Université Sidi Mohamed Ben Abdellah Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Saïs - Fès
E x pressions Id ioma t iq ues en Ta ma zig h t ((P Pa a rr l leerr d d eess A A IIT T A A T TT T A A ))
Q ue lq ues p pers pec t i v es a n t hro po log iq ues
Mémoire d’obtention
De licence en études amazighes
Année universitaire 2010-2011 Sous la Direction de Monsieur le Professeur : AZOUGARH Mohammed HAMDANE Mohamed Page 1 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques Présenté par :
Dédicace I mma nna yuḍnen yuḍnen Ad ɣifm di isiggz ṛbbi lԑ fu
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Remerciement Nos vifs remerciements à Monsieur le Professeur Mohammed Mohammed AZOUGARH, pour ses encouragements infinis, ses observations et orientations orientations pertinentes et sa sincérité. Nous tenons aussi à remercier les amis : Mbarak OUBAHI, OUBAHI, Lhoussaine AIT BAHA, Mbarek TOUILI et My Hassan AMINE AMINE pour leur soutien et encouragements. Nous tenons aussi à remercier des gens qui travaillent travaillent sous l’ombre, grâce à eux la filière des études amazighes a vu le jour à cette Faculté: Monsieur le Professeur Fouad SAA et Monsieur le Professeur Abdelmounim EL AZOUZI.
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«Si vous êtes toujours en vie, c’est que vous n’êtes pas encore arrivé s là où vous deviez arriver. » Maktub, Paulo COELHO
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Cette étude sera consacrée aux Expressions Idiomatiques en Tamazight (parler des AIT ATTA), dont nous avons recours à notre qualité en tant que natif et vivant au sein de cette communauté, qui sera notre champ
d‟étude.
Ainsi ces expressions que nous avons pu collecter, classer et analyser par thèmes, relève de
l‟entourage, de la culture et du langage de notre quotidien.
L‟explicitement des charges culturelles qui font l‟âme de chaque expression ou sa raison d‟être et de continuité, est la partie la plus délicate de ce projet qui nous a exigé de toujours chercher auprès des locuteurs.
La collection et l‟analyse des expressions Idiomatique s au niveau nationale, à notre avis,
n‟a pas encore fait l‟objet d‟aucune étude, à
l‟exception du domaine de la parémiologie, qui a pris quelques pas en avan t grâce
aux
efforts
des
chercheurs
amazighs
(Moustaoui,
Chafik,
Hamdaoui…). Une telle étude acquiert sont importance du fait que, la langue amazighe connaît un processus de
mutation de statut et de fonctions, d‟une
langue à tradition orale, à une langue à tradition écrite. Cette transition nécessite un grand soin soin de toutes les formes artistiques et culturelles orales, afin de les transposer dans le domaine de la littérature écrite, dans le domaine
pédagogique qui est, entre autres, l‟un de ses fonctions sociales naturelles, naturelles, car ceux-ci reflètent la vision de leurs créateurs au monde, de leurs répartitions et classifications morales, cette transposition fera donc un continuum idéologique au niveau littéraire mais aussi pédagogique.
La lexicographie sera aussi l‟un des domaines qui vont en bénéficier pour l‟enrichissement l‟enrichissement du lexique, néanmoins, pose des problèmes au niveau de la classification
et l‟insertion des ces expressions qui n‟ont pas un sens
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locutoire qui peu être compris de la « somme sémantique » des mots qui les composent. Le corpus sera transcrit en caractères latins officiels adoptés par le
centre d‟aménagement linguistique à L‟IRCAM, un tableau contenant ces caractères avec leurs équivalents en Tifinagh Tifinagh et arabe est est
inclus dans
annexe. l‟annexe. Les expressions en tamazight seront notées entre guillemets et caractère
italique, suivies d‟une traduction littérale qui sera notée trad(….), puis d‟un traduction intelligible, ou de la significations, selon les cas. Des termes
centraux dans l‟analyse exemple : « afus » seront notés afus , en italique, et sans traduction puisqu‟ils se r épètent, épètent, ni de guillemets.
Comme c‟est le cas de tous les enfants du monde, l‟assimilation des expressions idiomatiques n‟est toujours pas facile, nous citons qu‟à l‟âge de dix ans, il ne nous a pas été facile de comprendre « ika as tisnt n ufus nns », », que notre grand-mère a prononcée, nous avons tendance à lui donner une
signification par composition, une main tenant une roche du sel, qui n‟est pas en aucun cas ce que cette expression désigne. Cette histoire d‟enfance m‟était une motivation à chercher dans ce domaine, et d‟en faire l‟objet de ce mémoire d‟obtention de licence, pour tenter de d‟approcher une problématique que nous formulons ainsi :
Comment est-ce que les expressions idiomatiques sont-elles conçues chez les AIT ATTA ?
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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1 -Organisation sociopolitique des AIT ATTA
D‟après l‟anthropologue David HART1 qui a mené une étude minutieuse de système sociopolitique des tribus des AIT ATTA, celles-ci forment la plus grande formation fédérale tribale au sud-est du Maroc, 2
constituée de cinq Khoums , qui formaient un système politique autonome, ayant un président « amɣ amɣ ar n ar n uflla», uflla», élu chaque année à tour de rôle entre les Khoums, Khoums, à la capitale « Ighrem « Ighrem Amazdar » Amazdar » à Saghrou, en se basant sur un 3
droit coutumier « Izrf » , aidé des Ayt des Ayt ԑԑcra, cra, pour résoudre les litiges, répartir les ressources, tels l’agʷdal
(pâturage), l‟eau et les territoires à contrôler et
exploiter par chaque khoms. khoms.
2 - Origines Selon la une légende très répondu au domaine des AIT ATTA, que David HART a mentionné, les AIT ATTA sont des descendants de Dadda ATTA, un des élèves de Abedellah ben Hssaine le fondateur de la Zaouia Amgharya à Tamṣlouht. Certes que Dadda Atta était un leadeur sociopolitique qui a pu réunir les tribus dans une fédération, mais les origines remontent à des périodes avant le seizième siècle, où la fédération des Ait ATTA a vu le
jour, les historiens voient qu‟Ait ATTA sont issus des tribus de Sanhaja, des tribus nomades, qui sont répondues aux deux chaines montagneuses Haut
1
David HART, Dadda HART, Dadda Atta and and his Fortey grandsons grandsons,, Menas Press, Cambridge, 1981. Idem , page xvi, les khoums « khums comme notté » des AIT ATTA est le cinquième, l‟unité sociopolitique maximale. maximale. Les khums des AIT ATTA sont : Ait wahlim, Ait wallal/Ait unir, Ait isful/Ait 3lwan, Ait unbgi, Ait 3isa mezziyn. 3 Izrf ou Azrf est un droit coutumier amazigh, qui diffère d‟une région à une autre est d‟une tribu à 2
l‟autre, pour voir un exemple du droit coutumier des AIT ATTA, qui est celui de Taouz de Boudnib, voir : Ahmed Ahmed AREHMOUCH, AREHMOUCH, Droits Droits coutumiers amazighs, amazighs, vol1, Imperial, Rabat, 2001, p : 15 -20 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Atlas et Moyens Atlas, Aux Hamadas et Oasis du sud-est et entre les deux Oueds Guir et Drâa4.
3 - Limitation géographique Actuellement, ils ils se retrouvent sur un territoire de cinq provinces : Zagora, Ouarzazate, Tinghir, Bni Mellal et Errachidia. Un territoire borné
géographiquement par Oued Draa et Oued Guir respectivement à l‟Est et l‟Ouest, et la Hamada de Kem-Kem au sud et la chaine montagneuse du grand Atlas au Nord, cette région est relativement montagneuse dont les
crêtes sont à l‟ordre de 1700m, et à Ougnat 2400 m à Saghrou. Le climat est désertique, très chaud et aride en été, très froid en hiver avec de précipitations
rares, la portée des des températures températures varient d‟une région région à l‟autre, en montant vers le nord des hivers froid, vers le sud des étés caniculaires, en général la température varie de -10°C
jusqu‟à 50°C.
4
Mohamed BOUKBOUT, Muqawamt BOUKBOUT, Muqawamt Alhawamich Alhawamich Assahraouia Assahraouia lilistiâmar (1880-1930, lilistiâmar (1880-1930, Bouregreg, Rabat, 2005, p.36 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Cf. territoire d’ AIT ATTA, d’après d’a près David Hart…op.cit, P : P : XX
4 - Mode de vie Avant les débuts du 20 ème siècle, la grande majorité des AIT ATTA ont été des nomades ou semi-nomades exerçant le pâturage de chèvres et de dromadaires, par conséquence , ils ont été toujours obligés de changer de domicile
de l‟hiver en été, suivant le pâturage entre le côté Nord de leur
territoire et le côté Sud, entre les pâturages de Haut Atlas et le lac de Maider et la Hamada de Kem-Kem. Dans le début du 20 du climat politique
5
,
ème
siècle, et à cause de la sécheresse, l‟instabilité
la sédentarisation s‟accélérait et le mode de vie
commence à changer, vers une agriculture de subsistance, avec un
5
Depuis les années soixante jusqu‟à nos jours, l‟armée algérienne continue ses agressions contre
les nomades des AIT KHABBACH à la Hamada du KEM-KEM, et en mainte fois ils ont leur ôter leurs bétails, voir : Mohamed BOUKBOUT, op. cit p : 47. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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changement de forme d‟habitat et d‟organisation sociale, le système e t ses fonctions au sociopolitique fédéral n‟est plus appliqué, il cède sa place et Makhzen. De nos jours, les nomades forment une très petite minorité, qui est entrain de disparition. La vie au sein des agglomérations 6 est devenue le style dominant, dans des centaines de villages, et des villes comme Rissani, Erfoud, Errachidia, Tinghir, Ouarzazat, sont les centres urbains qui ont accueilli une masse importante des AIT ATTA.
5 - Les langues Le Tamazight est la langue la plus parlée, avec un bilinguisme dans les villes, comme phase de transition qui es marquée par l‟emploie
des idiomes
mixtes, vers l‟utilisation unique de la langue arabe dialectale 7. Entre autres, ces conditions géographiques, humaines, historiques et culturels ont leurs effets sur le langage, ceci se manifeste à travers
les
expressions idiomatiques que nous allons, ensuite définir.
On désigne par agglomération : pl : iɣ reman reman / sing : iɣ rm rm toute sorte de village qu‟il ait une forme ancienne protégée par de grandes murailles, ou un groupement de maisons dispersées.
6
7
A Erfoud, Rissani et Errachidia, les générations qui y sont nées, ont une tendance à utiliser l‟arabe
dialectale, même même avec leurs parents qui se peinent souvent à le parler, et parfois en trouve des conversations dans des foyers, où les parents parlent en Tamazight et leurs enfants en arabe. Des énoncés qu‟on peut rencontrer chez chez ces génération, et qui sont banales pour eux : « mcaw isnayn ijibu tislit » trad (les convoyeurs sont partis pour emmener la fiancée). Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Le langage est une des caractéristiques fondamentales de l‟être humain, qui s‟en sert pour exprimer ses besoins, besoins, idées, concepts et émotions, ces états états d‟esprit sont explicités par des structures langagières qui varient de forme et de contenu selon et l‟usage. Certains de ces structures échappent aux règles de l‟usage normal de langue, avec une syntaxe pseudo invariable et une ambiguïté
sémantique.
On
« expression idiomatique »,
appelle
souvent
ses
formes
langagières
qui d‟après leur manière de conception, reflètent
le contexte culturel et social où elles sont conçues : « L’homme naît, vit, meurt, il marche, il mange, il habite la ville ou la campagne ; il vit dans une maison avec des parents, des amis, des animaux familiers, etc., Cette réalité se reflète dans les mots qui l’expriment […]. Ainsi, la tête, les bras, bras , le nez, la mer, la montagne, le chien le chat, etc., sont la source de milliers de locutions. »8
1- Le figement et la phraséologie
Le figement est « le soudage », par l‟usage, de deux ou plusieurs unités lexicales dans le but de former une nouvelle unité plus ou moins lexicalisée. Ayant deux significations distinctes en synchronie et en diachronie, le figement désigne
d‟une part le processus de fixation, d‟autre part, le résultat
de ce processus,
à savoir l‟ensemble des propriétés des séquences fixes que
l‟on dénomme locutions ou expressions (idiomatiques, lexicalisées, phraséologiques…). La définition donnée par le dictionnaire de linguistique de Jean Dubois (2001) « le figement est le processus par lequel un groupe de mots dont les éléments sont libres devient une expression dont les éléments sont 8
Guiraud Pierre, les locutions françaises, f rançaises, Que sais-je ?, PUF, Paris, 1975, p.14.
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indissociables. Le figement se caractérise par la perte du sens propre des éléments constituants le groupe de mots, qui apparaît alors comme une nouvelle unité lexicale, autonome et à sens complet, indépendant de ses composantes : ainsi, pomme de terre ou petit pois peuvent commuter avec carotte et navet… »9 .
Le figement s‟oppose à la syntaxe syntaxe libre et à l‟autonomie l‟autonomie sémantique, sémantique, ainsi une séquence séquence figée ne subie subie pas les transformations syntaxiques qu‟un qu‟un syntagme libre, à titre d‟exemple, le changement d‟ordre des constituants u ɣ u d waman » et non pas « tamunt n waman d uɣ u ɣ u » l‟énoncée « tamunt n uɣ même si cette forme est grammaticale. La focalisation de « iman d imi nns » qui est « imi nns ayd d iman »
n‟est pas attestée.
Du point de vue sémantique, le sens globale d‟un énoncée, n‟est pas résultat de la somme des composantes : « aman n tassa »
n‟a rien avoir avec
« tassa » et « aman », », il a donc une opacité sémantique pour celui qui rencontre cette expression pour la première fois.
Une répartition des séquences figées peut se faire du point de vue sémantique c'est-à-dire
selon le degré de l‟opacité sémantique qu‟elles
présentent. Les séquences dites transparentes à signification littérale et
compositionnelle : Dans ce premier cas, la s ignification
n‟est que le résultat de la somme
sémantique des éléments qui composent la séquence. 9
Dubois Jean, et al. Dictionnaire de linguistique, Larousse, Paris, 2001, p. 202.
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Exemple : Beaucoup : Beaucoup de bruit pour rien. Clair et net, « aḥ aḥrat n ul ɣ ɣm » trad( le laboure du dromadaire) car ce qu‟il laboure d‟abord, le piétine après. Les séquences transparentes à signification compositionnelle : dont le
sens à la
base est métaphorique. Ce type constitue l‟ensemble le plus
important de toutes
les catégories. À titre d‟exemples nous citons :
Les locutions grammaticales : Un panier percé : « aga igʷban » personne dépensière, Expressions stéréotypées : Retomber sur ses pieds : retrouver
l‟équilibre après avoir été en difficulté, « yugl taxriḍ taxriḍ t nns i ul ɣ ɣ m amḥṛ amḥṛ us us » trad (il accroche son sac au dromadaire farouche) : il se mêle dans une affaire qui dépasse ses efforts. Stéréotypes phrastiques : Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué l’avoir tuéil faut avoir la chose entre les mains avant de projeter dessus. « Ad ur tnqqlt aman ar aman, tmḍ tm ḍ it it tn » trad (il ne faut pas verser l‟eau jusqu‟à
l‟eau, et non avant de la goûter) c'est-à-dire qu‟il ne faut changer ce
qu‟on possède réellement, avec se qu‟on aura probablement. Les séquences dites opaques : dont la signification ne se déduit pas de
la somme sémantique de leurs composantes lexica les et l‟on parle dans ce cas des expressions idiomatiques. Exemple : Ne pas se moucher du coudeêtre prétentieux. « Ika as tisnt n ufus nns » : récompenser
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2- Types des formes figées Une typologie des formes figées est difficile à établir pour les raisons suivantes : « […] d’une part, le développement en diachronie de la locution a, en effet, souvent été influencé par des éléments imprévisibles et par conséquent non systématiques non systématiques ; d’autre part, il règne depuis toujours, dans le domaine de la phraséologie, une grande confusion terminologique qui rend le classement particulièrement difficile. »
10
Unités lexicales complexes se composant d‟un groupe de mots et appartenant à une catégorie grammaticale bien définie à titre 11
Locutions
d‟exemple
nominales (appelées habituellement noms composé) :
a ẓ alim alim n wuccn Locutions verbales : da ittkks amya
Les locutions stéréotypées, ne sont pas des unités lexicales complexes, mais des formules, ayant été produites individuellement dans des conditions de flexibilité linguistique (syntaxe, (syntaxe, morphologie), se sont fixées en gardant
leurs formes d‟origines, elles so nt appelées stéréotypes :
« parce qu’elles
ont gardé tous les marqueurs du discours : déterminations nominales régulières, morphologiques et syntaxes conformes aux règles en vigueur au moment du figement (ce qui explique les formes archaïques, qui se sont fixées à un état plus ancien de la langue. »
12
10
Schapira Charlotte, les stéréotypes en français : proverbes et autres formules , ophrys, 1999, p.12 Locution veut dire la classe des composés (selon C. Shapira) 12 Schapira Charlotte , Op. cit , p. 16
11
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Ces locutions à leur tour se divisent en trois grandes catégories : Locutions syntagmatiques expressives, expressions idiomatiques, énoncés stéréotypés. 2.2.1 - Les expressions syntagmatiques et expressives
Elles se divisent en : Expressives à sens littéral : dont le sens est littéral
(résultant de l‟addition du sens des composantes de l‟expression stéréotypée : Sûr et certain / haut et fort / prendre prendre ses désirs pour des réalités, réalités, sg waman ar tisnt, ... « aman yaḍ yaḍ n aya ! (inna t ugru) »trad (c’est une autre eau ! a dit la grenouille), cette expression est employée pour décrire une situation inaccoutumée inaccoutumée où on ignore comment agir.
Expressions à sens métaphoriques : dont le sens n‟est que
le
résultat
de l‟analyse de la métaphore sur laquelle elles
reposent: Couper l’herbe sous les pieds de quelqu’un. « Da itt ṣmma ṣmmaṛ ṛ wanna immutn » trad( il sabote un (cheval) mort) pour dire de
quelqu‟un qu‟il s‟efforce d‟une affaire inutile.
Les
expressives
allusives
:
à
origine
biblique,
mythologique, historique, littéraire.
L‟emploie de ce genre d‟expressions métaphoriques dans le discours nécessite une
connaissance parfaite de son origine et l‟anecdote à laquelle
elles renvoient aussi bien de la part du locuteur que de son interlocuteur, elles
sont parfois le moyen de découverte d‟une telle anecdote ou histoire qui lui a donné naissance, que l‟interlocuteur écoute pour la première fois. Chez les Ait Atta, ces d‟expressions sont très abondantes, ils sont fort constatables dans les proverbes, elles résument toute une expérience expérience ou situation13. Pauvre 13
ṣadi wa alijtimaԑ Voir : Hamid titaw & Mohamed Latif, Malamih Latif, Malamih mina attarix aliqti ṣadi alijtimaԑi li qabael ayt atta min xilali amthaliha, amthaliha, 1 edit, Meknes, 2003 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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comme Job / le cheval de Troie / la mouche du coche (fable littéraire) / « isnayn n tarir », « idda tawada n bu tgʷrsa », « yiwy s lhmm waddaɣ wadda ɣ yiwy yiwy uɣ yul s tisnt ». Le cliché : Charlotte Schapira (1999) le définit comme : «
Un segment discursif qui a d’abord constitué une figure de style (généralement une comparaison ou une métaphore), ou de rhétorique (le plus souvent étant l’analogie) probablement assez frappante pour po ur justifier une grande fréquence d’emploi en discours. Paradoxalement, c’est précisément son originalité première qui est à l’origine de la banalisation de l’expression : répétée sans cesse pendant long temps, la figure s’est usée et sa valeur stylistique s’est affaiblie ou carrément 14
perdue. » . Jolie à croquer / noir comme le charbon / le pied de la montagne / bête à pleurer / awy iɣ i ɣ f, issmra i imṭṭ imṭṭ awn, awn, da ittkks amya, issaɣ issaɣ afa afa xf waman 2.2.2- Les expressions idiomatiques ou idiotismes idiotismes
Cette classe
d‟expressions est importante dans la langue amazighe, son
ambiguïté sémantique faisait un élément important pour l‟exploration de la culture et la société. De points de vue divers, les chercheurs se sont penchés sur le phénomène
l‟idiomaticité , pour des fins ou des besoins modernes : « […]
les applications modernes de la linguistique (l’élaboration des méthodes audiovisuelles, l’apparition de nouvelles techniques dans l’enseignement des langues vivantes, les recherches récentes dans le domaine de la traduction automatique, etc.…) rendent actuelles les confrontations de systèmes
14
Schapira Charlotte, op.cit, p op.cit, p 26
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linguistiques différents et pose à la linguistique […] des questions aux quelles le plus souvent elle est incapable de répondre » 15. Pour la délimitation des cette classe phraséologique, les
linguistes n‟en
sont pas d‟accord, deux points de vue sont à préciser : Un point de vue qui dit que
: d‟une part les expressions idiomatiques
sont des expressions à sens non compositionnel, il n‟est donc pas déductible de l‟ensemble des éléments constitutifs de l‟expression, d‟une autre part, les expressions sont ambigus au niveau sémantique. Un autre point de vue de linguistes comparatifs, comparatifs, élargit le spectre de
cette classe, pour atteindre d‟autres types d‟expressions : « […] est idiomatique tout ce qui est propre à une langue » 16 , Les expressions idiomatiques françaises sont donc appelées des gallicismes, anglaises des anglicismes et amazighes des amazighicismes.
Nous avons adopté cette définition vaste de Greimas Greimas dans cette présente
recherche, qui en plus de l‟opacité sémantique de l‟expression, s‟ajoute le critère de l‟ordre des mots et leur choix, toutes les locutions stéréotypes qui répondent à ce critère, et enfin la traduction qui joue un rôle définitoire, de
cette façon, une expression idiomatique n‟a souvent pas de calque dans la langue cible, et la traduction littérale mène grosso modo à des expressions incompréhensibles ou bizarres.
15
Greimas Algirdas Julien, « Idiotismes, proverbes, proverbes, dictons », Cahiers de lexicologie n°2, les idiotismes, 1960, p.41. 16
Greimas Algirdas Julien, ibid , p.42
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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1- Définition :
L‟anthropologie est la science qui étudie l‟être humain du passé comme du présent, d‟après le Petit Robert, le mot vient du grec anthrôpos (humain) et logia
(étude). L‟anthropologie s‟intéresse aussi aux primates qui
sont des espèces voisins de l‟homme.
L‟anthropologie se subdivise en plusieurs disciplines spécialisées. spécialisées. Entre autres, elle compte, l‟anthropologie sociale et culturelle ou (ethnologie), qui s‟intéresse à l‟étude des cultures des quatre coins du monde, l‟anthropologie physique
et biologique, quant à elle se préoccupe de l‟étude de l‟évolution et
de la biologie humaine. Les branches qui nous intéressent dans cette étude des expressions idiomatiques, les origines de leur conception, leur sémantique , et leurs fonctions, sont
l‟anthropologie culturelle et l‟anthropologie linguistique
puisque nous tenterons dans notre analyse de
corroborer les éléments
culturels, qui d‟une part, constituent le fond référentiel de conception, et d‟autre part qui sont sine qua none pour que chaque expression soit significative et employable au sein de la communauté des AIT ATT.
2-
L’anthropologie
culturelle :
On désigne par la culture dans le domaine de l‟anthropologie, cet aspect et privilège qui différencie l‟homme des animaux, qui en fait un être unique, puisque «la création de la culture » et son acquisition sont exclusives à lui
seul. Tout ce qu‟un homme a pprend, dans et par la société où il vit, et durant toute sa vie. Tylor la définie : « un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l'art, la morale, les lois, les coutumes et toutes autres Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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dispositions et habitudes acquises par l'homme en tant que membre d'une société »17 Pour comprendre mieux la nature de la culture nous devons étaler ses caractéristiques essentielles paradoxales18 : * La culture est universelle en tant qu'acquisition humaine , familiale, le contrôle politique,
l‟institution
les arts, les contes, le langage… etc. Mais
chacune de ses manifestations locales ou régionales peut être considérée comme unique, quiconque qui rencontre, même au sein de son pays, un genre
de vie différent du sien, constate aisément qu‟ils s‟a gissent de deux groupes ayant des coutumes qui ne sont pas identiques dans les détails. * La culture est stable, mais mais elle est aussi dynamique et et manifeste des changements
continus et constants, quoiqu‟elle soit prise comme stable,
l‟opposition du présent au passé, révèle se changement inaperçu qui n‟est pas au moment constatable, comme une vieille photographie, montre le changement de la mode. * La culture remplit, et dans une large mesure détermine, le cours de nos vies, mais s'impose rarement à notre pensée consciente, elle dépasse les individus, considérée comme réalité objective de point de vue philosophique,
vu qu‟elle échappe au contrôle de l‟homme, l‟individu ne peut pas saisir ni manipuler la globalité de sa culture au contraire c‟est lui qui est considéré un de ses instruments passifs. De point de vue psychologique, la culture est
l‟élément appris du comportement humain, qui explique les réactions
17
Melville J. Herskovits (1950) , Les bases de l’anthropologie culturelle, Maspero, Paris, 1967, p :
9 18
Melville J. Herskovits (1950), op. cit p (10 :20)
.
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instinctives qui sont résultat d‟assimilation de la culture de son groupe, par l‟individu.
Les constituants de la culture varient d‟une société à une autre, ils sont en général présent dans toutes les cultures du monde et en constituent des points majeurs, tels « le langage, les valeurs, les croyances, les traditions, et 19
coutumes que les gens partagent et apprennent » . - Les coutumes : des pratiques établies sur une très longue durée, propres à une classe ou un groupe ethnique. - Les croyances : des idées partagées, sur ce qui est bien de ce qui est mal. - Les valeurs : des idées propres à un peuple indiquant ce qui est vrai de ce qui est faux. - Le langage :
est l‟un des éléments vecteur qui nous permet de
confectionner, manipuler et faire partager la culture au sein d‟une société.
De point de vue de distribution géographique, Boas et Sapir considèrent que la langue et la culture ont souvent, des distributions qui ne coïncident pas, des langues génétiquement non reliées peuvent partager la même aire
19
Mentionnée par Elodie GEROME, GEROME, « Les éléments constitutifs de la diversité culturelle », Richard PORTER and Larry SAMOVAR, « the language, values, beliefs, traditions, and customs people share and learn », 2001, citation dans ADLER Ronald B., ROSENFELD Lawrence B., PROCTOR II Russell F., Interplay F., Interplay (the process process of Interpersonal Interpersonal Communication), Communication), Chapter twelve : Culture and Communication, Communication, New York, Ed. Oxford, 2004, e 9 édition, page 329. Source : http://diversitesmondiales.overhttp://diversitesmondiales.over blog.com/pages/Les_elem blog.com/pages/Les_elements_constitutifs_de ents_constitutifs_de_la_diversite_c _la_diversite_culturelle-4180044.htm ulturelle-4180044.htmll Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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culturelle, la même langue peut être parlée par des groupes culturellement différents20. En ce qui est de la causalité, Boas voit que la langue est influencée par
quelques états de la culture, par contre Whorf Whorf met l‟accent l‟accent sur l‟aspect limitatif de la langue qui façonne façonne l‟expérience. 21 La langue et la culture en tant que deux phénomènes sociales
concomitants, s‟influencent mutuellement et maintiennent maintiennent une corrélation corrélation réciproque, qui peut se situer à divers niveaux et aspects, «
… Mon hypothèse
de travail se réclame donc dans une position moyenne : certaines corrélations sont probablement décelables, entre certaines aspects est certains niveaux, et 22
il s’agit pour nous de trouver quels sont ces aspects et sont ces niveaux » . Une des corrélations, est entre le niveau phonologique et quelques
aspects culturels, même s‟il y a un consentement au sein de la communauté scientifique qu‟on ne peut pas prouver aucune corrélation. Au niveau de la morphologie, il y a des anthropologues q ui
ont tenté de démontrer qu‟il y a
une corrélation directe entre des aspects morphologiques particuliers d‟une 23
langue et les attitudes socioculturelles .
Pour ce qui est de l‟hypothèse whorfienne (associé au nom de Sapir), la langue influence la culture, et le monde est en grande partie construit inconsciemment par les habitudes linguistiques du groupe (catégories grammaticales), mais cette théorie a suscité un grand nombre de critiques.
20
Jossé MAILHOT, « les rapports entre la langue et la culture », journal », journal des traducteurs/ traducteurs/ Tanslator’s jouranl , vol .14, n°4, 1960, (p200-206), p201 http://id.erudit.org/iderudit/003540ar 21 José MAILHOT, o p. cit , p 201 22 C. Lévi-Strauss, Linguistique et anthropologie, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, P. 90-91, cité par José MAILHOT op. cit p201 23 Analyse de Goodenough des formes formes de possessifs en l‟île de Turk. José MAILHOT , o p. cit p cit p 202 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Dans un autre niveau, les chercheurs se sont concentrés sur l‟étude du vocabulaire, et ont déduit qu‟il y a une corrélation entre le contenu du lexique et les intérêts culturels d‟une société : « … language is a complex inventory of all ideas, iterests and occupations that take up the attention of the community24 ». De cette
façon, la langue reflète et s‟inscrit dans la culture de
la société dont elle est parlée. Les études qui portent sur lexique, sont polarisées non seulement sur le
contenu du vocabulaire mais également sur sa structure, et c‟est dans le niveau sémantique,
qu‟on se prête des inférences culturelles. L‟école qui
étudie ces rapports là, de ce point de vue, est l‟école américaine de l‟ethnoscience (ou ethnographie sémantique) et l‟école française de sémantique générale (Greimas et Pottier), les américains en tendance aux études anthropologiques plutôt que linguistiques.
L‟école structurale reste la plus forte, avec son grand promoteur Lévi STRAUSS, considère que langue et la culture ne sont pas deux phénomènes découpés en deux niveaux, mais plutôt doivent être considérés globalement, comme deux systèmes : « …
langue et
culture sont deux modalités
parallèles d’une activité fondamentale : je pense ici à cet être présent parmi nous, bien que nul n’ait songé à l’inviter à nos débats : l’esprit humains25 » La fonction essentielle des
deux systèmes se résout à l‟échange, à la
communication, cette approche considère qu‟il y a une analogie qu‟elle établit entre la langue et la culture au niveau de l‟architecture.
24
P.PENLE, P.PENLE, éd., Language, Thought and Culture, ANN Harbor, 1958, p:5, Cité par José MAILHOT , o p. cit p cit p 203 25 C. Lévi-STRAUSS, Lévi-STRAUSS, « Linguistique et anthropologie », anthropologie structurale, Paris, Plon , 1958, P.81, cité par José MAILHOT , o p. cit p cit p 206 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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3-
L’Anthropologie
linguistique : la langue dans la
société
L‟expression « anthropologie linguistique » (linguistic ( linguistic anthropology), anthropology), a cours principalement en 2003, en Amérique du Nord (DURNTI 2003), mais en général les formes du rapport entre anthropologie (sociale et culturelle) et linguistique ou anthropologie linguistique se différencient nettement selon les traditions nationales : en France (Calame-Griaule 1992), aux Etats-Unis 26
(Duranti 2003), en Grande Bretagne (Ardener 1971) .
Pour le sociolinguiste, ce qui est considéré comme objet de son étude ;
sont les relations résultant d‟interactions entre les phénomènes linguistiques d‟une part et le système système socioculturel dont il fait fait partie de l‟autre l‟autre part. En ce qui est du langage, des usages spécifiques apparaissent en dépend du groupe social ou ethnique : « … Ainsi, chaque sous-groupe sous-groupe d'une même société élabore un vocabulaire et, parfois, une prononciation ou des règles de grammaire propres, qui ne sont pas partagés par tout tout le monde. » Ces dif férences férences
27
linguistiques (phonétiques, lexicales, syntaxiques…)
dépendent des facteurs tels l‟âge, le sexe, et la classe sociale dont le locuteur fait partie.
26
Bertrand MASQUELIER, MASQUELIER, Anthropologie sociale et analyse du discours, Langage discours, Langage et société société n° 114 – décembre 2005, P74 27
Louis-Jacques DORAIS, “L‟anthropologie du langage” (1979) p 29, Source:
http://classiques.uqac.ca/co http://classiques.uqac.ca/contemporains/dora ntemporains/dorais_louis_jacque is_louis_jacques/anthropo_du_lang s/anthropo_du_langage/anthropolog age/anthropologii e_du_langage.pdf
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Autrement, le fait de posséder un langage au sein d‟un groupe social où d‟une ethnie confère à ses membres un sentiment d‟appartenance et de solidarité, qui collabore à la cohésion sociale. s ociale. La fonction de durcir la cohésion est interne au groupe, pour ce qui de
la relation relation avec l‟extérieur, l‟extérieur,
le langage est est un élément élément révélateur de
l‟appartenance à un milieu social, qui mal employé, peut être un facteur de classification qui finit par l‟exclus ion sociale. Le langage employé, valorisé qui est celui de la classe dominante ou majoritaire, dévalorisé au cas contraire est une base de cette classification.
Des institutions idéologiques peuvent créer des formes particulières d'usage linguistique, telle que la religion comme le latin pour les pratiques pratiques liturgiques utilisait en occident autrefois, l'arabe littéraire pour les musulmans et les noms d'animaux chez les Inuits employés pour communiquer avec les esprits.
Cette diversité d‟expressions linguistiques se différencient de forme, de contenu et de fonctions d‟une culture à une autre : « On aura ainsi des langages parlés, récités (poésie, mythe, conte, théâtre) ou chantés. La littérature orale comprend tout texte transmis de bouche à oreille ayant une fonction poétique et reflétant le système social, l'histoire, les valeurs et la vision du monde de ceux qui l'utilisent. La littérature orale peut servir à dénouer les tensions et les conflits »
28
Pour ce qui est de notre cas, nous pouvons citer quelques formes : telle la parole qui est sacrée et doit être respectée surtout pour les hommes, pour
28
Louis-Jacques DORAIS, op. Cite p 35
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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les femmes, souvent il se manifeste à travers lfal 29 , selon laquelle, un énoncé
de quelqu‟un (surtout le poète) qu‟il soit vers d‟un poème, un proverbe…etc. est un indice de prédiction de l‟avenir et et du sort. Les éléments culturels sont un facteur décisif qui trace les frontières de ce qui peut être dit et de tabous linguistiques, une forme comme « soutiengorge » est admise est e st non pas « soutien-seins »,
de l‟euphémisme qu‟on
emploie dans la plupart des cas pour dire : « il est décédé » en guise de « il 30
est mort » .
Lfal est le présage, dès qu‟un poète commence à chater en ahidous surtout, les femmes intériorisent en cachette, l‟imprévisible énoncé qu‟elles vont entendre comme un présage, une sorte d‟indice pronostique de leur leur avenir. 30 Louis-Jacques Louis-Jacques Dorais, op. Cit , p 36 29
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Dans cette analyse nous essaierons de faire une classification par termes culturels qui font les origines cognitives axiales pour une telle ou telle expression idiomatique,
nous avons relativement inspiré la méthode
appliquée dans la confection du « Dictionnaire des combinaisons de mots »31
L‟axialité de ces éléments nous montre les croyances socioculturelles, les jugements et l‟utilité au sein du la communauté des AIT ATTA, qui se manifestent à travers des structures langagières idiomatique au sens large de Greimas, qui de leur tour, et entre autres,
assurent une continuité d‟usage et
de fonctionnement de ces éléments de génération en génération.
1- TISNT (le sel)
Le sel, ce minéral qui valait autrefois l‟or et qui a laissé ses traces sur la langue française en terme « salaire » et même au niveau des expressions 32, était utilisé comme additif alimentaire pour rendre délicieux les aliments, a acquiert des attributions comme « beauté, vénération » en Tamazight, ainsi on a le verbe « imar ɣ » ɣ »
ɣ qui veut dire salé, mais dans l‟expression « tmar ɣ
tuda » = tuda est mignonne, (dictionnaire Ali AMANIS). Nous pouvons encore rencontrer « rencontrer « tlla ɣ ifs ifs tisnt » trad (le sel est sur lui) qui veut dire « il est beau, ou admirable », loin du sens locutoire, dont le sens contraire est « imssus », », qui signifie soit un aliment fade, ou persona non grata. Pour récompenser quelqu‟un
pour une tâche, en emploie l‟expression « tisnt n
ufus » trad (le sel de la main), on dit « ika as tisnt n ufus nns » trad (il lui a donné le sel de sa main) , veut dire qu‟il l‟a récompensé, qui ne signifie pas lui donner son salaire, mais un remerciement pour un service rendu. Le sel aussi 31
Dominique Le FUR et FUR et al, Dictionnaire des combinaisons de mots, mots, Le Robet, Paris, 2007.
32
Les anciens français« français« appelaient sel, par métaphore, les traits d'esprit » voir Petit Robert 2009 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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a une utilisation chez les Fqihs, qui écrivent
des « talismans » comme
guérison, ils utilisent le sel pour chasser les djinns et pour préparer des recettes comme comme remède. Les djinns aussi sont nommés soit par « par « ag ṛ ṛu ḍ n », », ou par une expression équivalente « widda aɣ aɣ tssntl tssntl tisnt » trad (ceux que le sel nous cache).
Un proverbe s‟inscrit dans ce processus pour renforcer la double signification de tisnt ,
ce proverbe, est la synthèse d‟une anecdote 33, cette
expression allusive : « yiwy s lhmm waddaɣ wadda ɣ yiwy uɣ uɣ yul s tisnt », », trad ( il
emporte avec lui (de motivation), ce que l‟âne emporte vers le sel).. Une des plaisanteries employée par les AIT ATTA, et que dès qu‟on fait un bon souhait à quelqu‟un, « … ad ɣ ifk ifk ig ṛ bbi bbi tisnt » trad : que Dieu mette en dessus de toi le sel », le désigné réplique : « …yak ur id tin uẓṛu… ! » trd : « ….qu‟il ne s‟agisse pas du sel rocheux !».
1- AẒṬṬA ou (aṣṭṭa comme prononcé localement) et ses relatifs
L‟un des domaines purement féminins, considéré comme sacré et plein de symbolicité, du commencement à la fin, le métier à tisser est une besogne à la fois dangereuse et importante. Pour entamer un tel projet, trois femmes au
minimum sont nécessaires, deux s‟installent chacune près d‟un piquet de fer ou du bois plantés au sol, séparés par la distance que la nouvelle (couverture, oisième prend une bobine de fils et djellaba, tamndilt…) aura en langueur, la tr oisième fait des va-et-vient « ar ttawy iɣ i ɣ f » entre les deux extrémités pour que chaque
Un quelqu‟un rencontra dans son chemin un âne en plein motivation, il lui demanda : où vas-tu comme ça âne ? L‟âne répliqua : « je vais apporter du sel, que Dieu Dieu le mette en dessus de moi moi ! », dès que l‟on bien chargé chargé du sel lourd «non pas symbolique qu‟il a compris au début », il a enfin pris conscience qu‟il faut désormais, faire la différence entre les deux significations de tisnt et qu‟il s‟est trempé, ainsi on dit à quelqu‟un qui a un courage, une motivation excessive envers une tâche 33
ou une mission à faire, et qui en finit par déception : « yiwy s lhmm waddav yiwy uvul s tisnt » qui est devenu un proverbe. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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femme fixe le trame fil par fil en montant ver le haut, par deux fils qui se
croisent en créant un nœud. Une fois la trame trame a prise la largeur largeur souhaitée, le métier métier est transféré en position verticale, en le mettant dans un cadre constitué de deux ensouples (afggag , tavda), tavda), et lui « donnant âme », avec un roseau et une canne équivalente en longueur et épaisseur en Laurier-rose. A ce moment, le métier est dit « ila ṛṛ uḥ » trad ( il a une âme )
34
, par conséquence, il est interdit d‟en 35
passer par-dessus, et celui qui transgresse cette règle est atteint atteint par ttuqif par ttuqif . Au moment du stoppage, les femmes interdisent aux garçons mais aussi aux hommes d‟y
assister, assister, puisqu‟elles veulent mettre fin à un être être ayant une
âme de genre masculin, qui ne veulent pas qu‟il soit prés age de la disparition d‟un mari, d‟un fils ou d‟un « axam » trad (foyer). Elles le font « boire » en mouillant le peigne de fer « ta ṣkka » avec lequel elles le tassent avant de le passer sur le dernier fil du fond, ensuite elles lui font une dernière action de grâce on lui disant : « a kk sswɣ sswɣ a a ṣṭṭ a inu g ddunit, af ad i tsswt g lixra » trad (je vais te faire boire dans cette vie mon métier, pour que tu me feras
boire dans la vie de l‟au l‟au-delà)36, et enfin elles le coupent. L‟aṣṭṭa est un champ générateur
des expressions idiomatiques,
telle : « da ittawy ivf » trad (il emporte la tête) qui était au début employée pour dénommer une action : « prendre le bout du fils » dans la première étape é tape
d‟un métier à tisser, ayant actuellement la signification de « errer, se promener »,
nous estimons bien qu‟au début, cette expression était employé
métaphoriquement pour désigner le deuxième sens, cet aspect métaphorique
34
Cynthia BECKER , amazigh arts in Morocco, Morocco, Texas, 2006, p34
35
Châtiment d‟ordre symbolique qui se matérialise par un échec à faire ou atteindre se qu‟on
souhaite qui peut être traduit en français par répugnance. répugnance. Cynthia BECKER, op.cit. a aussi citée cette louange.
36
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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est neutralisé avec le temps et l‟intensité de l‟usage, puis l‟expression devenue banale et perd sa valeur stylistique37. On a encore : « ibby u ṣṭṭ a n flan » trad (le métier de quel qu‟un coupé) ou « ikmml u ṣṭṭ a nns »
est
tard (le métier de quelqu‟un est fini) , veut dire
que cette personne a eu une fin morale et non pas physique,
pour quelqu‟un
qui se mêle dans une affaire déshonorante. « a ṣṭṭ a n lman » est une expression que les femmes prononcent dès
qu‟elles aperçoivent un métier dans une maison, on fait ce souhait car a ṣṭṭ a est un symbole plu tôt qu‟une composition de fils et morceaux de bois, tel : un mariage, une affaire compliquée ou un futur projet. On prononce ce souhait pour que cet a ṣṭṭ a soit un bon présage, présage, soit,
de ce qu‟il va venir au futur quoi qu‟il
ou qu‟on aborde en concomitance avec a ṣṭṭ a , et que celle qui la
prononce ignore probablement.
Et en relation avec l‟ a ṣṭṭ a, et dans la poésie, « ad inm ufggag inm u ṣṭṭ u ṣṭṭ a nnun…. » trad (que votre ensouple ensouple soit droite, que votre métier soit droit), est
un souhait que le poète fait à ceux qui l‟on invité, dont le sens littéral est destiné à a ṣṭṭ a, qui n‟est pas tout à fait ce qu‟ il désigne vraiment. Dans le domaine relatif à a ṣṭṭ a, on dit : « aylliɣ aylliɣ nllm nllm iga taḍ ta ḍ ut ut » trad (ce
que nous avons tordu est est devenu laine), il se dit lorsqu‟on lorsqu‟on vient de perdre le résultat d‟un grand effort important, comme (mariage puis divorce), mais en général
sa fréquence d‟emploi demeure très faible, vu les charges culturelles
indésirables qu‟elle véhicule.
37
traducteurs/ Tanslator’s Tanslator’s Selvia PAVEL, « Changement sémantique et terminologie», journal terminologie», journal des traducteurs/ jouranl , vol .36, n°1, 1991, p : 41-48 source : http://id.erudit.org/iderudit/003805ar http://id.erudit.org/iderudit/003805ar
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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2- AZRG « le moulin manuel »
Autrefois, chaque foyer d‟AIT
ATTA possède un moulin manuel, les
femmes se réveillent avec les premiers p remiers lueurs de l‟aube pour moudre du quoi faire nourrir leurs familles. Avant le début des fêtes de mariage, les femmes se rassemblèrent pour moudre le blé, en chantant de longs poèmes de warru ou ddikr spécifique ddikr spécifique pour une telle occasion, ce warru valorise cet évènement 38
spécial . Azrg , grâce à sa fonction de générateur de la nourriture, et garantissant de la continuité de la vie, a acquis beaucoup du respect et de la considération. Lorsque le moulin est séparé en deux hémisphères, on ne doit pas passer entre ses deux composantes, cela engendre le fait du ttuqif sus cité. azrg dans des énoncés figés, est donc un résultat de sa La présence d‟azrg dans
fonction et des croyances qu‟on a lui attribuées, pour exprimer par exemple que quelqu‟un parle hors sujet on dit : « da i ẓẓ ẓẓ aḍ beṛṛa beṛṛa n ugʷlim » litt ( il moud en dehors de la natte 39 ). Il arrive aussi que des conversations au sein
d‟un groupe, qui contient un intrus, soient arrêtées par une expression que quelqu‟un prononce : « illa u ẓṛ u g yirdn » trad (il y a un caillou dans les céréales), on fait une analogie entre parler et moudre qui n‟est pas exprimée
d‟une manière explicite. S‟il y a un caillou lors de l‟action de moudre, le moulin fait un bruit gênant comme alarme pour arrêter, et de même aussi
pour l‟action d‟aborder un sujet quelconque en la présence d‟un intrus. Une autre expression qui montre qu‟on fait analogie entre le fait du moudre « i ẓ ẓ iḍ » ḍ » et la discussion est : « da ẓẓ da ẓẓ aḍ n amssas » trad (ils moulent le fade),
38
Ce sous genre de chants est en cours de disparation, car il a perdu sa fonctionnalité, et nous
croyons qu‟il n‟est n‟est pas été objet d‟aucune d‟aucune documentation. 39 agʷlim : Natte (en peau d‟animal) sur sur laquelle on mout le grain (Ali AMANIS) Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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qui signifient qu‟il s bavardent beaucoup sans résultat, où abordent un sujet sans utilité.
3- AWAL (la parole, le promis) Chez les AIT ATTA, qui sont une société à tradition orale, de sorte que la parole awal
acquiert un statut statut intangible, une fois donnée à quelqu‟un ou
fixée entre deux personnes au moins, est j ugé
comme signe d‟opprobre pour
40
ceux qui violent leurs promesses .
Un proverbe montre la valoreur d‟ awal , et de son importance, il est placé même avant le foyer : «Yuf « Yuf ad t ṛṛẓ takatt ṛṛẓ takatt nnk, ula iṛṛẓ i ṛṛẓ a wawal nnk » trad (mieux vaut que ton foyer soit cassé, plutôt que ta parole soit cassé) , la fidélité à sa parole est plus
important que son foyer, une personne n‟ayant pas de
parole, n‟aura pas de valeur ni de statut social considérable. Dans la rédaction d‟un acte de mariage, on dit « sskrn awal » trad : (ils awal à un niveau contractuel. ont fait la parole), ce qui augmente la valeur d‟ awal à On dit aussi « ika as awal » trad (il lui a donné la parole), il a lui a fait une promesse.
40
Dans la tradition orale des AIT KHABBACH, nous avons pu relever un conte populaire qui est pris pour réel, dans dans ce conte on raconte que deux gens se sont fixées de de se rencontrer rencontrer après une une année à tel moment et endroit pour chasser les gazelles, ils ont même mis une tactique pour cette opération.
Au moment fixé, sans qu‟ils se rencontrent il y a une année, l‟un deux qui est chargé de mener les gazelles à passer par une vallée, le deuxième en cachette, doit leur tirer dessus avec un fusil. Action accomplie, mais n‟ayant pas perçu son compagnon, le premier cria « vas-y, tire si tu es là ? »…, et puis redressa son message message « … mais je suis sûr que tu es là, tu ne doit pas être ailleurs ». Lorsqu‟ ils se sont vus, « le tireur » dit à son camarade camarade qu‟il est sur le point de lui tirer dessus, car
avec ses premiers propos et qu‟il vient de rectifier après, il porte atteinte à sa dignité en croyant qu‟il est susceptible susceptible de manquer ce rendez-vous. -vous. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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4- Les parties du corps humain : Les expressions idiomatiques comportant la dénomination
d‟une partie
du corps humain, médiatisent des visions du monde et des croyances 41
socioculturelles partagées .
En tamazight le foie, et la partie du corps humain spécialisé pour dénommer les sentiments, ce tableau explicite les différentes émotions qui y sont liés :
Expression
Traduction littérale
signification
Txatr as tasa
Il a le foie grand
Il est peureux
Tugr t tasa
Son foie est plus grand Il est peureux que lui
Tqqur tasa nns
Son foie est dur
Etre dur, insensible
T ḍ ḍr as tasa ifaddn
Le foie lui a tombé aux
Il est effrayé de façon qu‟il
genoux
ne peut pas courir
Il lui coupe le foie
il a
ibby tasa nns
eu beaucoup de compassion pour lui. I ṛ ṛbba bba vifs tasa
Il a élevé son foi sur lui
Il l‟aime fortement
Ur ili tasa
Il n‟a pas de foi
Il n‟a pas de pitié
41
(R.MARTIN 1987), Cité par : Zakia LOUNES, « Etude lexico-culturelle lexico-culturelle des expressions expressions idiomatiques en Français et en Arabe algérien, Cas du Corps Humain », », Mémoire de Magistère, FLSH Msila, 2009, P34, source :http://www.univmsila.dz/fr/multimedia/upload/F msila.dz/fr/multimedia/upload/File/les%20M%C3 ile/les%20M%C3%A9moires%20de %A9moires%20de%20magist%C3 %20magist%C3%A9re/M% %A9re/M% C3%A9moires%20fran%C3%A7ais/M%C3%A9moire(LOUNIS%20ZAKIA).pdf
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Da issnɣ issnɣ a/ a/ issiɣ issiɣ i Il fait mal au foie
Il fait pitié
tasa Yum ẓ tassa nns s Il tient son foi avec les Avoir une forte angoisse waxbacn
griffes
Aman n tasa
L‟eau du foie
L‟urine
Toutes ces expressions attribuent un sens de la peur, de la compassion
ou de l‟angoisse et de l‟amour au foie, à l‟exception de « aman n tassa » un euphémisme du mot urine, que nous considérons qu‟elle aussi a une relation possible avec la peur, peut être que dès que quelqu‟un est en panique urine involontairement,
et que le foi étant siège de cette émotion, que l‟urine fut
ainsi appelé « aman n tassa » au lieu de dire « aman n tawda/tugg ʷ ʷ da da », », cette dénomination a connu un élargissement du sens pour signifier toute sorte
d‟urine, qu‟elle soit engendrée par la peur ou pas .
Voici un tableau illustratif qui étaye les expressions expressions
relatives au cœur
Expression
Traduction littérale
signification
Yaɣ Yaɣ tt wul
Il a mal au cœur
Il a le mal du cœur
Ssnɣ Ssnɣ ul ul
Le faisant mal au cœur
Le dégoutant
War ul
sans cœur
Mk ṛḍ ul ṛḍ ul
Le gratteur du cœur
angoisse
Immut as wul
Il a le cœur mort
Paresseux, négligeant
I ḍṛ as ḍṛ as wul
Sont cœur est tombé
Il est servile
Ur ili ul
Il n‟a pas de cœur
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Son cœur est plus grand Estimable «n‟admet pas de
Yugr t wul
que lui
servilité et humiliation »
Ibby wul nns
Il a le cœur coupé
Avoir du chagrin
Ibzy wul nns
Il a le cœur enflé
Avoir la satiété
S wul nns
Avec son cœur
volontairement
Bla ul nns
Malgré sans cœur
involontairement
Yusy ul nns
Il a pris son
Ika tt i wul nns
Il l‟a donné à son cœur c œur
Il a intériorisé le chagrin
Ittca t wul nns
Son Coeur le grate
Inquiétude douloureuse au
cœur
orgueilleux
sujet
de
la
fidélité
de
quelqu‟un Ingal as wul
Il a le cœur noir
Etre jaloux
Imllul as wul
blanc Il a le cœur blanc
Avoir la bonne foi, ne pas être jaloux, aimer du bien pour les autres
Im ẓẓ iy iy as wul
Il a le cœur petit
Etre servile
Ixatr as wul
Il a le cœur grand
Avoir l‟estimation du soi.
A travers ses exemples, nous pouvons conclure que le cœur est allié aux sensations telles : vomissement, nausées, satiété ; à des sentiments tels : la
jalousie, le chagrin, l‟angoisse, l‟inquiétude et à des qualités de la personne telles : l‟estimation du soi -même et des autres, la volonté et la vivacité. ṬṬ
L‟œil cet organe qui nous permet de voir, à acquiert d‟autres fonctions et attribution en Tamazight, « ika as tiṭṭ tiṭṭ » » trad (il lui a donné un œil), qui veut
dire qu‟il l‟a atteint du mauvais œil, donnant un pouvoir immatériel d‟agir et
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d‟influencer sur les autres à cette organe, juste en les regardant et décrire la façon dont il marchent, il parlent, ils mangent…etc. On agit par les yeux, cette fois dans une intention différente, dans le but de changer une situation ou un comportement, le proverbe « yugr usxuzzr tyti a ԑmmi »42, trad (Regarder est superlatif que frapper, mon oncle !), on dit
que l‟action de contempler quelqu‟un à fin de lui transmettre un message, un avertissement ou même d‟exprimer son point de vu, aura un impact très considérable que de le punir. Tiṭṭ Tiṭṭ aussi aussi peur être signe de beauté pour la femme chez les Ait ATTA, comme le prouve ce proverbe « ma ayd as ixxan i wanna mi ḥlant waln » trad
(qu‟est ce qu‟il y a de laid à celui à qui les yeux sont beaux ?!), c'est-à-dire que dès qu‟une fille a des bbeaux eaux yeux, qu‟elle est considérée comme belle. Une expression attribut à l‟œil une autre fonction social e de détestation, « ur da t ttalint waln » tad (les yeux ne le «
quelqu‟un » montent pas), est
employé pour dire de quelqu‟un qu‟il est détest able, en conséquence les yeux hésitent de le voir.
L‟œil aussi peut aussi être employé pour comme signe de la timidité, « yudr i waln » ,
trad (il a enterré les yeux), qui signifie qu‟il les a baissés,
yudr (enterrer, couvrir) est employé dans ce cas
pour exprimer une
métaphore conceptuelle.43
Une des fonctions expressives de l‟œil est de pleurer, mais « da ya s talla yat tiṭṭ tiṭṭ tzwu tzwu as yat »
trad (il pleure avec un œil et l‟autre est séché) est
une métonymie, le chagrin qui en est une cause naturelle, mais de pleurer
d‟un seul œil, veut dire qu‟on subisse un chagrin excessif. 42
Hamid titaw & Mohamed Latif, op.cit, p, 178 George LAKOFF, The Contemporary Theory of Metaphor, 1992 http://georgelakoff.files.wordpress. http://georgelakoff.files.wordpress.com/2011/04/the-c com/2011/04/the-contemporaryontemporary-theory-of-metaph theory-of-metaphor-in-ortonyor-in-ortonyandrew-ed-metaphor-a andrew-ed-metaphor-and-thought-lakoff-1992.pd nd-thought-lakoff-1992.pdf f 43
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Si udm (visage, surface), apparait dans les expressions idiomatiques
avec d‟autre nuances de sens, udmawn trad (les visages), employé d‟une manière métonymique pour désigner les personnes respectables, dans la même notion du respect exprimer par le terme udm, udm, on dit : « ibdda yi wudm n flan »
tard (il s‟est mis debout à moi, le visage de quelqu‟un), c‟est -à-dire,
que si j‟accepte une telle idée, c‟est parce que je do is beaucoup du respect à quelqu‟un. Dans le côté dévalorisent, « war udm » trad (le sans visage)44, est dite pour désigner la personne sans dignité, qui n‟est pas respecté, « gar udm » trad (le mauvais visage), signifie persona non grata et « da isskar tudmawin »
trad (il fait des facettes) pour parler d‟une personne non
équitable. En générale, udm
désigne l‟identité et la valeur sociale de la personne.
afus, afus, est employé pour signifier le pouvoir et/ou la possession : « illa ddaw ufus nnes »
trad (il est sous sa main), qui veut dire qu‟il est sous son
contrôle, « iḍṛ iḍṛ as as afus » trad (il lui tombe dans la main), il vient de posséder
quelque chose, et de devenir maître maître de quelqu‟un, quelqu‟un, et pour dire de quelqu‟un qu‟il n‟est plus sous le contrôle de quelqu‟un d‟autre, ou hors de sa disposition : « iff ɣ ɣ as afus » trad (il lui a sorti de la la main). Ceci est
probablement, la raison qui pour laquelle, on exprime le fait que quelqu‟un s‟est donné de la peine par « ikka afus » trad (il est passé par la main), que cette peine soit d‟origine d ‟origine matérielle (violence, esclavage, torture) autrefois, ou symbolique (problème, misère, maladie… etc.) actuellement.
44
Dans cette traduction on ne désigne pas celui qui ne représente aucun visage humain; humain; dont le véritable caractère est inconnu «Dieu ». Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Afus aussi peut servir de moyen pour exprimer «
yaɣ as l‟aide », « yaɣ
afus » (il lui tend la main) 45, qui signifie : venir en aide à quelqu‟un, et « bbyn as iffasn » trad (il a les mains coupées), pour qui n‟a pas de Afus aussi peut désigner d‟une manière
soutien ni d‟aide.
métonymique, la personne : « yan ufus
iṛ wan wan » trad (une bonne main), pour parler d‟une personne honnête, et « ifssus as ufus » trad (il a la main légère) signifiant « il vole ». Ɣ
I ɣ ɣ f est
employé dans les expressions idiomatiques à titre d‟exemple,
pour signifier la la raison, le soi et l‟autonomie : « war iɣ iɣ f »
trad (celui n‟ayant pas de tête), celui qui ne raisonne pas
correctement, « iff ɣ i ɣ iɣ f nns » trad (il est sorti de sa tête), il est devenu fou. Ces deux exemples montrent que iɣ f est f est employé pour désigner la raison. « iɣ iɣ y i iɣ f nns » trad (il est capable à autonome, « inɣ inɣ a iɣ i ɣ f nns » nns »
sa tête), pour dire qu‟il est
i ɣ f trad (il a tué sa tête), il s‟est suicidé, « yiwi tt g iɣ
trad (il la prenne de sa tête), veut dire qu‟il s‟intéresse juste de ses
affaires. Ces trois expressions montrent que iɣ f , est employé dans le sens du
soi et de l‟autonomie. Il y a d‟autres expressions ou iɣ f est employé d‟une manière métaphorique, pour désigner le bout ou l‟extrémité : « iɣ iɣ f n wasif »
trad (la tête de la rivière), pour désigner l‟extrémité
d‟une rivière en crue. « iɣ iɣ f n iɣ ir ir »
trad (la tête de la montagne/l‟épaule), toponyme d‟un
village qui se situe à l‟extrémité d‟une montagne 46. Ces expressions sont 45
Nous avouons que la traduction littérale de cette expression, nous a été très difficile, car le verbe ɣ est polysémique : donner, s‟allumer , aborder, jouer, paraître, atteindre, se répandre… etc. aɣ est 46 Toponyme d‟un village situé à la commune rurale SIDI ALI, au Sud-ouest d‟Errachidia Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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lexicalisées, et pourtant les locuteurs continuent à utiliser le même processus
métaphorique pour la dénomination d‟objets et de notions. 5- Les animaux : On accorde des rôles et des qualités à travers les expressions figées aux animaux, chaque animal est un élément clé qui en donne existence, et ce,
extrait d‟un conte, d‟une histoire réelle, ou dans une scène imaginée. Le nom de l‟animal fait donc un élément mnémonique pour l‟expression et l‟anecdote au même temps. Il arrive que la prise de connaissance d‟une expression précède l‟anecdote génératrice pour un interlocuteur, qui est pour lui une occasion de la connaître, ainsi ces expressions font un support de transmission
d‟un héritage de la littérature orale.
Lion synonyme de force, qui a servi d‟outil pour concevoir l‟expression l ‟expression « yum ẓ izm s um ẓẓ uɣ » ɣ » trad (il
saisit le lion par l‟oreille), qui est une image
stéréotypée, qui ne sera pas en aucun cas
d‟origine empirique, elle est née
juste de l‟imagination. Si quelqu‟un est dit qu‟il tient un lion par son oreille, c‟est qu‟il se trouve dans un dilemme, il ne peut pas lâcher le lion car il va sûrement l‟attaquer, ce qui l‟exige de continuer à le saisir jusqu‟à ce qu‟il trouve une solution, même si cette issue est pénible, cette expression est
employée pour dire de quelqu‟un qu‟il est tellement occupé qu‟il ne peut faire autre chose, quelle que soit son importance.
La grenouille fait partie des éléments générateurs d‟expressions figées, elle est considérée comme un animal vénéneux,
c‟est ainsi que Dieu l‟a privée
de dents, exprimé par ce proverbe : « issn ṛ ebbi ebbi ma ayd illan g ugru allig as ikks iqucan » trad (Dieu
sait ce qu‟il y a en la grenouille (venin), c‟est pour
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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cela qu‟il l‟a privée des dents ), ce proverbe est utilisé pour parler d‟une personne méchante et qui n‟a pas assez de moyens pour léser les autres. Et dans le même contexte « Yaɣ Yaɣ ul ul ifiɣ ifiɣ r iga agru » tard (finalement, le serpent
est devenu une grenouille), c‟est qu‟une personne méchante, n‟a plus de moyens pour porter malheur aux autres. Autrement, la grenouille aussi est présente dans une locution cocasse qui, pour bien la comprendre, il faut être au courant de la fable 47
48
génératrice , « inna s ugru : ay isḥ isḥan aydd ɣ ayd ɣ ayd igan da nttmmɣ nttmmɣ !! » trad ( la grenouille a dit : certainement, c‟est cela qui signifie qu‟on se mouille !), cette expression est utilisé pour parler de
quelqu‟un qui échappe d‟une situation
gênante pour tomber dans une autre plus pire. Cet anecdote a donné naissance aussi un proverbe, même si agru
ya ɣ nn nn n‟est pas mentionné : « irul i tmqqit yaɣ
amda » tard (il a échappé à une goutte puis tombe dans un lac) qui a la même
signification que l‟expression sus citée. Nous pouvons conclure que agru est un élément-clé
qu‟on utilise, soit
pour exprimer la méchanceté passive soit pour pour exprimer la mauvaise issue.
Le chacal, cet animal tant présent dans les fables amazighes, avec ses
petites ruses réciproques, lui et l‟hérisson parfois, et qui en font le perdant toujours. Ceci peut être expliqué comme vengeance symbolique à son
encontre, pour la raison qu‟il est enn emi eternel des paysans et nomades, en attaquant leurs troupeaux de chèvres et de brebis. Le loup est aussi présent
Un jour une grenouille s‟installe au bord d‟un lac d‟eau, soudain, la pluie commença à tomber, la grenouille gênée par les gouttes d‟eau qui lui tombent dessus et ainsi commence à se mouiller. Pour mettre fin à cette situation gênante, gênante, elle se jeta dans le lac.
47
pas souvent nécessaire, puisque l‟interlocuteur est censé connaître cette anecdote, puisqu‟elle appartienne à un fond culturel commun.
48
Cette partie de présentation n‟est
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 39
dans les expressions figées, le proverbe « tgg ʷ ʷd tili, igg ʷ ʷ d wuccn »49 trad ( la brebis a peur, le chacal a peur),
la première partie de l‟e xpression est banale
puisque tili est considérée comme un animal peureux, mais la deuxième partie est inacceptable, pour la seule raison que le loup est estimé comme courageux, rusé et méchant.
Un autre proverbe s‟inscrit dans cette dualité de ucc/tili : « wanna mi tga mma nns tili ittc as tt wuccn » , tard (quiconque à qui sa maman est une brebis, le chacal la mangera), c'est-à-dire dès que deux personnes soient en
situation conflictuelle et de challenge, celui n‟ayant pas p as de force et de courage « qu‟il perde ! ».
D‟autres expressions comme « tamɣ tamɣ ra ra n wuccn » trad (le mariage du chacal), qui désigne un moment de pluie et de soleil en simultanéité.
d‟autres
sont issues de la botanique comme : « aḍ aḍ il il n wuccn » trad (le raisin du chacal ) , la belladone, ou encore « a ẓ alim alim n wuccn »
trad( l‟oignon du chacal), la
scille, n‟ont pas de relation avec la force, la ruse ou même l‟intelligence qui sont attribuées au chacal, nous ne pouvons pas démontrer la raison pour laquelle ses expressions ont recours au terme
uccn , mais nous pouvons
proposer que qu e ses éléments sont appelés ainsi, pour leur fonctions certaines ou imaginées liées à uccn, uccn, qui ne sont plus existantes dans la mémoire collective.
A notre point de vue, l‟expression la plus célèbre est « Isnayn n tarir »
50
trad (les convoyeurs de l‟ogresse), se dit d‟un groupe de personnes
C‟est la synthèse de l‟histoire d‟un loup avec une brebis. La brebis s‟est mis la peau du tigre sur le dos et est allé faire peur au loup. Le loup avait tellement peur qu‟il avait lâché par le derrière. Une fois découverte sa ruse, la brebis disait au loup que ce n‟est qu‟une plaisanterie. Mais le loup
49
avait pointé du doigt son derrière en disant : regarde-moi regarde-moi ça brebis, est-ce une plaisanterie ? Cité par : Ali AMANIS AMANIS 50 Dans une fable où figure une fiancée emmenée emmenée par ces convoyeurs durant la nuit, vers l e foyer pi eds se transforment en sabots, et de sont époux, ceux-ci constatent l‟un après l‟autre que ses pieds Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 40
qui est chargé d‟accomplir une mission, que ses membres finissent par fuir l‟un après l‟autre, ou qu‟un envoyé suit un autre, sous prétexte d‟aller chercher son précédant, mais qui finissent tout les deux d‟arriver en retard. Pour exprimer la notion de „ verser les larmes de crocodile‟, on emploie un proverbe qui se sert de tarir : tarir : « da yalla imṭṭ im ṭṭ awn awn n tarir ittcan arraw nns »
tard (il verse verse des larmes de l‟ogresse qui a dévoré ses petits) petits) car tarir est est symbole de méchanceté, par sa présence dans les fables amazighes.
6- LES DIRECTIONS
Les directions, en plus de leurs fonctions de répartitions de l‟espace, ont acquis des valeurs diverses, dans les expressions idiomatiques, et ce par des métaphores conceptuelles:
Tant apprécié, peut être qu‟il réfère à Dieu, à l‟éternité ou à la prospérité. On dit « ad aɣ aɣ yawy rebbi s aflla » trad(que Dieu nous mène ver le haut »,
le haut ici n‟est pas matériel mais mais conceptuel, il réfère réfère a l‟ascension
morale et sociale.
Au contraire de aflla , izdar est izdar est dévalorisée, la direction vers le bas est signe de dégradation tant morale que sociale, on dit « amazdar » trad(celui qui est en bas), « izdar n mddn » trad (le bas des gens), pour désigner une personne grossière, grossièr e, « iḍ iḍ r sg tf ṛ ṛuxt u xt s anu » trad(il a chuté du palmier au puits), qu‟elle se métamorphose en une ogresse. Les convoyeurs convoyeurs quittent la mission le premier sous sous un prétexte quelconque, les autres, chacun chacun d‟aller chercher sans précédent. précédent. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 41
pour parler de quelqu‟un qui a subi une dégradation d‟un très grande ampleur. Un proverbe s‟ajoute à cette métaphore conceptuelle « ur isakka awd yan gr as d wakal xs idukan nns »
trad (il n‟a mis aucun entre lui et la terre, sauf ses
chaussures), c‟est-à-dire qu‟une personne, et assez grossière, qu‟elle n‟y a pas d‟autre plus pire que lui. Le bas est dévalorisé, il réfère à l‟intéressement et à la mort qui n‟est pas souhaitable.
7- LES DIMENSIONS :
Le terme « axatar » est employé en général pour valoriser une chose ou une personne, « ixatr as wul »
trad (avoir le cœur grand) comme attribut
d‟une personne qui fait preuve de l‟estime de soi, aussi « taxamt taxatart » trad(la famille grande) qui signifie une famille très respectée. taxatart » trad(il a pris la grande), qui emploie le L‟expression « yusy taxatart » qualifiant taxatart, sans aucune indication du qualifié, veut dire que
quelqu‟un a pris une initiative honorable. ẒẒ
am ẓẓ an, an,
comme étant l‟antonyme da axatar, est employé dans des
expressions dévalorisante comme : « im ẓẓ iy iy as wul »
trad (il a le cœur petit)
il est servile, « im ẓẓ iy iy as iɣ iɣ f » trad (il a la tête petite) qui signifie que
quelqu‟un, au contraire à son aspect physique, n‟a pas encore atteint la maturité psychique. in (l‟orge) qui n‟as pas de relation ni Dès qu‟on emploie le terme tim ẓ in morphologique ni sémantique avec im ẓẓ iy iy (petit) mais sont relativement
homophones, qu‟on dit « Tim ẓin… ur tmẓẓ iyt iyt », », dans le but montrer le
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 42
respect envers son interlocuteur, pour éviter toute sorte malentendu ou
d‟emploi intentionné afin de l‟humilier discrètement. 8- LES COULEURS :
A titre d‟exemple, nous n‟allons pas citer que des expressions chromatiques, utilisant les deux couleurs : la couleur blanche et la couleur noir.
Amllal , qui est sans doute lié à la lumière, donne naissance à des expressions de valeurs positives, telle « ass amllal » trad (le jour blanc) utilisé pour exprimer le fait wul »
qu‟il s‟agit d‟une bonne journée, « imllul as
trad (il a le cœur blanc) qui veut dire que quelqu‟un est sincère. Dans
la poésie en trouve également ce concept de imllul, « nga diks iḍ i ḍ arn arn ad agh imlil ubrid … » trad (on a y mis les pieds, que le chemin nous soit blanc…),
ce souhait qu‟on fait, à ce que le chemin ou la décision que nous vou lons prendre
sois bonne. Un autre proverbe s‟ajoute au renforcement de la
signification de imllul , « ur illi umllal g iwurda » trad (il n y pas de blanc dans les moustiques51), iwurda sont tous noirs de couleur, donc il n y a pas de moustique de ce genre qui est de couleur blanche, mais aussi à ajouter ce qui est plus intéressant, ce qu‟on désigne par la
négation logique de amllal ,
est non pas seulement la couleur, mais aussi la méchanceté de ces insectes qui porte malheur aux humains.
Ungal qui est lié à la nuit et à
l‟obscurité, qui est en effet la raison
pour laquelle on l‟utilise, pour attribuer un jugement négati f à un tel objet, on dit de quelqu‟un « ingal as wul » tras (il a le cœur noir) lorsque il fait 51
Iwurd , awurdu singulier, des moustiques peut volantes, volantes, qui préfèrent les espaces humides humides et
sombres, ils ont une couleur noire, et e t une taille d‟environ de 3mm. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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preuve de haine et de jalousie, encore un jour est dit « ass ungal » trad (un jour noir) où il y a un chagrin, une misère ou une souffrance. De même 52
« ingal ass waḍ waḍ u nns » trad (il a son odeur noire), employé pour décrire la
situation de quelqu‟un qui souffre énormément.
Aḍ Aḍ u peu avoir une signification de « odeur » ou d‟autres significations comme « soi-même » ou même « ses proches », des expressions formulées par l‟emploi de aḍ u seront incluses dans
52
l‟annexe. Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 44
Nous pouvons conclure, que l‟idiomaticité des expressions en Tamazight, qui a une apparence apparence langagière langagière définit, définit,
suit des vecteur
orienteurs qui s‟organisent autour de motifs culturels divers, qui
sont à titre
indicatif : les membres du corps, les animaux, les activités et matériaux
d‟usage quotidien…etc, l‟idiomaticité, n‟est pas un phénomène laissée au hasard, néanmoins, elle est réglée, organisée par des processus qui sont conformes au mode de la vies, au symboles et à tout le patrimoine culturel de la société des Ait ATTA.
L‟emploi adéquat des expressions idiomatiques par un tel locuteur, montre une maturité avancée de
l‟assimilation de la culture locale, de sa
compétence communicative en général, et signe d‟une forte liaison avec sa société, qui lui est un milieu naturel de les apprendre et d‟apprendre aussi leurs motifs générateurs. Le patrimoine culturel fait donc naître les expressions idiomatiques, qui sont de leur tour un support vivant qui sert pour le promouvoir, et
garantir une continuité de puisage pour les futures générations, d‟où la nécessité immédiate de les faire transposer dans les domaines de la pédagogie et de la littérature, littérature, af in in d‟assurer un continuum culturel social.
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 45
Ouvrages : Ahmed AREHMOUCH, Droits AREHMOUCH, Droits coutumiers amazighs, amazighs, vol1, Imperial, Rabat, 2001, p 15 : 20 Ahmed BACHNOU, Méthodes BACHNOU, Méthodes et techniques du travail scientifique scientifique : de l’écrit académique à l’écrit professionnel , 2ème édition, Fès, 2010 Aziz KICH, La KICH, La littérature amazighe, oralité oralité et écriture, spécificité et et perspectives, perspectives, actes du colloque international, série : colloques et séminaires n°4, IRCAM, Rabat, 2004 Cynthia BECKER , amazigh arts in Morocco, Morocco, Texas, 2006 David HART, Dadda HART, Dadda Atta and his Forty grandsons, grandsons, Menas Press, Cambridge, 1981 Fatima BOUKHRIS et al , La nouvelle grammaire de l’amazigh, l’amazigh, IRCAM, série : manuel n° 2, Rabat, 2008. Greimas Algirdas Julien, « Idiotismes, proverbes, dictons » , Cahiers de lexicologie, lexicologie, n°2, Seuil, Paris,1960 Guiraud Pierre, les locutions françaises, Que sais-je ?, PUF, Paris, 1975 Hamid TITAW & Mohamed LATIF, Malamih LATIF, Malamih mina attarix aliqti ṣadi ṣadi wa ère
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Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Dictionnaires :
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Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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....................................... ........................... ........................... ........................... .......................... ........................... ................... ..... 1 Introduction ......................... Chapitre I : Champ d'étude.......................... ....................................... ........................... ........................... .......................... ....................... .......... 7 1 -Organisation sociopolitique des AIT ATTA .......................... ....................................... .......................... ................... ...... 7 2 - Origines ........................... ........................................ ........................... ........................... .......................... .......................... ........................... ................. ... 7 3 - Limitation géographique ..................... .................................. ........................... ........................... ........................... ....................... ......... 8 4 - Mode de vie .......................... ........................................ ........................... ........................... ........................... .......................... ....................... .......... 9 5 - Les langues .......................... ........................................ ........................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 10 ....................................... .......................... ........................... ................ 11 Chapitre III- expressions idiomatiques .......................... 1- Le figement et la phraséologie ......................... ....................................... ........................... ........................... ................... ..... 11 1.1-
Les critères du figement .......................... ........................................ ........................... ........................... ..................... ....... 12
1.2-
Le fonctionnement fonctionnement sémantique des séquences figées .......................... ............................ 12
2- Types des formes figées ........................... ........................................ .......................... ........................... ........................... ............... 14 2.1- Les locutions grammaticales gra mmaticales .......................... ....................................... .......................... ........................... ................. ... 14 2.2- Les locutions stéréotypées ............................. .......................................... .......................... ........................... ................. ... 14 ..................................... .......... 15 2.2.1 - Les expressions syntagmatiques et expressives ........................... ....................................... ................. ... 16 2.2.2- Les expressions expressions idiomatiques ou idiotismes ......................... ....................................... ........................... ........................... ........................... ................ ... 18 Chapitre IV : L’anthropologie ......................... 1- Définition : ......................... ....................................... ........................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 18 2- L’anthropologie culturelle : ........................... ........................................ .......................... ........................... .......................... ............ 18 2.1- La culture : .......................... ....................................... .......................... ........................... ........................... .......................... ................... ...... 18 2-2 Les éléments ........................................ .......................... ........................... ................. ... 20 éléments d’une culture : ........................... 2-3 La relation entre langue et culture ........................... ........................................ .......................... ..................... ........ 20 3- L’Anthropologie linguistique : la langue dans la société ......................... ................................. ........ 23 3-1 La sociolinguistique : la langue dans la société .......................... ........................................ ................. ... 23 3-2 L’ethnolinguistique : la langue dans la culture .......................... ........................................ ................. ... 24 ........................................ .......................... ........................... ........................... ............... 26 Chapitre V: Analyse de corpus........................... 1- TISNT (le sel) ......................... ...................................... .......................... ........................... ........................... .......................... ..................... ........ 26 Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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1- AẒṬṬA ou (a ṣṭṭa comme prononcé localement) et ses relatifs .................... 27 2- AZRG « le moulin manuel » .......................... ....................................... ........................... ........................... ....................... .......... 30 3- AWAL (la parole, le promis) .......................... ....................................... ........................... ........................... ....................... .......... 31 4- Les parties du corps humain : ............... ............................. ........................... .......................... ........................... ................. ... 32 5.1- TASA (le foie) :............................. :.......................................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 32 5.2- UL « le cœur » : ........................... ........................................ .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 33 5.3- TIṬṬ « l’œil » ......................... ....................................... ........................... .......................... .......................... ........................... ................ 34 5.4 UDM « le visage » .................................... ................................................. .......................... ........................... .......................... ............ 36 5.5- AFUS (la main )............................. ).......................................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 36 5.6- IƔF (la tête) ............................... ............................................ .......................... .......................... ........................... .......................... ............ 37 5- Les animaux : .......................... ....................................... .......................... ........................... ........................... .......................... ................... ...... 38 6.1- IZM (le lion): ......................... ...................................... ........................... ........................... .......................... .......................... ................. .... 38 6.2- AGRU (la grenouille) : ................................. ............................................... ........................... ........................... ..................... ....... 38 6.3- UCCN (le chacal)/ TILI (la brebis) ........................ ..................................... ........................... .......................... ............ 39 6.4- TARIR « l’ogresse » .......................... ........................................ ........................... ........................... ........................... .................. ..... 40 6- LES DIRECTIONS .......................... ........................................ ........................... .......................... .......................... ........................... ................ 41 7.1- AFLLA « le haut » .................................... ................................................. .......................... ........................... .......................... ............ 41 7.2- IZDAR (le bas) .................. ............................... .......................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 41 7- LES DIMENSIONS : ........................... ........................................ .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 42 8.1- AXATAR (le grand) ......................... ...................................... ........................... ........................... ........................... ..................... ....... 42 ...................................... .......................... ........................... ........................... ....................... .......... 42 8.3 AMẒẒAN (le petit) ......................... 8- LES COULEURS : .......................... ........................................ ........................... .......................... .......................... ........................... ................ 43 9.1- AMLLAL (le blanc) .......................... ....................................... ........................... ........................... .......................... ..................... ........ 43 9.2- UNGAL (le noir) .................... .................................. ........................... .......................... .......................... .......................... ................. .... 43 ........................................ ........................... ........................... ........................... .......................... ........................... ................. ... 45 Conclusion : .......................... ......................................... ........................... .......................... .......................... ........................... .......................... ............ 46 Bibliographie : ........................... ....................................... ........................... .......................... ........................... ........................... ........................... ..................... ....... 49 Sommaire ......................... ....................................... ........................... ........................... .......................... .......................... ........................... .......................... ............ 51 Annexe ..........................
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
Page 51
Tableau du « latin l atin IRCAM » utilisé dans cette étude Caractère
Correspondant en TIFINAGH-IRCAM
Correspondant en arabe
a
a
b
b
g
g
gʷ
Å
d
d
ḍ
Ä
e
e
f
f
k
k
kʷ
Æ
h
h
ḥ
p
ԑ
o
x
x
q
q
i
i
j
j
l
l
m
m
n
n
u
u
r
r
ṛ
ë
ɣ
v
s
s
ṣ
ã
c
c
t
t
ṭ
Ï
w
w
y
y
z
z
ẓ
ç
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
ﮒ ﮒ
‘
Page 52
Cf. la nouvelle grammaire de l‟amazighe, 2008, P 25 (avec de légères modifications) Corpus en matière d’expressions idiomatiques N° 1
expression Tamunt n uvu d waman
L‟union de lait et de l‟eau
2
Iman d imi nns
Il accompagne sa bouche
3 4
Aman tassa Aḥ Aḥrat n ul ɣ ɣ m
L‟eau du foie le laboure du dromadaire
L‟urine Détruire se qu‟on vient de
5
Yugl taxriḍ taxriḍ t nns i ul ɣ ɣm
il accroche son sac au dromadaire farouche
réaliser il se mêle dans une affaire qui dépasse ses efforts.
amḥṛ amḥṛ us us
Traduction littérale
6 7
Ika as tisnt n ufus nns A ẓ alim alim n wuccn
8 9 10
Ukus n umya Sg waman ar tisnt Aman yaḍ yaḍ n aya ! (inna t ugru)
L‟extraction du rien De l‟eau au sel c‟est une autre eau ! a dit la
Inaction, insouciance
grenouille
de nouvelles circonstances où on ignore comment agir
Da itt ṣmma ṣmmaṛ ṛ wanna immutn
il sabote un (cheval) mort
pour dire de quelqu‟un qu‟il
de l‟ogresse Il est parti, comme l‟allée de butgʷrsa
ne fait rien ou faire un effort inutile. Les mauvais messagers Il est parti en mission, et revient très tard Il finit par être déçu, après avoir une grande motivation
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12 13
Isnayn n tarir Idda tawada n butgʷrsa
14
Yiwy s lhmm waddav yiwy uɣ yul s tisnt
15 16 17 18
Da ittawy iɣ iɣ f Ikmml u ṣṭṭ a nns Ad inm ufggag inm u ṣṭṭ a nnun…. Aylliɣ Aylliɣ nllm, nllm, iga taḍ taḍ ut ut
19 20 21 22 23 24 25 26
Da i ẓẓ ẓẓ aḍ be ḍ beṛṛa ṛṛa n ugʷlim Issmra i imṭṭ imṭṭ awn awn Issaɣ Issaɣ afa afa xf waman Tmar ɣ trabatt ɣ trabatt dd ɣ ɣ Tlla ɣ ifs ifs tisnt Imssus (flan) Widda aɣ aɣ tssntl tssntl tisnt Illa u ẓṛ u g yirdn
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Il lui donne le sel de sa main
signification Une union solide, indécomposable Il ne tient pas de propos envers les autres
L‟oignon du chacal
Les convoyeurs
il emporte avec lui (de
motivation), ce que l‟âne emporte vers le sel Il emmène la tête Le métier (tissage) est coupé que votre ensouple soit droite, que votre métier soit droit) ce que nous avons tordu est devenu laine il moud en dehors de la natte Il cuit des larmes
Il le récompense La scille
Tout l‟approvisionnement Il s‟agit d‟un nouveau milieu,
Il erre, il se promène
Quelqu‟un a perdu de valeur Bon sort on vient de perdre le résultat
d‟un grand effort important Parler hors sujet Il pleur
Il allume le feu sur l‟eau Cette fille est mignonne Il est admirable, beau Persona non grata Les djinns Il y a un intrus
Da ẓẓ Da ẓẓ aḍ n amssas Sskrn awal Ika as awal Txatr as tasa
Cette fille est salée Il a du sel sur lui Il est fade (cette pesonne) Ceux que le sel nous cache il y a un caillou dans les céréales ils moulent le fade Ils ont fait la parole Il lui a donné la parole Il a le foie grand
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Tugr t tasa
Son foie est plus grand que lui
Il est peureux
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Tqqur tasa nns
Son foie est dur
Etre dur, insensible
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T ḍ ḍr as tasa ifaddn
Le foie lui tombe aux genoux
Il est effrayé de façon qu‟il ne
Aborder un sujet inutile Rédiger un acte de mariage promettre Il est peureux
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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peut pas courir 34
Ibby tasa nns
Il lui coupe le foie
il a eu beaucoup de compassion pour lui.
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I ṛ ṛbba bba vifs tasa
Il a élevé son foi sur lui
Il l‟aime fortement
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Ur ili tasa
Il n‟a pas de foi
Il n‟a pas de pitié
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Da issnɣ issnɣ a/ a/ issiɣ issiɣ i tasa
Il fait mal au foie
Il fait pitié
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Yum ẓ tasa ẓ tasa nns s waxbacn
Il tient son foi avec les griffes
Avoir une forte angoisse
39
Aman n tasa
L‟eau du foie
L‟urine
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Yaɣ Yaɣ tt wul
Il a mal au
41
Ssnɣ Ssnɣ ul ul
Le faisant mal au cœur
Le dégoutant
42
War ul
sans cœur
servile
43
Mk ṛḍ ul ṛḍ ul
Le gratteur du cœur
angoisse
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Immut as wul
Il a le cœur mort
Paresseux, négligeant
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I ḍṛ as ḍṛ as wul
Sont cœur est tombé
Il est servile
46
Ur ili ul
Il n‟a pas de cœur
Il est servile
47
Yugr t wul
Son cœur est plus grand que lui
Estimable «n‟admet pas de
cœur
Il a le mal du cœur
servilité et humiliation » 48
Ibby wul nns
Il a le cœur coupé
Avoir du chagrin
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Ibzy wul nns
Il a le cœur enflé
Avoir la satiété
50
S wul nns
Avec son cœur
volontairement
51
Bla ul nns
Malgré sans cœur
involontairement
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Yusy ul nns
Il a pris son cœur
orgueilleux
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Ika tt i wul nns
Il l‟a donné à son cœur
Il a intériorisé le chagrin
54
Ittca t wul nns
Son Coeur le grate
Inquiétude douloureuse au sujet de la fidélité de
quelqu‟un 55
Ingal as wul
Il a le cœur noir
Etre jaloux
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Imllul as wul
Il a le cœur blanc
Avoir la bonne foi, ne pas être jaloux, aimer du bien pour les autres
57
Im ẓẓ iy iy as wul
Il a le cœur petit
Etre servile
58
Ixatr as wul
Il a le cœur grand
Avoir l‟estimation du soi.
60
Ika as tiṭṭ tiṭṭ
il lui a donné un œil
Il l‟a atteint du mauvais œil
61
Ur da t ttalint waln
les yeux ne le (quelqu‟un)
Il est détestable
montent pas 62
Yudr i waln
il a enterré les yeux
Il a baissé les yeux
63
Da as tallayat tiṭṭ tiṭṭ tzwu tzwu as yat
il pleure avec un œil et l‟autre
Subir un chagrin excessif
est séché 64
Ibdda yi wudm n flan
il s‟est mis debout à moi, le
Avoir beaucoup du respect à
visage de quelqu‟un
l‟égard de quelqu‟un
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War udm
le sans visage
Personne indigne
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Gar udm
le mauvais visage)
Persona non grata
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Da isskar tudmawin
il fait des facettes
Il n‟est pas équitable
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Illa ddaw ufus nnes
il est sous sa main
Il est sous contrôle quelqu‟un
69
Iff ɣ as ɣ as afus
il lui a sorti de la la main.
Il n‟est plus sous le contrôle de qqn Posséder quelque chose,
70
I ḍṛ as ḍṛ as afus
il lui tombe dans la main
71
Ikka afus
il est passé par la main
72
Yaɣ Yaɣ as as afus
Il lui tend la main
Etre en difficulté, se donner de la peine Venir en aide
73
Bbyn as iffasn
il a les mains coupées
Il n‟a pas de soutien ni d‟aide
74
Yan ufus iṛ iṛ wan wan
une bonne main
une personne honnête
75
War iɣ iɣ f
celui n‟ayant pas de tête
76
Iff ɣ i ɣ iɣ f nns
il est sorti de sa tête
celui qui ne raisonne pas correctement il est devenu fou
77
I ɣ ɣ y i iɣ iɣ f nns
il est capable à sa tête
il est autonome
78
Inɣ Inɣ a iɣ iɣ f nns
il a tué sa tête
il s‟est suicidé
79
Yiwi tt g iɣ i ɣ f nns »
il ne la prenne pas dans sa tête
il se mêle juste dans ses
devenir maître de quelqu‟un
affaires 80
I ɣ ɣ f n wasif
la tête de la rivière
l‟extrémité d‟une rivière en crue.
81
I ɣ ɣ f n iɣ iɣ ir ir
la tête de la montagne/l‟épaule
Toponyme d‟un village, qui se situe à l‟extrémité d‟une montagne Etre très occupé
82
Yum ẓ izm ẓ izm s um ẓẓ uɣ
il saisit le lion par l‟oreille
83
Issn ṛ ebbi ebbi ma ayd illan g ugru allig as ikks iqucan
Dieu sait ce qu‟il y a en la grenouille (venin), c‟est pour cela qu‟il l‟a privée des dents
Personne méchante sans moyens de léser les autres.
84
Yaɣ Yaɣ ul ul ifiɣ ifiɣ r iga agru
finalement, le serpent est devenu une grenouille
85
Inna s ugru : ayd isḥ isḥan aydd ɣ ɣ ayd igan da nttmɣ nttm ɣ
86
Irul i tmqqit yaɣ yaɣ nn nn amda
la grenouille a dit : certainement, c‟est cela qui signifie qu‟on se mouille ! il a échappé à une goutte puis tombe dans un lac
Une personne méchante est privée de moyens de porte malheur aux autres Echapper d‟un si tuation gênante pour tomber dans une autres plus pire
Echapper d‟un situation gênante pour tomber dans une autres plus pire Le peureux peureux a peur, mais aussi le courageux. Que le peureux perde !
87
Tggʷd tili, iggʷd wuccn
la brebis a peur, le chacal chacal a peur
88
Wanna mi tga mma nns tili ittc as tt wuccn Tamɣ Tamɣ ra ra n wuccn
quiconque à qui sa maman est une brebis, le chacal la mangera le mariage du chacal le raisin du chacal
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Aḍ Aḍ il il n wuccn Da yalla imṭṭ imṭṭ awn awn n tarir ittcan arraw nns Ad aɣ aɣ yawy yawy ṛ ebbi ebbi s aflla
93
Izdar n mddn
le bas des gens
Nous souhaitons une ascension sociale personne grossière
94
I ḍ ḍr sg tf ṛ ṛuxt u xt s anu
il a chuté du palmier au puits
Il a subit une grande
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il verse des larmes de l‟ogresse qui a dévoré ses petits que Dieu nous mène ver le haut
un moment de pluie et de soleil en simultanéité la belladone Les larmes de crocodile
Expressions idiomatiques en tamazight, quelques perspectives anthropologiques
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dégradation Il est le plus bas dans
il n‟a mis aucun entre lui et la
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Ur isakka awd yan gr as d wakal xs idukan nns trad Taxamt taxatart Yusy taxatart
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Im ẓẓ iy iy as iɣ iɣ f
il a la tête petite
Il n‟a pas atteint la maturité
le jour blanc Que le chemin nous soit blanc
psychique Le bon jour Que le chemin ou la décision
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Ass amllal Ad aɣ aɣ imlil imlil ubrid
terre, sauf ses chaussures la famille grande il prend la grande
l‟échelle sociale. une famille très respectée Il a pris une initiative honorable
qu‟on compte prendre soit 101
Ass ungal
Le jour noir
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Ingal as waḍ waḍ u nns Afa n wurdus
Il a son odeur noire Le feu des ordures
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Aɣ Aɣ tir tir n waluḍ waluḍ
L‟épine de la boue
105
Issird ifassn nns sg ka
Il a lavé ses mains de quelqu‟un
107
Irul as uzwu s tazzyawt
Le vent lui a enlevé le panier
108
Ikʷcm xizzu nnk ssuq
109
Ur da kk ttell ɣ ɣ
Tes carottes sont entrées au marché Il ne te lèche pas
bon. Le mauvais jour, de chagrin ou malheur. Il souffre Personne méchante discrètement Personne méchante discrètement Ne plus compter, ni considérer qqn ou qqch. Il ne prend plus les choses au sérieux Tu te mêles dans des affaires plus grandes que toi. Tu ne peux pas estimer la grandeur du problème,
puisque tu n‟en souffres pas 108 109
Tala n wuccn Ikʷmḍ uzizaw Ikʷmḍ uzizaw s uqqurar
Les larmes du chacal Le vert est brûlé par le sec
110 112
Axub n waḍ waḍ u Bbyn iss iguta
La souffrance du soi/odeur Les cordes sont coupées avec lui
113
Iwa kkis aman, tkkt is talxixt!
Alors, passe avec la, l‟eau pui le
114 115
Ibby aḍ aḍ ar ar nns ɣ ifng ifng Izdy uḍ uḍ aṛ
sable! Il a coupé son pied sur nous Le pied est continu
116
Tisԑḍ Tisԑḍ aṛ n ṛ n bu u ẓ alim alim
117 119
Da ittqql s ancucn n ul ɣ ɣm ad di ḍṛ n Da ittinig iɣ iɣ san g tdwwart
120 121
Da ittinig amud n tisskrt Da ittinig tiytar n umgʷr
122
Grat ! nkk ur nkir ɣ ɣ , ur nkir ɣ ɣ .
123 124
Ur issin mandi sg ikʷcm yissgni tabarda Da ittwṭṭ ittwṭṭ a s walim
125
Isman aɣ aɣ nbu nbu d wakal
126 127
Yucka unḍṛ un ḍṛ i nns Ur da ittkka sksu nnk busyya ṛ
Les prétextes de celui aux oignons Il attend à ce que les lèvres du dromadaire tombent Il cherche les os dans la membrane graisseuse qui entoure le ventre d‟un animal
Il cherche les grains de l‟ail. Il cherche le fourreau de la faucille Mettez encore ! certainement, je ne me lèverai pas.
Il ne sait pas d‟où la grosse aiguille a pénétrée la selle. Il fait ses ablutions avec la paille Il emmène le museau ou la gueule avec la terre ? Ton couscous ne passe pas par
Les larmes de crocodile
L‟innocent est culpabilisé à cause du coupable Etre en misère Il en détresse Assume les conséquences! Il ne nous visite plus La circulation (à pied) est abondante De faibles prétextes
Attendre l‟impossible Il cherche l‟impossible Il cherche l‟impossible Il cherche l‟impossible Je renonce. Il ne sait rien où il ne comprend plus. Il est en faillite Il cherche minutieusement
Il n‟est plus visible visible Tes propos ne sont pas
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le tamis 128
Isnwa t g imiḥ imiḥ n waman
Il le cuit dans peut d‟eau
admirés Exercer une pression sur
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I ɣ ɣ rs rs i ugdi tuzut t kky
Il a égorgé un chien, et tu l‟as
Tu es complice
quelqu‟un dépouillé 130
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Ad nff ɣ azggʷar, ɣ azggʷar, ukan ar nttinig wari
Dès qu‟on sort du jujubier, qu‟on se mettra à chercher le
On cherche du bénéfice après avoir échappé à une difficulté.
Yum ẓ mucc ẓ mucc s uḍ u ḍ aṛ Irdl uyadir xf umalu nns Yufa zzir tismdlt nns
jujube. Il saisie le chat par la patte. Le mur est tombé sur son ombre La jarre a trouvé son couvercle
Il ne cherche pas de solution Les choses se correspondent Il a trouvé son homologue
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