Rédaction académique – académique – Erwan Erwan Morel, avril 2014
Deux exercices canoniques de l’écriture académique en français :
la dissertation et le commentaire composé. I. La dissertation Le sujet de départ : une question Faut-il être riche pour être heureux ?
ou une citation : « Si l'argent ne faisait pas le bonheur, Il y a longtemps que des riches malheureux auraient auraient rendu l'argent » (Jean-François Kahn)
Autre exemple : Le bonheur est-il une question de chance ? Ou : « La chance est un hasard, le bonheur une vocation » (Alexandru Vlahuta)
1.1. Caractéristiques générales 1 À l'origine de la dissertation se trouve la disputatio médiévale (débat rhétorique oral sur les auteurs). La dissertation en latin n'apparaît qu'au XVIIe siècle. Elle remplace dans les universités l'ancienne disputatio, ou discussion orale des thèses. C’est une réflexion argumentée, à partir de la problématisation d’un sujet p roposé en consigne d’écriture. La rédaction doit être claire, structurée, faire l’objet de cohérence et de cohésion aux niveaux de la macro structure (c’est ce que nous allons aborder dans les
lignes qui suivent) et au niveau « micro » avec des phrases bien reliées entre elles au style académique (utilisation des connecteurs, une bonne ponctuation, l’ élimination des mots faibles, une énonciation neutre : voix passive/ « nous », « on », pas de lieux communs, pas de répétitions systématiques dans le style, des justifications pertinentes, pas de horssujet, des parties équilibrées, une disposition typographique adéquate, etc.). En France, la dissertation est un exercice scolaire visant à développer les capacités réflexives d'un élève au long d'un processus analytique élaboré autour d'une problématique. Elle est est proposée dans dans le secondaire secondaire et le supérieur. supérieur. Elle s'appuie sur un sujet, proposé généralement sous la forme : d'une question générale ou d'une citation (en lettres et en philosophie) d'une notion à analyser dans le temps et l'espace (en histoire et en géographie) de mécanismes à expliquer et à commenter (en sciences économiques et sociales) d'une simple phrase ou d'un mot, où le candidat doit réaliser un exposé structuré et illustré de schémas à partir d'une problématique qu'il a dégagé (en Biologie, Géologie, Sciences de la Vie, de la Terre et de l'Univers).
Cet exercice est principalement en usage dans le monde francophone, et il joue un rôle prépondérant dans le secondaire secondaire et le recrutement de la fonction publique en France. Il 1
Source : article validé de Wikipedia
peut se rapprocher du paper , la forme de rédaction la plus utilisée dans le monde anglosaxon. Dans le cycle collégien et lycéen, la dissertation est une argumentation sur un sujet ou une idée où l'élève doit être impartial dans son explication. En second temps il faut se rappeler que la dissertation est une trace écrite où il faut défendre et réfuter le sujet en même temps. Qu'elle soit littéraire, historique, géographique, économique ou philosophique, une dissertation reste composée de trois grands moments : l'introduction (avec exposition du sujet, contextualisation et déroulement d'une problématique), d'un développement (en deux ou trois parties) et d'une conclusion. Cette structure reste stable. Cependant, certaines conventions sont spécifiques aux matières ou institutions, comme l'écriture ou non de titres et sous-titres, le nombre de parties, ou le type de plan.
1.2. Étapes préalables à la rédaction a) Il faut dans un premier temps bien lire et analyser le sujet : décortiquer chaque mot afin d’en saisir les enjeux réflexifs, c’est-à-dire la portée théorique, symbolique, esthétique et didactique pour notre cas en Licence de Français ; il faut donc comprendre les relations logiques entre chaque terme et se poser les questions essentielles avant de se précipiter à écrire ( éviter le hors-sujet !). b) Utiliser un brouillon et prendre le temps de coucher ses idées sur le papier : des aspects importants, sous forme de listes d’idées importantes, de phrases -clé qui permettent de problématiser le sujet, c’est-à-dire de saisir le sens de la question posée (ou de la citation) proposée pour ne pas faire de hors-sujet, questionner le pour et le contre, saisir les nuances et les limites de la réflexion qui va être engagée. L e bonheur dé pend de la chance
* le bonheur dépend de la chance car beaucoup de choses essentielles à notre bonheur dépendent de la chance (vie, santé, beauté, richesse, amour, etc.) * le bonheur dépend de la chance car il est déterminé par notre tempérament, lequel dépend de la chance (nous ne décidons pas plus d’être naturellement g ais ou mélancoliques que bruns ou blonds) L e bonheur dé pend de nous * le bonheur, c’est la satisfaction des désirs, et cela dépend (au moins en partie) de nous : nous pouvons
agir pour essayer de satisfaire nos désirs, surtout si nous nous limitons aux désirs simples (épicurisme), et encore plus si nous ne désirons que ce qui est en notre pouvoir (stoïcisme) * on peut modifier ses désirs, et ainsi atteindre le bonheur (restriction des désirs ; sublimation ; cho isir d’aimer une chose qui n’est pas so umise à la fortune). En particulier on peut placer son bonheur dans le contentement d’avoir bien agi, d’avoir fait ce qu’il fallait, d’avoir « tout donné » (idée stoïcienne). Autres idé es
* le niveau de bonheur est à peu près constant au cours de la vie, il ne dépend pas t ellement de ce qui nous arrive ; à partir de cette idée on peut dire deux choses : - le bonheur n’est pas une question de chance (il ne dépend pas tellement des coups de chance que nous avons au cours de notre vie) - le bonheur est complètement une question de chance (car il dépend de notre tempérament, que nous n’avons pas choisi) : c’est -à-dire qu’il dépend de « nous », de ce que nous sommes, donc de la chance, car nous ne sommes pas maîtres de ce que nous sommes : paradoxal ! * la chance elle-même dépend de nous : car notre chance dépend de notre vivacité et de notre enthousiasme : la chance n’existe que pour celui qui est prêt à la saisir (« la chance sourit aux audacieux »). Bref, la chance elle-même dépend de notre « vertu ».
Une fois que les idées principales sont notées et schématisées au brouillon, il faut imaginer l’organisation de ces idées selon un plan précis : dialectique, progressif, thématique ou chronologique.
1.3. Types de plans Le plan dialectique On peut utiliser le célèbre plan dialectique « thèse, antithèse, synthèse », c’est pratique si on peut répondre à la question par oui/non ou commenter la citation avec les points positifs et négatifs. 1) Thèse Il faut proposer une idée, en général positive par rapport à la citation ou à la question de départ. C’est la partie du « oui » (avoir de l’argent permet d’être heureux parce que blablabla…)
2) Antithèse Il faut proposer une idée, en général négative par rapport à la citation ou à la question de départ. C’est la partie du « non » (l’argent ne garantit pas toujours le bonheur, par exemple, dans certains cas… blablabla)
3) Synthèse (cette partie peut être facultative si le raisonnement « se tient »). Proposer un paragraphe qui « réconcilie » les deux premières parties : le oui et le non, ça peut être une autre proposition alternative , une idée différente (avoir l’argent nécessaire pour soi et sa famille, avoir une attitude saine avec l’argent et vivre heureux d’une autre façon, par exemple, … blablabla).
Le plan progressif Il s’agit de proposer des réponses à des hypothèses initiales que l’on présente dans l’introduction. C’est pratique si le sujet est propice à se poser des questions, comme une enquête. Les hypothèses permettent d’avancer dans l’enquête.
1) Hypothèse 1 Réponse à la 1 ère hypothèse (Si on est riche, on est vraiment heureux ?): avoir de l’argent permet d’être heureux parce que blablabla…)
2) Hypothèse 2 Réponse à la 2 ème hypothèse (Si on est heureux, on peut devenir riche plus facilement ?) 3) Hypothèse 3 Réponse à la 3 ème hypothèse (Existe-t-il une manière saine d’être riche et heureux en même temps ?)
Le plan thématique On peut utiliser un plan thématique. On présente alors des thèmes qui permettent de répondre à la question posée ou de commenter la citation. On peut aussi l’appeler « plan
analytique », on analyse les grandes thématiques liées au thème central de la question ou de la citation. 1) Thématique 1 Analyse de la thématique de la richesse (explications de l’Histoire, diverses théories, les sciences économiques et sociales, etc.). 2) Thématique 2 Analyse de la thématique du bonheur (explications de la philosophie, la littérature, les arts, la religion, etc.). On peut réaliser la dissertation en 2 parties, on n’est pas toujours obligé d’en faire 3 !
Le plan chronologique On peut aussi réaliser un plan chronologique , en suivant tout simplement l’ordre des étapes temporelles qui permettent de répondre à la question posée ou de commenter la citation. 1) Partie 1 : La richesse et le bonheur vus dans l’Antiquité Analyse de la relation entre les deux thématiques à l’époque des Grec s et des Romains.
2) Partie 2 : La richesse et le bonheur vus au Moyen-Age Analyse de la relation entre les deux thématiques du 8 ème siècle au 15 ème siècle. 3) Partie 3 : La richesse et le bonheur vu s à l’époque contemporaine. Analyse de la relation entre les deux thématiques du 19 ème siècle au 21 ème siècle. La dissertation peut maintenant se construire et se structurer en trois parties essentielles : introduction, développement, conclusion . L’introduction pourra être rédigée
au brouillon afin d e s’y reprendre à plusieurs fois si nécessaire, raturer, modifier et reformuler les premières lignes qui sont cruciales ; de même pour la conclusion : elle pourra être rédigée d’abord au brouillon car les dernières lignes doivent être particulièrement bie n rédigées, c’est la dernière impression qu’aura le lecteur en lisant la dissertation. Les parties du développement doivent être construites selon une progression ascendante, c’est-à-dire vers les arguments les plus marquants de la dissertation. Les parties sont alors au moins de taille égale, en général orientées de la plus petite vers la plus grande. Il faudra donc veiller à équilibrer en taille chaque élément de la dissertation, tout en sachant que l’on peut proposer un développement en un minimum de 2 parties et un maximum de 4 parties.
Introduction: ≈ 8 lignes
1ère partie ≈ 15 lignes
2ème partie ≈ 20 lignes
Exemple pour une dissertation de 80 lignes ( ≈ 800 mots) 3ème partie ≈ 25 lignes
Conclusion ≈ 8-10 lignes
Rédaction académique – Erwan Morel, avril 2014
1.4 Plan général la dissertation Phrase introductive générale sur le sujet : La relation entre la richesse et le bonheur a toujours intéressé les philosophes, depuis …. Problématique : On peut se demander en effet… gnmfgjsrju Annonce du plan : Nous verrons en première partie qu’il est po ssible d’être riche et heureux… Nous aborderons ensuite cette relation sous l’angle problématique…. Nous terminerons notre
n o i t c u d o r t n I
t n e m e p p o l e v é D
n o i s u l c n o C
analyse en proposant l’idée selon laquelle…
s t n a t r o p m i s u l p s e l s t n e m u g r a s e l s r e v : e t n a d n e c s a n o i s s e r g o r P
L'accroche : c’est une phrase introductive générale ayant un rapport direct avec le sujet. Elle rappelle le contexte dans lequel la problématique a pu évoluer ou l’actualité de la thématique. Qu'est -ce qui peut nous amener à nous poser la question formulée dans le libellé? On peut partir d'une observation, d'une opinion commune... L a pr obl é matique : Il s’agit d’en définir les termes-clefs, d'analyser le sujet, c'està-dire littéralement de le décomposer afin de donner le ou les sens des différents termes qu'il comprend : article, pronom personnel, articulations, concepts. Il s’agit aussi de de montrer l’intérêt et les limites du sujet : jusqu’où il sera traité et ce qui ne sera pas traité, après l’avoir bien évidemment valablement motivé. L' annonce du plan : elle annonce les grandes parties de la structure proposée. Les verbes sont conjugués au futur simple, accompagnés de connecteurs qui marquent la chronologie des parties du développement.
Partie 1 : Phrase introductive, généralités sur la thématique de cette partie. Développement : structuré par des arguments sus forme d’exemples analysés, de réflexions qui suivent une progression ascendante (en allant vers l’argument le plus marquant).
Conclusion partielle de la partie 1 (une phrase ou deux) en faisant la transition vers la partie 2 : il suffit de mentionner rapidement avec un mot ou une expression la thématique suivante.
Partie 2 : Phrase introductive, généralités sur la thématique de cette partie. Développement : structuré par des arguments so us forme d’exemples analysés, de réflexions qui suivent une progression ascendante (en allant vers l’argument le plus marquant).
Cette partie peut être de même taille ou légèrement plus longue que la précédente. Conclusion partielle de la partie 2 (une phrase ou deux) en faisant la transition vers la partie 3 : il suffit de mentionner rapidement avec un mot ou une expression la thématique suivante.
Partie 3 : Phrase introductive, généralités sur la thématique de cette partie. Développement structuré par des arguments sus forme d’exemples analysés, de réflexions qui suivent une progression ascendante (en allant vers l’argument le plus marquant).
Cette partie peut être de même taille que les autres ou légèrement plus longue que la précédente (progression ascendante). Conclusion partielle de la partie 3 (une phrase ou deux).
Reprise des conclusions de chaque Partie (1, 2, 3) Nous avons vu en premier lieu que… En second lieu, … Cela nous a permis d’aborder ensuite… … Conclusion générale : Le bonheur, c’est donc finalement une question d’intention sur les plans personnel et professionnel car…
Ouverture de la conclusion : La réflexion sur la richesse et le bonheur est
Reprise des conclusions parti elles : il s’agit de reformuler, sous la forme d’un bilan, les conclusions de cha que partie du développement. Les verbes sont conjugués au passé composé accompagnés de connecteurs pour reconstituer la chronologie des parties du développement. Concl usion gé né ral e : i l convient de la formuler clairement pour que le lecteur puisse identifier une prise d position par rapport à la problématique de départ..
finalement utile pour l’avenir de l’Homme, la
société et le respect entre les citoyens de toutes les cultures…
Ouvert ur e de la conclusion : C’est une phrase de conclusion générale qui propose en général une/des autres pistes de réflexion, un prolongement vers une autre thématique…