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DENIS-FRANÇOIS
LA CROISIERE DE CATHERINE
sont dix à s'em s'embbarq arquer sur sur la ILS sont Bédouine II, dix lauréats d'un concours dont les épreuves finales se déroulent au cours d'une merveilleuse croisière. Tous visent le mme but ! "a"ner le premier prix# et# si une petite passa"ère pleure dans la cale# personne n'a le temps de s'en soucier. $omme les autres# $at%erine désire remporter la victoire# mais rester indifférente à la détresse d'un enfant est au&dessus de ses forces. t pourtant# peut&on espérer concilier ces deux ambitions ! obtenir une réussite personnelle personnelle et venir en aide à un tre en dan"er(
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LA CROISIERE DE CATHERINE
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Série Catherine $oura"euse $at%erine# de +enis&,ran-ois. 1// $at%erine au c%alet des nei"es# de +enis&,ran-ois. 1/0 $at%erine et les $%iens perdus# de +enis&,ran-ois. 1/ La $roisière de $at%erine# de +enis&,ran-ois. 11 $at%erine et les $inq ,rères# de +enis&,ran-ois. 1)
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DENIS-FRANÇOIS
LA CROISIÈRE DE
CATHERINE ILLUSTRATIONS D'ALBERT CHAZELLE
HACHETTE 21
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! Librairie Hachette, 1961. T"#$ %r"it$ %e tra%#&ti"n &(é re)r"%#&ti"n re)r"%#&ti"n et %'a%a)tati"n ré$er*é$ )"#r t"#$ )a+$,
Ta(e I. II. II. III. III. I9. I9. 9. 9I. 9I. 9II. 9II. 9III 9III.. I<. <.
L'%e L'%eur uree de dess 3eun 3eunes es 5 la bé bédo doui uine ne II 6 Lar"u Lar"ue7 e7 les amarr amarres es 8 :nit :n itaa Le co coqu quil illa la"e "e sca scale le a pa palm lmaa Les "rotte "rottess du dra" dra"on on ;al ;al co cost stum uméé en mer mer La de derni rnière ère env envelo eloppe ppe :n""oisse :n issess =ons =onsie ieur ur >o >oos osen en +eva +e vant nt le micr microo pilo"ue
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I.)ri.é en Fran&e )ar Br"%ar%-Ta#)in I.)ri.e#r-Re(ie#r C"#("..ier$-/ari$, I, -0 Dé)3t (é4a( n5 011 2 e tri.e$tre 161,
CHAPITRE PREMIER
L'HEURE DES 7EUNES 5 9oici la liste des lauréats. 6 ?icole# la spea@erine spea@erine de >adio&Lutèce# >adio&Lutèce# prit le papier qu'on qu' on lui tendait tendait ! feuille feuille blanc%e blanc%e sur laquelle laquelle s'ali"na s'ali"naient ient dix noms inconnus# dix noms avec lesquels il lui fallait se familiariser très vite afin de les énoncer clairement. 5 9oilà dix écoliers qui ont bien de la c%ance murmura&t& elle. Sur la table une "rande carte de la =éditerranée était déploAée# sillonnée de traits rou"es# de c%iffres bleus et
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autres si"nes cabalistiques. Le 3eune %omme à l'air 3ovial qui# penc%é sur elle# l'examinait attentivement à travers ses lunettes cerclées d'écaillé# se redressa. 5 Sur le papier# c'est parfait8 s'écria&t&il. >este à savoir ce que -a donnera quand cette étendue bleue sera de l'eau salée a"itée par les vents# et qu'un petit bateau A tracera sa route avec tous ses passa"ers... B +ont vous et +elacour# +elacour# responsables de dix enfants insupportables...# coupa une voix sèc%e. B C% 8 =onsieur Le =orvan 8 ne dites pas cela# s'exclama le 3eune %omme# 3'en ai dé3à la c%air de poule. 6 Dierre Le =orvan# directeur de l'émission# %aussa les épaules sans répondre et 3eta un coup d'Eil vers la pendule# ornement le plus apparent du studio oF se situait cette scène. Les deux ai"uilles pointées vers le plafond se c%evauc%aient l'une l'autre. 5 Dlus qu'un quart d'%eure avant l'émission# reprit Le =orvan# vous tes prts tous les deux( 9ous# ?icole# vous lire7 votre liste très lentement# en répétant deux fois les noms. $ompris( 9ous# 9idal# vous enc%aGnere7 tout de suite après# en expliquant l'émission publique du / 3uin et en donnant les détails de la croisière. Cn l'a dé3à dit vin"t foisH mais il faut tou3ours tout répéter. ?'oublie7 rien ! liste des escales avec dates# noms des accompa"nateurs... accompa"nateurs... B e sais# 3e sais# monsieur monsieur Le =orvan8 =orvan8 B $'est bon8 6 Le directeur ouvrit la double porte qui fermait le studio# mais au moment de sortir# il s'arrta et dit encore ! 5 9ous pourre7 indiquer aussi le nom du bateau. $e sera sJrement La Bédouine II 6 Duis le lourd battant se referma sans bruit derrière lui. +ans la pièce# la voix de la spea@erine scandait# inlassable# 11
les mornes sAllabes dans lesquelles# bientKt# des tres vivants se reconnaGtraient ! 5 Laurent ;onnard# $e&ci&le $a& de&mous&se# ean&$lau&de =ounier. B ;rrr...# ;rrr...# fit >o"er 9idal idal en s'étirant# il n'est pas de bonne %umeur# %umeur# ce matin# le patron8 patron8 B ;a%8 il est sans doute contrarié... contrarié... :n&toi&nette :n&toi&nette +u"rot. +u"rot. +it&on "ro ou "rotte( B ro# probablement probablement 8 e sais bien ce qui le contrarie# moi8 B :%8 oui. oui. Mu'est&ce que que c'est( B +e ne pas accompa"ner accompa"ner lui&mme lui&mme ses lauréats8 lauréats8 B Dourquoi ne le fait&il pas( B Il prétend qu'il ne sait pas comment comment s'A prendre avec les enfants. 6 Lentem tement la "ra "rand ndee ai"u i"uill ille de la pen enddule passa assait it pardessus le c%iffre c%iffre 2# s'approc%ait s'approc%ait du )... : travers la "lace qui sép séparait rait le stu studio de la pièce ièce vo vois isin inee# on voAa Aaiit les les opérateurs manipuler leurs mAstérieux appareils. 5 " prix B =ic%èle ;eaumont B élève de quatrième au lAcée $orneille... 6# répétait la spea@erine# relisant maintenant son texte au complet. Duis elle s'interrompit ! 5 Le fait est# dit& elle# que 3e le vois mal# le patron# responsable de dix poulains éc%appés... Sans compter que les poulains seraient encore plus à plaindre que lui8 14 e prix... 6 uste à ce moment une voix sonore semblant tomber du plafond annon-a annon-a ! 5 : vous dans deux deux minutes minutes 8 6 ?icole se redressa sur son siè"e# passa d'un "este mac%inal sa main dans ses c%eveux et sa lan"ue sur ses lèvres. Nne petite tite lampe rou"e s'al s'allu lum ma# si" si"na nallan antt le déb ébuut de l'émission# et sa voix B qui n'était plus tout à fait la sienne mais celle# un peu forcée# que ses auditeurs connaissaient si bien B s'éleva calmement# calmement# annon-ant annon-ant ! 5 Ici >adio&Lutèce. >adio&Lutèce. L'Oeure des eunes8 6 12
$'était le 3eudi 2 mai. La météo avait prédit du beau temps# mais un ora"e soudain éclatant sur la ré"ion parisienne avait amassé un rideau de nua"es au ras des toits. Nne pluie fine fine et pe pers rsis ista tant ntee s'ab s'abat atta tait it maint ainten enan antt sur sur la capi capita tale le## cont co ntra rai" i"na nant nt les les pa para rapl plui uies es à s'ou s'ouvr vrir ir et les les fen fentr tres es à se fermer. Invisible messa"ère de 3oie portée par les ondes# la voix de la spea@erine traversait le ciel "ris et les murs ruisselants pour débouc%er intacte au sortir des postes ! 5 Le premier prix a été décerné à Laurent ;onnard# élève de seconde au lAcée =ic%elet... 6 Laurent venait de rentrer du lAcée. Le vieux poste qu'il avait rafistolé lui&mme ne marc%ait pas très bien. Il manEuvra le bouton d'une main fébrile. 5 e répète# disait la voix lointaine ! Laurent ;onnard... 6 Laurent poussa# un véritable %urlement de triomp%e ! 5 'ai "a"né8 e suis premier8 6 Loin de là# dans un petit pavillon de banlieue# un poste déc%aGné %urlait des p%rases qu'on entendait à peine au milieu du tumulte %abituel dans cette famille nombreuse ! cris de "ar-ons endiablés# bruits de vaisselle# aboiements de c%ien# ronflement de l'aspirateur. 5 )e prix ! ?at%alie 9ercourt8... 6 5 ?at%alie8 ?at%alie8 Tu as entendu( Tu es troisième8 6 ?at%alie# qui mettait le couvert dans la salle à man"er# man"er# sursauta si fort qu'elle faillit laisser tomber sa pile d'assiettes... :ppa :p pare rem mmen entt indi indiffféren érente te## la vo voix ix de la spea spea@e @eri rine ne poursuivait poursuivait sa lecture. n l'entendant# l'entendant# Sop%ie manqua s'étran"ler# $écile devint toute pPle# :lain cassa un pied de la c%aise sur laquelle il retomba assis. =ais c%e7 les Lemarc%and le premier élan de 3oie se transforma en un véritable accès de désespoir ! il A avait là deux frères 3umeaux qui
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5 ... Catherine Bernier élève de )e... 6
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ne s'étaient 3amais quittés. Nn seul d'entre eux# =arc# se voAait dési"né pour partir en croisière... 5 14e prix... 6 $at%erine recopiait sa version latine en écoutant le petit poste qui "résillait faiblement faiblement dans la salle à man"er. man"er. Cn ne "a"ne 3amais dans les concours# c'est bien connu. t pourtant on espère quand mme8 La lon"ue suite de noms inconnus frappait son tAmpan sans l'attrister. Muelle c%ance ils avaient# tous ceux&là8 Nne crois roisiière ère en =éd édit iter erra rannée8 ée8 am amais# ais# elle lle# $at% $at%eerin rine# ne connaGtrait pareil bon%eur8 t parmi ses camarades de lAcée# pas une n'avait "a"né non plus# pas une ne reviendrait reviendrait lui décrire la splendeur des palmes vertes se balan-ant sur les villes blanc%es# des Gles dorées flottant sur les mers bleues. 5 ... $at%erine ;ernier# élève de troisième... 6 $at% $at%er erin inee surs sursau auta ta88 ?o ?on8 n8 ce n'ét n'étai aitt pa pass po poss ssib ible le88 Les Les oreilles tendues# les sens aux a"uets# elle fixa sur le poste des Aeux écarquillés. 5 e répète# disait la voix# 14 e prix ! $at%erine ;ernier. 6 5 =aman8 %urla $at%erine s'élan-ant %ors de la pièce8 =aman8 Dapa8 'ai "a"né8 6 =ais sa mère n'était pas là. Son père non plus. Ils ne rentraient 3amais si tKt de leur travail. ,ille unique# $at%erine était seule c%e7 elle. ,allait&il qu'elle eJt la tte déran"ée pour l'avoir oublié8 lle retourna auprès du poste. Nne voix d'%omme avait succédé à la voix de femme ! 5 Toutes informations utiles seront envoAées directement# par lettre# aux %eureux lauréats qui... 6 . :u diable8 $at%erine ne pouvait se maGtriser asse7 pour continuer à écouter. La 3oie l'étouffaitH il lui fallait la parta"er avec quelqu'un. Tout de suite. lle ferma le poste et#
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sans mme penser à prendre un vtement# dévala l'escalier et se précipita dans la rue. Muel vilain temps il faisait8 $at%erine secoua ses boucles brunes en riant. Muand elle vo"uerait sur la =éditerranée# il n'A aurait pas de pluie. amais 8 t pas de parapluies# non plus# pour vous obstruer le passa"e... lle arriva à la bouc%e du métro en mme temps qu'un flot de voAa"eurs en sortait. Darmi eux# elle reconnut tout de suite le foulard à pois de sa mère# noué serré sur ses c%eveux. 5 =aman 8 %urla&t&elle. e vais en $orse et aux ;aléares 8 6 t sa voix fraGc%e# ses Aeux brillants de 3oie arrac%èrent plus d'un sourire à tous ces inconnus qui# en %Pte# rentraient dé3euner sous la pluie# i"norant la 3oie anticipée des croisières sur les mers bleues. Q QQ 5 +eux émissions# cinq épreuves et dix 3ours de bateau# avait dit =. ;ernier en riant# -a ne te fait pas peur# $at%A( B ?on8 Das du tout# tout# papa8 B =ais tu vas te trouver trouver toute seule seule parmi des inconnus8 inconnus8 B e ferai leur connaissance connaissance 8 B t si tu as le mal de mer( t si tu fais naufra"e( t si tu bafouilles devant le micro( 6 $at%erine n'avait fait que rire de toutes ces prédictions sini sinist stre res. s. :u3ou u3ourd rd'% '%ui ui## cepe cepend ndan ant# t# au co cour urss de l'ém l'émis issi sion on publique au petit t%éPtre de la aufre# $at%erine ne se sentait plus tout à fait fait aussi rassurée. lle avait ri en s'A rendant# accroc%ée au bras de sa mère# et souri en faisant la connaissance des neuf lauréats# ses futurs compa"nons d'aventure. lle se sentait lé"ère et calme en écoutant deux %ommes B 9idal et +elacour B leur expliquer ce qu'ils allaient avoir à faire. =ais sitKt qu'elle pénétra sur la scène# elle eut peur.
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amais elle ne s'était trouvée dans un endroit pareil. Il A avait ce micro# stupide petite boGte métallique montée sur un "rand pied mai"re comme un cou de "irafe# et cette fascinante petite lampe qui s'allumerait# rou"e# pour annoncer le début de l'émission. Il A avait ce rideau baissé# dont les plis cac%aient on ne savait quoi# qui ne pouvait tre qu'effraAant et# quand on levait les Aeux pour se rassurer# il n'A avait ni ciel ni plafond ! 3uste un "rand trou noir oF se distin"uaient confusément confusément des cordes# des bouts de bois# des rouleaux qui étaient des décors. 5 :llons# vous# la robe 3aune# ne vous cac%e7 pas derrière les autres. 9ous n'tes dé3à pas si "rande8 6 disait =. 9idal# et $at%erine comprit que c'était elle la robe 3aune. n mme temps le rideau se levait# découvrant un trou noir# la salle plon"ée dans l'obscurité# oF des centaines d'Aeux la dévisa"eaient sans qu'elle pJt seulement les voir. $at%erine éprouva un brusque sentiment de panique. 5 Dersonne ne fait attention à moi 6# se répétait&elle# ne trouvant rien rien d'au d'autr tree à se dire dire po pour ur se réco réconf nfor orte terr# et elle elle sent sentai aitt va"u va "uem emen entt qu qu'a 'aut utou ourr d'el d'elle le ses ses cama camara rade des# s# blot blotti tiss les les un unss contre les autres comme autant d'oiseaux frileux# n'étaient "uère plus rassurés qu'elle&mme. ,ace au micro# =. +elacour parlait# très à l'aise# semblait& il. $at%erine l'enviait. Le "roupe des lauréats se recroquevillait recroquevillait instinctivement# instinctivement# et tous les cEurs s'arrtèrent de battre lorsqu'il dit ! 5 t maintenant# 3e vais avoir le plaisir de vous présenter# l'un après l'autre# c%acun des participants participants de notre croisière... B e suis la dixième# %eureusement %eureusement 8 6 pensa $at%A# $at%A# et elle concentra toute son attention sur Laurent ;onnard# le premier appelé. Son assurance la surprit. $omment parvenait& il à "arder cet incroAable san"&froid( t cette science# d'oF la tenait&il( :ux questions qu'on lui posait sur la $orse
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et les ;aléares# il répondait sans une %ésitation# bien mieux que $at%erine n'aurait su le faire au su3et de la Tour iffel ou du 7oo de 9incennes. $'était net# précis# impeccable et tout le monde applaudissait. ?at%alie# placée à cKté de $at%erine# lui "lissa à l'oreille ! 5 II a appris le uide bleu par cEur 6# mais $at%A était si troublée que cette p%rase ne lui arrac%a mme pas un sourire. lle lle n'av n'avai aitt pa pass prév prévuu cet cet inte interr rro" o"at atoi oire re ni c%e %erc rc%é %é à se rensei"ner sur ces Gles qu'elle aborderait bientKt. $'était si merveilleux de foncer tte baissée dans l'inconnu8 $e Laurent ;onnard# premier de la première éliminatoire# lui apparaissait comme un tre redoutable# un de ces tres supérieurs qui ne se laissent 3amais prendre en défaut et s'attribuent les premières places partout# partout# quoi qu'il qu'il arrive. 5 $'est lui qui "a"nera le premier "rand prix# se dit&elle. B =lle ?at%alie 9ercourt8 6 appela =. 9idal. idal. ?at%alie s'avan s'avan-a. -a. lle lle n'était n'était pas pas 3olie avec avec son ne7 ne7 retro retrouss ussé# é# ses c%ev eveeux tern ernes et raides ides## tre tressé ssés ser serrés en deux natt attes impertinentes# mais cette apparence in"rate était lar"ement compensée par l'éclat de ses Aeux sombres# raAonnant de vie. 5 Muator7e ans# annon-a&t&elle# quand on lui demanda de se présenter. Septième d'une famille de %uit# mais fille unique. Rlève de seconde au lAcée ;ert%elot. B 9ous ave7 paru ne pas approuver approuver ce que votre cama rade nous disait au su3et des ;aléares# mademoiselle ?at%alie. Dourquoi( 6 La fill fillet ette te ne se dé dém mon onta ta pa pass de deva vant nt cett cettee qu ques esti tion on imprévue. 5 Si nous allions en "Apte# dit&elle# il aurait fallu vous raconter l'%istoire de c%acune de ses vin"t&six dAnasties de p%araonsH en rèce ou en Italie# il aurait fallu savoir tous les noms des "rands %ommes et toutes les dates
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des batailles... =ais on va aux ;aléares# et c'est merveilleux parce que là il n'A a rien8 B 9ous n'aime7 pas pas l'%istoire# mademoiselle( mademoiselle( B Si. =ais des Gles oF l'on est %eureux sans %istoire# c'est encore mieux# ne croAe7&vous pas( 6 II A eut des rires dans la salle et des applaudissements applaudissements que $at%erine trouva très mérités. 5 ?e serie7&vous pas de cet avis# monsieur le blondin( enc%aGnait dé3à =. 9idal. 9ous semble7 contrarié. Mu'est&ce qui ne va pas( 6 Nn "rand "ar-on aux 3oues rou"es rou"it encore en se voAant interpellé# et murmura d'une voix tremblante ! 5 =oi( -a va. B ?on# vous tes mal%eureux mal%eureux à l'idée de parler en public. e vais mettre fin à votre supplice# très vite. 9ene7 ici nous décliner vos nom et qualité.
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B :... :... :lain... :lain... :... :... :...libert. :...libert. 6 Le pauvre diable avait l'air si embarrassé que $at%A détourna les Aeux. Si tout le monde avait fait comme elle# sans doute :lain aurait&il cessé de bafouiller et retrouvé ce sourire %eureux qu'elle lui avait remarqué avant l'émission. =ais de la salle noire# béante devant lui comme une mPc%oire d'o"re# des petits rires montaient# montaient# insultants. Sur le front du pauvre :lain des "outtes de sueur perlaient tandis qu'il avouait péniblement son rve d'tre marin et sa 3oie de visiter ces Gles autrefois peuplées de corsaires. 5 t vous aurie7 aimé tre corsaire vous&mme( 3'en suis sJr. B C% 8 oui 6# lan-a le mal%eureux mal%eureux avec un tel accent de conviction que la bouc%e de l'o"re éclata d'un rire irrépressible# qui fit souffrir $at%erine. 5 Les vrais marins ne sont 3amais à l'aise sur le planc%er des vac%es 6# bredouilla :lain. Darmi les nouveaux rires qui fusèrent# le marin revint en tan" tan"ua uant nt pren prendr dree plac placee de derr rriè ière re le "rou "roupe pe## tand tandis is qu qu'u 'une ne nouvelle concurrente le rempla-ait au micro. ;londe# rosé et bouclée# celle&ci s'appelait Sop%ie. ;en3amine des lauréats# elle avait on7e ans# mais n'en paraissait "uère plus de %uit# et se tailla un franc succès en demandant s'il lui serait permis d'emporter sa poupée sur le bateau. :près elle# $écile# une "rande fille à lunettes# que cette demande avait paru scandaliser# fut torturée à petit feu par le tou3ours souriant =. 9idal# qui voulait savoir à quoi elle s'intéressait si elle n'appréciait pas les poupées. +'un air un peu pincé# la fillette répondit qu'elle leur préférait l'étude l'étude et se destinait destinait à l'ensei"nement. l'ensei"nement. 5 Doseuse 8 6 pensa $at%A# surprise de voir combien tous ces enfants# mal"ré leur trouble B ou "rPce à lui Bbaissaient transparaGtre leur véritable nature. 5 Cn lit en eux comme 24
en un livre... 6# se dit la fillette# et à ce moment précis elle s'entendit appeler. $e fut affreux. amais# par la suite# $at%erine ne parvint à se souvenir des questions qui lui furent posées ni d'aucune des réponses qu'elle leur fit# sauf une# celle qui la couvrit de ridicule. 9oulant expliquer sa 3oie d'aller en bateau# elle compara cette traversée future à la seule qu'elle eJt 3amais faite et dont elle avait "ardé un souvenir ébloui ! la traversée de Daris en bateau&mouc%e8 bateau&mouc%e8 =. 9ida 9idall eut beau faire# la salle pouffa pouffa de rire# rire# et $at%erine se retira %umiliée# rou"e et désespérée. lle lle s'ét s'étai aitt tou3 tou3ou ours rs crue crue pa pass ssab able leme ment nt co cour ura" a"eu euse se et normalement intelli"ente# mais elle venait de se révéler aux Aeux du public plus peureuse encore que la petite Sop%ie et plus bte que la plus bte des oies de sa "rand&mère8 "rand&mère8 tait&ce donc là ce qu'elle était vraiment( Cu bien se trompait&elle en croAant qu'aux feux de la rampe on se montre tel que l'on est(
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CHAPITRE II
8 LA B9DOUINE II : 0 NILLT au matin# dans le port de =arseille# la mer était toute bleue. Nn petit vent lé"er B très lointain parent du célèbre mistral B caressait la surface de l'eau# A creusant une infi infini nité té de plis plis et de ride rides# s# oF les les raAo raAons ns du sole soleil il se brisaient en "erbes d'étincelles. $e mouvement mouvement était si lé"e lé"err qu qu'i'ill ne se co comm mmun uniq iqua uait it pa pass au auxx lour lourds ds pa paqu queb ebot otss amarrés amarrés au quai# quai# mais si vive vive était la danse danse de la lumièr lumièree se reflétant sur leurs coques# qu'elles semblaient frémir# prtes au départ. Muand les lauréats de >adio&Lutèce découvrirent ce L
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spectacle# ils s'arrtèrent bouc%e bée# dévorant des Aeux ce coin de port# première éc%appée vers le lar"e dont ils rvaient depuis tant de 3ours. Oier soir encore ils étaient à Daris. Il A avait des murs sales# des rues sombres oF "rondaient des voitures H il A avait la "are# pleine d'un acre relent de fumée# la bousculade des départs# la tristesse des adieux# et puis maintenant... 5 C%8 c'est trop beau8 6 s'écria une voix. =. 9idal# qui avait pris le "roupe en c%ar"e au départ de Daris# s'amusait de cette mine éberluée des petits citadins. 5 $e n'est encore rien# leur dit&il. 9ous verre7 cela quand nous serons aux ;aléares8 t re"arde78 voici le bateau qui nous A conduira. 6 Toutes les ttes se tournèrent tournèrent vers le navire dési"né par le moniteur. Detite auprès des "rands courriers des li"nes d'xtrme& Crient# La Bédouine II était cependant bien plus "rande que $at%erine ne l'avait ima"iné. Sa lon"ue coque blanc%e n'en finissait plus de se percer des trous ronds des %ublots# son uniq un ique ue c% c%em emin inée ée do dom minai inaitt de %a %aut ut le po pont nt supé supéri rieu eurr oF s'ali"naient s'ali"naient d'impressionnants canots de sauveta"e# et ses deux mPts portaient bien plus %aut encore dans le ciel ses pavillons "onflés d'air pur. Le cEur battant# $at%erine suivit ses camarades sur la passerelle qui conduisait à bord# émue d'entendre d'entendre le bruit sourd des planc%es sonnant sous ses pas# et elle s'empara# d'un "est "e stee inst instin inct ctif if## de la main ain de Sop% Sop%ie ie## la be ben3 n3am amin ine# e# qu quii semblait %ésiter à se risquer au&dessus de l'eau. Le commandant de La Bédouine II s'avan-a au&devant de ses 3eunes passa"ers et les accueillit comme s'ils étaient des rois et des princesses voAa"eant inco"nito. Sa fi"ure ridée et tannée semblait faite d'un vieux cuir rabou"riH ses Aeux bleus# limpides comme l'eau qu'ils avaient tou3ours 2)
contemplée# lui valurent tout de suite la sAmpat%ie des arrivants# et ?at%alie poussa $at%A du coude pour lui "lisser à l'oreille d'un ton admiratif ! 5 a# c'est un vieux loup de mer8 un vrai8 6 5 e viens de recevoir un télé"ramme 6# disait à ce mme moment le loup de mer à =. 9idal. Tous les concurrents dressèrent l'oreille# mais les deux %ommes s'éloi"naient en parlant à voix voix basse# et personne personne n'osa les suivre. suivre. Leur aparté fut de courte durée. $ependant# quand =. 9idal revint vers les enfants# tous purent remarquer qu'il avait l'air contrarié. 5 =. +elacour ne peut pas venir 6# dit&il en re"ardant le petit "roupe commis à ses soins comme s'il avait doublé ou triplé de volume. 5 e vais tre seul pour veiller sur vous... 6 Le commandant partit d'un "rand éclat de rire. 5 n voilà une affaire8 s'écria&t&il. $es enfants ne sont&ils pas d'P"e à sav savoir oir se co connduir uire seu seuls( ls( t# aAa Aannt "a" a"nné un con onccou ourrs particulièrement particulièrement difficile# difficile# n'ont&ils pas dé3à fait preuve de qualités rares( 6 $omme il était c%ic# ce commandant8 Les dix élus se redressèrent d'un mme bombement de torse et affirmèrent d'un d'unee mme me vo voix ix## bien bien qu qu'e 'enn term termes es dif différen érents ts## qu quee l'on l'on pouvait compter compter sur eux. eux. $ela fit une 3olie 3olie cacop%onie cacop%onie 8 5 9ous voAe7 8 6 triomp%a le commandant# et il emmena la bande radieuse visiter son bPtiment. S'il ne montra pas tout# il en fit voir asse7 pour que c%acun fJt saturé de ces enfilades de couloirs# de portes# d'escaliers# de cabines# de salons. $omme c'était beau8 $omme c'était "rand8 =ais cela ressemblait plus à un %Ktel qu'à un bateau# pensait :lain# :lain# dont la déception s'effa-a s'effa-a vite lorsqu'il eut vu aussi la salle des mac%ines# le poste de pilota"e et le carré de l'équipa"e. 5 ?ous levons l'ancre ce soir à 10 %eures# annon-a enfin 2*
le commandant. e crois que d'ici là vous visite7 la ville( ;onne promenade# mais surtout ne vous é"are7 pas et soAe7 de retour avant l'%eure du départ8 La Bédouine II n'attend 3amais les retardataires. retardataires. B ?ous serons exacts 6# affirma affirma =. 9idal. idal. $ependant le commandant insista encore ! 5 ?ous ferons tout notre possible pour vous rendre a"réable la vie à bord# mais 3e suis très strict sur l'exactitude. $e que 3e vous dis au3ourd'%ui est valable pour tous les repas# toutes toutes les escales. e ne veux pas avoir à le répéter. 6 Cn remit pied sur la terre ferme# et# avec une %Pte fébrile# on visita la ville# arpentant la $anebière# lon"eant la cornic%e# "rim "rimpa pant nt 3usq 3usqu' u'àà ?o ?otr tre& e&+a +ame me&d &de& e&la la& &ar arde de## dé dé3e 3eun unan antt au rest estau aurrant. Mu Muee de c%o %ose sess à voir8 ir8 Mue d' d'éétonn tonneemen ents ts à surmonter8 :près cette nuit en train# cette promenade précipitée dans la c%aleur de cette trop belle 3ournée# tous se sentaient recrus de fati"ue. =ais la crainte les tenaillait de perdre une seule minute de ces dix 3ours extraordinaires# de laisser éc%apper la moindre de ces innombrables 3oi 3oies qui leur étaient si mira miracu cule leus usem emen entt offe offert rtes es et# et# po pour ur un empi empire re## au aucu cunn d'eu d'euxx n'aurait avoué sa lassitude. Muand on vit un conte de fées# on a tou3ours peur de le voir finir sans prévenir et on se dépc%e# on se dépc%e8 t ce fut tou3ours en courant que l'on remonta la passerelle de de La Bédouine II. Le paquebot ne ressemblait plus à ce qu'il avait été le matin. Nne foule "rouillante# encombrée de ba"a"es# occupait les ponts# les escaliers. Nne fumée noire s'éc%appait de sa c%eminée# un sourd "rondement émanait de ses entrailles. 5 st&ce que tout ce monde&là part avec nous( questionna $écile. B Rvidemment8 Rvidemment8 répondit =. 9idal# idal# vous ne pensie7 pas que nous allions disposer d'un aussi "ros bateau pour 2/
nous tout seuls( Il A a cent vin"t places à bord# nous ne pouvons pas pas les occuper toutes8 toutes8 6 $écile ne répondit pas# mais prit un air dé-u. 5 ?ous avons encore une %eure avant le départ# continua =. 9idal. e vous conseille d'en profiter pour déballer vos valises# faire un brin de toilette et vous reposer. B % bien# si tout notre emploi du temps est ré"lé comme -a# ce sera "ai8 6 bou"onna $écile. $at%A la re"arda un moment sans comprendre. $omment lui était&il possible de ."ro"ner en un moment pareil( ;ien sJr# tout n'était pas parfait8 $at%erine aussi aurait préféré qu'il n'A eJt pas d'autres passa"ers# ni d'ordres à recevoir# recevoir# ni de ba"a"es à défaire. lle aurait aimé que le bateau levPt l'ancre tout de suite# et qu'il eJt des voiles en place de moteur# et mme des ailes en place de voiles... =ais tout ceci ne pouvait s'éviter et d'ai d'aill lleu eurs rs n'av n'avai aitt au aucu cune ne impo import rtan ance ce.. >ien >ien ne po pouv uvai aitt tre tre affli"eant à l'%eure tant attendue de ce départ. >ien8 : moins de penser à ceux qui avaient espéré venir et n'étaient pas là8 t $at%erine adressa un sourire réconfortant au petit =arc qui lui avait confié son c%a"rin d'tre séparé de son 3umeau. =ais =arc# lui&mme# n'avait pas l'air triste... La répartition des cabines avait été faite à l'insu des enfan fants. ts. $% $%ac acuun trou rouva sa valise lise à la plac lace qui lui éta était assi"née et# à sa "rande 3oie# $at%erine s'aper-ut qu'elle aurait ?at%alie pour pour compa"ne compa"ne de voAa"e. voAa"e. 5 Muelle c%ance8 s'écria cette dernière. $omme on va tre bien ici. >e"arde8 le %ublot donne sur la mer8 Dapa# m'affirmait que nous aurions des cabines intérieures 8 Tu veux la couc%ette du %aut ou celle du bas( =oi# 3e mets mon s%ort tout de suite8 B =oi# 3e me débarbouille d'abord# fit $at%A. $at%A. +is8 c'est de l'eau de mer qui sort des robinets(
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8 Rear!e" #e h$b#%t !%&&e '$r #a (er" :
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B e ne sais pas8 "oJte8 "oJte8 6 L'eau n'était pas salée et $at%erine s'A trempait le visa"e avec délices# lorsque des cris violents s'élevèrent de l'autre cKté de la cloison# dans la cabine des "ar-ons. Les deux fillettes s'A précipitèrent. précipitèrent. +ans l'étroit espace libre Laurent# ean&$laude et :lain se roulaient au sol# en une masse confuse d'oF émer"eaient des poin"s et des pieds pieds a"ités de mouveme mouvements nts frénétiques. =. 9idal sur"it# s'avan-a 3usqu'au cEur du cAclone et# avec une vi"u i"ueu eurr que l'o 'onn n' n'aaura urait pas atte ttend nduue de lui# lui# démlant la "rappe "esticulante# il remit sur pieds les trois adversaires# adversaires# rou"es# %aletants et passablement passablement confus. :tterrée# $at%erine se demandait quel pouvait tre l'ob3et d'une aussi Ppre dispute# tandis que ?at%alie B rompue à de telles scènes par la présence quotidienne de six frères B re"ardait le spectacle d'un air un tantinet "o"uenard. :uxx ex :u expl plic icat atio ions ns de dem man andé dées es pa parr =. 9ida dal# l# Laur Lauren entt répondit d'une voix tremblante de ra"e mal contenue ! 5 Ils ne veulent pas me laisser la couc%ette du %aut8 B 9oilà une belle raison pour se ba"arrer 6# bou"onn bou"onnaa =. 9idal. Il frotta ses mains l'une contre l'autre# pour se donner le temps de reprendre son souffle# et tranc%a fermement ! 5 9ous c%an"ere7 de couc%ette en cours de route# et ne nous ennuAe7 pas avec des btises pareilles8 B $e n'est pas des btises# btises# "ronda Laurent. Laurent. t puis# 3e ne veux pas tre dans la mme cabine que ean&$laude8 B C%8 -a# mon petit ami... 6# commen-a =. 9idal# 9idal# mais Laurent l'interrompit brutalement ! 5 e vais demander une autre cabine8 B 9ous croAe7 donc qu'il reste des cabines libres en cette saison( B Il reste celle de =. +elacour# +elacour# en tout cas8 cas8 s'écria
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Laurent d'un accent de triomp%e. e vais aller la demander au commandant. B e pense qu'il a autre c%ose à faire en ce moment# moment# mais... 6 Laurent était dé3à parti. 5 a va tre drKle8 fit ?at%alie en tirant $at%erine par la manc%e. 9iens8 6 Le commandant était aux prises avec un passa"er qui avait perdu ses valises# et un autre qui réclamait des précisions au su3et de la douane. :pparemment calmé# Laurent attendit qu'ils eussent fini leurs palabres pour exposer ses revendications# et le fit très poliment. poliment. 5 e suis navré# lui répondit le commandant# commandant# mais 3'ai dé3à disposé de la place de =. +elacour. e l'ai donnée à un étran"er# un +anois si 3'ai bonne mémoire. Tene7# celui qui se promène là là sur le pont# en veste de teed. teed. B Il ne voudrait pas c%an"er avec moi( 6 demanda Laurent. Le 5 loup de mer 6 eut l'air interloqué# mais reprit vite son sourire courtois ! 5 e ne le lui demanderai certes pas# dit& il# mais si vous voule7 vous en c%ar"er vous&mme# ne vous "ne7 pas. Il s'appelle =. >oosen. 9ous désire7# madame( 6 Le commandant s'était tourné vers une passa"ère qui venait d'entrer papiers en main et ne s'occupa plus de Laurent. $elui&ci virevolta sur ses talons et se diri"ea droit sur l'%omme en veste de teed. 5 II ne manque pas d'audace8 6 murmura $at%erine a%urie par la fermeté de son allure. =ais ?at%alie souriait tou3ours. 5 e veux voir ce qui va se passer 6# dit&elle en lui emboGtant le pas. L'%omme qu'avait dési"né le commandant# tou3ours
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tourné vers le lar"e# ne semblait nullement soup-onner l'attention dont il était l'ob3et. rand et mai"re# il se tenait très droit. ntre la masse de ses c%eveux d'un blanc de nei"e et le col clair de sa veste# sa nuque %Plée faisait une tac%e sombre. Muand Laurent fut à deux pas derrière lui# et avant qu'il eJt ouvert la bouc%e# l'inconnu se retourna d'un bloc et le toisa. Laurent recula. t les deux fillettes derrière lui l'imitèrent. Le visa"e qui venait de se révéler était# il faut le reco reconn nnaG aGtr tre# e# pe peuu en en"a "a"e "ean ant. t. $o $oul uleu eurr de ter terre cu cuit ite# e# il se creusait d'ombres profondes à l'endroit des Aeux et des 3oues. =al"ré ses c%eveux blancs# c'était là le visa"e d'un %omme dans toute la force de l'P"e# et d'un %omme qu'on ne déran"e pas impunément. impunément. Laurent le comprit comprit sans doute# car son son re"ard s'ab s'abai aiss ssa# a# ses ses ép épau aule less se dé déto tour urnè nère rent nt## et d'un d'un mouv mouvem emen entt rapide qui ressemblait beaucoup à une fuite# il refit en sens inverse le tra3et qu'il venait de faire. Si prompte avait été cette retraite que $at%erine et ?at%alie n'eurent pas le temps de s'écarter pour lui livrer passa"e. Il les %eurta sans les avoir vues. 5 Mu Mu'e 'est st&c &cee qu quee vo vous us fait faites es là( là( "rom "romm mela& ela&t& t&il il en les les reconnaissant. B ?ous admirons admirons ton coura"e8 riposta ?at%alie moqueuse. B $%ipies8 6 siffla Laurent. Son bras se leva&t&il# ou ne se leva&t&il pas( $omment le savoir( Le "este ne fut qu'esquissé. Nn pas éner"ique éner"ique et déterminé déterminé retentissait derrière lui# tout proc%e. Laurent se 3eta dans l'escalier de toute la vitesse de ses 3ambes. =ais au préalable il avait eu le temps de lancer aux deux fillettes un re"ard que ni l'une ni l'autre ne devaient oublier.
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CHAPITRE III
LAR;UEZ LES A
S précises la sirène sonna trois fois# la passerelle fut remontée# et La Bédouine II se mit à vibrer doucement. Les dix lauréats étaient accoudés au bastin"a"e# les Aeux fixés sur l'eau oF le mouvement du navire soulevait de petites va"ues. Si la ville de =arseille s'était effondrée en cet instant# aucune des dix paires d'oreilles# alors ali"nées sur le pont# ne l'auraient entendu ! elles ne percevaient rien# plus rien que le sile silenc ncee de cette ette eau eau prof profon onde de s'éc s'écar arta tant nt po pour ur leur leur livr livrer er passa"e.
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La manEuvre de départ s'amor-ait. Le battement des %élices faisait frémir la quille du bateau et tous ses passa"ers. 5 $'est donc vrai 8 on part 8 6 se dit $at%erine. xulta ltant# :lain lain relev leva les les Ae Aeuux# c%erc% rc%an antt la li" li"ne d'%o d'%ori ri7o 7on. n. $ett $ettee na napp ppee d'ea d'eauu qu quii l'en l'en sépa sépara rait it## il alla allait it la franc%ir8 nfin8 t il irait au&delà# loin# plus loin encore# "lissant vers cette li"ne fuAante qui le fascinait... : son cKté# ean&$laude# surpris par la manEuvre du bateau# confondant poupe et proue# c%erc%ait vainement vainement des repères et se demandait si l'on rentrait au port ou si l'on s'en éloi"nait. Sop%ie et :ntoinette# frémissantes# ressentirent une brusque appré pré%ension sion en se souv souveenan antt de som sombres %ist istoire oiress de temptes# de mal de mer et de naufra"es. =arc# suivant des Aeux le vol d'une mouette# oublia en cet instant son frère 3umeau. 9ers l'arr 'arriè ière re## les riv rives "liss lissaaien ient maint ainten enan antt d'un mouvement plus rapide. 9ers l'avant# des Gles s'approc%aient. 5 Mu'est&ce que c'est# ces Gles( 6 questionna =ic%èle qui# fidèle au souvenir des cartes de son atlas# ne s'attendait à en voir sur"ir aucune avant la $orse. 5 Le c%Pteau d'If# riposta $écile d'un air supérieur. B :%8 laquelle est le c%Pteau d'If( 6 interro"ea ?at%alie# sursautant à ce mot qui évoquait pour elle bien des souvenirs d':lexandre d':lexandre +umas. 5 II A a trois Gles... 6 $écil écilee ne sut sut que lui lui rép époond ndrre. Nne voix inc incon onnnue intervint ! 5 La plus petite# oF l'on voit un fort... 6 Tous les re"ards se tournèrent vers celui qui venait de parler. parler. $'était =. >oosen# l'%omme aux c%eveux blancs qui avait fait si peur à Laurent. Sa main# tenant une courte pipe d'oF s'éc%appait une lé"ère spirale de fumée bleue# dési"nait l'un des trois Glots roc%eux oF les raAons du soleil# dé3à déclinant# confondaient dans une mme "loire les constructions %umaines et les éboulis de roc%es. )2
5 9ous av ave7 e7 dé dé3à 3à fait fait cett cettee croi croisi sièr ère# e# mon onsi sieu eur( r( 6 questionna la naUve =ic%èle# tandis que $écile interro"eait avidement ! 5 $'est vrai# l'%istoire du =asque de fer( 6 Seul# Laurent n'écouta pas la réponse. Sourcils froncés# dents serrées# front baissé## il n'avait en tte qu'une seule pensée ! le concours. +epuis que l'on avait quitté Daris# personne n'en avait parlé. Muand donc leur dirait&on quelles épreuves les attendaient encore( Dremier de la première partie du concours# il voulait B il devait B& "a"ner aussi la seconde. La caméra# l'appareil de pro3ection et la "loire étaient pour lui des biens infiniment plus enviables que les 3oies fu"itives d'une croisière. Muand donc commencerait&on à se préoccuper des épreuves( Laurent devait tre rapidement satisfait. Muand La Bédouine II, de son son rAt% rAt%m me pa pais isib ible le## eu eutt dépassé les Gles et que# loin derrière elle# les cKtes ne furent plus qu'une fine dentelle à l'%ori7on# l'%ori7on# quand l'excitation du départ fut un peu apaisée et avant que la vue de tout ce bleu d'oF s'effa-aient les repères ne devGnt monotone# =. 9idal annon-a aux enfants qu'il désirait leur parler. Il les réunit dans un salon# et leur dit que l'or"anisateur du conc co ncou ours rs## =. Le =orv =orvan an## n'av n'avai aitt nu null llem emen entt eu l'in l'inte tent ntio ionn d'em d'empo pois ison onne nerr leur leur vo voAa Aa"e "e pa parr de dess ép épre reuv uves es dif diffici ficile less et lon"ues à résoudre. Les cinq questions prévues devaient donc tre communiquées en cinq points éc%elonnés au lon" du parcours parcours et les réponses rendues dans un délai fixé d'avance# aussi court que possible. Le nombre des points "a"nés par c%aque concurrent ne serait divul"ué qu'au cours de l'émission finale. xception faite de la quatrième épreuve# très particulière. 5 9oici# dit le moniteur# les enveloppes contenant le texte dess dive de divers rs prob problè lèm mes qu quee vo vous us au aure re77 à réso résoud udre re.. =. Le =orvan les a préparées# cac%etées et scellées comme ))
*i!a# e& ria&t. Pa' e&c%re. : 8 Ah" &%&" )it M. *i!a# )*
vous pouve7 le voir. 6 Il ex%ibait en mme temps un "ros paquet d'enveloppes d'enveloppes divisé en petites liasses de dix# soi"neusement soi"neusement titrées et revtues d'impressionnants cac%ets de cire rou"e. 5 =. +elacour comptait vous les distribuer lui& mme mme.. =ais =ais son son ab abse senc ncee n'em n'emp pc% c%er eraa pa pass le dé déro roul ulem emen entt normal du concours. lle entraGnera seulement pour vous une liberté plus "rande encore que celle qui avait été prévue au départ. e vous demande de ne pas en abuser# et de vous en"a en "a"e "err à réso résoud udre re seuls les questions et les problèmes qui vous seront posés# sans solliciter ni accepter l'aide de qui que ce soit. Vtes&vous d'accord( 6 Nn 5 oui 6 formidable lui répondit ! un 5 oui 6 qui dut faire sursauter les passa"ers sur le pont# les matelots à leur poste d'équipa"e d'équipa"e et mme mme les poissons sous la quille du navire. Nn 5 ou ouii 6 rete retent ntis issa sant nt d'un d'un en ent% t%ou ousi sias asm me mal co cont nten enu# u# s'offrant d'emblée à affronter les pires tentations. t dix mains se tendirent pour recevoir la première enveloppe# la première épreuve. 5 :%8 non8 fit =. 9idal en riant. Das encore. Le pro"ramme pro"ramme prévoit une première soirée libre de tout souci. L'enveloppe nW i vous sera distribuée demain# au moment du débarquement à notre première escale ! $alvi# sur la cKte corse. +'ici là vive7 et dorme7 en paix. ?ous nous retrouverons dans un quart d'%eure à la salle à man"er# pour le dGner. :u repas du soir les filles sont priées de ne pas venir en s%ort et les "ar-ons de s'%abiller correctement. 6 Les dix lauréats s'éclipsèrent aussi bruAamment qu'après la classe# mais =. 9idal rappela les "ar-ons ! 5 Mu'ave7&vous décidé pour vos couc%ettes( demanda&t& il. B ?ous nous sommes arran"és 6# affirma affirma :lain. :lain. ean& $laude et Laurent acquiescèrent d'un si"ne de tte.
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5 Darfait8 fit =. 9idal# 3e n'en attendais pas moins de vous. 6 L'entrée dans la salle à man"er fut un véritable triomp%e. Le commandant attendait 5 ses 6 lauréats pour les présenter aux autres passa"ers# et il le fit en termes si émus et si élo"ieux tout à la fois# qu'une ovation accueillit ses paroles. Nnee rumeur Nn rumeur flatte flatteuse use env enviro ironn nnait ait les triom triomp% p%ate ateurs urs tandis tandis qu'ils prenaient place autour de la "rande table qui leur était réservée. +'autres enfants étaient là aussi# sa"ement assis auprès de leurs parents# et $at%erine sentait leurs re"ards peser sur eux tous# lourds d'envie. Nn instant# peut&tre# elle crut B et les autres avec elle B qu'elle représentait 5 l'élite de la 3eunesse fran-aise 6 comme l'avait dit le brave commandant. commandant. Nn frisson d'or"ueil la fit se redresser# mais# par c%ance# presque aussitKt# un serveur apporta une énorme soupière oF oscillait un pota"e fumant# et les dix %éros# oubliant toute "loire# ne furent plus# soudain# que dix estomacs affamés. * *
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La première pensée de $at%A à son réveil fut pour le concours. lle en avait rvé et une sensation pénible lui restait de ce rve# oF# pour remporter le prix# tous les concurrents s'étaient sauva"ement battus. lle c%assa ce souvenir stupide et sauta à bas de sa couc%ette. Nne pénombre "rise remplissait la cabine. ?at%alie dormait encore. 5 Dourquoi ai&3e rvé que 3e lui voulais du mal( 6 se demanda $at%erine. lle ne se trouvait au fond du cEur aucun désir de nuire à cette compa"ne que le sort lui avait imposé et qu'elle aimait dé3à cordialement. lle ne sou%aitait pas non plus nuire à la petite Sop%ie# ni à la "rosse :n :ntoinette# toinette# ni mme à la pédante $écile ou à la craintive )
=ic%èle. Das davanta"e aux "ar-ons# pas mme à ce Laurent qui# à coup sJr# était le moins sAmpat%ique de la bande 8 Se rapproc%ant du %ublot# elle re"arda sa montre ! / % moins 14. L'idée lui vint qu'un lever de soleil sur la mer devait tre un spectacle à ne pas manquer. lle n'avait plus sommeil et# s'%abillant rapidement# "rimpait un instant plus tard sur le pont supérieur. supérieur. +es matelots A lavaient le planc%er. planc%er. Ils la re"ardèrent d'un air surpris. L'un d'eux s'approc%a d'elle et lui demanda s'il lui manquait quelque c%ose. 5 C%8 rien8 s'écria $at%A# rien8 rien8 'ai tout ce qu'il me faut8 6 t sa mine radieuse le proclamait encore plus %aut que ses paroles. 5 e voulais voulais voir le soleil soleil se lever 8 6 L'%omme sourit. 5 9ous arrive7 à point 6# dit&il en montrant une lueur rou"e à l'%ori7on# vers l'avant du bateau. $at%erine fit deux pas dans cette direction et le matelot insista ! 5 :lle7&A# à cette %eure personne ne vous déran"era8 Si vous aime7 la solitude# profite7&en8 profite7&en8 6 La solitude( ?on# $at%erine ne l'aimait "uère# mais en ce moment elle lui parut tre un don inespéré qui la comblait de ravissement. Vtre seule 8 seule à l'avant de ce bateau dans la pureté du 3our tout neuf# seule pour accueillir le soleil qui émer"eait émer"eait lent lentem emen entt de dess flot flots# s# repo repous ussa sant nt ve vers rs l'au l'autr tree %é %émi misp sp%è %ère re la tristesse de l'ombre et des mauvais rves8 Très vite# la lueur "randissait. Son rou"e trop ardent s'atténuait# puis le soleil# disque pPle# parut# pro3etant une clarté rosé# rosé comme le bon%eur. Semblable à une immense coquille de nacre# la mer paisible se teintait à peine de ce rosé et $at%erine se laissa aller à rver tout éveillée. La croisière...# le concours... ?on8 ce ne serait pas# comme
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dans son cauc%emar nocturne# une Ppre lutte entre des concurrents ac%arnés# mais comme ce lever de soleil# un espoir "randissant qui enrobe de lumière c%aque tre et c%aque ob3et. amais par la suite $at%erine ne put se souvenir avec exactitude du sentiment qui l'exalta à ce moment# mais la face du monde et elle&mme lui en apparurent apparurent toutes c%an"ées. lle n'était plus une petite fille sur le pont d'un bateau# elle était un tre immatériel sans forme ni contours# une %oule de bon%eur flottant sur les flots de nacre. lle se sentait capable de tout entreprendre# de tout réussir. Le concours devenait le plus beau des 3eux et le navire# avec ses passa"ers et son équipa"e# un petit morceau d'elle&mme qu'elle élèverait 3usqu'aux nues. lle communiquerait à tous son bon%eur. $ette croisière ne serait qu'un enc%antement sans fin oF la 3oie ré"nerait dans les cEurs. t plus tard# bien plus tard# quand elle re"a"nerait la ,rance# Daris# les quatre )
murs de sa petit etitee c%amb ambre# re# elle lle A ap appporte rterait rait cette ette "risante perception de l'immensité# qui seule était à la mesure de son coura"e et de son amour. t la vie serait transformée. Cui# tout cela $at%erine se le disait# non pas avec des mots# qui ne sont pas faits pour dire ces c%oses# mais avec toutes les fibres de son tre# qui sont faites pour les ressentir. $ela dura une minute ou des %eures# comment le savoir( Le tem temps n'ex n'exis iste te plus plus da dans ns le mon onde de imm immatér atérie iell oF elle elle se mouvait... Dlus de temps# ni d'obstacle# ni de limite. Dlus rien que cette clarté d'aurore 3aillie de l'%ori7on et éclaboussant toutes c%oses de son raAonnement d'espoir. >ien d'autre... t tout à coup# cette paix immense fut troublée par un bruit# un bruit que rien ne laissait prévoir# prévoir# celui# proc%e et déc%irant# d'un san"lot. 9a"u "uem emen entt inqui inquiète ète## $at%er $at%erine ine se retou retourna rna.. lle lle était était seul seulee sur sur le po pont nt.. Les Les mate matelo lots ts## leur leur tPc% tPc%ee fini finie# e# av avai aien entt disparu. S'était&elle trompée( ?on# le mme bruit se répétait ! san"lot d'enfant dont la détresse n'est pas à la mesure de son corps et qui s'étouffe de ne pouvoir s'exprimer. uid u idée ée pa parr ce "é "émi miss ssem emen ent# t# $at% $at%er erin inee co cont ntou ourn rnaa la cabine du pilote# descendit trois marc%es et découvrit# écroulée écroulée au pied d'un rouleau de corda"e# une petite fille de cinq ou six ans. Cn ne voAait d'elle qu'une lon"ue c%emise de nuit rosé et quelques boucles de c%eveux noirs tressautant au rAt%me des san"lots. $at%erine se penc%a# saisit dans ses mains les deux petits bras mouillés de larmes# et redressa le buste lé"er. 5 Dourquoi pleures&tu( pleures&tu( Tu as mal( 6 demanda&t&elle# demanda&t&elle# c%erc%ant sur ce visa"e ruisselant# sous cette c%emise intacte la trace d'une blessure. Il n'A n'A en avait pas. Les san"lots s'étaient brusquement arrtés. Surprise# la petite fille dévisa"eait dévisa"eait l'tre l'tre venu si inopinément inopinément à son
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sec secou ourrs. +a +anns ses ses Ae Aeux ux & & d' d'im imm men ense sess Ae Aeuux no noir irs# s# profonds comme du velours && $at%A vit un instant briller un éclair de 3oie ! lueur d'espoir qui s'étei"nit vite# très vite# aussitKt que l'enfant eut compris que celle qui se tenait devant elle n'était qu'une inconnue. Ses Aeux noirs se refermèrent# refermèrent# son front s'abaissa et un cri 3aillit de ses lèvres "onflées ! 5 =aman8 6 $at%erine serra contre elle le petit corps tremblant et il se laissa faire. lle lui murmura toutes les douces paroles qui lui venaient à l'esprit ! 5 ?e pleure pas# on va la c%erc%er ensemble ta maman8 CF est&elle( lle dort( Tu t'es sauvée de ta cabine# n'est&ce pas( Tu t'es perdue( :llons# viens8 à nous deux# nous la retrouverons... retrouverons... 6 =ais les mots qu'elle disait# elle les pronon-ait sans A croire elle&mme. $onfusément# elle devina vinait it que le c% c%a" a"rrin de l'en l'enffan antt dépa pass ssai aitt la minim inimee mésaventure qu'elle lui prtait. Sa mère n'était pas sur le bateau ! une raison inconnue l'avait contrainte à se séparer de sa petite fille aux Aeux noirs# mais elles se retrouveraient... t les les mots ots qu quee $at% $at%er erin inee inv inven enta tait it s'ef s'efffor-a or-aie ient nt de be berc rcer er## comme par une c%anson# cette peine passa"ère. 5 Tu la reverras# mon petit mimi# ne pleure pas... Nne maman# -a ne se perd pas comme -a8 6 La tte aux boucles sombres s'affaissait de tout son poids au creux de l'épaule de $at%erine# les petits bras %umides enserraient son cou# et puis soudain une voix %oquetante éclata ! 5 ?on 8 non 8 3e ne la reverrai plus# tu sais. Dlus 3amais 8 lle est morte# ma maman. 6 :lors# brusquement# le soleil perdit sa clarté roséH la mer# ses reflets de nacreH le ciel# son immensité. $at%A s'était crue capable de donner à tous le bon%eur# quel espoir insensé8 Le premier tre qu'elle rencontrait au sortir de son rve n'était qu'un petit bout de femme de
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quatre sous# mais son c%a"rin# elle ne pouvait l'apaiser. Nne maman était morte# laissant derrière elle une toute petite fille en larmes. t voilà. Tout le trop&plein d'amour dont le cEur de $at%erine débordait se fi"eait# impuissant à la vue de ces larmes qu'elle ne savait séc%er. ?on# $at%erine n'était pas un tre immense capable de renverser les obstacles# de mettre en fuite les misères... lle n'était qu'une petite fille. Nne petite fille désarmée# désemparée. t elle ne trouvait mme plus un mot à dire à cette autre petite fille# à peine plus petite# et plus mal%eureuse qu'elle&mme.
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CHAPITRE I*
ANITA : ?IT:8 CF es&tu :nita( 6 Nne voix d'%omme# lan-ant ces troi troiss sAll sAllab abes es sur sur un ton ton d'an d'an"o "ois isse se## rame ramena na brus brusqu quem emen entt $at%erine au sentiment de l'%eure présente. 5 :nita# c'est toi( 6 demanda&t&elle à la petite fille. Dour toute réponse les deux bras qui enserraient son cou resserrèrent resserrèrent leur étreinte. 5 Dar ici# appela $at%erine. 9erre7# monsieur8 6 lle ne s'ét s'étai aitt pa pass de dema mand ndéé qu quii elle elle alla allait it vo voir ir sur sur"ir# ir# mais mais elle elle s'attendait si peu à ce qu'elle vit# qu'une envie de rire la saisit.
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$ett $ettee be beda dain inee co couv uver erte te d'un d'un lar" lar"ee tabl tablie ierr# cett cettee toqu toquee blanc%e fic%ée sur ce visa"e rubicond... rubicond... c'était Tomas# Tomas# le cuisinier du bord# arborant la mine éperdue d'un 9atel qui ne voit pas arriver la marée. $ependant l'expression ré3ouie qui convenait à son lar"e visa"e A réapparut dès qu'il aper-ut $at%erine et le précieux fardeau qu'elle tenait sur ses "enoux. 5 :%8 vous l'ave7 retrouvée# mademoiselle8 s'écria&t&il. =erci8 lle s'était sauvée# la mPtine. B $'est votre fille( demanda $at%erine encore sous le coup de la surprise. B ?on# ma nièce# dit&il. Nne pauvre "osse qui vient de perdre ses parents. :llons# :llons# viens# :nita# :nita# il ne faut pas ennuAer la demoiselle8 6 La voix du c%ef se faisait aussi en"a"eante que possible# mais la petit etitee fill ille en larm larmes es ref refusa usait de lPc% lPc%eer les les bras ras protecteurs protecteurs oF elle avait trouvé refu"e. Son oncle avait beau lui parler de lait sucré et de croissants c%auds# elle s'a"rippait au cou de $at%erine et poussait des cris à c%aque tentative faite pour l'en détac%er. 5 $%ut8 c%ut8 faisait Tomas# sincèrement contrarié. Tu vas réveiller tout le monde. 6 t en mme temps# il expliquait à $at%erine ! 5 Le commandant m'a permis de l'emmener à condition que -a ne déran"e personne8 Si vous croAe7 que c'est facile avec mon travail8 :llons# viens# :nita8 Laisse mademoisel selle. 6 Duis devant l'insuccès de ses appels persuasifs il se tournait vers $at%erine et expliquait expliquait ! 5 e l'ai installée dans ma cabine# mais elle dormait quand 3e me suis levé. Il fallait pourtant que 3'aille faire le café8 :près avoir servi les %ommes# 3e reviens... psst8 plus personne8 :llons# viens# ma c%érie# on va dé3euner... 6 t la mme scène recommen-a. +evant l'embarras l'embarras du c%ef et les réticences de sa nièce#
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$at%erine c%oisit la seule solution possible ! elle conduisit elle&mme elle&mme , enfant à la cuisine et l'installa devant un bol de lait. :nita se laissa faire et parut mme oublier son c%a" c% a"ri rin. n. Deu Deu ap aprè rèss elle elle riai riaitt au auxx écla éclats ts de dess %ist %istoi oire ress qu quee $at%erine lui racontait. Son oncle# tout ré3oui# sifflotait en soulevant les couvercles de ses énormes marmites. 5 9ous voule7 prendre quelque c%ose# mademoiselle( lui demanda&t&il. B ?on# merci8 3'irai dé3euner avec les autres. : quelle %eure les serve7&vous( B : %uit %eures. Le steard vous préviendra préviendra dès qu'ils seront à table. 6 $at%erine arriva dans la salle à man"er en mme temps que les premiers concurrents. Drofitant d'un moment d'inattention de la petite :nita# plon"ée dans la contemplation de la mac%ine à couper le pain# elle s'était éclipsée discrètement de la cuisine. Le c%ef l'avait re3ointe dans le couloir pour la remercier et s'excuser# et $at%A avait promis qu'elle reviendrait voir l'enfant dès qu'elle en aurait le loisir. 5 CF étais&tu( lui demanda ?at%alie. e t'ai c%erc%ée partout8 6 $at%erine lui raconta l'%istoire du pauvre cuisinier et de sa nièce telle qu'elle venait de l'apprendre ! une collision avec un camion avait# deux semaines plus tKt# brutalement mis fin aux 3ours d'un marc%and forain et de sa femme. $e marc%and était le frère de Tomas# Tomas# et il laissait une petite fille de cinq ans# :nita. Tomas# que sa profession contrai"nait à vivre sans cesse en mer# ne pouvait prendre l'orp%eline en c%ar"e# mais il avait une sEur mariée à Dalma qui s'était proposée pour l'accueillir. +ans trois 3ours# à l'escale# il la lui remettrait et se verrait délivré de ce rKle de mère de famille si peu compatible avec ses occupations 3ournalières.
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5 Dauvre petite 8 soupira $at%A. $'est triste# ne trouves&tu pas# si 3eune# de n'avoir pour soutien dans la vie qu'une tante qu'on ne connaGt pas8 t elle est mi"nonne# mi"nonne# si tu savais8 B Dauvre bout bout de c%ou8 Tu me la montreras# montreras# dis( 6 La conversation fut interrompue par l'arrivée de =. 9idal qui s'enquit de savoir si tout le monde avait bien dormi# puis détailla le pro"ramme du 3our ! escale à $alvi# le matin. >etour à bord. +é3euner. :rrivée à :3accio à trois %eures. 9isite de la ville et temps libre. +épart à %uit %eures du soir. nfin# =. 9idal sortit de sa poc%e un lot d'enveloppes liées par un élastique et les distribua une à une. 5 9ous les ouvrire7 quand vous sere7 sortis de table 6# dit&il# et pour tromper l'impatience l'impatience des concurrents il questionna ! 5 Mui a dé3à vu les cKtes de $orse( & =oi 8 moi 8 6 s'écrièrent neuf voix. $at%erine seule se tut. lle n'avait vu qu':nita et les fourneaux de la cuisine. L'enveloppe 3aune# posée sur la nappe devant elle# lui parut soudain redoutable. redoutable. Muand enfin elle l'ouvrit# elle fut rass rassur urée ée.. La qu ques esti tion on étai étaitt simp simple le ! Un souverain français (dire son nom) naquit en Corse. Dans le palais o il résidait ha!i ha!itu tuel elle leme ment nt (leq (leque uel" l"), ), quel quelle le ima# ima#ee de son son pa$s pa$s nata natal l évoquait%il évoquait%il le plus souvent" &aites%en un dessin.
Tan andis dis qu'elle lisait ces mots# en"ourdie de bien&tre dans la douce c%aleur du soleil ruisselant sur le pont# les cKtes de $orse se profilaient# de plus en plus proc%es ! lourds pans de roc%es sombres cernées par la mer bleue# que fran"eait un feston d'écume blanc%e# sans cesse renaissante. renaissante. 5 st&ce cette ima"e de son Gle que ?apoléon "ardait au fond de son cEur( 6 se demandaient les concurrents. $%acun "ardait pour soi ses réflexions. Seul# ean&$laude tra%it les siennes en sortant un bloc de papier et en commen-ant à dessiner ce qu'il avait sous les Aeux. Laurent
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%aussa les épaules en silence. Dlus c%aritable# ?at%alie lui lan-a ! 5 s&tu sJr que ?apoléon ait 3amais vu la cKte d'ici( B $e qui serait amusant# s'exclama $at%erine# ce serait de pouvoir faire le concours tous ensemble. B Mu'est&ce que tu dis( ?ous le faisons tous ensemble# rétorqua $écile. B n sou%aitant voir les autres rater. rater. e n'appelle pas -a travailler ensemble8 B Tu es folle8 B Das du tout8 $'est moc%e de laisser ean&$laude croi croirre qu quee ?a ?apo polé léon on ait ait 3am 3amais ais emba embarq rqué ué ou dé déba barq rqué ué à $alvi... B t d'abord qu'en sais&tu( B e n'en sais rien# rien# mais il %abitait à... B Tais&toi8 ais&toi8 crièrent plusieurs voix. arde ta science pour toi8 B 9ous ne croAe7 vraiment pas que ce serait plus amusant de nous mettre d'accord pour répondre la mme c%ose à toutes les questions( Les examinateurs seraient obli"és de nous donner à tous le premier prix et... et... 6 +ésar-onnée par la virulence des re"ards qui se posaient sur elle# $at%erine se trouva soudain à court de mots pour traduire sa pensée. Deut&on dire à des envieux qu'on voudrait parta"er avec eux tout ce qu'on possède( Deut&on leur faire comprendre qu'on ne c%erc%e pas à leur nuire# qu'on aimerait marc%er avec eux# la main dans la main# et n'écraser personne( Le pont était en pleine effervescence. Les pans de roc%es se dressaient maintenant tout proc%es. Cn distin"uait -a et là des maisons aux toits plats et mme les trous noirs de leurs fentres# les sil%ouettes des arbres# les bateaux oscillant dans le port.
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;ruAamment# les passa"ers se préparaient à débarquer. :vec des cris ris d'en ent% t%oousi usiasm asme ils ils se montra traient ient la ter terre avan-ant vers eux. 5 Ile >ousse# là&bas 8 6 cria une voix pointue# et $at%erine# inquiète# c%erc%a dans ses souvenirs quel rapproc%ement il convenait de faire entre ?apoléon et cette Gle au nom évocateur. ;a%8 lle ferait son dessin à :3accio# l'après&midi. Là# elle était sJre de ne pas se tromper. $e matin# elle se contenterait de 3ouir du paAsa"e# de la 3oie de mettre pour la première fois de sa vie le pied dans une Gle# une vraie Gle en pleine mer. Les deux %eures que durèrent l'escale# $at%erine les passa comme dans un rve. Mu'A avait&il d'étran"e dans ce paAs pour que# si proc%e de tous ceux qu'elle connaissait# il en fJt si différent( +es rues étroites# elle en avait dé3à vu ailleurs# des enfants sales aussi# et quelques pieds d'a"aves
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de&ci# de&là# ne suffisaient pas à créer cette impression d'étonnement d'étonnement miraculeux qui lui donnait envie de se pincer les bras pour s'assurer s'assurer qu'elle qu'elle était bien éveillée. éveillée. 5 $'est la lumière du soleil qui n'est pas la mme 6# finit& elle par conclure# et à c%aque coin de rue# à c%aque perspective nouvelle# elle admirait ce ruissellement d'or qui transformait en 3oAaux les plus %umbles cailloux et mettait un éclat de bon%eur dans dans tous les re"ards. re"ards. =ic%èle et :ntoinette s'étaient arrtées près du port et# sur leurs blocs à aquarelle# pei"naient furieusement l'eau bleue de la baie. 5 Les maisons devaient tre à peu près les mmes il A a deux cents ans# lui expliqua =ic%èle sans cesser de peindre. =ais les bateaux étaient sJrement différents. :lors 3e n'en ai pas mis. +'ailleurs 3e ne sais pas les dessiner. dessiner. 6 =ic%èle souriait en re"ardant son Euvre# à vrai dire asse7 peu conforme au modèle c%oisi. $at%erine sourit aussi. Mu'i'imp Mu mpor orta tait it la ress ressem embl blan ance ce88 Tout était tait si faci facile le.. Tout s'arran"eait s'arran"eait si bien sous ce merveilleux merveilleux soleil. 5 Cn ne reconnaGt pas très bien le port# dit&elle# mais c'est tant mieux8 Les souvenirs de ?apoléon# -a devait tre des petites maisons blanc%es# la mer bleue# un coin de terre rousse et cette lumière. Tout 3uste ce que tu as peint8 6 t elle souriait encore à cette ima"e confuse d'une Gle oF tout était lumière et 3oie lorsqu'elle remonta la passerelle de La Bédouine II. Laurent arriva en courant# le dernier# serrant sur son cEur un "rand carnet de croquis. Il passa devant les autr au tres es en sif sifflota lotant nt d'un d'un air air de supé supéri rior orit itéé ex exas aspé péra rant nt et s'en s'en"a "a"e "eaa sans sans mot mot dire dire da dans ns l'es l'esca cali lier er de dess cabi cabine nes. s. $ett $ettee manEuvre déconcerta $at%erine. lle était si sJre que Laurent ne pouvait se tromper# qu'elle fut à cet instant persuadée que les ;onaparte avaient eu de puissantes attac%es à
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$alvi# et qu'elle avait perdu le concours en ne faisant aucun croquis dans cette ville. CF était allé Laurent pendant l'escale( lle posa la question et personne ne put lui répondre. La mme incertitude étrei"nait tous les concurrents# A compris =ic%èle et :ntoinette. $e n'était pas l'ima"e du port de $alvi que ?apoléon avait "ardée dans son souvenir# c'était autre c%ose que personne n'avait découvert# sauf Laurent. 5 ?on8 c'est stupide8 s'écria $at%erine# et en tout cas nous sommes certains de ne pas faire de sottises en c%oisissant un paAsa"e d':3accio8 d':3accio8 $'est là que se trouve sa maison natale# affirma $écile. & e ne crois pas# énon-a lentement ?at%alie. Il A avait des "uerres "uerres en $orse# sa mère mère avait dJ fuir fuir et il est né dans le maquis. B Tu confonds tout8 le maquis# c'était à la dernière "uerre 8 6 Le trouble allait "randissant dans le petit "roupe. 5 +'abord# à l'école# bou"onna =arc# on nous apprend des noms de batailles et de traités# on ne nous parle 3amais des souvenirs d'enfance de ?apoléon. & a# c'est vrai8 6 Laurent réapparut# débarrassé de son matériel de peintre# mais ais no nonn pa pass de son son air air trio triom mp% p%an ant. t. Timidem idemen ent# t# :lain lain s'approc%a de lui. 5 $'était à $alvi qu'il fallait faire le dessin( demanda&t&il. B e ne sais pas# moi 6# riposta Laurent sur un ton qui laissait# au contraire# entendre qu'il en savait plus lon" que quiconque. 5 II est bien né à :3accio# n'est&ce pas( 6 interro"ea =ic%èle. Laurent tourna vers le "roupe un re"ard outré. 5 :lors quoi( demanda&t&il# on tric%e( Mu'est&ce que c'est que ces L: $>CISIX> $>CISIX> + $:TO>I? $:TO>I? *
fa-ons de poser des questions à tout le monde( 9ous save7 bien que c'est défendu8 B $'est défendu de parler aux passa"ers# mais entre nous c'est permis# rétorqua $at%erine. B amais de la vie8 :ttende7 :ttende7 que 3'aille demander à =. 9idal... B C%8 ne fais pas d'%istoires8 s'écria ?at%alie. ?ous pouvons bien parler. parler. $eux qui ne veulent pas répondre n'ont qu'à se taire. B $e n'est pas mon avis# lan-a encore Laurent. Muand on fait un concours... 6 $at%A s'éloi"na du "roupe. Dendant quelques minutes# poussés par la crainte de s'tre trompés# neuf concurrents concurrents avaient été d'accord pour s'entraider. $ela n'avait mené à rien# mais cela prouvait qu'aucun de ces neuf&là n'était %ostile à l'é"ard des autres. t puis Laurent était venu et tout était "Pc%é. 5 e le déteste 6# pensa $at%erine. =ais sa colère ne dura pas. $omment aurait&elle pu persister devant le spectacle de cette mer si bleue# de ce soleil immuable( : l'%ori7on# la cKte s'éloi"nait. Le rAt%me du moteur et le lé"er balancement du navi na vire re tiss tissèr èren entt un unee fois fois de plus plus au auto tour ur de la fill fillet ette te les les invisibles mailles d'une c%ape de bon%eur. lle s'A laissait prendre inconsciemment lorsque# tout à coup# elle sursauta. t :nita( $omme elle l'avait oubliée8 +'un bond elle fut à la cuisine. La petite fille n'A était pas. >ou"e et affairé# le c%ef ne répondit qu'à peine aux questions empressées de $at%A ! 5 lle me "nait# 3e l'ai envoAée dans la cabine. e crois qu'elle dort# n'A alle7 pas8 9a sonner le "on" du dé3euner# acques. Il est l'%eure. 6 acques monta sur le pont. $at%erine le suivit. lle se sentait de trop dans cette cuisine# oF tant de "ens s'empressaient. /4
O+ tait a## La$re&t e&!a&t #e'ca#e/
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Les coups de "on" semèrent l'a"itation parmi les passa"ers. $eux qui étaient assis se levaient# les "roupes se dissolvaient. $'était amusant à re"arder comme une fourmilière qui se met en mouvement. acques se rapproc%a de $at%erine. 5 La petite# vous save7# lui dit&il à mi&voix# elle vous a réclamée toute la matinée. 6 $at%erine sursauta ! 5 $omment( lle m'a... B Son oncle ne vous le dira pas# bien sJr# il a promis au commandant que la "osse ne déran"erait personne. =ais elle m'a fait peine# à moi. lle vous a vue partir avec les autres# elle vous a appelée# vous ne l'ave7 pas entendue. Il n'A avait plus moAen de la consoler. consoler..... 6 Les Les co coup upss de "o "on" n"## %a %ac% c%an antt les les p% p%ra rase sess du serv serveu eurr# sonnaient le "las dans le cEur de $at%erine. ,aire de la peine aux autres# sans le vouloir# sans le savoir# c'était une c%ose qu'elle ne pouvait supporter. t plus l'autre était faible et désarmé# plus $at%erine se sentait coupable. 5 ;an" 8 ;an"8 répétait le "on". Tu es allée te promener. Tu t'es bien amusée# toi. t :nita est restée seule pendant toute l'escale... Tu n'as mme pas pensé à elle une seule fois. 6 Très rou"e# $at%erine se tourna vers acques et posa sa main sur son bras. L'insupportable "on" se tut# et les derniers éc%os du cuivre s'en allèrent mourir au loin sur les flots indifférents. 5 +ites au cuisinier que 3'emmènerai sa nièce avec moi# à :3accio# cet après&midi. B Il ne voudra voudra 3amais8 B Dourquoi( Dourquoi( insista $at%A. $at%A. Si c'est moi qui le demande... demande... 6 acques eut un "este évasif. 5 S'il faut un laisse7&passer du commandant# dites&lui que 3e l'obtiendrai l'obtiendrai 6# affirma affirma $at%erine en riant. +élivrée de son remords# %eureuse à la pensée de donner B si facilement B /2
un peu de 3oie à la petite orp%eline# elle formula sa requte. Le commandant accorda l'autorisation avec un sourireH quant à =. 9idal# al# il eut une moue exp xpli liccite ite ! 5 9ous ferie erie77 mieu ieux d'attendre demain pour l'emmener# dit&il. B Dourquoi( B Darce que demain nous visitons =inorque. =inorque. Nne "ran andde 3ou 3ourné néee de prom romen enaade san sans rien ien à fair aire pour le concours... 6 $at%erine avait réfléc%i deux secondes# et puis son bon cEur l'avait emporté ! elle ne pouvait pas laisser :nita pleurer tout l'après&midi# seule à bord. Les autres l'aideraient peut&tre à s'occuper de la petite fille... 5 e l'emmènerai demain# avait&elle déclaré fermement à =. 9idal# mais ce n'est pas une raison pour ne pas l'emmener au3ourd'%ui aussi. 6
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CHAPITRE *
LE CO>UILLA;E L L?+=:I? SCI> # assise dans un fauteuil de toile sur le
pont du navire# $at%erine écrivait à ses parents. lle aurait voulu pouvoir tout leur dire de son voAa"e et de sa nouvelle vie# mais c'est si lon" de tout dire# et si difficile8 difficile8 Les pensées vont plus vite que la main# et les mots# une fois ali"nés sur le papier# papier# forment des p%rases sans vie# qui ont perdu la plus "rande partie du pouvoir d'évocation dont on les avait crus c%ar"és. 5 e suis %eureuse. Il fait beau. 6 st&ce bte quand c'est écrit( t pourtant c'était c'était
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bien là le messa"e que $at%erine voulait transmettre aux siens. >ien d'autre. $ar tout ce qu'il pouvait A avoir d'autre se confondait confondait dans ce mme sentiment de bien%eureuse bien%eureuse plénitude ! YY II fait beau. e suis s uis %eureuse. 6 >enon-ant à traduire ses impressions personnelles# $at%A décida de parler d'abord du concours. lle écrivit ! 'ous avons répondu, hier, la première question du onours, *était...
:près ce on7ième mot# le stAlobille de la fillette quitta le papier et demeura suspendu dans l'espace. ,allait&il mettre facile ou difficile( ,acile# bien sJr# mais le dessin qu'elle avait remis le soir à =. 9idal méritait un bon 7éro# et rien de plus. $e n'était pas la faute du concours# pourtant# ni celle de la concurrente... $at% $at%er erin ine# e# se disp dispen ensa sant nt de tout toutee ap appr préc écia iati tion on## no nota ta seulement ! un dessin. lle en expliqua le su3et# et a3outa ! +e n*ai pas voulu peindre la maison de 'apoléon, elle est !ien trop petite pour lui.
t puis# de nouveau# le stAlobille de $at%erine tra-a dans l'air des méandres. $omment expliquer la suite( $at%A s'était tout d'abord installée avec ?at%alie# Sop%ie et =arc sur la route# en face de la maison de ?apoléon. :nita# livrée à elle& mme# s'était amusée à vider dans l'%erbe des tubes de peinture et les autres s'étaient fPc%és. >abrouée# la petite orp%eline avait c%erc%é refu"e auprès de $at%erine et les autres avaient encore "ro"né. :lors# bravement# $at%erine avait emmené :nita plus loin# n'importe oF# et quand soudain la mer lui était apparue# avec les Gles San"uinaires émer"eant des eaux paisibles# elle avait cru un instant que son bon an"e avait pris la forme de cette petite fille turbulente pour la conduire en ce lieu oF# certainement# le futur empereur aimait venir rver. =ais elle avait rapidement déc%anté. $e ne pouvait tre son bon an"e qui# en 3ouant auprès d'elle# lui avait donné //
ce brutal coup de tte dans le coude... Il en était résulté une affreuse balafre noire. n voulant l'effacer# $at%erine avait "Pc%é son beau ciel# et puis était venu le désastre final ! pendant qu'elle ran"eait sa boGte d'aquarelle# d'aquarelle# :nita# :nita# d'un "este maladroit# avait renversé le "obelet plein d'eau oF elle venait de laver ses pinceaux. t toute cette eau sale s'était répandue sur le dessin qui séc%ait à terre. 5 C%8 :nita8 re"arde8 6 :nita avait re"ardé. I"norant tout du concours et du nombre de points qu'elle venait de faire perdre à sa protectrice# protectrice# elle ne pouvait évaluer l'importance du désastre# cependant ses lèvres s'étaient mises à trembler. 5 C%8 -a ne fait rien8 s'était écrié bravement $at%A en l'embrassant. e me rattraperai la proc%aine fois8 6 t elle s'estimait encore %eureuse d'avoir pu intervenir à temps pour empc%er :nita d'essuAer le mal%eureux dessin avec l'ourlet de sa robe. $'est donc un lambeau de papier encore %umide que $at%e $at%erin rine# e# en remon remontan tantt ce soir& soir&là là sur La Bédouine II, avait présenté à =. 9idal. idal. 5 Laisse7&moi Laisse7&moi le temps de le recommencer 6# avait&elle supplié# mais =. 9idal ne s'était pas laissé fléc%ir ! 5 Si 3e vous autorise à recommencer# tous les autres voudront faire de mme et nous n'en finirons plus. 6 ?at%alie# seule admise à re"arder l'infect "Pc%is# avait montré plus de compré%ension. 5 $e n'est pas si mal# avait&elle dit. Muand ?apoléon évoquait ce paAsa"e tant aimé# ses Aeux s'embuaient de larmes... 9oilà ce que tu as voulu su""érer8 6 $'était "entil d'avoir dit cela# mais $at%erine n'en savait pas moins qu'elle avait perdu dix points. Les dix points de la première épreuve8 $omment $omment avouer avouer cela à ses parents( parents( 5 $ette pauvre $at%A8 dirait son père# il lui faut tou3ours courir trois lièvres en mme temps8 6 t il aurait raison8 Nne fois de plus.
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8 A$0%$r!h$i i# & a a' e$ !re$2e.
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N%$' a2%&' 2i'it #3#e !e Mi&%r4$e. :
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Dous Doussé séee pa parr le dé dési sirr de bien bien fair faire# e# $at% $at%er erin inee cro croAa Aait it tou3ours qu'il lui serait possible de se multiplier à l'infiniH de se donner toute à sa tPc%e# et en mme temps de se dévouer aux autres. $ela semblait si facile. t puis...# et puis cela ne l'était 3amais. n ce moment encore# il lui fallait c%oisir ! s'occuper d':ni d':nita ta ou réussi réussirr son con concou cours( rs( Trop rop diffi difficil cile8 e8 $at%er $at%erine ine c%assa cette pensée inopportune. >emettant à plus tard le soin de faire connaGtre à sa famille ses déboires d'artiste# elle passa u-ourd*hui, il n*$ a d'emblée aux événements plus récents ! u-ourd*hui, pas eu d*épreuve. d*épreuve. 'ous avons visité l*le de /inorque... /inorque... t cette fois cela allait tout seul. La visite avait été lon"ue# amusante# a"réable. +ispensés de toute épreuve# les concurrents s'étaient montrés plus "entils les uns que les autres envers :nita et sa poupée. Cn avait or"anisé or"anisé des courses B il semble bon de courir en sortant d'un bateau B des parties de ballon# des 3eux de c%at perc%é dans les petites rues couturées d'escaliers. Il faisait c%aud# trop c%aud mme# mais il A avait une bonne brise qui venait de la mer et on était si %eureux... Si %eureux8 $'est tou3ours à ce mme mot qu'en revenait $at%erine. lle le tra-a une fois encore et releva la tte. :ssis auprès d'elle sur le pont# d'autres concurrents écrivaient# ou rvaient. 5 Tu l'as finie# ta lettre( lui demanda ?at%alie. B Cui# presque. t toi( B C%8 moi# 3e n'envoie que des cartes postales. $'est plus vite fait. B Mu'est&ce que que tu écris# alors( B =es mémoires. mémoires. 6 $at%erine sourit d'un air sceptique. ?at%alie n'était pas une fille à écrire ses mémoires alors que tant d'autres 3oies plus actives s'offraie s'offraient nt à elle. 5 Si ce ne sont pas des mémoires# mémoires# lui dit ?at%alie# -a A /
ressemble. $e sont des notes pour l'émission du retour. B Muoi( Tu Tu A penses penses dé3à( B % oui8 $rois&tu donc que tu te souviendras souviendras de tout# ce 3our&là( Les autres font comme moi. >e"arde&les. 6 $'éta 'était it vrai. L'a L'air préo éocc ccuupé# tou tous les conc ncuurren ents ts "riffonnaient des bouts de papier qui n'étaient certainement pas des lettres. Ils son"eaient son"eaient tous à cette dernière émission dont $at%A se souciait si peu8 t pourtant elle connaissait bien les conditions du concours. Le radio reporta"e fait au retour représentait à lui seul autant de points que toutes les questions résolues en cours de route. Si $at%erine avait une c%ance de rattraper ses dix points perdus# c'était bien en préparant dès à présent son compte compte rendu. rendu. lle A réfléc%it et une idée lumineuse se fit aussitKt 3our dans son esprit. Le moAen de réussir cette épreuve&là# c'était de co comm mmun uniq ique uerr au auxx au autr tres es## au auxx inno innomb mbra rabl bles es au autr tres es qu quii n'avaient pas participé à la croisière# les 3oies qu'elle&mme A avait connues# de les introduire dans ce rve qu'était son existence actuelle... Nn instant $at%erine crut qu'elle allait trouver les mots qui exprimeraient tout cela. lle les avait sur le bout de la lan"ue et puis...# une main se posa sur son épaule# et une voix dit ! 5 $at%erine# si tu as fini d'écrire# tu ne pourrais pas pas faire un point point à ma culotte( culotte( 6 :lain était devant elle# montrant la poc%e déc%irée de son blue&3ean. blue&3ean. 5 :ttends# dit $at%erine# 3e vais aller c%erc%er du fil et une ai"uille. 6 * *
*
Le 3eudi 14 3uillet# au matin# les passa"ers de La Bédouine II s'év s'évei eill llèr èren entZ tZ av avec ec un unee cu curi rieu euse se sens sensat atio ionn de silence ! les moteurs s'étaient tus. n re"ardant par le %ublot de leur 4
cabine# $at%erine et ?at%alie aper-urent les maisons du petit port d':lcudia# d':lcudia# toutes proc%es. S'il n'A avait eu cette lé"ère %oule pour faire tan"uer le navire# on se serait cru sur terre. Dour ces navi"atrices dé3à endurcies# il était déroutant de se réveiller ailleurs qu'en pleine mer. Nn petit coup fut frappé à la porte et :nita parut. Tout à fait fait ap appr priv ivoi oisé séee main mainte tena nant nt## la pe peti tite te fill fillee ve vena nait it c% c%er erc% c%er er $at%erine pour 3ouer# pendant que son oncle préparait les petits dé3euners successifs de l'équipa"e et des passa"ers. Toute à la 3oie de la minute présente# :nita avait oublié ses c%a"rins de la veille et ses appré%ensions du lendemain. Sur son cEur# elle tenait pressée sa poupée rosé qu'elle avait# on ne sait pourquoi# baptisée DalmAre# et elle %arcelait $at%erine en lui répétant ! 5 9iens vite# DalmAre veut se promener sur le bateau. 6 Oabillée en toute %Pte# $at%erine céda à cette impérieuse nécessité et# sur le pont désert# s'en fut promener la poupée et sa petite maman. n mme temps# elle son"eait. lle son"eait que le lendemain on serait à Dalma# et que le cuisinier irait conduire :nita c%e7 cet oncle et cette tante que la petite fille ne connaissait pas et qui lui faisaient si peur. $'était stupide d'avoir peur. Le cuisinier# interro"é par $at%A# avait affirmé que sa sEur adorait les enfants et n'en avait pas. Il n'A avait aucune raison pour qu':nita fJt mal%eureuse auprès d'elle. Sa crai craint ntee n'ét n'étai aitt qu qu'a 'app ppré ré%e %ens nsio ionn de l'in l'inco conn nnu# u# sans sans au aucu cunn fondement. :ucun... t pourtant# $at%erine aussi avait peur. $%aque fois qu'elle pensait à cette séparation# il lui semblait qu'un péril mena-ait la petite fille. ?'était&il pas in%umain de conduire ce petit tre sans défense dans cette Gle lointaine et de l'A abandonner c%e7 des inconnus( Si elle avait besoin de quelque c%ose# si elle était mal%eureuse... $omment le saurait& on( Si $at%erine n'avait écouté que son bon cEur# elle se 1
serait offerte pour reconduire :nita à Daris et l'A "arder. =ais il A avait ses parents... Oum8 Ils étaient %ospitaliers# mais il est probable qu'ils apprécieraient apprécieraient peu cette brusque intrusion d'une seconde fille dans leur minuscule appartement. Dassa"ers et concurrents émer"eaient maintenant sur le pont. :nto :n toin inet ette te et =ic% =ic%èl èlee embr embras assè sère rent nt :nita nita et Dalm DalmAr Are# e# en disant à $at%erine ! 5 Tu ne l'emmènes pas à terre ce matin( B Si8 Dourquoi( Dourquoi( B t le concours( concours( lle va te "ner8 "ner8 Il A a une une épreuve. B e croAais que que c'était demain8 demain8 B Tu rves# fit =ic%èle. Il n'A en a pas eu %ier# dé3à. Cn dirait qu'il ne te passionne "uère# ce concours8 6 $at%erine serra les dents ! 5 'ai tout autant envie que vous de le "a"ner# affirma&t&elle. B a ne se dirait pas pas 8
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B e m'occuperai m'occuperai d':nita tant qu'elle sera là. Dour le concours# 3e me rattraperai après8 B C%8 =ademoiselle =ademoiselle est si forte# dit $écile# qu'elle peut se dispenser de faire la moitié des épreuves et "a"ner quand mme. 6 $at%A riposta sur le mme ton. La discussion s'envenima. ean&$laude et Laurent s'A mlèrent# puis d'autres passa"ers# attirés par le bruit# s'approc%èrent# prirent parti# donnèrent leur avis. +ans cette petite communauté flottante qu'est un navire en croisière ne portant à son bord que des désEuvrés avides de toutes distractions# l'%istoire de la nièce du cuisinier avait rapidement passé de bouc%e en bouc%e. Nne 3eune dame# très "entiment# "entiment# dit à $at%erine ! 5 $onfie7&moi la petite :nita# 3e la promènerai promènerai sur la pla"e. 6 $at%erine se crut sauvée# mais :nita ne l'entendait pas de cette oreille. lle s'était prise d'une amitié véritable pour $at%erine et poussa des cris de désespoir lorsqu'elle comprit qu'on voulait l'éloi"ner d'elle. 5e veux $at%A8 3e veux $at%A8 6 répétait&elle. [ Nnee vo Nn voix ix sévè sévère re et tran tranc% c%an ante te s'él s'élev evaa au au&d &des essu suss du brou%a%a# brou%a%a# des conseils publics et des pleurs d':nita ! 5 $'est ridicule8 6 $at%erine se retourna. $elui qui venait de parler était =. >oosen# le passa"er à c%eveux blancs. Mue voulait&il dire par ce mot que c%acun interpréta à sa fa-on( 5 Cui# dit la dame aimable d'un ton un peu pincé# c'est ridicule de se plier aux caprices d'une petite fille trop "Ptée. 6 +'autres passa"ers opinèrent du bonnet# tandis qu'intérieurement $at%erine se disait ! 5 Cui# c'est ridicule de faire tant de mousse autour de cette %istoire8 lle ne re"arde que moi8 6 +e son cKté Laurent marmonnait !
)
5 Cui# c'est ridicule# et c'est $at%erine qui l'est. lle ne c%erc%e qu'à attirer l'attention sur elle8 6 $ependant l'%omme qui avait prononcé ce mot# sans s'expliquer davanta"e# avait tourné le dos au "roupe et descendait paisiblement l'escalier conduisant aux cabines. * *
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Les Les env envelo eloppe ppess fure furent nt distri distribu buées ées aux con concur curren rents ts au moment oF ils arrivaient sur la pla"e d':lcudia. $at%erine tenait :nita par la main# et :nita tenait DalmAre serrée sur son cEur. =. 9idal ne fit aucun commentaire. Il semblait i"norer la discussion qui avait eu lieu une %eure plus tKt sur le pont# et# avec un sourire# murmurait à c%acun ! 5 ;onne c%ance8 6 en lui tendant son enveloppe. $at%A ouvrit la sienne et lut ! 0apporte1 le plus !eau oquilla#e que vous aure1 aure1 trouvé trouvé sur la pla#e.
lle poussa un cri de 3oie ! 5 Muelle c%ance8 $'est facile8 9iens# tu vas m'aider8 B : quoi( 6 demanda demanda :nita# :nita# "a"née par son excitation. excitation. $at%erine l'entraGna en courant loin sur le sable fin oF venaient mourir mourir les flots bleus# paisibles comme ceux d'un lac# et lui dit ! 5 Il faut trouver le plus beau coquilla"e de la pla"e. 6 :nita se mit à l'Euvre avec passion et# très vite# découvrit une minuscule conque rosé# luisante comme un bi3ou. 5 Il est ravissant8 s'exclama $at%A# mais es&tu sJre qu'il n'A en a pas un autre# un peu plus "ros( Il est si petit# celui&là8 6 lle&mme n'en trouvait que de fort ordinaires ! bi"orneaux# coques# patelles# 3oliment cannelés mais parfaitement banals. :nita avait la main plus %eureuse.
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Laurent passa non loin# escaladant des roc%ers. Il s'arrta un moment pour les re"arder et s'écria ! 5 Tu te fais aider par :nita8 $e n'est pas de 3eu. e le dirai. 6 $at% $at%er erin inee se redr redres essa sa## furi furieu euse se## prt prtee à invect invective iverr le "ar-on# mais# dédai"neusement# il lui tournait le dos. 5 :u fond# il a raison# pensa $at%A# 3e n'ai pas le droit de me faire aider B mme par :nita. Il faut que 3e trouve un coquilla"e moi&mme. Le petit rosé ne compte pas. 6 lle en avait dé3à mis trois ou quatre en réserve dans sa poc%e# quand elle aper-ut =. 9idal# venu surveiller 5 l'%eure du bain 6 prévue au pro"ramme. pro"ramme. 5 Tu veux te bai"ner# :nita( & ?on 8 ?on 8 6 $at%erine s'attendait à cette réponse. +eux fois dé3à# la veille# elle avait essaAé d'entraGner la petite fille dans l'eau# et celle&ci s'A était obstinément refusée. Das très bonne /
na"euse elle&mme# elle&mme# $at%A n'avait envie de se bai"ner que pour se plon"er dans la fraGc%eur de l'eau# et éc%apper à la c%aleur du soleil dé3à brJlant. lle n'insista pas. 5 :lors# qu'est&ce que tu veux faire( B +é3euner8 B =ais il n'est pas l'%eure8 l'%eure8 B 'ai faim quand quand mme8 mme8 B Tu as raison# 3'ai faim aussi8 s'exclama $at%erine. :llons# viens 8 $e n'est pas amusant de re"arder les autres se bai"ner quand quand on ne se bai"ne bai"ne pas soi&mme. soi&mme. 6 lle obtint sans difficulté l'autorisation d'aller au villa"e ac%eter deux petits pains. 5 Tu m'en prendras un pour moi aussi# lui cria ?at%alie. B t pour moi moi 8 t pour moi moi 8 6 $at%erine ne compta mme pas. lle en prendrait pour tout le monde# et tout le monde serait content. :ccompa"née d':nita et de DalmAre# elle se diri"ea allè"rement vers le petit villa"e d':lcudia# nic%é derrière ses remparts sarrasins. lle n'A découvrit pas de belles boutiques comme à Daris# mais de curieux petits étala"es. +ans l'un d'eux# il A avait des pPtisseries. lle entra# fit provision de forces pour elle et pour les autres# et ré"la ses emplettes sans trop de difficulté# avec la monnaie espa"nole que =. 9idal lui avait donnée. Duis elle s'aventura plus loin dans des ruelles étroites# visi visita ta un unee é" é"li lise se## ac%e ac%eta ta de dess cart cartes es po post stal ales es et# et# son" son"ea eant nt soudain que l'%eure du bain devait touc%er à sa fin# revint sur ses pas en courant. Sur la pla"e# elle retrouva les concurrents mlés à de nombreux bai"neurs. $ertains n'étaient plus que des points noir no irss au lar" lar"e# e# d'au d'autr tres es ba barb rbot otai aien entt sur sur les les rive rives. s. Sop% Sop%ie ie## ruisselante d'eau# accourut. 5 +onne vite8 cria&t&elle. 'ai si faim8 Tu as eu tort de ne pas te bai"ner# bai"ner# c'était délicieux. =ais Laurent est assommant# assommant#
il s'amuse à na"er sous l'eau et à nous tirer par les pieds8 Muel idiot8 6 ?at%alie# :ntoinette# :ntoinette# =arc accourus pour réclamer leur part# parta"eaient le mécontentement mécontentement de la petite Sop%ie# mais s'apaisèrent vite# en dévorant à belles dents le pain frais. $at%erine %éla les autres. Ils arrivèrent# arrivèrent# 3oAeux et excités par la bai"nade. Il ne fut plus question des coquilla"es coquilla"es qui furent remis discrètement entre les mains de =. 9idal avant qu'on ne se mette à table. Tous ne pensaient dé3à plus qu'à la promenade prévue pour l'après&midi ! visite de ,ormentor ,ormentor et de ses environs. t ce furent encore quelques %eures enc%antées. ,ormentor# c'est la plus belle ré"ion de l'Gle# celle oF la tradition veut que les 3eunes mariés aillent passer leur lune de miel. $omme si tant de beaux rves élaborés là avaient saturé l'air# il semble qu'il A traGne partout d'invisibles lambeaux d'espoir et de bon%eur. Les dix concurrents en étaient encore impré"nés lorsqu'ils se mirent à table ce soir&là. Seul# =. 9idal avait l'air "rave. 5 Vtes&vous satisfaits de votre 3ournée( leur demanda&t&il. B C%8 oui 6# s'écrièrent dix voix convaincues# convaincues# et l'une d'elles# sincère et vibrante# a3outa mme avec un rien de retard ! 5 $'était trop beau8 B Tant mieux8 6 lan-a lan-a =. 9ida 9idall sans se dérider. dérider. Son ton# ton# in%abituellement in%abituellement sec et cassant# détonait dans le bien&tre "énéral. Il parut le remarquer remarquer et s'expliqua sans ména"ement ! 5 =oi# dit&il# 3e ne suis pas satisfait. L'un de vous a tric%é ce matin# et m'a remis un coquilla"e qui n'a pas été ramassé sur la pla"e. 6 La 3oie qui brillait dans les re"ards s'étei"nit soudainement. Nn froid subit parut avoir paralAsé la tablée. Les cuillers retombèrent dans l'épais pota"e. $ela se fit sans
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bruit# cependant cependant les autres autres convives tournèrent tournèrent tous tous la tte de ce cKté. 5 Si =. +elacour était ici# dit encore =. 9idal# 3e suis certain qu'il aurait dé3à disqualifié le coupable'. Dersonnellement# 3'aimerais ne pas prendre une sanction aussi "rave. e donne à celui qui a tric%é une c%ance de se rac%eter ! qu'il reconnaisse sa faute# et il n'encourra d'autre sanction que de perdre les dix points de l'épreuve. 6 II avait parlé très bas# mais ses paroles semblaient se répercuter d'un mur à l'autre de la salle à man"er# comme un "ron "ronde deme ment nt de tonn tonner erre re co comp mpri rimé mé en entr tree de dess mont monta" a"ne nes. s. Indéc%iffrable# Indéc%iffrable# son re"ard se posa# successivement# sur c%acun des dix concurrents. :ucun d'eux ne desserra les lèvres. Le repas s'ac%eva en silence# et fut suivi d'une ruée vers le pont pour admirer le couc%er de soleil. =ais ni la rapidité de la course ni la beauté du spectacle ne parvinrent à dissiper le malaise créé par les paroles de =. 9idal. Les dix laur lauréa éats ts de >ad >adio& io&Lutè Lutèce ce## au lie lieu de rest resteer "roupés comme à l'accoutumée# se dispersèrent dans la foule des passa"ers et# lorsqu'ils se croisaient# ils éc%an"eaient des re"ards soup-onneux. =. 9idal lui&mme se tenait à l'écart. $at%erine se tourna souvent dans sa direction. Il était seul. Tou3ours Tou3ours seul. Les derniers feux du soleil se teintèrent de mauve puis de 3aune. La fin de ce beau 3our s'enlisa lentement dans l'ombre montante. Le pont et les passa"ers se confondirent dans une unif un ifor orm mité ité "ris "rise. e. +e +ess po poi" i"né nées es de main ain et de dess bo bons nsoi oirs rs s'éc%an"èrent# étran"ement réticents et# pour la première fois depuis le début de la croisière# on n'entendit s'élever aucun éclat de rire derrière les portes des cabines.
CHAPITRE *I
ESCALE A /AL
à ce moment. $'était au tric%eur. : celui B ou celle B qui# ne s'étant pas dénoncé la veille# avait dJ passer une nuit pénible à se débattre débattre contre contre les reproc%es reproc%es de sa conscience. conscience. Muel qu'il fJt# $at%erine le plai"nait. :vouer sa faute était relativement aisé# lui semblait&il# mais se voir ensuite en butte au mépris des autres# à leurs soup-ons au cours des épreuves à venir# était beaucoup plus pénible. 5 =. 9idal aurait dJ promettre le secret# se disait&elle# et cependant il ne doit pas se montrer trop indul"ent... Cn ne peut pas lui demander demander de de l'tre plus qu'il qu'il ne l'a été. 6 lle interrompit ses réflexions en apercevant :lain. Il s'était arrté à quelques pas d'elle# sans venir lui dire bon3our. $e climat de suspicion qu'elle avait dé3à remarqué la veille allait allait&il &il se maint mainteni enirr 3usqu' 3usqu'àà la dén dénon oncia ciatio tionn du co coupa upable ble(( Toute la croisière allait&elle tre "Pc%ée par la faute d'un seul( $at%A se rapproc%a du 3eune "ar-on. Il répondit brièvement brièvement à son salut et se replon"ea dans la contemplation contemplation du paAsa"e. lle tenta de lui faire admirer le calme des eaux# sans une ride# et les tartanes 3aunes aux voiles "onflées qui A "lissaient avec une lé"èreté d'oiseau. Il ne lui répondit que par monosAllabes. $e fut un soula"ement pour $at%erine de voir sur"ir =arc# les Aeux encore bouffis de sommeil. 5 C%8 3'av 'avais ais peur d'arri arrive verr tro trop tard tard88 6 s'é s'écria ria&t&i &t&ill "aiement en passant ses doi"ts dans ses c%eveux en "uise de pei"ne. Lui# Lui# semb sembla lait it av avoi oirr be bell et bien bien ou oubl blié ié les les souc soucis is du concours. Il pépiait comme un poussin fraGc%ement sorti de l'Euf# qui découvre le monde et trouve tout admirable. :lain lui répondait parfois# plus aimablement qu'il ne l'avait fait pour $at%erine# et lui expliqua mme# avec une certaine
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complaisance# la manEuvre d'un voilier virant sous le vent. 5 e me fais des idées# se dit $at%erine. :lain n'est pas fPc%é contre moi# pourquoi le serait&il( 6 Les passa"ers cependant avaient enva%i le pont. Dalma se découvrait au fond de sa baie# et# si calme était le mouvement du bateau que l'on eJt cru que la ville s'avan-ait vers lui. La Bédouine II manEuvrait très lentement pour laisser aux passa"ers le temps d'admirer ce décor féerique ! des sil%ouettes blanc%es de bateaux se profilaient %ors des eaux violettes du portH les quais bordés de palmiers les ceinturaient d'une li"ne verteH et# plus %aut# des maisons blondes# bai"nées de soleil# se pressaient aux pieds de la cat%édrale rosé# la Séo# dressant ses pinacles dans un ciel sans nua"es. ?at%alie# arrivant arrivant à ce moment# fit 5 C% 8 6 et demeura le souffle coupé. Duis# sa pensée faisant un détour que $at%erine comprit parfaitement# elle s'écria ! 5 +ire que dans un si beau paAs# il A a des pauvres pauvres "ars asse7 asse7 mesquins pour pour tric%er 8 % t non seulement qui tric%ent# riposta :lain# mais qui n'ont mme pas le coura"e de reconnaGtre leur faute8 6 II A avait un accent de rancune dans sa voix qui étonna $at%erine. Dourquoi était&il si a"ressif( 5 Tu ne devrais pas parler comme cela# dit&elle. Si le coupable t'entendait# il n'oserait 3amais rien avouer. B Dourquoi( B Darce que# ce qu'il redoute certainement certainement le plus# c'est d'tre ensuite traité par les autres comme un paria. S'il nous savait au contraire tous prts à oublier# à pardonner ses torts# il... B t quoi encore( se récria :lain. :lain. Il faudrait le féliciter d'avoir tric%é# n'est&ce pas( Lui tresser des couronnes# lui offrir le prix. =anquerait plus que -a8 6 t# avec une
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%orrible "rimace à l'adresse de $at%erine# le futur officier de marine pivota sur ses talons et s'éloi"na# méprisant. 5 =ais qu'est&ce qu'il a( 6 bafouilla $at%A interloquée. =arc la re"arda avec des Aeux ronds. 5 II a raison8 déclara&t&il fermement# 3e pense tout à fait comme lui. & C%8 =arc# ce n'est pas possible8 riposta $at%erine. Tu ne peux pas tre aussi impitoAable. B Si8 $'est i"noble i"noble de tric%er8 B e le sais bien# mais pense un peu8 Si le tric%eur était ton frère# ton 3umeau# tu l'aiderais à avouer sa faute au lieu de le blPmer# n'est&ce pas( B Cui... bien sJr8 B :lors( :lors( ?e pouvons&nous pouvons&nous pas en faire autant avec ceux ceux qui ne sont pas vraiment nos frères# mais qui le sont bien un un peu peu tout de mme( mme( >éfléc%is... >éfléc%is... 6 ?at%alie la tira tira par la manc%e manc%e et l'entraGna l'entraGna à l'écart. 5 Tu perds ton temps# lui dit&elle. Cn pardonne à ceux qu'o qu 'onn aime aime## bien bien sJr# mais on soup-onne ceux qu'on n'aime pas. Le cas est inextricable. inextricable. B Cui et non. Il faudrait d'abord ne soup-onner personne... B $e n'est "uère possible8 'ai beau m'en vouloir# moi# 3e ne peux m'empc%er de soup-onner Laurent. B =oi aussi... un peu# peu# avoua $at%erine. $at%erine. B $'est parce que ni toi ni moi n'aimons Laurent. =ais d'autres l'admirent. :lain# par exemple# et Sop%ie aussi. B t $écile8 lle s'entend bien avec avec lui... B =ais elle méprise méprise ean&$laude. ean&$laude. B Mui le lui rend bien8 bien8 B t ainsi# dans quelque quelque temps# ceux ceux qui ne s'aiment s'aiment pas se dé déte test ster eron ontt co cord rdia iale leme ment nt## et cett cettee croi croisi sièr èree qu quii est# est# qu quii devrait tre 3usqu'au bout un merveilleux voAa"e# finira... 02
8 Da&' #e 'a&" 5 i&terr%(it br$ta#e(e&t $&e 2%i ra2e.
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B +ans le san"8 6 interrompit interrompit brutalement brutalement une voix "rave qui fit se retourner d'un mme mouvement $at%erine et ?at%alie. Toutes deux s'étaient à ce point laissé entraGner par leur disc discus ussi sion on qu qu'e 'ell lles es n'av n'avai aien entt pa pass en ente tend nduu ap appr proc oc%%er cet cet %omme. +epuis un instant il les écoutait# un sourire amusé entrouvrant ses lèvres oF restait fic%ée sa pipe éteinte. 5 e sais que ce que 3e fais est très incorrect# dit =. >oosen B car c'était lui l'indiscret B# mais il m'a paru que vous étie7 aux prises avec un cas embarrassant. Si mon avis peut vous tre tre de quelque quelque utilité...( B =erci# monsieur# monsieur# fit ?at%alie froidement. froidement. $'est bien aimable à vous# mais cette affaire ne re"arde que... B ustement# coupa $at%erine avec vivacité# cette affaire ne re"arde pas monsieur. Il peut donc tre un 3u"e impartial8 6 : peine avait&elle lPc%é cette p%rase qu'elle se demanda pourquoi pourquoi elle l'avait dite. ?at%alie fron-ait les sourcils d'un air méco connten tent et =. >o >oos oseen po posa sait it sur sur elle lle un re" re"ard ard tro trop pénétrant. pénétrant. +ans le fond# elle avait peur de lui# elle le savait. Dourquoi l'avoir c%oisi comme confident( Son dos raide# son profil mai"re# ses petits Aeux qui vous vrillaient 3usqu'à l'Pme# tout tra%issait c%e7 lui la sévérité. Dourtant# il était trop tard pour reculer. reculer. $at%erine fit front. front. 5 ?ous savons que l'un de nous a tric%é au cours de la dernière épreuve# dit&elle. Le moniteur lui a demandé de se dénoncer dénoncer et il ne le fait pas... B Il a tort8 t 3'espère que votre moniteur l'en punira d'autant plus sévèrement8 6 >aide comme la ustice# il l'était bel et bien# le monsieur >oosen 8 $at%erine ne se laissa pas découra"er et poursuivit d'une voix un peu tremblante ! 5 Cui# mais si nous nous mettons à crier sur les toits que c'est %onteux de tric%er#
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et à accabler le coupable de notre mépris# nous ne faisons que lui rendre les aveux plus difficiles. Il ne se dénoncera pas... et nous nous soup-onnerons soup-onnerons les uns les autres... et la vie deviendra impossible pour tous... 6 =. >oosen esquissa un sourire tortueux. 5 Muel remède su""ére7&vous ( demanda&t&il. B +e ne soup-onner personne et de faire comprendre à tous que nous pardonnons d'avance8 6 Nn petit sifflement moqueur salua la p%rase de $at%erine# et cette réponse inattendue fit sursauter ?at%alie elle&mme. lle vit cette lueur ironique brillant dans le re"ard de l'%omme et se re"imba. 5 9ous n'alle7 pas dire que $at%erine a tort8 6 s'écria&t&elle. =# >oosen retrouva un air plus sérieux. 5 ?on# mademoiselle# répondit&il. e ne le dis pas. Son point de vue se dé défe fend nd.. Seulement il est celui de la bonne camaraderie. camaraderie. Il n'est pas celui de la 3ustice. Il faut savoir lequel vous c%oisisse7# et que tous consentent à adopter le mme. $e sera difficile# 3e crois. Sauf pour le tric%eur. 6 $at%erine poussa un cri de 3oie ! 5 $'est vrai8 s'écria&t& elle# 3e n'A avais pas pensé. Le tric%eur sera avec moi 8 $ela fait deux. t puis il A aura sans doute =arc. t 3'arriverai à convaincre aussi :ntoinette et =ic%èle# ce sont de bonnes filles. t Sop%ie... & t moi# si tu veux bien8 6 dit ?at%alie en riant. $at%erine lui sauta au cou. 5 ?ous présenterons une pétition# s'écria&t&elle. Tu verras# tout s'arran"era 6 +ans sa 3oie elle en avait oublié la présence de l'étran"er. Muand elle se retourna# il était parti. *
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8 N%$' a##%&' c%((e&cer ar 2i'iter #a cath!ra#e : a&&%&7a M. *i!a#. 0
Le débarquement à Dalma se fit au milieu d'un tourbillon d'al d'allé lé"r "res esse se.. Tous les les pa pass ssa" a"er erss semb sembla laie ient nt po port rtés és pa parr un souffle de bonne %umeur 3oAeuse. Le commandant lui&mme descendit à terre comme s'il n'avait pas eu de bateauH =. 9idal souriait comme s'il n'A avait 3amais eu la moindre tric%erie dans son concoursH :nita 3acassait avec volubilité comme si elle i"norait que cette escale était# pour elle# la dernière du voAa"e. $at%erine dut faire un effort pour ne pas céder à ce lais laisse serr&alle allerr "é "éné néra ral. l. Sour Sourci cils ls fron froncé cés# s# elle elle réca récapi pitu tula la le pro"ramme pro"ramme de sa 3ournée ! ce matin# sous la direction de =. 9idal# visite de la ville pendant laquelle il lui faudrait# l'un après l'autre# amener les concurrents à se rallier à son point de vue de 5 bonne camaraderie 6. L'après&midi était pire encore ! aband ab andonn onnant ant con concou cours rs et con concur curre rents nts $at%A $at%A partir partirait ait## av avec ec Tomas le cuisinier# conduire \nita dans sa nouvelle famille. lle re"rettait presque d'avoir fait cette promesse# mais :nita avait tant insisté# et son oncle aussi# qu'elle avait cédé. Il est vrai qu'elle ne savait pas alors que la troisième épreuve du concours devait se dérouler au cours de ce mme après&midi du vendredi oF le commandant avait# par faveur spéciale# donné con"é au cuisinier8 Muan andd =. 9idal av avai aitt annon onccé que les les envelopp loppees seraient distribuées à 1/ %eures )4 sur la pla"e d':réna# $at%A avait poussé un cri de désespoir ! 5 =ais 3e ne pourrai pas A tre8 6 =. 9idal avait levé les épaules en si"ne d'impuissance et dit ! 5 Dersonne ne vous obli"e à A tre8 9ous perdre7 dix points# voilà tout. tout. 6 :ucun des concurrents n'avait protesté. $'était normal. ?at%alie# elle&mme# elle&mme# lui avait avait dit plus tard ! 5 Tu fais ce que tu veux8 Si tu crois plus utile d'accompa"ner :nita que de "a"ner le concours# il n'A a pas à %ésiter. L: $>CISIX> $>CISI X> + $:TO>I? $:TO>I? 00
B e te crois que c'est plus utile# avait rétorqué $at%erine. Il ne mène à rien# ce concours# après tout8 $'est un 3eu sans conséquence. conséquence. Cn peut vivre sans caméra ni appareil de pro3ection8 =ais l'avenir d':nita# ce n'est pas un 3eu8 B ;ien sJr8 avait répliqué ?at%alie# mais que tu l'accompa"nes ou non# cela n'A c%an"era rien. 6 :ussi ce matin# débarquant sur le quai de Dalma# dans l'ombre mouvante et raAée des "rands palmiers# $at%erine se souvenait de cette p%rase et# la trouvant 3uste# s'énervait contre elle&mme d'avoir fait cette stupide promesse. 5 ?ous allons commencer par visiter la cat%édrale 6# annon-a =. 9idal# qui avait enfin réussi à "rouper autour de lui la totalité de son petit troupeau# et l'entraGnait à travers un dédale de rues étroites coupées d'escaliers. $at%erine leva la tte. Dlus de cat%édrale. lle était là# pourtant. lle l'avait trop bien vue tout à l'%eure pour en douter... Oaut perc%ée# elle se dissimulait au&dessus des palais et des maisons bordant les quais. Dour la retrouver il fallait suivre en aveu"le ces rues# ces escaliers. 5 $'est tou3ours comme cela dans la vie# se disait $at%A. Cn voit clair comme le 3our que quelque c%ose est làH on croit que c'est tout simple et tout facile de l'atteindre. t puis tout s'embrouille. Cn ne sait plus ce qu'on doit faire# on se perd dans des petits c%emins tortueux. 6 $es réflexions n'empc%aient cependant pas la fillette d'admirer# tout en marc%ant# les vieux escaliers# la couleur dorée des murs et les dé"rin"olades de fleurs# retombant %ors d'invisibles 3ardins avec une somptuosité inconnue sous les cieux parisiens. Soudain la cat%édrale réapparut# immense et ma3estueuse# dominant la place inondée de soleil oF $at%A# éblouie# venait de débouc%er. Ses Aeux cillèrent. Duis elle aper-ut ?at%alie à son cKté. lle l'empoi"na par le bras. 0
5 'irai conduire :nita# lui dit&elle à voix basse. e sais que -a ne c%an"era rien# mais 3'irai. 6 Sans répondre# ?at%alie posa un doi"t sur ses lèvres ! =. 9idal parlait. 5 $ommencée sous le rè"ne de aime I er en 12)4# la construction de cette cat%édrale se prolon"ea 3usqu'au début du <9IIe siècle... 6 ?at%alie sourit sourit et se penc%a vers $at%erine. $at%erine. 5 a doit tre l'air du paAs qui pousse les "ens à s'obstiner# murmura&t&elle. 9a accompa"ner :nita...# mais n'A reste pas cinq cents ans 8 6 $at%erine n'A resta pas si lon"temps# pourtant elle avait une bonne demi&%eure de retard lorsqu'elle revint ce soir&là à Bédouine II lle avait c%aud d'avoir couru# bord de La Bédouine
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mais auprès d'elle# "ras et lourd# le c%ef peinait tant qu'elle aurait eu %onte de se plaindre. +e loin# sur la passerelle du bateau# elle remarqua une sil%ouette sombre# fi"ée dans une position d'attente. 5 $'est le commandant8 s'exclama son compa"non d'une voix an"oissée. Mu'est&ce qu'il va me passer8 Il pardonne tout# sauf l'inexactitude8 6 $'était lui à n'en pas douter# et son Eil# per-ant comme celui d'un vrai marin# avait dé3à repéré les deux retardataires parmi la foule foule "rouillant "rouillant sur le quai. 5 ] a pas à dire 8 faut A aller 6# souffla le c%ef cuisinier plus rou"e que 3amais B et il s'élan-a sur la passerelle comme un taureau fonce dans l'arène. Le maGtre du navire 3eta un coup d'Eil né"li"ent à sa montre. 5 Cui# 3e sais# commandant# marmonna le mal%eureux cuisinier. =ais la petite ne voulait pas... B $'est bon# 3e n'ai rien vu. =ais si le dGner n'est pas prt à l'%eure... l'%eure... B Il le sera# commandant# commandant# vous pouve7 A compter# compter# il le sera8 B lle n'a pas trop trop pleuré# la petite( petite( 6 Tomas n'entendit pas la question. Il déboulait sur le pont et $at%erine voAait ses lèvres remuer. Sans doute il se répétait à lui&mme comme il l'avait fait tout au lon" du c%emin de retour ! 5 Le pota"e# A a qu'à le faire c%auffer# le poisson A a qu'à le sortir de la "lacière# mais la maAonnaise... :Ue8 la maAonnaise8 B e vous aiderai 6# avait proposé $at%A d'une voix mal assurée# car rien ne lui paraissait moins sJr que de réussir une maAon maAonnai naise# se# po pour ur cent cent vin"t vin"t person personnes nes surtou surtout8 t8 Le commandant commandant le devinait&il( devinait&il( Rtait&ce pour sauver le dGner de ses passa"ers qu'il retenait à présent $at%erine# en lui posant tant de questions( 5 $omment est la sEur de 4
Tomas( t son mari( $roAe7&vous que la petite :nita sera %eureuse avec eux( Mu'est&ce que vous ave7 fait pendant tout ce temps&là( 6 $at%erine répondait de son mieux. La sEur de Tomas( elle ressemblait à son frère comme une "outte d'eau ressemble à une autre. Son mari avait l'air brave# lui aussi# bien qu'un peu renfermé# mais c'était peut&tre seulement parce que# natif de l'Gle# il ne parlait que le ma3orquin. Ils pleuraient comme des fontaines# tous# cuisinier compris# en parlant de cet accident stupide qui avait rendu :nita orp%eline. $at%A avait alors emmené la petite fille au 3ardin. $ar il A avait un 3ardin. Nn 3ardin minuscule oF poussaient des... comment comment donc( des pastèques# et des plantes qu'elle n'avait 3amais vues. :nita avait séc%é ses larmes. Duis on les avait rappelées pour leur offrir de l'oran"eade et c'avait été les adieux... $at%erine passa vite sur cette scène pénible oF :nita s'a s'accro ccrocc%a %ait it à ses ses 3up 3upes# es# refu efusan sant de la lai laisse sser partir rtir et redoublant de san"lots lorsqu'elle avait compris que son oncle l'abandonnait l'abandonnait aussi... 5 'ai promis de retourner la voir# affirma $at%A# sinon elle lle ne m'aurait rait 3am 3amais lPc% lPc%éée. Le c%ef a dit qu'il vo vouus demanderait aussi la permission# mais 3e crois qu'il n'osera pas. B Cn verra# fit le commandant. ?ous revenons à Dalma# dans trois 3ours# après avoir visité les DitAuses# vous le save7( st&ce qu'ils vous ont remerciée# au moins# ces "ens( B C%8 là8 là8 oui8 oui8 ;eaucoup trop8 B :lors# vous vous tes contente( contente( B Cui 6# fit $at%erine d'un air qu'elle c%erc%ait à rendre aussi affirmatif affirmatif que que possible. =ais le commanda commandant nt ne s'A trompa pas. 5 ?e me cac%e7 rien8 +ites&moi ce qui ne va pas. 6 L: $>CISIX> $>CISI X> + $:TO>I? $:TO>I? 1
$'était dit d'un ton autoritaire# pas du tout le ton qui# d'ordinaire# mettait $at%erine en confiance. =ais elle avait# depuis lon"temps# accordé sa confiance à ce marin aux traits burinés comme comme de vieux corda"es# corda"es# au re"ard re"ard clair comme comme l'eau sur laquelle il bourlin"uait. lle n'%ésita pas# mais baissa un peu la voix. voix. 5 Ils ont l'air pauvres# dit&elle# très pauvres. B ;a%8 fit le commandant# commandant# ce n'est pas "rave. La pauvreté dans un paAs comme celui&ci# ce n'est pas comme à Daris# voAe7&vous8 Cn a le soleil et l'air pur pour rien. a compte diablement8 Mue fait le mari( B +es savates de corde... corde... à la main# main# avoua $at%erine. $at%erine. B xcellent métier8 La moitié des "ens ici en tirent leur subsistance# et vous aurie7 tort de les plaindre. Ils ne sont pas mal%eureux# et :nita ne le sera pas non plus 8
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B e l'espère 6# voulut dire $at%A# $at%A# mais# à ce mme mome moment# nt# le "on "on"" du dGner dGner empli emplitt l'air l'air de sa bruAa bruAant ntee clameur. Le commandant re"arda sa montre. 5 Le mPtin8 "ro"na&t&il d'un air mécontent. Il a si peur d'tre en retard qu'il fait sonner le premier coup quatre minutes trop tKt. 6 $at%erine ne put s'empc%er de rire. Le commandant lui donna une tape sur l'épaule. 5 e vous défends de rire# lui dit&il. L'%eure c'est l'%eure 8 ?e l'oublie7 pas8 t dépc%e7&vous d'aller vous préparer. préparer. +ans on7e minutes il faut que vous soAe7 à table. B 'A serai# commandant commandant88 6 affirma affirma $at%erine "aiement. "aiement. lle s'en"ouffra s'en"ouffra dans l'escalier comme une trombe# ouvrit la porte de sa cabine comme un tourbillon# et faillit culbuter :ntoinette qui en sortait. 5 nfin# te voilà 8 lui dit cette dernière# on se demandait oF tu étais passée. Tu ne peux pas savoir ce que tu as perdu en ne venant &pas avec nous 8 B Mu'est&ce que que vous ave7 fait( fait( B Nne épreuve sportive sur la pla"e8 Sensationnelle8 Sensationnelle8 6 Nne épreuve sportive8 $at%erine avait tou3ours d'excellentes notes en "Amnastique. lle baissa la tte pour dénouer ses sandales sandales couvert couvertes es de poussière# poussière# et personne personne ne vit s'écrase s'écraser r sur le planc%er une minuscule larme oF se noAaient à la fois les dix points de la troisième épreuve et ceux des deux précédentes. précédentes.
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CHAPITRE *II
LES ;ROTTES DU DRA;ON N? des
curiosités naturelles les plus remarquables de l'Gle de =a3orque sont les "rottes "rottes de la cKte cKte est. t t c'est c'est vers les plus célèbres d'entre celles&ci# les uevas del Drah, autrement dit les "rottes du +ra"on# que certain petit car vert roulait ce matin&là parmi beaucoup d'autres. +ans ce car# les concurrents de >adio&Lutèce et quelques passa"ers de La Bédouine II se laissaient emporter en rvant# tout surpris# après le lent balancement du navire# de se trouver ca%otés sur la route. Dlus de mer ni de va"ues# mais des c%amps de vi"ne# d'amandiers ou d'oliviers oF
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tournaient# -a et là# les "randes ailes de ces moulins qui ne servent pas à moudre le blé# mais à irri"uer les c%amps. Les Les Ae Aeux ux écar écarqu quil illé léss de derr rriè ière re les les ve verr rres es no noir irss de ses ses lunettes# $at%erine aurait voulu ne penser à rien d'autre qu'à admirer ce paAsa"e. Tout A semblait fait pour évoquer le bon%eur et le calme des lents travaux c%amptres. c%amptres. =ais# plus vite vite qu quee les les roue rouess du car car# la cerv cervel elle le de $at% $at%AA tour tourna nait it## tournait# incapable de se fixer sur ces ima"es# de s'impré"ner de leur paix. Sans cesse sa pensée revenait vers une minable petite maison perdue dans les faubour"s faubour"s tristes de Dalma# une maiso aisonn étra étran" n"èr èree oF :nita nita viva vivait it à ce mme me momen omentt la première 3ournée de sa nouvelle existence. $omme elle devait se sentir perdue# seule parmi ces inconnus ne parlant pas sa lan"ue# seule avec ce c%a"rin trop "rand pour elle8 Sur la banquette derrière $at%erine# ean&$laude et =arc discutaient encore de la compétition sportive de la veille et de la fa-on ma"istrale dont ils avaient "a"né la course de pédalo. Sur la banquette avant# $écile racontait à =ic%èle sa visite des "rottes de Oan et affirmait d'un ton péremptoire que celles de =a3orque ne pouvaient tre plus belles. $at%erine ne pouvait entendre ce que disaient les autres# mais il est certain que ni :ntoinette montrant du doi"t le %aut cloc%er à 3our qui se dressait au loin sur la plaine comme une tour de minaret dans un ciel d'Crient# ni Sop%ie passant la tte par la vitre ouverte comme si elle buvait le soleil et le vent# ni Laurent et :lain consultant un "uide d'un air absorbé# ne son"eaient à la petite abandonnée. 5 st&ce le fait d'avoir manqué l'épreuve l'épreuve d'%ier qui te rend si triste( lui demanda brusquement ?at%alie. B C%8 le concours8... riposta $at%erine# 3e pourrais aussi bien l'abandonner8 l'abandonner8 Si 3'ai "a"né cinq points pour les trois premières premières épreuves# c'est c'est bien tout8
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B Tu peux encore encore te rattraper8 rattraper8 6 =al" =al"ré ré cert certai ainn pico picote teme ment nt au auxx pa paup upiè ière res# s# $at% $at%er erin inee s'effor-a de sourire. 5 Nne c%ance que 3'aie des lunettes noires 6# pensa&t&elle. Il A eut un moment de silence puis ?at%alie reprit# encoura"eante ! 5 La proc%aine épreuve# c'est le bal costumé. >ien ne t'empc%e de t'A distin"uer8 6 Le bal costumé8 =. 9idal l'avait annoncé la veille au soir et# depuis# tous en rvaient. ;al costumé à bord# en rade d'Ibi7a# la veille du 1* 3uillet. Tous les passa"ers A participeraient# participeraient# et certains d'entre eux avaient accepté de constituer aux cKtés de =. 9idal le 3urA qui déciderait du "a"nant de cette quatrième épreuve. Dour les dé"uisements# le t%ème imposé était ! la croisière. 5 : la fois va"ue et inspirant 6# avait déclaré =ic%èle enc%antée# enc%antée# et les Aeux d':lain avaient brillé de 3oie# comme s'il avait dé3à trouvé l'idée d'un ma"nifique travesti. $at%erine cependant cependant n'éprouvait l'envie ni de danser ni de se dé"uiser. lle avait laissé à :nita tout son ar"ent de poc%e# "lissé au fond du sac de bonbons qu'elle lui avait donné en la quittant. lle ne pourrait rien s'ac%eter pour se confectionner un dé"uisement. t puis elle n'avait pas d'idées. n quoi pourrait&elle pourrait&elle s'%abiller( n costume ré"ional( les mantilles de dentelle et les 3olis tabliers des insulaires devaient coJter fort c%er. n corsaire( c'était bon pour les "ar-ons. n quoi alors( n moulin à vent( n pastèque( n poisson rou"e( =. 9idal# assis à l'avant# à cKté du conducteur# se tourna à demi sur son siè"e et annon-a ! 5 ?ous arrivons à =anacor. Ses %abitants vivent d'un commerce très particulier... Save7&vous lequel( B +e la fabrication fabrication de fausses perles fines8 6 cria une voix de stentor.
$'était Laurent qui venait de parler. Il savait tout# lui8 Il ne pe perd rdai aitt pa pass un unee oc occa casi sion on de se rens rensei ei"n "ner er.. Il tira tirait it le maximum de sa croisière. $at%A éprouva de nouveau à son é"ard ce petit pincement de 3alousie qu'elle ne parvenait pas à étouffer. 5 II a raison de se rensei"ner# se for-a&t&elle à penser# et ce n'est pas lui qui a tric%é. e ne veux pas croire que ce soit lui8 6 Cn roula encore quelques @ilomètres# puis la mer apparut et le car vert s'arrta au petit port de Dorto $risto d'oF l'on se rend à pied aux "rottes du +ra"on. 5 +u +ra"on8 se dit $at%erine# cela pourrait faire un beau dé"uisement. 6 $ependant# le bal et les costumes# le concours et les points perdus# :nita :nita et son avenir# avenir# devaient tre vite oubliés. La visite des "rottes fut un véritable éblouissement ! effets de lumière sur ces parois étran"ement sculptées par les eaux eaux## stal stalac acti tite tess et stal stala" a"mi mite tess se co cont ntou ourn rnan antt en form formes es "racieuses# irréelles et transparentes... t tout à coup# une obsc ob scur urit itéé soud soudai aine ne## ab abso solu lue# e# op oppr pres essa sant nte# e# et là&b là&bas as un unee musique# une petite lueur qui paraGt# "randit ! une barque c%ar c% ar""ée de music usicie iens ns "lis "lisse se sur sur les les eaux eaux no noir ires es d'un d'un lac lac souterrain. La notion du réel s'estompe. Cn croit rver... un bateau s'offre s'offre aux visiteurs... Cn monte à bord et on se sent emporté sans bruit et sans %eurt dans un monde étran"e oF la lumière n'est pas celle du soleil# ni les murs l'Euvre des %ommes et oF# à l'inverse de toutes les %abitudes terrestres# on flotte sur un sol liquide# sous un ciel solide. Muand# deux %eures plus tard# les concurrents de >adio& Lutè Lutèce ce retr retrou ouvè vère rent nt les les %o %ori ri7o 7ons ns plus plus fami famili lier erss d'un d'unee mer mer bleue battant les pieds d'une %aute falaise sous la lumière crue du soleil à son 7énit%# ils cli"naient des Aeux comme des oiseaux de nuit débouc%ant au "rand 3our# et ne savaient vraiment plus oF ils en étaient. =. 9idal le leur 0
rappela bien vite ! 5 : table8 cria&t&il. ?ous avons besoin de nous restaurer après cette expédition8 6 II n'A avait pas de table# car on pique&niquait dans l'ombre d'un bouquet de c%nes&liè"es# mais l'appétit ne faisait défaut à personne. Le repas commen-a commen-a dans le plus "rand silence puis# peu à peu# c%acun retrouva sa lan"ue et les propos les plus divers s'éc%an"eaient "aiement lorsque# tout à coup# la voix d':lain# pure et per-ante# s'éleva ! 5 e remarque que le tric%eur ne s'est pas encore dénoncé 6# disait&elle. Nn iceber" se serait avancé sous les c%nes&liè"es qu'il n'aurait pu se produire un plus "rand froid. 5 C%8 ne parlons pas de -a8... 6 commen-a ?at%alie# "née# mais des protestations diverses l'interrompirent l'interrompirent ! 5 $ela fera quarante&%uit %eures ce soir... Muel délai lui a&t&on donné( $ela a asse7 duré... 6 Cn entendit mme =ic%èle dire de sa voix paisible ! 5 Dourquoi n'est&il pas encore disqualifié( 6 =. 9idal intervint. 5 Les c%oses ne sont pas si simples# =ic%èle# dit&il. Le cas est complexe# beaucoup plus que vous ne le croAe7. ?on8 pas de questions# questions# 3e ne pourrai pourrai pas vous répondre. répondre. 2% Cn voudrait bien savoir# pourtant8 B 2% B e vous ai dit que 3e ne sévirai qu'à la dernière limite# 3e maintiens ce que 3'ai dit. t d'autant plus que# la décision finale dépendant des or"anisateurs du concours et non de moi# 3e leur ai demandé demandé leur avis... avis... B t alors( B Ils m'ont autorisé à ne pas prendre de sanction immédiate si 3'estimais que la disqualification du coupable risquait de nuire aux autres concurrents. B $omment cela( cela( se récrièrent récrièrent dix voix surprises. surprises.
B 9o 9ous leur ave7 télép%oné( 6 demanda la petite Sop%ie# au comble de l'étonnement. ean&$laude# son voisin# la fit taire ! 5 Cn ne télép%one pas d'un bateau# bateau# idiote 8 dit&il# dit&il# on communique communique par radio. radio. 6 =. 9idal ne releva ni cette question ni cette réponse. 5 :ve7&vous pensé# poursuivit&il# combien la présence parmi nous d'un concurrent concurrent qui se saurait disqualifié serait intenable( ?on seulement il B ou elle B ne s'intéresserait évidemment plus aux épreuves# mais# qui sait si# ai"ri par sa déception et %umilié par le mépris des autres# il ne c%erc%erait pas à se ven"er ven"er en rendant rendant la vie impossible impossible à ses camarades( camarades( B Les or"anisateurs ne vous ont pas conseillé de le 3eter à l'eau( 6 lan-a une voix "o"uenarde# que $at%A crut reconnaGtre pour celle de Laurent.
5 Ils ne semblent pas A avoir pensé 6# fit =. 9idal sans sourire. Sop%ie poussa un cri d'%orreur# et le moniteur dut la rassurer avant de poursuivre ! 5 Le coupable croit sans doute %abile la confusion qu'il a créée réée...... Mu' u'il il le croie roie88 Mu Mu''il con onse serv rvee l'es l'esppoir que nou ouss n'oserons pas prendre de sanctions et que la trve actuelle deviendra définitive... e n'A vois aucun inconvénient# si cela doit nous permettre de terminer cette croisière en paix. B % bien# moi# 3'en vois8 s'exclama :lain. Il est odieux de penser qu'une personne qui ne le mérite pas profite autant que nous de toutes les bonnes c%oses qui nous sont offertes. La visite de la "rotte# ce pique&nique# elle aurait dJ en tre privée. t -a va continuer8 +emain# elle se dé"uisera et dansera au bal. t c'est peut&tre moi qui la ferai danser. ^ut# alors8 B Il ou elle# la ou le# :lain8 :lain8 ?'accusons ?'accusons personne8 personne8 B $e n'est pas un "ar-on qui aurait tric%é8 riposta :lain avec vé%émence. B Das une fille non plus# s'exclamèrent s'exclamèrent ensemble six voix féminines c%ar"ées d'un mme courroux. B Silence8 cria =. 9idal. 9idal. 9ous n'alle7 pas vous c%amailler8 Il est des cas oF aucune solution immédiate n'est possible. $elui&là en est un. SoAe7 asse7 raisonnable pour l'admettre comme 3e l'admets moi&mme. : mon "rand re"ret# croAe7&le bien8 6 Muel Mu elqu ques es murm murmur ures es da dans ns l'au l'audi dito toir iree prou prouvè vère rent nt à =. 9idal que l'effet c%erc%é n'était pas encore obtenu. Il reprit sur un tout autre ton ! 5 Si 3'ai bonne mémoire le commandant de La Bédouine II vous a appelés un 3our 5 l'élite de la 3eunesse fran-aise 6. :u3ourd'%ui encore# 3e ne crois pas qu'il se soit trompé. 6
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Le silence qui# cette fois# salua sa p%rase fut une éclatante démonstration de l'effet que peut produire la surprise. +ix bouc%es s'entrouvriren s'entrouvrirent#t# mais pas un son n'en sortit. 5 Muelqu'un parmi vous# reprit le moniteur# s'est fait le partisan de la bonne entente et du pardon. Si son sAstème était adopté par tous# il n'A aurait plus de problème. 6 Tous les re"ards se tournèrent vers $at%erine dont les 3oues s'empourprèren s'empourprèrent.t. 5 Mui vous a dit cela( 6 murmura&t&elle au comble de la confusion. =. 9idal ne répondit pas. :lain "ro"na encore ! 5 :lors# il n'A a rien de c%an"é 8 6 =ais la ma3orité# avide surtout de ne rien perdre des 3oies de la croisière# ne le suivait plus. 5 Tu as remporté la victoire 8 murmura ?at%alie à l'oreille de son amie. B $e n'est pas une vraie victoire 6# riposta $at%erine# et elle avait raison. ?at%alie ne ne devait pas tarder tarder à s'en apercevoir apercevoir.. *
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Santa ulalia del >io# l'un des quatre ports de l'Gle d'Ibi7a# est un c%armant villa"e aux maisons blanc%es cac%ées sous la verd ve rdur ure. e. 9ers l'é" l'é"li lise se## 3adi 3adiss fort fortif ifié iéee pa parr les les =aur =aures es## de dess fem femmes mon onta taie ient nt à trav traver erss les les pier pierra rail ille less et les les cact cactus us.. ;eaucoup d'entre elles portaient le costume de l'Gle ! lon"ue et lar" lar"ee 3upe 3upe## tabl tablie ierr ba bari riol olé# é# "ran "randd c% c%Pl Plee bo bord rdéé de fran fran"e "es# s# boucles et pendants d'oreilles finement ciselés# et sous la mantille de dentelle noire dépassait tou3ours par derrière la tresse sombre des c%eveux sévèrement nattés et noués par un ruban de couleur vive. 5 Si seulement 3e n'avais pas les c%eveux coupés8 6 L: $>CISIX> $>CISIX> + $:TO>I? $:TO>I? 1
se disait $at%erine# séduite par ces papillons lumineux voletant au milieu des dos. lle n'avait tou3ours aucune idée du dé"uisement qu'elle adop opte terrait ce soir soir&&là. =ais baste aste88 il lui lui fall fallaait d'ab aboord contempler toute cette beauté. +epuis six 3ours qu'elle était en croisière# elle avait tou3ours eu quelque souci en tte pour l'empc%er d'admirer en paix ces Gles aux aspects si divers. Oier soir# pendant que les autres faisaient leurs ac%ats dans les ma"asins de Dalma# elle était retournée voir :nita# et était revenue les mains vides et le cEur lé"er. La tante d':nita était vraiment "entille et il n'A avait aucune raison pour que la petite orp%eline orp%eline fJt mal%eureuse mal%eureuse auprès auprès d'elle. :u retour# $at%erine avait retrouvé ?at%alie submer"ée sous une marée de rouleaux de papier "aufré et de feuilles de carton. 5 $'est pour me travestir en sirène# avait&elle expliqué. Tu m'aideras à me fabriquer une queue# n'est&ce pas( 6 Duis c'avait été le tour de Sop%ie d'implorer son assistance. Doursuivant un but mAstérieux# la petite fille avait besoin de "uirlandes "uirlandes de fleurs qu'elle ne savait comment assem assemble blerr. $at%e $at%erin rine# e# tout tout au aussi ssi i"nora i"norante nte qu qu'el 'elle le de cette cette tec%nique# avait promis son aide. +e très bonne %eure# le matin# sur le pont de La Bédouine II, à l'ancre pour vin"t&quatre %eures dans la rade de Santa ula ulali lia# a# elle elle s'ét s'étai aitt ex exer ercé céee à mle mlerr les les fleu fleurs rs mau auve vess du cPpr cPprie ierr au feui feuill lla" a"ee lé"e lé"err du mimo mimosa sa.. +ist +istra rait itee à c% c%aq aque ue instant par la pétarade des petits bateaux qui s'en allaient relever les piè"es à lan"oustes ou cueillir les oursins# elle brJlait d'impatience d'impatience de descendre à terre# de prendre part à toute cette vie de l'Gle# "rouillante et colorée# qu'elle n'avait qu'u qu 'une ne 3our 3ourné néee po pour ur ap appr proc oc%e %err. Les Les mais maison onss au auxx fa-a fa-ade dess blanc%es# les petits petits c%emins c%emins tortueux# les bouquets bouquets
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de lauriers&rosés lui faisaient si"ne de loin# semblaient l'appeler... +emain à cette %eure# le bateau# aAant quitté le port# vo"uerait vers d'autres Gles# puis# cap au nord# remonterait remonterait vers =a3orque et ;arcelone. Dlus que quatre 3ours de croisière...8 $ette pensée avait décidé $at%erine à abandonner Sop%ie et ses fleurs. +ébarquée avec un flot de passa"ers# elle avait erré seule à l'aventure# toute à la simple 3oie de vivre# %eureuse... t voici que ?at%alie venait de sur"ir au détour d'un c%emin. lle avait l'air "rave. 5 CF te cac%es&tu depuis ce matin( lui demanda&t&elle. e te c%erc%e partout. Il faut que 3e te parle8 & =oi aussi# fit $at%erine. Tout est trop beau# 3e ne peux pas le "arder pour moi8 Tu crois que c'est une ferme# -a( e n'ai 3amais rvé d'tre fermière# mais pour vivre là&
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dedans tou3ours# 3e trairais les vac%es avec plaisir ma vie durant. Das toi( B =oi# riposta ?at%alie# 3e ne me perds pas en rves sau"renus# 3e pense au concours...# concours...# et à toi8 toi8 B $'est bien "entil# mais# dis&moi ! cet arbuste rou"e# à ton avis# ce sont des fleurs ou des feuilles( B e n'en sais rien et 3e m'en moque. Rcoute&moi8 Rcoute&moi8 'ai parlé à :lain et 3'ai compris compris pourquoi il est si fort en colère. colère. B :%8 oui# oui# pourquoi( pourquoi( 6 $at%erine avait lancé sa question d'un ton parfaitement indifférent. lle admirait un c%armant attela"e tiré par un petit Pne "ris# 3oli comme un 3ou3ou. 5 II est persuadé que c'est toi qui as tric%é8 6 riposta ?at%alie. t cette cette fois $at%A sursauta sursauta ! 5 =oi( pourquoi( demanda&t&elle outrée. B C%8 ne te fPc%e pas8 Son raisonnement raisonnement est lo"ique ! Mui a pu remettre un coquilla"e n'aAant pas été ramassé sur la pla"e( Muelqu'un qui a quitté la pla"e entre le moment oF les enveloppes ont été distribuées et celui oF les coquilla"es ont été remis. Cr# tu es la seule qui se soit absentée 8 B $'est vrai8 dut admettre admettre $at%erine. $at%erine. B t il est vrai aussi# continua ?at%alie ?at%alie implacable# que# depuis# tu es la seule à avoir pris la défense du coupable. 5 Dour qu'elle se démène comme elle le fait# c'est louc%e 6# m'a dit dit :la :lain in.. =ais =ais 3e 3e dois dois rec recon onna naGt Gtre re qu' qu'il il a a3o a3out utéé ! 5 a m'étonne d'elle. lle avait l'air d'une brave fille8 6 B $'est c%armant8 c%armant8 6 s'exclama $at%A# $at%A# si dépitée qu'elle n'accorda mme pas un re"ard au petit Pne qui la frKlait au passa"e. 5 t il A en a beaucoup beaucoup qui pensent pensent comme lui( lui( B $'est ce que 3'ai essaAé de savoir# fit ?at%alie. 'ai fait mon enqu enqute. te. ''9 ''9ooici les résultats résultats ! :lain :lain a conv converti erti ce bent de ean&$laude ean&$laude qui qui prend tout ce ce qu'il dit pour pour
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parole d'van"ile. d'van"ile. Laurent ne se prononce pas# mais il a un drKle de sourire quand on parle de toi. :ntoinette et =ic%èle semblent asse7 disposées à adopter la t%éorie d':lain. lles ne t'aiment pas beaucoup# et te reproc%ent d'avoir fait trop de mousse avec :nita. B +e mieux en mieux8 mieux8 t les autres( autres( $ontinue8 B =arc et Sop%ie acceptent d'avance toutes les mesures de mansuétude que tu voudras prendre. Tu les as convaincus# et puis... ce sont les plus 3eunes. Ils n'ont 3amais envisa"é la possibilité de "a"ner "a"ner le concours. concours. B Darfait8 murmura $at%A ironique. $'est tout ce que tu as à m'offrir comme alliés combatifs( B Cui# avec moi# si tu le permets. :%8 3'oubliais de te parler de $écile. $écile. lle m'étonne. m'étonne. B Dourquoi( B :vec sa bouc%e pincée# son ne7 d'oiseau et son caractère pointu# elle devrait tre intransi"eante. Cr elle ne l'est pas. & $omme c'est domma"e8 Mu'est&ce qu'elle est( & ?eutre. ?eutre. $omme $omme moi# moi# elle préfére préférerait rait ne pas pas avoir avoir à se mler de cette %istoire. 6 $at%erine se mit à rire. 5 e te remercie d'autant plus de t'tre livrée à cette petite enqute# dit&elle. lle est fort instructive8 6 Le re"ard de $at%erine s'arrta une dernière fois sur la ferm erme pour l'am l'amoour de laq aquuelle elle elle lle se ser serait ait volon olonti tier erss condamnée à traire les vac%es sa vie durant. lle %aussa les épaules et se détourna. 5 :llons# viens# dit&elle à ?at%alie. Il doit tre l'%eure du dé3euner et il est défendu d'tre en retard. 6 Le soleil flamboAait à son 7énit%# mais# sur la route du retour# il sembla à $at%A que sa clarté n'était plus la mme.
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CHAPITRE *III
BAL COSTU
rade de Santa ulalia del >io La Bédouine II, pavoisée de "uirlandes "uirlandes flottantes d'oF pendent d'innombrables pavillons multicolores# se balance mollement sur ses ancres. +ans la nuit tombante des pro3ecteurs éclairent le pont# pont# tous les %ublot %ublotss sont des ronds ronds de lumièr lumière. e. $'est un spectacl spectaclee ma"nifiqu ma"nifique. e. Sur le quai# les %abita %abitants nts du petit port port se pressent en foule pour admirer le navire en fte. Ici# le 1* 3uillets n'est qu'un 3our comme les autres# mais l'on sait bien qu'il n'en est pas de mme pour ces ,ran-ais
en croisière# et tous les "amins de Santa ulalia contemplent avec des Aeux d'envie le "rand navire blanc dont les flancs recèlent tant de merveilles qui leur sont à 3amais interdites 8 Dourtant# s'ils pouvaient 3eter un coup d'Eil dans les cabines occupées par les concurrents de >adio&Lutèce# ils n'A verraient qu'un indescriptible désordre ! vtements# papiers# tissus# fleurs 3onc%ent le sol et les meubles. Cn se bouscule# on se précipite# on s'énerve# on crie. +ans celles des "ar-ons# on entend ! 5 CF est mon sabre d'aborda"e( :s&tu de la ficelle( st&ce que 3'A vais pieds nus# ou est&ce que 3e "arde mes espadrilles( 6 t dans celles des filles ! 5 C%8 la 8 la8 cette couronne8 Mui a des épin"les( e vais perdre ma 3upe# 3e le sens8 e ne serai 3amais prte8 CF est mon éventail( 6 +ans les cabines des autres passa"ers# l'a"itation n'est "uère moindre. $eux&là ont# pour la plupart# apporté de Daris de beaux travestis qu'ils n'ont qu'à enfiler. =ais cela n'em n'emp pc% c%ee pa pass les les Dier Dierro rots ts d'av d'avoi oirr de dess dé dém mlé léss av avec ec leur leur collerette# les marquises avec leur coiffure# les nè"res avec leur leur co coll llan antt no noir ir.. =ais =ais tout tout fini finitt pa parr s'ar s'arra ran" n"er er.. >o >ou" u"es es d'excitation d'excitation ou blancs de poudre# les visa"es disparaissent sous des loups de velours# de dentelle ou de carton# et après un dernier re"ard en direction de la "lace# ce peuple disparate se répand dans les coursives# enva%it les salons# encombre le pont. +es flots de musique les accueillent. accueillent. Il A a un pic@&up et il A a un orc%estre ré"ional ! 3eunes "ens bruns# aux Aeux de velours# dont les sombreros pendent né"li"emment sur l'épaule et dont les bras musclés se dissimulent sous d'amples manc%es de soie blanc%e. $at%erine n'a 3amais rien vu de pareil. $'est comme si l'on était soudain plon"é dans cette vie de "rand luxe dont c%acun a entendu parler sans A croire vraiment ! vie de
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rve oF on dép épeense nse l'ar 'ar"ent à flot flotss pour se vtir tir et s'a s'amuser ser. $' $'es estt ric% c%ee8 $'est 'est lux luxueu euxx8 $'est 'est som somptue tueux ux88 $at%erine en oublie qu'il n'A a là que les passa"ers qu'elle cKtoie c%aque 3our# qu'elle surprenait la veille encore parlant du prix de la viande ou de la difficulté de trouver un lo"ement. $e sont les mmes# mais tous leurs soucis se sont envolés... Ils ne sont plus que 3oie# fte# envie de danser. Ils se pavanent# ils dansent# ils rient# et leur allé"resse conta"ieuse se répand alent lentou ourr. $at $at%erine rine en est comme impr impré" é"nnée. lle lle s'A s'A abandonne avec délices. usqu'alors son dé"uisement# trop simple# la "nait# mais maintenant# tant pis8 +'ailleurs ?at%alie lui a dit qu'il était bien# très bien8 Sa voix était sincère# avec une nuance d'étonnement qui confirmait sa sincérité. L'idée en était venue à $at%A le matin mme en rentrant dans sa cabine. +es serviettes&épon"es toutes propres étaient posées sur le lavabo# deux par passa"er# et elles étaient épaisses# souples# "randes. Muel costume peut&on évoquer avec des serviettes&épon"es( Toc 8 l'idée avait 3ailli ! 5 La Bédouine 34 Nn emprunt massif de serviettes parmi les camarades surpris# quelques coutures rapidement faufilées et le costume était prt ! lon"ue 3upe froncée à la taille# corsa"e retenu aux épaules et sur les bras par quelques points# voile couvrant la tte 3usqu'aux Aeux# mouc%oir cac%ant le bas du visa"e# mme pas besoin de masque8 Les détails avaient été plus lon"s à mettre au point ! son éc%arpe de mousseline vert 3ade faisait une ceinture trop courte# il avait fallu en a3outer une autre ! celle d':ntoinette# d'un bleu dur# avait fait l'affaire. $omme bi3oux# elle n'avait que les bracelets ac%etés à =inorque pour maman# mais ils avaient l'air bien arabes. t puis avec des allumettes collées sur du papier doré# $at%erine avait tracé un "rand II qu'elle portait en
8 La be##e 8erbre accete-t-e##e !e !a&'er a2ec Ha&&iba#/ :
pendentifB pendentifB La Bédouine II. L'Pme mme de la croisière8 Dourvu que personne d'autre n'ait pensé à c%oisir ce travesti. n dernière minute# $at%erine avait a3outé à cet attirail un suprme raffinement ! un 3us d'aquarelle sépia sur ses bras et ses pieds nus. $ela avait failli la mettre en retard# mais c'était beaucoup mieux8 lle débouc%ait débouc%ait alors que la fte battait son plein. lle n'avait plus le temps de son"er à son costume. Il lui fallait danser... :vec qui( Nn >omain# superbe mal"ré sa petite taille# s'avan-ait vers elle. Nn concurrent à n'en pas douter# mais lequel( Le plus "rand secret avait été "ardé sur les costumes c%oisis. Le >o >om main ain s'i s'inc ncli linna dev evaant $at% $at%er erin inee ! 5 La be bell llee ;erbère accepte&t&elle de danser avec Oannibal( 6 :Ue 8 $e >omain était donc un $art%a"inois 8 Oannibal lui&mme# dont la lé"ende situe la naissance à Ibi7a# l'Gle devant laquelle avait lieu le bal. $ette reconstitution présomptueuse# présomptueuse# seul Laurent avait pu A son"er. son"er. t ce $art%a"inois $art%a"inois avait bien sa taille et sa voix. Dour n'tre pas reconnue# $at%A ne répondit que par une simple inclinaison de tte. Cuvrir le bal en dansant avec Laurent# n'était&ce pas amusant( Ils firent quelques pas et puis Oannibal s'immobilisa ! 5 e crois que nous avons tort de danser avant de passer devant le 3urA# 3e sens quelque c%ose qui me craque dans le dos. B C%8 3e vais vous arran"er -a8 s'écria $at%erine# 3'ai des épin"les. 6 Laurent reconnut sa voix. 5 $omment8 c'est toi# $at%erine( 'aurais 3uré que c'était $écile. B a t'ennuie( t'ennuie( B a m'est é"al# répondit répondit Laurent Laurent asse7 bourru. bourru. =ais
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il faut que 3e parle à $écile. Sais&tu oF elle est( : quoi elle ressemble( B Das du tout8 =ais =ais ne bou"e pas# pas# 3e vais te piquer. piquer. B ,ais vite# 3e t'en prie# il faut que 3e la retrouve. 6 $'était la première fois que $at%erine# depuis qu'elle avait décidé de ne pas soup-onner Laurent# trouvait une occasion de lui rendre service. lle voulait en profiter pour lui faire comprendre toutes ses bonnes intentions à son é"ard. Deine perdue8 Laurent lui "lissa entre les doi"ts# se faufila parmi les "roupes# "roupes# disparut. disparut. +ans tout ce bariola"e de costumes# de couleurs# d'époques et d'inventions diverses# il n'était pas facile de retrouver une $écile dont on i"norait le dé"uisement. Darmi les passa"ers# il A avait d'autres enfants. Nne Sicilienne trompa $at%A qui s'excusa# très "née# tandis que la fillette éclatait de rire# ravie de sa méprise. ,inalement $at%A ne retrouva ses camarades# sans risque d'erreur# que devant la porte du salon oF devait se tenir le 3urA. Il n'ét n'étai aitt plus plus diff diffic icil ilee alor alors# s# po pour ur elle elle## de reco reconn nnaG aGtr tree c%acun d'eux ! elle avait dé3à vu le costume de ?at%alie# sirène ornée d'al"ues et de coquilla"es# qui aurait été belle si les écailles de sa queue n'avaient été aussi visiblement taillées dans un papier "aufré rebelle à l'élément liquide. =al"ré son masque# la petite Sop%ie n'était pas difficile à identifier "rPce à ses fameuses "uirlandes de fleurs et de palmes qui# maint ainten enan ant# t# disp dispos osée éess sur sur sa rob robe bleu bleue# e# év évoq oqua uaie ient nt les les ;aléares sur leur fond de ciel et de mer. $es deux 3eunes filles en costume du paAs# se tenant par la main# l'une "rosse# l'autre mai"r ai"re# e# ne po pouv uvai aien entt tre tre qu qu': ':nt ntoi oine nett ttee et =ic% =ic%èl èle. e. La dernière# c'était forcément $écile. Son accoutrement laissa un instant $at%A perplexe. Mue si"nifiait cette lon"ue robe de "rosse toile# ornée dans le bas d'un rassemblement de %uttes cernées par une rivière( 141
t cette coiffure étran"e# sorte de casque d'oF émer"eaient des antennes( 5 >adio&Lutèce 8 lui souffla ?at%alie. B C%8 fameux8 6 s'écria $at%erine# et elle s'élan-a vers $écile pour lui dire ! 5 Tu es sJre d'avoir le premier prix8 :s&tu vu Laurent( Il te c%erc%ait. B e ne tiens pas à le voir# riposta riposta $écile. C%8 le voilà qui arrive. >este avec moi# il n'osera plus me parler. Ton costume est très 3oli# qu'est&ce que c'est( 6 $at%A n'eut pas le temps de répondre. La porte du salon s'ouvrait. =. 9idal parut. 5 ntre7 6# dit&il# et les concurrents se bousculèrent dans la pièce# avides de voir quel 3urA allait leur décerner les prix. =ais il ne suffisait pas de voir ces "ens pour savoir qui ils étaient. +es quatre personnes assises là# derrière une impressionnante table recouverte
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d'un tapis c%amarré# seul était reconnaissable le commandant vtu de sa tenue de tous les 3ours. Les autres# recrutés parmi parmi les passa"ers# étaient costumés et masqués ! il A avait une $armen# ravissante sous sa mantille de dentelle noire soutenue par un "rand pei"ne# mordillant un peu nerveusement une fleur de "renadier# et une lan"oureuse Oindoue# drapée de satin vert pPle orné de "alon d'or. $es deux&là n'avaient rien que de rassurant. =ais tout au bout de la table se tenait un troisième masque# et celui&là donnait le frisson. $'était une sorte de moine noir# la tte couverte d'une ca"oule# oF deux trous ronds laissaient apercevoir l'éclair d'un re"ard d'acier. 5 ?'aAe7 crainte# dit le commandant. $e monsieur n'est pas aussi terrible qu'il en a l'air. l'air. Il n'avait pas d'autre costume# et s'en excuse. :vance78 Les filles# d'abord. 6 L'une après l'autre# c%acune des concurrentes ex%iba son costu stume et dé décclin lina son son tit titre. re. L'sp 'spa" a"nnole et l'Oi l'Oinndoue souriaient# éc%an"eaient des propos à voix basse avec =. 9idal. Impossible de deviner leur opinion# tous les travestis semblaient leur plaire é"alement. Seul le moine ne disait rien. 5 :ux "ar-ons# maintenant8 6 ?ouveaux c%uc%otements c%uc%otements et mme silence du moine# tandis que les "ar-ons défilaient. Oannibal s'avan-a le premier# bientKt suivi par un pc%eur méditerranéen méditerranéen inidentifiable# puis par un c%armant c%armant petit bandit corse qui ne pouvait tre que =arc. Le quatrième "ar-on était un corsaire# d'un réalisme farouc%e ! vtements maculés et déc%irés# ceinture c%ar"ée d'armes# poitrine tatouée# sabre d'aborda"e en main. n le voAant "esticuler comme un démon# l'Oindoue réprima un frisson# et fit mine de se serrer contre le commandant pour lui demander protection. Le défilé terminé# =. 9idal se leva. 5 =aintenant# dit&il#
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nous vous avons asse7 vus. :lle7 danser pendant que nous délibérons. Muand notre décision sera prise# nous vous rappellerons par %aut&parleur. B Il A a un buffet# buffet# a3outa le commandant. commandant. Drofite7&en. 6 t à ce moment une voix s'éleva# si profonde qu'elle semblait sortir des entrailles mmes de la terre ! 5 ?e buve7 pas trop de $%ampa"ne8 6 Le moine venait enfin de parler. * *
*
La musiq sique# les les rir rires# es# les les confe nfetti tti et les les ser serpen enti tins ns assaillirent les concurrents dès qu'ils eurent quitté la salle du 3urA. 3urA. 5 Mui vient au buffet( demanda :ntoinette. B =oi# 3e veux danser avec le corsaire8 6 s'écria s'écria $at%A. $at%A. =ais le corsaire recula d'un pas ! 5 e ne veux pas danser avec toi8 6 $'ét $' étai aitt :lain lain.. $o $omm mmen entt ne l'av l'avai ait& t&el elle le pa pass de devi viné né(( $omme il était stupide de "arder ses rancEurs au milieu de cette fte8 $at%erine %aussa les épaules et souleva son voile pour lui tirer la lan"ue avec une effronterie effronterie plus di"ne d'une Darisienne que d'une noble ;édouine. 5 :lors 3e danse avec le bandit corse8 6 s'écria&t&elle. t quoiqu'elle eJt une tte de plus que =arc et que celui&ci ne sJt pas danser# danser# elle s'amusa avec lui comme comme une folle pendant tout un paso doble. Duis elle passa de ses bras dans ceux d'un étran"e =artien qui la complimenta sur sa toilette# et# de là# dans ceux d'un flibustier bor"ne en qui elle crut bien reconnaGtre =. >oosen. 5 $'est étran"e8 3'aurais 3uré que c'était lui le moine 6# se dit&elle. lle l'interro"ea# et le flibustier répondit à toutes ses questions d'une fa-on si mAstérieuse qu'elle n'était plus
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sJre de rien. Lorsque la danse s'ac%eva# il l'entraGna vers le buffet. :ntoinette A était encore. 5 $omment( tu danses avec des passa"ers que tu ne conn nnaais pas( as( lui lui sou souffla cell cellee&ci &ci à l'o 'orreil eille# le# d'un unee vo voix ix scandalisée. B Il le faut bien8 riposta $at%A. $at%A. ?ous sommes six filles et il n'A a que quatre "ar-ons 8 6 lle n'a3outa pas que l'un avait refusé de danser avec elle et que l'autre l'avait quittée fort incivilement pour retrouver $écile. Tout cela ne comptait plus. Nn bal comme celui&ci# elle n'en reverrait sans doute 3amais un autre dans sa vie. lle n'avait pas asse7 d'Aeux pour tout voir# d'oreilles pour tout entendre. Mue c%antait le c%Eur baléar en ce moment( Mue contenaient ces bouteilles aux étiquettes inconnues( Mue renfermaient ces sandic%es et ces fruits dé"uisés( Mue représentait ce c%armant couple romantique( 5 $'est eor"e Sand et $%opin# lui répondit son flibustier. Leur passa"e à =a3orque A a laissé un ineffa-able souvenir... 9oule7&vous une "lace( " lace( 6 $at%erine avoua qu'elle préférait une oran"eade et son cavalier lui en rapporta un verre# au bout de son bras levé émer"eant au&dessus des ttes. 5 Muelle adresse8 6 admira $at%erine. Il sourit ! 5 La démonstration aurait été moins brillante# dit&il# si la mer n'était aussi calme. B $'est la seule c%ose qui le soit# avoua $at%erine. e n'aurais 3amais pensé que la vie pJt tre si mouvementée au cours d'une croisière. 6 Le flibustier la re"arda d'un air bi7arre et dit. 5 lle n'est pas encore finie8 6 $at%erine but encore# dansa encore# se débattit encore à travers des flots de serpentins. :ucun %aut&parleur n'appelait les concurrents qu'elle ne voAait plus nulle part. Deut&tre n'avait&elle n'avait&elle pas entendu le si"nal. Mu'importait après 14/
8 Ce't :e%re Sa&! et Ch%i& : #$i r%&!it '%& )#ib$'tier .
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tout8 Ses serviettes&épon"es lui avaient valu de nombreux nombreux danseurs# n'était&ce pas suffisant( lle venait de remonter sur le pont supérieur après une valse avec un sans&culotte 3ovial# et admirait la profondeur de la nuit étoilée sur les flots noirs# lorsqu'une voix de stentor retentit à son oreille ! 5 Cn demande les concurrents de >adio&Lutèce >adio&Lutèc e 8 6 $'était le %aut&parleur8 nfin8 Ils en avaient mis du temps à délibérer# les cinq membres du 3urA8 $at%A descendit en coura urant. nt. Ses voile oiless ne tenaie aient plus plus très rès bien ien# mais son son costume était encore pimpant comparé à celui de certains autres ! la queue de la sirène avait subi des avaries "ravesH la cuirasse d'Oannibal ne valait "uère mieux Les dix concurrents s'ali"nèrent devant la table du 3urA. +es curieux se "lissèrent derrière eux dans la pièce. Il n'A avait plus de barrières# de respect# de secret. La 3oie du bal s'en"ouffrait par la porte ouverte# déferlait autour des 3u"es qui# seuls# conservaient la mine "rave de "ens procédant à une beso"ne sérieuse. sérieuse. =. 9idal se leva et son complet veston paraissait ridicule dans cette mascarade. Il toussota pour s'éclaircir la voix et dit d'un air solennel ! 5 :près une lon"ue délibération# le 3urA n'a pu décider à qui il remettrait le premier premier prix... Il A a donc deux premiers prix prix ex aequo ! >adio&Lutèce >adio&Lutèce et... 6 $ris et applaudissements lui coupèrent la parole. Tous ces nouveaux venus ne c%erc%aient qu'une occasion de continuer à s'amuser. $écile fut entourée# %issée dans les airs# asper"ée de conf co nfet etti ti## en enla lacé céee de serp serpen enti tins ns.. Les Les brav bravos os et les les %o %our urra rass étaient tels que l'on voAait sans l'entendre le poin" de =. 9idal %eurter la table pour réclamer le silence. Il ne l'obtint pas# et lan-a vers le commandant un re"ard de détresse. $elui&ci lui répondit d'un sourire# se leva# et d'une voix de stentor# d'une voix que l'on devinait 140
%abituée à dominer le fracas des temptes# il %urla ! 5 ... t la ;édouine II 86 $at%erine ne comprit pas tout de suite pourquoi il criait si fort le nom de son bateau# puis brusquement un flot de 3oie l'inonda ! la ;édouine II# mais c'était elle8 lle était "a"nante de l'épreuve8 premier prix ex aequo8 Soulevée par des bras inconnus# elle se tenait maintenant comme $écile# dressée au&dessus de la foule# dans un équilibre instable qui s'alliait bien à sa "riserie. : l'abri du tissu qui masquait le bas de son visa"e# elle sentait sa bouc%e se fendre dans un immense sourire de triomp%e 8 t ce fut alors que le drame éclata. :"ile comme un sin"e# :lain le corsaire avait escaladé la table du 3urA. Ses pieds nus# oF l'on ne sait quel produit étran"e avait tracé des coulées san"lantes# en martelaient le bois dans un accès de ra"e# et sa voix lancinante# lancinante# %ar"neuse# %ar"neuse# répétait inlassablement ! 5 $e n'est pas 3uste8 $e n'est pas 3uste8 e ne veux veux pas8 6 $e silence que =. 9idal avait vainement réclamé# il l'obtint sans coup férir. Nn silence fait de surprise et de "ne# un silence pénible au milieu duquel $at%erine se sentit reposée à terre# peut&tre mme plus bas que terre... Son sourire fi"é distendait encore ses lèvres# mais un tremblement stupide se mit à a"iter sa mPc%oire inférieure. =. 9idal avait saisi :lain par le bras et c%erc%ait à le repousser. 5 +escends de là# voAons8 Tu n'as pas %onte8 Tu es à bout de nerfs8 9a te couc%er8 6 Ses paroles n'étaient qu'un c%uc%otement# mais dans ce soudain silence elles emplissaient toutes les oreilles. 5 ?on8 %urla :lain. ?on8 3e n'ai pas %onte# et 3e ne veux pas nie couc%er8 $'est $at%erine qui devrait devrait avoir %onte. lle a tric%é8 lle c%erc%e à se faire bien voir de tout le 14
8 Ce &e't a' 0$'te" Ce &e't a' 0$'te" ;e &e 2e$ a'" 14
monde# mais elle a tric%é8 lle ne mérite pas le premier prix. 6 >edressé de toute sa taille# les Aeux brillants sous les mèc%es éc%appées de son foulard rou"e# :lain avait# sous son dé"uisement farouc%e# un air de 3usticier asse7 impressionnant. La lumière du lustre tombait en plein sur sa poitrine lar"ement lar"ement découverte découverte par sa c%emise déc%irée# et la tte de mort qu'il A avait tatouée semblait ricaner. Nn éclair d'acier luisait# redoutable# sur la lame d'un coutelas passé à sa ceinture. 5 e n'ai pas tric%é# 3e le 3ure 8 6 aurait voulu crier $at% $at%er erin ine. e. =ais =ais elle elle ne le po pouv uvai aitt pa pas. s. L'in L'indi di"n "nat atio ionn lui lui coupait la parole. Indi"nation de se sentir in3ustement insultée en plein public# en plein triomp%e# triomp%e# mais plus encore# peut&tre# indi"nation indi"nation de voir ce "ar-on si sAmpat%ique# si loAal# se livrer à cet emp emporte ortem ment ridic idicuule. lle lle se déto étourna pour voir comment les assistants de cette scène A réa"issaient# mais son mouvement s'interrompit dès que son re"ard eut croisé celui de $écile# fixé sur elle avec une étran"e intensité. +errière +errière son masque noir# les pupilles dilatées de la lauréate ex aequo semblaient re"arder $at%erine sans la voir et quelque c%ose A brillait qui ressemblait ressemblait à de l'an"oisse. Duis ce re"ard se voila derr de rriè ière re les les pa paup upiè ière ress soud soudai aine neme ment nt ab abai aiss ssée ées# s# et $éci $écile le détourna la tte. 5 Mu'est&ce qu'elle a( 6 se demanda $at%A# mais tout tourbillonnait autour d'elle. Tout allait trop vite. Le moine s'était levé# =. 9idal aussi. Il criait à :lain ! 5 Laisse&nous tranquilles# et tais&toi. 6 La $arm $armen en et l'Oi l'Oind ndou oue# e# rev reven enue uess de leur leur surp surpri rise se## éc% c%aan"eaie aient des prop ropos précip écipit itéés. +es bruit ruitss de voix s'é s'élev levaien ient d' d'uun peu parto rtout. Le co com mmandan ant# t# deb eboout# ut# inte interp rpel ella lait it la foul foulee ! 5 =ess =essie ieur urs# s# mesda esdame mes. s..... 6# et de dess flonflons d'orc%estre s'en"ouffraient par la porte restée 114
ouverte# rappelant que# au&delà de ces quatre murs oF se déroulait cette scène stupide# il A avait le bal et des "ens qui dansaient. :u&delà mme# son"eait $at%erine# il A avait le calme de la "rande nuit sereine enveloppant La Bédouine II... $'est là qu'elle aurait voulu se réfu"ier# cac%er la rou"eur qu'elle sentait lui monter aux 3oues# oublier toutes ces sottises8 Il n'A avait donc pas moAen d'tre %eureux8 Dourquoi était&ce tou3ours l'in3ustice qui triomp%ait et 3amais le pardon( Les Les pa paro role less du comm omman anda dant nt## pa parr brib bribes es dé déco cous usue ues# s# attei"naient son oreille# et peut&tre pensait&il un peu comme $at%erine# lui# car ses propos étaient apaisants ! 5 ?ous nous excusons... Il est vrai qu'un des concurrents... nous aurions préféré que la c%ose ne soit pas rendue publique...# affirmons affirmons que le coupable n'est pas... une sanction sera prise... 6 Il A eut ensu nsuite ite des murmures apa pais iséés ! %u %um mili ilian ante te indul"ence d'adultes pardonnant à des enfants. Nne nouvelle bouffée bouffée de musique# et puis la voix de =. 9idal idal appela# "entiment "entiment ! 5 :llons# :llons# $at%erine# vene7. :lain va vous faire des excuses. t ce sera fini8 :pproc%e78 6 $at%e $at%erin rinee se ressa ressaisi isit.t. Il fallai fallaitt s'ava s'avance ncerr...# sourir sourire.. e...#.# sinon on ne comprendrait pas. Cn croirait qu'elle ne voulait pas pardonner. pardonner. Dauvre :lain :lain 8 lle fit un pas vers la table. t à ce moment un bras lui barra brutalement le passa"e et une voix cria ! 5 ?on 8 Laisse7&moi parler 8 6 $'était $écile. Nne $écile qui abaissait son masque et apparaissait toute pPle sous son casque rutilant. lle l'arrac%a aussi de sa tte comme si son poids l'avait écrasée# puis elle dit! 5 Tout -a# c'est des "rimaces. Tant que le vrai coupable ne se sera pas dénoncé# tout le monde croira que c'est $at%erine qui a tric%é8 6 Nn instant elle se tut. Nne salve d'applaudissements# d'applaudissements#
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saluant la fin d'une danse# 3aillit par la porte ouverte. Muel Mu elqu qu'u 'unn repo repous ussa sa sile silenc ncie ieus usem emen entt le ba batt ttan ant. t. Nn lour lourdd silence tomba. $écile reprit son souffle et murmura ! 5 % bien... 6 lle s'arrta encore. Son re"ard se posa vers sa droite# sur le "roupe des concurrents immobiles oF Oannibal# très pPle# se tenait entre une Sop%ie tremblante et une :ntoinette :ntoinette très rou"e. Duis# comme si leur vue lui avait donné du coura"e# elle reprit d'une voix ferme ! 5 $'est moi qui ai tric%é. 'ai remis un coquilla"e que 3e n'avais pas trouvé sur la pla"e. 6
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CHAPITRE I<
LA DERNIÈRE EN?ELO//E di5 photo#ra photo#raphie phiess i%-oint i%-ointes es ont été truquées truquées.. LS Identifie1 les monuments ou pa$sa#es qu*elles représentent représentent et indique1 quelles modifiations leur ont été apportées (une par photo#raphie). photo#raphie). Les réponses devront devront 6tre remises remises demain soir, soir, mard mardii 78 -uillet, au départ de 9alma. Cette épreuve épreuve est la inquième du onours. La suivante et dernière aura lieu 9aris, le -eudi 7: -uillet 7; h 78 dans les studios de 0adio% Lutèe. Les onurrents onurrents devront devront préparer préparer d*avane le reporta#e qu*ils feront devant le miro.
Tel était le texte que $at%A venait de découvrir dans l'enveloppe 3aune aper-ue à son réveil# émer"eant de sous 11)
son oreiller. =aintenant elle répandait les dix p%oto"rap%ies p%oto"rap%ies sur son drap pour mieux les examiner. examiner. Mue de belles c%oses à voir encore avant la fin de la croisière8 lle s'effor-a de les classer ! deux vues des cKtes prises de la mer B un petit port de pc%e B un moulin à vent dans un paAsa"e dénudé B des 3ardins en terrasse B des monuments. Tiens# celui&là elle le reconnaissait ! c'était l':lmudaina des rois de =a3orque# ce c%Pteau en face de la cat%édrale de Dalma# mais qu'A avait&on c%an"é( t ce lon" escalier bordé de cAprès# ne Davait&elle pas dé3à vu( t cette route qui s'encaissait entre des pans de roc%es( roc%es( 5 Tu trouves quelque c%ose# toi( lui demanda une voix émanant de la couc%ette supérieure. B Tiens8 Tiens8 tu es réveillée( réveillée( ;on3our# ;on3our# ?at%alie. ?at%alie. B ;on3our8 s&tu s&tu remise de tes tes émotions de cette cette nuit( B C%8 ne parle pas de -a8 e ne pouvais pouvais plus m'endorm m'endormir ir en pe pens nsan antt à cett cettee pa pauv uvre re $éci $écile le.. Se dé déno nonc ncer er publiquement publiquement comme elle l'a fait# ce n'est pas drKle# tu sais 8 lle en a eu du coura"e8 B =ais pourquoi pourquoi n'a&t&elle pas voulu que tu la remercies remercies ensuite( B lle a sa fierté# fierté# 3e la comprends8 comprends8 B t :lain8 :lain8 $e qu'il était drKle# quand il s'est trouvé trouvé tout bte# après après l'aveu de $écile. $écile. B C%8 asse7# ?at%alie# c'est fini tout -a8 Duisque $écile s'est dénoncée# elle ne sera pas disqualifiée. =. 9idal l'a promis. Il tiendra sa promesse et 3amais plus il ne sera question de cette vilaine affaire8 Cuf8 ?'empc%e...8 qui aurait cru que la tric%euse# c'était $écile( 6 +'un bond $at%A s'était levée# et avait écarté le rideau fermant le %ublot. Nn flot de lumière l'inonda. : peine creusée par une lé"ère %oule# la mer s'étendait 3usqu'à l'infini sous un ciel indiciblement bleu oF flottaient de 11*
petits nua"es ronds et btes. +e vrais nua"es pour illustrations d'albums d'enfants. 5 $'est si beau8 murmura $at%A. Ils sont si "entils ceux qui nous offrent cette croisière8 t voilà comment nous les rem remerci ercion onss ! en tric tric%a %ant nt## en no nous us soup soup-o -onn nnan ant# t# en no nous us querellant et finalement en pleurant et en déballant tout notre li"ne sale en public8 $'est du 3oli# ne trouves&tu pas( Oeureusement# il nous reste trois 3ours pour nous rac%eter# pour effacer effacer ce vilain vilain souvenir. souvenir. B t pour identifier ces dix p%oto"rap%ies# p%oto"rap%ies# ac%eva ?at%alie# pour préparer préparer notre discours à la radio# pour visiter Ibi7a# ,ermentera# ,ermentera# la $osta ;rava# ;arcelone... e n'en peux plus# moi8 3e voudrais avoir le droit de souffler# souffler# et tu viens encore me parler de reconnaissance# d'excuses et de pardons8 B e me tais# fit $at%A en riant. +ors si tu veux. =. 9idal a dit que nous pouvions rester au lit 3usqu'à midi si nous en avions envie. B =ais 3e n'en ai pas envie8 Il faut que 3'aille à terre# 3e suis sJre d'avoir aper-u %ier ce paAsa"e qui... B $%ut8 tais&toi8 =oi =oi aussi 3e l'ai vu8 vu8 6 $ett $ettee cinq cinqui uièm èmee ép épre reuv uvee se révé révéla la be beau auco coup up moin moinss difficile qu'elle ne l'avait paru au premier abord. n re"ardant les les p% p%ot oto" o"ra rap% p%ie iess en plei pleine ne lumi lumièr ère# e# on ap aper erce ceva vait it asse asse77 aisément les retouc%es qui A avaient été faites ! ici# ce palmier avait été a3outéH là# cette c%apelle avait été détourée et posée sur un décor qui n'était pas le sien. :illeurs# on avait dessiné ce rideau 5 bonne femme 6 derrière la fentre d'un palais# ou acco ccolé cett cettee nier nier fran an""ée d' d'éécu cum me au bas de ces 3ar 3ardins dins som somptue ptueuusem sement en entr tret eteenus. us. ;o ;onn nomb ombre d' d'eerreu rreurrs& se décou dé couvr vraie aient nt ainsi# ainsi# mais mais certai certaine ness demeurai demeuraient ent invisi invisible bles# s# énervantes énervantes à sou%ait. t de toute fa-on# il fallait reconnaGtre les lieux# fouiller du re"ard ces paAsa"es 11/
Ibi=a, #a caita#e !e #3#e.
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tou3ours nouveaux qui se découvraient à c%aque minute. $ar La Bédouine II avait repris sa route à midi. :dieu San Santa ula ulali liaa et ses ses maiso aisonns blan lanc%e %ess perdu rdues dan anss les lauriers&roses. :dieu sa rade oF l'on avait dansé# ri et... pleuré. :dieu son Dui" oF se dressait son é"lise mauresque étran"ement fortifiée. +'autres paAsa"es leur avaient succédé ! Ibi7a# la capitale de l'Gle# puis les Glots minuscules d'spardell et spalmador# qui ne sont que des roc%ers plats au ras des flots H plus "rande# ,ermentera# l'Gle du froment des >omains# oF au3ourd'%ui au3ourd'%ui les salines brillent# aveu"lantes aveu"lantes sous le soleilH et tout au sud# un dernier Glot# le Dic de 9edra# monta"ne abrupte plon"eant plon"eant dans la mer# oF l'on l'on peut# lorsqu'on passe asse7 près# près# voir bondir les c%èvres et entendre bourdonner les abeilles sauva"es. :u soir soir de cett cettee 3our 3ourné néee co coup upée ée de co cour urte tess esca escale les# s# rend rendue uess pé péni nibl bles es pa parr un sole soleil il de plom plomb# b# $at% $at%er erin inee n'en n'en pouvait plus d'écarquiller d'écarquiller les Aeux# d'admirer les villa"es et les cKtes# et le ciel oF montaient des nua"es# de tourner et de retourner en tous sens ses p%oto"rap%ies. 5 Nn demi&point par erreur trouvée# un demi&point par site reconnu 6# avait dit =. 9idal. Si elle parvenait à totaliser tous ces demi&points# peut&tre pourrait&elle# en les a3outant aux dix points "a"nés la veille# finir le concours à un ran" %onorable. t puis ne lui restait&il pas l'espoir# le merveilleux espoir# des cinquante points à "a"ner devant le micro8 $ette dernière épreu reuve po pouuvait ait faire aire bascu sculer ler tou toutes tes les c%a %annces. es. : la première émission elle avait eu peur de parler en public. Il lui semblait à présent qu'elle dominerait sans peine cette crainte puérile. lle n'était# ce 3our&là# 3our&là# qu'une petite sotte# émue d'tre promue au ran" de lauréate. Sur le quai de =arseille# encore# elle n'était qu'une enfant troublée à l'idée d'entreprendre ce lon" voAa"e seule parmi des inconnus. 110
=aintenant# =aintenant# il A avait autre c%ose. :utre c%ose qui n'avait pas de nom# mais qui se lisait dans les re"ards de ses camarades. 5 e voudrais que tu "a"nes le concours 8 lui avait dit :lain. $'est toi qui le mérites8 6 t# dans sa bouc%e# une telle affirmation avait une étran"e valeur. +'autres ne le disaient pas# mais semblaient le penser. $ert $ertai ains ns pa pass ssa" a"er erss mme mme sour souria iaie ient nt en la reco reconn nnai aiss ssan ant# t# d'autres lui avaient demandé si elle était contente de n'tre plus soup-onnée. Dlusieurs lui avaient parlé d':nita. 5 Tu es en train de devenir un personna"e8 lui affirma ?at%alie en riant. Tu Tu seras l'%éroUne l'%éroUne de la croisière8 B $'est vrai8 avait remarqué remarqué Sop%ie# Laurent lui& mme n'existe plus auprès de toi. e crois que les passa"ers se sont sont occup occupés és de no nous us## be beau auco coup up plus plus qu quee no nous us d'eu d'eux. x. Ils savent bien des c%oses qu'ils ne devraient pas savoir. :s&tu remarqué combien ils étaient "entils avec $écile( B Tant mieux8 avait riposté $at%A. $at%A. lle le mérite bien8 et 3e trouve... B Mu'est&ce que que tu trouves( 6 =ais $at%erine laissa la question sans réponse. Si les autres ne s'étaient aper-us de rien# tant mieux. : quoi bon les inquiéter( +epuis sa dénonciation# $écile avait l'air si misérable que $at%A n'avait pu se retenir d'en parler à =. 9idal. La réponse évasive qu'elle avait re-ue n'avait rien de rassurant ! 5 e suis content que cette affaire soit ré"lée pour vous# ma petite $at%erine# avait dit le moniteur# mais pour moi# elle est loin d'tre éclaircie... 6 Le commandant passa sur le pont devant le "roupe des fillettes immobiles# perdues dans la contemplation du couc%er de soleil ! impressionnantes 7ébrures d'or et de san" 3aillissant sous des éc%afauda"es de nua"es noirs. 11
5 Il A aura un ora"e cette nuit# annon-a&t&il# mais vous n'aure7 pas peur# n'est&ce pas( La Bédouine II ne craint ni la pluie ni le tonnerre. tonnerre. 6 Il sembla à $at%erine qu'il la re"ardait en disant cela. =ais pourquoi( Les ora"es ne lui avaient 3amais fait peur. t ce soir au contraire# il lui semblait qu'elle en sou%aitait un. Il faisait trop c%aud dans cette nuit d'encre qui montait sans apporter la moindre fraGc%eur# le moindre souffle d'air. =al"ré sa fati"ue# elle n'avait aucune envie de dormir# aucune envie d'aller s'enfermer dans une cabine étouffante. Das avant d'avoir parlé à $écile du moins... =ais $écile n'était plus sur le pont. $omme elle l'avait fait tout au lon" de cette 3ournée# elle fuAait ses camarades# et $at%erine plus encore que les autres. * *
*
Dendant la nuit les étoiles ne brillèrent pas# des éclairs déc%irèrent l'obscurité# le tonnerre "ronda# de courtes va"ues se %érissèrent sous la coque de La Bédouine II, mais celle&ci fila ila sa route ute# droit vers le nord# rd# indi indiffféren érente te au "rain ain# emportant dans ses flancs son c%ar"ement de passa"ers recrus de fati"ue# ensevelis dans un sommeil si profond que bien peu prirent conscience du déc%aGnement déc%aGnement des éléments. $at%erine moins que quiconque# et quand au matin elle reparut sur le pont# très tKt# elle ne fut pas surprise de voir la baie de Dalma se profilant à l'%ori7on. +es nua"es "ris encombraient le ciel# transformaient le paAsa"e. lle ne reconnaissait reconnaissait plus l'Gle radieuse qui lui était apparue trois 3ours plus tKt# mais le spectacle n'était pas moins beau. Dalma la blonde avait pris un visa"e d'amie attristée par votre absence# mais qui sourit de vous voir revenir.
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$at%erine se précipita à la cuisine. 5 'irai voir :nita# au3ourd'%ui8 6 lan-a&t&elle au c%ef en "uise de bon3our. Dlus rubicond que 3amais# le visa"e du brave %omme se détac%a d'un %alo de vapeur. 5 C%8 3e crois que ce n'est pas la peine# mademoiselle. =erc =erci8 i8 'ir 'irai ai moi& moi&m mme. me. Le co comm mman anda dant nt m'a permi ermiss de m'absenter. t puis# il A a une si belle promenade prévue pour vous# au3ourd'%ui. $e serait domma"e que vous la manque7 +omma"e surtout# se dit $at%A# parce que cette lon"ue promenade promenade en car sur la $osta ;rava# la cKte ouest# la plus touristique de l'Gle# devait certainement permettre de découvrir le secret des six p%oto"rap%ies qu'elle n'avait pu identifier la veille. lle le pensait mais ne le dit pas et insista "entiment# sans obtenir "ain de cause. +Jment c%apitré par le commandant# Tomas ne cédait pas. 5 Si :nita commence à s'acclimater# ce n'est pas la peine qu'elle vous revoie 6# dit&il# et finalement $at%erine se rendit à ses raisons. Cn monta en car sitKt après le petit dé3euner. $at%erine demanda à ?at%alie de lui laisser la place libre auprès d'elle. lle voulait inviter $écile à s'A asseoir# mais $écile déclina l'offre ! 5 'ai promis à ean&$laude 6# murmura&t&elle. lle avait ce mme air triste que la veille# et ce fut Laurent qui# monté le dernier# s'assit auprès de $at%erine. 5 Tiens# remarqua&t&il# personne n'est à cKté de toi# c'est curieux8 & Le %asard fait bien les c%oses# dit $at%A# 3e voulais te poser une question ! Sais&tu pourquoi $écile a l'air si mal%eureuse depuis qu'elle s'est dénoncée( 6 Laurent parut surpris. 5 Dourquoi me demandes& tu cela# à moi(
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B Darce que 3'avais cru comprendre comprendre que vous vous entendie7 très bien tous les deux. Dendant le bal# tu c%erc%ais à la 3oindre et... 6 Le front de Laurent s'était rembruni. 5 :ucun rapport8 dit&il brièvement. B =ais tu savais bien que c'était elle qui avait tric%é# n'est&ce pas( B C%8 n'as&tu pas encore fini avec cette %istoire ridi ridicu cule le(( $éci $écile le s'es s'estt dé déno nonc ncée ée## elle elle t'a t'a blan blanc% c%ie ie## elle elle t'a t'a couverte de "loire aux Aeux de tous# -a ne te suffit pas# non( Laisse $écile tranquille. tranquille. $'est ce que tu as de mieux à faire...6 La visite du c%Pteau de ;ellver interrompit cet entretien# mais offrit une compensation à $at%erine ! elle A reconnut la cour ronde entourée de deux ran"s de pilastres que représentait la cinquième p%oto"rap%ie# p%oto"rap%ie# et le truqua"e lui apparut en mme temps ! on avait supprimé les statues qui la décoraient.
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t puis# compa"nons de route et étapes se succédèrent# c%acun différent des autres. Sop%ie toute souriante était à son cKté quand on traversa Dalma ?ova# le col de la ;ataille et :ndraitx. =ic%èle eut peur sur la route tout en lacets à travers la monta" nta"nne qui mèn ènee à sta stall lleenc% c%s. s. : l':t l':tal alaaAa de las las :minas# $at%erine retrouva en mme temps que ?at%alie une tour sarrasine et une vue sur la mer# plus belles cent fois que la p%oto"rap%ie p%oto"rap%ie qu'elle avait tant admirée et qui comportait comportait un p%are en supplément. supplément. :près ;analbufar on. s'arrta pour dé3euner dans un bois de pins et $at%erine se trouva placée entre =arc et :ntoinette# fort exubérants l'un et l'autre. Dour visiter 9alldemosa et son ancienne $%artreuse# qu'a rendu célèbres le sé3our de eor"e Sand et de $%opin# ean&$laude ne quitta pas $at%A# et le petit "ar-on qu'elle avait 3u"é 3usqu'alors insi"nifiant l'étonna par la passion avec laquelle il lui parla du "rand musicien. +e 9alldemosa à =iramar :lain prit place auprès de $at%erine# et la route en cornic%e dominant de très %aut la mer le captiva si bien qu'il ne ne dit pas un mot mot à sa voisine. =ais qu'import qu'importait8 ait8 Tous# ils s'étaient montrés %eureux d'tre auprès d'elle# ent%ousiasmés ent%ousiasmés de leur croisière# et ne re"rettant que sa fin trop proc%aine. proc%aine. 5 Sauf $écile# ils sont tous contents# se disait $at%A. t pourtant# =. 9idal idal m'a bien dit que l'affaire l'affaire du coquilla"e n'était pas encore tirée au clair. Mu'est&ce qu'il sait( ou plutKt ! qu'est&ce qu'il ne sait pas( Mu'a&t&il pu se passer( ] aurait&il aurait&il un autre tric%eur ou une autre tric%erie( 6 =ais c'est en vain que $at%erine remuait ces questions dans sa tte. lle n'A trouvait aucune réponse. 5 :près tout# cela ne me re"arde pas8 se dit& elle en "uise de conclusion. t c'est tant mieux8 6 Cn "oJta à Duerto de Soller oF# raconta =. 9idal# une
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atta attaqu quee de pira pirate tess av avai aitt 3adi 3adiss été été repo repous ussé séee "rPc "rPcee au coura"e de deux femmes du paAs. Duis il a3outa ! 5 e crois que vous ave7 intért à vous promener un peu dans les para"es. e vous laisse une %eure de liberté. >ende7&vous >ende7&vous au car. 6 :près avoir erré dans les rues du port# $at%erine découvrit une rue en escalier aboutissant à une c%apelle dont la vue lui rappela une des p%oto"rap%ies à identifier. =ais# avant qu'elle eJt trouvé le document# une petite sil%ouette rou"e attira son attention ! là&%aut# seule# face à la mer# $écile tournait le dos au monument qu'elle aurait dJ re"arder. $at%erine "rimpa les marc%es quatre à quatre. 5 C%é8 $écile8 Tu n'as pas vu cette c%apelle( 6 +'un "este de la main# $écile c%assa les mèc%es que le vent ve nt rabat rabattai taitt sur son visa"e.. visa"e...#.# mais mais était& était&ce ce seulem seulemen entt des mèc%es de c%eveux qu'elle voulait faire disparaGtre de devant ses Aeux( lle répondit d'une voix neutre ! 5 Cui# 3e l'ai vue. lle est dédiée à santa $atalina. $'est la "rande sainte de l'Gle# 3e crois# et aussi ta patronne# n'est&ce pas( 6 Duis elle s'éloi"na# comme si elle c%erc%ait sur cette terrasse un autre autre point point de vue d'oF admirer le port. $at%erine remarqua ses mains vides. 5 CF sont tes p%oto"rap%ies( demanda&t&elle. B +ans ma cabine cabine 8 B Tu les as oubliées( & ?on8 c'est c'est exprès8 exprès8 laisse&moi laisse&moi tranquille. B C%8 $écile8 c'est stupide# voAons. Tu ne vas pas abandonner le concours...( & Si8 B =ais tu n'es pas disqualifiée# disqualifi ée# voAons8 =. 9idal... 9idal... & ?e me parle pas de =. 9idal# 9idal# 3e t'en prie8 & =ais pourquoi( pourquoi( Il est très "entil... "entil... 12)
Très "entil( ricana $écile. :vec toi# peut&tre# mais pas avec moi 8 & Mue t'a&t&il fait( B $omme si tu ne le savais pas8 Il t'a c%ar"ée c%ar"ée de venir me c%apitrer# n'est&ce pas( de m'extorquer le nom de mon complice... B +e ton complice( complice( Tu Tu as un complice8 complice8 B ?e fais pas l'étonnée# va8 a ne prend pas. Il veut savoir savoir qui m'a donn donnéé le coquilla"e coquilla"e que 3e lui ai remis. B Muelqu'un t'a donné ce coquilla"e( coquilla"e( répéta $at%erine. $'est donc cela8 e n'A avais pas pensé 8 6 Sa surprise parut désarmer $écile. 5 Tu n'es pas de mèc%e avec =. 9idal8 constata&t&elle# 3'aime mieux cela8 $omme 3'ai refusé de répondre répondre à ses questions# 3e pensais qu'il se servait de toi pour m'arrac%er la vérité. B t tu crois que 3'aurais 3'aurais accepté8 accepté8 se récria $at%A. $at%A. B +epuis deux 3ours tu c%erc%es à me parler en tte&à& tte# 3e le vois bien# va8 B =ais c'est seulement seulement pour te remercier et et pour... pour... B Tais&toi et va&t'en# interrompit brusquement $écile. Il ne faut pas qu'il nous voie ensemble... B Mui( 6 demanda $at%erine. =ais $écile l'avait dé3à quittée quittée et# en en tourna tournant nt la tte# elle aper-ut aper-ut Laurent. Laurent. Le front front penc%é sur le carré de papier qu'il qu'il tenait en main# il "ravissait les marc%es marc%es de l'escali l'escalier er conduisa conduisant nt à la c%apelle c%apelle de Santa $atalina. Nn instant interloquée par la soudaine disparition de sa camarade# il sembla brusquement à $at%erine qu'un voile se déc%irait de devant ses Aeux. $écile et sa robe rou"e avaient disparu derrière le mur de c%evet de la c%apelle# là oF Laurent ne pouvait les voir. $at%A A courut. 12*
5 st&ce donc Laurent# ton complice( 6 demanda&t&elle. $écile ne répondit ni oui ni non. Les Aeux secs# la bouc%e crispée# elle se tenait accotée au mur de vieilles pierres dorées par le soleil. Son re"ard re"ard se perdait au loin sur sur la li"ne "rise des monta"nes. $at%erine comprit qu'elle ne s'était pas trompée. 5 Dourquoi ne l'avoues&tu pas( 6 insista&t&elle. $écile secoua la tte# et murmura ! 5 Si tu étais à ma place# le ferais&tu( 6 II A eut un moment de silence. $at%erine ne savait plus que dire. nfin# poussée par un élan d'amitié# elle s'empara de la main de la tric%euse. 5 Tu t'es dénoncée pour me sauver# dit&elle# 3e voudrais pouvoir t'aider... t'aider... 9eux&tu que 3'envoie une lettre anonAme à >adio&Lutèce( que 3'aille boxer Laurent# que 3e le dénonce moi&mme( B ?e dis pas de sottises# fit $écile avec un petit sourire triste. Laurent n'est pas très sAmpat%ique# c'est vrai# mais il a des excuses. Il est ambitieux et il est pauvre. Son père voudrait qu'il abandonne ses études. S'il a pu les poursuivre 3usqu'ici# c'est "rPce aux bourses qu'il a "a"nées à force de travail. Il rve d'une carrière de c%imiste# il est intelli"ent# il a de la mémoire# il devrait arriver... =ais à c%aque pas# à c%aque examen# c'est tout son avenir qui est remis en cause. Nn insuccès et# pour lui# tout s'écroule. =me ce concours... Dour nous tous# c'est un 3eu# n'est&ce pas( Dour lui# non. S'il ne rapporte pas un prix# que dira son père( 6 $at%erine i"norait tout cela. lle n'avait 3amais c%erc%é à conn nnaaGtr Gtre la vie privée ivée de Lauren urent# t# les mobile iles de son son ac%arnement. Tout s'éclairait à présent d'un 3our nouveau. t $écile elle&mme8 $at%erine n'aimait ni son ne7 de fouine ni ses lunettes de c%ouette# mais elle devait reconnaGtre qu'elle n'était pas aussi é"oUste qu'elle le paraissait. lle
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lle s'était intéressée au sort de Laurent. lle sou%aitait lui voir "a"ner le concours. 5 $'est lui qui t'a raconté tout -a( demanda&t&elle. B Cui# à Daris. :près :près la première émission nous avons repris le métro ensemble. +e ce 3our&là 3e me suis promis de l'aider. e pensais que ce serait si utile pour lui de "a"ner le concours... 6 Nne larme roula silencieusement sur la 3oue de $écile. 5 e ne pouvais pas prévoir... prévoir... poursuivit&elle à voix basse. C%8 écoute# $at%erine# 3e veux bien tout te dire. Tu sauras te taire# toi8 t c'est si dur de n'avoir 3amais personne à qui se confier. =ais 3e ne veux pas que les autres le sac%ent ni que Laurent soit disqualifié# tu comprends8 & e comprends8 6 fit $at%erine pas très convaincue# mais désireuse de réconforter $écile. Il n'en fallait pas davanta"e pour décider décider celle&ci à parler parler.. lle reprit# reprit# très vite !
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5 : :3accio# tu te souviens# l'épreuve de dessin( Laurent m'a montré ce qu'il avait fait. $'était pitoAable8 e suis des cours de dessin# moi# lui pas. 'ai pensé que c'était in3uste. 'avais le temps d'en faire un autre# 3e l'ai un peu bPclé et 3e le lui ai donné. Il avait l'air si content que 3e l'étais aussi. Il m'a dit qu'il me revaudrait cette aide. B 9ous n'aurie7 pas dJ8 6 fit $at%erine. =ais# au fond# elle n'était pas très sJre qu'à la place de $écile# elle eJt a"i autrement. 5 e sais bien que nous n'aurions pas dJ8 avoua $écile# mais personne ne s'en est aper-u# 3e crois. t c'est alors qu'il A a eu cette stupide épreuve d':lcudia# les coquilla"es8 'ai eu beau c%erc%er# c%erc%er# 3e n'en ai trouvé que de très ordinaires. ordinaires. e n'ar n'arri riva vais is pa pass à dé déci cide derr lequ lequel el 3'al 3'alla lais is reme remett ttre re qu quan andd 3'ai 3'ai rencontré Laurent. Il tenait en main une belle coquille nacrée# et il la re"ardait d'un air dé"oJté. e l'ai admirée. Il m'a dit ! 5 Si tu la veux# prends&la. 6 e l'ai prise. 9oilà. & Il était comment# ce coquilla"e( demanda $at%A. B Nn "ris nacré# très beau. e n'avais 3amais vu le pareil. B t c'est sur la pla"e pla"e que Laurent Laurent l'avait trouvé( trouvé( B 9oilà 3ustement la question que 3'aurais dJ lui poser. poser. e n'A ai pas pensé sur le moment# ce n'est qu'après# quand =. 9idal a dit que quelqu'un avait tric%é# que cela m'a paru bi7arre. ?i lui lui ni aucun autre autre concurrent concurrent pourtant pourtant n'avait pu me me voir quand 3'ai pris ce coquilla"e dans la main de Laurent# 3'en suis sJre8 Dour que =. 9idal ait éventé la mèc%e# il fallait que le co coqu quil illa la"e "e lui& lui&m mme me lui lui ait ait pa paru ru susp suspec ect. t. 'ai 'ai inte interr rro" o"éé Laurent. Il n'a d'abord pas voulu me répondre. Il ne l'a fait que trois 3ours plus tard# 3uste avant le bal. B t alors( B C%8 alors ce n'est n'est pas beau# affirma affirma $écile# $écile# avec une
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mine désabusée. Laurent avait vu ce coquilla"e à $alvi# dans da ns un unee bo bout utiq ique ue oF il ac%e ac%eta tait it de dess cart cartes es po post stal ales es.. La marc%ande ne savait pas d'oF il venait# Laurent avait pensé qu'il ferait bien dans son bocal de poissons rou"es. Il l'a pris pour cela# pas pour autre c%ose# bien sJr. Il ne pouvait prévoir l'épreuve qui nous serait demandée deux 3ours plus tard. B =ais pourquoi pourquoi te l'a&t&il offert offert au lieu de le remettre lui&mme( B Il m'a donné 3e ne sais quelles explications embrouillées... embrouillées... Il croAait que 3e voulais le coquilla"e pour moi# pas pour le concours...# concours...# sinon sinon il m'aurait prévenue. prévenue. B Tu crois que c'est vrai( vrai( & $omment savoir( =ais que ce soit vrai ou non# qu'importé8 e ne le dénoncerai 3amais... 6 : ce moment# le @laxon du car retentit et les deux rillettes dévalèrent précipitamment l'escalier de la c%apelle. OPtivement# avant de rendre les dix p%oto"rap%ies du concours# $at%A "riffonna au dos de l'une d'elles# en face du mot 5 su3et 6 ! 5 $%apelle Santa $atalina à Duerto de Soller. 6 n face du mot 5 erreur 6# elle mit un point d'interro"ation. Le mur de c%ev evet et de cett cettee c% c%aapell elle# elle lle n'éta était pa pass prte te à l'oublier# mais la fa-ade# elle ne l'avait pas re"ardée... Il lui restait une dixième p%oto non identifiée. L'ori"inal devait se situer quelque part sur la route du retour. $at%A n'en avait rien vu. +ans sa cabine# à travers les mèc%es de ses c%eveux qu'elle brossait avec vi"ueur# ?at%alie l'observait. 5 $omme tu as l'air son"euse8 dit&elle tout à coup. $'est encore $écile qui te préoccupe( B C%8 s'il n'A avait que $écile8 6 s'écria ra"eusement ra"eusement $at%erine. Duis elle se tut. lle n'avait le droit de révéler à H personne B mme mme pas à ?at%alie ?at%alie B le secret de $écileH $écileH 12
Si elle voulait sauver Laurent# il lui fallait a"ir seule H mais voulait&elle le sauver( lle se le demandait encore pendant le dGner. Laurent# assi assiss en face face d'el d'elle le## lui lui ap appa para rais issa sait it plus plus an anti tipa pat% t%iq ique ue qu quee 3amais. lle s'effor-ait s'effor-ait d'ima"iner d'ima"iner auprès de lui ce père intransi"eant qui lui faisait si peur# et ne parvenait pas à l'en aimer davanta"e. Tout à coup# le commandant entra dans la salle à man"er. +'un air ennuAé# il annon-a aux passa"ers qu'une avarie de mac%ine retardait le départ. La pièce ne pourrait tre réparée que le lendemain matin. Il fallait renoncer à la visite de ;arcelone prévue pour le dernier 3our de croisière. $'était tout le pro"ramme qui était modifié. =. 9idal proposa# pour occuper la soirée# une promenade promenade de nuit dans Dalma. Cn aurait le temps de se reposer le lendemain# sur le bateau# au cours des dou7e %eures que durait la traversée de Dalma à ;arcelone. 5 Tant mieux# pensa $at%A# 3e m'occuperai de Laurent demain. $e soir# 3e veux l'oublier 8 6 =ais il sem semblait lait dit qu' u'aau cou ourrs de cett cettee crois roisiière# re# l'im 'imprév révu vien iendrait rait tou ou3o 3ouurs boulev ulever erse serr les les pro3et 3ets de $at%erine. : peine débarquée sur le mKle# elle admirait les "rands %Ktels cli"notant de lumières 3usqu'au septième éta"e# lorsqu'elle sentit une main se poser sur son bras. $'était Laurent. 5 Dourquoi me re"ardais&tu comme cela pendant le dGner( souffla&t&il. B C%8 pour rien8 rien8 riposta $at%erine. $at%erine. & $écile t'a parlé de moi# n'est&ce pas( e vous ai vues derrière la c%apelle de Soller. B Mu'est&ce que cela peut te faire# qu'elle m'ait parlé ou non(( rétorqua non rétorqua $at%erin $at%erinee a"acée. a"acée. Tu n'as donc pas la conscience tranquille( 12
B =oi( Très Très tranquille au contraire. $'est elle qui ne doit pas l'avoir. lle m'avait promis de se taire. 6 L'air de suffisance du 3eune "ar-on exaspérait $at%erine. lle l'entraGna sur le quai# un peu à l'écart du "roupe et s'apprtait à le rabrouer vertement# lorsque soudain l'attitude de Laurent c%an"ea du tout au tout. 5 $at%erine# dit&il presque %umblement# tu devrais savoir qu'on fait parfois un "este qu'on croit insi"nifiant# et qui se révè révèle le plus plus tard tard lour lourdd de co cons nséq éque uenc nces es...... Mu Muan andd $éci $écile le a admiré le coquilla"e que 3'avais en main# 3'%ésitais encore à le donner moi&mme. >ien ne m'assurait que =. 9idal saurait reconnaGtre sa provenance. e lui ai dit 5 prends&le 6# comme 3'aurais dit 5 c%ic%e8 6 ou comme 3'aurais 3oué à pile ou face pour savoir si 3e le donnerais moi&mme8 moi&mme8 e ne voulais pas sciemment la tromper. ?on8 sJrement pas8 B Tu aurais pu l'avertir8 l'avertir8 B : quoi bon puisque puisque 3e n'étais n'étais sJr de rien 8 B =ais alors pourquoi pourquoi l'as&tu laissée laissée se dénoncer dénoncer seule( B :%8 toi aussi# tu voudrais que 3e me dénonce( a# 3amais8 e ne suis pas coupable coupable des btises des autres. t on ne se dénonce pas quand on n'est pas coupable8 B Si tu ne l'étais vraiment pas# remarqua $at%A# $at%A# tu ne te serais pas mis en colère parce que $écile m'a dit la vérité8 t si =. 9idal la savait... B Il ne peut pas la savoir...# savoir...# à moins que tu ne la lui dises# toi 8 B 'ai dé3à promis à $écile de me taire# affirma affirma $at%erine# et# de ma vie# 3e n'ai 3amais dénoncé personne. =ais 3e sais qu'il a des soup-ons... Tu devrais te méfier# méfier# Laurent# avouer... 6 Trois fois ce soir&là au cours de la promenade# $at%erine répéta à Laurent ce bon conseil mais# buté# le "ar-on refusa de l'entendre. 1)4
CHAPITRE <
AN;OISSES oui# elle vous a réclamée# réclamée# mademoiselle8 mademoiselle8 =ais faut pas que -a vous c%a"rine. : son P"e on oublie vite. lle s'est dé3à trouvé des petites amies dans le coin et depuis quarante&%uit %eures elle n'a pas appelé sa maman. 6 Nne fois de plus $at%erine s'était levée lon"temps avant les autres# et# n'aAant pu le faire la veille# était allée à la cuisine c%erc%er des nouvelles d':nita. $elles que lui fournit Tomas la dé-urent. Il avait trouvé sa nièce pPlotte# fati"uée# sans entrain# refusant
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mme de "oJter au "Pteau qu'il avait apporté à son intention. 5 Le "Pteau au c%ocolat# expliquait&il à $at%erine# celui que vous ave7 eu %ier soir à dGner. Il était bon pourtant8 =ais c'est tou3ours comme -a# les enfants# ma sEur me l'a dit. t aprè près tout toutees les les émotio tions qu'ell 'ellee a eues# es# -a n'a rien rien d'étonnant.6 $at%erine re"arda sa montre ! sept %eures vin"t. 5 : quelle %eure part le bateau( B : dix %eures# a dit dit le commandant. commandant. B Muelle c%ance8 c%ance8 3'ai le temps temps d'A faire un saut. B CF -a( 9oir 9oir :nita( ;ien sJr que vous ave7 le temps# mais ce n'est pas la peine... B e sais bien que ce n'est pas la peine8 =me si elle était malade# 3e n'A pourrais rien# moi8 =ais 3'ai envie de la voir. t puis# vous&mme# vous préfére7 tre rassuré avant de partir# partir# 3'en suis sJre8 sJre8 6 Nn petit mot "riffonné à la %Pte pour avertir =. 9idal# trois p%rases éc%an"ées avec ?at%alie qui désapprouvait ce départ précipité# et $at%A s'en était allée par la vieille ville de Dalma et le dédale de ses rues tortueuses. lle lle av avan an-a -ait it d'un d'un pa pass rapi rapidde da dans ns l'ai l'airr lé"e lé"err en enco core re impré"né impré"né de la fraGc%eur de la nuit. $'était délicieux. : c%aque pas# la fillette aurait voulu s'arrter pour admirer les sculptures sculptures d'un pilier ou les fleurs d'une bou"ainvillée# mais il lui fallait marc%er vite pour rester le plus lon"temps possible avec :nita. lle l'avait réclamée 8 lle était triste# elle avait refusé de man"er ce "Pteau ! c'était peut&tre parce qu'elle avait espéré revoir $at%A et que sa déception lui coupait l'appétit. $ette petite fille découverte un matin# pleurant près d'un rouleau de corda"e sa maman disparue# $at%A s'était si bien promis de la consoler8 t qu'avait&elle qu'avait&elle fait( Si peu de c%ose8 Oier encore# elle l'avait sacrifiée à la promenade
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et au concours. Nn dernier délai lui était accordé# comme une indication du $iel. Il fallait A aller. Nne %eure de tra3et. Nne %eure de visite. Dourquoi $at%A serait&elle restée tout ce temps&là à rvasser sur le pont d'un navire immobilisé( =ais aller vite à travers la vieille ville de Dalma# ce n'est pas aussi facile qu'on pourrait le croire8 Si étroites sont les rues qu'il faut s'arrter lorsque passe un vé%icule# carriole traGnée par un petit Pne ou automobile moderne c%oquante comme une fausse note dans ce décor de 3adis. : c%aque fois $at%A se plaquait contre un mur ou# à l'occasion# se "lissait sous un porc%e# sJre de découvrir au&delà un patio de rve oF plantes et pierres s'uniraient pour lui murmurer murmurer de leur voix de silence ! 5 >este avec nous# $at%A8 ici# on est %eureux8 6 t c'était sa dernière promenade. +emain ce serait Daris8 Daris# dé3à. Daris avec son visa"e d'été# son odeur d'essence# ses maisons sales# plus noires d'tre exposées au "rand soleil. 5 >este avec nous 6# répétaient les "éraniums retombant des fentres# les petits Pnes au pas paisible# les raAons de soleil qui se 3ouaient sur les toits aux tuiles couleur d'ambre. d'ambre. =ais $at%A se bouc%ait les oreilles. 5 Muand :nita sera plus "rande# se disait&elle# elle appréciera sa c%ance d'%abiter ici. Cn ne peut pas tre vraiment vraiment mal%eureux mal%eureux dans un un paAs pareil8 6 II n'était pas %uit %eures lorsque $at%erine débouc%a# essoufflée# dans la rue oF vivait =me Dinto# la sEur du cuisinier. Les maisons A étaient minables# mais le soleil A versait des flots de 3oie# et le lin"e B il A avait tou3ours du lin"e multicolore suspendu à des bPtons au cKté de c%aque fentre B# le lin"e des lessives claquait comme un pavois de fte. L'%eure était mal c%oisie pour une visite# mais ce n'était pas une visite. Nn adieu tout 3uste... Dartout dé3à les portes étaient "randes ouvertes# les commères 3acassaient#
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Les enfants 3ouaient ! les débuts et les fins de 3ournée# ce sont les meilleurs moments dans ces paAs de soleil. La porte de la maison des Dinto était fermée. $at%erine A frappa un petit coup# puis un autre un peu plus fort. Nn pas lourd# qui ne pouvait tre celui de la petite :nita# se fit entendre. La porte s'ouvrit# c'était le savetier# beau&frère du cuisinier. Très vite# il bara"ouina une p%rase dans son lan"a"e sonore# et voAant que $at%erine ne comprenait pas# il dit 5 Tomas( 6 comme s'il espérait que la fillette l'avait apporté dans sa poc%e. lle sourit en secouant la tte ! 5 ?on. Das Tomas B il travaille. =oi seule. s eule. 9o 9oir :nita. 6 :nita( $e fut au tour de l'%omme de secouer la tte en si"ne de déné"ation. Les traits crispés# il semblait mal%eureux. Rtai Rtait& t&ce ce seul seulem emen entt pa parc rcee qu qu'i'ill c% c%er erc% c%ai aitt un mot mot qu qu'i'ill ne trouvait pas( nfin il le trouva ! 5 =alade# dit&il# :nita malade8 & =alade( Mu'est&ce qu'elle a( 6 =ais c'était trop demander. L'%omme répéta 5 malade 6 et fit si"ne à $at%erine de le suivre. $elle&ci obéit# le cEur serré d'une appré%ension soudaine. +ans la c%ambre du ména"e Dinto# en attendant l'ac%at d'un lit# on avait installé un matelas par terre# et sur ce matelas :nita était couc%ée# endormie semblait&il. 5 :nita8 appela $at%erine# c'est moi8 e suis venue te dire au revoir8 6 lle s'effor-ait de parler "aiement# mais sa voix avait un petit tremblement tremblement qu'elle qu'elle ne parvenait parvenait pas à réprimer. réprimer. Les Les pa paup upiè ière ress d':n d':nit itaa se soul soulev evèr èren ent# t# dé déco couv uvra rant nt ses ses Aeux immenses# et dans ces Aeux&là# il semblait qu'il n'A avait plus de re"ard. re"ard.
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5 :nita8 cria $at%erine se 3etant à "enoux auprès du matelas# :nita8 re"arde&moi8 parle&moi8 6 Les prunelles de l'enfant se tournèrent tournèrent du cKté d'oF venait cette voix. Ses lèvres s'entrouvrirent# un mot s'en éc%appa ! 5 =aman8 6 t puis ce fut tout. Les paupières closes# le souffle un peu rauque# :nita s'était abstraite du monde environnant. Son oncle esquissa un "este d'impuissance et quitta la pièce. >estée seule avec la malade# $at%A se demandait si elle n'était pas la proie d'un cauc%emar. Il n'était pas possible que la petite :nita# si "aie# si vivante# fJt subitement devenue cet tre prostré qui pouvait la re"arder sans la reconnaGtre# et appeler 5 =aman 6 de cette voix qui n'était pas la sienne. t cependant $at%A ne rvait pas. $ette poupée rosé tombée à cKté du matelas# dont elle défroissait les vtements d'un "este mac%inal# mac%inal# c'était DalmAre. lle était bien réelle. Le celluloUd de ses 3oues avait ce touc%er frais et lisse qu'ont tous les celluloUds# et quand on la redressait...# oui8 elle ouvrait bien les Aeux Ae ux.. :nita nita seul seulee av avai aitt c% c%an an"é "é.. $at% $at%er erin inee au aura rait it vo voul uluu la touc%er# elle aussi# la redresser# mais elle ne le pouvait pas# et# fixe fixeme ment nt## stup stupid idem emen ent# t# re"a re"ard rdai aitt ce pe peti titt co corp rpss immo immobi bile le qu'aucun mouvement n'a"itait plus si ce n'est# de loin en loin# une contraction des doi"ts et du poi"net. =me Dinto entra# l'air désolé. 5 'at 'atte tend ndss le méde médeci cin# n# murm urmura& ura&t& t&el elle le.. Le fils fils de la voisine est allé le prévenir. Il n'est pas encore de retour. B =ais comment( comment( demanda $at%erine# comment comment est&ce arrivé( B $omme -a8 Oier# Oier# elle n'était dé3à pas bien. Le soir# elle a commencé à re"arder avec cet air de ne pas voir. e l'ai couc% co uc%ée. ée. lle lle s'est endor endormie mie très très vite. t puis puis ce matin matin... ...## voilà8 6 Mue faire( >ien8 :ttendre.
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+e lon on""ues minu inutes tes s'éc s'écou oulè lèrren ent. t. =me Dinto into étai étaitt repartie. $at%erine s'était assise sur une c%aise basse auprès du minable lit. L'oreille tendue# elle "uettait la venue du médecin# mais dans la pièce silencieuse on n'entendait que le souffle un peu bruAant de la malade et# parfois# l'éclatement l'éclatement 3oAeux d'un rire d'enfant 3ouant dans la rue. +'un enfant qui n'était pas malade... Muand elle n'en pouvait plus de fixer le pPle visa"e immobile d':nita# $at%erine relevait les Aeux vers la fentre. Cn n'A découvrait qu'un carré de ciel bleu# pur et dense# oF s'inscrivait tour à tour l'extrémité des six ailes d'un moulin tournant lentement dans le vent. Nn bruit de porte ouverte et de c%uc%otements la fit se redr redres esse serr soud soudai ain. n. lle lle qu quit itta ta la pièc pièce# e# "a "a"n "naa le co coul uloi oir r d'entrée. Il n'A avaitH là# avec =me Dinto# qu'un "amin# brun comme un pain brJlé# parlant la lan"ue du paAs.
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5 Le médecin était dé3à parti voir un malade# traduisit =me Dinto. Cn le préviendra dès son retour. B $e sera lon"( B Das forcément. forcément. Il a une voiture# voiture# lui 8 6 $at%A re"arda sa montre ! %uit %eures et demie. Seulement8 Il lui semblait qu'il A avait des %eures qu'elle était là. $omme les minutes étaient lon"ues ce matin 8 Mue pouvait& elle elle fair faire( e( >eto >etour urne nerr au ba bate teau au(( :verti ertirr le cu cuis isin inie ier( r( le commandant( =. 9idal( : quoi cela servirait&il( =ieux valait attendre le médecin. Muand il serait arrivé# tout irait bien. Il mettrait un nom sur cette maladie et elle serait dé3à moins effraAante. t puis# il ferait quelque c%ose. Nne piqJre# une pilule# une tisane# n'importe quoi. Il fallait peut&tre bien peu de c%ose pour arrac%er cette toute petite fille à son étran"e torpeur. $at%erine# elle# n'en osait aucune# mme pas redresser son oreillerH encore moins lui donner à boire# ou seulement poser sa main sur les siennes pour arrter cette crispation des doi"ts si pénible dans cette immobilité absolue. lle retourna s'asseoir près du lit et l'attente recommen-a# ponctuée par la respiration rauque de la malade et le mouvement des ailes du moulin. :ttendit&elle des %eures ou des minutes( elle n'en savait rien. Tout à coup le médecin fut là# petit# vieux# l'air affable et pressé. Il découvrit la malade# la palpa# l'ausculta# tPta son pouls# souleva ses paupières# fit 3ouer 3 ouer ses articulations# articulations# respira son son %a %ale lein ine# e# et s'af s'affa fair iraa lon" lon"te temp mps# s# co coup upan antt ses ses "e "est stes es de p%rases c%uc%otées oF roulaient des mots sonores. =me Dinto lui répondait le plus souvent par monosAllabes ! 5 ?on. Cui. ?on# non 6# et elle branlait la tte d'un air de plus en plus mal%eureux. nfin le médecin s'en alla. Il n'avait rien fait# rien dit qui apportPt un apaisement apaisement à $at%erine. Il ne laissait rien#
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que cette feuille de papier que =me Dinto tenait d'une main tremblante# et qu'elle alla porter à son mari. $elu $elui& i&ci ci ab aban ando donn nnaa au auss ssit itKt Kt la seme semell llee de co cord rdee qu qu'i'ill tressait# "rommela quelques mots qui ressemblaient à un 3uron et s'en fut# dans la rue pleine de soleil# sans mme penser à prendre un un c%apeau. c%apeau. 5 Mu'est&ce qu'elle a( demanda enfin $at%erine. B Il ne sait pas8 +es sAmptKmes de 3aunisse...# mais une forme qu'il ne connaGt pas. B Il a ordonné ordonné des remèdes( remèdes( B Cui8 mais... il dit qu'il n'A a pas beaucoup d'espoir. 6 Das beaucoup d'espoir( $at%A croAait s'attendre au pire et pourtant ces trois mots la prirent au dépourvu. Das beaucoup d'espoir( $ela fait sur"ir toute une série d'ima"es affreuses# de ces ima"es que l'on refuse de voir appliquées à ceux qu'on aime. : qui demander de sauver :nita# puisque ce médecin semblait dé3à A avoir renoncé( Le secours( Il ne pouvait tre qu'à bord de La Bédouine II $at% at%erin rine ne co connnaiss aissaait pe pers rsoonne dan anss cette tte ville ille étran"ère# soudainement devenue %ostile# mais là au moins# elle elle trou trouve vera rait it de l'ai l'aide de## de dess "e "ens ns qu quii co com mpren prendr drai aien entt sa lan"ue# des "ens qui sauraient ce qu'il convenait de faire. t puis un nouveau flot d'an"oisse la submer"ea. submer"ea. Muelle %eure était&il( +ix %eures moins cinq. +é3à8 Rtait&il trop tard( ?on# ils ne partiraient pas sans elle. =ais vite8 vite8 il fallait qu'elle s'en aille. :ffolée# elle fit un pas en direction de la c%ambre oF se mourait :nita. Lui dire adieu( : quoi cela servirait&il( :nita ne la verrait ni ne l'entendrait plus. $at%A revint sur ses pas# serra la main de =me Dinto ! 5 Le bateau 8 souffla&t&elle# il va partir. partir. e reviendrai... reviendrai... si 3e peux8 peux8 6 lle était dé3à dans la rue# courant comme une folle. Le 1)
8 ; 'erai a2a&t #a !e(ie : 'e rtait Catheri&e.
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vent tombé# les lin"es des lessives pendaient immobiles comme des oripeaux un lendemain de fte. 5 'A serai avant la demie# se répétait $at%erine. Le commandant aime l'exactitude# mais il est trop "entil pour ne pas m'avoir attendue. =. 9idal idal sera intervenu# le cuisinier auss au ssi. i. Cn sait sait oF 3e suis suis.. Deut Deut& &tr tree mme me on ont& t&il ilss en envo voAé Aé quelqu'un me c%erc%er... 6 >assurée de ce cKté# $at%erine se ber-ait à l'espoir de toute l'aide que l'équipa"e et les passa"ers pourraient apporter. Nn autre médecin... oui# bien sJr8 Nn %Kpital( pourquoi pas 8 Il A a tant de c%oses qu'on peut faire. Cn ne se contente pas de %ausser les épaules dans un "este d'impuissance et de dire ! 5 Das beaucoup d'espoir8 6 $'est trop bte8 Cn ne laisse pas les "ens mourir comme -a8 Derdue dans ses pensées# $at%A allait# allait tou3ours# aussi vite qu'elle le pouvait# et tout à coup elle s'aper-ut qu'elle ne reconnaissait rien des lieux qu'elle traversait. lle demanda son c%emin# ne comprit pas ce qu'on lui répondait# enfila de nouvelles ruelles# aper-ut la cat%édrale# la perdit de vue# la retrouva. lle butait sur les pavés iné"aux# n'avait plus la patience d'attendre que les voitures l'aient dépassée# se faisait in3urier par les conducteurs# %aletait à ne pouvoir reprendre son souffle# et ses Aeux s'embuaient d'un brouillard dont elle ne savait plus s'il était larmes ou "outtes de sueur. nfin elle débouc%a sur le quai# c%erc%a des Aeux le vapeur blanc oF l'attendait le salut# et s'arrta pétrifiée ! La Bédouine II n'était plus là. $at%erine refusa de l'admettre. lle lon"ea le quai# lut tous les noms inscrits sur toutes les coques sans A découvrir le seul qui eut un sens pour elle. :lors elle re"arda vers le lar"e. Très Très loin# un navire
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blanc doublait le cap ,i"uera. Nn petit panac%e "ris éc%appé de son unique c%eminée le suivait dans les airs. tait& ce là son navire# ses amis# tout ce qui la reliait au monde qui s'en allait sans se soucier d'elle( :vait&on pu décider froidement froidement de l'abandonner l'abandonner toute seule dans cette Gle perdue# si loin des siens# sans un mot de re"ret ou d'excuse( ?'avait&on pu deviner qu':nita allait mourir( que $at%erine# seule# ne pourrait rien faire pour la sauver( et qu'elle ne saurait mme pas comment se sauver elle&mme( elle&mme( lle ne connaissait pas la lan"ue de ce paAs# n'avait aucun moAen de rentrer en ,rance# ne connaissait personne à qui demander assistance et ilil ne lui restait mme mme pas pas une peseta en poc%e8 :lors $at%erine connut qu'elle s'était trompée ! on peut tre mal%eureux sous un ciel bleu. Les plus beaux paAsa"es ne sont d'aucun secours quand on est perdu. Le soleil n'empc%e pas les larmes ! elles n'A sont que plus amères. t $at%erine pleura... Das lon"temps. lle était trop éner"ique pour cela. lle s'enquit auprès des passants# relut les noms des bateaux# monta à bord du plus proc%e de ce trou clapotant qu'aurait dJ remplir La Bédouine II et se rensei"na ! personne à bord ne savait rien et elle comprenait à peine ce qu'on lui répondait en mauvais fran-ais ! 5 Cui# La Bédouine II était partie. Cn ne savait pas si elle reviendrait. ?on# personne n'avait laissé de messa"e pour une petite fille en retard. 6 5 $e n'est pas possible8 se répétait $at%erine# ce n'est pas possible8 e rve depuis ce matin. >ien de tout ceci n'est vrai. :nita n'est pas malade. La Bédouine __n'est pas partie. Cu bien elle va revenir... Cui# c'est cela8 Ils ont voulu me faire croire qu'ils étaient partis sans moi# pour me punir d'tre en retard# mais ils vont revenir8 Ils ne m'ont pas abandonnée 8 6
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+errière la pointe roc%euse du cap ,i"uera# le petit navire blanc avait avait disparu. Nne %orlo"e %orlo"e sonna sonna lentement lentement on7e coups. 5 'attends 3usqu'à midi 6# se dit $at%erine# se for-ant au calme. 5e ne dois pas m'affoler. 'attends...# et entretemps 3e c%erc%e ce que 3e pourrai faire s'ils ne reviennent reviennent pas. 6 lle se condamna condamna à arpenter les quais d'un pas calme et commen-ait à reprendre espoir en se disant qu'il devait A avoir à Dalma un consul de ,rance pour rapatrier les "ens perdusH un consul qui parlerait sa lan"ue et comprendrait comprendrait qu'il fallait aussi sauver :nita# lorsqu'elle aper-ut brusquement# à la terrasse d'un café# une sil%ouette dont la vue lui donna un c%oc. $'était un %omme plon"é dans la lecture d'un 3ournal. $at%erine ne voAait de lui# émer"eant par&dessus le dossier du siè"e oF il avait pris place# qu'un col de veste en flanelle
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"rise et une nuque# sombre sous la masse blanc%e de ses c%eveux courts et raides# mais elle courut vers lui comme un lièvre pourc%assé court vers le refu"e inespéré. 5 =onsieur >oosen# monsieur >oosen 8 6 Le 3ournal se rabattit brusquement. L'%omme tourna la tte. $at%erine allait dire ! 5 Ils vous ont abandonné# vous aussi8 6 mais elle ne le put. Les traits du paisible +anois étaient contractés par la colère. 5 :%8 vo vous us vo voil ilà8 à8 s'éc s'écri ria& a&t& t&il il d'un d'unee vo voix ix men enaa-an ante te.. =ademoiselle a fini de se moquer du monde( lle a fait une bonne promenade( promenade( Cui8 % bien# tant mieux8 Les autres# tant qu'ils sont# bateau# passa"ers et équipa"e n'ont rien à faire qu'à se plier à ses caprices8 B =ais... mais... 6# murmurait murmurait $at%erine interdite# et aucun autre son ne parvenait à sortir de sa "or"e. =. >oosen fulminait tou3ours. Il ne lui demandait aucune explication# ne la laissait pas parler. Il ex%alait sa colère sans la moind oindrre reten tenue ue## et tou tous les les "ens atta ttablés lés au café café se tournaient vers lui# dévisa"eaient $at%erine avec des mines réprobatrices. +es passants mme s'arrtaient# attirés par ce bruit. 5 =ais# :nita... 6# proféra enfin $at%erine. t ce fut pis encore ! 5 Mui donc vous a c%ar"ée de vous occuper d':nita( Dersonne8 Le cuisinier lui&mme vous a dit de ne pas aller la voir. =ais vous n'en faites 3amais qu'à votre tte8 6 $'en était trop8 Nn élan de ra"e secoua $at%erine# elle aussi. 5 :nita est malade8 %urla&t&elle. Très malade8 =ais cela vous est bien é"al à tous. lle peut mourir...# vous vous en moque ue77 8 9ous bu buvve7 votre tre café afé au lait lait 8 9ous te tes en croisière8 9ous parte7 à l'%eure8 Mu'elle meure8 mais qu'elle ne vous retarde pas# n'est&ce pas( 6 1*)
t# bousculant les "ens qui encombraient le trottoir# marm marmon onna nant nt de dess prop propos os ra"e ra"eur urs# s# co cour uran antt co comm mmee un unee folle# $at%erine se sauva dans une fuite éperdue. =ieu =ieuxx va vala lait it tre tre seul seulee qu qu'a 'ave vecc cet cet %o %omm mmee od odie ieux ux## in3uste. lle retournerait c%e7 :nita8 lle la soi"nerait# elle la "uérirait8 lle écrirait à ses parents qui lui enverraient l'ar"ent du retour8 $'était cela qu'il fallait faire8 Sauver :nita :nita et se s e tirer d'af d'affa faire ire seule8 seule8 lle lle n'ava n'avait it be besoi soinn de person personne ne## pe perso rsonn nne# e# puisque personne personne ne l'aimait. l'aimait. lle courait de toutes ses forces# mais elle n'avait pas fait cent mètres qu'une poi"ne solide s'abattait sur son épaule. 5 ?e faites pas la sotte8 9ene78 6 =. >oosen l'avait rattrapée. Il ne la lPc%erait plus. lle le savait# mais elle savait aussi qu'un peu de sa colère était tombée. :lors $at%erine s'abandonna. Il l'entraGna avec lui# dans le café# non pas à la terrasse oF s'attroupaient les badauds# mais à l'intérieur# dans une salle sombre oF pas un client n'était attablé. 5 xplique7&vous# dit&il en allumant sa pipe. Dourquoi n'étie7&vous pas là à l'%eure( 6 Nn peu avant midi# ils étaient ressortis sur le quai. Il n'A avait plus de badauds. Les palmiers faisaient sur le trottoir des petits ronds d'ombre d'ombre toute bleue. $at%erine ne pleurait plus. lle était consolée. >é"énérée. Dleine d'espoir. =. >oosen l'avait écoutée# l'avait forcée à boire quelque c%ose ose qui éta était bon et frais# ais# puis uis il l'av l'avaait quitté ittéee pour télép%oner télép%oner et il était revenu s'asseoir auprès d'elle. Son air sévère# il l'avait tou3ours# il n'en avait pas d'autre# sans doute# à sa disposition. =ais ce qu'il avait dit était plus réconfortant que n'auraient pu l'tre les plus douces paroles. ?'osant en croire ses oreilles# $at%erine l'avait entendu lui expliquer qu'un autre médecin# le meilleur de la ville# allait# 1**
8 Ne )aite' a' #a '%tte" *e *e&e=" : M. R%%'e& #a2ait rattrae.
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à l'instant# se rendre au c%evet d':nita. Rtait&ce possible( 5 e lui ai télép%oné# expliquait =. >oosen. ?e vous faites plus de souci. ?ous passerons cet après&midi c%e7 les Dinto et# si besoin est# 3e leur laisserai de quoi faire face aux frais immédiats... e verrai à me faire rembourser plus tard... B& e pourrais... pourrais... commen-a commen-a $at%erine. B ?on8 9ous alle7 cesser de vous occuper de cette affaire... 9ous alle7 venir avec moi# nous c%erc%erons un %Ktel pour cette nuit# et puis nous nous dé3eunerons dé3eunerons tranquillement. tranquillement. 6 $at% $at%er erin inee ne sava savait it plus plus oF elle elle en étai était. t..... +é +é3e 3eun uner er tranquillement8 Muelle idée en un pareil moment8 lle n'A aurait certes pas pensé# mais elle était prte à accepter toutes les conditions imposées par ce sauveteur inattendu. $omment le remercier( Si elle avait été une toute petite fille# elle lui aurait sauté au cou# l'aurait embrassé de toutes ses forces. lle n'avait pu qu'essuAer ses Aeux rou"es et dire sa"ement ! 5 =erci# monsieur8 monsieur8 6 :lors il s'était levé et# la toisant de toute sa taille# avait constaté ! 5 9ous tes devenue raisonnable. $e n'est pas trop tKt8 6 Son ton était tou3ours aussi sévère# mais de cette sévérité# $at%erine ne s'étonnait plus. Tout en suivant =. >oosen dans l'ombre c%aude des palmiers# elle son"eait dé3à qu':nita allait lui devoir la vie# et qu'elle&mme lui devrait... lle s'arrta interdite. Le retour à Daris# Daris# le con conco cour urs# s# l'émis l'émissio sionn finale finale(( qu qu'al 'allai laitt dev deveni enirr tout tout cela( =. >oosen# touriste solitaire# pouvait prendre son temps# sé3ourner à Dalma aussi lon"temps qu'il lui plairaitH $at%erine# elle# devait se rendre à ;arcelone au plus tKt# re3oindre les autres concurrents avant le départ du train pour Daris. tait&ce encore possible( 5 Das question d'aller à ;arcelone# répondit =. >oosen à ses questions an"oissées# nous rentrons directement à Daris. B =ais quand( quand(
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B +emain. 6 :dieu le concours 8 $at%erine ne participerait mme pas à la dernière épreuve. =ais comment l'aurait&elle re"retté si son retard permettait de sauver :nita( 5 st&ce que q ue 3e pourrai télé"rap%ier à mes parents( & Dour quoi faire( B Ils vont s'inquiéter si 3'arrive plusieurs 3ours 3 ours après les autres 8 & 9o 9ous n'arrivere7 pas après les autres. 9o 9ous sere7 demain matin à 11 % )4 à CrlA. 6 +evant l'air %ébété de $at%erine# =. >oosen dai"na enfin sourire. 5 II existe de nos 3ours# dit&il# un moAen de locomotion très rapide# dénommé 5 avion 6# qui peut rendre service quand on est pressé. ?'en ave7&vous 3amais entendu parler( & Si# mais... mais... -a coJte c%er... & ?e vous inquiéte7 pas pour cela. =. 9idal m'a remis la somme nécessaire pour paAer votre transport. t n'aAe7 aucun scrupule ! votre retour ne lui coJtera pas plus c%er que celui de vos camarades. Ils rentreront eux aussi par avion# de ;arcelone# demain matin. & =ais pourquoi( ?ous devions prendre le train. & Cui# s'il s'il n'A avait avait pas eu les quator quator7e 7e %eures %eures de retard retard causées par l'avarie de La Bédouine II =ais# a3outa =. >oosen avec un curieux sourire# votre concours est si important# m'a&t& on dit# qu'il était impossible de décommander l'émission du retour. retour. :llons8 :llons8 ne faites pas cette mine a%urie8 9ous voAe7 voAe7 bien que tout tout finit par s'arran"er8 s'arran"er8 6
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CHAPITRE
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bras raides les petits doi"ts ne se crispaient mme plus# et dans la pleine c%aleur du 3our# le vent tombé# les ailes du moulin ne tournaient plus. =. >o >oos osen en av avai aitt lon" lon"ue ueme ment nt pa parl rléé av avec ec =me =me Dint Dinto. o. $at%erine entendit le mot 5 coma 6# puis elle perdit le fil du discours. $oma( qu'est&ce que cela si"nifiait( lle ne savait pas# mais c'était affreux. affreux. Nne nouvelle va"ue d'an"oisse la submer"ea. 5 =ais qu'est&ce qu'il dit# le médecin( Mu'est&ce qu'il peut faire( 6 avait crié $at%A# et son cri avait arrac%é à :nita une plainte et un re"ard qui n'étaient mme pas une protestation. protestation. lle était si loin désormais désormais de toute incertitude. incertitude. +ans son corps mourant# son Pme ne c%erc%ait plus qu'à fuir. =. >oosen avait expliqué que le médecin lui&mme n'A pouvait rien. Nn or"ane or"ane vital# le foie# était mortellement mortellement atteint. Il n'A avait pas de remède. 5 II faut l'opérer# su""éra $at%erine. B Impossible 8 on on ne peut pas pas vivre sans foie foie 8 B =ais il A a bien quelque c%ose à faire 8 Les médecins d'ici ne le savent pas# peut&tre# mais à Daris... C% 8 monsieur8 c'est cela8 emmene7&la à Daris à ma place...# en avion8 6 Nn instant $at%erine se cramponna à cet espoir# mais quelques mots suffirent à le faire crouler ! 5 Impossible 8 elle est intransportable. Le médecin n'a mme pas voulu prendre le risque de la faire conduire à l'%Kpital. 6 t maintenant# dans la fraGc%eur du matin# on roulait en taxi vers l'aérodrome de San ;onet# à cinq @ilomètres de la vill ville. e. $at% $at%AA alla allait it pren prendr dree l'av l'avio ion# n# ce mod odee de tran transp spor ortt merveilleux dont la vitesse# la ma"ie# la "loire lui semblaient désormais aussi surfaites qu'inutiles. $es "i"antesques ailes d'acier# qu'elle apercevait immobiles au loin sur la plaine# n'étaient mme pas capables d'emporter une petite
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fille malade vers le salut... $ar pour $at%erine le salut était tou3ours possible. Il fallait qu'il A en eJt un... Il fallait... Il A eut la descente du taxi# l'attente au "uic%et des billets# la vérification des passeports# les formalités de la douane# et puis =. >oosen dit dit à $at%A ! 5 :ttende7&moi :ttende7&moi un instant. 'ai dit au médecin que 3e l'appellerais avant de partir. 6 $at%erine attendit. +es voix crièrent ! 5 Les voAa"eurs à destination de Daris sont priés de se présenter à la porte ;. 6 =. >oosen ne revenait pas. :llait&on manquer l'avion après avoir manqué le bateau( $at%erine le sou%aitait presque. =ais à quoi cela servirait&il( : voir mourir :nita 8 =. >oosen reparut# sa valise à la main. 5 :lors( demanda $at%A. B >ien8 lle a eu une crise de délire cette nuit. =aintenant elle est calme. B :lors( :lors( répéta $at%A $at%A encore plus plus an"oissée. B :lors :lors nous prenons l'avion# dépc%e7&vous dépc%e7&vous 8 nous sommes les derniers. 6 $at% $at%er erin inee s'em s'embr brou ouil illa la da dans ns les les pa papi pier erss qu qu'e 'ell llee de deva vait it montrer et ceux qu'elle devait conserver# puis elle s'avan-a sur le terrain oF un vent lé"er faisait onduler des c%amps d'%erbe entre les pistes de ciment. Ses derniers pas sur les Gles ;aléares 8 amais elle n'aurait pu penser qu'elle les ferait dans ces conditions# avec ces 3ambes lourdes qui se cramponnaient à la terre lorsqu'il fallait la quitter et qui# en s'A reposant# semblaient re"retter de s'A trouver encore. :dieu Dalma8 :dieu les Gles du bon%eur8 5 :sseAe7&vous à cKté du %ublot# vous verre7 le paAsa"e 86 La voix de =. >oosen était tou3ours aussi sèc%e et aussi raide que sa personne# mais comme il veillait attentivement sur $at%A8 t pourquoi( Dourquoi , avait&il attendue(
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Dour Dourqu quoi oi la rapa rapatr tria iait it&i &il( l( :ux qu ques esti tion onss de $at% $at%AA# il n'avait répondu que ! 5 ?e c%erc%e7 pas8 9ous comprendre7... plus tard. 6 +ans la trépidation de ses moteurs# l'avion se mettait à rouler doucement. Dlus doucement encore# il prenait un vira"e# repartait# au"mentait au"mentait sa vitesse... Il qu quit itta ta le sol sa sanns que $at%erine s'en aper-Jt. Tout à coup elle remarqua qu'elle était à %auteur du feuilla"e des arbres# puis au&dessus du toit des maisons et# sur sa "auc%e# la monta" ta"ne apparut rut basse asse## de plus lus en plus lus basse asse## comme plaquée au sol. Muelques minutes s'écoulèrent s'écoulèrent pendant lesquelles $at%erine ne pensa plus à rien. Nne sorte d'émerveillement sauva"e s'était emparé d'elle# qui mettait en fuite son c%a"rin. lle volait... Duis la mer apparut. Nne mer bleue fran"ée fran"ée d'écume# d'écume# battant le pied des falaises. Nn brusque souvenir lui revint ! son premier matin sur La Bédouine II4 $e lever de soleil oF tout lui était apparu si beau qu'elle en avait cru sa vie à 3amais transformée. $e rve de bon%eur pour elle et pour les autres8 Muel enfantilla"e8 enfantilla"e8 Mu'en restait&il après six 3ours de croisière( >ien8 :u lon" de ces 3ournées radieuses radieuses elle n'avait pas consolé :nita# :nita# elle ne l'avait pas empc%ée empc%ée de tomber malade. lle n'avait mme pas su faire en sorte que ses camarades cessent de se soup-onner et de se disputer stupidement. 5 :lcudia lcudia88 6 fit =. >oosen# en posant son doi"t mai"re sur la vitre# au&dessus d'un "roupe de maisons blanc%es perdu sur la cKte. Dourquoi fallait&il qu'il dise# 3uste à ce moment&là# ce mot qui rappelait à la fois le concours quand il n'A avait pas de tric%eurs# et :nita quand elle n'était pas malade( Sous les Aeuux de $at% Ae $at%eerine rine## la cKte Kte s'ef s'efffa-a. -a. Le ciel iel et la mer se confondirent en un brouillard bleu. 5 Mu'est&ce qu'elle a donc cette "rande fille( :&t&elle
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peur( 6 $'était l'%Ktesse de l'air. l'air. lle venait installer la table sur laquelle elle allait servir les petits dé3euners# et le désespoir de $at%erine avait interrompu son "este. 5 Cui# elle a peur# fit =. >oosen# mais ce n'est pas l'avion qui l'e l'effraie raie.. 6 Son Son acce accennt étai tait si sec sec qu'il 'il dut esti estim mer nécessaire d'a3outer une explication# car il dit encore ! 5 II A a dix 3ours# elle avait cru partir pour un beau voAa"e# elle revient au3ourd'%ui au3ourd'%ui aAant appris que la vie ne désarme pas# mme dans les Gles de rve. $'est une expérience que nous devons tous faire# n'est&ce pas# mademoiselle( mademoiselle( B Cui8 6 fit l'%Ktesse l'%Ktesse d'un air air sérieux. :vait&elle# elle aussi# rvé au cours de son premier vol de transformer le monde# et appris qu'elle aurait à se contenter d'ouvrir des tables pliantes et de servir des petits dé3euners( : voir son sourire si 3eune et son visa"e si "rave# $at%erine en fut soudain convaincue. Cn rve# on espère# on concentre ses forces et puis tout s'écroule... 1/)
5 Cui# répéta l'%Ktesse de l'air. La première fois on a beaucoup de c%a"rin. :près# :près# on en souffre moins 8 L'essentiel# c'est d'espérer tou3ours# sans se découra"er# sans renoncer. amais8 6 $at% $at%er erin inee écou écouta tait it## en ente tend ndai ait# t# vo voAa Aait it## mais mais il lui lui étai étaitt impossible de parler. 5 ?'est&ce pas# monsieur( 6 demanda encore la 3eune fille# en étalant soi"neusement une nappe de papier sur la table devant =. >oosen. 5 Cuais8 ais8 "ro" o"nna celui& lui&cci# mais ais du diabl iablee si 3e sais sais comment le faire comprendre à cette "amine. lle fond en larmes c%aque fois que 3'ouvre la bouc%e. B Il faut la laisser pleurer# monsieur# monsieur# dit l'%Ktesse. lle a d'autant plus de larmes à verser que son rve était plus beau...6 L'%Ktesse était partie puis elle était revenue# poussant devant elle une table roulante. 5 T%é( café( c%ocolat( 6 lle s'arrtait à c%aque ran"ée de fauteuils et lan-ait ces mots avec un sourire convaincant. convaincant. n mme temps elle 3etait à la dérobée un coup d'Eil en direction de $at%erine. 5 >e"arde8 semblait& elle lui dire# c'est comme -a qu'il faut faire. T%é( c%ocolat( ?e pas cesser d'offrir d'offrir...# ...# d'offrir d'offrir tou3ours tou3ours et à tous8 $afé( $afé( lait( 6 Cff Cffrir( rir( =ais =ais $at% $at%er erin inee n'av n'avai aitt plus plus rien rien à off offrir rir... : personne8 lle accepta une tasse de c%ocolat et re"arda =. >oosen qui mordait son toast d'un air mécontent. Mue lui avait&elle offert# à lui( Muelques remerciements# et mme pas une miette de sAmpat%ie8 5 9ous étie7 tout seul pendant cette croisière# monsieur# murmura&t&elle. 9ous ne vous tes pas ennuAé( 6 Le +anois eut l'air surpris par sa question. Cu bien était&il seulement surpris de voir que $at%erine ne pleurait plus( Il %ésita avant de répondre. nfin# il dit ! 5 9o 9ous n'ave7 n'av e7 donc rien deviné( de viné(
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B +eviné quoi( quoi( B Mue =. +elacour aAant été empc%é de vous accompa"ner# c'est moi qui le rempla-ais. B 9ous... vous le...( =ais alors...# pourquoi =. 9idal idal ne le savait&il pas( 6 =. >oosen se mit à rire franc%ement. 5 II le savait fort bien# dit&il. n fait# c'est moi qui l'avais c%ar"é c%ar"é de vous accompa"ner pendant cette croisière. B 9ous8 $omment est&ce possible( s'exclama $at%A au comble de l'a%urissement. B Si vous écoute7 parfois les émissions de >adio&Lutèce# vous deve7 me connaGtre# au moins de nom. >oosen est le nom de ma mère. $omme tout le monde# dans la vie courante# 3e porte celui de mon père ! Le =orvan. 6 $at%erine# en effet# connaissait fort bien ce nom souvent prononcé à l'Oeure des eunes# mais qui# pour elle# évoquait surtout les mardis soir de cet %iver oF son père branc%ait le poste# dès le début du dGner# dGner# pour écouter écouter certaine émission émission sur Les oosen# le froid et l'intransi"eant +anois# s'effa-a pour céder la place à ce Dierre Le =orvan# ami de son père# dont la voix familière avait si souvent retenti dans leur petite salle à man"er. 5 C%8 s'écria&t&elle# est&ce bte que 3e ne vous aie pas reconnu plus tKt. 9ous tes Dierre Le =orvan# mais c'est merveilleux8 B Dourquoi merveilleux merveilleux(( B Dour dix raisons et tout d'abord parce qu'il s'est passé pendant cette croisière des c%oses qui... des c%oses que... 9o 9ous ne pouve7 pas# vous# permettre qu'il A ait une in3ustice dans votre concours8 B Muelle in3ustice# in3ustice# $at%erine( 6 $at%erine rou"it et se tut. lle avait parlé# emportée
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par un besoin de franc%ise# et s'apercevait soudain qu'elle ne pouvait rien dire sans dénoncer Laurent. Nne p%rase de =. Le =orvan suffit à la tirer d'embarras. 5 Si vous voule7 parler des tric%eurs# dit&il# de $écile et de Laurent# c'est inutile. e sais tout ce qu'ils ont fait. B 9ous le save78 =ais Laurent Laurent m'a dit dit que... & ?'insiste7 pas# $at%erine $at%erine 8 9o 9ous perdrie7 votre votre temps à c%erc%er à l'excuser et moi à vous écouter... 6 t voilà8 Dierre Le =orvan# l'ami# s'était évanoui. : sa place# ne restait que l'intraitable =. >oosen. Il sortait de sa serviette une liasse de papiers et les compulsait d'un air qui si"nifiait nettement ! 5 ?e me déran"e7 pas avec vos petites %istoires. 6 Lon"temps $at%A demeura silencieuse# c%erc%ant à se faire une opinion sur ce curieux personna"e. Muel rKle avait&il tenu pendant toute cette croisière( $omment savait&il si bien ce qu'avaient pu faire $écile et Laurent( lle fouilla ses souvenirs# raccorda raccorda des épisodes épars# et s'écria soudain ! 5 $'est vous qui étie7 le moine dans le 3urA du bal( B Cui# "ro"na =. =. >oosen. & +omma +omma"e "e88 'ava 'avais is cru que vous étie7 étie7 le flibusti flibustier er.. 6 $at%A remarqua avec plaisir que# cette fois# son voisin relevait la tte pour lui répondre. 5 e l'étais aussi# dit&il. e sentais qu'il A avait de l'ora"e dans l'air et 3'aurais voulu tre partout à la fois. e ne suis pas parvenu à calmer :lain# :lain# mais 3'ai pu éviter que Laurent empc%e $écile de se dénoncer. & C%8 pourq pourquoi uoi(( fit $at%erin $at%erine# e# un peu désemp désemparé aréee par cette explication inattendue. B Darce que c'était pour $écile sa meilleure c%ance de rac%at. B lle est donc rac%etée( rac%etée( 6
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8 *%$'" C%((e&t e't-ce %''ib#e / : 'ec#a(a Cath a$ c%(b#e !e #ah$ri''e(e&t.
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Nn "este este imp impatie atiennt de =. >o >ooosen sen fit compren enddre à $at%erine qu'il était préférable de ne pas revenir sur ce su3et. Dourtant elle n'était pas au bout de ses questions# et reprit ! 5 t c'est vous aussi qui ave7 répété à =. 9idal que 3e voulais que nous ne nous soup-onnions pas les uns les autres( B Cui8 3'ai eu la faiblesse de croire à l'efficacité l'efficacité de votre sAst Astème. 'ai interdit à 9idal de prendre une sanction immédiate. 9ous ave7 vu le résultat8 Si +elacour avait été là... B Il aurait été bien moins patient que vous# c'est sJr8 Laisse7&moi vous remercier... & Inutile 8 6 coupa sèc%ement =. >oosen qui# presque aussitKt# a3outa ! 5 >e"arde7 ! la ,rance. 6 $at%erine s'attendait&elle à voir son paAs sur"ir tel qu'il est dans les atlas# %exa"one rosé aux découpures familières( lle eut un c%oc en n'apercevant rien qu'une li"ne pPle au&delà de la mer bleue# étirée sous un ciel é"alement bleu# noAée dans l'or de la lumière. $'était donc cela la ,rance et la fin du voAa"e( =ais c'était aussi beau que tout ce qu'elle avait vu 3usqu'alors 3usqu'alors et rien n'était fini8 fini8 >ien. lle reverrait ?at%alie# son amie ?at%alie. +ans quelques %eures# elle les retrouverait# tous ! la petite Sop%ie si naUve# et :lain# le loAal et impétueux :lain8 t =arc# si près enfin de retrouver son 3umeau. Tous# sauf :nita... =ais c%ut8 il ne falla allaiit plus lus pen ense serr à :nita nita## sin sinon des larm larmees alla allaiien entt se remettre à couler. 5 T%é# c%ocolat 6# avait dit l'%Ktesse. ?e pas cesser d'offrir8 Muand on ne peut plus rien# vraiment plus rien pour les uns# il faut faut offrir offrir aux autres# autres# à tous. t pas seulement seulement à ceux qu'on aime... 5 : quoi rv rve7& e7&vou ouss encore# re# $at $at%e %errine ine( demanda brusquement brusquement =. Le =orvan. :ve7&vous fini de préparer le reporta"e que vous aure7 à faire dès votre arrivée à Daris( ?on# n'est&ce pas( t vous croAe7 que c'est ainsi que vous décroc%ere7 le premier prix( 1/
B C%8 bafouilla $at%A# $at%A# 3e... 6 $omment $omment s'expliquer( s'expliquer( $omment $omment faire comprendre comprendre à ce sévère 3usticier que donner de la 3oie aux autres c'est aussi "a"ner un premier prix( lle A renon-a# prit ses notes dans son sac# et s'effor-a de concentrer sa pensée sur ce qu'elle aurait voulu dire autrefois# quand qu and elle était était %eu %eureu reuse# se# quand quand elle se croAait capable# en quelques p%rases# de communiquer à tous ceux qui n'avaient pas participé à la croisière l'ivresse et la 3oie qu'elle A avait elle&mme ressenties 8 =ais elle n'A pouvait parvenir. Ses meilleures intentions la fuAaient. lle se contrai"nait à écrire et s'aper-ut que les mots qu'elle tra-ait n'avaient aucun rapport avec un co com mpte rendu de voAa"e. lle "lissa la feuille de 9ourquoi 6tes% papier sous les Aeux de =. Le =orvan. Il lut ! 9ourquoi vous si sévère pour Céile et pour Laure pour Laurent" nt" :lors il se tourna vers $at%erine. 5 9raiment# cela vous tracasse à ce point( % bien# 3e vais vous le dire# écoute7. +ès la première épreuve# 3'ai remarqué que le dessin remis par Laurent avait une étran"e ressemblance avec celui de $écile. e n'ai pas voulu sévir... 6 * *
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Les $évennes avaient depuis lon"temps "lissé sous le ventre de l'avion. +es plaines en damiers sillonnées de cours d'eau les avaient remplacées. =. Le =orvan avait beaucoup parlé# et $at%erine en avait entendu plus qu'elle n'eJt sou%aité en entendre. rPce à son inco"nito# =. Le =orvan avait pu apprendre bien des c%oses qui auraient peut&tre éc%appé à =. 9idal. idal. Il lui avait# ait# en enttre au autr tres es## permis rmis de sur surve veil illler de près rès les les a"issements des deux suspects# à :lcudia# lors de la seconde épreuve. épreuve. =lé à d'autres passa"ers# il se trouvait sur le
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pont au moment oF Laurent avait donné à $écile le fameux coquilla"e. 5 =ais# s'était écriée $at%erine# il m'a dit qu'il ne savait pas d'oF il venait# et que c'était $écile qui... B ?e 3ouons pas sur les mots. Laurent se c%erc%e à lui& mme des prétextes pour s'excuser. =ais les faits sont là ! 9rimo, il savait parfaitement que le coquilla"e n'avait pas n'avait pas été trouvé sur la pla"e d':lcudia. >eundo, il n'avait pas à donner à une autre concurrente un coquilla"e quel qu'il fJt et s'il le faisait# c'était parce qu'il était dé3à complice avec $écile d'une première tric%erie B et# de ce fait# tous deux méritent rtio, Laurent a eu la lPc%eté de doubl do ublem ement ent d' d'tre tre punisZ. ?ertio, laisser $écile prendre sur elle tous les torts... B =ais il A a son père qui... 6# plaida encore $at%erine.
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La réponse que lui fit Dierre Le =orvan fit crouler ce dernier ar"ument ! des rensei"nements avaient été pris sur c%acun des lauréats avant le départ de la croisière. Le père de Laurent était sévère# mais n'avait rien d'un bourreau. Cn survolait la Loire. :près ce serait la ;eauce et tout de suite Daris. Laurent était perdu et $at%erine n'avait mme plus envie de le sauver. 5 9ous me prene7 pour un 3u"e intransi"eant# $at%erine# reprit brusquement brusquement =. Le =orvan. =ais si 3e 3 e le suis# c'est qu'il est de mon devoir de l'tre# ne le croAe7&vous pas( B $'est vrai 8 soupira $at%erine. Si vous pardonnie7 aux coupables# ce serait une in3ustice pour les autres. B :ussi 3e ne ne leur pardonnerai pardonnerai pas 8 B =ais vous n'alle7 n'alle7 pas disqualifier disqualifier $écile( & ?on8 'applique les rè"les qui vous ont été fixées par 9idal# dès l'annonce de la tric%erie ! celui qui se dénonce perdra les points de l'épreuve falsifiée# soit deux fois dix points pour $écile. $elui qui ne se dénonce pas sera disqualifié. Laurent Laurent le sera8 6 $at%erine ne répondit pas. Le cEur lourd# elle reprit ses notes. +e lon"ues minutes passèrent# rAt%mées par le "rondement ré"ulier des moteurs. ;ientK ;ientKtt ce serait serait l'émi l'émissi ssion. on..... les aud audite iteur urss impat impatien ients ts d'entendre parler de la croisière8 n son"eant à eux $at%erine s'étonna de découvrir tant de c%oses à leur dire# et l'espoir la rep eprrit sou soudain ain de réu réussi ssir un sen sensat sationn ionneel rep epoorta" rta"ee. Si seulement elle en avait le temps... 5 $'est bien# $at%erine# fit tout à coup une voix auprès d'elle. e ne vous croAais pas capable de faire cet effort# mais 3e suis content que vous l'aAe7 fait. =al"ré les points perdus# cette dernière épreuve peut vous permettre de triomp%er.
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B Dourvu que 3e ne bafouille pas# murmura murmura $at%A reconnaissante. B 9ous ne bafouillere7 bafouillere7 pas si vous voule7 bien# devant le micro# penser à ce que vous ave7 à dire et oublier le reste. =aintenant# ran"e7 vos papiers et attac%e7 votre ceinture 8 6 +errière le %ublot# des maisons "rises faisaient des tac%es de plus en plus lar"es# les tac%es se soudaient entre elles# devenaient immenses. 5 Daris8 6 murmura $at%erine. Cn était arrivé.
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CHAPITRE
DE?ANT LE de la aufre# dans les coulisses# les neuf concurren rrents ts## fraGc aGc%emen ementt déb ébaarqu rqués de l'av l'avio ionn de ;ar ;arcelo celonne# étaie taiennt nerve erveuux. +e +eppuis l'a l'atte tterris rrissa sa""e ils ils se sentaient dévorés par la %Pte d'en avoir fini au plus tKt avec l'ultime et redoutable épreuve devant le micro# et d'tre enfin libres# ensuite# de se 3eter dans les bras de leurs parents. =. 9idal était assailli de questions telles que ! 5 $e sera encore lon"( Muelle %eure est&il( st&ce que 3e verrai asse7 clair pour lire mon papier( :près :près qui dois&3e passer( 6 etc. Il A avait aussi ?at%alie qui# toutes les cinq minutes#
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rép répétait était ! 5 t $at%erine( $at%erine( lle n'arrive pas ( 9o 9ous tes sJr qu'elle sera là( 6 Rnervé# lui aussi# =. 9idal répondait aux uns ! 5 +u calme8 6 aux autres ! 5 Silence8 6 et pour se débarrasser une fois pour toutes de ?at%alie lui répétait ! 5 e vous ai dit vin"t fois tout ce que nous savions au su3et de $at%erine. =. Le =orvan a télép%oné %ier au studio pour dire qu'il l'avait bien retrouvée# retrouvée# qu'il reprenait l'avion avec elle# ce matin# et arriverait à temps pour l'émission. e ne sais rien de plus. B lle ne sera pas disqualifiée pour avoir manqué le bateau( B ?on. =. Le =orvan a dit qu'il fallait l'excuser. :nita :nita est vraiment très malade. 6 Tous les les co conc ncur urre rent ntss sava savaie ient nt à prés présen entt qu quii étai était# t# en réalité# le pseudo&+anois# et cette révélation n'avait inquiété que le seul d'entre eux qui eJt la conscience troublée. +epuis sa première rencontre avec =. >oosen B au départ de =arseille# lorsqu'il avait eu l'audace de lui demander de c%an"er de cabine & & Laurent s'était tenu à l'écart de cet iras irasci cibl blee pa passa ssa"e "err. =ais =ais il n'av n'avai aitt pa pass été été sans sans rema remarq rque uer r combien souvent celui&ci s'était trouvé sur son c%emin# comme par %asard... Il se souvenait fort bien de l'avoir vu sur la pla"e d':lcudia# niais# plus tard# lorsqu'il avait remis le coquilla"e à $écile# était&il là ou non( +epuis qu'il connaissait la véritable personnalité personnalité de l'%omme# l'%omme# Laurent ne pouvait évoquer ce sou souven enir ir san sans une cris crisppatio ationn d'an" n"ooisse isse## et vivai ivaitt da danns l'appré%ension d'une catastrop%e imminente... lle n'était pas venue# et son an"oisse ne faisait que croGtre. tait&il possible que =. Le =orvan n'eJt rien compris( Le 3eune "ar-on se cramponnait à ce fra"ile espoir#
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tout en crispant ses doi"ts sur les notes si bien préparées# si consciencieusement documentées# qu'il comptait lire devant le micro. ,ixée sur son sort# $écile ne trouvait pas aussi lourdes ces dernières minutes. lle savait que =. Le =orvan lui avait Kté un nombre de points suffisants pour l'empc%er de "a"ner# mais qu'il s'était refusé à la disqualifier. Le sort de Laurent l'intéressait désormais beaucoup plus que le sien propre. La mine de plus en plus torturée du pauvre "ar-on l'inquiétait# mais elle en rendait responsable son trop violent désir de remporter la palme et n'eut aucun pressentiment lorsqu'elle entendit soudain =. 9idal appeler ! 5 Laurent 8 6 5 $o $om mme il est est nerve erveuux 6# pen ensa sa $éc $écile ile en voAa Aannt l'interpellé devenir tout pPle. Duis elle s'éloi"na discrètement et n'entendit pas le moniteur dire ! 5 =. Le =orvan voulait vous parler avant l'émission# mais il n'est pas là. e le fais donc à sa place. B a A est8 pensa Laurent Laurent atterré. atterré. B Le concours est fini pour vous# continuait =. 9idal. idal. 9ous tes libre de passer dans la salle# de venir sur scène ou de vouss en aller# vou aller# mais mais en aucun cas cas vous ne parlere7 parlere7 devan devantt le micro. B =ais# monsieur# monsieur# pourquoi...( pourquoi...( B 9ous le save7 très bien# bien# Laurent. 6 5 II est l'%eure# il est l'%eure8 n place8 6 souffla un monsieur à l'air empressé. Laurent ne bou"ea pas. ,i"é sur place# il semblait semblait ne rien voir# voir# ne rien entendre. entendre. $omme le 3our de la première émission publique# on se "roupa sur la scène. Le rideau s'ouvrit. La salle noire se découvrit# pleine de monde. Les parents de bien des concurrents devaient tre là# invisibles. =arc# le cEur battant# se penc%a pour apercevoir
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son frère 3umeauH :ntoinette c%erc%a des Aeux sa petite sEurH Sop%ie# sa mère. =ais il faisait trop noir. Cn ne voAait qu'à peine les premiers ran"s peuplés d'inconnus# et au&delà# plus rien. 5 :ttention8 vous ave7 l'antenne8 6 La petite lumière rou"e s'alluma# si"nal connu. =. 9idal# debout devant le micro# commen-a à parler# s'exprimant d'un ton froidement officiel qui surprit les concurrents. Les petites %ist %istoi oire ress de c% c%ac acun un ne l'in l'inté tére ress ssai aien entt plus plus.. La mau auva vais isee cond co ndui uite te de Laur Lauren ent# t# les les erre erreur urss de $éci $écile le## l'ab l'abse senc ncee de $at%erine# tout devait tre passé sous silence. =. 9idal parlait pour les spectateurs spectateurs présents et les auditeurs absents# et ceux& ci ne se souciaient que de la valeur respective des reporta"es qu'ils allaient entendre. 5 ?ous avons le plaisir de faire savoir à nos auditeurs# disait =. 9idal# que la croisière de l'Oeure des eunes s'est déroulée dans d'excellentes conditions. La meilleure preuve n'en est&elle pas la bonne mine de nos voAa"eurs ici présents( Ils vont d'ailleurs vous donner eux&mmes leurs impressions. ?ous rappelons que l'opinion des auditeurs contribuera contribuera au classement final de ce concours et# pour n'influencer personne# nous ferons défiler nos reporters par ordre alp%abétique. ?ous comm co mmen en-o -ons ns do donc nc par ! :libe libert rt :lain lain qu qui# i# au co cour urss de dess épre ép reuv uves es préc précéd éden ente tess a tota totali lisé sé qu quar aran ante te&s &six ix po poin ints ts sur sur soixante. :lain8 6 :lain# son papier en main# s'avan-a# rou"e mais plein d'assurance. 5 =es c%ers amis# commen-a&t&il d'une voix ent%ousiaste# c'était ma"nifique. Il A a eu un bal masqué et 3e me suis dé"uisé en corsaire... B ;on8 il est lancé# se dit =. 9idal. idal. Cccupons&nous Cccupons&nous des suivants 6# et il 3eta un coup d'Eil sur sa liste. 5 ;eaumont =ic%èle# ;ernier $at%erine $at%erine.. Si elle n'est pas là# celle&là# 1
3e la passe. +ieu# qu'ils sont insupportables tous 8 6 t il releva les Aeux. $at%erine était là. Nn peu pPle# le re"ard anxieux# elle se "lissait entre les portants# essaAant de "a"ner sa place sans bruit# sur la pointe des pieds. =. 9idal idal lui fit un si"ne impératif ! 5 ?e bou"e7 pas 8 6 ;ientKt une salve d'applaudissements nourris vint saluer la fin du discours d':lain. $at%erine sentit que =. Le =orvan# derrière elle# la poussait en scène. +'un "este de la main# =. 9idal l'appelait aussi ! 5 : votre place8 9ite. 6 lle s'élan-a et ?at%alie vint se 3eter dans ses bras. $elle&ci était si %eureuse de la revoir qu'elle en oubliait oF elle se trouvait. $'est presque à voix %aute qu'elle l'accablait de questions# mais le brou%a%a des applaudissements couvrait tout ! 5 Muelle c%ance que tu sois là8 st&ce vrai qu':nita est très malade( t tu es revenue avec =. Le =orvan# toute seule( a ne devait pas tre drKle8 B Silence8 6 =. 9idal foudroAait les deux amies d'un re"ard cour co urro rouc ucé. é. Le calm calmee s'ét s'étai aitt réta rétabl blii da dans ns la sall salle. e. =ic% =ic%èl èlee parlait. :près# ce serait le tour de $at%erine. Son papier inac%evé tremblait entre ses doi"ts et toutes ses idées tourbillonnaient dans sa tte tte## en ple plein c%ao aos. s. Dari Dariss retr retrou ouvvé et tou ouss ses ses camarades de croisière autour d'elle... Mue de c%oses elle aurait voulu leur dire8 =ais ce n'étaient pas celles&là qu'on attendait d'elle. 5 Denser à ceux qui ne sont pas venus# penser à ceux qui ne sont pas venus... 6# se répétait encore $at%A# $at%A# lorsque la voix de =. 9idal proclama ! 5 =lle ;ernier# $at%erine# va maintenant vous donner son opinion sur le voAa"e de La Bédouine II. :pproc%e7# $at%erine 8 6
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$at%erine obéit. $ette salle noire# ces re"ards perdus dans l'ombre... ?on8 cela ne l'impressionnait plus. lle s'était 3uré qu'elle n'aurait pas peur. lle affermit sa voix et dit ! 5 Sur La Bédouine II, II, il A avait... 6 Nn re"ard lancé à son papier lui assura qu'elle était mal partie. lle tenta de se rattraper et poursuivit# d'une voix un peu %ésitante ! 5 II A avait dix lauréats du concours et aussi tous ceux... tous ceux qui m'écoute7 en ce moment. Cn vous avait emmenés avec nous en pensée# pour que... pour que... 6 Le re"ard de Dierre Le =orvan pesait sur elle. +ésespérément il lui faisait si"ne ! 5 a va8 c'est très bien8 continue78 6 =ais elle ne pouvait plus continuer. =aintenant =aintenant qu'elle avait évoqué le pont de La Bédouine II, elle n'A voAait plus rien# rien qu'une petite fille de cinq ans aux boucles noires# tenant une poupée rosé serrée sur son cEur. t cette vue lui faisait mal. Si mal...
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5 $ontinue7 8 continue7 8 6 ordonnait les Aeux sévères de =. Le =orvan. Le silence créé par la c%ute de la voix de $at% $at%er erin inee de deve vena nait it étou étouff ffan ant. t. Il fall fallai aitt le romp rompre re## pa parl rler er## parler... parler... Très Très vite elle enc%aGna ! 5 II A avait aussi une petite fille# une petite fille que 3'aimais beaucoup... =aintenant elle va mourir8 6 $ett $ettee an anno nonc ncee inat inatte tend ndue ue prov provoq oqua ua un sais saisis isse seme ment nt dans la salle# dont $at%erine sentit le reflux l'atteindre sur scène scène.. Les Les "e "ens ns l'écou l'écoutai taient ent## s'éton s'étonna naien ient#t# sAmpat sAmpat%is %isaie aient. nt. =ais =ais n'ét n'étai ait& t&ce ce pa pass po pour ur eu euxx qu qu'e 'ell llee pa parl rlai ait# t# ap aprè rèss tout tout(( Mu'importaient =. Le =orvan# =. 9idal et leurs si"nes de déné"ation 8 Le re"ard de $at%erine plon"ea dans la salle obsc ob scur ure# e# plei pleine ne tout tout à co coup up## lui lui semb sembla la&t &t&i &il# l# de "e "ens ns qu quii n'étaient pas de froids or"anisateurs de concoursH de "ens qui avaient des enfants# qui les aimaient# qui comprenaient sa détresse# et elle leur dit ! 5 lle a une maladie que les médecins de là&bas ne savent pas soi"ner. C%8 c'est affreux8 si vous savie78 lle ne bou"e plus# elle vous re"arde et elle ne vous voit pas. Il paraGt que c'est son foie... elle est dans le coma... elle va... 6 =lé =lées es à ses ses san" san"lo lots ts## les les pa paro role less de $at% $at%er erin inee se %ac% %a c%ai aien ent# t# se dilu diluai aien entt de larm larmes es.. ama amais is elle elle ne po pour urra rait it s'ex s'expl pliq ique uerr# fair fairee co com mpren prendr dree au auxx au autr tres es tout tout ce qu qu'e 'ell llee ressentait. 5 Dourquoi ne peut&on pas la sauver( 6 cria&t&elle d'un accent déc%irant. t puis une secousse brutale la fit reculer ! Dierre Le =orvan avait pris sa place devant le micro. 5 ?ous nous excusons de cet incident auprès de nos auditeurs# scandait sa voix brève# et rassurons immédiatement les parents de nos 3eunes voAa"eurs qui pourraient se trouver à l'écoute ! il ne s'a"it pas de l'un de leurs enfants... 6 $e fut tout ce qu'entendit $at%erine. Doussée %ors de la scène par =. 9idal# qui lui soufflait à l'oreille des in3onctions 1
au silence bien superflues# $at%erine se retrouva dans les coulisses# appuAée contre un portant. =. 9idal lui dit encore des c%oses qu'elle n'entendit pas# puis il l'abandonna. L'ém L'émis issi sion on co cont ntin inua uait it.. L'ém L'émis issi sion on## seul seule# e# co comp mpta tait it.. $at%erine et son c%a"rin étaient de trop. Cn les balaAait. Ils n'avaient pas leur place# ici8 Les "ens étaient venus s'amuser# et non pleurer. Le c%a"rin des autres ne les intéressait pas. Nne nouvelle va"ue de san"lots secoua $at%erine et elle s'écroula en larmes au pied du portant. Il n'A avait plus de remède à son désespoir. +e toute cette belle croisière# il ne lui rest restai aitt qu qu'u 'une ne amèr amèree cert certit itud ude# e# cell cellee d'av d'avoi oirr espé espéré ré## lutt lutté# é# sacrifié toutes ses c%ances pour un but trop "rand# inaccessible par ses propres forces# inaccessible mme pour des or"anisateurs de concours# des %Ktesses de l'air# des médecins réputés... $ontre le mal# contre la mort# personne ne peut rien8 Dersonne8 +ess ap +e appl plau audi disse sseme ment nts# s# pa parf rfoi oiss vé véri rita tabl bles es ov ovat atio ions ns## s'é s'élev levaien ient par mome oments nts de la sall sallee# venaie aient rela relanc nceer $at%erine dans ce lieu bi7arre oF elle se trouvait# 7one mal définie# à mi&c%emin entre la scène de t%éPtre avec tout son clinquant factice et la triste nudité des coulisses oF les acteurs abandonnent leurs rKles pour redevenir de simples %umains. La vie de tous les 3ours se dressait d'un cKté# décevante# de l'autre# la vie des rves... =ais les rves ne sont&ils pas plus décevants encore que la vie( 5 $at%erine8 6 appela une voix toute proc%e. La petite fille en larmes releva la tte. Laurent était là# l'air mauvais. 5 Ils ne t'ont pas laissée parler# toi non plus( demanda&t& il. B Laisse&moi8 6 "émit $at%erine# et elle éprouva un fu"ace instant de 3oie à se voir obéie ! lui tournant le dos brusquement# brusquement# Laurent s'éloi"nait s'éloi"nait après après un violent coup de pied 104
dans un rouleau de tapis. =ais il n'alla pas loin. Nne main brJlante s'accroc%ait à la sienne# le retenait# ne le lPc%ait pas. +onner# donner tou3ours... :vec effort $at%A venait de surmonter sa répulsion à l'é"ard du tric%eur. lle aurait voulu maintenant lui faire comprendre qu'elle parta"eait sa peine# méritée ou non. =ais comment# sans le vexer# dire ces c%oses à un or"ueilleux( Les mots fuAaient $at%erine et# lentement# son étreinte se desserra. Surpris# Laurent la re"arda. Il ne savait pas pourquoi elle pleurait# mais quelque c%ose lui disait que le c%a"rin de sa petite camarade était infiniment infiniment plus "rand que sa propre sou souffran ance ce d'amo amour& ur&prop ropre. re. Il sen sentit tit qu' u'il il ne falla allait it pas l'abandonner seule à ses larmes. t ce fut lui qui parla ! 5 Il faut oublier tout cela# $at%A 6# dit&il doucement. $at%erine ne répondit pas. Lentement# elle découvrait que Laurent# Laurent l'ambitieux# Laurent le tric%eur# pouvait lui aussi se montrer compatissant. t ce fut comme si# tout à coup# le monde se révélait moins noir. Laurent vit un sourire s'ébauc%er sur ses lèvres et a3outa ! 5 Les espoirs# tu sais# c'est fait pour ne pas se réaliser... 6 +u coup $at%erine en retrouva la parole. 5 ?on8 s'écria&t& elle. ?e dis pas cela8 Muelquefois ils se réalisent8 'en suis sJre8 sJre8 6 t ce fut à ce moment# 3uste à ce moment# qu'elle sentit une main se poser sur son épaule. Nne femme se tenait devant elle# une femme inconnue# à l'aspect parfaitement neutre# à la mine parfaitement indifférente. lle avait l'air très pressée# c'est tout. 5 Save7&vous oF est la petite fille qui a pleuré devant le micro( demanda&t&elle. B $'est moi8 fit $at%A# $at%A# qui à ce seul souvenir souvenir se sentit de de nouveau prte à fondre en larmes.
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B:lors# vene7 vite8 on vous vous demande... demande... B =oi( ce n'est pas possible8 Mui me demande( e ne sais pas... 9ene78 Suive7&moi. 6 B e Doussée par elle ne savait quelle force instinctive# $at%erine suivit la femme à travers des couloirs étroits# des escaliers raides# et puis elle se retrouva dans un bureau# oF une autre femme lui tendit un récepteur de télép%one. Tou3ours sans comprendre# $at%erine le prit et mac%inalement dit ! 5 :llK :llK 8 6 Nne voix d'%omme lui répondit ! 5 $'est vous# mademoiselle# mademoiselle# qui ave7 parlé tout à l'%eure d'une petite malade( Cui8 6 bredoui bredouilla lla $at%e $at%erin rine. e. lle lle n'étai n'étaitt mme mme pas B Cui8 surprise. 5 9ous ne me connaisse7 pas# poursuivait la voix# et mon nom ne vous dirait rien. =ais 3e suis médecin. Le cas dont vous ave7 parlé m'intéresse... Il A a peut&tre encore un moAen de sauver l'enfant. B Nn moAen8 cria $at%erine. $at%erine. B 'ai dit 5 peut&tre 6# mademoiselle. mademoiselle. =ais il faut d'abord que vous me donnie7 quelques rensei"nements. 9ous ave7 parlé du foie... B Cui# monsieur... monsieur... =ais 3e ne sais pas8 3e ne sais pas ce qu'elle a 8 6 Nn médecin se proposait pour sauver :nita# et $at%erine n'était mme pas capable de lui répondre# de lui dire de quoi elle se mourait8 5 :ttend ttende78 e78 s'écri s'écria&t a&t&el &elle# le# prise prise d'une d'une inspir inspirati ation on subit subite. e. Douve7&vous attendre deux minutes( e vais c%erc%er quelqu'un qui saura vous expliquer... B $'est bon# 3'attends8 3'attends8 6 $at%erine fila comme comme une flèc%e. La femme qui était venue la c%erc%er lui cria ! 5 :ttende78 3e vous accompa"ne8 6 mais $at%erine était dé3à loin. $omment retrouva&t&elle son c%emin# elle ne le sut 3amais. Tout Tout à coup elle aper-ut Laurent# qui la "uettait# l'air
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intri"ué# et# au mme moment# elle vit s'avancer vers elle la troupe 3oAeuse de ses camarades s'en revenant vers les coulisses# l'émission terminée. Ils s'arrtèrent# surpris# a%uris de lui voir ce sourire radieux# ce re"ard lumineux entre ses paupières paupières bouffies bouffies de larmes. =ais elle les c%assa impitoAablement de sa route# et %urla ! 5 =. Le =orvan# vene7 vite# vite 8 Il faut que vous parlie7 au médecin...# le médecin qui dit qu'il peut sauver :nita 86
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>PILO:?E +:?S le
silence du studio de >adio&Lutèce# les deux ai"uilles de la pendule se re3oi"nirent une fois de plus sur le c%iffre dou7e. Le calendrier accroc%é au mur indiquait la date du 3our ! 3eudi 2* 3uillet# %uit 3ours donc après le "rand reporta"e du concours des eunes. ?icole# la spea@erine# relisait à voix basse le texte de sa proc%aine proc%aine annonce ! 5 =esdames# messieurs# nous avons le plaisir# plaisir# au3ourd'%ui# au3ourd'%ui# de vous communiquer communiquer le résultat final de notre "rand concours# résultat tout à fait inattendu puisque... 6 :uprès d'elle# =. 9idal se penc%ait sur des feuilles de papier de petit format# format# couvertes d'écritures d'écritures enfantines. enfantines. 5 Insupportables peut&tre# s'écria&t&il tout à coup# mais
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des brav des braves es "o "oss sses es tout tout de mme8 me8 :ve7&v e7&vou ouss vu ces ces lettres# ?icole( B Muelques&unes# Muelques&unes# répondit répondit la spea@erine. $ombien sont&ils à vous avoir écrit( B ?euf8 Laurent Laurent s'est abstenu. B t ils disent tous la mme mme c%ose( B Cui8 à peu près. $'est à se demander demander s'ils ne se sont pas donné le mot. e ne peux pas infli"er aux auditeurs la lecture de toutes ces lettres# mais 3e ne sais laquelle c%oisir. rois savoir auune hane de #a#ner Rcou Rcoute te77 cell celle& e&ci ci ! +e rois votre onours, mais si, tout de m6me, *était moi qui avais mérité le premier pri5, -e voudrais que vous ne me le donnie1 pas@ si *est possi!le. +e sais, nous savons tous, qu*nita est presque presque sauvée. /ais tout e qu*on a fait pour elle, ça doit oAter très her... /. idal, pourrie1%vous revendre ou ne pas aheter la améra, ni l*appareil de pro-etion, et lui envo$er l*ar#ent"
B Lise7 cette lettre# fit ?icole# elle dit parfaitement parfaitement bien ce qu'elle veut dire. Mui vous l'a envoAée( B =arc Lemarc%and# Lemarc%and# un petit "ars rveur# rveur# qui ne paraissait 3amais 3amais très bien comprendre comprendre ce qu'on lui disait. =ais l*ar#ent de té pour il A en a d'autres ! ... +*avais mis de l*ar#ent m*ah aheter eter des disq isques. es. +e vou vous l*en *envoie voie.. .... si"né ! ean& remerie ie de ne pas m*avoir disqualifiée, $lau $laude de ... ... +e vous remer omme -e le méritais B c'est $écile qui écrit B# -*ai été très !6te !6te et très très or# or#ueil ueille leus use. e. +e le omp omprrends nds eno enorre mieu mieu55 maintenant, quand -e vois le mal que tout le monde se donne pour une petite fille qui n*était rien personne, sauf au uis uisin inie ierr de La ;éd édoouine uine II. +e voudrais, moi aussi, faire quelque hose pour elle...
Le porte s'ouvrit. s'o uvrit. =. Le =orvan entra. Il souriait. 5 ?'attende7 pas la dixième lettre# dit&il. 9ous ne la recevre7 pas. lle a été remplacée par une visite. Laurent est 10/
venu me voir. B $oura"eux# $oura"eux# cela8 siffla siffla =. 9id 9idal. al. B Cui8 Il n'a pu s'A résoudre qu'à la dernière minute# mais enfin il s'est manifesté. B Mue vous a&t&il a&t&il dit( B Trop Trop lon" à vous raconter. raconter. =ais il semble avoir enfin compris tout ce que sa conduite a eu de répré%ensible. Il m'a demandé comment il pourrait se faire pardonner par $écile et par nous... B >ien pour :nita( :nita( B Si. To Toutes ses économies. économies. Les voici. B : vous dans deux minutes 6# tonna à ce moment le %aut&parleur. Le silence se rétablit# ?icole saisit ses papiers et se recoiffa d'un "este instinctif. La petite lampe rou"e s'alluma. QQQ Le post oste brico colé lé par Laure urent# nt# dJ dJm men entt rép épaaré# éta était tou3ours dans sa c%ambre# mais la pièce était vide# et l'appareil sile silenc ncie ieux ux.. Laur Lauren entt cepe cepend ndan antt écou écouta tait it l'ém l'émis issi sion on.. =. Le =orvan l'avait installé dans une des salles d'audition de >adio& Lutèce# et il entendait la voix de la spea@erine poursuivre après son annonce ! 5 Selon le vEu émis par nos concurrents eux&mmes# il n'A aura pas de premier prix8 6 Laurent sursauta sur son siè"e. Muoi8 ce premier prix qu'i'ill av qu avai aitt si arde ardemm mmen entt sou% sou%ai aité té remp rempor orte terr# les les au autr tres es A renon-aient de leur propre "ré8 5 $omme nous l'a écrit l'un des participants# continuait la spea@erine# 5 s'il n'A a pas de premier prix on saura tous 5 qu'on a "a"né ensemble quelque c%ose de beaucoup 5 mieux qu'un petit cinéma à soi 6. $e qu'est ce 5 quelque c%ose 6# =. Le =orvan# or"anisateur du concours# va vous le dire. 6 Laurent n'écoutait n'écoutait plus... Il avait compris# et une 3oie 10
soudaine l'inondait qu'il n'avait encore 3amais connue ! celle de se sentir# pour la première fois de sa vie# solidaire des autres. QQQ +ans le petit pavillon banlieusard des 9ercourt# au3ourd'%ui silencieux# ?at%alie était seule devant le poste radio. Ses six frères et sa mère étaient partis en vacances et elle ne devait les re3oindre qu'à la fin du mois# avec son père. La vo voix ix de =. Le =orva rvan réso ésonnan antt dan anss la pièce ièce l'entraGna soudain très loin de là# au paAs des villes blondes et des flots bleus oF avait pris naissance la belle %istoire qu'il racontait. Il ne nomma pas $at%erine# mais il parla d'une petite fille qui éprouvait un immense désir de rendre les autres %eureux bien que# comme toutes les petites filles du monde et mme comme les vieux messieurs# a3outait 1#'ex&=. >oosen d'une voix sincèreZ# elle ne disposPt# pour réaliser son "rand rve# que de toutes petites forces tout à fait insuffisantes. =ais la petite fille n'avait 3amais accepté de renoncer à son rve# ni de se contenter des petites 3oies qui lui étaient offertes à la mesure de ses petits moAens. lle avait lutté# espéré# pleuré# et finalement rallié à son entreprise bien risquée des quantités de bonnes volontés# ainsi que des moAens scientifiques puissants. t comme tou3ours quand on met en commun# de tout cEur# les faibles moAens de c%acun# on était arrivé à des résultats que personne n'aurait cru possibles. n l'occurrence on avait sauvé la vie d'une petite fille# et transformé dix rivaux en une équipe de sauveteurs. QQQ :Aant précipitamment abandonné les plaisirs de la pla"e# :lain rentrait tout courant à l'%Ktel. =ais il avait trop tardé
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à sortir de l'eau# l'émission était dé3à commencée. commencée. : peine peine eut& eu t&il il fran franc% c%ii la "ril "rille le du 3ard 3ardin in qu qu'i'ill reco reconn nnut ut le timb timbre re familier de la voix s'éc%appant par la fentre du salon# "rande ouverte ! 5 ?os remerciements B disait cette voix B iront tout d'ab d'abor ordd à ce méde médeci cinn qu qui# i# prov provid iden enti tiel elle leme ment nt## se tena tenait it à l'écoute# 3eudi dernier à cette mme %eure. Sans l'aide qu'il nous a apportée# rien n'aurait été possible# mais# comme il nous l'a fait remarquer en refusant nos félicitations ! 5 $e 5 qui compte c'est la c%aGne# non les maillons. 6 :lain s'était fi"é# immobile au milieu du c%emin# l'oreille tendue. 5 Rcoute7 maintenant ce praticien# qui a tenu à "arder l'anonAmat# vous expliquer lui&mme les conditions de son
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intervention. 6 II A eut un instant de silence# un petit déclic comme lorsqu'on amorce un disque# puis une autre voix s'éleva# asse7 lente# monocorde# sans aucune rec%erc%e d'effet oratoire. Nne vraie voix de tec%nicien. 5 Les quelques mots lancés par votre concurrente en larmes m'ont aussitKt fait penser qu'il s'a"issait d'un coma %épatique et la description clinique que m'en a faite ensuite =. Dierre Le =orvan m'a confirmé dans cette opinion. Le coma %épatique est une évolution rare mais extrmement "rave de cert certai aine ness 3aun 3aunis isse ses# s# do dont nt l'is l'issu suee fata fatale le est est %a %abi bitu tuel elle leme ment nt considérée comme inévitable. Cr# il se trouve qu'avec d'autres c%er c% erc% c%eu eurs rs## 3e m'int 'intér éres esse se tout tout pa part rtic icul uliè ière rem men entt à cett cettee question# et nous avons pu mettre au point un traitement... 6 :lain# parti pour La ;aule au soir du 10 3uillet# n'avait re-u qu'une lettre de $at%erine l'informant brièvement des suites de cette intervention inespérée ! le remède indiqué par le médecin et donné par le laboratoire avait été envoAé par avion le 3our mme. :lain n'avait "uère cru à son efficacité et voilà# semblait&il# que l'impossible s'était réalisé. 5 Le produit en cause B continuait la voix du médecin B qui paraGt avoir une influence %eureuse sur cette évolution# ne se trouve pas encore dans le commerce# mais il m'a été facile de le procurer au médecin traitant... 6 : cet endroit du discours# :lain crispa ra"eusement les poin"s ! un "roupe d'estivants bruAants# rentrant à l'%Ktel# couvrait la voix émanant du poste. Il ne put saisir que des lambeaux de p%rases ! 5 administré par voie intraveineuse... semble avoir tiré d'affaire... Tout dan"er est écarté... 6 =ais c'était asse7 pour le rensei"ner. 5 =ille bombardes8 lan-a&t&il# il mériterait d'tre médecin de la marine# celui&là8 6 QQQ
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$écile# elle# passait ses vacances en monta"ne# et la ma3esté des cimes avait contribué à atténuer son c%a"rin. n ce moment mme# l'effort qu'elle avait fait pour se dénoncer publiquement# publiquement# sans accabler son complice# se trouvait soudainement récompensé par les paroles qu'elle écoutait ! 5 Tous les participants de cette croisière se sont sentis solidaires de ce sauveta"e. ?os concurrents nous ont tous fait savoir qu'ils renon-aient au premier prix# s'il devait leur tre attribué# et mettaient# de plus# à notre disposition les fonds dont ils pouvaient disposer. Le commandant de La Bédouine II et certains passa"ers nous ont aussi envoAé des c%èques 5 de solidarité 6. >adio&Lutèce s'est associé à leur "este. La famille oF vit la petite orp%eline n'est pas ric%e. La convalescence de l'enfant sera lon"ue et coJteuse... 6 5 e n'ai pas donné asse7 6# pensa $écile# tandis que =. 9idal lisait les lettres de =arc# de Sop%ie et du commandant. 5 t puis il faut que 3'écrive à la petite :nita. Cn s'ennuie tellement tout seul au lit quand on est malade 8 6 QQQ $'était une réflexion analo"ue que se faisait en cet instant $at%erine# arrivée depuis la veille dans la toute petite maison de sa "rand&mère 1 Z# tout au bout d'un minuscule villa"e perdu dans dans la campa"ne. campa"ne. :ssises de c%aque cKté du poste# la vieille dame et la petite fille écoutaient l'émission de l'Oeure des eunes# avec une é"ale attention# mais des sentiments très différents. C%$rae$' e$'ee Cather Catheri&e i&e,, et a#$$i = Catheri&e a$ Cha#et !e' @1 @1 ?"ir C%$ra Neie', Catheri&e et #e' Chie&' Chie&' er!$' %an$ (a ..e &"((e&ti"n,
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5 +rKle de concours# marmonnait la "rand&mère# drKle de concours8 Tu m'avais écrit# $at%A# que tu allais essaAer de "a"ner des points# d'tre première# tu te rappelles( et voilà qu'il n'A a pas de points et pas de "a"nants 8 6 lle avait bien cru# la pauvre femme# que sa petite&fille allait triomp%er# après tout ce qu'elle avait fait# et mal"ré les déné"ations de $at%A lui affirmant que ce serait %onteux si on lui donnait le premier prix après avoir raté toutes les épreuves sauf uneZ. 5 a m'aurait fait bien plaisir pourtant8 B $%ut8 "rand&mère8 "rand&mère8 supplia $at%erine# laisse&moi écouter. 6 Oors du poste# la voix de =. Le =orvan# son ami Dierre Le =orvan# s'élevait de nouveau ! 5 :près ces assauts de bonne volonté et cette succession de "estes désintéressés# il ne nous reste pas moins à vous faire connaGtre le nom du concurrent qui aurait re-u le premier prix s'il A en avait eu 11
un. $e "a"nant qui ne "a"ne rien# et qui est une "a"nante# c'est... 6 5 $'est toi# $at%A# tu vas voir8 6 s'écria "rand&mère. Les c%ut répétés de $at%erine se muèrent instantanément en %urlements de 3oie# car la voix amie annon-ait ! 5 ... =lle ?at%alie 9ercourt8 ?ous lui adressons ici nos plus c%aleureuses félicitations pour tous les points qu'elle a su accumuler en silence au lon" de la croisière et# plus tard# avec beaucoup d'éloquence# d'éloquence# au cours de de notre dernière dernière émission 6. 6. 5 ?at%alie8 quelle c%ance8 %urlait $at%A. B ;on 8 bon 8 si tu es si contente que -a# fit "rand&mère# "rand&mère# tout va bien. e vais faire l'omelette... B ?on# attends8 ce n'est pas fini8 6 Là&bas à Daris# dans le studio de >adio&Lutèce# =. Le =orvan 3eta un coup d'Eil à la pendule dont les ai"uilles allaient bien trop vite à son "ré. Sa voix se fit plus rapide ! 5 Dressé par l'%eure# 3e laisse à c%acun le soin de tirer lui&mme# s'il le veut# les conclusions de cette expérience que fut ce premier "rand concours de l'Oeure des eunes. Muant à nous# nos réflexions nous ont dé3à amenés à prendre une décision importante que nous sommes %eureux de vous communiquer ! nous renouvellerons désormais# c%aque année# ce concours et cette croisière. Le t%ème des proc%aines épreuves est dé3à fixé! le premier "rand prix sera accordé au lauréat qui aura su accumuler le plus de points au bénéfice des autres. Drofite7 de vos vacances pour vous A préparer# tous... 6 rand&mère ferma le poste. $at%erine releva la tte ! par la fentre ouverte# au&delà des prés en fleur il lui sembla voir le soleil se lever# une fois encore# sur l'immensité bleue de la mer.
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