COMPRÉHENSION ÉCRITE. Lisez le texte « Je t’aime, donc je te mens? » et choisissez la réponse correcte. Le 0 vous est donné en exemple.
Je t’aime, donc je te mens Ah, les braves experts en expertologie ! Tiens, pour un peu, on leur élèverait une stèle. Faites-en l’expérience : tapez sur le Net « mensonge dans le couple » et vous allez être saisi par l’avalanche de défense de ce comportement. Là, tout d’un coup, mentir n’est plus mentir, on nous parle même de « mensonge bienfaisant » (André Bercoff), de « nécessité de masquer d’autres fragilités » (père Delorme). Jamais en retard d’une résilience, Boris Cyrulnik juge que « mentir, c’est respecter l’autre ; ce n’est pas lui faire de mal ». Bon sang ! Mais c’est bien sûr : je t’aime donc je te mens. Je t’aime beaucoup, je te trompe, et je t’aime trop, je te quitte. Certains diront, non sans raison, qu’il y a des incitations au mensonge, comme le portable. Cette laisse sentimentale provoque souvent les premiers pas dans le mentir-vrai. Par exemple, lorsqu’il s’agit de faire face à la fameuse et fumeuse question : « T’es où ? » En réponse, nous connaissons le « Je passe sous un tunnel, chérie, ça va couper » et ses multiples variantes : « Je suis dans l’ascenseur », « J’entre en réunion », « Allô ! Allô ? Désolée, chérie, cela capte mal ici, je coupe et je te rappelle, (le temps de reprendre mes esprits et d’inventer un bon gros et vieux bobard) ». Il nous est parfois arrivé de surprendre dans le TGV une conversation du type : « Ce séminaire me gonfle, ma puce ! Si tu savais ! Tu me manques déjà… » suivie d’un autre appel élégant : « Ça y est, c’est réglé. Je me suis débarrassé de la vieille ! Prépare-toi, j’arrive ! » Comme il nous est arrivé d’entendre une jeune femme lovée langoureusement dans les bras d’un garçon déclarer : « Mon amour, je suis en train de faire les soldes avec une amie, là… As-tu besoin d’une nouvelle cravate ? » Mais le mensonge ne jette pas seulement une couette meringuée sur l’adultère. Ce serait trop simple. Il commence quand on demande à son partenaire : « J’ai minci, non ? » et que l’on attend une réponse flatteuse. Il se poursuit quand on donne à l’autre des noms qui reposent sur une parfaite illusion. Quoi ? « Mon poussin », pour ce poussah ? « Ma biche », pour cette Diane qui a le sabot lourd et plus rien d’une chasseresse ? Il continue quand on ment sur la cuisson des plats, les courses à faire, le linge, la vaisselle. Le mensonge devient une pavane pour un couple défunt. L’amour, diton, rend aveugle. Faux : il rend surtout menteur. Car, au bout du compte, le mensonge s’installe, prend ses aises, met les pieds sur la table, se goinfre, ronfle. Bref, il devient envahissant. Il n’est plus possible de le chasser. « Quand j’ai voulu ôter le masque, écrit Pessoa, je l’avais collé au visage. » Mille fois répété, le mensonge finit par être une vérité du couple. Et il finit par le « À quoi tu penses ? » qui braque d’un coup sur notre intimité un projecteur de 1 000W. Car, le mensonge, c’est d’abord cela : le moyen puéril de préserver cette distance sans laquelle il n’y a plus d’intimité. « À quoi tu penses ? » Là, on ressent la panique du lémurien pris dans les feux d’un convoi de camions de 100 tonnes sur une autoroute déserte australienne. « Euh, à toi, chéri(e) » est la seule réplique blafarde qui nous vient à l’esprit. Dans le couple, si la vérité s’en va pieds nus, le mensonge, lui, marche en Louboutin. Joseph Macé-Scaron, Marianne, 27/07/2013 0. La simple consultation de la notion « mensonge dans le couple » déclenche… a) un tas d’avis l’interdisant. b) une ruée d’avis pour. c) une flopée d’opinions contraires.
1. Boris Cyrulnik … le pieux mensonge. a) résilie
b) masque
c) encourage
2. Le portable se prête au mensonge car il … son utilisateur à quelqu’un d’autre sans pouvoir s’en dégager. a) délaisse
b) laisse
c) relie
3. L’auteur de l’article qualifie la question « T’es où ? » de… a) enfumée.
b) indiscrète.
c) vague.
4. Lorsque, faute de réseau, on coupe et on rappelle, on… a) retrouve ses esprits et on dit une bêtise. b) se remet du trouble et on lâche un mensonge. c) se ressaisit et on retrouve sa présence d’esprit. 5. Il peut nous arriver dans le train d’entendre dire « Ce séminaire m’(e)… » a) casse les jambes. b) agace. c) gonfle à bloc. 6. « Une jeune femme lovée langoureusement dans les bras d’un garçon » veut dire qu’elle est… a) amoureuse et languissante. b) pelotonnée et attendrie. c) séduisante et mélancolique. 7. Il va sans dire qu’à la question « J’ai minci, non ? », on s’attend de son partenaire à une réplique… a) avantageuse.
b) insidieuse.
c) mièvre.
8. Le mensonge installé, l’auteur nous dit qu’il « prend ses aises » ; il veut dire par là qu’il… a) devient habituel. b) est à l’aise dans ses baskets. c) se met à l’aise. 9. Retrouvez dans le texte les mots correspondant aux définitions suivantes : - Lumière pâle : - S’empiffrer : - Repousser dehors : - Cibler :