LES TECHNIQUES DE DESSIN
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ASSOCIATION DES CONSERVATEURS
DES MUSÉES DU NORD-PAS DE CALAIS
LES TECHNIQUES DE DESSIN LES TECHNIQUES AVEC MATÉRIAUX LIQUIDES ET AQUEUX |Le de ssi n à l’e nc re|
La plume et l’encre l’encre •
LES PLUMES
PLUME DE ROSEAU, PLUME D’OIE, PLUME METALLIQUE
L’emploi de la plume est lié à l’écriture et au dessin. On en distingue trois types : la plume de roseau, les plumes d’oiseaux et la plume métallique. La plume de roseau taillée apparaît dans l’Antiquité sur les parchemins. Elle se reconnaît à son trait dur et sec. Les plumes d’oiseaux plumes de coq, de cor!eau, de cygne et surtout plume d’oie" o##rent, d$s le sixi$me si$cle, une grande %ariété de traits souples et déliés. La plume métallique est #a!riquée industriellement au dix&neu%i$me si$cle. Elle sert tant à l’artiste qu’à l’écolier. ANONYME, Duel (Exorcisme) Plume sur papier, 16 X 23,5 cm Bergues, Musée Municipal
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LES ENCRES
L’ENCRE DE NOIX DE GALLE
L’encre la plus généralement employée est #a!riquée gr'ce à une décoction de noix de galle, excroissance riche en tanin préle%ée sur des #euilles de ch(ne, additionnée de %itriol sul#ate de #er", de gomme ara!ique et d’essence de téré!enthine. )’un noir a!solu, l’encre s’alt$re a%ec le temps pour prendre une coloration !rune qui pén$tre et alt$re la #i!re du papier. *ertains dessins qui com!inent l’encre de noix de galle et l’encre de chine présentent au+ourd’hui des contrastes #ortuits dus à l’é%olution de l’encre de noix de galle alors que le noir de l’encre de chine est resté intact.
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L’ENCRE DE CHINE OU ENCRE A BASE DE NOIR DE FUMEE
réparation à !ase de gélatine, de camphre et de noir de #umée résidu car!oné issu d’une com!ustion", l’encre de *hine #ut in%entée en Orient, plusieurs si$cles a%ant notre $re. On trou%e des encres similaires, d$s l’Antiquité romaine, en Europe, o- le noir de #umée est produit de di##érentes #aons en #aisant !r/ler de la résine, des noyaux, du papier ou de la graisse animale. BARBIERI i!"anni #rancesc! $i% &E 'ER()IN Portrait d'homme barbu portant une calotte *ers 16+ Plume e% encre -rune, 1. X 16 cm /!urc!ing, Musée $es Beau0Ar%s
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Le L e pinceau et l’encre l’encre L •
LE DESSIN AU PINCEAU
0e su!stituant à la plume ou au crayon, le pinceau permet des e##ets graphiques d’une grande di%ersité selon qu’il est employé sec ou humide, large ou pointu, tondu ou à poils longs. O##rant un trait souple, #luide et aérien, le dessin au pinceau a été utilisé sur les %ases grecs et sur les murailles peintes à #resques dont les couleurs au+ourd’hui disparues ré%$lent les contours rouges sinopies". Le 1oyen&'ge l’a également employé pour les miniatures. 2tilisé a%ec parcimonie dans la 3lorence de la 4enaissance on en trou%e quelques exemples che5 aolo 2ccello et 3ra 6artolomeo" 7 c’est à 8enise, au sei5i$me si$cle, que le dessin au pinceau trou%e une atmosph$re #a%ora!le à son dé%eloppement. 9l donne à intoret et 6assano des possi!ilités de clair&o!scur et des e##ets de mou%ements inédits. armi les %irtuoses du dessin au pinceau, citons également oussin, Le Lorrain et 4em!randt. 1arqués par les arts orientaux et la calligraphie, les #au%es exploitent, au dé!ut du %ingti$me si$cle, la spontanéité o##erte par cette technique que 1atisse dé%eloppe, à la #in de sa %ie, a%ec une grande économie de moyen, sur des carreaux de céramique monumentaux.
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LE LAVIS
*ontrairement au dessin au pinceau qui repose sur la ligne et le trait, le la%is pri%ilégie un tra%ail sur les sur#aces et les %aleurs. )$s la 4enaissance, il o##re des e##ets picturaux et atmosphériques qui permettent de donner de la pro#ondeur aux compositions. LE LA#IS GRIS
La technique du la%is permet de créer une grande %ariété de gris par la dilution d’encre noire apposée par un pinceau plus ou moins humide. Le !lanc y est o!tenu par la couleur du support ou par#ois par des rehauts de craie ou de gouache. En 9talie, dans la seconde moitié du ;uattrocento, il se dé%eloppe sous une #orme proche de la peinture lorsqu’il est utilisé sur un support de toile #ine qui permet à des artistes comme 1antegna ou Léonard de 8inci de traduire a%ec une grande douceur, modelés, e##ets atmosphériques et re#lets lumineux.
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)O#MAN Pie%er Berger et campagne 1.e sicle Plume e% la"is gris sur papier, 22 X 1,4 cm Bergues, Musée municipal
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LE LA#IS BRUN $BISTRE ET SEPIA%
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)e tonalité plus chaude que l’encre de *hine, le !istre est issu du #iltrage d’une décoction de suie de cheminée. Au dix& neu%i$me si$cle, on lui pré#$re la sépia, mati$re d’un !run plus #roid, extraite de la %essie de la seiche. echnique tr$s répandue, le la%is !run o##re d’innom!ra!les modulations de teintes allant des mordorés les plus clairs aux !runs les plus pro#onds. 9l est sou%ent couplé au dessin à la plume qu’il rythme d’om!res et de %aleurs. 'I&&EMIN us%a"e Porte Cantimpré à Cambrai 1.e sicle &a"is -run sur papier, 25,1 X 33,6 cm (am-rai, Musée $es Beau0Ar%s
LE LA#IS DE COULEUR
armi les couleurs les plus employées dans le la%is coloré, on trou%e le !leu indigo qui pro%ient des #euilles de l’indigotier. )’origine asiatique, ce produit inter%ient en Occident à la #in du quin5i$me si$cle. La sanguine et le cina!re sul#ure de mercure" o##re des la%is rouges. )’autres couleurs ont été employées : le %ert, #ruit d’un mélange de suc de rhue, de %ert&de& gris et de sa#ran, le rose et le %iolet qui m(lent le cina!re et l’indigo se rencontrent au quin5i$me si$cle dans l’art #lorentin.
LE LA#IS EN DEUX TONS ET LE LA#IS POLYCHROME
En com!inant des encres de couleurs di##érentes, 6ruegel l’ancien initie le dessin de paysage en deux tons. 0es sui%eurs, aul 6ril,
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RAA Camp de prisonniers – Intérieur dun dortoir 2e sicle essin, encre, plume e% la"is, 3 X 2 cm uner7ue, Musée $es Beau0Ar%s
Les Stylos LL es Stylos •
LE CRAYON À BILLE OU STYLO-BILLE
Outil principalement dé%olu à l’écriture, le stylo&!ille poss$de une réser%e interne d=encre %isqueuse qui est étalée sur le papier par l=intermédiaire d=une petite !ille en rotation. L=encre s$che presque immédiatement apr$s le contact a%ec le support. 9n%enté par les #r$res 6ir> en ?@B, il troque sa cartouche d’encre en ?@CD contre la #orme Cristal +eta!le, tou+ours employée de nos +ours. r$s %ite, les artistes de tous pays s’en emparent : des artistes marqués par la culture pop et qui re#usent une hiérarchie des matériaux, des outils et des ré#érences
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Andy arhol aux Etats&2nis,
LE STYLO FEUTRE
9n%enté par la société +aponaise entel dans les années ?@GD, le crayon #eutre se compose d’une mine #a!riquée a%ec des mati$res poreuses qui s’im!i!e d’encre. Le #eutre naturel d=origine a au+ourd’hui laissé sa place aux #i!res synthétiques et aux mati$res acryliques. H !ase d’eau ou d’alcool, il existe une grande %ariété d’encres et de couleurs, indélé!iles ou non. En ?@I?, le stylo #eutre connaît une nou%elle é%olution a%ec le surligneur à l’encre #luorescente : le 0ta!ilo.
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L’AQUARELLE
L’aquarelle est un mélange de pigments colorés et de gomme transparente, généralement de la gomme ara!ique, #ruit d’un exsudat de s$%e d’acacia. 2tilisant l’eau comme medium, elle doit sa luminosité à la transparence de ses couleurs. ropice aux rendus atmosphériques, elle o##re à )Jrer, à la #in du quin5i$me si$cle, une série de paysages alpins o- alternent des plans traités a%ec une extr(me minutie en contraste a%ec des parties tr$s li!rement esquissées o- apparaissent des réser%es de papier !lanc, tr$s lumineuses. On retrou%e l’emploi de l’aquarelle en Angleterre au dix&huiti$me si$cle che5 urner, *onsta!le et 6onington dont les paysages marquent les artistes romantiques #ranais. echnique autorisant un certain lyrisme par les t'ches, les superpositions et les transparences qu’elle autorise, l’aquarelle sert aussi !ien la %er%e de )elacroix que la recherche sur les %i!rations de la lumi$re de *é5anne et les expérimentations a!straites de KandinsFy. L’aquarelle est également un medium de prédilection pour les planches d’études scienti#iques, !otaniques et anatomiques. osée sur un papier %élin lisse et satiné, elle permet, à partir du sei5i$me si$cle, des représentations minutieuses marquées par le souci de rendre le réel dans ses moindres détails. A la croisée du dessin, de l’enluminure et du mod$le repris en gra%ure, ces aquarelles o!éissent à un triple !ut : scienti#ique, encyclopédique et esthétique.
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E&A(ROIX Augus%e !rabe assis et "umant 1.e sicle A7uarelle sur papier, 16, X 22 ,2 cm Bergues, Musée municipal
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LES REHAUTS À LA PLUME ET AU PINCEAU
Le dessin à l’encre et à l’aquarelle peut (tre complété par des rehauts de di##érentes couleurs et de di##érents matériaux gouache, or, sanguine, craie, etc.". 0ou%ent couplés à un dessin sur papier coloré, les rehauts de !lancs, réser%és aux saillis qui accrochent la lumi$re, accentuent les %olumes et la plasticité des #ormes. 9ls sont sou%ent apposés à la plume ou au pinceau chargé de gouache, mélange opaque de !lanc de céruse !royé m(lé à une solution de gomme ara!ique. S T R
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An!n8me #emme debout a$ec un chapeau #usain, la"is e% re9au%s $e -lanc, 52,5 X 3, cm Arras, Musée $es Beau0Ar%s
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BERAINE Pierre !pollon et %ranie &e sicle (e moitié) Plume, &a"is $:encre grise e% re9au%s $e -lanc sur papier !cre 22,+ X +1 , 3 cm Arras, Musée $es Beau0Ar%s
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LES TECHNIQUES DE DESSIN LES TECHNIQUES AVEC MATÉRIAUX SECS ET SOLIDES
| L e ff u s a i n | )e tous les matériaux employés pour marquer d’une trace un support, le char!on de !ois est sans nul doute l’un des plus anciens. On en retrou%e l’usage, à la réhistoire, dans les premi$res mani#estations artistiques sur les parois des grottes. 3a!riqué à l’aide de !aguettes de !ois calcinées, le #usain moderne est un matériau #ria!le et %olatile dont la conser%ation dépend de la #ixation. ous connaissons au+ourd’hui peu d’Mu%res au #usain sur papier, en !on état, antérieures au sei5i$me si$cle, époque o- se répand, dans les ateliers %énitiens, un procédé de #ixage e##ecti# composé de %apeur d’eau et de gomme ara!ique. *ette opération périlleuse est remplacée au dix&neu%i$me si$cle par l’insu##lation de résine et d’esprit de %in, puis, au %ingti$me si$cle, par la %aporisation d’un #ixati# contenu dans une !om!e aérosol. 3acile à e##acer, le #usain a sou%ent été mis dans la main des dé!utants. rocédé d’esquisse incompara!le, il permet également la création de noirs intenses et mats o!tenus par écrasement et superposition de mati$re.
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;ONA< &ucien )ec%!r *rois ou$riers au tra$ail +e sicle #usain sur papier + X 63 cm enain, Musée municipal
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|Le s poi ne s de !"al| )epuis la période giottesque +usqu’au seuil de la 4enaissance, les pointes de métal #urent les seuls crayons utilisés par les artistes. )es di%ers matériaux employés par le dessinateur, or, argent, cui%re et plom!, seuls l’argent et le plom! ont été d’un usage courant.
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LA POINTE D’ARGENT
La trace laissée sur le papier par le stylet à pointe d’argent se reconnaît à son caract$re lég$rement !rillant et !runi, oxydé par le passage du temps. 0on emploi nécessite un support préparé a%ec un enduit à !ase de !lanc d’Espagne, de gypse ou de poudre d’os lié par de la colle et agrémenté, é%entuellement, d’un pigment coloré. L’incision inscrite en creux dans la préparation par la pointe de métal, indélé!ile et irré%ersi!le, apparente la technique à l’art du ciseleur et du gra%eur. Au sei5i$me si$cle, on pré#$re à la pointe d’argent la pierre d’9talie et la sanguine qui supplantent la technique +usqu’à une !r$%e résurgence sans lendemain dans l’art des réraphaélites anglais au dix&neu%i$me si$cle.
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LA POINTE DE PLOMB
La pointe de plom! a connu un usage plus général que la pointe d’argent en raison de son prix modique et de la #acilité de son utilisation qui ne nécessite aucune préparation de support et qui s’e##ace sans peine à la mie de pain. résentant l’incon%énient d’écorcher le papier, on chercha à la rendre plus tendre en l’alliant a%ec du mercure. Elle est néanmoins supplantée par les crayons de graphite qui la remplacent au dix&neu%i$me si$cle.
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ROIN Augus%e Danseuse &,e sicle Plume, mine $e pl!m- sur papier -is%re 14,1 X 11, 3 cm (alais, Musée $es Beau0Ar%s
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LA PIERRE NOIRE OU PIERRE D ’ITALIE Apparue en 9talie un peu a%ant la #in du quin5i$me si$cle, la pierre noire ou pierre d’9talie" est un schiste argileux à grain serré qui donne un trait qui %arie du noir au gris. 0on emploi coNncide a%ec l’intér(t nou%eau d’artistes #lorentins tels Antonio ollaiuolo, )omenico hirlandaio et Luca 0ignorelli pour le traitement des %olumes dans la #igure humaine, traitement que ne permettait pas la pointe d’argent plus s$che et plus incisi%e. La pierre noire reste le matériau pri%ilégié pour le rendu des paysages mais surtout des #igures, nues ou cou%ertes de drapés, +usqu’à l’apparition du crayon graphite au dix&neu%i$me si$cle.
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=RI(A'&/ /9é!$!re Ca$alier nocturne &,e sicle Pierre n!ire e% g!uac9e sur papier, 1 X 25,5 cm Bergues, Musée municipal
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LA SANGUINE
)énommée ainsi en raison de l’analogie de sa couleur a%ec le sang, la sanguine est une argile #errugineuse dont la teinte %arie du rouge clair orangé au rouge som!re presque !run. Attestée depuis la réhistoire, elle est employée dans l’Antiquité délayée à l’eau et appliquée au pinceau pour marquer le tracé préparatoire des #resques sinopies". Elle de%ient une technique de dessin au quin5i$me si$cle lorsqu’elle est employée sous une #orme solide sur du papier. ar#aite pour le rendu des carnations, le crayon à la sanguine est l’instrument pri%ilégié pour le portrait et le nu. Léonard de 8inci, 1ichel Ange, ontormo et les maniéristes toscans l’emploient a%ec %irtuosité a%ant que les artistes #ranais, tels atteau et 6ouchardon, s’en emparent au dix&huiti$me si$cle, mais dans une tonalité plus som!re, %oire %iolacée. La génération des artistes impressionnistes y a également recours pour le portrait.
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PON/ORMO ;ac!p! -tude dhommes nus debout &.e sicle
LA CRAIE
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0ou%ent couplée à d’autres techniques, la craie !lanche permet de traduire lumi$re et modelé sous #orme de rehauts. Employée d$s l’Antiquité, elle connaît un usage signi#icati# à partir du dix&septi$me si$cle, principalement che5 les artistes coloristes Le )ominiquin, 4u!ens, Le 6run" qui l’emploient sou%ent couplée à la pierre d’9talie et à la sanguine sur des papiers colorés. Elle était autre#ois créée a%ec de la marne, mélange naturel de calcaire et d’argile.
A*I ;ac7ues&!uis -tude pour les /abines &, (ra8!n n!ir es%!mpé e% re9au%s $e -lanc sur papier -eige 5.,5 X +6 cm !uai, Musée $e la (9ar%reuse
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LA TECHNIQUE DES TROIS
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4ésultat de l’utilisation de la pierre d’9talie, de la sanguine et de la craie !lanche, la Q T N I technique des trois crayons connaît son plein épanouissement au dix&huiti$me si$cle S A dans les mains de atteau, !ien qu’on en trou%e des exemples, au si$cle précédent, © dans des portraits esquissés par 4u!ens ou olt5ius et che5 les coloristes Le )ominiquin, Le 6run". 2tilisant les trois crayons sur un papier chamois lég$rement doré, atteau é%ite généralement de !rouiller les couleurs en laissant transparaître un crayonné énergique et %igoureux.
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BO'()ER #ran>!is #emme nue couchée $ue de dos &0e sicle Papier -eige, %r!is cra8!ns 23,5 X 36 cm &ille, Palais $es Beau0Ar%s
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&A /O'R Maurice ?uen%in $e !utoportrait &1 Pas%el 3 X 3 cm
9ncorporant la couleur au trait, le pastel exalte un dessin aux tendances picturales. 9l se présente sous la #orme de !'tonnets #a!riqués à partir d’une p'te composée de pigments m(lés à de la colle, à laquelle on a+oute du plom! ou du talc, de la gomme ara!ique et par#ois du miel, du sa%on et du lait. Appliqué sur un papier grenu, généralement teinté, le pastel est tri!utaire, comme le #usain, d’une !onne #ixation qui assure sa pérennité. Les dessins les plus anciens o- apparaissent des traces de pastel sont signés
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RO'&&AN ;ean #igure de "emme +e sicle (1 e 2uart) Pas%el 1 X 65 cm (alais, Musée $es Beau0Ar%s
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| L e c r a # o n $ $ r a p % i e o u ! i n e d e plo!& | 9mproprement appelé mine de plom!, le crayon graphite résulte du tra%ail de icolas&
o!tenue donne di##érents degrés de dureté et de gris qui permettent, une #ois appliqués sur la #euille, des dégradés su!tils à la !rillance lég$re. La mine de graphite en#ermé entre deux demi cylindres de !ois de c$dre est l’instrument de tra%ail pri%ilégié des grands dessinateurs du dix&neu%i$me si$cle : 9ngres, )elacroix, 6urne&
B&AN( ;!sep9 Paul 3omme et t4te de lion5 étude &,e sicle ( e moitié) essin au @usain e% la mine $e pl!m3,2 X 2,5 cm (alais, Musée $es Beau0Ar%s
MARINO/ Maurice ! 6ermoise +e sicle (7 e 2uart) (ra8!n $e c!uleur e% craie sur papier (ans!n 5 X 65 cm (alais Musée $es Beau0Ar%s
|Le cra#on de couleur | *ontenue dans un tu!e de !ois comme le crayon graphite, la mine du crayon de couleur se compose de pigments, de mati$res riches en charges minérales comme le talc ou le Faolin, de cire et de liants qui assurent l’amalgame et la résistance des matériaux. 9n%enté à la #in du dix&neu%i$me si$cle, il s’a%$re plus #acile d’utilisation que le pastel a%ec qui il partage une in#inité de teintes. Le crayon de couleur séduit, en premier lieu, les artistes sym!olistes usta% Klimt et 3ernand Knop## qui l’utilisent pour accentuer le maquillage des #igures #éminines et créer des atmosph$res étranges et sensuelles. Au %ingti$me si$cle, les crayons de couleurs permettent à 1atisse, icasso et 1ir> d’allier en un seul geste ligne et couleur dans des dessins d’une spontanéité presque en#antine.
LES TECHNIQUES DE DESSIN
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LES SUPPORTS
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A partir du 1oyen&'ge, quatre supports essentiels ser%ent de réceptacles au dessin : les ta!lettes, les tissus, les parchemins et les papiers.
|Les a&lees| Au 1oyen&'ge, les ta!lettes sont composées de !uis ou de #iguier polis recou%ert d’une couche de préparation à la p'te d’os ou d’un #euillet de parchemin préparé au pl'tre et recou%ert de !lanc. On retrou%e leur emploi +usqu’au milieu du sei5i$me si$cle en Allemagne.
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|Le s issus| oile, soie ou ta##etas, les tissus sont des supports ponctuels pour le dessin à la 4enaissance. On y esquisse, la plupart du temps, un mod$le au char!on repris et dé%eloppé à la plume puis om!ré au pinceau.
|Le parc %e!i n| )=apr$s line l=Ancien, le roi de ergame aurait généralisé l’emploi du parchemin du grec : pergam(n(" au 99e si$cle a%. <.&*. à la suite d=une interdiction des exportations de papyrus décrétée par les Pgyptiens, qui craignaient que la !i!lioth$que de la %ille d’Asie 1ineure surpasse celle d=Alexandrie. Les parchemins pro%iennent pour la plupart du traitement de peaux de ch$%res ou de moutons 7 les %élins sont #a!riqués à partir de peaux de %eaux. Les plus anciens dessins #ranais et italiens par%enus +usqu’à nous sont exécutés sur parchemin dessins du sautier d’2trecht, du résor de la cathédrale d’Auxerre, de l’al!um de 8illard de Qonnecourt, R999e si$cle". A partir du sei5i$me si$cle, leur utilisation se réduit et on les consacre essentiellement aux dessins auxquels on attache une grande importance et dont on %eut assurer la conser%ation.
|Le papier| Le papier est constitué de #i!res cellulosiques %égétales mises en suspension dans de l=eau puis égouttées sur une sur#ace plane. é en *hine %ers le premier si$cle, le papier est arri%é en Europe au on5i$me si$cle par l’intermédiaire des Ara!es. 9l est alors #a!riqué à !ase de chan%re et de lin auxquels on incorpore sou%ent des chi##ons. 0a pro%enance se reconnaît gr'ce aux #iligranes marques laissées par les #ils entrelacés du ch'ssis sur lequel la #euille est #a!riquée" et la contremarque ou le monogramme du #a!riquant. En ?I@@, Louis icolas 4o!ert conoit la premi$re machine qui permet de #a!riquer le papier en continu à une cadence de production soutenue. *e n’est qu’au milieu du dix&neu%i$me si$cle que le !ois remplace le chan%re dans la #a!rication du papier.
LES TECHNIQUES DE DESSIN LE DESSIN CONTEMPORAIN – UN ART SANS LIMITE 1 1 0 2 | N I S S E D E D S E U Q I N H C E T S E L
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endant pr$s de dix si$cles, le dessin s’est surtout dé#ini par rapport à son support papier et relati%ement à sa #onction d’esquisse. )epuis les années ?@GD, l’art contemporain a considéra!lement augmenté ses possi!ilités en lui o##rant de nou%eaux champs d’in%estigation et une autonomie qui n’est plus à dé#endre. )$s lors, le dessin re%endique tous les supports et de nom!reux procédés. Au+ourd’hui, peut (tre considéré comme dessin toute Mu%re réalisée sur papier non seulement inscription scripturale mais aussi collage, #rottage, gommage, empreinte, tache" et toute #orme d’art qui pri%ilégie la ligne et le trait.
|'uo no! ie du de ssin|
6runo 4acine a clairement résumé le nou%eau statut accordé au dessin par la 1odernité : S Le dessin T cette Upro!ité de l’artU, selon 9ngres T +adis préala!le et #ondement des disciplines enseignées aux 6eaux&arts, passa du statut d’esquisse, de ré#lexion sur la #orme, d’étude préparatoire, de notation rapide qui #ut le plus sou%ent le sien +usqu’à la #in du dix& neu%i$me si$cle", à celui de création autonome, de%enant lui&m(me sa propre #inalité V )eux #acteurs modi#ient le regard sur le dessin à l’orée l’époque moderne : la reconnaissance de la %aleur esthétique du non #inito et de l’esquisse alors que l’impérati# mimétique se distend et l’in%ention de la lithographie, technique de reproduction mécanique qui multiplie et di##use à grand tirage et dans tous les #oyers le Udessin impriméU.
| L e s r " s u r $ $ e n c e s p r i ! i i ( e s | 0ortant du support papier traditionnel, le dessin moderne et contemporain renoue paradoxalement a%ec des techniques ou!liées depuis longtemps en occident : il redécou%re la peau, la paroi du mur, le sa!le du sol qui de%iennent les nou%eaux réceptacles de la ligne et du trait. •
LA PEAU
echnique tri!ale et populaire, le tatouage est un moyen de #aire %i%re le dessin directement sur la peau. Le mot %ient du tahitien tatau, qui signi#ie marquer ou dessiner. La racine du mot T ta T ren%oie aux %er!es #rapper, inciser. Les artistes nimo L>pe5 4amWre5" ont #ait entrer le tatouage dans l’uni%ers des galeries d’art contemporain en prenant comme support leur peau ou celle des autres. ous marqués par la culture populaire, ils explorent les richesses graphiques du tatouage, dessin irré%ersi!le à la ligne clair, en assumant une iconographie décalée o- la mort et l’érotisme sont omniprésents. •
LE MUR
4éceptacle du dessin pariétal, des sinopies é!auches à la terre rouge des #resques", des gra##itis gra%és ou gri##onnés, le mur est au+ourd’hui le support d’Mu%res graphiques monumentales, la plupart du temps éphém$res, qui demandent pour leur appréhension totale le déplacement physique du spectateur. Allographe ou autographe, la réalisation du dessin mural peut (tre le #ruit du tra%ail de l’artiste ou déléguée à des assistants qui se !asent sur un cahier des charges. )ans ce cas, comme dans l’art conceptuel, l’originalité de l’Mu%re est attestée par un certi#icat. Le dessin mural ou Xall draXing peut (tre réalisé à l’encre 4aymond etti!on, ascal *on%ert, *laudia et
LES MATERIAUX ORGANIQUES, ALIMENTAIRES ET VEGETAUX
LES PRODUITS NATURELS ET ALIMENTAIRES
A%ec la 1odernité, le champ des matériaux graphiques s’est considéra!lement élargi et ne connaît de limite que l’imagination inépuisa!le des artistes. Les produits alimentaires ainsi que les mati$res %égétales ou animales sont de%enues des su!stances colorantes au m(me titre que les crayons ou l’aquarelle. icasso macule certains dessins de gouttes de ca#é. AloNse *or!a5 #rotte des #euilles de géranium pour colorer les #onds de grands dessins tra%aillés au crayon et à la craie grasse. lus pr$s de nous, l’artiste d’origine !résilienne 8ic 1uni5 utilise du chocolat, du caramel liquide, des mati$res grasses, des spaghettis à la sauce tomate ou des
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grains de ca%iar qu’il étale et repousse dans le #onds d’assiettes o- il retranscrit, en se !asant sur des images imprimées, des moments et des Mu%res phares de l’histoire de l’art. LES PRODUITS DU CORPS HUMAIN
)ans les années soixante, l’art corporel, la per#ormance et l’actionnisme %iennois donnent au corps de l’artiste une nou%elle #onction, celle de matériau et %ecteur d’art. 4éser%e inépuisa!le, il o##re un ensem!le de mati$res plastiques exploita!les dans le champ des arts graphiques. *ontro%erses, sacril$ges et mises à mal de ta!ous accompagnent sou%ent leur emploi : pro%ocateur,
| L e c o l l a $ $ e | Art graphique, le collage peut prendre la #orme de papiers collés, de papiers découpés, de photomontages, d’assem!lages. 9l accompagne la plupart des courants artistiques de la 1odernité. •
LES PAPIERS COLLES ET LES PAPIERS DECOUPES
Au dé!ut des années ?@?D, le cu!isme in%ente les premiers collages de l’histoire de l’art en assem!lant, sur de la toile ou du papier, des matériaux ordinaires et !anals +ournaux, em!allages, étiquettes". Leurs #ormes et leurs textures ser%ent à structurer un espace géométrisé o- se rencontrent et se répondent des mots éclatés et de légers traits de #usain qui sugg$rent des #ragments d’o!+ets. Kurt 0chXitters s’approprie l’in%ention en construisant des monuments de papiers et de planches appelés U1er5U dans lesquels l’assem!lage d’éléments disparates de%ient le su+et m(me de l’Mu%re. )ans les années ?@YD, le collage de papiers découpés permet à 1atisse d’opérer, en un seul geste, une synth$se o- il m(le le tra%ail de dessinateur, de sculpteur et de peintre.
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MONTAGES ET PHOTOMONTAGES
)urant l’entre deux guerres, le montage d’images imprimées de%ient un principe de composition qui permet, particuli$rement aux artistes surréalistes, l’in%ention de nou%eaux mondes oniriques et a!surdes. 2tilisant des gra%ures #in de si$cle, des planches techniques et animali$res, 1ax Ernst conoit à partir de ?@Z une série de collages qui é%oque l’acti%ité mentale de l’association li!re et le processus de #iguration à l’Mu%re dans le r(%e. )eux décennies plus tard, a%ec le collage U
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FROTTAGES, TRANSFERT, DECALCOMANIE
roche de l’estampe car il nécessite une matrice, le #rottage est la ré%élation d’une mati$re, d’un %olume ou d’une texture par pression d’un crayon sur une #euille de papier qui recou%re un élément ou un o!+et. )ans les années %ingt, 1ax Ernst #igure les ar!res d’une #or(t en #rottant des papiers sur les lames de !ois de son parquet. 3ondateur du mou%ement *o!ra, ierre AlechinsFy imprime des plaques d’égout, estampes au tirage unique qui témoignent de son passage dans un lieu ou un pays. 0e ser%ant de tampons commerciaux comme de matrices duplica!les à l’en%i, des artistes aussi di##érents que 3ernand Léger, Arman et Louis *ane communiquent le plaisir de presser compulsi%ement et à toute %itesse un module encré sur du papier. •
LE DESSIN EN MOUVEMENT
Le dessin en mou%ement réunit des Mu%res qui donnent %ie au dessin en l’inscri%ant dans une temporalité et dans un espace dé#ini. *omparé au dessin animé auquel on l’assimile sou%ent, il est plus expérimental et moins tri!utaire, dans la plupart des cas, d’une narration o- d’un scénario. 0es #ormes sont nom!reuses : #lips !ooFs au #usain #ilmés par illiam Kentridge, installations %idéo de ascal *on%ert, incrustations de personnages #ilmés dans des décors dessinés sur papier par hilippe )emontaut ou prises de %ue en plongée d’acteurs s’agitant au milieu d’éléments dessinés à la craie par 4o!in 4hode. 6ien qu’elles ne soient pas tri!utaires d’écran, on peut a+outer à la catégorie du dessin en mou%ement les superpositions de néons clignotants, traits de couleur utilisés par 1artial 4aysse et 6ruce auman, lointains héritiers des dessins éphém$res réalisés à la lumi$re électrique par icasso dans son atelier de 8allauris.
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LE DESSIN DANS LE CHAMP ELARGI
S Le dessin est partout, nous en sommes entourés. Empreintes de pieds dans la neige, sou##le sur la #en(tre, traînée de %apeur d’un a%ion dans le ciel, lignes tracées au doigt dans le sa!le, nous dessinons littéralement dans et sur le monde matériel ]" Klee rattache le dessin à tous les phénom$nes physiques du monde, il a utilisé la relation acti%e os&muscle, la circulation sanguine, les cascades, le %ol des oiseaux, le mou%ement des marées comme des exemples de S mou%ement linéaire coordonné V. Les propos d’Emma )exter dans l’introduction de l’ou%rage somme Vitamine D montrent que le dessin contemporain n’est pas tant une question de support et de technique que de regard porté sur tout tracé, toute empreinte ou toute ligne. Le dessin contemporain peut se passer du crayon et du papier pour prendre la #orme d’une ligne droite dessinée à #orce de piétinement dans l’her!e 4ichard Long", de tracé à la craie de plusieurs Filom$tres alter de 1aria", d’incision au cutter dans un support Lucio 3ontana", de #igures cousues au #il coloré sur de grandes toiles hada Amer", de tracés expressionnistes, réalisés gr'ce à l’outil in#ormatique Al!ert Oehlen", de reproduction d’Mu%res appartenant à l’histoire de l’art sur S élécran V 0téphane Lallemand", de lignes de néon Qugues 4eip", de pro+ection d’om!res #aite par des petites épingles sur un support Amparo 0ard".
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LES TECHNIQUES DE DESSIN BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE A L’ORIGINE DE CE DOCUMENT >>> Invention et transgression, le dessin au vingtième siècle, Collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Cabinet d’art graphique, 1usée des
6eaux&arts et d’archéologie, 6esanon, ZI a%ril T ZI ao/t ZDDB >>> e salon du dessin contemporain, aris, ?D T ?Y a%ril ZDDB >>> e plaisir au dessin, Lyon, 1usée des 6eaux&arts, ?Z octo!re ZDDI T ?Y +an%ier
ZDDB, Qa5an, ZDDI >>> Comme le r!ve le dessin, aris, *entre ompidou, 1usée du Lou%re, ?G #é%rier T
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)ocument rédigé par Alexandre Qolin, A*1)* ^ 1ise en page par Anna!elle )ella&8edo%a
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