GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
NOS TESTS Trois petits quarts-de-queue à prix attractifs
e n 114 C D
REPORTAGE Sur le site de production de Petrof
P A GE 7 5
À L’AFFICHE L’AFFICHE Cathy Krier
32 PAGES DE PARTITIONS TOUS NIVEAUX NIV EAUX
FAURÉ 6e NOCTURNE OPUS 63 l
Ponthieux l Van Vanhal hal
Schumann l Bach l Granados l
JOHANNES
Avec les conseils d’Alexandre Sorel
JAZZ WHAT’D I SAY
Avec Antoine Hervé
L’aimez-vous toujours ? Belg, Lux. Ital. Grèce. Port. cont. :8,60 e . Suisse: 15,10 CHF. Can. : 12,50 $ 12,50 $ can. Dom-Tom : 8,25 e .
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...au coeur d’un univers PXVLFDO LQfiQL Le piano facile et sans limites La nouvelle gamme Clavinova CVP série 700 700 SURfiWH GȇLQQRYDWLRQV PDMHXUHV FRPPH OȇLQW«JUDWLRQ GH QRXYHOOHV P«FDQLTXHV GH FODYLHU HW OD SU«VHQFH GHV GHX[ IDEXOHX[ SLDQRV GH FRQFHUW TXH VRQW OH CFX Yamaha Yamaha HW OH Bösendorfer Impérial. /HV QRXYHDX[ PRGªOHV &93 VȇDGUHVVHQW DYDQW WRXW DX[ DPRXUHX[ GX SLDQR OH FRQFHSW mPiano mPiano Room} Room} YRXV SHUPHW DLQVL GH YR\DJHU DX VHLQ GH WRXV OHV XQLYHUV SRVVLEOHV GX SLDQR 0DLV LO \ D bien plus encore encore OHV FHQWDLQHV GȇLQVWUXPHQWV HW VW\OHV GȇDFFRPSDJQHPHQW GȇDFFRPSDJQHP HQW DLQVL TXH OHV PXOWLSOHV outils ludiques ou pédagogiques LQW«JU«V pédagogiques LQW«JU«V YRXV IHURQW G«FRXYULU FRPELHQ LO HVW IDFLOH GȇDFF«GHU ¢ GHV SODLVLUV PXVLFDX[ WRWDOHPHQW LQ«GLWV
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Clavinova CVP série 700 &93 &93 &93 &93*3
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SOMMAIRE N
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97 z MARS-A MARS-AVRIL VRIL 20 16
LE MAGAZINE 5 6 22 26 36 60 S E V I H C R A S E D E U R / A H
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ÉDITORIAL Par Stéphane Friédérich ACTUALITÉS Événements, festivals, partitions, livres… À L’AFFICHE Cathy Krier EN COUVERTURE Johannes Brahms REPORTAGE Petrof : l’excellence est dans ses cordes PIANOS À LA LOUPE Trois petits quarts quarts-de-queue -de-queue à prix attractifs et deux claviers de salon haut de gamme CHRONIQUES DISQUES Classique et jazz L’INVITÉ DE PIANISTE Christian Binet, un maestro de la BD dans le vent
LIVRET DE PARTITIONS 32 pages de partitions annotées U A E D N A U O J E N I H P L E D
22
S E R È I M R O S É D D R A N R E B
36
LA PÉDAGOGIE 43 « DE LA MUSIQUE AU SILENCE, FAURÉ ET L’INEXPRIMABLE » Par Alexandre Sorel 44 TOUTES LES PIÈCES COMMENTÉES 58 LA LEÇON DE JAZZ d’Antoine Hervé : What’d I Say
JOUEZ ET GAGNEZ des coffrets Brendel de 114 CD! S E R È I M R O S É D D R A N R E B
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mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 3
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Le plus grand choix au meilleur prix Casio GP-500
Bluthner e-Klavier 2
Le GP-500 est développé en collaboration avec la marque C. Bechstein. Les touches en bois fabriquées selon l’artisanat traditionnel transmettent également au joueur une sensation absolument authentique, et ce dès la première seconde.
L’e-Klavier 2 est un piano numérique doté d’un design sophistiqué combiné à des composants de haute qualité : un clavier avec touches en bois, une table d’harmonie et un système d’amplification de 100 Watts. référence 188666
référence 210239 prix conseillé 4299 K
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Kawai CA97
Casio GP-300
Le CA97 reproduit le son magnifique des pianos de concert Shigeru Kawai SK-EX, Shigeru Kawai SK-5 et Kawai EX. De surcroît il intègre la mécanique de clavier Grand Feel II qui recrée une expérience de réaliste et authentique.
Le GP-300 reproduit les nuances les plus délicates des pianos à queue les plus célèbres au monde. Le système d’amplification de haute qualité, avec six haut-parleurs, crée un rendu sonore parfait, que sur les pianos à queue.
référence 190186
référence 210235
prix conseillé 2999 K
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Roland HP-605
Yamaha CLP575
Le modèle premium HP605 intègre les toutes dernières innovations de la fameuse technologie SuperNATURAL Piano, ainsi qu’un clavier unique mélangeant bois et matériau moulé, procurant des sensations inouïes et une grande durée de vie.
Le CLP575 possède une modélisation remarquable de toutes les résonances du piano à queue combinée avec un clavier dosé à la perfection avec un poids différent sur chaque touche. référence 170829
référence 209378 prix conseillé 2942 K
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Banquette piano bleue avec assise en velours blanc de dimensions 55×33 cm. Hauteur réglable de 46 à 56 cm. référence 173467
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Woodbrass KBE50 NT
Banquette piano en bois naturelle avec assise en velours blanc de dimensions 55×33 cm. Hauteur réglable de 46 à 56 cm. référence 173471
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Final Pandora VI
Le casque audiophile Diapason d’or constitue un point ultime dans le domaine des casques dynamiques ouverts. Il fascine ses auditeurs par son expressivité et son sens de l’émotion, tout en conservant une précision absolue et prix conseillé 459 K un son naturel.
Le Pandora Hope-VI est conçu pour reproduire l’espace énorme et la tension de la musique live dans l’environnement intime d’une paire d’écouteurs.
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Livraison gratuite à partir de 19€ / Payez en 3x sans frais à partir de 99€. Ouvert du lundi au samedi de 10h à 19h30 non-stop / Commandes par téléphone : 02 40 38 50 50 Woodbrass Store Claviers - Pianos : 184 avenue Jean-Jaurès 75019 Paris – Metro ligne 5 : Porte de Pantin
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ÉDITORIAL N O 97 z MARS-AVRIL 2016
PIANISTE EST UNE PUBLICATION BIMESTRIELLE SOCIÉTÉ ÉDITRICE : Groupe Altice Media SA au capital de 47 150 040 euros SIÈGE SOCIAL : 29, rue de Châteaudun, 75308 Paris Cedex 09 Tél.: 01 75 55 10 00 - Fax: 01 75 55 41 11 RCS 552 018 681 Paris
PRINCIPAL ACTIONNAIRE : ALTICE MEDIA GROUP FRANCE
PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL : Marc Laufer DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ChristopheBarbier ABONNEMENTS Pianiste - Service Abonnements 4, route de Mouchy, 60438 Noailles Cedex Tél. : 01 70 37 31 53 - Fax: 01 55 56 70 91 Depuis l’étranger : (+33) 1 70 37 31 53
E-mail:
[email protected] www.pianiste.fr/abonnements Tarifs abonnements France Métropolitaine 39 euros - 1 an (soit 6 nos + 6 CD); 69 euros - 1 an (soit 6 n os + 6 CD + 6 DVD)
RÉDACTION DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : BertrandDermoncourt Tél. : 01 75 55 43 33 (
[email protected]) RÉDACTEUR EN CHEF : StéphaneFriédérich Tél. : 01 75 55 41 51 (
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SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Valérie Jacobs Tél. : 01 75 55 41 53 (
[email protected]) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : CamilleArcache (stagiaire),SylviaAvrand-Margot,JérémieBigorie, Jacques Bonnaure, Jérôme Chatin (photo), Jean-Noël Coucoureux, Bernard Désormières, Elsa Fottorino, Antoine Hervé (pédagogie), Jean-Pierre Jackson, Michel Le Naour, Alexandre Sorel, Véra Tsybakov (pédagogie), Philippe Venturini. DIRECTRICE ARTISTIQUE : Isabelle Gelbwachs RÉDACTEUR-GRAPHISTE : Sarah Allien (
[email protected]), PHOTO DE COUVERTURE : Granger NYC/Rue des Archives
MANAGEMENT DIRECTEUR GÉNÉRAL DÉLÉGUÉ: François Dieulesaint
DIRECTEUR DÉLÉGUÉ PÔLE CULTURE : Tristan Thomas Tél. : 01 75 55 40 73 (
[email protected])
PUBLICITÉ: Hind Benbirahim (Directrice de clientèle) Tél. : 01 75 55 42 77 ou 06 26 95 86 46 Fax : 01 75 55 16 06 (
[email protected])
LE (MAL)ENTENDU BRAHMS «
R
ien que d’y penser, j’en ai mal aux doigts », affirma
non sans humour Samson François à propos de l’œu vre de Brahms. Il ne redoutait pas tant la virtuosité de certaines de ses pièces – le pianiste français jouait les pages les plus exigeantes de Chopin, Liszt, Prokofiev, Ravel et Schumann – que l’endurance physique qu’elles réclament. Et, au-delà de cette crainte, perçait une incompréhension, largement répandue en France, à l’égard de ce monument de la musique « teutonne ». Nous sortions alors de la Seconde Guerre mondiale, et Brahms symbolisait le romantisme austère, dont les salles de concert parisiennes avaient laissé un souvenir pour le moins douloureux. À la même époque, avec son écriture grave et légère à la fois, Françoise Sagan provoquait les lecteurs dans un roman, dont l’adaptation au cinéma par Anatole Litvak – rappelez-vous, Yves Montand, Ingrid Bergman et Anthony Perkins –
jouait des passions amoureuses au péril des différences d’âge. Aimez-vous Brahms ? présentait ainsi, aux yeux des mélomanes, une variation contemporaine de l’idylle supposée ou avérée du jeune Johannes Brahms avec Clara Schumann. L’analyse délicate des rapports humains qu’offrait alors la douce décadence littéraire des années 1960 n’était finalement pas si éloignée des non-dits des Klavierstücke du compositeur allemand. Aujourd’hui encore, la musique de Brahms demeure, en récital, moins attirante, moins « uni verselle» que celles de Beethoven ou de Schumann. Pourtant, elle captive de plus en plus de jeunes pianistes français qui l’enregistrent. Ont-ils définitivement brisé le malentendu ? Ont-ils découvert d’autres clés de la sensibilité allemande en s’appropriant cette œuvre qui ne cesse de creuser les tourments de l’âme ? Stéphane Friédérich Rédacteur en chef
VENTE AU NUMÉRO RÉSERVÉE AUX DÉPOSITAIRES DE PRESSE Tél.: 0800 42 32 22
ANCIENS NUMÉROS-VPC: http://boutique.lexpress.fr FABRICATION: Pascal Delépine ( Directeurtechnique) , Marie-Christine Pulejo, Pascale Supernant PRÉPRESSE: Groupe Altice Media
PÔLE GRAND PUBLIC L’Express, L’Expansion, Classica, Lire, StudioCinélive, Pianiste Directeur: Christophe Barbier
GROUPE EXPRESS-ROULARTA Secrétaire général : Richard Karacian Directrice régie : Valérie Salomon Directrice des ventes au numéro: Sophie Guerouazel
Abonnements : Géraldine Leger Directeur des ressources humaines : Richard Karacian
Directrice financière : Sophie de Beaudéan Directeur comptabilité : Gilles Hervo Directrice des éditions électroniques : Sophie Gohier
Directeur achats et services généraux : Thierry Pallu
IMPRIMERIE Roularta Printing. Imprimé en Belgique • Distribution: Presstalis • Diffusion en Belgique: AMP,Rue de la Petite Ile 1 B-1070 Bruxelles Tél: + 32 (0) 252 514 11 - E-mail:
[email protected] N° de commission paritaire : 0917 K 80147 N° ISSN : 1627-0452 • Dépôt légal: 1er trim. 2016 Les indications de marques et adresses qui figurent dans les pages rédactionnelles sont fournies à titre informatif, sans a ucun but publicitaire. Toute reproduction de textes, photos, logos, musiques publiés dans ce numéro est rigoureusement interdite sans l’accord express de l’éditeur. Ce numéro comporte un CD jeté sur l’ensemble de la diffusion, un encart abonnement sur la totalité de la diffusion kiosque France, un encart Salle Gaveau jeté sur une diffusion partielle abonnés et une proposition d’abonnement à Classica posée sur les exemplaires destinés aux abonnés France.
PIANISTE ET LA SALLE GAVEAU PRÉSENTENT LA SAISON 2016
Au cœur d’une œuvre Les chefs-d’œuvre du piano racontés et interprétés par Claire-Marie Le Guay
16 mars 2016 à 20h 30 RAVEL Gaspard de la nuit 8 juin 2016 à 20h 30 SCHUBERT Impromptus opus 90 RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS : Salle Gaveau, 45-47, rue La Boétie, 75008 Paris - Tél. : 0149 5305 07. À partir de 18 euros. www.sallegaveau.com
E T S I N A I P R U O P N I T A H C E M Ô R É J
Club
Retrouvez les playlists de sur le
www.clubdeutschegrammophon.com
mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 5
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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS
François-René Duchâble.
de François-René Duchâble sur les grandes scènes ! Il y aura une mise en lumière, et je tiens aussi beaucoup à parler au public pour lui présenter les œuvres.
parfaitement le piano. Jouer sa musique est très « confortable », car elle est superbement écrite. Comment allez-vous répartir les claviers ?
Les soli sont un peu plus longs dans le premier piano, mais plus difficiles dans le second, notamment pour le J’y ai en effet joué le Concerto n°1 finale. Gérard Bekerman prendra pour piano de Brahms en 1975, avec le second piano, à droite. Mais la disl’Orchestre de Paris, sous la direction position des instruments ne sera de Jacques Delacôte. Arthur Rubinstein pas tout à fait tête-bêche, pour que m’y avait fait inviter. Et puis, à la le couvercle du piano de gauche, le seul demande de Gérard Bekerman, grand ouvert, puisse envoyer tout l’année dernière, j’ai donné le Double le son du piano de droite. De la sorte, de Mozart avec Marc Laforêt. Une nous nous équilibrerons. très belle expérience. Vous serez accompagnés Nostalgie, aussi, car vous aviez participé aux Grands Concerts d’Assas…
Revenons à l’œuvre de Grieg…
LES GRANDS CONCERTS D’ASSAS
4 1 0 2 L U O T E C I R B
GRIEG ET POULENC EN PLAISIR PARTAGÉ Le 14 avril, lors des Grands Concerts d’Assas à l’université Paris II, François-René Duchâble interprétera le Concerto pour piano et orchestre
de Grieg. Il jouera aussi, aux côtés de Gérard Bekerman qui a ressuscité la manifestation, une pièce de Poulenc. Rencontre avec un pianiste qui aime sortir des sentiers battus.
6 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
E
Claude Rostand, que Poulenc fut à la fois « moine et voyou » ? ntretenez-vous un lien particulier avec le Concerto pour piano et orchestre d’Edvard Grieg ?
Très particulier ! C’est le premier concerto que j’ai interprété à l’âge de 13 ans, il y a tout juste cinquante ans. Curieux anniversaire, à vrai dire. Je ne jouais pas alors de gaieté de cœur. J’étais un petit garçon inquiet de son avenir. Je n’ai jamais désiré devenir musicien professionnel. Ma carrière a débuté beaucoup plus tard, à 21 ans. Inquiétude, puis nostalgie et, aujourd’hui, plénitude de participer à ce concert à la faculté d’Assas, un lieu décalé par rapport aux salles de concert traditionnelles. Ne vous méprenez pas : ce n’est pas le retour
par l’Orchestre du Conservatoire
Ce concerto me « correspond » tech- à Rayonnement Régional de Paris niquement et musicalement. L’œuvre dirigé par Pierre-Michel Durand… de celui que l’on surnomma « le Je suis émerveillé par le niveau remarChopin du Nord» – on pourrait tout quable des orchestres des grands aussi bien dire « le Brahms ou le conservatoires. Les jeunes musiciens Schumann du Nord » – m’a suivi sont extrêmement motivés et possètoute ma vie. Sa musique a été influen- dent une grande énergie. Je les ai cée par la terre norvégienne, l’écriture entendus répéter une sérénade de germanique, le protestantisme. Brahms et j’ai été sidéré par la beauté Vous avez choisi aussi le Concerto des vents, la texture des cordes. Nous pour piano de Poulenc… bénéficions aujourd’hui du travail Que j’interpréterai avec Gérard et de la poursuite des réformes de Bekerman [aussi fondateur du Concours Marcel Landowski, qui ont permis international des Grands Amateurs, ndlr] ! cette qualité. On en oublie la pollution Il joue magnifiquement, avec beau- de certaines musiques dites « actuelles» coup d’honnêteté professionnelle qui nous agressent et avec lesquelles – alors qu’il n’est que musicien amateur! les musiciens classiques sont bien trop Diriez-vous, comme le critique souvent complaisants. Belle formule ! Poulenc fut l’homme du sacré et de la musique canaille. Le finale du Concerto appartient sans nul doute à cette dernière catégorie. On croirait presque un western ! Ailleurs, on trouvera autant d’influences de Bach, Mozart, Haydn, Debussy, Chabrier, Ravel, etc. Sur le plan technique, Poulenc fut un pianistecompositeur. Pas un grand virtuose, mais un accompagnateur de génie et un musicien complet qui connaissait
Vous qui avez joué avec les plus grands orchestres, quel regard portez-vous sur les grandes formations internationales ?
Il existe toujours une dizaine de Ferrari: Berlin, Vienne, Dresde, Leipzig, Mariinsky, quelques formations américaines… Cela étant, on ne peut pas dire que les orchestres internationaux aient progressé. Ils ont même régressé au niveau de leur personnalité. Tout le monde joue comme tout le monde. C’est triste. Propos recueillis par Stéphane Friédérich
LE PROGRAMME : JEUDI 14 AVRIL, À 20 HEURES Schubert : Symphonie n°8 « Inachevée » . Grieg : Concerto pour piano et orchestre. Poulenc : Concerto pour deux pianos. François-René Duchâble (Grieg), Gérard Bekerman, Orchestre symphonique du CRR de Paris, dir. Pierre-Michel Durand. Réservations : Fnac ou par courrier, Les grands Concerts d’Assas – 23, rue Raynouard, 75016 Paris.
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MONTE-CARLO
LES CLAVIERS DES ORCHESTRES DE RÉGION
Le Printemps des Arts
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etit tour d’horizon d’un printemps riche en pianistes invités. Le 18 mars, Nicholas Angelich sera l’interprète du Concerto pour piano n°3 de Prokofiev, avec Jacques Mercier au pupitre de l’Orchestre national de Lorraine. Accompagné de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse dirigé par Andris Poga, Fazil Say assurera la création française de l’une de ses œuvres : Water pour piano et orchestre , le 26 mars. Les 6 et 7 avril, l’étonnant Francesco Tristano jouera le Concerto en fa de Gershwin, aux côtés de l’Orchestre national de Lille, mené par Domingo Hindoyan. Les 10 et 14 avril, à Angers, et les 12 et 13 avril, à Nantes, François-Frédéric Guy donnera le Concerto pour piano n°1 de Rachmaninov, avec Pascal Rophé à la tête de l’Orchestre national des Pays-de-la-Loire.
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François-Frédéric Guy.
E R T R U O D E N I L O R A C
utre les grandes phalanges invitées, le festival reçoit plusieurs pianistes. Le 1 er avril, aux côtés du trompettiste Hakan Hardenberger, Roger Muraro participera à la création mondiale de Histoires vraies, suite concertante pour piano, trompette et orchestre de Betsy Jolas. L’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo sera dirigé par Kazuki Yamada. Le lendemain soir, Till Fellner interprétera Schumann, Berio et Beethoven. Arcadi Volodos, lui, jouera Brahms et Schubert. Et le 6 avril, le claveciniste Andreas Staier proposera un programme avec Froberger, Anglebert, Muffat, Couperin, Clérambault… www.printempsdesarts.mc
275 Concert. Un instrument de maître.
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Le grand piano à queue pour les
professionnels. C’est dans la salle de concerts que se révèlent – structure sonore d’une richesse infinie – toute sa remarquable puissance, la finesse et l’ampleur de ses nuances. Une élégance qui force l’inspiration, une qualité exceptionnelle habitent cette classe, celle des plus hautssommets de la sonorité.
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Carl Sauter Pianofortemanufaktur GmbH & Co KG, Max-Planck-Straße 20, D-78549 Spaichingen, téléphone : 074 24/948 20, télécopie : 074 24/9482 38, e-mail:
[email protected], Internet: www.sauter-pianos.de
mars-avril 2016 n
PIANISTE n°97
n 7
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ACTUALITÉS ÉVÉNEMENTS Plus d’infos sur www.pianiste.fr
Svetlana Eganian.
Oui, cela ne manque pas de sel. Nous ne nous sommes pas vus pendant plusieurs années, avant de nous retrouver dans un jury à Bruxelles. Bien que le programme du concours soit libre, ce qui est rare, vous imposez aux candidats de jouer des œuvres de Scriabine…
Pour la finale, ceux-ci interprètent obligatoirement une ou plusieurs pièces de ce compositeur. Un petit caprice de ma part… Vraiment ?
Il y a bien une raison. Pour jouer cette musique, il faut posséder quelque chose en plus de tout le reste : une hypersensibilité, un sens du raffinement de la couleur, une capacité à déceler l’émotion entre les notes. Tout le monde ne peut pas interpréter ses œuvres. Il n’empêche, nous entendons des pièces de toutes époques et esthétiques, y compris du répertoire contemporain. P D S
CONCOURS INTERNATIONAL DE PIANO DE LYON
C’EST BIENTÔT REPARTI POUR LA 8e ÉDITION! La prestigieuse compétition créée par Svetlana Eganian célébrera son 8e anniversaire en juillet prochain. L’occasion pour Pianiste de laisser la parole à sa fondatrice.
C
omment vous est venue l’idée de créer ce concours qui fêtera son 8e anniversaire cet été ?
C’est très simple : je suis une passionnée qui aime découvrir de jeunes talents ! J’ai donc créé ce concours – il n’en existait aucun à Lyon –, et au fil du temps, nos lauréats ont remporté d’autres compétitions et mènent des belles carrières. Comment jugez-vous l’évolution du concours ?
On me dit que celui-ci a fortement 8 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
Quels sont vos soutiens financiers et institutionnels ?
La ville de Lyon nous soutient sur le plan de la communication. Le Conservatoire à Rayonnement Régional met à notre disposition de nombreuses salles de répétitions. Nous bénéficions aussi de sponsors privés, d’entreprises partenaires dirigées par des mélomanes. Par ailleurs, les candidats passent leur séjour dans des familles d’accueil très investies dans leur mission. La finale et la soirée de gala sont organisées au Conservatoire supérieur de Musique de Lyon. Vous enseignez également au Conservatoire et vous menez votre carrière de pianiste au sein du Duo Almorea que vous formez avec votre fille, Yolande Kouznetsov…
progressé. Les précédentes éditions ont accueilli à leur tête des personnalités telles que Jacques Rouvier, Christian Ivaldi ou Marie-Catherine Auj our d’h ui, nou s enr ich iss ons Girod. Nous recevons des candi- notre répertoire avec les œuvres de dats d’une trentaine de nationalités. Schubert, Smetana, Khatchatourian, Quarante-huit d’entre eux sont Tchaïkovski, Grieg… Propos recueillis sélectionnés pour participer à la prepar Stéphane Friédérich mière épreuve. Nous ne pouvons en écouter davantage. Dates du concours : Dmitri Bashkirov présidera le jury 2016. Il faisait partie de celui du Conservatoire de Moscou lorsque vous y étiez étudiante…
du 2 au 5 juillet 2016 Date limite des inscriptions : 4 mai 2016 www.gpipl.fr
EN BREF Heureux public toulousain qui accueillera deux grands pianistes à la Halle aux Grains. Le 30 mars, Bertrand Chamayou joue ra le Concerto pour piano n°5 de Beethoven, et sera accompagné par l’Orchestre de Cadaqués dirigé par Gianandrea Noseda. Le 3 mai, ce sera au tour de Grigory Sokolov de donner un récital. Au programme, des œuvres de Schumann et Chopin. www.grandsinterpretes.com
Le 11 avril, Imogen Cooper se produira dans le cadre de La Belle Saison des Bouffes du Nord, à Paris. La pianiste britannique proposera des œuvres de Schumann, Wagner, ainsi que des transcriptions de partitions de Wagner par Zoltán Kocsis et Liszt. www.bouffesdunord.com
Le 30 avril, au théâtre du Chevalet, à Noyon (60), notre confrère, le pianiste Michaël Sebaoun, participera à la création du Quatuor pour flûte, violon, violoncelle et piano, d’après L’Espace et la Flûte de
Jean Tardieu. À ses côtés, la violoniste Laure Lacroix, la flûtiste Magdalena Popa et le violoncelliste Martin Barral. www.ville-noyon.fr/ -Le-theatre-du-Chevalet
Le 11mars, Nelson Freire montera sur la scène de la salle Rameau, dans le cadre de Piano à Lyon. Il y interprétera des œuvres de Bach, Brahms, Debussy et Chopin. www.pianoalyon.com Nelson Freire.
S C I S S A L C A C C E D
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L’ excellence P D S
ÉVÉNEMENT
Le Gstaad Menuhin Festival Chaque été, la prestigieuse station réunit un festival et des académies professionnelles. Christoph Müller dirige cette manifestation qui change de thème tous les ans. De grandes émotions en perspective. Entretien.
E
n 2015, le thème choisi était l’ironie. Pour cet été, vous proposez «Musique & Famille». Pouvez-vous nous l’expliquer ?
Dès sa création, le festival a été une histoire de famille. En l’occurrence, celle de la famille Menuhin qui cherchait un lieu de villégiature estival. Des concerts furent organisés. Nous avons voulu rendre hommage à ce passé en convoquant, par exemple, d’autres illustres familles comme les Bach et les Mozart. Sony édite un enregistrement du Lac des cygnes de Tchaïkovski, l’orchestre du festival étant dirigé par Kristjan Järvi. Une consécration au disque, en somme ?
Disons que c’est la première fois que nous éditons un disque d’orchestre « live ». Cela démontre le niveau qui était excellent. Nous n’avons pas pour ambition de réaliser une série, car l’enregistrement n’est pas notre priorité. Cela étant, les chefs d’orchestre invités sont, cette année encore, Kristjan et Neeme Järvi. Ils seront rejoints pour la première fois par Guennadi Rojdestvenski. En 2017, nous accueillerons un autre chef principal dont je ne peux vous révéler le nom pour le moment.
Schwizgebel, Bertrand Chamayou, Polina Leschenko ! D’autres viennent aussi pour la première fois, tel Boris Berezovsky. Et puis, il y a tous les artistes que nous connaissons bien, tels que les sœurs Labèque, les sœurs Buniatishvili ou András Schiff, invité pour trois concerts en hommage à Yehudi Menuhin. Sans oublier Fazil Say dans le 1 concerto de Chostako vitch et le pianofortiste Kristian Bezuidenhout. Je l’ai sollicité pour une classe de maître, mais il pense que c’est encore trop tôt pour enseigner. Patientons… Lang Lang se produira en concert et lors d’un atelier. er
Quel bilan tirez-vous de l’édition 2015 et comment voyez-vous l’avenir de la manifestation ?
Les deux dernières années, nous avons battu un record avec plus de 25 000 spectateurs. La direction d’orchestre de l’académie a reçu plus de 200 demandes. Quinze candidats seulement ont été retenus. La Baroque Academy a accueilli 35 étudiants, ce qui est beaucoup. Nous voyons l’avenir avec sérénité. Trouver des collaborations avec des fondations et des sponsors privés est beaucoup plus aisé que de bénéficier du soutien des entreprises. La crise est passée par là…
Votre programmation 2016 présente de nombreux pianistes…
par Stéphane Friédérich
On accorde de la place aux jeunes comme Francesco Piemontesi, Louis
Du 14 juillet au 3 septembre www.gstaadmenuhinfestival.ch
Propos recueillis
Un son divin qui charme débutants et pianistes professionnels depuis 1853 MADE BY
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Paulina Kuchniak, le duo Lafitte et Aleksandra Furmanska.
14 ans, la violoniste Eva Kobor – rencontre entre la grâce et le feu sacré – envoûte l’assemblée. Restons attentifs, on entendra parler d’elle. Dans un autre registre, le flûtiste égyptien Mina Ghobrial s’est livré à une parodie musicale pleine d’esprit. Fin de soirée avec le pianiste mexicain Rodrigo Acevedo, dont on retiendra le charme des compositions personnelles, aux inflexions folkloriques. Finale et verdict
P D S
COMPTE-RENDU
LES POLONAISES DE MONACO Le duo Aleksandra Furmanska et Paulina Kuchniak remporte la 3 e édition du Concours international de Piano à quatre mains Lions Club organisé, chaque hiver, sur le Rocher. Reportage.
C’
est une rareté dans le paysage musical. Un concours international de piano à quatre mains a vu le jour, en 2013, dans la Principauté. La compétition, ouverte aux amateurs et aux professionnels, a pu éclore grâce à quelques bonnes volontés : le pianiste Mark Solé-Leris à l’initiative du concept, l’Académie de musique Rainier III, le Lions Club… sans oublier le couple Hélène et Félix Przedborski établi à Monaco, qui fournit une enveloppe de 10 000 euros répartis entre les finalistes. Quant au jury, il prête gracieusement son concours. Cette année, il compte parmi ses rangs le pianiste luxembourgeois Alexander Mullenbach, le compositeur français Michel Decoust, le (pétillant) duo Lafitte ou encore Ingbert Blüthner, digne représentant de la marque éponyme implantée à Leipzig et restée dans 10 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
le giron familial. Plusieurs pianos du facteur ont été spécialement acheminés d’outre-Rhin pour l’occasion. La manifestation s’est étoffée après une 2e édition plutôt confidentielle. En quantité – neuf duos professionnels ont répondu présents – et en qualité. « Le niveau était sans
et le jeu de pédales représentent de véritables défis », confient les deux
interprètes. Verdict : ils seront en finale, aux côtés du duo polonais Furmanska-Kuchniak. À la clé, un 1er prix doté de 5 000 euros, un 2 e prix de 3 000 euros et quelques dates de concerts dans les fescomparaison avec celui de l’année der- tivals de la région. « Pour pérenniser nière », souligne le chef d’orchestre la manifestation, il faut des contrats Philippe Bender, directeur artistique à la clé pour les artistes » , précise de l’événement et juré. Christian Tourniaire, le directeur de l’Académiede musique. La musique de chambre est bien souvent le parent Deuxième tour et soirée pauvre des salles de concert. de gala musicale Dans le hall de l’Académie de musi- Avant d’entendre l’ultime épreuve, que, le duo coréen Shin-Park attend rendez-vous à l’Hôtel Hermitage les résultats du deuxième tour. Il a où une soirée de gala est organisée obtenu, en septembre dernier, le par le Lions Club. Diversion nos2e prix du Concours de l’ARD de talgique. Dans la salle Eiffel défiMunich. « Le quatre mains est une lent quelques fortunes en tenue de discipline beaucoup plus difficile que soirée. Entre les plats, des jeunes le solo. Chaque musicien doit être à talents de l’Académie de musique la fois un très bon pianiste et un excel- montent sur scène pour un interlent chambriste. L’équilibre des parties mède musical. Du haut de ses
Trêve de mondanités et cap sur l’auditorium Rainier III où les deux duos vont s’affronter en finale dans l’épreuve du concerto pour piano à quatre mains – véritable ovni du répertoire. C’est aussi la vocation de ce concours : remettre à l’honneur des pages inusitées. Cette année, l’Orchestre philharmonique de Monte-Carlo est de la partie, placé sous la direction de Philippe Bender. La soirée s’ouvre avec le Concerto pour deux pianos de Mozart, interprété sans le 1er mouvement (!) par Hélène Mercier et Louis Lortie. Puis le duo Furmanska-Kuchniak leur succède sur scène avec les Pièces opus 60 de Weber, avant de jouer le Concerto pour quatre mains de Czerny. Sonorité suave, homogénéité, qualités de chant, perfection des équilibres, les deux jeunes femmes maîtrisent leur partition. On pourrait leur reprocher toutefois un brin de préciosité. Les Coréens obtiennent d’emblée la préférence de l’auditoire avec une pièce populaire : l’ouverture de La Chauve-Souris de Johann Strauss arrangée pour quatre mains. Dans le Czerny, ils privilégient la clarté du discours avec un jeu précis et articulé. Notre cœur balance… L’annonce des résultats suscite de vives réactions de la salle : les Polonaises arrivent en tête. Certains manifestent sans ménagement leur mécontentement. Dure loi des concours. Une femme peste entre les rangées : « C’est toujours les meilleurs qui perdent ! » Pourquoi pas un prix du public pour la prochaine saison ? Elsa Fottorino
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Les membres du jury de l’édition 2015.
P D S
27e ÉDITION DU CONCOURS INTERNATIONAL DES GRANDS AMATEURS
Top départ!
L
e grand amphithéâtre de l’université Paris-II Panthéon Assas accueillera le 10 avril, à 15 heures, la finale publique de la 27e édition du concours, qui aura vu s’affronter pas moins de 92 pianistes originaires de 27 pays. Six candidats, soutenus par des milliers de personnes dans l’immense salle, seront départagés par deux jurys : le premier composé de pianistes professionnels, le second, de journalistes de la presse musicale auxquels Pianiste s’associe. Le vainqueur recevra un prix financier, ainsi que plusieurs engagements, notamment au Flâneries de Reims, au festival Chopin de
Nohant et au festival Cziffra de Senlis. Celui-ci se produira également avec l’Orchestre de la Garde républicaine, lors du concert de gala des Grands Amateurs. En outre, Pianiste lui ouvrira ses colonnes dans un prochain numéro. Il faut avoir assisté à l’événement pour voir à quel point le public – qui vote et décerne lui aussi un prix ! – se passionne pour l’étonnante qualité des musiciens sur scène, tous amateurs. « Vous allez chercher à donner le meilleur de vous-mêmes, mais il faudra rester avant tout vous-mêmes», leur avait déclaré Gérard Bekerman, le président du concours. www.pianoamateurs.com
RENCONTRE AVEC
BENJAMIN GROSVENOR
L
a firme Casio – qui collabore avec la marque C. Bechstein pour le développement de sa gamme de pianos numériques Celviano Grand Hybrid – a initié un projet pédagogique destiné aux élèves du cycle spécialisé en conservatoire. Il s’agit d’une classe de maître privée proposée avec Benjamin Grosvenor, le 26 mars, à la Fondation Dosne-Thiers, à Paris. Elle sera suivie d’un réci tal d’une heure sur invitation, puis d’une rencontre avec le pianiste anglais. Si la classe de maître n’est pas ouverte au public, il est possible d’assister au concert et à cette rencontre en s’inscrivant sur http://bit.ly/EventGrosverorCASIO. Attention, le nombre de places est limité ! R E G N I R H E B N I T N E L A V
Fondation Dosne-Thiers, 27, place Saint-Georges, 75009 Paris
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SAISON BLÜTHNER AU GOETHEINSTITUT DE PARIS
T L L I P S E T T O L R A H C
PASCAL AMOYEL
« LE JOUR OÙ J’AI RENCONTRÉ FRANZ LISZT » Le pianiste propose ce nouveau spectacle au théâtre du Ranelagh, à Paris. Nous l’avons découvert, le 25 janvier dernier. À ne pas manquer !
S
ur scène, un petit garçon. Le métronome donne le rythme. C’est le jeune Franz qui, sous le joug de son père, un homme strict, fait ses premiers pas de virtuose. En réalité, sur les planches, Pascal Amoyel mêle sa vie personnelle à celle de multiples personnages pour raconter son Franz Liszt, celui-là même qui le guide depuis longtemps en tant que musicien. Tout a commencé le jour où son grand-père lui a dévoilé la musique du premier pianiste moderne de l’histoire en lui jouant Wiegenlied . Pascal n’était alors qu’un enfant, mais il a été marqué à jamais. La magie avait opéré… Aujourd’hui, il fait vivre au théâtre ce personnage haut en couleur que l’on connaît finalement bien mal. Débuts prometteurs d’un jeune Hongrois, un nouveau Mozart ? Voyages, 12 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
évocation de la musique des tsiganes, pleine gloire et passer les quarante rencontre avec Beethoven qui, par dernières années de sa vie à composer, un jeu de lumières, hante la scène, à la recherche de l’essentiel. telle la statue du Commandeur. Tout ce qui est évoqué au cours de Moment plus léger avec l’imitation cette heure et demie d’un spectacle du très Italien Cherubini, alors direc- tant visuel qu’audio est véridique: le teur du Conservatoire de Paris, qui piano disposé de façon à voir les mains refuse l’entrée de sa vénérable insti- du virtuose ainsi que son profil – une tution « à un étranger » ! Franz et les fois encore, Pascal Amoyel prend la femmes ? Il ne restait pas de marbre pose, une fois encore, on s’amuse –, devant ses élèves qui, plus ou moins le refus d’emprunter la petite porte talentueuses, lui faisaient tourner pour entrer au théâtre, les coups de la tête. Cocasse, ce cours donné par gueule lorsque le public, aussi noble le jeune homme à une demoiselle soit-il, ose parler lorsqu’il joue… Avec dont les charmes étaient visiblement humour comme avec gravité, dans à la hauteur de son incompétence un répertoire varié composé de Bach, pianistique, si l’on en croit l’inter- Czerny, Schumann, Chopin et Liszt, prétation d’une Lettre à Élise massa- bien sûr, interprété magistralement crée ! Simple évocation de son amour par le pianiste, un bel hommage pour Marie d’Agoult. L’essentiel, est rendu à celui sans qui le piano du pour Pascal Amoyel, est dans la quête XX e siècle n’aurait pas été le même. Sylvia Avrand-Margot d’un homme qui connaît une vie de star suprême, puis rejette ces honneurs Spectacle prolongé jusqu’au 27 mars pour quitter les feux de la rampe en www.theatre-ranelagh.com
rois pianistes sont programmés pour la fin de la saison Blüthner. La célèbre institution culturelle accueille de nombreux jeunes artistes, soit allemands, soit réservant une part essentielle de leur répertoire à la musique germanique. Tout d’abord, Rémi Geniet, interprète surdoué qui a gagné le 2e Prix du Concours Reine Elisabeth de Belgique en 2013 (et, auparavant, lauréat du Concours Beethoven de Bonn, en 2011), a opté pour un programme 100 % Beethoven (29 mars). Hélène Tysman, qui a étudié à Weimar et remporté le Concours Chopin de Darmstadt, est programmée, le 3 mai, dans un récital uniquement d’œuvres de Bach. Enfin, la pianiste allemande Natalia Ehwald, qui a étudié auprès d’Evgeni Koroliov – comme Rémi Geniet –, a choisi des pièces de Schumann et Schubert (14 juin). www.goethe.de/paris
Hélène Tysman.
R E N R E
W O D I U G
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Vestard Shimkus.
LES NUITS OXYGENE
Pianistes à découvrir d’urgence
T
itre assez bien approprié pour la 2e édition de ce festival, qui se déroulera, du 29 mars au 3 avril, à l’église protestante allemande de la rue Blanche, à Paris. Sept récitals avec sept pianistes aux programmes audacieux, dont les labels Artalinna et Academy Productions se sont déjà fait l’écho
T O L L I M E T S I T P A B N A E J
au disque. Vestard Shimkus ouvrira la manifestation avec une création française de Vasks, puis des pièces de Scriabine (le 29 mars). Après le pianiste letton, ce sera le tour de l’Italien Alessandro Deljavan qui associera Mozart et Schumann (le 30 mars). Le lendemain, le plus connu, Severin von Eckardstein
– 1er lauréat du Reine Elisabeth en 2003) –, osera Fauré, Casadesus, Chopin, Schumann et d’étonnants arrangements de Wagner signés Stradal, Brassin et Moszkowski : si vous n’êtes pas curieux, abstenez vous ! La pianiste chinoise Ran Jia nous a enchantés au disque avec son récent récital Schubert. Nous sommes donc impatients de l’entendre en « live » (le 1er avril). Le Cubain Marcos Madrigal proposera des pièces de Lecuona, Scriabine et la détonnante 7 sonate de Prokofiev (le 2 avril). Le même jour, la Française d’origine japonaise Yumeto Suenaga jouera l’une des créations d’Isabelle Fraisse ainsi que des pièces de Chopin et de Beethoven. Enfin, le Hongrois Benedek Horváth réunira, quant à lui, Beethoven, Janácek, Bartók et Schumann. e
www.digitick.com www.artalinna.com
PIANO À GAVEAU François Weigel se produira en récital, le 9 mars, avec Mozart, Beethoven et Liszt. Le 11, la pianiste franco-lituanienne Muza Rubackyté offrira un concert Schumann, Prokofiev et Ciurlionis. Le 14, l’Espagnol Luis Fernando Pérez jouera le cycle des Goyescas de Granados. Le 21, Ivo Pogorelich, musicien aussi passionnant que controversé, a prévu un programme « fleuve », avec des pièces de Beethoven, Schumann, Debussy, Granados et Rachmaninov. Le 30, François-Frédéric Guy a imaginé un récital dédié à l’œuvre de Brahms. Enfin, le 5 avril, Claire Désert associera Beethoven à Mantovani, Schumann, Chopin, Schumann-Liszt et Verdi-Liszt.
www.sallegaveau.com
Une pluie de stars du classique au milieu d‘un panor ama de montagnes à couper le souffle. De l‘intimité des petites églises à la grande scène symphonique: 70 concerts pour une édition anniversaire superlative, marquée par les 100 ans du fondateur Yehudi Menuhin.
Ma ri a João Pi res, Da ni el Ho pe, La ng La ng, Ga br ie la Mo nt ero, Richard Tognetti & Australian Chamber Orchestra, Sir András Schiff, Patricia Kopatchinskaja, Khatia & Gvantsa Buniatishvili, Sol Gabetta, Bryn Terfel, Anja Harteros, Giovanni Antonini & Kammerorchester Basel, Valery Gergiev & Orchestre du Théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, Riccardo Chailly & Filarmonica della Scala Milano, Gianandrea Noseda & London Symphony Orchestra Tickets: +41 33 74 8 81 82 – www.gstaadmenuhinfestival.ch
mars-avril 2016 n
PIANISTE n°97
n 13
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ELENA ROZANOVA
PLUSIEURS CORDES À SON ARC! La pianiste russe mène à la fois une carrière de soliste, d’enseignante et, aujourd’hui, de responsable d’un pôle d’enseignement en région. Mais comment fait-elle ? Éléments de réponse donnés par l’intéressée.
C
omment définiriez-vous votre carrière d’artiste ?
Être musicien, ce n’est pas seulement être soliste ! Quelle est la place de l’artiste dans la société ? Voilà une question qui mérite réflexion, surtout à une épo que où les opportunités de carrière se rétrécissent. Passé le temps de la formation et des concours, il est bon de s’interroger sur notre rôle. Je me suis également intéressée à la pédagogie. C’est aussi passionnant que d’être sur scène (et plus éreintant !). On instruit autrement et on brise ainsi une certaine forme de routine entre chaque récital. J’adore « aider à faire grandir » de jeunes adultes, parfois au sortir de l’adolescence, qui se destinent à une carrière musicale. 14 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
Précisément, qu’est-ce qui vous a amenée à prendre ce poste de directrice artistique et pédagogique de la communauté d’agglomération dracénoise ?
artothèque et un bel auditorium de 300 places. Une saison de récitals a vu le jour en 2015. Tout reste encore à créer pour inciter la population à découvrir le plaisir d’aller au concert. Nul besoin d’avoir fait des études de musicologie pour cela ! À côté de mes fonctions de directrice du réseau d’écoles, je programme aussi la saison de l’auditorium. Je suis parfois frappée par le manque d’instruction musicale en France, mais aussi par une démission collective, qui fait que la musique devient progressivement un loisir.
Précisons qu’il s’agit de diriger le conservatoire d’agglomération et le réseau d’enseignement musical de Draguignan, dans le Var, soit 19 communes au sein d’une intercommunalité comptant 106 000habitants. La Dracénie se situe entre les villes de Côte d’Azur et les villages de l’arrière-pays, souvent riches en manifestations culturelles. Dans ce lieu de « l’entre-deux », la diffusion Vous reste-t-il suffisamment de la musique classique est quasi de temps pour préparer absente. Il y a pourtant des conser- vos propres concerts ? vatoires et, depuis peu, un centre Je le trouve ! Mais tout cela a une culturel qui réunit médiathèque, influence sur mon travail, en sachant
E Z D A V K L O B A N O I L A
que ma priorité est de m’occuper de ma fille. Après un disque consacré aux ballets russes (chez Continuo Classics, « Maestro » de Pianiste ), j’envisage des ballets russes, cette foisci accompagnée par des danseurs de hip-hop. Avec le violoniste Svetlin Roussev et le violoncelliste François Salque, nous avons enregistré des trios pour Decca. Un disque paru en Corée qui, je l’espère, sera disponible en France. Enfin, je participe avec d’autres amis musiciens au festival Classicaval à Val-d’Isère (du 8 au 10 mars). Une réunion de copains venus skier il y a de nombreuses années. Rien ne se fait sans musique… Propos recueillis par Stéphane Friédérich
Le 7 avril, à la salle Gaveau, à Paris, « carte blanche » à Elena Rozanova, aux côtés de Svetlin Roussev et François Salque www.elenarozanova.com www.festival-classicaval.com
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La Classe Premium
Berlioz et Hugo à Venise
E
Palazzetto Bru Zane assure le rayonnement du patrimoine musical français du grand XIX e siècle (1780-1920) au travers de concerts, de conférences, d’opéras, d’éditions et d’un immense fonds de ressources numériques. Tout ce que vous désirez savoir sur la musique romantique française est le fruit des recherches d’historiens, de musicologues et de l’équipe du centre culturel mises en ligne sur son site Internet. Connaissez-vous le Quatuor pour piano de Théodore Dubois ? Et que savez-vous du concerto pour piano français du XIX e siècle ? Les informations sont librement accessibles, grâce aux notices détaillées, classées par ordre alphabétique,
nalités musicales. Vous pouvez également consulter des articles scientifiques sur la musique et la vie artistique romantique (dont une partie résulte de colloques organisés par le Palazzetto Bru Zane) ou des coupures de presse éclairant sur l’attente du public de cette époque. N’oublions pas les illustrations : un foisonnement de documents iconographiques et littéraires, issus notamment de fonds d’archives numérisés et catalogués, vous permettront de voyager dans ce monde musical en pleine renaissance… Une mine d’or pour les étudiants, les chercheurs ou, tout simplement, les curieux ! Camille Arcache
www.bruzanemediabase.com
Entrez dans la légende BECHSTEIN
Série de concerts à Saint-Tropez
A
nimés par un grand mélomane, Alexandre Durand-Viel, qui dirige la Société Tropézienne des Amis de la Musique, les récitals programmés au cinéma-théâtre La Renaissance de Saint-Tropez accueillent de nombreux artistes. Le 8e Printemps musical de Saint-Tropez reçoit Nicholas Angelich et le violoncelliste Edgar Moreau (le 21 avril), Béatrice Berrut (le 6 mai) et, enfin, Éliane Reyes avec la violoniste Hildegarde Fesneau (le 9 juin). Réservations sur digitick.com, fnac.com, francebillet.com, ticketnet.fr
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Le prototype est doté de cordes parallèles, contrairement à la plupart des pianos actuels.
. D . B
STEPHEN PAULELLO
L’OPUS 102 : LA BUGATTI ROYALE DES PIANOS En décembre dernier, lors du festival Piano Is Not Dead au Havre, le facteur français a présenté l’Opus 102, son grand piano de concert. Révolutionnaire ! Cet instrument impressionne par son audace technique et sa finition grand luxe !
L
’idée de concevoir l’Opus 102 a germé dans le cer veau du pianiste et ingénieur Stephen Paulello il y a près de dix ans. Il a été réalisé dans la continuité de la philosophie de facture de ses premiers modèles (demi-queue et grand queue de concert), avec l’aide de sa compagne Claire et en étroite collaboration avec plusieurs centres de recherches
P D S
16 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
Ce piano est un instrument révolutionnaire dans sa conception et d’une finition de très haut niveau, comme pouvaient l’être les célèbres automobiles Bugatti, qui alliaient performances techniques exceptionnelles et finitions luxueuses. Un instrument hors norme Long de 3 m, alors que la plupart des modèles équivalents actuels – hormis le Fazioli F308 – mesurent environ 2,80 m, ce grand piano de concert comprend 102 notes (du do2 au fa7), au lieu des 88 touches habituelles. Les basses se sont donc enrichies de neuf touches, et les aigus, de cinq touches. Ces cordes additionnelles apportent une plus grande richesse en harmoniques et entraînent une surface de table plus importante, donc un rayonnement sonore maximal. Les cordes sont parallèles et légèrement obliques, tandis que presque la totalité des
instruments d’aujourd’hui sont dotés de cordes croisées. Cela permet de n’avoir à utiliser qu’un seul chevalet, évitant ainsi les délicats et importants problèmes de discontinuité sonore au point de croisement. Comportant une embase, ce che valet assure une parfaite et homogène liaison avec la table d’harmonie. Cette dernière, à haute mobilité, pièce maîtresse de la structure harmonique, est aussi très spécifique : légèrement galbée concave, elle n’est pas munie de raidisseurs (souvent appelés barres de table). La liaison intime des cordes avec le chevalet est assurée par des agrafes de chevalets brevetées. Les cordes elles-mêmes sont originales. On connaît le savoir-faire de Stephen Paulello en la matière. Ainsi, le cordage est hybride, en acier nickelé (limitant l’oxydation), et les cordes graves sont filées de fer doux et de
bronze nickelé. Le sommier des che villes n’est pas monobloc comme dans tous les pianos actuels. Il a été réalisé en plusieurs blocs indépendants positionnés dans des caissons du cadre métallique. Le cadre métallique luimême est époustouflant d’audace technique. Il ne contient aucune entretoise, laissant ainsi dégagées vers le haut les cordes sur toute leur longueur et facilitant la diffusion sonore. La structure du meuble (ceinture et barrage) est très spécifique, en quatre plis superposés de différentes essences. L’ensemble clavier-mécanique a été également particulièrement pensé et accueille des chevalets à deux ressorts séparés, ainsi que des manches de marteaux en fibres de carbone Wessell, Nickel & Gross. On remarque un châssis de mécanique spécial Stephen Paulello. Le clavier est revêtu de Larenim ou d’ivoire et d’ébène pour les feintes noires. Les mouvements de pédales sont intégrés dans le plateau de clavier et montés sur roulements à bille, rotules et paliers Téflon, pour un fonctionnement parfaitement silencieux et précis. Il va sans dire que toutes ces spécificités sont protégées par de nombreux brevets. Esthétique originale et finition exemplaire Le meuble de ce premier prototype est superbement plaqué de palissandre des Indes, vernis brossé satiné, l’intérieur du couvercle et de la ceinture étant en érable ondé soleil. Le vernis gomme laque au tampon est « à l’ancienne ». Les bâtons de couvercle (béquilles) sont en érable massif tourné. La lyre, en inox, et le pupitre sont sans arc-boutant. Les trois pieds sont d’un design spécifique, très travaillé. Le cadre métallique est d’une peau parfaitement polie et d’une couleur grisée originale. La calligraphie du nom du facteur est d’une grande élégance. L’accastillage est particulièrement soigné: discrètes charnières d’abattant spéciales, roulettes à frein conçues par Stephen Paulello, montées sur butée à bille et roulements à aiguilles, estampillées avec le logo de la maison… Magnifique ! Bernard Désormières
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STEINWAY & SONS Ce quart-de-queue ne pèse que 90 kg, contre 320 kg pour un instrument de la même dimension.
HELICONIA,
DESIGNED BY LALIQUE
P D S
FRÉDÉRIC DESPLATS
Des pianos poids plume
L
e facteur et accordeur de pia- d’aujourd’hui, notamment dans le nos Frédéric Desplats, dont domaine du calcul de la résistance des l’atelier est situé dans la Marne, matériaux dont les alliages légers. s’est passionné pour la conception et la production de pianos très légers. Quels objectifs? Ainsi, il expose en région parisienne Qu’est-ce qui a poussé le facteur à se deux de ses récentes créations, dont lancer dans une telle aventure ? Celuiun très curieux piano droit vertical ci voulait faciliter le transport et réduire « girafe », de 2 m de hauteur et de sa pénibilité, obtenir un uni vers sonore 60 kg (!), ainsi qu’un grand quart- non standardisé, un timbre très riche de-queue de 186 cm de hauteur et et un son moins ample et plus intime, 131 cm de largeur. Ce modèle ne pèse suffisant en appartement, utiliser que 90 kg, alors que le poids d’un des matériaux et des produits moins quart-de-queue de cette dimension polluants et travailler le piano d’une atteint habituellement 320 kg ! nouvelle façon, un peu comme sur L’idée de réaliser de tels instruments des instruments d’époque. Le timbre lui est venue il y a quinze ans lorsqu’il de ses créations peut évoquer celui de avait restauré un Pleyel de 1840, dont la harpe ou d’anciens pianofortes. la sonorité l’avait enthousiasmé. Outre ces deux pianos, un quartDepuis, il a effectué de nombreuses de-queue de 75 notes à cordes paralrecherches, s’inspirant des techniques lèles, ne pesant que 75 kg, et un petit de l’aéronautique, et collaboré avec des piano droit démontable, pouvant être organismes spécialisés dans la résis- transporté dans une voiture de type tance des matériaux et la métallurgie. Twingo, avaient déjà été construits. B. D. La conception de ce type de pianos nécessite non seulement une très Frédéric Desplats, www.pianosfredericdesplats.fr bonne connaissance de la facture des instruments du passé, mais aussi la Exposition à La Verrière, www.laverrieredecroissy.com maîtrise des technologies et techniques
LES PIANOS MAGNE RESSUSCITENT À VERSAILLES Formé par Daniel Magne (décédé en 1998), son père, Grégoire Magne vient de s’installer dans un atelier-magasin en plein cœur de Versailles. Son perfectionnement auprès de grands facteurs européens ou d’ate liers prestigieux et ses diverses collaborations avec des pianistes de renom lui ont permis d’acquérir une grande expérience dans le domaine de l’entretien, du réglage, de la préparation et de la connaissance des instruments, B. D. particulièrement des beaux pianos. La relève est donc assurée.
série. Soixante-quinze cristaux ont été travaillés avec le plus grand soin, avant d’être positionnés en relief sur le couvercle, les pieds et la ceinture, dans l’usine Steinway, à Hambourg. Ils apportent le brillant à l’instrument, tandis que des incrustations argentées complètent le motif décoratif, donnant de la clarté et créant de subtils reflets. Une plaquette personnalisable, apposée à l’intérieur du piano, porte la mention « Steinway & Sons, Heliconia Designed by Lalique ». Cette luxueuse série, non limitée, est disponible en noir ou en blanc sur les modèles O (180 cm), A (188 cm) et B (211 cm) de Steinway & Sons, pour des prix allant de 156220 euros à 185850 euros. Somptueux! B. D. www.pianoshanlet.fr, www.cristallalique.fr
www.pianoshop.fr
Le réseau du Piano
www.pianosmagne.com
mars-avril 2016 n
PIANISTE n°97
n 17
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HENLE - BÄRENREITER
DU CÔTÉ DES ROMANTIQUES
H
enle présente l’intégrale (238 pages) des Pièces lyriques du compositeur norvégien Edvard Grieg . Dix volumes de 66 « miniatures » influencées aussi bien par Mendelssohn que par Schumann, et dont l’écriture s’étendit de 1867 à 1901. Celles-ci connurent rapidement un très grand succès dans toute l’Europe et rapportèrent beaucoup d’argent au compositeur, jusqu’à ce qu’il décidât, par lassitude, de produire de nouveaux cahiers. Scènes de la vie quotidienne, descriptions de la nature, évocations des folklores nationaux, les Pièces lyriques fascinent de nombreux interprètes comme Emil Gilels ou Leif Ove Andsnes. Assez faciles à apprendre – Grieg les destinait à de bons amateurs –, elles offrent une prodigieuse diversité de richesses techniques et harmoniques, au
point que certaines d’entre elles pour enfants pour une somme modi ont été orchestrées. L’éditeur est que », écrit Brahms à son éditeur parti à la fois des manuscrits et des Rieter-Biedermann. L’œuvre aura épreuves de relecture, qui compor- un tel succès qu’elle bénéficiera tent très peu de corrections. Le tra- de plus de 20 tirages durant la vie vail de gravure est parfait, respec- du compositeur. La présente parutant notamment les doigtés d’ori- tion est en tout point parfaite. gine. L’ouvrage est enrichi d’une De son côté, Bärenreiter publie présentation détaillée en fran- l’ Album pour la jeunesse opus 68 de çais ainsi que de commentaires Robert Schumann. Un recueil de en anglais. 43 pièces écrites en 1848. On appré Autre belle idée de la maison d’édi- cie (hélas, uniquement en allemand tion allemande : la publication des et en anglais) la présentation de 16 Valses opus 39 de Joha nnes l’œuvre replacée dans son contexte Brahms. Ces pièces furent d’abord historique, tout comme le texte de conçues pour piano à quatre mains, la pianiste Ragna Schirmer sur puis à deux mains. Exceptionnelle- les doigtés et l’interprétation. En ment, le musicien réalisa une parti- revanche, nous disposons en français tionsimplifiée, que Henle fait paraî- des « Conseils aux jeunes musitre dans un volume séparé. « Bon : ciens » de Schumann, que Franz je vous fais les valses pour deux mains Liszt traduisit. De courtes et fort qui se respectent, c’est-à-dire plus bril- utiles recommandations. www.henle.de, lantes que faciles. […] Je serais prêt, en outre, à vous proposer une version www.baerenreiter.de
LA DIRECTION D’ORCHESTRE LES BASES TECHNIQUES Le « grand mystère » sera-t-il bientôt dévoilé? L’ouvrage de Margarita Lorenzo de Reizábal nous le laisse entendre. ll est destiné aux chefs d’orchestre, d’harmonie, de chœur… Trois points de suspension bien à propos, car les mélomanes et les pianistes se délecteront aussi de ce livre très bien présenté et illustré. Il passe en revue la technique de base (les gestes décryptés), la préparation et l’étude du répertoire (excellent aussi pour les pianistes), les répétitions, le concert, bref, tout ce qu’il faut sa voir pour communiquer aux autres. DVD en bonus.
Éditions Lemoine, 244 p., 42,50 euros 18 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
QUATRE MAINS SCHUMANN : BILDER AUS OSTEN
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es Images de l’Orient opus 66 pour piano à quatre mains paraissent chez Henle. Ces six impromptus, d’après leur sous-titre, datés de 1848, furent pensés pour le cercle familial ou amical. Aucune volonté, ici, de les diffuser en concert ou même de les utiliser dans un cadre pédagogique. Schumann, qui avait la passion de l’Orient, eut l’idée de ces pièces qu’il désigna comme des « maqâmât » (tout à la fois récit et lieu de dialogue et de divertissement), en référence à un genre littéraire arabe promu par un poète de l’époque médiévale. Dans la note préliminaire originale de la première édition, le compositeur éclaire les interprètes (niveau moyen à supérieur) : « Que les participants se penchent avec bienveillance sur cet essai qui consiste à exprimer une part de la poésie et de la mentalité orientale dans notre art, comme c’est déjà le cas pour la poésie allemande. »
www.henle.de
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POUR DEUX PIANOS
Concerto en ut mineur de Mozart e 24 e concerto pour piano en ut mineur bénéficie, chez Henle, d’une édition pour deux pianos réalisée par Ernst Herttrich. Les doigtés et la cadence sont de la main d’Andras Schiff. Il est, par conséquent, nécessaire de faire l’acquisition de deux partitions si l’on souhaite jouer l’œuvre à deux pianos. Mozart composa la pièce dans l’urgence, comme en témoigne le manuscrit. En effet, la partie
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de piano est parfois simplement esquissée. Le musicien improvisa pendant la création. Cela explique que, contrairement à ses habitudes, il en fit plusieurs révisions. www.henle.de
GÉRARD BILLAUDOT
Vive le ragtime ! erald Hendrie a composé deux recueils de ragtimes, qui comprennent cinq partitions chacun, A Handful of Rags
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et Another Handful of Rags.
Concevoir aujourd’hui des ragtimes, genre musical qui eut son heure de gloire avant la Première Guerre mondiale, paraît un défi. Que peuton inventer de nouveau ? Le musicien anglais a découvert l’œuvre de Scott Joplin – alors passablement oubliée – au début des années 1970.
À la suite d’un voyage en Australie, de rencontres de collectionneurs de vinyles, Gerald Hendrie prend conscience de l’extraordinaire richesse de ce répertoire. Écrites en 2012, ces dix partitions décrivent, en musique, la campagne et les villages du Gers où il réside, mais également ses proches et ses amis. Ces pièces chantantes sont étonnantes de nostalgie et de richesse harmonique. Les tempos ne sont jamais rapides, et c’est la raison
www.billaudot.com
mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 19
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ACTUALITÉS PARTITIONS, LIVRES Plus d’infos sur www.pianiste.fr
BIOGRAPHIE
VAN DE VELDE
HENRI DUTILLEUX À L’HONNEUR
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ept années de recherches, des heures de conversation avec le compositeur et, au final, 1 792 pages ! On reste admiratif devant le travail considérable de Pierre Gervasoni, auteur de la monumentale biographie consacrée à Henri Dutilleux (disparu le 22 mai 2013), dont la parution lance les commémorations liées au centenaire du musicien. Cette somme n’est pas seulement « le journal », parfois au jour le jour, de l’un des plus grands musiciens du XX e siècle, dont les œuvres sont inscrites depuis longtemps au « grand » répertoire. Documents et témoignages ordonnent un voyage magnifique et savant, qui plus est d’une grande qualité littéraire, au cœur de la création. Au fil des pages, la mosaïque d’informations recueillies dresse le portrait d’une personnalité à la fois puissante
et originale, dont la pensée s’est nourrie autant des esthétiques sonores que des arts et de la littérature. Sans oublier l’actualité dont Dutilleux dévore les faits du jour, alors qu’il restera toute sa vie un artiste bien peu enclin – on ne pourra lui en faire que crédit – à dévoiler ses opinions politiques, notamment. Nulle analyse musicale détaillée, nulle volonté pédagogique avérée dans cet ouvrage, qui fait surgir les œuvres du terreau de leur époque et les enserre dans le quotidien des créations, des conflits et des succès. Que d’artistes côtoyés! Pierre Boulez, Roger Désormière, Kurt Masur, Olivier Messiaen, Darius Milhaud, Charles Münch, AnneSophie Mutter, Seiji Ozawa, Mstislav Rostropovitch, Isaac Stern, Paul Tortelier… À la lecture de ce livre important, les pianistes (égoïstement)
LUDIQUE ET PÉDAGOGIQUE
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«
saisiront mieux ce que la Sonate (1948), chef-d’œuvre, recèle de sensualité, de jazz, d’impressionnisme et d’espace sonore. Sans oublier les bijoux que sont Résonances (1975) et les Préludes pour piano (19731988). Plus encore, chacun comprendra à quel point la musique de Dutilleux est entrée de manière génialement personnelle dans l’histoire fluide de la musique de sa culture nationale. Stéphane Friédérich
Actes Sud/Philharmonie de Paris, 1 792 p., 49 euros
épargné dans ce dictionnaire superflu, donc nécessaire, voire
Pendant… c’est plus risqué.
mars-avril 2016
qui se décline en deux volumes, la pianiste et pédagogue de renom propose des morceaux mélodieux de sa composition, permettant de franchir agréablement les difficultés du piano. Aux nombres de cinq ou six dans chaque ouvrage, les partitions, classées par ordre de complexités croissantes, sont accompagnées des aspects techniques et d’interprétations qu’elles font travailler (« substitution de doigt », « musicalité de la main droite », « travail de la musicalité »). D’une qualité pédagogique remarquable, ces livres sont parfaits pour l’apprentissage du piano. www.van-de-velde.fr
uperflu. Vraiment ? Cette 3e édition augmentée du dictionnaire de Pierre Brévignon
PIANISTE n°97 n
pourrait être le credo des quatre recueils de partitions, Pièces récréatives, conçus par Nathalie Béra-Tagrine. Dans la lignée de sa Méthode Tagrine – Mes premières années de piano et de solfège,
Dictionnaire superflu de la musique classique
20 n
lacere et docere »
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CONTEMPORAIN
Deux pièces de Jean Guillou
ESSAI MUSICIENNE & CITOYENNE
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n connaît le fantastique organiste Jean Guillou qui fut, à partir de 1963 et durant des années, à la tribune du grand orgue de Saint-Eustache, à Paris. Né en 1930, ce disciple de Marcel Dupré, Maurice Duruflé et Olivier Messiaen est l’un des grands interprètes du répertoire baroque et classique (il a notamment gravé l’intégrale de l’œu- dédiées au piano. La première est vre de Bach pour orgue). un Nocturne, dans l’esprit de ceux Mais il est aussi – et surtout – de Chopin, avec de longs arpèconnu pour ses improvisations et ges modulants. La seconde est un ses nombreuses transcriptions spec- Impromptu (con fuoco), beaucoup taculaires des partitions orchestrales plus difficile techniquement, utilide Moussorgski, Rachmaninov, sant des contrastes rythmiques et Stravinsky, etc. L’éditeur Schott dynamiques impressionnants. www.schott-music.com Music a réuni deux de ses pièces
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ianiste, accompagnatrice (notamment de Christa Ludwig) et chef de chant auprès de Karajan, Ozawa, Abbado, Barenboïm, entre autres, Françoise Tillard se produit en chambriste au sein du Trio Fanny Hensel. Elle enseigne aussi dans les conservatoires de Paris ainsi qu’à l’université de Stanford, aux États-Unis. Auteure du livre Musicienne & citoyenne, sous-titré « Réflexions sur le métier de musicien et sur l’enseignement de la musique », elle dénonce les non-dits de l’enseignement, de la culture artistique en général, et s’interroge sur la place de l’artiste dans notre société. Au-delà des anecdotes souvent cinglantes – les confidences des grandes voix passionnent –, on découvre un univers musical et un enseignement aux modes de fonctionnement ubuesques. Un petit livre qui tape « juste » et suggère quelques solutions. S. F. La Lettre du Musicien, 108 p., 13 euros
27e Concours International des Grands Amateurs de Piano Demi-finale
Vendredi 8 avril 2016, à 19 h 00 Marie du 16 e - 71 avenue Henri Martin 75016 Paris
Finale
DIMANCHE 10 AVRIL 2016 à 15 h 00 Grand Amphithéâtre d’Assas 92, rue d’Assas 75006 Paris
Réservation Finale
FNAC, ou Concours des Grands Amateurs, 23, rue Raynouard - 75016 Paris (joindre une enveloppe timbrée) Information au 01 47 55 45 20 Tarif : 20 euros pour la finale et 13 euros pour le demi-finale
www.pianoamateurs.com - e-mail :
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À L’AFFICHE
U A E D N A U O J E N I H P L E D
22 n
PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
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CATHY KRIER
Une étoile montante Élue « Rising Star » de l’European Concert Hall Organisation pour cette saison, la jeune pianiste luxembourgeoise se produit dans de nombreuses salles de concert européennes. Elle explore un répertoire exigeant, original, voire élitiste, osant le grand écart entre les compositeurs « classiques » et la musique contemporaine. Elle sort un nouveau disque consacré à Berg, Schoenberg, Zimmermann et Liszt. Rencontre.
V
Votre disque s’achève avec deux pièces de Liszt. N’aurait-il pas été plus logique qu’il débutât avec celles-ci ?
À vrai dire, l’album n’est pas chronologique. Il s’est construit autour des trois pièces de l’opus 11 de Schoenberg. Pour cette raison, je ne voulais pas donner une importance trop grande à Liszt et à ses pièces ultimes, Nuages gris et Unstern, qui sont comme des clins d’œil. Le nom du compositeur est bien souvent associé à des œuvres virtuoses un peu superficielles. Son catalogue est immense, protéiforme et prophétique comme dans la tentative atonale d’Unstern.
nous font oublier la valeur intrinsèque du reste. Avec le temps, on décèle ce qui est important. Votre disque s’ouvre avec la Sonate opus 1 d’Alban Berg. Y voyez-vous une dimension romantique ?
Alban Berg n’est pas un compositeur romantique, ce qui n’empêche pas que sa musique soit d’une très grande expressivité. La Sonate révèle tellement d’apogées, de lyrisme, que le risque, pour l’interprète, est de la jouer, d’un bout à l’autre, « en apnée ». Il est si facile de sombrer dans le kitsch ! Comment l’éviter ?
Le plan thématique de cette Sonate Mais la Sonate en si mineur, si complexe est exposé dans les premières mesures. Il faut décanter les Harmonies poétiques et religieuses ne reflètent-elles le jeu, afin de préserver la clarté du pas aussi une modernité discours, si nécessaire dans une telle sidérante pour leur époque ? opulence sonore. Ne jamais oublier Assurément ! Mais je vous parle des de respirer est une règle. Rhapsodies et des Études d’exécution Diriez-vous que Schoenberg transcendante si excitantes à jouer est davantage un compositeur quand on a 15 ans parce qu’on veut romantique ? montrer qu’on joue vite et fort. Le Le point de départ de son écriture problème d’œuvres si populaires le fut assurément : écoutez La Nuit comme les Rhapsodies, c’est qu’elles transfigurée. Mais quel chemin
CATHY KRIER EN QUELQUES DATES Naissance au Luxembourg 1er enregistrement : Concerto pour piano n°4 de Beethoven, avec l’Orchestre de chambre de Lettonie 1999 Classe de Pavel Gililov, à Cologne 2000 Classe de maître avec Robert Levin 2004 Prix de la Fondation IKB International 2007 Classe de maître avec Dominique Merlet 2008 CD Scarlatti à Dutilleux et Müllenbach (CAvi-music) 2008-2011 Classe de maître avec Andrea Lucchesini 2010 Classe de maître avec Homero Francesch 2013 CD Janácek (CAvi-music) 2014 CD Ligeti, Rameau (CAvi-music) 2015 CD Berg, Schoenberg, Zimmermann, Liszt (CAvi-music) 2015-2016 « Rising Star » de l’European Concert Hall Organisation 1985
1990
jusqu’à l’opus 11, sa première œuvre atonale ! Pourtant, je me dis que celle-ci porte encore les stigmates du romantisme ou que, plus exactement, l’esthétique romantique y est vécue d’une autre manière. Cela signifie également qu’il faut laisser une part de liberté à l’interprète et que le jeu ne doit pas être trop analytique. Comment avez-vous découvert le cycle Enchiridion du compositeur Bernd Alois Zimmermann (1918-1970) ?
C’est Andreas von Imhoff, le directeur du label de disques CAvimusic, qui m’a fait découvrir l’œuvre de ce musicien qui vécut à Cologne, où j’ai passé une grande partie de mes études de musique. Voilà une écriture musicale anachronique ! L’œuvre est complexe et difficile à lire. Elle exprime, pour moi, un déchirement intellectuel et artistique, entre la foi et l’écriture : profondément croyant, Zimmermann se destinait à la religion. Après guerre, dans l’effervescence de l’avant-garde installée à Darmstadt, il s’est remis totalement en question. Les nou velles esthétiques entraient en conflit avec sa foi. Cette dualité perceptible dans sa musique se révèle avec violence. Il est un musicien difficile à cerner, beaucoup moins « logique » que Schoenberg. Est-il plus difficile d’apprendre ces œuvres que le répertoire classique ou romantique ?
Il est clair qu’on ne déchiffre pas ces pièces de Schoenberg et de Zimmermann comme une sonate de Beethoven ! On entre dans un travail intellectuel de longue haleine, car les partitions sont compliquées et, au début, on « râle » un peu… Cela étant, il faut faire preuve d’une rigueur comparable à n’importe quel morceau du grand répertoire. Au fil du temps, je prends de plus en plus de plaisir à faire vivre les structures de ces musiques. Est-ce que la complexité de ces écritures nouvelles laisse autant de liberté à l’interprète qu’une partition « classique » ?
Autant de liberté que pour un nocturne de Chopin ! L’aspect le plus [ mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 23
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À L’AFFICHE CATHY KRIER important est d’apprendre la partition avec la plus grande exactitude. C’est dans un cadre strict que l’on trouve sa liberté. Il me paraît plus facile de trouver une liberté interprétative dans ce type de pièces, car on a moins de références en tête. Dans une sonate de Beethoven, inconsciemment ou non, je peux penser à Brendel ou Gulda. Dans la musique contemporaine, je ne Avez-vous travaillé cherche pas non plus une quelcon- sur des instruments anciens ? que objectivité, puisqu’elle nous est Durant mes études à la Musikhochdonnée dès le départ. Je me l’appro- schule de Cologne, nous avions la prie progressivement. chance d’accueillir le claveciniste du Comment vous est venu ce goût Concerto Köln. Pour les étudiants, pour le répertoire contemporain ? il proposait un cours optionnel dans Je viens d’une famille de musiciens. lequel nous pouvions interpréter notre Ma mère est pianiste, et mon père, répertoire sur instruments anciens : violoniste, écoutait et jouait beau- clavecin, clavicorde, pianoforte, etc. coup de musique contemporaine à Le pianiste d’aujourd’hui vit en effet la maison. Je n’ai pas eu à découvrir un paradoxe, car il ne joue pas sur le siècle dans lequel je vivais. À l’âge de 6 ou 7 ans, mon œuvre préférée était En plein air de Bartók, dans la version de Kovacevitch, que je ne cessais d’écouter. J’ai gardé cette joie de lire des nouvelles partitions et d’acheter des disques. Par la suite, j’ai rencontré des grands musiciens qui m’ont poussée dans cette voie. Il y eut Pavel Gililov, à Cologne, puis Andrea Lucchesini, à Florence.
« L’aspect le plus important est d’apprendre la partition avec la plus grande exactitude. C’est dans un cadre strict que l’on trouve sa liberté. »
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Vous avez également travaillé avec Robert Levin et Dominique Merlet…
Avec Robert Levin, il s’agissait d’une longue classe de maître autour de la Sonate d’Henri Dutilleux. J’ai été frappée par sa gentillesse et son extrême rigueur. Il m’a apporté une chose très précieuse : la confiance en moi-même. Périodiquement, durant plusieurs années, j’ai travaillé avec Dominique Merlet. Son enseignement est plus intellectuel, très cérébral. Il a énormément enrichi mon jeu. J’étais déjà « terminée techniquement », comme on dit dans notre métier, et il m’a donné des éléments de réflexion, d’organisation de travail, de règles d’étude de la partition, sans même toucher le piano. Cela m’a beaucoup aidée, y compris dans l’approche du répertoire contemporain qui n’était pas a priori son domaine de prédilection. 24 n
PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
les instruments pour lesquels Mozart, Beethoven ou Chopin ont composé. Expérimenter les anciens claviers est des plus utiles. Enfant, quand vous débutez au piano, on vous affirme qu’il faut jouer Mozart sans pédales. Vous comprenez pourquoi quand vous vous mettez au pianoforte ! Cette expérience a nécessairement une incidence lorsque vous revenez au piano moderne, y compris en termes de toucher. Par exemple, si
votre attaque des touches est imprécise au clavicorde, vous ne sortez aucun son ! Je ne suis pas spécialiste de ces instruments, mais tous les étudiants devraient les avoir pratiqués. Parlez-nous des compositeurs qui vous attirent aujourd’hui…
Votre question est difficile, car j’ai conscience d’être à un tournant de ma carrière et de vivre aussi une époque de mutations esthétiques. Il y a tellement de bons compositeurs.
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Je peux vous en parler dans le désordre. Je crée une pièce que Wolfgang Rihm a composée à mon intention. Voilà une partition absolument contemporaine et d’une écriture tout à fait classique. J’ai fait l’acquisition des pièces de Pascal Dusapin et j’ai découvert la musique d’Éric Tanguy. Depuis peu, j’écoute de la musique minimaliste. Je cherche également des œuvres qui associent d’autresdisciplines comme la vidéo. À chaque fois, cela représente de nouvelles aventures qui repoussent mes limites. J’aime assez me mettre en danger. Enfin, j’apprécie les compositeurs qui appartiennent à une lignée hongroise, disons post-bartókienne.
vérité, il ne me manque que le temps. De plus en plus de compositeurs prennent contact avec moi. N’y a-t-il pas le danger d’être étiquetée « spécialiste » du répertoire contemporain ?
Aucun risque ! Dans mes concerts, je programme aussi bien Rameau que la Wanderer Fantasie de Schubert et les Valses nobles et sentimentales de Ravel. Je collabore avec des ensembles de musique contemporaine, mais que sur des projets ponctuels. Comment concevez-vous vos programmes ? N’est-il pas compliqué de les équilibrer ?
C’est parfois un véritable casse-tête ! J’ai horreur des récitals qui empilent les chefs-d’œuvre du grand répertoire. Qu’est-ce qui vous attire dans cette musique ? J’ai besoin de donner du sens à ce J’aime son caractère et sa diversité que je fais. D’un autre côté, interrythmique qui est structurée. En préter trois sonates de Beethoven, ce qui est d’une logique parfaite, est tout aussi « indigeste». Pourquoi ne devrions-nous jouer que des pièces majeures ? Toute la difficulté réside dans le consensus : plaire au public, plaire au programmateur et… se faire plaisir ! Il faut donc négocier, car le public est généralement séduit lorsqu’il découvre une pièce de son temps. Tout est affaire de dosage. Les gens ne sont ni stupides ni incultes. Quand l’auditoire est devant soi, on peut aller fort loin. J’apprécie beaucoup de lui parler avant le concert, afin de lui présenter les œuvres. Quels répertoires envisagez-vous de jouer, en dehors de la musique contemporaine ?
U A E D N A U O J E N I H P L E D
Nous avons évoqué Liszt. Je redécouvre Scriabine, que j’ai sous-estimé et qui est dans la filiation ChopinLiszt. Je pense aussi à Szymanowski, injustement méconnu. Voilà deux compositeurs que je garde en point de mire. J’ajouterais Béla Bartók, György Kurtág, ainsi que les Variations Diabelli de Beethoven, qui me fascinent depuis mon enfance, et les sonates de Prokofiev. On les joue bien souvent de manière superficielle, dans une démarche d’exploit technique. Or, la musique de Prokofiev n’est pas aussi simple. www.cathykrier.com
Propos recueillis par Stéphane Friédérich
R E T U O C É À
SON NOUVEL ALBUM Berg : Sonate opus 1 Schoenberg : Pièces pour piano opus 11, 33a, 33b Zimmermann : Enchiridion Liszt : Nuages gris. Unstern! Sinistre CAvi-music LC15080. 2015. 1h11’
A
près deux disques marquants consacrés à Janácek, puis Rameau et Ligeti, la pianiste luxembourgeoise nous propose un nouvel album intrigant. Il interpelle déjà par sa composition, sorte de jeu d’équilibriste entre quatre compositeurs posant le socle d’un piano « nouveau ». « Nouveau » après la vague submergeante du romantisme et le pressentiment lisztien des ultimes opus. Ainsi, la Sonate de Berg paraît plus romantique encore que les deux pièces de Liszt qui dialoguent avec le silence. Cathy Krier extrait la pâte mélodique de l’opus 1 de Berg, jouant de « l’émancipation de la dissonance » , selon la formule de Schoenberg. Son interprétation, claire, incisive, n’est pourtant nullement asséchée. Grâce aux trois opus de Schoenberg, précisément, la dissonance existe par elle-même. Cette scénographie sonore fait écho à l’écroulement des certitudes spirituelles avant la Première Guerre mondiale. Cathy Krier en traduit la puissance avec un lyrisme et une tension sans faille. D’une guerre à l’autre, Enchiridion de Zimmermann enrichit la violence expressive de Schoenberg. Zimmerman envisagea la prêtrise. Sa musique s’inscrit dans le doute et l’angoisse de la foi devenus sensations exacerbées sous les doigts de l’interprète. Elle explore le cycle avec un goût sidérant, un sens orchestral dont ses précédents Ligeti témoignaient déjà. Cette vaste partition est portée par la moiteur inquiétante des harmonies, un malaise né des tensions accumulées (Bartók en filigrane), un contrepoint savant et une ironie « à la Schulhoff », voire « à la Satie ». Les ambiances fauves et souples (quelle maîtrise du rythme!) à la fois émeuvent tant elles paraissent portées par la sincérité de l’interprète. Les deux pièces de Liszt, clins d’œil, rappellent les débuts de « l’histoire », là où tout commença… S. F. Un disque aussi intelligent que sensible.
mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 25
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EN COUVERTURE
JOHANNES BRAHMS
ENTRE
FORCE ET
Attaché comme Schubert à la thématique populaire, doté du sens du lyrisme de Schumann ou encore héritier de Beethoven par la nature structurée mais exaltée de son œuvre, Brahms a trouvé un subtil équilibre entre les formes de composition des grands maîtres baroques et classiques et les élans fougueux du grand romantisme. S’essayant à tous les genres sauf à l’opéra, il a été l’un des musiciens les plus influents du XIX e siècle, défendant une musique pure et durable, à la fois orientée vers l’avenir et imprégnée du passé, à contre-courant des esthétismes de son époque.
26 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
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mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 27
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EN COUVERTURE
I
Il existe une vraie généalogie familiale du piano allemand. Ainsi, Johannes Brahms eut-il un grand-père, Beethoven, et un père, Schumann, avec ce que cela comporte, comme dans toutes les familles, de souvenirs, de poids moral, de culpabilité. De manière significative, l’œuvre pianistique de Brahms débute vraiment en 1851, avec la composition du Scherzo en mi bémol mineur, peutêtre rescapé d’une sonate de jeunesse disparue, suivi de près par la Sonate n°2 – la Sonate n°1, première publiée, viendra un peu plus tard –, au moment même où Schumann, déjà frappé de la maladie mentale qui l’emportera quatre ans plus tard, commence à jeter ses derniers feux (après 1854, il cessera de composer). Le Scherzo adopte une forme assez classique (A.B.A.C.A.), avec deux trios. Le ton pourrait être qualifié de « démoniaque », tant l’œuvre est marquée par le caractère grinçant de nombreuses pièces romantiques.
JOHANNES BRAHMS
« Dans un thème, c’est à vrai dire presque seulement la basse qui compte pour moi, mais celle-ci m’est sacrée, c’est le terrain ferme sur lequel je bâtis mes histoires. »
Le poids du passé La Sonate n°2 en fa dièse mineur pose d’emblée la question qui caractérise toute l’œuvre de jeunesse de Brahms et causera vraisemblablement l’interruption de sa production pianistique pendant une trentaine d’années : comment succéder à Beethoven et à Schumann ? Le premier était resté globalement fidèle à la sonate, le genre hiérarchiquement dominant dans la musique pour piano depuis le début de siècle, en faisant évoluer à la fois sa forme et son contenu. Le second avait reposé le problème en tentant, avec plus ou moins de succès, d’infuser au contenu classique de la forme sonate une liberté de ton, une imagination poétique, bref, une Phantasie à laquelle cette forme ne se prédisposait pas. On en était donc là, consciemment ou non, en 1852. Dans ses deux premières sonates, Brahms tente de respecter le cadre académique, non sans utiliser un matériau particulièrement riche. Ainsi, le 1er mouvement de l’opus 2 est-il particulièrement riche thématiquement et, au contraire de Beethoven qui faisait beaucoup avec un matériau concis, Brahms semble 28 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
jeter les idées au vent, sans guère où il fait la connaissance de Robert penser à les exploiter. On retrou vera et Clara Schumann. Il respecte les cette profusion dans le finale, com- cadres formels traditionnels de la posé d’une introduction suivie forme sonate. Mais plusieurs épid’un Allegro non troppo e rubato, où sodes : le développement du 1er moula richesse du matériau mélodi- vement, le deuxième thème du 2e que est telle que l’on perçoit mal la (piu lento, dolcissimo) et tout le 4e mouforme conventionnelle. Pour autant, vement s’apparentent plutôt aux Brahms n’a pas oublié le modèle bee- « pièces de caractère » de formes et thovénien, très « économique ». Le de contenus plus libres et rappellent, par exemple, le ton des Impromptus de Schubert. Mieux, il fait éclater les cadres classiques en construisant la Sonate en cinq mouvements, dont le 4 e, intitulé Rückblick (Retour en arrière), constitue un second mou vement lent, qui reprend le premier thème du 1er mouvement en lui conférant un caractère non plus lyrique mais funèbre. Le Scherzo est doté du caractère rustaud d’un Johannes Brahms Ländler avec un trio plus lent et particulièrement lyrique. Quant mouvement lent et le scherzo s’ouvrent au finale, c’est un rondo trithémasur une même figure de quatre notes. tique plein d’allant et de puissance, Surtout, l’on sent un constant fré- dont le troisième thème possède missement, un bouillonnement d’une la carrure d’un choral – toujours emphase parfois proche de Liszt, le poids du passé. plus que de Schumann. C’est peutêtre déjà le poète épique des futures L’obsession de la variation Ayant renoncé à la sonate, Brahms Ballades qui parle. La Sonate n°1 (en fait, la deuxième) compose d’abord des variations. s’ouvre sur un thème vigoureux qui La première série (opus 9) se fonde reproduit le rythme du premier sur une des Bunte Blätter (Feuilles thème de la Sonate « Hammerklavier » multicolores) de Schumann et date de Beethoven. Hommage ? Obses- des jours tragiques où l’on doit inter sion involontaire ? Manière de conju- ner Robert, après qu’il s’est jeté dans rer le grand aïeul ? De même, bien le Rhin. Le thème y est généralement plus tard, le thème du finale de la méconnaissable, mais Brahms fait Première symphonie évoquera celui preuve d’une logique déductive absode l’Ode à la joie. Le centre de gravité lue dans la conduite de sa composide la Sonate, c’est le mouvement lent tion. Chaque élément du cycle est à variations (sur une vieille chanson). logiquement lié à un élément du Voilà déjà notre futur poète des thème et le développe avec une proVolkslieder fasciné par le folklore digieuse imagination, une grande allemand. En composant des varia- maîtrise harmonique et contrapuntions non ornementales, qui ne se tique. Outre cet aspect technique, contentent pas d’enrober le thème l’opus 9 est une tentative d’absorpde figures virtuoses, Brahms s’inscrit tion de la personnalité musicale de dans la tradition de la grande varia- Schumann. On sait que celui-ci avait tion structurelle, celle des Variations inventé deux personnages, Eusébius Goldberg et Diabelli, dont on trouve et Florestan, pour définir sa peraussi des exemples dans les Sonates sonnalité. Brahms répartit ses opus 106, 109 et 111 de Beethoven. 16 variations entre Brahms (c’est lui !) Brahms entame immédiatement une et Kreisler (le maître de musique Sonate n°3 en fa mineur opus 5, qui imaginé par E.T.A. Hoffmann, pousse à l’extrême les contradictions qui avait inspiré à Schumann ses qui le tiraillent, au moment même Kreisleriana ). Kreisler, c’est un peu
JOHANNES BRAHMS EN QUELQUES DATES Naissance à Hambourg, en Allemagne, le 7 mai 1848 Début d’une carrière de pianiste 1851 Scherzo en mi bémol mineur, 1re pièce pour piano 1853 Tournées avec le violoniste Eduard Reményi 1854 4 Ballades opus 10. Premières séries de variations 1857-1859 Directeur de la musique à Detmold, en Allemagne 1859 Achèvement du Concerto n°1 pour piano, débuté en 1854 1862 Installation à Vienne 1863 Variations Paganini opus 35 1869-1880 21 Danses hongroises 1877 Première symphonie opus 68 1878 8 Klavierstücke opus 76 1881 Concerto n°2 pour piano 1892-1893 Fantaisies, Intermezzi, Klavierstücke… 1897 Mort à Vienne, le 3 avril 1833
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E G A M E E L / I N I T S O G A E D
Hoffmann, beaucoup Schumann. Kreisler versus Brahms, c’est le premier romantisme et son bouillonnement face au second, plus apaisé. Brahms reviendra à la variation à quatre reprises ; six même, si l’on inclut la transcription de l’ Andante con variazioni du Sextuor à cordes n°1 opus 18, dédié à Clara Schumann, et les Variations sur un thème de Haydn opus 56 pour deux pianos, qui trouveront leur achèvement dans la version orchestrale bien connue. Les Variations sur un thème hongrois opus 21 n°2 sont exactement contemporaines des Ballades. Brahms le Nordique a toujours été sensible aux musiques d’Europe centrale (sans véritable travail ethnomusicologique, toutefois). Le thème est bien hongrois, avec son alternance de mesures ternaires et binaires, et si le cycle s’achève par une brillante csárdás, le propos compositionnel de Brahms
Ci-dessus : Brahms
dans la bibliothèque de sa maison, à Vienne. Ci-dessous : Beethoven, qui inspira tant Brahms, en train de composer la Missa Solemnis en 1820.
C I L B U P E N I A M O D
n’est pas fondamentalement différent de celui des autres Variations. Il semble que la Hongrie lui ait suggéré surtout des carrures rythmiques nou velles, ainsi qu’un certain brio. Il n’en délaisse pas pour autant la rigueur de composition des œuvres antérieures, avec leurs superpositions de rythmes binaires et ternaires. Les Variations sur un thème original opus 21 n°1 sont conçues fin 1856, début 1857, alors que Brahms a été engagé à la cour de Detmold. Comme dans les Variations opus 9, mais de manière plus rigoureuse encore, il y approfondit la notion de variation structurelle. C’est à propos de cette œuvre qu’il écrit : « Dans un thème, c’est à vrai dire presque seulement la basse qui compte pour moi, mais celle-ci m’est sacrée, c’est le terrain ferme sur lequel je bâtis mes histoires. » Voilà pourquoi le « dessus » du thème est méconnaissable. Mais cette
prédominance de la basse, c’est l’esprit même de la chaconne – et l’on sait le prodigieux usage que Brahms fera de cette forme baroque dans le dernier mouvement de sa Quatrième symphonie près de trente ans plus tard. Nous tenons là l’un de ses principes compositionnels les plus constants et les plus fondamentaux. Composées en 1861, les Variations sur un thème de Schumann pour piano à quatre mains opus 23, dédiées à Julie Schumann, sont peu connues, mais peuvent révéler, à qui les travaille, quelques secrets de la sensibilité brahmsienne. Le thème est celui que Schumann crut s’entendre dicter par des anges, peu avant que sa raison ne sombre définitivement. Brahms a donné à ses variations un ton intimiste, la dixième et dernière sonnant comme une marche funèbre. De la même année, les Variations et fugue sur un thème de Haendel [ mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 29
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JOHANNES BRAHMS
pour piano seul de Brahms. Un projet titanesque auquel il était en train de réfléchir tant en termes d’organisation que d’interprétation ou de choix du piano. Il lui a fallu plus d’un an pour le réaliser. Son intégrale sort ce mois-ci. L’occasion de recueillir ses impressions et de comprendre ses choix. perception des œuvres change invariablement avec le temps. J’aime le piano d’aujourd’hui, mon piano. Je suis aussi très marqué par les enregistrements sur piano moderne de Lupu, d’Arrau et de Katchen. Quel piano espérez-vous?
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N I T R A M D R A N R E B
NOVEMBRE 2014I Quel est votre état d’esprit avant l’enregistrement de cette somme musicale?
Je contemple un travail… énorme! Brahms a été au centre de mes préoccupations pendant assez longtemps et exclusivement pendant plus d’une année. Cela a signifié une diète de récitals pour me consacrer pleinement à ce projet. Délicat de ne pas faire de concerts, mais la liberté d’avancer sans échéance de scène m’a permis de vivre sans autre question que de me donner pleinement à cet univers. L’enregistrement est l’aboutissement d’années consacrées à cette musique. Avoir joué toute l’œuvre me la fait percevoir différemment. Elle a eu le temps de mûrir, même si je n’ai abordé que récemment la Sonate n°1, si peu interprétée, et pourtant d’une énergie fantastique. Avez-vous aussi travaillé à partir de fac-similés?
Absolument! Relire tous les manuscrits autographes à notre disposition est des plus instructifs. Brahms possède un esprit remarquablement structuré. Il écrit quand l’œuvre est prête en lui. Il sait exactement où il va, même quand il utilise (abondamment) la variation! 30 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
Existe-t-il une ou plusieurs œuvres qui vous paraissent, dans cette somme, d’une valeur inférieure aux autres?
Le fait que des pièces soient par nature moins « profondes » que d’autres ne les rend pas moins géniales! Chez Brahms, on ne peut rien retrancher. Comment organiserez-vous l’enregistrement?
Nous avons prévu trois sessions de cinq jours avec un planning d’enregistrements précis. Je commencerai probablement par les Ballades opus 10. Quel lieu avez-vous choisi?
Le Théâtre des Quatre-Saisons, à Gradignan, dont l’acoustique est magnifique. Une unité sonore est essentielle pour mener à bien un tel projet. Je remercie chaleureusement Marie-Michèle Delprat [la directrice du théâtre, ndlr] pour ce fabuleux partenariat. Avez-vous été tenté par un piano ancien?
Pour moi, l’approche « historique » est un faux débat. Je ne conteste pas l’intérêt de jouer sur des instruments anciens – j’admire la démarche d’Alexander Melnikov qui a gravé des Brahms sur un vieux Bösendorfer –, mais notre
Pour Brahms, le choix de l’instrument se révèle assez compliqué. Il est nécessaire que le son soit énergique et large dans les pièces de jeunesse. Il faut aussi que le piano possède les harmoniques les plus riches qui soient et que la pédale tonale soit réglée avec le plus grand soin. Enfin, quand on dispose du piano, de l’acoustique et de l’équipe « idéale », il faut se dire que d’autres facteurs que l’on ne maîtrise pas interviendront. Ce sera alors l’heure des choix.
JANVIER 2016I Quel est votre sentiment après votre « aventure Brahms »?
Heureux! Heureux d’avoir vécu avec cette musique et d’avoir fait des rencontres humaines et artistiques exceptionnelles avec l’équipe de l’enregistrement. Le fait d’avoir travaillé dans un lieu isolé où chacun était totalement disponible a été très stimulant. Musicalement, j’ai découvert des choses passionnantes. Avez-vous modifié le programme de vos enregistrements?
Au départ, je ne souhaitais pas inclure les transcriptions des Valses et des 10 Danses hongroises, ni les variations du Sextuor opus 18. Finalement, j’ai choisi de les enregistrer, car elles sont de la main de Brahms. Ce n’est pas le cas de la Chaconne, par exemple [extraite de la Partita pour violon n°2 de J. S. Bach, ndlr] . Comment s’est déroulé l’enregistrement?
J’ai commencé par les Ballades, ce qui était prévu, puis tout a été enregistré par ordre chronologique, comme dans la présentation finale du coffret. Le planning a été tenu sans stress, mais avec des grosses journées de travail! Quel piano avez-vous choisi?
Mon choix s’est porté sur un Steinway & Sons de chez Régie Pianos. Un piano sublime (n°588316) réglé par François-Xavier Soulard et Laurent Bessières. Plusieurs réglages ont été effectués,
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une fois que le piano a pris la température et l’hygrométrie du lieu quelques jours avant l’enregistrement. J’ai souhaité certaines modifications, notamment pour les Variations Paganini, qui méritent un instrument plus réactif. Recherchiez-vous une prise de son particulière? Il fallait préserver la plus belle attaque dans une acoustique pas trop proche mais parfaitement définie. Ce fut une décision collective, prise en fonction de nos sensations dans la salle, au casque et devant les enceintes. Jean-Marc Laisné a réalisé une balance comme il sait si bien le faire. Avez-vous modifié votre interprétation au cours de l’enregistrement? Une interprétation n’est jamais figée. Le rôle du directeur artistique [Jean-Marc Laisné, ndlr] est très important, et j’ai pris le parti de m’appuyer sur son écoute pour avoir une liberté de concentration exclusivement centrée sur la musique. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si ce que je jouais était bien. J’ai fait du mieux que j’ai pu en vivant très intensément ces moments privilégiés. Être entouré de gens de cette valeur porte littéralement. Grâce à votre perception exhaustive de l’œuvre, ressentez-vous des ruptures dans l’écriture de Brahms? Pas nécessairement des ruptures. Entre les Ballades opus 10 et l’opus 119, les idées musicales sont proches, d’une énergie comparable. Ailleurs, dans les variations, nous avons des évolutions très importantes. J’ai le sentiment que la pensée musicale de Brahms n’a cessé d’enrichir une matière expressive pourtant unique. Son piano est orchestral, symphonique, « plein ». Il possède des sommets de complexité harmonique et rythmique comme dans les Klavierstücke opus 76 ou les Variations sur un thème de Paganini – on y trouve des concepts rythmiques proche de Ligeti! Les dernières partitions tendent progressivement à l’épure. Mais, chez Brahms, l’épure ne diminue en rien la fécondité harmonique. Voyez-vous une descendance musicale au piano de Brahms? Une histoire diffuse, indirecte. Après, c’est une autre « Histoire » dont il s’agit… peut-être est-elle de ceux qui la revendiquent? Propos recueillis par Stéphane Friédérich Lire la chronique du CD page 66.
À NE PAS MANQUERI 5 AVRIL PIANO À LYON 23 AVRIL CHÂTEAU DE MAINTENON 28 AVRIL THÉÂTRE DE DREUX 19 MAI SALLE GAVEAU, À PARIS 19 JUIN FESTIVAL CHOPIN DE NOHANT
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opus 24 sont beaucoup plus connues, plus complexes que l’opus 23 et d’aspect peut-être moins intimidant que les opus 9 et 21 n°1. Cela tient d’abord à la beauté, toute simple d’ailleurs duThème de Haendel, une aria tirée d’une de ses Suites (Lessons) de 1733. Ce choix marque bien la volonté de Brahms de s’inscrire dans la filiation des grands compositeurs du siècle antérieur. Comme dans l’opus 9, il choisit de composer des variations sur la structure harmonique du thème, mais pulvérisant tous les procédés académiques, il fait preuve, au travers des 25 variations, d’une imagination débordante. Il varie constamment le ton, les couleurs, le discours même, passant de tournures à l’ancienne (n°22) et de moments mystérieusement schumanniens (n°5 et n°6) à une virtuosité débordante (n°10 et n°17). Mieux que dans les cycles antérieurs, Brahms a su concilier deux exigences contraires : conserver à chaque variation le caractère singulier d’un petit Klavierstück et ménager une gradation générale. Le ton s’élève peu à peu, surtout après la charmante Musette n°22, pour atteindre [
Brahms marchant dans les rues de Gmunden, en Autriche.
dans la dernière variation une péroraison grandiose en forme de carillon, qui débouche sur une grande fugue à quatre voix où seuls les pianistes les plus doués peuvent faire sonner le piano comme un grand orgue.
Exploration musicale On considère généralement les quatre Ballades opus 10 de Brahms, surtout la première, comme une paraphrase de la ballade Edward de Herder, racontant une sombre histoire d’un parricide. Pourtant, si l’atmosphère est sombre, voire fantastique, et que dans la première Ballade, on peut entendre comme une évocation en trois temps (Andante, Allegro ma non troppo, Allegro) du dialogue entre Edward et sa mère à qui il avoue son meurtre, on doit surtout admirer la manière dont chacune des quatre pièces est agencée, la première en trois sections au tempo de plus en plus serré, la deuxième en arche (A.B.C.B.A.), la troisième en forme de scherzo avec trio, la dernière [ mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 31
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[ en deux sections répétées avec des variantes, mais qui donne l’impression d’une longue méditation sereine, d’une mélodie infinie hésitant entre majeur et mineur, sur des harmonies complexes et un peu brouillées. À la même époque, Brahms transcrit des pièces de grands maîtres ou compose des œuvres « à la manière de» : une Sarabande en la mineur (1854), deux Gavottes (1855), une Gigue en la mineur (1855), une Sarabande en si mineur (1855), sans compter des cadences pour des concertos de Mozart (K466 et K491) et Beethoven (opus 37). Par la suite, il reviendra à plusieurs reprises à de tels travaux, dont le plus célèbre, souvent enregistré à l’époque du 78 tours, reste la transcription de la Gavotte d’Iphigénie en Aulide de Gluck. Toute sa vie, d’ailleurs, il s’est passionné pour les maîtres anciens, réalisant par exemple des éditions de Haendel et Couperin. Suivent quatre années d’interruption de la composition pour piano, qui verront – ce qui n’est pas rien – la naissance de l’immense Concerto n°1 en ré mineur, qui est également son premier essai symphonique.
16 valses opus 39 de 1867.
Seize morceaux «nobles ou sentimentaux » enchaînés dans une délicieuse suite de viennoiseries. Brahms les a conçues pour piano à quatre mains, mais en a publié aussi deux versions pour piano seul, l’une plus ardue, l’autre simplifiée – mais les trois peuvent donner bien du plaisir. Si la quinzième est la plus populaire, il serait dommage de ne jouer qu’elle. On sait que Brahms, impressionné par la statue du Commandeur que représentaient les symphonies de Beethoven, repousse depuis longtemps le projet d’écrire une symphonie. Il va s’y résoudre, mais la symphonie prévue est transformée en un quintette à cordes qui ne le satisfait pas et devient à son tour une Sonate pour deux pianos en fa mineur opus 34b,
Pianiste virtuose
En 1862, un an après la composition des Variations Haendel, Brahms s’installe définitivement à Vienne où il a été nommé chef de chœurs de la Singakademie. Mais il entend bien se faire connaître aussi comme pianiste virtuose. C’est ainsi qu’il faut comprendre la composition des deux cahiers des Variations sur un thème de Paganini, qu’il entreprend dès son arrivée et complétera l’année suivante. Comme, plus tard, Rachmaninov, il aborde le thème du 24 e caprice en la mineur de Paganini, que le célèbre violoniste avait luimême traité en variations. Le style de l’œuvre est très différent des variations précédentes. C’est une pièce très technique et de virtuosité transcendante (les Haendel aussi, mais la haute voltige pianistique s’y affirmait moins). Brahms y reste lui-même et sait ménager, dans la coulée de lave virtuose, des moments de poésie plus discrète (notamment 32 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
qu’il crée avec Tausig en 1864. Cette fois, c’est Clara Schumann qui fait part de ses réticences et la Sonate trouva sa forme définitive : c’est le Quintette pour piano et cordes en fa mineur opus 34, l’une de ses œuvres les plus célèbres. Certains pianistes, tels que Martha Argerich, continuent cependant de jouer la Sonate pour deux pianos, imposant monument de quarante minutes à la puissance toute symphonique. Les Danses hongroises (sans numéro d’opus), conçues pour piano à quatre mains mais disponibles sous d’autres versions, sont publiées en quatre cahiers, deux en 1869, deux autres en 1880, mais leur composition est, pour certaines, beaucoup plus ancienne. Brahms y mêle sans rigueur des danses de diverses origines (magyares, tziganes, roumaines), et certains thèmes, qu’il a adaptés et amplifiés, sont l’œuvre de compositeurs hongrois aujourd’hui peu S E G A M I G K A
les rares variations en mode majeur). On voit passer fugitivement les harmonies brouillées chères à Brahms (I, 4), la nostalgie du XVIIIe siècle (I, 3), des rythmes « hongrois » (I, 13) ou des pages expressives à la limite de la sentimentalité (II, n°12). Mais l’impression d’ensemble reste toutefois celle d’une œuvre de haute école. D’ailleurs, à la même époque, Brahms rédige ses 51 exercices, qu’il publiera en 1893, et qui n’ont évidemment pas vocation à être donnés en récital, mais qui constituent un bréviaire du piano. Brahms recommande tout de même à Clara Schumann de les faire travailler avec modération à ses élèves, car ils pou vaient « causer des dégâts aux mains » . Clara sélectionne donc quelques pièces parmi les plus jouables. Le pianiste moyen éprouvera évidemment moins de difficultés avec les
Double portrait de Clara et Robert Schumann, auxquels Brahms fut très lié. Daguerréotype, 1850.
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connus. Ces pages d’écoute facile témoignent de son intérêt pour les musiques populaires, qui remonte à l’époque où il se produisait avec son ami, le violoniste Eduard Reményi, quand les musiques nationales étaient à la mode. Libre création Jusqu’en 1878, Brahms ne publie rien pour le piano, mais ce retour est l’occasion de repenser de fond en comble son approche de l’instrument. Plus de référence directe aux formes du passé, mais une libre création de pièces plus ou moins courtes où s’exprime toute sa sensibilité. Ce fut d’abord les 8 Klavierstücke opus 76, dont le premier au moins existait depuis déjà plusieurs années. Le terme de « Klavierstück » (pièce ou morceau pour piano) n’engage à rien. Ceux qui composent ce cycle (qui n’a pas forcément vocation à être joué en entier) se répartissent en capricci et intermezzi (ce qui n’est pas beaucoup plus explicite). Les Capricci n°1, n°2, n°5 et n°8 sont des pièces de caractère généralement passionné et parfois houleux (mais pas toujours, le n°2 possédant une
suivante, les deux Rhapsodies en si mineur et sol mineur opus 79 sont de plus vastes dimensions que les Klavierstücke et, par leur caractère sombre et emporté, nous ramènent à l’esprit « nordique » des Ballades, mais avec toute la sophistication harmonique acquise depuis. Les structures sont rigoureuses, A.B.A.’ pour la première, All egr o de sonate à quatre (!) thèmes pour la seconde. L’esprit rhapsodique réside dans le foisonnement des idées et l’originalité des parcours harmoniques, en particulier dans le long développement de la Rhapsodie en sol mineur .
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L’apogée solitaire Nouvel intermède jusqu’en 1892, Brahms ne confie plus rien au piano seul (ce n’est pas le lieu de traiter le Concerto n°2, ni les œuvres de musique de chambre avec piano). Au cours des étés 1892 et1893 qu’il passe dans la station de Bad Ischl, il compose quatre suites, 20 pièces en tout, qui couronneront son œu vre. Il a désormais pris congé avec toute référence à Beethoven et Schumann. Éloigné des puissantes structures dramatiques du premier
Éloigné des puissantes structures dramatiques de Beethoven et des confessions extraverties de Schumann, il cisèle des pièces brèves, au ton le plus souvent élégiaque, parsemées de quelques éruptions violentes. grâce schubertienne). Les Intermezzi n°3, n°4, n°6 et n°7 nous mènent au cœur de l’intimité brahmsienne, des pages tout intérieures et poétiques. Dans les deux cas, si la forme globale est toujours simple (bi ou tripartite), l’écriture est extrêmement travaillée, d’un contrepoint très riche mais jamais académique, l’harmonie fait parfois l’objet d’un jeu de cachecache avec l’auditeur, comme dans le Capriccio n°8 où la tonique « officielle » d’ut majeur se fait longtemps attendre. Composées l’année
et des confessions extraverties du second, il cisèle des pièces brèves, au ton le plus souvent élégiaque, parsemées de quelques éruptions violentes. Les 7 fantaisies (Fantasien) opus 116 reprennent le principe des Klavierstücke opus 76, avec leur alternance de Capriccio n°3 et d’ Intermezzo n°4, mais cinq des sept sont en mode mineur. On entend encore l’écho des ballades nordiques dans les trois Capricci, notamment celui en sol mineur, où Brahms reprend le matériau d’une composition [
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[ inédite des années 1850. Les Intermezzi expriment, en revanche, une poésie automnale, avec des contours harmoniques brumeux, notamment dans le n°5 en mi mineur aux climats étranges, que l’on a pu comparer aux mystérieuses dernières compositions de Liszt. Dans tous les cas, on ne peut oublier que Johannes Brahms fut t oujours un grand contrapuntiste. L’opus 117, encore moins démonstratif, comprend seulement trois Intermezzi de caractère lent et rêveur. Les pièces, un peu plus longues que dans le recueil précédent, évoquent des climats de plus en plus étranges, des éclairages entre chien et loup. Une dernière fois, mais sans le brio de jadis, Brahms semble évoquer les musiques hongroises dans la troisième pièce dont le thème rappelle le finale de la Troisième symphonie, mais en plus lent, comme perdu dans le lointain.
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Brahms dans ses jeunes années.
Composés pendant l’été 1893, les 6 Klavierstücke opus 118, tous classiquement organisés selon une forme A.B.A., comprennent quatre Intermezzi, une Romance et une Ballade. Deux références à des genres romantiques. Brahms n’avait plus composé de ballade depuis l’opus 10. Celle-ci, en sol mineur, est plus brève, mais rappelle par son énergie héroïque le style de sa jeunesse. Quant à la Romance en fa majeur, elle se rapproche effectivement du lied par son thème très cantabile. Bien que Brahms ait qualifié ces derniers opus de « berceuses de ma douleur », son romantisme est moins autobiographique que celui de Schumann ou de Liszt. Il s’agit ici moins d’une expression que d’un climat. Nous sommes à la fin du siècle et l’on évolue d’une certaine manière vers une esthétique de l’impression.
QUEL COFFRET CHOISIR ? L’œuvre pianistique de Brahms a donné lieu à quelques intégrales, relativement peu nombreuses par rapport à d’autres compositeurs, et à plusieurs anthologies. Voici la sélection de Pianiste .
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R E T U O C É À
a plus classique est celle de Julius Katchen, phénomène pianistique prématurément disparu qui, dans les années 1960, réalise un ensemble cohérent où il laisse de côté, quand nécessaire, sa poigne d’acier et sa virtuosité transcendante, pour ne conserver qu’un piano très poétique (Decca). Moins connu, Peter Rösel représente une certaine tradition germanique caractérisée par une grande puissance et une imagination fantastique qui le sert dans les pages « nordiques » : Scherzo, Ballades, les Capricci des Klavierstücke (Edel). Gerhard Oppitz, qui fut le disciple de Wilhelm Kempff et connut une grande notoriété dans les années 1990. Son intégrale est également très « germanique », si l’on entend
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par là qu’elle privilégie la solidité de la construction, la puissance, mais pour les ambiances poétiques des derniers opus, il n’égale pas son mentor (RCA). L’intégrale d’Idil Biret comprend les Concertos (Orchestre de la radio polonaise, direction Antoni Wit). La pianiste est la seule à avoir enregistré les 51 exercices pédagogiques. L’ensemble est un peu inégal, le meilleur se trouvant dans les pages de grande virtuosité (Naxos). Marie-Josèphe Jude (Lyrinx) a récemment ajouté à son intégrale les Variations Haydn et la Sonate pour deux pianos avec Jean-François Heisser. On sent à quel point elle se passionne pour cette musique qui la suit depuis longtemps et qui s’accorde à sa sensibilité.
Nima Sarkechik a débuté une étonnante intégrale en concert. D’une vie intense, elle est totalement à part, jusque dans le choix de l’instrument (Le Triton). Enfin, Geoffroy Couteau publie une remarquable intégrale (La Dolce Volta) (lire son interview page 30). Andrea Bonatta est le seul à avoir enregistré son intégrale sur un piano d’époque, un Steinway de la fin du XIXe siècle, ce qui modifie notablement la perspective et le rendu sonore. Ces enregistrements, aujourd’hui indisponibles, firent sensation il y a déjà un quart de siècle (Astrée Auvidis). Toujours sur un instrument d’époque, ceux de Paul Badura-Skoda (opus 117 à 119) ne sont plus, eux non plus, disponibles. De très nombreux interprètes ont enregistré des anthologies Brahms
plus ou moins abondantes. Parmi les grands anciens, il existe une remarquable anthologie d’enregistrements de Wilhelm Backhaus, caractéristiques par leur esthétique sobre et presque antiromantique, réalisés entre 1929 et 1936, essentiellement des Klavierstücke, mais aussi des Valses (Music & Arts). RCA a réuni tout le legs brahmsien d’Arthur Rubinstein en un coffret de 9 CD où l’on trouve essentiellement les Concertos (n°1 avec Reiner, n°2 avec Krips) et beaucoup de musique de chambre, mais aussi la Sonate n°3 et de nombreuses pièces brèves. Très belle sonorité, beaucoup de charme et de spontanéité. Rudolf Serkin est surtout célèbre pour ses concertos, mais il a gravé une magnifique version
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Les 4 Klavierstücke opus 119 restent dans le même style. Le troisième Intermezzo en ut majeur, grazioso e giocoso présente cependant un caractère tout à fait différent des précédents. C’est même la seule pièce quelque peu enjouée des quatre cycles, au ton quasi scherzando, en dépit des harmonies un peu fuligineuses de la conclusion où le rythme semble se dissoudre. Le dernier numéro, une puissante Rhapsodie en mi bémol majeur, de caractère assez symphonique, rappelle une dernière fois les épopées nordiques de jadis. Brahms héroïque et nordique, avec une sonorité qui évoque évidemment l’orchestre. Jacques Bonnaure
Partition manuscrite de la Sonate n°2 que Brahms dédicaça à Clara Schumann.
des Variations sur un thème de Haendel, rééditée en complément du Concerto n°1 dirigé par Szell (Sony). Wilhelm Kempff a beaucoup pratiqué Brahms. On trouve très aisément dans le commerce diverses éditions des Klavierstücke opus 76 et 116 à 119 ), des Ballades, des Rhapsodies, de la Sonate n°3, sous label Decca ou DG. De tous les pianistes, c’est lui le plus sensible aux climats intimistes du dernier Brahms. Walter Gieseking donne de la spontanéité à ses Rhapsodies opus 79 et aux Klavierstücke opus 76, 116, 118 et 119, mais on lui préférera Kempff. Claudio Arrau, outre les concertos qu’il a abordés deux fois (avec Giulini et Haitink), ne s’est intéressé qu’aux opus de jeunesse de Brahms
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(Sonates n°2 et n°3, Scherzo, Ballades, Variations Haendel et Paganini ). Le son est grandiose,
sculptural, l’interprétation, profonde. Loin de l’intimisme de Kempff, de la distanciation de Serkin et de Backhaus, des réalisations capitales. Les nombreux enregistrements de Sviatoslav Richter sont dispersés en une foule de publications. Pour se faire une idée de son art à la fois objectif et très pensé, on ira découvrir un CD d’enregistrements tchèques (Sonates n°1 et n°2, Variations opus 21 n°2, divers Klavierstücke ). Vers la fin de sa vie, Glenn Gould a choisi de n’interpréter que les Intermezzi des derniers opus, dont il fait autant d’études contrapuntiques, négligeant tout ce que l’on y cherche
habituellement. C’est fascinant de précision et de sobriété, mais ce n’est pas là tout Brahms (Sony). Il vaut mieux se tourner alors vers Radu Lupu (opus 79, 117 à 119), récemment réédité avec tous ses enregistrements Decca, chez qui l’on retrouve le charme, la beauté sonore et la profondeur. Ou vers Stephen Kovacevich, lui aussi republié en gros coffret, qui a magnifiquement réussi les Variations Haendel , les opus 76 et 116 à 118, les Ballades et le Scherzo (Philips). Ou vers le Brahms très complet d’Ivo Pogorelich (opus 79 et 117, opus 76 n°1 et 118 n°2 (DG). Qui met en avant la beauté sonore, un peu hédoniste mais tellement maîtrisée ira la chercher chez Murray Perahia avec ses Variations Haendel, Rhapsodies, Pièces opus 118 et 119 (Sony).
Hélène Grimaud, outre deux versions du Concerto n°1 (Sanderling et
Nelsons), a publié un extraordinaire recueil des opus 116 à 119 (Erato) et s’affirme comme l’une des grandes brahmsiennes du moment. Parmi nos contemporains, Inger Sœdergren a beaucoup séduit avec son récital chez Calliope (opus 5, 116 et 119). Signalons encore quelques parutions plus ou moins récentes de pianistes actuels : les Danses hongroises (version pour piano seul) par Cédric Tiberghien (Harmonia Mundi), les Ballades et Pièces opus 76 par Alice Ader, subtiles et dépouillées (Accord), ou les Variations opus 21 n°1, Rhapsodies opus 79 et Pièces opus 76 et 117 par Adam Laloum (Mirare), qui peut évoquer J. B. les mânes du grand Kempff.
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REPORTAGE
PETROF
L’EXCELLENCE EST DANS SES CORDES
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Créée il y a plus de cent cinquante ans, la petite firme familiale est devenue un des grands facteurs de pianos européens. Celle-ci a su s’imposer grâce à la très haute qualité de sa fabrication artisanale, son amour du détail et son positionnement haut de gamme. Visite de l’usine à Hradec Králové, en République tchèque, le berceau de l’entreprise.
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Hradec Králové, en République tchèque, à une centaine de kilomètres de Prague, est une ville dont l’essor est intrinsèquement lié depuis plusieurs décennies à la manufacture de pianos. Un certain nombre de firmes y sont en effet installées, comme Petrof, et ce depuis cinq générations aujourd’hui. Antonín Petrof (1839-1915) y fonde sa société en 1864. Après avoir appris le métier de menuisier avec son père Jan, il part à Vienne en 1857 pour se former à la fabrication de pianos, sa passion, auprès de Johann Heitzman, son oncle, puis d’Ehrbar et de Schweighofer, deux grands 36 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
maîtres autrichiens. De retour au pays en 1864, il conçoit dans l’atelier de son père un premier modèle doté d’une mécanique viennoise ; atelier qui sera déplacé dix ans plus tard sur la route de Brno, où seront également produits des harmoniums. Dès 1875, Petrof est le premier Européen à utiliser un cadre en fonte et une mécanique anglaise sur des pianos à queue. Il crée une filiale, en 1880, à Timisoara, rattaché à l’époque à la Hongrie. À partir de 1881, il fabrique ses propres claviers et mécaniques de pianos et, deux ans plus tard, il inaugure une nouvelle unité de facture de pianos droits.
1. L’immense site de production de Petrof. 2. Le plus grand bâtiment de l’usine comporte quatre niveaux et s’étend sur 150 m.
En 1895, Petrof commence à exporter, notamment à Vienne, et, en 1899, il est nommé « Fournisseur de la Cour d’Autriche-Hongrie » par l’empereur François-Joseph, ce qui renforce considérablement sa notoriété. En 1908, il transforme son atelier en une société anonyme commerciale, avec Marie Petrofova, son épouse, comme fondée de pou voir. Les trois fils issus de leur union (Jan, Antonin Jr., puis Vladimir), eux, en prennent la direction. À la mort d’Antonín Petrof et de Marie Petrofova en 1915, en pleine Première Guerre mondiale, Vladimir est nommé à la tête de Petrof. À la
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1 000 employés. En 2001, la firme se renomme Petrof SARL et rede vient la propriété des descendants d’Antonín Petrof. NOUVEAU DÉPART, AUTRE POSITIONNEMENT 4
pointe des évolutions technologiques, la manufacture fabrique des instruments électroacoustiques originaux en collaboration avec Bechstein. Quatre ans plus tard, gérée par les petits-enfants du fondateur (Dimitri, Eduard et Eugen), elle s’associe avec l’Américain Steinway pour ouvrir un magasin à Londres, sur Wigmore Street. En 1934, elle emploie 400 personneset remporte une médaille d’or à l’Exposition internationale de Bruxelles. En 1948, à l’arrivée au pouvoir du régime communiste, Petrof est nationalisé, et la famille du fondateur, privée de ses biens. En 1954, un département de recherche acoustique est créé. Quatre ans plus tard, la production d’harmoniums est arrêtée. Le grand piano à queue de concert Mondial obtient une médaille d’or à Bruxelles. En 1965, Petrof est intégré au groupe industriel et commercial CMI Musicexport. En 1991, Jan Petrof (la quatrième génération) reprend les rênes de la société après quarantetrois ans de dictat communiste. En 1994, un nouveau centre de recherche acoustique est développé et doté d’une chambre sourde (ou anéchoïque), la plus grande en République tchèque. La privatisation est achevée en 1998. À cette époque, Petrof est le plus grand facteur tchèque et compte plus de
3. Harmonium Petrof à jeux multiples. 4. Piano mécanique sur une base de piano droit. 5. Zuzana Ceralova Petrofova, l’actuelle dirigeante de Petrof.
6. Un petit salon d’exposition, avec piano design et enceintes Petrof.
Dès le début des années 2000, face à la sévère concurrence asiatique, Petrof doit réduire très sensiblement sa production et son effectif. Il reste encore important, car la firme réalise ses tables d’harmonie et ses claviers, alors que d’autres facteurs achètent ou sous-traitent directement ces sousensembles nécessitant une maind’œuvre très qualifiée. Elle garde donc le contrôle sur la plus grande partie de sa production. En 2004, Zuzana Ceralova Petrofova (la cinquième génération), la fille aînée de Jan, est nommée présidente de la Confédération européenne des producteurs d’instruments de musique et prend la suite de son père à la direction de la société. Sous son impulsion, à partir de 2006, la gamme des pianos, notamment à queue, est entièrement renou velée :
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P 159 Bora, P 173 Breeze, P 194 Storm, P 210 Pasat, P 237 Monsoon, P 284 Mistral. Cinq dimensions de pianos droits (de 118 cm à 135 cm) sont au catalogue actuel. De très nombreuses finitions et placages de bois précieux sont proposés. Aujourd’hui, tous les pianos Petrof sont dotés du label EEX (European Excellence), valorisant l’origine et la qualité européenne de chaque instrument. L’entreprise fait également appel à des designers pour certains modèles très originaux (pas toujours adaptés aux goûts et aux modes de la France ou de l’Allemagne). Quelques audaces techniques récentes et significatives sont à saluer, comme un prototype de piano à queue avec un cadre métallique en acier, et non en fonte, présenté au salon de Francfort en 2011. Et pour positionner la société dans le très haut de gamme, un tout nouveau grand piano de concert de prestige de 275 cm, baptisé Anton Petrof, d’une facture extrêmement soignée, a été également lancé et exposé à Francfort en 2014. Nous en avons apprécié les qualités dans le showroom permanent implanté au cœur même de la très vaste usine de la marque. Des modèles plus petits dans cette série de prestige sont en cours de réalisation. Par ailleurs, Petrof a poursuivi le développement de son implantation dans tous les continents, sauf en Afrique ; une filiale a même été créée aux États-Unis en 2014. La même année, Zuzana Ceralova Petrofova a inauguré au sein de l’usine, un musée très convivial, doté d’une mini-salle de concert ou de conférences, ouvert à tous, où le public peut découvrir d’autres instruments de musique que les pianos, tous conçus et réalisés par Petrof : [ mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 37
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REPORTAGE
PETROF
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harmoniums, pianos mécaniques, ainsi que les différents logos de la maison et entreprises contrôlées par elle au cours de son histoire (Rieger-Kloss, Scholze, Förster…). À chaque époque, elle a su rester à la pointe de l’innovation. Elle a produit plus de un million de pianos en un siècle et demi, et d’autres marques lui appartiennent toujours, tels Rösler et Weinbach.
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7. Étuves pour le pré-séchage des bois des tables d’harmonie. 8. Mise aux dimensions des planchettes destinées aux tables d’harmonie. 9. Machine à bois.
UNE IDENTITÉ SONORE CARACTÉRISTIQUE
Les pianos Petrof ont toujours eu une solide réputation pour la beauté très caractérisée de leur sonorité, très ronde, chaude et chantante, profonde, d’une belle densité, appréciée par de très nombreux artistes dans tous les styles de musique. Nos récents tests réalisés dans de précédents numéros (Maestros pour les P 159 Bora, P 118 et P 125)confirment la musicalité et la qualité de ces instruments. En marge de la conception de pianos acoustiques, des caissons d’enceintes acoustiques signés Petrof sont fabriqués dans ses ateliers, pour la prestigieuse marque suisse Daniel Hertz SA. Le savoir-faire et la notoriété du facteur dans le travail du bois ont grandement contribué à cette production de luxe, qui demeure assez confidentielle.
10. Chevalets en bois. 11. Outillage pour la mise en forme des ceintures de pianos à queue.
LE CIRCUIT DU BOIS
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UNE IMMENSE USINE
Le visiteur est surpris par la superficie du site de production de Petrof, qui rassemble plusieurs constructions, espacées par des grands espaces verts, 38 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
des voies de manutention et des portiques, qui supportent de très gros tuyaux reliant chacun des bâtiments. Le plus grand d’entre eux, rectangulaire, comporte quatre niveaux et s’étend sur près de 150 m ! La hauteur sous plafond est importante, et de très gros monte-charges permettent les manutentions entre les différents étages. Dans les très larges couloirs, des dizaines de pianos, parfois encore des squelettes, à différents stades de fabrication, sou vent dépourvus de leur ensemble mécanique-clavier et du meuble lui-même, sont entreposés sur des chariots et protégés des coups.
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L’immense parc de stockage du bois en extérieur que nous avions pu voir il y a 15 ans n’existe plus. Pourtant, il faut énormément de bois pour produire des pianos. Différentes essences sont nécessaires, de l’épicéa pour les tables d’harmonie, du hêtre, de l’érable, du bouleau pour d’autres éléments. Hormis certains bois de placage d’origine exotique, tous ceux utilisés par Petrof sont d’origine allemande, autrichienne ou tchèque. L’entreprise réalise elle-même ses
tables d’harmonie, les coupes d’épicéas, déjà en partie séchées dans d’immenses étuves, sont débitées en planches. Celles-ci passent plusieurs fois en machine, avec guidage assisté par rayon laser, et deviennent, après une sélection très sévère, des planchettes d’environ 8 mm d’épaisseur et d’une dizaine de centimètres de largeur. Elles seront ensuite collées ensemble sur leur flanc pour former des tables d’harmonie. Les chutes sont très nombreuses : 15 % seulement de la masse initiale du bois sont utilisés pour la table ellemême ! Leur forme extérieure sera alors profilée, et leur épaisseur, optimisée. À ce stade, nombre d’entre elles seront écartées, pour des défauts semblant minimes, comme la présence d’un nœud. Après un étuvage très contrôlé de plusieurs semaines, qui leur permettra d’atteindre un niveau d’hygrométrie optimal, elles seront placées dans des presses de forme, où elles recevront les barres de table et les chevalets qui seront collés dans leur parfaite position. AU CŒUR DE L’ATELIER
Chez Petrof, le barrage, le plateau de clavier, le cylindre, les pieds, les tailloirs, les consoles sont en bois massif. Le sommier est en multiplis. Les panneaux du meuble des pianos droits, comme les couvercles des pianos à queue, sont en général en aggloméré fin, plus économique, car ce ne sont pas des pièces qui contribuent beaucoup à la sonorité du piano. Le placage ou le revêtement polyester [
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REPORTAGE
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sont réalisés sur place, mais les Dans un atelier différent, la ceinture contraintes d’hygiène et de sécurité des pianos à queue requiert l’emploi nécessitent des salles spécifiques, à d’immenses et puissantes machines rideau d’eau, avec système d’évacua- hydrauliques et d’outillages adaptés tion des vapeurs nocives, le personnel à chaque dimension de modèle, étant protégé efficacement. Un pon- pour pouvoir mettre en forme et çage progressif sur machine à bande coller ensemble, à chaud, de fines abrasive, puis un polissage allant mais très longues plaques de bois jusqu’au miroir, souvent manuel, sont (jusqu’à 7 m pour un grand queue exécutés dans des ateliers où les pous- de concert !), larges d’environ 30 cm. sières fines sont parfaitement évacuées. Le stockage en position verticale de Le clavier lui-même est produit en ces ceintures est très impressionnant, usine, ce que peu de facteurs savent formant de véritables tunnels ! Les faire eux-mêmes : une grande plan- cadres métalliques en fonte, proveche de bois est découpée progres- nant tous de fondeurs européens sivement, après traçage selon la forme traditionnels, après avoir été stabiet l’angulation des touches. Le déli- lisés, sont percés, usinés, puis poncés cat positionnement et le collage des et peints. Les cordes graves sont revêtements des touches blanches filées de cuivre chez Petrof par et les feintes des touches noires quelques ouvriers ayant acquis un auront été déjà effectués manuelle- vrai tour de main pour assurer une ment. Suivront la mise en place tension constante du fil lors du filage des capsules et, enfin, des feutres et assurer aussi la précision de la de mortaises avec l’aide de machi- longueur de la partie filée. Les cordes nes très sophistiquées et spécifi- acier sont de qualité allemande, souques, assurant une parfaite régu- vent de la marque Röslau. larité des espaces de mortaises par Le barrage, le cadre métallique et un encollage préalable du feutre la table d’harmonie sont ensuite et de dosage régulier de la colle. assemblés dans un souci extrême de D’autres opérations – positionne- précision géométrique, notamment ment des pilotes, équilibrage... – pour le réglage de la charge (avec sont accomplies par une main- un fil et des cales), impliquant une d’œuvre souvent féminine. hauteur du chevalet optimale par [
40 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
12. Machine à jouer. 13. Équilibrage des touches. 14. Délicat montage des étouffoirs. 15. Ceintures extérieures de pianos à queue.
rapport au cadre métallique. Il s’agit ensuite de placer les cordes et les chevilles, ici quasiment toujours tourillonnées. Puis on procède à plusieurs pinçages (accord sans la présence de la mécanique). Les mécaniques, allemandes (Renner) ou tchèques (Detoa), sont alors installées dans les pianos, avant la très délicate mise en place des étouffoirs et des marteaux, Renner ou Abel, de la plus belle qualité. Les marteaux ont subi une pré-harmonisation avant le montage par un piquage avec des aiguilles, selon un procédé exclusif Petrof. Des réglages multiples sont effectués dans le calme par plusieurs techniciens spécialement formés, avec les outillages appropriés sur des plans de travail bien éclairés. Le piano reçoit ensuite, sur des supports inclinables, la totalité de son 15 meuble et de ses accessoires ; il est alors plusieurs fois accordé, puis subit un véritable traitement de choc sur la « machine à jouer », qui martyrise chaque instrument pendant plus d’une heure, dans une salle bien sûr insonorisée. Ce rodage, trop souvent délaissé par certains facteurs, est suivi d’une reprise complète des réglages et de l’accord. L’harmonisation finale est enfin possible par un technicien hautement spécialisé, de forte responsabilité. Tout au long de la production, une fiche suiveuse, propre à chaque piano, portant son numéro de série, aura accompagné l’instrument ou 16. Réglage de le sous-ensemble concerné. Signée piano à queue. par chacun des ouvriers ou des techniciens ayant réalisé telle opération spécifique, elle permet d’assurer très vite et rétr oact ivement un haut niveau de contrôle, donc de qualité. Tout ce que nous avon s vu nous confirme que les pianos Petrof, dont la sonorité est vraiment typée, offrent une alternative européenne à la facture japonaise de moyen et haut de gamme. Le dynamisme et la passion de ses dirigeants laisse espérer un bel avenir pour cette firme qui a tous les atouts pour rede venir l’un des fleurons de la fabrication européenne du piano. 16
Bernard Désormières
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LES PARTITIONS n°97 Constant de Ponthieux La Mélancolique Jean Baptiste Vanhal Sonatine Robert Schumann Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22 Jean Sébastien Bach Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936, extrait des Sechs kleine Präludien für Anfänger auf dem Klavier Enrique Granados Epilogo, extrait des Escenas Románticas Gabriel Fauré 6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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VI
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IX
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Avec l’aimable participation des éditions Henry Lemoine.
Constant de Ponthieux
La Mélancolique
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � I
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Jean Baptiste Vanhal
II � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Sonatine
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
2
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
Jean Baptiste Vanhal
Sonatine
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
2
mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � III
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
Jean Baptiste Vanhal
IV � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Sonatine
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
2
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Jean Baptiste Vanhal
Sonatine
DÉBUTANT
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2
mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � V
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Robert Schumann
VI � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22
MOYEN
SUR LE CD PLAGE
3
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Robert Schumann
Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22
MOYEN
SUR LE CD PLAGE
3
mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � VII
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
Robert Schumann
VIII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22
MOYEN
SUR LE CD PLAGE
3
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Jean Sébastien Bach
Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936,
MOYEN SUR LE CD PLAGE
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extrait des Sechs kleine Präludien für Anfänger auf dem Klavier
mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � IX
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
Jean Sébastien Bach
X � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936
MOYEN SUR LE CD PLAGE
4
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Jean Sébastien Bach
Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936
MOYEN SUR LE CD PLAGE
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XI
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Enrique Granados
XII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
Epilogo, extrait des Escenas Románticas
MOYEN-SUPÉRIEUR
SUR LE CD PLAGE
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Enrique Granados
Epilogo, extrait des Escenas Románticas
MOYEN-SUPÉRIEUR
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XIII
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XIV � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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6
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XV
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XVI � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XVII
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XVIII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XIX
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XX � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXI
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXIII
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXIV � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXV
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXVI � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXVII
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXVIII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
SUR LE CD PLAGE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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SUR LE CD PLAGE
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXIX
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXX � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
SUR LE CD PLAGE
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
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mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � XXXI
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Gabriel Fauré
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63
XXXII � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
EXCELLENCE
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PÉDAGOGIE
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De la musique au silence, Fauré et l’inexprimable ous vous invitons aujourd’hui à cheminer autour de pièces de Schumann, de J. S. Bach, de Granados et de l’un des plus grands chefs-d’œuvre de notre répertoire : le 6e nocturne de Gabriel Fauré. Nul ne peut apprendre cette œuvre par cœur, non seulement sans avoir une grande connaissance de la musique, mais sans l’aimer d’un amour passionné. Il faut l’« aimer, même trop, même mal, tenter,
N
sans force et sans armure, d’atteindre l’inaccessible étoile », comme le chantait Jacques Brel. En effet, ce 6e nocturne est
une pièce si riche et complexe que seule la constance d’un véritable amoureux peut permettre de l’épouser, de la « faire sienne ». Certes, son thème n’est constitué que de quelques notes : la bémol, fa-ré bémol, mi bémol-fa. Cela ressemble à une petite chanson « de rien » fredonnée par un enfant. Pourtant, Fauré, dans toute la splendeur de son intelligence, échafaude, sous cette mélodie, une construction harmonique infiniment complexe, multipliant les doubles bémols, les modulations irisées, les changements de mesures. Bref, nous voilà noyés dans une forêt de notes, véritable jungle pour notre mémoire. Comment faire pour apprendre ? D’abord, il faut beaucoup réfléchir et chanter. Trop d’apprentis pianistes privilégient l’aspect purement physique de leur travail, rabâchant les morceaux jusqu’à l’écœurement, en quête d’une illusoire victoire mécanique. Or, comme l’affirmait
Liszt, « la technique est un produit de l’esprit, non de la mécanique » . Certes, le travail physique existe, ô combien ! Il faut cependant le préparer par un grand effort de réflexion et d’imagination sonore, car la main ne peut exécuter que ce que le cerveau et la pensée lui commandent. Pour apprendre efficacement, délimitez un passage de musique. Étudiez-le tour à tour sous tous ses aspects, l’un après l’autre : rythme, mélodie, harmonie, nuances, etc. Chantez-le. Puis demandez-vous : « Où commence et où finit le thème ? Quelles en sont les harmonies ? Combien de temps durent-elles ? » Cherchez d’abord à « entendre » l’œuvre en vous, bout par bout. Il y a une jubilation dans la réflexion, l’effort intense pour apprendre une partition, et cela fait partie pour beaucoup de notre travail de pianiste. Ensuite seulement, vous passerez à la répétition, qui conduit à la mémoire physique. Il faut alors apporter un soin rigoureuxaux doigtés et réfléchir aux gestes adéquats. Quant au rythme de la pièce, voici une remarque qui vous sera très utile : lorsque nous déchiffrons une œuvre très compliquée comme celle-ci, nous jouons la plupart du temps lentement, afin de « débroussailler » les notes. Cela est bien naturel : nous devons avancer avec prudence pour éviter les fausses notes. Hélas, nous en oublions derechef de sentir le balancement vivant de la musique, avec ses temps forts et ses temps faibles, lui qui devient si évident au vrai tempo. Mais si vous martelez tous les temps avec le même
poids, vous n’utilisez pas les mêmes gestes, ni les mêmes sensations. Ainsi, y compris en étudiant lentement, efforcez-vous de bercer l’œuvre selon la mesure, car c’est cette sensation que, in fine, votre corps devra intégrer. Bref, ne perdez jamais votre énergie à automatiser dans la mémoire musculaire des gestes qui laissent de côté la beauté de la musique ! À la fin du Nocturne, le thème revient comme au début. Pourtant, il sonne différemment, tel un souvenir de la jeunesse envolée. Le philosophe Jankélévitch, grand amoureux et connaisseur de la musique de Fauré, livrait cette belle image : « Le 6e nocturne est unique et ne vieillira jamais, lui qui retrouve dans le présent la jeunesse amie. Aussi concerne-t-il le destin personnel de chacun. Ce divin Nocturne verse dans nos cœurs, comme le clair de lune de La Bonne Chanson, le vaste et tendre apaisement promis à ceux qui ont souffert… » 1
Notre effort sera récompensé. Partons donc ensemble pour cette belle aventure.
Alexandre Sorel
1. Vladimir Jankélévitch, De la musique au silence, Fauré et l’inexprimable, Plon, 1974, p. 246.
N I T A H C E M Ô R É J
Constant de Ponthieux (XVIIIe siècle) : La Mélancolique n Jean Baptiste Vanhal (1739-1813) : Sonatine n Robert Schumann (1810-1856) : Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22 n Jean Sébastien Bach (1685-1750) : Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936, extrait des Sechs kleine Präludien für Anfänger auf dem Klavier n Enrique Granados (1867-1916) : Epilogo, extrait des Escenas Románticas n Gabriel Fauré (1845-1924) : 6e nocturne en ré bémol majeur opus 63 n
mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 43
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PÉDAGOGIE
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
Constant de
1
Ponthieux
(XVIIIe siècle) La Mélancolique
1-4
‘ Pour commencer, ressentez le caractère triste de la tonalité principale de ce morceau en la mineur. Les tonalités, avec leurs dièses ou leurs bémols, expriment une atmosphère. Chacune est parée d’une « couleur », comme l’affirmait le compositeur Serge Rachmaninov. La ressentir est important pour interpréter. MES. 1-4
Main droite. Apprenez d’abord à chanter
votre mélodie et à la faire passer dans votre main. Que dit-elle ? Ce qui est caractéristique est son rythme, qui nous berce au gré d’une noire
DÉBUTANT
SUR LE CD PLAGE
pointée : la–A, si, do/ré–É, mi, ré, etc. Sentez en vous-même la pulsation sur la note du 1 er temps qui se prolonge. Contractez-vous un peu sur les voyelles : A ou É (sur les notes qui durent), là où se placent les 2 e temps. Éprouvez le balancement de la musique. Main gauche. Dans cette partie de main gauche, ne vous contentez pas de jouer trois notes à la suite, la, do, mi…, pour rien. Demandez-vous : « Où chaque note va-t-elle dans l’accord suivant ? » Ici, nous avons trois voix. Par exemple, le la de la première mesure (joué par le petit doigt) ne va pas
2
Jean Baptiste Vanhal (1739-1813) Sonatine 1-4
44 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
seulement au do qui lui succède, mais au sol # de la mesure suivante (mesure n°2), qui est un peu son homonyme. Dans la mesure n°3, il revient au la. Ces notes dessinent une ligne musicale de mesure en mesure . Chantez-la et sentez-la sous votre doigt. De même, le do (2e temps, 2e doigt) va au si dans la mesure suivante (2e temps, 3e doigt). Cherchez à relier ainsi chaque note à une autre qui a la même place dans la mesure suivante. Ces lignes mélodiques de mesure en mesure sont la clé pour apprendre cette main gauche, à la fois par l’oreille et la main.
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
1-8
‘ Andante cantabile Pour jouer cette petite Sonatine de Vanhal, nous retrouverons plusieurs conseils évoqués pour le morceau précédent. Comparez ces deux piécettes et vous remarquerez que leurs thèmes se ressemblent beaucoup. MES. 1-4
Commencez par chanter votre mélodie en ressentant la pulsation sur la noire pointée. Écoutez la prolongation du sol-sol, cette note qui est jouée sur le 2e temps, mais dont la sonorité se poursuit sur le 3e. Contractez un peu votre diaphragme sur ce 3e temps, comme si vous disiez « h u m ! ». Faites sentir la pulsation à votre auditeur. Ne pressez pas sur la note prolongée. Les pulsation s sont comme ces pylônes que vous voyez défiler par la fenêtre du train à un rythme régulier. Il en est de même pour les temps : ils doivent tous se trouver à la même distance les uns des autres. C’est ce que l’on appelle le « tempo »1. Main gauche. Comme dans le morceau précédent, reliez les harmonies en vous demandant où va chaque note dans l’accord suivant. Chantez les lignes musicales qui se dessinent ainsi de loin en loin. Par exemple, le do de basse va au si dans la mesure suivante, puis revient au do. C’est en suivant ces lignes de Petit Poucet que vous aurez le plus vite votre main gauche « dans les doigts ». Sentez votre musique par groupes de mesures. Il faut toujours faire ressentir la musique par
fragments logiques. C’est ce que l’on nomme les « carrures ». Entre ces carrures, il y a les respirations. Elles sont la ponctuation de la musique, pareilles à ces virgules, points virgules ou points à la ligne dans une poésie. Demi-cadence. Ce morceau est en do majeur. La mesure n°4 (fin du premier groupe) se suspend sur l’harmonie de sol, que l’on appelle ici la « dominante du ton » (Ve degré en chiffres romains). Cette harmonie exprime une question, un point d’interrogation musical. Ne laissez pas votre main s’aplatir. Sentez-vous comme suspendu(e). Imaginez que quelqu’un allège votre bras en le soulevant avec deux doigts par la manche de votre pull-over. On le voit : la technique vient bien de la musique. Bien plus, quand on joue du piano, et comme l’écrit Daniel Barenboïm, il faut « arriver à un stade auquel on ne peut plus distinguer entre la pensée et le sentiment, entre la technique et l’émotion. » 2
Allegretto Mes. 1-8
Prononcez nettement la première note de chaque petit phrasé. On doit comprendre que quelque chose commence. Pesez de haut en bas, afin de jouer la première note de chacune de ces petites phrases un peu plus fort. Sur les terminaisons, au contraire, allégez votre poids tout en gardant la touche abaissée. Si votre poignet est souple,
votre main remonte toute seule. Au piano, il faut anticiper les appuis par le geste. Voyez ce minuscule ballet des mains. Il procède d’une cause musicale : le désir de phraser. Silences et indépendance des mains. À la main gauche, coupez le silence avec beaucoup de précision. Couper les silences au bon moment prouve que l’on sent la pulsation. Pendant ce temps, la main droite est toujours liée, il faut la tenir. Apprenez physiquement toutes ces sensations dans vos mains. 1. Cela n’empêche pas que la musique puisse « vivre », accélérer ou ralentir, c’est ce que l’on nomme « le rubato ». 2. Daniel Barenboïm, La musique est un tout, librairie Arthème, Fayard, Paris, 2014, p. 114.
À SAVOIR Le compositeur tchèque Jean Baptiste Vanhal étudia l’orgue avant la composition, à Vienne, auprès de Karl Ditters von Dittersdorf. Admiré de son vivant par ses plus illustres confrères, Vanhal laisse un catalogue de plusieurs centaines de partitions, composé pour l’essentiel de pièces instrumentales. mars-avril 2016 n
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PÉDAGOGIE
MOYEN
SUR LE CD PLAGE 3
Robert Schumann (1810-1856) Ronde, extrait de l’Album pour la jeunesse opus 68 n°22
1-4
‘Cette Ronde de Schumann est écrite comme un petit quatuor à cordes. Elle est très expressive, c’est un véritable chant d’amour. MES. 1-4
Horizontal. Prenez la première phrase et appre-
nez d’abord à chanter la mélodie (soprano). Faites de même avec la basse (basse), puis avec l’alto et la partie ténor. Vertical. Une fois que vous avez l’aspect horizontal de cette phrase dans l’oreille et les doigts, apprenez son aspect vertical. Jouez les quatre voix ensemble en faisant attention à respecter les tenues exactes de chaque note, comme indiqué par Schumann. Relevez souplement les doigts qui ne jouent
46 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
pas, sans forcer. Cela grave des empreintes dans votre main, dues à l’espacement des notes entre elles. Sentez cela d’abord lentement. Appuis. Tout l’art pour chanter une phrase consiste à chercher où sont ses appuis, ses notes relâchées et à adopter les bons gestes pour exécuter ces appuis. Mesure n°2, le la du chant au 1er temps doit être un peu appuyé, car il s’ag it d’une appoggiature. Pesez de haut en bas dans ce la en le préparant par un relevé-allégé sur les notes précédentes. Mais tout est subtil. La main gauche ne doit pas être écrasée vers le bas, car elle joue la dominante du ton de la = mi. Ici, les gestes sont donc un peu différents aux deux mains. Sentez !
16-20…
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
… 24
« Respirer ». À la fin de la mesure n°2, allégez en
laissant votre main s’amollir à la jointure du poignet. La main remonte alors un peu d’elle-même. Ne forcez rien : relaxez ! Puis détendez un peu entre les deux phrases, même si la liaison ne les sépare pas complètement. Prenez soin auparavant de soigner la terminaison de la première phrase sans la presser. Soignez toujours les terminaisons. Phraser et respirer sont la « bonne diction » d’un morceau. Cela est essentiel en musique. MES. 16-24
Doubles notes. Schumann poursuit son écriture
MOYEN
SUR LE CD PLAGE
à plusieurs voix. Surveillez-vous dès le début pour bien jouer les « doubles notes » parfaitement ensemble. Comme nous l’avons vu, la musique est tout autant horizontale que verticale. Il faut ressentir l’élan de la mélodie, mais également l’harmonie et jouer tous les sons d’une même main ensemble. Nous assimilons alors beaucoup plus vite – mais à condition que l’on se plie avec rigueur à cet entraînement physique et auditif ! Boussole tonale. Ne perdez pas ici votre « boussole » de la tonalité. Schumann fait un petit détour en si mineur, mesures n°17 et n°19 (avec le la #). Il va aussi vers le ré majeur, mesures n°20 et n°21,
avec sol bécarre. Mais cela ne doit pas vous faire perdre la mémoire lointaine du ton principal du morceau, à savoir le la majeur, qui est votre « port d’attache ». Conséquence : physiquement, évitez d’alourdir votre jeu sur ces petits passages modulants, car vous êtes toujours en voyage. Bien des modulations ne sont que des « étapes » dans le parcours musical. Si vous faites « bras lourd » et « jeu lourd » sur ces modulations passagères, votre corps lui-même ne peut plus avancer . Ressentez toujours le «voyage tonal» proposé par le compositeur et faites-le passer dans votre corps. Sinon, vous risquez malaise et trous de mémoire !
4
Jean Sébastien Bach
(1685-1750)
Petit prélude pour commençants en ré majeur BWV 936, extrait des Sechs kleine Präludien für Anfänger auf dem Klavier � « Ce qui est merveilleux dans la musique de Bach, c’est sa force – et cette force est la vérité. »
Edwin Fischer. MES. 1–9
Dégagez les trois voix. Bach a écrit un nom-
bre considérable de morceaux, inspiré par le désir d’enseigner à ses élèves le bo n jeu au clavier. La base pour lui était de savoir conduire plusieurs voix ensemble. Il écrivit en guise de préface à ses Inventions : « Guide honnête, qui enseignera à ceux qui aiment le clavecin [...] une méthode claire pour arriver à jouer proprement deux voix, puis, après avoir pro- gressé, à exécuter correctement trois par- ties obligées. » 3
Notre petite pièce comporte, elle aussi, trois voix musicales bien distinctes. Délimitez un passage,
puis apprenez à chanter chaque voix avec le nom des notes, petit bout par petit bout. Connaître le morceau d’oreille est la base de tout. Le grand interprète de Bach, Edwin Fischer, déclarait : « Il ne faut jamais oublier que toute musique vient du chant et que les ressources expressives d’une belle voix imprégnée d’âme devraient servir avant tout de modèle à l’interprète d’œu- vres instrumentales. » 4 Mais il ne suffit évidem-
ment pas de savoir chanter pour pouvoir jouer. Il faut maintenant savoir comment nous voulons « prononcer », et donc « toucher » chaque note. Demandons-nous : « Quelles notes faut-il jouer liées ? Quelles autres faut-il détacher ? Où faut-il couper ? » La mémoire commence par
l’oreille, elle doit être sous la bonne garde de la réflexion et de l’intelligence, mais elle passe aussi par le toucher.
Mesure n°1. Articulation, syncope. Sépa-
rez le la (première note jouée par le 3 e doigt) et le ré qui lui succède. Coupez un peu entre ces deux sons. Ce ré est une syncope 5. Jouez-le assez fort en projetant au loin le son devant vous. Ce ré se poursuit par une liaison. Tenez bien la note avec votre doigt. Cela implique que vous devez percevoir par l’oreille ce son qui se prolonge. Souvenez-vous : on ne peut garder un doigt dans une note que si notre oreille perçoit réellement le son qui continue et le suit quand il retombe, comme on suit des yeux une étoile filante dans le ciel. Le jeu « louré ». Dans tout le morceau, lorsque nous rencontrons des croches qui ne sont pas surmontées d’une liaison, il faut les séparer les unes des autres. Dans les œuvres de Bach, il faut souvent utiliser cette manière de jeu que l’on nomme [ mars-avril 2016 � PIANISTE n°97 � 4 7
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PÉDAGOGIE
1-9
« louré ». Cela signifie qu’il ne faut jouer ni vraiment lié, ni sèchement, « piqué ». Pour obtenir ce louré, fixez un peu votre avant-bras et votre poignet ensemble, comme s’ils formaient une seule entité. À ce propos, voici ce que rapporte Albert Schweitzer qui fut un érudit et un grand connaisseur de Bach6 : « Bach ignore le staccato moderne [
qui correspond au pizzicato des instruments à cor- des. Son staccato garde toujours quelque chose de lourd et augmente la sonorité plus qu’il ne l’atté - nue. Il équivaut à des coups d’archet détachés que l’on devrait plutôt indiquer par des petits traits que par des points. » 7 Donc, séparez les croches,
mais ne quittez pas les notes trop vite. Mesure n°3 à n°5. Bach a écrit ici, sur chaque
1er temps, deux croches liées. Pesez dans la pr emière et atténuez la seconde. Dans la note qui précède, libérez votre poignet et allégez votre poids. La main remonte alors toute seule, et 48 � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
c’est cela qui va vous permettre de bien peser ensuite de haut en bas dans la première des croches liées. On le voit, les appuis de la musique doivent s’anticiper par le geste. Cette première note est une appoggiature. Bach reproduit cette figure à la faveur de marches harmoniques8. Analysez-les avec l’aide de votre professeur. MES. 21-26
La musique de Bach a souvent un caractère fugué. Ici, faites ressortir le thème principal qui apparaît en canon à la voix d’alto, décalé de deux mesures (ré, la… si, do, ré, do, si, la, si…). Il existe deux façons de faire ressortir une voix. 1. Lui donner un peu plus de poids. 2. Atténuer les autres voix (celles qui se trouvent en dessus ou en dessous). Mettez le poids de votre main sur la partie d’alto. Sentez, palpez, soupesez. Pour diminuer les autres voix, vous devez vraiment savoir les chanter.
On ne peut contrôler au piano un son que l’on n’a pas stocké auparavant dans sa tête comme une chanson. MES. 33-36
Ce passage est le plus inconfortable du morceau. Mettez les bons doigtés. Appuyez la syncope à la partie aiguë (qui est une noire ou une croche liée). 1. Apprenez d’abord d’oreille chacune des trois voix. 2. Ensuite, mettez-les ensemble. Faites des « arrêts sur image ». Arrêtez-vous sur chaque temps ou demi-temps, afin de bien écouter (par l’oreille) et sentir (dans les doigts) la moindre des rencontres verticales des notes. Par exemple, au 2 e temps, le fa prolongé à l’aigu doit être entendu avec le sol joué en dessous et avec le si joué à la main gauche. Intégrez physiquement les empreintes. Les intervalles entre les notes créent des formes entre vos doigts. Relevez tout doucement les doigts qui ne jouent
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21-26
33-36
pas, sans vous crisper. S i vous ne le faites pas, votre main ne retient rien. La musique de Bach est aussi riche pour les lignes horizontales (mélodies) que pour les rencontres verticales des notes. Cela doit guider votre étude. Rappelez-vous cette belle phrase du pianiste Edwin Fischer : « L’auditeur qui suit les voix trouve dans les œuvres de Bach une joie et une élévation aussi grande que celui dont la pensée est harmonique, verticale. Seul celui qui est capable de ressentir à la fois ces deux aspects peut comprendre la gran- deur unique de cet homme. » 9 3. Ce recueil des Inventions et Sinfonias fut composé par Bach dans une visée pédagogique, tandis qu’il était directeur de la musique du prince Léopold d’Anhalt-Köthen.
4. Edwin Fischer, Considérations sur la musique, chapitre Jean Sébastien Bach, éditions Le Coudrier, Paris, 1951. p. 41. 5. Rappelons qu’une syncope est une note attaquée sur un temps faible (ou une partie faible du temps), dont le son se prolonge sur le temps suivant. 6. Albert Schweitzer fut un célèbre médecin de Lambaréné, au Gabon, et un organiste, grand connaisseur de Bach. 7. Albert Schweitzer, J. S. Bach, le musicien-poète, préface de Charles-Marie Widor, éditions Maurice et Pierre Foetisch, Lausanne, 1967, p. 266. 8. Une appoggiature est une note étrangère à l’harmonie, qui vient ensuite se résoudre sur la note réelle. Une marche harmonique reproduit un même motif sur différents degrés de la gamme. Elle peut être modulante ou non. 9. Edwin Fischer, Considérations sur la musique, chapitre Jean Sébastien Bach, éditions Le Coudrier. Paris, 1951, p. 19.
À SAVOIR Le Petit prélude en ré majeur est extrait d’une série de Six petits préludes BWV 933-938 composés entre 1717 et 1720. Leur vocation est essentiellement pédagogique et ils n’étaient pas destinés à être publiés (ils le furent néanmoins en 1802). Ces partitions sont moins simples qu’on ne le pense. En effet, elles imposent une grande rigueur intellectuelle, de même qu’une parfaite clarté de jeu. mars-avril 2016 n
PIANISTE n°97 n 49
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PÉDAGOGIE
MOYEN-SUPÉRIEUR .
SUR LE CD PLAGE. 5
Enrique Granados (1867-1916) Epilogo, extrait des Escenas Románticas 1-8
Mains ensemble. L’instrument piano. Ce chant
‘ Ce morceau très lyrique est annoté par Granados « con exaltacion poética » . Il est constitué d’un chant comprenant peu de notes, accompagné par une riche partie de main gauche, comme cela est souvent le cas dans les Nocturnes de Chopin. MES. 1-8
Commencez par apprendre vos mains séparées. Chopin disait toujours à ses élèves: « Il faut chanter avec les doigts. » L’essentiel est, ici, de faire chanter ce morceau afin de tenter d’émouvoir l’auditeur. Main droite. Chantez votre mélodie de main droite. Cela va vous indiquer où sont les notes appuyées, les notes diminuées, etc. Ensuite, jouez-la en cherchant à obtenir ce que vous aurez chanté. Allégez votre poids dans la touche après avoir joué chaque note. Dès que l’on a émis un son au piano, on ne peut plus le modifier, car le marteau quitte la corde. Nous ne devons garder dans la touche que le minimum de poids nécessaire pour que l’étouffoir ne retombe pas sur la corde. Mais c’est très peu ! Comme le soulignait le professeur Henrich Neuhaus, « c’est à peine le poids d’une boîte d’allumettes ! »10. Donc, dès que vous avez joué une note, allégez et récupérez de la souplesse. Votre son va alors « rayonner ». 50 n PIANISTE
n°97 n mars-avril 2016
Main gauche. La partie de main gauche est
phrasée par deux mesures. Apprenez à la jouer à part, jusqu’à ce qu’elle soit fluide, aisée et musicale. Appuyez la syncope sur la dernière croche. Diminuez la terminaison de chaque phrase en laissant votre main remonter toute seule, poignet relâché. Mettez les doigtés indiqués. Concernant les tournants au-dessus du pouce, ne relevez surtout pas votre poignet vers le haut. Conservez au maximum la ligne continue entre votre main et votre avantbras. Si vous cassez, vous perdez le contact. Lignes musicales. Lorsque vous apprenez des arpèges d’accompagnement, ne vous contentez jamais de jouer les notes les unes après les autres. Cherchez à les relier par des voix linéaires d’une harmonie à l’autre. Par exemple, la mesure n°1 commence par un mi bémol, suivi de si bémol. Nous avons ensuite un sol joué avec le pouce. La mesure n°2 commence avec les mêmes notes mi bémol + si bémol, mais ensuite, nous avons un fa joué aussi avec le pouce. Re liez le sol avec le fa d’une mesure à l’autre, comme avec des pointillés, dans votre pensée et votre oreille. Faites de même dans tout ce morceau. Cherchez, chantez, sentez les lignes. Elles sont le « fil d’Ariane » des enchaînements harmoniques.
est constitué de notes longues : blanches, blanches pointées, qui commencent à mourir aussitôt les avons-nous émises. Pour chanter au piano, il faut jouer suffisamment fort les notes qui doivent durer longtemps, sinon elles meurent trop tôt. Projetez les notes longues, afin qu’elles durent et que votre oreille puisse suivre leur sillage sonore. Il ne faut jamais perdre d’oreille une note qui se prolonge, mais la suivre comme on contemple la queue d’une étoile filante dans le ciel d’été. Hélas, le piano ne nous aide pas, car les sons meurent très vite, tout comme la queue de l’étoile s’évanouit bientôt dans l’abîme de la nuit. « On est souvent obligé de rappeler que les valeurs longues (rondes blanches, notes tenues) doivent, en règle générale, être jouées plus fortes que les valeurs courtes (croches, doubles croches, triples croches, etc.) qui les accompagnent, à cause du caractère même du piano, de la brièveté de sa sonorité »11, écrit Henrich Neuhaus. Seul le juste tempo permet de chanter. Ajoutons une dernière remarque qui est très importante : une fois que vous avez joué lentement pour ne pas faire de fautes, exercez-vous sans tarder au bon tempo, quitte à faire quelques erreurs. En effet, souvent, il est plus facile de rendre beau un chant si on ne le joue pas trop lentement, justement parce que les sons meurent. En jouant un peu plus vite, il est donc plus aisé de faire entendre la continuité d’un son à l’autre. Le chant paraît alors plus naturel. Le cantabile dépend aussi du bon tempo, cela est très important à savoir. 10. et 11. Henrich Neuhaus, L’Art du piano, éditions Van de Velde, 1971.
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EXCELLENCE
SUR LE CD PLAGE 6
Gabriel Fauré
(1845-1924)
6e nocturne en ré bémol majeur opus 63 1-3
‘ Le 6 e nocturne de Fauré débute par une mélodie très simple. Cependant, cette simplicité apparente est en réalité sous-tendue par des harmonies très complexes, qui nous invitent à un voyage plein de détours et de circonvolutions, nous plongent dans un univers de sentiments subtils. La musique française, profondément raffinée, est souvent complexe et mystérieuse. Philippe Fauré-Frémiet, fils de Gabriel Fauré, déclarait à propos de ce 6 e nocturne : « Mon père n’a pas cherché à dépeindre la nuit, mais à évo- quer les effusions de la nuit, la secrète commu- nion de l’homme et des choses invisibles. » 12
principale de l’œuvre (ré bémol), il nous maintient en haleine sur un « degré faible » de la tonalité, le III e degré (IIIe degré du ton de ré bémol majeur = fa). Le compositeur nous place ainsi en lévitation et nous éprouvons un sentiment d’instabilité, de mystère. La musique commence à peine qu’elle se dilue déjà dans l’évanescent, dans le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, selon le mot de Vladimir Jankélévitch, le philo sophe et grand amoureux de la musique de Fauré. Donc, dès ce début, évitez d’asseoir votre jeu et d’être lourd. Jouez « sans rien qui pèse ou qui pose », pour reprendre le célèbre vers de Verlaine : « De
En quête de la dimension poétique de ce chefd’œuvre, voyons quelques traits de l’écriture très particulière du compositeur français.
la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair, sans rien qui pèse ou qui pose… » Majeur-mineur. Fauré joue aussi sur une ambi-
MES. 1-3
Fauré et les « degrés faibles » de la tonalité.
Le thème principal de ce Nocturne (ré bémol-la bémol, fa… sol bécarre, la bémol–fa, mi bémol) s’élance à partir d’un 3 e temps. Tout d’abord, n’alourdissez pas cette anacrouse, car elle n’est qu’un élan. Le véritable appui de la mélodie ne doit intervenir en principe que sur le temps qui suit, le 1er temps. Or, que va-t-il se passer ? Fauré nous surprend d’emblée ! En effet, sur le 1er temps de la mesure n°1, au lieu d’asseoir la tonique
guïté très subtile entre les modes majeur et mineur. Il écrit en effet ici un accord mineur (fa mineur) sur la tierce majeure du ton principal (fa = IIIe degré majeur de ré bémol majeur). La question se pose alors : « Que devons-nous ressentir ? Faut-il nous sentir joyeux car nous sommes en majeur ? Ou nostalgiques car nous sommes en mineur ? »
Ces questions ne sont pas oiseuses, mais au contraire, au cœur de l’interprétation et, plus un pianiste est avancé, plus il y attache d’importance. Leimer, qui fut le professeur de Walter Gieseking, répétait à ses élèves : « Je vais accroître et vivifier
votre sensibilité. » 13 L’éminent biographe de Fauré,
Jean-Michel Nectoux, relève d’ailleurs cette subtilité du langage fauréen : « L’ambivalence, le glis- sement sont ainsi inscrits au cœur même du lan- gage harmonique de Fauré ; on en voudrait encore pour preuve les jeux si fréquents sur le III e degré, le degré modal par excellence, en langage tonal, que le musicien se plaît à modifier au détour d’une phrase pour en faire jouer l’équivoque majeur- mineur ».14 C’est exactement ce qui se passe ici. Technique. Au piano, il est capital de chercher
un son lumineux mais exempt de toute dureté, un son qui porte et qui « chante ». Pour cela, il faut d’abord en imaginer la courbe sonore de la phrase. Mais il faut aussi savoir que ce beau son ne peut s’obtenir que par la souplesse de tout le corps. C’est pourquoi nous devons relâcher la pression dans la touche aussitôt après avoir joué une note. Une fois celle-ci abaissée, il ne faut conserver que le strict poids nécessaire sous le doigt, « à peine le poids d’une boîte d’allu- mettes », comme le conseillait Henrich Neuhaus. Ce minuscule poids permet à la touche de ne pas remonter, et donc à la corde, libérée de l’étouffoir, de continuer à vibrer. Libérez la jointure de votre poignet et ôtez le poids aussitôt chaque note jouée. Cela vous permet de récupérer de la sou[ plesse pour émettre le son suivant. mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 51
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PÉDAGOGIE 6-10
Différenciez les trois temps, même en jouant lentement ! La musique française de cette époque comporte souvent une part de rêve. Or, seul un jeu qui nous berce au travers de celui contrasté des temps forts et des temps faibles (et toutes les nombreuses exceptions à ce principe) peut émouvoir l’auditeur. Le problème est que, lorsque nous commençons à étudier une musique aussi compliquée, nous la déchiffrons très lentement, afin, autant que possible, de ne pas faire de fausses notes. Cependant, du fait de ce tempo très lent, nous avons tendance à jouer derechef tous les temps avec le même poids. Résultat : la musique ne nous « berce » pas. Mais une musique balancée, qui différencie les temps forts et les temps faibles, fait appel à d’autres gestes, d’autres sensations qu’une musique martelée sur chaque temps. Ainsi, même si vous étudiez plus lentement, efforcez-vous de bercer votre musique, différenciez les temps forts et les temps faibles de ce Nocturne. Il est nuisible de perdre du temps à automatiser dans la mémoire musculaire des gestes ou des sensations différentes de celles dont nous aurons besoin in fine pour bien jouer l’œuvre, pour la rendre belle. Détours dans le « voyage tonal ». L’une des caractéristiques du langage de Fauré est son traitement de la tonalité. Souvent, il s’éloigne du ton [
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principal qu’il a choisi, mais ce n’est que provisoire, et pour mieux y revenir, comme par un tour de prestidigitation (nous le verrons sans cesse plus loin). Dans ce thème principal, le sol bécarre de la mesure n°1 n’est qu’une altération décorative sans incidence tonale. Sentez à l’oreille qu’il s’échappe brièvement du ton de ré bémol (suggérant une inflexion vers la bémol), mais que cela n’aura rien de permanent. Il ne s’agit que d’une petite « couleur » fugace, d’un frisson dans le feuillage, n’affectant en rien la cadence parfaite en ré bémolqui viendra ensuite, mesure n°2 : IV, V, I (sol bémol, la bémol, ré bémol). En jouant, sachez toujours où vous allez, quel est votre voyage tonal. Vivez physiquement avec l’harmonie, sinon vous ne pouvez ni bien interpréter ni mémoriser. Jouer la voix d’alto. Dans tout ce début, la main droite est partagée en deux voix distinctes: le chant et l’alto. Apprenez d’abord à chanter cette partie intermédiaire. Avec le pouce de la main droite, nous devons aller chercher des notes très éloignées dans le registre grave. Cela impose des grands écarts à la main. Cherchez à les atteindre sans casser la ligne entre votre avant-bras et votre main. Utilisez plutôt le geste latéral du poignet. Vous devez avoir la sensation de « ramper » sur le clavier. Cherchez
la douceur du toucher et le moelleux sonore. Le pouce doit toucher le clavier en utilisant la plus grande surface possible de sa tranche latérale. La basse. Une fois que vos deux voix de main droite sont bien dosées et mises en place, apprenez votre ligne de basse. Soignez-la particulièrement. Il est essentiel de la rendre vivante et belle. 1. Chantez-la. 2. Nuancez-la. 3. Balancez-la en différenciant les temps forts et les temps faibles. Si vous écrasez toutes vos basses, tout espoir d’emporter votre auditeur dans un rêve s’évanouira. Amy Domme-Diény souligne justement: « La basse, tou- jours chantante et conductrice chez Fauré… » 15 MES. 6-10
Les équivoques tonales. Fauré, comme Liszt,
nous éloigne du ton principal puis y revient, créant ainsi des « couleurs » musicales variées. Il est essentiel de bien ressentir ce parcours. Amy Dommel-Diény, dans son fascicule sur Fauré, écrivit à propos du 6 e nocturne : « Nous allons retrouver partout à l’intérieur du ton [...] ces fluc- tuations constantes, ces irisations chatoyantes pourvoyeuses d’illusions et d’équivoque. » 16 Mesure n°7. Fauré use ici en effet d’une illusion,
d’une équivoque, car il remplace le sibb (double bémol), qu’il vient d’employer, par un la bécarre. Par le jeu de l’enharmonie, il passe de ré bémol majeur, tonalité comprenant beaucoup de bémols, à celle de la majeur, fort «lointaine» dans le cycle des quintes. Il en résulte une sensation musicale extraordinaire, pareille à une brusque remontée en pleine lumière qui nous soulève l’âme. Cependant, Amy Dommel-Diény insiste : « La multiple floraison altérée sévissant à toutes les pages ne change rien d’essentiel au déroulement tonal. »
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15-18
Si vous voulez jouer et mémoriser ce Nocturne , il est essentiel de comprendre que Fauré fait seulement mine de s’éloigner du ton, à la faveur de modulations plus ou moins passagères, mais qu’il y revient ensuite, tel un navire qui prend la mer et revient toujours à son port d’attache. Ne perdez jamais votre « boussole tonale », sinon vous vous égarerez dans un dédale de musique, que vous ne pourrez jamais mémoriser. La tonique doit agir comme une sorte d’aimant permanent, qui tend à vous ramener à elle, à plus ou moins long terme. MES. 15-18
Dans ce passage, Fauré multiplie les dominantes, les suspensions harmoniques. La musique avance sans cesse, semble vouloir aller toujours plus loin sans jamais se poser. Jean-Michel Nectoux précise : « On parvient à cerner la notion de dérive harmo- nique comme caractéristique du langage de Fauré ; elle rend compte de ce phénomène de glissement où chaque couleur tonale ou modale en appelle irrésistiblement une autre, puis encore une autre, en un jeu de miroirs qui tient du kaléidoscope. » Votre jeu, physiquement parlant, doit rendre
compte de ce qui est déjà contenu dans la partition. Ainsi, même si nous devons jouer forte et crescendo, ici, n’aplatissez pas votre jeu, ne « tombez» pas de la main, car l’harmonie indique des suspensions répétées. Relief du clavier. Veillez tout spécialement à ne pas « flancher » de la main lorsque vous venez d’une touche noire du clavier et que vous devez jouer une touche blanche. Par exemple, mesure n°15, en venant de fa #-sol #(touches noires, hautes), il serait tentant de se laisser choir de la main en jouant le mi (touche blanche). N’en faites rien, car l’harmonie indique la suspension. Même à la mesure n°17, qui est notée ff, n’écrasez pas votre toucher. Efforcez-vous d’extraire le son vers le haut, plutôt que de le plaquer, car l’harmonie de quarte et sixte indique un « devenir » musical. La tonique ne survient qu’à la fin de la mesure n°18. Ne vous arrêtez pas sur le bord du chemin avant la fin du voyage ! MES. 19-23
Allegretto molto moderato. Ce deuxième motif
est léger, d’un caractère presque banal, anodin. Alors que la main gauche connaît les césures des
silences, le soprano et l’alto doivent adhérer au clavier, à la faveur du legato le plus parfait possible. Nous vous proposons, dans le cahier de partitions, des doigtés qui permettent de lier au mieux la partie interne. De nombreuses substitutions sont nécessaires. Certes, nous n’avons pas beaucoup de temps pour les exécuter, mais il le faut pourtant, car la pédale ne suffit pas à assurer une liaison satisfaisante. Alfred Brendel précise : « La pédale n’est pas une feuille de vigne ! » Quant à la main gauche, elle doit « haleter ». Prenez tous les accords « vers le haut » et sans les poser, car il s’agit de contretemps. MES. 63-64
Passage central. Celui-ci requiert la virtuo-
sité de votre oreille, de vos doigts et même celle de votre pied ! Jean-Michel Nectoux évoque ici « un miroitement d’arpèges mouvants, le chant aigu et passionné d’un nouveau thème, sorte d’équivalent musical de l’azur mallarméen. » 17 Dans ces deux premières mesures, faites entendre la voix linéaire qui se dessine de loin en loin à la deuxième double croche de la main [ mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 53
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PÉDAGOGIE 19-23
[
par le 4 e doigt. Mettez le poids sur ces notes et faites les ressortir. MES. 65-66
Insistez maintenant sur le déploiement de la mélodie. Le grand biographe de Fauré indique encore à propos de ce passage : « Là où Debussy crée des successions d’accords inouïs, Fauré pense l’horizontale. »18 Suivons ce conseil. 1. Chantez afin de sentir toute la beauté de la ligne et de trouver les bons appuis . 2. Rendez cela bien réel sous vos doigts. Faites émerger nettement le chant en jouant suffisamment fort les notes longues, la ronde do, puis les noires. Si vous jouez trop doux, il n’y a plus de place pou r jouer « en dessous ». 3. Après vous être exercé(e) lentement, lancez-vous dans le vrai tempo. Nous le répétons souvent : chanter avec expression dépend aussi du bon tempo, car les notes meurent très vite au piano. Dès lors, si vous jouez trop lentement, les notes s’éteignent avant d’avoir atteint la note suivante, et il est alors beaucoup moins aisé de faire sentir la continuité d’un chant.
À SAVOIR Fauré a composé 13 Nocturnes pour piano, qui sont autant de chefs-d’œuvre au firmament de la musique française. Son œuvre fut longtemps négligée, au profit de Debussy et Ravel. Par bonheur, Fauré a retrouvé aujourd’hui la place qui lui revient d’autorité. Celui-ci composa le 6e nocturne à l’été 1894. Il était alors installé dans la maison de campagne de ses beaux-parents Frémiet, à Prunay, près de Bougival. Il venait d’achever, en 1892, un cycle de mélodies : La Bonne Chanson, inspirée par une troublante voisine, Emma Moyse, mariée au banquier Sigismond Bardac (et qui deviendra plus tard madame Claude Debussy). La date du 3 août 1894 figure sur l’autographe du 6e nocturne comme étant celle de son achèvement. Il fut dédié à son ami Eugène d’Eichthal. Comme le note Jean-Michel Nectoux : « À écouter le chant magnifique et serein du 6e nocturne,
on imagine mal l’humeur sombre, le désenchantement total dont Fauré était la proie. » Le musicien écrivit en effet à Winnaretta de Polignac : « Si je ne vous ai pas répondu, c’est que je suis tellement submergé par le spleen que la crainte de communiquer à mes amis m’enlève tout désir d’écrire. » Le 6e nocturne de Fauré préfigure dans son esprit le finale de La Nuit transfigurée d’Arnold Schoenberg (Verklärte Nacht), œuvre composée en 1899.
MES. 68-71
Frottements, dissonances. Pour jouer et
mémoriser tous ces passages virtuoses, bouquets de notes volatiles comme des papillons, il faut comprendre les harmonies de Fauré. Nous ne pouvons toutes les analyser ici, tant elles sont complexes. Disons simplement ceci : notre oreille craint spontanément les frottements et préfère la consonance. Or, les tenues de pédales génèrent un halot sonore qui comprend d’âpres rencontres. Pour que vos doigts ne pilent pas net comme 54 �
PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
un cheval devant l’obstacle, habituez votre oreille à toutes les rencontres dissonantes de notes qui sont dues aux tenues de pédales. Exemple : nous changeons la pédale sur les basses sol bécarre, sol-fa #, mi-ré #, ré bécarre, do (mesures n°68 et n°69). Mais cela mélange le mi avec le ré #, ou le sol de basse avec le la de la main droite (mesure n°68, 1er temps). Habituez-vous aux frottements. Mesure n°69, apprenez à ne plus
craindre le mélange du fa ## à la partie aiguë, avec le fa # et le sol # à la main gauche. MES. 104–105
Ce passage est fort difficile à apprendre pour qui n’a pas l’oreille rompue au langage fauréen et aux modes particuliers qu’il emploie. Fauré mélange même ici le tonal et le modal, ce qui achève de nous troubler. Jean-Michel Nectoux précise : « Debussy innove dans le domaine du [
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68…
mars-avril 2016 n PIANISTE n°97 n 55
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PÉDAGOGIE
…71
vocabulaire harmonique, Fauré dans celui de la syntaxe mêlant […] deux domaines particu- liers : le mode modal et le mode tonal. Il lui arrive fréquemment d’employer un mode en le dotant in extremis d’une sensible, et inversement, il peut choisir une tonalité dont il va escamoter subrep- ticement la sensible ; procédé que l’on retrouve à la même époque chez Chabrier et Ravel. » C’est ce qui se passe ici, mesure n°104 : [
Fauré mélange modal et tonal. Il utilise d’abord la gamme de si majeur (1 er temps). Puis, à partir du 2e temps, 2 e groupe de doubles croches à la main gauche, Fauré utilise le mode de si (un demi-ton entre les degrés I et II, puis entre IV et V), en le commençant sur le si #. On appelle ce mode du nom barbare de « mode Locrien ». Tout cela est affreusement théorique, me direzvous… À quoi cela peut-il servir pour jouer ? Au contraire, cela est très utile. Que faire concrètement ? Mettez-vous ce mode de si dans l’oreille, en le jouant d’abord sur si : rien qu’avec les touches blanches du piano, 56 � PIANISTE n°97 � mars-avril 2016
ce qui est très simple. Ensuite, rejouez lentement les mêmes intervalles, depuis le si #. Vous obtenez le 2 e temps de cette mesure ! Habituez-vous à cette sonorité particulière. Mesure n°105. C’est le même principe. Fauré écrit la gamme tonale de fa # majeur, suivie du mode de si, mais cette fois à partir de fa ##. Avouons que cela est compliqué ! Là encore, chantez, sentez les intervalles.
n°30 opus 109 de Beethoven. Le thème en mi
majeur y revient après de multiples développements. À son propos, Daniel Barenboïm disait à un élève : « Ce sont les mêmes notes, mais tu ne peux pas le jouer de même, car entretemps, la vie a passé… » Vladimir Jankélévitch parle ici, concernant ce Noctune de Fauré, d’une rémi-
niscence de la jeunesse. Ces deux penseurs évoquent la même chose : la musique est bien le miroir de la vie.
MES. 113-115
Mesures n°113 et n°114. Jouez cette gamme
montante en gardant bien la pédale, ainsi que l’a voulu Fauré. Cela crée un halot sonore et de nombreuses dissonances auxquelles votre oreille doit s’habituer. Réminiscence : vient ensuite ce passage d’une indescriptible beauté. Le retour du thème du début, à la fois semblable et magnifié par tous les événements musicaux (les événements de la vie) qui se sont déroulés auparavant. Le même phénomène de réminiscence apparaît dans la Sonate
12. Vladimir Jankélévitch, De la musique au silence, Fauré et l’inexprimable, Plon, 1974, p. 243. 13. Karl Leimer, Le Jeu moderne du piano d’après Leimer–Gieseking, Paris, Max Eschig, 1930, p. 36. 14. Jean-Michel Nectoux, Gabriel Fauré, les voix du clair-obscur, librairie Arthème, Fayard, 2008, p. 305. 15. et 16. Amy Dommel-Diény, L’Analyse harmonique en exemples, de J. S. Bach à Debussy, contribution à une recherche de l’interprétation. Fascicule n°12,
Gabriel Fauré, éditions Amy Dommel-Diény, 1974, p. 62. 17. Jean-Michel Nectoux, Gabriel Fauré, les voix du clair-obscur, librairie Arthème, Fayard, 2008, p. 99. 18. Jean-Michel Nectoux, Gabriel Fauré, les voix du clair-obscur, librairie Arthème, Fayard, 2008, p. 303.
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104-105
113-115
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PÉDAGOGIE
JAZZ T L U A R A G C I R É
C
’est une transcription
du début de la composition de Ray Charles telle qu’il la joue dans l’un de ses nombreux enregistrements. Pour niveau « avancé ». Sur une forme de blues de 12 mesures, c’est à la base une improvisation totale réalisée en public. Les 12 premières mesures ne devraient poser aucun problème. Pour les 12 suivantes, je recommande de travailler la main gauche seule en boucle, si possible au métronome, et longtemps, même si vous pensez la maîtriser déjà. Cherchez à améliorer le tempo et la mise en place rythmique. Puis collez la main droite par-dessus. Commencez main droite seule avec les quatre dernières mesures en boucle lentement. Enfin, improvisez sur les quatre premières mesures en E7 et terminez avec les huit dernières telles quelles à chaque reprise.
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LA LEÇON D’ANTOINE HERVÉ RAY CHARLES What’d
I Say
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Pour donner du sens à sa carrière
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« PENSER LE MONDE POUR AGIR » En vente chez votre marchand de journaux
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PIANOS À LA LOUPE
Acoustiques
Trois petits quarts-de-queue à prix attractifs par Bernard Désormières
WILH. STEINBERG P 165
L
’entreprise allemande Wilh. Steinberg, fondée en 1877 et implantée à Eisenberg, propose plusieurs gammes de pianos droits et à queue : Signature (100 % allemande), Nomos (allemande et asiatique), Univers P (asiatique, avec certains composants allemands) et Eisenberg (asiatique). Trois modèles de pianos droits et quatre dimensions de pianos à queue, P 152 (Maestro, Pianiste n°78 ), P 165, P 187 (testé dans Pianiste n°68 ) et P 212, sont au catalogue dans la série économique Univers P. Nous présentons ici le petit quart-de-queue P 165.
Descriptif On est immédiatement séduit par le niveau de finition de ce petit piano d’une série dite économique, de forme très classique, à trois pieds et petites roulettes : bonne planéité des laques, meuble aux formes travaillées avec chanfreins sur le couvercle et son abattant, belle lyre, cadre métallique d’un beau doré comportant quatre ouïes circulaires. La présence d’un ralentisseur de cylindre, d’un pupitre large (90 cm) à cinq positions (dont une très basse), plus son inclinaison à plat, est à saluer, une peau de daim accueillant même le bas des partitions. Le joli logo de la marque allemande est rassurant, comme ses armoiries en relief sur le cadre, mais rien n’indique hélas, même à l’intérieur de l’instrument, la provenance chinoise de ce piano. On apprécie toutefois que la table d’harmonie soit allemande (Strunz). Le démontage 60 n PIANISTE n°97 n
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de l’instrument offre l’occasion d’admirer les belles têtes de marteaux allemandes Abel avec leur âme en acajou. Le catalogue du facteur précise que les chevilles et les cordes (Röslau) sont allemandes et que les chevalets sont en hêtre. Des échelles Duplex permettent l’enrichissement du timbre, du médium à l’aigu. Le montage en cordes est classique, avec agrafes dans les graves et les médiums, mais la corde la plus grave est un peu trop coudée à la hauteur de son agrafe. La mécanique chinoise comporte des barres de centre (supports) en profilé d’alliage léger.
Toucher et rendu sonore Ce piano fonctionne bien et offre un bon confort de jeu, sans problème d’ergonomie, le revêtement des touches de clavier étant assez agréable sous les doigts. Le clavier est d’une bonne fermeté et d’une bonne précision, sans jeu latéral de mortaises excessif, permettant un travail pianistique efficace. Mais la pédale forte, pourtant bien placée et à juste hauteur (6 cm), est trop molle. Le son de ce petit piano est assez puissant, très ouvert, les aigus étant particulièrement clairs, presque éclatants. La dynamique est d’une bonne progressivité, permettant un contrôle aisé des nuances et une maîtrise assez bonne des pianissimi. Les basses sont d’une définition correcte pour un modèle de cette dimension. Ponctuellement, certaines notes, surtout dans le grave et le médiumgrave ont tendance à « friser » dans le forte. Quant au croisement, il est
Clavier, confort de jeu : toucher
acceptable, sans vraie discontinuité de timbre et d’intensité. La longueur de son est correcte, facilitant le cantabile dans le médium.
Conclusion Ce petit quart-de-queue, d’une belle finition visuelle, séduira les particuliers disposant de peu de place et qui recherchent à la fois un instrument qui fonctionne bien et un beau meuble. Les débutants, amateurs et étudiants trouveront dans le P 165 un bon rapport qualité-esthétique-prix. Ce piano n’aura pas la durabilité et la robustesse des modèles 100 % allemands du même facteur (série Signature), mais la présence de quelques composants essentiels allemands et la caution de Wilh. Steinberg pour cette série chinoise – qui porte aussi son nom – apparaissent rassurantes. Cela étant, nous aurions aimé une « traçabilité » plus visible. Un bon choix pour un modèle bien composé et dont la finition est soignée.
d’une bonne fermeté, assez précis. Bonne ergonomie Réponse en pp : correcte Puissance : honnête pour un petit quart-de-queue Amplitude dynamique : importante Couleur sonore : assez bonne longueur de son – richesse en timbre moyenne –, sonorité ouverte, claire, mais non agressive. Quelques notes (dans les cordes filées) « frisent » dans le forte Aigus : clairs, presque éclatants Médiums : assez chantants, peu agressifs en piano, plus virils en forte Graves : assez bonne définition pour cette taille de piano. Assise harmonique correcte Pédales : 3 (forte, una corda, sostenuto) bien placées. Pédale forte trop molle Dimensions : 165 cm (P) x 148 cm (L) Poids : 260 kg Spécificités : ralentisseur de cylindre Ébénisterie : noir brillant ou blanc brillant « chrome » Pronostic de durabilité : correct Usage : amateurs, étudiants, particuliers souhaitant un instrument assez musical dans un beau meuble à petit prix Origine : Chine, avec certains composants allemands. Produit sous le contrôle d’une firme allemande de bonne tradition Prix : 14 400 euros Importé par Pianos Hanlet Remerciements à Pianos Hanlet
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ESSEX EGP-155
excellent très bonne Puissance : moyenne
E
ssex – comme Boston – fait partie de la Steinway Family. Les pianos de cette marque, beaucoup plus abordables que ceux de la prestigieuse gamme Steinway & Sons, sont conçus par Steinway, selon des critères techniques bre vetés ayant contribué à l’immense notoriété du facteur allemand, et fabriqués par des sous-traitants chinois. La qualité de la production est sévèrement contrôlée par les inspecteurs de Steinway. Outre une série de trois pianos droits, Essex propose quatre modèles de pianos à queue : EGP-155, EGP-161, EGP-173 et EGP-183. Intéressons-nous ici au plus petit d’entre eux, l’EGP-155.
Descriptif Le design original de ce petit piano, signé William Faber, apporte une belle touche d’élégance à l’instrument. On repère immédiatement les pieds droits, légèrement évasés à leur base, près des roulettes, la forme particulière des oreilles (avec un angle vif) et du cylindre à charnières, ainsi que la sobriété de la lyre. Le large pupitre à quatre positions ne permet pas une très forte inclinaison, pourtant très agréable en musique de chambre. Un chanfrein, joliment dessiné, orne le couvercle et son abattant sur leur pourtour. On ne peut éviter de remarquer la mention sécurisante et valorisante « Designed by Steinway & Sons » qui apparaît à trois endroits: à l’intérieur gauche du cylindre, gravé
Amplitude dynamique : correcte
Couleur sonore : sans véritable personnalité
Aigus : clairs, bien définis,
des touches blanches, est munie d’un raidisseur métallique, empêchant certaines pannes mécaniques. Sous le piano, le solide barrage en bois est en étoile. Le montage en harmonique (un ancien brevet de Steinway) et d’agrafes dans le grave et le médium, sans la moindre mauvaise angulation. Le cadre métallique très typé, dont les ouïes sont de forme originale non circulaire, est d’une belle couleur dorée et d’un beau poli. La cinématique de l’ensemble mécanique-clavier a été optimisée par les techniciens de Steinway. Contrairement à de nombreux fabricants, aucune matière plastique n’est utilisée dans la mécanique, dont les supports sont en alliage léger extrudé. Le sommier est réalisé en multiplis fins d’érable, les chevilles étant tourillonnées.
3 (forte, una corda, tonale),
155 cm (P) 284 kg ralentisseur
. D . B
quelque peu moins enchanteur, et malgré un registre médium et aigu assez chantant et musical, celui des graves est décevant et étriqué. Cela est dû en partie à la petite dimension de ce piano. Cela étant, d’autres facteurs obtiennent de meilleurs résultats avec des modèles de même dimension.
Toucher et rendu sonore Bien conçu dans son ergonomie, Conclusion cet instrument est vraiment très Ce très joli piano à queue à l’esthéagréable à jouer, avec un clavier et tique originale, très confortable à une mécanique particulièrement jouer, s’avère un peu décevant dans précis. On sent ici la patte de la son rendu sonore, particulièrement grande maison de Hambourg. dans les tessitures graves. NéanCependant, le rendu sonore est moins, la qualité de son ensemble
Durabilité de l’instrument. Les contacts que nous
BANC D’ESSAI
mode d’emploi
presque cristallins, très ouverts assez chantants manquant de définition
R D
Lieux des tests. Ils sont effectués dans les magasins,
chez les fabricants, agents distributeurs ou importateurs. Dans certains cas, nous testons des pianos sans les dernières mises au point avant la livraison de l’instrument au client. Nous tenons compte de tous ces paramètres dans notre appréciation finale.
entretenons régulièrement avec les professionnels du piano (facteurs, techniciens, accordeurs, régleurs ou responsables de l’entretien) nous permettent d’avoir une idée assez précise de la qualité intrinsèque de l’instrument, et notamment de sa capacité à durer dans le temps. Rapport qualité-prix. Les pianos de très haut de gamme restent très chers, mais leur prix est toujours justifié. Le niveau de qualité a énormément
conception Steinway Ébénisterie : noir, blanc ou acajou brillant, et aussi noyer, cerisier, cerisier à fil lisse… Pronostic de durabilité : moyen Usage : amateurs manquant de place, étudiants, particuliers désirant aussi un beau meuble sécurisé par la mention « Designed by Steinway & Sons » Origine : Chine, conception Steinway & Sons Prix : 14 000 euros en noir brillant Importé par Pianos Hanlet Remerciements à Pianos Hanlet
mécanique-clavier, le sérieux de sa conception et de sa finition extérieure, ainsi que la caution d’une firme comme Steinway & Sons, permettent à ce modèle d’être désiré par des amateurs pour lesquels la marque elle-même et l’esthétique ont une importance primordiale, mais aussi par des étudiants qui souhaitent acquérir un bon instrument à queue peu encombrant, à un prix restant malgré tout assez attractif.
progressé dans les instruments d’entrée de gamme, notamment d’origine chinoise ou indonésienne. On peut acquérir de bons pianos à des prix parfois agréablement surprenants. Méfions-nous des a priori négatifs tout en restant vigilant. Pianos numériques. Nous les testons avec les mêmes casques stéréo dynamiques, de type fermé. Les caractéristiques et descriptifs techniques des claviers sont ceux annoncés par les fabricants. Enfin, tous les prix sont donnés à titre indicatif.
mars-avril 2016 n
PIANISTE n°97
n 61
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PIANOS À LA LOUPE
W. HOFFMANN VISION V 158 es pianos W. Hoffmann Descriptif sont produits aujourd’hui D’un design traditionnel sans surdans l’usine C. Bechstein prise, le meuble de ce joli petit Europe, en République tchèque, quart-de-queue, en bois de résineux à Hradec Králové. W. Hoffmann, massif et plaques de MDF, donne marque moyen de gamme dans le la sensation d’un instrument bien groupe Bechstein, propose trois fini, grâce à la qualité et la parfaite séries qualitatives : Vision, Tradition planéité des laques polyester brilet Professionnal. Quatre dimen- lantes. La présence de roulettes sions de pianos droits (112 cm, doubles largement dimensionnées 120 cm, 126 cm et 131 cm) et trois sur un si petit piano à queue est rasmodèles de petits pianos à queue surante. On apprécie la présence (158 cm, 175 cm et 183 cm) sont d’une serrure et d’un ralentisseur disponibles dans la gamme Vision, de cylindre. Les contours du coudont les prix sont les plus accessi- vercle sont chanfreinés, et la lyre, bles. Voici le petit quart-de-queue, d’une belle forme très travaillée, est W. Hoffmann Vision V 158. solidement fixée. La béquille de couvercle est double, et le pupitre comporte trois positions, plus Clavier, confort de jeu : ergonomie l’à plat, mais aucune très inclinée. correcte, malgré des pédales peu éloignées de la verticale du clavier. Le cadre métallique, en fonte grise, bruit parasite, mais la lyre les supClavier précis et d’une très bonne est peint d’un beau doré brillant, portant est positionnée un peu trop fermeté, sans jeu excessif de mais sa surface manque un peu de à la verticale du clavier. Malgré mortaises, idéal pour le travail. « lissé ». Le solide barrage placé sa petite taille, ce piano peut délivrer Mécanique très réactive, répétitions faciles sous le piano est peint en noir. La une bonne puissance sonore, mais Réponse en pp : contrôle aisé table d’harmonie en sapin, de haute dans les nuances forte, il devient Puissance : conséquente qualité, est conçue pour résister aux un peu agressif. Dans les nuances pour un petit 158 cm Amplitude dynamique : importante variations climatiques. Le montage douces, il gagne un peu en rondeur, Couleur sonore : sans forte en cordes comporte des agrafes dans mais la richesse en timbre reste très personnalité. Un peu métallique le grave et le médium. Pas de mau- limitée. Les graves sont honnêtes, et agressive dans les nuances forte. Assez bonne longueur de son vaise angulation autour des agrafes. sans plus, et manquent un peu de Aigus : clairs Les échelles Duplex ne sont pré- définition. Les aigus sont clairs, Médiums : manquant de richesse sentes que dans l’aigu. L’ensemble mais non cristallins. Le point de en timbre et de rondeur dans le forte clavier-mécanique, dessiné et produit croisement, correct, ne révèle pas Graves : définition moyenne dans l’extrême grave par Bechstein, selon les standards une forte discontinuité de timbre Pédales : 3 (forte, una corda, européens, comporte des touches et d’intensité. sostenuto), précises et silencieuses longues, pour un meilleur enfonDimensions : 158 cm (P) x 151 cm (L) cement. Les têtes de marteaux sont Conclusion Poids : 310 kg fabriquées en Allemagne, qualité Ce petit quart-de-queue, preSpécificités : serrure, ralentisseur A ou AA, avec des feutres anglais. mier prix de la série intermédiaire du cylindre, roulettes doubles. Les autres composants sont de W. Hoffmann du groupe Bechstein, Finition correcte dans ce niveau de prix diverses origines, mais sévèrement est un bon instrument de travail, Ébénisterie : noir, blanc, noyer contrôlés par Bechstein, qui impose grâce à son excellent et performant ou acajou brillant des cahiers des charges stricts à ses ensemble mécanique-clavier. Ce Pronostic de durabilité : moyen Usage : débutants, amateurs, fournisseurs du monde entier. n’est pas ce que l’on appelle un piano étudiants disposant de peu de place, d’expression, il faut pour cela monter particuliers pour l’esthétique Toucher et rendu sonore en gamme, dans des modèles plus du meuble Le clavier s’avère d’une bonne fer- musicaux, mais beaucoup plus chers. Origine : République tchèque, conception allemande par le groupe meté et d’une grande précision, sans La grande durabilité de l’ensemble Bechstein flottement latéral. Très réactif, mécanique-clavier n’a pas encore il permet un jeu rapide, d’excellentes été prouvée pour ce modèle de Prix : 16 990 euros - Option Silencieux Vario HDS : répétitions et un bon contrôle des conception récente, dont l’origine 5 190euros nuances. Le revêtement des touches des composants n’est pas précisée Importé par Saico Euroclaviers de clavier est agréable. Les pédales par le facteur, mais qui ne ménage Remerciements à Pianos Daudé assurent bien leur fonction, sans pas ses efforts pour offrir le meilleur
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rapport qualité-prix. Sa finition correcte, son esthétique classique et sobre lui permettront de trouver sa place chez les particuliers. Un très bon choix pour débuter, avec tous les atouts d’un vrai piano à queue par rapport à un piano droit.
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Deux claviers de salon haut de gamme
par Bernard Désormières
été rallongées, ce qui donne plus clavier et doté d’un confortable d’enfoncement vers le cylindre et afficheur 128 x 64 pixels, LCD, offre des sensations proches de celles rétroéclairé. La connectique est très d’un piano à queue. Des contrepoids complète (Midi, deux USB, Line In ont été judicieusement ajoutés et Out, deux casques, etc.) et com’est au printemps 2015 pour faciliter le jeu pianissimo. Les prend même un bouton de réglage que Kawai a présenté les touches noires sont désormais en de volume du niveau de sortie. trois nouveaux modèles de ébène synthétique Ebony Touch, sa série haut de gamme de claviers dont la surface reprend les veines et Toucher et rendu sonore numériques de salon CA (Concert la texture de l’ébène. Si, côté timbres, La nouvelle mécanique est très Artist) : les CA 17, CA 67 et 80 sonorités sont disponibles, les convaincante, tant par sa fermeté CA 97, qui remplacent respective- échantillons du grand piano de que sa précision, dans toutes les ment les CA 15, CA 65 et CA 95 concert Shigeru Kawai SK-EX nuances. La longueur accrue des (Maestro , Pianiste n°80 et n°88 ), et du demi-queue Shigeru Kawai touches et leur nouveau revêtement, apparus fin 2012. Le plus abouti, SK-5 (2 m) s’ajoutent à celle du en particulier des noires, procurent CA 97, a des caractéristiques grand queue Kawai EX. Ces sons une sensation tactile fort agréable. techniques quasi équivalentes à de pianos sont échantillonnés, note La sensation d’échappement est percelles du CA 67 (Maestro , Pianiste par note, avec une polyphonie record ceptible (même si elle ne correspond n°94 ), mais son amplification est de 256 notes, selon la technique techniquement à aucun mouvement plus forte, et il est surtout doté Harmonic Imaging XL, et repro- de type double échappement d’un d’une véritable table d’harmonie. duits sous forme d’ondes numériques vrai piano à queue) et les répétitions Regardons-le de plus près. de haute-fidélité. L’écoute au casque sont très aisées. Le contrôle de la bénéficie de la nouvelle fonction réponse en dynamique est satisfaiDescriptif SHS, le rendu sonore étant modifié sant. La personnalisation des paraPar rapport au CA 95, les amélio- selon le type de casque utilisé (ouvert, mètres de réglages, comme String rations du CA 97 portent surtout fermé, semi-ouvert). La puissance Resonance, permet de mettre en sur l’ensemble clavier-mécanique, est conséquente : 2 x 45 W pour évidence la présence d’harmoniques qui devient le Grand Feel Action II, six haut-parleurs et 45 W pour nombreuses et très présentes, même toujours à trois capteurs et sensation le Transducer mettant en vibration avec la pédale sostenuto, et d’obtenir d’échappement, en lieu et place du la table d’harmonie rectangulaire en des interactions entre les notes, dont Grand Feel. Les touches en bois ont bois. Ce clavier bénéficie, comme les touches sont enfoncées, presque le précédent modèle, de la comme sur un vrai piano ! Les trois fonction avancée Technicien pédales, silencieuses, stables et assez virtuel, qui fait fermes, assurent très bien leur fonc varier un nom- tion. L’amplification intégrée, bre impression- incluant la mise en résonance d’une nant de paramè- petite table d’harmonie, devient très tres relatifs à la convaincante et crédible en écoute sonorité des pia- normale. Bravo ! En écoute avec un nos. Son poids très bon casque, la qualité est de s’élève à 85 kg. haut niveau et a d’ailleurs été senLes différents siblement améliorée grâce à la nouréglages sont ac- velle fonction SHS. La maîtrise des cessibles par un différents réglages et l’accès à chaque petit boîtier situé fonction sont assez faciles, malgré à la gauche du leur multiplicité.
KAWAI
CA 97
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Clavier-mécanique : 88 touches bois, ivoire et ébène synthétique. Grand Feel II (GF II) avec sensation d’échappement, à 3 capteurs et contrepoids Pédales : 3 (Sustain avec effet, demi-pédale, douce, sostenuto). Grand Feel Pedal System Genérateur sonore : Harmonic Imaging XL (HI XL), échantillonnage Polyphonie : 256 notes Sensibilité au toucher : Oui, fixe + 6 niveaux selon Touch Curve Amplification et diffusion sonore : 2 x 45 W. 6 HP : 4 x 7 cm +2 x 1,4 cm + 45 W Tranducer (pour table d’harmonie 152 cm x 53 cm) Sons internes : 80, dont Shigeru Kawai EX, Kawai SK-EX et Kawai SK-5 Démo : 39 sons, 29 morceaux de piano, Concert Magic, 196 morceaux Modes clavier : Dual, Split, 4 mains Effets et fonctions : très complet, avec 6 réverbs et 15 autres effets. Tone Control, fonctions USB, Virtual Technician pour 22 paramètres pour les sons de pianos en Smart ou Advanced Mode ! Leçons, mode casque et réglage selon 5 types de casques… Afficheur : 128 x 64 pixels, LCD, rétroéclairé Enregistrement : 10 morceaux, 2 pistes, 90 000 notes Métronome : oui, avec 100 rythmes Connectique : 2 casques, Midi (In, Out), USB (To Host, To Device), Line In et Out avec boutons Level Adjust. Alimentation : sur secteur Spécificités : table d’harmonie en épicéa (152 cm x 53 cm) Finitions : noir satiné, blanc satiné, palissandre Dimensions : 146 cm (L) x 47 cm (P) x 93 cm (H) Poids : 85kg Prix : 3 299 euros Importé par Hohner France Remerciements à Paul Beuscher
Conclusion Le CA 97, fleuron de Kawai, est un excellent clavier de salon aux hautes performances, tant par son toucher que par son rendu sonore et ses immenses possibilités de réglages. Très complet grâce à ses démos, ses fonctions Lessons ou Concert Magic et au goût du jour avec ses deux connexions USB, il séduira les pianistes de tous niveaux qui désirent un instrument numérique de complément à un piano acoustique, d’une sonorité amplifiée très crédible, et n’altérant pas leurs réflexes pianistiques. Son prix reste très raisonnable. Un des meilleurs modèles du marché dans ce segment haut de gamme. mars-avril 2016 n
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PIANOS À LA LOUPE
de spatialisation (12 cm x 8 cm) dans des caissons séparés. Les très nombreux morceaux ou exercices préenregistrés autorisent une approche pédagogique. La connectique est de qualité, avec deux prises casque (en petit et gros jack), une entrée en petit jack stéréo, une sortie en deux jacks 6,35 mm et, surtout, deux prises USB vers Computer et clé USB. Mais pas de prise Midi ! L’alimentation nécessite, hélas, un adaptateur (fourni). Par ailleurs, certain de la qualité de ses produits, Roland offre désormais une garantie de dix ans sur ses nouveaux claviers !
ROLAND LX-7
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’est le 22 juin 2015, à Paris, que Roland a dévoilé à son réseau de revendeurs et à la presse ses nouveaux claviers numériques de salon, disponibles depuis le 4 août dernier. Les cinq nouveaux modèles sont les F-140R, HP603 (Maestro , Pianiste n°96), HP605, LX-7 et LX-17 en haut de gamme. Ils ont pris la relève des F-130, HP-504 (testé dans Pianiste n°93) , HP506 (Maestro , Pianiste n°88 ) , HP508 (Maestro , Pianiste n°89) et LX-15E (Maestro , Pianiste n°88). Examinons le LX-7.
Descriptif De la forme d’un petit piano droit, compact, avec un couvre-clavier à trois positions, un pupitre pouvant s’entrouvrir, le LX-7 est proposé en trois finitions. L’ensemble claviermécanique PHA 50 est une nou veauté, car ses touches en matériau hybride associent le bois naturel et le plastique moulé. Le Bluetooth fait son apparition sur ce modèle avec l’Audio, ainsi qu’une application de tournage des pages des partitions en liaison avec un ordinateur ou un iPad. Les pédales peuvent alors avoir des fonctions nouvelles. L’écoute au casque bénéficie d’un rendu plus spatial, avec une ambiance 3D. Le 64 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
générateur de sons, toujours baptisé SuperNatural Piano Modeling a été amélioré : cinq sons de pianos acoustiques sont accessibles parmi les 307 timbres proposés, dont 10 pianos électriques. La fonction avancée Piano Designer permet des réglages subtils et fins, pour les sons de pianos seulement. Toutes les fonctions et multiples effets sont présents sur cet instrument (accord, transposition, tempérament, métronome, etc.). La présence d’un afficheur central, associé à des boutons triés par fonction, offre une utilisation très spontanée et conviviale pour les choix des sonorités et des multiples réglages. On apprécie le système de mise en marche et d’extinction de l’instrument, qui se fait automatiquement en ouvrant ou en fermant le cylindre protège-clavier. L’amplification de 2 x 30 W plus 2 x 7 W agit sur quatre haut-parleurs (2 x 12 cm et 2 x 5cm) et deux autres,
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Toucher et rendu sonore L’ergonomie est très bonne. Le revêtement des touches (Ebony et Ivory Feel) est très agréable sous les doigts, et la nouvelle mécanique, peu bruyante intrinsèquement, d’une fermeté acceptable, s’avère très confortable. Pas de problème pour les répétitions et le contrôle des nuances. Il est possible pour les sons de pianos de personnaliser les réglages de réponse en dynamique, pour se rapprocher des sensations de celles d’un vrai piano. Les harmoniques sont bien présentes, et la pédale sostenuto a un fonctionnement non illusoire, surtout lorsque le réglage String Resonance atteint presque son maximum. Les sons de pianos, d’une belle longueur, sont très réussis en écoute avec un bon casque, mais en léger retrait en écoute directe, malgré le système d’amplification-diffusion sonore sophistiqué intégré, d’une puissance confortable dans une grande pièce.
Clavier-mécanique : PHA 50, avec échappement, revêtement Ebony/Ivory Feel. Touches en composite bois naturel et plastique moulé Pédales : 3 (Sustain à action progressive, douce à détection en continu, sostenuto), bonne fermeté, bien guidées. Des fonctions différentes peuvent leur être attribuées Genérateur sonore : SuperNatural Piano Modeling Polyphonie : sans limites pour les sons de pianos, 384 notes pour les autres sons Sensibilité au toucher : désactivé ou réglable de 1 à 100 Amplification et diffusion sonore : 2 x 30 W + 2 x 7 W. 6 HP : 2 principaux x 12 cm, 2 de proximité x 5 cm, 2 de spatialisation de 12 cm x 8 cm en caissons séparés Sons internes : 307, dont 5 pianos, 10 pianos électriques, 13 orgues Démo : nombreux morceaux fournis (parfois en trois parties désactivables : main gauche, main droite, accompagnement). 66 morceaux + 287 exercices Modes clavier : Normal, Split, Twin, Dual Effets et fonctions : effet casque Ambiance 3D pour les sons de pianos, ambiance, brillance, accord (10 tempéraments). Piano Designer très complet pour personnaliser finement le son du piano (Duplex Scale, String Resonance, etc.). Panel Lock Afficheur : Oui (132 x 32 points, soit environ 5,5 cm x 1,4 cm), à contraste réglable Enregistrement : SMF et Audio. Overdubbing Métronome : très complet Connectique : casques (petit et gros jack), Input (mini-jack stéréo), Output (2 gros jacks), 2 prises USB (Computer/Memory) Alimentation : par adaptateur. Consommation 11 W Spécificités : Bluetooth Audio, Turning Music Sheet (application sur mobile connecté par Bluetooth). Transfert de données Midi. Casque ambiance 3D. Mise en marche et arrêt par ouverture ou fermeture du cylindre Finitions : ébène poli (PE), noyer brun (BW) ou noir contemporain (CB) Dimensions : 139,1 cm (L) x 44,6 cm (P) x 103,9 cm (H) Poids : 76,8 kg (BW, CB), 77,1 kg (PE)
Conclusion Roland a beaucoup progressé dans le domaine du toucher et du contrôle des sonorités. Son esthétique proche de celle d’un vrai piano, ses multiples Prix: 3 499 euros (CB), 4099 euros (PE) Importé par Roland Europe possibilités de personnalisation Remerciements à Paul Beuscher des timbres et des effets, la facilité des réglages, ses qualités musicales et tactiles, les nombreux morceaux et Audio le positionnent à l’heure du timbres disponibles permettront au numérique, la présence d’entrée et de LX-7 d’être apprécié des claviéristes sortie « ligne » élargissant également exigeants, des pianistes débutants et le domaine d’utilisation. Un très bon amateurs de tous niveaux. La connec- choix pour un bel instrument complet, tique USB et l’arrivée du Bluetooth à un prix raisonnable.
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CHRONIQUES DISQUES, DVD RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LE MAGAZINE
Classique et jazz Cette rubrique présente une sélection des disques et DVD récemment parus. Les « maestros » de Pianiste distinguent tout particulièrement ceux qui, selon nous, ont marqué ou marqueront la discographie.
conception très sûre de l’architectureorganise en effet chaque prélude et fugue comme BACH (1685-1750) une paire indissociable, avec question et réponse, la première exposant le problème, la seconde le résolvant en une rhétorique toujours limpide. Céline Frisch n’a pas besoin de hausser la voix, de se contorsionner, ni de prendre la pose pour se faire entendre : ses doigts restent ses meilleurs porte-parole. Ainsi Le Clavier bien tempéré se garde-t-elle d’indiquer les (Livre I) moments graves (Fugue n°4, Céline Frisch (clavecin) Prélude n°8, Fugue n°12, Prélude n°24) d’un geste Alpha 2 CD 221. 2014. 1 h 43’ chargé d’intentions, d’amin Les premières mesures du célèbre Prélude en do majeur donner la majesté naturelle laissent deviner de quel œil d’une fugue (n°19) ou de Céline Frisch va lire ce pre- forcer le sourire évident mier livre : panoramique et d’un prélude (n°5, mutin et scrutateur, toujours dans irrésistible). l’anticipation, assimilant Sa maîtrise du clavier lui les mesures avec régularité. autorise des légers décalages La texture se montre en effet entre les deux mains pour aérée, claire et homogène. nourrir le son (Prélude n°4), Ce même prélude dévoile sans jamais atténuer la netégalement les doigts ame- teté des attaques ni la jusnés à feuilleter le cahier : tesse du trait. Aline Blondiau incroyablement souples mal- a su placer ses microphones gré une allure décidée, capa- à bonne distance, de façon à bles d’aménager des menues laisser le clavecin d’Anthony variations de tempo, de faire Sidey et de Frédéric Bal, attendre le 1er temps pour d’après un Silbermann, se mettre en valeur un accord déployer dans une acousou un changement de degré. tique naturelle d’église. Ave c cet appar eil d’une L’auditeur semble alors redoutable efficacité, l’artiste installé dans un environnesigne l’une des versions les ment favorable à une écoute plus accomplies d’une œuvre concentrée, en parfait accord à la discographie pourtant avec cette interprétation de haut niveau. magistrale. Philippe Venturini Cette claveciniste au toucher désarmant de naturel (le cantabile du Prélude n°6) va ainsi LUDWIG VAN rappeler la richesse de cette musique, sans jamais se croire BEETHOVEN obligée de la souligner. Une (1770-1827)
JEAN SÉBASTIEN
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Symphonie n°9 opus 125 (transcription de F. Liszt)
Yury Martynov (piano) Alpha Classics 227. 2015. 1 h 10’
d’une « réorchestration » (au piano) dont il faut parler ! J’avoue avoir été sidéré, tout d’abord, par l’impulsion nerveuse au service d’une conception grandiose de l’œu vre. Ensuite, par la véri té – il n’y a pas d’autre terme – de l’interprétation. Faites le test : passez alternativement d’une version symphonique (sur instruments anciens) à cette transcription. On confond rapidement les deux. Le rebond des percussions, la frénésie des étagements sonores, le souffle épique, l’héroïsme trépidant, la virtuosité du rubato même, la projection du chant dans l’ Adagio, l’illusion des crescendos dans le finale… Il y a dans cette lecture autant de mystère que d’ardeur spirituelle. On franchit ainsi les portes du romantisme à l’époque de Liszt et de Habeneck, le chef français dont Wagner disait que lui seul restituait la grandeur des symphonies de Beethoven. Quel orchestre ! Pardon : quel pianiste !
Un piano ou deux pianos ? Avec ou sans chœur ? Le dilemme se pose avec la Symphonie n°9. D’autant plus que Yury Martynov achève son cycle beethovénien – on sait aujourd’hui qu’il est le plus abouti et original de la discographie – avec le Blüthner de 1867 appartenant à la collection d’Edwin Beunk. Le même instrument qui nous avait légèrement déçu dans lesSymphonies n°3 et n°8. Là où nous pensions entendre une lecture d’une grande finesse polyphonique, nous sommes en réalité surpris par la puisStéphane Friédérich sance sonore. Les micros, placés autrement que dans les volumes précédents, captent le défi proprement JOHANNES BRAHMS surhumain de Martynov : (1833-1897) endosser les costumes du pianiste et du chef d’orchestre à la fois. Il pense à la masse sonore des pupitres et, comme le souhaitait Liszt, équilibre les voix, non en les surchargeant, mais en les allégeant. Le travail du transcripteur consiste bien sou vent à soustraire les notes, et non à Intégrale de l’œuvre en ajouter… C’est donc pour piano seul n
Geoffroy Couteau (piano) La Dolce Volta 6 CD LDV170.5. 2015. 6 h 31’
On ne peut qu’être admiratif devant la volonté d’un artiste – et l’engagement du label – qui a consacré tant d’énergie à la réalisation d’un projet aussi ambitieux : enregistrer tout Brahms ! Ce compositeur qui vidait les salles de concert parisiennes après guerre… Geoffroy Couteau a choisi un ordre chronologique qui fonctionne remarquablement bien, tant l’écriture de Brahms évolue au fil des ans. De manière étonnante, le toucher, la respiration de l’interprète suivent ce processus qui nous porte des influences combinées de Beethoven et Schumann vers une écriture de plus en plus épurée (quant à la quantité de notes !), mais dense sur le plan polyphonique. Les caractères des variations, des Klavierstücke, des sonates (autant de titres déconnectés de tout élément littéraire, contrairement au modèle schumannien) sont puissamment différenciés. L’écoute prolongée laissait craindre une forme de monotonie. C’est tout l’inverse qui se produit, une sorte de libération d’un pianisme qui voit loin et apprécie, à l’instar de grands crus, la caudalie de chaque pièce. Le piano – magnifique Steinway charpenté et racé à la fois – s’épanouit dans un espace naturel. Que l’expression soit tourmentée ou bien recueillie, rien, dans cette n
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somme, n’apparaît forcé ou empreint de maniérisme. Le sentiment d’évidence ne se produit généralement qu’en concert et si rarement dans une intégrale (la dernière en date fut celle de Julius Katchen). C’est l’esprit de la confession qui prévaut ici (le cheminement d’une vie jusqu’à la résignation), mais à une échelle telle, que nous redécouvrons, à la fin de l’écoute, la valeur humaine et musicale de cette musique. À l’évidence, elle clôt le romantisme tout en se révélant étonnamment prémonitoire sur le plan harmonique. Voilà l’une des grandes réalisations pianisS. F. tiques de l’année.
FRÉDÉRIC CHOPIN (1810-1849)
Préludes opus 28. Nocturne opus 48 n°1. Sonate n°2 opus 35. Polonaise opus 53
Seong-Jin Cho (piano) Deutsche Grammophon 4795332. 2015. 1 h 12’
Vainqueur en octobre dernier du XVIIe Concours Chopin de Varsovie, le pianiste coréen est l’élève de Michel Béroff au Conservatoire de Paris. Deutsche Grammophon a sélectionné certaines de ses prestations lors des éliminatoires. [ n
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CHRONIQUES DISQUES, DVD RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LE MAGAZINE
ENTRETIEN AVEC… BÉATRICE RANA
CONCERTOS RUSSES POUR SON PREMIER DISQUE AVEC ORCHESTRE (WARNER CLASSICS), LA PIANISTE ITALIENNE A CHOISI DEUX MONUMENTS DU RÉPERTOIRE RUSSE : LE CONCERTO N°1 DE TCHAÏKOVSKI ET LE N°2 DE PROKOFIEV. RENCONTRE AVEC UNE ARTISTE PLEINE DE RESSOURCES.
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ourquoi avez-vous décidé de réunir ces deux piliers du répertoire russe sur un même disque ? Hormis leur immense virtuosité, ces deux œuvres révolutionnent l’écriture pour le piano. Nikolaï Rubinstein découvre l’œuvre de Tchaïkovski… et la rejette, prétextant qu’elle est injouable ! Quant à Prokofiev, il est inspiré à la fois par le futurisme de son temps et par le choc qu’il éprouve lorsqu’il apprend qu’un de ses amis, Maximilian Schmidthof, vient de se suicider ! Enfin, les deux partitions développent toutes deux une fantastique énergie rythmique. Peu d’interprètes féminines se sont lancées dans le Concerto n°2 de Prokofiev. Représente-t-il un si grand défi pour elles ? Chacun relève les défis qu’il juge à sa portée… Cette œuvre, qui réclame en effet un engagement physique considérable, n’est pas si difficile. C’est la restitution de l’émotion musicale qui est complexe. Si vous ne cherchez qu’à montrer votre virtuosité, vous passez à côté du message de la partition. Je l’ai découverte en concert à l’âge de 15 ans. J’ai immédiatement acheté la partition et… l’ai refermée ! Trop de notes ! Un an plus tard, je m’y suis mise. Quelle impression avez-vous ressentie la première fois que vous l’avez jouée avec orchestre ? Une impression incroyable.
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Une véritable révélation, parce que la sonorité de l’orchestre qui vous enveloppe est monstrueuse, massive, dramatique. Vous entrez dans un véritable combat. Par exemple, le Scherzo est une sorte de perpetuum mobile, une «machine de guerre » inexorable et digitalement épuisante. Vous avez choisi des tempos plutôt modérés… Ce concerto me passionne en raison de ses différents niveaux de compréhension. Prokofiev l’a composé alors qu’il était très jeune. Hélas, il a perdu le manuscrit, qu’il a réécrit de mémoire dix ans plus tard. Entretemps, il a bénéficié d’une maturité salutaire. Nous avons donc à la fois l’impact, le choc d’une musique incroyablement novatrice et juvénile encore, avec, simultanément, une partition d’une richesse inouïe. Si on l’interprète trop rapidement, on passe à côté de nombreux détails. Précisément, comment préserver la clarté du discours ? La compréhension de la structure de l’œuvre et l’organisation de la pensée, dans la terrible cadence du 1er mouvement notamment, sont indispensables. C’est ce qui préserve l’interprète de la « noyade ». Votre premier disque paru chez Harmonia Mundi associait Schumann, Ravel et Bartók. Aujourd’hui, avec Prokofiev, que représentent pour vous
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les esthétiques de la première moitié du XXe siècle ? Une période en or pour la musique ! C’est une époque qui comporte presque autant de styles que de compositeurs ! Tous ont eu pour objectif de rompre avec le romantisme et de penser différemment non seulement le piano, mais surtout l’orchestration. Pensez-vous que Prokofiev ait rompu avec le romantisme ? Il serait bien péremptoire de classer un musicien dans telle ou telle catégorie. Prokofiev n’était pas antiromantique. On confond souvent sentimentalisme et romantisme. Prokofiev était plus encore néoclassique, une approche elle aussi révolutionnaire, qui a déteint aussi bien sur Ravel que Bartók et Stravinsky. Tous les compositeurs russes du XXe siècle ont affirmé la dimension incontournable de l’œuvre de Tchaïkovski… Tchaïkovski fut avant tout un symphoniste. Son écriture pour le piano n’est pas « confortable », bien que techniquement plus abordable que celle de Prokofiev. Il ne faut pas oublier que ce piano
puise ses racines aussi bien dans la symphonie que dans le ballet et le chant lyrique. Parlez-nous de l’enregistrement proprement dit… Collaborer avec Antonio Pappano fut un grand privilège et un plaisir immense, car nous avons les mêmes idées musicales. Sa direction transmet énormément d’énergie à l’orchestre et une forme de spontanéité, qui me convient parfaitement. Avez-vous déjà pensé à votre prochain disque ? Ce sera un programme en solo, mais il est trop tôt pour vous en parler. Propos recueillis par Stéphane Friédérich Lire la chronique du CD page 73.
À ne pas manquer > 22 avril Récital à Courtrai (Belgique) avec le Quatuor Zaïde > 4 juillet Récital aux Rencontres musicales d’Évian > 11 juillet Récital au festival Radio-France et Montpellier (soirée d’ouverture) > 29 juillet Récital au festival Musique à l’Empéri > 30 juillet Récital à Saint-Paul-de-Vence
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Les grands concerts d’Assas
Ce qui surprend en premier lieu, puisqu’il s’agit de « live », c’est la décontraction du toucher. Seong-Jin Cho prend le temps de créer le son. Il dépasse la simple prouesse technique pour offrir une lecture juste, sans faute de goût. Presque trop «propre», d’ailleurs, tellement celle-ci évite l’alanguissement, d’un côté, et la fébrilité, de l’autre. Les Préludes sont d’une grandeur… mesurée, avec des changements de touchers qui composent impeccablement l’unité du cycle. Seong-Jin Cho a pensé son interprétation et ne commet aucune erreur. Il est efficace. C’est peut-être cette prévention devant le risque (on songe à l’imagination de Martha Argerich) qui freine son piano. Il est vrai que l’enjeu (une place en finale du concours) est de taille. Le Nocturne opus 48 n°1 manque encore de personnalité. Dans la Sonate en si bémol mineur, il relâche un peu le contrôle sonore, et c’est tant mieux. Difficile, pourtant, de le placer au niveau des Argerich, François, Duchâble, Kissin, Pollini, Pogorelich et autres Rubinstein. À 21 ans, Seong Jin Cho joue comme on le lui a appris. Cela étant, il possède un grand potentiel artistique, comme en témoigne sa Polonaise opus 53, magnifiquement tenue. Il fait preuve déjà d’une musicalité qui se nourrira des expéS. F. riences de la vie. [
CLAUDE DEBUSSY (1862-1918)
Children’s Corner. Images (Livre II). Préludes (Livre II) Michel Dalberto (piano)
Aparté AP111. 2015. 1 h 08’
Première étape d’un projet qui visitera ensuite Fauré, Franck et Ravel, ce florilège de pièces de Debussy a été capté en concert dans la salle baroque du théâtre Bibiena de Mantoue. Aux commandes du piano Grand Fazioli, Michel Dalberto en maîtrise les moindres nuances et il réussit même à en attendrir les aigus comme à en projeter les graves, obtenant ainsi un équilibre confondant, qualité que concède pourtant difficilement l’instrument. Dès les Children’s Corner, la finesse du toucher, la sensibilité et le talent de coloriste révèlent un pianiste créateur de mystère, qui semble se souvenir du style de Debussy défini par Marguerite Long: n
« En demi-teinte, mais avec une sonorité ample et intense, sans aucune dureté dans l’attaque. » Michel Dalberto passe du clin d’œil enfantin (Jimbo’s Lullaby) au rêve le plus loin-
tain, sans s’éloigner d’un regard poétique (The Snow Is Dancing) et du bon plaisir teinté d’ironie (Golliwog’s CakeWalk). Dans la deuxième série des Images, il concilie rigueur (Les Tierces alternées), précision et imagination (Cloches à travers les feuilles), puissance et sensualité féline (Poissons d’or). Mais c’est surtout dans le livre II des Préludes qu’il peut donner libre cours à sa délicatesse de style, à cette élégance quintessenciée et à une volupté de l’instant (Brouillards). Plus encore que dans sa gra vure du livre I effectuée en 1998 (RCA), Dalberto fait preuve d’un art exigeant, tant dans l’individualisation des timbres (La Terrasse des audiences du clair de lune) que dans les transitions les plus complexes avec une hauteur, une subjectivité (Ondine) et une absence d’artifices (La Puerta del Vino) qui façonnent l’imaginaire (Feux d’artifice). Dans l’univers ondoyant et divers de Claude de France, cette anthologie, très bien [
Après 40 années, Assas ressuscite les grands concerts mythiques qui avaient accueilli jadis : Claudio Abbado, Martha Argerich, Vladimir Ashkenazy, Daniel Barenboim, Leonard Bernstein, Alfred Brendel, Samson François, Herbert von Karajan, Arthur Rubinstein et tant d'autres artistes.
JEUDI 14 AVRIL 2016 À 20H00 Université Paris Il - Grand Amphithéâtre 92 rue d'Assas - 75006 Paris
Orchestre Symphonique du CRR de Paris Direction Pierre-Michel Durand
FRANÇOIS-RENÉ
DUCHÂBLE ✹
Schubert ✹
Symphonie n°8 Inachevée ✹
Grieg ✹
Concerto pour piano et orchestre ✹
Poulenc ✹
Concerto pour 2 pianos et orchestre avec Gérard Bekerman
ENTRÉE : 20 € / RÉSERVATION : FNAC ou Les Grands Concerts d'Assas 23, rue Raynouard - 75016 Paris - 01 47 55 45 20 (Chèque à l'ordre de GCA joindre une enveloppe timbrée)
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CHRONIQUES DISQUES, DVD RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LE MAGAZINE
captée, se situe au niveau « réduction d’orchestre » : jamais d’extraire de ces pages des références de Michelan- Armstrong semble jouer avec des sentiments et des climats geli, Gulda, Zimmerman et, les attentes de l’auditeur, qu’elles ne recèlent pas. Il récemment, Hamelin. quitte à le surprendre par une bannit donc toute forme Michel Le Naour absence délibérée de séduc- d’emphase ou de tragique, tion, qui prend la forme ici mettant en lumière la simde fulgurances, là, de contre- plicité de leur expressivité, FRANZ LISZT chants surarticulés ou de comme l’illustre le Concerto (1811-1886) graves assénés, ailleurs, d’un n°8 aux mouvements vifs refus obstiné de danser. Les joués avec allégresse, mais tempos majoritairement rete- sans excès par les musiciens Variations sur un thème de Chopin opus 22 nus, comme la mise en valeur de la Kölner Akademie. des nombreux intervalles Le tissu orchestral est d’une + Medtner de tritons, font de l’ultime grande légèreté, en symbiose Sonata Reminiscenza Méphisto-Valse un combat avec les timbres cristallins opus 38 n°1. Sonate opus 22 à mort dont on ressort exté- du pianforte, une copie d’un Alexander Paley (piano) nué. Si elle ne vise pas à char- Walter & Sohn de 1802. Des La Musica LMU005. 2015. 1 h 17’ mer, fût-ce par le tour de qualités idéales pour éclairer n Il n’est pas commun que force digital qu’elle implique, le caractère chambriste du deux programmes aussi pro« Symphonic Scenes » : l’interprétation d’Armstrong Concerto n°11. Sur ce plan, ches paraissent simultanédeux épisodes du Faust de frappe par sa hauteur de Ronald Brautigam surclasse ment. Deux conceptions aussi Lenau. Le Triomphe funèbre vue. Un disque en tout point les lectures de Jos van Immer- intéressantes l’une que l’autre. Jérémie Bigorie du Tasse. Salve Polonia. atypique. seel avec Anima Eterna, plus Yevgeny Sudbin possède un Méphisto-Valses n°2 et n°3 denses mais aussi plus empe- son qui se projette avec éléKit Armstrong (piano) sées. L’ensemble ne manque gance. Ses Medtner profonWOLFGANG AMADEUS Sony 88875163732. 2015. 1 h 09’ ni d’élégance ni de raffine- dément romantiques s’adresMOZART ment, mais sonne un peu sent à un vaste public. C’est n Le beau programme que voilà, contournant les pièces (1756-1791) sèchement. Heureusement, un piano lyrique, déjà concerles plus rabâchées pour se Michael Willens compense tant aux premières mesures concentrer sur des raretés ! cette relative verdeur par un du Prologue des StimmungsMême la célèbre Méphistoengagement théâtral et une bilder et de la Sonata RemiValse n°1 bénéficie d’un nouinventivité réjouissants, sin- niscenza. Il respire avec ampleur vel éclairage en succédant à gulièrement dans l’ Allegro du et vit pour le beau son. Le Concerto n°13, dont l’ardent toucher est épais, timbré, la Procession nocturne, son pendant faustien. Difficile, fugato est entonné avec verve. gorgé de chaleur, loin para Jean-Noël Coucoureux bien qu’Armstrong n’en fasse doxalement de ce que l’on pas mention lors de l’entreimaginerait d’un jeune soliste tien publié dans la notice, de (ah, les a priori!) au jeu souSERGE ne pas sentir la marque de Concertos pour piano n° 8, vent plus incisif. Ici, les couRACHMANINOV son maître, Alfred Brendel. n°11 et n°13 leurs de Medtner fraient Est-ce en raison d’un grand Ronald Brautigam (pianoforte), (1873-1943) presque avec celles d’Albeniz. Bechstein (dont Liszt s’était Die Kölner Akademie, Les Contes et la Sonate tragique entiché durant ses dernières dir. Michael Alexander Willens sont captés d’un peu plus loin, années)? Toujours est-il qu’on BIS SACD 2074. 2014. 1 h 08’ ce qui dilue la polyphonie, est à l’opposé du « noble n Les trois partitions rassemdevenue alors plus orchessouffle romantique», tant son blées sur ce disque sont encore trale. Voilà un très beau obsession à orchestrer le pleinement ancrées dans le piano, « luxueux », magnifié piano opère une déconstruc- style galant. Le Concerto n°8, plus encore dans la sélection des sonorités annihilant le moins exigeant sur le plan tion des Préludes. Il manque toute spontanéité du jeu. technique, a été écrit à des même d’un soupçon d’agresMais le résultat ne laisse pas fins pédagogiques à l’intensivité (opus 23 n°5), à moins d’impressionner, notamment tion de la comtesse Antonia 6 Préludes opus 23 n°4 qu’on ne soit trop habitué dans les pages riches en vir- Lützow. Quant aux Concertos et n°5, opus 32 n°5, n°6, aux versions batailleuses ! tualités symphoniques : la n°11 et n°13, Mozart les consi- n°12 et n°13 + Medtner Oublions ici toute tragédie. Procession nocturne, d’une dérait comme « brillants, Sonata Reminiscenza Rachmaninov est réconcilié déréliction absolue, progresse agréables à l’oreille et simples, opus 38 n°1. Prologue avec l’humanité. avec angoisse. Les gazouillis sans être pourtant insipides ». des 3 Contes populaires Le cheminement d’Alexander sont moins ceux échappés de « Limpides », « insouciantes » opus 51 n°3, opus 20 n°1, Paley est tout autre. Introsla Légende de saint François et « raffinées », tels sont les opus 26 n°1. Canzona pectif, il interroge d’abord le d’Assise que des Oiseaux tristes adjectifs qui viennent sponta- Matinata opus 39 n°4. piano et joue essentiellement de Ravel. Quant aux trois nément à l’esprit pour carac- Sonate tragique opus 39 n°5 pour lui-même. Il est dans Méphisto-Valses, elles ne se tériser les lectures de Ronald Yevgeny Sudbin (piano) l’âge de la confession, et non départent pas de cet esprit de Brautigam, lequel ne tente Bis 1848. 2012. 1h plus de la conquête… Chez [
70 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
Paley, la nostalgie, la douleur (terrible sol mineur de l’opus 22 !) aussi s’expriment jusque dans les ornements qui ont cette acidité qui contrarie la phrase, aussi musicale soit-elle. Les Variations sur un thème de Chopin, elles, glissent de Bach au XX e siècle. Le caractère presque vénéneux, mais aussi hymnique de cette musique, est superbement restitué. L’une des plus belles lectures de la discographie. Deux albums, deux interprétations si magnifiquement portées, que l’on renonce à les départager. S. F.
MAURICE RAVEL (1875-1937)
Intégrale de l’œuvre pour piano Bertrand Chamayou (piano) Warner Classics 0825646026814. 2 CD. 2015. 2 h 27’ n Puisant sa source principale
dans la technique de Liszt, Ravel ajoute à son écriture, comme aucun autre compositeur de son temps, le souci de la clarté, héritage du classicisme – au sens du Grand Siècle –, ce qui laisse moins de place à l’interprétation que l’œuvre de Debussy, par exemple. Bertrand Chamayou se lance à son tour dans ce défi bien français d’une intégrale (après Tharaud, Muraro, Merlet, Dumont, Ader, Pludermacher, Bavouzet, Bianconi, Rouvier, Thibaudet, entre autres, pour ne pas citer les jalons antérieurs). Belle aventure, car il n’est pas simple d’oublier le poids des traditions, le souvenir d’un Perlemuter ou l’imagination d’un Samson François, et d’inventer son propre cheminement ravélien.
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Bertrand Chamayou impressionne en premier lieu par sa maîtrise de tous les paramètres nécessaires : le sens de l’architecture, la tenue des tensions, des couleurs et des timbres, la continuité mélodique et harmonique. Il refrène les humeurs capricieuses, calcule jusqu’à la projection sonore de manière fascinante dans les Miroirs, les Valses nobles et sentimentales. L’élégance de son toucher érode toute velléité d’impertinence, y compris dans les pièces secondaires (si tant est qu’il y en est), ces « à la manière de… ». Bertrand Chamayou demeure intransigeant, « mesurant » le romantisme des Valses et de Gaspard de la nuit, cherchant moins à éblouir par la virtuosité qu’à restituer le chant intérieur, souvent orchestral de Ravel. Cette intégrale prend le risque
d’une certaine uniformité, la sonorité typée et aristocratique du piano glissant d’une pièce à l’autre. Nous admirons ce jeu souple et racé, plus marquant dans la Sonatine et Le Tombeau de Couperin que dans Gaspard de la nuit, comme si le contrôle contenait en permanence l’imagination. Voilà donc une leçon de style aussi nette qu’intelligente et magnifique S. F. de tenue. FRANZ
SCHUBERT
(1797-1828)
[
RESTAURATION - OPTIMISATION - VENTE
Bechstein, Pleyel, Bösendorfer, Blüthner, Steinway de l’âge d’or de la facture de piano (1900 - 1930)
Élégance et richesse sonore alliées à un toucher contemporain
n o l l a W . D
CONCEPTION - FABRICATION - VENTE
pianos Stephen Paulello
[email protected] www.stephenpaulello.com
*VUÄLa ]V[YL WPHUV n \U JVUZ[Y\J[L\Y
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Sonate pour piano n°19 en ut mineur D. 958. 4 Impromptus D. 935 [
JOUEZ ET
GAGNEZ
Nikolai Lugansky (piano)
des coffrets Brendel de 114 CD!
RÉCITALS HELLDUNKEL
Ambroisie AM214. 2015.1 h 14’
PAGE 75
Dans ce répertoire qu’il n’avait pas encore abordé au disque, Nicolai Lugansky se confronte à deux des formes de la création schubertienne ultime, celles de la longue durée et des instantanés. Dans la Sonate en ut mineur, il privilégie une conception d’une maîtrise parfaite où le cœur a toujours ses raisons, plutôt que l’énergie héroïque (Allegro), les brisures, angoisses et tourments (Adagio). La progression inexorable de la tarentelle finale en forme de rondo, course à l’abîme ner veuse, sauvage et obsessionnelle, ne laisse pas étourdi par le maelström de croches venues d’outre-tombe, mais garde un quant-à-soi, une suprême élégance face au néant. On reste subjugué par l’aisance technique de cette approche sans affectation, cet art du chant naturel, bien que l’émotion n’affleure guère sous la perfection. Le même équilibre transparaît dans les Impromptus où aucun détail n’est négligé : la subtilité du toucher (simplicité et grâce de l’ Impromptu n°2), le sens de la couleur et des nuances, la clarté s’épanouissent dans des tempos modérés qui donnent du temps au temps (variations de l’Impromptu n°3 sur le lied Rosamunde ). Toutefois, ce clavier supérieur, qui ne laisse rien au hasard, peine à s’abandonner dans l’épisode viennois du trio de l’ Impromptu n°4. Il triomphe néanmoins dans la danse paysanne syncopée conclusive, sans pour autant déchaîner les orages désirés appelés par une virtuosité sans faille. Une telle interprétation ne remet somme toute pas en cause la primauté de Brendel, Lupu, Zacharias pour la sonate, et de Serkin, Brendel et, surtout, Edwin Fischer dans les Impromptus. Michel Le Naour �
ALFRED BRENDEL « THE COMPLETE PHILIPS RECORDINGS »
A C C E D / A G E V O L A E N I M A J N E B
L
e legs est immense, à la mesure du poète, écrivain, conférencier et… pianiste. Pour le label Philips, Brendel fut, durant plusieurs décennies, l’une des grandes icônes du piano, aux côtés de Claudio Arrau, son aîné – sans oublier Stephen Kovacevich, Martha Argerich et Zoltán Kocsis. Contrairement à ce que souligne le livret – passionnant au demeurant, avec plus de 200 pages –, le registre de Brendel n’est pas aussi vaste qu’on l’imagine. Il se concentre sur le répertoire germanique, les grandes figures, de Bach à Berg. Très peu de Chopin et de Mendelssohn, aucun compositeur français du XXe siècle n’est ici représenté, aucun des Russes Tchaïkovski, Prokofiev, Rachmaninov. Cela représente-t-il un problème ? Assurément pas. Car Brendel n’a cessé d’approfondir les œuvres et cycles qu’il juge essentiels, en proposant plusieurs lectures : trois intégrales des concertos de Beethoven, deux des sonates, divers concertos de Mozart regravés et jusqu’à quatre versions de la dernière sonate de Schubert. Le pianiste indique les gravures qu’il préfère. Il s’agit presque systématiquement des témoignages les plus récents. En quoi l’interprétation a-t-elle évolué ? Le toucher, le timbre et, plus précisément, le contrôle des harmoniques ont profondément changé, et on n’inclut pas ici les premiers enregistrements de Brendel réalisés pour Vox à partir du début des années 1950… Les versions les plus anciennes paraissent souvent plus « théâtrales » (Beethoven), Brendel choisissant des contrastes marqués. Cela étant, la souplesse dont il fait preuve ne néglige jamais les détails, le sens intime de la construction. Il joue moins dans l’instant qu’un Arrau. Au fil du temps, il creuse les demi-teintes, peaufine quasi fanatiquement les détails (Schubert, Schumann). Il se rapproche davantage de la conception d’un Serkin. Le son se polit, le caractère s’affirme plus introspectif ou chambriste. Une quête de vérité, quasi mystique, dans laquelle le clavier s’efface devant le message. Les Schubert de Brendel sont avant tout « littéraires », suggérant un récit, abandonnant toute volonté de simplicité, de schubertiade. Cela se perçoit jusque dans les concertos (Brahms et Beethoven). Il épure les phrases, réduit
ne pas être toujours ému
S. F. Decca 4788827, 114 CD. 1961 à 2008
Mozart : Variations sur « Ah, vous dirais-je maman » K. 265. Fantaisie K. 475. Beethoven : Sonate opus 27 n°2 « Clair de lune ». Schumann : Fantaisie opus 17. Chopin : Nocturne n°20 opus posth.
Cyril Guillotin (pianos Steingraeber & Söhne, pianofortes Carlo de Meglio, Érard et Pleyel) Evidence 2 CD EVCD020. 2015. 2 h 37’ Nouveauté Stéréo §§§ � Lors de deux reportages, l’un
effectué à Pétignac (16), l’autre à Bayreuth (voir Pianiste n°94 et n°96), nous avons présenté l’étonnante aventure du pianiste qui a gravé le même programme sur des instruments différents. Exercice de virtuosité digitale et intellectuelle, assurément, dont le résultat témoigne de l’interdépendance entre facteurs d’instruments et compositeurs, organologie et œuvres. Le propos de « Helldunkel » (clair-obscur) est, au final, moins de comparer que d’enrichir le jeu du piano moderne – soyons égoïstes, car la plupart d’entre nous ne possèdent par de pianofortes –, en choisissant toutefois un instrument typé. Car le Steingraeber fait partie de ces pianos d’excellence allemands dont la sonorité est spécifique. Cyril Guillotin a donc mené un «double jeu », se pliant aux exigences des pianos, sans pour autant renier ses interprétations de chaque pièce. Le résultat est étonnant, les œuvres divergeant profon-
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dément. Le «temps» musical s’inscrit dans une époque, ses contraintes, mais aussi ses libertés. Liberté expressive dans la Fantaisie deSchumann, par exemple, lorsque les aigus enfouis du piano Érard surgissent brusquement des ténèbres. Tout l’équilibre de l’œuvre, jusqu’au tempo, en est boule versé.La violence expressive s’en trouve suggérée, et non plus exprimée. Sur le Steingraeber, l’univers schumannien ne paraît pas si éloigné que cela. Tout comme dans le Nocturne de Chopin. Le procédé Sordino Céleste (voir Pianiste n°82) offre de nou velles possibilités de timbres. Dans les pièces de Mozart, un temps d’adaptation est nécessaire. Le Carlo de Meglio (1832) et ses bruits mécaniques sont partie intégrante… de la partition (!), alors que le Pleyel (1843), pour Chopin, est d’une élégance parfaite. Tentez
cette expérience savoureuse de Ivan Moravec (piano) passer d’un disque à l’autre. Supraphon 2 CD SU4190-2. 1987. S. F. Un pari réussi. 1 h 30’ n Les récitals du pianiste tchèque sont précieux, plus IVAN MORAVEC encore peut-être que ses gra vures en studio. Le musicien devait recevoir cet enregistrement gravé sur CD à l’occasion de son 85e anniversaire (les bandes étaient restées dans les archives de Supraphon depuis vingt-huit ans). Hélas, il est mort en juillet 2015. Ce concert du 6 janvier 1987 est intégralement restitué. Il fut « Prague 1987 » capté au Rudolfinum. Le pianiste est en état de grâce ! En Bach : Fantaisie quelques mesures de la Fanchromatique et fugue taisie chromatique, il capte BWV 903. Mozart : Sonate n°13 K. 333. l’attention de l’auditoire. Il Beethoven : Sonate n°14 subjugue non seulement par opus 27 n°2 « Clair de lune ». la précision de son jeu, l’infinie Chopin : Nocturnes opus 15 variété des couleurs, mais aussi n°2, opus 27 n°2. Mazurka par la capacité de faire chanter opus 50 n°3, opus 63 n°3. chaque voix d’une phrase musicale. La fugue est d’une perBallade n°4 opus 52. fection technique ahurissante, Debussy : Clair de lune.
imperceptiblement accélérée, suscitant une sorte d’inquiétude, d’urgence. La Sonate de Mozart est comme chorégraphiée. Inventive à chaque mesure, elle nous fait entrer dans un univers d’une intensité de vie, que de rares interprètes ont pu transmettre dans ce répertoire. La Sonate « Clair de lune» est tout aussi prenante. Le tempo est retenu, grave, mais nullement pesant. Le chant est porté par les harmoniques. Chaque couleur d’accord naît de l’harmonique de l’accord précédent. Le finale est porté par un souffle irrésistible. Les micros restituent l’ambiance d’une salle comme hypnotisée. Chopin, enfin. Moravec prend tous les risques jusqu’à la note blanche, presque. Dans l’acoustiquedu Rudolfinum, on perçoit toute la richesse d’un toucher et d’une pensée musicale au sommet de son art. Un récital béni des dieux ! S. F.
BÉATRICE RANA
Prokofiev : Concerto pour piano n°2. Tchaïkovski : Concerto pour piano n°1
Béatrice Rana (piano) Orchestre de l’Académie nationale Sainte-Cécile, dir. Antonio Pappano Warner Classics 082564600991. 2015. 1 h 07’
Deuxième Prix du Van Cliburn 2013, la pianiste italienne a gravé un premier CD Chopin et Scriabine (Atma) de belle facture, suivi d’un superbe récital Schumann, [ n
DANS LE CADRE DU LANCEMENT DE LA GAMME CELVIANO GRAND HYBRID,
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CHRONIQUES DISQUES, DVD RÉALISÉ EN PARTENARIAT AVEC LE MAGAZINE
I D N U M A I N O M R A H
R O F 1 1 0 2 © / A N I L O M P E S O J
ENTRETIEN AVEC… PAUL LEWIS
BAL(L)ADE AVEC BRAHMS À LA SUITE D’ENREGISTREMENTS CONSACRÉS À SCHUBERT, SCHUMANN ET MOUSSORGSKI, LE PIANISTE ANGLAIS EXPLORE, DANS UN NOUVEL ALBUM À PARAÎTRE (HARMONIA MUNDI), L’UNIVERS DE BRAHMS.
E
st-il difficile d’associer, sur un même disque, des œuvres de Brahms avec un autre compositeur ? La variété du piano de Brahms est telle, qu’il se suffit à lui-même. Les Ballades opus 10, qui sont inspirées par la jeunesse, la fougue, la passion d’un jeune homme, pourraient être reliées avec des pièces de Schumann. Ce n’est pas le cas du Concerto n°1 pour piano en ré mineur.
Brahms a été profondément influencé par Schumann, son mentor. Qu’est-ce qui distingue avant tout leur écriture pianistique ? Les énergies de Brahms et de Schumann sont très différentes. Avec Schumann, on entre en contact direct avec son esprit instable.
74 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
Les premières notes du Concerto de Brahms sont aux antipodes de cet univers, bien qu’elles plongent l’auditeur dans un torrent d’expressivité. Précisément, la structure du Concerto est si étonnante qu’elle dérouta le public, lors de sa création. S’agit-il pour vous d’une symphonie avec piano – et quel piano ! – ou bien d’un concerto au sens classique du terme ? On peut en effet concevoir l’œuvre comme une symphonie avec piano ! Mais, à la nuance près, que le piano est, lui aussi, symphonique. La complexité polyphonique de son écriture le place au même niveau que l’orchestre. C’est assez déroutant, car la partition compte aussi des passages profondément
chambristes et intimistes. Brahms compose sa musique par blocs, lesquels sont reliés de manière savante. Ces « blocs » sont comme des variations d’atmosphères. Ne perdons pas de vue que l’écriture de Brahms est d’une logique sans faille. L’interprète doit en respecter la cohérence et ne jamais perdre la construction du 1er mouvement, de plus de vingt minutes à lui seul. Une complexité d’autant plus grande que Brahms utilise des formes anciennes. Ainsi, le 1er mouvement est bâti à la manière d’un lamento baroque… Brahms connaissait à la perfection tous les courants de musique. Il les utilisait pour nourrir et porter ses idées, et non pour les reproduire. Ses références demeurent
classiques, et l’expression, profondément romantique ! Par exemple, la passacaille est un « outil » qu’il affectionne. Mais écoutez aussi le 2e mouvement du Concerto, avec la citation du Benedictus qui venit in nomine Domini. Le regard liturgique de Brahms est inspiré par le visage de Clara… Enfin, dans le finale, la musique folklorique surgit avec des éléments populaires hongrois. Il demeure difficile de définir la musique de Brahms par sa seule dimension romantique. Fauré, Chopin, Grieg, entre autres, ont composé des ballades. Quelle signification revêt ce mot pour Brahms ? Par exemple, la Ballade n°1 s’inspire d’une légende écossaise, Edward . Elle évoque le parricide d’un fils, puis les aveux à sa mère. Brahms imagina les sentiments et les expressions de la douloureuse confession dans l’esprit d’un choral religieux. Le piano dresse le portrait des deux personnages comme s’il s’agissait d’une scène d’opéra d’une noirceur d’autant plus inouïe qu’elle suit le récit « mot à mot ». Brahms a créé un fil conducteur entre les ballades. Elles font partie d’un tout, d’une unité tragique, et elles ne peuvent être dissociées les unes des autres. Avez-vous en projet de graver le Concerto n°2 pour piano ? Laissez-moi deux ou trois ans de réflexion et, surtout, la possibilité de le jouer en concert avant de l’enregistrer ! Auparavant, il est prévu un disque consacré à Bach (Partita n°1, Concerto italien et Transcriptions de Busoni ). Propos recueillis par Stéphane Friédérich La chronique du CD, qui sortira le 15 avril, paraîtra dans le prochain numéro de Pianiste.
À écouter > Brahms : Concerto pour piano n°1 opus 15. 4 Ballades opus 10. Orchestre
symphonique de la Radio suédoise, dir. Daniel Harding (HM)
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Ravel et Bartók chez HM. Le choix des deux concertos ARRANGEMENTS s’avère passionnant. En effet, ET ADAPTATIONS les interprètes féminines du Concerto n°2 pour piano de Prokofiev ne sont pas légion (Viktoria Postnikova, Yuja Wang et Anna Vinnitskaya), et Béatrice Rana s’attaque à une partition physique, dont elle domine parfaitement les immenses dynamiques et les prodigieuses difficultés techniques. Le toucher sobre Bach : Schlusschor et chantant, imbriqué dans « Wir setzen uns mit Tränen l’orchestre, est dans le « dia- nieder » de la Passion logue » chambriste. Les pro- selon saint Matthieu. vocations de l’écriture, les dis- Mozart : Confutatis sonances et ruptures de climats maledictis et Lacrimosa sont totalement intégrées dans du Requiem. la masse sonore. Elle donne Puccini : Crisantemi. le sentiment d’aborder l’œuvre Liszt : Mephisto-Valse. dans la tradition romantique, Schumann : « Wenn ich l’héritage de Brahms – ce qui in deine Augen seh’ ». peut prêter à sourire dans Chostakovitch : Toccata le cas de Prokofiev –, préférant et Passacaglia un tempo relativement mesuré, de la Symphonie n°8. afin de travailler les couleurs Sayat-Nova : Mélodie en profondeur. Rien ne doit, – Élégie. semble-t-il, demeurer dans Moussorgski : Une nuit l’ombre et même si la puis- sur le mont Chauve sance digitale apparaît impres- Jura Margulis, Martha sionnante, son toucher n’est Argerich (pianos) Oehms Classics OC453. 2014. jamais dans l’effet inutile. Assurément, nous sommes 1 h 06’ loin de la performance tapa- n Il ne s’agit pas uniquement geuse de certaines versions de transcriptions, même si masculines. Béatrice Rana celles-ci sont spectaculaires. prend le tempsde faire respirer En effet, ce disque est égaleles traits et gammes vertigi- ment passionnant en raison neuses de la cadence, accu- de l’utilisation d’une noumulant les forces, prenant des veauté technique conçue appuis intelligents, valorisant par le facteur d’instruments ainsi l’originalité des harmo- Steingraeber & Söhne. La nies crues. C’est une concep- firme de Bayreuth a réalisé tion assez proche d’un Yundi l’idée de Jura Margulis, qui a (avec Ozawa et le Philhar- imaginé une sourdine partimonique de Berlin). Il ne culière appelée « Sordino Jura manque donc ici que le soup- Margulis ». Celle-ci dépose çon de folie, le caractère lisztien, à l’envi une fine lanière de feupresque, pour que l’on soit tre modifiant le timbre de comblé. Aucun artifice à nou- l’instrument dans les passages veau dans le Concerto n°1 de doux. Elle peut être combinée Tchaïkovski. Elle en propose avec la pédale douce et mulune lecture juste, équilibrée, tiplier ainsi les nuances. Cette inventive même (2e mouve- adaptation sur piano moderne ment). Son utilisation de la et à queue de ce qui existait pédale est parfaite, et la vir- – plus ou moins – au début tuosité demeure au service de du XIX e siècle est très convainla netteté des plans sonores et cante. Les contrastes et coudu chant. Béatrice Rana est leurs du chœur introductif de une artiste avec laquelle il faut la Passion selon saint Matthieu S. F. désormais compter. sont magnifiques. Idem [ [
JOUEZ ET GAGNEZ 4 coffrets* Alfred Brendel COMPLETE PHILIPS RECORDINGS
d’Alfred Brendel en janvier 2016, Decca présente un coffret de 114 CDs regroupant pour la première fois l’intégralité de ses enregistrements pour Philips et Decca, rendant ainsi hommage à l’un des plus grands interprètes du répertoire austro-allemand et à l’un des pianistes les plus prolifiques de l’histoire. Ce coffret réunit albums studio, enregistrements live ainsi que radiodiffusions et vient accompagné d’un livret de 200 pages.
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pour les deux extraits du croissant, la musique de la pianiste et compositrice russe Irina Emeliantseva. Écrites sissantes d’instruments à vent. entre 1991 et 2007, les neuf Les arrangements et adapta- pièces du disque témoignent tions (en aucun cas des trans- de la variété d’une écriture qui criptions) sont habiles et très prend sa source dans Scriabine « pianistiques ». Le plus spec- et les futuristes russes. La pentaculaire est Une nuit sur le sée musicale évolue de manière mont Chauve, nouvelle trans- très souple, jouant entre tonacription pour deux pianos de lité et atonalité, mais avec un Margulis (après celle, moins sens de l’espace et de la resâpre, d’Ashkenazy). Démo- piration particulièrement rafniaque et géniale réalisation. finé. Voilà une musique perPour autant, le disque culmine sonnelle qui ne cherche pas dans la superbe réalisation de la complexité pour la comdeux extraits de la Symphonie plexité! Elle utilise magnifien ut mineur de Chostakovitch. quement les possibilités harIls correspondent à l’ Allegro moniques, dynamiques du non troppo et au Largo. Une piano, prenant progressivetranscription (hormis la fin ment ses distances avec ses modifiée) d’une fidélité et origines russes. Nous passons d’une netteté inouïes: l’impact ainsi au « large » du lyrisme est extraordinaire. L’utilisation romantique et des danses de la fameuse pédale offre un populaires vers l’univers des intérêt supplémentaire dans enfants: les Klavierstückefont l’inexorable toccata. La tenue ainsi écho aux Kinderszenen rythmique est sensationnelle, de Schumann, non par leur et on imagine aisément l’effet esthétique, mais parce qu’ils produit en concert. Un disque ne s’adressent précisément passionnant pour les amou- pas… aux enfants ! Leur vivareux de pianos typés et de cité cinglante et leur nostalgie répertoires à découvrir. S. F. mêlée subjuguent. Une telle richesse harmonique et rythmique entre pleineDÉCOUVERTE ment dans une atonalité qui ne manque pas de sensualité dans la Fantaisie de circulation IRINA et les 7 Pièces pour piano. EMELIANTSEVA L’expressionnisme y demeure toujours narratif, jamais décoratif. Schattenlicht (littéralement lumière d’ombre) joue d’une perception synesthésique. Irina Emeliantseva utilise en effet des sources multiples, jusqu’à des sonorités dites spectrales. La richesse du matériau polyphonique conduit à des moments d’ex(Née en 1973) trême concentration du son. Préludes. Fuguettes Cela culmine dans l’Osbornrusses. Pièces pour Requiem (évocation de la enfants. Fantaisie mort tragique d’un nourrisde circulation. 7 Pièces son). Dans cette pièce, la compour piano. Prélude positrice, qui cite notamde Wiepersdorf. ment Arvo Pärt, joue de la Schattenlicht. Fragment. superposition des harmonies, Osborn-Requiem qui se transforment en Irina Emeliantseva (piano) grappes sonores verticales, puis se décantent jusqu’au Neos 10901. 2009. 1 h 10’ silence. Les effets sonores n Au fil de l’écoute, nous découvrons, avec un intérêt d’une grande souplesse [
Requiem de Mozart, le Lacrimosa prenant des teintes sai-
76 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
dévoilent une poétique musi- la cohésion des formations cale qui touche. Une très d’Oscar Peterson s’y déploient S. F. belle découverte. sans la pression du concert, constituant un corpus éblouissant de la vision impériale du JAZZ piano à laquelle il est alors par venu. Articulation souveraine, appogiatures enchaînées avec OSCAR PETERSON maestria, perfection du jeu en « block-chords » ou en mains parallèles, invention constante des phrasés et, bien sûr, sens irrépressible du swing se fondent en un style unique, littéralement inimitable, qui signe sa personnalité pianistique. Aux six albums initiaux (« Action », « Girl Talk », « The Way I Really Play », « Exclusively for my Friends » « My Favorite Instrument », MPS 0210325MSW 8 CD. 6 h 25’ « Mellow Mood» et «Traven De 1963 à 1971, à Villingen, lin’ On») s’ajoutent deux CD ville horlogère au cœur de la constitués de bandes retrouForêt-Noire dans le Bade- vées dans ce coffret rigou Wurtemberg, Oscar Peterson, reusement indispensable. Jean-Pierre Jackson avec ses différents trios ou en solo, enregistre pour MPS une série de disques dans le salon de l’ingénieur Hans Brunner- RAN BLAKE Schwer, en présence de quelques invités ravis de l’aubaine. Aucune limite de temps, aucune indication de répertoire ni d’instrumentation n’est signalée aux musiciens, qui sont libres de jouer ce qu’ils souhaitent et comme ils l’entendent. La présence d’un public restreint, détendu, amical, souvent chaleureux, « Chabrol noir » enthousiaste (Friedrich Gulda Decca 476 2752. 49’ fut du nombre), stimule en n Il y a cinquante ans, Ran retour des artistes fiers de leur Blake gravait pour le label travail et qui savent que faux ESP son premier disque: un départs ou secondes prises ne album en piano solo. Le parsont pas prévus. cours singulier de ce pianiste, Le maître des lieux connaît y compris lors de sa renconbien son salon, il en a identifié tre avec la chanteuse Jeanne les qualités et les défauts Lee pour un disque sublime, acoustiques: il a peu à peu mis provient en grande partie du au point un véritable art du fait que le silence constitue placement des micros, afin la matière première de son d’en optimiser la réverbération univers musical, où s’égrèet la balance naturelle entre nent librement ses rêveries les instruments. L’enregistre- et les mondes qu’il évoque. ment donne à l’auditeur la Notamment celui du film sensation d’entendre le piano noir. Familier des films de du point de vue du pianiste, Hitchcock, Preminger, Siodnon de celui du public: quatre mak, il livre ici sa vision piaà six micros Telefunken sont nistique de l’univers de placés au-dessus des mar- Claude Chabrol au travers teaux du somptueux Steinway. de 11 compositions origiLa plénitude de la maîtrise, nales et d’emprunts à Brahms
(4 chants sérieux ), à Michel Legrand, à Max Roach et, bien sûr, à Pierre Jansen, qui composa plusieurs des musiques du cinéaste. La fascination opère imparablement, si bien que le souvenir des films de Chabrol se pare dans notre esprit des couleurs d’une modernité inattendue et que cette musique, que l’on pourrait croire abstraite, se révèle très J.-P. J. charnelle. PATRICK CABON
« African Flower » Peach Prod 002-14/1. 1 h
Duke Ellington fut chef d’orchestre et arrangeur, mais on ne doit pas oublier le compositeur et le pianiste. Patrick Cabon fait revivre au clavier 12 thèmes composés par le Duke, en compagnie du suave Sylvain Gontard à la trompette, de Manuel Marchès à la contrebasse et de l’excellent David Grébil à la batterie. Un quartet pour recréer des compositions à l’origine orchestrales était audacieux. Pourtant, le pari est gagné, le point n’étant pas l’imitation, mais la mise au jour de beautés que précisément une grande formation ne met pas forcément en valeur. Il s’agit ici en réalité d’une création originale, et non d’une sorte de « réduction », comme cela se pratique pour les symphonies. La grande sensibilité des interprètes, dont celle du piano n’est pas la moindre, l’élégance des arrangements, la délicatesse et le respect omniprésents rendent cette «fleurette africaine» (l’une des plus belles plages de l’album) délicate et irrésistiblement J.-P. J. envoûtante. n
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PROCHAINS CONCERTS • 20 Février 20h00 CÉCILE ELOIR - mezzo/PIERRE LENERT - alto/CYPRIEN KATSARIS - piano • 26 Février 20h00 JULIEN BROCAL - piano
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España op.165 «Capricho catalan» 37 España op.165, «Prélude» 79 España op.165 n°2, «Prélude» 50 España op.165 n°2 «Tango en ré majeur» 35
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Granada, extrait de la Suite espagnole op.47 74
S Iberia «el puerto» M Pequeñosvalses n°2 op.25 S Rumorez de la Cale ta, Mala guena MS Tango op.165 n°2 (Espana)
40 45 87 89
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M 1er Billet doux HS11 M Barcarolle op.65 n°6 (3e Recueil de chants) 45 ANONYME
D Petit Livre d’Anna Magdalena Bach : Marche
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29
ATTWOOD
M Dance Sonatina D Sonatine en sol majeur
28 94
WILHEM FRIEDEMANN BACH
DM Allegro
85
BACH
M D S S S SE SE SE SE M M M
Andante 77 Aria BWV 509 34 Concerto BWV 1057 (2e Mvt) 30 Concerto italien 971 (1er Mvt) 78 Concerto italien 971 (2e Mvt) 78 Fantaisie chromatique BWV 903 93 Fugue BWV 903 93 Fugue en ré mineur (analyse) 88 Fugue en ré mineur (interprétation) 88 Invention à 2 vois BWV 775 76 Invention n°8 BWV 779 10-HS11 Invention à deux voix en la mineur BWV 784 84 M Invention à deux voix n°14 en si bémol maj. BWV 785 35 D Menuet 40 D Menuet BWV Anh. 116 26 D Menuet BWV Anh. 115 33 D Menuet en do majeur 22 D Menuet en mi bémol majeur 31 D Menuet en ut “La Pott” 92 D Musette BWV Anh. 126 25 D Musette BWV Anh. 126 75 M Petit prélude BWV924 18 18 D Petit prélude BWV939 36 M Petit prélude en ré mineur BWV926 81 D Petit prélude en ut mineur BWV 934 87 D Petit prélude en ut mineur BWV 999 87 DM Petite étude 91 D Prélude débutant HS11 M Prélude en do mineur 27 SE Prélude en ré mineur (livre II du clavier bien tempéré) 88 M Prélude BWV 999 38 S Prélude n°3 BWV 848 15 D Rondeau en la mineur “La Gleim” 92 M Solfeggietto 74 D Thème de la cantate d’anniversaire 19 D Allegro en sol majeur 50 S Concerto italien BWV 971 (Finale) 79 S Ich ruf zu dir, Herr Jesu Christ (cantate BWV 177) 82 M Invention à deux voix n° 4 BWV 775 58-76 M La complaisante 17 BALAKIREV M Ma zu rk a
Air tyrolien op. 107 n° 1 Allemande WoO8 n° 1 Bagatelle op. 33 n° 2 Bagatelle op.33 n°3 Bagatelle op.119 n°1 Bagatelle op.119 n°3 Bagatelle op.119 n°9
77
D ContredanseWoO14 n°2 45 D Danses villageoises 38 28 D É co ss ai se HS11 D Écossaise en sol majeur 45 D Écossaise militaire WoO 23 48 D Ländler WoO 11 n°2 HS4 M Menuet Wo010 n°2 35 M Priè re op.48 n°1 MS Sonate n°1 en fa mineur op.2 (1er Mvt) 90 MS Sonate n°1 en fa mineur op.2 (2e Mvt) 90 S Sonate n°1 en fa mineur op.2 (4e Mvt) 90 80 S Sonate n°5 op.10 n°1 (1er Mvt) S Sonate n°5 op.10 n°1, 2e mvt 84 adagio molto 18 S Sonate op.6 (rondo) 50 M Sonate op.10 n°3 (2e Mvt) 45 S Sonate op.13 n° 8 «Pathétique» 50 M Sonate op.49 n°2 (1er Mvt) 70 M Sonate op.49 n°2 (1er Mvt) S Sonate op.81a «Les adieux»(1er Mvt) 50 25 D Sonatine n° 1 anh. 5 (romance) 21 M Sonatine en fa majeur M Sonatine en fa majeur Anh.5 – Allegro 85 M Sonatine en fa majeur Anh.5 – Rondo 85 M Sonatine en sol op.posthume 17 D Variations sur un air Suisse WoO 6 36 39 M Variations sur un air Suisse WoO64 71 S Rondo de la Sonate op.49 n°1 S Rondo pour un sou perdu op. 129 e 59 (2 partie) BEYER
D Chant des montagnes
37
BIZET
M Jeu d’enfants op.22 - Petite Marie, petite femme ! (4 mains) M L’Arlésienne,suite n°2 M La Poupée – Berceuse (4 mains)
38 15 33
BOËLY
Moderato molto legato
18
BÖHM
M Allemande
83
BORODINE
M Mazurka en ré bémol majeur extraite de la Petite Suite
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BRAHMS
M S S S M S S S S S S S S E S S S S M M S M D M M M
Ballade op.10 n°1 Ballade op. 10 n° 2 Ballade op.118 n°3 Intermezzo op. 76 n° 3 Intermezzo op.76 n° 7 Intermezzo op.116 n°2 Intermezzo op.116 n°6 Intermezzo op.117 n°1 Intermezzo op.117 n°2 Intermezzo op.118 n°2 Intermezzo op.119 n°1 Intermezzo op.119 n°2 Kl avi ers tück op. 118 n°1 Rhapsodie en sol mineur op.79 Sonate pour violon et piano n°3 op.108 en ré min. (3e Mvt) Thème et variations op.18 Vals e en la bémol majeur op 39 n°15 Valse op.39 n°1 Valses op.39 nos1,2 et 3 Valse op.39 n°5 en mi majeur (4 mains) Valse op.39 n°6 en ut dièse majeur (4 mains) Valse op. 39 n° 7 (quatre mains) Valse op.39 n° 9 (quatre mains) Valse op.39 n°9 Valse op. 39 n° 15 (quatre mains) Variations et fugue sur un thème de Haendel
32 59 45 59 45 31-76 33 50
M D D D M D
Arabesque Ar abe sq ue Consolation op. 100 n° 13 La Candeur op.100 La Pastorale op. 100 n° 3 Innocence opus 100
48 55 48 55 55 30 33 11 38 25 80 80 92 71 23 25 78 9 45 35 35 59 59 37 55 19 40 77
59 45 94 96
CHOPIN
Ballade n° 3 op. 47 60 Barcarolle en fa dièse majeur op. 60 77 Étude op.12 (Révolu tionnaire) 95 Étude en fa mineur op.25 n°2 84 Etude op.10 n°5 en sol bémol 69 Fantaisie Impromptu op.66 (Version Fontana) 66 S Impromptu n°1 en la bémol majeur op.29 89 M Mazurka op. 6 n° 1 60 M Mazurka op. 7 n° 2 60 M Mazurka op.7 n°5 39 S Mazurka op.17 n°4 29-76 M Mazurka op.67 n°2 67 MS Mazurka op.67 n°4 en la mineur 93 S Mazurka op.63 n°3 en ut dièse mineur 93 E Nocturne op.9 n°3 75 M-S Nocturne op.15 n°1 21 M Nocturne opus posthume KK IVA n°16 25 M Nocturne op.55 n° 1 60 DM Petite Polonaise en sol mineur 87 D Prélude op. 28 n° 4 60 S Prélude op. 28 n° 6 79 S Prélude op.28 n°17 36 S Prélude op.45 en ut dièse min eur 46 E Première ballade op.23 91 M Valse op.34 n°2 42 M Vals e op. Posth. 69 n° 2 60 S Vals e en ré bémol op.64 n°1 81 M Vals e sans opus KKIVBn°11 19 CHOSTAKOVITCH
D Histoire gaie (Petits contes) D L’heure tranquille
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M Sonatine op.36 n°2 (3e Mvt) M Sonatine op.36 n°3 (2e Mvt) M Sonatine op.36 n°3 (3e Mvt) D-M Sonatine op.36 n°4 (1er Mvt) M Sonatine op. 36 n° 6 CORELLI D Sarabande COUPERIN D L’epineuse, Extraite du VIe Ordre
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M École de la vélocité : 2 études M Étude n°1 (extrait des 25 études) D Étude, extr. des Cinq Doigts op.777
29 23 71
DANDRIEU
M Gavotte en rondeau
19
DEBUSSY
M S D S S
1re Arabesque 25-HS5 Clair de lune (Suite bergamasque) 30 Danse de la poupée (La boîte à joujoux)HS5 Fantaisie pour piano et orchestre (1re partie 2e Mvt) 27 Fantaisie pour piano et orchestre e e (2 partie 2 Mvt) 28 Golliwogg’s Cakewalk 92 Gradus ad parnassum (Children’s Corner) 76 Jardins sous la pluie, extraits des Estampes 70 Jimbo’s Lullaby (Children’s Corner) HS5
M M E D M La cathédrale engloutie (Prélude 1 n°10) 51-HS5 S La Fille aux cheveux de lin (Préludes, Livre I, n°8) 79 M Le petit berger 82 S Le petit nègre 40 M Le petit nègre 96 D Le soldat couché (La boîte à joujoux) HS5 S Petite suite : en bâteau (4 mains) 40 S Première Arabesque 81 M Rêverie 47-HS5 S Soirée dans Grenade (estampes) HS5 M The Little Shepherd (Children’s Corner) 51-HS5 S Valse romantique 73 S Voiles n°2 (prélude) 31 DIABELLI
CHABRIER
S Pièce pittoresque n°4 «Sous bois»
S S E S S S
CLEMENTI
BURGMÜLLER
BEETHOVEN
D D M M M M M
25
D Chanson popula ire russe
72
BAUMFELDER
D Mélodie
M Bagatelle op.126 n°5
Classées par compositeur et par niveau ( D : débutant, M : Moyen, S : Supérieur, E:Excellence )
23
D Bagatelle M Sonatine en sol majeur (Allegro) M Sonatine en sol majeur (Rondo)
DUNCOMBE
D Sona tine
34
DUSSEK D-M Allegro
74
DVORÁK
S Humoresque op.101 n°7 S Quintette op.81 «Dumka» FAURE
S Nocturne n°4 en si bémol majeur op.36 87 M Pièce brève opus 84 n°5 «Improvisation» 78 FIELD
S Nocturne n°2 S Nocturne n°5
17 19
D Les plaintes d’une poupée D Noël angevin (Recueil de pièces pour orgue) S Prélude (Prélude,Choral et Fugue) M Premières compositions n°3 M Sonate pour piano et violon en la maj. (3e Mvt)
67
M Avalanche op.45 n°2 DM Chants d’automne
54 79 34
HOFMANN
37
HÜLLMANDEL
80 80
HUMMEL
FUCHS
D Chère petite sœur op.32 n°14 D Douce consolation op.47 n°11 GALUPPI
M A l egro
73
GLINKA
DM Mazurka D Polka D Polka russe M Vals e de l’adieu
69 72 19 24
GLUCK
M Air d’Orfeo
23
GOUNOD
D Tarentelle D Vals e (extr. de Faust)
38 20
GRANADOS
S Andaluza op.37 n°5, extrait des Danses espagnoles M Danse de la rose (Escenas poeticas) D Rondalla Aragonesa M Souvenirs de l’enfance (Contes de jeunesse)
D Chanson berçante, extr. des Pièces pour enfants D Conte de fée, extr. des Pièces pour enfants D Petite Valse chantante, extr. des Pièces pour enfants D Papillons gris, extr. des Pièces pour enfants
58 80 45 24 56 73 83 65 71 26 32 35 27 23 67 89 20
81 69 82 82 37 38 23 36 70
78 78 78 78
KABALEVSKI
D Les petits jumeaux D Petite chanson op.27 n°1 D Solitude
17 26 27
KIRNBERGER
D Cradle Song
76 29
KREBS
D Ri gaudon
M Adagio de la sonate n°48 en ut majeur Hob.XVI.35 27 S Allegro con brio de laSonate n°48 Hob. XVI.35 86
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58 15 9 48
JAËLL
D Balade insouciante 85
HAENDEL
Courante, Suite n°2 HWV 427 Ga votte Gavotte Largo Menuet Menuet en la mineur Ri gaudan Sarabande en ré mineur HWV 437 (4e suite) S Suite pour clavier n°6 (gig ue)
Allegro op.52 Dialogue taquin Écossaise op.52 Écossaise op.52 n°5
KOHLER
GURLITT
M D M D M D D D
M D D D
18
M-S La Danse des elfes, extr. des Pièces lyriques op. n°4 77 M Pièces lyriques op.12 n° 2, valse 59 S Pièce ly rique op.54 n°4 27 DM Arietta extraite des Pièces lyriques op.12 67 S Au temps de Holberg op.40 10 S Concerto op.16 (2e Mvt) 20 S Élégie op.38 34 M Feuillet d’album 30 M Pièce lyrique op.71 n°7, souvenirs 46 M Schmetterling op.43 n°1 (suite lyrique) 89 D Volksweise,chanson populaire op.12 n° 3 88 M Wächterlied op.12 n°3, extrait des Pièces lyriques 70 Accents nordiques op. 101 n° 4 Berceuse op.62 Feuillet d’album op.101 Histoire romantique Le Matin ensoleillé op. 101 n° 3 Novelette Petites fleurs op.205 Salutation du matin op.130 n° 1 (Petites Etudes)
D Exubérance en sol maje ur
KHATCHATURIAN
GRIEG
D D D D D D D D
D Mélodie op.77 n°5 D Le soir
70 85 40
GRAUPNER
D Bourrée en ré mineur
27 46 26 67 22 37 71 58 58
HELLER
FRANCK
HAYDN 28 96 96
82 19
D Ariette S Concerto Hob. XXXI: C:17B D Danse allemande D Danse allemande Hob.IX: 22/2 M Divertimento Hob XVI 9 M Divertimento Hob XVI 11 DM Finale, extr. de la Sonate Hob.XVI : 8 D Menuet Hob.IX:8 n° 8 M Menuet Hob.IX :11 n° 12 S Sonate en Mib majeur Hob. XVI : 52 (1er mvt) M Sonatine en sol majeur (allegro) M Sonatine Hob XIV:4 M Variations en fa Hob. XVII:6 (extrait)
18
KRIEGER
D Bour rée D Menuet en do majeur D Menuet en sol maje ur
34 30 32
KUHLAU
D Écossaise D Praeludiu m M Variatio ns en sol majeur
45 31 36
LADOUKHIN
D Petite pièce
84
LALO
M Danse espagnole
24
LE COUPPEY
D A ir tendre
18
LEMOINE
D Étude op.37 n°3 D Étude op.37 n°26
25 93
LIADOV
M Prélude op.40 n°3
40
LISZT
D Carrousel de Madame PN 24 S Consolation N°2 75 S Les Cloches de Genève (1ère année de Pèlerinage, Suisse) 73 E La Leggierezza 85 S Nocturne n°3 “Rêve d’amour” 92 D Rhapsodie Hongroise n°2 10 S Un sospiro, Grande Etude de concert N°3 67 LISZT/CHOPIN
D Chant Polonaisop.7 4 n°2, Le printemps 46 LISZT/MOZART
D Menuet en ut majeur n°16 S Transcription de l’Ave Verum
79 19
LISZT/SCHUBERT
M Ständchen D.957 (Chant du cygne) S Transcription de Trockne Blumen
46 21
7 9 5 0 2 G A
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
Liste des partitions classiques déjà parues LISZT/WAGNER
S Isolde’s Liebestod (Tristan et Isolde)
PACHULSKI 46
D Menuet en ré mineur
78
DM Presto
77
PLEYEL
MACDOWELL
M Sung Outside a Prince’s Door M To A Wild Rose D Pour une rose sauvage
81 19 71
MAÏKAPAR D Be rceu se D P et it Co nt e D A u ja rd in D Etude D M at in ca lm e
72 72 78 78 90
MARTINI
M Plaisir d’amour
40-HS11
MASSENET
M Élégie op.10 n°5
34
MENDELSSOHN
M Andante sostenuto op. 72 n°2 M Chant du gondolier op.30 n°6 S Concerto pour pia no n°1 op.25 M Pièce pour enfants op.72 n°2 S Prélude op.35 n°4 M R om an ce MS Romance sans paroles op. 62 n° 1 S Romance sans paroles op.102 n°4 M Variations sérieuses op.54 (thème et var.14) M Variations sérieuses op.54 (var.10)
92 71 10 48 50 82 86 35 32 40
D Procession solennelle
21
PRAETORIUS
D Danse allemande
32
PURCELL
D Air 20 D Old Danse Tune 15-HS11 D Suite en sol majeur Z.600 (prélude et menuet) 35 RACHMANINOV E Prélude en sol mineur op.23 n°5
72
RAMEAU
M La boîteuse 29 D Le lardon, menuet en fa majeur 37 e M 2 Gigue en rondeau (Pièces de clavecin de1724) 73 M Le sambourin HS11 S Le rappel des oiseaux (2e recueil de pièces pour clavecin) 24 D Menuet (Pièces de clavecin de 1724) 73 M Rig audon 18 D Rondino 21 RATHGEBER
D Allegro
39
REGER
M Maria Wiegenlied op.76 n°52
17
REINAGLE
MONTGEROULT (DE)
S Etude n°62, extrait des Pièces romantiques
96
D Menuet D Promenade
34 40
REINECKE
MOURET
DM La montagnarde
95
MOUSSORGSKI
18-HS11
MOZART
D All egro K.3 25 DM Andante de la Sonate en ut majeur K.545 86 M Andante sonate K.545 HS11 D Andante en si bémol maje ur KV15ii 89 D Ariette en fa majeur 69 D Cahier de musique pour Nannerl n°11 - menuet 23 S Concerto n°13 K.415 (andante) 22 S Concerto n°27 K.597 (2e Mvt) 15 M Fantaisie K.396 en ré mineur 28 S Fantaisie K.397 (Andante & Adagio) 40 M Fantaisie en ré mineur K.397 78 M Marche Turque (allegretto de la Sonate en la majeur K.331) 24 D Menuet extrait du petit livre pour Maria Anna 27 M Menuet K.5 en fa majeur 34 D Menuet K.6 40 D Menuet K.15C (Londoner Skizzenbuch) 61 D Menuet en do majeur 32 D Menuet en fa majeur 38 D Menuet en fa majeur (Petit Livre pour Maria Anna n° 8) 55 D Menuet en fa majeur K.2 HS11 D Menuet en fa majeur K.33B 48 D Menuet en la (Petit livre pour Maria Anna n°9) 45 D Menuet en ré majeur (Petit livre pour Anna Maria) 51 D Menuet en sol K.1 33 D Menuet en sol majeur 36 D Menuet et trio en sol majeur k.1 80 D Menuet 73 D Pièce K. 15K 40 D Pièce en fa majeur K. 15H 37 MS Première Sonatine viennoise KV 439b 95 M Rondo - 2e Sonatine viennoise K.439b 70 S Sonate K. 457 (3e Mvt) 39 S Sonate n° 15 K.545 (andante) HS11 M Sonate K 545 (1er Mvt) 20 S Sonate en la mineur K.310 (1er Mvt) 96 S Sonate en si bémol majeur K.333 (1e mvt) 82 S Sonate en si bémol majeur K.333 (3e mvt) 83 PACHELBEL
M Chacone D Fugue
81
PESCETTI
LULLY
M Une larme
D Prélude op.8 n°1
21 10
D D D D D D D
Chanson op.183 Élégie Élégie op.183 n°2 G avotte Menuet en do majeur Pastorale op.183 Rondino pastorale
83 20 70 95 24 83 30
RIMSKI KORSAKOV
DM Romance op.15 n°2
93
ROSSINI
M Ouverture de «Guillaume Tell»
10
SAINT LUC
D Bourrée
91
SAINT-SAËNS
M Le cygne
32
SATIE
M Gymnopédie n°1 M Je te veux M Première Gymnopédie
71 88 88
SCARLATTI
D Folia «Folies d’Espagne» M «Folies d’Espagne» DM Gigue M Larghetto D Sonate en do majeur S Sonate en mi majeur K.380 S Sonate en mi majeur K.162 M Sonate en ré mineur «Gavotte» S Sonate en sol majeur S Sonate en sol majeur K.146 SCHUBERT
17 95 75 39 29 91 83 10 40 91
DM Cinq valses 75 M Cotillon D .976 28 D Danse allemande n°1 D.420 17-HS11 D Danse allemande n°2 D.420 35 D Danse allemande n°5 D.420 39 S Divertissement à la hongroise D.818 (andante ) 4 mains 24 D Écossaise n°8 D.299 46 S Impromptu en sol bémol majeur op 90 n°3 D.988 69 S Impromptu en la bémol majeur op.142 n°2 D.935 83 S Impromptu n° 4 op. 92 D.899 76 D Ländler D.679 23 M Marche pour enfants en sol maj. D.928 (4 mains) 36 M Menuet D.334 34 M Menuet n°1 D.41 30 M Menuet n°17 D.41 32
M S S D M M M M S M S S S S M M
Classées par compositeur et par niveau ( D :débutant, M: Moyen, S : Supérieur,E:Excellence )
Moment musical n°2 op. 94 D. 780 55 Moment musical n°4 op.94 D.780 40 Moment musical op.94 n°2 D.780 89 Premier chagrin 81 Quatre Ländler D.814 31 Scherzo en réb majeur D.593 51 Sonate n°1 HS11 Sonate L.97 en sib majeur 46 Sonate n°13 op.120 D.664 (andante) 10 Sonate n°15 op.120 D.664 (1er Mvt, allegro moderato) 94 Sonate n°15 op.120 D.664 (2e Mvt, andante) 94 Sonate n°15 op.120 D.664 (3e Mvt, allegro) 94 Sonate op.120 D.664 (1er Mvt) 45 «Trockne Blumen» 21 Valse D.844 26 Valse D.980 n°1 20
SCHUMANN
D Albumblätter op.99 n°4 39 M Album pour la jeunesse, pièce n° 26 74 D Chanson du moissonneur (Album pour la jeunesse op. 68) 84 M Chanson nordique n°17 D .41 32 S Chopin (extr. du Carnaval op.9) 87 S Étude symphonique n°2 op.13 39 S Étude symphonique n°5 op.13 8 M Étude symphonique op.13 (Var.n°4 op. posth.) 33 S Fantasiestücke op. 12 (Des Abends) 95 M Fantasiestücke op. 14 (Warum) 27 S L’enfant s’endort, Scènes d’enfants Op.15 n°12 73 S Intermezzo (Carnaval de Vienne op.26) 18 D La danse de l’ours (Album pour la jeunesse op.68) 19-HS11 D La danse de l’ ours 94 M Le cavalier sauvage (Album pour la jeunesse op.68) HS11 D Le cavalier farouche op. 68 n°8 (Album pour la jeunesse 77 M Mélodie (Album pour la jeunesse op.68) 9 M Mignon (Album pour la jeunesse op.68) 22 M Papillons (Intro et 3 premières pièces) 10 D Petite mélodie (Album pour la jeunesse) 69 D Petite pièce (Album pour la jeunesse op.68) 29 DM Phantasietanz op.124 n°5 91 S Pièces dans un ton populaire n°1 op.102 avec violoncelle 34 S Pièces dans un ton populaire op.102 avec violon 17 S Préambule du Carnaval op.9 86 D Premier chagrin (Album pour la jeunesse op.68) 24 S Scènes d’enfants op.15 n°1 40 S Scènes d’enfants op.15 n°1 (4 mains) 48 D Scènes d’enfants op.15 n°7 (4 mains) 50 S Sonate op.105 n°1 pour violon et piano (2e Mvt) 25 M Valse (Albumblätter op.124 n°4) 38 M Variation n°4 op. Posth. 33 M Valse op.124 n°4 38 M Variation Abegg op.1 (thème) 39 M Wiegenliedchen op.124 n°6 36 SCHUMANN CLARA
S Romance op.21 n°3 48 MS Soirées musicales op.6 n° 3, Mazurka 58 SCRIABINE
S S S S S S M S S
Étude op.2 n°1 Étude en ut dièse min eur op.2 n°1 Feuillet d’album op.45 n°1 Mazurka op.3 n°6 Prélude op.22 n°3 Prélude op.11 n°2 Prélude op.37 n°1 Sonate op.30 n°4 (1er Mvt) Valse en ré bémol
26 90 37 17 72 32 63 46 22
SEVERAC de
M Invocation à Schumann, pièce n°1 de la suite En vacances S La fontaine de Chopin M Vals e romantique
77 88 77
SPEER
85
30 33
SPINDLER
D Romance sans paroles D Chanson sans paroles
33 82
STEIBELT
D Adagio
76
STRAUSS J.
D La vie d’artiste (adaptation)
17
STRESZYMANOWSKA
DM Mazurka
74
TELEMANN
Gentleman cambrioleur EAGLES Hotel California EARL HINES Blues In Thirds ELLINGTON (DUKE) Caravan Don’t Get Around Much Anymore I’m BeginningTo See the Light Satin Doll Solitude
I Can Give You Anything But Love 30 FREHEL La java bleue HS7 GARNER (EROLL) Misty 15 GUILBERT (YVETTE) Le fiacre HS7 HOLLIDAY(BILLIE) That Ole Devil Called Love 33
Fig leaf
TCHAÏKOVSKI
D Ancienne chanson française (Album pour enfants op.39) 46 D Chanson itali enne op.39 n°15 81 S Concerto n°1 op.23 (2e Mvt) 11 M Feuillet d’album op.19 n°3 80 D La nouvelle poupée (album pour enfants op.39) 84 D La poupée malade 22 M Les saisons, mars :Chant de l’alouette 50 S Les saisons, juin : Barcarolle 40 M Octobre-Chant d’automne op.37 bis n°10 86 S Novembre (Troïka) op.37 n°11, extr. des Saisons 72 D Prière du matin, , extr. de l’Album pour enfants op.39 76 M R êve ri e 69 M Trio en la mineur op.50 (thème du 2e Mvt) 36 M Valse op.39 n°8 (Album pour les enfants) 79 M Vieille Chanson française (Album pour enfants op.39) HS11 TÜRK
D Deux petites pièces D Trois petites pièces
31 28
VERDI
D Di provenza (La Traviata) M Marche de Aïda M Rigoletto (adaptation)
10 58 40
VON PASTERWITZ
D Petite Pièce
74
VON WEBER
E L’Invitation à la vals e op. 65 WALDTEUFEL
M-S Polka « Minuit »
75
WEBER
D Andante con variazione op.3 DM Scherzo
37 70
WILTON
D Petite sonate (moderato) D Petite sonate (menuet)
38 39
AZNAVOUR (CHARLES) La bohème BARBARA Vienne BAROU (PIERRE)/LAI (FRANCIS)
22 33
Un homme et une femme BEATLES (THE) For No One Get Back BEE GEES How Deep Is Your Love BERRY (CHUCK) Johnny B. Goode
23 24 30 28 31
BOUDLEAUX & FELICE BRYANT Wake Up Little Susie
BOYER (LUCIENNE) Parlez-moi d’amour CHEVALIER (MAURICE) Valentine CLERC (JULIEN) Ma préférence Femmes, je vous aime COLE PORTER I’ve Got You Under My Skin COSTELLO (ELVIS) She DELERM (VINCENT) Fanny Ardant et moi
31 S7 24 44 44 34 27 26
DELYLE (LUCIENNE) HS7
DE MORAES (VINICIUS), JOBIM (TOM) The Girl From Ipanema
26
DUTRONC (JACQUES)
Pour commander une partition, il vous suffit d’indiquer la référence du numéro de Pianiste de la façon suivante : Pianist e n°93 - Réf. : PI093Z1
Merci de reporter cette référence sur l e bon de commande que vous trouverez en page pré cédente. Plus simple et plus rapide, commandez sur : www.pianiste.fr/anciensnumeros
19
Singing In The Rain
KERN 45 27
Can’t Help Lovin’dat Man LAI (FRANCIS) Love Story
LEE LEWIS (JERRY) Great Balls Of Fire Stand By Me
LITTLE RICHARD Tutti Frutti LUMIERE (JEAN) Le temps des cerises MADONNA Don’t Cry For Me Argentina MANCIN (H.) La Panthère rose MISTINGUETT Mon homme MEHLDAU BRAD Alfie MONK (THELONIUS) Misterioso Well, You Needn’t
15 19 17 HS7 35 58 25 51 36 23
MONROE (MARYLIN) I Wanna Be Loved By You MONTAND (YVES) Les feuilles mortes
20 HS7
NOUGARO (CLAUDE) Cécile, ma fille 29 PIAF (EDITH) L’hymne à l’amour HS7 Mon légionnaire HS7 La vie en rose 21 PIAZZOLA (ASTOR) Libertango 28 PLATTERS (THE) Smoke Gets In Your Eyes 39 POLNAREFF (MICHEL) Lettre à France 46
PRÉJEAN (ALBERT) Sous les ponts de Paris
PRESLEY (ELVIS) Heartbreak Hotel PRIMA (LOUIS) Just A Gigo RODGERS & HAMMERSTEIN
22 29 15 31
ROLL MORTON (JELLY) King Porter Stomp ROTA (NINO) Le parrain SABLON (JEAN) J’attendrai Vous qui passez sans me voir SILVA (BERTHE) On n’a pas tous les jours vingt ans Frou-frou SINATRA (FRANK) My Way Strangers In The Night
20 32 HS7 HS7 HS7 20 25 28
STREISAND (BARBARA) 19
Hello Dolly
JAZZ - CHANSONS
23 38 50 26 17 36 48 59
KELLY (GENE)
Climb Ev’ry Mountain
74
32 37 22 32 40 35 9 27
FATS WALLER
D Air et burlesque 40 HORNEZ (ANDRÉ)/BETTI (HENRI) M Choral «Valter unser im himmelreich» C’est si bon TWW31 17 JOHN (ELTON) Blue Eyes D Danse galante, extr. De la Suite Grazioso 71 Can You Feel Love Tonight M Gavotte en rondeau 33 Your Song D Menuet en sol majeur HS11 JOPLIN (SCOTT) Mapple Leaf Rag D Prélude en ré majeur 50 Palm Leaf Rag D Rigaudon 15 Peacherine Rag
Mon amant de Saint-Jean
SOLER
S Sonate en ré n° 84 –Allegro
D Aria D Ga votte
TRAD. IRLANDAIS LONDONDERRY 29
Londonderry Air
TATUM (ART) 25
Over The Rainbow
TRENET (CHARLES) Bonsoir jolie madame Boum Chanson d’automne Douce chanson Je chante L’âme des poètes La mer Le soleil et la lune Ménilmontant Mes jeunes années Une noix Y’a d’la joie
ULMER (GEORGES) Pigalle VALLE (MARCOS) So Nice WILSON (TEDDY) / HUPFELD As TimesGoes By
HS9 HS9 HS9 HS9 HS9 HS9 HS7/9 HS9 HS7/9 HS9 HS9 HS9 HS7 34 24
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
CHRISTIAN BINET
UN MAESTRO DE LA BD DANS LE VENT Le père des inénarrables Bidochon vient de publier le deuxième album de la série de bande dessinée Haut de gamme . Une partition drôle et sarcastique dans l’univers de la musique classique, une de ses passions. Rencontre avec un accordéoniste et mélomane averti.
C
omment est née la BD Haut de gamme ?
Dans mon travail, j’ai abordé beaucoup de sujets, sauf l’une de mes passions : la musique classique. Je suis un mélomane, je joue depuis longtemps des œuvres du répertoire à l’accordéon et j’apprends à composer. D’habitude, pour élaborer une nou velle histoire, je crée un personnage à partir duquel je dégage des idées et une série de gags. Pour Haut de gamme , je suis parti des partitions. J’ai mis en scène la Passacaille pour orgue de Bach, une œuvre splendide au motif répété, reproduit à l’infini. Je me suis aussi intéressé à un lied de Mendelssohn, Auf Flügeln des Gesanges, que massacre une chanteuse évoquant Florence Foster Jenkins, la fameuse diva américaine qui chantait faux. Je possède ses enregistrements, c’est extraordinaire et épouvantable ! Comme dans la BD on ne peut pas l’entendre, je lui fais écorcher l’allemand. Vous n’êtes pas tendre avec les musiciens. Vous inventez également une figure de professeur de piano acariâtre…
C’est un peu universel : les artistes qui ont du succès à un moment de leur vie et qui, soudain, n’en n’ont plus, sont souvent aigris. Et font payer leur frustration à leurs élèves. Mieux vaut un pianiste moyen qui 82 n PIANISTE n°97 n mars-avril 2016
soit un excellent pédagogue qu’un très bon soliste qui exerce ce métier par défaut. J’ai souvent remarqué que les professeurs de piano ne savaient pas rassurer leurs élèves. Ils leur donnent l’impression d’être nuls. Mais mon personnage a tout de même des côtés attachants. Vous êtes-vous inspiré de votre expérience personnelle ?
P D S
Quand j’avais 12 ans, mes parents m’ont inscrit à des cours de piano et je suis tombé sur un personnage qui aurait pu être celui de ma bande dessinée. Il s’ennuyait, par conséquent, il m’ennuyait, et tout le monde a décrété que je n’étais pas doué. Pourtant, j’aimais la musique. Alors, j’ai continué mon apprentissage en autodidacte. Depuis quelques années, je pratique l’accordéon à basse chromatique, dont la sonorité s’apparente à celle de l’harmonium. Elle n’a rien à voir avec celle de l’accordéon musette. Rapidement, j’ai eu envie de composer pour mon instrument.
des tubes du classique, mais égale- leur talent ! Je compose avec mes ment certaines de mes compositions. moyens et une technique limitée. Ce programme a été bien accueilli Quels sont vos compositeurs partout. Et mon prélude a été diffusé favoris ? six ou sept fois à la radio ! J’aime toute l’œuvre de Bach ! En particulier, le 1er prélude du clavier Quel est votre style ? Il n’y a pas d’innovation mais de la bien tempéré. Il y a une telle clarté, sincérité. Il n’est nul besoin de faire une telle économie dans l’écriture ! des prouesses techniques pour émou- Avez-vous d’autres projets voir. C’est le même phénomène avec d’écriture ou musicaux ? les chansons populaires. Certains Jean-Yves Bosseur, chercheur au morceaux superbes ont été composés CNRS, a réuni pendant quarante avec des harmonies ou des techniques ans des anecdotes drôles et vachardes très simples. «Ne me quitte pas » de que s’envoient les musiciens entre Jacques Brel en est la parfaite illus- eux. Il m’en a fait part et nous avons tration. Ce titre a été écrit sur cinq conçu ensemble une BD qui devrait accords, c’est tout. sortir dans quelques mois.
Compositeur ?
Avez-vous fait des émules ?
Il m’arrive même de glisser des partitions de mon cru dans mes albums de bande dessinée. Un peu comme une bouteille à la mer… J’ai aussi composé pour orchestre ! Le chef Nicolas Chalvin cherchait une idée originale pour les 30 ans de l’Orchestre des Pays de Savoie. C’est ainsi qu’on a imaginé « Un jour au concert avec les Bidochon ». Le concert reprend
Beaucoup de choses ont été réalisées en musique, je n’ai pas la vocation d’égaler les grands compositeurs. Mais je peux me faire plaisir. Avoir été joué en concert me comble déjà amplement. L’ensemble Opus 14 de Caen avait interprété l’une de mes partitions au Festival du livre de Deauville. J’ai été très ému de voir que les musiciens y mettaient tout
Propos recueillis par Elsa Fottorino
Haut de gamme, volume 2, Ma non troppo, aux éditions Dargaud. >
GER - EXEMPLAIRE NUMERIQUE
et
présentent
Saison 2015-2016
Les chefs-d’œuvre du piano racontés et interprétés par Claire-Marie Le Guay 16 mars 2016 à 20h 30 RAVEL -
Gaspard de la nuit
8 juin 2016 à 20h 30 SCHUBERT - Impromptus
À partir de 18 €
RENSEIGNEMENTS ET RÉSERVATIONS :
Salle Gaveau, 45-47, rue La Boétie, 75008 Paris - Tél. : 0149530507. À partir de 18 euros. www.sallegaveau.com