Introd Int roduct uction ion :
Les mots voyagent. Ils se rencontrent, se modèlent, s'enrichissent, laissent des empreintes, font des enfants illégitimes et métissés qui eux-mêmes, au hasard des exodes et des échanges, donneront naissance à de nouveaux vocables. Oui, la langue, malheureusement souvent bien plus que ceux qui la parlent, est bonne fille : elle est souple, accueillante, ouverte aux emprunts et aux échanges. A l'heure où l'on ne parle que de difficultés d'intégration, choc des civilisations, où de xénophobie, notre exposé sur l’emprunt de la langue française de l’arabe, arrive comme un baume sur une plaie, comme du miel ou du jasmin dans un thé un peu amer. Car, comme le définit très joliment « Assia Djebar », l’Algérienne, membre de l'Académie française, « les mots, mieux encore que des "ponts", sont des "passerelles" entre les cultures, les univers, les "deux rives" entre lesquelles navigue le fils ou la fille d'immigrés. » I / L’e L’empr mprunt unt :
1 - Définit Défi nition ion : L’emprunt est l’un des phénomènes linguistiques pour lequel il est très difficile de maintenir une approche purement linguistique. Plus particulièrement en étymologie, lexicologie et linguistique comparée, on nomme « emprunt » comme le processus consistant, pour une langue, à introduire dans son lexique un terme venu d’une autre langue. L’emprunt peut être direct (une langue emprunte directement à une autre langue) (comme c’est le cas du mot « Gazelle » par exemple qui est emprunté directement de l’Arabe غزا لet qui est officiellement dans le dictionnaire de l’Académie Française en 1518) ou bien indirect (une langue emprunte à une autre langue via une – ou plusieurs – langue vecteur) (et dans ce cas ; les exemples sont beaucoup car le Français a emprunté énormément de mots arabe via l’Espagnol et l’Italien , et comme exemple on a le mot « Magasin » ; qui vient du mot ; مخزنil arrive en Italie en 1308 « magadzino » pour désigner une boutique et puis en 1694 il sera enregistré dans le dictionnaire dictionnaire de l’académie française puis en 1773 le mot désigne une publication ; en référence a la variété d’article qu’on y trouve). En dernier on peut ajouter ; que l’emprunt fait partie des moyens dont disposent les locuteurs pour accroître leur lexique
2 – Les raisons d’un emprunt : Plusieurs raisons expliquent l’emprunt. Elles ne s’excluent bien sûr pas les unes les autres : - Tout d’abord, un signifiant pour un signifié nouvellement apparu peut manquer dans la langue empruntant le mot (comme tous les mot d’une teneur culturel qui n’existait pas dans la culture française : Fakir, marabout ou kohol) - En cas d’interférence linguistique, l’emprunt devient très fréquent (Interférence linguistique c’est quant deux langues cohabite dans le même territoire - ou des territoires très proche - de telle sorte que leurs locuteurs se côtoient fréquemment et, entendant la langue de l'autre, ils finissent par intégrer à leur parler des traits issus de l'autre langue) ce qui était le cas pendant la colonisation française en Maghreb (la Tunisie, l’Algérie et le Maroc), surtout depuis 1830, ont été particulièrement significatifs: toubib, kif-kif. Ces deux mots sont arrivés dans la langue française autour de 1860. - D’autre part, la langue d’un pays dominant, culturellement, économiquement ou politiquement, cette langue à une époque donnée, elle devient très fréquemment donneuse de mots et c’est le cas de la langue Arabe au moyen âge qui était une langue de culture très puissante politiquement et scientifiquement. - L’emprunt peut aussi faire partie d’un phénomène de mode plus général. Il n’est qu’une des manifestations de la volonté d’imiter une culture alors sentie plus prestigieuse. 3 - L’adaptation d’un emprunt : En général un emprunt nécessite quelques adaptations avant d’être adopté par une quelconque langue, et on a : a / L’adaptations phonologiques :
En passant d’une langue à une autre, les mots sont susceptibles d’être adaptés phonétiquement, d’autant plus quand ces mots sont empruntés indirectement (hasard) b / L’adaptations grammaticales :
D’autre part, en passant d’une langue à l’autre, un mot étranger n’est plus morphologiquement analysable. (Taliban et talibans)
c /L’adaptations sémantiques :
Suite à l'emprunt, les mots peuvent changer de sens, d’autant plus quand les langues sont génétiquement éloignées. Généralement, le sens dans la langue receveuse sera plus restreint que le sens dans la langue donneuse. (Taliban et étudiant) d /L’adaptations graphiques :
On traitera ici des cas dans lesquels un mot est emprunté à une langue utilisant la même écriture que celle de la langue qui emprunte : pour le passage d’un mot arabe au français, par exemple, entre seulement en ligne de compte la prononciation et non la graphie
Texte :
« Le Hasard »
L’amiral « Rémi » , au zénith de sa forme, sortait de l’arsenal « Le Prince de la Mer », après avoir fait l’objet d’importantes réparations à la suite d’une avarie. Deux mois plus tôt, le vaisseau marchand faisait route au large de l’Inde ; Un membre de l’équipage, jeune fanfaron qui ne connaissait rien en l’algèbre, avait eu l’intelligente idée, par je ne sais quelle alchimie, de mélanger, au contact d’une bombe de laque, un curieux sirop de couleur jaune safran à de l’alcool de sucre pour un résultat des plus détonants, puisque le magasin sauta. L’Amiral affalé sur son divan, le coeur noyé dans un sombre cafard, le vieux marin allait rejoindre l’au-delà, avec un pistolet de calibre 7,65, lorsque ; son second, un ancien petit caïd, autrefois grand fumeur de haschich, aujourd’hui grand buveur de café, fit irruption dans la cabine et stoppa net les envies suicidaires du capitaine d’un violent coup de matraque. Après avoir installé son supérieur sur un matelas à ressort, et après mille excuses au moment du réveil, il lui servit une tasse de moka, suivi d’un élixir préparé par le toubib du bâtiment, à savoir un amalgame de feuilles d’épinard et d’artichaut dans un jus d’aubergine avec un arrière goût d’Orange.
II / Les mots français d’origine arabe :
C’est seulement depuis un peu plus d’un siècle que nous connaissons en français et que nous employons de façon familière un certain nombre de mots empruntés à l’arabe, comme toubib, bled, méchoui ou baraka , des mots dont nous reconnaissons encore clairement l’origine arabe. En revanche, d’autre éléments du vocabulaire, déjà en français depuis des siècles, comme algèbre, amiral, matraque, gazelle ou encore sucre, tasse et sirop, qui avaient fait le voyage depuis le Moyen Âge, ont eu largement le temps de s’installer dans la langue française, si bien qu’on les croirait nés sur place. Prenons l’exemple du mot « Cafard » qui vient du mot فر كcelui qui renie sa foi Clémeaux Mareau déjà l’utilisait dans l’expression « cafard de parole » ; il est passé après au sens d’hypocrite ; avant de passé en 1834 au sens de mouchard d’ailleurs « Zola » dans « germinale » parle de cafard des patrons celui qui cafard ; d’où cafter aussi par la même occasion. D’ailleurs, selon la linguiste Henriette Walter, sur les 35 000 mots que compte le français courant, 4 192 mots viennent de langues étrangères :25 % de l’anglais, 16 % de l’italien, 13 % du germanique. Et elle compte environ 280 mots d’origine arabe (selon le dictionnaire des mots français d’origine arabe de Salah Guemriche). Et bien sur cela sans compter plus de 300 noms d’étoiles d’origine arabe. Cela revient à dire que sur les 4 192 mots français d’origine étrangère, 7 % viennent de l’arabe. Ce qui signifie que l’arabe se positionne en 4éme et a donné au français plus de mots que bien d’autres langues européennes (l’espagnol, par exemple). Mieux : il y a presque trois fois plus de mots français d’origine arabe que de mots français d’origine gauloise !... Voilà qui éclaire l’affirmation d’Antoine de Rivarol relevée dans son discours sur l’universalité de la langue française : “Il n’y a jamais eu sur terre ni de sang pur ni de langue sans alliage”. 1 - Le voyage des mots français d’origine arabe dans l’espace et dans le temps :
Ce sont les conditions historiques qui déterminent les passages, et une analyse à travers le temps fait apparaître que l’emprunt lexical (si on peut appeler emprunt ce qu’on prend et qu’on ne rend pas) procède par couches successives, parallèlement aux influences culturelles, économiques et politiques qui s’exercent sur une langue.
Cependant on compte trois passerelles de voyage pour ces mots : a / au moyen âge
Dès cette période, l’arabe a pénétré dans la langue française, souvent par l’intermédiaire de l’espagnol (langue elle-même fortement influencée par l'arabe durant les siècles de présence musulmane dans la péninsule ibérique), du catalan, du provençal ou de l’italien (sachant que l’Italie était alors la porte qui était grande ouverte pour l’emprunt ; l’arabe, fournissait les domaines des sciences, du commerce et de la civilisation en général), je citerai l’exemple de : chiffre et zéro ( ر صsignifiant néant qui après un passage par l'italien « shifro » est devenu chiffre en français ; d’ailleurs dans ce cas nous avons un doublé linguistique puis ce que ce même mot ر صse transforme en « tzefero » en italien pour finir en zéro en français, il y a aussi jupe et coton, matelas et gazelle ou encore girafe, jarre, magasin et magazine... b / entre le XIX et XX siècle :
Cette ère est imprégnée par plusieurs contacts : - L’histoire des contacts franco-arabes au dix-neuvième et au vingtième siècle est celle de nombreux conflits militaires. (Par exemple le mot casbah, dans le sens originaire de citadelle, est entré dans la langue française en 1830). Et dans le même contexte le contacts entre les colonialistes français et le Maghreb, qui a générer des mots comme : Nouba, toubib, bled, clebs, maboul, flouze ou gourbi d’ailleurs cela relève du registre familier voire argotique et même des fois raciste avec « fatma », qui veut dire : femme servante d'après fatima. - Les migrations énormes de populations parlant l’arabe vers la France, particulièrement vers les villes, dans la deuxième moitié du vingtième siècle, ont créé une situation de contact entre langues. - Les importations: (alimentaires ou autres) L’alimentation exotique était, jusqu’à très récemment vendue dans des magasins spécialisés, et l’on voit encore des vitrines annonçant la ‘vente de produits coloniaux: abricots, couscous …. Etc. - La religion : L’Islam a, bien entendu, été une source d’emprunts pour le français, mais les mots en question ont pour la plupart maintenu le sens religieux qu’ils avaient à l’origine. Le Coran est cité dans le Robert comme attesté dès 1657, tandis que coranique, comme dans Ecole Coranique, attendit 1877.
- Sans oublier d’autre contacts par exemple : Les contacts culturels et scientifiques ou techniques : tambour, Azimut ou zénith. c / La passerelle Grec et Latine :
C’est la plus ancienne des passerelles ; mais les mots emprunté par le Grec ou le Latin de l’Arabe pour être transmis vers le Français ; ont était falsifier et écarté (falsifier leurs étymologie d’une façon scientifique a fin de trompé le lecteur et il se sont écarté complètement de la phonologie la plus approprié a l’Arabe. Et on cite en exemples : les noms propres comme « Averroès » qui n’est nul que اب شد et Avicenne qui n’est que سي اب plus flagrant qui peut imaginer مخواا en « algorithme » qui a était emprunté pour la première fois par « Gérard de Cremona » en XII siècle dans son livre « Dixit Algorismi » qui parle du system décimal chez le mathématicien arabo-perse Al Khawarizmi. 2 - Les allers-retours et les croisements :
Avant de conclure nous pouvons signaler que le terme d'emprunt est mal choisi : une langue n’emprunte pas un mot étranger mais le prend. Il n’y a pas de restitution et la langue qui subit l’emprunt ne perd rien. Ses locuteurs n’ont même pas forcément conscience des emprunts en question. Pourtant, il existe des cas intéressants d’allers-retours entre les langues. Sachant combien les emprunts font subir aux mots des modifications phonétiques et sémantiques importantes, En voilà un cas qui mérite examen : Orange c’est un mot qui est emprunté a l’Arabe ; plus exactement le mot جر mais ce mot veut dire sémantiquement l’Orange amère qui a était ramené par les Arabes au 9éme siècle en « Sessile ». Cependant, quant les Portugais découvre l’Orange douce en chine en 16éme siècle et la ramène en Europe les Français on choisi le terme arabe, qui est passé par l’Italien pour devenir melaranja puis en ôtant l’article Italien « mel » c’est devenue « orange » Mais le plus beau dans l’histoire ; c’est que les Arabes n’ont pas reprit le même mot Arabe ; ils ont préféré en emprunté un de l’occident ; c’est لبرتق qui est phonétiquement correcte avec le pays qui le commercialisait لرت اPortugal. Plus étonnant !!! En sachant que le fruit est originaire de la chine les nord africains l’ont nommé tchina ou china, en référence au même pays.
3 - Les puristes du français :
à croire que les puristes appartiennent à la communauté linguistique, dont la préoccupation majeure est le langage. A mon avis, il ne fait aucun doute , mais la pensée puriste représente bien plus qu’une xénophobie linguistique. Pour l’ethnie française il s’agit de nationalisme et de l’identité française: le purisme ethnographique trouve le meilleur français dans la « vallée de la Loire ». Les puristes de la communauté politique sont très actifs depuis Etiemble et ses mises en garde contre la destruction du français par le franglais. C’est de Gaulle qui instaura le Haut Comité pour la Défense et l’Expansion de la Langue Française, le plaçant sous Pompidou, son Premier Ministre. La Délégation Générale à la Langue Française, l’un des organismes successeurs, dépendait du Premier Ministre jusqu’en 1996 et restait donc très politique. Le purisme politique arrive à son plus haut point avec la Loi Toubon de 1994, et il ne fait pas de doute que le travail systématique de ce gendarme, a eu depuis 1994 un effet considérable sur le langage des industries françaises comme le montrent leurs rapports annuels au Parlement. Encore une preuve de la centralité du purisme et de sa nature politique: quoique la Loi Toubon soit condamnée par les Socialistes en 1994, ils avaient eux-mêmes préparé une loi du même type en 1993. Le purisme est bel et bien en vie, et traite autant le commerce et la politique que les belles-lettres et la culture. 4 - Mot de la fin :
Quelle que soit leurs ampleurs, les phénomènes d’emprunt (et d’export) doivent donc être considérés dans leur historicité, il ne faut pas penser la langue isolément, mais dans ses pratiques sociales et artistiques. D’ailleurs si on tient compte de la capacité d’invention, dans telle ou telle langue, de valeurs de tout ordre, et notamment esthétiques (littérature, cinéma, chanson) et politiques (droits de l’homme, laïcité, universalisme), alors le rayonnement et la durée leur sont assurés. Ce sont alors ces valeurs, ces œuvres qui font ce qu’est la langue, non l’inverse, et qui mobilisent les hommes pour qu’elle se transmette et qu’elle continue…