Peut-on dire d'un acte qu'il est inhumain ?
Introduction : Agir avec humanité, faire preuve d'humanité, ou à l'inverse, agir avec brutalité et manifester de l'inhumanité... les actes humains sont divers et contraires ; tel est l'expérience de l'homme et des hommes en société. En effet tout homme doué de conscience de raison est capable, de juger, de savoir et d'agir, tel est l'activité ou l'ensemble des actes entendus comme la disposition à réaliser une fin par des moyens appropriés. Mais n¶y aurait-il pas des actes inhumains ? En somme un acte qui semble ne pas appartenir à la nature ou à la condition de l'homme ? Dire s'est exprimé et cherché à donner une signification, signification, un sens, est -ce possible ou légitime d'envisager d'envisager un acte comme contraire à l'humanit l'humanit é de l'homme, comme Barbare ou monstrueux ? Problème : nature et valeur de l'activité humaine Enjeu : La réalisation de la liberté Plan : I)
Ainsi puisque c'est l'homme qui agit, on ne peut pas dire d'un acte qu'il est inhumain
II)
Cependant si cet acte est contraire aux normes et aux valeurs qui définissent l'humanité, alors on peut dire qu'il est inhumain
III)
En conséquence on doit impérativement dire d'un acte qui est inhumain pour le refuser
Notions abordées : autrui - nature et culture - le langage - histoire - la technique - la conscience - le désir - l'existence et la mort - la vérité - l'art - la société l'État - la liberté - justice - le bonheur I)
Ainsi puisque c'est l'homme qui agit, on ne peut pas dire d'un acte qu'il est inhumain
A) Il est dans la nature de l'homme d'agir : 1) - Telle est la double existence définie par Hegel = théorique et pratique. La prise de conscience de soi s'accomplit par la connaissance de soi et par l'action. 2) Après Hegel, Sartre donne cette définition de liberté comme pouv oir d'agir. « L'homme n'est rien d'autre que son projet » cf. les chemins de la pensée. En somme agirait le propre de l'homme, un homme qui n'agit pas, qui n'accomplit aucun acte n'existe pas. - la philosophie l¶établit- le « dit » et ce dire est rationnel ; alors se constitue la définition de l'homme. B) Et il est dans la condition de l'homme d'agir. 1) L'homme n'existe pas seul, il n'existe qu'en société, groupe des individus liés dans des rapports rares organisés qui sont des rapports d'échange. 2) Et dans toute société les hommes produisent la culture = doué de raison et de parole, les hommes développent des activités multiples. Rousseau montre le lien indissociable de la société et du langage qui permet à l'homme d'agir. 3) Et ces actes multiples constituent l'activité technique, artistique, ils prennent aussi la forme des traditions ou des usages Est-ce pour autant « dire » que tous les actes sont semblables qu'aucune différenciation ne peut et ne doit être effectuées ? La réponse négative. C) Le pouvoir de la raison en question = mise au point : 1) toute conduite et toute activité humaine doive être soumise à l'examen critique de la raison = le pouvoir de distinguer le vrai et le faux, le juste et injuste, le bien et le mal. 2) Et toute société instaure des normes et des valeurs qui permettent de juger, d'évaluer les actes et d'opérer une distinction. Bilan : si on peut et on doit dire que tout acte est humain parce que produit par l'homme, on peut et on doit dire ± là est l¶exigence de vérité : tout acte doit être évaluée alors elle devient possible et légitime de distinguer un acte qui manifeste l'humanité de l'homme est un acte qui unissait humanité et qui est inhumain.
II)
mais d'ores et déjà humanité et inhumanité apparaissent comme deux dimensions de l'homme il appartient la philosophie de dire pourquoi et comment l¶humanité peut et doit prévaloir sur l'in humanité. Si cet acte est contraire aux normes et aux valeurs qui définissent humanité, alors on peut dire qu'il est inhumain.
A) Un acte contraire aux normes de la société et de la culture peut être dit inhumain : 1) c'est l'interdiction de Créon qui refuse la sépulture à Dolepnice, le père d'Antigone. - par la sépulture et les honneurs funéraires, chaque individu est toute société exprime dans la conscience de la mort, le respect au défunt. - c'est ce qui motive la recherche des disparus par les enlèvements et par les massacres perpétrés pour des proches en quêtes d'humanité pour les leurs. 2) Et ces normes parfois si redoutables telle la peine de mort ou l'exécution doivent être aussi interrogées au regard de la disti nction qu'opère la raison philosophique avec les valeurs.
Une norme est toujours relative une société et à une époque, indissociable des croyances et elle doit être soumise à l'examen critique de la raison. Tant au plan de la connaissance que de l'action qui ne doive jamais être dissociée. C'est la mise en question des conduits, et des actes des sophistes dans la société athénienne par Platon.
B) Ainsi un acte peut et doit être évalué = du principe à sa mise en oeuvre. 1) « Je est un autre » écris Rimbaud préparant la voie des poètes surréalistes et de l'exploration de l'homme. - l'art, la poésie, la peinture, donne à voir et interroger cette altérité de l'homme qui se manifeste par son étrangeté, par sa violence, sa cruauté. 2) Alors se dessine en l'homme même cette inhumanité « part de nous même originelle et permanente » écrit Pierre Péju, cette citation permet d'éclairer cette familiarité avec les monstres prenant la forme de la sympathie chez les enfants. - Bettelheim en montre l'expression dans le compte qui doit contribuer à libérer l'enfant de la peur qu'ils inspirent 3) Mais qu'en est-il pour les adultes qui sont fascinés par les monstres et l¶inhumanité et qui non seulement leur accorde leur complaisance mais leur laisse la voie ouverte.
C) Tel est le rôle de l'interrogation fondamentale philosophique (Interrogation éthique qui dit le bien et montrent le mal dans les actes individuels historiques.) 1) Kant, puis Hegel ont interrogé les faits historiques et leurs contradictions, où les hommes accomplissent des ac tes inhumains, « dégradants » dira la déclaration universelle des droits de l'homme (article 5).... Et des actes d'humanité. 2) Il nous appartient de « dire » ce que sont ces actes inhumains dans l'histoire = Pierre Péju dresse le tableau accablant des formes de la monstruosité historique et politique du XXe siècle. Bilan : pour autant le propre de la philosophie serait-il de « dire » seulement même si « dire » est l'acte primordial par lequel un savoir s'élabore. Ainsi « dire » ou parler est un acte théorique et moral par quoi une relation s'instaure dans l'exigence de la reconnaissance de l'autre et de notre commune humanité c'est la voix de Rousseau et des consciences droites et réconciliées - et ce « dire » doit se prolonger dans cet engagement qui définit selon Sartre, la liberté. III)
En conséquence on doit impérativement dire d'un acte qu'il est inhumain pour le refuser
A) Il importe cependant de retenir que l'inhumanité et l'horreur qu'elles suscitent trouvent toujours son origine dans l'imagination de l'homme et le désir qu'il anime : 1) c'est Calliclès dans le gorgias qui est exalte le désir de la puissance, de la domination aveugle qui rejette toute norme et toute valeur. 2) C'est le mythe de Dionysos qui montre selon Nietzsche le désir de cruauté - rejetant toute entrave toute limite. L'inhumanité est à ce point constitutif de l'homme que chacun doit regarder en place cette partie du moi - étrangeté pour la situer et la surmonter ± c¶est la vigilance qu'appelle Pierre Péju dans le monstrueux. B) À l'inhumanité - ou aux expressions multiples du mal, de la cruauté, de la barbarie, il faut opposer le combat pour l'humanité. 1) La voie de l'homme révoltée ouverte par Camus qui conduit à la révolte contre tous les totalitarismes, contre la peine de mort, contre l'injustice. 2) C'est la voie de l'engagement de Sartre et la mise en question de la conduite de mauvaise foi de celui qui se détourne des valeurs et dans la lâcheté s'accommode du mal et s'y résignent.
3) Là se situe ce « dire véritable » de la philosophie certes, mais aussi des artistes, des poètes dits engagés dans la résistance à l'horreur, à la monstruosité des nazis ou l'inhumanité semble avoir atteint une intensité extrême. « Le mal absolu » diront Malraux et cf. Semprein. Conclusion : On peut et on doit dire d'un acte qu'il est inhumain parce que l'homme, tout homme se voit mis à l'épreuve de cette contradiction, de cette dualité ; les formes multiples et toujours répétées de la cruauté, de la barbarie , des massacres abjects... Et l'horreur toujours intacte qui surgit dans le cur de l'homme nous rappelle que l'humanité de l'homme est toujours à découvrir, à choisir et à partager. Une exigence, un appel, une invitation qui selon Levinas est inscrite dans les usages de l'homme. À nous, à chacun de nous revient la tâche de répondre à cette invitation, seule voie de la promesse du bonheur !