16. La Fontaine et la fable Jean de La Fontaine commence sa carrière d’écrivain chez Nicolas Fouquet, le ministre de finances et mécène de nombreuses artistes et écrivains. Il écrit des poèmes de circonstance pendant trois ans pour lui, et après son arrestation La Fontaine écrit l’Ode au roi en faveur de Fouquet, puis passe quelque temps a l’exil. Il y écrit une série des lettres en vers et en prose publiées à titre posthume et intitulées la Relation d’un Voyage de Paris en Limousin. Ce récit témoigne de son talent de poète conteur qui le rendra immortel. Il publie alors ses premières Contes qui font connaître son nom au grand public. Il a en fait transposé en vers des contes licencieux s’Arioste, Boccace, Rabelais et Marguerite de Navarre. Les personnages de ces contes font cliché : femmes infidèles ou insupportables, maris jaloux ou cocus, fille simples, princes déguisés voulant gouter a la liberté etc. Les histoires sont incroyables et les lieux indéterminables et intemporels, parce qu’elles ne doivent donner un exemple ou une morale ; leur seul but est de divertir et amuser le lecteur. La Fontaine utilise souvent la versification irrégulière, parce qu’il pense que c’est une certaine négligence qui attire le lectorat et non pas l’écriture nette et régulière. Le public de l’époque préfère de plus en plus le naturel et la simplicité, donc La Fontaine s’efforce à créer une illusion de spontanéité. Un nombre des contes sont écrits en un langage vieux et en vers réguliers aussi, ce qui ressemble le conte médiéval, mais de toute façon elles se terminent heureusement. Outre les contes, La Fontaine écrit des poèmes didactiques, scientifiques, épiques et satiriques, ainsi que des pièces de théâtre et des spectacles de cour. Il a fréquenté le salon de Margueritte de Sablière et se mêlé dans la célèbre Querelle des Anciens et des Modernes, en essayant de les réconcilier. Mais il est surtout connu comme le plus grande fabuliste français. La tradition des fables en France va jusqu’au Moyen âge, quand les Ysopets traduisaient les œuvres du fabuliste latin Esope qui a établi la structure du genre au XVI siècle avant J.C. C’est un court récit ou les personnages sont des animaux. La plupart de fables comportent un dialogue entre eux et toutes illustrent une morale. Les plus célèbres fables médiévales sont celles de Marie de France, ou celles de Roman de Renart contenant des traductions mais aussi des fables originales. Pendant la Renaissance, Marot a compose quelque fables aussi. Mais depuis le XVII siècle, le nom de La Fontaine reste toujours lié avec ce genre littéraire. La Fontaine a transformé ce genre érudit et didactique afin de le réactualiser et de l’adapter au gout d’un plus grand public. Il les écrit avec spontanéité et simplicité et il leur donne de diverses tonalités. La langue et le style varient beaucoup – certaines fables sont écrites d’une langue noble et précieuse et dans les autres on trouve un langage populaire ou même vulgaire plein de provincialismes. La structure ressemble celle du théâtre classique. Le schéma récurrent comprend une exposition ou le problème se pose, une action vraisemblable et logique et un dénouement bref qui provient logiquement du jeu des caractères unidimensionnels des personnages. La Fontaine se sert des animaux anthropomorphes pour décrire et critiquer les mœurs des hommes, mais en évitant la censure. Il s’oppose cependant à Descartes qui considère les animaux comme des machines et pense qu’un animal se montre souvent même plus raisonnable que l’homme. Les Fables consistent en trois recueils comptant presque 250 fables en vers. Ils suivent l’évolution idéologique de l’auteur, d’abord janséniste, ensuite libertin, avant de se tourner vers le mysticisme. Le premier recueil est dédie au Grand Dauphin (future Louis de France) et La Fontaine y insiste sur l’aspect éducatif. Il a dit : je me sers d’animaux pour instruire les hommes. Dans le deuxième recueil il y a plus d’êtres humains et la morale finale inclut une dimension sociale et politique. L’auteur ici satirise ses contemporains. Le dernier livre est tourné vers la connaissance de soi et le salut. Pour finir, citons quelques fables les plus célèbres : La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard, Le Loup et l'Agneau, Le Lion et le Rat, Le Lièvre et la Tortue, Le Lion amoureux, Le Petit Poisson et le Pêcheur, Le Loup et le Chien