11. Pascal, de la polémique a l’apologie Le XVII siècle a vu un grand développement de la langue et littérature françaises, grâce aux travaux des philosophes comme Descartes ou des traducteurs du latin en français. Les querelles littéraires ont également contribue a cette évolution du savoir et de l’éloquence. C’est vers les années cinquante avec Blaise Pascal que la prose est enrichi d’un nouveau domaine – la polémique théologique. Il n’était pas le premier d’écrire de ces questions en français, il y avait avant lui Bérulle et François de Sales, mais ils écrivent pour plaire à une public mondaine, tandis que Pascal s’efforce de présenter pour la première fois une argumentation théologique spécialisée. Mais pour comprendre tout cet engagement théologique de Pascal il faut se tourner vers le passé. Des le plus jeune âge, Blaise Pascal écrit des textes importants sur la méthode scientifique. Il fait une grande contribution à la physique et mathématique. Mais un accident de circulation en 1654 va radicalement transformer sa vie et, par conséquent, son œuvre. L’accident arriva sur le pont de Neuilly pendant que Pascal voyageait dans un carrosse avec quelques amis. Il a failli mourir, et il croyait jusqu'à sa mort que c’était un signe de Dieu lui accordant le Salut. Une nuit après l’accident, le 23 novembre cette même année, il éprouva une expérience mystique, une illumination religieuse qui fut décisive. Il décrit cet événement et tout ce qu’il voyait et ressentait dans son Mémorial. Son chef-œuvre de cette période sont les Lettres écrites à un provincial ou les Provinciales – une série de 28 lettres qu’il a écrites en défense de son ami janséniste Antoine Arnauld, condamné par la Sorbonne, la faculté théologique parisienne et par les jésuites. Il s’agit en fait d’un vieux débat entre Pélage et Saint Augustin qui date de V siècle et qui concerne les rapports entre la grâce divine et le libre arbitre de l’homme. Pélage croit en liberté humaine et pense qu’il est possible de mériter la grâce, alors que Saint Augustin insiste sur le concept de prédestination. La doctrine des jésuites, fixée par le théologien espagnol Molina repose sur le concept de la grâce suffisante donnée à chaque homme par Dieu et l’homme seul peut la rendre efficace ou inefficace. De l’autre coté, les jansénistes respectent la doctrine de Saint Augustin et vivent dans l’austérité en critiquant la morale relâchée des jésuites. Donc, Arnauld, le plus brillant disciple de Jansénius écrit en 1643. De la fréquente communion considérée par Sorbonne comme hérétique et demande à son ami Pascal de porter le débat à la connaissance du grand public et de propager ainsi l’idéologie janséniste dans la noblesse et la bourgeoisie. Arnauld et les autres jansénistes le fournissent des citations et de la littérature nécessaire pour écrire sur ce sujet. Pascal publia ses Lettres clandestinement, sous pseudonyme de Louis Montalte. Le succès fut énorme et immédiat, particulièrement grâce à la forme épistolaire, très populaire à l’époque. Ce qui caractérise le style de Pascal, c’est la clarté, une écriture naturelle, un langage simple, une logique claire, et, le plus important, un humour empreint d’ironie qui est, d’après lui, l’essentiel pour qu’une œuvre plaise à la public. Dans ses Lettres il ridiculise les idées jésuites qui cachent en fait une ambition politique et critique leur hypocrisie et leur morale relâchée. Il se moque des fondements même de la doctrine jésuite comme casuistique (l'adaptation des lois morales aux cas particuliers), probabilisme (il est permis de suivre toute opinion probable et ne pas le douter) ou encore la direction d'intention (consistant à trouver une justification à un péché en inventant une bonne intention à un acte condamnable) etc. Le ton de cet œuvre progresse vers la fin d’un ton polémique à l’indignation. Dans les dernières lettres, il fait une apologie de Jansénius, en estimant que le jansénisme n’est pas une hérésie. Ainsi, les Provinciales annoncent une œuvre apologétique – les Pensées.
Les Pensées sont des fragments publiés à titre posthume qui devaient constituer une Apologie a la religion chrétienne contre les libertins et les sceptiques de l’époque, mais que Pascal n’a jamais fini. Là, il présente l’homme d’une façon pessimiste dont le secours unique est Dieu. Il compare l’homme à un roseau qui pense, donc un être très limitée, impuissant et faible. Ses faiblesses entrent dans le domaine de sa physique (sa sante est inconstant, il est mortel), de son intellect (il est incompétent de saisir la vérité), de sa morale (parce qu’il n’est ni ange ni bête) et cela incite l’homme à inventer les activités d’évitement comme des sports, des loisirs, les métiers etc. Il appelle cette stratégie d’échapper à sa condition pitoyable le divertissement. Pascal prône la prière intensive et privilégie le cœur et l’intuition. Il donne une argumentation convaincante sur le sujet de l’existence de Dieu. C’est le fameux pari de Pascal qui vise à persuader l’homme qu’il ne faut pas risquer avec Dieu.