10 Mars 2009
Diane Chenaouy 7FrC
Dissertation Sujet: Dans quelle mesure les Fables de la Fontaine correspondent-elles à l’idéal artistique de la période classique : « instruire, plaire, émouvoir » ?
Introduction
Les fabulistes ont souvent pris Esope comme modèle, qui proposaient de nombreuses petites histoires faciles à retenir et qui marquaient les esprits par leur caractère distrayant et éloquent. Pourtant avant la Fontaine, elles étaient considérées comme vulgaires. Ce dernier les popularise parmi les plus hauts placés grâce aux recueils successifs qu’il publie et qu’il a soin de dédicacer à des gens importants. Le livre I par exemple est adressé au Dauphin, qui est encore un enfant. Le but de ces fables est l’enseignement des réalités par la mise en scène plaisante d’animaux ou de végétaux, tout en émouvant le lecteur grâce à la manière humoristique ou pathétique d’aborder les divers thèmes. On pourrait se demander dans quelle mesure ces fables correspondent à l’idéal artistique de la période classique : « instruire, plaire émouvoir », ainsi nous examinerons en quoi effectivement La Fontaine suit ces principes, puis nous étudierons comment il transcende ces règles et arrive à une manière tout à fait nouvelle d’écrire des fables. Développement I.
Les aspects classiques de la fable A. A. Cont Contin inui uité té Période classique : exaltation des passions (catharsis), philosophie dans les textes Genre en essor : tragédies, comédies, épopées Imitation, reprise du modèle antique
a) Fabu Fabuli list stes es anti antiqu ques es Modèles antiques : Esope (surtout imitation dans les premiers livres. Prose, style court, concis, concentré cers la morale de l’histoire,) Phèdre (il reprend Esope, mais versifie ses fables. De plus, était vu comme un amuseur, un humoriste mais également comme un écrivain audacieux.) « Art et guides, tout est dans les Champs Elysées. »
b) b) Thèm Thèmes es abor abordé déss Amour (Le lion amoureux), amoureux ), amitié (Les deux pigeons), pigeons ), travail (La cigale et la Fourmi), Fourmi ), justice (Le loup et l’agneau), liberté (Le loup et le chien), mariage (Le mal marié), mort (La mort et le bûcheron), critique des abus de pouvoir (Les Obsèques de la Lionne) Les thèmes sont classiques, on en attend pas d’autres en ce qui concerne les fables : pas d’invention en ce qui concerne le fond, au contraire de la manière (cf deuxième partie) Ajouter exemple de ses thèmes chez d’autres auteurs
c) Honnê Honnête te homme, homme, philos philosoph ophie ie ème
18
siècle : siècle des lumières
La Fontaine : philosophe, s’inscrit dans l’idéal de l’honnête homme => recherche la sagesse
« Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami ; Mieux vaudrait un sage ennemi » => dénonciation des excès => modération dans les désirs « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » Le petit poisson et le pêcheur => éloge de la médiocrité « La pauvreté vaut mieux qu’une telle richesse. Retirez-vous, trésors, fuyez ; et toi, Déesse, Mère du bon esprit, compagne du repos, O Médiocrité, reviens vite. » => mais éviter de tomber dans l’excès inverse : austérité excessive qui vous « fait cesser de vivre » (Le philosophe Scythe) =>constatation que le mal règne => fables = leçons de lucidité => Fables philosophiques ex : « Le Vieillard et les Trois Jeunes Hommes »
B. B. Idéa Idéall Cla Class ssiq ique ue a) Instruire => Enseigne des comportements, des réflexes à avoir, et surtout la méfiance Ex : Le Corbeau et le Renard (se méfier des flatteurs) Ex 2 : Le lièvre et la Tortue (« Plutôt que courir, mieux vaut partir à point ») Livre 1 : adressé à un enfant => il faut lui faire découvrir le monde, lui montrer, dénoncer des comportements, à la manière de Molière dans Tartuffe et L’Avare Recueil entier : Conseils de vie voire de survie (La Cour du Lion ), dénonciations violentes Instructions philosophiques, comment atteindre la sagesse
b) Plaire L’imitation => Imitation n’est pas une fin en soi mais moyen de réaliser la l a beauté, et donc de plaire « Mon principal but est toujours de plaire » (Préface de Ps yché, 1669) Utilisation des animaux Narration élaborée Similitude au théâtre => fables = petites comédies souvent dialoguées, des récits romanesques « Une ample comédie à cent actes divers, Et dont la scène est l’univers » (V,1) Vivacité de l’écriture qui va avec les retournements de situations et le rythme rapide des fables => Diversification des vers, qui donne un aspect de prose et accentue cette vivacité Ex : L’Amour et la Folie Beauté du texte et du langage Richesse du style
c) Emouvoir Attente du lecteur : une fin morale, le trio mphe de la justice, du faible sur le fort car sauvé et logique et raison l’emportant : pourtant ce n’est pas toujours le cas Surprise du lecteur, attente déçue : la fin de certaines fables provoquent comme un choc Ex : Le Loup et l’agneau « Tu la troubles, reprit cette bête cruelle, Et je sais que de moi tu médis l'an passé. -Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ? Reprit l'agneau ; je tette encor ma mère » Lien avec la deuxième partie : Si La F ontaine s’est inspiré des fondations du classicismes et est surtout parti de l’imitation des auteurs classiques, il apporte pourtant une dimension nouvelle au genre de la fable, et cela car il transcende tout ce qui a déjà été fait en apportant des éléments originaux avec grand talent.
II. II.
Auda Audace ces, s, amé aména nage geme ment nts, s, inn innov ovat atio ions ns de de La Fon Fonta tain inee ème
Idéal du 17 siècle : un peu bousculé, dépassement du classicisme traditionnel S’affranchit du genre de la fable Renouvelle ses sources => tend vers épicurisme d’Horace
Capable d’enrichir son modèle par son propre talent, la Fontaine dit lui-même : « Mon imitation n’est pas un esclavage », par sa propre connaissance de la nature : l’invention n’est pas dans la matière mais dans la manière.
A) Libertés Libertés prises prises avec avec les les règles règles a) Style Abandonne la sécheresse ésopique : la fable accueille à présent tous les tons et toutes les aspirations Grande diversité de registres : Comédie, épître, parfois même conte merveilleux Descriptions dans les fables : brèves mais justes Exemples : « Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe » (II,2) « L’onde L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours » (VII,4) « Dans la saison Que les tièdes zéphyrs ont l’herbe rajeunie » (V,8) (V,8) Les fables ne sont plus ternes comme celles d’Esope : l’esthétique fait corps avec l’éthique b) b) Moral Moralit ités és ambi ambigu guës ës Moralité = avec Esope : justifie l’histoire En général, elle est séparée du corps de la fable, on la trouve au début ou à la fin, en quelques vers. Chez La Fontaine : pas toujours le cas (variation : des fois présence d’une moralité, des fois deux moralités, des fois rien) Morale : pas toujours sauve => moyen de s’arranger avec le monde leçon de lucidité => inciter à la méfiance (Le corbeau et le renard) ex : Le Loup et la Cigogne (ingratitude) Le Lion et le Moucheron (injustice (inju stice du destin) => loi naturelle : triomphe des forts et des habules => combattre nos défauts s’observer avec lucidités, connaître ses propres défauts) comme la vanité (La grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf ), bœuf ), l’égoïsme (Le rat qui s’est retiré du monde), monde ), avidité et avarice (Le Loup et le Chasseur ) Chasseur )
=> bons sentiments : amour du travail (Le Laboureur et ses Enfants), Entraide (Le Vieillard et ses Enfants), la pitié (Le Lièvre et le Perdrix)…
B) Ajouts « Egayer la matière » D’autres sources : P ilpay, ilpay, autres fabulistes moins connus : Babrius, Aphthonius, Abstemius, conteurs du XVIème siècle : Rabelais, Bonaventure des Périers et autres… Plus grande diversité dans les autres recueils : créer d’avantage lui-même en observant autours de lui
a) Gaîté, Gaîté, fantais fantaisie, ie, petite petitess histoir histoires es vivaces vivaces Intercale dialogues, récits Vers libres : rapproche de la prose, accélère le rythme ==> Phrases courtes == > loin de la fable traditionnelle Union du geste et de la parole : illusion théâtrale Contradiction entre la gaîté des récit et le pessimisme qui s’en dégage
b) Poésie ème
17 siècle : habituellement assez peu de poésie ==> contraste avec La Fontaine Poésie dans des textes qui n’en avaient pas forcément à la base : cf textes d’Esope Ambiance poétique : exaltation de la nature Humour et ironie : caractéristique de la fable française stéryotypée après La Fontaine Mélange longueurs de vers, pas de régularité, rejets et enjambements nombreux Importance de la campagne, de la vie rustique, alors plutôt réservées aux peintres
c) Engageme ement A partir du Livre 7, les fables deviennent beaucoup plus personelles => on y ressent plus la sensibilité de l’auteur, sa volonté de s’engager De critiquer la société et la cour (La Cour du Lion ) les abus de pouvoirs (Les animaux malades de la peste) peste) Prend fait et causes pour certaines idées Image complète, avec les différents recueils, de la société de l’époque.
Conclusion
En fin de compte, La Fontaine est un écrivain qui a cherché à créer un nouveau type de fable : son imitation des modèles antiques comme Phèdre ou Esope se limite aux déroulement des histoires. L’innovation L’innovation dans ce genre lui vaut encore maintenant d’être d’êtr e très présent dans la culture francophone sous plusieurs formes : on connaît très bien certaines histoires comme celles du corbeau et du renard ou de la grenouille qui se voulait aussi grosse que le bœuf, on le cite fréquemment, la plupart du temps sans s’en rendre compte. En effet de nombreuses citations des moralités de ses fables sont devenues des proverbes. C’est finalement jusqu’à la conception de la fable qui a changé après lui : les apologues de ce type là sont maintenant ancrés dans nos esprits comme se devant d’être vifs et gais et dont une chute illustre la lucidité dont chacun se doit de faire preuve.