kous ferie8 #ien de compter la recette en attendant, leur dit-il. 7l est déG) pr!s de huit heures, et vous n'aure8 ue le temps de rentrer che8 vous uand on aura tiré la loterie. F 7 sortit de sa poche un petit sac de toile noire et le tendit ) @enise. 11
D 4iens, aGouta-t-il, voil) ce ue G'ai gagné. +ais-en deu% parts égales, comme convenu. 4u remettras la mienne ) Lisa.... F Les Les fill fillet ette tess se pa part rtag ag!r !ren entt les les pi!c pi!ces es de monna monnaie ie et se mire mirent nt ) compter. La premi!re, Lisa eut terminé & D @eu% cent soi%ante-uin8e francs * annon:a-t-elle. > 6ttends un peu, G'ai presue fini, répliua @enise. 4rois 4rois cent... vingt,... vingt-cin... uarante-cin.... uarante-cin.... 4rois 4rois cent cinuante * Plus tes deu% cent soi%ante-uin8e, :a fait.... F Japidement, Lisa fit le calcul & D ;i% cent vingt-cin. @ivise par deu%.... > Ta va (tre difficile, difficile, lui fit remaruer @enise & les pi!ces de cinuante centimes n'e%istent plus. > 6rrondis, 6rrondis, alors.... > Eh #ien, disons trois cents francs pour la #ande, et trois cent vingtcin pour l'Empereur.... >\ 6Goutes-y 6Goutes-y les cin cents francs des #illets de loterie, intervint anu ui venait de réapparaQtre ) leurs cMtés, plus encore les cent uarante-cin francs de confetti. » @enise fouilla dans sa poche & D 4iens, dit-elle ) Lisa ui inscrivait les sommes au fur et ) mesure, les enveloppes-surprises enveloppes-surprises ont rapporté trois cent soi%ante francs.... > ... plus les trois cent uin8e de la p(che ) la ligne. Nous avons en tout.... F Le petit groupe attendit, le c
> ille si% cent vingt, annon:a anu so#rement. > +ormida#le * cria cria $ernard. n va D les F chercher demain matin.... matin.... > @emain apr!s-midi, rectifia livier. livier. @emain c'est lundi, et la #outiue n'ouvre u') trois heures. > Entendu, alors, reprit anu. n se retrouve demain ) trois heures, au coin de la rue +ernande et de la rue de la "roi%-Kerte.... F Les enfants n'en finissaient plus de se séparer. 7l leur sem#lait ue, tant u'ils resteraient ensem#le, la rue, Gonchée de confetti et d'enveloppes vides, et ue la foule avait désertée peu ) peu, garderait un peu de l'enchantement des heures précédentes. L'Empereur s'approcha du petit groupe & D 6llons, 6llons, mes enfants, dit-il doucement comme s'il avait craint de #riser le charme, demain il fera Gour * 7l faut aller ) la soupe, maintenant c'est l'heure. Kiens, Lisa.... F Lisa se tourna docilement vers ses amis & D $onsoir, anu F, commen:a-t-elle.... Elle n'eut pas le temps d'achever. @e l'angle de la rue dé#oulait une masse noire ui, se Getant contre elle, devint en trois secondes un énorme chien au poil emm(lé, au% flancs maigres. 7nstinctivement, les enfants recul!rent. Lisa vacilla sous le choc puis elle regarda l'animal ui tentait en gémissant de lui lécher les mains, p=lit affreusement et, #rusuement, serra le chien contre elle en chuchotant & D $ivouac *F
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CHAPITRE -IV L'6""J@YN7;4E terminait
son fromage. Lisa s'était en vain efforcée d'avaler uelue chose. Elle tendit son assiette pleine ) $ivouac ui, couché ) ses pieds, levait vers elle un regard d'adoration & D @éGeune ) ma place F, lui dit-elle. La veille, voyant l'enfant #ouleversée, l'aveugle s'était gardé de toute uestion et l'avait envoyée rapidement au lit. La tournée du matin s'était faite en silence. ais maintenant, devant le trou#le de Lisa, l'homme sentait ue le moment était venu de tirer les choses au clair. 7l posa sa main sur celle de Lisa & D Eh #ien, raconte F, dit-il doucement. L'enfant n'hésita pas. En uelues mots, elle fit le récit de sa fuite, e%pliuant les raisons ui l'avaient poussée ) uitter la DventaF, détaillant les épisodes de son éuipée. D Et u uan andd l'ac l'acci cide dent nt est est arri arrivé vé,, ditdit-el elle le po pour ur term termin iner er,, Ge vo voul ulai aiss prendre le train train du soir pour ende. ende. F L'accordéoniste l'avait laissée parler sans l'interrompre. LorsuSelle se tut, il parut réfléchir un instant, prit le temps de vider son verre, écrasa sa cigarette au #ord de son assiette puis il se tourna vers Lisa. D Oe vais te dire ce ue Ge pense et ne sois pas f=chée si Ge n'y mets pas de forme & depuis ton départ de che8 toi, tu n'as fait ue des #(tises. F L'enfant eut un sursaut de surprise.
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D Ne m'interromps pas, poursuivit le musicien. 4u pars ) l'aveuglette sur les routes, routes, sans #ien savoir o9 tu vas, et comment pas un instant, tu n'as pensé ue le monde est plein de #raves gens ui ne demandent u') s'aider s'aider les uns les autres. 4u me dis ue tu as rencontré les gendarmes ) vingt ilom!tres de che8 toi & pouruoi ne t'es-tu pas confiée ) eu% 0 Oe suis s?r u'ils t'auraient aidée ) rendre $ivouac ) ses propriétaires c'a t'aurait épargné du temps et de la peine. D Parlons maintenant du curé de $elle-Epine & voil) un #rave homme ui te donne un lit, ui t'offre l'hospitalité et, uand les choses tournent mal, au lieu de te confier ) lui, u'est-ce ue tu fais 0 tu files * > O'avais peur u'il prévienne les gendarmes, gendarmes, avoua l'enfant. l'enfant. > En voil) unie idée * s'e%clama l'aveugle. 4u as as déG) vu un curé aller faire des confidences ) la police pour faire des ennuis au% personnes 0 @ismoi un peu si tout :a tient de#out * La vérité, c'est ue tu t'es lancée dans une aventure difficile, et ue tu as eu peur. avait u') t'entendre, l'autre Gour, t'affoler en face du flic ui ne te voulait pas de mal & t'aurais crevé le c ais, #ien s?r, l'Empereur F, #al#utia l'enfant ui ne voyait pas o9 il voulait en venir. 7l précisa & D Oe veu% dire & tu as confiance en moi 0 tu sais ue Ge ne te veu% aucun mal 0 F 7l se tut uelues secondes avant de reprendre & « Eh #ien, regarde * F 11A
Lentement, il enleva ses lunettes noires. ;tupéfaite, Lisa se leva & le musicien la fi%ait de ses yeu% #leus parfaitement sains > des yeu% dont on devinait u'ils voyaient loin,... D 4u vois, reprit le fau% aveugle, moi aussi, Ge t'ai trompée tout le monde trompe tout le monde. Et G'ai mon e%cuse, comme tout le monde. Un ancien marin, ) plus de cinuante ans, :a ne trouve pas facilement du travail alors, on Goue de l'accordéon dans les rues et pour apitoyer le pu#lic, on met des lunettes noires.... 4u ne dis rien 0 F Lisa releva sa t(te u'elle avait enfouie dans d ans ses mains. « 77 faut ue Ge reparte, l'Empereur. ier soir, déG), G'étais décidée ) continuer ma route mais maintenant Ge ne peu% pas attendre une minute de plus.... @'ailleurs, moins signalement et celui de $ivouac ont paru dans les Gournau%. "'est un miracle ue la police ne nous ait pas encore mis la main dessus. ais il ne faut pas tenter le sort. F L'accordéoniste haussa des épaules en un geste d'impuissance. D +ais comme tu veu%, soupira-t-dl. ais tu comprendras plus tard ue c'est moi ui ai raison. > Oe me crois pas, répondit Lisa ) voi% #asse. ais Ge vous aime #ien, l'Empereur. Et Ge vous remercie. > /uand pars-tu 0 > Oe prendrai le train de cin heures, ce soir. @'ici l).... F 77 l'interrompit l'interrompit & D @'ici l), tu as des Dadieu% ) faire. Et les patins ) acheter F, aGouta-il avec un #on sourire. 7l se leva et fouilla dans sa poche. D 4iens, dit-il en lui tendant deu% #illets de mille francs. "e sont les tiens. 4u vas en avoir #esoin. F Lisa s'était levée, et accrochait ) son épaule le #issac ui, pendant trois Gours, était resté pendu ) un clou. Elle prit les deu% mille francs et les rangea dans son porte-monnaie. > Emporte aussi de uoi manger, insista l'Empereur. l'Empereur. @'ici ue tu arrives.... > O'arriverai O'arriverai demain, répliua répliua Lisa. > Et apr!s 0 > 6pr!s, on verra. F * **
L'Empereur avait a#régé les adieu% en préte%tant une course urgente. Et Lisa était descendue avec $ivouac che8 les demoiselles d emoiselles "onfetti. "onfetti. D Le #eau chien * s'était e%clamée Ursule, en voyant l'enfant entrer avec $ivouac. 4u vois #ien ue tu avais un chien * 11H
> Laisse-la donc * F coupa ira#elle ui devinait u'il était arrivé uelue chose. Lisa les regarda l'une apr!s l'autre, puis finit par annoncer & D Oe viens vous dire au revoir. > 4u ne seras pas restée restée longtemps, répondit répondit ira#elle avec avec regret. 4u 4u vas nous manuer. F Lisa sentit monter en elle un attendrissement dont elle ne voulait ) aucun pri%. D Oe ne peu% pas m'attarder, e%pliua-t-elle rapidement. O'ai seulement voulu vous em#rasser avant de partir. Et aussi vous remercier pour les confetti F, aGouta-t-elle avec un sourire forcé. Les deu% s
4oute la #ande était déG) réunie lorsu'elle arriva. D n n'attendait plus ue toi, e%pliua $ernard. > /u'est-ce ue c'est c'est ue ce chien 0 demanda livier. livier. > "'est mon chien, e%pliua Lisia. Oe l'avais perdu. F anu, le premier, premier, [remarua le #issac. 7l regarda longuement le visage de Lisa, et finit par lui dire & D 4'es toute changée.... 4u pars0F Elle fit oui de la t(te. Les enfants se regard!rent, consternés. D 4u reviendras 0 demanda enfin @enise. > Oe ne crois pas.... pas.... > 6lors, éclatai $ernard, on a plus #esoin des patins c'est pas la peine.... F Lisa se for:a pour sourire & D ;ois raisonna#le, lui dit-elle des patins, c'est touGours des patins. Et puis, on s'est #ien amusés, ) préparer cette ermesse.... ermesse.... F Elle se tourna vers anu & D 4u as l'argent 0 F 7l fit signe ue oui. D 6lors, va les chercher. F Pendant u'il pénétrait dans la #outiue, 'les autres 11I
l'attendirent sur le trottoir. 7ls virent le #rocanteur plonger sa main dans la vitrine, décrocher la paire de patins ) roulettes u'il frotta un peu sur sa #louse grise pour les faire #riller. #riller. anu ressortit #ientMt, tenant d'une main la paire de patins dont il avait refusé u'an 'lui fit un pauet. 7l les tendit ) Lisa & D Essaie-les F, lui dit-il. Elle secoua la t(te. D O'aime mieu% pas, répondit-elle. @'ailleurs, Ge ne sais pas m'en servir.F livier la poussa du coude et lui montra le trottoir opposé & en face d'eu%, Pierre-le-Raleu% et sa #ande contemplaient la sc!ne avec des visages p=lis par la déception. anu et Lisa se regard!rent, puis consult!rent les autres du regard & ils eurent un geste d'assentiment. $ernard haussa les épaules & D ;i tu veu% * lan:a-t-il. aintenant, u'est-ce ue :a peut faire 0 F Les patins ) la main, anu traversa la rue. Les autres le suivirent et, comme lui, s'arr(t!rent ) trois pas de la #ande adverse. anu tendit les patins ) Pierre-de-Ral P ierre-de-Raleu%. eu%. «- 4iens, 4iens, lui dit-il. n les a #ien gagnés, g agnés, et vous aussi. n s'en servira ) tour de rMle. F Pierre-le-Raleu% Pierre-le-Raleu% prit les patins, #aissa la t(te, puis les rendit ) anu. D Oe te remercie, anu mais, les patins magiues, nous, on n'y croit plus. > Nous non plus F, F, avoua amu. * * *
Le moment du départ approchait. D 4u veu% u'on t'accompagne ) lai gare 0 proposa livier. > 7l vaut mieu% pas, répondit Lisa. @'a#ord, Ge crois u'il va falloir ue Ge coure G'ai peur d'(tre en retard. F Elle serra solennellement la main des gar:ons, et em#rassa @enise dont la figure ronde avait une drMle d'e%pression. Puis elle appela $ivouac, et remontant sur son épaule la courroie du #issac, tourna les talons. Elle avait fait uelues m!tres lorsue anu, essoufflé, la reGoignit & « O'allais ou#lier F, lui dit-il, tout en fouillant dans sa poche. 7l en sortit uelue chose u'il garda un instant dans son poing serré. D "'est la montre, finit-il pair e%pliuer. "'est mon p!re ui l'avait gagnée Ge ne savais pas.... Et u'est-ce ue tu veu% u'on en fasse, lui et moi 0 @eu% hommes, tu comprends.... a m!re est morte.... F
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77 ouvrit la main, et Lisa vit apparaQtre la petite montre-#racelet dont le sacrifice lui avait tant co?té. Ne sachant ue dire, elle laissa le gar:on rattacher ) son poignet. D Et peut-(tre u'on se reverra uand m(me F, lui souffla anu, avant de faire volte-face. Un instant, elle resta clouée sur place, ) contempler sa montre retrouvée et tous les souvenirs u'elle représentait, maintenant. Puis, ) son tour, elle se mit ) courir, $ivouac ) son cMté, dans la direction de la gare. 7l y avait pr!s de la moitié de la ville ) traverser, traverser, et il était cin heures moins vingt. D Pourvu ue G'arrive ) temps * F pensait-elle, tout en courant le long dess rues de rues.. L'id L'idée ée de pa pass sser er ving vingtt-u uat atre re he heur ures es de plus plus ) 6l#i l#i lui lui étai étaitt insupporta#le & sa peur l'avait reprise. Lorsu'elle arriva en vue de la gare, la pendule maruait cin heures moins cin. L'enfant réfléchit rapidement & D Pas le temps de prendre mon #illet pour peu ue l'employé me fasse attendre, Ge manue mon train. 4ant 4ant pis * Oe paierai ma place en route *... F La m(me phrase, elle la répéta ) haute voi% ) l'intention de l'employé préposé au contrMle contrMle et, touGours courant, elle elle passa sur le uai. La locomotive locomotive haletait. D Kite, $ivouac * F cria-t-elle au chien. 6u moment o9 le chef de gare se mettait ) crier & D En voiture, s'il vous plaQt * F, ils atteignaient le Xagon de ueue. Les porti!res, déG) fermées, paraissaient #louées par des montagnes de valise. Lisa et $ivouac continu!rent leur course & le deu%i!me Xagon était ) un .m!tre, et sa porti!re ouverte rendit un peu de courage ) l'enfant. Elle fit un dernier effort et, arrivée ) la hauteur de la premi!re porti!re, poussa devant elle $ivouac. Puis s'accrochant ) la rampe de cuivre, elle sauta ) son tour sur le marchepied.
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+UATRI/ME PA +UATRI/ME PARTIE RTIE CHAPITRE -V PJYKU pour
huit occupants, le compartiment de troisi!me classe en contenait on8e. Lisa, coincée entre un Geune militaire et une opulente m!re de famille dont la marmaille s'éparpillait un peu partout, reprenait son souffle $ivouac s'était allongé ) ses pieds et sem#lait considérer la situation avec philosophie. D 4u l'as eu de Gustesse, ton train F, remarua la femme, ) l'adresse de Lisa, tout en mouchant le gar:onnet de deu% ans u'elle tenait sur ses genou%. « O'étais tellement en retard, confia l'enfant, ue Ge n'ai m(me pas eu le temps de prendre mon #illet. @'ailleurs, poursuivit-elle d'un ton inuiet, il faut ue Ge trouve le contrMleur. F Elle fit mine de se lever. ais déG), d'un revers de main autoritaire, la m!re de famille la ra#attait sur son si!ge. D Jeste donc tranuille, #ougonna-t-elle. Pour ce ui est de l'agitation, mes gosses y suffisent suffisent #ien. Et d'a#ord, y a point de contrMleur contrMleur dans ce train avant la nuit. /ueluefois, on arrive ) ende, et Dn l'a pas encore vu. F Lisa, ) demi rassurée seulement, n'osa pourtant pas protester. L'autorité de la femme, autant ue son volume, lui en imposait. Ko Koyant son em#arras, le Geune soldat timide ui transpirait dans son ai hors saison, toussa deu% ou trois fois pour se donner du d u courage, puis intervint & b D "e serait uand m(me plus raisonna#le de voir le chef de train & il paraQt ue, si on ne l'avertit l'avertit pas d!s u'on a uitté uitté la 122
gare, il peut vous o#liger ) payer le pri% du parcours total, depuis le point de départ départ du train.... n n ne sait Gamais.... Gamais.... > ois Ge sais, coupa la m!re de famille. Oe fais le traGet deu% fois par .an & alors * 4iens, 4iens, aGouta-t-elle, en se tournant vers Lisa, prends donc un peu le petit pendant ue Ge vais vais voir ce ue font les autres. F Et elle déposa sur les genou% de la fillette a#asourdie le mioche #ar#ouillé de chocolat ui se mit ) protester en hurlant. ais la femme avait l'ha#itude et s'éloigna sans se retourner, en écrasant uelues pieds sur son passage. LisaW et le soldat échang!rent un regard étonné. 7l haussa les épaules & D L'ha#itude du commandement, murmura-t-il en guise de réponse ) la uestion muette de la fillette. /ue voule8-vous, avec tant d'enfants.... d'enfants.... > ais croye8-vous u'elle ait dit vrai, pour le contrMleur 0 Oe ne voudrais pas me mettre dans mon tort * > Oe ne sais plus, avoua 'le militaire. 7l se peut u'elle soit au courant. ais, si vous voule8 mon avis, on n'est Gamais asse8 prudent et vous ferie8 #ien de vous mettre ) la recherche du contrMleur ou du chef de train, dans un moment. F Lisa considéra d'un air em#arrassé le gar:onnet ui continuait ) se tortiller sur ses genou%. D Oe vais y aller d!s ue sa m!re sera revenue, finit-elle par décider. 6pr!s tout, elle me l'a confié.... > @onne8-le-moi, proposa le soldat aima#lement. aima#lement. Oe m'en occuperai. Et parte8 tout de suite & si elle vous trouve encore ici ) son retour, elle est capa#le de ne pas vous v ous laisser uitter le compartiment avant le terminus. F L'enfant et le militaire éclat!rent de rire. D "'est #ien possi#le, admit Lisa en déposant sur les genou% du Geune homme le gar:onnet touGours hurlant. Oe crois, aGouta-t-elle apr!s uelues secondes de réfle%ion, u'il vaut mieu% ue G'emm!ne mon chien Ge ne suis pas s?re de revenir revenir dans ce compartiment. compartiment. > @ans ce cas, au revoir, revoir, dit le soldat. > 6u revoir, revoir, répondit répondit Lisa. Et merci pour votre ama#ilité. F B BB
77 fais faisai aitt nu nuit it.. @a @ans ns les les co comp mpar arti time ment ntss s'ét s'étai aien entt allu allumé méss de depu puis is longtemps les glo#es électriues ui répandaient sur les #anuettes vertes des troisi!mes classes une lueur mouillée. Lisa se sentait devenir une légende du train. Elle avait par12
couru tant de fois le convoi dans un sens, punis dans l'autre, tant demandé ) la porte de chaue compartiment & D Kous n'aurie8 \pas vu le contrMleur, s'il vous plaQt 0 F ue maintenant sa voi% s'enrouait ) la seule idée de poser la uestion une fois de plus. ais la uestion devenait inutile. 7l suffisait ue Lisa appar?t, le #issac #ringue#alant ) l'épaule, flanuée de l'énorme $ivouac dont les yeu% clignaient de sommeil > pour ue le ch O'attends O'attends le contrMleur, contrMleur, commen:a commen:a Lisa.... > Oe sais, Ge sais, interrompit la voyageuse. ais rien ne t'emp(che de l'attendre sur une #anuette plutMt ue dans le couloir. Ka donc prendre ma place & Ge ne suis pas fatiguée. fatiguée. F B BB Elle n'eut pas ) insister. $al#utiant un vague remerciement, Lisa se glissa dans le compartiment o#scur dont cin si!ges sur si% étaient occupés par des voyageurs somnolants. Elle s'installa sur le si%i!me, repoussant un o#Get ui, -dans la pénom#re, lui parut (tre un sac ) main de grande taille. Puis elle décrocha de 12
son épaule son éternel #issac, le posa pr!s d'elle et, serrant contre Des genou% la t(te du #ouvier ui l'avait suivie, s'endormit. La lueur #rutale du plafonnier l'éveilla en sursaut. 6utour d'elle, les voyageurs fouillaient dans leurs poches et dans leurs sacs, avec des mains rendues maladroites par le sommeil. Lisa, dans son coin-couloir, se redressa et se tourna vers la porte du compartiment, o9 le contrMleur répétait d'une voi% patiente & D Kos #illets, s'il vous plaQt * F 7mmédiatement, elle fut sur ses pieds et consciente de la nécessité urg urgente nte d'e% d'e%pl pliiu uer er po pour uru uoi oi ell elle se trouv rouvaait, sans sans #il #illet, et, clans lans un comparti compartiment ment de premi!re premi!re classe, en compagnie compagnie d'un chien ui tenait tenait autant autant de place ue trois nourrissons. D onsieur le contrMleur, commen:a-t-elle, commen:a-t-elle, Ge n'ai pas de #illet... F Le contrMleur tourna vers la fillette un regard surpris, mais #ienveillant il l'aurait sans doute laissée poursuivre, lorsu'il s'avisa de la présence de $ivouac & D "'est ) ui, ce chien 0 demanda-t-il en fron:ant les sourcils. >. 6 moi, monsieur, monsieur, répondit Lisa Lisa en trem#lant trem#lant -un peu. > Les chiens doivent voyager dans le fourgon, précisa l'employé. O'emm!nerai le tien d!s ue G'aurai fini ma tournée. Et tu disais ue tu n'avais pas de #illet 0 > ais Ge vous ai cherché d!s le départ, départ, depuis 6l#i, et.... > "'est e%act, intervint la Geune femme ui avait cédé sa place ) Lisa. 4out le monde dans Oe train pourra vous le dire & cette enfant n'a pas cessé de vous demander ) tous les échos Gusu') di% heures du soir. F Oovial, le contrMleur se tourna vers Lisa & D Eh #ien, c'est tout simple, dans ce cas, annon:a-t-il. 4u me dois le traGet d'6l#i ).... Ousu'o9 vas-tu 0 > 6 ende, répliua Lisa ui commen:ait commen:ait ) respirer plus plus li#rement. > Nous disons donc & 6l#i-ende en premi!re classe, soit deu% mille uatre cents francs. F @éG) le contrMleur tirait de sa poche un carnet ) souches. Lisa se sentit p=lir elle possédait deu% mille mille francs, pas un sou de plus. D O'avais l'intention de voyager en troisi!me classe F, murmura-t-elle d'une toute petite voi%. @e nouveau la voyageuse intervint & D "'est moi ui lui ai proposé de prendre ma place il y a uelues instants, e%pliua-t-elle. "ette petite fille, en réalité, a fait le voyage de#out dans les couloirs.... > "'est > "'est #on, Ge ne suis pas un ogre, répliua le contrMleur
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ui avait h=te d'en finir. Oe vais lui délivrer un #illet de troisi!me classe 6l#i-ende 6l#i-ende ui ne lui co?tera ue mille deu% cents francs > et tout sera dit. F "rayon en main, le contrMleur commen:ait ) inscrire chiffres et dates sur uni #illet u'il venait de détacher de son carnet ) souches. Lisa plongea la main dans sa poche pour y p(cher son portemonnaie. Elle fron:a les sourcils & sa main ne rencontrait rien en dehors d'un mouchoir mouchoir fripé. D 77 doit (tre dans mon #issac », murmura-t-elle pour elle-m(me. L'attention soutenue des voyageurs ui ne la uittaient pas du regard la rendit nerveuse elle tenta d'attirer le sac de grosse toile u'elle avait déposé pr!s d'elle, -un peu plus tMt dans la soirée. /uelue chose sem# sem#la lait it rete reteni nirr la co cour urro roie ie,, et Lisa Lisa,, pres pressé séee de retr retrou ouve verr son son po port rteemonnaie, ne s'attarda pas ) la li#érer. ;e rasseyant au #ord de la #anuette, elle entreprit l'e%ploration du #issac. Le contrMleur, de son cMté, s'impatientait lég!rement. D "herche #ien, dit-il ) Lisa. Nous ne serons pas ) ende avant trois uarts d'heure. Oe reviendrai chercher ton chien uand nous aurons passé +lorac, et et tu paieras ton ton #illet ) ce ce moment-l). F Et, touchant du doigt sa casuette galonnée, il referma derri!re lui la porte du compartiment et disparut ) l'autre #out du couloir. * * *
7mmédiatement, conseils et uestions se mirent ) pleuvoir sur la fillette. D "herche #ien.... >Essaie de te rappeler & uand t'es-tu servie de ton porte-monnaie pour la derni!re derni!re fois 0... > 7l a peut-(tre peut-(tre glissé sous la #anuette.... #anuette.... » Lisa s'énervait et, sans répondre, continuait ) éparpiller autour d'elle le co cont nten enuu du #iss #issac ac do dont nt la co cour urro roie ie pa para rais issa sait it myst mystér érie ieus usem emen entt et définitivement coincée entre la #anuette et la paroi du Xagon. 6 mesure ue le sac se vidait, elle sentait monter en elle aine certitude épouvanta#le elle cherchait encore, mais par acuit de conscience, et aussi pour retarder le moment o9 il lui faudrait admettre la vérité & elle se revoyait fort #ien, maintenant, recevant recevant le porte-monnaie des mains de Napoléon $erteau et le glissant dans la poche de sa Gupe. @epuis, elle n'y avait plus touché. D O'ai tant couru pour arriver ) la gare, réfléchit-elle, il a d? tom#er de mai poche.... »
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Les voy voyage ageurs urs s'étai s'étaient ent arr(t arr(tés és de parler parler pou pourr con consid sidére érer, r, avec avec un mélange de sympathie et de curiosité, le visage soudain affreusement p=le de l'enfant. Une derni!re fois, Lisa promena sa main au fond du sac, vide maintenant > puis l'en retira et, se tournant vers ses compagnons de voyage, annon:a d'une voi% altérée & D O'ai perdu mon porte-monnaie. F * * *
En trois trois seconde secondes, s, l'atmo l'atmosph sph!re !re du compar compartim timent ent se modifi modifia. a. La sympathie unanime ui avait entouré les recherches recherches de Lisa fit place ) une
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vague hostilité o9 per:aient un peu de mépris, et aussi une certaine méfiance. @e uel droit cette enfant mal v(tue, sans le sou, flauée d'un chien énor én orme me et un pe peuu effr effray ayan ant, t, ve vena nait it-e -ell llee en enco com# m#re rerr leur leur co comp mpar arti time ment nt conforta#le 0 n avait #ien voulu accueillir la diversion ue sa petite aventure apportait ) un voyage monotone. ais, maintenant ue les choses se g=taient, personne n'avait l'intention l'intention de se solidariser avec elle. elle. ;eule, la voyageuse ui lui avait cédé sa place sem#lait prendre sa part des difficultés o9 se dé#attait Lisa. D Ta doit pouvoir s'arranger, lui dit-elle d'un ton conciliant. ;i tu t'e%pliues franchement avec le contrMleur, il te laissera descendre ) ende. 4u n'as u') lui donner ton nom et ton adresse.... F Lisa #l(mit un peu plus. En supposant u'elle voul?t #ien donner son adresse, Gamais l'oncle Luigi ne consentirait ) payer le pri% d'une escapade u'il n'aurait pas approuvée. ;a réaction n'échappa ) personne, et l'hostilité générale se nuan:a d'un soup:on précis. p récis. Une dame trop maigre ui, Gusue-l), s'était contentée d'assister en silence ) la sc!ne, intervint d'une voi% acide & D Peut Peut-( -(tr tree fera ferait it-el -elle le mieu mieu%% d'av d'avou ouer er tout tout de suit suitee u uee ce po port rteemonnaie, elle ne l'a Gamais eu. F Lisa se retourna et fit face ) la dame maigre. D /ue voule8-vous dire 0 >\ "e ue tu as compris. "ette histoire de porte-monnaie perdu, c'est trop facile, et pas tr!s original. F 7ndignée, Lisa sauta sur ses pieds. $ivouac se mit ) gronder. Lai voyage-usé poursuivit & « 4u espérais peut-(tre nous apitoyer.... F L'enfant l'interrompit & « Oe n'ai rien demandé ) personne. (me cette place, on me l'a offerte spontanément. Jien ne vous autorise ) me traiter de menteuse. F Un gros monsieur s'interposa & D n ne t'insulte pas. ais enfin, rends-toi compte & ton histoire est un peu suspecte. Et ue vas-tu faire, faire, maintenant 0 F Le ton protecteur du gros homme irrita Lisa plus encore ue les insultes de la dame maigre. Perdant toute réserve, elle répliua vertement & D "e ue Ge vais faire, Ge le ferai sans l'aide de personne, et :a ne regarde personne. > Petite insolente * s'écria la dame maigre. 4u mérites tous les ennuis ui t'attendent * F La protectrice de Lisa s'interposa & D Laisse8 cette petite fille tranuille, lan:ai-t-elle vous voye8 #ien u'elle est de #onne foi. Nous ferions mieu% de chercher ) l'aider. l'aider. F 12H
Elle se tourna vers l'enfant & D Keu%-tu ue Ge te pr(te le pri% de ton #illet 0 proposa-t-elle. 6pr!s tout ce n'est pas une grosse somme, et tu pourrais me rem#ourser un peu plus tard.... F La col!re et l'émotion coupaient la parole ) Lisa. Elle fit D mon F de la t(te, et se rapprocha de $ivouac ui continuait ) monter la garde ) son cMté. D ais si, insista la Geune femme c'est tout simple, et :a t'épargnera #ien des complications. complications. F L'offre était tentante. ais Lisa ne voyait pas la possi#ilité d'accepter un pr(t dont le rem#oursement lui paraissait plus u'incertain. @e plus, un plan commen:ait commen:ait ) se former dans sa t(te. ;u#repticement, elle Geta un coup d'
précieuses > et risuer aussi, sans doute, une nouvelle discussion ui rendrait impossi#le l'e%écution de son plan avant l'entrée du train en gare de +lorac +lorac.. L'a#an L'a#andon donner ner,, c'étai c'étaitt perdre perdre une poigné poignéee d'o d'o#Ge #Gets ts modest modestes es mais mais indispensa#les & peigne, couteau, lampe de poche.... Lisa se retourna ) demi et lan:a un coup d' et s'élan:a. Lisa n'avait pas eu le temps de s'étonner u'il était déG) de retour, serrant entre ses dents le '#issac de grosse toile. L'enfant ne s'attarda pas ) le féliciter. Les lumi!res de +lorac grossissaient ) vue d'
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CHAPITRE -VI PEN@6N4 un
instant, Lisa crut avoir mal vu & l'o#scurité, la fatigue, les émotions de la derni!re demi-heure, le choc de 'la chute > tout cela pouvait fort #ien e%pliuer une erreur ou une hallucination. @ans la pénom#re #leue de cette nuit de Guillet, elle avan:a la main & le contact froid du cuir vint confirmer sa premi!re impression. D Ta, alors * F fit-elle, stupéfaite. ;ortant sa lampe de poche, elle entreprit un e%amen plus poussé de l'o#Get & c'était #ien un sac, de grandes dimensions sous le faisceau de la lampe, le cuir de croco s'allumait de reflets fauves et soyeu%. L'enfant considéra avec respect le fermoir de métal doré. « Un #el o#Get, constata-t-elle. ais d'o9 vient-il 0 F ;oudain, son regard tom#a sur la poignée du sac dont un anneau restait accroché ) la #oucle de la courroie du #issac de toile. 7mmédiatement, tout lui revint & le sac ) main u'elle avait repoussé, dans l'o#scurité du compartiment de premi!re classe, parce u'il l'emp(chait de s'asseoir son propre #issac ui sem#lait refuser de uitter la #anuette.... 4out était clair maintenant. Le sac avait glissé derri!re les coussins, la courroie du #is sac avait suivi.... Le reste était facile ) imaginer. Oustement, Lisa imaginait. Et soudain, elle sursauta & ce sac ne pouvait appa ap part rten enir ir u u') ') la vo voya yage geus usee ui l'av l'avai aitt #rav #ravem emen entt dé défe fend ndue ue co cont ntre re la malveillance générale apr!s lui avoir si généreusement cédé sa place. D /ue va-t-elle penser de moi * F
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4elle fut la premi!re réaction de l'enfant. Un instant, elle fut tentée de courir Gusu') +lorac et de remettre le sac au chef de gare. ais, #ien vite, le caract!re irréalisa#le de son proGet lui apparut. ;ans aucun doute,' lia Geune femme avait vu $ivouac emporter sac et #issac cet incident s'aGoutant ) celui du porte-monnaie perdu, la #onne fois de Lisa devenait moins plausi#le, et toute l'histoire prenait l'allure d'un coup monté. D Elle n'aura rien eu de plus pressé ue de porter plainte, en arrivant en -gare de +lorac, réfléchit la fillette. Et Ge la comprends * Les apparences sont contre moi.... F Lisa, de minute en minute, sentait se préciser dans son esprit toutes les conséuences de sa derni!re mésaventure. ;i la voyageuse portait plainte, son signalement et celui de $ivouac allaient se répandre dans toute la région. 7mpossi#le, désormais, de circuler comme Lisa avait eu l'intention de le faire pour 'retrouver les propriétaires propriétaires du chien > sous peine de se voir arr(ter pour fraude ) [l'égard de la "ompagnie des "hemins de fer et, pis encore, pour vol. ;ans compter les recherches dont elle avait fait l'o#Get depuis son passage ) ;aint-6ffriue.... $rusuement, l'enfant sentit le désespoir l'envahir. 6 cetteB heure de la nuit o9 toutes les enfants de son =ge doivent avoir regagné depuis longtemps la sécu sécuri rité té de leur leur lit, lit, sur sur ce rem# rem#la laii ho host stil ilee o9 l'he l'her# r#ee de deva vait it refu refuse serr de pousser, toute son aventure lui apparaissait dans des proportions ) la fois grotesues et tragiues. D /uelle histoire a#surde * sanglotait Lisa. aintenant, impossi#le de rendre $ivouac ) ses propriétaires impossi#le, peut-(tre, de retourner ) la DventaF.... Pas aivec $ivouac, en tout cas.... F 6ssis ) un m!tre de l), le chien considérait avec timidité cette e%plosion de chagrin dont il ne comprenait pas la cause. Pour lui, tout allait #ien & évidemment, la route avait ueluefois été dure mais, dans l'ensem#le, cette longue randonnée l'amusait. Et puis, n'avait-il pas l'essentiel, c'est-)-dire la présence de Lisa 0 L'entendant prononcer son nom, il osa se rapprocher Gusu') frMler de son museau humide les cheveu% é#ouriffés de l'enfant. Lisa se redressa, sensi#le ) l'appel inuiet ui per:ait sous le geste du #ouvier. D n va dormir F, dit-elle, en s'effor:ant de mettre dans sa voi% une assurance dont elle se sentait #ien loin. @ormir, soit & mais o9 0 Elle Geta un regard autour d'elle & au-del) de la voie ferrée, le 4arnon roulait entre des #erges étroites ses eau% noircies par la nuit de l'autre cMté, ) la limite de la plaine de p=turages #r?lés par l'été, se profilait la ligne sév!re du plateau d'7spaniac dominant celle, plus douce, d'un petit p etit #ois montant ) l'assaut des pentes raides. 12
Une tache claire au c
Le petit #ois #aignait dans cette pénom#re p=le ui préc!de l'aurore. Un silence parfait avait succédé au% mille #ruits de la nuit. ;eul, le ruisseau ui Gaillissait au au creu% de trois gros gros rochers moussus mettait mettait un peu de vie dans dans ce paysage pour $elle $elle au #ois dormant. dormant. $lottis entre les racines noueuses d'un vieu% ch(ne, les deu% fugitifs dormaient. ;oudain, un frémissement impercepti#le passa dans les #ranches de l'ar l'ar#r #re. e. Les Les feui feuill lles es s'éc s'écar art! t!re rent nt,, lais laissa sant nt pa para raQt Qtre re le 'mus 'musea eauu rou% rou% d'un d'un écureuil. Un instant, de petit animal sem#la hésiter puis, rassuré par le silence environnant, il s'enhardit et, sautant de #ranche en #ranche, descendit Gusu'au% racines du ch(ne. 6 trois m!tres de lui, l'enfant et le chien reposaient. @e loin, l'écureuil l'écureuil e%amina la sc!ne avec intér(t intér(t & il y avait avait l) uelue chose d'insolite u'il aurait #ien voulu voir de plus pr!s. L'immo#ilité du groupe dissipa ses derni!res craintes rassem#lant son audace, il prit son élan, et un dernier #ond l'amena ) pro%imité du visage de Lisa. 6ssis dans l'her#e humide, le petit animal profitait de cette au#aine rare u'est, pour un écureuil, le spectacle d'un (tre humain endormi au pied d'un ar#re. 7l regardait. 7l y avait #eaucoup ) voir & tout l'intriguait, depuis les cheveu% noirs ui faisaient paraQtre plus p=les les Goues #runies de la fillette, Gusu'au #issac défraQchi ui, accroché ) une #ranche #asse, se #alan:ait doucement dans le vide. Peut-(tre l'écureuil aurait-il prolongé l'e%amen Gusu') épuisement de sa curiosité, si une #rindille morte ne s'était détachée de l'ar#re. La #ranche tom#a avec un clauement sec. @ans son sommeil, Lisa eut un soupir et $ivouac, sans ouvrir les yeu%, allongea le cou pour poser son museau sur l'épaule de l'enfant. Effrayé, l'écureuil fit un #ond en arri!re. 7l plongea dans un taillis, levant une alouette ui Gaillit vers la cime des ar#res avec un pépiement aigu. "e fut un signal & un lé8ard fila dans l'her#e, éveillant sur son passage des milliers d'insectes #ourdonnants Un clapotement
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L$s& s$00& B$2ou&% e s&u& 3&'s e 2$3e 1
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annon:a, dans le ruisseau voisin, le réveil d'une grenouille. La #rume ui montait de l'her#e humide prit une teinte rosé tandis u'entre les troncs d'ar#res apparaissait au loin un reflet d'incendie. Un frisson parcourut le petit #ois tout entier entier ui parut s'é#rouer. s'é#rouer. Le soleil se levait. $ivouac ouvrit les yeu% puis, avec un #=illement paresseu%, se mit sur ses pattes. Pointant son museau ) droite, puis ) gauche, il huma délicatement d'alir ui lui apportait le message du sous-#ois. "ela sentait #on l'her#e vente douce au% pattes, l'eau fraQche, le petit gi#ier g i#ier facile ) prendre.... Jassuré, le chien se tourna vers Lisa & l'enfant, épuisée par la marche et le souc souci, i, do dorm rmai aitt prof profon ondé déme ment nt.. Un inst instan ant, t, le #o #ouv uvie ierr fut fut tent tentéé de se recoucher pr!s d'elle. ais les tiraillements de son estomac lui rappelaient ue le dernier repas était loin. "omme lui, Lisa aurait faim en s'éveillant. Et, il le sentait, c'était ) lui d'assurer maintenant la su#sistance de l'éuipe. 7l eut pour l'enfant un dernier regard, huma le vent, puis il partit au petit trot et disparut sous les ar#res. * * *
La caresse d'une langue r=peuse éveilla Lisa. Elle ouvrit les yeu% & assis pr!s elle, le #ouvier attendait, une patte posée sur un lapereau fraQchement tué. L'enfant se redressa en riant & D "'est la premi!re premi!re fois u'on m'apporte m'apporte mon petit déGeuner déGeuner au lit, ditelle en caressant le chien, et ue Ge suis o#ligée de le faire cuire ensuite * F 4rouver du petit #ois n'était pas un pro#l!me, car l'her#e était Gonchée de #rindilles s!ches et de #ranches # ranches mortes. En un clin d
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Le repas, délicieu% mais rapide, se termina par une gorgée d'eau claire puisée ) m(me m(me le ruisseau. D Et pas de vaisselle ) faire * constata Lisa avec un plaisir évident. "'est peut-(tre le seul avantage de la situation. F "ette constatation la ramena tout naturellement ) ses soucis de la veille. D Koyons un peu ce ue contient un sac de crocodile trouvé dans un compartiment de premi!re classe F, soupira-t-elle. soupira-t-elle. 6ttirant ) elle le #issac, elle en sortit l'o#Get u'elle y avait enfoui pour le mettre ) l'a#ri de l'humidité de la nuit. ;ur l'her#e, le cuir lu%ueu% et le ferm fermoi oirr #ril #rilla lant nt pa para rais issa saie ient nt plus plus inso insoli lite tess en enco core re u uee la ve veil ille le.. 6pr!s pr!s uelues secondes d'hésitation, Lisa fit Gouer le fermoir. D pérons avec méthode F, décida-t-ell d écida-t-elle. e. Et, assise sur l'her#e, elle se mit ) ranger ) cMté d'elle, en #on ordre, les o#Gets ue contenait le réticule. D Un mouchoir,... un peigne,... un poudrier.... F Elle ouvrit le poudrier et se fit une grimace dans le petit miroir rond, Puis elle huma le parfum de la poudre dorée ui imprégnait la houppette. D um * fit-elle. "e ue :a sent #on *... "ontinuons & un #=ton de rouge ) l!vres,... tiens * une pince ) épiler et une lime ) ongles.... F Elle avait laissé pour la fin le portefeuille. portefeuille. "elui-ci allait, pro#a#lement, lui révéler l'identité et l'adresse de la voyageuse ) ui elle avait, la veille, Goué sans le vouloir ce mauvais tour. @e crocodile, lui aussi, le portefeuille contenait un #illet de cent francs et une carte de visite. Lisa considéra un instant le petit rectangle de #ristol o9 l'on pouvait lire, en caract!res élégants & Nicole Lemonnier, 11, 11, rue du. idi, ende. D Encore ende * s'étonna la fillette. ais rien ne prouve ue ce soit son adresse plutMt ue celle de sa couturi!re.... » Elle réfléchit un instant. D En tout cas, finit-elle par décider, mieu% vaut rendre ce sac ) la couturi!re, ou la coiffeuse, ou une amie de sa propriétaire, plutMt ue d'hésiter éternellement. Oe peu% touGours écrire ) cette adresse et raconter comment les choses se sont passées.... F 7l restait restait #ien #ien des difficultés difficultés & o9 poster poster la lettre 0 comment lSaffranchir0 lSaffranchir0 Et surtout, comment indiuer ) la destinataire l'endroit o9 elle pourrait Goindre Lisa et reprendre possession de son #ien 0 D 4out cela, ce sont des #routilles, décida Lisa. Le plus clair de l'histoire, c'est ue Ge suis condamnée ) me cacher tant ue
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* C es la .re*i+re /ai% u'on *'a..orte *on &,/euner au lit! )
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le malentendu du sac [et peut-(tre celui du #illet de chemin de fer *W ne seront pas dissipés. 7l va falloir s'organiser pour passer uelues Gours dans ce #ois. F Elle regarda autour d'elle & sous le soleil déG) haut dans le ciel, les #ranches s'ornaient d!un, halo doré ui trem#lait dans l'air chaud l'her#e ti!de fris frisso sonn nnai aitt de mill millee pe peti tite tess vies vies amic amical ales es et $ivo $ivoua uac, c, assi assiss au #o #ord rd du ruisseau, aga:ait du #out de sa patte une grenouille téméraire. Lisa r(va un instant. D "ondamnée0... murmura-t-elle, ce n'est peut-(tre pas le mot ui convient.... F * * *
6llongé au pied d'un Geune fr(ne, $ivouac sommeillait dans la chaleur de d'apr!s-midi. Lisa, pr!s de lui, contemplait son
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allumettes et leur #oQte demeuraient dans le #issac, car on ne pouvait risuer de les e%poser ) l'humidité. D /uand Ge n'aurai plus d'allumette, avait réfléchi Lisa, G'en serai réduite ) faire du feu en frottant deu% pierres l'une contre l'autre. Et ce syst!me-l), :a ne marche ue dans les livres d'aventures. F Elle s'était fait un lit de feuilles s!ches. Puis, le #issac sus.-pendu ) une #ranche, le sac de crocodile ) une autre, elle avait considéré ue l'installation l'installation était terminée. D "'est dommage de n'avoir personne ) inviter F, pensa-t-elle avec regret. 6u m(me moment, $ivouac ouvrit les yeu% et #ondit sur ses pattes en grondant. Lisa tendit l'oreille. D Oe n'entends rien, dit-elle au chien, apr!s uelues secondes. 4u as r(vé.... F ais le #ouvier, s?r de son fait, continuait ) gronder en montrant les dents. @e nouveau, l'enfant écouta & le #ruit d'un frMlement impercepti#le lui parvint un #ruit #ruit de feuilles feuilles froissées, ue pouvait pouvait e%pliuer un souffle de vent vent dans les #ranches, ou le passage d'une petite #(te furtive dans un taillis. Les yeu% fi%és sur le chien, tous ses sens en éveil, Lisa attendit. Le #ruit se rapprochait, plus précis d'instant en instant. $ientMt, l'enfant per:ut distinctement distinctement le son rythmé d'un pas léger mais régulier. régulier. D Un homme chaussé d'espadrilles marcherait de cette fa:on F, pensa-telle. Elle écouta encore & les pas se rapprochaient. /uelu'un avan:ait vers le ruisseau.
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CHAPITRE -VII $7KU6" attendait,
en arr(t, pr(t ) #ondir au premier signal de Lisa. 4andis ue la fillette retenait le chien, un fourré de geni!vre s'ouvrit, et on vit apparaQtre un Geune gar:on. 6 la vue du groupe ui lui faisait face, le nouveau venu s'arr(ta net. Et, pendant uelues secondes, les deu% enfants s'o#serv!rent en silence. @ans le m(me temps, Lisa enregistrait la silhouette silhouette un peu gr(le du gar:onnet haut sur pattes, son teint teint transparent, transparent, ses cheveu% p=les. p=les. D n8e ans, calcula-t-elle intérieurement. Et citadin, @ois-Ge me méfier de lui 0 F Pendant ce temps, le gar:on promenait son regard de Lisa au hangar de feuillage, pour revenir au chien énorme ui sem#lait monter la garde au cMté de sa maQtresse. 7l prit l'initiative de la conversation & D "'est toi ui as construit ce machin 0 F demanda-t-il en désignant d'un coup de menton la petite p etite construction. ;ans rien dire, Lisa fit signe ue oui. D $en, t'as eu vite fait, poursuivit l'autre. Oe suis venu hier, et y avait rien encore. Oe viens tous les Gours F, aGouta-t-il en guise d'e%plication. Lisa Lisa sen enttit u uee son tou ourr étai tait ven enuu de fou ourrnir nir un app ppoi oint nt ) la conversation. D 4u ha#ites le pays 0 demanda-t-elle. > Pas moi, mes grands-parents. 7ls font l'élevage du mouton dans une ferme pas loin d'ici, Guste ) la lisi!re du #ois. oi, Ge suis de Paris, Ge viens seulement en vacances. F
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Ougeant u'il en avait asse8 dit, il s'assit au #ord du ruisseau et tira de sa poche un couteau avec leuel il se se mit ) Gouer d'un d'un air détaché. Lisa, de son cMté, pensait u'elle aurait tort de négliger une si #elle occasion d'entrer en contact avec les ha#itants du pays sans sortir de sa cachette. ais pour cela, il fallait donner des gages Elle choisit les plus anodins & D Oe m'appelle Lisa, annon:a-t-elle, et mon chien $ivouac. F Le gar:on releva le ne8 pour lancer & D oi, c'est Etienne. Et u'est-ce ue tu fais par ici 0 F Un uart d'heure plus tard, Lisa achevait le récit complet de ses aventures, y compris le dernier épisode du sac en crocodile. D +ais voir ce sac F, demanda Etienne. Lisa alla le chercher. Le gar:on émit un sifflement admiratif avant de conclure & D Un Goli pi!ge a demoiselles * La preuve.... Et u'est-ce ue tu vas faire 'maintenant 0 F "ette uestion, Lisa se l'était si souvent entendu poser pendant les 'trois derni!res semaines, u'elle avait pris l'ha#itude de se la poser elle-m(me ) chaue nouvelle difficulté. 6ussi avait-elle touGours une réponse pr(te. D 6ttendre, dit-elle simplement. > 7ci 0 > 7ci. > Oe ne te suis pas, pronon:a Etienne apr!s avoir un peu réfléchi. "omment veu%-tu retrouver retrouver les 'propriétaires 'propriétaires de ton chien et la propriétaire propriétaire du sac en restant cachée dans ta hutte 0 ;ans compter ue, elle a #eau (tre Golie et tout, tout, elle est uand uand m(me pais conforta#le.... conforta#le.... F 7lse tut un instant, puis reprit & D 4u pourrais venir che8 mes grands-parents pendant uelues Gours. F Lisa l'interrompit & D "rois-moi, Etienne, dit-elle de son ton le plus grave, il faut me laisser organiser tout :a comme Ge d'entends. Le plus urgent, c'est de prévenir la propriétaire propriétaire du sac ue Ge n'ai pas voulu la voler et ue Ge suis pr(te ) lui rendre ce ui lui appartient. Ousue-l), Ge ne veu% pas me montrer dans la région. "'est trop risué & il y a eu trop de malentendus. /uand l'affaire du sac sera arrangée, Ge m'occuperai de retrouver les propriétaires de $ivouac et tu m'aideras, si tu veu%. F Etienne parut hésiter, puis finit par reconnaQtre & D 4'as 4'as rais raison. on. 6vec les les pa pare rent nts, s, on sait sait Gama Gamais is co comm mmen entt ils ils vo vont nt comprendre les choses vaut mieu% (tre prudent. F 7l .se tut un instant, puis reprit & 12
D 6lors, 6lors, ce sac, comment est-ce u'on s'y prend pour le rendre 0 F Patiemment, Lisa lui e%pliua son plan & il s'agissait d'écrire ) l'adresse u'indiuait la carte de visite, et d'e%pliuer ) la voyageuse les circonstances de la disparition de son sac. D Oe lui dirai aussi, aGouta Lisa, u'elle peut venir le chercher.... 9 :a, au fait 0 > "he8 moi, ) la ferme, coupa Etienne, trop heureu% de Gouer un rMle actif dans l'aventure. Jappelle-toi & +erme ontassut, pr!s de +lorac. Et Ge mettrai ta lettre ) la poste d!s u'elle sera écrite. Entendu 0 F Le visage de Lisa s'éclaira & elle venait, une fois de plus, de trouver un ami. D Entendu, répondit-elle. > Et puis, Ge t'apporterai des choses ) manger, aGouta le gar:onnet ui commen:ait ) prendre au sérieu% son rMle de sauveur. > N'apporte rien, demanda Lisa O'ai tout ce u'il me faut ici. $ivouac chasse pour deu%, le #ois est plein de fruits.... > Une couverture, alors, insista Etienne. > 7l fait chaud F, F, répliua Lisa en en riant. Elle reprit reprit son sérieu% sérieu% pour lui e%pliuer & D Ne compliuo compliuons ns pas la situation. situation. "e ue tu m'apporte m'apporterais rais,, c'est c'est ) tes grands-parents ue tu le prendrais et en cachette, forcément. 4u te rends compte 0... > 6lors, 6lors, si Ge ne peu% rien faire d'autre ue de porter ta lettre ) la poste, (e m'en vais. Oe reviendrai uand tu l'auras écrite. F @éG) le gar:onnet se détournait, dépité. Lisa le saisit par le #ras et l'o#ligeai ) faire demi-tour. D /uel =ge as-tu donc 0 F demanda-t-elle d'un ton #rusue. Etienne rougit et, malgré lui, s'entendit répondre & D n8e ans. F D "'est #ien ce ue Ge pensais F, pensa Lisa ui, ) haute voi%, poursuivit& D Oe t'en aurais donné uatre, il y a un instant. F Etienne rougit un peu plus, Lisa poursuivit son avantage & D ;i tu es un homme, tu dois te rendre compte ue, dans la vie, il y a autre chose ue le caprice et le plaisir. 4u te croyais tr!s généreu%, tout ) l'heure, et tu ne pensais u') toi-m(me. Essaie de te rappeler ue tu n'es pas seul sur terre. Et ne #oude pas, aGouta-t-elle. > Oe me #oude pas, lan:a Etienne. Oe Oe réfléchis. F 1
Lisa le laissa réfléchir et, sifflant $ivouac, s'en fut raccrocher le sac ) main ) une #ranche. Etienne ne tarda pas ) la reGoindre. D 4'as un #eau chien, finit-il pas constater, constater, pour dire uelue chose. > 7l est #eau, soupira soupira Lisa. ais il n'est pas ) moi, moi, tu le sais #ien. > Ta te fera de la peine de le rendre, hein 0 F demanda le gar:on avec sympathie. La fillette sentit ses yeu% se remplir de larmes. Elle se contenta de hocher la t(te sans répondre. 6 son tour, Etienne hocha la t(te. D Lui aussi sera malheureu% F, soupira-t-il en passant ses doigts dans les poils noirs du #ouvier. Lisa se pencha sur $ivouac et, plongeant son regard dans les yeu% intelligents, murmura & D O'esp!re ue non. F * * *
Lors Lorsu ue, e, ve vers rs ne neuf uf he heur ures es,, ce soir soir-l -l), ), Lisa Lisa rega regagn gnaa son son a#ri #ri de feuillages en compagnie de $ivouac, la chaleur étouffante laissait prévoir un orage pour la nuit. L'enfant aGouta uelues #ranches supplémentaires ) son toit .avant de s'allonger sur son lit de feuilles s!ches. 6ssis ) l'entrée de la hutte improvisée, le chien regardait la fillette s'installer pour la nuit. « Kiens Kiens dormir, $ivouac * F appela Lisa en s'enfon:ant dans les feuilles. Le chien parut hésiter un instant, puis finit par se décider ) reGoindre l'enfant. @éG) Lisa s'endormait. ;es yeu% se fermaient malgré elle. Elle eut un dernier regard pour le chien ui l'o#servait avec une attention soutenue. D $ivou $ivouac, ac,...... dormi dormirr... F, #al#ut #al#utiaia-t-e t-ell lle. e. Puis Puis e7le e7le som#ra som#ra dan danss le sommeil. Lorsue le crépitement d'une averse violente l'éveilla, trois heures plus tard, Lisa était seule. * * *
Un coup de sifflet la tira de son sommeil & Etienne s'annon:ait ) sa fa:on. D 4'as dormi tard, constata-t-il. 7l est plus de neuf heures * F Lisa cligna des yeu%, #=illa, puis chercha des yeu% y eu% $ivouac & au #ord du ruisseau, le chien s'étirait d'un air innocent. Jassurée, Lisa répondit & D L'orage m'a emp(chée de dormir pendant une partie de la nuit. 1
> 4'as pas regretté ma couverture 0 F demanda le gar:on d'un ton malicieu%. La fillette se mit ) rire. D on toit a tenu #on, dit-elle. 4u triompheras triompheras une autre fois, > Oe t'ai uand m(me apporté uelue chose... F, commen:a Etienne. Koyant la mine su#itement sév!re de Lisa, il se dép(cha d'aGouter & D "rie pas * "'est un morceau de chocolat u'on m'a donné. Et puis aussi.... F 77 s'arr(ta, g(né, puis finit par se décider & D Et puis la moitié de ma savonnette F, lan:a-t-il d'un seul trait. Lisa #aissa les yeu% sur ses mains noircies par une nuit de chemin de fer et une Gournée de #?cheronnage. D /uand on a si visi#lement #esoin d'un morceau de savon, reconnutelle honn(tement, il ne faut pas se ve%er si on- vous l'offre. F Elle releva la t(te et, souriant #ravement, elle se for:a ) répondre & D erci, Etienne tu es un gentil gar:on. F Javi de n'avoir provoué aucun drame, Etienne s'empressa de sortir de sa poche la moitié d'une plaue de chocolat et une savonnette presue neuve. D oi, G'ai déG) déGeuné, iainnon:a-t-il en posant le tout sur l'her#e, ) cMté de Lisa. Pendant ue tu manges ton chocolat, Ge vais faire un tour avec $ivouac. F Le gar:on et le chien disparurent disparurent sous les ar#res. ar#res. Jestée seule, Lisa considéra un instant savon et chocolat. D Le chocolat peut attendre, finit-elle par décider. Pas le #ain. F Elle se dirigea vers le ruisseau et commen:ait ) se déchausser lors lorsu u'e 'ell llee ap aper er:u :ut, t, po posé sées es sur sur un unee de dess gros grosse sess pier pierre res, s, de deu% u% pe perd rdri ri%% proprement égorgées. égorgées. Elle ramassa le gi#ier gi#ier en constatant & D $ivouac n'a pas perdu son temps, cette nuit. F * * *
Les deu% enfants terminaient leur repas. Etienne avait insisté
pour contri#uer au menu, et Lisa mordait avec délices dans un uignon de pain frais. frais. Le Geune gar:on gar:on croua croua le morceau de chocolat chocolat u'il venait de faire griller. 13
D 4e voil) tranuille, maintenant, dit-il ) la fillette. 4a lettre est postée, dans uelues Gours nous aurons une réponse ) ce moment tu pourras venir t'installer che8 moi, et mes grands-parents se chargeront de retrouver les propriétaires propriétaires de $ivouac. D Le plus tMt sera le mieu%, aGouta-t-il. Koil) la saison des orages, et tu ne vas pas pouvoir t'amuser longtemps ) coucher ) la #elle # elle étoile. > "omment sont-ils, sont-ils, tes grands-parents grands-parents 0 demanda Lisa. Lisa. > 7ls sont gentils, comme tous les grands-parents. Un peu em#(tants, #ien s?r & D Lave-toi les mains, finis ta soupe, prends D ton huile de foie de morue, n'ou#lie pas tes pri!res. F ais, dans l'ensem#le, gentils. Et aussi, un peu ennuyés depuis hier. > Pouruoi :a 0 > Oe t'ai dit u'ils font l'élevage des moutons 0 "omme tout le monde dans la région, région, d'ailleurs. d'ailleurs. Pour le mouton, mouton, il faut un chien. 7ls 7ls en avaient un > un grand chien loup, #run et noir épatant. Et voil) u'hier, ) midi, il avait disparu. "'est lui ue Ge cherchais uand Ge t'ai trouvée ici. > Et il n'est pas revenu 0 > Non, n a d? le voler. ais c'est pas tout & cette nuit, on nous a égorgé deu% agneau%. on grand-p!re les a retrouvés, saignés et déchiuetés, ce matin, ) la porte de la #ergerie. > "'est horri#le * murmura' Lisa, les larmes au% yeu%. /ui a #ien pu faire :a 0 >- Un animal, animal, #ien s?r * > 7l y a des loups, loups, daims le pays 0 > ais non, Gustement. 7l faut ue ce soit un chien. r, tous les gens du village ont affirmé ue leurs chiens étaient restés ) l'attache pendant la nuit. "e n'est donc pas un chien de la région.... F Le visage de Lisa devint #rusuement soucieu%. Elle se tut un instant, puis posa- pr!s d'elle son cro?ton de pain entamé. D Oe n'ai plus faim, dit-elle. ;i on Gouait ) uelue uelue chose0 > Oouer 0 [lan:a Etienne d'un ton lég!rement méprisant. Oe parie ue tu n'as m(me pas e%ploré le #ois. > "'est vrai, avoua avoua Lisa. Oe n'ai pas eu le temps. temps. > "'est pourtant la premi!re chose ) faire uand on s'installe en pays inconnu & on e%plore le terrain. > @ans les livres livres * > Et dans la vie, u'est-ce u'on fait fait 0 > n vit. > "'est-)-dire 0
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> n pare au plus pressé & on se cherche un a#ri, on assure la nourriture du Gour et aussi, aGouta l'enfant avec un peu d'amertume, on répare les gaffes u'on a faites. > Et on ne regarde pas 0 > n regarde ensuite, si on a le temps. Et, en général, on s'aper:oit ue :a n'en vaut pas la peine. > $en, tu dois en rater, des choses, avec ton syst!me * FV Lisa ne répondit pas et continua de fi%er d'un air a#sor#é les #raises du foyer. Etienne considéra un instant la fillette, puis finit par demander sur un ton différent & D /u'est-ce ue t'as 0 F L'enfant eut un geste évasif. D ais si, insista le gar:on, t'as uelue chose. Ta se voit Ge te connais pas encore tr!s #ien, mais Ge me doute ue t'es pas le genre g enre de fille ui #oude pour un rien. 7l y a seulement di% minutes, tu riais comme tout le monde, et maintenant.... maintenant.... F 7l réfléchit un instant, puis demanda & D "'est ) cause des deu% agneau% 0 F Lisa parut hésiter un instant, puis, le regardant droit dans les yeu%, confirma & D "'est ) cause des agneau% & cette nuit, $ivouac a disparu pendant pr!s de deu% heures. F
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CHAPITRE -VIII E47ENNE mit
un instant ) comprendre. Lorsu'enfin, il saisit le sens u'impliuaient les paroles de Lisa, ce fut pour les repousser vigoureusement& D /uelle sottise * s'e%clama-t-il. 4u n'imagines tout de m(me pas ue $ivouac passe ses nuits ) tuer des moutons 0 "'est un #ouvier, c'est-)-dire un chien ) troupeau% et puis, on voit #ien u'il est. dou% et inoffensif. Jegarde-le.... F Lisa se tourna vers le chien ui, ) uelues pas, crouait paisi#lement un os de perdri%. Le #ouvier leva la t(te et lan:a dans la direction des enfants un petit Gappement amical. Puis il se remit ) Gouer avec son os. D Ta ne prouve rien, répondit enfin lia fillette. @'a#ord, des chiens gentils ui, du Gour au lendemain, se transforment en chiens tueurs, :a s'est déG) vu. Ensuite, ne te fie pas trop ) la douceur de $ivouac. 7l appartient ) une race féroce. 7l est dou% parce u'il m'aime. Et enfin, Ge n'ai Gamais dit ue Ge croyais, moi, ) la culpa#ilité de $ivouac dans l'affaire des agneau%. > Et ui pourrait y croire, alors 0 > 4ous 4ous les autres. 7magine ue uelu'un du village apprenne u'une fille et son chien se cachent depuis deu% Gours dans le #ois & [la conclusion s'impose elle est logiue.... > 7l y a du vrai dans ce ue tu dis, admit le gar:on. ais, apr!s tout, personne ne sait ue tu es ici sauf sauf moi. Et, aGouta-t-il, aGouta-t-il, tu te doutes #ien ue Ge n'ai pas l'intention de le chanter sur les toits. > Oe m'en doute. ais tu ou#lies ue, la propriétaire du sac retrouvée, il me reste deu% ou trois petites choses ) faire entre
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autr utres, ren endr dree $ivo $ivoua uacc ) ses ses maQtr aQtres es,, et rent rentrrer che he88 moi. oi. r, maintenant, Ge suis condamnée ) me cacher Gusu') ce u'on ait retrouvé le vrai chien tueur. Pour peu u'on y mette le temps, ma partie de camping risue de se prolonger de fa:on désagréa#le. F Etienne fut atterré. D Oe n'y avais pas pensé F, reconnut-il hum#lement. Un instant, les deu% enfants réfléchirent en silence. Lisa, la premi!re, reprit le dé#at. « 77 y aurait #ien un moyen, dit-elle. > Kas-y Ge t'écoute. t'écoute. >- ;upposons ue G'attache G'attache $ivouac pour la nuit. nuit. ;i les moutons de ton grand-p!re continuent ) disparaQtre, du moins nous serons s?rs u'il n'y est pour rien. Et nous nous pourrons en témoigner, témoigner, si c'est nécessaire. nécessaire. > L'idée n'est pas mauvaise. 4'as une corde 0 F Lisa fit signe ue non. Etienne reprit & D Oe t'en apporterai une tout ) l'heure. F 7l se leva. D Kaut mieu mieu%% u uee G'ai G'aill llee la ch cher erch cher er tout tout de suit suite. e. n sera sera plus plus tranuille. F Un uart d'heure plus tard, un coup de sifflet annon:ait le retour d'Etienne. Lisa leva la t(te & le Geune gar:on dé#ouchait au #ord du ruisseau, tenant dans sa main un rouleau de corde fine. 7l n'était pas seul ) son cMté marchait un personnage sans =ge ui se signalait ) l'attention par un vieu% chapeau de feutre verd=tre et un sifflet d'os pendu ) son cou par un morceau de ficelle. D Oe n'ai pas eu ) aller #ien loin, e%pliua Etienne. Oe suis entré che8 le p!re La ésange, en passant. 7l avait avait ce u'il nous fallait. fallait. F 7l tendit le rouleau de corde ) Lisa, puis continua & D Oe te présente le p!re La ésange. Parle fort. 7l est sourd. > $onGour, monsieur F, dit lai fillette ui se demandait & D "omment parle-t-on ) un sourd 0 F D $onGour, petite F, répondit l'homme ui se pencha pour flatter la t(te de $ivouac. Etienne reprit l'initiative de la conversation & D 77 ha#ite une petite ca#ane, ) cin cents m!tres d'ici, e%pliua-t-il. 7l vit de #raconnage, et aussi d'une petite pension u'on lui verse parce u'il est devenu sourd ) la guerre. F L'ho L'homm mmee sem# sem#la la se dé dési sint ntér éres esse serr de la co conv nver ersa sati tion on et s'en s'en fut fut e%aminer l'a#ri construit par Lisa. "elle-ci en profita pour demander au gar:on &
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D Le p!re La ésange, c'est soin vrai nom 0 > ;?rement pas, répondit Etienne. n rappelle comme :a parce u'il sait apprivoiser les oiseau%. Oe voudrais ue tu l'entendes siffler & il est étonnant * F L'homme revenait. D "'est Goli, ta cahute, dit-il ) Lisa mais pas tr!s a#rité. Kiens dormir che8 moi avec ton chien, s'il fait de l'orage. 4u demanderas ) Etienne de t'e%pliuer o9 c'est. F L)-dessus, l'homme tourna le dos. D Oe n'ai m(me pas eu le temps de lui dire merci, constata Lisa interlouée. > Ta ne fait fait rien, répliua répliua Etienne, il ne t'aurait pas entendue. entendue. F * * *
Les deu% enfants venaient de se séparer. Lisa et $ivouac avaient raccompagné Etienne Gusu') la lisi!re du #ois, et le gar:on avait profité de l'occasion pour montrer ) la petite fille l'emplacement de la ca#ane du p!re La ésange une petite construction faite de planches mal Gointes, plantée dans l'her#e au #ord du ruisseau ui, ici, coulait plus large et plus profond. D "e n'est gu!re mieu% ue ton hangar, avait dit Etienne. ais, ici, du moins, il y a une porte. F ain ainte tena nant nt,, Lisa Lisa remo remont ntai aitt lent lentem emen entt le long long du ruis ruisse seau au.. ;on ;on inuiétude momentanément apaisée gr=ce ) la corde ui lui permettrait, ce soir, d'attacher $ivouac avant de s'endormir, la fillette prenait du temps et, pour la premi!re fois depuis son arrivée dans da région, se permettait de fl=ner un peu. Elle trouvait trouvait un charme ) ce paysage aust!re ue dominait dominait la muraille muraille de granit du plateau, au% ch=taigniers ro#ustes Gaillissant en #ouuets serrés partout o9 ils avaient pu trouver un peu de terre meu#le entre les rochers dont le #ois était envahi elle s'était attachée au petit ruisseau anonyme ui courait parmi les ar#res pour se perdre, modestement, dans les é#oulis, ) la limite de la plaine. 6 uelues pas devant elle, le chien allait, le ne8 au sol, dé#usuant sur son passage les petites #(tes du sous-#ois, ui, affolées, filaient vers l'a#ri des fourrés. Le #ouvier faisait mine de les suivre, plus par Geu ue par nécessité, puis reGoignait le #ord de l'eau. ;oudain, un li!vre étourdi lui Gaillit entre les pattes. L'espace d'une seconde, les deu% animau%, surpris, se fi%!rent avec étonnement. ais, che8
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le chien comme che8 le li!vre, l'instinct reprit le dessus, et la chasse commen:a. D 7ci, $ivouac F, cria Listai au moment o9 le #ouvier disparaissait dans un taillis. ais $ivouac, lancé ne l'entendit m(me pas. La fillette parcourut seule les uelues m!tres ui la séparaient encore de la petite clairi!re dont elle avait fait son port d'attache. Le chien l'y attendait, pantelant, assis ) cMté du li!vre auuel il venait de #riser les reins. 4ristement, l'enfant ramassa le petit animal encore chaud. Le chien se leva et vint se frotter contre elle, u(tant une caresse. Elle le repoussa. D Ta n'est plus de la chasse, $ivouac, lui dit-elle d'un ton de reproche c'est de l'assassinat. Nous n'avions pas #esoin de ce li!vre pour dQner. F D 7l se met ) tuer pour le plaisir F, pensa-t-elle. Les agneau% égorgés ) la porte de [leur #ergerie lui revinrent ) l'esprit, et un frisson la parcourut. Elle n'était plus aussi s?re de l'innocence de $ivouac. D "e soir, Ge l'attache, se dit-elle. Nous verrons #ien demain matin si le chien tueur a fait d'autres ravages.... F "e soir-l), avant de s'endormir, elle attacha $ivouac ) un tronc d'ar#re, ayant soin de dou#ler la corde et de consolider tous les n @es co^ncidences * interrompit Lisa avec amertume. 7l s'agit de certitudes & tout va #ien dans le pays pendant des années
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les moutons vivent en sécurité. O'arrive avec mon chien, et, du Gour au lendemain, les agneau% se mettent ) disparaQtre. ;ois logiue * oi, Ge ne crois pas au hasard. > 4u as peut-(tre peut-(tre tort, Gustement, Gustement, répondit Etienne Etienne d'un ton pensif. Les apparences sont contre $ivouac, c'est entendu. ais tu devrais (tre la derni!re ) l'accuser. > Pouruoi :a 0 > "'est ton chien. Et si on n'est pais capa#le de prendre parti pour ceu% u'on aime et de leur faire confiance contre toute évidence, alors ce n'est pas la peine de les aimer. aimer. > 4u ne comprends pas, Etienne. "'est Gustement parce ue Ge l'aime ue Ge veu% y voir clair. Ta ne m'emp(che pas de lui trouver des e%cuses & c'est pour moi u'il s'est mis ) chasser. ;'il a pris go?t ) tuer, Ge suis responsa#le. Et dis-toi #ien, aGouta-t-elle avec passion, ue, m(me s'il est coupa#le, Ge le défendrai Gusu'au #out. F Etienne hésita un instant, puis eut l'air de prendre son parti et répondit ) voi% #asse & D 4u feras #ien. 7l va en avoir #esoin. F Lisa le regarda, sans comprendre. D /ue veu%-tu dire 0 F demanda-t-elle. Le gar:on prit la main de Lisa et, maudissant le rMle ue le sort lui faisait Gouer en ce moment, avoua & D Les fermiers du village se sont réunis ce matin pour discuter la uestion du chien tueur. 7ls se sont mis d'accord & cette nuit, on organise une #attue dans le #ois. F
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CHAPITRE -IL7;6 eut un sursaut horrifié & D Une #attue 0 F
demanda-t-elle sur un ton incrédule. Etienne confirma d'un hochement de t(te silencieu%. D 6vec des chasseurs 0 > fit des chiens. Le #ois n'est pas tr!s grand et c'est le seul ui se trouve ) pro%imité du village. Les fermiers sont persuadés u'ils y trouveront ce u'ils cherchent. > Oe comprends F, dit la fillette. fillette. La nouvelle était acca#lante. ais Lisa était de ceu% ui, loin de se laisser décourager par les difficultés, y puisent un regain d'énergie. Elle réfléchit pendant uelues minutes. Etienne en profita pour aller détacher le fragment de corde ui pendait encore au tronc de l'ar#re. $ientMt, Lisa alla le reGoindre. D Oe crois ue G'ai trouvé une solution, annon:a-t-elle. @u provisoire rien de tr!s #rillant. ais ui pourra mous tirer d'affaire pour cette nuit. F Etienne enroula la corde autour de son poignet, puis alla s'asseoir au #ord du ruisseau. ruisseau. D Oe t'écoute dit-il. > Eh #ien, voici & il s'agit de faire disparaQtre pour une nuit, non seulement $ivouac, mais toute trace de notre présence dans le #ois. Le p!re La ésange peut nous aider s'il accepte de nous donner l'hospitalité Gusu') demain matin. 4u crois u'il voudra #ien 0 > Oe ne vois pas pouruoi il refuserait, répondit Etienne. 7l te l'a proposé lui-m(me, lui-m(me, hier. hier. 4u 4u vois l'avantage l'avantage des portes portes F,
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aGouta-t-il en riant malgré lui. ais le visage de la fillette demeurait grave. D 77 faut aussi, poursuivit-elle, détruire mon a#ri de #ranchages. 7l risuerait de donner des soup:ons au% chasseurs, cette nuit. > n va s'y mettre tout de suite, approuva le gar:on. La Gournée est déG) avancée, et Ge suis d'avis u'il vaut mieu% ue tu te mettes ) couvert le plus tMt possi#le. possi#le. F Un uart d'heure plus tard, il ne restait plus, du hangar de Lisa, u'un tas de #ranches et de feuilles déG) s!ches. Elle eut un soupir de regret, puis haussa les épaules. D n ne devrait Gamais s'installer nulle part F, conclut-elle. Elle se #aissa pour ramasser le #issac et le sac de crocodile u'elle avait posés ) terre. terre. Etienne vit son geste. D 6 propos, dit-il, G'ou#liais & la réponse de la dame au sac est arrivée ce matin. F 77 tira de sa poche une lettre passa#lement chiffonnée et la tendit ) Lisa, en remaruant & D n a eu de la chance & D Nicole Lemonnier F, c'est #ien elle. F La fillette déplia la lettre et lut & a chère 6isa, Votre lettre m!a beaucou$ touch"e. as un instant, (e n!ai dout" de votre bonne foi; et (e savais bien ue vous ferie% l!im$ossible $our me rendre rendre ce sac ' main ui vous a donn" tant de souci. #e suis en vacances, et (!ai l!intention de venir le chercher chercher moi-mt. bient>t. N7"LE LENN7EJ .
Lisa releva la t(te et demanda ) Etienne & D /uel Gour sommes-nous 0 > ercredi, répondit le gar:on. Ne calcule pas & elle elle sera l) demain. demain. > 7l vaudrait mieu% ue tu emportes le sac, alors, décida la fillette. /ui sait o9 Ge serai demain 0 F ;ans rien dire, Etienne se chargea du sac de crocodile ui, dans sa main, paraissait parfaitement ridicule.
D Partons, maintenant, décida-t-il. n n'a plus rien ) faire ici. F 13
Le trio s'arr(ta devant la porte de la ca#ane. D Pas la peine de frapper F, dit Etienne. Et il tourna le louet. La fillette et le chien entr!rent ) sa suite. 6ssis sur une caisse, le p!re La ésange, armé d'une aiguille de la taille d'un clou, s'appliuait ) ravauder une vieille chemise ) carreau% Gaunes et mauves ui offrait un choi% d'accrocs de dimensions et de formes variées. 6 l'entrée des enfants, il posa son ouvrage sur le sol en terre #attue de la ca#ane et se leva. D 4u as #ien fait de venir F, dit-il en posant sa main sur l'épaule de Lisa. Etienne s'effor:a de lui faire comprendre ce u'on attendait de lui. 6pr!s force e%plications dont le p!re La ésange n'avait cure, il fut entendu ue l'enfant et le chien resteraient dans la ca#ane Gusu'au lendemain matin. D Plus longtemps, m(me, si :a t'amuse, offrit l'homme. 7l y a de la place. F Et d'un geste large, il désigna la pi!ce uniue o9 de vieilles caisses tenaient lieu de meu#les. D Par e%emple, aGouta-t-il, il faudra te passer de ma compagnie cette nuit. 7l paraQt u'on va faire une #attue dans le #ois, et G'aurai fort ) faire, ) aller e%pliuer au% oiseau% u'ils n'ont pas ) avoir peur. F Lisa lan:a ) Etienne un regard étonné ue le p!re La ésange surprit au passage. D $ien s?r ue Ge parle au% oiseau%, e%pliua-t-il. Et pas seulement au% oiseau% ) toutes les petites #(tes ui se cachent. Elles se cachent parce u'elles ont peur. ais si on arrive ) les rassurer, elles approchent. Et alors, il n'y a plus u') trouver les mots ui leur plaisent. 4u veu% voir 0 F ;ans ;ans atte attendr ndree la répo répons nsee de l'en l'enfa fant nt,, l'hom l'homme me émit émit un siff siffle leme ment nt étouffé, puis attendit. n entendit #ientMt un léger grattement contre la paroi de la ca#ane, et, dans l'interstice de deu% planches apparut le museau pointu et minuscule d'un mulot. Le rongeur e%amina rapidement la pi!ce puis, fi%ant de ses yeu% vifs le p!re La ésange, avan:a de uelues pas. Les enfants retenaient leur respiration. $ivouac, surpris, regardait la petite #(te au poil fauve. Le mulot, arr(té maintenant ) un m!tre de l'homme, sem#lait attendre. @'un geste lent, le p!re La ésange plongea sa main dans sa poche et en retira un petit morceau de pain puis, répétant le m(me sifflement, il se pencha pour déposer la miette sur le sol. Le mulot n'avait pas #ougé. 6 la vue du morceau de pain, il avan:a en trois petits sauts et, d'un coup de patte, fit rouler la miette. @eu% ou trois fois, il répéta son man!ge puis, saisissant saisissant le morceau de pain
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entree ses entr ses de dent nts, s, il en entr trep epri ritt de le traQ traQne nerr da dans ns un co coin in de la ca#a ca#ane ne.. @oucement, l'homme avan:a la main et saisit le mulot. Puis, il se releva et le tendit ) Lisa & D Jegarde F, dit-il. La fillette, stupéfaite, vit le rongeur ui, assis au milieu de la grande main ouverte, la fi%ait avec attention sans songer ) fuir. Le p!re La ésange se mit ) rire et se dirigea vers la porte. D Ka faire un tour F, dit-il au mulot en le déposant dans l'her#e. Puis il revint. D 4u vois, conclut-il ) l'adresse de Lisa, ce n'est pas plus difficile ue :a. 7l suffit de les aimer.F 7l sortit. Lisa considéra d'un air pensif $ivouac ui n'avait pas #ougé au cours de la sc!ne. D Le mulot n'a pas eu peur de toi, lui murmura-t-elle. Peut-(tre u'il sait, lui, mieu% ue nous, ue tu n'es pas méchant. > Nous le savons aussi, intervint Etienne. Ne t'en fais donc pas tout va s'arranger. > Espérons-le * > Oe reviens cet apr!s-midi 0 proposa proposa le gar:on. > 7l vaut mieu% pas, décida Lisa en Getant un coup d'
Elle ramassa la chemise déchirée ue l'homme avait déposée sur le sol, et se mit ) rire & D Jegarde un peu comment il s'y prend * > Les filles sont toutes les m(mes, laissa tom#er Etienne du haut de ses on8e ans. Kienne la guerre ou le déluge & il faut uand m(me u'elles fassent le ménage. En tout cas, reprit-il, puisu'on ne se voit pas cet apr!smidi, midi, Ge pourrais peut-(tre peut-(tre venir venir te chercher chercher ce soir apr!s dQner 0 Une fois $ivouac enfermé, on pourrait suivre la #attue & :a t'intéresse 0 > Kiens Kiens vers di% heures, heures, alors, conseilla conseilla Lisa. 7l fera fera nuit. F B BB L'apr!s-midi se passa en travau% ménagers et, lorsue le p!re La ésange rentra ) l'heure du souper, ilil eut la surprise d'un repas chaud et d'une chemise propre. .;ans rien dire, il caressa les cheveu% de la fillette, puis avala la soupe. Le repas eut lieu en silence& L'homme sem#lait se rendre compte' de la difficulté ue présentait toute conversation avec lui, et réduisait au minimum indispensa#le les échanges de paroles. La lune se levait lorsu'il se prépara ) sortir. D Ne t'inui!te pas, dit-il ) Lisa en ouvrant la porte. 4on chien est une #rave #(te. F Puis il partit. B BB Lisa regarda sa montre il était di% heures moins le uart. La #ougie ue l'enfant avait allumée faisait Gouer dans la pi!ce des om#res inuiétantes. $ivo $ivoua uac, c, allo allong ngéé pr!s pr!s de la po port rte, e, pren prenai aitt les les prop propor orti tion onss d'un d'unee #( #(te te gigantesue. Lisa se sentait nerveuse. Elle tenta de se raisonner. raisonner. D 4out est prévu, se dit-elle. $ivouac ne risue rien. Et peut-(tre parviendra-t-on ) trouver le chien tueur.... tueur.... F Elle souhaitait u'on découvrQt cette nuit m(me le responsa#le du massacre des agneau%. @u succ!s immédiat de la #attue dépendait ) la fois la [réha#ilitation de $ivouac, et la mise ) e%écution de ses propres proGets, Pourtant, uelue chose en elle souffrait ) l'idée ue, cette nuit, une #(te fuirait, affolée, devant une #ande d'hommes armés de fusils et déterminés ) l'a#attre. D Un chien tueur, c'est encore un chien F, pensait-elle, découvrant pour la premi!re fois de sa vie u'un coupa#le finit touGours par se transformer en victime.
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Un grattement se fit entendre, et la porte de la ca#ane s'ouvrit. Etienne entra. D "'est lugu#re, ici * s'e%clama-t-ill. L'électricité a tout de m(me du #on.... > "itadin, va * F lan:a Lisa en riant, heureuse d'échapper ) la solitude ui l'oppressait. $ivouac se leva et vint lécher la main de la fillette. - Ka dormir, $ivouac, lui ordonna-t-elle. "e soir, c'est encore ce ue tu peu% faire de mieu%. mieu%. F Le chien leva vers elle un regard inuiet. @epuis vingt-uatre heures, il oie retrouvait plus, dans la voi% de l'enfant, cette tendresse ui lui avait, Gusue-l), laissé laissé l'illusion d'un d'un univers sans pro#l!mes. pro#l!mes. « 6llons, va, répéta-t-elle avec plus de douceur. Nous serons #ientMt revenus. F @ocilement, $ivouac regagna son coin et se coucha, le museau entre les pattes. D L'heure de la #attue a été avancée, annon:a Etienne. Les chasseurs ont Gugé u'il faisait asse8 noir. > Partons, alors F, F, dit Lisa. 7ls sortirent. La porte refermée, Etienne en vérifia le verrou. D Ta n'a pas l'air tr!s solide F, fit remaruer la fillette d'un ton inuiet. Etienne sourit pour la rassurer. rassurer. D Oe ne crois pas ue $ivouac sache ouvrir les verrous F, répliua-t-il. @e l'intérieur, le #ouvier fit entendre un hurlement plaintif. "omme s'ils répondaient ) ce signal, des chiens, dans le lointain, se mirent ) donner de la voi%. La #attue commen:ait. * * *
;e glissant entre les ar#res, les deu% enfants avaient, de loin, suivi les chasseurs et la meute. La #attue, tout dSa#ord, s'était faite au hasard & les fermiers fouillant les fourrés et les #uissons, tandis ue les chiens, le museau pointé vers le sol, s'ent(taient ) suivre des pistes pistes diverses ui les menaient, en général, au terrier de uelue lapin. ais, au #out d'une heure, l'affaire prit une autre tournure. 6u lieu de tourner en rond, la meute se lan:a d'un seul #loc dans la m(me direction alerté, les fermiers se regroup!rent et suivirent les chiens. Lisa et Etienne avaient maintenant du mal ) les suivre sans révéler leur présence. 7l fallait se tenir tenir ) distance et longer, )
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Etienne entra!
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travers les ar#res, des sentiers parall!les ) ceu% ue choisissaient les chasseurs. D "'est dommage, murmura Etienne avec regret, on va manuer le plus intéressant. > L'essentiel, c'est d'entendre F, chuchota Lisa ui ne tenait pas ) avouer les sentiments contradictoires au%uels elle était en proie depuis le dé#ut de la soirée. D Ecoutons, alors F, dit le gar:on en haussant les épaules. En fait, il suffisait d'écouter pour tSapprendre ue les chiens, ayant confirmé leur nouvelle piste, se lan:aient maintenant sur des traces précises. Les a#oiements se reGoignaient et, de minute en minute, se faisaient plus aigus. $ientMt, les cris des chasseurs vinrent s'aGouter au% hurlements de la meute. D 7ls Dl'Font pris en chasse F, souffla Lisa, haletante. Les #ois résonnaient du mart!lement des pieds lourdement chaussés ui tous couraient dans la direction o9 la meute donnait de la voi%. D Le voil) * cria une voi% ui, au% enfants, parut dangereusement proche. > 7l est cerné, annon:a un chasseur. chasseur. Ne le laisse8 pas échapper.F Un hurlement de mis!re répondit, tandis ue les chiens se lan:aient ) la curée. 4rem#lant 4rem#lant de tous leurs mem#res, les enfants écoutaient gémir le chien tueur ue la meute assaillait de tous cMtés. D +aut l'a#attre F, cria une autre voi%. Lisa se #oucha les oreilles, mais entendit tout de m(me le coup de feu, et une voi% ui criait, presue en m(me temps & D Jaté * F ;on c n va au village 0 proposa Etienne. aintenant, aintenant, tu peu% t'y montrer montrer & le chien tueur est pris, et $ivouac est enfermé. F ais la fillette fillette était encore sous le coup de l'émotion l'émotion u'elle u'elle venait venait de ressentir. D Non, dit-elle, on va che8 le p!re La ésange. n voulait savoir, on sait. F ;ans mot dire, les enfants refirent le chemin ui menait ) la ca#ane. Etienne s'e%pliuait mal le mutisme de Lisa. D Elle devrait (tre rassurée, pensait-il. 6u lieu de :a, elle a l'air désespéré. Pour un rien, elle se mettrait ) pleurer * 6h * les filles.... F 7ls .approchaient du ruisseau. Lisa pressa le pas.
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D @ép(che-toi donc * F dit-elle ) Etienne. Puis, sans attendre sa réponse, elle se mit ) courir. Le gar:on, étonné, en fit autant. Ensem#le, ils atteignirent la ca#ane ui tournait le dos au ruisseau. La premi!re, Lisa en eut fait le tour. Un cri de désespoir parvint ) Etienne ui se précipita & Lisa, pétrifiée, fi%ait fi%ait avec horreur horreur la ca#ane vide dont la porte #attait #attait dans le vent. vent.
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CHAPITRE -E47ENNE n'eut pas #esoin d'e%plications & il m'était ue trop évident ue
la serrure fragile avait cédé au% assauts du #ouvier. 6 ce moment m(me, $ivouac e%pirait sous les derniers coups des chasseurs. D 77 n'y a plus rien ) faire F, pensa le gar:on. $ouleversé par le désespoir de la fillette, il fit un pas vers elle. ais Lisa n'attendait pas de consolations'. 7l restait peut-(tre une chance de sauver le ch chie ienn u u'e 'ell llee aima aimait it et ) u uii elle elle av avai aitt tout tout sacr sacrif ifié ié.. "ett "ettee ch chan ance ce s'amenuisait de seconde en seconde il fallait #attre de vitesse la tragédie ui se Gouait. ;ans un mot, l'enfant prit Etienne par la main et, tournant le dos ) la ca#ane, d'entraQna vers la lisi!re du #ois. La course n'était pas facile. La lune s'était couchée et il régnait, sous les ar#res, une o#scurité profonde. Les deu% enfants évitaient avec peine les pi!ges ue leur tendaient, ) chaue pas, les rochers au% ar(tes vives, les racines noueuses ui crevaient la surface du sol. L'her#e, rendue glissante par l'humidité de la nuit, faisait leur avance moins s?re et les o#ligeait ) ralentir leur allure. @eu% fois, Etienne tré#ucha et faillit tom#er. ais la main de Lisa le tenait solidement et l'entraQnait. l'entraQnait. L'urgence de la situation sem#lait diriger la fillette ) travers ce #ois u'elle ne connaissait pas. @'instinct, elle évitait les trous dissimulés sous les feuilles, les grosses pierres, les #uissons d'épines. 4irant touGours derri!re elle le Geune gar:on, de sa main li#re elle écartait les #ranches #asses dont le feuillage lui cinglait le visage. En m(me temps, elle tendait l'oreille, 152
s'effor:ant de distinguer parmi les #ruits de la nuit uelue indice ui lui permettrait d'espérer, contre toute évidence, ue la #attue n'était pas terminée, ue le chien, cerné tout ) l'heure, avait réussi ) échapper ) la meute et au% chasseurs. chasseurs. "e chien, chien, c'était c'était $ivouac.... $ivouac.... ais seuls lui parvenaie parvenaient nt ces chuchotements anonymes ui peuplent, dans le noir, le royaume des #(tes et des plantes. La fillette s'épuisait s'épuisait.. algré algré la peur ui la talonnait talonnait,, cette cette course course folle folle sur un terrain inégal lui coupait le souffle. La cMte, au% a#ords du plateau, se faisait plus raide. $ientMt Etienne sentit fai#lir la petite main énergiue ui l'entraQnait en avant. 6ccélérant sa propre allure, il parvint ) hauteur de Lisa et, ) son tour, prit la t(te. D "ourage, lui souffla-t-il. n approche. F Lisa releva la t(te & ) travers les ar#res moins serrés des premiers contreforts, on apercevait les contours précis des #=timents d'une ferme dont toutes les fen(tres étaient éclairées. @ans la cour allaient et venaient les silhouettes d'hommes dont les voi% parvenaient fai#lement au% deu% enfants. 7l sem#la ) la fillette ue son c tout cela ne pouvait avoir u'une signification & la #attue était terminée. Le chien tueur avait été pris. Elle ne sut Gamais comment elle avait couvert les derniers cent m!tres. Elle s'était trouvée soudain au milieu d'une di8aine d'hommes & leurs mines satisfaites lui confirmaient le verdict mieu% encore ue les lam#eau% de phrases u'elle saisissait au passage passage & D ;ale #(te * > n l'a eu eu uand m(me * > ais il nous a donné du mal.... mal.... F Lisa eut encore le temps d'apercevoir, au milieu de la cour de la ferme, la tache d'uni pelage som#re, uatre pattes raidies dans une mare de sang. 4out 4out ) coup, une masse puissante dé#oula entre les Gam#es des chasseurs et se Geta sur elle. elle. La fillette fillette entendit le cri ue Getait Etienne, Etienne, stupéfait & D $ivouac * F Puis elle perdit connaissance. * * *
Elle se réveilla dans un grand lit dont le matelas moelleu% enfon:ait sous elle. Elle eut un regard pour les visages an%ieu% ui l'entouraient & sa mémoire luttait pour retrouver le fil des événements. Un gémissement tendre, la caresse d'une langue r=peuse sur sa main, la ramen!rent ) la réalité. ;e soulevant sur un coude, 15
elle vit $ivouac ui, sa grosse t(te appuyée sur la couette rouge, guettait avec inuiétude son premier geste. D 77 y a eu un miracle F pensa Lisa. "e miracle, elle ne tenait pas ) en connaQtre l'e%plication. 7l lui suffisait, pour l'instant, de voir pr!s d'elle, sain et sauf, le #ouvier u'elle avait cru mort. ais Etienne ui, de l'autre cMté du d u lit, guettait lui aussi son réveil, ne la laissa pas longtemps dans le doute. D $ivouac s'est conduit en héros, dit-il en se penchant sur la fillette. on grand-p!re t'e%pliuera. F Le vieu% paysan ui s'était tenu en silence au pied du lit approcha en souriant & D Le grand-p!re, c'est moi, annon:a-t-il. 4on $ivouac nous a rendu un fier service, ma petite. ;ans lui, le chien tueur nous échappait. alheureusement, aGouta-t-il avec tristesse, ce chien tueur, c'était le mien il avai av aitt disp dispar aruu de depu puis is u uar aran ante te-hu -huit it he heur ures es et.. et...... "e sont sont de dess ch chos oses es u uii arrivent, ueluefois, sans u'on comprenne pouruoi. F Lisa eut un frisson. "e n'était pas $ivouac, mais c'aurait pu (tre lui * D Laisse donc cette enfant tranuille, coupa une vieille petite dame ui venait d'entrer, portant dans ses deu% mains un grand #ol fumant. "rois-tu u'elle n'ait pas eu son compte d'émotions, depuis trois semaines0... F
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La vieille dame s'interrompit pour tendre le #ol ) Lisa. D 4iens, lui dit-elle. $ois ton lait pendant u'il est chaud :a te fera du #ien.... ui, Etienne vient de nous raconter ton histoire. ais, si tu veu% me faire plaisir, tu n'y penseras plus pour cette nuit. n en parlera demain. 4out le mande va aller dormir. F La vieille paysanne se pencha pour déposer sur le front de Lisa un #aiser maternel puis elle se dirigea vers la porte, entraQnant avec elle le fermier. D Kia te coucher aussi, Etienne F, dit-elle au moment de sortir. Jestés seuls, les deu% enfants se turent un instant. L'aventure prenait une tournure inattendue ui les laissait un peu désemparés. Enfin, Lisa murmura & D Jaconte-moi ce ui s'est paisse. > Eh #ien, dit Etienne, c'est tout simple. $ivouac a d? entendre le #ruit de la #attue et, comme tu l'avais uitté, il a cru pro#a#lement ue tu étais en danger. 7l a reGoint reGoint la #attue #attue au moment moment o9 le chien tueur se Getait sur mon grand-p!re. $ivouac a sauté sauté sur le chien et lui a ouvert la gorge. gorge. >. $rave $ivouac $ivouac * F soupira la fillette. En entendant son nom, le #ouvier appuya ses pattes de devant sur le #ord du lit et leva vers l'enfant l'enfant un regard d'adoration. d'adoration. Etienne se prépara ) sortir. sortir. D 6ttends uni peu F, dit Lisa. Le Geune gar:on se tourna vers elle. L'enfant hésita, puis se décida ) poursuivre & D 4es grands-parents, tu leur as tout raconté 0 > ' 4out, affirma Etienne. > (me le sac 0 m(me m(me $ivouac 0 > - (me $ivouac. > Et ils ne trouvent pas ue G'ai eu tort 0 > $ien s?r ue non * @'ailleurs, ils ont l'intention de t'en parler demain. F Etienne se dirigea vers la porte. D aintenant, #onsoir. Et, aGouta-t-il, t=che d'(tre sur pied, demain & on aura des tas de choses ) voir. F * *
Lisa venait de visiter tous les #=timents de la ferme sous la conduite d'Etienne. 7ls arrivaient ) la #ergerie, et la fillette, tout ) son plaisir, ne remaruait pas l'air préoccupé du Geune gar:on. D oi aussi, G'ai des moutons F, e%pliua-t-elle. Elle se reprit & D Enfin, G'en avais, ) 7stillar.... 7stillar.... F
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B$2ou&% & s&u" su# le chien et lui a ou)ert la "or"e!
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Etienne -respira 'un grand coup, puis parut prendre une décision & D /u'est-ce ue tu comptes faire 0 F demanda-t-il. Un instant, Lisa le regarda, interlouée. D ais ais,, tu le sais sais #ien #ien,, fini finitt-el elle le pa parr e% e%pl pli iue uer r retr retrou ouve verr les les propriétaires de $ivouac, leur rendre rendre leur chien.... chien.... > ais ensuite 0 > Ensuite, Ge ne sais pas e%actement rentrer che8 mon oncle, pro#a#lement. F Le visage de la fillette s'assom#rit. D Ecou Ecoute te,, dit dit Etie Etienn nne, e, mes mes gran grands ds-p -par aren ents ts m'on m'ontt ch char arggé de te proposer uelue chose. 4u ne voudrais pas rester ici pendant uelue temps 0 > 7ci 0 mais Ge viens dé te dire u'il faut ue Ge m'occupe de $ivouac * > Oustement. on grand-p!re dit u'on a le temps de régler cette ueestio u stionn-l). -l). Et il a. rais raison on u uel elu ues es Gour Gourss de plus plus ou de moins oins ne changeront pais grand-chose au résultat. ;ans compter ue, pour toi, ce serait commode d'ha#iter ) la ferme & tu pourrais te renseigner dans les environs. 6pr!s 6pr!s tout, +lorac n'est pas tr!s loin de ende, et Ge ne serais pas étonné si un fermier du voisinage connaissait les maQtres de ton chien. F Les yeu% #aissés, Lisa réfléchissait. 7l y avait du vrai dans les argumen uments ts d'Et 'Etien ennne. ais ais l'idé 'idéee de ret retard arder le momen entt o9 elle elle s'acuitterait de -la mission u'elle s'était imposée, et remettrait $ivouac entre des mains s?res, ne lui plaisait gu!re. Pourtant.... Pourtant.... D 4u as peut-(tre raison, finit-elle par reconnaQtre. $ien entendu, aGouta-t-elle vivement, Ge ne resterai pas longtemps. @isons ue si, dans deu% Gours, Ge n'ai pas réussi réussi ) retrouver retrouver les propriéta propriétaires ires de $ivouac $ivouac dans la région, Ge partirai pour ende, et Ge me renseignerai sur place. > 4u restes, tu restes * F cria Etienne en dansant autour de la fillette. Lisa leva sur lui un regard amusé & D @eu% Gours, au plus, précisa-t-elle. précisa-t-elle. Ne l'ou#lie pas. F Le grincement de la #arri!re les fit se retourner en m(me temps & l) #as, en haut du sentier ui menait au petit #ois, venait d'apparaQtre la silhouette solide d'un Geune gar:on au% cheveu% noirs arr(té maintenant ) rentrée de la cour, il sem#lait hésiter ) avancer. D /ui c'est, ce gars-l) 0 F demanda Etienne, étonné, tandis ue Lisa, la premi!re minute de surprise passée, courait vers la #arri!re en criant &
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D anu * F Etienne n'eut pas #esoin d'e%plications, supplémentaires & Lisa lui avait asse8 asse8 parlé de ses amis d'6l#i, et surtout du grand gar:on #run u'elle avait uitté avec un chagrin chagrin secret secret ) l'entendre, anu avait toutes les ualités, et souvent Etienne s'était senti un peu Galou% de cette amitié dont il n'avait pas sa part. ais anu était l), et, en somme, on était #ien o#ligé de reconnaQtre u'il était sympathiue. Lisa posait des uestions, ) n'en plus finir. Elle Elle conclut & D ais comment as-tu fait pour savoir o9 G'allais 0 > "'était pas malin, répliua anu Ge n'ai eu u') aller voir le p!re Lempereur, le soir de ton départ & il m'a tout dit. > /uoi, > /uoi, D tout F 0 > Eh #ien, ue tu avais eu des dém(lés avec ton oncle, ue tu étais partie de che8 toi, et ue tu avais pris le train pour ende.... F Le grand gar:on hésita un peu, puis poursuivit résolument & D Ne m'en veu% pas, Lisa & G'ai écrit ) ton oncle. > 4u as écrit ) l'oncle Luigi 0 répéta la fillette, horrifiée. > ui. Oe lui ai dit ue tu étais passée par 6l#i, 6l#i, ue tu te dirigeais vers ende, et u'il fallait u'il vienne te chercher. chercher. F 6tterrée, Lisa se taisait. anu en profita pour profita pour e%pliuer & D 4u comprends, G'étais tellement inuiet * Oe t'imaginais seule, sur les routes, sans #eaucoup d'argent.... Les disputes de famille, :a ne dure Gamais #ien longtemps on part sur un coup de t(te, et puis on ne sait pas comment revenir sans perdre la face. O'ai voulu t'épargner la peine de faire les premiers pas et G'ai demandé ) mon p!re la permission de partir ) ta recherche.... F Lisa retrouva la voi% pour lui Geter, #rutalement & D Et $ivouac 0 4u as pensé as pensé ) lui 0 > Pensé ) $ivouac 0 F anu la regarda interloué. "e fut fut Etienn Etiennee ui e%pliua e%pliua.. Lorsu Lorsu'il 'il termina termina son ré réci cit, t, anu était acca#lé. D Le p!re Lempereur ne m'avait pas tout dit * F murmura-t-il avec désespoir. ;oudain, il sursauta & D Et ton oncle ui est en route F, s'e%clama-t-il en regardant la fillette. , Lisa y av avai aitt dé déG) G) pensé Luigi savait maintenant o9 elle se trouvait. ieu% ieu% en enccore ore, il con onna nais issa saiit, lui, ui, l'a l'adre dresse co com mpl!t pl!tee et le nom des propriétaires propriétaires de $ivouac. 7l allait lui (tre facile de guetter sa ni!ce et le chien, et de les cueillir au moment m(me anu pour lui faire des reproches. @'ailleurs, la #onne foi de son ami était évidente. D Une seule chose ) faire, dit-elle ) haute voi%. 7l faut gagner l'oncle Luigi de vitesse. /uand lui as-tu écrit, anu 0
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> Le soir m(me de ton départ, avoua le gar:on'. > "'est-)-dire il y a uatre Gours. 6vec 6vec un peu de chance, l'oncle n'a peut-(tre re:u ta lettre u'avant-hier soir. 7l a pris le train hier.... Nous avons encore une chance d'arriver avant lui, mais il n'y a pas une minute ) perdre. 7l faut partir tout de suite. > Partir, Partir, c'est #ien Goli, intervint Etienne. ais tu iras o9 0 > Nous allons ) +lorac, et Ge remettrai $ivouac ) la police en e%pliuant dans uelles conditions Ge l'ai trouvé. La police se chargera de retrouver ses maQtres. @e toute fa:on, il sera ) l'a#ri de l'oncle Luigi ui ne pourra pas aller aller le réclamer réclamer au poste. » anu approuva & D Lisa a raison, Etienne. 7l faut nous mettre en route sur-le-champ. > 4u n'attends m(me pas la dame au sac, Lisa 0 F supplia Etienne désolé. La fillette fut touchée du chagrin de son son petit compagnon & mais il lui fallait choisir entre le chagrin d'Etienne et la perte de $ivouac & la uestion ne se posait m(me pas. D 4u la recevras pour moi, lui dit-elle doucement. Et tu lui e%pliueras tout. F 15I
ais déG) anu, ui s'impatientait, se dirigeait vers la #arri!re Lisa appela $ivouac et écourta ses adieu%. « Jemercie tes grands-parents pour moi F, cria-t-elle ) Etienne en s'éloignant. Planté la au milieu de la cour, Etienne la vit courir pour reGoindre anu. D Oe ne la reverrai plus Gamais F, pensa-t-il avec acca#lement.
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CHAPITRE --I LE 4J7 avait
marché d'un #on pas et traversé rapidement le petit #ois. Le traGet s'était effectué en silence & anu s'effor:ait de réfléchir pour deu% et d'e d'e%a %ami mine nerr av avec ec sang sang-f -fro roid id un unee situ situat atio ionn dif difficil icile, e, u u'i'ill av avai aitt en enco core re compliuée, sans le vouloir, en mettant Luigi sur la piste de sa ni!ce. Lisa, de son cMté, tenait $ivouac en laisse par le morceau de corde u'il traQ traQna nait it ) son son co cou, u, de depu puis is ving vingtt-u uat atre re he heur ures es,, co comm mmee un souv souven enir ir de dess soup:ons inGustes dont on l'avait chargé. La fillette s'a#sor#ait dans ses pensées. 6u moment de toucher au #ut, ce n'étaient pas les détails pratiues de son e%pédition ui la préoccupaient. Une seule chose comptait & dans une heure, elle remettrait $ivouac ) la police, et ce serait la séparation définitive. D Le perdre pour le sauver, pensait-elle avec désespoir. Oe Oe n'avais pas le choi% & on n'a pas le choi%, uand on aime. F Le #ouvier, ui allait, serré contre l'enfant, leva sur elle des yeu% inuiets. Lisa se pencha1 pour le caresser et me put retenir un soupir & la séparation pourrait-elle dépasser en cruauté le lent supplice de ces derni!res minutes 0 Les l!vres serrées, elle se redressa & le trio venait de uitter l'a#ri des ar#res. D Par o9 passons-nous, pour aller ) +lorac 0 F demanda-t-elle ) anu, en s'arr(tant. Le Geune gar:on s'arr(ta ) son tour & D Nous longeons la voie ferrée, nom 0 c'est le chemin le plus direct. ;i nous voulons gagner du temps.... F Lisa l'interrompit & 1A1
D 7mpossi#le, la voie ferrée m!ne ) la gare et.... F Elle paraissait trou#lée. ;on compagnon la regarda un instant d'un air surpris, puis se mit ) rire & D 4u as peur u'on te fasse des ennuis ) cause de ton #illet 0 a pauvre fille, mais c'est enterré, cette histoire * Personne n'y pense plus * F Lisa parut interlouée & D /ui t'a raconté l'histoire du #illet 0 demanda-t-elle. > Et comment crois-tu donc ue Ge ue Ge t'aie reGointe 0 répliua anu. O'ai retrouvé ta trace d!s la gare d'6l#i & Ge me suis renseigné aupr!s du contrMleur du train ue tu avais pris. Une fille au% yeu% #leus, et un #ouvier noir.... noir.... 4u ne passes pas inaper:ue, inaper:ue, tu sais * F 7l interrompit ses e%plications & D 6sseyons-nous un instant F, proposa-t-il en s'installant sur le tronc d'un ar#re a#attu. Lisa alla le reGoindre. D Oe disais donc, reprit anu, ue le contrMleur s'est empressé de me mettre au courant & chien circulant en li#erté dans un train, porte-monnaie perdu.... 6pr!s gai, tu disparais ) cin minutes de +lorac. 7l m'a suffi de descendre ) +lorac moi-m(me. > Et l) 0 Oe ne comprends touGours pas comment tu as pu deviner ue G'étais che8 les les grands-parents d'Etienne d'Etienne * F anu se mit ) rire & D a petite fille, tu n'as n'as pas pas l'air de te rendre compte de la pu#licité pu#licité ue tu t'es faite dans le pays & uand Ge suis arrivé ) la gare, cette nuit, tout le monde parlait déG) de la #attue, et les e%ploits de $ivouac commen:aient ) faire le tour du pays. 7l n'était uestion ue du grand #ouvier noir ui avait aidé ) capturer le chien tueur. Oe m'ai pas eu pas eu #eaucoup de uestions ) poser pour me renseigner. renseigner. 7l ne restait plus u') attendre le Gour pour venir te retrouver che8 les grands-parents d'Etienne. F Lisa parut hésiter. D 6lors, finit-elle par finit-elle par dire, tu crois vraiment ue, si on me voit dans la gare de +lorac, on ne me réclamera pas le pri% de mon #illet 0 > 4on 4on #illet, Ge l'ai payé, coupa anu en se levant. Et maintenant, il vaut mieu% nous mettre en route on a perdu asse8 de temps. F Lisa Lisa se leva leva ) son tour. ;ans rien dire, elle considéra un instant le gar:on ui n'avait pas hésité ) venir ) son secours. Un simple D merci F me p!serait gu!re dans la #alance, en face de tant d'amitié généreuse. 4imidement, 4imidement, elle se rapprocha de lui & « anu... F, commen:a-t-elle. commen:a-t-elle. Le gar:on l'interrompit &
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Le trio )enait &e uitter l'abri &e% arbre%! 1A
D Le plus dur reste ) faire, dit-il doucement en lui prenant la main & il faut aller remettre $ivouac ) la police. F La voie ferrée, ) trois cents m!tres de l), s'étirait sur la plaine nue. ;ans un mat, ils s'éloign!rent du petit #ois. $ivouac s'était rapproché des deu% enfants et trottait ) leur cMté d'un air perple%e. anu tenait touGours la main de Lisa et, Getant un regard furtif sur son amie, il s'aper:oit u'elle pleurait. * * *
Le contrMleur de service mit toute sa #onne volonté ) renseigner les enfants & le commissariat se trouvait dans le m(me uartier ue la gare, et ils n'eurent pas de peine ) le trouver. @evant la porte du commissariat, commissariat, Lisa parut hésiter. D Nous ne risuons plus rien de l'oncle Luigi, pensait-elle Ge peu% me permettre d'attendre un peu avant de livrer $ivouac ) la police & une heure seulement, une heure de gr=ce, le temps de d e lui 'dire adieu tranuillementF.. F ais sa propre fai#lesse l'éc N'en profite pas pour lui casser le poignet F, lui conseilla Nicole Lemonnier ui venait de le reGoindre d'un pas plus pondéré. Lisa et anu échang!rent un regard étonné. Etienne se mit ) rire & « 7ls 7ls n'y n'y compr ompreenn nneent rien * rem remarua rua-t -t-i -il. l. E%pl E%pli iue ue88-le -leur, ur, mademoiselle. > "'est tout simple, enchaQna la Geune femme. Oe suis arrivée ce matin ) la ferme des grands-parents d'Etienne, et G'ai demandé ) voir Lisa. Le pauvre Etienne ui, Gusue-l), n'avait parlé de votre départ ) personne, a #ien été o#ligé d'avouer ue vous avie8 uitté la ferme. 4out le monde était consterné . ontassut voulait partir immédiatement ) votre recherche avec la carriole
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G'ai pensé ue ma voiture serait plus rapide, et G'ai emmené Etienne. > ais $ivouac 0 F intervint anu. 7l se tourna vers Etienne et aGouta & D 4u sais #ien pouruoi mous sommes partis.... > ui, mais toi, tu ne sais pas tout, triompha Etienne. 7l y a du nouveau * F Lisa attendait. Elle n'avait encore rien dit et ne s'e%pliuait pas l'arrivée inattendue d'Etienne et de Nicole Lemonnier. La surprise, Gointe au chagrin ui l'ha#itait depuis plus d'une heure, l'emp(chaient de réagir. "e fut a elle u'Etienne s'adressa & « a petite Lisa, commen:a-t-il, prépare-toi ) entendre une #onne nouvelle & mes grands-parents connaissent les -propriétaires de $ivouac. F Le choc rendit ) la fillette l'usage de la parole. Elle o#Gecta & D ais comment :a 0 7ls ne m'ont rien dit.... > @!s hier soir, ils avaient reconnu le chien, paraQt-il et ils avaient l'in l'inte tent ntio ionn de t'en t'en pa parl rler er ) la prem premi! i!re re oc occa casi sion. on. ais ais tu as as filé filé sans sans attendre.... Et moi, conclut-il, Ge n'étais pas au courant. F Lisa 'croyait r(ver. Elle allait pouvoir épargner ) $ivouac l'épreuve d'un séGour plus ou moins prolongé dans les fourri!res de la police. aintenant, elle était certaine de pouvoir remettre le #ouvier entre des mains s?res. D @is-moi l'adresse, demanda-t-elle ) Etienne. > +erme @argilan, pr!s de ende. F @'un seul coup, la fillette revit le collier et sa plaue de métal. "ette nuit d'orage au cours de lauelle elle avait trouvé le #ouvier entre deu% flaues d'eau, il lui sem#lait l'avoir vécue la veille, v eille, et non un mois plus- tMt. anu la ramena #rusuement ) l'heure présente & D "ette adresse, lui rappela-t-il, ton oncle la connaQt aussi, et il ne faut pas lui permettre permettre d'y arriver avant nous. F Une om#re passa om#re passa sur le visage de Lisa & « 4u as raison, dit-elle ) anu. O'y vais. > Nous y 'allons, corrigea Nicole Lemonnier. Nous aussi, nous serons de la f(te.... Et d'ailleurs, comment comptes-tu arriver ) ende 0 6llons, aGoutait-elle, en poussant les enfants vers la voiture, monte8. Et n'ou#lie8 pas $ivouac * F B BB ais déG) le #ouvier sautait sur le si!ge arri!re et s'installait entre Lisa et anu, Nicole Lemonnier se glissa derri!re le volant
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La .etite trou.e %',chelonnait le lon" &u %entier!
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et Etienne alla la reGoindre. 4ondis ue la Geune femme mettait le moteu moteurr en marche, marche, le gar:on gar:on plongeai plongeaitt sa main sous la #anuette et en ramenait le #issac il le tendit ) la fillette ui le prit sans un mot. D Le p!re La ésange l'a apporté ce matin F, e%pliua-t-il. Puis il se tourna vers Nicole et, enfon:ant du pied un accélérateur imaginaire, il demanda & D Kous voule8 m'apprendre ) conduire 0 F Pour toute réponse, la Geune femme se mit ) rire, et Etienne en fit autant. ais Lisa, en proie ) mille sentiments contradictoires, serrait contre elle *la t(te de $ivouac en pensant & D "ette fois, c'est la fin. F * **
oins d'une heure plus tard, la petite voiture de Nicole Lemonnier dé#ouchait devant le sentier ui mentait ) la ferme @argilan. D @escendons, décida Nicole. La ferme ne doit plus (tre tr!s loin. F Les uatre voyageurs et le chien s'engag!rent entre les haies ui #ordaient étroitement le sentier. sentier. $ivouac allait en t(te, humant les caillou% du chemin, fouillant les #uissons de la pointe du museau. Lisa suivait de pr!s le #ouvier et guettait ses réactions. D 77 ne sem#le pas tr!s pressé de reGoindre son -maQtre F, lui souffla anu. La petite troupe s'échelonnait le long du sentier. Nicole et Etienne ferm fermai aien entt la marc marche he.. $ivo $ivoua uac, c, en t(te t(te de file file,, atte atteig igna nait it un tour tourna nant nt lorsu'il se figea sur place et laissa échapper un grognement. Lisa le reGoignit. D Kas-y, lui dit-elle, tu es che8 toi. F ais le chien continuait ) hésiter, regardant alternativement la fillette et le tournant au-del) duuel on entendait maintenant un murmure de voi% indistinctes. Lisa et anu échang!rent un regard. La fillette se rapprocha du chien& D Oe t'accompagne F, lui dit-elle. Et, prenant les devants, elle s'engagea dans le tournant anu la suivit. Elle n'avait pas fait trois pas u'elle s'arr(tait, pétrifiée & Escorté par un vieu% paysan, l'oncle Luigi venait ) sa rencontre. L'enfant eut un moment de paniue & retenant par sa corde
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$ivouac ui s'était rapproché d'elle, elle recula et reGoignit anu. D/u'est-ce u'on fait 0 lui demanda-t-elle ) mi-voi%. > Pour l'instant, rien, murmurai murmurai le gar:on. Laisse Laisse ton oncle approcher& on va #ien voir.... F ais c'était tout vu déG) l'oncle Luigi les avait reGoints et serrait sa ni!ce dans ses #ras. D 6h * tu m'as fait peur * s'e%clama-t-il enfin en lui rendant sa li#erté. Oe me demande comme Ge t'aurais retrouvée si ton ami amu n'avait pas eu l'idée de m'écrire.... F Luigi se tourna vers le gar:on & « "'est toi, anu, Ge suppose 0 F Le gar:on fit signe ue oui. D Eh #ien, poursuivit #ien, poursuivit Luigi, Ge n'ai n'ai pas pas fini de te dire merci * F . Lisa avait éprouvé un choc en voyant apparaQtre son oncle. ais ce choc n'était rien, ) cMté de la stupéfaction ue lui causait la découverte d'un Luigi affectueu% et gai, d'un Luigi ui s'était inuiété de soin sort.... /uelle ruse pouvait #ien cacher cette tendresse inusitée 0 L'étonnem L'étonnement ent et la méfiance se peignirent sur le visage de l'enfant. . @argilan intervint & D Nous avons des tas de choses ) nous raconter, fit-il o#server. Nous serons mieu% ) l'intérieur. F Nicole et Etienne avaient reGoint l'avant-garde l'avant-garde pendant ce temps, et tout le monde se trouva dans la grande salle de la ferme. Lisa revenait lentement de sa surprise et se laissait peu ) peu convaincre ue son éuipée se terminait pour le mieu%. D Et tu as pris le train, oncle Luigi 0 > ;i G'ai pris le train * @eu% heures apr!s avoir re:u la lettre de anu, G'étais déG) ) la gare, et hier matin, au petit Gour, Ge dé#aruais che8 . @argilan. 7mmédiatement, nous mous sommes mis ) ta recherche, mais en vain. Nous commencions ) désespérer, ce matin, uand nous avons re:u un télégramme de . ontassut annon:ant ton arrivée.... F 4out en écoutant, Listai caressait $ivouac ui, depuis son entrée ) la ferm ferme, e, s'ét s'étai aitt réfu réfugi giéé au aupr pr!s !s de la fill fillet ette te et refu refusa sait it de la u uit itte terr. Elle Elle réfléchissait & D @e toute fa:on, il fallait #ien retourner ) 7stillar, pensait-elle. Et sans $ivo $ivoua uac. c. Oe peu% m'estimer heureuse de voir l'oncle dans de si #onnes dispositions. F 6utour d'elle, la conversation allait #on train. ais Lisa avait perdu le fil. Luigi s'en aper:ut et la ramena au moment présent en répétant & D Oe disais, Lisa, ue nous pourrions partir dans trois Gours. /u'en distu0 F 1AH
$ivou $ivouac ac dressa dressa l'or l'oreill eille. e. n parlait de départ et c'était Lisa ui allait partir. partir. "e retour ) la ferm fermee de son son prem premie ierr maQt maQtre re l'av l'avai aitt plon plongé gé da dans ns l'angoisse. 7l sentait dans Pair mille proGets ui, tous, concernaient Lisa. Et, pas une fois on n'avait parlé de lui. lui. /uittant la fillette, il se dirigea furtivement vers la porte entrouverte et sortit. D En somme, monsieur @argilan, disait ) ce moment l'oncle Luigi, l'aventure de Lisa nous aura rendu #ien des services. F L'enfant leva sur Luigi un regard étonné. D 4on oncle t'e%pliuera F, intervint . @argilan. Pendant ue . @airgilan versait ) ses visiteurs des #ols de lait frais, Luigi entraQna sa ni!ce dans un coin de la salle. D Nous avons #eaucoup de choses ) nous dire, commen:a-t-il. @'a#ord, Ge veu% ue tu saches ue tu m'as fait de la peine, en partant sans sans prévenir prévenir Ge t'aime #ien, tu sati satis s il aurait suffi ue tu t'e%pliues au lieu de monter sur tes grands grands chevau chevau%.. %...... Ensuit Ensuite, e, désorm désormais ais,, nou nouss vivron vivronss diffé différem remme ment nt & Ge Ge te laisserai plus de temps pour tes études puisue tu veu% te faire une situation. ais, de ton cMté, il faudra faire un effort.... F Lisa l'interrompit & D 4u peu% compter sur moi, oncle Luigi, murmura-t-elle. on aventure m'a appris deu% choses & la premi!re, c'est u'on n'est Gamais asse8 confiant. La deu%i!me, c'est u'on est touGours plus sév!re pour les autres ue pour soim(me.
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> Eh #ien, tu n'auras pas perdu ton temps, répliua Luigi en riant. ais ce n'est pas tout G'ai gardé la #onne nouvelle pour la fin & . @argilan vend sa ferme et vient s'installer che8 nous, ) 7stillar. > 6 7stillar 0 F Lisa me comprenait plus, D ais oui * 7l avait déG) l'intention de s'installer dans les Pyrénées lorsu'il est passé pr!s de che8 nous, au mois de Guin. "'est alors ue $ivouac s'est perdu, et . @argilan avait momentanément renoncé ) ses proGets. ais nous en avons discuté ensem#le, et c'est décidé. > $ivouac reste avec avec moi * F "e cri, ui avait échappé ) Lisa, émut Luigi. D ui, ma petite fille, lui dit-il en lui caressant les cheveu%. aintenant, $ivouac est ) toi, pour touGours.... touGours.... F 77 s'arr(ta l'enfant venait de p=lir et levait vers lui un visage désespéré & D ncle Luigi, #al#utia Lisa, les yeu% pleins de larmes, alors :a va recommencer 0 F Luigi comprit l'inuiétude de sa ni!ce. D Non, lui dit-il gravement. La contre#ande, c'est fini pour moi :a ne me tente plus & elle a failli me faire perdre ma ni!ce. @'ailleurs, aGouta-t-il, uand G'ai annoncé ta disparition ) la police, G'ai raconté toute l'histoire, sans irien cacher. cacher. Un contre#andier ui va faire des confidences au% gendarmes, :a n'a pas d'avenir. D Ne crains rien, va, conclut-il. 6 partir d'auGourd'hui, nous élevons des moutons, honn(tement et ton $ivouac ne risuera plus rien. F Lisa plongea son regard clair dans les yeu% som#res de son oncle. "e u'elle y lut la rassura sans doute, car elle finit par murmurer & D O'ai confiance, oncle Luigi. F L'ancien contre#andier voulut couper court ) l'émotion du moment. D O'ai des tas de proGets, dit-il gaiement ) sa ni!ce. Par e%emple, on va écrire au p!re de anu et lui demander s'il permet ) ton petit camarade de finir les vacances avec nous, ) la D ventaF.... Et puis, GSallais ou#lier * Ge t'ai apporté un cadeau F, aGouta-t-il d'un air tauin. ) En m(me temps, il fouillait dans sa poche et en retirait deu% longues nattes de cheveu% noirs. Lisa se 'mit ) rire. D 4u pourras en faire un collier pour $ivouac F, aGouta l'oncle. D ais, o9 donc est $ivouac 0 s'e%clamait au m(me moment anu ui venait de s'apercevoir de la disparition du chien. > 77 est sorti, il y a un moment, e%pliua le vieu% fermier. fermier. 6ppelonsle.... F 6u #out de di% minutes de recherches et d'appels inutiles, l'inuiétude commen:a ) se peindre sur les visages & le #ouvier restait introuva#le. Les 1H
regards consternés se croisaient, et personne ne savait plus ue dire uand soudain, Lisa partit comme une fl!che. Laissant derri!re elle ses amis é#ahis, elle dévala le petit sentier et, en uelues minutes, reGoignit la grand-route o9 stationnait la voiture de Nicole Lemonnier elle avait deviné Guste,& 6ssis sur la #anuette arri!re, $ivouac l'attendait, une patte posée sur le #issac....
D" "& ') 5754 8e #$mes#e 1956 IMPRIME EN BELGI+UE PAR LA S(I(R(E(C(( LIEGE
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