1
2
3
ANNE BEAUCHAMPS
LE PETIT ÉCOLIER FAIRE une bonne action, n'est-ce pas ce qu'il y a de
plus beau au monde ? Et rendre à la ie normale un en!ant immobilis" par la poliomy"lite, poliomy"lite, n'est-ce pas la plus belle belle des bonnes bonnes actions, actions, surtout surtout quand quand elle elle est accomplie par un autre en!ant? #'est une bien touc$ante $istoire que celle de ce petit "colier d"bordant de sensibilit" et de %entillesse, de spontan"it" et de candeur& ais comment (ylain s'y prendra-t-il pour tenter de !aire marc$er la paure )aurette clou"e sur son !auteuil? *ar les c$emins les plus d"tourn"s et les plus inattendus que lui o!!rira la nature, deant laq aquuelle elle il ne ces cesse de s'"m '"mere ereil illler et o+ son son sympat$ique matre d'"cole, la loupe à la main, le %uide si bien& Anne eauc$amp, à qui nous deons d".à / Joïa Bella, Nicolas Pan, Chipie Boum, nous donne ici un noueau roman, tonique et ent$ousiasmant, qui ne manquera pas, cette !ois encore, de rallier tous les su!!ra%es&
0
LE PETIT
ÉCOLIER
DU MÊME AUTEUR dans la même collection
IA E))A #4I*IE-5 dans la bibliothèque biblio thèque Verte
6I#)A(-*A 6I#)A(-*A6
7
ANNE BEAUCHAMPS
LE PETIT
ÉCOLIER ILLUSTRATIONS DE FRANÇOIS BATET
HACHETTE
8
TABLE DES MATIÈRES I& II& III& III& I:& I:& :& :I& :II& :III :III&& I&
5n .eune .eune c$emin c$emineau eau sympat sympat$iq $ique ue 5nee c$atte 5n c$atte qui ou ouss con condui duitt loin loin 5nee dame 5n dame à c$eal c$eal sur les con conen enanc ances es 5n apr;sapr;s-mid midii !ructu !ructueu< eu< 5ne abeille abeille entre dans la danse 5n d".eun d".euner er mouem mouement ent"" 5n p>c$eur mal "duqu" 5n oise oiseau au n" mali malinn 5nee bien$e 5n bien$eure ureuse use insole insolence nce
19 27 0 7= =2 19= 127 199 1 178
=
pour Nicolas Bocque! un petit colier! lui aussi"
@ Librairie Hachette, 1959. ous ous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation r"ser"s pour tous pays&
B
CHAP#$%E P%EM#E%
UN "EUNE CHEMINEAU S#MPATHI$UE I) A: A:AI un nom, comme tout le monde, mais pour tous les %ens du pays pays il "tait Cle petit "colierD on ne l'appelait .amais autrement& 'autres en!ants !aisaient c$aque .our la route qui s"parait le $ameau de )a Gloriette de la petite commune de oism", aec leurs sacoc$es à lires se balanHant au bout de leurs bras ou solidement amarr"es sur leurs dos, mais ceu<-là "tait ean Guitton, :onon ernier, ean-*aul 6adeau, etc& )ui, il "tait C le petit "colier D, et c'est tout& uand les demoiselles oismoreau, deu< 19
ieilles !illes, des raaudeuses, qui ne quittaient pas !acilement leur oura%e, se demandaient s'il "tait temps d'allumer leur cuisini;re ou d'aller qu"rir leur lait, l'une des sJurs disait à l'autre / Ce ne crois pas qu'il soit cinq $eures .e n'ai pas u passer le petit "colier&D Et elles n'"taient pas les seules à r"%ler leur ie quotidienne sur les pas de ce petit bon$omme qui "tait si par!aitement et si %entiment ce qu'il "tait le mar"c$al-!errant des 4autes-rosses et l'idiot de la Frelonni;re en !aisaient autant, eu< aussi& #'"tait au point que si un touriste ou un repr"sentant de commerce arr>taient, l'un sa C caraane caraane D et l'autre sa camionnette camionnette pour essayer de s'orienter, ils ne disaient pas eu< non plus / C 4", mon petit %ars, est-ce que tu sais par o+ il !aut passer pour aller à Roc$ebrune? D Ils disaient / C 4", petit "colierK&&& D #'est que, petit "colier, "colier, il l'"tait de la t>te au< pieds& )'$ier, dans son du!!le-coat bleu marine, aec un %ros cac$e-neL cac$e-neL autour du cou, l'"t", dans son tablier de toile, bleu lui aussi,
11
et orn" d'un %alon clair qui !aisait le tour de l'empi;cement& uand il "tait encore tout petit, on pouait oir deu< canetons .aunes brod"s brod"s dans le coin de cet empi;cement, discr;tement, pour !aire !antaisie mais quand il aait %randi Mil aait maintenant di< ansN, sa m;re, me Gaudic$eau, aait supprim" im" les canetons toute!ois, en maintenant la toile bleue, parce qu'aucune autre couleur que cette couleur dense et dure n'aurait pu rendre plus clairs, plus purs, plus "mouants, les yeu< de son petit %arHon, (ylain& out son isa% isa%ee "tai "taitt atte attend ndri riss ssan ant t mais ais aan a antt tout tout,, son son sou sourire rire&& Il "tai "taitt d' d'un unee !ine !iness ssee "tran%e pour un en!ant de cet O%e-là, et il s'accordait à son re%ard comme deu< instruments de musi usique pou ouaien entt s'acc accorde rder en enttre eu<& uand le petit "colier souriait, c$eL lui, à l'"cole, sur la route, on aurait dit que ce qui le rendait $eureu< "tait un bon$eur si pro!ond, si intime et si musical, que personne d'autre que lui ne pouait en saisir la nuance ni mesurer son raissement& ais sur ce re%ard bleu, si c$armant,
12
passait par!ois comme un ora%e un %ros nua%e le" subitement,- quand on lui prenait ses a!!aires P qu'il aima imait d" d"m mesur"men "mentt P ou quand ses parents cOlinaient sa .eune sJur plus tendrement que lui& (ur la route, son sac à la main, il marc$ait sa%ement, d'un pas i!& #'est qu'il y aait trois Qilom;tres à !aireK 5n lon% c$emin pour de si petites .ambes et à pr"sent, on le oyait oyait tou.ours seul& 6on pas qu'il n'y et d'autres %amins à se rendre eu< aussi à oism" mais depuis plus d'un an d".à, un car les C ramassait D au carre!our des 4autes-rosses, de on-tournais, et m>me d'un peu plus loin& (eul le petit "colier !aisait la route à pied& uand ses parents lui aaient dit qu'il deait !aire comme les autres, l'un de ces nua%es dont .'ai parl" aait assombri sa !i%ure, comme si on lui aait "corc$" une plaie ie, et comme son teint "tait d'un ros" tr;s d"licat et que sa m;re crai%nait tou.ours de le oir un peu s'an"mier, elle aait !ini par dire qu'apr;s tout il aait raison et que le %rand air lui
13
Il %a&c'ai sa(e%e) *+u) ,as -i./
10
!erai eraitt plu plus de bien bien qu quee l'at l'atm mosp$ osp$;r ;ree d' d'un un autocar& Alors il aait souri& #'est que l'"cole, pour lui ce n'"tait pas seulement les c$oses qu'il aimait d".à tant / le petit silence qui pr"c"dait la oi< du matre, aant la leHon l'impatience ou la !rayeur d'>tre interro%" le premier, la !rac$eur lumineuse des murs, l'insecte qui bati!olait pendant qu'on !aisait la dict dict"e "e,, l'un l'uni ier erss myst" yst"ri rieu eu<< de dess cart cartees, le branle-bas des r"cr"ations, la $ardiesse de ses cam camarad arades es Mtou Mtouss be beau auco coup up plus plus co cost stau auds ds qu quee luiN&&&& )'"cole, c'"tait aussi le lon% c$emin qui y menait& Il n'aurait pas pu s'en passer& Il le connaissait par cJur, mais c$aque matin, en se r"eillant, il se r".ouissait de le reprendre P et cela, par toutes les saisons& Il l'aimait l'$ier comme l'"t" par le %el et par la c$aleur par la pluie et par le ent& #'"tait son royaume enc$ant" surtout depuis qu'il s'"tait !abriqu" un itin"raire bien à lui, qu'il "tait seul à connatre et qu'il appelait son C labyrint$e D& #'"tait un peu plus lon%
1
que la route, mais Ha lui "tait bien "%al& e cette mani;re et en partant de bonne $eure, il n'aait pas à se ran%er pour laisser passer l'autocar P ce qui dans les tout premiers temps aait "t" d"sa%r"able, aec ses camarades penc$"s à la porti;re et lui criant / C E$, Gaudic$eau, t'es rien %odic$e d'user tes semelles comme un p"quenotK D aintenant, d;s qu'il aait pass" le $ameau des 4autes-rosses, il bi!urquait sur la droite, en direction de la Frelonni;re, dont l'idiot ne lui !aisait pas peur, et d"bouc$ait sur un plateau aec un lar%e $oriLon, aant de prendre un autre c$emin qui, lui, le ramenait à oism", o+ il arriait par le bas pays& #'est-à-dire en montant des marc$es ou une sentine à pic, au bout de laquelle, laquelle, par les beau< .ours, quand sa porte "tait %rande ouerte, il oyait C la couturi;re D piquer à la mac$ine à coudre, à cSt" d'un mannequin de toile qui aait un cou en bois noir et semblait son seul compa%non& (ur la route, il aait ses rep;res& )'odeur des !ermes !ermes en "tait un / m"lan%e de !umier et de pain c$aud, pas d"plaisant du tout à respirer, sau! quand apr;s la pluie le purin 17
coulait dans les ri%oles, pr;s des "tables& Alors, l'odeur deenait trop !orte, et l'en!ant deait se bouc$er le neL& Il lui arriait aussi d'aoir à suire un bout de c$emin le tombereau qui enleait les ordures, aec ses peau< de lapins ramass"es Ha et là et pendues à la planc$e arri;re& #ette rencontre, il ne l'aimait %u;re mais il aimait ait, en .uin, les c$arret"e t"es de !oi !oin qui r"pandaient dans l'air un par!um c$aud& Et il y aait aussi des odeurs impr"ues, comme celle qu'il aait respir"e pr;s des er%ers, dans le bas pays, un soir qu'il rentrait
18
à la !rac$e& 5n $omme "tait en train d'arrac$er de l'ail il en aait rempli toute une c$arrette à bras, et en passant à cSt" d'elle (ylain aait "t" surpris que l'ail ait pu !aire, aec la terre !rac$ement retourn"e, un par!um aussi d"licat& ais il n'y aait pas que les odeurs pour rair ce .eune c$emineau il y aait aussi les bruits& )e c$ant des oiseau<, n'en parlons pas aec celui du ent, il composait la toile de !ond sonore du labyrint$e& 5ne toile de !ond tr;s ari"e et pleine de modulations, car c$aque arbre est un instrument que l'air qui passe !ait r"sonner d'un d' unee !aHon aHon pa part rtic icul uli; i;re re&& )es arbr arbres es on ont, t, eu eu<< aussi, leurs oi< de basses et de t"nors l"%ers& (ur cet arri;re-plan symp ympat$ique, dont l'$armonie "tait souent bris"e par le bruit d'un "lo " lom moteu oteurr, d' d'un unee )am )ambret bretta ta ou d' d'un unee de deu< u<-c$eau< MasseL e
1=
sur plac place& e&&&&& et repa repart rtai aitt %a %aie iem men entt du pied pied %auc$e& *uis, quand il oyait la brouette, il abandonnait son r>e P mais pour s'enoler ers un autre / ers les nua%es qui en s'amoncelant ressemblaient à de $autes monta%nes, ou à des terres polaires ou à des mers de %lace qu'il aurait oulu e
1B
(oudain les peupliers s'"taient mis à c$anter tr;s !ort, et de ert naturel qu'ils "taient, ils "taien ient deen enuus presque blan lancs, arti rti!ici iciels, comm co mmee m"ta m"tall lliq ique ues& s& *uis *uis&&&&&& po pou! u!KK ils ils s'"t s'"tai aien entt "teints& )e temps de quelques secondes, le rayon pOle aait tran" sur les luLernes, et le ciel, qui aait la couleur d'une tac$e d'encre noire d"lay"e, aait lOc$" sa col;re& #omme Ha, sans aer a erti tiss ssem emen ent, t, sans sans roul roulem emen entt et sans sans "cla "clair ir,, mais en d"ersant des trombes d'eau& e toute la itesse de ses .ambes, l'en!ant aait co couuru .usqu'à une maisonne nettte en bois qu'$abitait un ieil $omme qu'il ne connaissait pas, mais qui l'aait bien accueilli& Gomme son manteau "tait tremp", l'$omme le lui aait enle" pour le mettre à s"c$er à cSt" du !ourneau et il lui aait dit, d'une oi< un peu tranante et un peu molle, à cause du %rand O%e qu'il aait / C Assieds-toi, Assieds-toi, mon petit "colier& "col ier& u as bien le temps l'ora%e n'est pas pass" de si tStK D (ylain "tait content d'>tre à l'abri Mla pluie !aisait un bruit de tonnerreN, et l'$omme
29
0 Assieds&toi! mon petit colier" 1 21
aait aait une !i%ure !i%ure !ine, !ine, aec des yeu yeu<< p"tillants& C Assieds-toi, r"p"ta-t-il, (ylain "tant rest" debout& 5n paure ieil $omme comme moi, c'est $eureu< de oir de la .eunesse K iens, reprit-il en !ermant une porte et en prenant entre ses doi%ts un escar%ot à coquille brune qui se pr"lassait sur le seuil&&& domma%e que le paure ieu< ean le inaou soit mort K P ui est ean le inaou ? interro%ea l'en!ant& P #'est-y que t'en as pas entendu parler? demanda le ieu<& Ta se pourrait ben, apr;s tout tout&&&&&&&& #' #'"ta "tait it un %ars, %ars, celui celui-là -làKK Il iai iaitt de rien, ne !aisait rien&&&& e crois ben qu'il "tait enu de reta%ne& Il n'a .amais eu de maison& e me demande o+ il $abitait il se nourrissait d'$erbes et de !ruits&&& mais rien que de !ruits tomb"s, Ha oui& A$K dame, il n'aurait pas ol" .e ne l'ai .amais entendu dire& )a seule iande qu'il man%ea man%eait, it, c'"tait c'"tait des des escar escar%o %ots& ts& ua uand nd on brlait les taillis, il les trouait tout rStis&&&& Il n'aait pas le sou en poc$e&&& poc$e&&& alors, alors, pas de &sou, pas d'allumettesK )'$ier, .e le oyais
22
enir me demander des brandons, mais dans ce cas-là, tou.ours il m'apportait un petit !a%ot de bois mort& ame, c'est point lui qui serait enu les mains ides&&& ni qui aurait pleur" la c$arit"& Il "tait ben trop !ier pour Ha& D #e .our-là, (ylain s'"tait bien amus" de la rencontre aec le ieil $omme et de l'$istoire de ean le inaou& 5ne !ois l'ora%e pass", quand il "tait reparti, la ie sur la terre ra!rac$ie lui aait paru si bonne qu'il qu'il aurait oulu l'embrasser& ais comment !aire pour embrasser la ie ? Il dit bon.our de tout son cJur au r"mouleur qui marc$ait pr;s de sa oiturette tir"e par un ilain c$ien rou<& Apr;s tout, saait-on .amais, c'"t c' "tai aitt pe peut ut-> ->tr tre, e, lui lui au auss ssi, i, un $o $om mme pa pau ure re mais tr;s $onn>te&&&&& )e soleil brillait de noueau, d'une !aHon rassurante cette !ois, et l'on pouait se rendre compte que tout le monde, apr;s l'ora%e, aurait bien oulu se promener sur la route / les c$iens qui aboyaient derri;re les %rands portails, les c$eau< qui dans les pr"s passaient le
23
col au-dess essus des barri;r i;res, es, les arbres eumes qui poussaient leurs lon%ues branc$es par-dessus les clStures des %randes propri"t"s et les %lycines, les c$;re!euilles, qui, plus souples, aaient saut" le mur& mur& )ui, le petit "colier, il y "tait sur la route K n pouait le dire K Et en m>me temps sur deu< bonnes .ambes qui lui donnaient la libert" K Il musa encore un instant, parce que la apeur c$aude que d" d"%%a%eai eait la terre !aisait !ondre sa olont" de rentrer tout de suite à la maison& ais en passant par les 4autes20
rosses, le nom de aillar%eau, le c$arpentier, peint en noir sur sa boutique, lui !it penser au< tartines de rillettes qui l'attendaient pour son %oter& #'est le C yar%eau D de ce nom qui sonnait si %ras&&&& )'en!ant, aussitSt, pressa le pas& Apr;s tout, comme aenture, cela su!!isait pour au.ourd'$ui& au.ourd'$ui& Il saait, mal%r" son .eune O%e, qu'on ne re!ait pas deu< !ois le m>me c$emin, et que celui-ci tenait en r"sere beaucoup d'autres .oies pour lui& Et combien il aait raisonK
2
CHAP#$%E ##
UNE CHATTE CHATTE $UI 2OUS CONDUIT LOIN (5R le c$emin du petit "colier, à la descente dess 4a de 4aut utes es- -ro ross sses es,, d" d"bo bouc uc$a $ait it un rout routin in qu quii menait à une propri"t", sans doute en!onc"e dans les bois, car l'en!ant ne l'aait .amais ue& Il saait son nom / C )a eilleraye D, et un .our, d'une $auteur, il aait aperHu son toit et la curieuse ieille "c$au%uette qui en d"corait la !aHade P celle tourn"e du cSt" de la cour P mais .ama amais il n'a aaait pris le peti etit routin tin en question pour en approc$er daanta%e& 'ailleurs, qu'y serait-il all" !aire? )'"cole "tait une c$ose s"rieuse, et c'"tait d".à asseL beau de s'y rendre par son labyrint$e 27
sans aller musarder ailleurs& ('il s'"cartait de l'itin"raire qu'il s'"tait trac" lui-m>me, alors il n'en !inirait plus K ais oilà qu'un .our d'aril, il arria qu'à cet endroit endroit P alors alors qu' qu'il il retourn retournait ait c$eL c$eL lui P une c$atte c$atte %rise, %rise, e!!la e!!lanqu nqu"e, "e, et miaulan miaulantt d"sesp"r"ment, pria le petit "colier de s'arr>ter, de la comprendre, et de s'occuper d'elle& #ette c$atte aait toutes les mani;res de quelqu'un qui appelle au secours, et les cris qu'elle tirait de sa %or% %o r%e, e, en plia pliant nt lon% lon%ue ueme ment nt le son son en deu< deu< / mia&& mia&&&ou &ou,, aaient aaient un accent accent d"c$iran d"c$irant&t& n ne pouait pas leur r"sister& (ylain Gaudic$eau s'accroupit, posa son cartable par terre et se mit à caresser la paure b>te& Il "tait bien ennuy" de ne rien aoir dans sa poc$e, ni biscuit biscuit ni croton de pain& (ans doute "tait-elle a!!am"e? ais elle semblait surtout inqui;te et se d"%a%ea iement des mains du .eune %arHon puis, bien isiblement, elle l'in l'init itaa à lui lui embo embote terr le pa pass dan danss la dire direct ctio ionn du rout routin in&& Elle Elle le re% e%ar arda dait it,, miaul miaulai ait, t, trott trottin inait ait un pe peuu en aant aant,, et reenait lui !rSler les c$eilles en miaulant encore 28
plus !ort, et recommenHait son man;%e& C a ieille, lui dit (ylain, qu'est-ce que tu eu< que .'y !asse? e n'ai rien, mais rien de rien à te donner à man%er& D (ur quoi, il retourna ses poc$es, pour prouer qu'il ne mentait pas et comme la b>te miaulait tou.ours, il a.outa / C (i tu m'aais dit Ha ce matin, .e t'aurais %ard" quelque c$ose mais à pr"sent, pr"sent, .e n'ai plus rien&&&& D *uis comme ces mots "taient clairs et bien !aciles à comprendre et que la b>te
2=
miaul iaulai aitt en enco core re ap apr; r;ss les les a aoi oirr en ente tend ndus us,, (ylain pensa qu'apr;s tout ce n'"tait peut->tre pas la !aim qui tourmentait cette paure c$atte mais un mal$eur encore plus %rand, et alors il !it ce qu'elle oulait et la suiit sur le routin& Elle parut tout de suite contente d'>tre arri"e à ses !ins& Elle miaulait tou.ours, mais doucement, c$aque !ois qu'elle retournait la t>te, d'un air de dire / C #'est bien&&& Ha a&&& mais tu as mis le temps à comprendre K D Ils marc$;rent alors un moment entre un mur et un c$amp d'aoine, et arri"e à un certain endroit, là o+ le mur aait une br;c$e, la c$atte sauta de l'autre cSt", non sans aoir dit à (ylain qu'il deait en !aire autant& ais l'en!ant $"sitait& #e mur entourait isiblement une propri"t" pri"e, et il "tait trop bien "le" pour i%norer qu'il est d"!endu de s'introduire s'introduire dans un .ardin qui ne ous appartient pas& C Ucoute, apr;s tout, tu m'emb>tes, dit-il au paure animal& (i apr;s Ha .e me !ais pincer K&&& D
2B
ais la c$atte, reenue sur la br;c$e, ren enou oue ela la ses ses supp suppli lica cati tion ons, s, et il !ran !ranc$ c$it it lui lui aussi le mur, non sans s'"%rati%ner au< ronces et pester contre l'animal& Apr;s aoir marc$" sur une "troite lisi;re de pins, il s'en!onHa dans un !ourr" peupl" de $autes !ou%;res et d'arbrisseau< à petites baies rou%es, dont (ylain i%norait le nom mais qui lui !irent penser, en raison de leur leur !ouillis, !ouillis, qu'il se trouait trouai t dans un %rand parc& 5ne !ois qu'il les eut traers"s, il d"bouc$a dans une petite clairi;re, et là, la c$atte poussa trois !ois un cri si d"c$irant que (ylain !aillit s'en trouer mal& Au m>me instant, une oi< P une oi< !rac$e et %entille P appela / C *etit "colierK D )'en!ant relea la t>te, contourna un buisson et d" d"co cou uri rit& t&&&&& un unee pe peti tite te !ill !ille, e, d' d'en eni iro ronn un unee diLaine d'ann"es, qui "tait assise sur une c$aise et semblait ne pas pouoir bou%er& C $ K approc$e, petit "colier K D r"p"ta-telle& Il approc$a, interdit, en se posant trente-
39
si< mille questions& *ourquoi est-ce que la c$atte n'arr>tait pas de crier ? *ourquoi cette petite !ille restait-elle immobile dans da ns un moment pareil? etc& 4eureusement, la !illette dit, en s'adressant à la c$atte / C e te plains, ma paure oucette& #'est l'4ortense qui les a trou"s, et elle a srement les noyer à moins qu'elle n'en ai %ard" un&&&& D *uis de noueau au petit "colier / C Elle ient d'aoir cinq petits c$ats& rois noirs et seulement deu< %ris& (i tu saais ce qu'ils "taient "taient beaut >tre re terrible& Alors, il oulut s'e
31
pet it colier" 1 0 'h( approche! petit 32
souent, (ylain lui aussi aait de l'ombre sous les yeu<& 5ne !ran%e dor"e lui retombait sur le !ront, et une barrette d'"caill", de c$aque cSt", au-dessus des tempes, retenait plusieurs boucles de c$e $eeu< qu quii dansaien entt sur ses "paules les, à c$aque mouement qu'elle !aisait& #omme (ylain, qui la re%ardait, ne disait rien depuis un instant, rendu muet par un myst; yst;re re qu qu'i'ill ne po pou uai aitt pa pass s'e< s'e
33
.e ne ois .amais personne& #omment est-ce que tu t'appelles ? ui est-ce que tu as à l'"cole? P e m'appelle (ylain Gaudic$eau&&&& u crois qu'elle a reenir la dame dont tu parlais? P ui Ha&&& %rand-m;re? P 6on celle qui a tu" les petits c$ats& P )'4ortense? $K oui, elle a reenir& ais ais tu n' n'as as pa pass à a aoi oirr peu peur r tu sais sais,, elle elle n'est pas m"c$ante& P #'est "%al .'aime mieu< m'en aller& Alors, tu ne peu< pas marc$er? D )a petite !ille secoua la t>te& C #omment est-ce que tu t'appelles? P )aurette& P u crois qu'elle a %ard" un c$at? P $ K oui, sans quoi on entendrait oucette pleurer& P u eu< que .e reienne te oir? P $K oui, oui, reiensK e t'en supplieK e t'en supplieK *uis non, ne iens pas/ .'aurais trop de peine& uand maman me erra comme HaK&&& P + est-elle ta m;re?
30
P Au o o%o& P + est-ce le o o%o? P En A!rique, et elle est remari"e parce que .'ai perdu perdu mon mon p;re, p;re, et elle elle a d'a d'autre utress en!ants& P Au o o%o? ui& P u'est-ce qu'elle !ait là-bas? P e ne sais pas, mais %rand-m;re dit qu'elle n'aait pas besoin d'y aller& aller& #'est à cause de l'autre mari& :a-t'en maintenant, maintenant, parce que l'4ortense a arrier& ais reiens demain&&& tu me le promets? D (ylain dit oui comment aurait-il pu dire non? 6'aait-il pas "t" le premier à !aire cette o!!re imprudente? uand il se retroua sur la route, il it au cloc$er des rosses qu'il aait perdu presque une $eure& (a m;re deait s'inqui"terK Il se mit à courir& (ans compter qu'aec cette $istoire, il aait tout .uste le temps de !aire ses deoirs pour le lendemain K En arriant pr;s de )a Gloriette, sur la route d"partementale, il !ut obli%" de ralentir,
3
pour ne pas aoir l'air en !aute P lui qu'on oyait tou.ours marc$er marc$er si pos"mentK pos"mentK Alors, combien de pens"es lui trott;rent par la t>teK Et d'abord, il !allait saoir s'il irait ou n'irait pas, le lendemain, lendemain, oir la petite !ille& Entendu, Entendu, il aait promis mais s'il deait perdre à pr"sent une $eure c$aque .our aec elle&&& Ha compliquait le labyrint$e K ais aussi, ne pas pouoir marc$er et aoir une m;re au o%o, c'"tait tellement abominableK Gomme il ourait la %rille de la maison, il d"cida brusquement qu'il irait lui dire qu'il ne iendrait pas& 37
C (ylain K s'"cria sa m;re en allant à sa rencontre& Gomme tu arries en retard K u'estce qui se passe?D Elle l'embrassa& Cu n'as pas "t" malade? P $ K non, mais c'est une c$atte qui aait eu des petits elle miaulait miaulait sur le c$emin, tant qu'elle pouait&&&& P #omment Ha, sur le c$emin? u eu< dire sur la route? D AVeK oilà ce que c'"tait quand on commenHait à parler& amais, m>me à sa m;re qu'il aimait tendrement, le petit "colier n'aait dit le croc$et qu'il !aisait pour se rendre en classe& #omment s'en tirer, à pr"sent ? Il mentit&&& un peu& 5n peu, ce n'est pas %rae&&& seulement pour pr"serer le secret de son labyrint$e& C ui, sur la route, reprit-il& Elle oulait que .e oie ses petits qu'elle aait !aits dans un c$amp& rois rois noirs et seulement seule ment deu< %ris& P *ourquoi C seulement D ? demanda sa m;re tout en pr"parant son %oter Mune bonne tartine de pain beurr", recouerte de con!itureN&
38
P *arce qu'elle "tait %rise D, dit l'en!ant& (pontan (pontan"m "ment, ent, il enai enaitt de trouer trouer la r"ponse à une parole qui l'aait lui-m>me intri%u"& Il sourit comme il saait le !aire, $eureu< d'aoir r"p"t" tete, dit la m;re de (ylain elle deait manquer manquer de lait& u'est-ce u'est-ce que tu en as !ait? P Gomme ce n'"tait pas loin des rosses, .'ai couru par les c$emins pour d"nic$er une !erme& P Et de quel cSt" es-tu all"? P 'ai d marc$er .usqu'à la Godini;re& P Ils sont sans doute au< #$ealier& u as d oir sa m;re à elle? P ui, .e l'ai ue, dit (ylain alors elle est all"e ramasser les petits c$ats& D Gomme c'"tait loin de la "rit"K Il pensa à l'4orten tense qui aa aiit d les no noyyer tou ouss& ais c'"tait amusant de raconter des $istoires& C #'est bon mais tu sais que .e t'ai d".à dit de ne .amais quitter la route& ('il t'arriait quelque c$ose, dans les c$emins ou dans les
3=
c$amps, ps, qui es est-ce -ce qu qui s' s'en apercerait? D (ylain n"%li%ea de r"pondre& (a m;re m;re a aait ait cette cette id"e id"e !i
3B
enait pas tout de suite, il se retenait tou.ours de .ouer aant d'aoir trou" la solution& #'"tait sans doute pour cette raison qu'il "tait si souent le premier& ais qu'allait-il deenir aec cette )aurette sur les bras K Il se rappelait maintenant qu'elle l'aait suppli"& (i demain elle essayait de se cramponner à lui, il serait encore en retard, et c'est sa m;re qui sou!!rirait& Ta, c'"tait un probl;meK C Et si elle se remet à pleurer? D pensa-t-il& Il y aurait peut->tre un moyen de s'en tirer / ce serait d'y retourner demain, tr;s ite, et de dire que sa m;re, à pr"sent, l'obli%eait à prendre le car& ais dans ce cas, quel %ot aura au rait it-i -ill à pa pass sser er sur sur le c$ c$em emin in de dess ros rosse ses, s, comme un oleur et se dissimulant? Alors, quoi&&& prendre raiment le car? #e serait le seul moyen d'en !inir aec cette a!!aire tra%ique sans compter qu'à )a eilleraye, il n'"tait pas tr;s c$aud pour rencontrer l'4ortense&&&& Il calcula le nombre de litres que contenait un bassin de ciment aliment" par une citerne qui d"ersait par $eure = m;tres cubes d'eau, se trompa dans ses calculs, !it de noueau ses
09
op"rations, en !it la preue&&& se rendit compte qu'il aait "crit une "ritable "normit" et pensa au< m;tres cubes d'eau qui s"paraient )a Gloriette de l'A!rique&&& un nombre incalculable et qu'il n'aurait pas su "crire, et qui plaHait le o%o si loin qu'autant dire que )aurette n'aait pas de m;re du tout de m;re&&& m, e accent %rae, r, e. ui, mais maintenant il y aait des aions K (i cette m;re aait oulu, elle aurait bien pu reoir sa !ille& *eut->tre que son mari Mle secondN l'emp>c$ait de !aire le oya%e ? (ylain pensa à ce qu'aait dit )aurette, que sa m;re aurait 01
de la peine quand elle la reerrait reerrait comme Ha& Il !ut saisi de la brusque id"e de ce que serait la peine de sa m;re à lui, dans un cas pareil& on ieu, c'"tait tellement atroce qu'on ne pouait pas l'ima%iner& #ette !ois, alors, elle pourrait dire C qu'il lui "tait arri" quelque c$ose D K Il se it soudain sur une c$aise, celle sur laquelle il &se trouait assis, et incapable d'en descendre& Il !it semblant de le ouloir sans pouoir y arrier et appela C aman, maman K D Mout bas, bien entendu, et en oubliant ses probl;mes&N Il "tait mal$eureu<, paralys", maltrait" par l'4ortense, et des larmes bai%n;rent ses yeu<, par compassion pour lui-m>me& *uis, ayant ainsi atteint le point culminant de son "motio tion, il a%ita ses de deuu< .ambes, it qu'elles manJuraient !ort bien, et reint à ses m;tres cubes& Il !init ses deoirs à temps pour .ouer un peu aec sa sJur, apr;s le dner& Elle, c'"tait une petite luronne, au< .oues rebondies, sans ombre sous les yeu<, mais qui s'y entendait pour le !aire enra%erK Il l'adorait& Aant de s'endormir, s'endormir, une !ois dans son
02
lit, il r"clama comme de coutume un peu de musique& #'"tait, parat-il, une manie qu'il aait prise "tant tout petit / son p;re, pour lui !aire plaisir, lui c$antait une c$anson douce, et quand on lui aait dit / C u es trop %rand maintenant pour qu'on te c$ante une c$anson il !aut t'endormir tout seul D, l'un de ces nua%es d'encre qui en moins d'une seconde pouaient c$an%er du tout au tout son e
03
comme une b>te et en le poussant par!ois si !ort qu'il crai%nait d'>tre soule" de terre et de s'enoler comme une !euille morte& #'est alors qu'il !aisait bon >tre dans son lit et bien au c$audK #e soir-là il s'endormit en pensant à la petite !ille qu'il irait oir le lendemain& #omment aaitil pu $"siter tout à l'$eure? )a musique simpli!iait tout / il irait laoir&&& parce qu'elle l'attendait& #e n'"tait pas plus malin que Ha K )a m;re de (ylain it ses yeu< se !ermer, son sourire subtil errer sur ses l;res, et elle arr>ta le %ramop$one&
00
CHAP#$%E ###
UNE DAME A CHE2AL SUR LES CON2ENANCES )E )E6EAI6, de l'"cole .usqu'au c$emin de )a eilleraye, il courut à toute ite itess ssee P à tel tel po point int qu' qu'a aant ant de s'en s'en%a% %a%er er à tra traer erss la br;c br;c$e $e du mur mur il du dutt s'ar s'arr> r>te terr et reprendre son sou!!le& Est-ce que )aurette "tait là ? Il crut prudent et opportun de s'annoncer en si!!lotant, une !ois pass" le petit bois de pins et oilà que .uste à l'instant o+ il d"bouc$ait des taillis, e
ais ce n'"tait pas une oi< d'en!ant c'"tait c'"tait une oi< de !emme, !emme, asseL asseL rude, rude, mais mais cependant pas antipat$ique& Il d"bouc$a sur la clairi;re et retroua la petite !ille assise, dans la m>me robe que la eille, eille, aec ses m>mes m>mes c$eeu< dor"s MpardiKN MpardiKN et sa m>me immobilit", qui paraissait si sin%uli;re& sin%uli;re& Aupr;s d'elle "tait une !emme !emme d'une d'une bonne cinquantaine d'ann"es, qui deait >tre en train de tricoter mais aait pos" son oura%e& #'"tait #'"tait elle qui aait aait parl parl" " elle a.outa, a.outa, en tournant les yeu< ers (ylain / C Approc$e, approc$e, approc$e, mon petit %ars n'aie pas peur& n ne a pas te man%er K D )'en )'en!an !antt pe pens nsaa alor alorss qu' qu'il il aait aait d" d".à .à u cette cette !emme !emme aec ses $au $autes tes pommet pommettes tes saillan saillantes, tes, ses c$eeu< %ris !risottants, et son %ros c$i%non sur le crOne& (ans doute l'aait-il rencontr"e en marc$ant sur le c$emin des rosses, quand elle !aisait ses comm co mmis issi sion ons& s& Et elle elle le co conn nnai aiss ssai aitt sre sreme ment nt,, puisqu'elle lui dit / C u es le petit Gaudic$eau, Gaudic$eau, le !ils !ils du "t"rinaire de )a Gloriette? MA moins que ce ne !t )aurette qui lui et r"p"t" son nom&N 07
P ui D, !it (ylain& Il a.outa / C 'aais promis de enir&&&& enir&&&& P ais, tu ne reiendras plus K D tranc$a l'4ortense& out en restant assise, elle prit l'en!ant par les deu< mains, et le campant contre son %iron, elle poursuiit / C Ucoute-moi bien .e te d"!ends non seulement de reenir, mais de dire à quiconque dans le illa%e que tu as mis les pieds ici et que tu as u notre poulette&&&& D Elle oulait sans doute dire )aurette& C *ersonne ne doit saoir qu'elle est malade et qu'elle est là& D #omme deant ces paroles, si inattendues et brutales, la bouc$e de (ylain !r"missait et que son isa%e se courait d'amertume, l'4ortense reprit, d'une oi< plus douce / C e te parle comme à un petit $omme, parce que .e sais que tu es raisonnable& e te connais bien .e t'ai souent u sur la l a route de oism" .e sais que tu es un bon petit %arHon, un mod;le de petit "colier& D (yl (ylain ain aala aala sa sa sali saliee aec aec beauc beaucoup oup de di!!icult"&
08
C ais ois-tu, continua la !emme, si .e te demande Ha, c'est pour ton bien, pour celui de ma poulette, pour notre bien à tous& D M*ourquoi ne disait-elle pas C )aurette D ?N *uis, !inalement, d'une oi< qui c$aira comme un seau qu'on renerse / C n it dans une %rande peine, ici, a.outa-t-elle& P $ K ne dis rien, ne dis rien K D supplia )aurette, qui brusquement cac$a son isa%e dans ses mains& (ylain, lui, restait muet mais tous ses traits re!l" !l"taie aient une doule uleur qu qu''il n'arr arria iait pas à cac$er& Il s'"tait si peu attendu à celaK (ans doute attendrie par lui, la !emme branla la t>te de droite et de %auc$e et relea un coin de tablier pour pouoir essuyer une larme& C 5n petit compa%non comme toi, c'est pourtant bien ce qu'il lui !audrait, reprit-elle& ais tu comprends, sa %rand-m;re ne eut pas elle ne eut pas qu'elle oie personne& Elle est morti!i"e que )aurette soit malade&
0=
P Et que maman se soit remari"eK a.outa la petite !ille, l'air mis"rable& P e comprends, dit !inalement (ylain, qui ne trouait rien d'autre à dire& P e saais que tu comprendrais, reprit l'4ortense .e saais que tu "tais un bon %ars& D Elle embrassa (ylain sur les deu< .oues et reprit / C :a, à pr"sent, pour que ma dame ne te oie pas& D Elle l'"carta d'elle l"%;rement& C Et tu ne diras rien, c'est promis ? Rien à personne ? D (ylain secoua la t>te& ais ais co com mme l'4o l'4ort rten ense se Mla Mla bo bont nt"" m>meN >meN "tait une solide paysanne, Opre à d"!endre ce qu'elle aimait, elle a.outa / C oi, .e n'ai .amais dit à personne que tu !ais ton petit tour de c$emin au lieu d'aller droit à l'"cole& D Et rapidement elle se si%na, parce qu'elle aait conscience de comm ommett ettre un p"c$ "c$" en !aisant ce ilain marc$" aec le bon cJur de l'en!ant& C $K ce n'est pas pour Ha, dit (ylain ce n'est pas pour Ha que .e ne dirai rien&&&&
0B
P u au< encore mieu< que .e ne pensais K *ardonne-moi ce que .e iens de te dire et embrasse )aurette une bonne !ois K D II embrassa )aurette, %auc$ement, sans .oie, bien qu'Elle s'accroc$Ot à son cou& *uis il s'en!onHa dans le taillis, tandis que la !illette lui criait, tout en retenant l'"clat de sa oi< / C 'enerrai le petit c$at te oir&&& sur le c$emin&&& quand il sera plus %rand& D #e qui ne oulait strictement rien dire& 9
(ur le c$emin de )a Gloriette, il !ut m"content de lui et de toute cette aenture& *ourtan *ourtant,t, en r"!l"c$ r"!l"c$iss issant ant bien, bien, il aurait aurait d en >tre satis!ait& out "tait maintenant comme aant, et la question question qui l'aait tourment" tourment" s'"tait r"%l"e au mieu<, d'elle-m>me& Il n'aait plus à se !aire de mauais san% P sau! qu'il ne reerrait plus )aurette& uelle curieuse !emme, !emme, cette cette 4ortens 4ortenseK eK ais ais (ylain (ylain l'aimai l'aimaitt mal%r" lui et mal%r" ce qu'elle lui aait dit& *arce qu'elle adorait la petite !ille c'"tait bien !acile à oir& oir& Alors, c'est la ieille dame qui n'"tait pas %entill %en tille? e? #'est #'est rai que person personne ne ne deait deait saoir qu'il y aait une en!ant malade à )a eilleraye .amais le petit "colier n'en aait entendu parler& Alors quoi, on la cac$ait? Estce que c'est une c$ose qu'on doit !aire? Et )aurette allait %randir elle ne pourrait .amais bou%er elle serait toute sa ie comme Ha&&& toute sa ie aec cette %rand-m;re qui ne la laissait pas sortirK Et quand l'4ortense ne serait plus là, alors qu'est-ce qui lui arrierait? )ui qui aait de si si bons parents et une maison maison si a%r"able& )ui qui aait toute la campa%ne,
1
toutes les !leurs, tous les arbres à luiK Il !it deu< ou trois %ambades pour se prouer à quel point il pouait !aire ce qui lui plaisait& *uis tout à coup, il eut une illumination il se dit que si )aurette "tait tenue prisonni;re, il !allait aertir les %ens pour la sauer& C IdiotK D s'"cria-t-il aussitSt à mi-oi<& mi-oi<& 6'aait-il pas promis à la ieille !emme de ne .amais rien dire à personne ? Il d"cida de n'y plus penser& )a !in de l'ann"e approc$ait& Il pouait encore-une !ois aoir le pri< d'e
droite et de %auc$e, comme si elle c$erc$ait un ob.et perdu& Releant tout de suite la t>te ers le petit "colier, elle lui demanda / C u n'as pas u un c$aton noir&&& le derniern" de la oucette? il a d !iler par ici&&&& P 6on, dit l'en!ant, sinc;re .e ne l'ai pas u&D 3
)'4ortense parut embarrass"e& (ylain n'eut pas enie de rec$erc$er le petit c$at& Il lui semblait que la !emme elle-m>me n'y "tait pas raiment int"ress"e& Il demanda / C Gomment a la petite !ille? D )a !emme s'adossa contre le mur en .etant un re%ard ers )a eilleraye, comme si elle crai%nait qu'on ne la t / /, i C5ne mis;re, mon petit %ars&&& une mis;re elle d"p"rit de .our en .our et maintenant ne eut plus rien man%er& #'est surtout depuis que tu es enu elle n'a plus de %ot à rien& Elle dit que sans .ambes comme les autres en!ants, ce n'est pas la peine d'>tre sur terre&&&& P ais, on ne peut pas la soi%ner? demanda (ylain& P Est-ce que .e sais s'il y a des rem;des? e crois bien qu'il n'y en a point& uand on est paralys", aec cette maladie-là, c'est sans doute dout e pour l'e
e nou noueau eau il y eut un silence, silence, et elle a.outa tr;s ite /
C&&& #e qui !ait que tu pourrais reenir& D (ylain !it une petite %rimace& uelque c$ose lui pinHait le cJur& Il aurait aim" reoir )aurette et .ouer aec elle si cela l'amusait mais c'est qu'il y aait l'"coleK et sa m;re qui s'inqui"tait c$aque !ois qu'il arriait en retardK Il dit / C ais si on la sort, à pr"sent, Ha la distraira un peu& P 6on, dit la !emme il n'est pas question de Ha pas question question de la sortir sortir seulement seulement question question que tu iennes iennes parce que .'ai !ini par parler, mais en .urant tout ce que .e saais que tu "tais un un petit "colier "colier qui saait saait tenir sa sa lan%ue et %arder un secret& P *ou$&&& alorsK soupira (ylain, qui trou rouait que la situati ation de deenait ait rudement embarrassante& P (ois %entilK dit l'4ortense, d'un air d"sesp"r"& n ne sait .amais peut->tre que Ha s'arran%era, plus tard&&&& D
Elle Elle !it une une pause pause et repr reprit it / C #'est #'est demain demain .eudi, tu ne peu< pas enir? )e .eudi, .eu di, il n'y a pas d'"cole&&&& P #'est .eudi, dit (ylain mais .'ai à traaillerK D II aait parl" sur un ton %ro%non, parce que, oui, la premi;re !ois, il "tait d"cid" à reoir la petite )aurette mais à pr"sent, on approc$ait des compositions compositions de !in d'ann"e& Et puis, la premi;re premi;re !ois, c'est la petite !ille qui l'aait suppli" maintenant, c'"tait l'4ortense et une tout autre a!!aire& Et puis, il y aait la ieille dame& Et pourquoi l'obli%er au secret? #'"tait cela, ce qui compliq liquait ait tou outt& Autr utrement, il aura urait pu en parler à ses parents& C Il !aut que .e m'en aille, dit-il .'ai peur d'arrier en retard& D II reprit son sac, qu'il aait pos", et comme il "tait bon comme tout et que l'4ortense lui !aisait piti" il a.outa en s'en allant / C Entendu, .e reiendrai demain comme l'autre !ois, par le mur&&& en!in, .e eu< dire, par la br;c$e&
7
P 6on K r"pliqua iement la !emme )aurette ne peut plus sortir& Elle est au lit iens au c$Oteau& P e ne sais m>me pas o+ est la porte, dit l'en!ant& P ans les bois& u suiras le mur puis tu le contourneras à droite et tu erras un portail %ris& %ris& Entre Entre par la petite petite porte, porte, elle sera sera ouerte& P Au reoir, dit (ylain& P A demain, mon petit& D II !it trois pas, et, se retournant, il demanda / C Et le c$at? P Il n'y a point de c$at, dit l'4ortense c'"tait une !aHon de me reprendre, parce que .e t'aais dit de ne plus enir& D II la re%arda s'"loi%ner et la troua toute ot"e, beaucoup plus ieille qu'il n'aurait cru& )e soir, c$eL lui, il traailla ite, ite, sans leer le neL de dessus dessus ses ca$iers et sans prendre le temps de .ouer aec sa petite sJur& Il s'a%issait de se lib"rer du plus %ros pour le lendemain& ais oilà que pendant le dner sa m;re parla d'aller passer l'apr;s-midi à ontournais, 8
c$eL la cousine #$aui%n"& C Ta y est, pensa (ylain, il ne manquait plus que HaK D aintenant, il n'y aait plus que la matin"e dont il pouait disposer, et il aait encore des deoirs à !aireK
Il eilla pour la premi;re !ois, en luttant contre le sommeil pour absorber sa leHon de %"o%rap$ie, et le lendemain, ers les di< $eures, il prit ses .ambes à son cou pour courir à )a eilleraye& =
amais il n'"tait enu au< rosses sans son sac d'"colier sous le bras ni en %alopant sur la route& )e c$emin lui parut tout noueau& Il "tait si sureme aoir pris le temps de !aire C ou! D, deant un immense portail %ris, comme abandonn" dans les bois, et qui lui parut ma%ni!ique& Il "tait coi!!" d'une %lycine, odorante et abondante, qui retombait comme une perruque de c$aque cSt" du sommet dont la !orme "tait arrondie& A droite et à %auc$e du portail, il y aait des montants de pierre, taill"s, scu culp lpt" t"ss de .oli .oliss moti! oti!s, s, maint ainten enan antt "cor "corn" n"s, s, e!!ac"s ac"s,, mais ais qu quii do donn nnai aien entt à l'en l'ense sem mble ble un unee allu allure re d' d'an anci cien enne ne %ran %rande de mais maison on&& #' #'"t "tai aitt sans sans doute pourquoi on la traitait de C c$OteauD& Il se dressa sur ses pieds pour pouoir appuyer le pouce sur le loquet de la petite porte, qui "tait taill"e dans la %rande, et entra sans plus de !aHon& Il traersa un .ardin, aussi abandonn" que les bois, et aanHa ers la maison& B
out de suite apparut l'4ortense, qui s'"cria d'une oi< .oiale / C :oilà notre petit "colierK D Elle descendit le perron pour aller au-deant de lui&
#e perron "tait .oli comme tout& Il !ormait un %enre de plate-!orme entre deu< escaliers cintr"s sur lesquels cascadaient des ros"s, et qui aaient l'air de deu< bras pr>ts à ous serrer sur un cJur& (ylain, (ylain, ainsi salu", se sentit tout .oyeu< et entra dans la pi;ce o+ le conduisit la !emme, aec son !in sourire au< l;res et son re%ard si bien accord", qui tra$issait son raissement& 5ne dame, pas si ieille que Ha, mais >tue de noir et l'air s";re, "tait assise dans un !auteuil& Ele "tait en train de se mouc$er, et cela, si pr"cautionneusement que l'en!ant, rest" debout en !ace d'elle, oublia d'>tre intimid" tant il s'amusa de la oir !aire& Aant de mettre son neL dedans, elle e
mouc$er à l'eners&&& à moins que ce ne !t à l'endroit& (ylain sentit alors qu'il "tait matre de la situation& Il "tait de ceu< P comme beaucoup d'autres P qui n'y re%ardaient pas de si pr;s K
71
/// et entra dans la pièce" 72
C on.our, madame, dit-il& + est )aurette? P on petit %arHon, dit la dame en repliant son mouc$oir en quatre, ce n'est pas à toi de me poser une question& D (ylain la troua bien bonneK mais pourtant il n'ob.ecta rien& C u n'as pas à dire quoi que ce soit, tant que .e ne t'ai pas adress" la parole D, a.outa-t-elle& (ylain lea les yeu< sur l'4ortense, debout derri;re sa matresse, comme pour la prendre à t"moin que celle-ci n'"tait pas normale, et la ieille %ouernante lui !it un petit clin d'Jil, et un sourire qui en d"courant ses %encies montra qu'il lui manquait des dents, mais r"c$au!!a le cJur de l'en!ant& Il brlait d'ailleurs d'en !inir aec toutes ces questions de conenances et !ut $eureu< d'entendre la ieille dame lui dire, en !aisant un %este du bras pour d"si%ner la c$ambre o+ reposait la petite !ille / C :a la oir, puisqu'elle te demande K ais, par mon sabre de bois blanc-bleu, si .amais tu en lOc$es un mot&&& K D
73
)a p$rase resta en suspens& 6oueau clin d'Jil de l'4ortense, et oilà (ylain sur ses pas, d'abord dans un %rand couloir, puis de noueau dans une %rande pi;ce o+ tout de suite il it )aurette, mais une )aurette qu'i'ill ne reco qu reconn nnai aiss ssai aitt pa pas& s& Il la reco reconn nnai aisssait sait m>me si peu qu'il eut sur le moment %rande enie de d"%uerpir& ais la petite !ille tourna la t>te ers lui, et ses l;res s'ourirent pour lOc$er un C bon.our D, d'une oi< qu'on entendit à peine, tandis que ses .oues se coloraient d'un peu de ros"& *uis en!in elle sourit P un sourire à ous !endre l'Ome& Elle n'"tait pas dans son lit, mais allon%"e tout de son lon% sur un canap" ancien que recourait un c$Ole des Indes, et comme il !aisait tr;s c$aud, une courtepointe en piqu" blanc "tait "tendue sur ses .ambes, laissant à d"couert le $aut du corps, qui parai raissait d'un unee mai% ai%reur alarmante& (es c$eeu< "taient beaucoup plus ternes que (ylain les aait us, et l'ombre sous ses yeu< aait l'air marqu"e par un peintre, tant elle "tait accentu"e& n
70
n'arriait pas à croire qu'elle pouait >tre naturelle& ais tout de suite la petite !ille eut l'air de s'animer, et dit à (ylain Gaudic$eau / C Assieds-toi Assieds-toi là, à cSt" de moi& D Elle !it un isible e!!ort pour se mettre sur son s"ant, ce qui parut rair l'4ortense, qui dit à son tour à (ylain / C Raconte-lui un peu ce que tu !ais dis-lui ce que tu ois par les c$emins et ce que tu apprends à l'"cole& D ais comme Ha, pris au d"pouru, (ylain ne saait trop que dire& Il demanda / C :ous n'aeL pas un .eu? P (i !ait K D dit l'4ortense& Et elle apporta une bote dans laquelle "tait un .eu d'oie& (ylain n'aait .amais .oue à ce .eu-là& #e n'"tait pas un .eu moderne& )ui, .ouait au onopoly ou à toutes sortes d'autres .eu< qu'on lui donnait pour ses "trennes et qui "taient amusants, comme les botes de eccano aec lesquelles il construisait des Armada, des caraelles&&&&
7
0 )e *ais +uste une partie""" 1 77
C oi, .e sais K d"clara la petite !ille, d'une oi< d".à beaucoup plus !erme& Attends, .e ais te montrer& P e !ais .uste une partie, d"clara d"clara (ylain, et apr;s Ha, .e m'en ais& D Ils en !irent trois, et s'amus;rent !ollement& 4abitu" à .ouer aec sa petite sJur et sac$ant qu'il "tait là pour donner de la .oie à )aurette, (ylain qui d'$abitude "tait calme et secret se montra d"bordant de malice et de %aiet"& Il lanHait les d"s en l'air en !aisant mille contorsions, se laissait %lisser de sa c$aise quand il tombait dans le puits, se mettait la main sous la %or%e quand le sort le .etait en prison, !aisait pan, pan, pan, pan, pan, pan, dans la case o+ "tait le canon, &&&etc&&& A la !in de la troisi;me partie, )aurette repoussa le .eu pour s'appuyer sur le coussin qui "tait derri;re sa t>te& Elle semblait soudain à bout de !orce et dit dans un sou!!le de oi< / C u eu< appeler l'4ortense? 'ai !aim& e crois que .e prendrais bien quelque c$ose&&&& D Ainsi, cette premi;re isite s'ac$ea sur un tapioca bien "pais, dans lequel la ieille
78
%ouernante tournait et retournait la cuiller, com co mme po pour ur care caress sser er la bo bonn nnee sou oupe pe qu qu'e 'ell llee portait à sa c$;re C poulette D& uand il !ut de retour c$eL lui, (ylain se montra tra plu plus end ndiiabl" et plus lus eme instant / C e me demande o+ cet en!ant a c$erc$er les c$oses qu'il ditK D & Gaudic$eau ne lui r"pondit rien& Il pensait que son petit (ylain "tait un %"nie pr"coce P une c$ose à ne pas dire deant lui&
7=
CHAP#$%E #V
UN APRÈS3MIDI FRUCTUEU4 )'A*RW(-II, le "t"rinaire conduisit tout son monde à ontournais, dans sa deuter deant la maison, et un $omme !rappa à la porte pour demander si & Gaudic$ c$eeau, le " "tt"rinair aire de )a Glor loriet iette, n'"tait pas là& Il s'a%issait s'a%issait d'une b>te, un c$eal, qui s'"tait bless" à une !ourc$e& 7B
".à le p;re de (ylain se leait, mais la cousine dit aussitSt / C Raymo ymondK ous n'alle lleL pas partir tir sans aoir %ot" mon in blanc et man%" un morceau de %alette& )e c$eal attendra bien un peuK D & Gaudic$eau r"pondit / C 6on, ma bonne 4enriette .e m'etes sou!!rent autant que les %ens& D II s'en alla, et d;s qu'il !ut parti la m;re de (ylain etes, n'est-ce pas là le plus beau m"tier? Raymond !ait le sien consciencieusement&&&& P #'est .uste D, acquiesHa la cousine tout en d"pliant la nappe qui deait serir pour le %oter& Et elle a.outa aussitSt / CA propos&&& est-ce que ous aeL l'intention de !aire
89
acciner os en!ants contre la poliomy"lite? #$eL #$ eL le p$ p$ar arma maci cien en,, l'au l'autr tree .our .our,, .'ai .'ai en ente tend nduu plusieurs personnes qui disaient que c'"tait une bonne c$ose&&& une bonne pr"caution à prendre& P 'ai bien enie de le !aire, dit me Gaudic$eau, encore que par ici on n'en connaisse pas un seul cas&&&& D (ylain brlait de l'enie de dire qu'il en connaissait au moins un mais comme il "tait douillet et n'aimait pas les piqres Moutre les bonnes raisons qu'il aait pour se taireN, il crut mieu< !aire de tenir sa lan%ue& C II y en a eu l'an dernier, dans la :ienne, dit la cousine& $K .e sais bien qu'à pr"sent, quand on les soi%ne à temps, ce n'est plus aussi %rae& #e qu'il !aut, surtout, c'est r"a%ir il !aut beaucoup de olont" pour la r""ducation& P e me demande, dit me Gaudic$eau, si la seule olont" peut !aire mouoir des .ambes paralys"es&&&& P Il parat que oui& D )es )es de deu< u< !emm !emmes es pa parl rlai aien entt dist distra rait item emen ent, t, occup"es qu'elles "taient, l'une à tirer des erres de son bu!!et, l'autre à les placer sur
81
la tabl tablee mais mais (yl (ylai ainn bu bua ait it leur leurss paroles, qui "taient pour lui une r""lation& Ainsi P et tout d'abord P eu<-m>mes, son p;re, sa m;re, pensaient que le plus beau des m"tiers c'"tait C de soula%er la sou!!rance D, et n'"tait-ce pas ce qu'à )a eilleraye on demandait de !aire à (ylain ? 5ne autre c$ose r"con! r"con!orta ortante nte / il su!!i su!!isait sait de le ouloir ouloir pou pour r que des .ambes qui ne remuaient pas se mettent tout à coup à marc$er K Alors, qu'est-ce qu'il attendait attendait pour !aire marc$er marc$er celles de )aurette? )aurette? ui, ui, mais mais oilà, oilà, ce n'"tait n'"tait pas à lui de le ouloir c'"tait l'a!!aire de la petite !ille& (ylain se dit que de .ouer au .eu de l'oie, ce n'"tait pas une solution m>me s'ils aaient bien ri ensemble& )a petite !ille risquait au contraire d'y tro trouer son a%r"me "ment et de s'$abitu bitueer au moindre e!!ort& #e qu'il !allait à tout pri<, c'"tait la !aire bou%er du moins lui en donner l'enie& Il se rappela que le premier .our l'4ortense lui aait dit / C Raconte-lui ce que tu ois de$ors, ce que tu rencontres sur la route D&&& ou du moins quelque c$ose
82
comme Ha& #'"tait peut->tre .ustement pour lui donner l'enie d'y aller, mal%r" ce que disait sa %rand-m;re? ui, mais elle "tait deenue si pOle et si mai%re, à pr"sent, que Ha ne !acilitait pas les c$oses K uoi qu'il en !t, la conersation de la cousine aec la m;re de (ylain !rappa l'esprit de l'en!ant d'une mani;re d"cisie& #'est ainsi que naissent, par!ois, les ocations / pour une parole qui, comme une %raine, tombe sur un terrain propice& A partir de cet instant-là, (ylain cessa de penser à )a eilleraye comme à une cor"e P qu'il !aisait mal%r" tout de bon cJur, parce que )aurette "tait irr"sistible, aec sa %rOce !ra%ile et sa %rande peine au !ond du cJur P pour y penser comme c omme à un deoir, deoir, une entreprise ma%ni!ique / un saueta%e qui reposait sur lui& Eidemment, pour l'instant, il ne oyait pas tr;s bien comment il allait op"rer mais là n'"tait pas l'important& )'important, c'"tait qu'à pr"sent il se sentait l'enie, la !orce, d'aller tant qu'il !audrait à )a eilleraye et de mettre les bouc$"es doubles en ce qui
83
concernait l'"cole& ant pis, il apprendrait ses leHons tout en marc$ant, ou plutSt tout en courant, car il lui !audrait courir, mal%r" ce qu'en penseraient les %ens& Et il essaierait mal%r" tout d'aoir le pri< d'e
P e ne suis pas !ati%u" K D protesta-t-il, iement& ais il %randissait&&& oui, pardiK C 'esp;re que Raymond ne a pas trop tarder, dit sa m;re, quand le %oter tira à sa !in& e n'ai rien pr"par" pour ce soir, et il serait temps que .e mette mes artic$auts à cuire& D A peine !inissait-elle ces mots que & Gaudic$eau s'annonHa& C A$K mes en en!!an antts, s'" '"ccriaia-t-i t-il tout en se !rott rottan antt co connscie scienc ncie ieus usem emen entt les les pieds ieds sur sur le paillasson deant la porte P c$ose qu'il !aisait sans y penser, car il passait souent par les "tables P, .'ai cru que .e n'en sortirais pas K Il reste de la %alette, .'esp;re? D out en se laant les mains Mencore une !oisN dans la cuisine, il c$antonna c$antonna / J'aime la alette... sa!e"#!ous comment$ %uand elle est bien &aite... u'( a du beurre b eurre dedans l
*uis il entra dans la salle à man%er o+ sans raison particuli;re il soulea ri%itte dans ses bras, lui donna un C %ros D baiser, et dit d'une oi< mOle et $eureuse /
8
C A boire, ma cousineK e l'ai bien m"rit" K P #'"tait %rae? D demanda celle-ci, tout en d"bouc$ant une bouteille& MIl !aut saoir qu'on "tait en An.ou, un pays o+ l'on boit plus olontiers du in que du t$"&N C #'est le %ars oullain, à ontournais .e ne sais pas comment il s'y est pris pour laisser sa b>te s'en!ourc$er& )a mal$eureuse&&& elle aait tout le poitrail ouertK 5ne c$ose que .e n'aais .amais ue&&&& 'ai bien cru qu'il !audrait l'abattre& ais .e crois que maintenant elle est sau"eK D a.ou a.outa ta-t -t-i -ill d' d'un unee o oi< i< sono sonore re,, en tend tendan antt son son erre à remplir& remplir& (ylain aait l'Jil dard" sur son p;re& Il "tait !ascin" par lui& *our la premi;re !ois de sa ie, il compren renait en qu quooi con onssistai tait son m"tie tier et combien il semblait l'aimer& ien sr, il n'"tait pas tou.ours question de sauer un c$eal bless" à i! il "tait plus souent question de acciner des lapins contre la my
87
s'"tait produit au.ourd'$ui, on enait par!ois c$erc$er son p;re comme un m"decin, en mettant ce qu'on aait d'espoir dans sa science, qui "tait %rande, et dans l'$abilet" de ses deu< mains& Et (ylain se rappelait à pr"sent que c'"tait tou.ours quand il rentrait de l'une de ces isites ur%entes qu'il d"bordait d'all"%resse& uand l'$eure du d"part arria, on s'entassa com co mme d' d'$a $abi bitu tude de da dans ns la o oit ituure qu quii n' n'"t "tai aitt qu'u qu 'une ne !ou !our%on onne nett ttee am"n am"na% a%"e "e sp"c sp"cia iale lem men entt pour serir de p$armacie, et m>me d'in!irmerie, le cas "c$"ant, et qui "tait encombr"e d'un Cbarda D !ait de botes de m"dicaments, de lani;res de cuir, de %arrots, et d'un tas de sacs en papier brun remplis d'on ne saait trop quoi& 4abituellement, (ylain qui d"testait >tre en!erm" sentait tou.ours son estomac se souleer quand son neL respirait l'odeur de cette oiture mais ce .our-là, seul sur son pliant, au milieu du !ameu< barda, il luttait contre la naus"e qu'il "prou rouait %"n "n""ralem alemeent en se disant qu'à sa mani;re lui aussi "tait un m"decin et que
88
c'"tait là une pro!ession qui demandait des %ens r"sistants& *uis il y aait cette question de olont" dont aait parl" sa cousine si l'on pouait !aire bou%er des .ambes raides uniquement parce qu'on le d"sirait, on deait aussi pouoir retenir son estomac de se ba barrbou ouiiller ler, rie rien qu'en le oulant& out le lon% du c$emin, en !aisant une petite %rimace que personne n'"tait là pour oir P sa m;re et ri%itte "tant deant, assises à cSt" de son p;re P, il se dit qu'il aimait beaucoup l'odeur de ces m"dicaments et quand ils touc$;rent )a Gloriette il constata triomp$alement qu'il se portait comme un c$arme& #'"tait tr;s encoura%eant quant à la m"t$ode employ"e mais en ce qui concernait )aurette, comment lui insu!!ler cette !ameuse olont"? )ui dire qu'une !ois sur ses .ambes elle pourrait aller au o%o?&& ?&&& #'"tait ait peut->tre tre un peu risq isqu"K (ylain pensa qu'aant tout il !allait lui donner l'enie de rester sur terre& ais comme c'"tait là une c$ose qui allait sans e
quels ar%uments employer& n sent naturellemen naturellementt que la ie est belle et que ire est une c$ose "patante mais !aire comprendre pourquoi, Ha c'"tait une autre a!!aireK (ylain essaya de raisonner / à supposer que dans un deoir de !ranHais on ous demande / *ourqu quooi aimeL imeL- -oous la ie? qu'e 'esst-ce qu'il "crirait? Il "crirait / parce que .'ai une bonne maison parce que papa n'a pas re!us" de .ouer de la musique pour que .e m'endorme parce que ri%itte est si %entille et qu'elle a l'air de
8B
m'admirer, parce que la cousine !ait de la bonne %alette&&&& Et il y aurait encore des milliers de c$oses à direK (eulement&&& la maison qu'$abitait )aurette "tait isol"e dans les bois, et les pi;ces en "taient trist ristes es a aec ec leur leurss tapi tapiss sser erie iess sombr ombres es,, et elle elle aait une %rand-m;re %rand-m;re qui ne !aisait pas ce qu'elle d"sirait, pas de sJur, pas de !r;re aec qui .ouer& Et pour ce qui "tait de la %alette&&& est-ce qu'on lui en donnait .amais? Il re%retta de ne pas aoir pens" à lui en %arder un morceau& aintenant, il lui tardait de la reoir et de se mettre à l'oura%e pour la sauer& X aller demain, c'"tait bien di!!icile mais il tOc$erait d'y aller samedi, parce que le dimanc$e, à la maison, il aait trop peu de libert"& )e lendemain, sur le c$emin des rosses, il dut !aire un %rand e!!ort pour ne pas courir au c$Oteau& ui sait si )aurette n'allait pas plus mal? Et qui sait si par $asard elle n'"tait pas en train de l'attendre? Il n'aait rien dit, la eille, quant au .our o+ il reiendrait, parce qu'il s'en "tait all" à un moment o+ la !illette paraissait si !ati%u"e que plus rien ne comptait,
=9
sau! de la laisser laisser seule pour qu'elle puisse puisse un peu se reposer& ais il "tait certain qu'elle d"sirait le reoir, et cela, le plus ite possible& Alors, tant pis, il allait risquer un menson%e& *ar son sabre de bois blanc-bleu K c'"tait le seul moyen de s'en tirer& Il allait dire à ses parents qu'à partir de la semaine proc$aine le matre aait demand" de les retenir à l'"cole, un petit bout de temps, apr;s la classe, pour leur !aire !aire des r"isions& u'est-ce qu'il risquait? (i son p;re, un beau .our, saait la "rit", alors il dirait ce qui se passait, et il le dirait sans rou%irK *uisqu'il !aisait le m>me m"tier que lui, comment son p;re pourrait-il le blOmer? ui, mais si on lui demandait pourquoi il s'"tait cac$", au lieu de le dire à ses parents&&&& Aant de se !ormuler une r"ponse sur ce point, (ylain pensa à un mot presti%ieu<, qu'il aait entendu quelque!ois prononcer sans y !aire trop %rande attention et sans saoir tr;s bien ce qu'il oulait dire, mais qui lui paraissait maintenant la raie cle! de la situation& 6e s'appliquait-il pas au< m"decins? Et si ce
=1
n'"tait pas Ha, alors qu'est-ce qu'est-ce que c'"tait que le secret secret pro&essionnel$ pro&essionnel$ out $e $eur ureu eu<< d' d'a aoi oirr trou trou" " un ar% ar%umen umentt sans r"plique, (ylain laissa ri%itte lui prendre son %ara%e aec ses petites autos& Il se sentait soudain tr;s au-dessus de Ha&
=2
CHAP#$%E V
UNE ABEILLE ENTRE DANS LA DANSE I) X A:AI quelque c$ose de rai dans le menson%e que le .eune %arHon s'appr>tait à !aire au< siens& (i le matre n'aait pas parl" de retenir quiconque apr;s la classe, il n'en aait pas moins pris une asseL %rande libert" aec l'$oraire $abituel& Ayant termin" son pro%ramme quinLe bons .ours aant les acances, pour d"tendre ses .eunes "l;es et ne pas leur !arcir la t>te aant les toutes derni;res compositions, il lui arriait à pr"sent de remplacer une $eure de leHon par une $eure de simple lect ecture ou par une cause userie amicale P pour la plus %rande .oie des en!ants, et =3
surto surtout ut de (yla (ylain in Ga Gaud udic$ ic$eau eau,, susp suspend endu, u, alors, à ses l;res& 'ailleurs, tou.ours (ylain "coutait le matre atte attent nti iem emen ent, t, pa parc rcee qu qu'i'ill aim aimait ait cet cet $o $om mme presque autant que ses parents, et l'"cole autant que sa maison& ans l'une et l'autre on parlait un lan%a%e aussi clair que le soleil qu'on y laissait entrer& )a maiso ison de (yl ylain "tai tait neu eue, et neue aussi "tait l'"cole& ans la maison, toutes les pi;ces "taient claires, et la %rande salle commune o+ se concentrait la ie dans la .ourn"e, "tait limit"e d'un cSt" par une tr;s %ran %rande de po port rtee-!e !en> n>tr tre, e, qu quii sem semblai blaitt imm immen ense se à (ylain, et qui ourait sur une terrasse dominant un .oli .ardin& Il n'y aait pas de recoins sombres ni d'escaliers t"n"breu<& out, la cuisine comme la salle d'eau, "tait luisant de propret", et d;s que le printemps arriait on oyait partout des pots de rieurs& )a nouelle "cole de oism" "tait à peu pr;s du m>me style& Elle aussi semblait bOtie pour contenir le matres
=0
amusante ntes, qu'on n'ou urrait pas en tir tirant dessus par une poi%n"e, mais en manJurant une co couurroie qui !aisait basc asculer à demi, emi, ou totalement, une C %uillotine D& uand ils s'"taient install"s dans ces bOtiments tout neu!s, sentant encore la peinture !rac$e, les "coliers s'en "taient donn" à cJur .oie de tirer et de lOc$er la san%le qui commandait la manJure& out noueau, noueau, tout beau ils s'"taient s'"taient lass"s asseL ite (ylain Gaudic$eau tout le premier mais ce qui n'aait rien perdu de son ancien presti%e à ses yeu<, c'"tait la oi< du matre et ce qu'il leur ensei%nait& )ui aussi aait l'air neu! sans doute parce qu'il "tait .eune et que ses !en>tres à lui, ses yeu<, semblaient tou.ours %randes ouertes et pleines de lumi;re, comme les autres P celles de l'"cole et de la maison& )es %ens du pays disaient que c'"tait un naturalis liste& (ans saoir e
=
!aire !aire la route route de l'"cole l'"cole à pied, pied, et il l'aait l'aait !"licit" pour sa d"termination& onc, ce samedi matin, la r"cr"ation termin"e, comme les en!ants rentraient en classe, il se troua qu'une abeille, comme cela arriait si souent, olait comme une !olle dans la pi;ce, en se $eurtant au pla!ond, au< itres et au< murs, sans pouoir sortir& sorti r& C #e qu'elle est b>te K D dit :onon ernier& Et, apostrop$ant la bestiole / C Alors, à quoi Ha te sert d'aoir des yeu D a.outa-t-il& out autre .our, en cours d'ann"e, le matre et impos" silence et commenc" tout de suite la leHon mais les c$oses allant comme .'ai dit, il lOc$a le lire qu'il tenait et qu'il s'appr>tait à ourir et obsera aussitSt / C 'autant que ses yeu< ont $uit !acettes K P n se demande pourquoi K dit 6adeau& P Il n'y a pas à se le demander, reprit alors l'instituteur / elles lui serent à s'orienter& P Gomment cela? demanda (ylain& P GrOce à ces $uit !acettes, l'abeille oit le ciel comme un cercle diis" en $uit secteurs qui lui indiquent o+ est le soleil et par suite
=7
la direction des quatre points cardinau<& D )e silence se !it de lui-m>me, dans une classe dont ces derniers mots aaient calm" la tapa%euse e
)E *EI U#)IER =8
C E$ bien, reprit l'instituteur, elle reient ers la ruc$e pour pr"enir ses compa%nes et leur indiquer o+ est le c$amp& P Ta, alorsK&&& !it l'un des %amins en appuyant sa t>te sur ses deu< mains pour concentrer son attention& P ais, comment a-t-elle s'y prendre ? #omment crois-tu qu'elle s'y prenne? D dit le matre en s'adressant à (ylain Gaudic$eau& *ris de court, l'en!ant se troubla et r"pondit / C e ne sais pas / elle doit dire au< autres que le c$amp est à l'est ou à l'ouest&&& puisque ous dites qu'elle connat ses quatre points cardinau<& P Et tu penses qu'elle les appelle / le nord, le sud, l'est et l'ouest? D oute la classe "clata de rire, et (ylain rou%it .usqu'au< c$eeu<& C o oi qui ris, dit alors le matre en s'adressant à un autre, comment crois-tu que l'abeille e
==
crOne crOneme ment nt l'in l'inte terro rro%" %",, parc pa rcee qu'un qu 'unee abeille, Ha ne parle pasK P u te trompes& )es abeilles parlent& (i l'on appelle lan%a%e tout ce qui e
=B
par indiquer la distance" 1 0 Notre abeille ,a commencer par indiquer
B9
B1
autres autr es l'ob l'obse ser rer eron ont, t, et en ensu suiite da dans nseeront ront aec elle& D oute la classe "tait attentie& Apr;s aoir dessin" au tableau un penta%one au< rayons plus ou moins ombr"s, qui repr"sentait la ision des $uit !acettes de l'Jil de la bestiole, le matre !it sur celui-ci un $uit et poursuiit / C 6otre abeille a commencer par indiquer la dist distan ance ce&& 6' 6'es estt-ce ce pa pass la prem premi; i;re re c$ c$os osee qu quee nous !erions, nous aussi, pour localiser un point? (i le c$amp se troue dans un rayon de moins de cent m;tres de la ruc$e, la b>te d"crira un $uit s'il s'a%it d'une plus lon%ue distance, elle tracera, dans son ol, deu< L"ros accol"s& P u parles d'une bla%ueK murmura à mi-oi< l'un des %arHons& P ui a parl"? demanda le matre? P oi, monsieur, dit 6adeau& e ne peu< pas croire qu'une abeille connaisse la %"om"trie& P *ourquoi pas? dit (ylain qui aait quelque que lque!ois !ois man%" man%" des C %Oteau< %Oteau< de miel miel D& )es rayons aussi sont %"om"triques& P A la bonne $eureK Est-ce que la %"om"trie
B2
n'est pas partout dans la nature&&& dans la !leur, comme dans l'"pi de bl"? 6adeau, tu as tort de croire que c'est l'$omme qui l'a d"couerte il l'a simplement obser"e et en a "tabli les lois& onc, notre abeille, que tu le euilles ou non, mon %arHon, ient d'e<"cuter une s"rie de deu< L"ros cons"cuti!s, et ses compa%nes en ont d"duit que le c$amp est à une lon%ue distance& En suiant l'abeille dans son ol, elles ont d"couert, de surcrot, par l'odeur qui se d"%a%e d'elle, l'esp;ce des !leurs en question / laande, Jillets ou pois de senteur, etc& Reste à donner la directio tion& #elle-c e-ci sera era indiqu iqu"e par l'an an%%le !orm" dans la danse entre l'a
B3
0 -es cochons! c.est bête et /a ne dit rien" 1
B0
de c$oses qu'il "tait tout ouert au< autres& C (upposeL, reprit l'instituteur, que le soleil !asse aec la ruc$e un an%le de 37 de%r"s&&& la di!!"rence, entre l'ate, parce que raiment, non et non, il re!usait de croire de pareils bobards mais d".à le matre enc$anait /
B
C Et bien mieu< que HaK )'abeille doit aoir le moyen d'indiquer l'importance du c$amp, car on a u que s'il s'a%issait d'un plan de !leurs asseL m"dioc ocrre, un petit tit nombre d'abeill illes, es, seulement, s'enolait de la ruc$e derri;re elle, et que s'il s'a%issait au contraire d'une trouaille raiment importante, un %rand nombre de bestioles partaient en c$asse& P Alors, dit le .eune ernier, elles sont plus !ines que nous& P Elles sont, comme toutes les cr"atures, par!aitement adapt"es pour ire& D (ur ce, l'etre aussi !ine et ne pas saoir trouer la sortie de sa prison& C 'sieur, dit alors 6adeau, qui restait mal%r" tout sceptique, pourquoi est-ce qu'il n'y a que les abeilles qui sont intelli%entes
B7
comme Ha? )es eau< et les coc$ons, c'est b>te et Ha ne dit rienK D ous les "coliers "coliers se mirent à rire& C ien que ce soient des mammi!;res et qu'ils se classent pour cette raison dans les anim an imau au<< sup" sup"ri rieu eurs rs,, ceu< ceu< do dont nt tu pa parl rles es sont sont certainement moins "olu"s que certains insectes, et surtout que ceu< qui ient en soci"t"& #ar les !ourmis aussi ont un lan%a%e à elles& 5n .our, .'ai !ait une et, .'ai pos" une mouc$e morte&&& une petite mouc$e ordinaire& 5ne !ourmi est arri"e, qui a tourn" autour d'elle, l'a !lair"e consciencieusement, et est retourn"e dans son trou& u'a-t-elle dit à ses compa%nes, ou plutSt comment s'y est-elle prise pour dire à ses compa%nes qu'il qu'i l y aait une proie sur le c$emin? e ne sais pas, car .e ne connais pas le lan%a%e propre au< !ourmis tou.ours estil que, rapidement, elle est reenue aec une autre, et qu'en enssemble elles ont tran ransport ort" la mouc$e dans la !ourmili;re& 'ai poursuii mon e
B8
de la pr"c"dente& Alors .'ai u une !ourmi s'approc$er, !aire eta et reprit / C es saants plus quali!i"s que moi ont pu obserer que les !ourmis tenaient de "ritables assembl"es& n en oit quelques-unes, au centre, qui repr"sentent probablement des
B=
personna%es importants, et, autour d'elles, la !oule mass"e comme sur les %radins d'une estrade& (ur les c$emins d"ersant cette !oule qui ient de plusieurs !ourmili;res, sont post"s des a%ents, ou des oureuses, comme au t$"Otre, qui diri%ent les arriants et leur C disentD o+ aller se placer& P ais, qu'est-ce qu'elles !ont? *ourquoi se r"unissent-elles ? demanda l'un des "coliers& P *ersonne ne le sait encore mais il peut tr;s bien se !aire qu'on le sac$e un .our& Ima%ineL une cr"ature un million de !ois plus %rosse qu'un $omme et e
BB
!in et subtil il aait soudain dans les yeu< cette d"termination des !aibles qui les !ait d"passer les autres, une !ois leur r"solution prise& C rao, (ylain K D lui dit le matre qui l'appelait par son pr"nom P ce qu'il ne !aisait pas pour les autres P un peu comme s'il "tait son !ils& C u !eras un emes en une bi;re que les !ourmis ont l'air de beaucoup appr"cier& Elles semblent m>me prendre un r"el plaisir à s'enirer& D
199
)es %amins "clat;rent de rire l'id"e de ces !ourmis poirotes les amusait in!iniment& C Et l'on sait maintenant, "%alement, qu'elles entretiennent entretiennent des esclaes / de raies colonies de pucerons qu'elles !ont traailler pour elles elles les posent elles-m>mes sur des plantes dont ils per!orent les !euilles aec leurs trompes& #e qu'ils ont ainsi pomp" leur permet de s"cr"ter un .us sucr", qui constitue une !riandise dont les !ourmis ra!!olent& (i bien que si les pucerons sont install"s sur une plante qui ne leur !ait pas produire su!!isamment de sirop, nos !ourmis les d"placent elles-m>mes en en transportant deu< ou trois !i<"s à c$acune de leurs pattes, ou par!ois $iss"s sur leur dos, pour les poser sur d'autres !euilles qui seront d'un meilleur rendement& P Ta, mon ieu<, c'est !antastiqueK D dit 6adeau à son copain copai n de droite& #ette !ois, il "tait emball"& C Et non seulement les !ourmis ont cet esprit de conseration, qui d"note ce qu'on peut appeler ler un unee "rit ritab ablle inte ntelli%e %ennce, mais ais les "%"tau< "%alementK Il y a une esp;ce de
191
!ourmis qui it en Am"rique du (ud et qui se nourrit de !euilles d'acacias elles les d"c$iquettent, ce qui naturellement constitue un !l"au pour l'arbre& Alors, saeL-ous ce que !ait celui-ci ? ans les cait"s de ses "pines, il $"ber%e d'autres !ourmis qui sont les ennemies des premi;res& #e sont ses %ardes du corps K Et pour les nourrir, il s"cr;te une mati;re tout à !ait sp"ciale, une sorte d'aliment complet qui permet au< autres de ire sans .amais quitter leurs !onctions& C $K mais, reprit le matre en .etant un coup d'Jil à sa montre, il est d".à midi moins le quartK AlleL-ous-en ite, mes en!antsK D II y eut un %rand branle-bas, aec bruit de pieds, de pupitres et de oi<& C ons onsie ieur ur,, o ouus no nouus raco racont nter ereL eL en enco core re d'autres $istoires comme au.ourd'$ui? demanda l'un des "coliers, tout en ran%eant ses a!!aires& P ui, si cet apr;s-midi ous me !aites une bonne composition& P #e sera di!!icile? P *as pour ceu< qui auront bien !ait leur r"ision& D
192
#ette !ois, (ylain sourit& Il "tait à peu pr;s certain d'aoir la meilleure note, comme d'$abitude, en calcul une "preue qui comptait double pour le classement %"n"ral& ais une id"e le tarabustait, tarabustait, et tandis que les autres sortaient, il s'approc$a de l'instituteur& C onsieurK maman a dit qu'au.ourd'$ui .e deais rentrer d".euner& d".eune r& P u u ne man%es man%es pas à la cantine? D (ylain secoua la t>te en si%ne de n"%ation& )'instituteur parut soucieu<&
193
C ais, mon petit, comment as-tu !aire pour >tre de retour à temps? D (ylain se troubla, un quart de seconde, mais eut asseL de pr"sence d'esprit pour r"pliquer / C $K papa me reconduiraK P on, alors, a, lui dit & arbier& Et d"p>c$e-toiK d"p>c$e-toiK u sais que .e compte compte sur toi pour me !aire un bon deoir, tantStK P erci, monsieur K D dit (ylain& Et il d"tala comme un li;re& Il enait d'aoir une id"e subite / l'id"e de courir à )a eilleraye raconter tout de suite à )aurette ce que le matre enait de leur apprendre sur l'intelli%ence des !ourmis, sur le lan%a%e des abeilles et l'astuce des acacias K #'"tait si beau et si ent$ousiasmant de penser que la nature "tait aussi !ine, que quand la petite !ille saurait cela, elle oudrait ire comme lui pour en saoir encore plus lon% au su.et de toutes ces mereilles& Et elle comprendrait qu'il !allait qu'elle se mette bien ite à marc$er pour l'acco com mpa%ne nerr à l'"cole ole& A l'"cole et par les c$emins o+ ils iraient
190
ensemble obserer toutes les b>tes et oir trente-si< mille c$oses, toutes plus "tonnantes les unes que les autresK 5ne oi< sou!!lait à (ylain qu'il et "t" plus raisonnable d'attendre la sortie de quatre $eures P selon sa premi;re intention P- pour aller oir la petite )aurette& ais Lut et !lte et par le truc en bois blanc-bleu, blanc-bleu, apr;s sa composition composition il serait certainement !ati%u", et il aurait oubli" l'$istoire des $uit et des L"ros, d".à di!!icile à retenir& C Et si tu arries en retard? su%%"rait encore la oi<& Et si tu rates ton "preue et rates le pri< d'ete des autres& C *ourquoi est-ce que .e ne l'aurais pas? D se murmurait (ylain en courant& 5n "lo qui lui permettrait de rallon%er son labyrint$e, ce serait tellement "patant& $K alors, quel tour il !eraitK #omme le soleil tapait !ort et que c'"tait
19
une .ourn"e c$aude, il arria tout en sueur deant le portail et la %lycine, et comme il "tait !ati%u" apr;s cette derni;re $eure de classe qui aait tant surete en courant ers cette maison qu'il se troua en !ace d'elle le cereau totalement ide et eut brusquement l'impression d'aoir "t" port" à )a eilleraye par une tornade qui tout d'un coup l'aait pris dans son tourbillon tourbillon et d"pos" là, inconscient, apr;s quelques instants de olti%e au-de -dessus des c$emins et des c$ c$aamps& (an anss doute le besoin de se nourrir entrait-il pour une %rande part dans cette sorte de d"pression& Alors, une autre tornade le soulea et l'aeu%la, et il se mit à !rapper dans la porte comme un poss"d" du d"mon& Il !allait qu'on ienne&&& qu'on lui oureK C 4" là&&& $" làK&&& D entendit-il, apr;s un court instant, en m>me temps qu'un
197
pas lourd, $Oti!, r"sonnait de l'autre cSt"& )'4ortense ourit un .udas& C #'est notre petit "colierK D )a !emme d"errouilla la porte& C on petit an%e, sois le bienenu K dit-elle& Elle paraissait tr;s "mue et prit (ylain par la main& uelle mine tu as K As-tu man%" ? e parie que tu n'as pas d".eun"? #e n'est pas une $eure pour enirK Re%ardeL-moi Ha&&& t'es tout en sueurKD Elle s'arr>ta un instant pour passer un doi%t sur son cou, le lon% du col de sa c$emise, et le reprit iement par la main en l'entranant au pas de course& )'en!ant !ut d'abord d"sarm" par une telle sollic sollicitud itude& e& Et pou pourquo rquoii l'4orte l'4ortense nse courait courait-ell -ellee comme HaK Il n'arriait pas à dire quoi que ce soit, et sentait s'"loi%ner de lui la pens"e des acacias, des !ourmis et des abeilles& C a poulette est dans la cuisine, on "tait en train de d".euner& (a %rand-m;re est à la ille elle est partie c$eL son notaire, reprit la ieille %ouernante& on ieu, qu'elle a
198
>tre contenteK&&& D M)a poulette "idemment&N Ils contourn;rent la maison en passant sous une arcade qui la reliait au< communs, et (ylain entendit la petite !ille qui appelait / C )'4ortense&&& qui est-ce? Reiens iteK D #ette oi< et la nouelle que la ieille dame "tait absente ra%aillardirent notre %arHon& Il retroua dans sa pens"e le !il de l'abeille& C #'est lui&&& c'est notre bon an%eK Entre, mon petit "colier K D dit la !emme en le poussant deant elle& )'en!ant entra, triomp$ant, son !in sourire au bord des l;res&
19=
CHAP#$%E V#
UN DÉ"EUNER MOU2EMENTÉ Il !ut d'abord $onteusement Cc$ouc$out"D& ais les trois qui "taient là, autour d'une simple toile cir"e, dans la cuisine de )a eilleraye "tai "taien entt si $e $eur ureu eu<< d' d'>t >tre re en ense sem mble ble qu qu'i'ils ls n' n'en en pouaient plus de bon$eur& )a !illette e
morceau de %Oteau de riL arros" d'une cr;me succulente, et surtout de rasades de in blanc dont do nt l'4 l'4orte ortens nsee rem remplis plissa sait it son son e err rree et qu qu'i'ill buait à pleines %or%"es parce qu'il aait aa it si %rand soi!& )ib"r"s de la contrainte que la ieille dame !aisait !aisait peser sur la maison, maison, l'4ortense et les deu< en!ants aaient l'air d'aoir le m>me O%e et de ire en plein paradis& 'ailleurs, rien de tel qu'une cuisine pour ous mettre l'Ome en %aiet" P quand elle est bien tenue, cela s'entend& (urtout par un beau .our comme celui-là celu i-là et surtout quand l'4ortense commenHa de C couler son ca!" D K Alors, un par!um de ie $eureuse, d'amour mutuel et d'a%r"able d'a%r"able e
119
une Fois une Fois aussi aussi $eu $eureu reuse seKK u ne eu eu<< pas de ca!"? demanda-t-elle soudain à (ylain& P e eu< bien D, r"pondit l'en!ant, apr;s une courte $"sitation& Il n'en buait .amais c$eL lui& C Et )aurette aussi a en prendreK D #'est quand il eut id" sa tasse que le %arHon sembla "clater d'un dynamisme incontrSlable& C u ne sais pas pourquoi .e suis enu ? dit-il à sa .eune amie& #'est parce que .'ai une $istoire !antastique à te raconterK D on ieu, par o+ commencer? (ylain sen enta tait it son son espri spritt d' d'un unee a% a%il ilit it"" e!! e!!raya rayant ntee& Et aussi il se sentait une audace à tout casser& C u ne sais pas, reprit-il aussitSt, l'Jil brusquement illumin" / les abeilles, Ha parle comme nous, et Ha sait par!aitement o+ se trouent le nord et le sudK D )aurette "carquilla les yeu<& C 'es !ouK D lui lanHa-t-elle mais elle d"bordait de .oie& Elle-m>me se sentait endiabl"e et .ubilait de oir que (ylain deait l'>tre encore trois !ois plus qu'elle puisqu'il
111 111
disait de telles "normit"s& ais c'"tait si bon d'>tre %ai au point de dire de pareilles b>tises K )'4ortense "tait maintenant b"ate, presque assoupie, et tournait lentement sa cuiller dans un ca!" c$aleureu<, di%ne et supr>me r"compense de l'actiit" du matin& )e soleil inondait la cuisine& C oi, .e suis l'abeille qui a d"couert un c$amp de !leurs, poursuiit (ylain en se leant de sa c$aise alors, .e eu< te dire o+ il se troue toi, tu es l'abeille dans la ruc$e& es yeu< ont $uit !acettes, alors .e sais o+ est le soleil&&&& D 4eureuse et capti"e, )aurette !i
112
0 B00 " 0 0 &1 &1 1! continua S2l,ain en ,olant"
113
qu'il mettait dans sa d"monstration raissaient la !illette& )es .oues empourpr"es, il reprit / C u ois, .e !ais un L"ro comme Ha, et un autre un peu plus en pente Mira%e sur l'aileN Ha !ait un an%le de trente de%r"s&&& bLLLLLLLLLLL&&&& D II se mit à oler, oler, comme "tourdi, ne oyant plus rien et se co%nant par!ois contre un meuble ou renersant un tabouret& Ce ole iteK&&& Ta eut dire que le c$amp n'est pas loin& D )'4ortense parut se r"eiller de sa bien$eureuse qui"tude et ourit un Jil, puis deu<& C u'est-ce que t'as, mon %ars t'es !ouK P LLLLLLL&&& D, continua (ylain, enolant plus ite que .amais& )aurette ibrait de .oie de le oir !aire& Il passa tout pr;s de la petite !ille / C Alors, Alors, toi, maintenant, mainten ant, à ton tour, tu te mets à danser derri;re moi& LLLLLLLLL&&&& D Encore un L"ro, et un autre mais l'an%le ariait à c$aque tourK C Fais comme moi tu danses aec moi
110
et apr;s on quittera la ruc$e pour aller sur le c$amp de !leurs&&&& D Ire d'on ne sait quelle ardeur Mle in et le ca!" y .ouaient leur part sans douteN, (ylain tournait, olti%eait, Li%La%uait dans la cuisine de )a eilleraye comme s'il "tait un %ros bourdon c$ar%" de r"eiller la maison, de la !aire sur%ir de sa torpeur, torpeur, de tout y c$ambarder et de l'ourir l'ourir à la ie, au soleil, à la .oie d"lirante d'>tre .eune et de s'a%iter sur ses deu< .ambes& C :iensK tu me suis parce que .e sens bon&&& .'ai d"couert un c$amp de .acint$es& D )a t>te somnolente de l'4ortense retomba sur sa poitrine& )aurette sentait en elle un tumulte d'"lans irr"sistibles dont on oyait les ondes passer sur son isa%e, tendu par une .oie si pro!onde qu'elle con!inait à la sou!!rance& C :iensK danse aec moi& LLLLLLLL&&&& D En !aisant un autre Li%La%, qui n'"tait plus un L"ro mais une arabesque !olle, sans lien aec les lois de la %"om"trie mais seulement aec sa .eune !orce, sa seule iresse et sa seule
11
olont" d'aboutir à quelque c$ose qui !t di%ne de ce .our b"ni, il prit la !illette par la main / C: :iens&&& iens&&& on a s'enoler de la ruc$e&&&& ruc$e&&&& D Elle eut un sourire eme temps qu'elle, une assiette qui lui aait bless" la main&
117
)a main ain sai% sai%na nait it c' c'"t "tai aitt impr impres essi sion onna nant nt&& (ylain "tait deenu tr;s pOle, parce qu'il sentait que tout cela "tait arri" par sa !aute& )'4ortense, qui n'oubliait personne, lui donna une claque sur une .oue, l'embrassa sur l'autre et lui dit / C 6e t'en !ais pas elle a marc$"K D Elle ne perdait pas une seconde, !rictionnait les tempes de )aurette, trempait le torc$on mouill" dans le sel, en tamponnait la plaie de la main, tranc$ait d'un coup de couteau de cuisine l'ourlet du lin%e qu'elle d"c$irait 118
pour !aire un pansement imm"diat, et bou%onnait maintenant, d'un air !Oc$", parce que )aurette %ardait les yeu< !erm"s / C e ais la transporter dans sa c$ambre il ne !audrait pas que sa %rand-m;re sac$e qu'elle "tait dans la cuisine& oi, a ite c$erc$er un docteur&&& tant pis, on erra ce qu'on erra& #'est le #iel qui l'aura oulu&&& et c'est peut->tre aussi bien comme HaK P uel docteur? D demanda (ylain& Il s'en oulait de s'entendre c$eroter mais tout tremblait en lui, ses dents, ses %enou< et sa cerelle& u'est-ce qui l'aait pris tout à l'$eure? $K comment sortir de là? C )auretteK D appela-t-il de noueau& ais la !illette "tait tr;s pOle, et le cerne sous ses yeu< !aisait peur à (ylain& C #ours ite c$erc$er *ellion K reprit l'4ortense& u ne sais pas o+ o+ il $abite? Au lieu de tourner ers ers oism ism", tu tourn urnes du cSt" des rosses tu passes deant les maisons neues et apr;s Ha tu demandes ton c$emin& (a maison est toute seule, aec une cour deant& :a iteK u lui diras qu'il !aut qu'il ienne tout de
11=
suite& u m'entends, ne t'amuse pas en routeKD )'4ortense aait perdu le nord elle aussi K M$K ces quatre points cardinautre? En courant de ce cSt"-là, il arrierait peut->tre à temps pour %a%ner le pri< et le "lo ? 6on, tant pis, tout "tait perdu il !allait trouer un docteur& Et qu'allaient dire ses pare arents? u'allai lait dire ire l'instit tituteu teur auquel il aait menti ? C E$K&&& Reiens, petit "colier reiens ite K D entendit-il, .uste comme il pesait sur le loquet de la porte& Il se retourna& 'une !en>tre au premier "ta%e, l'4ortense lui cria de noueau / C Elle est r"eill"e, à pr"sent& Inutile d'appeler un m"decin& D (ylain !it aussitSt demi-tour, tout en pensant que dans ce cas-là il !erait mieu< de courir ers oism"& ais quelque c$ose l'enc$anait à )aurette, quelque c$ose qui 11B
"tait plus !ort que toutes les compositions& Il %rimpa .usqu'à sa c$ambre et il eut tout de suite l'impression de ire une $eure belle entre toutes quand il it l'en!ant lui sourire& Elle lui tendit sa main %auc$e, celle qui n'"tait pas bless"e, et (ylain se mit à %enou< à cSt" du dian P parce que c'"tait le seul moyen d'>tre à la $auteur de )aurette& Elle abaissa ses paupi;res et resta ainsi sans rien dire, tandis que l'4ortense l'4ortense la contemplait contemplait aec des yeu< $umides $umides de larmes& *uis,
129
!inalement, elle dit en se tournant ers (ylain, d'un air i!, amus" / C u te rappelles l'abeille? D Elle rit tout en serrant les dents, et a.outa / C oi aussi .'ai ol" K P u parlesK D lui dit (ylain, que l'"motion piquait à la %or%e& (i sa m;re "tait là, elle dirait / C n ne dit pas C tu parles D, alors il allait recti!ier, mais )aurette l'interrompit en soupirant tou.ours %aiement / C #e qu'on "tait bien tous les trois K P n recommencera, dit (ylain& u erras on olera encore& Et .e ne t'ai pas tout racont"& e sais beaucoup d'autres $istoires& D *uis, tout à coup / C u ois que tu peu< remuer les .ambes . ambes K P e crois que maintenant .e ne pourrais plus&&&& P n dit HaK out ce qu'on eut, on le peut& P ais .e suis tomb"e&&&& P Et apr;s? interint l'4ortense est-ce que tous les %osses ne tombent pas quand ils apprennent à marc$er?
121
P oi aussi, il !aut que tu rapprennes c'"tait naturel que tu tombes, dit (ylain, %randement soula%" par la lo%ique de la ieille bonne& P #'est parce que .'ai oulu oler& #'est toi, aec tes $istoiresK dit encore la !illette en riant& P #e que .e t'ai dit, ce n'"tait pas de la bla%ue on nous l'a appris ce matin& P u peu< pe u< le croire, soutint la !emme c'est un bon petit "colier& P e ne eu< plus .amais que tu t'en ailles D, dit la petite !ille d'un air cOlin& Raisonnable comme p;re et m;re, (ylain ob.ecta %entiment / C II !aut bien que .'aille à l'"coleK Autreme Autrement, nt, comment oudrais-tu que .'aie quelque c$ose à te raconter? P u n'es pas encore en acances? P 6on, et c'est .ustement le moment o+ & arbier nous apprend des !oules de c$oses qu'il n'a pas le temps de nous apprendre en cours d'ann"e& u ne peu< pas saoir comme le monde est beau Ha aut le coup, .e te le .ureK
122
P Ta aut le coup de quoi? P '>tre debout&&& de marc$er pour le oir& oir& e ne t'ai rien rien dit des !ourmis !ourmis mais elles tiennent de %rands meetin%s meetin%s aec des a%ents au< carre!ours&&&& P *arlons s"rieusement K D dit l'4ortense, qui .u%eait qu'en !ait de billees"es, cela su!!isait pour ce .our-là& Et s'adressant à )aur )aurett ettee / C e me dema demand ndee s'il s'il aut aut mieu< mieu< se taire ou aouer à ta %rand-m;re ce qui s'est pass" au.ourd'$ui&&& mais en disant que tu man%eais dans ta c$ambreK D )aurette secoua la t>te& C 'aime mieu< qu'on ne dise rien& P e crois que c'est plus sa%e& P 'ai trop peur qu'elle t'emp>c$e de enir D, dit la petite !ille en se tournant ers (ylain& *uis aussitSt / C $ K aman, maman K ainten aintenant ant,, .e ne eu< plus plus lui menti mentir r .e eu< e u< qu qu'e 'elle lle sac$e sac$e et qu qu'e 'elle lle ienn iennee tout tout de suiteK P *ourquoi est-ce que tu lui mentais? demanda (ylain, "tonn"& P #'est %rand-m;re qui m'y obli%eait& D
123
)'en!ant resta bouc$e b"e& C (iK&&& pour qu'elle ait la surprise&&& et la peine de me oir comme Ha, le .our o+ elle reiendrait en France& P Et qu'elle l'ait sur la conscience D, ac$ea la ieille %ouernante& Elle a.outa / C Faut-il qu'elle lui en euille, quand m>meK D (ylain eut du mal à comprendre qu'on puisse se en%er d'une belle-!ille sur la sant" de son en!ant& Gela le d"passait totalement& Il dit à )aurette / C ustement&&& ne lui "cris rienK u as 120
rapprendre à marc$er et quand ta m;re reiendra elle te retrouera sur tes .ambes K ui est-ce qui sera bien attrap"e?&&& P Il n'y a que le premier pas qui cote, dit l'4ortense moi, .e ais te !aire !aire des b"quilles pour que tu puisses te lancer, et dans trois mois, ma belle poulette, tu trotteras comme comme un lapin& lapin& aintena aintenant, nt, il !aut que tu te reposes, a.outa-t-elle en .etant sur les .ambes de )aurette la courtepointe en piqu" blanc& is au reoir au petit "colier& P Au reoir, dit-elle& Reiens iteK P e ne pourrai pas reenir demain mais .e reiendrai srement lundi& (i un .our tu ne me ois pas, dis-toi dis-toi que ce ne sera pas ma !aute&&&& P ui, mais .e eu< que tu iennes quand m>me K D 5ne pareille absence de lo%ique attendrit le cJur de (ylain& Aant de passer la porte, il dit en se retournant / C *ense à l'abeille K D #'"tait un dou< secret entre eu<&
12
)'4ortense l'accompa%na à traers le .ardin& C iens, dit-elle aant de le quitter, et en lui %lissant une pi;ce dans la main& (i tu passes par l'"%lise des rosses, entre et !ais-y brler un cier%e, cier%e, et dis au bon ieu que c'est de ma part& Il !aut qu'il soit rudement bon pour t'aoir enoy" ers nous K D (ylain mit l'ar%ent dans sa poc$e et prit la direction des c$amps&
127
CHAP#$%E V##
UN PÊCHEUR MAL ÉDU$UÉ )'IUE )'IUE de retourner retourner à l'"cole "tait pour l'$eure l'$eure inadmis inadmissib sible& le& out ce qui enait enait de se passer "tait trop bouleersant et comment e
128
#l a,ait les 2eu3 *erms"
12=
au point qu'il aurait bien aim" dormir& C #$icK D se dit-il tout à coup& 5n canot, dont la lon%ueur !aisait la lar%eur du ruisseau, "tait amarr" à la rie& )a souc$e de !r>ne que sa c$ane ceinturait se trouait dans un ren en!o !onc ncem emen ent, t, au milie ilieuu de tail tailli liss tr;s tr;s $a $aut uts, s, dont l'ombre portait sur la barque& 5n coin r>" pour se reposer& )'en!ant tira sur la c$ane pour approc$er le canot de la ber%e et y sauter plus ais"ment puis, de lui-m>me, paresseusement, le bateau port" par un l"%er courant reprit sa distance au bout de l'amarre& )e ciel iel "ta "tait bleu leu, sans un nua% a%ee c' c'""tait raiment bon d'>tre là, cac$" des %ens qui pourraient enir traailler dans les c$amps, plus tard& (ylain s'assit dans le !ond de la barque et croisa ses bras sur un banc pour y appuyer sa t>te, parce qu'il sentait sa t>te si lourde& (i sa m;re l'aait u làK uelle aentureK Il n'"tait pas o+ on le croyait il "tait seul et loin des siens, loin de ses camarades et de l'"cole& Il eut la curie rieuse impres ression de n'>tr >tre plu plus C le petit "colier D, mais pour la
12B
premi;re !ois de sa ie un >tre > tre à part, du nom de (yl (ylai ainn Ga Gaud udic ic$e $eau au,, un %a %arH rHon on qu quee de deu< u< ocatio tions n'emb embarrass assaient pas le moins du monde, qui serait plus tard naturaliste Mc'est le matre qui l'aait ditN, qui connatrait tous les secrets de la terre et qui s'en serirait pour sauer les petites !illes, ou m>me les %randes personnes, à l'occasion, contre les id"es sau%renues et raim aiment stup tupides des ieil eilles les dame ames qui ne oulaient se mouc$er qu'à l'endroit et qui !aisaient le mal$eur des autres par leur or%ueil, et parce que, sorties de leurs c$Oteau< et des iei ieill lles es c$ c$os oses es qu qu'e 'ell lles es y accu accum mulai ulaien ent, t, elle elless re!usaient de se rendre compte que les abeilles "taient intelli%entes intelli%entes et que tout parlait et que tout dansait, et qu'on pouait tr;s bien aimer ire au o%o& Et lui, il apprendrait tout ce qu'on pouait apprendre sur les acacias et tout le reste, parce que, rien que d'y penser, cela lui e
139
des millions de !ois, et comme Ha il errait ce que tout le monde ne oit pas, parce que lui, il aimerait tant le oirK Il aait les yeu< !erm"s, il les rourit par tendresse pour reoir ce coin de !euilles et d'eau o+ il se sentait si bien& )e ruisseau "tait ert, d'un ert mouant et sombre, et semblait $eureu< de couler dans son propre labyrint$e& e l"%;res arai% rai%n" n"es es d' d'ea eau, u, ie iess co com mme la po poin inte te d' d'un un crayon qui se d"place le lon% d'une r;%le, traHaient ensemble des li%nes droites qui s'e!!aHaient aussitSt n"es& Elles auraient !ait sur
131
le ruisseau un bien .oli quadrilla%e si elles y "taient rest"es K A un moment, il entendit, de loin, le bruit d'un battoir s'abattant sur un lin%e mouill"& Il deait y aoir un laoir&&& on se remettait à traailler& *lus pr;s, il perHut un %lou%lou, si plaisant, si amical&&&& *esant de sommeil il se penc$a sur le ruisseau, it un banc de %ou.ons tout pr;s de la sur!ace eu< aussi paraissaient $eureu<& Est-ce qu'ils parlaient ? + allaient-ils, en bande, comme Ha, l'un aupr;s de l'autre? Estce qu'eu< aussi !aisaient des $uit et des L"ros ? u des cinq, des trois, des sept ? )es poissons disparurent l'en!ant !erma les yeu<&&&& A$ oui, ne pas oublier le cier%eK&&& u'e u 'est st-c -cee qu qu'i'ils ls a aai aien entt eu en co com mpo posi siti tion on?& ?&&&&& 5ne b>te passa en bourdonnant&&&& Et )aurette qui aait marc$"K En ce moment, elle deait dorm do rmir ir po pour urqu quoi oi n' n'en en !era !erait it-i -ill pa pass au auta tant nt?& ?&&&&&&& #'est "%al, quel d".eunerK C 4", marmouset K D (ylain relea la t>te& MarmousetKN R"eill" en sursaut, il se sentit le cJur barbouille&
132
+ "tait-il? Il aait !roid&&& en!in, presque pas c$aud du tout& Il se remit sur ses .ambes& 5n $omme qui tenait une canne à p>c$e, une "puisette et tout un attirail de p>c$eur à la li%ne "tait debout sur la c$auss"e et le re%ardait d'un air perple
133
%,eill en sursaut! il se sentit barbouill" barbouill" 130
13
que la droiteN une %rosse montre de son %ilet et dit / C (i ma tocante marc$e bien, il doit >tre cinq $eures moins di<& P ince alorsK D )'$omme tira sur la c$ane, et (ylain sauta sur la rie& C #ela ne m'"tonnerait pas que ce soit toi qu'on rec$erc$e, reprit-il à moins que c'en soit un autre&&&& n m'a demand" si .e n'aais pas u un %amin qui !aisait l'"cole buissonni;re& P ui est-ce qui ous a demand" Ha? P 5n $omme dans une oiture, et .'ai bien cru reconnatre à cSt" de lui l'instituteur de ois o ism" m"&& (i c' c'es estt toi le .eune .eune d"li d"linq nquan uant,t, a.outa l'$omme en en.ambant le bord du canot, tu peu< !aire blinder ta culotte K D C uelle !aHon de parlerK D se dit (ylain& ais, (ei%neurK quelle situation K )ui, le petit "colier mod;le, se !aire pincer comme un d"linquant K (ans plus se pr"occuper de l'en!ant, l'$omme s'installa dans la barque, !i
137
rames, et d".à s'"loi%nait de la rie, press" de .eter son appOt& (ylain se risqua $ors du taillis& A l'autre bout du c$amp, deu< paysans ramassaient ramassaient le !oin qu'ils .etaient dans un tombereau& Il se ren!onHa sous les arbres& )e coura%e lui manquait d'a!!ronter ces deu< $ommes& )eur occupation paci!ique n'arriait pas à dissuader l'en!ant qu'il "tait traqu" comme un mal!aiteur& Aussi, pourquoi n'"tait-il pas aller !aire tout de suite brler un cier%e, comme l'aait demand" l'4ortense? ou outt cela ne serait pas arri"&&&& )'4ortense, )'4ortense, pendant ce temps-là, temps-là, ramassait à pleines mains, dans le creu< de son tablier, les petits pois du .ardin qu'elle enait d'"pluc$er et qu'elle ersa dans une casserole& #inq $euresK Il "tait temps d'aller c$erc$er le lait à la !erme& )a ieille dame "tait de retour, et pour l'instant dans sa c$ambre en train de lire à t>te repos"e les diers papiers que son notaire lui aait remis entre les mains& )aurette, toute
138
0 Vous n.aurie4 pas par hasard rencontr un petit colier5 1
13=
seule et plutSt triste, .ouait aec indi!!"rence à d"s$abiller sa poup"e& + "taient partis les rires et la !olie du d".euner? aintenant, elle ne croyait plus qu'elle aurait pu se tenir debout c'est à peine si elle croyait que (ylain aait etises, mais des b>tises mereilleuses, o$K comme ce serait ma%ni!iqueK Elle .eta de cSt" sa poup"e et essaya de remuer les .ambes& 4"lasK elles "taient bien mortes& 6on, srement qu'elle aait r>"&&&& C e m'en as c$erc$er le lait, ma poulette t'as besoin de rien? D dit l'4ortense en passant le neL par la porte qu'elle entrourit à moiti"& )'en!ant secoua la t>te de droite et de %auc$e, sans cac$er sa m"lancolie& Alors, la !emme entra et lui c$uc$ota à l'oreille / C Il reiendra& n est sau"e K ais toi, il ne !aut pas que tu pleures parce que Ha
13B
t'emp>c$erait de marc$er& u te rappelles ce qu'il a dit / C *ense à l'abeilleK D )aurette esquissa un sourire& )'4ortense redescendit à la cuisine, prit le bidon "maill" qui pendait à un clou et s'en alla par les c$emins& )a !erme n'"tait pas loin& n traersait la route des rosses, on montait, et c'"tait là& Elle "tait toute plon%"e dans ses pens"es quand une oiture qu'elle n'aait pas ue enir s'arr>ta pile à cSt" d'elle, et, se penc$ant à la porti;re, un $omme encore .eune lui demanda / C :ous n'aurieL pas par $asard rencontr" un petit "colier? D )'4ortense ourit la bouc$e et la %arda ouerte& C 5n petit "colier en tablier bleu D, reprit l'$omme& )'4ortense ne disait tou.ours rien& *rise ainsi au d"pouru, elle perdait un peu la t>te, car elle saait bien que dans le pays il n'y aait qu'un petit "colier / le petit "colier de sa poulette& Elle ne sa aai aitt qu quee r"po r"pond ndre re et co com mmen enHa Hait it d' d'>t >tre re an%oiss"e&
109
C #'est-y que ous le c$erc$eL? D !init-elle par dire& Alors le deu
101
#inq $eures& u'aait donc !ait notre C petit "colier D ? Il aurait d retourner en classe, ou alors rentrer c$eL lui& *ersonne ne pouait penser qu'il ait pu !aire autre c$ose& C *ouru, mon ieu, qu'il ne lui soit rien arri"K D En reenant de la !erme, elle marc$a lentement, dans l'espoir qu'elle !inirait peut->tre par en apprendre un peu plus lon% mais elle ne rencontra personne à qui elle et pu demander des nouelles du .eune (ylain& Elle rencontra seulement, de noueau, la m>me oiture& 102
(ans r"!l"c$ir, elle lui !it si%ne de s'arr>ter& C :ous l'aeL retrou"? demanda-t-elle& P 6on, dit & Gaudic$eau& Au< rosses, personne ne l'a u& Et ous, qu'est-ce qu'il !aisait quand ous l'y aeL rencontr"? D )'4ortense pensa qu'elle aurait mieu< !ait de se taire& C $K il marc$ait&&&, dit-elle, "asiement& P Et de quel cSt" allait-il? P u cSt" de l'"%lise&&& on aurait dit qu'i'ill a qu aai aitt l'in l'inte tent ntio ionn d' d'al alle lerr !air !airee brl brler er un cier%e& D )e "t"rinaire .u%ea inutile de pousser l'interro%atoire& C #omme si ce n'"tait pas asseL d'aoir perdu son (ylain, il !allait, par-dessus le marc$", rencontrer des imb"cilesK D II obliqua ers oism" oism" et d"posa l'instituteur l'instituteur non loin des bOtiments de l'"cole puis il rentra à )a Gloriette pour consulter de noueau sa !emme& #'est alors que & arbier, .uste comme il tournait la cle! dans sa serrure, it brusquement sur%ir (ylain de derri;re un massi! de %rosses mar%uerites blanc$es&
103
C *ar e
100
partis l'$istoire !antastique de l'abeille et tout ce qui "tait arri"& )e souenir du d".euner le rai%ota brusquement, et quand l'instituteur se tut / C #e que .e ous ai attendu K soupira-t-il pour commencer& Et tout de suite il enc$ana / .'ai !ait marc$er la petite de )a eillerayeK D & arbier sursauta sur sa c$aise& #'"tait là une !aHon de parler qui lui paraissait insolite dans la bouc$e de cet en!ant sa%e& C e ne comprends pas que eu<-tu dire? P :oilà, monsieur / il y a à )a eilleraye une petite !ille qu'on cac$e parce qu'elle a eu la polio et que sa %rand-m;re est e<"e qu'elle soit rest"e paralys"e& paralys"e& D ant pis pour la %rand-m;re %rand-m;re à laquelle il aait promis de ne .amais rien dire à personne il se moquait de son sabre en bois, qu'il soit blanc-bleu ou ert et rou%e Ha ne pouait plus durer comme HaK )e matre "couta attentiement le r"cit d"taill" que !it (ylain de toute cette $istoire dramatique& C oi, dit l'en!ant pour en !inir, .'en ai
10
asseL de me cac$er& )'4ortense aussi et puisqu'elle a pu marc$er, il !audrait qu'elle marc$e encore et qu'elle %u"risse tout à !ait& ais la ieille dame n'est pas commode et elle ne se mouc$e qu'à l'endroit&&& #'est raiK a!!irma (ylain, deant l'incr"dulit" du matre et si elle sait qu'on le sait, pour sa petite-!ille, elle est capable de d"!endre que .e reienne .amais la oir& #'est pourquoi d'abord .e n'ai rien dit&&& ce qui m'a !ait rater ma composition& ais maintenant, le r"sultat de tout cela, c'est que papa et maman s'inqui;tent, alors il !aut que Ha !inisseK P ais comment dis-tu que tu l'as !ait marc$er? D )e isa%e de (ylain resplendit& C #omme Ha&&,& Elle, c'"tait l'abeille dans la ruc$e, comme comme ous nous l'aieL e
107
!ont autant de mal qu'une maladie mais la .oie !ait des miracles& #e que tu me dis ne m'"tonne qu'à moiti"& e te !"licite, (ylain tu es bien celui que .e croyais / un .eune en!ant ibrant et ent$ousiaste, une nature !ine, etres "mereill"s ont le don d'"mereiller les autres tu es de la race des c$erc$eurs, des po;tes, des %rands artistes et des %rands mat$"maticiens& Et pour un matre, quel plaisir d'>tre celui qui .ette .ette la semence se mence sur un sol que la nature a d".à si bien pr"par"K 108
C *arlons peu mais parlons bienK s'interrompit lui-m>me l'instituteur en c$an%eant brusquement de oi<, comme pour corri%er le ton, peut->tre un peu trop lyrique, de ses paroles pr"c"dentes& *rimo, .e ais te reconduire c$eL toi&&&& P ui, mais ce que .e ous ai dit, tout à l'$eure, c'"tait un secret& P 'accord& usqu'à ce que qu e la situation soit "claircie, c'est-à-dire pendant quelques .ours, on a cac$e cac$err à tes tes paren parents ts tes tes isit isites es à )a eiller eilleraye aye mais mais pas lon%tem lon%temps, ps, parce parce qu'il qu'il s'a%it comme tu l'as dit de !aire marc$er cette petite !ille, et on ne !ait pas deu< !ois le m>me miracle& Il !aut amener sa %rand-m;re à la laisser r""duquer scienti!iquement& P Ta, Ha ne a pas >tre !acile K dit (ylain en secouant la main& P 6ous en reparlerons plus tard en atte attend ndan ant, t, no nous us allo allons ns dire dire à tes tes pa pare rent ntss qu quee !rapp" !rapp" par par l'$isto l'$istoire ire des des !ourm !ourmis is tu as oulu oulu en en obsere obsererr toi-m> toi-m>me me et que tu es all" par les c$amps pour trouer une !ourmili;re&&&&
10=
P Et que .e me suis endormi, parce que .'aais trop c$aud&&&& P u risques d'>tre %rond" pour m'aoir dit un menson%eK P Ta ne !ait rien, dit (ylain, qui se sentait de !orce à supporter une telle "preue, maintenant qu'il "tait "paul"& P Et .e ais te proposer une c$ose, continua & arbier / demain dimanc$e, eu<-tu enir ici dans da ns l'ap l'apr; r;ss-mi midi di?? e te !erai !erai !air !airee ta com co mpo posi siti tion on c' c'es estt rai raim men entt do dom mma%e ma%e qu quee tu l'aies manqu"e& e consid;re, a.outa-t-il, que tu aais un emp>c$ement emp>c$ement de !orce ma.eure ma.eure qui .usti!ie une in!raction au r;%lement& P $K merci, monsieur, s'"cria (ylain& e serai content de me rattraperK P Alors, prends ton sac sa c et en route K Allons Allons ite rassurer ta m;re& P 'sieur, c'est ous qui lui eme %enre
10B
de .oie que celle que procurait le labyrint$e mais ce n'"tait pas mal non plusK (ylain aurait bien oulu rencontrer l'idiot de p>c$eur qui l'aait trait" de C marmouset D& Il aurait pu constater qu'il n'aait pas besoin de C !aire blinder sa culotte D K )ui, ce qui lui paraissait blind", c'"tait le bouclier qu'il aait deant luiK
19
CHAP#$%E V###
UN OISEAU NÉ MALIN #'UAI curieu< d'>tre seul dans la salle de classe et d'aoir, seul, à y r"soudre un probl;me pas ordinaire P un probl;me qui !aisait r>er mais il ne !allait pas r>er parce que & arbier aait dit à (ylain qu'il derait rendre sa copie à quatre $eures di<, eme ardeur à !aire sa composition qu'il aait les autres !ois la solitude inite à la !lOnerie, et la pr"sence
11
des copains est une r"elle "mulation& uoi qu'il en soit, (ylain aait d".à trait" les questions d'arit$m"tique elles portaient sur les !ractions et n'"taient pas tr;s di!!iciles& aintenant, c'"tait le tour du probl;me& En cours d'ann"e, ceu< qu'il aait eu à r"soudre aaient tourn" autour des mesures de sur!ace, ou des itesses de train, de bateau< ou d'aions& ais au.ourd'$ui, il s'a%issait d'une autre $istoireK (ylain relut lentement l'"nonc" / C (ac$ant que le diam;tre de la terre mesure 12 809 Qilom;tres, que la lumi;re !ait sept !ois le tour du %lobe en une seconde et que la lumi;re du soleil nous arrie en $uit minutes, calculeL la distance de la terre au soleil& D )'en!ant se demanda un instant si le matre ne s'"tait pas tro tromp"& Est-c t-ce qu'une lum lumi;re pouait raiment !aire sept !ois le tour du %lobe en une seconde ? Il !allait aller rudement ite K Et alors, le mur du son, ce n'"tait raiment pas %rand-c$ose / mille paures Qilom;tres à l'$eureK&& C on, se dit (ylain, raisonnons / il !aut
12
d'abord c$erc$er la circon!"rence de la terre pour cela, .e n'ai qu'à multiplier le diam;tre par pi [ 3 ir%ule 1017 puis en le multipliant par sept, .'aurai la distance parcourue par la lumi;re en une seconde, et puisqu'il y a soi
13
"toiles&&& moi .e croyais que c'"tait plus loin que HaK D )e matre sourit& C 6e con!ondons pas, dit-il& )'"toile la plus proc$e de la terre est eniron deu< cent cinquante cinquante mille !ois plus "loi%n"e de nous que le soleil& D #ette !ois (ylain s'aoua battu la c$ose lui semblait inima%inable& Il en resta stup"!ait& ais alors, dit-il !inalement, il doit !alloir beaucoup de minutes pour que leur lumi;re nous arrier 10
P *our la plus proc$e, il !aut quatre ans& P Alors, comment se !ait-il qu'on les oie tous les soirs? P 6e pensons plus à cela, dit le matre& Est-ce que tu as un peu de temps ? P $K oui, dit (ylain& P Alors, iens, on a !aire un tour& e ais emporter ma %rosse loupe, et cela m'"tonnerait m'"tonnerait qu'en marc$ant marc$ant on ne oie pas une c$ose ou une autre di%ne d'>tre obser"e par tes yeu<& D )'en!ant marc$a aupr;s du matre, $eureu< et !ier& Il pensait à ses parents, à sa m;re qu'il adorait, à son p; p;rre qu'il admirait it mais po pouur l'instituteur, c'"tait un autre %enre de sentiment qu'il "prouait / C 6ous deu<, on est des $ommes D, se disait-il& Ils all;rent non loin du ruisseau o+ il s'"tait trou" la eille et s'arr>t;rent pr;s d'un buisson o+ "tait suspendue une belle toile d'arai%n"e& En elle-m>me, la toile "tait ma%ni!ique, et tiss"e si r"%uli;rementK C Re%arde-la bien de pr;s, dit & arbier à l'en!ant, en lui passant son instrument
1
d'optique d'optique c'est d'une arc$itecture arc$itecture par!aite& par!aite& D (ylain admira l'$ec$e tendu à l'int"rieur& C u ne remarques rien? dit & arbier& P 'o+ tire-t-elle le !il? demanda l'en!ant& P 'une %lande qui s"cr;te un liquide qui durcit rapidement à l'air& 5n autre .our, .e te montrerai au microscope comment sont !aites les pattes arri;re de l'arai%n"e elles poss;dent de petits pei%nes qui tissent et rillent les t"%uments qui sortent de ces !ameuses %landes et en !ont une petite corde plus de mille !ois plus !ine qu'un c$eeu K P *lus de mille !ois plus !ine qu'un c$eeuK P e re%rette que cette toile soit !inie, reprit l'instituteur c'est int"ressant d'obserer la b>te au tra traail ail les !ils !ils tendu tenduss entre entre les les di!!" di!!"ren rents ts rayons sont nou"s comme comme par une main $umaine& P ais, dit (ylain, .e ois des !ils plus %ros au milieu& P e ais t'e
17
tu sais que la toile sert de pi;%e à l'arai%n"e pour y prendre la proie dont elle se nourrira c'est pourquoi, sur cette premi;re trame, la b>te pose des !ils %luants o+ la mouc$e ensuite ira se prendre& P ais comment !ait-elle, l'arai%n"e, pour ne pas s'y coller les pattes? P )a nature a tout pr"u& Elle s"cr;te unee mati un mati;r ;ree %rass %rasse, e, un unee sorte sorte de cr;m cr;mee dont dont s'enduit son corps et qui la prot;%e& P #'est mereilleu
18
En un clin d'Jil, il enait de oir une c$ose stup"!iante s'accomplir& #omme le matre parlait, un mouc$eron "tourdi s'"tait pos" sur la toile au m>me instant, l'arai%n"e aait lOc$" le !il roul" sous elle comme une amarre, et la toile "tait retomb"e, !locK en eneloppant la b>te& #'"tait tellement incroyable, une manJure aussi $abile, que le san% monta au< .oues de (ylain& C aintenant, ne dis plus rien, !it le matre noss o no oi< i< po pour urra raie ient nt l'"l l'"loi oi%n %ner er mais ais re%a re%ard rdee bien&&&& D )'a 'ara rai% i%n" n"ee s'a 'app ppro roc$ c$aa de sa pro proie, ie, qu quii se d"battait, la mal$eureuse K et d'un seul coup l'immobilisa totalement& )'en )'en!a !ant nt au aura rait it o oul uluu de dem man ande derr co comm mmen entt elle s'y "tait prise, mais l'instituteur lui !it si%ne de se taire& Alors (ylain continua de re%arder& )'arai%n"e resta sur la mouc$e et & arbier !it comprendre qu'elle en aspirait la substance& *uis (ylain it de ses yeu< une sorte de ruban isqueu<, qui aait l'air de sortir de l'arri;re-train de l'arai%n"e, enelopper
1=
-.arai6ne s.approcha de sa proie"
1B
le paure mouc$eron .usqu'à ce qu'il deienne une momie que l'arai%n"e transporta, pendue à elle par quatre !ils, .usqu'au bout d'un rameau de ronces o+ le paquet resta suspendu& Alors, & arbier prit (ylain par la main pour l'"loi%ner un peu des lieu< du crime& )'en!ant "tait troubl" par tout ce qu'il enait de oir& Il s'en passait des d es c$oses dans la nature K C #'a "t" ite !ait, $ein? in? dit l'inst nstitute uteur& 'abord, elle l'a piqu", comme nous piquons un malade a!in de pouoir l'op"rer puis elle en a suc" le san% et l'a, pour ainsi dire, entour" de cellop$ane et suspendu dans son %arde-man%er pour s'en r"%aler quand il lui plaira& P Il !aut que .e m'ac$;te une loupeK d"clara brusquement brusquement (ylain parce que c'est !ou ce qu'on peut oir aec Ha K P e t'en o!!rirai une, dit le matre, si tu as le pri< d'etre belle K D C A pr"sent, nous allons rentrer& e te
179
recon recondu duira iraii sur sur ma :espa spa mais mais .'aim .'aimera erais is bien te montrer au microscope les pei%nes des pattes des arai%n"es& 'en ai là-$aut&&&& D C )à-$aut D, c'"tait, au second "ta%e de sa maison, la pi;ce que l'instituteur appelait C son cabinet de naturaliste D& 5ne !ois qu'ils y !urent arri"s / C En attendant, dit le matre, re%arde mes papillons, là-bas, dans la itrine& D andis que & arbier r"%lait son microscope, un curieu< bruit se !it entendre il "oqua uaiit un bruiss isseme ement d'aile iles et semb emblai lait proenir de l'espace entre le mur et un %ros ba$ut qui meublait l'an%le de la pi;ce, pr;s de la !en>tre sur le .ardin, pour le moment %rande ouerte& )'in )'inst stitu ituteu teurr lOc$a lOc$a son son instr instrum ument ent,, re%a re%arda rda dans la rainure, et lui et (ylain aperHurent un moineau tout .eune et sans ailes, qui pourtant essayait de oleter& Gomment diable cet animal aait-il pu tomber là? )e nid "tait sans doute sous le toit l'oiseau l'oiseau aait d c$oir sur le rebord de la !en>tre, et de là dans l'appartement& )'instituteur essaya de l'attraper mais en 171
poussant des cris d'e!!roi la b>te b>t e se r"!u%ia le plus loin possible contre le mur, si bien que l'$omme n'arriait pas à pouoir mettre la main dessus& C :a me c$erc$er un balai, dit le matre à (ylain& Encore, non&&& tu ne sais pas o+ cela se troue&&&& D )'instituteur descendit l'escalier, et (ylain l'attendit en $aut des marc$es mais quand ils reinrent dans la pi;ce, ils constat;rent qu'il n'y aait plus de moineau sous le %ros ba$ut et que l'on n'entendait plus rien&
172
C #'est curieu<, dit & arbier il n'a pourtant pas pu oler tout seul d'en bas .usqu'à la !en>tre ses ailes sont bien trop courtes& D II posa le balai dans un coin et retourna à son microscope& ais alors un cri sin%ulier, le cri d'un oiseau qui semblait "perdu d'an%oisse, d'an%oisse, se !it entendre brusquement à l'etre& C #'est sa m;re qui le c$erc$e D, dit l'instituteur& A cet instant, on it sortir de dessous un co!!re à l'autre e
173
raisonner, mais qui est sr d'arrier à ses !ins par le seul tapa%e qu'il !ait& C #'est idiot, dit l'instituteur si .e le mets sur l'appui de la !en>tre, il a ouloir s'enoler et il est sr de se casser le cou& D ais l'animal criait si !ort qu'on ne pouait plus son%er à le %arder dans la main sans aoir l'impression p"nible d'>tre un a!!reu< tortionnaire& )'instituteur le lOc$a donc sur la pierre deant la !en>tre& )'oiseau !it un e!!ort pour s'"leer dans les airs, et&&& c'est à peine croyable mais c'est pourtant ainsi / aussitSt deu< moineau<, sans doute ses p;re et m;re, !urent aupr;s de lui l'un d'eu< %lissa son aile "tendue sous l'en!ant et tous trois, l'un contre l'autre, atterrirent sur un prunier qui s'"leait non loin, dans le .ardin& C E$ bien, dit l'instituteur, on apprend du noueau c$aque .our .amais encore .e n'aais u Ha K As-tu remarqu" comme ils ont eu ite !ait de reconduire leur !ils en lieu sr K A peine si .'ai pu me rendre compte comment tout cela est arri"K P oi .'ai u, monsieurK (a m;re a mis
170
son aile sous lui, comme un naire porteaions, et le p;re, par-dessous, olait pour eu< deutr !en>tre e tout tout cela s'es s'estt !ait en un "clai lair un qu quaart de seco connde plus lus tard ard, il retombait et se tuait par terre& P u'est-ce qu'ils doient lui passer, à pr"sentK dit (ylain& P Et nous deons !aire une belle !i%ureK Il doit nous pr"senter comme des bourreau<, des assassins, qui oulaient rien de moins que l'"tran%ler, et il doit !aire le !an!aron en racontant qu'il nous nous a eus pendant pendant que que nous c$erc$ions c$erc$ions un balai, quand il a !il" sous le p"trin&&&& #'est "%al, c'est une e
P ais .e n'ai pas besoin que ous me reconduisieL reconduisieL,, dit (ylain (ylain .e peu< tr;s bien rentrer tout seul& P u es sr?&&& #omme tu oudrasK A propos, tu retournes demain oir la petite de )a eilleraye ? P ui, monsieur apr;s quatre $eures& P e te laisserai partir à trois $eures maintenant, les classes n'ont plus %u;re d'importance& 'ailleurs, l'"cole n'est pas seul seuleemen entt dan anss ce bOti bOtim ment nt elle elle est par partout tout autour de nous& #e qui compte compte à pr"sent pr"sent aant
177
tout, c'est c'est que la petite !ille se r"tablisse& r"tablisse& ;s la semaine proc$aine, .e ais m'occuper d'elle&D Il poussa l'en!ant ers la cour / C Adieu, mon %arHon a ton c$emin .e suis sr qu'il te conduira loin& D (ylain remercia l'instituteur& )e matre ourit la %rille en !er qui donnait acc;s sur la l a route et et r"p"ta / C :a :a, mon en!antKD en!a ntKD Il se sentait un peu le p;re de ce brae petit "colier, et c'"tait \bien r"con!ortant à la !in d'une ann"e scolaire&
178
CHAP#$%E #7
UNE BIENHEUREUSE INSOLENCE C *ARFA RFAIEE6 IEE6,, mademoiselle, mademoiselle, disait (ylain (ylain à )aurett )aurette, e, ce .our.our-là là install install"e "e dans le parc par!aitement, .'ai u l'arai%n"e emmailloter la petite mouc$e K P Et o+ oulais-tu qu'elle ait pris le maillot? P Elle n'a pas eu besoin de le prendre elle l'a !abriqu" elle-m>me& D )aurette lea les "paules& C *uis, c'est ilain, une arai%n"e, a.outa-telle moi, .e les d"teste .'aime mieu< que tu me parles des abeilles& 17=
P Alors, .e ais te parler d'un moineau&&&& D (ylain s'assit pr;s de la !illette, sur le rebord d'un petit bassin de pierre, et, aec la !ou%ue et la .oie qui l'emportaient c$aque !ois qu'il pensait à ces c$oses, il raconta les ""nements de la eille& *endant ce temps, assise deant son secr"taire, dans la maison silencieuse, la %randm;re de )aurette "tait absorb"e dans des comptes qui lui !aisaient tourner la t>te& A les en croire c'"tait bien simple, elle aurait perdu deu< millions& Et à pr"sent, elle oyait tout clai claire rem men ent t elle elle o oya yait it co com mmen entt son son no nota tair iree l'a l'aai ait, t, lent lentem emen entt mais ais sre srem men ent, t, d" d"po poui uill ll"e "e d'une partie de ses biens& Aec accablement, elle se laissa retomber dans son !auteuil& :oilà ce qu'il en "tait quand on ieillissait seule, sans appui, sans d"!ense& ais pourquoi ce c$Otiment du #iel? amais elle n'aait d"i" du droit c$emin&&& ni .amais !ait de mal à personne&&&& uel !ardeau d'amertume pour ses soite, et marc$a
17B
pesamment .usqu'à son lit pour s'a%enouiller sur le bord, comme elle aait coutume de le !aire& )à, la t>te en!ouie dans ses mains, elle m"dita sur sa propre ie, sur elle-m>me, et quand elle rourit les yeu<, ce !ut sur le portrait de son !ils, et brusquement elle se relea& :oilà ce qui blessait sa conscience / le re%ard de ce !ils qu'elle aait ador" et qui semblait semblait au.ourd'$ui lui reproc$er ce qu'elle aait !ait de sa petite )aurette& C 4ortense K D appela-t-elle aussitSt en se penc$ant sur l'escalier, ce qui n'"tait point, %"n"ralement, sa !aHon de !aire& '$abitude, sans quitter sa c$ambre, elle tirait le cordon de tapisserie qui pendait le lon% de la porte& C 4ortense K P u'est-ce qu'il y a? demanda de manda celle-ci en accourant de sa cuisine& P onteL .'ai à ous parler& P A$K madame m'a !ait peur, dit la brae %ouernante, $eureuse de constater, l'in l'inst stan antt d' d'ap apr; r;s, s, qu quee sa pa patr tron onne ne n' n'"t "tai aitt pa pass malade& P 4ortense, .e suis d"sempar"eK
189
P *ar ete entre ses mains& C Aussi, Aussi, reprit la ieille bonne, qui aait tout de suite saisi la raison de ce d"sarroi, il y a lon%temps que si .'aais pu parler, .e ous aurais dit de ous m"!ier&&& il y a lon%temps que .e le oyais enirK P e n'ai pas m"rit" Ha, dit la %rand-m;re& 'ai tout !ait pour conserer le douaire intact pour ma petite-!ille& D )'4ortense, qui "tait pleine de compassion pour tous les %ens qui sou!!raient, n'osait pas dire une !ois de plus ce qu'elle pensait / à saoir qu'une maison intacte importait moins pour la .oie de ire qu'une paire de bonnes .ambes pour trotter& C + est )aurette? reprit la dame& P ans le parc, en train de s'amuser aec ae c le petit Gaudic$eau& P Elle aime mieu< ce %amin que sa %rand-m;re K P #e n'est pas tout à !ait la m>me c$ose&&&
181
Elle s.approcha sans *aire de bruit" 182
P Et elle ous aime plus que moi& P #e n'est pas la m>me c$ose non plus& D e ean antt tant tant de simpl implic icit it"" la iei ieill llee da dam me s'e!!ondra& C #royeL-ous que mon paure acques puisse, de là-$aut, me !aire des reproc$es? D demanda-t-elle, tout en inspectant son mouc$oir pour saoir de quel cSt" elle deait d"poser ses larmes P lesquelles "taient pourtant sinc;res& C Ta se pourrait bien, dit l'4ortense& P )aisseL-moi seule&&&& D )'4 '4or orte tens nsee rede redesc scen endi ditt co com mme elle elle "tai "taitt mont"e, en tenant un coin de son tablier pour se donner une contenance& )a ieille dame d"croc$a le portrait au pastel de son !ils unique, et le contempla de pr;s, lon%uement puis elle tira d'une commode une p$oto o+ on le oyait .ouer au ballon aec sa !emme, quelque part au bord de la mer, leur petite )aurette aupr;s d'eu<, en train de !aire des pOt"s de sable& #omme ils aaient l'air $eureu
183
)a %rand-m;re se sentit troubl"e, m"contente d'el d' elle le,, an an%o %ois iss" s"e, e, co com mme lors lorsqu qu'o 'onn o oit it qu qu'o 'onn s'est tromp" de c$emin et qu'il est $"las K trop tard pour retourner sur ses pas& Il lui !allait reoir sa petite-!ille tout de suite, sa seule consolation K Elle prit un "entail, "entail, car de$ors il !aisait 'tr;s c$aud, et descendit au .ardin puis de là s'en!onHa dans le parc& )aurette et le petit (ylain aaient l'air de bien s'amuser à en .u%er par leurs "clats de oi< et leurs rires& Elle pr"!"ra ne pas se !aire oir et s'assit sur un banc, cac$" par un bosquet, qui se trouait non loin d'eu<& #'"tait un baume pour son ieu< cJur d'"couter la rumeur con!use de ce qu'elle appelait leur C babilla%e D& A un moment, int"ress"e par ce qu'ils disaient, elle s'approc$a sans !aire de bruit, pour mieu< entendre& C u comprends, disait (ylain quand tu auras ras des b"qu quiilles, tu seras comm omme le petit tit moineau transport" sur l'aile de sa m;re& P ui, mais maman n'est pas là&
180
P (i elle n'est pas là, dit (ylain, c'est parce qu'elle est mieu< au o%o mais ta %rand-m;re, elle, elle est là c'est elle qui der de rai aitt te donne donnerr le bras bras c'est c'est à elle qu'o qu'onn t'a con!i" con !i"e& e& e suis suis sr que la %rand-m %rand-m;re ;re moinea moineauu !erait !erait Ha pou pourr sa petitepetite-!ill !illee s'il s'il en "tait besoin mais moi, .e !erai comme le moineau le p;re, et en attendant que tes .ambes marc$ent, .e te suirai et .e te soutiendrai& P e ne eu< pas qu'on me soutienne, dit )aurette en secouant la t>te&
18
P u as raison& & arbier a dit que si tu aais pu !aire trois pas dans la cuisine, tu pouais marc$er comme tout le monde& P $K oui, dit )aurette& e eu< marc$erK P e pense, dit !inalement (ylain, que les %ens sont un peu comme les b>tes il y a des moineau< bien %entils, qui !ont tout pour sauer leurs petits en!ants de la peine&&& m>me quand ils ont !ait des b>tises& Ils leur pardonnent et oilà tout& P ais .e n'ai pas !ait de d e b>tises, protesta la petite !ille& P ais peut->tre que ta m;re en a !ait en se remariant et en allant ire en A!rique& A!rique& P e te d"!ends de dire Ha de mamanK P e ne te dis pas qu'elle ait !ait quelque c$ose de malK ais .e dis que ta ieille %rand-m;re, %rand-m;re, m>me si elle a !ait une b>tise, b>tise, elle n'a qu'à la lui pardonner& pardonne r& D Il s'arr s'arr>ta >ta un inst instant ant et repr reprit it / C Gomme Gomme Ha tout tout le monde monde serait serait $eure $eureu<& u<& D *uis *uis aussitS aussitSt,t, il conti co ntinu nuaa / C u ne sais sais pa pas& s&&&&& cette cette nuit, nuit, .'ai .'ai r>" .e n'ai pas oulu te le dire tout de suite&&&&
187
'entendais une belle musique et .e montais sur le balcon de ros"s, tu sais, l'escalier de la maison& Il y aait des tas d'abeilles qui dansaient autour de moi, et le soleil dansait lui aussi mais quand .e suis entr" dans le salon, subitement il a !ait tout noir, et .'ai aperHu ta %rand-m;re qui "tait blottie dans un coin, en train de tirer sur un !ilet qu'elle a laiss" retomber sur toi comme aait !ait l'arai%n"e et .e l'ai ue qui ite, ite, ite, emmaillotait tes deu< .ambes pour que tu ne puisses plus marc$er&&& marc$er&&&&& D 5n cri arr>ta net l'"ocation de (ylain, qui d'un coup se dressa sur ses pieds& Il y aait quelqu'un aupr;s d'eu&&& + estce qu'il y aait quelqu'un? )aurette cria à son tour& )'a!!reuse $istoire du petit %arHon lui aait tendu les ner!s& Et qui est-ce qui aait cri"? C #'est %rand-m;re, dit-elle tout à coup& #'est %rand-m;re qui a d tomber K D (ylain ne pouait plus bou%er& )e d"sastre le clouait sur place& C Grand-m;re est tomb"eK D reprit )aurette&
188
Elle aait les ner!s "branl"s en pensant au< paroles de son petit camarade, et comme (yla ylain in,, pO pOle le co com mme un lin% lin%e, e, rest restai aitt de debo bout ut tou.ours p"tri!i", la !illette %lissa de sa c$aise et en !ai !aisant un %ra %rand e!!ort s'a%rippa au petit %arHon qu'elle poussa ers le bosquet& C )à, derri;re le laurier K D balbutia-t-elle, Raid aidis par l'e!!roi roi, pat$ at$"tiq tiques, les deu< en!ants contourn;rent le buisson& )'instant d'apr;s / C Grand-m;re, %rand-m;reK s'"cria la petite !ille, d"!aillante au< pieds de la ieille dame& $K pardon, ne pleure pas, %rand-m;re& 6e pleure pasK oi .e te pardonne on a tout oublier& Re%arde .'ai marc$" .usqu'à toi&&& .'ai marc$" pour te consoler& D uel u elqu ques es minu minute tess plus plus tard tard,, (yl (ylai ainn "tai "taitt dans la cuisine o+ il alertait l'4ortense qui !aillit tomber à son tour en oyant sa poulette par terre, aupr;s de sa patronne en larmes et qui "mer%eait d'une syncope& )a %ouernante saisit )aurette dans ses bras et la transporta sur sa c$aise en la d"orant de baisers /
18=
8 9rand&mère! 6rand&mère(
1 18B
C n a marc$" une seconde !oisK n a marc$" pour sa %rand-m;re& 'aurai "cu pour oir HaK #'est mon cier%e&&& .'en suis sreK D AVeK ces mots rappel;rent à (ylain qu'il aait tou.ours n"%li%" de !aire la commission de l'4ortense& Encore que soule" d'une .oie d"lirante qui lui !aisait bondir le cJur et le !aisait sourire de son !in sourire, debout aupr;s de la ieille dame qui recommenHait à s'"enter tout en s'"pon%eant la !i%ure, notre %arHon n'en menait pas lar%e& C u es un petit "colier&&& insolentK D dit la ieille dame, qui maintenant reprenait ses esprits& ais ses yeu< d"mentaient le ton s";re de sa oi< et les paroles qu'elle disait& (es yeu< riaient à (ylain qu'elle attira contre elle& C 4ortense K donneL-moi ma )aurette& e eu< en aoir un dans c$aque bras& D uand ils !urent tous les deu< install"s sur ses %enou<, la %rand-m;re embrassa (ylain en lui disant / C u eu< bien que .'aille à ton "cole? D (ylain "tait d"sempar"& Il oyait mal la
1=9
ieille dame assise sur un banc aupr;s de lui& u'est-ce que diraient ses camarades? C A ton "cole à toiK D pr"cisa-t-elle, tout en pointant du doi%t ers le cJur de (ylain, à traers l'"to!!e de son tablier& t ablier& C 'ai beaucoup de c$oses à apprendre de ta belle, sensible .eunesse, a.outa-t-elle& P A$ K Ha, on l'a tou.ours dit, !it l'4ortense qui commentait les c$oses à sa !aHon / la "rit" sort de la bouc$e des en!antsK D )a %rand-m;re de )aurette sourit& C #'est bien rai D, remarqua-t-elle& ou ouccette tte arria en miau aullant& nt& ue !aisa isait donc la maisonn"e, r"unie là en %rand "moi? Elle tenait par la peau du cou un c$aton noir, son seul en!ant, en!ant, qu'elle d"posa au< pieds de (ylain, dont elle qu>ta une caresse en se cOlinant contre ses .ambes& #e !ut une $eureuse diersion, car l'"motion du petit %roupe commenHait d'>tre embarrassante& C uand il sera plus %rand, .e te le donnerai K s'"cria )aurette, .oyeusement& Il est à toi il te reient K
1=1
P ui, mais au.ourd'$ui, .e te le laisse& Et maintenant, .e ais m'en aller, dit (ylain& P Reiens ite K s'etre contente& ais le plus content, c'"tait lui qui allait tout pouoir dire, tout
1=2
pouoir raconter au< siens& Et & arbier serait satis!ait de luiK C $K !lteK D oilà qu'encore une !ois il aait oubli" le cier%e& ant pis, il !allait abso ab solu lum men entt qu qu'i'ill le !as !asse brl brler er au au.o .our urd' d'$u $ui& i& #oura%eusement, il reint sur ses pas et entra dans l'"%lise des rosses& )a !lamme !ut d'abord lon%ue à prendre& Il lui donna un petit coup d'"entail, et tout de suite elle s'"lea, tr;s droite& Il !ut content de la re%arder et sourit& #e ciel o+ "tait un soleil Mdont il aait calcul" la distanceKN et des "toiles, et des (poutniQs, il se demanda un instant s'il aait .ou" un rSle quelconque dans l'aenture de )a eilleraye&&&& *uis il !init par se dire / C uelle importance, apr;s tout? D #ier%e ou illumination, il aimait le symbole de cette petite !lamme&
1=3
Imprim" en France par rodard&-aupin& rodard&-aupin& Imprimeur-Relieur& #oulommiers-*aris& 0929-1-809& "pSt l"%al n] B12& 2 e trim& 1BB&
1=0