Brock Biologie des micro-organismes
M. Madigan J. Martinko
Bactéries, micro-algues, champignons, virus… Qu’ils menacent notre santé ou la protègent, qu’ils constituent des acteurs majeurs de la biosphère en assurant le recyclage de la matière organique ou soient devenus des outils précieux dans les domaines des biotechnologies et de l’agroalimentaire, les micro-organismes sont au cœur des défis scientifiques du XXIe siècle.
Thomas Brock est le fondateur de cet ouvrage. C’est aussi à lui que nous devons la découverte de la bactérie thermophile dont est issue la polymérase Taq, pierre angulaire de la réaction de polymérisation en chaine (PCR).
Ouvrage de référence pour tous les microbiologistes, le « Brock » (du nom de son fondateur), aujourd’hui dans sa onzième édition, voit enfin le jour en français, traduit par une équipe de spécialistes du domaine.
Michael T. Madigan est professeur de microbiologie à l’université Carbondale de l’Illinois du Sud (États-Unis). Auteur de plus de 100 articles scientifiques, il a reçu de nombreuses distinctions pour ses travaux de recherche ainsi que pour ses activités d’enseignant.
Ses principaux atouts : • il livre dans ses premiers chapitres toutes les notions scientifiques qu’il est indispensable de posséder pour appréhender le monde des microorganismes : éléments de biochimie, de biologie moléculaire, de biologie cellulaire, de génétique, de métabolisme, etc. ; • tous les aspects de la microbiologie moderne sont abordés de manière équilibrée ; • les micro-organismes sont présentés selon différents ordres logiques, par grandes familles évolutives mais aussi par grandes caractéristiques communes (maladies microbiennes transmises d’homme à homme, par les animaux, par l’eau, etc.) ; • l’écologie microbienne et les applications de la microbiologie sont traitées à part entière ; • le texte est soutenu par de très nombreux tableaux, schémas et clichés, dont la clarté et la qualité en font des outils inestimables. Brock, Biologie des micro-organismes constitue un manuel de cours d’initiation et d’approfondissement parfaitement adapté pour accompagner l’étudiant tout au long de son cursus. Il représente aussi une référence pour les enseignants de la discipline et les chercheurs des domaines apparentés.
John M. Martinko est professeur associé à l’université Carbondale de l’Illinois du Sud (États-Unis) et dirige le Département de microbiologie. Il a été récompensé à plusieurs reprises pour ses travaux de recherche et la qualité de son enseignement.
Brock Biologie des micro-organismes
11e édition
Michael Madigan et John Martinko
11e édition
Public : étudiants en sciences de la vie, environnement, écologie, médecine et pharmacie. Cours : microbiologie, biologie des micro-organismes, virologie, bactériologie, biologie microbienne, écologie microbienne, maladies microbiennes, immunologie, biologie moléculaire des procaryotes, génétique microbienne, diversité microbienne et évolution, microbiologie industrielle, traitement de l’eau, biotechnologie
11e édition
Niveau : licence, master, doctorat, BCPST
ISBN : 978-2-7440-7209-3 Pearson France 47 bis, rue des Vinaigriers 75010 Paris Tél. : 01 72 74 90 00 Fax : 01 42 05 22 17 www.pearson.fr
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89 €
Traduction française coordonnée par Daniel Prieur
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PHYLOGÉNIE DU MONDE VIVANT – VUE GÉNÉRALE
Bacteria
Archaea
Bactéries vertes non sulfureuses
Euryarchaeota Methanosarcina
Mitochondries Protéobactéries Chloroplastes Flavobactéries
Cyanobactéries
Bactéries Gram positif
MethanoCrenarchaeota bacterium Thermoproteus Methanococcus Pyrodictium
Entamoebae Moisissures glaireuses
Halophiles extrêmes
Animaux Champignons Plantes Ciliés
Thermoplasma
Thermococcus Crenarchaeota marins
Thermotoga
Eukarya
Pyrolobus
Flagellés Methanopyrus
Parabasaliens
Korarchaeota Nanoarchaeota
Thermodesulfobacterium Aquifex
Microsporidies Diplomonadines (Giardia)
Arbre phylogénétique universel. Cet arbre a été obtenu par comparaison de séquences d’ARN ribosomique 16 S ou 18S. Notez les trois domaines majeurs des organismes vivants : les Bacteria, les Archaea et les Eukarya. La distance évolutive entre deux groupes d’organismes est proportionnelle à la distance cumulée entre l’extrémité de la branche et le nœud rejoignant les deux groupes. Voir les sections 11.5 et 11.9 pour plus d’informations sur les phylogénies basées sur les ARN ribosomiques. Les relations phylogénétiques indiquées dans cet arbre ont été confirmées par plusieurs autres relations génotypiques et phénotypiques. Les données concernant cet arbre ont été obtenues du Ribosomal Database project http://rdp.cme.msu.edu.
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PHYLOGÉNIE DU MONDE VIVANT – BACTERIA
Deferribacter
Cytophaga Flavobactéries Spirochètes
Deinococci
Planctomyces/ Pirella
Verrucomicrobia
Bactéries vertes sulfureuses
Bactéries vertes non sulfureuses
Chlamydia Cyanobactéries
Ther motoga
Actinobactéries Bactéries Gram positif
Thermodesulfobacterium
Aquifex
Nitrospira ε δ α β
Protéobactéries
γ
Arbre phylogénétique des Bacteria. Cet arbre a été obtenu par comparaison des séquences d’ARN ribosomique 16 S. Au moins 17 groupes principaux de Bacteria sont ainsi définis. Voir les sections 11.5 et 11.9 pour plus d’informations sur les phylogénies basées sur les ARN ribosomiques. Les données concernant cet arbre ont été obtenues du Ribosomal Database project http://rdp.cme.msu.edu.
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Brock Biologie des micro-organismes Onzième édition
MICHAEL T. MADIGAN JOHN M. MARTINKO Université Carbondale de l’Illinois du Sud
Traduction française dirigée par Daniel Prieur, professeur de microbiologie à l’université de Bretagne occidentale
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Le présent ouvrage est la traduction de Brock Biology of Microorganisms, 11th edition, de Michael T. Madigan et John M. Martinko, publié par Pearson Education Inc./Prentice Hall, Copyright © 2006, 2003, 2000, 1997, 1994, 1991, 1988, 1974, 1970 par Pearson Education, Inc. Authorized translation from the English language edition, entitled BROCK BIOLOGY OF MICROORGANISMS, 11th Edition by MADIGAN, MICHAEL; MARTINKO, JOHN, published by Pearson Education, Inc, publishing as Prentice Hall, Copyright © 2006, 2003, 2000, 1997, 1994, 1991, 1988, 1974, 1970 by Pearson Education, Inc. All rights reserved. No part of this book may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photocopying, recording or by any information storage retrieval system, whithout permission from Pearson Education, Inc. French language edition published by PEARSON EDUCATION FRANCE, Copyright © 2007.
Publié par Pearson Education France
Mise en page : Compo-Méca s.a.r.l. 64990 Mouguerre ISBN : 978-2-7440-5840-0 © 2007 Pearson Education France
Tous droits réservés. Aucune représentation ou reproduction, même partielle, autre que celles prévues à l’article L. 122-5 2° et 3° a) du code de la propriété intellectuelle ne peut être faite sans l’autorisation expresse de Pearson Education France ou, le cas échéant, sans le respect des modalités prévues à l’article L. 122-10 dudit code.
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Les auteurs Michael T. Madigan, après ses diplômes de biologie et d’éducation obtenus à l’université du Wisconsin-Stevens Point en 1971, a suivi un master en 1974 puis un PhD en 1976 au département de bactériologie de l’université du Wisconsin-Madison. Son travail de recherche, sous la direction de Thomas D. Brock, concernait l’étude des bactéries phototrophes des sources chaudes. Il a ensuite effectué un post-doctorat de trois ans au département de microbiologie de l’université de l’Indiana, durant lequel il a travaillé sur les bactéries photosynthétiques avec Howard Gest. Il a par la suite rejoint l’université Carbondale de l’Illinois du Sud pour y enseigner la microbiologie. Co-auteur de Biology of Microorganisms à partir de la quatrième édition publiée en 1984, il donne des cours d’introduction à la microbiologie, de diversité bactérienne ainsi que de microbiologie diagnostique et appliquée. Il a été reconnu meilleur enseignant en 1988 et meilleur chercheur du College of Science en 1993. Il a reçu en 2001 une distinction de l’université, le Outstanding Scholar Award, et en 2003 le prix Carski pour son enseignement en premier cycle, remis par la Société américaine de microbiologie. Il a concentré ses travaux de recherche presque exclusivement sur les bactéries phototrophes anoxygéniques, et particulièrement sur celles des milieux extrêmes. Il a publié une centaine d’articles scientifiques, codirigé un ouvrage de référence sur les bactéries phototrophes et a également été rédacteur puis rédacteur en chef de la revue Archives of Microbiology. John M. Martinko a reçu son diplôme de biologie de l’université de Cleveland. Étudiant de premier cycle, il a suivi une formation en alternance qui lui a permis d’acquérir de l’expérience dans plusieurs laboratoires de microbiologie et d’immunologie. Puis, responsable de laboratoire pendant deux ans à l’université Case Western Reserve (Cleveland), il a dirigé des recherches sur la structure, la sérologie et l’épidémiologie de Streptococcus pyogenes. En vue de l’obtention d’un master et d’un PhD en microbiologie à l’université de New York-Buffalo, il a effectué ses recherches sur la spécificité et l’idiotype des anticorps. Pour son post-doctorat, il a étudié au collège de médecine Albert Einstein de New York la structure des protéines du complexe majeur d’histocompatibilité. Depuis 1981, il est professeur agrégé et directeur du département de microbiologie de l’université Carbondale de l’Illinois du Sud. Ses recherches portent sur les effets de l’hormone de croissance sur la réponse immune, sur le développement de tests immunodiagnostiques pour une maladie du soja (pourriture du tronc vivant) et sur l’étude des mutations structurelles qui altèrent les fonctions dans le complexe peptide-protéines du complexe majeur d’histocompatibilité. Il enseigne l’immunologie en premier et deuxième cycles ainsi que l’immunologie, la défense de l’hôte et les maladies infectieuses dans un cours de microbiologie générale. En 2004, il a été désigné meilleur enseignant du College of Science.
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Les traducteurs Georges Barbier est professeur à l’université de Bretagne occidentale (UBO). Il enseigne la microbiologie au département de génie biologique de l’Institut universitaire et technologique de Brest (IUT) ainsi qu’à l’UFR « Sciences et techniques » en M2 recherche microbiologie fondamentale et appliquée. Il dirige le Laboratoire de biodiversité et écologie microbienne (EA3882) à l’École supérieure de microbiologie et sécurité alimentaire de Brest (ESMISAB). Ses activités de recherche portent sur la biodiversité et l’écologie microbienne. Gaëtan Burgaud, diplômé d’un master 2 en microbiologie fondamentale et appliquée à l’UBO, est actuellement doctorant en microbiologie au sein du Laboratoire de biodiversité et écologie microbienne (EA3882). Il étudie la biodiversité fongique marine des écosystèmes hydrothermaux profonds. Également titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’ESMISAB, il enseigne la microbiologie en licence professionnelle et la statistique à l’IUT . Nathalie Byrne est doctorante en microbiologie depuis deux ans au sein du Laboratoire de microbiologie des environnements extrêmes (UMR 6197). Elle étudie la diversité métabolique des micro-organismes des édifices hydrothermaux actifs. Titulaire d’un master de microbiologie fondamentale et appliquée, effectué au sein de l’UBO, elle enseigne la microbiologie en master 1 et à l’IUT. Elle a participé à une campagne océanographique « MoMareto 2006 » au niveau de la dorsale médio-atlantique. Claude Chastel est virologiste, historien de la microbiologie et membre correspondant de l’Académie de médecine (Paris). Ancien professeur agrégé du Service de santé des armées et consultant OMS pour la dengue, il a travaillé en Asie du Sud-Est et en Afrique tropicale. Il a ensuite enseigné, comme professeur des universités-praticien hospitalier, la bactériologie et la virologie à la faculté de médecine de Brest (1973-1998). Spécialiste des arbovirus et des virus émergents, il a écrit Histoire des virus (Boubee, 1992), Ces virus qui détruisent les hommes (Ramsay, 1996), Virus herpès et pensée médicale (Imothep, 1997), Une petite histoire de la médecine (Ellipses Marketing, 2004) et Virus émergents : vers de nouvelles pandémies ? (Vuibert, 2006). Pierre Colin est directeur de recherches à l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments et actuellement en poste à l’École supérieure de microbiologie et sécurité alimentaire de Brest (ESMISAB). Spécialiste de microbiologie des aliments, il est également membre de comités d’experts nationaux et européens dans ce domaine. Laurent Esclade est maître de conférences à l’ESMISAB. Il y enseigne le génie industriel alimentaire ainsi que la microbiologie industrielle et organise l’enseignement des procédés de transformation agroalimentaire. Il a été responsable de la deuxième année d’ingénieur pendant cinq ans. Ses recherches ont porté sur l’étude biochimique du stress des Penicillium et sur les altérations de flore dans les produits fromagers. Claire Geslin est maître de conférences à l’UBO. Elle y enseigne la génétique microbienne et la physiologie microbienne en licence ainsi que la biologie des extrêmophiles en master de microbiologie. Ses recherches portent sur l’étude des virus hyperthermophiles issus de sources hydrothermales océaniques. Anne Godfroy est directrice de recherches à l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer de Brest (Ifremer) au laboratoire de microbiologie des environnements extrêmes. Ses recherches portent sur l’écologie microbienne des sources hydrothermales océaniques profondes, et principalement sur les micro-organismes thermophiles des édifices hydrothermaux actifs. Elle a d’ailleurs contribué à la description de plusieurs nouvelles espèces hyperthermophiles. Elle participe aux enseignements du master 2 de microbiologie fondamentale et appliquée de l’UBO. Elle a embarqué à plusieurs reprises sur des campagnes océanographiques portant sur les sources hydrothermales océaniques et effectué plusieurs plongées à bord du Nautile (sous-marin d’exploration de l’Ifremer). Rémy Guyoneaud est maître de conférences à l’université de Pau et des Pays de l’Adour. Il enseigne la microbiologie générale et l’écologie microbienne en licence sciences de la vie, en master professionnel bioprotection et biotechnologies pour l’environnement et en master recherche environnement et matériaux. Il est membre de l’Institut pluridisciplinaire de recherche sur l’environnement et les matériaux (IPREM, UMR5254) au sein de l’équipe environnement et microbiologie. Ses travaux de recherche portent sur le rôle des micro-organismes, notamment des anaérobies, dans la biotransformation de xénobiotiques, tels que les hydrocarbures, les métaux (mercure, étain) et les métalloïdes (arsenic). Geneviève Héry-Arnaud, pharmacien biologiste, est actuellement assistante hospitalo-universitaire au département de microbiologie du Centre hospitalo-universitaire de Brest (CHU). Elle enseigne la bactériologie à l’UBO en PCEM2 (faculté de médecine de Brest), en génie biologique (IUT de Brest) et en master 1 sciences-technologie-santé mention sciences du vivant, module interactions hôtes micro-organismes. Titulaire d’un DEA d’écologie microbienne (université Claude Bernard, Lyon 1),
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Les traducteurs
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ses recherches, actuellement développées dans le cadre d’une thèse de doctorat, portent sur le rôle des éléments génétiques mobiles dans l’évolution et la virulence du streptocoque du groupe B. Ivan Leguérinel est professeur à l’IUT de Quimper et directeur du Laboratoire universitaire de microbiologie appliquée de Quimper (LUMAQ), rattaché à l’UBO. Il enseigne le génie industriel alimentaire en IUT et la microbiologie prévisionnelle en master 2. Ses recherches dans le domaine de la microbiologie prévisionnelle portent en particulier sur la modélisation et la quantification des croissances et des inactivations des populations microbiennes dans les aliments. Marc Le Romancer est maître de conférences à l’UBO où il enseigne la microbiologie et la bioinformatique. Il est responsable des modules de diversité et physiologie microbienne ainsi que du module de phytopathologie. Spécialiste de virologie, il intervient en licence et en master en virologie moléculaire à l’UFR « Sciences et techniques » ainsi qu’en virologie marine à l’Institut universitaire européen de la mer. Ses recherches portent sur l’étude des virus et plasmides des micro-organismes des milieux extrêmes (sources hydrothermales et milieux polaires) et de leur impact sur la plasticité des génomes et les transferts de gènes chez les procaryotes. Anne-Gabrielle Mathot est maître de conférences à l’UBO. Elle enseigne la microbiologie alimentaire et industrielle aux étudiants de 2e année de l’IUT de Quimper et les « probiotiques » en licence professionnelle aliments-santé et en master alimentation-droitnutrition-santé. Ses recherches au sein du LUMAQ concernent actuellement la toxine émétique de Bacillus cereus (détection et production dans les aliments). Christopher Payan est professeur à la faculté de médecine de l’UBO, où il enseigne la virologie aux niveaux 2 et 3 de médecine et de dentaire. Il organise le master 1/UE42 interaction hôte-micro-organismes destiné aux étudiants de L3 en médecine et sciences. Il est membre du conseil de l’European Society of Clinical Virology (ESCV), du groupe AZAY des microbiologistes universitaires français, de l’Association française pour l’étude du foie (AFEF) et co-coordonne le groupe hépatite C de l’Agence nationale pour la recherche sur le SIDA et les hépatites (ANRS). Il est co-auteur du référentiel de virologie Revir sous l’égide du groupe AZAY. Il est responsable de l’équipe médicale de recherche dans l’Équipe d’accueil EA3882-Laboratoire de biodiversité et d’écologie microbienne et dirige le thème « virus (hépatite C et papillomavirus) et cancer ». Odile Petsaris est assistante hospitalo-universitaire à l’UBO. Elle enseigne la bactériologie générale et systématique à la faculté de médecine de Brest, en L2 et M1. Ses recherches portent sur la génétique de la résistance bactérienne aux antibiotiques et la carcinogenèse induite par le virus de l’hépatite C. Daniel Prieur est professeur de microbiologie à l’UBO, où il est responsable du master sciences du vivant et de la spécialité microbiologie. Spécialiste de la microbiologie des sources hydrothermales océaniques, il est directeur adjoint d’une unité mixte de recherche associée au CNRS et à l’Ifremer, spécialisée dans la microbiologie des environnements extrêmes. Il s’intéresse particulièrement aux micro-organismes adaptés aux fortes pressions hydrostatiques et aux hautes températures qu’il a étudiés lors de nombreuses campagnes océanographiques employant les submersibles de l’Ifremer. Il a reçu la médaille d’argent du CNRS en 1995 et contribué à près de 200 publications et chapitres d’ouvrages. Il participe à de nombreux comités scientifiques, dont le comité des programmes scientifiques du Centre national d’études spatiales (CNES), au titre de l’exobiologie, et plusieurs groupes de travail de l’European Space Agency (ESA). Daniel Prieur a coordonné le travail des 25 traducteurs du Brock, Biologie des micro-organismes. Patrice Rey est depuis 1998 maître de conférences à l’ESMISAB, où il enseigne la microbiologie et la phytopathologie à des étudiants en 2e et 3e cycles. En parallèle, les activités de recherche, orientées vers l’étude des relations plantes-Pythiacées et la gestion d’équilibres microbiens en culture sous serre, lui ont permis d’obtenir une habilitation à diriger des recherches en 2004. Ses travaux actuels portent sur la caractérisation des microflores suppressives ainsi que sur les évolutions et changements de communautés fongiques ou bactériennes suite à l’introduction d’antagonistes microbiens dans les cultures. Erwan Roussel, titulaire d’un DEA en microbiologie fondamentale et appliquée, est doctorant au Laboratoire de microbiologie des environnements extrêmes (LM2E-UMR6197). Il y étudie la diversité et l’activité des procaryotes associés aux sédiments marins profonds. Il est moniteur à l’UBO où il enseigne la diversité, la génétique et la physiologie microbienne en L1, L3 et M1. Marie-Thérèse Thébault est professeur à l’UBO. Elle y enseigne la biochimie en licence et en master ainsi que la microbiologie et l’écophysiologie en master. Ses recherches ont concerné l’étude des mécanismes cellulaires et moléculaires de l’adaptation en environnement variable chez les invertébrés marins. Actuellement, elle utilise l’huître creuse japonaise comme organisme modèle pour caractériser les modalités de la réponse aux variations thermiques du milieu. Daniel Thouvenot est professeur à l’ESMISAB. Il y enseigne aux élèves ingénieurs de 1re année la bactériologie des aliments ainsi qu’une partie de la microbiologie générale. Ses travaux de recherche actuels portent sur la dynamique et la diversité de la microflore bactérienne d’aliments végétaux fermentés. Yves Tirilly est professeur de microbiologie à l’ESMISAB. Il est directeur de cette école d’ingénieur où il enseigne la mycologie et la pathologie végétale. Ses recherches ont porté principalement sur le parasitisme des Pythiacées en culture hors-sol ainsi que
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Les traducteurs
sur la lutte biologique et le développement durable par induction de réactions de défense chez les plantes. Il a dirigé de nombreux travaux sur la maîtrise du risque fongique en industrie agroalimentaire. Jessica Vallance est doctorante en microbiologie et pathologie végétale au sein du Laboratoire de biodiversité et écologie microbienne de l’UBO (EA3882). Ses travaux de recherche portent sur l’écologie microbienne et la lutte biologique en culture sous serre. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en microbiologie et sécurité alimentaire ainsi que d’un master de microbiologie fondamentale et appliquée obtenus au sein de l’UBO, elle enseigne la microbiologie et la qualité en licence professionnelle emballages à Morlaix et à l’ESMISAB. Sophie Vallet est pharmacien biologiste, maître de conférences universitaire et praticien hospitalier dans le secteur de virologie du département de microbiologie du CHU de Brest. Elle enseigne la virologie à l’UBO (UFR de médecine de Brest, étudiants en PCEM2, odontologie et master 1 sciences du vivant, UE interactions hôte-micro-organismes) ainsi qu’à l’IUT (formation génie biologique). Titulaire d’un doctorat de microbiologie, ses recherches portent sur la variabilité et l’implication de la protéase du virus de l’hépatite C dans la carcinogenèse virale C ainsi que sur les coronavirus humains circulant en milieu pédiatrique. Daniel Vaulot est directeur de recherche au CNRS à la station biologique de Roscoff. Ancien élève de l’École polytechnique, il a obtenu un PhD à l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) aux États-Unis. Il travaille depuis vingt ans sur le picoplancton océanique, c’est-à-dire les plus petites cellules rencontrées en milieu marin à la base du fonctionnement de tous les écosystèmes aquatiques. Après avoir développé les applications de la cytométrie en flux dans ce domaine, il a contribué au cours des dernières années à l’expansion des méthodes « biologie moléculaire » pour les études des eucaryotes picoplanctoniques. Il a fondé et développé la collection de cultures de Roscoff qui contient plus de 800 souches de micro-algues. Il a publié plus de 80 articles scientifiques, dont certains dans des revues prestigieuses comme Nature ou Science, et a obtenu plusieurs récompenses, dont la médaille d’argent du CNRS. Pierre Youinou est professeur d’immunologie à l’UFR de médecine (UBO), chef de service du laboratoire d’immunologie du CHU et directeur d’une unité de recherche, vouée à l’étude de l’auto-immunité, en particulier lymphocytes B et auto-anticorps. Outre sa participation au comité de lecture de 19 revues scientifiques internationales, il a signé 460 articles scientifiques et participé à une quarantaine d’ouvrages. Il est éditeur de l’immunologie dans le Larousse Médical et lauréat du Prix de recherche de l’Association nationale de défense contre l’arthrite rhumatoïde en 1992, du Prix Éloi Collery de l’Académie de médecine en 1997 et du Prix Bretagne de la recherche en 2000.
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Sommaire Partie une 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Partie deux 11 12 13 14 15 16
Partie trois 17 18 19
Principes de microbiologie Micro-organismes et microbiologie 1 Vue d’ensemble de la vie microbienne 21 Macromolécules 38 Composition et organisation de la cellule bactérienne 54 Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes 100 Croissance microbienne 134 Bases de biologie moléculaire 166 Régulation du métabolisme 203 L’essentiel de la virologie 228 Génétique bactérienne 254
Évolution et diversité microbiennes Évolution et systématique microbiennes 298 Diversité des procaryotes : les Bacteria 328 Diversité des procaryotes : les Archaea 421 Biologie de la cellule eucaryote et micro-organismes eucaryotes Génomique microbienne 483 Diversité du monde des virus 507
451
Diversité métabolique et écologie microbienne Diversité métabolique 539 Méthodes en écologie microbienne Écologie microbienne 622
602
Partie quatre Immunologie, pouvoir pathogène et réponse immunitaire de l'hôte 20 21 22 23 24
Partie cinq 25 26 27 28 29
Partie six 30 31
Contrôle de la croissance des micro-organismes 679 Interactions homme–micro-organismes 713 Immunologie générale 736 Immunologie moléculaire 767 Diagnostic microbiologique et immunologique 783
Maladies microbiennes Épidémiologie 821 Maladies infectieuses à transmission interhumaine 848 Maladies microbiennes transmises par des animaux, par des arthropodes ou d’origine tellurique 886 Traitement des eaux usées et purification de l’eau, maladies microbiennes d’origine hydrique 907 Conservation des aliments et maladies d’origine alimentaire 924
Les micro-organismes : des outils pour la recherche et l'industrie Microbiologie industrielle 943 Génie génétique et biotechnologie
970
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Présentation de l’ouvrage Chaque nouvelle édition permet de clarifier les concepts par le biais d’illustrations et le programme de Brock, Biologie des microorganismes est, à ce titre, le plus exceptionnel qui soit dans le domaine de la microbiologie. Les étudiants s’appuient chaque année davantage sur les illustrations. C’est pourquoi cet ouvrage s’est toujours attaché à leur fournir des schémas, des photographies et des tableaux qui, outre un visuel attractif, ont pour objectif de les aider à mieux comprendre le sujet. !
Intérieur Composants non spécifiques
Extérieur
Composants spécifiques Membrane cytoplasmique
PEP Enz I
HPr
Enz IIa
Enz IIb
Enz IIc
Pyruvate
P P
Glucose P Glucose 6_P
Sens du transport
ARN polymérase
Transcription 5′
3′′
3′
5′
Facteur sigma 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Début de l’ARNm
5′ 3′ CTGTTGACAATTAATCATCGAACTAGTTAACTAGTACGCAAG CTA TTCCTGTGGATAACCATGTGTATTAGAGTTAGAAAACA TGGTTCCAAAATCGCCTTTTGCTGTATATACTCACAGCATA TTTTTGAGTTGTGTATAACCCCTCATTCTGATCCCAGCTT TAGTTGCATGAACTCGCATGTCTCCATAGAATGCGCGCTACT TTCTTGACACCTTTTCGGCATCGCCCTAAAATTCGGCGTC
Séquence -35
Boîte de Pribnow
Consensus T T G A C A
TATAAT
Séquence du promoteur
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X
Présentation de l’ouvrage
Adaptées aux mémoires visuelles, les centaines d’illustrations de la 11e édition ont été entièrement redessinées et améliorées afin d’offrir plus de détails et de réalisme. ! Cytoplasme
Nucléoïde
Ribosomes Plasmide
0,5 µm
Paroi cellulaire (a)
Membrane cytoplasmique
Membrane cytoplasmique Réticulum endoplasmique Ribosomes Noyau
(a)
(b)
(c)
(d)
Nucléole Enveloppe nucléaire Appareil de Golgi Cytoplasme Mitochondrie Chloroplaste
10 µm Nombre de cellules bactériennes par tube
(b)
Aussi souvent que possible, des photographies accompagnent techniques et processus, de façon à associer les représentations abstraites à la réalité biologique. "
Témoin Substance répulsive Temps
Nicholas Blackburn
(e)
Substance attractive
(f)
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Présentation de l’ouvrage XI
Compréhension Le « Glossaire », situé en tête de chaque chapitre, guide l’étudiant dans le langage de la microbiologie. La maîtrise de la terminologie et la compréhension des concepts clés s’en trouvent facilités. "
Contrôlez vos acquis Beijerinck et Winogradsky ont étudié les bactéries dans les sols et l’eau et développé la technique de culture d’enrichissement pour l’isolation des représentants de divers groupes physiologiques. De nombreux concepts majeurs ont émergé durant cette période, incluant les cultures d’enrichissement, la chimiolithotrophie, la chimio-autotrophie et la fixation de l’azote. •
À quoi correspond la technique de culture d’enrichissement ?
•
En examinant la figure 1.16, montrez pourquoi l’oxydation du soufre et la nitrification sont considérées comme des processus chimiolithotrophes, alors que la fixation de l’azote ne l’est pas (indice : observez les réactions utilisant de l’ATP dans chaque cas).
GLOSSAIRE Bactériophage (bacteriophage) Virus qui infecte une bactérie. Cycle lytique (lytic pathway) Série d’étapes après l’infection virale qui conduit à la réplication virale et à la destruction (lyse) de la cellule hôte. Lysogène (lysogen) Bactérie porteuse d’un prophage. Lysogénie (lysogenic pathway) Série d’étapes qui, après l’infection virale, conduit à un état où le génome viral est répliqué comme un prophage avec celui de l’hôte. Nucléocapside (nucleocapsid) Structure de base d’un virion constituée d’acide nucléique et de protéines. Oncogène (oncogene) Gène dont l’activité est associée à la transformation d’une cellule normale en cellule cancéreuse. Plage (plaque) Zone de lyse ou d’inhibition de croissance induite par un virus sur un tapis d’hôte sensible. Prion (prion) Protéine infectieuse dont la forme extracellulaire ne contient pas d’acide nucléique. Protéine précoce (early protein) Protéine synthétisée au début de l’infection virale. Protéine tardive (late protein) Protéine synthétisée vers la fin de l’infection virale. Provirus ou prophage (provirus ou prophage) Génome d’un virus ou d’un phage tempéré, habituellement intégré, qui se réplique avec le chromosome de l’hôte. Rétrovirus (retrovirus) Virus à ARN qui possède une transcriptase inverse et synthétise une copie ADN de son génome.
# L’encadré « Contrôlez vos acquis » incite l’étudiant à faire une pause dans sa lecture pour apprécier sa connaissance des concepts clés.
FOCUS
Les « Focus », étroitement liés au thème central du chapitre, permettent d’approfondir un point particulier. "
Transcription inverse (reverse transcription) Processus impliquant une transcriptase inverse qui synthétise un ADN complémentaire à partir d’une matrice à ARN. Transformation (transformation) Processus chez les eucaryotes par lequel une cellule normale devient une cellule cancéreuse (voir chapitre 10 pour une autre définition). Virion (virion) Particule virale complète ; l’acide nucléique est entouré d’une capside protéique et, dans certains cas, d’autres composants. Viroïde (viroïde) Petit ARN simple brin circulaire qui induit différentes maladies de plantes. Virus (virus) Élément génétique contenant soit de l’ARN soit de l’ADN, qui se réplique dans des cellules hôtes mais qui présente aussi une forme extracellulaire. Virus à ARN simple brin négatif (minus (negative)-strand RNA virus) Virus dont le génome à ARN est complémentaire de la séquence en bases de l’ARNm viral. Virus à brin positif (plus (positive)-strand virus) Virus dont le génome à ARN ou à ADN a la même complémentarité que l’ARNm viral. Virus tempéré (temperate virus) Virus dont le génome se réplique avec celui de son hôte, dont il ne cause pas la mort dans un état dit de lysogénie. Virus virulent (virulent virus) Virus qui lyse ou tue la cellule hôte après l’infection.
Édition des ARN
Dans les chapitres 7 et 14, nous avons vu que certains gènes ont des régions codantes séparées par des régions non codantes, appelées . Classiquement, les introns sont éliminés après la transcription pour produire un ARN mature lors d’un processus appelé (voir section 14.8). Dans les génomes des organites, on trouve un phénomène qui est presque l’opposé de l’épissage : . L’édition des ARN implique à la fois l’insertion ou la délétion de nucléotides pour produire un différent de l’ADN transcrit. L’édition peut aussi impliquer des chimiques des bases de l’ARNm. Dans les deux cas, l’édition des ARN peut altérer les codons, de sorte qu’un acide aminé ou plus, différents de ceux codés par le gène, soient insérés dans le polypeptide. Dans les mitochondries des trypanosomes et des protozoaires apparentés (voir section 14.10), quelques transcrits mitochondriaux sont édités de telle façon qu’un grand nombre (des centaines dans quelques cas) d’uridylates soient ajoutés et, plus rarement, délétés. Un exemple de ce type d’édition des ARN est montré dans la figure 1. L’édition des ARN est précisément contrôlée par des petites séquences de l’ARNm qui « guident » les enzymes assurant les éditions spécifiques. Ce processus doit évidemment être très précisément contrôlé. L’insertion de bases trop ou insuffisamment
nombreuses engendrerait un produit probablement non fonctionnel. L’autre type d’édition des ARN, le remplacement d’une base par une autre, est fréquent dans les mitochondries et les chloroplastes des plantes supérieures. Dans certains sites spécifiques de quelques ARNm un C sera converti en U par désamination oxydative (la modification inverse est plus rare). Il y au moins vingt-cinq sites de conversion de C à U dans le chloroplaste du maïs. Bien que ceci concerne principalement les génomes des organites, un exemple de conversion programmée de C à U est aussi connu pour un gène nucléaire de mammifère. Selon la localisation de l’édi-
tion, un nouveau codon peut être formé, ce qui conduit à la formation d’une séquence protéique qui ne correspond pas à celle du gène dont elle résulte. Cette surprenante édition des ARN aurait pu constituer un obstacle significatif à l’analyse des génomes des . Dans les faits ce n’est pas le cas, car le nombre de protéines concerné est faible et ces protéines sont hautement conservées. La fonction et l’origine de l’édition des ARN sont inconnues. Certains scientifiques ont suggéré que ce puisse être une rémanence du monde à ARN, au même titre que les ribozymes (voir section 14.8) et autres ARN catalytiques (voir section 11.2).
Protéine ...Leu Cys Phe Trp Phe Arg Phe Phe Cys... ARNm
...uuG uGu UUU UGG uuu AGG uuu uuu uGu...
ADN
... ...
G G TTT TCC C C AAA AGG
AGG TCC
G ... C ...
Figure 1 Édition des ARN. La partie supérieure de la figure montre une partie de la séquence d’acides aminés de la sous-unité III de l’enzyme cytochrome oxydase du protozoaire Trypanozoma brucei (voir section 14.10). La mitochondrie code cette protéine. Sous cette séquence d’acides aminés, est visible la séquence d’ARN messager (ARNm) de cette zone. Les bases en lettres majuscules sont transcrites du gène présenté en dessous. Les lettres de l’ARNm en lettres minuscules ont été insérées dans le transcrit par un processus appelé édition de l’ARN. Bien que la séquence d’ADN soit présentée ici avec de nombreux espaces, la molécule n’en comporte pas. Les espaces introduits sur cette figure ont pour fonction de faciliter la compréhension.
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XII
Présentation de l’ouvrage
Navigation Clairs et pratiques, les sommaires présents en début de chapitre annoncent la manière dont s’organisent les notions et facilitent ainsi leur compréhension et leur mémorisation. !
I
Introduction à la microbiologie
1.1 1.2 1.3
La m i cr o b i o l o g i e Les micro-organismes en tant que cellules Les micro-organismes et leur environnement na turel L’impact des micro-organismes sur l’homme e t se s a ct i vi t é s
1.4
II
Découvertes en microbiologie
1.5
Les racines historiques de la microbiologie : Hooke, van Leeuwenhoek et Cohn Pasteur, Koch et les cultures pures La diversité microbienne et la naissance de la microbiologie générale L’ère moderne de la microbiologie
1.6 1.7 1.8
CHAPITRE UN
Micro-organismes et microbiologie
3 3 3 6 7
9 9 11 15 18
Les micro-organismes sont des cellules vivantes microscopiques et indépendantes qui, comme les humains, vivent en communauté.
Les références aux figures permettent au lecteur d’aller et venir aisément entre les illustrations et le texte. ! sentent de nombreux éléments ou fonctions identiques. Elles possèdent toutes une barrière, appelée membrane cytoplasmique (voir figure 2.1), séparant le milieu intracellulaire du milieu extracellulaire. C’est à travers la membrane cytoplasmique que les nutriments et autres composés nécessaires à son
Un renvoi signale au lecteur que la notion abordée intervient ailleurs dans le texte. Le lecteur peut ainsi facilement se reporter aux sections indiquées, relier les différentes informations complémentaires et enrichir sa vision du sujet. ! colonne d’eau ; en produisant de l’O2, ces organismes maintiennent cette zone oxygénée. La décomposition de la matière organique dans la boue conduit à la production d’acides organiques, d’alcools, d’H2, tous des substrats pouvant être couplés à la réduction des sulfates (voir sections 12.18, 13.7, 17.15 et 19.13). Les sulfures résultant de la réduction des sulfates déclenchent le développement des bactéries vertes et pourpres (phototrophes anoxygéniques, sections 12.2 et 12.32), qui utilisent les sulfures comme donneurs d’électrons. Ces organismes
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Table des matières Partie une
Principes de microbiologie 1
Micro-organismes et microbiologie 1
I
INTRODUCTION À LA MICROBIOLOGIE
3
1.1 1.2 1.3
La microbiologie Les micro-organismes en tant que cellules Les micro-organismes et leur environnement naturel L’impact des micro-organismes sur l’homme et ses activités
3 3
1.4
II
DÉCOUVERTES EN MICROBIOLOGIE
1.5
Les racines historiques de la microbiologie : Hooke, van Leeuwenhoek et Cohn Pasteur, Koch et les cultures pures La diversité microbienne et la naissance de la microbiologie générale L’ère moderne de la microbiologie
1.6 1.7 1.8
2
Vue d’ensemble de la vie microbienne
6
9 9 11 15 18
21
STRUCTURE CELLULAIRE ET ÉVOLUTION
22
2.1 2.2
22
2.3
Les structures cellulaires et virales L’organisation de l’ADN dans les cellules microbiennes L’arbre universel du vivant
24 26
II
DIVERSITÉ MICROBIENNE
28
2.4 2.5 2.6
La diversité de la physiologie des micro-organismes La diversité des procaryotes Les micro-organismes eucaryotes
28 30 35
3
Macromolécules
I
LIAISONS CHIMIQUES ET EAU DANS LES SYSTÈMES VIVANTS
3.1
Les liaisons chimiques de faible et de forte énergie Les principales macromolécules et l’eau, solvant biologique
II
Composition et organisation de la cellule bactérienne
I
MICROSCOPIE ET MORPHOLOGIE BACTÉRIENNE
4.1 4.2
La microscopie optique L’imagerie tridimensionnelle : microscopie par contraste d’interférence, microscopie à force atomique, microscopie confocale à balayage laser La microscopie électronique Les morphologies cellulaires et la signification de la taille microscopique
4.3 4.4
7
I
3.2
4
54 55 55
59 61 62
II
MEMBRANES ET PAROIS BACTÉRIENNES
65
4.5 4.6 4.7 4.8
La structure de la membrane cytoplasmique Les fonctions de la membrane cytoplasmique Les systèmes de transport membranaire La paroi des procaryotes (bactéries) : le peptidoglycane et les autres molécules La membrane externe des bactéries Gram négatif
65 68 70
4.9
73 78
III
STRUCTURES DE SURFACE ET INCLUSIONS CHEZ LES PROCARYOTES
81
4.10 4.11 4.12 4.13
Les structures bactériennes de surface Les inclusions cellulaires Les vésicules de gaz Les endospores
81 82 84 86
IV
LOCOMOTION MICROBIENNE
90
4.14 Les flagelles et la mobilité 4.15 La mobilité par glissement 4.16 La mobilité cellulaire et la réponse comportementale : chimiotactisme et phototactisme
91 93
95
39
5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes 100
40
I
INUTRITION ET CULTURE DES MICRO-ORGANISMES
101
40
5.1 5.2 5.3
La nutrition microbienne Les milieux de culture La culture des micro-organismes
101 104 106
II
ÉNERGÉTIQUE ET ENZYMES
108
5.4 5.5
Éléments de bioénergétique Les enzymes et la catalyse
108 109
OXYDORÉDUCTION ET COMPOSÉS RICHES EN ÉNERGIE
111
43
MACROMOLÉCULES NON INFORMATIONNELLES
44
3.3 3.4
Les polysaccharides Les lipides
44 46
III
MACROMOLÉCULES INFORMATIONNELLES 47
III
3.5 3.6 3.7 3.8
Les acides nucléiques Les acides aminés et la liaison peptidique Les protéines : structures primaire et secondaire Les structures protéiques d’ordre supérieur et la dénaturation
5.6 5.7 5.8
47 48 51 52
L’oxydoréduction Un transporteur d’électrons, le NAD+ Les composés riches en énergie et le stockage de l’énergie
111 114 115
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XIV
IV
Table des matières
PRINCIPALES VOIES CATABOLIQUES, TRANSPORT D’ÉLECTRONS ET FORCE PROTON-MOTRICE
116
5.9 La conservation de l’énergie : les options 5.10 Un exemple de fermentation : la glycolyse 5.11 La respiration et les chaînes de transfert d’électrons associées aux membranes 5.12 La conservation de l’énergie par la force proton-motrice
V
116 117 119 121
FLUX DE CARBONE DANS LA RESPIRATION ET AUTRES VOIES CATABOLIQUES
124
5.13 Le flux de carbone dans la respiration : le cycle de l’acide citrique 5.14 Les autres voies cataboliques
125 125
VI
128
RÉACTIONS DE BIOSYNTHÈSE
5.15 La biosynthèse des sucres et des polysaccharides 5.16 La biosynthèse des acides aminés et des nucléotides 5.17 La biosynthèse des acides gras et des lipides
128 128 130
7
Bases de biologie moléculaire
I
GÈNES ET EXPRESSION GÉNIQUE
167
7.1
Macromolécules et informations génétiques
167
II
STRUCTURE DE L’ADN
168
7.2 7.3 7.4
Structure de l’ADN : la double hélice Structure de l’ADN : super-enroulement Chromosomes et autres éléments génétiques
169 172 174
III
RÉPLICATION DE L’ADN
176
7.5 7.6
Réplication de l’ADN : modèles et enzymes Réplication de l’ADN : la fourche de réplication
176 177
IV
OUTILS DE MANIPULATION DE L’ADN
181
7.7 7.8 7.9
Enzymes de restriction et hybridation Séquençage et synthèse d’ADN Amplification de l’ADN par réaction de polymérisation en chaîne
181 184 186
SYNTHÈSE DE L’ARN : LA TRANSCRIPTION
187
V
6
Croissance microbienne
I
DIVISION CELLULAIRE BACTÉRIENNE
135
6.1 6.2
La croissance cellulaire et la fission binaire Les protéines Fts, le plan de division cellulaire et la morphologie cellulaire La synthèse du peptidoglycane et la division cellulaire
135
7.10 Description de la transcription 7.11 Diversité des facteurs sigma, séquences consensus et ARN polymérases 7.12 Terminateurs de transcription 7.13 Unité de transcription
136
VI
138
CROISSANCE DES POPULATIONS MICROBIENNES
139
6.3
II 6.4 6.5 6.6
III 6.7
6.8 6.9
IV
134
La terminologie et le concept de la croissance exponentielle L’expression mathématique de la croissance exponentielle Les phases de la croissance
141 142
MESURE DE LA CROISSANCE MICROBIENNE
143
Les mesures directes de la croissance microbienne : comptages des cellules totales et viables Les mesures indirectes de la croissance microbienne : turbidité La culture continue en chémostat
IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA CROISSANCE MICROBIENNE : LA TEMPÉRATURE
6.10 L’impact de la température sur la croissance 6.11 La croissance microbienne à basse température 6.12 La croissance microbienne à haute température
V
IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA CROISSANCE MICROBIENNE : pH, PRESSION OSMOTIQUE ET OXYGÈNE
6.13 La croissance microbienne à pH acide ou alcalin 6.14 L’influence de la pression osmotique sur la croissance 6.15 L’influence de l’oxygène sur la croissance 6.16 Les formes toxiques de l’oxygène
140
SYNTHÈSE DES PROTÉINES
7.14 Code génétique 7.15 Les ARN de transfert 7.16 Processus de synthèse des protéines : la traduction 7.17 Sécrétion et repliement des protéines
166
188 189 190 191
192 192 194 196 200
8
Régulation du métabolisme
I
VUE D’ENSEMBLE DE LA RÉGULATION
204
8.1
Principaux modes de régulation
204
II
RÉGULATION DE L’ACTIVITÉ ENZYMATIQUE
205
8.2 8.3
Inhibition non covalente d’enzyme Modification covalente des enzymes
205 206
III
PROTÉINES SE LIANT À L’ADN ET RÉGULATION DE LA TRANSCRIPTION PAR CONTRÔLE NÉGATIF ET POSITIF
208
8.4 8.5
Protéines se liant de l’ADN Contrôle négatif de la transcription : répression et induction Contrôle positif de la transcription
210 212
IV
MÉCANISMES DE RÉGULATION GLOBALE
214
8.7 8.8 8.9 8.10
Contrôle global et opéron lac Réponse stringente Autres réseaux de contrôle global Détection de quorum (quorum sensing)
214 216 217 219
156
V
AUTRES MÉCANISMES DE RÉGULATION
220
156
8.11 Atténuation 8.12 Transduction du signal et systèmes de régulation à deux composants 8.13 Régulation du chimiotactisme 8.14 ARN de régulation et riboswitchs
143 146 148
150 150
8.6
151 154
158 160 162
203
208
220 222 224 225
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Table des matières XV
9
L’essentiel de la virologie
I
VIRUS ET VIRION
229
9.1 9.2
Propriétés générales des virus Nature du virion
229 230
II
CROISSANCE ET TITRATION
233
9.3 9.4
Les hôtes des virus Titration de virus
233 234
III
RÉPLICATION VIRALE
236
9.5
Caractéristiques générales de la réplication virale Multiplication virale : attachement et pénétration Multiplication virale : production de l’acide nucléique et des protéines
9.6 9.7
228
236 237 238
Partie deux
Évolution et diversité microbiennes 11 Évolution et systématique microbienne I
298
TERRE PRIMITIVE, ORIGINE DE LA VIE ET DIVERSIFICATION MICROBIENNE
11.1 L’évolution de la Terre et les premières formes de vie 11.2 La vie primitive : le monde à ARN et le codage moléculaire 11.3 La vie primitive : énergie et métabolisme du carbone 11.4 Les eucaryotes et les organelles : l’endosymbiose
299 299 302 303
IV
DIVERSITÉ VIRALE
240
9.8 9.9 9.10 9.11 9.12 9.13
Généralités sur les bactériophages Bactériophages virulents et T4 Bactériophages tempérés Bactériophage lambda Généralités sur les virus animaux Rétrovirus
240 241 243 244 247 249
V
PARTICULES SOUS-VIRALES
251
11.5 Les chronomètres de l’évolution 308 11.6 Le séquençage de l’ARN ribosomique : un outil de l’évolution moléculaire 309 11.7 Les séquences signature, les sondes phylogénétiques et l’analyse des communautés microbiennes 311
251
III
9.14 Viroïdes et prions
10 Génétique bactérienne I
IMUTATION ET RECOMBINAISON
10.1 10.2 10.3 10.4 10.5
Les mutations et les mutants Les bases moléculaires de la mutation Le taux de mutation La mutagenèse La mutagenèse et la carcinogenèse : le test de Ames 10.6 La recombinaison génétique
II
ÉCHANGES GÉNÉTIQUES CHEZ LES PROCARYOTES
10.7 10.8 10.9 10.10
La transformation La transduction Les plasmides : principes généraux Les types de plasmides et leur signification biologique 10.11 La conjugaison : les caractéristiques essentielles 10.12 La formation des souches Hfr et la mobilisation du chromosome 10.13 La complémentation 10.14 Les transposons et les séquences d’insertion
III
GÉNÉTIQUE BACTÉRIENNE ET CLONAGE
254 255 256 258 260 261 265 266
267 268 271 273 275 278 279 282 283
287
10.15 Le clonage moléculaire 10.16 Les vecteurs de clonage : les plasmides 10.17 Les vecteurs de clonage : le bactériophage lambda 10.18 La mutagenèse dirigée
290 292
IV
293
LE CHROMOSOME BACTÉRIEN
10.19 La carte génétique du chromosome d’Escherichia coli
287 288
294
II
MÉTHODES D’ÉTUDE DE L’ÉVOLUTION
ÉVOLUTION MICROBIENNE
306
308
313
11.8 La phylogénie microbienne fondée sur les séquences d’ARN ribosomique 313 11.9 Les caractéristiques des domaines du vivant 315
IV
TAXINOMIE MICROBIENNE ET RELATIONS AVEC LA PHYLOGÉNIE 317
11.10 11.11 11.12 11.13
La taxinomie conventionnelle La chimiotaxinomie Le concept d’espèce en microbiologie La nomenclature – le Bergey’s Manual
317 319 323 325
12 Diversité des procaryotes : les Bacteria
328
I
PHYLOGÉNIE DES BACTERIA
330
12.1 Phylogénie des Bacteria
330
II
331
12.2 12.3 12.4 12.5 12.6 12.7 12.8 12.9 12.10 12.11 12.12 12.13 12.14 12.15
PHYLUM 1 : LES PROTÉOBACTÉRIES
Bactéries pourpres phototrophes Bactéries nitrifiantes Bactéries sulfo-oxydantes et ferro-oxydantes Bactéries hydrogéno-oxydantes Méthanotrophes et méthylotrophes Pseudomonas et pseudomonades Bactéries acétiques Bactéries aérobies, libres, fixatrices d’azote Neisseria, Chromobacterium et genres apparentés Entérobactéries Vibrio et Photobacterium Rickettsiales Spirilles Protéobactéries gainées : Sphaerotilus et Leptothrix 12.16 Bactéries bourgeonnantes, à prosthèques, et pédonculées 12.17 Myxobactéries à mobilité glissante 12.18 Protéobactéries sulfato- et sulfo-réductrices
331 334 336 339 341 345 348 349 351 351 356 358 360 363 365 369 373
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XVI
III
Table des matières
PHYLA 2 ET 3 : LES BACTÉRIES GRAM POSITIF ET LES ACTINOBACTÉRIES
12.19 Bactéries Gram positif, non sporulées, à faible % G+C : bactéries lactiques et apparentées 12.20 Bactéries Gram positif, sporulées, à faible % G+C : Bacillus, Clostridium et bactéries apparentées 12.21 Bactéries sans paroi cellulaire, apparentées aux bactéries Gram positif, à faible (% G+C) : mycoplasmes 12.22 Bactéries (actinobactéries) Gram positif, à fort (% G+C) : bactéries corynéformes et propioniques 12.23 Autres actinobactéries : Mycobacterium sp. 12.24 Actinobactéries filamenteuses : Streptomyces et autres actinomycètes
IV
PHYLUM 4 : LES CYANOBACTÉRIES ET LES PROCHLOROPHYTES
II 375 375
381
386
388 390 392
397
12.25 Cyanobactéries 12.26 « Prochlorophytes » et chloroplastes
397 400
V
402
PHYLUM 5 : CHLAMYDIA
12.27 Chlamydia
VI
402
PHYLUM 6 : PLANCTOMYCES / PIRELLULA
404
12.28 Planctomyces : une bactérie pédonculée phylogénétiquement distincte
404
VII
EURYARCHAEOTA
424
13.3 Archaea halophiles extrêmes 13.4 Archaea productrices de méthane : les méthanogènes 13.5 Termoplasmatales : Thermoplasma, Ferroplasma et Picrophilus 13.6 Euryarchaeota hyperthermophiles : Thermococcales et Methanopyrus 13.7 Euryarchaeota hyperthermophiles : Archaeoglobales
432
III
437
CRENARCHAEOTA
13.8 Habitats et métabolisme énergétique des Crenarchaeota 13.9 Hyperthermophiles des habitats volcaniques terrestres : Sulfolobales et Thermoprotéales 13.10 Hyperthermophiles des habitats volcaniques sous-marins : Desulfurococcales
IV
NANOARCHAEOTA
13.11 Nanoarchaeum
V
L’ÉVOLUTION ET LA VIE À HAUTE TEMPÉRATURE
13.12 Stabilité thermique des molécules biologiques 13.13 Archaea hyperthermophiles, H2 et évolution microbienne
424 429
434 435
437 440 442
444 444
446 446 448
405
14 Biologie de la cellule eucaryote et micro-organismes eucaryotes 451
12.29 Verrucomicrobium et Prosthecobacter
405
I
VIII
406
PHYLUM 7 : VERRUCOMICROBIA PHYLUM 8 : LES FLAVOBACTÉRIES
12.30 Bacteroides et Flavobacterium
IX
PHYLUM 9 : LE GROUPE DES CYTOPHAGA 407
12.31 Cytophaga et apparentés
X
406
PHYLUM 10 : LES BACTÉRIES VERTES SULFUREUSES
407
408
12.32 Chlorobium et autres bactéries vertes sulfureuses
408
XI
410
PHYLUM 11 : SPIROCHÈTES
12.33 Spirochètes
410
XII
414
PHYLUM 12 : DEINOCOCCI
12.34 Deinococcus / Thermus
XIII
PHYLUM 13 : LES BACTÉRIES VERTES NON SULFUREUSES
STRUCTURE ET FONCTION DE LA CELLULE EUCARYOTE 452
14.1 Structure de la cellule eucaryote et noyau 452 14.2 Organelles de la respiration et de la fermentation : mitochondrie et hydrogénosome 453 14.3 Organelle photosynthétique : le chloroplaste 455 14.4 Endosymbiose : relations entre mitochondries et chloroplastes, d’une part, et bactéries, d’autre part 456 14.5 Autres organelles et structures de la cellule eucaryote 457
II
NOTIONS DE GÉNÉTIQUE ET DE BIOLOGIE MOLÉCULAIRE EUCARYOTES 459
414
14.6 Réplication de l’ADN linéaire 14.7 Notions de génétique eucaryote 14.8 Maturation de l’ARN et ribozymes
459 461 462
414
III
DIVERSITÉ MICROBIENNE EUCARYOTE
465
12.35 Chloroflexus et genres apparentés
415
XIV PHYLA 14 ET 16
417
12.36 Thermotoga et Thermodesulfobacterium 12.37 Aquifex, Thermocrinis et genres apparentés
417 418
14.9 14.10 14.11 14.12 14.13
Phylogénie des Eukarya Protozoaires Moisissures glaireuses Champignons Algues
465 468 472 474 478
XV
PHYLA 17 ET 18 : NITROSPIRA ET DEFERRIBACTER
12.38 Nitrospira, Deferribacter et genres apparentés
13 Diversité des procaryotes : les Archaea I
419 419
I
TECHNIQUES DE CLONAGE POUR LA GÉNOMIQUE
483 484
15.1 Vecteurs pour le clonage et le séquençage 15.2 Séquençage du génome 15.3 Annotation du génome
485 487 488
422
II
489
423
15.4 Génomes procaryotes : tailles et cadres ouverts de lecture
421
PHYLOGÉNIE ET MÉTABOLISME GÉNÉRAL 422
13.1 Panorama phylogénétique des Archaea 13.2 Conservation de l’énergie et autotrophie chez les Archaea
15 Génomique microbienne
GÉNOMES MICROBIENS
490
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Table des matières XVII 15.5 Génomes procaryotes : Analyses bioinformatiques et distributions des gènes 15.6 Génomes des micro-organismes eucaryotes
III
492 495
AUTRES GÉNOMES ET ÉVOLUTION DES GÉNOMES
496
15.7 Les génomes des organites 15.8 Évolution et familles de gènes 15.9 L’exploitation des génomes
496 499 500
IV
501
FONCTION ET RÉGULATION DES GÈNES
15.10 Protéomique 15.11 Puces à ADN et transcriptome
16 Diversité du monde des virus I
501 503
507
LES VIRUS DE PROCARYOTES
508
16.1 Bactériophages à ARN 16.2 Bactériophages à ADN monocaténaire icosaédriques 16.3 Bactériophages à ADN monocaténaire filamenteux 16.4 Bactériophages à ADN bicaténaire : le phage T7 16.5 Mu : un bactériophage à ADN bicaténaire qui se transpose 16.6 Les virus des Archaea
515 517
II
518
LES VIRUS D’EUCARYOTES
16.7 Virus végétaux 16.8 Virus animaux à ARN monocaténaire positif : poliovirus et coronavirus 16.9 Virus animaux à ARN monocaténaire négatif : la rage, la grippe et autres virus apparentés 16.10 Virus à ARN bicaténaire : les Reoviridae 16.11 Cycle réplicatif des virus animaux à ADN bicaténaire 16.12 Virus à ADN bicaténaire : les Herpesviridae 16.13 Virus à ADN bicaténaire : les Poxviridae 16.14 Virus à ADN bicaténaire : les Adenoviridae 16.15 Virus utilisant une transcriptase inverse : les Retroviridae et les Hepadnaviridae
508 510 512 513
519 521 523 527 528 530 531 532
17.8 Donneurs d’électrons inorganiques et énergétique 17.9 Oxydation de l’hydrogène 17.10 Oxydation des composés soufrés réduits 17.11 Oxydation du fer 17.12 Nitrification et Anammox
III
LA VIE EN ANAÉROBIOSE : LES RESPIRATIONS ANAÉROBIES
17.13 17.14 17.15 17.16 17.17 17.18
Respiration anaérobie Réduction des nitrates et dénitrification Réduction des sulfates Acétogénèse Méthanogenèse Fer ferrique, manganèse, chlorate et accepteurs d’électrons organiques
IV
MODES DE VIE ANAÉROBIES : FERMENTATIONS ET SYNTROPHIE
557 557 558 561 563
566 566 567 569 571 573 577
580
17.19 Fermentations : énergétique et équilibre redox 580 17.20 Diversité des fermentations 582 17.21 Syntrophie 584
V
OXYDATION DES HYDROCARBURES ET RÔLE D’O2 DANS LE CATABOLISME DES COMPOSÉS ORGANIQUES
586
17.22 Le rôle de l’oxygène moléculaire (O2) dans les processus biochimiques 17.23 Oxydation des hydrocarbures 17.24 Méthanotrophie et méthylotrophie 17.25 Métabolisme des hexoses, des pentoses et des polysacharides 17.26 Métabolisme des acides organiques 17.27 Utilisation des lipides
590 593 594
VI
595
FIXATION DE L’AZOTE
17.28 Nitrogénase et processus de fixation d’azote 17.29 Génétique et régulation de la fixation d’azote
18 Méthodes en écologie microbienne I
Diversité métabolique et écologie microbienne
I
CHIMIOLITHOTROPHIE : ÉNERGIE OBTENUE DE L’OXYDATION DE DONNEURS D’ÉLECTRONS INORGANIQUES 557
586 587 588
595 599
533
Partie trois
17 Diversité métabolique
II
ANALYSE DES COMMUNAUTÉS MICROBIENNES PAR LES MÉTHODES DE CULTURE
18.1 Enrichissement et isolement 18.2 Isolement en culture pure
539
PHOTOTROPHIE
17.1 Photosynthèse 17.2 Pigments photosynthétiques et leur localisation dans la cellule 17.3 Caroténoïdes et phycobilines 17.4 Photosynthèse anoxygénique 17.5 Photosynthèse oxygénique 17.6 Fixation autotrophe du CO2 : le cycle de Calvin 17.7 Fixation autotrophe du CO2 : cycle inverse de l’acide citrique et cycle de l’hydroxypropionate
II
540 541 542 545 546 551 553
555
ANALYSE DES COMMUNAUTÉS MICROBIENNES PAR LES MÉTHODES MOLÉCULAIRES
18.3 Techniques de coloration pour la viabilité et la quantification 18.4 Colorations génétiques 18.5 Utilisation de la PCR 18.6 Écogénomique (métagénomique)
III
MESURES DE L’ACTIVITÉ MICROBIENNE DANS L’ENVIRONNEMENT
18.7 Radio-isotopes et microélectrodes 18.8 Isotopes stables
602 603 603 607
609 609 612 613 615
616 617 619
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XVIII
Table des matières
19 Écologie microbienne I
ÉCOSYSTÈMES MICROBIENS
19.1 Populations, guildes, communautés 19.2 Environnements et microenvironnements 19.3 Croissance microbienne sur les surfaces et biofilms
II
HABITATS MICROBIENS DU SOL ET DES EAUX DOUCES
622 623 623 624 626
628
19.4 Environnements terrestres 19.5 Environnements d’eaux douces
628 632
III
633
MICROBIOLOGIE MARINE
19.6 Habitats marins et distribution des micro-organismes 19.7 Microbiologie abyssale 19.8 Sources hydrothermales
634 635 638
IV
641
CYCLES DU CARBONE ET DE L’OXYGÈNE
19.9 Cycle du carbone 19.10 Syntrophie et méthanogenèse 19.11 Cycle du carbone chez les ruminants
V
AUTRES CYCLES BIOGÉOCHIMIQUES MAJEURS
641 643 646
650
19.12 Cycle de l’azote 19.13 Cycle du soufre 19.14 Cycle du fer
650 652 653
VI
656
BIOREMÉDIATION MICROBIENNE
19.15 Biolixiviation des minerais 19.16 Le mercure et les transformations des métaux lourds 19.17 Biodégradation du pétrole 19.18 Biodégradation des xénobiotiques
VII 19.19 19.20 19.21 19.22
INTERACTIONS ENTRE PLANTES ET MICRO-ORGANISMES L’environnement des plantes Lichens et mycorhizes Agrobacterium et la maladie du crown gall Association symbiotique des bactéries des nodosités racinaires chez les Légumineuses
656 659 660 662
665 665 666 668 671
Partie quatre
Immunologie, pouvoir pathogène et réponse immunitaire de l'hôte 20 Contrôle de la croissance des micro-organismes I
CONTRÔLE ANTIMICROBIEN, LES MÉTHODES PHYSIQUES
679 681 681 684 686
II
688
CONTRÔLE ANTIMICROBIEN CHIMIQUE
AGENTS ANTIMICROBIENS UTILISÉS IN VIVO
20.6 Molécules antimicrobiennes de synthèse 20.7 Molécules antimicrobiennes naturelles : les antibiotiques 20.8 Antibiotiques à cycle β-lactame : pénicillines et céphalosporines 20.9 Antibiotiques produits par les procaryotes
IV
CONTRÔLE DES VIRUS PATHOGÈNES DES ORGANISMES EUCARYOTES
20.10 Molécules antivirales 20.11 Molécules antifongiques
V
RÉSISTANCES AUX MOLÉCULES ANTIMICROBIENNES ET DÉCOUVERTES DE NOUVELLES MOLÉCULES
20.12 Résistance aux molécules antimicrobiennes 20.13 Recherche de nouvelles molécules antimicrobiennes
21 Interactions homme– micro-organismes I
INTERACTIONS FAVORABLES ENTRE LES MICRO-ORGANISMES ET L’HOMME
21.1 Généralités sur les interactions hôte–microorganisme 21.2 Flore bactérienne normale de la peau 21.3 Flore bactérienne normale de la cavité buccale 21.4 Flore bactérienne normale du tractus gastrointestinal 21.5 Flore bactérienne normale des autres voies cutanéomuqueuses
II
INTERACTIONS NÉFASTES ENTRE LES MICRO-ORGANISMES ET L’HOMME
688 689
692 692 696 697 698
700 700 702
704 704 709
713 714 714 716 716 719 720
722
21.6 Porte d’entrée du pathogène chez l’hôte 21.7 Colonisation et croissance 21.8 Virulence
722 724 724
III
FACTEURS DE VIRULENCE ET TOXINES
727
21.9 21.10 21.11 21.12
Facteurs de virulence Exotoxines Entérotoxines Endotoxines
727 727 729 730
IV
FACTEURS DE L’HÔTE
731
21.13 Facteurs de risque d’infection 21.14 Résistance innée à l’infection
731 733
22 Immunologie générale
20.1 Stérilisation par la chaleur 20.2 Stérilisation par rayonnement 20.3 Filtration stérilisante 20.4 Contrôle chimique de la croissance 20.5 Agents antimicrobiens chimiques à usage externe
III
736
I
PANORAMA DU SYSTÈME IMMUNITAIRE
738
22.1 22.2 22.3 22.4
Cellules et organes du système immunitaire Réponse immunitaire innée Inflammation, fièvre et choc septique Réponse immunitaire adaptative
738 741 744 745
II
ANTIGÈNE, LYMPHOCYTE T ET IMMUNITÉ À MÉDIATION CELLULAIRE 746
22.5 Antigènes et immunogènes 22.6 Présentation de l’antigène aux lymphocytes T 22.7 Lymphocytes T cytotoxiques et cellules natural killer 22.8 Lymphocytes TH : activation de la réponse immunitaire
746 747 750 751
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Table des matières XIX
III
ANTICORPS DANS LA RÉPONSE IMMUNITAIRE
752
22.9 Anticorps (ou immunoglobulines) 22.10 Production des anticorps 22.11 Complément, anticorps et destruction du pathogène
IV
752 755 757
IMMUNITÉ ET PRÉVENTION DES MALADIES INFECTIEUSES 758
22.12 Immunité naturelle 22.13 Immunité artificielle 22.14 Nouvelles techniques de vaccination
759 759 761
V
762
MALADIES DE LA RÉPONSE IMMUNITAIRE
22.15 Allergie, hypersensibilité et auto-immunité 22.16 Superantigènes
23 Immunologie moléculaire I
762 765
767
RÉCEPTEURS DU SYSTÈME IMMUNITAIRE
768
23.1 Immunité innée et PRM 23.2 Immunité adaptative et superfamille des immunoglobulines
II
768 769
COMPLEXE MAJEUR D’HISTOCOMPATIBILITÉ
770
24.10 Tests immunoenzymatiques (ELISA) et dosages radio-immunologiques (RIA) 24.11 Procédés d’Immunoblot
III
MÉTHODES DE DIAGNOSTIC MOLÉCULAIRE ET DE DIAGNOSTIC VIROLOGIQUE
24.12 Méthodes moléculaires 24.13 Diagnostic virologique
25 Épidémiologie PRINCIPES EN ÉPIDÉMIOLOGIE
822
25.1 25.2 25.3 25.4 25.5
Science de l’épidémiologie Vocabulaire en épidémiologie Réservoirs et épidémie Transmission des infections Communauté de l’hôte
823 823 825 828 829
II
ÉPIDÉMIES ACTUELLES
831
III
773
III
IV
RÉCEPTEURS D’ANTIGÈNE DES CELLULES T
775
23.7 TCR et liaison à l’antigène 23.8 La diversité des gènes du TCR
V
775 776
SIGNAUX MOLÉCULAIRES DE L’AUTO-IMMUNITÉ
777
23.9 Réaction clonale et tolérance 23.10 Seconds signaux 23.11 Cytokines et chimiokines
777 778 779
24 Diagnostic microbiologique et immunologique I
783
MÉTHODES DIAGNOSTIQUES FONDÉES SUR LA CROISSANCE BACTÉRIENNE
24.1 Isolement des agents pathogènes à partir des échantillons cliniques 24.2 Méthodes d’identification basées sur les caractéristiques de croissance 24.3 Étude de la résistance aux antimicrobiens 24.4 Sécurité dans les laboratoires de microbiologie
II
MÉTHODES IMMUNOLOGIQUES ET DE DIAGNOSTIC CLINIQUE
24.5 Immunoanalyses pour le diagnostic des maladies infectieuses 24.6 Anticorps polyclonaux et monoclonaux 24.7 Réactions antigène-anticorps in vitro : sérologie 24.8 Agglutination 24.9 Anticorps fluorescents
784 784 790 792 795
797 797 800 802 804 806
821
I
770 771
773 774
814 818
Maladies microbiennes
23.3 Structure des protéines du CMH 23.4 Le polymorphisme des gènes du CMH
ANTICORPS
814
Partie cinq
25.6 Pandémie du SIDA 25.7 Infections acquises à l’hôpital (nosocomiales) 25.8 Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)
23.5 Structure des anticorps et de leur liaison aux antigènes 23.6 Diversité des gènes des anticorps
809 813
ÉPIDÉMIOLOGIE ET SANTÉ PUBLIQUE
25.9 Mesures de santé publique pour le contrôle des maladies infectieuses 25.10 Considérations générales en santé publique 25.11 Infections émergentes et réémergentes 25.12 Guerre et armes biologiques 25.13 Le bacille du charbon en tant qu’arme biologique
26 Maladies infectieuses à transmission interhumaine I
MALADIES TRANSMISSIBLES PAR VOIE MÉRIENNE
26.1 26.2 26.3 26.4 26.5 26.6
Pathogènes aériens Maladies streptococciques Corynebacterium spp. et diphtérie Bordetella spp. et coqueluche Mycobacterium, tuberculose et lèpre Neisseria meningitidis, méningite et méningococcémie 26.7 Virus et infections respiratoires 26.8 Rhumes et grippe
II
MALADIES TRANSMISSIBLES PAR CONTACT DIRECT
26.9 Staphylococcus spp. 26.10 Helicobacter pylori et ulcères gastriques 26.11 Virus des hépatites
III
MALADIES SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES
26.12 Gonococcie et syphilis 26.13 Chlamydiose, herpès et trichomonose 26.14 Syndrome d’immunodéficience acquise : SIDA et VIH
831 832 833
834 834 837 837 843 844
848 849 849 851 853 854 855 858 860 862
865 865 867 868
870 871 874 876
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XX
Table des matières
27 Maladies microbiennes transmises par des animaux, par des arthropodes ou d’origine tellurique I
MALADIES TRANSMISES PAR DES ANIMAUX
27.1 Rage 27.2 Syndrome pulmonaire à hantavirus
Partie six 886 887 887 889
Les micro-organismes : des outils pour la recherche et l'industrie 30 Microbiologie industrielle I
MICRO-ORGANISMES INDUSTRIELS ET FORMATION DES PRODUITS
II
MALADIES TRANSMISES PAR DES ARTHROPODES
891
27.3 27.4 27.5 27.6 27.7
Rickettsioses Maladie de Lyme Paludisme Virus West Nile Peste
891 893 896 899 900
30.1 Micro-organismes d’intérêt industriel et leurs produits 30.2 Métabolites primaires et secondaires 30.3 Caractéristiques des fermentations à grande échelle 30.4 Mise à l’échelle des fermenteurs
III
MALADIES D’ORIGINE TELLURIQUE
902
II
27.8 Champignons microscopiques pathogènes 27.9 Tétanos
902 905
28 Traitement des eaux usées et purification de l’eau, maladies microbiennes d’origine hydrique 907 I
MICROBIOLOGIE DES EAUX USÉES ET PURIFICATION DE L’EAU
28.1 Santé publique et qualité de l’eau 28.2 Traitement des eaux usées 28.3 Purification de l’eau potable
II
MALADIES INFECTIEUSES À TRANSMISSION HYDRIQUE
28.4 28.5 28.6 28.7 28.8
Eau et risques sanitaires Choléra Giardiase et cryptosporidiose Légionellose (maladie des légionnaires) Fièvre typhoïde et autres maladies à transmission hydrique
908 908 910 914
915 915 916 918 920 921
29 Conservation des aliments et maladies d’origine alimentaire 924 I
CONSERVATION DES ALIMENTS ET CROISSANCE MICROBIENNE
29.1 Croissance microbienne et altération des aliments 29.2 Conservation des aliments 29.3 Aliments fermentés
II
925 925 926 929
ANALYSE BACTÉRIOLOGIQUE DES ALIMENTS ET TOXI-INFECTIONS ALIMENTAIRES
931
29.4 Maladies infectieuses d’origine alimentaire et analyse bactériologique 29.5 Toxi-infections alimentaires à staphylocoques 29.6 Toxi-infections alimentaires à Clostridium
931 933 934
III
INFECTION ALIMENTAIRE
936
29.7 29.8 29.9 29.10 29.11
Salmonellose Escherichia coli pathogènes Campylobacter Listériose Autres maladies infectieuses d’origine alimentaire
PRODUITS PHARMACEUTIQUES
30.5 Isolement et caractérisation des antibiotiques 30.6 Production industrielle de pénicillines et de tétracyclines 30.7 Vitamines et acides aminés 30.8 Procédés de biotransformation des stéroïdes 30.9 Les enzymes en tant que produits industriels
III
PRINCIPAUX PRODUITS INDUSTRIELS ALIMENTAIRES ET BOISSONS
30.10 30.11 30.12 30.13
Boissons alcoolisées et alcools Production du vinaigre Acide citrique et autres composés organiques La levure en tant que nourriture et supplément diététique 30.14 Champignons comestibles
943 944 944 945 947 948
949 949 950 954 956 957
959 959 964 966 966 968
31 Génie génétique et biotechnologie970 I
TECHNIQUES DU GÉNIE GÉNÉTIQUE
971
31.1 31.2 31.3 31.4 31.5
Principes découlant du génie génétique Hôtes et vecteurs de clonage Identifier le bon clone Vecteurs spécifiques Expression de gènes de mammifères chez des bactéries
971 973 974 976 979
APPLICATIONS PRATIQUES DU GÉNIE GÉNÉTIQUE
981
II
31.6 Production d’insuline : les débuts de la biotechnologie commerciale 31.7 Autres produits et protéines de mammifères 31.8 Vaccins issus du génie génétique 31.9 Génie génétique appliqué à la génétique animale et humaine 31.10 Génie génétique en production végétale : les plantes transgéniques
981 982 983 986 987
Annexe 1
936 937 938 939
Bioénergétique microbienne : les calculs
992
Annexe 2
Bergey’s manual of systematic Bacteriology, deuxième édition
997
940
Index
1009
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Préface des auteurs Nous vivons à l’âge de la microbiologie. Chaque jour ou presque, sont publiés des articles relatant les nouvelles découvertes de cette science extraordinaire : nouvelles maladies émergentes, nouveaux organismes et nouveaux outils de recherche. Ainsi va la microbiologie de nos jours. Pour vous présenter le paysage de cette discipline et ses actualités de dernière minute, voici la 11e édition du Brock, Biologie des micro-organismes. Ce manuel a vu le jour il y a trente-cinq ans. Depuis la publication de la première édition de Brock Biology of Microorganisms par Thomas D. Brock (Prentice Hall, 1970), ce livre a un objectif simple et unique : exposer les principes de la microbiologie dans le cadre de la science moderne. La 11e édition poursuit cette tradition et s’exprime avec la même précision et la même rigueur que les dix éditions précédentes. De nos jours, la microbiologie est très exigeante aussi bien envers les étudiants que les enseignants. La quantité d’informations disponibles est énorme, les prérequis indispensables dans le domaine scientifique sont très importants et les cours d’introduction à la microbiologie sont combles. Les auteurs de la 11e édition du Brock, Biologie des micro-organismes sont parfaitement au fait de ces problèmes et ont beaucoup travaillé pour mettre au point un manuel de microbiologie où les principes, que viennent compléter les détails, sont clairs et évidents et les concepts de base bien intégrés. Nous espérons que vous en conviendrez.
Les nouveautés de la 11e édition Les habitués du Brock, Biologie des micro-organismes trouveront dans la nouvelle édition le même livre de chevet qu’ils appréciaient. Cependant, les enseignants tireront mieux profit de cette édition pour leurs cours et elle représentera pour les étudiants une mine d’informations encore plus inestimable. La 11e édition est orientée vers une pédagogie visuelle. Sa conception est dans la continuation de la 10e, mais apporte des nouveautés en termes de présentation, de couleurs et d’illustrations. Les chapitres sont organisés et numérotés selon le système logique et pratique mis en place dès la 1re édition. Mais désormais, chaque chapitre est organisé en plusieurs ensembles regroupant des informations apparentées et incorporant les concepts dans des paragraphes plus compréhensibles. Comme dans les précédentes éditions, un glossaire, qui définit les termes essentiels pour les étudiants, ouvre chaque chapitre, mettant ainsi en exergue le langage microbiologique. L’encadré « Contrôlez vos acquis » demeure mais est désormais mieux signalé. Il permet à l’étudiant de faire une pause, de réfléchir et de réviser avant de passer au concept suivant. Le lecteur trouvera toujours également des questions et des problèmes en fin de chapitre. L’ensemble de l’ouvrage s’achève par un index détaillé.
Pour chaque chapitre, des « focus », conçus pour une lecture agréable et richement illustrés, complètent l’information donnée dans le chapitre. La présentation des tableaux a été complètement modifiée pour une lecture plus efficace et mieux organisée. Ces tableaux étant indispensables dans une science telle que la microbiologie, ce remodelage plaira aussi bien aux enseignants qu’aux étudiants. D’autres outils pédagogiques faciliteront la lecture, tels les titres plus visibles, les nombreux renvois aux chapitres, les figures ainsi que les questions de révision. Celles-ci aideront l’étudiant à rafraîchir sa mémoire avant de pouvoir se reporter aux réponses. Illustrer cet ouvrage est une tâche particulière, chaque illustration ayant été redessinée par de nouveaux artistes. Le résultat est plus brillant, plus clair, plus coloré, plus attractif, plus précis et plus détaillé que jamais. Le lecteur repèrera immédiatement toutes ces nouveautés, telles que les flèches rouges et ondulées indiquant les réactions énergétiques. Les réactions cellulaires qui produisent ou consomment de l’ATP sont souvent essentielles et cette signalisation colorée est là pour attirer l’attention de l’étudiant. Bien que la 11e édition soit plus courte que les précédentes, elle offre de considérables nouveautés. Chaque chapitre contient de nouvelles informations, dont nous pouvons ici vous donner un avant-goût : les formes toxiques de l’oxygène (chapitre 6) ; la diversité des facteurs sigma, les séquences consensus et les ARN polymérases (chapitre 7) ; la réponse stringente (chapitre 8) ; la régulation de l’ARN et les riboswitches (chapitre 8) ; les particules subvirales (chapitre 9) ; les sources de carbone et le métabolisme énergétique des formes de vie primitives (chapitre 11) ; la biologie de Nanoarchaeum (chapitre 13) ; la maturation de l’ARN et les ribozymes (chapitre 17) ; la réplication de l’ADN linéaire (chapitre 17) ; l’annotation du génome (chapitre 15) ; l’analyse bioinformatique et la distribution des gènes chez les procaryotes (chapitre 15) ; les puces à ADN et le transcriptome (chapitre 15) ; les virus des Archaea (chapitre 16) ; la génomique environnementale (chapitre 18) ; les risques liés à l’hôte dans le cas des infections (chapitre 21) ; inflammation, fièvre et choc septique (chapitre 22) ; l’immunité naturelle (chapitre 22) ; récepteurs et immunité (chapitre 23) ; le virus West Nile (chapitre 27) ; échantillonnage microbien et contamination des aliments (chapitre 29) ; syndrome respiratoire aigu grave (SRAS ; chapitre 25) ; l’anthrax, arme biologique (chapitre 25) et les aliments fermentés (chapitre 29).
Remerciements Le présent ouvrage est le produit de l’effort collectif de nombreuses personnes. Parmi elles, le personnel de Prentice Hall/ Pearson Publishing, et particulièrement Gary Carlson, éditeur en chef, Susan Zeigler et Jennifer Hart, ses assistantes, ainsi
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XXII
Préface des auteurs
que Debra Wechsler, notre remarquable directrice de production. Gary a guidé cette édition tandis que Susan, Jennifer et Debra contrôlaient les étapes du projet et assuraient le lien entre l’édition et la production. Ed Thomas (production) doit aussi être remercié pour son aide dès le début du projet. Les auteurs remercient chaleureusement pour leur rôle essentiel Kenny Beck et Jay McElroy, directeurs du service artistique, ainsi que Patrick Shriner et Crissy Dudonis, nos excellents éditeurs multimédia. La révision de l’ensemble du manuscrit a été assurée avec talent par Jane Loftus (Clackamas, OR). Les auteurs souhaitent particulièrement remercier la contribution consciencieuse et très utile dès le début du projet de Jon Haber (New York), responsable du développement, ainsi que les compétences de Deborah O. Jung (Carbondale) en ce qui concerne les photographies numériques. Nous remercions du fond du cœur le rôle essentiel de Elizabeth McPherson (université du Tennessee) et de David Crowley (université de Californie-Riverside) pour leurs relectures attentives. Les auteurs tiennent aussi à remercier leurs étudiants de troisième cycle, leurs collègues et l’équipe du département de microbiologie pour leur aide et leur patience durant la période laborieuse de préparation qu’un livre de cette envergure demande. La patience apparemment infinie de nos épouses, Nancy et Judy, malgré les heures innombrables passées loin d’elles pendant la réalisation de cet ouvrage, mérite nos remerciements. Leur amour, leur compréhension et leur soutien ont permis aux auteurs d’allouer à ce projet ambitieux le temps nécessaire. Enfin, nous sommes extrêmement reconnaissants de l’aide de tous ceux qui ont relu le manuscrit ou fourni des photographies pour la 11e édition : Laurie Achenbach, université de l’Illinois du Sud Richard Adler, université du Michigan-Dearborn Karen Aguirre, Clarkson University Stephen Aley, université du Texas-El Paso Mary Allen, Hartwick College Ricardo Amils, université autonome de Madrid Robert Andrews, université de l’État de l’Iowa Michael Benedik, université Texas A&M David Boone, université de l’État de Portland Matt Boulton, université du Michigan Cheryl Broadie, université de l’Illinois du Sud Jean Cardinale, Alfred University Jannice Carr, Centers for Disease Control and PreventionAtlanta David Clark, université de l’Illinois du Sud Rhonda Clark, université de Calgary Morris Cooper, université de l’Illinois du Sud, faculté de médecine David Crowley, université de Californie-Riverside Mark Davis, université d’Evansville Michael Davis, université centrale de l’État du Connecticut Dennis Dean, université Virginia Tech Arvind Dhople, Institut de technologie de Floride Biao Ding, université de l’État de l’Ohio Rodney Donlan, Centers for Disease Control and Prevention-Atlanta Paul Dunlap, université du Michigan
Paul Edmonds, Institut de technologie de Géorgie Elizabeth Ehrenfeld, Southern Maine Community College Bruce Farnham, Metropolitan State University-Denver Rebecca Ferrell, Metropolitan State University-Denver Doug Fix, université de l’Illinois du Sud Niels-Ulrik Frigaard, université de l’État de Pennsylvanie George Garrity, université de l’État du Michigan Claire Geslin, université de Bretagne occidentale Eric Grafman, Centers for Disease Control and PreventionAtlanta Bonita Glatz, université de l’État de l’Iowa Ricardo Guerrero, université de Barcelone John Haddock, université de l’Illinois du Sud Martin Hanczyc, université de Harvard Ernest Hanning, université du Texas-Dallas Pamela Hathorn, Midwestern University John Hayes, Institut océanographique Woods Hole Lee Hughs, université du Texas du Nord Michael Ibba, université de l’État de l’Ohio Johannes Imhoff, université de Kiel Mary Johnson, université de l’Indiana Deborah Jung, université de l’Illinois du Sud Judy Kandel, université de Californie-Fullerton Patrick Keeling, université de Colombie britannique Joan Kiely, SUNY-Stonybrook Arthur Koch, université de l’Indiana Allan Konopka, Purdue University Vikki Kourkouliotis, Laboratoire national des énergies renouvelables Susan F. Koval, université de l’Ontario occidental Harry Kurtz, Clemson University Sharon Long, université du Massachusetts Bonnie Lustigman, université de l’État de Montclair Mark Martin, Occidental College William McCleary, Brigham Young University Elizabeth McPherson, université du Tennessee Ohad Medalia, Institut Max Planck de biochimie Jianghang Meng, université du Maryland Eric Miller, université de l’État de Caroline du Nord Abraham Minisky, Institut de sciences Weizmann Ivan Oresnik, université de Manitoba Jörg Overmann, université de Munich Norm Pace, université du Colorado Jack Parker, université de l’Illinois du Sud Laurence Pelletier, Institut Max Planck de génétique et biologie cellulaire et moléculaire Michael Pfaller, université de l’Iowa Reinhard Rachel, université de Regensburg Michael Rappe, université de l’État de l’Oregon Chris Rensing, université de l’Arizona Frank Roberto, Laboratoire national d’ingéniérie et d’environnement de l’Idaho Craig Rouskey, université de l’Illinois du Sud Jill Zeilstra Ryalls, université d’Oakland Herb Schelhorn, McMaster University Bernhard Schink, université de Constance Heide Schulz, université de Californie-Davis Kate Scow, université de Californie-Davis James Shapleigh, université Cornell
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Préface des auteurs XXIII
Jolynn Smith, université de l’Illinois du Sud Jerry Sipe, Anderson University Nancy Spear, Murphysboro Julia Thompson, Société américaine de microbiologie Sonia Tiquia, université du Michigan David Tison, Multicare Health Systems Paul Tomasek, université de Californie-Northridge Amy Treonis, Creighton University Michael Wagner, université de Vienne David Ward, université de l’État du Montana Joy Watts, université du Maryland Mary Watwood, université de l’Arizona du Nord Susan Wells, Affymetrix Carl Woese, université de l’Illinois Gordon Wolfe, université de Californie-Chico
Alexander Worden, université de Miami Mark Young, université de l’État du Montana Stephen Zinder, université Cornell Les auteurs sont seuls responsables des erreurs et omissions présentes dans ce livre. Pour les anciennes éditions, les lecteurs ont eu l’amabilité de contacter les auteurs pour signaler les erreurs rencontrées. Même si nous souhaitons que cette 11e édition soit parfaite, nous savons qu’aucun livre ne l’est. Nous encourageons donc les lecteurs à contacter les auteurs à propos des erreurs qui auraient pu subsister. Nous espérons qu’ils apprécieront cette 11e édition du Brock, Biologie des micro-organismes. Michael T. Madigan ([email protected]) John M. Martinko ([email protected])
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7209.book Page XXIV Jeudi, 2. août 2007 5:59 05
Préface à l’édition française Il y a une dizaine d’années, je participais à la conférence internationale sur les organismes thermophiles (Thermophiles 96), organisée par mes collègues américains de l’université de Géorgie (Athens, Géorgie, États-Unis). Mon laboratoire souhaitant organiser l’édition suivante (Thermophiles 98, Brest, France), nous étions venus « en force », soit une dizaine de doctorants et chercheurs. Visitant le campus de l’université avant le début du congrès, nous sommes entrés dans le bâtiment abritant le centre commercial de l’université où l’on trouve nourriture, vêtements, T-shirts et autres accessoires aux couleurs de l’équipe de football américain, papeterie et livres recommandés par les enseignants. À la sortie du magasin que nous avions parcouru individuellement, au moins la moitié d’entre nous avait fait, sans concertation aucune, l’acquisition d’un ouvrage de microbiologie : le Brock, à l’époque la 8e édition. Nommé professeur à l’université de Bretagne occidentale en septembre de la même année et venant du CNRS, je dois dire que cet ouvrage a été un compagnon précieux pour la préparation d’une bonne partie de mes cours. C’est dès cette époque que l’idée de disposer d’une édition française a germé dans mon esprit. Dix ans après la découverte de ce livre, une édition française voit le jour grâce au travail intense d’une équipe de traducteurs venant en très grande majorité de l’université de Bretagne occidentale (Brest et Quimper). Nous nous sommes efforcés de respecter l’esprit et le style de la version originale, traduisant tout ce qui pouvait et devait l’être, mais renonçant à inventer des expressions nouvelles pour des expressions, certes anglaises, mais utilisées telles quelles dans tous les laboratoires au monde. Sans outrepasser notre rôle de traducteurs, nous avons parfois supprimé, avec l’accord de l’éditeur, des passages qui n’étaient informatifs que pour des lecteurs
d’Amérique du Nord et ajouté des informations plus utiles à des lecteurs francophones, et en particulier français. Nous espérons que tous nos collègues et étudiants francophones, futurs utilisateurs de ce livre, trouveront dans cette édition française une aide efficace pour l’enseignement et l’apprentissage de cette belle discipline qu’est la microbiologie. Je remercie Pascale Pernet, directrice éditoriale de Pearson Éducation France, d’avoir accepté de publier cette traduction. Merci à Louise Blottière, éditrice scientifique, pour ses précieux conseils et sa collaboration efficace. Pearson Éducation France et moi-même remercions George Szatmari, professeur à l’université de Montréal (Canada), pour sa participation à la relecture de la traduction française. Merci enfin à Thomas Brock, l’initiateur de cet ouvrage et microbiologiste de talent dont je cite souvent les travaux à mes étudiants. Les paléontologues qui amplifient de l’ADN fossile, les médecins qui traquent les pathogènes émergents, les ingénieurs qui contrôlent la qualité de nos aliments, les policiers scientifiques qui réalisent des empreintes génétiques, les chercheurs du monde entier qui utilisent les techniques de biologie moléculaire, tous ceux qui pratiquent la PCR (amplification en chaîne par polymérase) ou utilisent la « Taq polymérase »… Savent-ils tous ce qu’ils doivent à Thomas Brock ? Thomas Brock, qui eut l’idée géniale de rechercher des micro-organismes vivants dans les sources thermales du parc de Yellowstone aux États-Unis dans les années 1960 et découvrit la première bactérie thermophile, Thermus aquaticus, qui allait permettre tous ces travaux grâce à son ADN polymérase thermostable. Daniel PRIEUR
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7209.book Page 1 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
I
Introduction à la microbiologie
3
1.1 1.2 1.3
La microbiologie Les micro-organismes en tant que cellules Les micro-organismes et leur environnement naturel L’impact des micro-organismes sur l’homme et ses activités
3 3
II
Découvertes en microbiologie
9
1.5
Les racines historiques de la microbiologie : Hooke, van Leeuwenhoek et Cohn Pasteur, Koch et les cultures pures La diversité microbienne et la naissance de la microbiologie générale L’ère moderne de la microbiologie
1.4
1.6 1.7 1.8
CHAPITRE UN
Micro-organismes et microbiologie
6 7
9 11 15 18
Les micro-organismes sont des cellules vivantes microscopiques et indépendantes qui, comme les humains, vivent en communauté.
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7209.book Page 2 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
2 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie
GLOSSAIRE
B
(d)
À quoi correspond la microbiologie ? Cette science étudie le fonctionnement des cellules, plus particulièrement des bactéries, un vaste groupe de cellules (voir figure 1.1). Elle étudie également la diversité, l’évolution, la façon dont les différents micro-organismes survivent et pourquoi, ainsi que leur rôle sur la planète, au sein de la société humaine, du corps humain,
T. D. Brock (c)
(b)
Paul Dunlap
(a)
Norbert Pfennig
ienvenue dans la microbiologie – l’étude des microorganismes. Les micro-organismes constituent un ensemble important et diversifié d’organismes microscopiques, existant en tant que cellule seule ou en groupe. Cet ensemble inclut également les virus microscopiques, mais non cellulaires.
Enzyme (enzyme) Protéine dont la fonction est d’augmenter la vitesse (catalyse) d’une réaction chimique spécifique. Génération spontanée (spontaneous generation) Hypothèse selon laquelle les organismes vivants peuvent avoir pour origine de la matière inorganique. Habitat (habitat) Partie d’un environnement où se développe une population microbienne. Métabolisme (metabolism) Ensemble des réactions biochimiques se déroulant dans une cellule. Micro-organisme (microorganism) Organisme microscopique constitué d’une cellule unique ou d’un groupe de cellules. Les virus (non cellulaires) sont aussi considérés comme des microorganismes. Pathogène (pathogen) Micro-organisme induisant une maladie. Postulats de Koch (Koch’s Postulates) Ensemble de critères démontrant qu’un micro-organisme donné provoque une maladie donnée. Stérile (sterile) Absence de tout organisme vivant (virus compris).
Ricardo Guerrero
ADN (DNA) Acide désoxyribonucléique, matériel héréditaire des cellules et de certains virus. ARN (RNA) Acide ribonucléique impliqué dans la synthèse protéique tels l’ARN messager, l’ARN de transfert et l’ARN ribosomique. Cellule (cell) L’unité fondamentale de la matière vivante. Culture d’enrichissement (enrichment culture) Méthode permettant d’isoler des micro-organismes de leur milieu en utilisant un milieu de culture et des conditions de culture spécifiques. Culture pure (pure culture) Culture constituée d’un type unique de micro-organisme. Cytoplasme (cytoplasm) Contenu d’une cellule vivante, entouré par la membrane plasmique à l’exception du noyau, s’il est présent. Écologie (ecology) Étude des interactions entre les organismes vivants et leur environnement. Écosystème (ecosystem) Ensemble des organismes et des composants abiotiques d’un environnement particulier.
FIGURE 1.1 Micro-organismes. (a, b) Une cellule unique peut avoir une existence indépendante. Les photographies représentent des bactéries pourpres (a) et des cyanobactéries (b). Les bactéries pourpres ont été parmi les premières phototrophes sur la Terre, alors que les cyanobactéries ont été les premières à produire de l’oxygène. Les cyanobactéries oxygénant l’atmosphère ont permis l’évolution des autres formes de vie (c, d). Dans la nature ou au laboratoire, les cellules bactériennes peuvent croître pour former des populations importantes. La photographie c montre une efflorescence de bactéries pourpres (voir figure 1.15) dans un lac en Espagne (lac Ciso), et l’image d, des cellules bioluminescentes de Photobacterium leignathi cultivées en laboratoire. Un millilitre de l’eau du lac (c) ou une colonie issue de la boîte de Petri (d) contient plus d’un milliard (10 9) de cellules.
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1.1 La microbiologie 3
chez les animaux et les plantes. D’une façon ou d’une autre, les micro-organismes influent sur toutes les formes de vie sur la Terre (voir figure 1.1b), c’est pourquoi la microbiologie est importante. Les micro-organismes sont distincts des cellules animales et végétales qui constituent les macro-organismes. Celles-ci sont incapables de se développer seules dans la nature et n’existent que comme des parties de structures pluricellulaires, telles que les organes chez les animaux ou les composants structuraux chez les plantes. Au contraire, de nombreux micro-organismes sont capables d’effectuer leur cycle vital, de produire leur énergie et de se reproduire indépendamment des autres cellules. Nous aborderons au cours de ce chapitre les caractéristiques des micro-organismes et leur impact sur la vie. La structure et l’évolution des micro-organismes seront dévoilées dans le chapitre suivant, et la microbiologie y sera également envisagée dans une perspective historique, en tant que processus de découverte scientifique. Grâce à la contribution des premiers microbiologistes et de ceux d’aujourd’hui, la microbiologie étend ses ramifications en médecine, en agriculture et en sciences de l’environnement.
I
INTRODUCTION À LA MICROBIOLOGIE
Les quatre premières parties de ce chapitre concernent la découverte de la microbiologie, les micro-organismes en tant que cellules, leur place dans l’environnement ainsi que leur impact sur les activités humaines.
m n1.1 La microbiologie La microbiologie s’organise autour de deux thèmes principaux : science de la vie et application de la science aux besoins humains. En tant que science biologique fondamentale, la microbiologie fournit les outils pour la compréhension des processus de vie. Les connaissances de base en chimie et en physique de la vie proviennent de l’étude des micro-organismes, car leurs cellules possèdent de nombreuses similitudes avec celles des organismes pluricellulaires. De plus, les cellules microbiennes peuvent se développer à de fortes densités dans des cultures en laboratoire (voir figure 1.1d) et sont donc utilisées pour les études de biochimie et de génétique. Ces propriétés font des micro-organismes d’excellents modèles de compréhension des fonctionnements cellulaires chez les organismes supérieurs. En tant que science appliquée, la microbiologie s’intéresse à de nombreux problèmes en médecine, agriculture et industrie. Les plus importantes maladies humaines, animales et végétales sont causées par des micro-organismes. Cependant ceux-ci jouent également un rôle important dans la fertilité des sols et l’élevage d’animaux domestiques. De plus, ils sont impliqués dans de nombreux processus industriels et biotechnologiques comme la production d’antibiotiques ou de protéines humaines.
L’importance des micro-organismes En l’absence de micro-organismes, les formes complexes de vie n’auraient pu se développer et se maintenir. En effet, l’oxygène que nous respirons provient de l’activité microbienne (voir figure 1.1b). Les hommes, les animaux et les plantes sont étroitement liés aux activités microbiennes dans le recyclage des nutriments et la dégradation de la matière organique. Aucune autre forme de vie ne permet le maintien de la vie sur la planète avec autant d’importance que les micro-organismes. Les micro-organismes existent sur la Terre depuis des milliards d’années, avant même l’apparition des plantes et des animaux. De plus, l’évolution de leur diversité a largement dépassé celle des autres organismes. Cette diversité fait partie de leurs nombreuses propriétés. Par exemple, les micro-organismes peuvent se développer dans des environnements hostiles pour les organismes supérieurs, et la diversité de leurs capacités physiologiques les situe au rang des plus grands chimistes. Ces mêmes micro-organismes ont également établi des relations avec les organismes supérieurs, relations bénéfiques ou néfastes. Chez l’homme, une bonne santé mais aussi de nombreuses maladies sont dues à leur action. Les micro-organismes sont au centre du fonctionnement de la biosphère. La microbiologie est également la science fondatrice en biologie.
micro-organismes m n1.2 Les en tant que cellules La cellule est l’unité fondatrice de la vie. Une cellule unique est une entité isolée des autres cellules par une membrane et contenant une variété de structures internes et de composés chimiques (voir figure 1.2). La membrane cellulaire (ou cytoplasmique) permet la séparation de la cellule de l’environnement extérieur. La compartimentalisation est un prérequis pour la vie et permet aux composés chimiques de se maintenir à des concentrations suffisantes afin de permettre aux réactions chimiques d’avoir lieu. La cellule n’est pas un système fermé, mais, au contraire, une entité dynamique et ouverte. Les cellules communiquent et échangent du matériel avec leur environnement et subissent constamment des changements (pour le détail de la structure et des fonctions cellulaires, voir chapitres 2, 4 et 14).
La chimie cellulaire et les clés structurales Les cellules sont des structures très organisées, constituées principalement de quatre composés chimiques : les protéines, les acides nucléiques, les lipides et les polysaccharides. Ces molécules sont appelées des macromolécules. C’est la chimie et l’organisation de ces macromolécules dans les différentes cellules qui distinguent les différents organismes. Du point de vue chimique, les cellules ont beaucoup en commun, qu’elles appartiennent à une plante, à un animal ou à un micro-organisme. Il y a de nombreuses structures essentielles dans une cellule. La membrane cytoplasmique est une barrière qui sépare l’intérieur de l’extérieur de la cellule. Côté interne de la cellule,
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7209.book Page 4 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
Micro-organismes et microbiologie
1. Métabolisme Les nutriments prélevés dans l’environnement sont transformés dans la cellule et les déchets sont éliminés dans l’environnement. La cellule est un système ouvert.
L.K. Kimble et M.T. Madigan
4 Chapitre 1
Cellule
Environnement Herbert Voelz
(a) 2. Reproduction (croissance) Les éléments chimiques de l’environnement se transforment en de nouvelles cellules sous la conduite de cellules préexistantes.
(b) FIGURE 1.2 Cellules. (a) Cellules bactériennes en forme de bacilles observées au microscope ; une cellule mesure environ 1 µm de diamètre. (b) Coupe longitudinale d’une cellule bactérienne observée au microscope électronique. Les deux zones claires correspondent au nucléoïde contenant l’ADN.
il existe nombre de structures ou de composés chimiques en suspension ou solubles dans le cytoplasme. Au sein de celui-ci, se trouve la machinerie cellulaire permettant la croissance et le fonctionnement de la cellule. Les structures essentielles comprennent le noyau ou nucléoïde, contenant les informations génétiques – ADN (acide désoxyribonucléique) – et les ribosomes, structures au niveau desquelles les nouvelles protéines sont synthétisées dans la cellule.
3. Différenciation La formation d’une nouvelle structure cellulaire telle qu’une spore fait partie du cycle cellulaire. Spore
4. Communication Les cellules communiquent ou interagissent par des échanges de molécules chimiques.
Les caractéristiques des systèmes vivants Quelles sont les caractéristiques essentielles de la vie ? Qu’est-ce qui différencient les cellules des objets inanimés ? Notre concept du vivant est contraint par ce que nous observons sur la Terre aujourd’hui ou ce que nous déduisons des données fossiles. Ainsi, avec nos connaissances en biologie, de nombreuses caractéristiques appartenant à la plupart des systèmes vivants peuvent être identifiées (voir figure 1.3). Tous les organismes cellulaires possèdent un métabolisme particulier. Les cellules prélèvent les nutriments de leur environnement et les transforment, conservant une part de l’énergie présente dans ces substances sous une forme assimilable ; ensuite elles éliminent les déchets. Toutes les cellules se reproduisent. Une cellule peut diriger une série d’événements biochimiques permettant la croissance et la division afin de former deux cellules. De nombreuses cellules subissent une différenciation, un processus par lequel de nouvelles structures et substances sont formées. La différenciation cellulaire fait partie du cycle au cours duquel les cellules forment des structures spéciales, telles les spores, impliquées dans la reproduction, la dispersion ou la survie. Les cellules répondent à des signaux chimiques dans leur environnement, y compris à ceux produits par d’autres cellules. Elles peuvent ainsi communiquer. Les cellules peuvent même évaluer leur nombre par des petites molécules solubles (diffusibles) transmises entre cellules voisines, processus appelé la détection du
5. Mouvement Les organismes vivants sont souvent capables de mouvement autonome.
6. Évolution Les cellules contiennent des gènes et évoluent, présentant de nouvelles propriétés biologiques. Les arbres phylogénétiques montrent ces relations d’évolution entre les cellules. Cellule ancestrale
Nouvelles espèces
Nouvelles espèces
FIGURE 1.3 Caractéristiques de la vie cellulaire. La différenciation et la mobilité ne sont pas présentes chez toutes les cellules microbiennes.
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1.2 Les micro-organismes en tant que cellules 5
quorum (quorum sensing). De nombreux organismes vivants sont aussi capables de mouvement par propulsion autonome ; dans le monde microbien, il existe différents types de mobilité. Enfin, à la différence des structures non vivantes, les cellules peuvent évoluer. À travers le processus d’évolution, elles peuvent changer leurs caractéristiques et les transmettre à leur descendance.
Les cellules en tant que machinerie cellulaire et dispositifs de codage Il y a deux façons de considérer les cellules. D’un côté, on peut les voir comme des machines qui effectuent les transformations cellulaires. Les catalyseurs de ces machines chimiques sont les enzymes, protéines capables d’accélérer considérablement la vitesse des réactions chimiques (voir figure 1.4). D’un autre côté, les cellules peuvent être considérées comme des dispositifs de codage, analogues aux ordinateurs, enregistrant et produisant les informations génétiques (ADN) qui sont par la suite transmises à la descendance lors de la reproduction (voir figure 1.4). La réplication et le processus d’enregistrement de l’information génétique seront abordés au cours du chapitre 7, ainsi que la réplication, la transcription de l’ADN, la production de l’ARN, la traduction et la production de protéine.
Fonctions « codage »
Fonctions « machine » 1. Énergie : ADP + Pi
ADN
Réplication
ATP
2. Métabolisme : génération de précurseurs de macromolécules (sucres, acides Expression des gènes aminés, acides gras, etc.) Transcription 3. Enzymes : catalyseurs métaboliques ARN Traduction
Protéine
Reproduction (croissance) FIGURE 1.4 Les fonctions « machine » et « codage » de la cellule. Pour qu’une cellule se multiplie, elle doit disposer : 1) de suffisamment d’énergie et de précurseurs pour la synthèse de nouvelles macromolécules ; 2) d’informations génétiques permettant au moment de la division cellulaire que chaque cellule reçoive une copie identique des gènes ; 3) d’un processus d’expression des gènes (transcription et traduction) produisant les proportions nécessaires de protéines et autres macromolécules pour fabriquer la nouvelle cellule.
En réalité, les cellules sont à la fois des machineries chimiques et des dispositifs de codage. La croissance fait le lien entre ces deux attributs cellulaires. Dans des conditions appropriées, une cellule grossit et se divise pour en former deux autres (voir figure 1.4). Au cours de ce processus, la quantité de tous les constituants cellulaires est doublée, rendant nécessaire que la machinerie chimique des cellules les approvisionne en énergie et en précurseurs de la biosynthèse des macromolécules. Aussi, quand une cellule se divise, les deux cellules résultantes doivent contenir toutes les informations génétiques indispensables pour la formation de cellules supplémentaires. Lors de la phase de croissance, l’ADN se réplique (voir figure 1.4). La machinerie cellulaire et les fonctions codantes de la cellule doivent être ainsi hautement coordonnées, de façon que la cellule se reproduise. En effet, nous verrons plus tard qu’en plus de la coordination, les différentes machineries cellulaires et fonctions codantes sont soumises à une régulation, qui assure à la cellule son adaptation parfaite à l’environnement.
Les premières cellules D’où viennent les premières cellules ? Toutes les cellules étant construites de la même façon, l’hypothèse d’un ancêtre commun, l’ancêtre universel de la vie est tout à fait plausible (voir chapitre 11). La première cellule provient sans doute d’un organisme non cellulaire, quelque entité apparue avant la cellule, une structure précellulaire. L’évolution de la première cellule sur la Terre, il y a 3,8 milliards d’années, a peut-être duré des centaines de millions d’années. Pourtant, lorsque les premières cellules sont apparues, leur croissance et leur division ont formé des populations. L’évolution a pu alors sélectionner les améliorations et les diversifications de ces premières formes de vie, produisant au cours de milliards d’années une énorme diversité de cellules (pour un avant-goût de cette diversité, voir chapitre 2 ; pour plus de détails, voir chapitres 12 à 16).
Contrôlez vos acquis La cellule possède une barrière, la membrane cytoplasmique, qui sépare le cytoplasme de l’environnement. Les autres dispositifs cellulaires incluent le noyau – ou nucléoïde – et le cytoplasme. Le métabolisme et la reproduction sont associés à la notion de vie, et les cellules peuvent être considérées comme des machines chimiques et des dispositifs de codage. La vie est présente sur la Terre depuis presque quatre milliards d’années. •
Citez les quatre classes de macromolécules.
•
Citez six caractéristiques associées aux organismes vivants. Pourquoi chacune d’elles semble être importante pour la survie de la cellule ?
•
Comparez la machinerie cellulaire et les fonctions codantes d’une cellule microbienne. Pourquoi une fonction seule n’a-t-elle pas de valeur pour une cellule ?
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6 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie
m n
1.3 Les micro-organismes et leur environnement naturel
Dans la nature, les cellules vivent en association avec d’autres cellules et forment des populations. Celles-ci sont composées de groupes de cellules issues des divisions successives à partir d’une cellule mère. L’habitat correspond au lieu de vie d’une population microbienne dans un environnement donné. Dans les habitats microbiens, une population de cellules vit rarement seule. Au contraire, elle vit et interagit avec d’autres populations au sein de communautés microbiennes (voir figure 1.5). Les composants et le nombre de cellules dans une communauté microbienne sont gouvernés par les ressources et les conditions existant dans l’habitat. On appelle l’étude des micro-organismes dans leur habitat naturel écologie microbienne.
Les interactions entre les micro-organismes et leur habitat
(a)
Jiri Snaidr
D. E. Caldwell
Dans les communautés microbiennes, les populations interagissent de différentes façons, bénéfiques ou néfastes. Dans de nombreux cas, les populations microbiennes coopèrent. Par exemple, les déchets produits par les activités métaboliques de certaines cellules peuvent constituer des nutriments pour d’autres. Les organismes dans un habitat peuvent aussi interagir avec leur environnement chimique et physique. Les habitats diffèrent de par leurs caractéristiques, un habitat favorable pour la croissance d’un organisme pouvant être défavorable
(b)
FIGURE 1.5 Exemples de communautés microbiennes. (a) Observation au microscope d’une communauté microbienne qui se développe dans les profondeurs d’un petit lac (Wintergreen Lake, Michigan, États-Unis), illustrant l’existence de cellules de tailles diverses. (b) Une communauté microbienne dans un échantillon d’eaux d’assainissement. Les différentes colorations de l’échantillon identifient un groupe bactérien spécifique (voir la section 18.4 et la figure 18.11b pour de plus amples détails sur le protocole de coloration). D’après R. Amann, J. Snaidr, M. Wagner, W. Ludwig, et K.-H Schleifer, 1996. Journal of Bacteriology 178 : 34963500, Fig2b. © 1996 American Society for Microbiology.
pour un autre. En général, les organismes vivants et les composés physiques et chimiques de leur environnement forment un écosystème. Les écosystèmes microbiens majeurs incluent les systèmes aquatiques (océans, étangs, lacs, ruisseaux, glace, sources chaudes), terrestres (sol, biosphère souterraine) et les organismes supérieurs, comme les plantes et les animaux. Les écosystèmes sont contrôlés de manière importante par les activités microbiennes. Les organismes réalisant des processus métaboliques transforment les nutriments de l’environnement et les utilisent pour construire de nouvelles cellules. En même temps, les organismes sécrètent des produits de leur métabolisme dans l’environnement. Ainsi, avec le temps, un écosystème microbien se modifie chimiquement et physiquement au cours du cycle des nutriments, sous l’influence des micro-organismes. Les changements environnementaux permettent aux autres micro-organismes de croître. Par exemple, l’oxygène moléculaire (O2) est un nutriment vital pour certains micro-organismes, mais un poison pour d’autres. Cependant, la consommation d’oxygène par un groupe d’organismes (aérobies) peut transformer un habitat oxygéné en habitat anoxique (sans O2), et donc approprié pour la croissance d’organismes anaérobies incapables de se développer au préalable. Dans les chapitres suivants, après avoir vu les dispositifs de base des structures et fonctions microbiennes, nous étudierons l’impact des micro-organismes sur les animaux, les plantes et l’écosystème dans son ensemble.
L’importance de la vie microbienne Les micro-organismes sont petits, mais leur biomasse terrestre est énorme, même lorsqu’elle est comparée à la biomasse des organismes supérieurs. L’examen de matériaux naturels comme les sols ou les eaux révèle toujours des cellules microbiennes. Bien que de toutes petites cellules semblent être sans conséquence, les cellules seules sont pourtant capables de se multiplier rapidement et de produire de vastes populations qui auront un effet majeur sur l’habitat (voir figure 1.1c). Les micro-organismes sont donc extrêmement importants et constituent des composants quantitativement significatifs dans tout écosystème. L’estimation de la totalité des cellules microbiennes sur la Terre, et plus spécifiquement du nombre de procaryotes (bactéries – voir chapitre 2), est de l’ordre de 5 × 1030 cellules. La totalité du carbone présent chez l’ensemble des petites cellules équivaut à celui de toute les plantes sur la Terre (le carbone des plantes étant plus abondant que le carbone des animaux). De plus, les contenus en azote et phosphore totaux des cellules procaryotes sont dix fois supérieurs à ceux des plantes. Ainsi, les cellules procaryotes, aussi petites soient-elles, constituent la majeure portion de la biomasse terrestre et sont les réservoirs clés des nutriments essentiels pour la vie. Une autre révélation surprenante est que la plupart des cellules procaryotes ne résident pas à la surface de la planète, mais au contraire dans les subsurfaces terrestre et océanique. Ces habitats sont encore peu explorés et il reste aux microbiologistes de nombreuses découvertes à faire pour mieux comprendre les formes dominantes de la vie sur la Terre.
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1.4 L’impact des micro-organismes sur l’homme et ses activités 7
Contrôlez vos acquis Les micro-organismes existent dans la nature en populations interagissant avec d’autres populations au sein de communautés microbiennes. Les activités de ces communautés microbiennes peuvent affecter de façon conséquente les propriétés physiques et chimiques de leurs habitats. La majorité de la biomasse terrestre est microbienne. •
Qu’est ce qu’un habitat microbien ?
•
Comment les micro-organismes changent-ils les propriétés physiques et chimiques de leurs habitats ?
•
Où est localisée la majorité des cellules procaryotes sur la Terre ?
des micro-organismes m n1.4 L’impact sur l’homme et ses activités Un des objectifs des microbiologistes est de comprendre comment les micro-organismes travaillent et d’inventer des procédés permettant d’augmenter les bénéfices que l’on peut en retirer, tout en réduisant leurs effets nocifs. Les microbiologistes ont réussi dans plusieurs domaines, et la microbiologie a joué un rôle majeur dans l’avancement des connaissances dans les domaines de la santé et du bien-être humain (voir figure 1.6).
Les micro-organismes considérés comme agents infectieux Les statistiques de la figure 1.7 sont une des façons de mesurer le succès des microbiologistes dans le contrôle des microorganismes. Ces données comparent les causes actuelles de mortalité aux États-Unis à celles d’il y a cent ans. Au début du e XX siècle, les causes majeures de mortalité étaient les maladies infectieuses, causées par des pathogènes, atteignant particulièrement les enfants et les personnes âgées. Aujourd’hui, ces maladies sont d’une mortalité moindre dans les pays développés. Leur contrôle est apparu comme le résultat de la compréhension des processus des maladies, l’amélioration des pratiques sanitaires, la découverte et l’utilisation d’agents antimicrobiens. Comme nous le verrons par la suite dans ce chapitre, la microbiologie, en tant que science, prend ses racines dans l’étude des maladies infectieuses. Bien que de nombreuses maladies infectieuses soient désormais sous contrôle, certains micro-organismes peuvent toujours constituer une menace majeure pour la vie. C’est le cas de la mort lente d’un individu par infection microbienne liée au syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA) ou celle d’un individu infecté par un pathogène multirésistant aux antibiotiques. De plus, les maladies microbiennes sont toujours la cause majeure de mortalité dans de nombreux pays en voie de développement. Bien que l’éradication de la variole dans le monde ait été un triomphe pour la science médicale, des millions de personnes meurent toujours de maladies microbiennes telles que le paludisme, la tuberculose, le choléra, la maladie du sommeil et de diverses diarrhées.
Agriculture Fixation N2 (N2
Énergie/environnement
2NH3)
Biocarburants (CH4 ) Fermentation (maïs éthanol)
Cycle des nutriments, recyclage NH3 NO3– N2
H2S S0
SO42–
Production animale
Cellulose CO2 + CH4 + Protéine animale
O2 Bioremédiation (pétrole CO2) polluants CO2 organiques Transformation des produits miniers pas les micro-organismes Cu0) (CuS Cu2+
Aliments
Rumen
Maladies
Identification de nouvelles maladies Traitement, soin et prévention
Conservation des aliments (chaleur, froid, radiation, conservateurs chimiques) Aliments fermentés Additifs alimentaires (sodium, glutamate, acide citrique, levure) Biotechnologie
Organismes génétiquement modifiés
(
(
Production pharmaceutique (insuline et autres protéines humaines)
(
(
Thérapie génique pour certaines maladies personne malade
réparation du gène déficient
FIGURE 1.6 Impacts des micro-organismes sur les activités humaines. Bien que de nombreuses personnes associent les micro-organismes aux maladies infectieuses, seuls quelquesuns d’entre eux provoquent des maladies. Les microorganismes affectent de nombreux aspects de notre vie.
Il est certain que les micro-organismes sont toujours des fléaux sérieux pour la santé humaine. Cependant, la microbiologie a montré que la plupart d’entre eux ne sont pas nocifs pour les humains. En fait, la plupart sont même bénéfiques pour les organismes complexes et permettent la mise en œuvre de processus importants pour la société humaine.
Les micro-organismes et l’agriculture Notre système agricole entier dépend, de manières différentes, des activités microbiennes (voir figure 1.6). Les légumes destinés à être récoltés par exemple, se développent en association étroite avec des bactéries formant sur leurs racines des structures appelées nodosités ou nodules. Dans ces nodosités, les bactéries convertissent l’azote atmosphérique en ammonium (NH3), que les plantes utilisent pour leur croissance. Ainsi, les activités bactériennes réduisent les besoins en fertilisants coûteux et polluants.
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8 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie 1900
2000
Grippe et pneumonie
Maladie cardiaque
281
Tuberculose
Cancer
205
Attaque cérébrale
Gastro-entérite
Maladie pulmonaire
Maladie cardiaque
Accidents Grippe et pneumonie Diabètes
Attaque cérébrale Maladie rénale Accidents
SIDA
Cancer
Suicide
Maladies infantiles
Cirrhose du foie
Diphtérie
Homicide 0
100
200
Mortalité pour 100 000 personnes
0
200 100 Mortalité pour 100 000 personnes
FIGURE 1.7 Taux de mortalité des dix principales causes de décès aux États-Unis : 1900 et 2000. Les maladies infectieuses étaient les causes principales de mortalité dans les années 1900, alors qu’aujourd’hui elles sont beaucoup moins significatives. Les maladies microbiennes sont représentées en rouge, les non microbiennes en vert. Données : United States National Center for Health Statistics.
Les micro-organismes ont une importance majeure en agriculture et sont notamment essentiels dans les processus de digestion chez les ruminants comme les vaches et les moutons. Ces animaux d’élevage ont un organe digestif spécial appelé rumen, dans lequel les micro-organismes digèrent la cellulose, le composant majeur des plantes. En l’absence de ces micro-organismes, ces ruminants ne pourraient pas utiliser la cellulose, mais des substances pauvres en nutriments comme l’herbe et le foin. Les micro-organismes jouent également un rôle primordial dans les cycles des nutriments intervenant dans la nutrition des plantes, et particulièrement les cycles du carbone, de l’azote et du soufre. Les activités microbiennes dans le sol et l’eau transforment ces éléments en composés plus accessibles aux plantes. Mais bien qu’ils soient généralement bénéfiques pour l’agriculture, les micro-organismes peuvent avoir des effets néfastes. Les maladies microbiennes des plantes et des animaux ont des impacts majeurs dans l’industrie agricole. Par exemple, les cas de la maladie de la « vache folle » (voir section 29.10), aux États-Unis en 2003, ont fait diminuer l’exportation de viande bovine sur les marchés étrangers, avec de lourdes conséquences pour l’industrie américaine de la viande de bœuf.
Les micro-organismes et les aliments Les micro-organismes jouent un rôle important dans l’industrie agroalimentaire (voir figure 1.6). La seule détérioration des aliments conduit à une perte économique importante chaque année. En effet, les industries de conserverie, de congélation et de déshydratation ont pour finalité de préparer des aliments sains, sans contamination microbienne. Les maladies apportées par les aliments sont également prises en considération. Parce que la nourriture convient à la consommation humaine, elle peut aussi permettre la croissance de nombreux micro-organismes et doit donc être proprement préparée et contrôlée pour éviter toute transmission de maladie. Cependant, tous les micro-organismes présents dans la nourriture n’ont pas d’effets néfastes sur les produits et ceux qui les
absorbent. Par exemple, les produits laitiers comme le fromage, les yaourts et le babeurre, ainsi que tous les produits à importante valeur économique, sont le résultat d’une activité microbienne. De même, la choucroute, les conserves au vinaigre et certaines saucisses doivent leur existence aux fermentations bactériennes. Les produits boulangers et les boissons alcoolisées sont élaborés à partir de la fermentation des levures (voir chapitre 30).
Les micro-organismes, l’énergie et l’environnement Les micro-organismes ont un rôle majeur dans la production d’énergie (voir figure 1.6). Le gaz naturel (méthane) est un produit de l’activité bactérienne provenant du métabolisme de microorganismes méthanogènes. Les micro-organismes phototrophes peuvent utiliser l’énergie lumineuse pour la production de biomasse, en fait de l’énergie stockée dans des organismes vivants. La biomasse microbienne et les déchets comme les déchets domestiques ordures ménagères, les surplus de céréales et les déchets animaux peuvent être convertis en biocarburants, comme le méthane et l’éthanol, par l’activité des micro-organismes. Les micro-organismes peuvent aussi servir au nettoyage des pollutions provoquées par les activités humaines, un processus appelé bioremédiation (voir figure 1.6). Divers micro-organismes peuvent contribuer à la consommation d’hydrocarbures déversés accidentellement, des solvants, des pesticides et d’autres polluants environnementaux toxiques. Dans toute leur diversité, les micro-organismes terrestres possèdent de vastes ressources génétiques permettant de mettre en œuvre des procédés pour nettoyer l’environnement, et de nombreuses recherches dans ce domaine ont lieu aujourd’hui.
Les micro-organismes et les applications futures Les biotechnologies nécessitent l’utilisation de micro-organismes dans les biosynthèses industrielles et, de façon typique, les micro-organismes génétiquement modifiés peuvent synthétiser
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1.5 Les racines historiques de la microbiologie : Hooke, van Leeuwenhoek et Cohn 9
des produits à haute valeur commerciale (voir chapitre 31). La biotechnologie est fortement dépendante du génie génétique, qui consiste en la manipulation artificielle des gènes et de leurs produits (voir figure 1.6). Les gènes de sources diverses peuvent être manipulés et modifiés en utilisant les micro-organismes et leurs enzymes comme outils moléculaires. De nos jours, l’insuline humaine, une hormone trouvée à des taux anormalement bas chez certains patients diabétiques, peut être microbiologiquement produite à partir d’un gène d’insuline humaine introduit chez un micro-organisme. En utilisant les techniques de génomique (voir chapitre 15), il est désormais possible de rechercher des centaines de gènes codant des protéines d’intérêt, de cloner ces gènes dans un hôte et de produire en définitive des protéines d’intérêt commercial. L’énorme influence des micro-organismes sur la société humaine est évidente, et il existe en effet de nombreuses raisons de connaître les micro-organismes et leurs activités (voir figure 1.6). Comme l’a exprimé Louis Pasteur, l’un des fondateurs de la microbiologie : « Le rôle de l’infiniment petit dans la nature est infiniment grand. » Les contributions majeures de Pasteur et d’autres pionniers à la microbiologie seront présentées dans les paragraphes qui suivent.
Contrôlez vos acquis Les micro-organismes peuvent être bénéfiques ou nocifs pour les humains. Bien qu’ils soient très souvent considérés comme nuisibles (agents des infections), il existe dans la nature beaucoup plus de micro-organismes bénéfiques que nocifs. •
De quelles façons les micro-organismes sont importants pour les industries alimentaires et agricoles ?
•
Quels carburants les micro-organismes peuvent-ils produire ?
•
Qu’est ce que la biotechnologie et comment peutelle améliorer la vie humaine ?
II
(a)
DÉCOUVERTES EN MICROBIOLOGIE
Comme toute science, la microbiologie moderne doit beaucoup à son passé. Bien que ses racines soient anciennes, la microbiologie ne s’est réellement développée que depuis le e XIX siècle. Depuis cette période, le domaine a explosé et engendré plusieurs nouveaux domaines liés.
racines historiques m n1.5 Les de la microbiologie : Hooke, van Leeuwenhoek et Cohn
Même si l’existence de créatures trop petites pour être vues à l’œil nu a été suspectée, leur découverte ne sera permise que par l’invention du microscope. Robert Hooke montre les structures de reproduction des moisissures en 1665 (voir figure 1.8), et est donc le premier à décrire des micro-organismes. Le premier à
(b) FIGURE 1.8 Les premiers microscopes. (a) Dessin du microscope utilisé par Robert Hooke en 1664. La lentille de l’objectif était fixée à l’extrémité d’un soufflet réglable (G), la lumière était focalisée sur l’objet par une lentille (1). (b) Dessin de Robert Hooke. Ce dessin, publié dans Micrographia en 1655, est la première description d’un micro-organisme. Cet organisme est une moisissure colorée en bleu, se développant sur une surface de cuir. Les structures rondes (sporanges) contiennent les spores de la moisissure.
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Micro-organismes et microbiologie
avoir vu des bactéries est un Hollandais marchand de tissus et constructeur amateur de microscope, Antoine van Leeuwenhoek. En 1864, van Leeuwenhoek, qui est au courant des travaux de Hooke, utilise des microscopes extrêmement simples de sa propre fabrication pour examiner une variété de substances naturelles et y observer leur contenu microbien (voir figure 1.9). Les microscopes de van Leeuwenhoek sont simples par rapport aux standards d’aujourd’hui, mais avec une manipulation délicate et focalisée ils sont capables de voir des organismes aussi petits que des bactéries. Sa découverte des bactéries intervient en 1676, alors qu’il étudie des infusions de poivre. Van Leeuwenhoek reporte ses observations dans une série de lettres à la Société royale de Londres, qui les publie en 1684. Les dessins que van Leeuwenhoek a réalisé de certains petits animalcules, comme il les nommait, sont montrés dans la figure 1.9b. Dans les cent cinquante années qui suivent, les observations de van Leeuwenhoek sont confirmées par d’autres, mais progressent lentement du point de vue de la compréhension de la nature et de l’importance de ces petits organismes. C’est seulement au XIXe siècle que les microscopes se perfectionnent et, à partir de ce moment, la diversité et la nature des formes de la vie microbienne apparaissent. De la moitié jusqu’à la fin du XIXe siècle, des avancées majeures ont lieu en microbiologie, essentiellement en raison de la focalisation des réflexions sur deux questions importantes et simultanées en biologie et médecine : la génération spontanée et la nature des maladies infectieuses. Les réponses à ces questions sont apportées par deux géants dans le domaine nouveau de la microbiologie : le chimiste français Louis Pasteur et le physicien allemand Robert Koch. Mais avant d’explorer leurs travaux, considérons brièvement le travail d’un botaniste allemand, Ferdinand Cohn, contemporain de Pasteur et Koch, et fondateur de la bactériologie.
T. D. Brock
10 Chapitre 1
(a)
(b)
Ferdinand Cohn (1828-1898) est botaniste. Son intérêt pour la microscopie l’a amené vers l’étude des plantes unicellulaires – les algues – et, plus tard, vers celle des bactéries photosynthétiques. Cohn croit que toutes les bactéries, même celles sans pigments photosynthétiques, font partie du règne des plantes, et ses études microscopiques abandonnent progressivement les plantes et les algues pour se focaliser sur des bactéries différentes, en incluant les bactéries sulfureuses telles que Beggiatoa (voir figure 1.10). Cohn s’intéresse particulièrement à certaines formes bactériennes qui lui permettent de découvrir le genre Bacillus et le processus de formation des endospores. Nous savons maintenant que les endospores bactériennes sont très résistantes à la chaleur. Cohn décrit le cycle de vie entier de Bacillus (cellule végétative → endospore → cellule végétative – voir section 4.15) et découvre que les cellules végétatives sont détruites par ébullition, mais pas les endospores. En effet, les découvertes de Cohn aident à expliquer pourquoi les pionniers en la matière, comme John Tyndall, ont utilisé l’ébullition comme moyen de stérilisation. Cohn continue à travailler sur les bactéries jusqu’à sa retraite. Pendant cette période, il étend
Brian J. Ford
Ferdinand Cohn et la bactériologie
(c) FIGURE 1.9 Le microscope de van Leeuwenhoek. (a) Photographie d’une réplique du microscope de van Leeuwenhoek. L’objectif est monté dans un plateau en laiton situé à proximité de la pointe de la vis de réglage de la mise au point. (b) Dessins de bactéries par van Leeuwenhoek, publiés en 1684. À partir de ces dessins, il est possible de reconnaître différents types morphologiques de bactéries : des bacilles (A, C, F et G) ; sphérique ou coccobacille (E) ; coques en amas (H) (voir figure 4.11). (c) Observation d’une goutte de sang humain à l’aide du microscope de van Leeuwenhoek. Les hématies sont clairement visibles.
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1.6 Pasteur, Koch et les cultures pures 11
FIGURE 1.10 Dessin d’une bactérie filamenteuse sulfooxydante Beggiatoa mirabilis par Ferdinand Cohn en 1866. Les petits granules à l’intérieur des cellules correspondent à du soufre élémentaire, produit de l’oxydation de l’hydrogène sulfuré (H2S). Cohn fut le premier à identifier les granules comme étant du soufre.
son travail de fond pour une élaboration de la classification bactérienne et fonde un journal scientifique majeur. Cohn a été également un farouche défenseur des recherches menées par le premier microbiologiste médical, Robert Koch. Il est aussi reconnu pour sa contribution simple mais efficace à la prévention de la contamination des milieux de culture stérile, comme l’utilisation du coton pour fermer les flacons et tubes. Ces méthodes ont été utilisées par la suite par Koch et lui ont permis de progresser dans l’isolement et la caractérisation de plusieurs bactéries pathogènes (voir section 1.6).
m n1.6 Pasteur, Koch et les cultures pures C’est dans la dernière partie du XIXe siècle que la microbiologie voit véritablement le jour. L’idée de la génération spontanée est abandonnée et celle de la culture pure est mise en avant.
Pasteur et le déclin de la génération spontanée Le concept de génération spontanée existe depuis l’époque biblique. Le principe de base est facile à comprendre. Par exemple, si de la nourriture est laissée à l’air libre pour une durée déterminée, elle se décompose. Lorsque le matériel décomposé est observé au microscope, de grandes quantités de bactéries sont retrouvées, ainsi que des larves diverses et des vers. D’où viennent ces organismes invisibles dans la nourriture fraîche ? Certains disent qu’ils se développent à partir de graines et germes dispersés dans l’air, d’autres qu’ils apparaissent spontanément des matériaux sans vie. Louis Pasteur (1822-1895) est un fervent opposant au concept de génération spontanée. Il montre que les micro-organismes présents dans l’air ont de fortes ressemblances avec ceux retrouvés dans la matière en décomposition. Il avance donc que ces cellules sont constamment déposées sur les objets et croissent lorsque les conditions deviennent favorables. Pour lui, si la
nourriture est traitée de façon à détruire les micro-organismes, de manière à la rendre alors stérile, puis protégée d’une future contamination, il n’y aura pas de décomposition. Il a été préalablement établi que la chaleur tuait les microorganismes. Pasteur utilise donc la chaleur pour éliminer les contaminants. En fait, d’autres travaux ont montré que si une solution nutritive dans une fiole est portée à ébullition, la croissance microbienne est stoppée. Ce processus d’élimination de bactéries ou autres micro-organismes dans ou sur des objets est appelé stérilisation. Les partisans de la génération spontanée critiquent ces travaux, déclarant que l’air est nécessaire pour la génération spontanée. Porter du liquide à ébullition dans une fiole affecte l’air, et donc la génération spontanée. En 1864, Pasteur contrecarre brillamment et simplement cette objection en construisant un flacon à col de cygne, aujourd’hui appelée fiole Pasteur (voir figure 1.11). Dans un tel flacon, les solutions nutritives peuvent être portées à ébullition. Cependant, après refroidissement de la fiole, l’air peut de nouveau entrer, mais est retenu dans le col de cygne, empêchant la matière particulaire (contenant les contaminants) d’entrer dans la fiole et de se développer. Le milieu stérilisé dans une fiole Pasteur ne se décompose pas et les micro-organismes n’apparaissent pas dans la fiole tant que le liquide stérile n’entre pas en contact avec le col de cygne. Si, par contre, la fiole est renversée de façon à permettre au liquide d’entrer en contact avec le col (voir figure 1.11c), le liquide est contaminé par les micro-organismes. Cette expérience règle la controverse autour de la génération spontanée, et la microbiologie fait un grand pas en avant. Par ailleurs, les travaux de Pasteur portent sur le développement de techniques de stérilisation, qui sont améliorées et appliquées dans les recherches de base et fondamentales. La science de la nourriture a une dette envers Pasteur, à qui elle doit beaucoup pour les principes de conservation (pasteurisation). Pasteur a atteint d’autres sommets en médecine et microbiologie. Parmi les plus importants, le développement des vaccins contre l’anthrax, la peste noire et la rage pendant une période scientifiquement productive de sa vie, de 1880 à 1890. Non seulement ces percées médicales et vétérinaires ont une importance majeure, mais elles ont également permis la conception de la théorie des germes, développée par un contemporain de Pasteur, Koch.
Koch et la détermination de la théorie des germes : le développement des postulats de Koch Le fait d’avoir démontré que les micro-organismes peuvent provoquer des maladies a conduit au développement de la microbiologie. Depuis le XVIe siècle on pense qu’une personne porteuse d’une infection peut la transmettre à une personne saine. Après la découverte des micro-organismes, il est accepté qu’ils puissent être responsables, mais les preuves manquent. Les découvertes concernant l’hygiène d’Ignaz Semmelweis et de Joseph Lister fournissent des éléments importants sur l’implication des micro-organismes dans l’induction des maladies humaines, mais il faut attendre les travaux de Koch (1843-1910), un physicien, pour que le concept de sa théorie des germes soit admis et soutenu par l’expérimentation.
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12 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie Sortie de l’air par l’extrémité ouverte
caractéristiques de la maladie. Cependant, Koch va plus loin dans ses expérimentations. Il montre que la bactérie peut être cultivée dans un milieu de culture hors de l’animal, et même malgré de nombreux transferts en culture, la bactérie cause toujours la maladie lorsqu’elle est ré-inoculée à un animal. Avec ces expériences, Koch formule les critères suivants, aujourd’hui appelés postulats de Koch, afin de prouver qu’un micro-organisme spécifique cause une maladie spécifique : 1. L’organisme doit être présent chez l’animal malade et absent chez les animaux sains.
(a) Liquide non stérile versé dans un flacon
Col du flacon courbé à la flamme
Poussière et micro-organismes emprisonnés dans la courbure
Stérilisation du liquide par chauffage
2. L’organisme doit être cultivé en culture pure sans contact avec l’animal.
Extrémité ouverte
3. Une culture pure, inoculée à des animaux choisis, doit faire apparaître les symptômes caractéristiques de la maladie. 4. Les organismes doivent être isolés de nouveau de ces animaux expérimentaux et cultivés en laboratoire ; ils doivent être identiques à l’organisme initial.
Longue période (b) Refroidissement lent du liquide
Le liquide reste stérile
Courte période (c) Le flacon est incliné, le liquide stérile entre en contact avec les microorganismes et la poussière
Croissance des micro-organismes dans le liquide
FIGURE 1.11 Expériences de Pasteur utilisant les flacons à col de cygne. (a) Stérilisation du contenu du flacon à col de cygne. (b) Si le flacon à col de cygne est maintenu droit, il n’y a pas de croissance de micro-organismes. (c) Si des micro-organismes sont emprisonnés dans le col du flacon et atteignent le liquide stérile, il y a croissance microbienne.
Dans ses premiers travaux, Koch étudie l’anthrax, une maladie bovine qui occasionnellement peut toucher les humains. L’anthrax est causé par des spores bactériennes appelées Bacillus anthracis, et le sang d’un animal infecté contient des cellules de cette bactérie (voir section 25.13 et figure 25.13). Par l’observation microscopique, Koch établit que la bactérie est toujours présente dans le sang de l’animal mort. Cependant, la simple association de la bactérie à la maladie n’implique pas nécessairement qu’elle en est la cause. Au contraire, la bactérie peut être le résultat de l’infection. À travers des expériences adaptées, Koch démontre, en utilisant une petite quantité de sang d’une souris infectée injectée dans une souris saine, qu’elle transmet rapidement la maladie de l’anthrax. Il prélève du sang du second animal, l’injecte dans un autre et, de nouveau, obtient les symptômes
Les postulats de Koch sont résumés dans la figure 1.12. Ils constituent une étape monumentale dans l’étude des maladies infectieuses. Ces postulats n’offrent pas seulement le moyen de relier la cause à l’effet dans les cas de maladies infectieuses, mais ils servent aussi à démontrer l’importance des cultures en laboratoire. Avec ces postulats comme guides, Koch et les microbiologistes qui lui ont succédé ont découvert les causes de nombreuses maladies humaines et animales. Ces découvertes ont mené au développement de traitements pour prévenir et guérir ces maladies, et ont de ce fait amélioré les bases de la médecine clinique et de la santé humaine.
Koch et les cultures pures Afin de pouvoir associer un micro-organisme spécifique à un mécanisme spécifique telle une maladie, l’organisme doit être dans un premier temps isolé en culture pure. Ce concept est retenu par Koch lorsqu’il énonce ses postulats (voir figure 1.12), et il développe plusieurs méthodes simples et ingénieuses afin d’obtenir des bactéries en culture pure (voir focus, « Milieu de culture solide, boîte de Petri et cultures pures »). Koch commence de manière simple en utilisant de la nourriture telle qu’une tranche de pomme de terre pour cultiver des bactéries. Mais il développe rapidement des méthodes plus fiables, dont certaines sont encore utilisées aujourd’hui. Koch observe que, lorsqu’une surface solide comme une tranche de pomme de terre est incubée à l’air libre, des colonies bactériennes se développent, chacune ayant une couleur et une forme spécifiques. Il suggère que chaque colonie émergée d’une bactérie unique tombe à la surface, trouve des nutriments appropriés et se reproduit. En d’autres termes, chaque colonie représente une culture pure. Koch réalise que cette découverte permet d’obtenir une culture pure de façon simple. Tous les organismes ne se développent pas sur des pommes de terre, cependant Koch recherche des solutions nutritives plus uniformes et reproductibles, solidifiées avec de la gélatine et plus tard de l’agar (voir focus).
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1.6 Pasteur, Koch et les cultures pures 13
Animal malade
POSTULATS DE KOCH : 1. L’organisme suspecté pathogène doit être présent chez tous les animaux malades et absent chez les animaux sains.
Globules rouges
Observation de sang et de tissu au microscope
Agent pathogène suspecté
Ensemencement de boîtes de Petri par un échantillon issu de l’animal sain ou de l’animal malade
2. L’organisme suspecté pathogène doit être cultivé en culture pure. Colonies du pathogène suspecté
Animal sain
Globules rouges
Pas d’organisme présent
Inoculation du pathogène suspecté à un animal sain 3. Les cellules issues d’une culture pure d’un organisme suspect doivent provoquer la maladie chez un animal sain.
Animal malade Observation au microscope d’un échantillon de tissu ou de sang de l’animal malade après infection
4. L’organisme doit pouvoir être isolé à nouveau et s’avérer identique à l’original.
Agent pathogène suspecté
Culture en laboratoire
Culture pure qui doit être identique à celle de départ
FIGURE 1.12 Postulats de Koch établissant un lien entre un agent pathogène et une maladie. Il est important de noter qu’à la suite de l’isolement en culture pure de l’agent pathogène soupçonné, une culture en laboratoire du pathogène doit à la fois provoquer la maladie et être isolée à nouveau de l’organisme malade. La mise au point des conditions adéquates de la croissance du pathogène est essentielle, sinon il ne se développera pas.
Test des postulats de Koch : la tuberculose La plus grande percée de Koch dans le domaine de la bactériologie médicale est sa découverte de l’agent responsable de la tuberculose. Au moment où Koch commence ses travaux (1881), un septième des cas de mortalité humaine répertoriés sont dus à la tuberculose (voir figure 1.7). Il y a fort à croire que la tuberculose est une maladie contagieuse, mais l’organisme suspecté n’a jamais été observé, ni en culture, ni sur les tissus contaminés. Koch est déterminé à identifier l’agent actif de la tuberculose, et pour cela il assemble toutes les méthodes qu’il a développées lors de ses précédentes études : microscopie, coloration des tissus, isolation en culture pure et sur animal. Par expérience, la bactérie Mycobacterium tuberculosis est difficile à colorer du fait de la grande quantité de lipides présente dans ses parois cellulaires, mais Koch met en place une méthode afin de colorer M. tuberculosis dans des tissus en utilisant le bleu de méthylène associé à une seconde
coloration, le brun de Bismarck, marquant seulement les tissus (cette méthode préfigure celle de la coloration utilisée aujourd’hui pour les lipides – voir section 12.23). Par cette méthode, Koch observe des cellules de M. tuberculosis de couleur bleu clair, de forme allongée, le tissu lui-même coloré en marron (voir figure 1.13). Cependant, il a appris de ces précédents travaux sur l’anthrax que la simple identification d’un organisme associé à la tuberculose ne suffit pas. Il sait qu’il doit obtenir l’organisme en culture pour prouver la cause spécifique de la tuberculose. Cultiver M. tuberculosis n’est pas aisé, mais Koch réussit à la faire croître dans des milieux contenant du sérum de sang coagulé. Plus tard il utilise l’agar, qui vient d’être introduit comme un agent solidifiant (voir focus). Dans les meilleures conditions, M. tuberculosis se développe lentement en culture, mais Koch persiste, et il obtient des cultures pures de cet organisme provenant d’échantillons humains et animaux.
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14 Chapitre 1
FOCUS
Micro-organismes et microbiologie
Milieu de culture solide, boîte de Petri et cultures pures
Robert Koch est le premier à cultiver des bactéries sur milieu solide. Ses premiers essais sur des tranches de pomme de terre sont émaillés de problèmes. Malgré l’attention portée à quelques types bactériens se développant sur les tranches, celles-ci sont régulièrement contaminées par des champignons. Koch utilise dans un premier temps de la gélatine comme agent de solidification pour les différentes solutions nutritives utilisées dans la culture de bactéries pathogènes et il développe une méthode de préparation de tranches de milieu solide stériles sous une cloche ou une boîte en verre (voir figure 1.13c). La gélatine nutritive constitue un bon milieu de culture pour l’isolation et l’étude de bactéries diverses, mais cependant avec quelques désavantages, le plus important étant la liquéfaction du milieu à 37 ˚C, température optimale de croissance pour la plupart des pathogènes humains. Donc, un agent de solidification plus commode d’emploi est nécessaire : l’agar. L’agar est un polysaccharide obtenu à partir des algues rouges. Il est utilisé au e XIX siècle comme agent gélifiant. Walter Hesse est le premier à l’employer afin de solidifier des milieux de culture bactériens, l’idée lui étant venue de sa femme, Fannie, qui a recours à l’agar dans la préparation de gelées de fruits. Lorsque Walter Hesse l’utilise comme agent de solidification de milieu, ses qualités supérieures se révèlent de façon évidente. Hesse écrit à Koch à propos de ses découvertes et Koch les applique rapidement à ses propres travaux, y compris pour ses études d’isolation de la bactérie Mycobacterium tuberculosis, la cause de la tuberculose (voir texte et
figure 1.13). L’agar a bien d’autres propriétés qui le rendent intéressant en tant qu’agent gélifiant pour milieu de culture. En particulier, il demeure solide à température corporelle, et, après mélange pendant la phase de stérilisation, redevient liquide autour de 45 ˚C et peut alors être versé dans des flacons stériles. De plus, à l’inverse de la gélatine, qui peut être hydrolysée par de nombreuses bactéries provoquant la liquéfaction du milieu, l’agar n’est pas dégradé par la majorité des bactéries. De ce fait, il trouve sa place parmi les outils incontournables de la microbiologie et est toujours utilisé afin d’obtenir et de maintenir des cultures pures de bactéries. En 1887, Julius Richard Petri publie un court article décrivant la modification de la technique en plaque de Koch. Le développement des boîtes à double face par Petri est particulièrement utile et leur avantage est immédiatement apparent. Elles peuvent être facilement stockées et stérilisées séparément du milieu, et l’addition de milieu à la plus petite des plaques permet d’utiliser la seconde comme couvercle pour éviter toute contamination. Les colonies qui se développent sur la surface de l’agar restent exposées à l’air et peuvent être facilement manipulées. L’idée originelle de Petri n’a pas été améliorée, les boîtes de Petri peuvent être fabriquées à partir de verre recyclé ou de plastique jetable, et stérilisées par l’oxyde d’éthylène (gaz). Enfin, il faut noter que Koch est conscient des implications de ces méthodes de culture pure dans l’étude de la systématique microbienne. Il observe que différentes colonies (couleur, morphologie et
taille variée – voir figure 1) développées dans un milieu solide exposé à un objet contaminé, peuvent être distinguées les unes des autres par leurs caractéristiques. Les cellules des diverses colonies sont différentes observées au microscope, mais aussi en tenant compte de leur température optimale de croissance et de la nature des nutriments. Koch réalise ainsi que ces différences entre micro-organismes correspondent aux conditions de classification taxinomique des organismes supérieurs comme les espèces de plantes et d’animaux. Il énonce : « Toute bactérie qui conserve les caractéristiques qui la différencient des autres lorsqu’elles sont cultivées dans le même milieu et sous les mêmes conditions, doit être désignée comme espèce, variété et forme. » Koch découvre aussi, à partir des cultures pures, qu’il est possible de montrer que des organismes spécifiques ont des effets spécifiques, pas seulement en provoquant des maladies, mais avec également des capacités supplémentaires. Ce concept a été prépondérant dans l’acceptation de la microbiologie comme science biologique indépendante. La découverte par Koch des milieux de culture solide et ses travaux sur les cultures pures en microbiologie sont allés bien audelà du domaine de la bactériologie médicale. Ces découvertes ont fourni des outils pour le développement de la taxinomie, de la génétique et d’autres disciplines bactériennes. En effet, tous les champs de la microbiologie sont redevables à Koch et à ses collaborateurs pour les intuitions dont ils ont fait preuve en saisissant la signification de cultures pures et en développant les méthodes de bases en microbiologie.
Figure 1 Photographie colorée à la main de colonies formées sur de l’agar, prise par Walter Hesse, un collaborateur de Robert Koch. Parmi les colonies, il y a des moisissures et des bactéries obtenues durant les études initiées par Hesse sur le contenu microbiologique de l’air à Berlin en 1882 . D’après Hesse, W. 1884. “Ueber quantitative Bestimmung der in der Luft enthaltenen Mikroorganismen”, in Struck (dir.),. Mittheilungen aus dem Kairserlichen Gesundheitsamte. August Hirschwald.
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1.7 La diversité microbienne et la naissance de la microbiologie générale
15
microbienne m n1.7 Laet ladiversité naissance de la microbiologie générale
(a)
(b)
(c)
(d)
FIGURE 1.13 Dessins par Robert Koch de cellules de Mycobacterium tuberculosis issues de tissus et de cultures en laboratoire. Robert Koch a été le premier à isoler M. tuberculosis en démontrant son lien avec la tuberculose. (a) Coupe d’alvéole pulmonaire. Les cellules de M. tuberculosis sont colorées en bleu, les tissus pulmonaires en brun. (b) Cellules de M. tuberculosis dans un crachat de patient atteint de tuberculose. (c, d) Croissance de M. tuberculosis en culture pure. (c) Croissance de M. tuberculosis sur une plaque de verre recouverte de sérum sanguin coagulé et placé dans une boîte en verre (couvercle ouvert). (d) Une colonie de M. tuberculosis issue de la culture (c) et observation au microscope 700X ; les cellules ressemblent à des cordes (comparer avec la figure 12.70b). Dessins originaux tirés de Koch, R. 1884. « Die Aetiologie der Tuberkulose. » Mittheilungen aus dem Kairserlichen Gesundheitsamte 2:1-88.
À partir de là, il est facile d’utiliser ses postulats afin de prouver que M. tuberculosis est bien la cause de la tuberculose. Les cobayes sont infectés par le micro-organisme isolé et parfois succombent. Koch montre que les cobayes décédés ont une forte proportion de M. tuberculosis dans leurs tissus, et ainsi les cultures pures obtenues à partir de ces animaux peuvent contaminer des animaux sains. Pour ses contributions à la compréhension de cette maladie, Koch a reçu le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1905.
Contrôlez vos acquis Les travaux de Louis Pasteur sur la génération spontanée ont amené au développement d’une méthode pour le contrôle de la croissance de micro-organismes. Robert Koch a développé des critères pour l’étude des micro-organismes infectieux et la première méthode de culture pure des micro-organismes. •
Comment les expériences de Pasteur ont-elles infirmé le concept de génération spontanée ?
•
Comment les postulats de Koch montrent-ils la cause et l’effet d’une maladie ?
•
Quel avantage offre la culture de micro-organismes en milieu solide ?
Entre les XIXe et XXe siècles, la microbiologie connaît de grandes avancées, notamment dans la compréhension de la diversité microbienne. Durant cette période, de nouvelles sousdisciplines apparaissent, débouchant sur l’ère de la « microbiologie moléculaire ». Parmi les précurseurs dans ces domaines, on trouve le Hollandais Martinus Beijerinck et le Russe Sergei Winogradsky. Ces deux microbiologistes s’intéressent aux bactéries colonisant les sols et l’eau, et tous deux sont reconnus principalement pour leurs avancées dans le domaine de la diversité bactérienne. Cette période, jusqu’à l’ère de la biologie moléculaire, peut être considérée comme le sommet de la microbiologie générale. Cette dernière concerne plutôt les aspects non médicaux de la microbiologie, l’accent étant mis essentiellement sur la diversité et la physiologie des micro-organismes.
Martinus Beijerinck et les techniques de culture d’enrichissement Martinus Beijerinck (1851-1931) est professeur à l’École polytechnique de Delft en Hollande, mais aussi spécialiste en botanique. Sa carrière en microbiologie débute par l’étude de la microbiologie des plantes. Son plus grand apport à la microbiologie est sans doute sa formulation claire des cultures d’enrichissement. Dans les cultures d’enrichissement, les micro-organismes sont isolés des échantillons naturels de manière sélective, en tenant compte de leurs besoins nutritifs et d’incubation (voir section 18.1). Utilisant sa technique d’enrichissement, Beijerinck isole les premières cultures pures de micro-organismes aquatiques et du sol, incluant les bactéries fixatrices d’azote (voir figure 1.14), les bactéries sulfo-réductrices et sulfo-oxydantes, les bactéries fixatrices d’azote sur les nodosités racinaires, Lactobacillus sp, les algues vertes et bien d’autres micro-organismes. Utilisant des techniques de filtration sélective dans ses travaux sur la maladie de la mosaïque du tabac, Beijerinck montre que l’agent infectieux (un virus) n’est pas bactérien, mais s’introduit dans les cellules de l’hôte et nécessite la survie de la plante pour se reproduire. Dans ses travaux, Beijerinck non seulement identifie le premier virus, mais établit les bases de la virologie.
Sergei Winogradsky et le concept de chimiolithotrophie Sergei Winogradsky (1856-1953) partage avec Beijerinck des intérêts scientifiques similaires et est également reconnu pour avoir procédé au premier isolement de diverses bactéries très importantes. Il s’intéresse surtout aux bactéries impliquées dans le cycle de l’azote et du soufre (voir figures 1.15 et 1.16). Il montre dans ses travaux que ces bactéries peuvent être d’importants agents biogéochimiques. De plus, il démontre la signification métabolique des processus biogéochimiques. Par exemple, à partir de ses travaux sur les bactéries sulfo-oxydantes, Winogradsky propose le concept de chimiolithotrophie, soit l’oxydation des composés
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Micro-organismes et microbiologie
Avec l’aimable autorisation de Microbiologie du Sol
Lesley Robertson et le Kluyver Laboratory Museum, université de technologie de Delft
16 Chapitre 1
(b)
Lesley Robertson et le Kluyver Laboratory Museum, université de technologie de Delft
(a)
FIGURE 1.14 Martinus Beijerinck et l’Azotobacter . (a) Extrait d’une page issue du cahier de laboratoire de M. Beijerinck datant du 31 décembre 1900, qui décrit ses observations de la bactérie aérobie Azotobacter chroococcum, fixatrice d’azote (nom entouré en rouge). C’est sur cette page que Beijerinck a utilisé ce nom pour la première fois. Comparez les illustrations par Beijerinck de paires de cellules d’Azotobacter chroococcum avec une photographie au microscope de ces mêmes cellules sur la figure 12.19a. (b) Une peinture d’Henriette Beijerinck, sœur du microbiologiste, montre des cellules d’Azotobacter chroococcum. Beijerinck utilisait de telles peintures pour illustrer ses conférences, car les moyens de projections d’aujourd’hui n’existaient pas.
inorganiques associée à la conservation de l’énergie (voir figure 1.16a). À partir de ses études sur le processus de nitrification (oxydation de l’ammonium en nitrate), il conclut que les organismes responsables – les bactéries nitrifiantes – obtiennent leur carbone à partir du CO2. Winogradsky, propose que ces organismes soient autotrophes – ils sont aujourd’hui appelés des chimio-autotrophes – afin de les distinguer des organismes autotrophes phototrophes. Utilisant une méthode d’enrichissement, Winogradsky isole également les premières bactéries fixatrices d’azote (Clostridium pasteurianum) et en formule le concept. Winogradsky, mort centenaire, a publié de nombreux articles scientifiques, dont « La microbiologie du sol ». Ce dernier contient des dessins originaux de nombreux micro-organismes qu’il a isolés
FIGURE 1.15 Dessins colorés à la main de bactéries phototrophes pourpres sulfureuses. Sergei Winogradsky a signé ces dessins originaux aux environs de 1887. Sa femme Hélène les a ensuite copiés et colorés. Certains d’entre eux représentent des cellules du genre Chromatium, tel que C. okenii (figures 3 et 4). Cette espèce est toujours reconnue aujourd’hui. Comparez avec les photographies au microscope de ces mêmes cellules figure 12.4a.
ou étudiés en culture d’enrichissement ou de matériel naturel durant sa carrière (voir figure 1.15). Le tableau 1.1 résume certaines des découvertes importantes dans le domaine de la microbiologie, depuis van Leeuwenhoek jusqu’à aujourd’hui.
Chimiolithotrophie H2S ADP + Pi
S
0
SO42– ATP
NO2–
ADP + Pi
CO2 (a)
NH3
NO3– ATP
CO2
Chimio-autotrophie Fixation de l’azote N2 + 6H
2NH3
ATP
ADP + Pi
Protéine Acide nucléique
(b) FIGURE 1.16 Concepts majeurs développés par Sergei Winogradsky. (a) Chimiolithotrophie et chimio-autotrophie. L’oxydation des composés soufrés ou azotés produit de l’énergie (ATP), alors que le carbone est apporté aux cellules par le CO 2 . Photographie de gauche, Achromatium ; à droite, Nitrobacter. (b) Fixation de l’azote. Ce processus consomme de l’ATP mais permet à la cellule d’utiliser l’azote gazeux pour tous ses besoins en azote. La photographie représente Azotobacter, un microorganisme aérobie fixateur d’azote (voir aussi la figure 1.14).
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1.7 La diversité microbienne et la naissance de la microbiologie générale
TABLEAU 1.1
17
300 ANS DE MICROBIOLOGIE : PUBLICATIONS CLÉS EN MICROBIOLOGIE, 1684 –2000
Années
Investigateur(s)
Découverte
1684
Antoni van Leeuwenhoek
Découverte des bactéries
1798
Edward Jenner
Vaccination contre la variole
1857
Louis Pasteur
Microbiologie de la fermentation de l’acide lactique
1860
Louis Pasteur
Rôle des levures dans la fermentation alcoolique
1864
Louis Pasteur
Controverse de la génération spontanée
1867
Robert Lister
Principes antiseptiques en chirurgie
1876
Ferdinand Cohn
Découverte des endospores
1881
Robert Koch
Méthodes d’études des bactéries en culture pure
1882
Robert Koch
Découverte de la cause de la tuberculose
1882
Élie Metchnikoff
Phagocytose
1884
Robert Koch
Postulats de Koch
1884
Christian Gram
Méthode de la coloration de Gram
1885
Louis Pasteur
Vaccins contre la rage
1889
Sergueï Winogradsky
Concept de chimiolithotrophie
1889
Martinus Beijerinck
Concept de virus
1890
Emil von Behring et Shibasaburo Kitasato
Antitoxine de la diphtérie
1890
Sergueï Winogradsky
Croissance autotrophe des chimiolithotrophes
1901
Martinus Beijerinck
Méthode de culture d’enrichissement
1901
Karl Landsteiner
Groupes sanguins humains
1908
Paul Ehrlich
Agents de chimiothérapie
1911
Francis Rous
Premier virus du cancer
1915/1917
Frederick Twort/Félix d’Hérelle
Découverte des virus bactériens (bactériophages)
1928
Frederick Griffith
Découverte de la transformation des pneumocoques
1929
Alexander Fleming
Découverte de la pénicilline
1931
Cornelius Van Niel
H2S (hydrogène sulfuré) comme donneur d’électron dans la photosynthèse anoxygénique
1935
Gerhard Domagk
Sulfonamides (agents antimicrobiens)
1935
Wendall Stanley
Cristallisation du virus de la mosaïque du tabac
1941
George Beadle et Edward Tatum
Hypothèse d’un gène-une enzyme
1943
Max Delbruck et Salvador Luria
Transmission des caractères génétiques chez les bactéries
1944
Oswald Avery, Colin Macleod, Maclyn McCarty
Explications des travaux de Griffith – l’ADN est du matériel génétique
1944
Selman Waksman et Albert Schatz
Découverte de la streptomycine
1946
Edward Tatum et Joshua Lederberg
Conjugaison bactérienne
1951
Barbara McClintock
Découverte des éléments transposables
1952
Joshua Lederberg et Norton Zinder
Transduction bactérienne
1953
James Watson, Francis Crick, Rosalind Franklin
Structure de l’ADN
1959
Arthur Pardee, François Jacob, Jacques Monod
Régulation des gènes par une protéine répresseur
1959
Rodney Porter
Structure de l’immunoglobine
1959
Frank Macfarlane Burnet
Théorie de la sélection clonale
1960
François Jacob, David Perrin, Carmon Sanchez, Jacques Monod
Concept de l’opéron
1960
Rosalyn Yalow et Solomon Bernson
Développement des radio-immuno essais (RIA)
1961
Sydney Brenner, François Jacob et Matthew Meselson
ARN messager et ribosomes : site de la synthèse protéique
1966
Marshall Nirenberg et Har Gobind Khorana
Découverte du code génétique
1967
Thomas Brock
Découverte des bactéries des sources d’eau chaude
1969
Howard Temin, David Baltimore, Renato Dulbecco
Découverte des rétrovirus/transcriptase inverse
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18 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie
Années
Investigateur(s)
Découverte
1969
Thomas Brock et Hudson Freeze
Isolement de Thermus aquaticus, source de Taq ADN polymérase
1970
Hamilton Smith
Spécificité d’action des enzymes de restriction
1973
Stanley Cohen, Annie Chang, Robert Helling et Herbert Boyer
ADN recombinant
1975
Georges Kohler, Cesar Milstein
Anticorps monoclonaux
1976
Susumu Tonegawa
Réarrangement des gènes de l’immunoglobuline
1977
Carl Woese et George Fox
Découverte des Archaea
1977
Fred Sanger, Steven Niklen, Alan Coulson
Méthodes de séquençage de l’ADN
1981
Stanley Prusiner
Caracterisation des prions
1982
Karl Stetter
Isolement du premier procaryote avec une température optimale supérieure à 100 ˚C
1983
Luc Montagnier
Découverte du VIH, cause du SIDA
1985
Kary Mullis
Invention de la réaction de polymérisation en chaîne (PCR)
1986
Norman Pace
Écologie moléculaire microbienne
1995
Craig Venter et Hamilton Smith
Séquence complète d’un génome bactérien
1999
The Institute for Genomic Research (TIGR) et autres
Plus de cent génomes microbiens séquencés ou en cours
2000
Edward Delong
Découverte des Archaea marines, protéorhodopsine, et d’autres aspects de la vie marine procaryotique
2004
Craig Venter et autres
Premier grand génome environnemental : mer des Sargasses
Sources majeures des références : Brock, T. D. (1961), Milestones in Microbiology, Prentice Hall, Englewood Cliffs, New Jersey ; Brock, T. D. (1990). Émergence de la génétique bactérienne. Cold Spring Harbor Press, Cold Spring Harbor, New York. Les années correspondent à la publication de la découverte.
Contrôlez vos acquis Beijerinck et Winogradsky ont étudié les bactéries dans les sols et l’eau et développé la technique de culture d’enrichissement pour l’isolation des représentants de divers groupes physiologiques. De nombreux concepts majeurs ont émergé durant cette période, incluant les cultures d’enrichissement, la chimiolithotrophie, la chimio-autotrophie et la fixation de l’azote. •
À quoi correspond la technique de culture d’enrichissement ?
•
En examinant la figure 1.16, montrez pourquoi l’oxydation du soufre et la nitrification sont considérées comme des processus chimiolithotrophes, alors que la fixation de l’azote ne l’est pas (indice : observez les réactions utilisant de l’ATP dans chaque cas).
m n1.8 L’ère moderne de la microbiologie Au XXe siècle, la microbiologie s’est développée en deux voies distinctes : la microbiologie appliquée et la microbiologie fondamentale.
domaines de la microbiologie médicale et de l’immunologie. Au même moment ont eu lieu la découverte de nouvelles bactéries pathogènes et l’élucidation des mécanismes par lesquels ces bactéries infectent les organismes et sont contrecarrées par les mécanismes immunitaires. D’autres avancées ont été permises par les découvertes de Beijerinck et Winogradsky dans le domaine de la microbiologie agricole, qui ont mené à la compréhension des processus microbiens du sol, comme la fixation de l’azote, bénéfique pour la croissance des plantes. Plus tard, au XXe siècle, l’étude des micro-organismes du sol a conduit à la découverte d’antibiotiques et d’autres molécules chimiques importantes, ouvrant la voie de la microbiologie industrielle et de la culture à grande échelle de micro-organismes pour la production de produits d’intérêt commercial. Les avancées dans le domaine de la microbiologie des sols ont rendu possible ensuite l’étude des micro-organismes colonisant les lacs, les rivières et les océans : domaines de la microbiologie aquatique et marine. Un des aspects de la microbiologie des eaux douces concerne le traitement des effluents et la production de l’eau potable pour la consommation. L’intérêt croissant pour la biodiversité et l’activité des micro-organismes dans leur environnement naturel a favorisé l’émergence de l’écologie microbienne dans les années 1960-1970. L’écologie microbienne connaît actuellement un renouveau spectaculaire, grâce aux apports des outils issus de la biologie moléculaire (voir figure 1.17).
Le développement des sous-disciplines majeures de la microbiologie appliquée
Les sous-disciplines en microbiologie
Les avancées innovantes de Koch ont permis le développement intensif de la microbiologie appliquée. Ainsi sont apparus les
Outre les progrès réalisés dans des domaines appliqués de la microbiologie, le XXe siècle a assisté à de nombreuses percées
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1.8 L’ère moderne de la microbiologie 19
Archaea Bacteria
AUG GUC 1687
1864
1944 1941 1946
1895
1985 1953
L’ADN Génétique Structure est du bactérienne de l’ADN matériel génétique
van Pasteur Koch, Leeuwenhoek Winogradsky
1966 Code génétique
1977 1 Séquençage de l’ADN ; 2 Découverte des Archaea
Streptomycine Premières étapes : découverte, microbiologie générale et médicale
Eukarya
AGC T
1986
1995
PCR Écologie moléculaire microbienne
Ère de la biologie moléculaire/microbiologie générale
Premier génôme séquencé
2006 Plus de 500 génômes séquencés
Microbiologie moléculaire, génomique et protéomique
FIGURE 1.17 Quelques dates repères concernant la microbiologie depuis 65 ans. Les icônes ou photos au-dessus des dates symbolisent les découvertes majeures. Chaque découverte présentée ici a été expliquée dans ce chapitre ou le sera dans les chapitres suivants.
dans des domaines de la science fondamentale, en particulier ceux employant les concepts et outils de la biologie moléculaire. Les plus importants des soixante-cinq dernières années sont résumés dans la figure 1.17. Depuis la Seconde Guerre mondiale, de nouveaux microorganismes ont été découverts et classifiés, grâce à l’amélioration de la systématique microbienne et de la construction d’arbres phylogénétiques (voir figure 1.17). L’étude des nutriments nécessaires aux micro-organismes et des produits de leurs métabolismes a conduit à des avancées importantes concernant la physiologie microbienne. La connaissance approfondie de la structure physico-chimique des micro-organismes (cytologie) et la découverte des enzymes microbiennes et de leur réaction (biochimie microbienne) ont également influencé la microbiologie d’aujourd’hui. L’étude de l’hérédité et de la variation, c’est-à-dire la génétique bactérienne a été une clé importante dans la recherche fondamentale et a évolué rapidement au milieu du XXe siècle. Bien que certains aspects de la génétique bactérienne aient été connus au début du XXe siècle, il a fallu attendre la découverte des échanges génétiques chez les bactéries dans les années 1950 pour que la génétique bactérienne devienne un domaine d’étude important. La génétique bactérienne, la biochimie et la physiologie se sont largement développées pendant ces années-là. Au début des années 1960, ces domaines ont fourni une meilleure compréhension de l’ADN, de l’ARN et de la synthèse protéique. À partir de ces études bactériennes, le domaine de la biologie moléculaire a nettement progressé (voir figure 1.17). L’étude des virus a également progressé au XXe siècle. Bien que Beijerinck ait découvert le premier virus cent ans auparavant, ce n’est qu’au milieu du XXe siècle que la vraie nature des virus a été comprise. La plupart des travaux ont impliqué l’étude des virus infectant des bactéries, appelés bactériophages. Les scientifiques ont réalisé que les infections virales étaient analogues aux transferts génétiques, et la relation entre les virus et les autres éléments génétiques est apparue à travers les recherches sur les bactériophages.
L’ère de la microbiologie moléculaire Vers les années 1970, notre connaissance sur la physiologie, la biochimie et la génétique bactériennes a progressé de façon à pouvoir manipuler expérimentalement le matériel génétique d’une cellule. Avec la découverte des enzymes de restriction, il a été possible d’introduire de l’ADN étranger dans des bactéries et de contrôler sa réplication. Ceci a permis le développement des biotechnologies. Au même moment, le séquençage des acides nucléiques s’est développé, avec des conséquences énormes dans tous les domaines de la biologie. En microbiologie, le séquençage de l’ADN a permis de mettre en évidence des relations phylogénétiques entre procaryotes, permettant de nouveaux concepts de classification biologique. Le séquençage a également donné naissance à la génomique, l’analyse comparée des gènes de différents organismes. Les quantités importantes d’informations génomiques disponibles ont engendré des avancées majeures en médecine, en écologie microbienne et dans bien d’autres domaines de la biologie. En effet, l’ère de la génomique a permis la naissance de la protéomique, l’étude de l’expression des protéines dans les cellules (sur la génomique et la protéomique, voir chapitre 15).
Les nouvelles frontières Les 350 ans de la microbiologie ont non seulement permis de mieux connaître la biologie des micro-organismes, mais ils ont aussi suscité de nouveaux défis (bons ou mauvais). D’un côté, de nouvelles maladies comme la SRAS et le SIDA semblent faire leur apparition sans avertissement et remettent en cause notre compréhension des maladies microbiennes. D’un autre côté, de nouvelles découvertes nous amènent petit à petit à la compréhension du fonctionnement cellulaire, et les nouvelles bactéries découvertes repoussent les limites de nos connaissances de la diversité microbienne. La génomique est prête à révéler le plus petit génome, le minimum de gènes nécessaire à la vie. Dans un avenir proche les prérequis nécessaires à la vie pourront être précisément décrits. La création de cellules en laboratoire n’est plus très loin.
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20 Chapitre 1
Micro-organismes et microbiologie
Comme l’a dit Stephen Jay Gould, c’est « l’âge de la bactérie ». Quelle époque excitante pour étudier la science ! Bienvenue dans le monde de la microbiologie !
Contrôlez vos acquis Du milieu à la seconde moitié du XXe siècle, les microbiologies fondamentale et appliquée évoluèrent ensemble pour conduire à l’ère de la microbiologie moléculaire. •
Énumérez les sous-disciplines de la microbiologie se focalisant sur : le métabolisme, l’enzymologie, les acides nucléiques et la synthèse protéique, les microorganismes et leurs environnements naturels.
QUESTIONS 1. Indiquez les six propriétés associées à l’état vivant. Lesquelles sont des propriétés communes à toutes les cellules ? Lesquelles seulement à quelques types de cellules (voir sections 1.1 et 1.2) ? 2. Il est possible de considérer les cellules comme des machineries cellulaires et des dispositifs de codage. Expliquez en quoi ces deux attributs cellulaires diffèrent (voir section 1.2). 3. Quels sont les éléments nécessaires à la traduction dans une cellule ? Quel est le produit de la traduction (voir section 1.2) ? 4. Définissez un écosystème. Les micro-organismes vivent-ils en culture pure dans un écosystème ? Quels effets peuvent avoir les micro-organismes sur leurs écosystèmes (voir section 1.3) ? 5. Comment convaincre un interlocuteur que les micro-organismes ne sont pas que des agents infectieux (voir section 1.4) ? 6. Pour quelles contributions Hooke et van Leeuwenhoek sont-ils connus en microbiologie ? Comment Ferdinand Cohn a-t-il contribué à cette science (voir section 1.5) ? 7. Qu’est-ce qu’une culture pure et comment peut-elle être obtenue ? Pourquoi l’obtention d’une culture pure fut-elle
importante pour le développement de la microbiologie (voir section 1.6) ? 8. Expliquez les principes d’utilisation des flacons à col de cygne de Pasteur dans l’étude de la génération spontanée (voir section 1.6). 9. Expliquez pourquoi la découverte des milieux de culture solide fut importante pour le développement de la microbiologie (voir section 1.6). 10. À quoi correspondent les postulats de Koch et quelle est leur influence sur le développement de la microbiologie ? Pourquoi sont-ils toujours valables aujourd’hui (voir section 1.6) ? 11. Décrivez une contribution majeure de Martinus Beijerinck à la microbiologie (voir section 1.7). 12. Quels concepts majeurs devons-nous à Sergei Winogradsky (voir section 1.7) ? 13. Quelles avancées majeures ont eu lieu depuis la Seconde Guerre mondiale (voir section 1.8) ?
PROBLÈMES 1. Les expériences de Pasteur sur la génération spontanée ont été d’une importance considérable pour l’avancée de la microbiologie, avec un impact sur la méthodologie, sur notre compréhension de l’origine de la vie, sur la conservation de la nourriture. Expliquez brièvement comment ces expériences ont influé sur chacun de ces domaines.
2. Décrivez les différentes preuves utilisées par Robert Koch pour associer la bactérie Mycobacterium tuberculosis à la tuberculose. Comment ces preuves auraient-elles pu être anéanties si les règles utilisées pour l’étude des maladies bactériennes n’avaient pas été validées pour l’étude de la tuberculose ?
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7209.book Page 21 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
I
Structure cellulaire et évolution
22
2.1 2.2
22
2.3
Les structures cellulaires et virales L’organisation de l’ADN dans les cellules microbiennes L’arbre universel du vivant
24 26
II
Diversité microbienne
28
2.4
La diversité de la physiologie des microorganismes La diversité des procaryotes Les micro-organismes eucaryotes
28 30 35
2.5 2.6
CHAPITRE DEUX
Vue d’ensemble de la vie microbienne
La diversité microbienne est extrêmement vaste et les micro-organismes ont exploité toutes les stratégies permettant la vie, dans le cadre des lois de la physique et de la chimie.
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22 Chapitre 2
Vue d’ensemble de la vie microbienne
GLOSSAIRE Archaea (Archaea) L’un des trois domaines du vivant. Procaryotes phylogénétiquement distincts des Bacteria. Bacteria (Bacteria) L’un des trois domaines du vivant. Procaryotes phylogénétiquement distincts des Archaea. Chimiolithotrophe (chemolithotroph) Organisme tirant son énergie de l’oxydation de substrats inorganiques. chimio-organotrophe (chemoorganotroph) Organisme tirant son énergie de l’oxydation de substrats organiques. Chromosome (chromosome) Élément génétique comportant les gènes essentiels au fonctionnement cellulaire. Cytoplasme (cytoplasm) Contenu d’une cellule vivante, entouré par la membrane plasmique à l’exception du noyau, s’il est présent. Domaine (domain) Rang le plus élevé dans la classification biologique (il existe trois domaines). Endosymbiose (endosymbiosis) Processus ayant permis l’apparition des mitochondries et des chloroplastes dans les cellules eucaryotes à la suite de la colonisation de celles-ci par des procaryotes du domaine des Bacteria. Eucaryote (Eukaryote) Cellule dont le noyau est séparé du cytoplasme par une membrane et qui possède généralement des organelles. Eukarya (Eukarya) L’un des trois domaines du vivant incluant toutes les cellules eucaryotes. Évolution (evolution) Processus ayant, au cours du temps, conduit à l’apparition de nouvelles espèces ou de variétés à l’intérieur d’espèces. Extrémophile (extremophile) Organisme dont la croissance optimale se réalise à des valeurs extrêmes pour certains para-
I
STRUCTURE CELLULAIRE ET ÉVOLUTION
Ce chapitre concerne la structure, la fonction et la diversité des cellules microbiennes. Les structures internes de ces cellules, distinctes de celles des virus, l’arbre universel du vivant et les principaux groupes de micro-organismes interagissant avec l’homme et la planète seront étudiés successivement. Les techniques de microscopie optique et électronique ont permis d’acquérir les principales connaissances de la structure cellulaire, qu’illustrent les photographies au cours de ce chapitre. La structure cellulaire et ces techniques de microscopie seront approfondies dans le chapitre 4.
m n2.1 Les structures cellulaires et virales Toutes les cellules ont de nombreux points communs et présentent de nombreux éléments ou fonctions identiques. Elles possèdent toutes une barrière, appelée membrane cytoplasmique (voir figure 2.1), séparant le milieu intracellulaire du milieu extracellulaire. C’est à travers la membrane cytoplasmique que les nutriments et autres composés nécessaires à son fonctionnement pénètrent la cellule, et que les déchets et les autres produits cellulaires vont en sortir. À l’intérieur de la cellule se trouve le cytoplasme, un mélange complexe de substances et de structures cellulaires, délimité par la membrane cytoplasmique. Ces différents éléments intracellulaires,
mètres physiques ou chimiques tels que la température ou le pH. Génome (genome) Ensemble des gènes contenus dans une cellule ou un virus. Morphologie (morphology) Forme de la bactérie : bacille, sphérique (coque), spirille et autres. Noyau (nucleus) Structure entourée d’une membrane et contenant les chromosomes chez une cellule eucaryote. Nucléoïde (nucleoid) ADN compacté constituant le chromosome d’une cellule de Bacteria ou d’Archaea. Organelle (organelle) Structure membranaire fermée comme les mitochondries ou les chloroplastes présents dans le cytoplasme des cellules eucaryotes. Phototrophe (phototroph) Organisme utilisant la lumière comme source d’énergie. Phylogénie (phylogeny) Étude des relations d’évolution entre les organismes. Plasmide (plasmid) Élément génétique extrachromosomique qui n’est pas essentiel à la croissance. Procaryote (prokaryote) Cellule dépourvue de structures internes délimitées par une membrane comme le noyau ou d’autres organelles. Protéobactérie (Proteobacteria) Phylum bactérien très étendu incluant les bactéries Gram négatif les plus courantes, dont Escherichia coli. Ribosome (ribosome) Particule cytoplasmique composée d’ARN ribosomique et de protéines, dont la fonction est de synthétiser des protéines.
contenus ou dissous dans l’eau, sont responsables du fonctionnement de la cellule. Les principaux composés dissous dans le cytoplasme comprennent des macromolécules (avec en particulier deux classes très importantes : les protéines et les acides nucléiques), de petites molécules organiques (principalement les précurseurs des macromolécules) et divers ions inorganiques. Les ribosomes – responsables de la synthèse protéique – sont des particules en suspension dans le cytoplasme, composées d’acides ribonucléiques (ARN) et de diverses protéines. Au cours d’un processus clé, la synthèse protéique, les ribosomes interagissent avec des protéines cytoplasmiques, des ARN messagers et des ARN de transfert (voir figure 1.4). La paroi cellulaire, localisée à l’extérieur de la membrane cytoplasmique, est relativement perméable et permet de maintenir la structure de la cellule. Cette paroi est d’ailleurs plus rigide que la membrane cytoplasmique. Les cellules végétales et la majorité des micro-organismes ont des parois cellulaires, contrairement à la plupart des cellules animales. Ces dernières possèdent, à la place, dans leur cytoplasme, une structure appelée cytosquelette.
Les cellules eucaryotes L’étude des structures internes des cellules révèle deux types de structures : procaryote et eucaryote (voir figure 2.1). Les cellules eucaryotes sont généralement de taille plus importante et de structure plus complexe que les procaryotes. Les
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2.1 Les structures cellulaires et virales 23
Cytoplasme
Nucléoïde
micro-organismes eucaryotes comprennent les algues, les champignons et les protozoaires (voir figures 2.23 et 2.24). Tous les végétaux et animaux multicellulaires sont composés de cellules eucaryotes (voir chapitre 14 pour une présentation plus détaillée de ces cellules). Une des principales particularités des cellules eucaryotes (absentes des cellules procaryotes) est la présence de structures membranaires appelées organelles qui comprennent avant tout le noyau, mais aussi les mitochondries et les chloroplastes (ces derniers n’étant présents que dans les cellules photosynthétiques) (voir figures 2.1b et 2.2c). Le noyau possède l’information génétique de la cellule (ADN, « le génome ») et se trouve être le siège de la transcription dans les cellules eucaryotes. Les mitochondries et les chloroplastes interviennent de façon spécifique dans la production d’énergie, les premières par la respiration, les secondes par la photosynthèse.
Ribosomes Plasmide
0,5 µm
Membrane cytoplasmique
Paroi cellulaire (a) Membrane cytoplasmique Réticulum endoplasmique Ribosomes Noyau
Les cellules procaryotes
Nucléole
À la différence des cellules eucaryotes, les cellules procaryotes ont une structure interne plus simple dépourvue d’organelles (voir figures 2.1a et 2.2a, b). Les procaryotes sont composés des Bacteria et des Archaea. Bien que les différentes espèces d’Archaea et de Bacteria partagent la même structure cellulaire, l’histoire de leur évolution diffère considérablement. Dans cet ouvrage, le terme bactérie(s) écrit avec un b minuscule est synonyme du terme procaryote. À l’opposé, le terme Bacteria (écrit avec un B majuscule et en italique) fait référence au groupe phylogénétique des procaryotes, distinct de celui des Archaea (voir section 2.3). En général, les cellules microbiennes sont très petites, notamment les cellules procaryotes. Par exemple, un procaryote en forme de bâtonnet a une longueur caractéristique d’environ 1 à 5 µm et une largeur d’environ 1 µm (1 µm correspond à 10-6 mètres), dimensions qui le rendent invisible à l’œil nu. Pour donner une idée de la taille d’une bactérie, on
Appareil de Golgi Cytoplasme Mitochondrie Chloroplaste
10 µm
(b)
FIGURE 2.1 Structure interne des cellules microbiennes. (a) Schéma d’une cellule procaryote. (b) Schéma d’une cellule eucaryote. Remarquez les différences d’échelle et de structure interne.
John Bozzola et M. T. Madigan
Reinhard Rachel et Karl O. Stetter
Membrane cytoplasmique
(a)
(b)
Noyau
Paroi Membrane interne (c)
Mitochondrie
S. F. Conti et T. D. Brock
Enveloppe nucléaire
FIGURE 2.2 Observation en microscopie électronique de coupes de cellules appartenant à chacun des trois domaines du vivant . (a) Heliobacterium modesticaldum (Bacteria) ; dimensions de la cellule : 1 × 3 µm. (b) Methanopyrus kandleri (Archaea) ; dimensions de la cellule : 0,5 × 4 µm. (Reinhard Rachel et Karl O. Stetter, 1981. Archives of Microbiology, 128:288–293. © Springer-Verlag GmbH & Co. KG). (c) Saccharomyces cerevisiae (Eukarya) ; diamètre de la cellule : 8 µm.
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24 Chapitre 2
Vue d’ensemble de la vie microbienne
pourrait placer bout à bout 500 bactéries d’une longueur de 1 µm chacune dans le point final de cette phrase. Les cellules eucaryotes se caractérisent par une taille plus importante que les cellules procaryotes, mais elles peuvent varier considérablement en diamètre, de trois à plusieurs centaines de µm (voir chapitre 4).
Contrôlez vos acquis Toutes les cellules microbiennes ont des structures communes, telles que la membrane cytoplasmique, les ribosomes et (généralement) la paroi cellulaire. Deux types de structures cellulaires sont reconnus : les procaryotes et les eucaryotes. Les virus ne sont pas des cellules, mais dépendent des cellules pour leur réplication.
Les virus Les virus ne sont pas des cellules, mais constituent une classe majeure de micro-organismes (voir figure 2.3). Ils sont dépourvus de nombreuses caractéristiques propres aux cellules, et en particulier ne sont pas des systèmes dynamiques, à l’opposé des cellules qui peuvent absorber des nutriments et rejeter des déchets. Au contraire, les particules virales sont des structures stables et statiques incapables de modifier ou de remplacer leurs constituants. C’est seulement au cours de l’infection d’une cellule que le virus acquiert la propriété clé d’un être vivant – la reproduction. À la différence des cellules, les virus n’ont pas de capacités métaboliques intrinsèques. Bien qu’ils possèdent leur propre génome, ils n’ont pas de ribosomes et, de ce fait, ils dépendent totalement du mécanisme cellulaire de synthèse protéique de leur hôte. Les virus infectent tous les types cellulaires, y compris les cellules microbiennes. De nombreux virus provoquent des maladies chez les organismes qu’ils infectent. L’infection virale peut provoquer d’importantes modifications cellulaires, dont l’altération du matériel génétique, allant même jusqu’à augmenter les capacités cellulaires. Les virus sont beaucoup plus petits que les cellules procaryotes (voir figure 2.3), le plus petit étant d’un diamètre de 10 nm (0,010 µm).
•
En observant l’intérieur d’une cellule, comment pourriez-vous définir s’il s’agit d’une cellule eucaryote ou procaryote ?
•
Quelle fonction importante les ribosomes remplissent-ils dans une cellule ?
•
Quelle est la longueur caractéristique d’une bactérie en forme de bâtonnet ? Comparez votre propre taille à celle d’une seule cellule ?
de l’ADN m n2.2 L’organisation dans les cellules microbiennes Les différents processus permettant à une cellule de vivre sont régis par l’ensemble de ses gènes (le génome). Le gène d’une cellule peut être défini comme un segment d’ADN codant une protéine (via un ARN messager) ou d’autres molécules telles que l’ARN ribosomique ou l’ARN de transfert. Au chapitre 15, nous aborderons les progrès réalisés par les techniques de
Cellule eucaryote
Virus
Erskine Caldwell
Cellule procaryote
(a)
D. Kaiser
Noyau
(b)
1000 nm (1 µm)
(c)
FIGURE 2.3 Structure des virus et taille comparées des virus et des cellules. (a) Particules de rhabdovirus (virus d’eucaryotes). Le diamètre d’une particule virale est d’environ 65 nm (0,065 µm). (b) Virus de bactérie (bactériophage) lambda. Le diamètre de la tête de chaque particule virale est de 65 nm. (c) Taille des virus présentés en (a) et (b) en comparaison d’une cellule bactérienne et d’une cellule eucaryote.
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7209.book Page 25 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
2.2 L’organisation de l’ADN dans les cellules microbiennes 25
séquençage et d’analyse des génomes. Ces avancées ont permis de réaliser des cartes génétiques de centaines d’organismes et d’établir des comparaisons significatives et novatrices. Seule l’organisation des génomes dans les cellules procaryotes et eucaryotes sera abordée dans le présent chapitre.
Le noyau ou nucléoïde
E. Kellenberger
L’organisation des génomes des cellules procaryotes et eucaryotes est différente. Dans une cellule procaryote, l’ADN se trouve sous la forme d’une grande molécule double brin appelée chromosome bactérien. Le chromosome est compacté sous une forme visible appelée nucléoïde (voir figure 2.4). Dans le chapitre 7, nous verrons que l’ADN est circulaire dans la plupart des procaryotes. La majorité d’entre eux n’a qu’un unique chromosome. Et, par conséquent, les procaryotes n’ont qu’une copie unique de chaque gène et sont donc haploïdes. Plusieurs possèdent aussi de petites quantités
(a)
d’ADN circulaire extra-chromosomique, appelées plasmides. Ces plasmides possèdent généralement des gènes conférant à la cellule procaryote des propriétés spécifiques (telles que des propriétés métaboliques). À la différence, les gènes essentiels à la survie (gènes « de ménage ») sont localisés sur le chromosome. L’ADN eucaryote est présent dans le noyau sous forme de molécules linéaires compactées et organisées en chromosomes. Le nombre de chromosomes varie selon les organismes. Par exemple, la levure de boulanger, Saccharomyces cerevisiae, possède 16 chromosomes organisés en 8 paires, alors que les cellules humaines en contiennent 46 (23 paires). Néanmoins, les chromosomes eucaryotes ne sont pas seulement composés d’ADN, ils possèdent aussi des protéines permettant l’enroulement et la compaction de l’ADN, ainsi que d’autres protéines nécessaires à l’expression génétique. Il existe une différence génétique majeure entre les procaryotes et les eucaryotes : ces derniers ont généralement deux copies de chaque gène et sont donc diploïdes. Au cours de la division des cellules eucaryotes, le noyau se divise (après le doublement du nombre de chromosomes) lors d’un processus appelé mitose (voir figure 2.5). Il en résulte deux cellules filles identiques, possédant chacune un noyau avec une copie du génome. Le génome diploïde des cellules eucaryotes, dédoublé au cours du processus de méiose, forme des gamètes haploïdes pour la reproduction sexuée. La fusion de deux gamètes au cours de la formation du zygote rétablit l’état diploïde de la cellule (voir chapitre 14, pour l’approfondissement de ces processus).
Les gènes, les génomes et les protéines
(b) FIGURE 2.4 Le nucléoïde. (a) Observation au microscope optique de cellules d’Escherichia coli traitées de manière à rendre le nucléoïde visible. La longueur d’une cellule est d’environ 3 µm. (b) Observation au microscope électronique d’un nucléoïde isolé d’une cellule d’E. coli. La cellule a été délicatement lysée pour permettre au nucléoïde fortement compacté d’apparaître intact. Les flèches montrent les bords des brins d’ADN.
Le Ma, Harvard Medical School
B. Arnold-Schulz-Gahmen
Combien de gènes et de protéines une cellule contient-elle ? Le génome d’Escherichia coli, bactérie très commune, se présente sous la forme d’un chromosome circulaire de 4,68 millions de
FIGURE 2.5 Image au microscope de la mitose d’une cellule de rat-kangourou marquée par fluorescence. La cellule a été photographiée au cours de la métaphase de la division mitotique. La couleur verte distingue la tubuline, une protéine impliquée dans la séparation des chromosomes (voir section 14.5). Les chromosomes sont colorés en bleu par un intercalant fluorescent de l’ADN. Bien qu’essentielle dans le cycle cellulaire eucaryote, la mitose ne se produit pas chez les cellules procaryotes.
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26 Chapitre 2
Vue d’ensemble de la vie microbienne
paires de bases d’ADN. Grâce au séquençage complet du génome d’E. coli, nous savons qu’il contient environ 4 300 gènes. Certains génomes bactériens possèdent jusqu’à trois fois ce nombre de gènes, alors que d’autres peuvent n’en posséder que moins d’un huitième. Les cellules eucaryotes possèdent, en général, un génome de taille plus importante que les cellules procaryotes. Par exemple, une cellule humaine possède 1 000 fois plus d’ADN qu’une cellule d’E. coli et 7 fois plus de gènes (nous verrons par la suite que l’ADN des cellules eucaryotes est majoritairement composé d’ADN non codant). Une seule cellule d’E. coli contient environ 1 900 classes différentes de protéines pour un nombre total d’environ 2,4 millions de protéines (voir tableau 3.2). La quantité de chaque protéine chez E. coli peut considérablement varier, certaines n’étant présentes qu’à quelques copies. E. coli possède ainsi des mécanismes contrôlant l’expression de ses gènes afin qu’ils s’expriment (transcription et traduction, voir figure 1.4) en des proportions et à des temps différents. Ce phénomène est observé couramment chez toutes les cellules eucaryotes et procaryotes et sera détaillé lors de l’étude des principaux mécanismes de l’expression génétique, au chapitre 8.
Contrôlez vos acquis Les gènes régissent les propriétés de la cellule et l’ensemble de ces gènes est appelé génome. L’ADN est organisé dans les cellules sous forme de chromosome. En général, les procaryotes ne possèdent qu’un chromosome circulaire unique, alors que les eucaryotes possèdent plusieurs chromosomes linéaires.
c’est pourquoi les ARN ribosomiques ont été utilisés pour construire l’arbre phylogénétique universel de tous les organismes vivants (voir figure 2.7). Carl Woese, microbiologiste américain, a été le premier à faire usage de l’ARN ribosomique en phylogénie. La figure 2.6 décrit les étapes de la construction d’un arbre phylogénétique à partir d’ARN. En résumé, l’alignement des séquences codantes pour l’ARN ribosomique, obtenues par le séquençage d’un ou plusieurs organismes, est analysé avec un outil informatique. Plus la différence des séquences de l’ARN ribosomique entre deux ou plusieurs organismes est importante, plus leur distance évolutive est grande. Ces distances sont ensuite transcrites sous la forme d’un arbre phylogénétique (voir figure 2.6).
Les trois domaines de la vie La comparaison des ARN ribosomiques a permis de mettre en évidence trois domaines phylogénétiquement distincts qui sont les Bacteria, les Archaea et les Eukarya (eucaryotes) (voir figure 2.7). Les deux premières lignées sont constituées uniquement de cellules procaryotes, tandis que la troisième contient exclusivement des eucaryotes. Les trois domaines pourraient avoir divergé d’un ancêtre commun ou d’une communauté d’organismes au début de l’apparition de la vie sur la Terre (voir section 11.7). Outre le fait de montrer que tous les procaryotes ne sont pas étroitement apparentés, l’arbre universel du vivant établit un autre fait important de l’évolution : les Archaea sont phylogénétiquement plus proches des Eukarya que des Bacteria (voir figure 2.7). Ainsi l’arbre universel du vivant aurait divergé de l’ancêtre commun dans deux directions : une à l’origine des Bacteria et une deuxième, probablement, à l’origine des Archaea et des Eukarya.
•
Quelles sont les différences entre le noyau et le nucléoïde ?
•
En quoi les plasmides diffèrent-ils des chromosomes ?
Eukarya
•
Pourquoi est-il cohérent que les cellules humaines aient plus de gènes que les cellules bactériennes ?
Étant donné que les cellules animales et végétales sont eucaryotes, il en résulte que les micro-organismes eucaryotes sont les ancêtres des organismes pluricellulaires. L’étude de l’arbre universel du vivant le confirme : les micro-organismes eucaryotes divergent de la branche commune des eucaryotes avant les plantes et les animaux de la couronne des pluricellulaires (voir figure 2.7). Néanmoins, des résultats de séquençages ainsi que d’autres indices ont permis d’établir que les cellules eucaryotes possèdent des gènes issus de cellules des deux autres domaines. En plus du génome contenu dans le noyau des cellules eucaryotes, les mitochondries et les chloroplastes des eucaryotes possèdent leur propre génome (ADN circulaire comme chez les Bacteria) et leurs ribosomes. Ainsi, l’analyse de l’ARN ribosomique (voir figure 2.6) de ces organelles a montré qu’elles divergeaient d’ancêtres appartenant au domaine des Bacteria (voir figure 2.7). Les mitochondries et les chloroplastes étaient donc, par le passé, des cellules libres qui, pour des raisons de protection ou d’autres raisons, se sont établies de manière stable dans des cellules d’Eukarya. Ce processus de stabilisation est appelé endosymbiose et sera abordé au cours des prochains chapitres (voir sections 11.3 et 14.4).
m n2.3 L’arbre universel du vivant L’évolution est le processus ayant mené à l’apparition et à la transformation de nouvelles espèces. La structure cellulaire en est-elle un facteur déterminant ? La réponse est mitigée. L’étude de la formation et de l’évolution des organismes vivants se nomme la phylogénie. D’un côté, toutes les cellules procaryotes et eucaryotes connues sont phylogénétiquement distinctes ; de l’autre, toutes les cellules procaryotes n’ont pas entre elles de relations évolutives proches ; Bacteria et Archaea sont phylogénétiquement distinctes. La comparaison de la séquence de certaines macromolécules permet d’établir des liens de parenté phylogénétique. Pour des raisons qui seront abordées au chapitre 11, les macromolécules constituant le ribosome, en particulier les ARN ribosomiques, sont d’excellents marqueurs phylogénétiques. Or, toutes les cellules contiennent des ribosomes,
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2.3 L’arbre universel du vivant
27
ADN
Gène codant l’ARN ribosomique
Cellules
Extraction d’ADN (a)
Séquençage de l’ADN A
G
C
T
Analyse des séquences
PCR
(b)
Alignement des séquences du gène codant l’ARNr
(c)
AG T CGC T AG 1 A T T CCG T A G 2 AGCCG T T AG 3
(d)
3
1
Calcul de l’arbre phylogénétique (e)
2
FIGURE 2.6 Séquençage et phylogénie du gène de l’ARN ribosomique (ARNr) . (a) L’ADN est extrait de cellules issues d’une culture pure ou d’échantillons environnementaux. (b) Le gène codant l’ARNr est spécifiquement amplifié par la technique d’amplification en chaîne par polymérisation (PCR) ; voir section 7.9. (c) Le gène est séquencé (voir section 10.13). (d) Les séquences obtenues sont alignées par un logiciel informatique. Un algorithme permettant d’identifier les différences effectue une comparaison par paire des séquences d’ARNr des micro-organismes étudiés, afin de calculer un arbre phylogénétique (e). L’exemple représenté illustre les différences suivantes : trois différences entre l’organisme 1 et 2 ; deux différences entre le 1 et le 3 ; quatre différences entre le 2 et le 3. Les organismes 1 et 3 ont un degré de similitude supérieur à celui existant entre les séquences des organismes 2 et 3, et 1 et 2. Si l’étude porte sur un échantillon environnemental, les séquences d’ARNr amplifiées doivent être préalablement isolées par clonage avant le séquençage. Pour plus de détails sur ces méthodes, voir les sections 11.5 et 18.5.
Les contributions du séquençage à la microbiologie La phylogénie moléculaire a permis de révéler les relations évolutives entre toutes les cellules. Les différents développements technologiques ont contribué à formaliser le cadre d’étude des différentes disciplines de la microbiologie, en particulier la classification et l’écologie microbiennes, de même que le diagnostic clinique. Ainsi, la phylogénie moléculaire a aidé à affiner la notion d’espèce bactérienne, rendant possible l’identification d’organismes sans avoir à les cultiver (voir chapitres 11, 18 et 24).
Contrôlez vos acquis Le séquençage et l’analyse comparative des ARN ribosomiques ont permis de définir les trois domaines de la vie : Bacteria, Archaea et Eukarya. Le séquençage moléculaire a aussi montré que les principales organelles des Eukarya proviennent des Bacteria et a fourni de nouveaux outils à l’écologie microbienne et à la microbiologie clinique. •
Comment différencier les Bacteria des Archaea ? En quoi sont-elles similaires ?
•
Quels sont les indices moléculaires soutenant la théorie de l’endosymbiose ?
FIGURE 2.7 L’arbre phylogénétique universel YOTES PROCAR du vivant défini à partir des comparaisons de séquences du ARCHAEA gène d’ARNr. L’arbre se Méthanogènes « Couronne » compose de trois domaines des pluricellulaires d’organismes : les Halophiles extrêmes Hyperthermophiles Bacteria et les Archaea, BACTERIA qui sont des cellules EUKARYA Bactéries procaryotes, et les Gram positif Protéobactéries Eukarya (eucaryotes). Moisissures Animaux Mitochondries Seuls quelques glaireuses groupes Champignons d’organismes de Plantes chaque domaine sont Cyanobactéries représentés. Des Flagellés Chloroplastes arbres phylogénétiques Giardia plus détaillés de chaque ES domaine sont représentés Racine YOT EUCAR Hyperthermophiles dans les figures 2.9, 2.18 et de l’arbre 2.22, ainsi qu’aux chapitres 11 à 14. Les hyperthermophiles sont des prokaryotes dont la température optimale de croissance est de 80 °C ou plus. Les groupes colorés en rouge sont des macro-organismes. Tous les autres organismes de l’arbre phylogénétique du vivant sont des micro-organismes.
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28 Chapitre 2
II
Vue d’ensemble de la vie microbienne
DIVERSITÉ MICROBIENNE
L’évolution a façonné toute la vie sur la Terre. La diversité microbienne actuelle est la résultante de l’évolution sur presque quatre milliards d’années. Cette diversité peut être étudiée sous des angles multiples : variations de la taille des cellules, de la morphologie (forme de la cellule), des stratégies métaboliques (physiologie), de la mobilité, des mécanismes de division cellulaire, de pathogénicité, de la biologie du développement, de l’adaptation aux environnements extrêmes et de bien d’autres aspects de la biologie cellulaire. De fait, la diversité microbienne est immense. Chaque année, de nouvelles découvertes démontrent les stratégies ingénieuses des micro-organismes. Nous donnons dans les sections suivantes un aperçu de la diversité microbienne (pour plus de détails, voir chapitres 12 à 15), précédé par une introduction à la diversité métabolique (voir aussi chapitres 5, 6 et 19), les deux domaines étant étroitement liés. Les micro-organismes ont exploité toutes les possibilités concevables pour « faire de la matière vivante » en accord avec les lois de la physique et de la chimie. Cette importante capacité métabolique a rendu possible la colonisation de nombreux habitats par les micro-organismes, stimulant ainsi leur évolution et leur diversification.
de la physiologie m n2.4 Ladesdiversité micro-organismes Toutes les cellules ont besoin de produire de l’énergie et de la conserver. Toutes requièrent aussi des mécanismes génétiques autorisant la réplication et permettant l’adaptation à leurs différents environnements. Les sources d’énergie sont d’une importance primordiale pour les cellules, car les processus vitaux consomment beaucoup d’énergie. Trois stratégies s’offrent pour puiser l’énergie de la nature : à partir des composés organiques, des composés inorganiques ou de la lumière (voir figure 2.8).
Les chimio-organotrophes Des milliers de composés organiques existant sur la Terre peuvent être utilisés par un micro-organisme ou un autre. Tous les composés organiques naturels et la plupart des composés organiques synthétiques peuvent être métabolisés par un ou plusieurs micro-organismes. L’énergie est obtenue par oxydation d’un de ces composés (perte de ses électrons) et accumulée dans la cellule sous la forme d’un composé riche en énergie, l’adénosine triphosphate (ATP) (voir figure 2.8). Certains micro-organismes peuvent extraire l’énergie d’un composé seulement en présence d’oxygène ; ces organismes sont qualifiés d’aérobies. Au contraire, d’autres micro-organismes ne peuvent extraire leur énergie qu’en absence d’oxygène (anaérobie). Néanmoins, certains d’entre eux sont indifférents à la présence ou l’absence d’oxygène. Les organismes puisant leur énergie à partir de composés organiques sont appelés chimio-organotrophes (voir figure 2.8) et représentent la majeure partie des micro-organismes cultivés.
Substances chimiques
Chimiotrophie Composés organiques
Composés inorganiques
(glucose, acétate, etc.)
Chimio-organotrophes (glucose + O2
Phototrophie
(H2, H2S, Fe2+, NH4+, etc.)
Chimiolithotrophes Phototrophes
CO2 + H2O) (H2 + O2
ATP
H2O) (lumière
ATP)
ATP
FIGURE 2.8 Différentes options métaboliques pour l’obtention d’énergie. Les substances chimiques indiquées dans la figure ne constituent qu’une petite partie des composés utilisés par les organismes chimiotrophes. Ces derniers produisent de l’ATP par oxydation des composés organiques ou inorganiques, tandis que les phototrophes convertissent l’énergie solaire en énergie chimique, également sous forme d’ATP.
Les chimiolithotrophes De nombreux procaryotes peuvent utiliser l’énergie disponible dans les composés inorganiques. Il s’agit là d’une forme de métabolisme appelée chimiolithotrophie (découverte par Winogradsky – voir section 1.7), qui est employée par des chimiolithotrophes (voir figure 2.8). Cette forme de métabolisme producteur d’énergie n’est présente que chez les procaryotes et est prévalente chez les Archaea et les Bacteria. L’éventail des composés inorganiques utilisés est très large, mais, en règle générale, un procaryote spécifique se spécialise dans l’utilisation d’un groupe de composés inorganiques ou de sa famille. La raison pour laquelle la capacité d’extraire de l’énergie de composés inorganiques s’impose comme une évidence est qu’elle évite la concurrence avec les chimio-organotrophes. De plus, de nombreux composés inorganiques oxydés, tels que le H2 et le H2S, sont des déchets de ces chimio-organotrophes. Ainsi, les chimiolithotrophes ont élaboré des stratégies évoluées pour exploiter des ressources que d’autres organismes sont incapables d’utiliser.
Les phototrophes Les micro-organismes phototrophes possèdent un pigment qui leur permet d’utiliser la lumière comme source d’énergie, ce qui explique par ailleurs leur coloration cellulaire (voir figure 2.10a). À la différence des organismes chimiotrophes, les phototrophes ne requièrent pas de composés chimiques comme source d’énergie, l’ATP étant produit à partir de l’énergie solaire. Cela constitue un avantage important, car il
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2.4 La diversité de la physiologie des micro-organismes 29
exclut toutes compétitions pour l’énergie avec les chimiotrophes, la lumière étant disponible dans un grand nombre d’habitats microbiens. Il existe deux types de phototrophies chez les procaryotes. L’une est appelée photosynthèse oxygénique et produit de l’O2. La photosynthèse oxygénique est caractéristique des cyanobactéries et des micro-organismes phylogénétiquement affiliés. L’autre forme, appelée photosynthèse anoxygénique, intervient chez les bactéries vertes et pourpres et ne conduit pas à la production d’O2. Néanmoins, ces deux groupes de phototrophes utilisent la lumière pour produire de l’ATP, et leurs mécanismes de synthèse sont remarquablement similaires. En effet, les principes de base de la photosynthèse oxygénique ont évolué à partir des procédés anoxygéniques, moins complexes (voir chapitre 17).
Les hétérotrophes et les autotrophes Toutes les cellules nécessitent du carbone comme nutriment principal. Les cellules microbiennes sont soit hétérotrophes, nécessitant un ou plusieurs composés organiques comme source de carbone, soit autotrophes, leur source de carbone étant le CO2. Les chimio-organotrophes sont aussi des hétérotrophes. À l’opposé, de nombreux chimiolithotrophes et pratiquement tous les phototrophes sont autotrophes. Les autotrophes sont parfois appelés producteurs primaires, parce qu’ils synthétisent de la matière organique à partir du CO2, à la fois pour leur propre bénéfice et celui des chimioorganotrophes. Ces derniers se nourrissent directement des producteurs primaires ou à partir des produits qu’ils
TABLEAU 2.1 Condition extrême
excrètent. Toute la matière organique de la Terre a été synthétisée par des producteurs primaires, principalement des organismes phototrophes.
Les habitats et les environnements extrêmes Les micro-organismes sont présents partout où règne la vie. Cela inclut des habitats tels que le sol, l’eau, les animaux et les plantes, mais aussi toutes les structures fabriquées par l’homme. En effet, la stérilité (absence de forme de vie) au sein d’un échantillon environnemental est extrêmement rare. Certains de ces environnements microbiens peuvent s’avérer trop extrêmes pour l’espèce humaine. Bien qu’ils soient des défis à la survie des micro-organismes, dans bien des cas les environnements extrêmes regorgent de vie microbienne. Les procaryotes habitant de tels environnements sont appelés extrémophiles, un groupe remarquable constitué essentiellement de procaryotes qui définissent collectivement les limites physico-chimiques de la vie. Les extrémophiles abondent dans des environnements aussi rigoureux que les sources chaudes, la glace des lacs gelés, les glaciers, les océans polaires, les milieux hypersalins, alcalins ou acides (pH inférieur à 0 et aussi élevé que 12). Ces procaryotes ne sont pas seulement tolérants à ces conditions extrêmes, mais celles-ci sont requises pour leur croissance, ce qui explique l’appellation extrémophiles (le suffixe « –phile » signifiant « aimer »). Le tableau 2.1 résume les valeurs extrêmes de certains paramètres pour des procaryotes extrémophiles et liste leurs habitats. Nous reverrons plusieurs de ces espèces aux chapitres 6, 12 et 13.
CLASSE ET EXEMPLES D'EXTRÊMOPHILESa
Terme descriptif
Genres/espèces
Domaine
Élevée
Hyperthermophile
Pyrolobus fumarii
Archaea
Basse
Psychrophile
Polaromonas vacuolata
Faible
Acidophile
Élevé
Habitat
Minimum
Optimum
Maximum
Source chaude hydrothermale marine
90 ˚C
106 ˚C
113 ˚Cb
Bacteria
Mer de glace
0 ˚C
4˚C
12 ˚C
Picrophilus oshimaec
Archaea
Sources chaudes acides
– 0,06
0,7c
4
Alcalophile
Natronobacterium gregoryid
Archaea
Lacs salés
8,5
10d
12
Pression
Barophile
Moritella yayanosiie
Bacteria
Sédiments marins profonds
500 atm
700 atm
>1000atm
Salinité (NaCl)
Halophile
Halobacterium salinarum
Archaea
Milieux salés
15 %
25 %
32 % (saturation)
Température
pH
a
Chaque organisme présenté est le « détenteur du record » pour ces conditions extrêmes de croissance. Archaea récemment isolée serait capable de croissance jusqu’à 121 °C. c P. oshimae est aussi thermopile, capable de croître à 60 °C. d N. gregoryi est aussi un halophile extrême, ayant un optimal de croissance avec 20 % NaCl. e Moritella yayanosii est aussi psychrophile, ayant un optimal de croissance à 4 °C. b
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30 Chapitre 2
Vue d’ensemble de la vie microbienne
Contrôlez vos acquis Toutes les cellules requièrent des sources de carbone et d’énergie. Les termes chimio-organotrophe, chimiolithotrophe et phototrophe désignent respectivement les cellules utilisant des composés organiques, des composés inorganiques ou de la lumière comme source d’énergie. Les organismes autotrophes utilisent du CO2 comme source de carbone, alors que les hétérotrophes utilisent du carbone organique. Les extrémophiles sont abondants dans des environnements où certains organismes plus évolués ne pourraient pas survivre. •
•
Comment différencier, par observation microscopique, un micro-organisme phototrophe d’un microorganisme chimiotrophe ? Qu’est ce qu’un extrémophile ?
m n2.5 La diversité des procaryotes Le groupe des procaryotes se scinde en deux domaines distincts, les Archaea et les Bacteria (voir figure 2.7). La plupart des procaryotes que connaît l’étudiant débutant en microbiologie appartiennent au domaine des Bacteria. Nous commencerons donc par celles-ci.
Les Bacteria Le domaine des Bacteria est extrêmement diversifié, comportant tous les procaryotes pathogènes connus à ce jour, ainsi que des centaines d’autres espèces non pathogènes. De plus, ce domaine présente une grande variété de morphologies et de physiologies. Les protéobactéries sont le groupe (phylum) le plus important des bactéries (voir figure 2.9). Chez les protéobactéries se retrouvent un grand nombre de chimio-organotrophes, tel qu’Escherichia coli, organisme modèle en physiologie, biochimie et biologie moléculaire. Plusieurs phototrophes (voir figure 2.10a) et chimiolithotrophes (voir figure 2.10b) sont aussi des protéobactéries. De nombreux chimiolithotrophes utilisent le sulfure d’hydrogène (H2S, odeur d’œuf pourri) dans leur métabolisme, conduisant à la production de soufre élémentaire stocké à l’intérieur ou en périphérie de la cellule (voir figure 2.10b). Le soufre est un produit d’oxydation du H2S et peut à son tour être oxydé en sulfate (SO42-). Le sulfure (S2-) et le soufre sont oxydés pour permettre la réalisation d’importantes réactions métaboliques, telles que la fixation de CO2 (autotrophie) ou la production d’énergie (voir figure 2.8). De nombreux autres procaryotes communs du sol, de l’eau, des plantes, des animaux, ainsi que des espèces pathogènes (Salmonella, Rickettsia, Neisseria et bien d’autres encore), sont des protéobactéries. Celles-ci incluent les espèces de Pseudomonas qui, pour beaucoup d’entre elles, sont capables de dégrader des complexes organiques naturels ou synthétiques, et d’Azobacter, capables de fixer l’azote. Certaines bactéries peuvent être distinguées par l’utilisation de la coloration de Gram, technique qui permet de distinguer
Spirochètes Deinococcus Bactéries vertes non sulfureuses
Bactéries vertes sulfureuses
Planctomyces Cyanobactéries
Thermotoga Env-OP2
Bactéries gram positif
Aquifex Protéobactéries
FIGURE 2.9 Arbre phylogénétique détaillé des Bacteria. Cet arbre phylogénétique ne représente pas tous les groupes connus de Bacteria. La dimension de chaque rectangle de couleur est proportionnelle au nombre relatif de genres et d’espèces connus par groupes. Les protéobactéries constituent à ce jour le groupe le plus représenté chez les Bacteria. Le groupe dit « Env » (environnemental) n’est pas représentatif d’une espèce cultivée mais de séquences de gènes de l’ARNr obtenues d’un organisme issu d’un échantillon environnemental (voir le texte). Dans cet exemple, l’affiliation la plus proche du groupe Env-OP2 est Aquifex. Bien qu’absents sur cet arbre phylogénétique, de nombreux autres groupes de séquences environnementales existent.
les cellules Gram positif des cellules Gram négatif (voir chapitre 4). Les Gram positif se distinguent par une parenté phylogénétique et des propriétés de paroi communes. On retrouve ainsi Bacillus, une bactérie formant des endospores (découverte par Ferdinand Cohn – voir section 1.5 et figure 2.11a), Chlostridium, et d’autres bactéries sporulantes telles que Streptomyces, capable de produire des antibiotiques. On trouve également des bactéries lactiques telles que Lactobacillus et Streptococcus (voir figure 2.11b), qui sont fréquemment identifiées dans les produits laitiers, les plantes et la matière en décomposition. Les mycoplasmes sont aussi apparentés aux Gram positif : ces procaryotes n’ont pas de paroi cellulaire et contiennent de très petits génomes. Les Mycoplasma sont souvent des pathogènes et constituent un genre important au sein de ce groupe, présentant un intérêt médical de premier ordre (voir section 12.21 et figure 12.62). Les cyanobactéries (voir figure 2.12), phototrophes oxygéniques, sont phylogénétiquement apparentées aux bactéries Gram positif (voir figure 2.9). Elles ont joué un rôle crucial dans l’évolution de la vie sur la Terre, pour avoir été les premiers phototrophes oxygéniques (voir figure 1.1b). La production d’O2 à la surface terrestre, qui était alors anoxique, a ouvert la voie à l’évolution des procaryotes qui, eux, étaient capables de respirer de l’oxygène. Le développement « d’organismes supérieurs », tels que les végétaux et les animaux, suivit des milliards d’années plus tard, dans un environnement enrichi en oxygène. De nombreuses espèces de bactéries ont des morphologies uniques. Ces espèces incluent le groupe aquatique des Planctomyces, qui se caractérisent par des cellules comportant un pédoncule leur permettant de se fixer à un substrat solide (voir figure 2.13).
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D. E. Caldwell
Hans-Dietrich Babenzien
2.5 La diversité des procaryotes 31
(a)
(b)
FIGURE 2.10 Protéobactéries phototrophes et chimiolithotrophes. (a) Observation au microscope d’une communauté microbienne où des bactéries phototrophes sulfureuses pourpres, Chromatium, sont identifiables grâce à leur grande taille, leur couleur rouge et leur forme de bacille. Une cellule a un diamètre d’environ 10 µm. (b) Achromatium est une bactérie chimiolithotrophe soufre-oxydante de grande taille. Le diamètre d’une cellule mesure environ 20 µm. Des globules de soufre élémentaire sont visibles à l’intérieur des cellules (indiqués par des flèches). Ces deux micro-organismes sont capables d’oxyder le sulfure d’hydrogène (H 2S) produit par des bactéries sulfato-réductrices. Les bactéries sulfato-réductrices sont des chimio-organotrophes capables de coupler l’oxydation de composés organiques ou de H2 à la réduction du sulfate (SO42–) en H2S, complétant ainsi le cycle du soufre (voir section 19.13).
R. W. Castenholz
Elles incluent aussi les spirochètes, bactéries de forme hélicoïdale responsables de nombreuses maladies, notamment la syphilis et la maladie de Lyme (voir sections 26.12 et 27.4). Deux autres groupes de Bacteria sont phototrophes : les bactéries vertes sulfureuses (groupe des Chlorobium) et les bactéries vertes non sulfureuses (groupe des Chloroflexus) (voir figure 2.15). Ces espèces contiennent toutes deux des pigments photosynthétiques similaires et sont capables d’autotrophie. Chloroflexus est un procaryote filamenteux retrouvé au niveau des sources chaudes, ainsi que des baies marines peu profondes, et représente souvent l’organisme majoritaire des
R. W. Castenholz
(a)
T. D. Brock
Tiffany Full et M. T. Madigan
(a)
(b)
FIGURE 2.11 Bactéries Gram positif. (a) Bacillus, une bactérie sporulante en forme de bâtonnet, se présentant ici sous l’aspect de cellules en chaînettes. Remarquez la présence d’endospores (structures réfringentes) à l’intérieur des cellules. Les endospores sont extrêmement résistantes aux agents chimiques, à la chaleur et aux radiations. (b) Streptococcus est une bactérie de forme sphérique (coque), formant des chaînettes. Les streptocoques se retrouvent dans les produits laitiers et certaines souches sont potentiellement pathogènes.
(b) FIGURE 2.12 Cyanobactéries filamenteuses. (a) Oscillatoria, (b) Spirulina. Les cyanobactéries sont responsables de l’apparition de l’oxygène sur Terre. Elles sont aussi connues sous forme unicellulaire, coloniale et hétérocystée. Cette dernière forme est capable de fixer l’azote grâce à des structures nommées hétérocystes (voir sections 12.25 et 17.28).
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Vue d’ensemble de la vie microbienne
James T. Staley
32 Chapitre 2
FIGURE 2.14 Spirochètes. Une cellule de Spirochaeta zuelzerae. Ces procaryotes à la morphologie particulière sont phylogénétiquement distincts (voir figure 2.9). Les spirochètes sont très ubiquistes et certains sont responsables d’affections telles que la syphilis et la maladie de Lyme.
d’irradiation importants, Deinococcus radiodurans (voir figure 2.16) étant la principale espèce de ce groupe. Cet organisme est capable de survivre à des doses de radiation largement supérieures à celles suffisantes pour tuer un animal, grâce à des mécanismes de réparation de son génome. Ce micro-organisme surprenant sera étudié plus en détail à la section 12.34. Enfin, quelques groupes des Bacteria divergent à la base de l’arbre universel du vivant (voir figure 2.9). Malgré le fait qu’ils soient phylogénétiquement distincts, ces groupes ont la capacité de croître à des températures élevées (hyperthermophilie). Ainsi, des organismes tels que Aquifex (voir figure 2.17) et Thermotoga sont capables de se développer dans de l’eau
(a)
M. T. Madigan
Norbert Pfennig
tapis bactériens. Chloroflexus est aussi remarquable car il est soupçonné d’être un chaînon important dans l’évolution de la photosynthèse (sections 12.35 et 17.7). Le genre Chlamydia (voir figure 2.9), dont la plupart des espèces, hébergées chez l’homme, sont des pathogènes transmissibles par voies sexuelles et respiratoires (voir sections 12.27 et 26.13). Les Chlamydia sont des parasites intracellulaires obligatoires, ce qui signifie qu’elles vivent à l’intérieur de cellules d’organismes évolués, et dans ce cas de cellules humaines. Il existe plusieurs autres pathogènes procaryotes intracellulaires, tels que Rickettsia (membre des protéobactéries qui provoque des maladies telles que le typhus et la fièvre pourprée des Montagnes Rocheuses) et Mycobacterium tuberculosis (bactérie Gram positif responsable de la tuberculose). La localisation intracellulaire de ces pathogènes leur permet entre autres de se protéger du système immunitaire de leur hôte. Un autre groupe majeur de bactéries, Deinococcus (voir figure 2.9), est composé de bactéries présentant des parois cellulaires inhabituelles et qui sont capables de résister à des taux
John Breznak
FIGURE 2.13 Morphologie atypique de la bactérie pédonculée Planctomyces. De nombreuses bactéries groupées en forme de rosette sont reliées par leur pédoncule.
(b)
FIGURE 2.15 Bactéries vertes phototrophes. (a) Chlorobium (bactéries vertes sulfureuses) ; la largeur d’une cellule est d’environ 0,8 µm. (b) Chloroflexus (bactéries vertes non sulfureuses) ; la largeur d’un filament est d’environ 1,3 µm. Phylogénétiquement assez éloignés (voir figure 2.9), ces micro-organismes se caractérisent par des pigments et des structures membranaires similaires (voir section 17.2).
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2.5 La diversité des procaryotes 33
Env-marine
Crenarchaeota Env-marine
Halobacterium Natronobacterium
Méthanogènes halophiles
Michael J. Daly
Methanosarcina Thermoplasma
proche de son point d’ébullition (sources hydrothermales). Le caractère précoce de la bifurcation de ces groupes (voir figures 2.7 et 2.9) conforte l’idée qu’à l’origine la température à la surface de la Terre était bien plus élevée qu’aujourd’hui (voir section 11.1). Les organismes primitifs étaient donc probablement des hyperthermophiles. C’est ce que montrent les arbres phylogénétiques des Bacteria et des Archaea (voir figures 2.9 et 2.18). Des micro-organismes tels qu’Aquifex, Methanopyrus et Pyrolobus pourraient donc être considérés comme les descendants de très anciennes lignées cellulaires.
Les Archaea
Reinhard Rachel et Karl O. Stetter
Le domaine des Archaea (voir figure 2.18) se divise en deux : les Euryarchaeota et les Crenarchaeota. Chacune de ces divisions représente une branche majeure de l’arbre des Archaea (voir figure 2.18). De nombreux Archaea sont des extrémophiles, dont certaines espèces sont capables de croître à des températures et des pH extrêmes (voir tableau 2.1). Par exemple, Pyrolobus (voir figures 2.18 et 2.19) est le procaryote le plus thermophile connu (voir tableau 2.1). Toutes les Archaea sont chimiotrophes, bien qu’Halobacterium puisse utiliser la lumière pour synthétiser de l’ATP, mais d’une manière différente des autres organismes phototrophes.
FIGURE 2.17 Aquifex. Ces espèces hyperthermophiles ont une température optimale de croissance supérieure à 80 ˚C et sont positionnées, sur l’arbre universel du vivant, à la base de la branche des Bacteria (voir figure 2.9).
Sulfolobus
Methanobacterium Methanocaldococcus
Pyrococcus Thermoproteus Pyrolobus Methanopyrus
Desulfurococcus
FIGURE 2.18 Arbre phylogénétique détaillé du domaine des Archaea. Tous les groupes d’Archaea décrits ne sont pas représentés sur cet arbre. Il existe des sous-groupes d’Archaea, les Euryarchaeota et les Crenarchaeota. Les hyperthermophiles, des organismes capables de croître à très haute température, sont délimités par une ligne en pointillé rouge. Les méthanogènes, les halophiles extrêmes et les acidophiles extrêmes sont représentés en rose. Chaque groupe comporte des lignées environnementales spécifiques (Env-marine), qui sont pour la plupart des espèces marines (voir figure 2.9). Il y a un nombre équivalent d’espèces dans les deux sous-groupes d’Archaea, mais le nombre total d’Archaea cultivées est bien inférieur à celui des Bacteria.
Certaines Archaea utilisent des composés organiques dans leur métabolisme énergétique. Néanmoins, la plupart sont chimiolithotrophes, leur principale source d’énergie étant l’hydrogène (H2) (voir figure 2.8). Les Euryarchaeota (voir figure 2.8) se subdivisent en trois groupes d’organismes ayant des physiologies distinctes. Certaines espèces ont besoin d’oxygène (O2), alors qu’il est létal
Reinhard Rachel et Karl O. Stetter
FIGURE 2.16 Deinococcus radiodurans : une bactérie fortement radiorésistante. Cette bactérie résiste à des niveaux de radiation bien supérieurs à ceux susceptibles de tuer un homme. Voir section 12.34 pour l’étude de ses étonnantes propriétés de radiorésistance.
Euryarchaeota
FIGURE 2.19 Pyrolobus. Une Archaea hyperthermophile dont la température optimale de croissance est supérieure à celle du point d’ébullition de l’eau (100 ˚C) !
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Vue d’ensemble de la vie microbienne
William D. Grant
pour d’autres ; d’autres espèces sont capables de croître à des niveaux extrêmes de pH (voir tableau 2.1). Les méthanogènes tels que Methanobacterium sont des anaérobies strictes. Leur métabolisme est unique en ce sens qu’ils puisent leur énergie en produisant un composé riche en énergie, le méthane (gaz naturel). Le rôle joué par les méthanogènes est essentiel pour la dégradation de la matière organique de la nature (voir sections 13.4, 17.7 et 19.10). Ainsi, pratiquement tout le gaz naturel sur la Terre est issu de leur métabolisme. Les halophiles extrêmes sont phylogénétiquement proches des méthanogènes (voir figure 2.18), mais physiologiquement distincts. À la différence des méthanogènes qui sont tués en présence d’oxygène, les halophiles extrêmes requièrent de l’oxygène et sont caractérisés par leurs besoins élevés en sels (NaCl) nécessaires à leur métabolisme et leur reproduction. C’est pourquoi ces micro-organismes sont appelés halophiles (« qui aiment le sel »). D’ailleurs, des micro-organismes tels qu’Halobacterium sont si halophiles qu’ils sont capables de croître sur et à l’intérieur des cristaux de sel (voir figure 2.20). Comme nous l’avons mentionné précédemment, de nombreux procaryotes sont phototrophes et peuvent produire de l’ATP grâce à la lumière. Bien que les espèces d’Halobacterium ne produisent pas de chlorophylle comme de vrais phototrophes, ils sont tout de même pourvus d’une classe de pigments capables d’absorber la lumière et de synthétiser de l’ATP (section 13.3). Les halophiles extrêmes se retrouvent dans les lacs salés, les marais salants et bien d’autres environnements très salés. Certains d’entre eux, tels que Natronobacterium, sont présents dans des lacs de soude, milieu caractérisé par une importante concentration en sel et un pH élevé. Ces micro-organismes alcalophiles, sont capables de croître à des pH supérieurs à ceux de tous les autres organismes (voir tableau 2.1). Un dernier groupe d’Archaea est constitué par les thermoacidophiles, tels que Thermoplasma (voir figure 2.21). Ces procaryotes ont une membrane cytoplasmique, mais sont dépourvus de paroi cellulaire (semblables à cet égard au Mycoplasma) ; ils ont une faculté de croissance optimale à des températures élevées et à des pH extrêmement faibles. Ce groupe comprend Picrophilus, le plus acidophile de tous les procaryotes connus (voir tableau 2.1).
FIGURE 2.20 Archaea halophile extrême. Flacon de saumure ayant atteint le point de précipitation du NaCl et contenant l’espèce halophile extrême, Halobacterium. Les pigments contenus dans ce microorganisme absorbent la lumière et permettent ainsi la production d’ATP. Des cellules de Halobacterium peuvent aussi survivre dans des cristaux de sel (voir Focus, chapitre 4, Combien de temps une endospore peutelle survivre ?).
T. D. Brock
34 Chapitre 2
FIGURE 2.21 Procaryotes acidophiles extrêmes. Thermoplasma, phylogénétiquement proche de Picrophilus, est une Archaea dépourvue de paroi et capable de croître à des températures relativement élevées et des pH extrêmement faibles (voir tableau 2.1). Malgré son appartenance au domaine des Bacteria, le genre Mycoplasma compte des espèces sans paroi. Les procaryotes n’ayant pas de paroi sont présentés dans les sections 12.21 et 13.5.
Analyses phylogénétiques de communautés microbiennes Tous les Archaea ne sont pas des extrémophiles. La plupart de ces Archaea ont déjoué jusqu’à présent toute tentative de culture en laboratoire, ce qui limite nos connaissances sur leurs fonctions dans leur environnement. Il en est de même pour les espèces non cultivées de Bacteria. Comme ils ne sont pas cultivés, comment pouvons-nous connaître l’existence de ces micro-organismes ? Nous le savons parce qu’il est possible d’extraire l’ARN ribosomique de cellules contenues dans des échantillons environnementaux tels que le sol. La présence d’ARN ribosomique dans un échantillon révèle ainsi la présence des micro-organismes qui l’ont synthétisé. Après l’extraction et le séquençage des ARN ribosomiques d’un échantillon, il est possible d’établir un arbre phylogénétique comme lors d’une étude de la diversité microbienne à partir de cultures (voir figures 2.9 et 2.18). L’utilisation de ces outils moléculaires pour l’étude en écologie microbienne, initialement mis au point par le microbiologiste américain Norman Pace, a permis de constater que la diversité des procaryotes était beaucoup plus grande que celle envisagée auparavant. L’étude, par cette approche, de pratiquement n’importe quel habitat révèle que la majorité des micro-organismes n’a jamais été cultivée. Le défi est maintenant de recueillir suffisamment d’indices sur ces micro-organismes non cultivés pour mettre au point de nouvelles techniques afin de pouvoir les cultiver. L’analyse génomique d’Archaea et de Bacteria non cultivés (génomique environnementale, voir section 18.6) permet d’identifier les gènes de ces organismes et de révéler leurs capacités métaboliques. Ainsi, la connaissance du modèle métabolique contribuera à la conception de nouveaux outils d’isolation de ces micro-organismes.
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2.6 Les micro-organismes eucaryotes 35
Contrôlez vos acquis Plusieurs groupes phylogénétiques sont présents dans les domaines des Archaea et des Bacteria, ainsi qu’une grande diversité de morphologies cellulaires et de physiologies. Les analyses d’ARN ribosomiques extraits d’échantillons environnementaux ont révélé de nombreux groupes phylogénétiques distincts, mais à ce jour non cultivés. •
Quelles espèces appartenant aux protéobactéries résident majoritairement dans notre intestin ?
•
Pourquoi peut-on dire que les cyanobactéries ont initié des conditions favorables au développement de formes de vie supérieures à la surface de la Terre ?
•
En quoi le genre Halobacterium est-il particulier ?
•
Comment peut-on identifier la présence d’un type de procaryote dans un échantillon environnemental sans utiliser l’approche culturale ?
m n2.6 Les micro-organismes eucaryotes Les principales caractéristiques unissant les micro-organismes eucaryotes sont une organisation cellulaire distincte (voir figure 2.1) et leur relation phylogénétique (voir figure 2.7). L’étude du domaine des Eukarya (voir figure 2.22) montre que le groupe d’organismes ayant le plus divergé (les animaux et les végétaux) se situe à l’extrémité de la branche principale de l’arbre. Il est intéressant de constater que les groupes phylogénétiques positionnés à la base de la branche du domaine des Eukarya sont des eucaryotes de structure simple, dépourvus de mitochondries et d’autres organelles majeurs. Ainsi, les Giardia, de l’ordre des diplomonadines (figure 2.22) sont probablement les descendants de cellules primitives qui n’ont pas subi d’endosymbiose ou qui ont perdu leur symbiote (voir sections 2.3, 11.3 et 14.4). La plupart de ces eucaryotes positionnés à la base de l’arbre du vivant sont des parasites de l’homme et d’animaux, ils sont incapables de survivre indépendamment.
La diversité microbienne des eucaryotes Tout comme les procaryotes, il existe une très grande diversité d’eucaryotes. Ces micro-organismes sont communément appelés protistes. Certains d’entre eux, tels que les algues (voir figure 2.23a), sont phototrophes. En effet, ces algues contiennent des organites riches en chlorophylle appelés chloroplastes et peuvent vivre dans des environnements pauvres composés de seulement quelques minéraux (par exemple K, P, Mg, N, S), d’eau, de CO2 et de lumière. Les algues sont présentes dans des habitats terrestres et aquatiques, et sont les principaux producteurs primaires. Les mycètes (voir figure 2.23b) sont soit unicellulaires (levure), soit filamenteux (moisissures), et ne possèdent pas de pigments photosynthétiques. Ces champignons sont d’ailleurs les principaux agents
Flagellés Parabasaliens Diplomonadines
Moisissures glaireuses Ciliés
Animaux
Algues vertes Plantes Algues rouges Champignons Diatomées Algues brunes Embranchements précoces, absence de mitochondries FIGURE 2.22 Arbre phylogénétique détaillé du domaine des Eukarya. Tous les groupes d’Eukarya décrits ne sont pas représentés sur cet arbre. Certains embranchements précoces d’espèces d’Eukarya ne possèdent pas d’organelle autre que le noyau. Remarquez combien les organismes les plus évolués (les végétaux et les animaux) sont proches du sommet de l’arbre.
de biodégradation de la nature et recyclent la majorité de la matière organique des sols et d’autres écosystèmes. Les cellules des algues et des champignons possèdent des parois cellulaires alors que les protozoaires (voir figure 2.23c) n’en ont pas. La plupart des protozoaires sont mobiles et certaines espèces sont ubiquistes (habitat aquatique, pathogène humain et animal). Différents protozoaires sont répartis sur l’arbre des Eukarya. Certaines espèces telles que les flagellés se retrouvent à la base de l’arbre, alors que d’autres espèces cilliées, telles que Paramecium (voir figure 2.23), se retrouvent dans les branches supérieures (voir figure 2.22). Les myxomycètes ressemblent à des protozoaires du fait qu’ils sont mobiles et n’ont pas de paroi cellulaire, mais ils en diffèrent phylogénétiquement et par leur cycle biologique. Durant ce cycle, les cellules mobiles s’agrègent pour former des fructifications à partir desquelles sont produites les spores qui donneront naissance à de nouvelles cellules (voir section 14.11). Les myxomycètes sont les premiers protistes à former des coopérations cellulaires pour créer des structures microscopiques. Les lichens sont des structures foliacées colonisant majoritairement les rochers, les arbres et autres surfaces (voir figure 2.24). Ils sont un exemple de mutualisme microbien, association à bénéfice réciproque entre les différents partenaires. Les lichens sont composés d’un champignon qui sert de support et de protection, et d’un partenaire phototrophique (producteur primaire) qui est soit une algue (eucaryote) soit une cyanobactérie (procaryote). Le lichen est ainsi un « organisme » dynamique qui a développé une stratégie d’interactions mutualistes entre deux micro-organismes très différents.
Remarques finales Les différents thèmes abordés au cours de ce chapitre ne sont qu’une vue d’ensemble de la diversité microbienne. Il s’agit d’un sujet très vaste qui sera donc poursuivi aux chapitres 12 à 15. C’est volontairement qu’il n’a pas été fait mention ici
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7209.book Page 36 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
(a)
(c) FIGURE 2.23 Micro-organismes du domaine des Eukarya. (a) Algue ; l’algue verte de structure coloniale Volvox (voir section 14.13). Chaque cellule sphérique contient de nombreux chloroplastes, l’organelle spécifique des eucaryotes phototrophes. (b) Champignons ; structures sporulantes typiques d’une moisissure. Chaque spore peut générer de nouveaux filaments mycéliens (voir section 14.12). (c) Protozoaires ; le protozoaire cilié Paramecium (voir section 14.10). Les cils agissent comme les rames d’un bateau, permettant la motilité de la cellule.
des virus. Les virus ne sont pas des cellules, mais cependant ils requièrent celles-ci pour leur réplication (voir section 2.1). Les cellules de tous les domaines du vivant possèdent des parasites viraux ; nous traiterons de la diversité virale aux chapitres 9 et 16. Avant d’aborder plus en détail la diversité microbienne, il sera nécessaire d’étudier les particularités moléculaires des cellules, et en particulier celles des procaryotes, tout en découvrant l’extraordinaire diversité des composés chimiques constituant les organismes vivants, conséquence directe de plus de quatre milliards d’années d’évolution.
M. T. Madigan
(b)
Sydney Tamm
(a)
M. T. Madigan
Barry Katz, Mycosearch
Vue d’ensemble de la vie microbienne
Dennis Kunkel
36 Chapitre 2
(b) FIGURE 2.24 Lichens. (a) Un lichen de couleur orange sur un rocher. (b) Un lichen de couleur jaune sur une souche d’arbre mort, parc national de Yellowstone, États-Unis. La couleur du lichen provient d’une algue pigmentée présente dans la structure du lichen. Outre de la chlorophylle, ces algues peuvent contenir des pigments caroténoïdes (voir section 17.3), de couleur jaune, orange, brune, rouge, verte ou violette.
Contrôlez vos acquis La diversité des micro-organismes eucaryotes est composée des algues, des protozoaires, des mycètes et des myxomycètes. Les associations mutualistes d’algues et de mycètes sont appelées lichens. •
Citez au moins deux caractères permettant de différencier les algues des cyanobactéries.
•
Citez au moins deux caractères permettant de différencier les algues des protozoaires.
•
Exposez les bénéfices mutuels de chaque partenaire du lichen.
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Questions 37
QUESTIONS 1. Pourquoi la cellule a-t-elle besoin d’une membrane cytoplasmique (voir section 2.1) ? 2. Quels sont les domaines de la vie possédant une structure cellulaire de type procaryote ? Une telle cellule peut-elle permettre d’étudier les relations évolutives (voir section 2.1) ? 3. En quoi les virus ressemblent-ils aux cellules ? Et en quoi en diffèrent-ils (voir section 2.1) ? 4. Quelle est la signification du terme génome ? En quoi l’organisation du génome des procaryotes est-elle différente de celle des eucaryotes (voir section 2.2) ? 5. Pourquoi les processus de mitose et de méiose ont-ils lieu dans les cellules eucaryotes (voir section 2.2) ? 6. Combien de gènes un organisme tel qu’Escherichia coli comptet-il ? Comparez ce nombre à celui d’une cellule humaine (voir section 2.2). 7. Énoncez la théorie de l’endosymbiose (voir section 2.3).
8. De nombreuses macromolécules présentes chez les Archaea montrent une analogie avec leurs homologues présentes chez les eucaryotes plus importante qu’avec leurs homologues des Bacteria. Expliquez pourquoi (voir section 2.3). 9. Quelles sont les différences, du point de vue de leur métabolisme énergétique, entre les chimio-organotrophes et les chimiolitotrophes ? Quelles sont leurs différentes sources de carbone ? Sont-elles alors hétérotrophes ou autotrophes (voir section 2.4) ? 10. Quelle est la particularité du micro-organisme Pyrolobus (voir section 2.5) ? 11. Quels sont les points communs et les différences entre ces trois microorganismes : Pyrolobus, Halobacterium et Thermoplasma (voir section 2.5) ? 12. Examinez la figure 2.18 et donnez la signification de « Envmarine » (voir section 2.5). 13. Quelles sont les différences structurelles et phylogéniques entre Giardia et une cellule humaine (voir section 2.6) ?
PROBLÈMES 1. Les cellules procaryotes possédant des plasmides peuvent souvent être débarrassées de ceux-ci (de façon définitive) sans effets dommageables, alors que la suppression du chromosome cellulaire serait létale. Expliquez cela. 2. Il a été dit que les connaissances sur l’évolution des macro-organismes ont précédé celles des micro-organismes. Pensez-vous qu’il serait plus facile de reconstruire l’évolution des équidés plutôt que celle des procaryotes ? 3. Examinez l’arbre phylogénétique de la figure 2.6. En utilisant les données présentées, expliquez pourquoi l’arbre serait incorrect si ses branches conservaient des longueurs
identiques mais que la position des organismes 2 et 3 était inversée ? 4. Les microbiologistes ont cultivé une importante diversité de micro-organismes, mais sont conscients qu’il en existe une diversité encore plus abondante, même s’ils n’ont jamais pu les observer ou les cultiver en laboratoire. Expliquez. 5. Quelles données de ce chapitre pourriez-vous utiliser pour convaincre un ami que les extrémophiles ne sont pas uniquement des organismes dont la présence dans leurs habitats respectifs est fortuite ? 6. Argumentez ce point de vue : si les cyanobactéries n’avaient jamais évolué, la vie sur la Terre serait restée seulement de type microbien.
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7209.book Page 39 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
CHAPITRE TROIS
Macromolécules
I
Liaisons chimiques et eau dans les systèmes vivants
3.1
Les liaisons chimiques de faible et de forte énergie Les principales macromolécules et l’eau, solvant biologique
3.2
40 40 43
II
Macromolécules non informationnelles 44
3.3 3.4
Les polysaccharides Les lipides
44 46
III
Macromolécules informationnelles
47
3.5 3.6 3.7 3.8
Les acides nucléiques Les acides aminés et la liaison peptidique Les protéines : structures primaire et secondaire Les structures protéiques d’ordre supérieur et la dénaturation
47 48 51 52
La structure des protéines, groupe clé de macromolécules, détermine leur fonction.
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7209.book Page 40 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
40 Chapitre 3
Macromolécules
GLOSSAIRE Acide nucléique (nucleic acid) ADN ou ARN. Apolaire (nonpolar) Possédant des propriétés hydrophobes (repoussant l’eau) et peu soluble dans l’eau. Dénaturation (denaturation) Destruction de la structure tridimensionnelle d’une protéine conduisant à la perte de son activité biologique. Énantiomères (enantiomer) Molécules de même formule chimique, image l’une de l’autre dans un miroir. Isomères (isomers) Deux molécules ayant la même formule chimique mais différant par leur structure. Liaison covalente (covalent bond) Liaison chimique dans laquelle les électrons se répartissent entre deux atomes. Liaison glycosidique (glycosidic bond) Liaison covalente reliant les sucres d’un polysaccharide. Liaison hydrogène (hydrogen bond) Liaison chimique de faible énergie entre un atome d’hydrogène et un atome plus électronégatif, généralement un oxygène ou un azote. Liaison peptidique (peptide bond) Liaison covalente reliant les acides aminés d’un polypeptide. Liaison phosphodiester (phosphodiester bond) Liaison covalente reliant les nucléotides d’un polynucléotide. Lipide (lipid) Glycérol lié par une liaison ester ou éther à des acides gras ou à d’autres molécules hydrophobes. Contient souvent d’autres groupements (par exemple un groupement phosphate). Macromolécule (macromolecule) Polymère constitué d’unités monomériques reliées par des liaisons covalentes. Molécule (molecule) Au moins deux atomes liés chimiquement.
I
LIAISONS CHIMIQUES ET EAU DANS LES SYSTÈMES VIVANTS
On ne peut comprendre le fonctionnement cellulaire sans acquérir au préalable la connaissance des biomolécules et des processus chimiques qui se produisent dans la cellule. Les molécules, et en particulier les macromolécules (polysaccharides, lipides, acides nucléiques et protéines), sont les « briques » de la cellule.
liaisons chimiques de faible m n3.1 Les et de forte énergie L’hydrogène, l’oxygène, le carbone, l’azote, le phosphore et le soufre sont les principaux éléments chimiques du monde vivant. Ces éléments se combinent de différentes manières dans les biomolécules. Une molécule résulte de l’union d’au moins deux atomes par des liaisons chimiques. Ainsi, deux atomes d’oxygène (O) peuvent s’assembler pour former une molécule d’oxygène (O2) ; le glucose C6H12O6 est un sucre formé par la combinaison de carbone (C), d’hydrogène (H) et d’oxygène (O). Les atomes peuvent s’unir au moyen de liaisons de forte énergie, dans lesquelles des électrons sont mis en commun. Ce sont les liaisons covalentes. Considérons par exemple la
Nucléoside (nucleoside) Nucléotide dépourvu de groupement phosphate. Nucléotide (nucleotide) Monomère d’acide nucléique contenant une base azotée (adénine, guanine, cytosine, thymine ou uracile), un groupement phosphate et un sucre, le ribose (dans l’ARN) ou le désoxyribose (dans l’ADN). Polaire (polar) Possédant des propriétés hydrophiles et généralement soluble dans l’eau. Polymère (polymer) Composé chimique formé par polymérisation d’unités répétitives appelées monomères. Polynucléotide (polynucleotide) Polymère de nucléotides reliés par des liaisons phosphodiester. Polypeptide (polypeptide) Polymère d’acides aminés reliés par des liaisons peptidiques. Polysaccharide (polysaccharide) Polymère d’unités glucidiques reliées par des liaisons glycosidiques. Protéine (protein) Polypeptide ou groupe de polypeptides formant une molécule possédant une fonction biologique spécifique. Structure primaire (primary structure) Description de la séquence de monomères dans une macromolécule informative, comme un polypeptide. Structure quaternaire (quaternary structure) Assemblage de plusieurs chaînes polypeptidiques identiques ou ne formant pas une protéine. Structure secondaire (secondary structure) Repliement dans l’espace d’un polypeptide ou d’un polynucléotide généralement imposé par la formation de liaisons hydrogène. Structure tertiaire (tertiary structure) Structure tridimensionnelle d’un polypeptide préalablement replié en structure secondaire.
formation d’une molécule d’eau à partir de ses éléments de base, O et H : O + 2H
HOH
L’oxygène compte six électrons dans sa couche externe et l’hydrogène, un seul. Quand ces deux atomes se combinent pour former H2O, les liaisons covalentes maintiennent fortement les trois atomes. Selon les molécules, des liaisons covalentes doubles et même triples peuvent se former (voir figure 3.1). Les possibilités d’association de ces éléments chimiques du vivant sont nombreuses, formant des unités simples appelées monomères. Les macromolécules sont des polymères formés par l’assemblage de monomères. Parmi les milliers de monomères connus dans les quatre catégories de macromolécules, seul un petit nombre d’entre eux revêt une importance biologique. Ce sont les propriétés chimiques des monomères qui déterminent, dans une large mesure, la structure et les fonctions spécifiques des macromolécules.
Les liaisons hydrogène D’autres types de liaisons chimiques, de faible énergie, jouent également un rôle important dans les macromolécules. Parmi celles-ci figure la liaison hydrogène. La liaison hydrogène (voir figure 3.2) résulte du partage d’un atome
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3.1 Les liaisons chimiques de faible et de forte énergie
C
C
H
Acétylène
Éthylène Éthylène, composé organique possédant une double liaison
Acétylène, composé organique possédant une triple liaison
C
O (CO2)
N
N (N2)
–
O P
O- (PO43-)
O-
Dioxyde de carbone
Azote
O H H H
O
H
O H
H
O O
H
O
O
H
NH2
C C
H
H
N
N C N
H O
C C C O
N H
Cytosine
O
H
H NH2
Cytosine (base azotée de l’ADN et de L’ARN)
O C R4 C H
C O
H N
N H
O C
Guanine N
H N
N
H
N H N
O
H
H
Liaison peptidique des protéines
N
N
OH
H N
(b) Acides aminés dans une chaîne protéique
(a) Eau
Phosphate
R3 C H
C O N H H C R2
O
H
H
Quelques composés inorganiques possédant une double ou une triple liaison H O
H C R1
H
H
H
H
C H
H
H
H C
H
H
H
O
C
O
C
H
H
H
H C C H H H
41
H
Phénylalanine (acide aminé dans les protéines)
Composés organiques possédant une double liaison FIGURE 3.1 Exemples de molécules contenant des liaisons covalentes doubles ou triples. Les configurations électroniques de l’acétylène et de l’éthylène sont représentées à côté de la formule chimique.
d’hydrogène entre deux autres atomes, comme l’oxygène et l’azote. Une liaison hydrogène est une liaison de faible énergie. Les molécules d’eau forment spontanément des liaisons hydrogène (voir figure 3.2a) qui contribuent à la polarité de l’eau. Contrairement à l’atome d’hydrogène, l’atome d’oxygène est plutôt électronégatif (attirant les électrons). Dans une liaison covalente entre un atome d’oxygène et un atome d’hydrogène, les électrons se partagent inégalement ; la densité des électrons est plus élevée autour de l’atome d’oxygène. La charge négative des électrons entraîne un déséquilibre dans la répartition des charges, l’oxygène portant une charge négative partielle et l’hydrogène portant une charge positive partielle (voir figure 3.2a). Du fait de leur polarité, les molécules d’eau ont tendance à s’associer et à repousser les molécules apolaires (hydrophobes). Les molécules d’eau s’orientent spontanément en solution ; en raison de la différence des charges, un atome d’hydrogène d’une molécule d’eau est attiré par les deux atomes d’oxygène d’une autre molécule d’eau, et une liaison hydrogène se forme. On trouve également des liaisons hydrogène dans les macromolécules (voir figure 3.2b et c). Les multiples liaisons hydrogène dans une macromolécule ou entre des molécules différentes augmentent considérablement la stabilité de la macromolécule ou du complexe moléculaire, jouant un rôle déterminant dans le maintien de leur structure tridimensionnelle.
CH3
Thymine
H N
O N H
N H
N
N
O
Adénine N
N
H
Liaisons hydrogène
(c) Bases azotées dans l’ADN FIGURE 3.2 Liaison hydrogène. Dans les acides nucléiques, la liaison hydrogène est souvent figurée par des traits plutôt que par des points : deux traits entre les paires adénine/thymine et trois traits entre les paires guanine/cytosine (voir figure 3.11). Dans (b), R représente la chaîne latérale de chaque acide aminé (voir figure 3.12).
Les autres liaisons faibles D’autres types de liaisons ou d’interactions faibles peuvent se former dans les biomolécules ; les forces de van der Waals sont des forces d’attraction qui s’opèrent entre deux atomes distants de 3-4 angströms (Å). Ces liaisons sont impliquées dans la fixation des substrats aux enzymes (voir section 5.5) et dans les interactions entre protéines et acides nucléiques. Les liaisons ioniques, qui, par exemple, se forment entre Na+ et Cl– dans NaCl, sont des interactions électrostatiques de faible énergie, responsables de l’ionisation des solutions aqueuses. Beaucoup des biomolécules importantes, comme les acides carboxyliques et les phosphates (voir tableau 3.1), sont ionisées aux pH physiologiques (généralement pH 6-8) et peuvent donc se trouver sous forme dissoute en grande quantité dans le cytoplasme. Les interactions hydrophobes se produisent parce que les molécules apolaires ou les régions apolaires des biomolécules ont tendance à se rassembler dans un environnement polaire. Elles jouent un rôle déterminant dans le repliement des protéines, ainsi que dans la formation des complexes enzyme-substrat (voir section 5.5). Enfin, le
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42 Chapitre 3
TABLEAU 3.1
Macromolécules
QUELQUES GROUPEMENTS FONCTIONNELS IMPORTANTS RENCONTRÉS PARMI LES BIOMOLÉCULES Structurea
Nom
Catégories de molécules, métabolisme
Acide carboxylique
O || — C — OH
Acides organiques, acides aminés et acides gras ; lipides ; protéines
Aldéhyde
O || —C— H
Groupe fonctionnel de sucres réducteurs comme le glucose ; polysaccharides
H | — C — OH | H
Alcool
O || —C—
Céto
Ester
Phosphoester
Thioester
Éther
Anhydride d’acide
Phosphoanhydride
a
H O | || — C —O — C — | H O– | | –O — P — O — C — || | O O || —C ~S — H H | | — C —O — C — | | H H O O– || | — C ~O — P — —O | O– O– O– || | –O — P ~ O — P — O– || || O O
Lipides ; hydrates de carbone
Pyruvate, intermédiaires du cycle de l’acide citrique
Lipides des Bacteria et des Eukarya ; liaison des acides aminés aux ARNt
Acides nucléiques ADN et ARN
Métabolisme énergétique ; biosynthèse des acides gras
Lipides des Archaea ; sphingolipides
Métabolisme énergétique, par exemple l’acétyl phosphate
Métabolisme énergétique, par exemple l’ATP
Un ~ signifie liaison « riche en énergie » (voir section 5.8).
contrôle de l’association de sous-unités protéiques en un multimère biologiquement actif et la stabilité de l’ARN dépendent souvent d’interactions hydrophobes.
Les groupements fonctionnels des biomolécules La majorité des macromolécules des systèmes vivants contiennent des atomes de carbone, qui se lient entre eux et à de nombreux autres éléments pour former de grandes structures extrêmement diverses et complexes. Dans les différents composés organiques (contenant du carbone), il existe un grand nombre de liaisons possibles. Chaque groupe fonctionnel possède des propriétés chimiques caractéristiques qui déterminent leur rôle biologique. Le tableau 3.1 présente quelques types courants de groupes fonctionnels et les catégories de molécules et de macromolécules concernées.
Contrôlez vos acquis Les liaisons covalentes sont des liaisons de forte énergie qui relient les différents éléments des macromolécules. Les liaisons de faible énergie, comme la liaison hydrogène, les forces de van der Waals et les interactions hydrophobes jouent également un rôle déterminant dans la structure macromoléculaire ; cependant, les interactions mises en œuvre entre les atomes sont plus ténues. Un certain nombre de groupes fonctionnels carbonés sont communs aux biomolécules. •
Pourquoi les liaisons covalentes sont-elles plus fortes que les liaisons hydrogène ?
•
Quel est le rôle d’une liaison hydrogène dans la structure d’une macromolécule ?
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3.2 Les principales macromolécules et l’eau, solvant biologique 43
m n
3.2 Les principales macromolécules et l’eau, solvant biologique
L’analyse chimique de la cellule d’un procaryote, Escherichia coli, bactérie fréquente dans le tube digestif de l’homme, indique que l’eau est le composant prépondérant des cellules, mais que celles-ci sont également riches en macromolécules. Les cellules contiennent en outre des quantités beaucoup plus faibles de monomères et de divers ions inorganiques (voir tableau 3.2). Les macromolécules constituent environ 95 % du poids sec de la cellule, les protéines étant de loin, en poids, la catégorie la plus représentée (voir tableau 3.2). Les protéines sont des polymères d’acides aminés. Certaines sont des éléments structuraux, tandis que d’autres exercent une fonction catalytique (enzymatique) (voir figure 3.3). En moyenne, une cellule contient plusieurs milliers de protéines différentes (voir tableau 3.2). Les acides nucléiques sont des polymères formés de nucléotides. On les trouve dans les cellules sous deux formes, l’ARN
TABLEAU 3.2
Nombre total de macromolécules
Pourcentage en poids secb
Nombre de molécules par cellule (différents types)
96
24 610 000
Protéines
55
2 350 000
Polysaccharides
5
4 300 (2)c
Lipides
9,1
22 000 000 (4)d
Lipopolysaccharides
3,4
1 430 000 (1)
ADN
3,1
2,1 (1)
ARN
20,5
255 500
Nombre total de monomères
3,0
—e (~350)
Acides aminés et précurseurs
0,5
— (~100)
Sucres et précurseurs
Ions inorganiques Total a
Flagelle
Membrane cytoplasmique
Paroi cellulaire Cytoplasme
COMPOSITION CHIMIQUE a D’UNE CELLULE PROCARYOTE
Molécule
Nucléotides et précurseurs
et l’ADN. Les acides ribonucléiques (ARN) sont les macromolécules les plus abondantes, après les protéines, dans les cellules en phase de croissance (voir tableau 3.2 et figure 3.3b). Dans de telles cellules, des milliers de ribosomes, composés d’ARN et de protéines, synthétisent continuellement de nouvelles protéines. D’autres types d’ARN, les ARN messagers et les ARN de transfert, présents en très petite quantité, jouent également un rôle essentiel dans la synthèse protéique. Contrairement à l’ARN, l’ADN représente une fraction négligeable (en poids) de la cellule bactérienne (voir tableau 3.2). En revanche, il joue un rôle primordial dans les systèmes biologiques, car il porte l’information génétique. Les lipides sont des molécules à la fois hydrophobes et hydrophiles. Ce sont des constituants importants des membranes ; ils
2 0,5 1 100 %
(a) Protéines
Nucléoïde
Ribosomes
(b) Acides nucléiques : ADN ARN
(c) Polysaccharides
Granules de réserve
—(~50) — (~200) —(~18) —
Données de Neidhardt, F.C., et al. (éd.), 1996. Escherichia coli and Salmonella typhimurium—Cellular and Molecular Biology, deuxième édition. American Society for Microbiology, Washington, DC. b Poids sec d’une cellule de E. coli en phase de croissance = 2,8 x 10–13 g ; poids total (70 % d’eau) = 9,5 x 10–13 g. c À condition que le peptidoglycane et le glycogène soient les principaux polysaccharides présents. d Il y a plusieurs classes de phospholipides, chacune d’elles existant sous différentes formes en raison de la variabilité interspécifique de la composition en acides gras et des différentes conditions de croissance. e Les estimations exactes de la composition en monomères et en ions inorganiques manquent.
(d) Lipides FIGURE 3.3 Localisation des macromolécules dans la cellule. (a) Les protéines (en brun), éléments de structure et enzymes, sont réparties dans toute la cellule. Le flagelle est une structure impliquée dans la motilité. (b) Les acides nucléiques. L’ADN (en vert) se trouve dans le nucléoïde des cellules de procaryotes et dans le noyau des cellules d’eucaryotes. L’ARN (en orange) se situe dans le cytoplasme (ARNm, ARNt) et dans les ribosomes (ARNr). (c) Les polysaccharides (en jaune) sont localisés dans la paroi cellulaire et occasionnellement dans des granules internes de réserve. (d) Les lipides (en bleu) entrent dans la constitution de la membrane cytoplasmique, de la paroi cellulaire et des granules de réserve.
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44 Chapitre 3
Macromolécules
assurent également des fonctions de réserve de carbone et d’énergie (voir figure 3.3d). Les polysaccharides sont des polymères de sucres. Ce sont les principaux constituants de la paroi des cellules procaryotes. Certains, comme le glycogène, servent de réservoir de carbone et d’énergie (voir figure 3.3.c).
Un solvant biologique, l’eau Toutes les molécules et les macromolécules intracellulaires se trouvent en solution dans l’eau, qui constitue un excellent solvant biologique. Elle est nécessaire à la vie telle que nous la connaissons. L’eau développe deux propriétés particulièrement importantes, étant une molécule polaire et fortement cohésive. De nombreuses biomolécules sont également polaires (voir tableau 3.2) et donc solubles dans l’eau. Des substances dissoutes, nutriments nécessaires à la construction de nouveaux constituants ou déchets du métabolisme (voir chapitre 4), traversent continuellement la membrane cytoplasmique des cellules dans les deux sens (voir sections 4.6 et 4.7). La polarité de l’eau permet aussi l’agrégation de grosses molécules, par création de liaisons hydrogène. Les molécules d’eau forment, entre elles et dans les macromolécules, un réseau tridimensionnel (voir tableau 3.2a). Elles contribuent à la formation de réseaux d’interactions entre atomes. La polarité de l’eau pousse également les composés apolaires à se regrouper. Les membranes, par exemple, sont constituées majoritairement de lipides, molécules en grande partie apolaires. Ces lipides forment des agrégats imperméables aux substances polaires. L’eau est fortement cohésive. Ses molécules ont une forte affinité entre elles. L’eau liquide a une structure partiellement ordonnée, dans laquelle les liaisons hydrogène se forment et se rompent constamment (voir figure 3.2). L’omniprésence des liaisons hydrogène explique en partie sa tension superficielle et sa chaleur spécifique (quantité de chaleur requise pour augmenter la température de 1 ˚C) élevées. Ainsi, l’eau se dilate pendant la formation de glace. Dans un lac, par exemple, la glace, moins dense que l’eau, forme une couche isolante en surface qui protège les organismes aquatiques d’un refroidissement fatal. La vie est apparue en milieu aqueux il y a près de quatre milliards d’années ; sur la Terre, là où il y a de l’eau sous forme liquide, on peut trouver des microorganismes.
II
MACROMOLÉCULES NON INFORMATIONNELLES
Les polysaccharides et les lipides ne portent pas d’information génétique ; ces macromolécules jouent un rôle important dans la cellule, notamment comme éléments de structure et de réserve.
m n3.3 Les polysaccharides Les hydrates de carbone (sucres) sont des composés organiques contenant du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène dans les proportions 1 ; 2 ; 1. La formule chimique du sucre le plus commun, le glucose, est C6H12O6 (voir figure 3.4). Les principaux hydrates de carbone contiennent 4, 5, 6 ou 7 atomes de carbone (ce sont les sucres en C4, C5, C6 et C7). Les sucres à cinq carbones (pentoses) sont particulièrement importants, car ils forment le squelette des acides nucléiques. De la même façon, les sucres en C6 (hexoses) sont les constituants de base des polymères des parois cellulaires et des polymères de réserve. La figure 3.4 présente la structure de quelques sucres communs. Chaîne ouverte
Sucre
1
Pentoses H C H
Ribose
H H
Pourquoi les protéines et l’ARN constituent-ils la majeure partie d’une cellule en croissance ?
•
Pourquoi la forte polarité de l’eau en fait-elle un excellent solvant biologique ?
3
C
4
C
O OH
5
4C
OH
H
OH
Désoxyribose H
1
H
2
H
H
3
OH
H
4
OH
C C C C
O
H
5
O
H
2
OH
3
H
Glucose
C C
HO C H
4
C
5
C
OH
O H
H
OH C2 H H
OH
Source d’énergie ; parois cellulaires
6
HOCH2 5
O
C
H
OH
HO
OH
3C
CH2OH
H
6
OH
H
4C
C
3
HO C H H
4
C
5
C
6
O H OH OH
CH2OH
H
C2 OH
Source d’énergie ; sucre des fruits
CH2OH
2
C1
H
1
Fructose
Squelette de l’ADN
C1
H
3C
CH2OH
1
OH
HOCH2 C
Squelette de l’ARN
C1
C2 H
OH
4
Fonction
OH H
3C
5
Hexoses H
O
HOCH2
CH2OH
Contrôlez vos acquis
•
C
5
H
Les protéines sont les macromolécules les plus abondantes dans les cellules. Les autres macromolécules sont les acides nucléiques (ADN et ARN), les lipides, les polysaccharides et les lipopolysaccharides. L’eau est un excellent solvant pour les organismes vivants en raison de sa polarité et de sa force de cohésion.
2
Formule cyclique
6
HOCH2 C 5
H H C 4 OH
O
OH OH C 2 3C
1CH2OH
H
FIGURE 3.4 Structure de quelques sucres communs. On peut représenter la structure d’un sucre de deux façons, en chaîne ouverte ou sous forme cyclique. La chaîne ouverte est plus simple, mais la formule cyclique est plus communément utilisée. Remarquez le système de numérotation des cycles.
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7209.book Page 45 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
3.3 Les polysaccharides 45
Des dérivés de ces hydrates de carbone sont obtenus par remplacement d’un ou de plusieurs groupements hydroxyles par d’autres groupements. Par exemple, le peptidoglycane, polymère majeur de la paroi cellulaire (voir section 4.8), contient un dérivé du glucose, la N-acétylglucosamine (voir figure 3.5). Les dérivés de sucres qui ont la même formule au niveau chimique peuvent former des stéréoisomères (voir section 3.6). Ainsi, les cellules contiennent une grande variété de sucres disponibles pour la construction de polysaccharides.
La liaison glycosidique
O C H O 1
Groupement acétyle
2
H
4
H
5 6
C OH C OH CH2OH
6
N remplace O dans le sucre
4
HO
H 4
HO
OH 3
H
O H
2OH
5
H OH 3
H
CH2OH
O H
H
H
1
2
O
H OH
H
H
OH
OH
O
OH
H
Liaison glycosidique α-1,4
CH2 H 1
H
H O
2
H OH
H 2
HO
OH
CH2OH
O
H 1
O
H
OH
H
Liaison glycosidique α-1,6
H OH
H
Liaison glycosidique β-1,4
(a)
Amidon Liaisons α-1,4
Liaisons α-1,6
Glycogène
Cellulose
Liaisons α-1,4
Liaisons β-1,4
(b) FIGURE 3.6 Polysaccharides. (a) Structure de différentes liaisons glycosidiques. Remarquez que la position, sur le cycle, des atomes de carbone impliqués dans la liaison et la géométrie (α ou β) de la liaison peuvent varier dans les différentes liaisons glycosidiques. (b) Structure de quelques polysaccharides communs. Les codes de couleur correspondent à ceux de la figure (a).
Contrôlez vos acquis
CH2OH
5
H C N C CH3 H 3C H
H
O
Les polysaccharides sont des sucres constitués par la répétition de nombreuses unités monosaccharidiques (quelquefois des centaines et même des milliers), liées entre elles par des liaisons covalentes appelées liaisons glycosidiques (voir figure 3.6). Une telle liaison entre deux monosaccharides forme un disaccharide. Les trisaccharides sont constitués de trois monosaccharides. L’addition de quelques monosaccharides supplémentaires forme un oligosaccharide. Les polysaccharides sont de longues chaînes de monosaccharides. La liaison glycosidique existe dans deux orientations géométriques, dites alpha (α) et bêta (β) (voir figure 3.6a). Les polysaccharides, formés par la répétition d’unités glucose liées par leurs carbones 1 et 4 dans l’orientation alpha (par exemple le glycogène et l’amidon, voir figure 3.6), constituent les réserves d’énergie et de carbone chez les bactéries, les plantes et les animaux. La cellulose, composant des parois des plantes et des algues, est un polymère constitué d’unités répétitives de glucose réunies par des liaisons β-1,4 (voir figure 3.6b). L’amidon et la cellulose sont constitués uniquement de glucose, mais leurs fonctions biologiques sont différentes en raison des configurations α ou β de leurs liaisons glycosidiques. Les polysaccharides peuvent également s’associer à d’autres classes de macromolécules, comme les protéines et les lipides, pour former des polysaccharides complexes, les glycoprotéines et les glycolipides. Ces composés assurent des fonctions cellulaires importantes, notamment celle de récepteur de surface des membranes cytoplasmiques. Les composés habituellement situés à la surface externe des membranes sont en contact avec l’environnement. Les glycolipides entrent également, pour une grande part, dans la composition de la paroi cellulaire des bactéries Gram négatif ; ils sont situés à la surface externe et confèrent à ces parois des propriétés spécifiques (voir section 4.9).
H
6 CH
OH 1
H
2
NH C O CH3
FIGURE 3.5 Structure de la N-acétylglucosamine, un dérivé du glucose. La N-acétylglucosamine est un des principaux composants du peptidoglycane, un polysaccharide de la paroi cellulaire chez les Bacteria (voir la section 4.8).
Les sucres (monosaccharides) s’assemblent en longs polymères appelés polysaccharides. Les propriétés spécifiques de ces polymères dépendent de l’orientation (α ou β) de la liaison glycosidique reliant entre eux deux sucres. Les polysaccharides peuvent aussi s’associer à d’autres molécules comme des protéines et des lipides, formant des polysaccharides complexes. •
Pourquoi le glycogène et la cellulose sont-ils si différents, alors qu’ils sont tous les deux constitués uniquement de glucose ?
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7209.book Page 46 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
46 Chapitre 3
Macromolécules
m n3.4 Les lipides Les lipides sont des constituants essentiels de tous les êtres vivants. Les trois domaines du vivant comptent des lipides aux structures différentes, et dans chaque domaine on rencontre également une grande variété de lipides. Les acides gras sont les principaux constituants des lipides des Bacteria et des Eukarya. En revanche, les lipides des Archaea sont construits à partir d’une molécule hydrophobe, le phytane (voir section 4.5). Les acides gras sont des composés amphipathiques, c’est-àdire possédant à la fois des propriétés hydrophiles et des propriétés hydrophobes. Le palmitate (forme ionisée de l’acide palmitique) [voir figure 3.7], par exemple, est un acide gras à 16 atomes de carbone composé d’une chaîne saturée comprenant 15 atomes de carbone (complètement hydrogénée et hautement hydrophobe) et d’un groupement carboxylique (constituant la partie hydrophile). On trouve fréquemment d’autres acides gras saturés et insaturés, de C12 à C20, dans les lipides des Bacteria (voir figure 3.7).
•
Quelles sont les différences entre un phospholipide et un triglycéride ?
•
Dessinez la structure chimique du butyrate, acide gras saturé à 6 atomes de carbone.
Acides gras communs :
O
16 15 14 13 12 11 10 9
8
H3C
7
5
6
4
3
2
1
C OH
Saturé, à 16 atomes de carbone (acide palmitique) O CH3
C OH
Monoinsaturé, à 16 atomes de carbone (acide palmitoléique) Lipides simples (triglycérides) : les acides gras sont liés au glycérol par une liaison ester
Glycérol O
Les triglycérides et les lipides complexes Les lipides simples (graisses) sont des acides gras (ou, chez les Archaea, des unités phytanyles) liés au C3 d’un alcool, le glycérol (voir figure 3.7). Les triglycérides comportent trois résidus d’acides gras fixés à une molécule de glycérol. Les lipides complexes sont des lipides simples qui contiennent des éléments additionnels tels que le phosphore, l’azote, le soufre, ou des petits composés organiques hydrophiles comme les sucres, l’éthanolamine (voir figure 3.7), la sérine ou la choline. Les lipides contenant un groupement phosphate sont appelés phospholipides. Ils jouent un rôle important dans la structure de la membrane cytoplasmique (voir section 4.5). Grâce à leurs propriétés amphipathiques, les lipides sont parfaitement adaptés aux structures membranaires. Ils s’alignent pour former les membranes. La partie hydrophile des phospholipides (glycérol) est en contact avec le cytoplasme et l’environnement externe, alors que la partie hydrophobe reste à l’intérieur de la membrane (voir section 4.5 et figure 4.16). Les régions hydrophobes des membranes sont imperméables aux substances polaires. Cette propriété prévient la fuite des constituants cytoplasmiques. Des mécanismes spécifiques permettent cependant la pénétration dans les cellules des substances polaires nécessaires à leur fonction (transport, voir section 4.5).
H3C
C O C H O
H3C
C O C H O
•
Quelle partie de la molécule d’acide gras est hydrophobe ? hydrophile ?
C O C H
H3C
H Liaison ester
Acides gras Lipide complexe : Phosphatidyléthanolamine (un phospholipide)
O
H
H3C
C O C H O
H3C
C O C H O –O P O C H O H
Acides gras Phosphate
CH2 CH2
Éthanolamine
+NH
3
Lipide complexe : diglycéride monogalactosyle (un glycolipide) 6
OH 4
Galactose
CH2OH 5
OH 3
O 1 2
OH
Contrôlez vos acquis Les lipides possèdent des régions hydrophiles et des régions hydrophobes ; leurs propriétés chimiques en font des composants de choix dans la structure des membranes cytoplasmiques.
H
Acides gras H3C H3C
H O C H
O C O C H O C O C H H
FIGURE 3.7 Acides gras, lipides simples (graisses) et lipides complexes. Les lipides simples sont composés d’acides gras liés par des liaisons esters à une molécule de glycérol, après perte d’un H2O. La composition en acides gras d’une cellule varie avec la température de croissance.
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3.5 Les acides nucléiques 47
III
Bases pyrimidiques
MACROMOLÉCULES INFORMATIONNELLES
Contrairement aux polysaccharides et aux lipides, les acides nucléiques et les protéines portent l’information génétique.
m n3.5 Les acides nucléiques
Les nucléotides Les bases azotées des acides nucléiques se divisent en deux catégories. Les purines – adénine et guanine – contiennent deux hétérocycles (composés d’atomes différents). Les pyrimidines – thymine, cytosine et uracile – contiennent un seul hétérocycle à six sommets (voir figure 3.9). La guanine, l’adénine et la cytosine sont présentes dans l’ADN et l’ARN. On trouve la thymine (à quelques exceptions près) seulement dans l’ADN, tandis que l’uracile est présent uniquement dans l’ARN. La base azotée est reliée au pentose par une liaison glycosidique entre l’atome de carbone en position 1 du sucre et l’atome d’azote en 1 (bases pyrimidiques) ou en 9 (bases puriques) de la base. Cet ensemble est appelé nucléoside. Les nucléotides sont donc des nucléosides possédant un ou plusieurs groupements phosphates (voir figure 3.10). Les nucléotides ont également d’autres fonctions dans la cellule. Ainsi, certains nucléotides ne servent pas seulement d’éléments de construction pour les acides nucléiques, mais,
6
1
2
O
N H
O
Thymine (T)
ADN ARN
C 4′ H 3′ H C OH
O
Base H 2′ C
1′ C
OH
Ribose Dans l’ADN, H remplace OH
FIGURE 3.8 Nucléotides. Les atomes de carbone du cycle de la base azotée sont numérotés 1, 2, 3, etc. (voir figure 3.9), et ceux du sucre 1’, 2’, 3’, etc.
O
5 6 1N 2 4 3
7 9
N H
Uracile (U)
N
N
N
N H
N
Adénine (A)
Guanine (G)
ADN ARN
ADN ARN
NH2
FIGURE 3.9 Structure des bases de l’ADN et de l’ARN. Remarquez le système de numérotation des cycles. Le carbone 1’ du sucre phosphate est lié à l’azote 1 de la base azotée dans les pyrimidines, et à l’azote 9 dans les purines.
comme l’ATP (voir figure 3.10), sont aussi des sources d’énergie chimique pour la cellule. L’hydrolyse de la liaison phosphate libère cette énergie (voir section 5.8). D’autres nucléotides, ou leurs dérivés, interviennent dans les réactions d’oxydoréduction cellulaires (voir section 5.7), transportent des sucres dans les réactions de biosynthèse des polysaccharides (voir section 5.15), ou encore contrôlent l’activité de certaines enzymes ou chaînes métaboliques.
Les acides nucléiques Un acide nucléique est un polymère formé par l’alternance de sucres et de phosphates (voir figure 3.11). Un polynucléotide est une succession de nucléotides dans laquelle le phosphate est relié par une liaison covalente, d’une part au carbone 3 [appelé 3' (3 prime)] d’un sucre, et d’autre part au carbone 5 (5') du sucre adjacent (voir figure 3.11a). Cette liaison, qui relie le phosphate au sucre par une liaison ester, porte le nom de liaison phosphodiester (voir figure 3.11a). La séquence nucléotidique d’une molécule d’ARN ou d’ADN se nomme structure primaire. C’est la séquence singulière des bases qui dicte la séquence des acides aminés des protéines ou celle des ARN de transfert, ou ribosomiques. La réplication de l’ADN et la synthèse d’ARN sont les événements clés de la vie (voir section 1.2, figure 1.4 et chapitre 7).
O
Ribose
Phosphoester
O– O
Phosphates
H
N H
8
ADN ARN seulement seulement
NH2 N
O–
–O P ~ O P ~O P
5′
CH2
O
NH2 N
N O
N H
O–
O
O N
Phosphoanhydride
O– –O P
H3C
5 4 3N
Cytosine (C)
Les acides désoxyribonucléique (ADN) et ribonucléique (ARN) sont des macromolécules composées de monomères appelés nucléotides. Ce sont donc des polynucléotides. L’ADN est la matrice de l’information génétique de la cellule, alors que l’ARN est le maillon qui convertit cette information en une séquence d’acides aminés dans les protéines (voir figure 1.4). Un nucléotide résulte de l’assemblage de trois composants ; un sucre à cinq atomes de carbone ou pentose, le ribose (dans l’ARN) ou le désoxyribose (dans l’ADN), une base azotée et une molécule de phosphate PO43–. La structure générale des nucléotides de l’ADN et de l’ARN est très proche (voir figure 3.8).
Phosphate
O
NH2
Bases puriques
O
O CH2 H
8
O
7
9
N
H
H
OH
OH
H
5 6 1N 2 4 3
N
Adénine
FIGURE 3.10 Les composants d’un nucléotide important, l’adénosine triphosphate. L’énergie d’hydrolyse d’une liaison phosphoanhydride (représentée en ondulé) est supérieure à celle d’une liaison ester et a une signification en bioénergétique (voir section 5.8). L’adénosine (un nucléoside) est composée d’un sucre lié à une base azotée sans groupement phosphate.
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48 Chapitre 3
Macromolécules
5′
Position 5’
H2C
4′
Position 3’
O
5’’
1′
H
H
O
H2C H
H
T C G A A T C G 3′ 5′
A C
H
H
O –O P
Liaisons hydrogène
3′ U C G
5′ 3′ (ii) C C G A C A C G U C G G
Base H
G C
5′ (i) C A G U G A C C A
O
O
T T A
(b)
Désoxyribose
H
O
Base azotée rattachée en position 1’
H
2′
3′
–O P
Liaison phosphodiester
Base
3′
A G C
Fragment apparié
O
O
(a)
(c)
C
G
A
U
G
C
C
G
5′C
Structure primaire Structure secondaire
G 3′
FIGURE 3.11 ADN et ARN. (a) Structure d’un fragment de chaîne d’ADN. Les bases azotées sont l’adénine, la guanine, la cytosine et la thymine. Dans l’ARN, un groupement OH est présent sur le carbone 2’ du pentose (voir figure 3.8) et l’uracile remplace la thymine. (b) Représentation simplifiée de la structure de l’ADN dans laquelle figurent uniquement les bases azotées. Notez la complémentarité des bases dans la séquence (A = T ; G ≡ C) et la nature des liaisons hydrogène qui relient les paires entre elles. (c) ARN : (i) Séquence montrant uniquement la structure primaire ; (ii) Fragment de séquence permettant l’établissement d’une structure secondaire. La figure montre que, dans l’ARN, la formation de structures secondaires dépend de la possibilité d’appariements intra-brin. Dans certains ARN de très grande taille, comme les ARN ribosomiques (voir sections 7.15 et 11.5), des régions mono-brin alternent avec des régions possédant à la fois des fragments mono- et double-brins (voir figure 11.11c). La fonction biologique de ces molécules fortement repliées et entortillées dépend de leur structure tridimensionnelle finale.
L’ADN Dans les cellules, l’ADN se trouve sous la forme d’une double hélice. Chaque chromosome contient deux brins d’ADN, constitués chacun de centaines de milliers à plusieurs millions de nucléotides liés par des liaisons phosphodiester. Les deux brins sont retenus par des liaisons hydrogène entre un nucléotide d’un brin et son complémentaire sur le brin opposé. Les bases puriques et pyrimidiques adjacentes forment entre elles des liaisons hydrogène (voir figure 3.2c). Ce sont les appariements guanine-cytosine (G-C), d’une part, et adénine-thymine (A-T), d’autre part, qui forment les liaisons hydrogène les plus stables (voir figure 3.2c). La complémentarité de séquence des bases des deux brins d’ADN résulte de l’appariement spécifique entre A et T et G et C. Quand G se trouve sur un brin, C lui fait face sur l’autre brin ; de même T, présent sur un brin, fait face à A sur l’autre brin (voir figure 3.11b).
L’ARN À quelques exceptions près, les ARN sont des molécules simple brin. Cependant, de courtes régions d’une molécule d’ARN peuvent s’apparier par complémentarité des bases. Ces structures portent le nom de structures secondaires (voir figure 3.11c). L’ARN remplit trois fonctions cruciales dans les cellules. Les ARN messagers (ARNm) portent l’information génétique de l’ADN sous la forme d’une molécule simple brin, complémentaire de la séquence des bases de l’ADN qui lui sert de matrice. Les ARN de transfert (ARNt) convertissent le langage nucléotidique en langage d’acides aminés pour la synthèse de protéines.
Les ARN ribosomiques (ARNr) sont de plusieurs types ; ce sont des composants structuraux et catalytiques du ribosome, la machinerie de synthèse protéique de la cellule (voir chapitres 7 et 11).
Contrôlez vos acquis L’information d’un acide nucléique réside dans la séquence des bases azotées de la chaîne polynucléotidique. L’ARN et l’ADN sont des molécules de l’information génétique. L’ARN peut se replier sur lui-même en de multiples configurations et former des structures secondaires. •
Quels sont les constituants d’un nucléotide ?
•
Quelle est la différence entre un nucléotide et un nucléoside ?
•
Faites la distinction entre les structures primaire et secondaire d’un ARN.
acides aminés et la liaison m n3.6 Les peptidique Les acides aminés sont les monomères des protéines. Alors que la majorité des vingt et un acides aminés les plus communs dans les cellules est constituée uniquement de carbone, d’hydrogène, d’oxygène et d’azote, deux d’entre eux contiennent du soufre et
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3.6 Les acides aminés et la liaison peptidique 49
Carbone-α
R Groupement aminé
H
O
C
C OH Groupement acide carboxylique
NH2
(a) Structure générale d’un acide aminé
CH3 CH3 CH3
CH3
Gly Glycine (G)
OH CH2
CH3
Ala Alanine (A)
Thr Thréonine (T)
CH
Val Valine (V)
CH3 CH O OH NH2 C CH2 O
Asn Asparagine (N)
+NH
CH2 CH2 CH2 CH2
NH2 C CH2 CH2
Gln Glutamine (Q)
+NH
C
CH CH2 Leu Leucine (L) CH3
CH3 CH2
CH
CH3 S CH2 CH2
CH2
Trp Tryptophane (W)
H2C
CH COO–
HSe CH2
Met Méthionine (M) Phe Phénylalanine (F)
H2C
HS CH2
Ile Isoleucine (I)
CH2
N H CH2 N H
O -O C CH 2 O
H
HO
CH2
Ser Sérine (S)
-O C CH CH 2 2 3
2
Glu Glutamate (E) Lys Lysine (K)
H N CH2 CH2 CH2 Arg Arginine (R)
NH2
Cys Cystéine (C)
Asp Aspartate (D)
+HN
CH2
His Histidine (H)
N H
Sec Sélénocystéine (U)
Légende des couleurs Ionisable : acide
Tyr Tyrosine (Y)
Ionisable : basique Non ionisable polaire Non polaire (hydrophobe)
Pro Proline (P)
(Note : la proline est représentée en entier parce qu’elle ne possède pas de groupement aminé libre. C’est un acide iminé et non un acide aminé.)
(b) Structure des groupements « R » des acides aminés FIGURE 3.12 Structure des 21 acides aminés les plus communs. (a) Structure générale. (b) Structure du groupement R. À gauche du nom de l’acide aminé, la nomenclature à trois lettres de l’acide aminé et, à droite, entre parenthèses, son code à une lettre. Voir le Focus du chapitre 7 pour la description d’un éventuel 22 e acide aminé.
un, du sélénium. Tous les acides aminés possèdent un groupe acide carboxylique (-COOH) et un groupe aminé (-NH2) [voir tableau 3.1 et figure 3.12a]. Des liaisons covalentes se forment entre le groupement carboxyle d’un acide aminé et le groupement amine d’un second acide aminé (par élimination d’une molécule d’eau), pour former la liaison peptidique (voir figure 3.13). Tous les acides aminés possèdent la même formule générale (voir figure 3.12a). Ils se distinguent par leur chaîne latérale (appelée R dans la figure 3.12a) rattachée au carbone α. Le carbone α est l’atome de carbone immédiatement adjacent au groupement carboxylique. La structure des différentes chaînes latérales varie considérablement, d’un simple atome d’hydrogène dans la glycine à des structures aromatiques comme dans la phénylalanine (voir figure 3.12b). Les propriétés chimiques d’un acide aminé dépendent essentiellement de la nature de sa chaîne latérale. Les acides aminés ayant des propriétés similaires sont regroupés en « familles » (voir figure 3.12b). Ainsi, la chaîne latérale peut contenir un groupement carboxylique, comme dans l’acide aspartique et l’acide glutamique, acides aminés acides. D’autres acides aminés contiennent des groupements additionnels, leur conférant des propriétés basiques. Les acides aminés qui contiennent des chaînes latérales hydrophobes sont regroupés en
acides aminés non polaires. La cystéine contient un groupement sulfhydryle (-SH) qui peut se lier à une autre cystéine pour former un pont disulfure (R-S-S-R). La diversité des acides aminés (voir figure 3.12b) explique l’énorme variété des protéines cellulaires et leurs propriétés H H2N C
O
H H C OH + H N C
O C OH
R2
R1
H2O
H2N
H
O H H
O
C
C
C OH
R1
N C R2
Liaison peptidique
FIGURE 3.13 Formation de la liaison peptidique. La partie variable des acides aminés (chaîne latérale) est représentée par R 1 et R2 (voir figure 3.12). Regardez comment, après la formation de la liaison peptidique, un groupement OH reste disponible pour former une nouvelle liaison peptidique (voir figure 7.38).
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50 Chapitre 3
Macromolécules
biochimiques. Par exemple, une cellule d’Escherichia coli contient environ 2 000 protéines différentes (voir tableau 3.2), solubles et membranaires, qui assurent des fonctions sensorielles, de maintien, de transport et beaucoup d’autres encore. La fonction d’une protéine est en grande partie dictée par sa structure. Inversement, des protéines remplissant des fonctions similaires ont souvent des structures proches.
a
d
C
Les isomères
b
b
C
c
Deux molécules ayant la même formule chimique peuvent exister sous des formes structurales différentes, ou isomères. Louis Pasteur, microbiologiste qui a battu en brèche la théorie de la génération spontanée (voir section 1.5), débuta sa carrière scientifique dans le domaine de la chimie par l’étude d’une classe d’isomères, les isomères optiques. Il décrivit l’asymétrie des cristaux d’acide tartrique (voir figure 3.14), démontrant ensuite que les organismes vivants pouvaient produire des molécules optiquement actives telles que, par exemple, les sucres et les acides aminés (une molécule est optiquement active si sa solution pure ou son cristal diffractent la lumière dans une seule direction). Les isomères qui possèdent les mêmes formules structurales et moléculaires, mais dont l’un est le « reflet » de l’autre dans un miroir, comme la main gauche est l’image de la main droite, sont des énantiomères et sont nommés D et L (voir figure 3.15). Les sucres de la série D prédominent dans les systèmes biologiques. Les acides aminés peuvent aussi exister sous forme d’énantiomères. Cependant, seules les formes L entrent dans la composition des protéines (voir figure 3.15c). Néanmoins, on rencontre occasionnellement des acides aminés D dans les cellules, en particulier dans le peptidoglycane, polymère de la
n
n T
T h
h
P
b'
M
d
c
(a)
D-Glucose
H
O C H
HO C
H
H C OH
H C
OH
HO C
H
H C
OH
HO C
H
CH2OH
L-Alanine
O
H C
H C OH HO C
L-Glucose
CH2OH
(b)
D-Alanine
COOH
COOH H2N C H
H C
NH2
CH3 CH3 Représentation sur un plan COOH H2N
(c)
C H CH3
COOH H
C NH2 CH3
Représentation en trois dimensions
FIGURE 3.15 Les isomères. (a) Modélisation de deux isomères optiques. (b) Énantiomères du glucose. (c) Énantiomères de l’acide aminé alanine. Remarquez que, quelle que soit l’orientation choisie pour ces représentations tridimensionnelles, les formes L et D ne se surperposent jamais. Dans la projection tridimensionnelle, la flèche signifie que le groupement est dirigé vers l’avant, et la ligne pointillée, que le groupement est dirigé vers l’arrière.
paroi cellulaire (voir section 4.8), et dans certains antibiotiques (voir section 20.9). Les racémases sont des enzymes qui catalysent de façon spécifique l’interconversion des énantiomères. Ainsi, certains procaryotes sont capables de se multiplier en présence de sucres-L ou d’acides aminés-D, parce qu’ils peuvent les convertir en leurs énantiomères.
Contrôlez vos acquis
b'
M
(a)
a
P
(b)
FIGURE 3.14 Représentation de cristaux d’acide tartrique (C4H6O6) utilisée par Louis Pasteur pour illustrer sa célèbre publication sur l’activité optique. (a) Cristal « gauche » (forme L). (b) Cristal « droit » (forme D). Les deux cristaux sont le reflet l’un de l’autre dans un miroir (ce sont des énantiomères). Pasteur a utilisé des lettres pour identifier les faces des cristaux, qui sont les images l’une de l’autre dans un miroir. Ici, pour mieux les distinguer, on a ajouté des couleurs. Pasteur a conforté son hypothèse de l’existence d’un lien entre l’asymétrie chimique et la vie en démontrant que la moisissure du genre Aspergillus ne pouvait métaboliser que le D-tartrate.
Vingt et un acides aminés, présents dans les cellules, peuvent former des liaisons peptidiques. Les sucres et les acides aminés peuvent exister sous forme d’énantiomères (images l’un de l’autre dans un miroir), mais on trouve seulement un de ces deux isomères optiques dans la plupart des polysaccharides et des protéines cellulaires. •
Pourquoi tous les acides aminés ont-ils une structure similaire mais diffèrent les uns des autres ?
•
Dessinez la structure complète d’un dipeptide qui contient les acides aminés alanine et tyrosine. Entourez la liaison peptidique.
•
Quels sont les énantiomères de sucres et d’acides aminés les plus communs dans les organismes vivants ? Pourquoi l’acide aminé glycine n’a-t-il pas d’énantiomère ?
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3.7 Les protéines : structures primaire et secondaire 51
m n
3.7 Les protéines : structures primaire et secondaire
C O
Les protéines jouent des rôles clés dans les cellules. Chaque type cellulaire est caractérisé par son contenu en protéines. Pour cette raison, on ne peut comprendre les différents types cellulaires sans connaître la structure des protéines. Il existe deux catégories principales de protéines, les protéines catalytiques (enzymes) et les protéines de structure. Les enzymes catalysent les réactions chimiques des cellules (voir chapitres 5 et 17). Les protéines de structure, quant à elles, font partie intégrante des structures des membranes, des parois et des différents composants du cytoplasme. Toutes les protéines ont en commun certaines propriétés structurales.
O
CH C H N CH N HR C O
R H CH N H R R CH H N CH O C C N C C CH O O CH N O R H R O O O O C N C C H C H N CH CH N C R CH N R H R R H H O
La structure primaire Les protéines sont des polymères d’acides aminés unis par des liaisons covalentes (voir figure 3.13). Deux acides aminés unis par une liaison peptidique forment un dipeptide, trois un tripeptide et ainsi de suite. De nombreux acides aminés unis de manière covalente par des liaisons peptidiques forment un polypeptide. Les protéines possèdent une ou plusieurs chaînes polypeptidiques. Le nombre d’acides aminés varie d’une protéine à l’autre, de 15 pour les plus petites à 10 000 pour les plus grosses. La composition en acides aminés des protéines, leur séquence et leur masse sont très variables, ce qui explique leur grande diversité structurale et fonctionnelle. La séquence linéaire des acides aminés d’un polypeptide est appelée structure primaire. Le mode de repliement d’un polypeptide dépend en premier lieu de sa structure primaire. Mais seul le polypeptide, dans sa conformation définitive, est biologiquement actif.
R
(a)
C C CH N CH N R H R H O O C C H C CH N N R R H H O O C N C CH N CH H H R R
R
C
N H O C R C R C O H N
H N C R O C R
C
N H O C R R C
H N C R O C R
C
C O H N
N H C C O
N H C C O
C O H N C R C R N H O C
N H O C
(b)
N C
C O H N C R C R N H O C
N H O C R R C
H N C R O C
Liaisons hydrogène entre des acides aminés proches
C O C O H N C R C R N H O C
C O H N
La structure secondaire Les interactions entre les chaînes latérales des acides aminés d’un polypeptide contraignent la molécule à se replier, formant des structures secondaires (voir figure 3.16). Ce sont les liaisons hydrogène, liaisons faibles et autres liaisons non covalentes (voir section 3.1), qui stabilisent ces structures secondaires. Une des structures secondaires les plus courantes est l’hélice-α, qui se présente comme un cylindre formé par la torsion d’un ruban (voir figure 3.16a). Cette torsion permet aux atomes d’oxygène et d’azote des différents acides aminés proches de former des liaisons hydrogène. Ces liaisons confèrent à l’hélice-α sa stabilité (voir figure 3.16a). La structure primaire d’autres polypeptides favorise la formation d’un type de structure différent, le feuillet-β. Dans cette structure, la chaîne polypeptidique se replie plusieurs fois sur elle-même. Comme dans l’hélice-α, le repliement est stabilisé par des liaisons hydrogène (voir figure 3.16b). Les feuillets-β sont des structures plus rigides que les hélices-α. Ainsi, une enzyme, dont l’activité dépend de sa flexibilité, peut contenir une grande proportion d’hélices-α. En revanche, une protéine de structure du cytosquelette peut être majoritairement constituée de feuillets-β. De nombreux polypeptides possèdent, dans la même chaîne polypeptidique, des régions en hélices-α et en feuillets-β. Les différentes opportunités de formation de liaisons hydrogène et
O
N H
Liaisons hydrogène entre des acides aminés éloignés
FIGURE 3.16 Structure secondaire des polypeptides. (a) Structure secondaire en hélice-α. Remarquez que les liaisons hydrogène ne concernent pas les groupements R, mais se forment entre des atomes des liaisons peptidiques. (b) Structure secondaire en feuillet-β.
d’interactions hydrophobes gouvernent le mode de repliement et la position de ces régions dans les polypeptides (voir figure 3.17). Ces régions, portant le nom de domaines, sont généralement des segments du polypeptide qui possèdent des fonctions singulières.
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52 Chapitre 3
Macromolécules
Chaînes α
Chaîne A Hélice-α
Chaîne B Feuillet-β (a) Insuline
(b) Ribonucléase
FIGURE 3.17 Structure tertiaire de polypeptides montrant l’emplacement des structures secondaires en hélice-! et en feuillet-". (a) L’insuline, protéine contenant deux chaînes polypeptidiques (voir section 31.6) ; remarquez que la chaîne B possède à la fois des structures secondaires en hélice-α et en feuillet-β, et que les ponts disulfures (en bleu) participent à la stabilisation de la structure tertiaire. (b) La ribonucléase, grosse protéine possédant plusieurs régions de structure secondaire (hélices-α et feuillets-β).
structures protéiques d’ordre m n3.8 Les supérieur et la dénaturation Les polypeptides organisés en structures secondaires continuent de se replier en une conformation unique encore plus stable. Cette structure tridimensionnelle spécifique est la structure tertiaire. Comme la structure secondaire, la structure tertiaire dépend de la structure primaire. Cependant, elle est également dictée, jusqu’à un certain point, par la structure secondaire de la molécule, qui oriente la chaîne latérale des différents acides aminés dans une direction précise (voir figure 3.16). Le repliement d’un polypeptide est stabilisé par les nouvelles liaisons hydrogène et covalentes, ainsi que les nouvelles interactions hydrophobes ou autres interactions entre atomes qui peuvent alors se former (voir figure 3.17). La structure tertiaire de la protéine montre des régions exposées ou des crevasses (voir figures 3.17 et 3.18) ; ces dernières peuvent fixer d’autres molécules (par exemple un substrat – s’il s’agit d’une enzyme – ou un ADN – s’il s’agit d’une protéine régulatrice) [voir sections 5.5 et 8.4]. Souvent, quand un polypeptide se replie, les groupes sulfhydryles de cystéines se rapprochent. Ces groupes -SH peuvent former une liaison covalente entre ces deux acides aminés, le pont disulfure. Si les deux cystéines sont situées sur deux polypeptides différents, le pont disulfure relie ces deux molécules (voir figure 3.17a). Un seul polypeptide peut aussi se replier spontanément et former un pont disulfure intramoléculaire. La structure quaternaire définit une protéine formée de deux chaînes polypeptidiques au moins (voir figure 3.18). Chaque polypeptide, appelé sous-unité, est organisé en structures primaire, secondaire et tertiaire. Certaines protéines contiennent plusieurs exemplaires de la même sousunité. Une protéine contenant deux sous-unités identiques,
(a)
Chaînes β
(b)
FIGURE 3.18 Structure quaternaire de l’hémoglobine humaine. (a) L’hémoglobine est constituée de deux polypeptides différents, les chaînes α (en bleu et en rouge) et les chaînes β (en orange et en jaune), qui s’assemblent pour former la protéine (α et β se rapportent aux noms des chaînes et non à des structures polypeptidiques secondaires). Des couleurs différentes représentent les quatre chaînes. (b) Structure moléculaire de l’hémoglobine déterminée par cristallographie aux rayons-X. Sur cette dernière image, les deux chaînes α sont colorées en rouge et les deux chaînes β en bleu.
par exemple, sera qualifiée d’homodimère. D’autres protéines sont formées de sous-unités différentes, présentes en un seul ou en plusieurs exemplaires (un hétérodimère contiendra, par exemple, deux polypeptides différents). Les sousunités des protéines multimères sont liées par des interactions non covalentes (liaisons hydrogène, forces de van der Waals et interactions hydrophobes) ou covalentes, généralement un pont disulfure.
La dénaturation Quand les protéines sont exposées à des températures élevées, à des changements de pH ou à certains composés chimiques ou métaux qui affectent leur repliement, elles se dénaturent (voir figure 3.19). On appelle dénaturation la perte des structures secondaire, tertiaire et quaternaire de la molécule. Si la dénaturation n’est pas trop importante, la protéine peut retrouver sa forme active (voir figure 3.19) après élimination de l’agent dénaturant. La dénaturation entraîne la perte de l’activité biologique de la protéine. Les liaisons peptidiques (voir figure 3.13) ne sont pas détruites, et c’est pourquoi une protéine dénaturée conserve sa structure primaire. En se repliant, un polypeptide adopte une conformation singulière avec une fonction biologique spécifique. La dénaturation des protéines revêt un intérêt particulier car c’est un des moyens les plus employés pour détruire les microorganismes. Par exemple, les alcools et phénols sont des désinfectants efficaces parce qu’ils pénètrent facilement dans les cellules et dénaturent de façon irréversible les protéines intracellulaires. Ces agents chimiques sont utilisés pour la désinfection d’objets, de surfaces, et ont de nombreuses applications domestiques, ainsi que dans les hôpitaux et l’industrie (voir chapitre 20).
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Questions 53
Contrôlez vos acquis La structure primaire d’une protéine est déterminée par sa séquence en acides aminés, mais seul le repliement du polypeptide (pour former des structures d’ordre supérieur) détermine ses propriétés fonctionnelles. Dénaturation douce ; urée
Élimination de l’urée ; renaturation
Protéine active
Protéine active
Protéine active
Dénaturation sévère ; 100 °C
Protéine active Refroidissement
•
Définissez les structures primaire, secondaire et tertiaire d’une protéine.
•
De quelle manière un polypeptide diffère-t-il d’une protéine ?
•
Pourquoi les feuillets-β sont-ils plus rigides que les hélices-α ?
•
Donnez le nombre et les types de polypeptides présents dans une protéine homotétramérique.
•
Décrivez les effets structuraux et biologiques de la dénaturation d’une protéine. Quelle application pratique de la connaissance du processus de dénaturation d’une protéine permet-elle ?
Protéine active
FIGURE 3.19 Dénaturation de la ribonucléase. La structure de la ribonucléase est présentée dans la figure 3.17b. Remarquez qu’une dénaturation sévère détruit irréversiblement la protéine (ou plutôt sa fonction biologique), parce qu’elle ne peut plus retrouver sa conformation initiale.
QUESTIONS 1. Quels sont les principaux éléments qui entrent dans la composition des êtres vivants ? Pourquoi l’oxygène et l’hydrogène sontils particulièrement abondants dans les organismes vivants (voir section 3.1) ? 2. Qu’est ce qu’une molécule ? Combien d’atomes y a-t-il dans une molécule de gaz hydrogène ? dans une molécule de glucose (voir sections 3.1 et 3.3) ? 3. Regardez le schéma de la base azotée cytosine (voir figure 3.1). Dessinez sa structure en indiquant les positions de toutes les liaisons simples et les doubles liaisons de la molécule (voir section 3.1). 4. Comparez et donnez les différences entre un monomère et un polymère. Donnez trois exemples de polymères ayant une importance biologique et énumérez les monomères qui les composent.
Quelles sont les classes de macromolécules les plus abondantes (en poids) dans une cellule (voir sections 3.1 et 3.2) ? 5. Énumérez les différents composants d’un lipide simple. Quelles sont les différences entre un triglycéride et un lipide complexe (voir section 3.4) ? 6. Examinez les structures du triglycéride et de la phosphatidyl éthanolamine de la figure 3.7. Comment la substitution du phosphate et de l’éthanolamine par un acide gras modifie-t-elle les propriétés chimiques du lipide (voir section 3.4) ? 7. L’ADN et l’ARN sont des macromolécules proches qui présentent cependant des différences. Énumérez trois propriétés chimiques et physiques permettant de distinguer l’ARN de l’ADN. Quelle est la fonction cellulaire de l’ADN ? de l’ARN (voir section 3.5) ?
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54 Chapitre 3
Macromolécules
8. Que signifie le mot acide aminé ? Écrivez la structure générale d’un acide aminé. Quelle est l’importance de la chaîne latérale R dans la structure tridimensionnelle d’une protéine ? Pourquoi l’acide aminé cystéine joue-t-il un rôle particulier dans la structure d’une protéine (voir section 3.6) ? 9. Chimiquement parlant, quelle réaction entre deux acides aminés entraîne la formation d’une liaison peptidique (voir section 3.6) ?
10. Donnez la définition des termes suivants ; primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire, appliqués à une protéine. Lequel (ou lesquels) est (sont) concerné(s) par le processus de dénaturation (voir sections 3.7 et 3.8) ? 11. Complétez les espaces. Une liaison glycosidique est à un _____ ce qu’une liaison _____ est à un polypeptide, et une liaison _____ à un acide nucléique. Ces différents types de liaisons sont des exemples de liaisons _____, qui sont chimiquement plus fortes que les liaisons faibles, comme _____ et _____ (voir chapitre 3).
PROBLÈMES 1. Observez la séquence nucléotidique de l’ARN ci-après ; (a) GUCAAAGAC, (b) ACGAUAACC. L’une de ces deux molécules a-t-elle une structure secondaire ? Si oui, dessinez cette(ces) structure(s) potentielle(s). 2. Quelques protéines solubles (cytoplasmiques) possèdent une grande proportion d’acides aminés hydrophobes. Quel type de structure tertiaire vont adopter ces protéines et pourquoi ? 3. Les cellules du genre Halobacterium, une Archaea qui vit dans des environnements hypersalins, contiennent des concentrations élevées de potassium [au-delà de cinq molaires (M)]. En conséquence, la plupart des protéines cytoplasmiques d’Halobacterium contiennent une proportion plus élevée de deux acides aminés particuliers que les protéines homologues chez Escherichia coli (dont le cytoplasme contient très peu d’ions K+). Quels sont ces acides aminés et pourquoi sont-ils si abondants ? (C’est-à-dire ;
quels acides aminés peuvent le mieux neutraliser les charges positives du K+ ?) 4. Quand on place une culture de la bactérie Escherichia coli, bactérie du tube digestif de l’homme, dans un récipient d’eau bouillante, des changements importants se produisent immédiatement dans les cellules. Cependant, quand on soumet une culture de Pyrodictium, bactérie hyperthermophile des sources chaudes, aux mêmes conditions, aucun changement ne se produit. Expliquez. 5. Examinez la figure 3.6b et décrivez les différences qui font la spécificité de chacun de ces polymères. Si toutes les liaisons glycosidiques de ces polymères étaient hydrolysées, quelle molécule resterait-il ? 6. Examinez la figure 3.12b. De tous les acides aminés figurant en bleu, quelle est la particularité chimique qui les regroupe en une « famille » ?
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I
Microscopie et morphologie bactérienne 56
4.1 4.2
La microscopie optique L’imagerie tridimensionnelle : microscopie par contraste d’interférence, microscopie à force atomique, microscopie confocale à balayage laser La microscopie électronique Les morphologies cellulaires et la signification de la taille microscopique
4.3 4.4
56
60 62 63
II
Membranes et parois bactériennes
66
4.5 4.6 4.7 4.8
La structure de la membrane cytoplasmique Les fonctions de la membrane cytoplasmique Les systèmes de transport membranaire La paroi des procaryotes (bactéries) : le peptidoglycane et les autres molécules La membrane externe des bactéries Gram négatif
66 69 71
79
III
Structures de surface et inclusions chez les procaryotes
82
4.10 4.11 4.12 4.13
Les structures bactériennes de surface Les inclusions cellulaires Les vésicules de gaz Les endospores
82 83 85 87
IV
Locomotion microbienne
91
4.14 4.15 4.16
Les flagelles et la mobilité La mobilité par glissement La mobilité cellulaire et la réponse comportementale : chimiotactisme et phototactisme
92 94
4.9
CHAPITRE QUATRE
Composition et organisation de la cellule bactérienne
74
Les procaryotes sont typiquement de petite taille, mais sont parfois relativement grands. Cette image de microscopie montre le procaryote Epulopiscium aux côtés de quatre cellules de l’eucaryote Paramecium.
96
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56 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
GLOSSAIRE Capsule (capsule) Enveloppe externe facultative de nature polysaccharidique ou protéique entourant certaines bactéries. Chimiotaxie (chemotaxis) Réaction d’attraction (chimiotaxie positive) ou de répulsion (chimiotaxie négative), en réponse à un gradient chimique. Couche S (S-layer) Couche externe présente à la surface cellulaire de certaines Bacteria et Archaea, et composée de protéines ou de glycoprotéines. Endospore (endospore) Structure différenciée élaborée par certaines Bacteria Gram positif et caractérisée par une paroi épaisse conférant une grande thermorésistance à la bactérie. Flagelle (flagellum) Organe cellulaire locomoteur long et fin, capable de mouvement rotatif, présent chez les procaryotes. Gram (Gram) Technique de coloration des bactéries fondée sur les propriétés de la paroi bactérienne mise au point par Christian Gram (1884). Cette coloration est utilisée en taxinomie bactérienne. Gram négatif (Gram-negative) Les bactéries Gram négatif sont caractérisées par une paroi pauvre en peptidoglycane et par la présence d’une membrane externe qui contient des lipopolysaccharides, des lipoprotéines et d’autres macromolécules. Gram positif (Gram-positive) Les bactéries Gram positif sont caractérisées par une paroi composée principalement de peptidoglycane et par l’absence de membrane externe (présente chez les bactéries Gram négatif). Lipopolysaccharide (LPS) (lipopolysaccharide) Composant essentiel de la membrane externe des bactéries Gram négatif constitué de lipides associés à des polysaccharides et des protéines. Magnétosomes (magnetosomes) Particules de magnétite (Fe3O4) organisées en structures libres dans le cytoplasme des bactéries magnétotactiques. Membrane cytoplasmique (cytoplasmic membrane) Membrane perméable séparant le cytoplasme de l’environnement extérieur de la cellule. Membrane externe (outer membrane) Membrane composée de phospholipides et de polysaccharides qui sépare le peptidoglycane du milieu extracellulaire chez les bactéries Gram négatif.
I
MICROSCOPIE ET MORPHOLOGIE BACTÉRIENNE
Nous avons vu au chapitre 2 les notions d’organismes procaryote et eucaryote. Penchons-nous à présent de manière plus précise sur la structure d’une cellule bactérienne. Bien que leurs constituants cellulaires présentent une grande diversité chimique, les Eubacteria, les Archaea et les Eukarya partagent une architecture cellulaire commune. Des macromolécules sont assemblées à partir de monomères, puis ellesmêmes sont intégrées dans des structures complexes aux fonctions bien définies, comme les ribosomes, les membranes ou les parois cellulaires. Nous développons ci-après les points essentiels de la microscopie, les structures des membranes, des parois, des composants externes et des organites intracellulaires, et enfin la locomotion bactérienne. C’est le microscope qui a révélé pour la première fois les secrets de la structure des bactéries et il reste encore à ce jour un outil très puissant utilisé en microbiologie.
Morphologie (morphology) Forme de la bactérie : bacille, sphérique (coque), spirille et autres. Peptidoglycane (peptidoglycan) Polymère constitué de chaînes polysaccharidiques (dont l’unité est constituée par l’assemblage de deux sucres aminés, la N-acétyl-glucosamine et l’acide N-acétylmuramique) arrangées en feuillets et reliées par des ponts peptidiques. Périplasme (periplasm) Espace situé entre la face externe de la membrane cytoplasmique et la face interne de la membrane externe lipopolysaccharidique des bactéries Gram négatif. Péritriche (peritrichous) Mode de disposition des flagelles où ceux-ci sont localisés sur toute la surface de la bactérie. Phototaxie (phototaxis) Mouvement d’un organisme en direction de la lumière. Polaire (polar) Adjectif faisant référence à la localisation de flagelle(s) au(x) pôle(s) d’une bactérie. Poly-β-hydroxybutyrate (PHB) (poly-β-hydroxybutyrate) Forme commune de stockage dans les cellules procaryotes constituée d’un polymère de β-hydroxybutyrate ou d’un autre acide β-alcanoïque, ou d’un mélange de différents acides β-alcanoïques. Protoplaste (protoplast) Cellule délimitée par une membrane cytoplasmique, mais débarrassée de sa paroi. Résolution (resolution) Capacité à distinguer de manière séparée deux objets adjacents. Stérols (sterols) Molécules carbonées cycliques de nature hydrophobe renforçant la membrane cytoplasmique des cellules eucaryotes et de quelques procaryotes Translocation de groupe (group translocation) Système de transport actif au cours duquel la substance transportée est modifiée chimiquement. Transporteur ABC (ATP-Binding Cassette) (ABC transporter) Système de transport membranaire constitué de trois protéines, dont une assure le transport actif de substrats spécifiques par hydrolyse d’ATP. Vésicules de gaz (gas vesicles) Structures intracytoplasmiques remplies de gaz et délimitées par des protéines, conférant une flottabilité aux cellules bactériennes.
m n4.1 La microscopie optique
L’observation des micro-organismes requiert soit la microscopie optique soit la microscopie électronique. En général, les microscopes optiques sont utilisés pour observer les bactéries à un faible grossissement, alors que les microscopes électroniques le sont pour observer leur structure interne ou les détails à leur surface. Tous les microscopes sont équipés de lentilles pour grossir l’image de la bactérie, dont les détails, au départ invisibles à l’œil nu, deviennent apparents. Contrairement au grossissement qui, en théorie, peut être augmenté sans limite, le pouvoir de résolution d’un microscope est limité, car dicté par les propriétés physiques de la lumière. C’est donc la résolution et non le grossissement qui conditionne finalement les capacités d’un microscope. En microscopie optique, la limite de résolution est de l’ordre de 0,2 µm (ou micromètre) ou 200 nm (ou nanomètres) ; en microscopie électronique, la résolution est mille fois supérieure, ce qui permet l’examen de molécules individualisées.
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4.1 La microscopie optique 57
Les composants d’un microscope optique
lumière). En général, il y a une correspondance entre le grossissement d’une lentille et son ouverture numérique : les lentilles possédant les plus forts grossissements sont typiquement celles qui ont les ouvertures numériques les plus élevées (le chiffre est indiqué sur la lentille à côté du grossissement). Le diamètre du plus petit objet résolu par une lentille est égal à 0,5 λ (ouverture numérique), où λ désigne la longueur d’onde utilisée. À partir de cette formule, il apparaît que la résolution est optimale avec une lumière bleue et un objectif possédant une très grande ouverture numérique. Comme nous l’avons dit auparavant, la résolution la plus élevée atteint 0,2 µm en microscopie optique. Ceci signifie que deux objets distants de moins de 0,2 µm ne peuvent être distingués. La plupart des microscopes utilisés en microbiologie possèdent des oculaires grossissant de 10× à 15× et des objectifs grossissant de 10× à 100× (voir figure 4.1b). Ainsi, au grossissement 1 000×, les objets de 0,2 µm de diamètre peuvent être résolus. Les objectifs 100× et certains autres objectifs à haute ouverture numérique nécessitent l’ajout d’une goutte d’huile déposée entre le spécimen et l’objectif ; ils sont appelés objectifs à immersion. L’huile à immersion augmente la capacité de la lentille à capter la lumière, permettant alors la visualisation des angles du spécimen dont le rayonnement ne serait autrement pas capté par la lentille de l’objectif.
En microscopie optique, c’est le rayonnement du visible qui permet d’éclairer le spécimen observé. Différents types de microscopes optiques sont couramment employés en microbiologie : à fond clair, en contraste de phase, à fond noir et à fluorescence. En microscopie optique à fond clair, les spécimens sont visualisés grâce à la différence de contraste (densité) qui existe entre leur surface et le milieu environnant. Les différences de contraste proviennent des variations d’absorption et de réflexion de la lumière par les échantillons. Le microscope à fond clair est le microscope le plus utilisé dans les laboratoires de biologie et de microbiologie. Il comporte deux séries de lentilles (lentille de l’oculaire et lentille de l’objectif), dont la fonction est d’aboutir à la construction de l’image (voir figure 4.1). De nombreuses bactéries sont difficiles à voir distinctement avec les microscopes à fond clair du fait de leur manque de contraste avec leur milieu environnant. Les organismes pigmentés sont une exception, car leur couleur renforce le contraste, améliorant ainsi leur observation (voir figure 4.2).
Le grossissement et la résolution Le grossissement final d’un microscope est le produit du grossissement de la lentille de l’objectif et de celui de la lentille de l’oculaire (voir figure 4.1b). Le grossissement 1 500× est la limite supérieure pour les microscopes optiques. Au-dessus de cette limite, la résolution n’augmente plus. La résolution est fonction de la longueur d’onde de la lumière utilisée et est déterminée par une caractéristique de l’objectif dénommée ouverture numérique (mesure de la capacité à capter la
La coloration : un moyen d’augmenter le contraste en microscopie à fond clair Une des limites du microscope à fond clair est le manque de contraste. La coloration des bactéries est un moyen d’augmenter leur contraste de manière à mieux les observer en Grossissement Trajet lumineux 100×, 400×, Image visualisée 1 000× Œil
Oculaire
10×
Lentille oculaire Image intermédiaire (inversée par rapport au spécimen)
Objectif Platine Condenseur
10×, 40×, ou 100× (huile)
Lentille de l’objectif Spécimen
Carl Zeiss, Inc.
Molette de mise au point Source lumineuse
(a)
Aucun
Lentille du condenseur Diaphragme de champ [« Source lumineuse » en (a)]
(b)
FIGURE 4.1 Microscopie. (a) Microscope optique, avec indication de ses principaux éléments. (b) Trajet lumineux à travers un microscope optique. En plus du grossissement 10 ×, la lentille oculaire existe en grossissement 15 à 30 ×.
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58 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
T. D. Brock
Étalement de la culture en couche fine sur la lame
Séchage à l’air libre
I. Préparation du frottis
(a)
Norbert Pfennig
Passage de la lame à travers la flamme pour fixer la préparation II. Fixation à la chaleur et coloration
Recouvrement de la lame avec le colorant ; rinçage et séchage
100×
(b)
Lame
FIGURE 4.2 Micro-organismes pigmentés en microscopie à fond clair. (a) Algue verte microscopique (eucaryote). (b) Bactérie pourpre phototrophe (procaryote). Le diamètre des algues est d’environ 15 µm et celui des bactéries, d’environ 5 µm.
microscopie à fond clair. Les colorants sont des composés organiques et chaque classe de colorants possède une affinité particulière pour certains compartiments ou constituants cellulaires. Les colorants utilisés en microbiologie, comme le bleu de méthylène, le cristal violet ou la safranine, sont pour la plupart chargés positivement (colorants basiques) ; ils vont s’associer avec des constituants cellulaires chargés négativement, tels que les acides nucléiques, les acides polysaccharidiques, ou même les surfaces cellulaires. Ce type de colorant convient donc parfaitement pour une observation de la morphologie bactérienne. Pour une coloration simple, la préparation observée provient en général d’une suspension bactérienne. Après fixation du frottis cellulaire (soit par la chaleur, soit par l’alcool à 90˚), la lame est recouverte pendant une à deux minutes par une solution diluée de colorant, puis rincée plusieurs fois à l’eau et enfin séchée. L’examen microscopique d’une préparation bactérienne colorée se fait à fort grossissement, à l’aide d’un objectif à immersion (voir figure 4.3).
La coloration de Gram, une coloration différentielle Une coloration est dite différentielle quand elle permet de distinguer différents types cellulaires selon leur aptitude à fixer ou non un ou des colorants. La coloration de Gram est une coloration différentielle très largement utilisée en microbiologie (voir figure 4.4a). Elle est à la base des deux grands groupes dichotomiques suivants : bactéries Gram positif et bactéries Gram négatif. Après coloration de Gram, les bactéries Gram positif sont colorées en mauve, tandis que les bactéries Gram négatif sont colorées en rose (voir figure 4.4b).
III. Observation au microscope
Huile
Dépôt d’une goutte d’huile sur la lame ; observation à l’objectif 100x
FIGURE 4.3 Coloration des bactéries destinée à leur observation au microscope. La coloration permet d’améliorer le contraste entre les bactéries et le milieu environnant.
La différence de coloration provient de la différence de structure entre la paroi des bactéries Gram positif et celle des bactéries Gram négatif. Au final, l’éthanol décolore les bactéries Gram négatif et non celles Gram positif (voir figure 4.4). La coloration de Gram est à la base du diagnostic bactériologique, car toute nouvelle identification commence en effet par la détermination du Gram (positif ou négatif) de la bactérie isolée. En cas d’utilisation d’un microscope à fluorescence, la coloration de Gram peut être réduite à une seule étape, à l’issue de laquelle les bactéries Gram positif ou négatif émettront des fluorescences différentes (voir figure 4.4c).
La microscopie en contraste de phase, à fond noir et à fluorescence La microscopie en contraste de phase renforce la différence de contraste entre les bactéries et leur milieu environnant, permettant ainsi leur visualisation tout en évitant leur coloration (voir figure 4.5). Cette technique de mise au point se prête bien à l’observation de spécimens à l’état frais. Elle présente également l’avantage d’éviter la mort, et donc la déformation, des bactéries provoquée par la coloration. La microscopie en contraste de phase, découverte par le physicien mathématicien hollandais Frits Zernike en 1936, découle du principe suivant : les bactéries ralentissent la vitesse de la lumière qui les traverse et diffèrent ainsi de leur milieu environnant par leur indice de réfraction. Ceci se traduit par une différence de phase entre la bactérie et son
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4.1 La microscopie optique 59
La coloration de Gram Étape 1
Recouvrement du frottis fixé à la chaleur par le violet de gentiane pendant 1 min Leon J. Lebeau
Résultat : toutes les bactéries sont colorées en violet
Élimination du violet de gentiane par ajout de lugol et maintien en contact pendant 1 min
Résultat : toutes les bactéries restent colorées en violet Étape 3
Décoloration à l’éthanol (environ 20 sec)
Résultat : les bactéries Gram positif restent violettes ; les bactéries Gram négatif sont décolorées
Étape 4
(b) Molecular Probes, Inc., Eugene, Oregon
Étape 2
(c) G–
Contre-coloration avec la fuschine
Résultat : les bactéries Gram positif (G+) sont colorées G+ en violet, les bactéries Gram négatif (G–) sont colorées en rose-rouge (a) FIGURE 4.4 Coloration de Gram. (a) Étapes de la coloration de Gram. (b) Bactéries Gram positif (bleu-violet) et Gram négatif (rose-rouge). Les espèces représentées sont Staphylococcus aureus et Escherischia coli. (c) Pseudomonas aeruginosa (Gram négatif, couleur verte) et de Bacillus cereus (Gram positif, couleur orange), mises en évidence par une coloration fluorescente. Cette méthode permet de différencier les bactéries Gram positif des bactéries Gram négatif en une seule étape de coloration.
environnement. Un anneau spécial, appelé « plateau de phase » et monté dans l’objectif du microscope, amplifie cette différence subtile. Le résultat est la construction d’une image foncée qui apparaît sur un fond lumineux (voir figure 4.5b). La découverte de Zernike a permis d’autres innovations en microscopie, toutes établies sur le principe du contraste de phase, comme la microscopie à fluorescence ou la microscopie confocale. Pour cette découverte, Zernike a reçu le prix Nobel de physique en 1953. Le microscope à fond noir est un microscope optique dans lequel le système d’éclairage a été modifié de manière à éclairer le spécimen uniquement par les côtés (en lumière rasante). Les seuls rayons qui atteignent la lentille ont donc été diffusés par le spécimen, lequel apparaît alors lumineux sur un fond noir (voir figure 4.5c). La résolution obtenue en microscopie à fond noir est sensiblement meilleure qu’en microscopie à fond clair ou même en contraste de phase, et permet souvent l’observation de détails non résolus par ces dernières techniques. La microscopie à fond noir est également un excellent moyen pour observer la mobilité des micro-organismes,
notamment par l’observation des ciliatures flagellaires (voir figure 4.5a). Le microscope à fluorescence est généralement utilisé pour l’observation des spécimens produisant une fluorescence naturelle, c’est-à-dire capables d’émettre un rayonnement lumineux (fluorescent) après excitation lumineuse (dans une autre couleur) [voir figure 4.6]. Le phénomène de fluorescence se produit soit en raison de la présence au sein des cellules de substance(s) naturellement fluorescente(s), comme la chlorophylle ou d’autres composés fluorescents (autofluorescence) [voir figure 4.6a, b], soit parce que les cellules ont préalablement été traitées par un colorant fluorescent appelé fluorochrome (voir figures 4.4c et 4.6c). Le DAPI (diamidino2-phénylindole) est un fluorochrome très utilisé qui émet une fluorescence bleue (voir figure 18.6). Grâce au DAPI, les bactéries sont repérables dans des milieux complexes tels que les échantillons de sol, d’eau, ou dans des prélèvements alimentaires ou cliniques (voir section 18.3). La bactériologie médicale et l’écologie microbienne emploient largement la microscopie à fluorescence (voir chapitres 18 à 20 et 24).
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(a)
M.T. Madigan
M.T. Madigan
M.T. Madigan
4.2 L’imagerie tridimensionnelle 60
(c)
(b)
FIGURE 4.5 L’observation de la Saccharomyces cerevisiae (levure du boulanger) par différents types de microscopie optique. (a) À fond clair. (b) En contraste de phase. (c) À fond noir. Les cellules mesurent de 8 à 10 µm de diamètre.
Contrôlez vos acquis La microscopie est essentielle à la microbiologie. Différents types de microscopes optiques existent, comme les microscopes à fond clair, à fond noir, en contraste de phase et à fluorescence. En microscopie à fond clair, les colorations sont nécessaires pour augmenter le contraste.
tridimensionnelle : m n4.2 L’imagerie microscopie par contraste
d’interférence, microscopie à force atomique, microscopie confocale à balayage laser
Dans les différents types de microscopie optique décrits cidessus, les images obtenues sont essentiellement bidimensionnelles. D’autres techniques de microscopie optique ainsi que les techniques de microscopie électronique permettent l’observation tridimensionnelle de spécimens.
•
Quelle est la limite supérieure de grossissement en microscopie optique ?
•
Quelles techniques utilisées en microscopie optique permettent parfois d’augmenter la résolution ?
La microscopie par contraste d’interférence différentielle
•
Quelle couleur prend une bactérie Gram négatif après coloration de Gram ?
La microscopie par contraste d’interférence différentielle (en anglais DIC, pour differential interference contrast) est une technique de microscopie optique utilisant un polariseur qui produit de la lumière polarisée. Cette lumière polarisée passe à travers un
(a)
(b)
T. D. Brock
R. W. Castenholz
Définissez le terme résolution.
R. W. Castenholz
•
(c)
FIGURE 4.6 Observation de micro-organismes divers en microscopie à fluorescence. (a, b) Cyanobactéries. (a) Observation des bactéries en microscopie à fond clair. (b) Observation des mêmes en microscopie à fluorescence (longueur d’onde d’exposition égale à 546 nm). La couleur rouge vient de l’autofluorescence de la chorophylle a et d’autres pigments. (c) Bactéries filamenteuses Leucothrix mucor émettant une fluorescence verte après teinture avec un colorant fluorescent, l’acridine orange. Ces bactéries font 3 µm de diamètre et peuvent atteindre plus de 100 µm de longueur.
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4.2 L’imagerie tridimensionnelle : microscopie par contraste d’interférence, microscopie à force atomique,
Le microscope à force atomique
adapté à l’observation tridimensionnelle des structures biologiques. En microscopie à force atomique, une fine pointe (sonde) est positionnée extrêmement près de l’échantillon, si bien que de faibles forces répulsives atomiques s’établissent entre la surface de l’échantillon et la sonde. L’échantillon subit un balayage vertical et horizontal, et la sonde enregistre en continu les variations mesurées à la surface du spécimen. Un ordinateur, par traitement de tous ces paramètres, reconstitue l’image de la surface du spécimen (voir figure 4.7b). Bien que les images obtenues par le microscope à force atomique soient identiques à celles de la microscopie électronique à balayage (comparez l’image de la figure 4.7b avec celle de la figure 4.10b), l’AFM présente l’avantage de n’employer ni fixateur ni enduit. Il permet ainsi l’observation de spécimens à l’état frais et hydratés, chose impossible en microscopie électronique.
Le microscope à force atomique (en anglais AFM, pour atomic force microscope) est un autre type de microscope
La microscopie confocale à balayage laser
Linda Barnett et James Barnett
prisme qui génère deux faisceaux. Ces faisceaux traversent le spécimen en des endroits différant légèrement par leur indice de réfraction et sont collectés ensuite par la lentille de l’objectif, où ils sont recombinés en un seul faisceau. Suivant les milieux traversés par chacun des rayons, ceux-ci subissent un déphasage différent qui crée ainsi un effet d’interférence. Cet effet permet d’intensifier les différences subtiles existant entre les structures intracellulaires. Ainsi, par microscopie DIC, les structures telles que le noyau des cellules eucaryotes (voir figure 4.7a), les endospores, les vacuoles et les granules des procaryotes prennent un aspect tridimensionnel. La microscopie DIC est particulièrement adaptée à l’observation des cellules non colorées, car elle permet de révéler les structures intracellulaires les moins visibles (ou même invisibles) par les techniques de microscopie à fond clair (comparez la figure 4.5a à la figure 4.7a).
Suzanne Kelly
(a)
(b) FIGURE 4.7 Imagerie tridimensionnelle des micro-organismes. (a) Microscopie par contraste d’interférence et (b) microscopie à force atomique. Les levures en (a) mesurent environ 8 µm de diamètre. Notez comme le noyau est bien visible (comparez la figure 4.7a à la figure 4.5a). Les bactéries en (b) mesurent environ 2,2 µm de longueur ; l’image provient d’un biofilm naturel développé à la surface d’une lame de verre plongée pendant 24 h dans le bol d’eau d’un chien. La lame a été séchée à l’air libre avant d’être observée en microscopie à force atomique.
La microscopie confocale à balayage laser (MCBL, en anglais CSLM, pour confocal scanning laser microscopy) est une technique de microscopie numérique où une source laser est couplée à un microscope optique. Cette technique de microscopie génère des images digitales tridimensionnelles de micro-organismes ou d’autres spécimens biologiques, après reconstruction par un ordinateur (voir figure 4.8). En MCBL, un rayon laser rebondit sur un miroir qui redirige le rayon à travers un dispositif de balayage. Le rayon laser passe ensuite à travers un « trou d’épingle » (pinhole), qui permet d’ajuster précisément le plan focal du rayon laser à un niveau de profondeur donné du spécimen. Grâce à l’éclairage d’un plan unique dudit spécimen, l’intensité de l’éclairage parasite (situé au-dessous et au-dessus du plan focal) diminue rapidement. Ainsi, la lumière émanant des plans autres que le plan focal (plans défocalisés) est minimisée. Au total, l’observation en MCBL d’échantillons épais tels que les biofilms microbiens (voir figure 4.8a) permet l’observation non seulement des bactéries situées en surface – telle que le permettrait la microscopie optique conventionnelle –, mais également celle des bactéries composant les différentes couches, cela grâce à l’ajustement du plan focal du rayon laser aux différentes profondeurs du biofilm. En MCBL, les bactéries sont fréquemment colorées avec des fluorochromes, ce qui permet de les distinguer (voir figure 4.8a). De manière alternative, des images artificiellement colorées peuvent être produites en ajustant le microscope de telle manière que les couches distinctes apparaissent colorées différemment. Un logiciel informatique réalise l’assemblage des images digitales issues des divers plans focaux, ce qui autorise ainsi la reconstruction en trois dimensions du spécimen entier (voir figure 4.8a). La MCBL trouve une large application en écologie microbienne, spécialement pour l’identification de populations bactériennes phylogénétiquement distinctes et présentes dans un habitat microbien donné (voir figure 18.11b pour un exemple) ou pour explorer la composition des couches successives d’un biofilm (voir figures 4.8a et 19.4b). Finalement, la MCBL permet l’étude des échantillons épais sur la totalité de leur épaisseur.
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62 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Subramanian Karthikeyan
m n4.3 La microscopie électronique
Gernot Arp et Christian Boeker, Carl Zeiss, Iéna
(a)
(b) FIGURE 4.8 Microscopie confocale à balayage laser. (a) Image confocale d’un biofilm microbien développé en laboratoire. Les bactéries vertes en forme de bacilles sont des Pseudomonas aeruginosa, introduites expérimentalement lors de la formation du biofilm. Les bactéries apparaissant d’une couleur distincte sont situées à différentes épaisseurs du biofilm. (b) Image confocale de cyanobactéries filamenteuses provenant d’un lac de soude.
La microscopie électronique utilise les électrons au lieu des photons pour la construction de l’image des cellules ou des structures intracellulaires. En microscopie électronique à transmission (MET), les électroaimants fonctionnent comme les lentilles et le système fonctionne entièrement sous vide (voir figure 4.9). Les microscopes électroniques sont équipés d’un appareil photo. Le microscope électronique à transmission est utilisé classiquement pour examiner les structures intracellulaires. Le pouvoir de résolution est bien meilleur qu’en microscopie optique et permet l’observation jusqu’au niveau moléculaire (voir figure 2.4b). Par exemple, alors que le pouvoir de résolution d’un bon microscope optique est de l’ordre de 0,2 micromètre, celui d’un bon microscope électronique est de l’ordre de 0,2 nanomètre. C’est pourquoi des molécules comme les protéines ou les acides nucléiques sont observables de manière individualisée en microscopie électronique. Contrairement à la lumière du visible, les sources d’électrons ne pénètrent pas bien ; même une unique cellule reste trop épaisse pour être observée directement. En conséquence, des techniques spécifiques de coupes fines sont nécessaires pour préparer les spécimens avant l’observation en microscopie électronique. Une seule bactérie subit ainsi de nombreuses coupes très fines (de 20 à 60 nm), qui sont ensuite observées une par une (voir figure 4.10a). Pour obtenir suffisamment de contraste, les préparations sont traitées avec des colorants tels que l’acide osmique, les sels de plomb, de permanganate, d’uranium ou de lanthanum. En effet, ces substances, composées d’atomes de haut poids atomique, dispersent les électrons, ce qui permet d’augmenter le contraste (voir figure 4.10a).
Contrôlez vos acquis
•
Quelle structure présente chez les eucaryotes est visualisée plus aisément en DIC qu’en microscopie à fond clair ? (Indice : comparez les figures 4.5a et 4.7a).
JEOL, USA Inc.
La microscopie confocale à balayage laser (MCBL) et la microscopie à contraste d’interférence différentielle (DIC) sont des techniques de microscopie optique permettant une observation tridimensionnelle bien meilleure que les autres techniques de microscopie optique. La MCBL permet en plus l’observation de spécimens épais. Le microscope à force atomique (AFM) permet l’observation détaillée tridimensionnelle de préparations à l’état frais.
•
Comment la MCBL permet-elle l’observation des différentes couches d’une préparation épaisse ?
FIGURE 4.9 Microscope électronique. Cet appareil compte à la fois des fonctions de microscope à balayage et de microscope à transmission.
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4.4 Les morphologies cellulaires et la signification de la taille microscopique 63 Membrane
ADN
Stanley C. Holt
Paroi
FIGURE 4.10 Bactéries observées en microscopie électronique. (a) Microscopie électronique à transmission et (b) microscopie électronique à balayage. (a) Coupe fine de bactérie Gram positif typique, Bacillus subtilis. La bactérie vient de se diviser en deux entités qui sont délimitées par une membrane, mais encore rattachées par leur paroi. Notez la région claire correspondant à l’ADN ou nucléoïde. La bactérie mesure environ 0,8 µm de diamètre. (b) Bactéries phototrophes Rhodo-vibrio sodomensis. Cette bactérie mesure environ 0,75 µm de largeur. Notez combien la microscopie électronique à balayage offre une grande profondeur de champ et ainsi une excellente image tridimensionnelle.
F. R. Turner
(a)
(b)
La microscopie électronique à balayage Si seules les caractéristiques externes d’un organisme requièrent l’observation, les coupes fines ne sont pas nécessaires. Les cellules intactes ou les constituants cellulaires peuvent être directement examinés en MET grâce à une technique appelée coloration négative (voir figure 4.54). Une alternative est la microscopie électronique à balayage (MEB) [voir figures 4.9 et 4.10b]. En microscopie électronique à balayage, le spécimen est recouvert d’une fine couche d’un métal lourd tel que l’or. Un rayon d’électrons est dirigé vers le spécimen et le parcourt sur toute sa longueur. Les électrons dispersés par le métal sont collectés et activent un écran où l’image est produite (voir figure 4.10b). En MEB, l’observation est possible pour même d’assez grands spécimens et la profondeur de champ est excellente. De nombreux grossissements peuvent être obtenus, de 15× à plus de 100 000×, sachant que seule la surface d’un spécimen est observable.
Contrôlez vos acquis Les microscopes électroniques ont un pouvoir de résolution élevé par rapport aux microscopes optiques, puisque la limite de résolution est de l’ordre de 0,2 nm. Deux principaux types de microscopes électroniques existent : le microscope électronique à transmission, qui sert à observer les structures intracellulaires jusqu’au niveau moléculaire, et la microscopie électronique à balayage, utile pour les observations en trois dimensions et l’examen des surfaces.
•
Comment une image est-elle obtenue en microscopie électronique ?
•
Sachant que l’utilisation de fixateurs chimiques est nécessaire en microscopie électronique et que la technique doit s’effectuer sous vide, quel est l’inconvénient majeur des microscopes électroniques par rapport aux microscopes optiques ?
•
Quel type de microscope électronique serait adapté à l’observation du nucléoïde bactérien ?
morphologies cellulaires m n4.4 Les et la signification de la taille microscopique
En biologie, le terme morphologie fait référence à la forme cellulaire. Plusieurs morphologies sont connues chez les procaryotes et la plupart sont désignées par des termes spécifiques. Dans cette section, les différentes morphologies cellulaires seront détaillées de même que les avantages procurés par les petites tailles.
Les principales morphologies cellulaires La figure 4.11 montre les morphologies bactériennes typiques, schématisées et illustrées par des exemples de micro-organismes observés en microscopie en contraste de phase. Une bactérie de forme sphérique ou ovoïde s’appelle une coque (du latin coccus, au
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Norbert Pfennig Norbert Pfennig
La taille des procaryotes varie de 0,2 µm à plus de 50 µm de diamètre. Seulement quelques très grands procaryotes, tels que le symbiote du poisson-chirurgien Epulopiscium fishelsoni (voir figure 4.12a), dépassent 80 µm de diamètre et peuvent excéder 0,6 mm de long (voir tableau 4.1). Le plus grand procaryote connu en terme de volume cellulaire total, la bactérie chimiolithotrophe sulfo-oxyadantée Thiomargarita (voir figure 4.12b), peut mesurer jusqu’à 0,75 mm (750 µm) de diamètre, ce qui le rend presque visible à l’œil nu. Les dimensions des procaryotes varient énormément, à la fois en taille et en volume (voir tableau 4.1). La plupart des grands procaryotes sont soit des bactéries sulfureuses, soit des cyanobactéries (voir chapitre 2 et tableau 4.1). La raison de cette grande taille n’est pas bien comprise, bien que l’on suppose que pour les bactéries sulfo-oxydantes cette grande taille soit la résultante d’un mécanisme de stockage intensif des substrats. L’hypothèse est que ce sont les limites des processus de diffusion et de métabolisme qui dictent de manière ultime l’expansion de la taille des procaryotes. Le taux de métabolisme d’une cellule varie de manière inversement proportionnelle avec le carré de sa taille. Ainsi, pour les grandes cellules, le mécanisme de diffusion pourrait limiter le métabolisme de sorte que la cellule ne serait plus assez compétitive. Cependant, les grandes tailles ne sont pas la norme dans le monde des procaryotes. À la différence des genres Thiomargarita ou Epulopiscium (voir figure 4.12), les dimensions moyennes d’un bacille, comme l’espèce Escherichia coli, sont de l’ordre de 1 à 3 µm, ce qui représente les dimensions typiques de la grande majorité des procaryotes. Par comparaison, les eucaryotes font de 2 µm à plus de 200 µm de diamètre. De manière générale, les procaryotes sont donc de petite taille par rapport aux eucaryotes. La raison de cette petite taille observée pour la plupart des procaryotes est qu’elle représente un avantage significatif. Par exemple, les échanges cellulaires avec le milieu extérieur (entrée des nutriments et sortie des déchets produits) sont plus faciles que dans une grande cellule, accélérant ainsi le métabolisme et la croissance cellulaires. Ceci est lié au fait que les petites cellules contiennent une aire de surface rapportée au volume
Bacille
Spirille
E. Canale-Parola
La taille des procaryotes
Coque
Spirochète
Pédoncule
Hyphe
Bactéries bourgeonnantes et appendiculées
Norbert Pfennig
pluriel, cocci). Une bactérie avec une forme cylindrique est appelée un bacille. Certains bacilles incurvés formant des spirales sont appelés des spirilles. Chez de nombreux procaryotes, les cellules restent en groupes ou en amas après leur division ; le mode d’arrangement de celles-ci est souvent caractéristique du type d’organisme. Par exemple, les cocci ou les bacilles peuvent se présenter sous forme de longues chaînes. Certains cocci forment des chaînes, d’autres des amas tridimensionnels, réguliers ou irréguliers. Certains groupes de bactéries se reconnaissent immédiatement du fait de leur forme très caractéristique : les spirochètes, bactéries fines spiralées, les bactéries appendiculées, qui possèdent des extensions de leur cellule sous forme de longs tubes ou de pédoncules, et les bactéries filamenteuses, qui forment de longues et fines cellules ou de longues chaînes de cellules (voir figure 4.11). Les formes cellulaires de la figure 4.11 doivent être abordées avec l’idée qu’elles représentent les principales morphologies. De nombreuses déclinaisons de ces morphologies basiques typiques, à la fois distinctes et subtiles, sont retrouvées dans le monde microbien.
Norbert Pfennig
Composition et organisation de la cellule bactérienne
T. D. Brock
64 Chapitre 4
Bactéries filamenteuses FIGURE 4.11 Représentation des différentes formes (morphologies) cellulaires chez les procaryotes. En regard de chaque dessin se trouve une microphotographie illustrant chaque morphologie. Les micro-organismes représentés sont des coques, Thiocapsa roseopersicina (diamètre d’une cellule = 1,5 µm) ; des bacilles, Desulfuromonas acetoxidans (diamètre = 1 µm) ; des bactéries spiralées comme Rhodospirillum rubrum (diamètre = 1 µm) ou le spirochète Spirochaeta stenostrepta (diamètre = 0,25 µm) ; des bactéries bourgeonnantes et appendiculées, Rhodomicrobium vannielii (diamètre = 1,2 µm) ; et des bactéries filamenteuses, Choroflexus aurantiacus (diamètre = 0,8 µm).
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4.4 Les morphologies cellulaires et la signification de la taille microscopique 65
r = 1 µm
r = 1 µm Surface (4πr2) = 12,6 µm2 Volume (43 πr3) = 4,2 µm3
Esther R. Angert, université d’Harvard
Surface =3 Volume
(a)
r = 2 µm
r = 2 µm Surface = 50,3 µm2 Volume = 33,5 µm3
Surface = 1,5 Volume
Heidi Schulz
FIGURE 4.13 Relation entre la surface et le volume d’une cellule. Plus la taille de la cellule augmente, plus le rapport surface sur volume diminue.
(b) FIGURE 4.12 Quelques très grands procaryotes. (a) Photographie en microscopie à fond noir d’un procaryote géant, Epulopiscium fishelsoni, symbiote d’un poisson-chirurgien. E. fishelonsi est un bacille mesurant environ 600 µm (0,6 mm) de long et 75 µm de large, présenté sur cette image avec quatre Paramecium, protozoaires unicellulaires (eucaryotes) mesurant environ 150 µm de long chacun. E. fishelsoni appartient au domaine des Bacteria et est phylogénétiquement proche du genre Clostridium. (b) Thiomargarita namibiensis, bactérie chimiolithotrophe utilisant le soufre pour son métabolisme (phylum des Protéobactéries), est le plus grand des procaryotes actuellement connus. Une seule cellule (forme de coque) a un diamètre d’environ 400 µm (voir d’autres exemples de grands et petits procaryotes, tableau 4.1).
cellulaire plus importante que les grandes cellules. Considérons le cas simple de la sphère, dans laquelle le volume est fonction du rayon au cube (V = 4/3πr3), alors que l’aire de surface est fonction du carré du rayon (S = 4πr2). Ainsi, le rapport surface sur volume (S/V) d’une sphère est égal à 3/r (voir figure 4.13). Au total, une cellule de petit rayon a un rapport S/V supérieur à celui d’une cellule de grand rayon. En plus de l’échange de nutriments, le rapport S/V affecte d’autres aspects de la biologie cellulaire. Par exemple, le taux de croissance dépendant dans une certaine mesure du taux
d’échanges nutritionnels, le taux supérieur S/V des petites cellules permet un taux de croissance plus important que celui des grandes cellules. Donc, par unité de ressources disponibles, les petites cellules développeront typiquement de plus grandes populations que ne le feront les grandes cellules. Or, étant donné que les taux de mutations sont les mêmes pour tous les organismes, les grandes populations sont synonymes de plus de divisions cellulaires et donc de plus de mutations accumulées lors des erreurs spontanées survenant pendant la réplication de l’ADN. Les mutations sont à la source de l’évolution des procaryotes. Outre cet aspect, il faut rappeler que les procaryotes sont haploïdes (voir section 2.2) ; par conséquent, les mutations bénéfiques vont être immédiatement exprimées. La petite taille des procaryotes montre donc un autre avantage : celui de s’adapter rapidement aux changements des conditions environnementales et d’exploiter facilement les ressources des nouvelles niches écologiques.
Les limites inférieures de la taille des procaryotes En conséquence, il apparaît que plus les bactéries deviennent petites, plus elles cumulent les avantages sélectifs dans leur environnement. Cependant, il existe des limites à la petite taille des procaryotes. Certains microbiologistes ont avancé l’existence dans la nature de très petites bactéries, qu’ils appellent des nanobactéries. La taille de ces nanobactéries hypothétiques serait de l’ordre de 0,1 µm de diamètre pour les cocci, ou peut-être même inférieure ; ce qui est extrêmement petit, même pour des standards procaryotiques (voir tableau 4.1). La question qui se pose alors est de savoir si ces nanobactéries sont à considérer comme de vraies bactéries. Les nanobactéries ont été associées à la formation de précipités et des biofilms (voir section 19.3) dans des environnements aussi diversifiés que les surfaces minérales et les tissus humains. Même si certains microbiologistes croient fermement au concept de nanobactérie, d’autres pensent que les nanobactéries sont en fait de simples artefacts de réactions chimiques ou géochimiques de composés inertes, étant donné que même les bactéries les plus
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66 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
TABLEAU 4.1
TAILLE ET VOLUME CELLULAIRES DE QUELQUES CELLULES PROCAYOTES (PAR ORDRE DÉCROISSANT)
Organisme
Caractéristiques
Taillea (µm)
Volume cellulaire (µm3)
750
200 000 000
Thiomargarita namibiensis
Bactérie sphérique chimiolithotrophe sulfo-oxydante
Epulopiscium fishelsoni
Bactérie chimio-organotrophe
80 × 600
3 000 000
Beggiatoa sp.
Bactérie filamenteuse chimiolithotrophe sulfo-oxydante
50 × 160
1 000 000
Achromatium oxaliferum
Bactérie ellipsoïde sulfo-oxydante
35 × 95
80 000
Lyngbya majuscula
Cyanobactérie sulfureuse
8 × 80
40 000
Prochloron sp.
Prochlorophyte
30
14 000
Thiovulum majus
Bactérie sphérique chimiolithotrophe sulfo-oxydante
18
3 000
Staphylothermus marinus
Hyperthermophile
15
1 800
Titanospirillum velox
Bactérie bacillaire chimiolithotrophe sulfo-oxydante
5 × 30
600
Magnetobacterium bavaricum
Bactérie magnétotactique
2 × 10
30
Escherichia coli
Bactérie chimio-organotrophe
1×2
2
Mycoplasma pneumoniae
Bactérie pathogène
0,2
0,005
a Quand un seul chiffre est donné, il s’agit du diamètre des bactéries sphériques. La valeur donnée est celle observée pour la plus grande cellule de l’espèce considérée. Par exemple, T. namibiensis mesure en moyenne 200 µm de diamètre. Mais, parfois, des cellules géantes de 750 µm ont été observées. Le diamètre moyen de S. marinus est de 1 µm. Source: D’après Schulz, H.N., et B. B. Jørgensen. 2001. Ann. Rev. Microbiol. 55: 105–137.
petites seraient significativement plus grandes que les nanobactéries (voir tableau 4.1). De plus, si l’on considère toutes les molécules intracellulaires essentielles à la physiologie bactérienne, il semble impensable que celles-ci puissent tenir dans un volume correspondant à un diamètre égal à 0,1 µm ou moins. Si toutefois de telles structures cellulaires existaient, elles seraient alors la forme de vie la plus petite jamais connue. Mis à part les nanobactéries, les habitats microbiens contiennent malgré tout des cellules de très petites tailles. Les océans, par exemple, contiennent 104 à 105 procaryotes par millilitre, ce qui signifie un diamètre de l’ordre de 0,2 à 0,4 µm. Des bactéries pathogènes peuvent également atteindre d’aussi petites tailles. Au total, il semble que de très petites bactéries existent bien dans la nature, mais que des structures de taille inférieure à 0,2 µm ne sont potentiellement pas viables (c’est-à-dire capables de se reproduire).
Contrôlez vos acquis Les procaryotes sont typiquement plus petits et plus polymorphes que les eucaryotes. Leur petite taille a une répercussion sur leur physiologie, leur taux de croissance et leur écologie. La question de l’existence des structures cellulaires de taille inférieure à 0,2 µm n’est pas tranchée. •
Citez trois types morphologiques décrits chez les procaryotes.
•
Quelle propriété physique des bactéries augmente avec la diminution de leur taille ?
II
MEMBRANES ET PAROIS BACTÉRIENNES
La membrane cytoplasmique et la paroi bactérienne sont deux structures très importantes chez les procaryotes. Ces deux structures sont déterminantes pour des fonctions précises et essentielles de la cellule, comme le transport des nutriments (membrane) ou la prévention de la lyse osmotique (paroi).
structure de la membrane m n4.5 Lacytoplasmique La membrane cytoplasmique est une structure fine qui entoure la cellule. Avec ses 8 nm d’épaisseur, cette structure vitale constitue une barrière séparant l’intérieur de la cellule (le cytoplasme) de son environnement. Si la membrane est cassée, l’intégrité cellulaire est atteinte, le cytoplasme se vide dans l’environnement et la cellule meurt. La membrane cytoplasmique est aussi une barrière de haute perméabilité sélective, permettant à la cellule de concentrer certains métabolites spécifiques et d’excréter ces déchets métaboliques.
La composition chimique des membranes La structure générale des membranes biologiques est une bicouche phospholipidique (voir figure 4.14). Les phospholipides contiennent à la fois des composants hydrophobes (acides gras) et hydrophiles (phosphates de glycérol), et peuvent exister sous de nombreuses formes chimiques par suite de la variation des substituants chimiques reliés à la chaîne
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4.5 La structure de la membrane cytoplasmique 67
section 3.1). De plus, des cations comme Mg2+ et Ca2+ aident à stabiliser la membrane en se combinant aux charges négatives des phospholipides.
Région hydrophile
Acides gras
Région hydrophobe Région hydrophile Glycérol Phosphate
FIGURE 4.14 Structure d’une double couche phospholipidique. La membrane cytoplasmique a une largeur d’environ 8 nm (80 Å). Voir la figure 3.7 pour la structure d’un phospholipide.
principale de glycérol (voir section 3.4). Lorsque les phospholipides s’agrègent en solution aqueuse, ils forment spontanément une structure en double couche. Les acides gras se mettent vers l’intérieur, les uns en face des autres, alors que les portions hydrophiles restent exposées à l’environnement extérieur aqueux (voir figure 4.14). La bicouche ainsi formée représente l’arrangement le plus stable pour des molécules lipidiques dans un environnement aqueux. Une coupe fine de membrane cytoplasmique observée en microscopie électronique montre que la membrane cytoplasmique apparaît sous forme de deux lignes claires séparées par des zones sombres (voir figure 4.15a). Cette unité membranaire (chaque feuillet phospholipidique forme la moitié d’une unité) est constituée d’une bicouche phospholipidique (voir figure 3.7), dans laquelle sont enchâssées des protéines (voir figure 4.16). La majorité des protéines des membranes cytoplasmiques ont typiquement leurs surfaces externes hydrophobes au niveau des régions qui traversent la membrane et leurs surfaces hydrophiles qui sont en contact avec l’environnement extérieur et le cytoplasme (voir figure 4.16). La structure globale de la membrane cytoplasmique est stabilisée par des liaisons hydrogène et des interactions hydrophobes (voir
Les protéines membranaires La surface externe de la membrane cytoplasmique est au contact de l’environnement et chez certaines bactéries établit le contact avec une variété de protéines qui lient des substrats ou qui prennent en charge de grosses molécules pour les transporter dans la cellule (sur les protéines périplasmiques, voir la discussion aux sections 4.7 et 4.9). La face interne de la membrane cytoplasmique interagit avec des protéines impliquées dans des réactions produisant de l’énergie et d’autres fonctions cellulaires importantes. De nombreuses protéines membranaires sont enchâssées dans la membrane et sont appelées des protéines intramembranaires. D’autres, fermement attachées à l’une des surfaces membranaires, fonctionnent également comme des protéines de membranes. On y trouve les protéines du périplasme (région comprise entre la membrane cytoplasmique et la membrane externe des bactéries Gram négatif – voir section 4.9) et quelques protéines cytoplasmiques. Quelquesunes de ces protéines périphériques (extramembranaires), sont des lipoprotéines qui contiennent une queue lipidique liée à la fonction aminée de la protéine et permettant l’ancrage de la protéine à la membrane. Ces protéines interagissent directement avec les protéines transmembranaires et participent à des processus cellulaires essentiels tels que le métabolisme énergétique. Sur les schémas, la membrane cytoplasmique peut apparaître quelque peu rigide. En réalité (voir figures 4.15 et 4.16), elle est assez fluide, les phospholipides et les protéines ayant une certaine liberté de mouvement en son sein. Les membranes ont une viscosité proche de celle de l’huile. Ainsi, les protéines de membrane (ou protéines transmembranaires) enjambent une bicouche phospholipidique extrêmement mobile, mais cependant ordonnée. Dans la prochaine section, seront développées les implications de cette structure en mosaïque fluide dans les fonctions cellulaires.
En microscopie, les lignes noires entre les lignes claires = région des acides gras (hydrophobe)
G. Wanner
Lignes claires en microscopie = glycérol des phospholipides (hydrophile)
(a)
(b)
FIGURE 4.15 La membrane cytoplasmique. (a) Image en microscopie électronique d’empilements de membranes photosynthétiques dérivées de la membrane cytoplasmique chez la bactérie phototrophe Halorhodospira halochloris. Noter les multiples doubles couches phospholipidiques. Chaque double couche mesure environ 8 nm d’épaisseur. (b) Représentation schématique d’une unité membranaire visible en (a).
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68 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne Extérieur
Phospholipides
Groupements hydrophiles Groupements hydrophobes
Intérieur
Molécule de phospholipide
Protéines intramembranaires
FIGURE 4.16 Structure de la membrane cytoplasmique. La face interne de la membrane cytoplasmique est au contact du cytoplasme et la face externe, au contact du milieu extérieur. La membrane cytoplasmique est composée de phospholipides, dont les résidus hydrophobes sont dirigés vers l’intérieur et les groupes hydrophiles vers l’extérieur, où ils sont associés à l’eau. Des protéines sont enchâssées dans cette matrice et, du fait de leur grande hydrophilie, traversent la bicouche d’acides gras. Des protéines hydrophiles et d’autres composés chargés, comme les ions métalliques, peuvent s’accrocher aux surfaces hydrophiles. Malgré quelques différences dans la composition chimique, la structure globale de la membrane cytoplasmique est semblable chez les procaryotes et les eucaryotes (voir une exception dans la structure de la bicouche, figure 4.19d).
Les agents de renforcement de la membrane : stérols et hopanoïdes Une différence majeure dans la composition chimique des membranes entre les cellules eucaryotes et les cellules procaryotes est que les eucaryotes contiennent des stérols dans leurs membranes (voir figure 4.17a, b). Les stérols sont absents des membranes de virtuellement tous les procaryotes (à l’exception des bactéries méthanotrophes et des mycoplasmes – voir sections 12.6 et 12.21). En fonction du type cellulaire, les stérols représentent de 5 à 25 % des lipides totaux des membranes chez les eucaryotes. Les stérols et les molécules dérivées sont rigides et plans, alors que les acides gras sont flexibles. Ainsi, la présence de stérols stabilise une membrane et la rend moins flexible. Les molécules présentes chez les Bacteria et homologues des stérols s’appellent des hopanoïdes et jouent un rôle similaire à celui des stérols chez les eucaryotes. Un hopanoïde très répandu est un C30 appelé diploptène (voir figure 4.17b). Pour ce que l’on sait, les hopanoïdes sont absents chez les Archaea.
appelé l’isoprène (voir figure 4.18c). Néanmoins, l’architecture globale de la membrane cytoplasmique des Archaea, qui forme des surfaces hydrophiles externe et interne avec un intérieur hydrophobe, est la même que chez les Bacteria et les Eukarya.
CH3
H3C C H2C H2C H2C CH H
CH3 3
CH3 1
(a)
2
HO
3 CH3
CH3 1
Les membranes des Archaea Les lipides des Archaea diffèrent de ceux des autres organismes. À la différence des lipides des Bacteria et des Eukarya, chez qui les liaisons ester lient les acides gras au glycérol (voir figure 4.18a et la section 3.4), les lipides des Archaea ont des liaisons éther entre le glycérol et leurs chaînes latérales hydrophobes. De plus, les lipides des Archaea ne possèdent pas d’acides gras. À la place, les chaînes latérales sont composées d’unités répétées d’un hydrate de carbone à cinq carbones
CH3
(b)
CH3
2
CH3 CH3
CH3
FIGURE 4.17 Stérols et hopanoïdes. (a) Structure du cholestérol, un stérol typique. (b) Structure du diploptène, hopanoïde. Les stérols sont présents dans les membranes des eucaryotes et les hopanoïdes dans celles de certains procaryotes. L’indication des noyaux cycliques (1, 2 et 3) a pour but de montrer les similitudes entre la structure des stérols et des hopanoïdes.
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4.6 Les fonctions de la membrane cytoplasmique 69 O H 2C
O
C
Ester R
O HC
O
C O
R
H2C
O
P
O–
H2C
O
C
R
HC
O
C O
R
H2C
O
P
O–
O–
O–
(a)
membranaires est une des caractéristiques majeures de ce groupe phylogénétique.
Éther
(b)
Contrôle CH3 H2C
C
C H
CH2
(c)
FIGURE 4.18 Liaisons chimiques des lipides. (a) La liaison ester est retrouvée dans les lipides des Bacteria et des Eukarya. (b) La liaison éther est celle des lipides des Archaea. (c) L’isoprène est la structure de base des chaînes hydrophobes latérales des lipides chez les Archaea. À la différence, chez les Bacteria et les Eukarya, les chaînes latérales des lipides sont composées d’acides gras.
Les diéthers et les tétraéthers de glycérol (voir figure 4.19a, b) sont les lipides majoritairement présents chez les Archaea. Dans la molécule de tétraéther, les chaînes latérales de phytanyle (composé de quatre molécules d’isoprène) de chaque molécule de glycérol sont liées entre elles par des liaisons covalentes (voir figure 4.19b). Cette structure donne alors une monocouche de lipides au lieu de la bicouche phospholipidique de la membrane cytoplasmique des Bacteria et des Eukarya (voir figure 4.19d). Les monocouches lipidiques sont résistantes à la dissociation. Ce type de structure membranaire est donc très répandu chez les Archaea hyperthermophiles, procaryotes adaptés à une croissance à de très hautes températures (voir sections 6.10 et 13.5 à 13.10). D’autres éléments distinguent également les Archaea des Bacteria, mais la composition chimique de leurs lipides
Liaison éther
Phytanyl CH3
H2C O C
CH3
HC O C H2COPO32–
Groupement CH3
La membrane cytoplasmique est une barrière perméable hautement sélective, construite à partir de lipides et de protéines qui forment une bicouche hydrophile à ses surfaces interne et externe, et hydrophobe en son milieu. D’autres molécules, telles que les stérols et les hopanoïdes, viennent renforcer la membrane et des protéines intégrales impliquées dans le transport, et d’autres fonctions la traversent. À la différence des Bacteria et des Eukarya, les Archaea contiennent des lipides avec des liaisons éther, et certaines espèces ont des membranes de type monocouche et non bicouche. •
Dessinez la structure basique d’une bicouche lipidique.
•
Pourquoi les composés tels que les hopanoïdes ou les stérols stabilisent-ils les membranes cytoplasmiques ?
•
Différenciez les liaisons entre le glycérol et les portions hydrophobes chez les Bacteria et les Archaea.
fonctions de la membrane m n4.6 Les cytoplasmique La membrane cytoplasmique est plus qu’une simple barrière séparant le milieu intracellulaire du milieu extracellulaire. La membrane joue un rôle important dans de nombreuses fonctions
FIGURE 4.19 Principaux lipides des Archaea et structures membranaires. (a) Diéthers de glycérol. (b) Tétraéthers de diglycérol. Notez que, dans les deux cas, l’hydrate de carbone est lié au glycérol par une liaison éther. L’hydrate de carbone en (a) est un biphytanyl glycérol diéther (C20) et en (b) un dibiphytanyl diglycérol tétraéther (C40). (c, d) Structure membranaire des Archaea. (c) Bicouche lipidique. (d) Monocouche lipidique.
(a) Diéther de glycérol Biphytanyl HOCH2
H2C O C HC O C H2COPO32–
C
O CH
C
O CH2
(b) Tétraéther de glycérol
Phosphate Glycérol Phytanyl
Biphytanyl
Protéine membranaire (c) Bicouche lipidique
(d) Monocouche lipidique
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70 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
cellulaires. Avant tout, la membrane fonctionne comme une barrière perméable qui prévient la fuite passive des constituants cytoplasmiques (voir figure 4.20). De plus, elle est le site d’attache de nombreuses protéines, parmi lesquelles se retrouvent les enzymes impliquées dans le transport intra ou extracellulaire de substances. La membrane cytoplasmique est le site principal pour la conservation de l’énergie cellulaire (voir chapitre 5). La membrane peut exister sous une forme « chargée » en énergie, provenant de la séparation des protons (H+) des ions hydroxyles (OH–) à sa surface (voir figure 4.20). Cette séparation de charge représente une forme d’énergie analogue à l’énergie potentielle présente dans une batterie chargée. Cette forme énergétique liée à la membrane s’appelle la force protonmotrice (FPM) et est responsable de la bonne conduction de nombreuses fonctions cellulaires demandant de l’énergie, comme certaines formes de transport, la mobilité et la biosynthèse d’une forme d’énergie cellulaire, l’ATP.
La membrane cytoplasmique, barrière perméable L’intérieur d’une cellule est composé d’une solution aqueuse de sels, de sucres, d’acides aminés, de nucléotides, de vitamines, de coenzymes et d’une variété d’autres matériaux solubles. La nature hydrophobe de la portion intérieure de la membrane cytoplasmique (voir figure 4.16) en fait une barrière de diffusion assez imperméable. Bien que de petites molécules
hydrophobes puissent passer à travers la membrane par diffusion simple, les molécules hydrophiles ou chargées doivent faire l’objet de transports spécifiques. Parce qu’elle est chargée, une molécule aussi petite que l’ion hydrogène (H+) ne peut pas diffuser à travers la membrane cytoplasmique. L’eau est une molécule qui pénètre librement à travers la membrane, car elle est suffisamment petite pour passer entre les molécules de phospholipides de la bicouche membranaire (voir tableau 4.2). Le transport de l’eau à travers la membrane peut être grandement accéléré grâce à des protéines de transport appelées aquaporines. Ces protéines forment des canaux qui traversent la membrane, permettant le transport spécifique de l’eau à l’intérieur ou à l’extérieur du cytoplasme. L’aquaporine AqpZ d’Escherichia coli, par exemple, est un canal à eau bien étudié. La synthèse de la protéine AqpZ est très augmentée en cas de pression osmotique faible. Sous de telles conditions, AqpZ fonctionne en tant qu’exportateur d’eau, de manière à prévenir un choc hypo-osmotique. Au contraire, en cas de pression hyperosmotique, de moindres quantités d’AqpZ sont présentes et, cette fois-ci, les protéines transportent les molécules d’eau dans la cellule pour contrecarrer la tendance de l’eau à aller vers la solution à plus forte concentration de solutés, c’est-à-dire vers le milieu extracellulaire. Le tableau 4.2 indique la perméabilité relative de quelques substances biologiques d’importance. La plupart des substances ne peuvent pas entrer de manière passive dans la cellule et nécessitent alors un mode de transport. Les données du tableau 4.2 doivent être analysées avec l’idée que le flux hydrique dans les cellules procaryotes se fait par le biais des aquaporines et ne vient pas entièrement de la diffusion à travers la membrane.
La nécessité de protéines de transport 1. Barrière perméable. Prévient les fuites et fonctionne comme un lieu de passage pour le transport des nutriments dans ou à l’extérieur de la cellule.
Le transport par des protéines implique plus que la simple prise en charge de composés à travers la membrane, car il y a une accumulation de solutés contre des gradients de concentration. La nécessité de transport médié par des transporteurs chez les micro-organismes est facile à comprendre. Si la diffusion était le seul moyen pour les solutés de pénétrer dans les cellules, celles-ci n’atteindraient jamais les concentrations
TABLEAU 4.2
H+
+++ –
++++++++ –––––––
OH-
++++ ––
+++++++++++++ ++ –––––––––––– ––
+++++ ––––
3. Conservation de l’énergie. Site de synthèse et d’utilisation de la force proton-motrice. FIGURE 4.20 Principales fonctions de la membrane cytoplasmique. Bien que de structure fragile, la membrane cytoplasmique a beaucoup de fonctions cellulaires importantes.
COMPARAISON DE LA PERMÉABILITÉ MEMBRANAIRE VIS-À-VIS
2. Ancrage des protéines. Emplacement de nombreuses protéines impliquées dans le transport, les voies énergétiques et la chimiotaxie.
DE DIFFÉRENTES MOLÉCULES
Substance Eau
Taux de perméabilitéa 100
Glycérol
0,1
Tryptophane
0,001
Glucose
0,001
Ion chlorure
0,000001
Ion potassium
0,0000001
Ion sodium
0,00000001
a
Échelle relative – perméabilité calculée par rapport à celle de l’eau fixée à 100. La perméabilité de la membrane vis-à-vis de l’eau peut être modifiée par les aquaporines (voir texte).
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Taux d’entrée du soluté
4.7 Les systèmes de transport membranaire 71
Contrôlez vos acquis Transporteur saturé par le substrat
Transport par l’intermédiaire d’un transporteur Diffusion simple
Concentration extracellulaire du soluté FIGURE 4.21 Relation entre le taux d’entrée et la concentration extracellulaire lors de la diffusion et du transport. Notez que, dans les processus faisant intervenir des transporteurs, le taux d’entrée montre une saturation à de faibles concentrations extracellulaires.
intracellulaires nécessaires à la réalisation des réactions biochimiques. En effet, à la fois le taux d’entrée et le taux intracellulaire des solutés diffusables sont proportionnels à leur concentration externe (voir figure 4.21). La concentration des nutriments dans la nature est toutefois souvent très faible, beaucoup plus faible que dans les milieux de culture (solutions utilisées pour faire croître les micro-organismes au laboratoire). Ainsi, les bactéries doivent être équipées de systèmes pour capter les nutriments à des taux supérieurs à ceux trouvés dans la nature ; c’est la fonction des systèmes de transport. Contrairement à la diffusion simple, les systèmes de transport utilisant des transporteurs montrent un phénomène de saturation. Si la concentration des substrats est suffisamment forte pour saturer le transporteur, ce qui arrive typiquement à de faibles concentrations de substrats, le taux d’entrée de substrats est maximal et l’addition de substrats supplémentaires n’augmente pas le taux (voir figure 4.21). Cette caractéristique aide énormément les cellules à concentrer les nutriments dans le cytoplasme, même à partir d’un environnement où les nutriments sont souvent très dilués. Une autre caractéristique des processus de transport assurés par des transporteurs est la nature hautement spécifique du type de transport. De nombreuses protéines de transport réagissent uniquement avec une seule molécule, alors que d’autres montrent une affinité pour une classe de molécules. Par exemple, il existe des transporteurs pour une grande variété de sucres ou d’acides aminés. Cette polyvalence dans l’entrée de substrats réduit le nombre de protéines de transport nécessaires à l’entrée de chaque acide aminé ou de chaque sucre. La synthèse des protéines de transport est également régulée par la bactérie, de telle manière que les composants spécifiques des transporteurs présents dans la membrane sont dépendants à la fois du type de nutriments présents dans l’environnement et de leur concentration. Cette dernière est un facteur important, car le mode de transport de nutriments particuliers varie fréquemment en fonction de leur concentration : quand le nutriment est présent à de fortes concentrations, un premier type de transporteur intervient ; quand il l’est à de faibles concentrations, un autre type de transporteur intervient, d’une plus grande affinité.
La fonction principale de la membrane cytoplasmique est, telle une barrière de perméabilité, de prévenir la fuite des métabolites cytoplasmiques dans l’environnement. La perméabilité sélective prévient aussi la diffusion de la plupart des solutés. Pour accumuler les nutriments contre leur gradient de concentration, des mécanismes de transport spécifiques sont employés. •
En plus de la perméabilité, quelles autres fonctions assurent la membrane cytoplasmique ?
•
Citez deux raisons pour qu’une cellule ne puisse dépendre de la diffusion comme seul moyen d’accumuler des nutriments dans son cytoplasme.
•
Pourquoi la destruction physique de la membrane cytoplasmique est-elle plus grave que celle d’autres composants cellulaires ?
systèmes de transport m n4.7 Les membranaire Comme nous l’avons vu plus haut, le transport des nutriments et l’expulsion des déchets cellulaires sont des événements cellulaires fondamentaux. Différents mécanismes de transport ont évolué chez les procaryotes, chacun ayant ses caractéristiques propres.
Structure et fonction des protéines de transport membranaires Il existe trois systèmes de transport des substances chez les procaryotes : le transport simple, la translocation de groupe et le système ABC. Le transport simple requiert une protéine intramembranaire uniquement. La translocation de groupe implique une série de protéines lors du transport. Le système ABC implique une protéine liant le substrat, un transporteur membranaire et une protéine hydrolysant l’ATP (voir figure 4.22). Tous ces systèmes de transport nécessitent de l’énergie, sous forme de force protonmotrice, d’ATP ou d’autres composés riches en énergie. Les protéines intramembranaires de tous les systèmes de transport bactériens connus montrent des homologies significatives, à la fois dans leurs structures primaire et secondaire, témoins des racines communes de leur évolution. Structurellement, ces transporteurs ont une architecture comportant douze hélices alpha (voir section 3.7) transmembranaires, formant un canal au travers duquel les substances sont transportées dans la cellule (voir figure 4.23). Le transport implique un changement conformationnel de la protéine après sa liaison à son substrat, ce qui déclenche alors la circulation du substrat à travers la membrane. Au total, trois classes de transporteurs sont connues (voir figure 4.24). Les uniports transportent une molécule de manière unidirectionnelle à travers la membrane. Les transporteurs symports transportent une substance dans le même sens qu’une autre substance, souvent un proton (H+). Les antiports, comme leur nom l’indique, transportent une substance à travers la membrane dans une direction, tout en transportant simultanément une seconde substance dans la direction opposée (voir figure 4.23).
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72 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Extérieur
Transport simple : grâce à l’énergie de la force motrice protonique
Intérieur Lactose H+
H+
Na+
H+ +
– OH–
H+ +
– OH–
H+ +
P HPO42–
R~P
– OH– – OH–
Lactose perméase Lac (symport)
H+
Substance transportée Translocation de groupe : modification chimique de la substance transportée grâce à un phosphoénolpyruvate
H+ + H+ +
H+ +
Antiport sodium-proton – OH–
H+
Symport phosphate
H+
1
H+ +
2
– OH–
Uniport potassium K+
Le système ABC : des protéines de liaison périplasmiques sont impliquées et l’énergie provient de l’ATP
3 ATP
ADP + Pi
H+ +
– OH–
H+ +
– OH–
H+ +
– OH–
H+
– OH–
Symport sulfate
H+
FIGURE 4.22 Les trois systèmes de transport membranaire. Notez que les transporteurs simples et les systèmes de type ABC transportent les molécules sans les modifier chimiquement, alors que la translocation de groupe aboutit à une modification chimique (phosphorylation) de la substance transportée. Les trois protéines du système ABC sont désignées par les chiffres 1, 2 et 3.
Entrée du lactose chez Escherichia coli : la perméase Lac La bactérie Escherichia coli métabolise le lactose (dissacharide). Le lactose est transporté par les cellules d’E. coli grâce à un symport appelé perméase Lac. La perméase Lac est un transporteur simple. Sur la figure 4.24, l’activité de cette perméase Lac est comparée à d’autres transporteurs simples, dont des uniports et des antiports.
Extérieur
HSO4–
Extérieur
+
Intérieur
FIGURE 4.24 Perméase Lac (transport de type symport) et autres transporteurs simples caractérisés chez Escherichia coli. Pour des raisons de simplification, des formes globulaires représentent les protéines transmembranaires (voir leurs structures à la figure 4.23). Notez que les symports et antiports fonctionnent grâce à l’énergie de la force proton-motrice. Cette dernière est régénérée grâce à des réactions cellulaires génératrices d’énergie (réactions cataboliques).
La perméase Lac a besoin d’énergie pour fonctionner. À chaque molécule de lactose transportée, l’énergie de la force proton-motrice est lentement diminuée à cause du cotransport des protons dans la cellule. Cependant, la force protonmotrice est rétablie dans la cellule grâce à l’énergie produite par des réactions qui seront décrites plus loin (voir chapitres 5 et 17). Le résultat net de l’activité de la perméase Lac est l’accumulation de lactose jusqu’à une concentration élevée suffisante pour que sa métabolisation fournisse de l’énergie nécessaire à la cellule.
La translocation de groupe : le système phosphotransférase Intérieur
Uniport
Antiport
Symport
FIGURE 4.23 Structure de trois types de transporteurs transmembranaires et événements associés. Chez les procaryotes, les transporteurs transmembranaires contiennent typiquement douze hélices alpha agencées en cercle et formant un canal à travers la membrane. Pour l’antiport et le symport, les molécules cotransportées sont indiquées en jaune.
La translocation de groupe est un mécanisme de transport au cours duquel la substance transportée est chimiquement transformée pendant le passage à travers la membrane. Le système de translocation de groupe le mieux étudié est celui du transport des sucres tels que le glucose, le mannose et le fructose chez E. coli. Ces composés sont phosphorylés pendant le transport par le système phosphotransférase. Le système phosphotransférase est constitué d’une famille de protéines, dont cinq sont nécessaires pour transporter un sucre donné. Avant que le sucre ne soit transporté, les protéines du
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4.7 Les systèmes de transport membranaire 73
système sont elles-mêmes alternativement phosphorylées et déphosphorylées en cascade, jusqu’à ce que la protéine transmembranaire, l’enzyme IIc, accepte le groupement phosphate et phosphoryle le sucre (voir figure 4.25). La petite protéine appelée HPr, l’enzyme qui la phosphoryle (enzyme I) et l’enzyme IIa, sont des protéines cytoplasmiques. À la différence, l’enzyme IIb est liée à la surface interne de la membrane et l’enzyme IIc est une protéine membranaire intégrale (voir figure 4.25). L’enzyme I et HPr sont des constituantes non spécifiques du système phosphotransférase et participent à l’entrée de différents sucres, alors que les enzymes II spécifiques existent pour chaque sucre transporté de manière individualisée (voir figure 4.25). L’énergie pour le système phosphotransférase vient d’un composé riche en énergie, le phosphoénolpyruvate. Cependant, il faut noter que, bien que de l’énergie, sous la forme d’un phosphate lié riche en énergie, soit consommée pendant le transport de la molécule de glucose (voir figure 4.25), dans tous les cas, la phosphorylation du glucose en glucose-6-P est la première étape de sa métabolisation intracellulaire (glycolyse – voir section 5.10). Ainsi, le système phosphotransférase prépare le glucose pour son entrée immédiate dans la voie métabolique principale.
Les protéines périplasmiques et le système ABC Nous apprendrons un peu plus loin dans ce chapitre (voir section 4.9) que les bactéries Gram négatif contiennent un espace appelé le périplasme, situé entre la membrane cytoplasmique, et une membrane externe riche en lipides (voir figure 4.35). Le périplasme contient des protéines variées, dont de nombreuses sont impliquées dans des fonctions de transport. Celles-ci sont appelées protéines liées au périplasme. Les systèmes de transport de ce type utilisent trois composants : 1) les protéines liées au périplasme ; 2) les protéines transmembranaires et 3) les protéines hydrolysant l’ATP (kinases). Ces dernières fournissent l’énergie nécessaire. Les transporteurs de ce type s’appellent des transporteurs ABC, ABC signifiant ATP-binding cassette c’est-à-dire cassette
de liaison à l’ATP (voir figure 4.26). Plus de 200 transporteurs ABC ont été identifiés chez les procaryotes et les études de structure ont montré qu’ils sont clairement liés à la même famille de protéines. Les transporteurs ABC existent pour le transport de nutriments tels que les sucres et les acides aminés, pour une variété de nutriments inorganiques tels que les sulfates, les phosphates et les métaux. Une des propriétés intéressantes des transporteurs ABC est la très grande affinité des protéines périplasmiques pour leurs substrats. Ces protéines peuvent bouger au sein du périplasme et se lier à leurs substrats même en cas de très faible concentration. Par exemple, les concentrations de substrat de 1 micromolaire (10–6 M) ou moins peuvent aisément être liées et transportées par les protéines périplasmiques. Une fois lié, le complexe interagit avec la protéine transmembranaire et le transport est conduit grâce à l’énergie fournie par l’ATP (voir figure 4.26). De manière intéressante, même si les bactéries Gram positif n’ont pas de périplasme, ce type de système de transport a été retrouvé. Mais, chez les bactéries Gram positif, les protéines de liaison au substrat ne sont pas mobiles et, au contraire, sont ancrées dans la membrane cytoplasmique. Néanmoins, comme chez les Gram négatif, une fois que ces protéines ont lié leur substrat, elles interagissent avec un composant transmembranaire qui, grâce à l’hydrolyse de l’ATP, permet leur transport à travers la membrane.
L’export de protéines Jusqu’à présent, notre discussion a porté sur les petites molécules. Qu’en est-il des grosses molécules telles que les protéines ? Pour fonctionner correctement, de nombreuses protéines ont besoin d’être transportées hors du cytoplasme ou d’être insérées dans la membrane. La translocation de protéines se fait chez les procaryotes grâce à l’activité de protéines appelées les translocases ; le système Sec (pour sécrétion) en est un exemple majeur. SecYEG est ainsi une translocase de membrane qui exporte certaines protéines tout en insérant d’autres dans la membrane avec
Intérieur Composants non spécifiques
Extérieur
Composants spécifiques Membrane cytoplasmique
PEP Enz I
HPr
Enz IIa
Enz IIb
Pyruvate
Enz IIc P
P
Glucose P Glucose 6_P
Sens du transport FIGURE 4.25 Mécanismes du système phosphotransférase chez Escherichia coli . Pour l’entrée de glucose, le système comprend cinq protéines : l’enzyme (Enz) I ; les enzymes IIa, IIb et IIc, et HPr. Le phosphate est transféré successivement du phosphoénolpyruvate (PEP), via des protéines, jusqu’à l’enzyme IIc. Sur le schéma, cette dernière transporte (et phosphoryle) le sucre. Les protéines HPr et l’enzyme I sont non spécifiques et impliquées dans le transport de tous les sucres. Les composants de l’enzyme II sont spécifiques d’un sucre particulier.
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74 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Périplasme
Peptidoglycane Protéine périplasmique
Expliquez la différence d’énergie requise par les transporteurs simples, le système phosphotransférase et le système de transport ABC.
•
Expliquez les différences entre les trois systèmes de transport quant aux transformations chimiques de la molécule transportée.
•
Quel type de transport est le plus adapté aux nutriments présents dans l’environnement à de très faibles concentrations et pourquoi ?
•
Comment les protéines sont-elles exportées de la cellule ?
Substance transportée
Extérieur
Transporteur membranaire
paroi des procaryotes m n4.8 La(bactéries) : le peptidoglycane
Intérieur Protéine hydrolysant l’ATP
•
et les autres molécules
ATP
ADP+Pi
FIGURE 4.26 Mécanisme des transporteurs de type ATPBinding Cassette (ABC). La protéine de liaison périplasmique a une grande affinité pour le substrat, la protéine transmembranaire forme le canal de transport et la protéine cytoplasmique hydrolysant l’ATP apporte l’énergie pour le transport. Chez Escherichia coli, le système de transport du maltose (disaccharide) est un exemple de transporteur de type ABC. La structure de la paroi des bactéries Gram négatif, incluant le périplasme, est développée à la section 4.9.
une orientation spécifique compatible avec leur fonction. Alors que certaines translocases sont spécifiques du type de protéines exportées, SecYEG est largement distribuée chez les procaryotes et peut transporter une large variété de protéines. Nous discuterons dans un prochain chapitre le mode de reconnaissance des protéines destinées au transport (voir section 7.17). L’export de protéines est important pour la bactérie, car de nombreuses enzymes fonctionnent en dehors de la cellule (exoenzymes). Par exemple, les exoenzymes hydrolytiques telles que l’amylase ou la cellulase, sont exportées directement dans l’environnement extérieur, où elles clivent l’amidon ou la cellulose (voir figure 3.6b), respectivement, en glucose. Ce sucre est ensuite utilisé par la cellule comme source de carbone et d’énergie. De plus, de nombreuses bactéries pathogènes excrètent des toxines ou d’autres protéines délétères pour l’hôte durant le processus d’infection. Toutes ces grandes molécules ont besoin de passer la membrane cytoplasmique et les translocases telles que SecYEG les assistent dans ce transport.
Contrôlez vos acquis En tout, trois types de transporteurs sont connus : les transporteurs simples, les transporteurs de type phosphotransférase et les systèmes ABC, ces derniers contenant trois types de composants interagissant. Le transport requiert de l’énergie tirée de la force protonmotrice, de l’ATP ou d’autres substrats riches en énergie.
Les bactéries contiennent une grande concentration de solutés dissous. Ceci cause une pression considérable – près de deux atmosphères chez Escherichia coli, ce qui correspond à la pression des pneus d’une automobile. Pour contenir cette pression, la bactérie possède une paroi, également responsable dans une certaine mesure de la forme et de la rigidité cellulaire. Les espèces de Bacteria se partagent en deux groupes majeurs, les bactéries Gram négatif et celles Gram positif. Cette distinction est fondée sur la coloration de Gram (voir section 4.1). Mais, ce sont en fait les différences dans la structure de la paroi qui sont au cœur de la réaction à la coloration de Gram. En microscopie électronique, l’aspect de la paroi des deux types de bactéries diffère totalement, comme le montre la figure 4.27. La paroi des bactéries Gram négatif est une structure assez complexe formée de plusieurs feuillets, alors que la paroi des bactéries Gram positif est constituée d’un seul type de molécule et est souvent plus épaisse. Dans cette section, sera développé le composant polysaccharidique de la paroi des procaryotes, à la fois des Bacteria et Archaea. Ceci inclut en particulier le peptidoglycane, mais aussi toute une variété de polysaccharides proches ou non, retrouvés chez les Archaea. Les constituants de la paroi des bactéries Gram négatif seront décrits dans la section 4.9.
Le peptidoglycane La paroi des Bacteria possède une couche rigide responsable de la résistance de la paroi. Chez les bactéries Gram négatif, des feuillets supplémentaires sont présents du côté extérieur de la couche rigide. Cette couche rigide est très similaire dans sa composition chimique entre les bactéries Gram négatif et les bactéries Gram positif. Appelé peptidoglycane, ce polysaccharide est composé de deux dérivés, la N-acétylglucosamine et l’acide N-acétylmuramique, et d’un petit nombre d’acides aminés spécifiques incluant la L-alanine, la D-alanine, l’acide D-glutamique, et soit la lysine, soit l’acide diaminopimélique (DAP) [voir figure 4.28]. Ces constituants sont connectés pour former une structure répétée, le tétrapeptideglycane (voir figure 4.29).
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4.8 La paroi des procaryotes (bactéries) : le peptidoglycane et les autres molécules
75
Gram négatif
Gram positif
Peptidoglycane
Peptidoglycane
Membrane (a)
(b)
Membrane Périplasme Membrane externe (lipopolysaccharide et protéine)
Outer membrane Membrane externe
Membrane Cytoplasmic membrane cytoplasmique
Peptidoglycane
Peptidoglycan Peptidoglycane
J. L. Pate
T. D. Brock et S. F. Conti
Membrane cytoplasmique
(c)
(e)
A. Umeda et K. Amako
A. Umeda et K. Amako
(d)
(f)
FIGURE 4.27 Les parois des bactéries. (a, b) Représentation schématique de la paroi des bactéries Gram positif et Gram négatif. (c) Microscopie électronique à transmission montrant la paroi d’une bactérie Gram positif, Arthrobacter crystallopoietes, et (d) d’une bactérie Gram négatif, Leucothrix mucor. (e, f) Images en microscopie électronique à balayage d’une bactérie Gram positif (Bacillus subtilis) et d’une bactérie Gram négatif (Escherichia coli). Notez la texture de la surface des bactéries en (e) et en (f). Une cellule bactérienne de B. subtilis ou d’E. coli mesure 1 µm de diamètre.
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76 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
La structure basique du peptidoglycane est celle d’une couche d’épaisseur variable entourant la bactérie, formée de feuillets individualisés de peptidoglycane reposant les uns sur les autres. Les chaînes de glycanes sont reliées entre elles par des ponts tétrapeptidiques, c’est-à-dire constitués de quatre acides aminés. Les ponts glycosidiques reliant les sucres au sein de la chaîne glycane sont très solides, mais seuls ils seraient incapables de procurer une rigidité multidirectionnelle. La rigidité globale de la structure du peptidoglycane est achevée seulement lorsque ces chaînes sont reliées par les acides aminés. Ce maillage intervient à différents degrés chez les Bacteria, une plus grande rigidité étant obtenue avec son augmentation. Chez les bactéries Gram négatif, les liaisons se font par un pont interpeptidique réalisé entre le groupement aminé du DAP et le groupement carboxyle de la D-alanine terminale (voir figure 4.30). Chez les bactéries Gram positif, les liaisons se font par l’intermédiaire d’un pont interpeptidique, le nombre et le type d’acides aminés variant entre les espèces. Par exemple, chez Staphylococcus aureus, cocci Gram positif très étudié, le pont interpeptidique est constitué de cinq molécules de glycine (voir figure 4.30b). La structure globale d’une molécule de peptidoglycane est représentée à la figure 4.30c. Chez les bactéries Gram positif, jusqu’à 90 % de la paroi cellulaire sont constitués de peptidoglycane, bien qu’une autre molécule, l’acide teichoïque (abordé plus loin dans cette section), soit généralement présente en petites quantités. Et, bien que certaines bactéries aient un seul feuillet de peptidoglycane, nombreuses sont celles, notamment Gram positif, à avoir plusieurs (plus de 25) de ces feuillets empilés les uns sur les autres. Chez les bactéries Gram négatif, seulement 10 % de la paroi sont constitués de peptidoglycane, la grande part de la
paroi étant constituée par la membrane externe (voir section 4.9). Que ce soit pour les bactéries Gram positif ou Gram négatif, la morphologie est déterminée par la longueur des chaînes de peptidoglycane et, dans une certaine mesure, par l’importance des liaisons établies entre les chaînes.
La diversité dans la structure du peptidoglycane Le peptidoglycane est uniquement présent chez les espèces de Bacteria ; l’acide N-acétylmuramique et l’acide diaminopimélique n’ayant jamais été trouvés dans la paroi des Archaea et des Eukarya. Quoi qu’il en soit, la totalité des espèces de Bacteria ne possède pas de DAP dans le peptidoglycane. Cet acide aminé est présent dans le peptidoglycane de toutes les bactéries Gram négatif et chez quelques espèces Gram positif, mais la plupart des cocci Gram positif possèdent une lysine à la place du DAP (voir figure 4.30b) ; quelques autres bactéries Gram positif possèdent d’autres acides aminés. Une autre caractéristique dans la structure du peptidoglycane est la présence de deux acides aminés ayant la configuration D, la D-alanine et l’acide D-glutamique. Or, comme nous l’avons vu chapitre 3, les acides aminés cellulaires sont toujours sous la forme énantiomérique L (voir section 3.6).
Squelette de glycane G
M
G
G
Peptides
L-Ala
H O β(1,4
)
H OH
H
H
NH
Groupement N-acétyle
C
H H
O β(1,4
H
) H
D-Ala
L-Lys
Gly
D-Ala
DAP
D-Ala
Gly
HC
CH3
C
C CH3 O
NH
Ponts interpeptidiques
H3C
O
CH C
C CH2 CH2 CH NH2
NH
HOOC C CH2 CH2 CH2 CH H
O C NH
H3C CH COOH
Gly
L-Ala
M
D-Ala
G
L-Lys
(a) Escherichia coli (gram négatif)
O β(1,4
D-Glu-NH2 L-Ala
) G
O
M
G
(b) Staphylococcus aureus (gram positif)
CH3
Liaison sensible à l’action du lysozyme
M
G G
NH
O
Gly
D-Glu
NH
O
O
Gly
D-Glu-NH2
G
H
Pont interpeptidique
DAP
CH2OH O H
G
L-Ala
D-Glu
N-Acétylglucosamine (G) Acide N-acétylmuramique (M) CH2OH O
M
L-Alanine
M M M
G M
COOH
Acide D-Glutamique Acide mésodiaminopimélique D-Alanine
FIGURE 4.29 Structure des unités répétées du peptidoglycane de la paroi bactérienne, le glycane-tétrapeptide. La structure est celle présente chez Escherichia coli et chez la majorité des bactéries Gram négatif.
M
G
M G
M G M G M
M
G
M
G G
G M G M G
G G
M M
G
G G
M M
G M
M M M M
G G
G G M
M
G M G M G
G
M M M
M
G G
G G G
G
M M M
M M M
G G G
(c) FIGURE 4.30 Connexion entre les unités peptidiques et glycanes formant le peptidoglycane chez Escherichia coli et Staphylococcus aureus. (a) Aucun pont interpeptidique n’est présent chez E. coli et chez les autres bactéries Gram négatif. (b) Le pont glycine interpeptidique chez S. aureus (Gram positif). (c) Structure globale du peptidoglycane. G, N-acétylglucosamine ; M, acide N-acétylmuramique.
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4.8 La paroi des procaryotes (bactéries) : le peptidoglycane et les autres molécules
COOH
COOH
H2N CH
H2N CH
CH2
CH2
CH2
CH2
CH2
CH2
H2N CH
H2N CH
COOH
H
(a)
(b)
FIGURE 4.28 Acides aminés de liaison du peptidoglycane. (a) Acide diaminopimélique. (b) Lysine. La couleur surligne la seule différence entre les deux molécules. En plus de ces deux acides aminés, d’autres sont retrouvés au sein du peptidoglycane.
Plus de cent types différents de peptidoglycanes sont connus, les variations étant situées au niveau des ponts interpeptidiques. La chaîne glycane est toujours uniforme quel que soit le type de peptidoglycane, avec l’alternance des seuls oses Nacétylglucosamine et acide N-acétylmuramique. Ces sucres sont toujours liés par les liaisons β-1,4 osidiques (voir figure 4.29). Le tétrapeptide montre des variations au niveau d’un seul acide aminé, avec une alternance entre la lysine et le DAP. Cependant, l’acide D-glutamique est hydroxylé en position 2 chez certaines espèces, alors que chez d’autres espèces les substitutions sont en positions 1 et 3 des acides aminés. Tous les acides aminés présents dans le tétrapeptide peuvent intervenir dans la formation du pont interpeptidique, mais de plus un certain nombre d’acides aminés tels que la glycine, la thréonine, la sérine et l’acide aspartique peuvent participer à l’élaboration de ces ponts interpeptidiques. Cependant, les acides aminés branchés ou contenant un noyau aromatique ou
Protéine associée à la paroi O
O O
C
D-Glucose
O
C
D-Alanine
O
C
D-Alanine
O
C
un atome de soufre, l’histidine, l’arginine et la proline (voir figure 3.12), ne se retrouvent jamais dans la composition des ponts interpeptidiques. Ainsi, bien que la composition du peptidoglycane puisse varier, le squelette carboné (avec l’alternance des unités de glucosamine et d’acide muramique) est le même chez toutes les espèces de Bacteria.
Les acides teichoïques et la paroi des bactéries Gram positif De nombreuses bactéries Gram positif possèdent des acides teichoïques enchâssés dans leur paroi. Ce terme inclut tous les polymères pariétaux, membranaires ou capsulaires qui contiennent du glycérophosphate ou des résidus phosphate du ribitol. Ces polyalcools sont reliés par les esters de phosphate et sont attachés généralement à d’autres sucres et à la D-alanine (voir figure 4.31a). Les acides teichoïques étant chargés négativement, ils sont en partie responsables de la charge négative de la surface cellulaire. Les acides teichoïques fonctionnent aussi en liant des cations bivalents comme Ca2+ ou Mg2+, dont certains sont transportés dans la bactérie. Certains acides teichoïques sont reliés par des liaisons covalentes aux lipides membranaires et sont donc appelés les acides lipoteichoïques. La figure 4.31b résume la structure de la paroi des bactéries Gram positif et montre comment les acides teichoïques et lipoteichoïques interviennent dans la structure globale de la paroi.
Les bactéries dépourvues de paroi Le peptidoglycane, qui est la signature moléculaire des espèces de Bacteria, peut être détruit par certains agents. Le lysozyme, par exemple, est une enzyme qui clive les liaisons β-1,4-glycosidiques entre la N-acétylglucosamine et l’acide N-acétylmuramique du peptidoglycane (voir figure 4.29), provoquant ainsi un affaiblissement de la Acide teichoïque Acide lipoteichoïque
P –O
77
Peptidoglycane
O– H2C
O
P
Membrane cytoplasmique
O
O Ribitol
(a)
(b)
FIGURE 4.31 Acides teichoïques et structure globale de la paroi des bactéries Gram positif. (a) Structure de l’acide teichoïque de Bacillus subtilis. L’acide teichoïque est un polymère d’unités répétées de ribitol. (b) Schéma de la paroi des bactéries Gram positif.
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78 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
paroi. L’eau pénètre alors dans la bactérie, qui gonfle et éventuellement éclate, ce processus s’appelant la lyse (voir figure 4.32a). Le lysozyme se trouve dans les sécrétions animales comme les larmes, la salive ou d’autres fluides biologiques, et agit en tant qu’élément important dans la première ligne de défense contre les infections bactériennes. Si un soluté comme le saccharose, qui ne pénètre pas dans la cellule, est ajouté à la suspension bactérienne, la concentration du soluté à l’extérieur contrebalance celle de l’intérieur (conditions isotoniques). Sous de telles conditions, le lysozyme peut encore casser les liaisons du peptidoglycane, mais l’eau ne pénètre pas dans la bactérie et la lyse ne s’accomplit pas. À la place, se forme un protoplaste (bactérie ayant perdu sa paroi) (voir figure 4.32b). Si de tels protoplastes, au départ stabilisés par le saccharose, sont placés dans l’eau, la lyse survient immédiatement. Le terme sphéroplaste est fréquemment utilisé comme synonyme de protoplaste, bien que ces deux termes aient une signification légèrement différente. Les protoplastes sont des bactéries débarrassées de tout matériel pariétal résiduel, alors que les sphéroplastes en ont conservé des fragments. Bien que la plupart des procaryotes ne puissent survivre dans la nature sans leur paroi, certains peuvent s’en dispenser. Il s’agit des mycoplasmes, un groupe responsable de bactéries pathogènes (voir section 12.21) et le groupe des Thermoplasma, Archaea qui naturellement sont dépourvus de paroi (voir section 13.5). Ces procaryotes sont des protoplastes libres et viables sans paroi, soit parce qu’ils ont des membranes particulièrement résistantes soit parce qu’ils vivent dans des habitats osmotiquement protégés, tels que les corps des hôtes. Certains mycoplasmes ont des stérols (voir section 4.5) dans leur paroi, qui procurent une force et une rigidité à sa structure.
Paroi Membrane
H20 pénètre (a)
H20 pénètre
Le lysozyme digère la paroi
Lyse
H20 Solution hypotonique pénètre
Le lysozyme digère la paroi Protoplaste Solution isotonique (b) FIGURE 4.32 Formation des protoplastes. (a) En solution hypotonique, la paroi éclate et le protoplaste est libéré, mais celui-ci est immédiatement lysé du fait de la fragilité structurelle de la membrane cytoplasmique. (b) En solution isotonique de sucrose, l’eau ne pénètre pas dans le protoplaste et celui-ci reste stable. Le lysozyme casse les liaisons glycosidiques β-1,4 du peptidoglycane (voir figure 4.29).
Le pseudopeptidoglycane, les couches S et les parois des Archaea Certaines espèces d’Archaea contiennent une paroi construite à partir d’un polysaccharide très similaire au peptidoglycane. Celui-ci s’appelle le pseudopeptidoglycane (voir figure 4.33a). L’épine dorsale du pseudopeptidoglycane est composée d’unités répétées de N-acétylglucosamine et d’acide N-acétylosaminuronique (ce dernier remplaçant l’acide N-acétylmuramique du peptidoglycane) [comparez les figures 4.29 et 4.33a]. L’épine dorsale du pseudopeptidoglycane diffère aussi par les liaisons glucosidiques qui sont de type de β-1,3 à la place des liaisons β-1,4 retrouvées dans le peptidoglycane (comparez les figures 4.29 et 4.33a). Les autres Archaea ont une paroi qui ne contient ni de peptidoglycane ni de pseudopeptidoglycane, mais est constituée de polysaccharides, de glycoprotéines ou de protéines. Par exemple, les espèces de Methanosarcina contiennent des parois polysaccharidiques épaisses composées de glucose, d’acide glucuronique, de galactosamine et d’acétate. Les Archaea halophiles extrêmes telles que Halococcus contiennent des parois similaires à celles des Methanosarcina, sauf qu’elles incluent en plus des résidus sulfate (SO42–). Le type de paroi le plus répandu chez les Archaea est la couche de surface paracristalline (couche S) [voir section 4.10]. La couche S, constituée de protéines ou de glycoprotéines, présente généralement une symétrie hexagonale. Les couches S ont été décrites chez toutes les groupes d’Archaea, les halophiles extrêmes, les méthanogènes et les hyperthermophiles (voir section 2.5). Certaines espèces de Bacteria ont également des couches S à leur surface (voir figure 4.33b). Parmi les espèces d’Archaea, une variété dans la composition chimique des parois est observée, allant des molécules proches du peptidoglycane aux parois totalement dépourvues de polysaccharides. Mais, à quelques rares exceptions près, toutes les Archaea sont naturellement résistantes à l’action du lysozyme (voir supra) et aux pénicillines, des agents qui respectivement dégradent le peptidoglycane ou inhibent sa synthèse correcte (voir section 6.2).
Contrôlez vos acquis Les parois des Bacteria contiennent un polysaccharide, le peptidoglycane. Celui-ci est constitué de chaînes composées de répétitions alternées de N-acétylglucosamine et d’acide N-acétylmuramique, ce dernier étant relié à d’autres chaînes identiques par de courts ponts peptidiques. De nombreux feuillets de peptidoglycane peuvent être présents et l’épaisseur varie en fonction des espèces. Les Archaea ne possèdent pas de peptidoglycane, mais leur paroi est constituée d’autres polysaccharides ou protéines. Le lysozyme est une enzyme qui dégrade ce peptidoglycane, aboutissant à la lyse cellulaire. •
Établissez la liste des constituants du peptidoglycane.
•
Pourquoi le peptidoglycane est-il une molécule aussi résistante ?
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4.9 La membrane externe des bactéries Gram négatif 79
Résistant au lysozyme
O
H
HO
H
HO O
H H
NAG
H
H
O
Groupement N-acétyle
NH H C
O
H O O
H
H
NH C
C
β(1,3) O
CH2OH
CH3
O
CH3
Glu
NAT
Ala Lys
Glu Lys
Peptides liés
Ala
NAT
Susan F. Koval
Glu
NAG
(a)
(b)
FIGURE 4.33 Pseudopeptidoglycane et couches S. (a) Structure du pseudopeptidoglycane, le polymère de la paroi de Methanobacterium. Notez la ressemblance avec la structure du peptidoglycane montrée à la figure 4.29, spécifiquement au niveau de la présence de ponts peptidiques entre les résidus acides N-acétyltalosaminuronique (au lieu des résidus d’acides muramiques). NAG, N-acétylglucosamine. (b) Image de microscopie électronique à transmission d’une portion de la couche S montrant la nature paracristalline de cette couche pariétale cellulaire chez la bactérie Aquaspirillum serpens ; cette couche S montre une symétrie hexagonale, comme on l’observe souvent pour la couche S des Archaea.
•
Comment les bactéries dépourvues de paroi fontelles pour survivre ?
•
Quelles sont les similitudes entre le pseudopeptidoglycane et le peptidoglycane ? En quoi ces molécules diffèrent-elles ?
externe m n4.9 Ladesmembrane bactéries Gram négatif En plus du peptidoglycane, les bactéries Gram négatif contiennent une épaisseur supplémentaire, la membrane externe. Cette couche est une seconde bicouche phospholipidique, mais qui n’est pas constituée uniquement de phospholipides et de protéines comme la membrane cytoplasmique (voir figure 4.16). La membrane extérieure contient aussi des polysaccharides. Les lipides et les polysaccharides sont reliés à la membrane externe et forment le complexe polysaccharidique. À cause de cela, la membrane externe porte souvent le nom de couche lipopolysaccharidique, ou plus simplement de LPS.
La composition chimique du LPS Bien que complexe, la composition du LPS de plusieurs bactéries est à présent décryptée. Comme le montre la figure 4.34, la portion polysaccharidique du LPS se constitue de deux composants, le noyau polysaccharidique et le polysaccharide O.
Chez Salmonella, genre bactérien pour lequel le LPS a été le mieux étudié, le noyau polysaccharide se compose de cétodésoxyoctonate (KDO), de sucres à sept carbones (heptoses), de glucose, de galactose et de N-acétylglucosamine. Relié au noyau, le polysaccharide O, qui contient du galactose, du glucose, du rhamnose et du mannose (tous des hexoses), ainsi que un ou plusieurs sucres didésoxy tels que l’abéquose, le colitose, le paratose ou le tyvélose. Ces sucres sont liés par séquences de quatre ou cinq, lesquelles sont souvent reliées entre elles. Une fois les séquences répétées, un long polysaccharide O est formé. La portion lipidique du lipopolysaccharide, dénommé lipide A (voir figure 4.34), n’est pas un lipide associé au glycérol, mais à la place les acides gras sont reliés par une liaison amine ester à un disaccharide composé de phosphate de N-acétylglucosamine (voir figure 4.34). Le disaccharide est attaché au noyau polysaccharidique grâce au KDO (voir figure 4.34). Les acides gras retrouvés communément dans le lipide A comprennent les acides caproïque, laurique, myristique, palmitique et stéarique. Dans la membrane externe, le LPS s’associe à différentes protéines pour former le feuillet externe de la membrane. Un complexe lipoprotéique est retrouvé au niveau du feuillet interne du LPS de nombreuses bactéries Gram négatif (voir figure 4.35a). Les lipoprotéines fonctionnent comme des points d’ancrage entre la membrane et le peptidoglycane. Finalement, dans le feuillet externe de la membrane externe, le LPS remplace les phospholipides. Ceux-ci résident uniquement dans le feuillet
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80 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Chaîne latérale O
Polysaccharidique central P
GluNac Glu n
Gal
KDO
P
GlcN
Gal
Hep
P
KDO
Glu Glu
Hep
Hep
KDO
P
Lipide A Amine ester
GlcN P
FIGURE 4.34 Structure du lipopolysaccharide chez les Bacteria Gram négatif. La composition chimique précise du lipide A et du polysaccharide varie entre Bacteria Gram négatif, mais la séquence des composés majeurs (lipide A – KDO – polysaccharide – chaîne latérale O) est généralement uniforme. Le polysaccharide O, spécifique, varie entre les espèces. KDO, cétodésoxyoctonate ; Hep, heptose ; Glu, glucose ; Gal, galactose ; GluNac, N-acétylglucosamine ; GlcN, glucosamine ; P, phosphate. Les acides gras, glucosamine et lipide A sont liés par une liaison amine ester. La portion lipide A du LPS peut être toxique chez les animaux et comporte le complexe endotoxine (voir section 21.12). Comparez cette figure avec les figures 4.35 et 4.36 (code couleur identique pour les différentes parties du LPS présenté aux figures 4.34 et 4.35).
interne (voir figure 4.35a). Ainsi, bien que la membrane externe puisse être considérée comme une bicouche lipidique, sa structure est relativement distincte de celle de la membrane cytoplasmique (comparez les figures 4.16 et 4.35a).
Les endotoxines Bien que la fonction majeure de la membrane externe soit structurale, un de ses aspects biologiques majeurs est sa toxicité pour les animaux. Les bactéries Gram négatif pathogènes pour les hommes et les animaux incluent les espèces des genres Salmonella, Shigella et Escherichia, parmi d’autres, et certains des symptômes occasionnés par ces pathogènes chez leur hôte sont dus à la toxicité de leur membrane externe. Les propriétés toxiques sont dues en partie à la couche de LPS, en particulier au lipide A. Le terme endotoxine fait référence à ce constituant toxique du LPS (voir section 21.12). Certaines endotoxines provoquent des symptômes violents chez les hommes, comme une défaillance gastro-intestinale sérieuse (gaz, diarrhées, vomissements). Les endotoxines sont responsables de nombreuses maladies bactériennes, en particulier les intoxications alimentaires à Salmonella (voir section 29.7). Il faut noter que le LPS des bactéries non pathogènes montre quand même une activité de type endotoxine. Ainsi, la bactérie ellemême n’a pas besoin d’être pathogène pour contenir des constituants toxiques de la membrane externe.
Les porines et le périplasme Contrairement à la membrane cytoplasmique, la membrane externe des bactéries Gram négatif est relativement perméable aux petites molécules, même s’il s’agit d’une membrane de type bicouche lipidique. Ceci provient des protéines dénommées porines, présentes dans la membrane externe, qui fonctionnent comme des canaux pour l’entrée et la sortie de substances hydrophiles de bas poids moléculaires (voir figure 4.35). Différentes classes de porines sont connues, spécifiques ou non. Les porines non spécifiques forment des canaux remplis d’eau à travers lesquels n’importe quelle petite molécule peut passer. À la différence, certaines classes de porines sont hautement spécifiques, car elles contiennent des sites de fixation caractéristiques pour une substance ou une
classe de substances. Les études de structure ont montré que la plupart des porines sont des protéines qui contiennent trois sous-unités identiques. Les porines sont des protéines transmembranaires (voir figure 4.35a) et s’associent pour former de petits trous d’environ un nanomètre de diamètre dans la membrane externe (voir figure 4.35b). Bien que perméable aux petites molécules, la membrane externe reste imperméable aux enzymes et aux autres grosses molécules. En fait, une des fonctions majeures de la membrane externe est de prévenir la diffusion extracellulaire des protéines présentes à l’extérieur du cytoplasme. Ces enzymes sont présentes dans une région dénommée périplasme (voir figures 4.35 et 4.36). Cet espace, situé entre la membrane cytoplasmique et la face interne de la membrane externe mesure environ 12 à 15 nm de large. Le contenu périplasmique présente la consistance d’un gel du fait de l’abondance des protéines retrouvées à ce niveau (voir figure 4.36). En fonction des espèces, le périplasme peut contenir différents types de protéines : les enzymes hydrolytiques, qui fonctionnent dans la dégradation initiale des molécules provenant des aliments, les protéines de liaison, qui initient le transport des substrats (voir section 4.7) et les chimiorécepteurs, qui sont des protéines impliquées dans la réponse chimique (voir sections 4.16 et 8.12). La plupart des ces protéines gagnent le périplasme, transportées par le système SecYEG (voir section 4.7).
Les relations entre la structure de la paroi et la coloration de Gram Les différences structurelles observées entre les parois des bactéries Gram négatif et positif sont responsables des différences observées à l’issue de la coloration de Gram. Dans la coloration de Gram (voir section 4.1), un complexe insoluble de violet de gentiane et d’iodure apparaît à l’intérieur de la cellule. Ce complexe est extrait par l’alcool chez les bactéries Gram négatif, mais pas chez les bactéries Gram positif (voir figure 4.4). Les bactéries Gram positif ont une paroi très épaisse constituée de plusieurs couches de peptidoglycane. Celles-ci sont déshydratées par l’alcool, causant alors la fermeture des pores dans la paroi et empêchant alors la sortie des complexes de violet de gentiane et d’iodure de la bactérie.
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4.9 La membrane externe des bactéries Gram négatif 81 Polysaccharide O
Noyau polysaccharidique Lipide A
Protéine
Porine
Extérieur
Lipopolysaccharide (LPS)
Membrane externe 8 nm
Paroi
Phospholipide
Peptidoglycane Peptidoglycan
Périplasme
Lipoprotéine Membrane cytoplasmique Intérieur
FIGURE 4.35 Paroi des bactéries Gram négatif. Même si la membrane externe est souvent appelée la « seconde bicouche lipidique », la composition chimique et l’architecture de cette membrane diffèrent par de nombreux points de celles de la membrane cytoplasmique. (a) Arrangement du lipopolysaccharide, du lipide A, des phospholipides, des porines et des lipoprotéines dans la membrane externe. (Voir la figure 4.34 pour les détails de la structure du LPS.) Le lipide A peut être toxique pour l’homme et s’appelle, dans ce cas, une endotoxine (voir section 21.12). (b) Modèle moléculaire des protéines de type porine. Notez les quatre pores présents : celui formé par le regroupement des protéines formant les porines et les trois situés au centre des porines. La vue est perpendiculaire à la surface de la membrane. Le modèle a été élaboré à partir des études par diffraction des rayons X de la structure de la porine de Rhodobacter blasticus.
En plus du peptidoglycane, les bactéries Gram négatif contiennent une membrane externe constituée de lipopolysaccharides, de protéines et de lipoprotéines. Les protéines, appelées des porines, assurent la perméabilité de la membrane externe. L’espace situé entre les membranes est le périplasme contient différentes protéines impliquées dans des fonctions cellulaires importantes. •
Quels sont les constituants de la couche de LPS présente chez les bactéries Gram négatif ?
•
Quelles sont les fonctions des porines et à quel endroit de la paroi des bactéries Gram négatif sont-elles situées ?
(b)
Membrane externe Périplasme Membrane cytoplasmique
Terry Beveridge
Contrôlez vos acquis
Georg E. Schulz
(a)
FIGURE 4.36 Paroi d’Escherichia coli. Coupe fine au fort grossissement de la paroi d’E. coli montrant le périplasme délimité par la membrane externe et la membrane cytoplasmique. Les grandes particules noires intracytoplasmiques sont des ribosomes.
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Composition et organisation de la cellule bactérienne
•
Quel constituant de la bactérie possède des propriétés d’endotoxine ?
•
Pourquoi l’alcool décolore-t-il les bactéries Gram négatif et non les bactéries Gram positif ?
III
STRUCTURES DE SURFACE ET INCLUSIONS CHEZ LES PROCARYOTES
Outre la paroi et les membranes de surface développées cidessus, quelques cellules procaryotes possèdent des membranes externes ou des structures en contact avec l’environnement. La plupart des cellules peuvent également former un ou plusieurs types d’inclusions cellulaires, qui sont ensuite métabolisées et utilisées comme source de nutriments. Ces inclusions, internes et de surface, sont examinées ici.
4.10 Les structures bactériennes m n de surface Les procaryotes peuvent produire une grande variété de structures qui sont attachées ou font saillie par rapport à la surface de la cellule, par exemple les fimbriae, les pili, les couches-S, les capsules et les couches mucoïdes. Ces structures sont examinées ici.
Les fimbriae et pili Les fimbriae et les pili sont des structures filamenteuses courtes composées de protéines qui s’étendent depuis la surface d’une cellule. Les fimbriae (voir figure 4.37) donnent aux micro-organismes une capacité d’adhésion, en particulier aux tissus animaux dans le cas de bactéries pathogènes, ou de former des pellicules ou des biofilms sur les surfaces (voir section 19.3). Les plus connus d’entre ces pathogènes sont Salmonella typhimurium (salmonellose), Neisseria gonorrhoeae (gonococcie), Bordetella pertussis (coqueluche).
Fimbriae
J. P. Duguid et J. F. Wilkinson
Flagelle
FIGURE 4.37 Fimbriae. Observation en microscopie électronique de Salmonella typhi en cours de division, montrant les flagelles et les fimbriae. Chaque bactérie mesure environ 0,9 µm.
Les pili sont structurellement similaires aux fimbriae, mais sont en général plus longs. Un seul ou quelques pili sont présents à la surface de la bactérie. Parce qu’ils servent de récepteurs à certains types de virus, les pili peuvent être observés en microscopie électronique, lorsqu’ils sont recouverts de particules virales (voir figure 4.38). Malgré leur possible implication dans l’attachement, comme les fimbriae, les pili sont clairement impliqués dans le processus de conjugaison (une forme d’échange génétique) chez les procaryotes (voir section 10.9). De nombreuses classes de fimbriae/pili sont connues, différentes par leur structure et leur fonction. L’une de ces classes, appelée fimbriae/pili de type IV, est impliquée dans une forme inhabituelle de mobilité chez certaines bactéries, la mobilité rapide. La mobilité rapide est un certain type de mouvement sur les surfaces solides, vraisemblablement une extension suivie d’une rétraction rapide et réversible des fimbriae, permettant à la cellule de ramper le long de la surface. Contrairement aux autres fimbriae, les fimbriae de type IV sont retrouvés seulement aux pôles de la cellule. Mise à part la mobilité, ce sont également des facteurs de pathogénicité majeurs chez des pathogènes variés, dont Vibrio cholerae (choléra) et Neisseria meningitidis (méningite cérébrospinale). Les fimbriae de type IV seraient aussi le support de transferts génétiques à travers le phénomène de transformation (voir section 10.7) chez une grande variété de bactéries.
Les structures cristallines de surface De nombreux procaryotes possèdent une structure de surface composée d’un ensemble bidimensionnel de protéines. Ces structures sont appelées couches-S. Les couches-S ont été détectées chez quasiment tous les représentants des groupes phylogénétiques de Bacteria et sont très répandus parmi les Archaea. Chez quelques espèces d’Archaea, la couche-S est aussi la paroi (voir section 4.8). Les couches-S ont une apparence cristalline, montrant des symétries variées, hexagonale, tétragonale ou trimérique, dépendant du nombre et de la structure des sous-unités protéiques ou glycoprotéiques dont elles sont composées (la figure 4.33b montre une couche-S observée en microscopie électronique). La fonction principale des couches-S est inconnue. En tant qu’interface entre la cellule et son environnement, il est vraisemblable que la couche-S fonctionne comme une membrane
Pilus recouvert de virus Charles C. Brinton, Jr.
82 Chapitre 4
FIGURE 4.38 Pili. Les pili à la surface d’Escherichia coli sont visualisés grâce à l’adhérence spécifique de virus. Chaque bactérie mesure environ 0,8 µm.
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4.11 Les inclusions cellulaires 83
sélective, autorisant le passage des molécules de bas poids moléculaire et excluant les grosses molécules et les structures tels des virus. La couche-S retiendrait de plus les protéines à proximité de la cellule, comme le fait la membrane externe des bactéries Gram négatif. Des expériences montrent que, chez les bactéries pathogènes possédant une couche-S, cette structure pourrait protéger la bactérie contre certains mécanismes de défense de l’hôte.
cellules appelée biofilm. Les polysaccharides jouent un rôle clé dans le développement des biofilms (voir section 19.3). Les couches mucoïdes possèdent de nombreuses fonctions. Par exemple, les bactéries pathogènes capsulées sont, en général, plus difficilement reconnues par les cellules phagocytaires du système immunitaire (voir section 22.2) et donc plus difficilement détruites. Il est également probable que ces couches externes jouent un rôle dans la résistance à la dessiccation, car elles retiennent une quantité significative d’eau.
Les capsules et les couches mucoïdes Les cellules procaryotes possèdent souvent des structures de surface variées, par exemple les fimbriae, les pili, les couches-S, les capsules et les couches mucoïdes. Ces structures ont plusieurs fonctions, l’une des principales étant l’attachement des cellules à une surface solide. •
Comment les fimbriae diffèrent-ils structurellement et fonctionnellement des pili ?
•
Bien qu’elles soient pauvres en lipides, comment les couches-S jouent-elles un rôle similaire à celui de la membrane externe ?
4.11 Les inclusions cellulaires m n Des granules et d’autres inclusions sont souvent observés dans les cellules procaryotes. Leur nature est variable selon les organismes. Ce sont fréquemment des réserves d’énergie ou des réserves de constituants de structure. La microscopie électronique permet souvent d’observer les inclusions directement (voir figure 4.41). La plupart des inclusions cellulaires sont délimitées par une membrane monocouche mince, constituée de lipides séparant l’inclusion du cytoplasme de la cellule.
Frank Dazzo et Richard Heinzen
FIGURE 4.39 Capsules bactériennes. (a) Capsule chez Acinetobacter, observée en microscopie à contraste de phase, après coloration négative à l’encre de Chine. Celle-ci ne pénètre pas dans la capsule dont le contour est révélé et apparaît en clair sur fond noir. (b) Observation en microscopie électronique d’une coupe fine de Rhizobium trifolii, colorée au rouge de ruthenium pour visualiser la capsule. Le diamètre de la cellule (capsule non incluse) est d’environ 0,7 µm. Ces capsules bactériennes sont le plus souvent constituées de polysaccharides. Elles sont rarement protéiques. Bacillus anthracis, bactérie responsable de la maladie du charbon et utilisable comme arme biologique (voir sections 25.12 et 25.13), possède une capsule constituée d’acide poly-D-glutamique, lui permettant d’échapper à la destruction par les cellules immunitaires de l’hôte.
Contrôlez vos acquis
Elliot Juni
De nombreux procaryotes sécrètent du matériel visqueux ou de consistance collante à leur surface (voir figure 4.39). Certaines sont constituées de polysaccharides, d’autres de protéines. Les termes capsule et couche mucoïde sont fréquemment utilisés pour désigner ces couches polysaccharidiques. La composition de ces structures varie selon les organismes. Elles peuvent être épaisses ou minces, flexibles ou rigides, selon leur nature chimique. Les structures rigides se présentent comme une matrice serrée excluant les petites particules, dont l’encre de Chine. Cette structure est appelée capsule (voir figure 4.39a). Si la structure se déforme plus facilement, elle n’exclut pas les petites particules et est donc plus difficilement observable. Ce type de structure est appelé slime. Les structures monocouches polysaccharidiques ont plusieurs fonctions dans la bactérie. Les polysaccharides de surface contribuent à l’attachement des micro-organismes aux surfaces solides. Ainsi qu’il est rappelé dans la section 21.6, la pénétration d’un micro-organisme pathogène dans un organisme animal par une porte d’entrée particulière requiert tout d’abord l’attachement spécifique aux composants de surface des cellules de l’hôte. Cette liaison est souvent médiée par les polysaccharides présents à la surface de la bactérie. De nombreuses bactéries non pathogènes se fixent également aux surfaces solides dans l’environnement, formant parfois une couche épaisse de
(a)
(b)
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84 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Les polymères de stockage du carbone
Autres matériels de stockage et inclusions
Chez les procaryotes, l’un des types d’inclusions les plus courantes est constitué par de l’acide poly-β -hydroxybutyrique (PHB), un lipide formé à partir d’unités d’acide β -hydroxybutyrique (voir figure 4.40a). Les monomères de cet acide sont liés par des liaisons ester, formant un long polymère de PHB. Ces polymères s’agrègent sous forme de granules (voir figure 4.40b). La longueur du monomère de base variant considérablement, de C4 à C18 chez certains organismes, le terme général poly-βhydroxyalkanoate (PHA) est utilisé pour désigner le groupe entier des polymères de stockage de carbone et d’énergie. Les PHA sont synthétisés quand le carbone est en excès. Lorsque les conditions le justifient, ils sont catabolisés et utilisés comme source de carbone pour des biosynthèses ou des synthèses d’ATP. Une grande variété de procaryotes, dont des espèces appartenant aux Bacteria et aux Archaea, produisent des PHA. Le glycogène, polymère de glucose, est une autre forme de produit de stockage synthétisé par les procaryotes (voir section 3.3 et figure 3.6). Le glycogène est, comme les PHA, une forme de stockage de carbone et d’énergie. Le glycogène est produit lorsque le carbone est en excès et consommé lorsque la quantité de carbone disponible devient limitée. Le glycogène est voisin de l’amidon, forme de réserve majeure des plantes, mais il diffère par le type de liaison entre les monomères de glucose (voir figure 3.6b).
De nombreux micro-organismes accumulent le phosphate inorganique sous forme de granules de polyphosphate. Ces granules peuvent être dégradés et utilisés comme source de phosphate pour la synthèse d’acides nucléiques et de phospholipides. De plus, de nombreux procaryotes sont capables d’oxyder des composés soufrés réduits comme le sulfure d’hydrogène (H2S). Ces oxydations sont liées aux réactions de production d’énergie (voir sections 17.8 et 17.10) et aux réactions de biosynthèse (voir section 17.6). Dans chaque cas, le soufre élémentaire s’accumule dans la cellule sous forme de globules facilement visibles (voir figure 4.41). Ces globules de soufre élémentaire continuent à se former tant que la source de soufre réduit est présente. Lorsque cette dernière est épuisée, le soufre des granules s’oxyde en sulfate (SO42–) et les granules disparaissent progressivement. En général, les globules de soufre s’accumulent dans le périplasme plutôt que dans le cytoplasme (les procaryotes sulfooxydants phototrophes ou chimiolithotrophes sont des microorganismes Gram négatif). Lorsque H2S est oxydé (H2S → S0), le périplasme s’élargit pour stocker les globules. Il se contracte lorsque le soufre est oxydé (S0 → SO42–). Il est probable que certaines inclusions « intracytoplasmiques », par exemple les poly-β -hydroxyalkanoates (voir figure 4.40), sont périplasmiques chez les bactéries Gram négatif. Les magnétosomes sont des particules intracellulaires de magnétite minérale de fer – Fe3O4 (voir figure 4.42). La présence des magnétosomes transforme la cellule en dipôle magnétique, lui permettant de répondre à l’action d’un champ magnétique. Les bactéries qui synthétisent des magnétosomes (voir figure 4.42a) sont capables de magnétotactisme, un processus d’orientation et de migration le long des lignes du champ magnétique terrestre (voir section 12.14). Bien que le suffixe -tactisme soit utilisé dans le mot magnétotactisme, il n’a pas été démontré que la bactérie magnétotactique utilise le même système sensoriel que les bactéries
C
O
CH3 O
CH
CH2
C
O
CH3 O
CH
CH2
C
CH3 O
CH
CH2
β-carbone
Poly-β-hydroxybutyrate
F. R. Turner et M. T. Madigan
(a)
Norbert Pfennig
O
(b)
FIGURE 4.40 Poly-β -hydroxybutyrate (PHB). (a) Monomère (en couleur) de PHB, un poly-bêta-hydroxyalkanoate courant. La polymérisation est obtenue en substituant le groupe –CH 3 sur le carbone β par une longue chaîne carbonée. (b) Micrographie électronique de Rhodovibrio sodomensis (voir 0b), bactérie phototrophe contenant des granules de PHB.
FIGURE 4.41 Globules de soufre. Photomicrographie en contraste de phase de la bactérie pourpre sulfureuse Isochromatium buderi, contenant des globules de soufre formés par oxydation du sulfure d’hydrogène (H 2S). Les bactéries mesurent environ 4 x 7 µm.
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4.12 Les vésicules de gaz 85
Stefan Spring
R. Blackemore et W. O’Brien
chélatants) sous forme Fe3O4 dans le magnétosome en formation. La morphologie des magnétosomes semble être spécifique de l’espèce, variant en forme (carrés, rectangles, aiguilles chez certaines bactéries) et formant des chaînes à l’intérieur de la cellule (voir figure 4.42).
(b)
Dennis Bazylinski
(a)
(c) FIGURE 4.42 Bactéries magnétotactiques et magnétosomes. (a) Observation en microscopie à contraste de phase interférentiel de bactéries coccoïdes magnétotactiques (diamètre 2,2 µm) contenant des magnétosomes. (b) Magnétosomes (longueur 50 nm) isolés de la bactérie magnétotactique Magnetospirillum magnetotacticum (voir figure 12.32). (c) Micrographie électronique en transmission de magnétosomes. Chaque magnétosome (largeur 90 nm) est limité par une membrane simple lipido-protéique (indiquée par la flèche). Bien que contenant lipides et protéines, la membrane d’un magnétosome, comme la membrane entourant les PHB (voir figure 4.40), est monocouche.
chimiotactiques ou phototactiques (voir sections 4.16 et 8.12). L’alignement des magnétosomes dans la cellule lui confère des propriétés magnétiques qui orientent la cellule dans une direction particulière de son environnement. La fonction principale des magnétosomes est inconnue. Cependant, les magnétosomes se retrouvent chez des bactéries aquatiques très variées (voir figure 4.42a) qui se multiplient préférentiellement à faible concentration d’oxygène. Une hypothèse avance que l’une des fonctions des magnétosomes est de guider ces cellules aquatiques vers les sédiments, où le champ magnétique principal se dirige vers le bas et où les niveaux d’oxygène sont faibles. Les magnétosomes sont entourés par une membrane contenant des phospholipides, des protéines et des glycoprotéines (voir figure 4.42b et c). Cette membrane n’est pas une membrane unitaire comme la membrane cytoplasmique (voir figure 4.16). C’est une membrane monocouche, similaire à celle entourant les granules de poly-β -hydroxybutyrate (PHB, voir figure 4.40). Les protéines membranaires du magnétosome jouent probablement un rôle dans la précipitation du Fe3+ (apporté dans la cellule sous forme soluble par des agents
Contrôlez vos acquis Les cellules procaryotes contiennent souvent des granules internes composés de substances de stockage ou jouant un rôle dans le magnétotactisme, par exemple les granules de soufre, les PHA et les magnétosomes. •
Quelles sont les conditions de croissance permettant la synthèse de PHA ou de glycogène ?
•
Pourquoi est-il impossible pour les bactéries Gram négatif de stocker du soufre comme le peuvent les chimiolithotrophes sulfo-oxydants ?
•
Quelle est la forme de fer présente dans les magnétosomes ?
4.12 Les vésicules de gaz m n Certains procaryotes sont planctoniques, flottant durant leur existence au sein de la colonne d’eau dans les lacs et les océans. De nombreux procaryotes planctoniques produisent des vésicules de gaz qui leur confèrent une certaine flottabilité par diminution de leur densité. Les vésicules de gaz sont en fait un moyen de mobilité verticale, permettant aux cellules de monter et de descendre dans la colonne d’eau, en réponse aux facteurs environnementaux. Les exemples les plus visibles de flottaison dus aux vésicules de gaz sont observés chez les cyanobactéries qui forment des efflorescences massives à la surface des lacs (voir figure 4.43). Les cellules possédant des vésicules gazeuses se rassemblent à la surface des lacs en masses denses poussées par les vents. Les vésicules gazeuses sont également présentes chez certaines bactéries phototrophes rouges et vertes (voir sections 12.2 et 12.32) et chez quelques bactéries non phototrophes vivant dans les lacs et les étangs. Quelques espèces d’Archaea contiennent également des vésicules de gaz.
La structure des vésicules de gaz Ces vésicules sont des structures protéiques fusiformes remplies de gaz. Elles sont creuses mais rigides, de longueur et de diamètre variables (voir figure 4.44). Selon les organismes, elles présentent une longueur de 300 à 1 000 nm et une épaisseur de 45 à 120 nm. Ces vésicules sont cependant de taille plus ou moins constante pour un organisme donné. Chaque cellule peut posséder de une à plusieurs centaines de vésicules, dont la membrane protéique, d’une épaisseur voisine de 2 nm, est imperméable à l’eau et aux solutés, mais perméable aux gaz. La présence de vésicules gazeuses dans les cellules peut être observée en microscopie optique (les groupes de vésicules, appelés vacuoles gazeuses, se présentent sous forme d’inclusions irrégulières et brillantes) ou en microscopie électronique (voir figure 4.45).
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Composition et organisation de la cellule bactérienne
A. E. Walsby
86 Chapitre 4
T. D. Brock
(a)
S. Pellegrini et M. Grilli Caiola
FIGURE 4.43 Vésicules de gaz en milieu naturel. Efflorescence de cyanobactéries produisant des vésicules de gaz à la surface d’un lac riche en nutriments (lac Mendota, Madison, Wisconsin, États-Unis).
La structure moléculaire des vésicules de gaz Les vésicules gazeuses sont composées de deux protéines différentes (voir figure 4.46). La protéine majeure, appelée GvpA, est petite, hautement hydrophobe et très rigide. La rigidité de la membrane vésiculaire est essentielle, car la vésicule doit pouvoir résister à la pression exercée par le milieu extérieur. Représentant 97 % des protéines totales vésiculaires, GvpA constitue la structure de la vésicule. GvpC, protéine mineure, renforce cette structure (voir figure 4.46). Les vésicules sont constituées de protéines GvpA, disposées en travées parallèles. Cette structure en « grillage » forme une coque étanche. Le grillage de protéines GvpA est renforcé par les protéines GvpC, qui croisent et sont liées aux GvpA en angle, comme des attaches (voir figure 4.46). La forme définitive de la vésicule gazeuse varie selon les organismes considérés. Longue et mince ou courte et épaisse, cette forme dépend du mode d’arrangement des protéines GvpA et GvpC lors de la formation de la vésicule. La membrane de la vésicule gazeuse étant parfaitement perméable aux gaz, la composition et la pression du gaz à
(b) FIGURE 4.45 Vésicules de gaz des cyanobactéries Anabaena et Microcystis. (a) Au centre, un hétérocyste (cellule transparente à paroi épaisse) sans vésicule de gaz. Dans les autres cellules, les vésicules sont regroupées en vacuoles brillantes en contraste de phase (indiquées par les flèches). (b) Micrographie électronique en transmission de la cyanobactérie Microcystis. Les vésicules de gaz forment des amas visibles en coupes longitudinale et transversale.
l’intérieur de la vésicule est la même que celle du gaz du milieu extérieur. La densité d’une vésicule gazeuse approchant les 5 à 20 % de la densité de la cellule, ces vésicules diminuent la densité de la cellule, augmentant de ce fait sa flottabilité. Les organismes aquatiques phototrophes tirent un bénéfice particulier de
FIGURE 4.44 Vésicules de gaz. Vésicules de gaz (diamètre 100 nm) isolées de la bactérie Ancyclobacter aquaticus, observées en microscopie électronique en transmission après coloration négative. (Reproduit avec l’autorisation de Archives of Microbiology 112:133-140, 1977.)
4,6 nm
A. E. Konopka et J. T. Staley
GvpA
GvpC
FIGURE 4.46 Protéines des vésicules de gaz. GvpA et GvpC, protéines constitutives des vésicules de gaz, forment une structure étanche à l’eau, mais perméable au gaz. GvpA, protéine majeure de structure en feuillet β, constitue la trame de la vésicule. GvpC, protéine en hélice α renforce cette structure (voir section 3.7 et figure 3.16).
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4.13 Les endospores 87
Contrôlez vos acquis Les vésicules gazeuses sont de petites structures protéiques remplies de gaz qui permettent la flottabilité des cellules. Les vésicules gazeuses contiennent deux protéines différentes dont la disposition forme une structure perméable aux gaz, mais imperméable à l’eau. •
Quel bénéfice les vésicules gazeuses apportentelles aux organismes phototrophes ? (Comment les phototrophes se multiplient-ils ?)
•
Comment les deux protéines constituant la vésicule gazeuse sont-elles disposées pour former une structure imperméable à l’eau ?
4.13 Les endospores m n
(a)
La structure des endospores Les endospores se présentent comme des structures très réfringentes en microscopie optique (voir figure 4.47). Imperméables à la plupart des colorants, les endospores apparaissent comme des zones incolores sur des préparations colorées par des méthodes classiques (bleu de méthylène). Pour colorer les endospores, des méthodes spécifiques sont nécessaires. La structure d’une endospore observée en microscopie électronique diffère nettement de celle d’une cellule végétative (voir figure 4.48). L’endospore est structurellement plus complexe, car elle possède plusieurs enveloppes n’existant pas dans la cellule végétative. L’enveloppe la plus externe est l’exosporium, constituée d’une fine couche de protéines. Sous l’exosporium se trouvent les tuniques sporales, membranes composées de protéines spécifiques à la spore (voir figure 4.48b), puis le cortex, de structure voisine du peptidoglycane. Dans le cortex se trouve la partie centrale (partie centrale ou protoplaste), qui contient la paroi de la spore, la membrane cytoplasmique, le cytoplasme, les acides nucléiques, les ribosomes et les autres organites cellulaires indispensables (voir section 2.1 et figure 2.1a). L’endospore diffère donc structurellement de la cellule végétative par les enveloppes retrouvées à l’extérieur de la paroi. Les endospores contiennent une substance chimique particulière, absente des cellules végétatives : l’acide dipicolinique (voir figure 4.49). L’acide dipicolinique, présent dans la partie centrale sous forme de complexe calcique, est présent chez toutes les endospores des bactéries sporulées. Le complexe calcium-acide dipicolinique représente environ 10 % du poids sec de la spore. La présence de ce complexe réduit la biodisponibilité de l’eau, favorisant ainsi la déshydratation de la spore. De plus, ce complexe s’intercale (s’insère entre les bases) dans l’ADN, empêchant sa dénaturation par la chaleur.
Hans Hippe
Hans Hippe
Certaines bactéries produisent des structures appelées endospores (voir figure 4.47) lors du phénomène de sporulation (voir figure 4.50). Les endospores (le préfixe endo- signifie « à l’intérieur ») sont des cellules différenciées très résistantes à la chaleur et difficiles à détruire, même par traitement chimique radical ou par irradiation. La fonction biologique des endospores est de permettre à l’organisme de survivre à des conditions extérieures difficiles, par exemple des températures extrêmes, la dessiccation ou la déplétion en nutriments. Les endospores sont également des structures idéales pour être dispersées par le vent, l’eau ou le tractus intestinal des animaux. Les bactéries capables de sporulation se retrouvent le plus fréquemment dans le sol. Parmi les bactéries sporulées, les genres Bacillus et Clostridium sont les plus étudiés. La découverte des endospores bactériennes a été d’une importance considérable en microbiologie, car savoir qu’il existe des formes très résistantes à la chaleur était essentiel pour le développement de méthodes de stérilisation adéquates, pour les milieux de culture, mais aussi pour les aliments et les produits périssables. Bien que de nombreux micro-organismes forment des spores, l’endospore bactérienne est remarquable
par son degré de résistance à la chaleur, jusqu’à un chauffage à 150 °C, bien qu’un autoclave fonctionnant à 121 °C tue les endospores de la plupart des espèces. Les endospores sont également résistantes à d’autres agents physico-chimiques (dessiccation, rayonnement ultraviolet, acides ou bases forts, désinfectants) et peuvent rester en dormance pendant des périodes extrêmement longues (voir focus, « Combien de temps une endospore peut-elle survivre ? »).
(b)
Hans Hippe
ce système, qui leur permet de se positionner verticalement dans la colonne d’eau, à des niveaux où l’intensité lumineuse nécessaire à la photosynthèse est optimale.
(c)
FIGURE 4.47 Endospores bactériennes. Image en microscopie par contraste de phase montrant différents types de spores ainsi que leur localisation intracellulaire. (a) Terminale. (b) Subterminale. (c) Centrale.
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Composition et organisation de la cellule bactérienne
Tunique sporale Cortex Exosporium Paroi sporale
(b)
La formation de l’endospore
FIGURE 4.48 Coupe d’une endospore bactérienne. (a) Observation en microscopie électronique à transmission d’une endospore mature de Bacillus megaterium. (b) Observation en microscopie à fluorescence de Bacillus subtilis en cours de sporulation. Les protéines de la tunique sporale ont été spécifiquement colorées en vert.
Les propriétés de la partie centrale des endospores La partie centrale d’une endospore mature est très différente de la cellule végétative dont elle est issue. Les concentrations importantes de dipicolinate de calcium (voir figure 4.49), réduisant la teneur en eau de cette partie centrale, lui permettent de se déshydrater progressivement lors de la sporulation. Cette partie centrale d’une endospore mature ne contenant que 10 à 25 % de l’eau initialement présente dans la cellule végétative, la consistance de son cytoplasme est celle d’un gel. La déshydratation de la partie centrale augmente considérablement sa résistance à la chaleur. Il a également été montré que cette déshydratation confère à l’endospore une résistance aux agents chimiques, par exemple au peroxyde d’hydrogène (H2O2), et permet d’inactiver les enzymes résiduelles de la partie centrale. Outre la faible teneur en eau de l’endospore, le pH de la partie centrale est inférieur d’environ une unité à celui du cytoplasme
–OOC
N
COO–
N
COO– +Ca+ –OOC
(b)
Cellule végétative
Cellule en cours de sporulation
(a)
+Ca+ –OOC
Pendant la formation de l’endospore, une cellule végétative est transformée en une structure résistante à la chaleur, ne se multipliant pas (voir figure 4.50). Les différences entre une endospore et une cellule végétative sont importantes (voir section précédente et tableau 4.3). La sporulation fait appel à une série d’événements complexes de différenciation cellulaire. La sporulation bactérienne n’intervient pas lorsque les cellules sont en phase exponentielle de croissance, mais seulement lorsque la multiplication cesse, suite au manque d’un nutriment essentiel. Lorsqu’un nutriment de ce type, comme le carbone ou l’azote, devient limité, la multiplication végétative de Bacillus, genre bactérien sporulé typique, s’arrête alors que commence la sporulation. De nombreuses modifications génétiques cellulaires régulent la conversion de l’état végétatif à la sporulation. La figure 4.51 montre les modifications structurales intervenant chez les cellules de Bacillus en cours de sporulation. Le processus de sporulation peut-être divisé en plusieurs stades.
Hans Hippe
(a)
Kirsten Price
H. S. Pankratz, T. C. Beaman et Philipp Gerhardt
ADN
de la cellule végétative. La partie centrale contient, de plus, de fortes concentrations de protéines appelées petites protéines acido-solubles (small acid-soluble proteins ou SASP). Ces dernières sont synthétisées pendant la sporulation et possèdent au moins deux fonctions. Les SASP se lient étroitement à l’ADN de la partie centrale et le protègent des dommages potentiels liés au rayonnement ultraviolet, à la dessiccation, à la chaleur sèche. La résistance aux ultraviolets est obtenue par modification de la structure moléculaire de l’ADN, la fixation des SASP permettant le passage d’une forme « B » normale à une forme « A » plus compacte. L’ADN sous forme A est plus résistant à la formation de dimères de pyrimidine, sous l’action des rayons ultraviolets générant des mutations (voir section 10.4), et à l’effet dénaturant de la chaleur sèche. De plus, les SASP sont des sources de carbone et d’énergie utilisables lorsque l’endospore redonne une nouvelle cellule végétative, processus appelé germination (voir plus loin dans cette section).
N
COO– +Ca+
Groupements carboxyles
FIGURE 4.49 Acide dipicolinique (DPA). (a) Structure du DPA. (b) Molécules de DPA complexées par un ion calcium.
Spore mature
Hans Hippe
88 Chapitre 4
FIGURE 4.50 Sporulation. Observation en microscopie à contraste de phase de Clostridium pascui.
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4.13 Les endospores 89
TABLEAU 4.3
COMPARAISON ENTRE ENDOSPORES ET CELLULES VÉGÉTATIVES
Caractéristique
Cellule végétative
Endospore
Structure
Surtout bactéries Gram positif ; Quelques bactéries Gram négatif
Cortex sporal épais Tunique sporale Exosporium
Aspect microscopique
Non réfringent
Réfringent
Teneur en calcium
Faible
Élevée
Acide dipicolinique
Absent
Présent
Activité enzymatique
Élevée
Faible
Métabolisme (consommation O2)
Élevé
Faible ou absent
Synthèse des macromolécules
Oui
Non
ARNm
Présent
Faible ou absent
Résistance à la chaleur
Faible
Élevée
Résistance aux radiations
Faible
Élevée
Résistance aux agents chimiques (H2O2, acides)
Faible
Élevée
Colorabilité
Colorable
Colorable (méthodes spécifiques)
Action du lysozyme
Sensible
Résistant
Teneur en eau
Élevée, 80 à 90 %
Basse, 10 à 25 % dans le protoplaste
Petites protéines acidosolubles (gènes ssp)
Absentes
Présentes
pH cytoplasmique
pH d’environ 7
pH d’environ 5,5 à 6,0 (dans le protoplaste)
Chez Bacillus subtilis, étudié de façon approfondie, le processus entier de sporulation dure environ huit heures. Des études génétiques de mutants de Bacillus, bloqués à chacun des stades de sporulation indiqués sur la figure 4.51, montrent que plus de deux cents gènes sont impliqués dans le processus de sporulation. Celle-ci demande l’arrêt de la synthèse de nombreuses protéines impliquées dans les fonctions cellulaires végétatives et la synthèse des protéines spécifiques de l’endospore (voir figure 4.48b), après activation de nombreux gènes spécifiques de l’endospore (spo, ssp codant les SASP), en réponse à des modifications de l’environnement. Les protéines codées par ces gènes catalysent la série de modifications conduisant d’une cellule végétative, hydratée et métaboliquement active à une endospore déshydratée, métaboliquement inerte, mais extrêmement résistante (tableau 4.3, figure 4.51).
La germination Une endospore peut rester dormante pendant de nombreuses années (voir focus, « Quelle est la durée de vie d’une endospore ? »), mais elle peut très rapidement revenir à l’état de cellule végétative. Ce changement se fait en trois étapes : activation, germination et émergence d’une nouvelle cellule végétative (voir figure 4.52). L’activation est facilement obtenue par chauffage d’endospores nouvellement formées, pendant quelques minutes, à une température élevée, sublétale. Les endospores ainsi activées sont conditionnées pour germer en présence de nutriments spécifiques, comme certains acides aminés (l’alanine en particulier). La germination est habituellement un processus rapide (de l’ordre de quelques minutes) entraînant chez l’endospore la perte de la réfringence observée au microscope, une plus grande
perméabilité aux colorants ainsi que la perte de la résistance à la chaleur ou aux agents chimiques. La disparition du dipicolinate de calcium et des composants du cortex ainsi que la dégradation des SASPs interviennent à ce stade. Le stade final (émergence) implique un gonflement visible de la cellule dû à une absorption d’eau et la synthèse de nouveaux ARN, protéines et ADN. La cellule émerge de la tunique sporale rompue et commence éventuellement à se diviser (voir figure 4.52). La cellule demeure ensuite à l’état végétatif jusqu’à ce que des signaux environnementaux déclenchent à nouveau la sporulation.
La diversité et les aspects phylogéniques de la sporulation Il a été montré qu’environ vingt genres de Bacteria sont capables de sporulation, bien que ce processus n’ait été étudié en détail que chez quelques espèces de Bacillus et de Clostridium. Néanmoins, de nombreux mécanismes de survie de l’endospore, comme la formation des complexes de dipicolinate de calcium et la possession de gènes spécifiques, semblent les mêmes. À quelques détails près, les principes généraux de formation des endospores sont les mêmes chez toutes les bactéries capables de sporulation. En considérant la phylogénie, la capacité de produire des endospores est liée à une sous-lignée particulière de bactéries Gram positif (voir sections 2.5 et 12.20). Cependant, les physiologies des bactéries sporulées sont très variées, comprenant des anaérobies, des aérobies, des phototrophes et des chimiolithotrophes. Compte tenu de cette diversité physiologique, les signaux déclenchant la sporulation peuvent varier selon les espèces et être différents de la simple déplétion en nutriments, signal principal de sporulation chez Bacillus et Clostridium.
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Quelle est la durée de vie d’une endospore ?
Dans ce chapitre, nous avons discuté des propriétés de latence et de résistance des endospores bactériennes. Les endospores peuvent survivre pendant longtemps lorsqu’elles sont maintenues en état de latence. Mais que signifie longtemps ? La longévité évidente de l’endospore suggère que ces structures peuvent rester viables (c’est-à-dire, capables de germer sous forme de cellules végétatives) pendant plusieurs décennies, vraisemblablement plus longtemps encore. Une suspension d’endospores de la bactérie Clostridium aceticum (voir figure 1a), préparée en 1947, a été ensemencée dans un milieu de croissance stérile en 1981. Trente-quatre ans plus tard, et en moins de douze heures, la croissance bactérienne a repris, sous forme d’une culture abondante. Clostridium aceticum a été tout d’abord isolée par le Néerlandais K. T. Wieringa, en 1940. La souche fut supposée avoir été perdue, jusqu’à ce qu’un flacon contenant des endospores de C. aceticum soit retrouvé dans une réserve de l’université de Berkeley, en Californie, permettant de relancer la culture*. C. aceticum est une bactérie homoacétogène, capable de synthétiser de l’acétate à partir de CO2 + H2 ou à partir du glucose (voir section 17.16). D’autres exemples de longévité des endospores encore plus extraordinaires ont été publiés. Les bactéries du genre Thermoactinomyces forment des endospores thermophiles, retrouvées dans la nature, dans le sol, les déchets végétaux et le compost. L’étude microbiologique, au Royaume-Uni, d’un site archéologique romain datant de plus de deux mille ans, a mis en évidence un nombre significatif d’endospores viables déposées sur diverses pièces archéologiques. Par ailleurs, des endospores de Thermoactinomyces ont été trouvées dans des échantillons de carottes sédimentaires provenant d’un lac du Minnesota, datant de plus de sept mille ans. Bien que, dans une telle étude, la contamination soit toujours possible, les échantillons étaient traités de façon à éliminer avec une quasi-certitude, une contamination par des endospores « récentes »**. Quels sont les facteurs limitant l’âge d’une endospore ? Les radiations solaires ont été considérées comme un facteur
(a)
William D. Grant
FOCUS
Composition et organisation de la cellule bactérienne
Gerhardt Gottschalk
90 Chapitre 4
(b)
Figure 1 Longévité des endospores (a) Tube contenant des endospores de Clostridium aceticum, préparées le 7 mai 1947. En dormance depuis plus de trente ans, ces endospores, remises en suspension en milieu de culture liquide, ont poussé en douze heures*. (b) Bactéries halophiles du genre Halobium piégées dans des cristaux de sel (d’environ 1 cm de diamètre), synthétisés au laboratoire en présence de ces bactéries (orange) qui y restent viables. Des cristaux similaires, datant du Permien (250 millions d’années), ont été décrits comme contenant des bactéries halophiles sporulées.
majeur, car elles provoquent des mutations dans l’ADN. On suppose qu’au-delà de mille ans, les effets cumulés des rayonnements produisent tant de mutations dans le génome d’un organisme, que même des structures hautement résistantes aux rayons telles que les endospores meurent à la suite de l’altération de leur matériel génétique. Toutefois, des extrapolations à partir d’essais expérimentaux concernant l’effet des radiations naturelles sur les endospores suggèrent que si des suspensions d’endospores sont partiellement protégées du rayonnement, en étant par exem-
ple incluses dans une couche de matière organique, elles peuvent redevenir viables après des périodes de plusieurs centaines de milliers d’années et peut-être plus encore. Surprenant, mais est-ce là la limite possible ? En 1995, un groupe de scientifiques décrit une culture d’endospores bactériennes âgées de 25 à 40 millions d’années***. Les endospores étaient conservées dans l’intestin d’une abeille fossilisée dans de l’ambre d’âge géologique connu. La présence de bactéries sporulées chez ces abeilles avait été préalablement suspectée par l’observation en microscopie électronique de l’intestin de l’insecte, montrant des structures comparables à des endospores. De l’ADN de Bacillus avait également été retrouvé chez cet insecte. De façon surprenante, les échantillons de tissu d’abeille incubés dans un milieu stérile produisirent rapidement une culture de bactéries sporulées. Des précautions rigoureuses furent observées pour démontrer que les bactéries sporulées produites à partir de l’abeille fossilisée dans l’ambre n’étaient pas un contaminant d’âge récent. La découverte de bactéries sporulées halophiles, isolées des inclusions liquides piégées dans des cristaux de sel datant du Permien, il y a 250 millions d’années, fut encore plus spectaculaire****. Ces cellules avaient été vraisemblablement incluses dans le cristal lors de sa formation (voir figure 1b) et étaient restées viables pendant ce laps de temps considérable ! Ces données concernant l’incroyable longévité des endospores sont confirmées par la reproduction de ces résultats dans différents laboratoires (une telle confirmation est extrêmement importante pour vérifier des conclusions aussi hautement controversées). Des endospores conservées dans de bonnes conditions peuvent donc se maintenir indéfiniment en vie. L’endospore est une structure remarquablement adaptée, dont la viabilité est relativement courte, mais dont le maintien en latence est possible pendant des centaines de milliers, voire pendant des millions d’années.
* Braun, M., F. Mayer, et G. Gottschalk. 1981. Clostridium aceticum (Wieringa), a microorganism producing acetic acid from molecular hydrogen and carbon dioxide. Arch. Microbiol. 128: 288–293. ** Gest, H., et J. Mandelstam. 1987. Longevity of microorganisms in natural environments. Microbiol. Sci. 4: 69–71. *** Cano, R. J., et M. K. Borucki. 1995. Revival and identification of bacterial spores in 25- to 40-million-year-old Dominican amber. Science 268: 1060–1064. ***** Vreeland, R.H., W.D. Rosenzweig, et D.W. Powers. 2000. Isolation of a 250 million-year-old halotolerant bacterium from a primary salt crystal. Nature 407:897–900.
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4.13 Les endospores 91
Stade 0
Stade VII Exosporium
Paroi bactérienne Membrane cytoplasmique
Cellule végétative
Lyse de la cellule et libération de l’endospore
ADN L’ADN devient plus dense Stade I
Maturation (développement de la résistance à la chaleur et aux agents chimiques) Endospore en formation
Stade II
Formation du septum autour du protoplaste (enkystement)
Stade III
Formation de la préspore
Noyau
Stade VI
Tuniques sporales
Incorporation de Ca2+ ; déshydratation avancée ; synthèse de SASP et d’acide dipicolinique ; formation des tuniques Membrane sporale externe
Spore libre
Noyau
Stade V
Stade IV Déshydratation
Apparition de l’exosporium. Le cortex primitif se forme dans l’espace intermembranaire
Membrane sporale interne
Exosporium Cortex primitif
FIGURE 4.51 Stades de sporulation. Des études génétiques et microscopiques définissent ces stades (de 0 à VII).
Judith Hoeniger et C. L. Headley
Judith Hoeniger et C. L. Headley
La sporulation ne s’observe chez aucune espèce d’Archaea, suggérant que la capacité à produire des endospores est apparue après que la lignée principale des procaryotes a divergé, il y a des milliards d’années (voir section 2.3 et figure 2.7).
Judith Hoeniger et C. L. Headley
(b)
Judith Hoeniger et C. L. Headley
(a)
(c)
(d)
FIGURE 4.52 Germination chez Bacillus. Retour d’une endospore mature (a) à l’état végétatif ; (d) Observation en microscopie optique de la germination d’une spore mature hautement réfringente. En (b), perte de la réfringence (activation) ; en (c) et en (d), émergence d’une nouvelle cellule végétative (excroissance).
Contrôlez vos acquis L’endospore est une cellule bactérienne différenciée très résistante, que produisent certaines Bacteria, Gram positif. La formation de l’endospore conduit à une structure très déshydratée, qui contient les macromolécules essentielles, et des substances variées, dipicolinate de calcium et petites protéines acido-solubles, absentes de la cellule végétative. Les endospores peuvent rester dormantes indéfiniment, mais germent rapidement lorsque le signal de sporulation adéquat est rencontré. •
Qu’est-ce que l’acide dipicolinique et où se trouvet-il ?
•
Que sont les SASP et quelles sont leurs fonctions ?
•
Décrivez la germination d’une endospore.
IV
LOCOMOTION MICROBIENNE
L’étude des structures microbiennes et de leurs fonctions est complétée par celle de leurs moyens de locomotion. De nombreuses cellules peuvent se mouvoir par elles-mêmes. Cette mobilité leur permet d’atteindre différentes régions de leur environnement. Dans une optique de survie, le mouvement vers un nouvel environnement peut offrir à la cellule de nouvelles ressources et des possibilités de croissance. Les bactéries mobiles
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92 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
sont également capables de mouvement en direction de substances attractives ou, à l’inverse, de s’éloigner d’une substance répulsive (ce type de mouvement est appelé tactisme).
De nombreux procaryotes sont mobiles. Cette propriété est due à une structure particulière appelée flagelle (voir figure 4.53). Certaines bactéries peuvent se mouvoir sur des surfaces solides par glissement (voir section 4.14). Des micro-organismes planctoniques sont en mesure de stabiliser leur position dans une colonne d’eau grâce à des vésicules remplies de gaz (voir sections 4.12 et 12.25). Cependant, la majorité des procaryotes mobiles se meuvent par rotation de leurs flagelles.
Carl E. Bauer
4.14 Les flagelles et la mobilité m n
(a)
Les flagelles des bactéries sont des appendices longs et fins, libres à l’une de leurs extrémités, fixés à la cellule bactérienne par l’autre extrémité. Les flagelles sont si fins (environ 20 nm) qu’on ne peut les observer en microscopie optique qu’après une coloration spéciale destinée à augmenter leur épaisseur (voir figure 4.53). Il est, par contre, facile d’observer les flagelles en microscopie électronique (voir figure 4.54). La disposition des flagelles varie selon les bactéries. Les flagelles polaires sont insérés à l’une ou aux deux extrémités de la bactérie (voir figures 4.53b et 4.54a). Parfois, plusieurs flagelles groupés peuvent être fixés à une même extrémité de la cellule, disposition appelée lophotriche (en grec, lophos signifie « touffe », trichos signifie « cheveu ») (voir figure 4.53c). De telles touffes de flagelles peuvent être observées sur des cellules vivantes grâce au microscope à fond noir (voir section 4.1 et figure 4.55a). Bactéries et flagelles apparaissent alors en clair sur fond noir. Chez les procaryotes de très grande taille, des touffes de flagelles peuvent être également observées au microscope à contraste de phase (voir figure 4.55b). Dans le cas d’une ciliature péritriche (voir figures 4.53a et 4.54b), les flagelles sont insérés tout autour de la bactérie (peri signifie « autour »). Le type de ciliature, polaire ou péritriche, est utilisé en taxinomie bactérienne.
La structure des flagelles
(a)
(b)
(c)
E. Leifson
Les flagelles ne sont pas rectilignes, mais possèdent une structure hélicoïdale, caractérisée, lorsque les flagelles flottent
FIGURE 4.53 Flagelles bactériens. Observation en microscopie optique de procaryotes possédant différents types de ciliatures colorés par la méthode de Leifson. (a) Péritriche. (b) Polaire (monotriche). (c) Lophotriche.
Carl E. Bauer
Les flagelles bactériens
(b) FIGURE 4.54 Structure fine des flagelles bactériens. Ciliatures de la bactérie phototrophe Rhodospirillum centenum, observées par coloration négative en microscopie électronique à transmission. (a) Flagelle unique polaire. (b) Flagelles péritriches. La ciliature péritriche n’est observée chez R. centenum que sous certaines conditions de croissance (bactéries en cours d’essaimage). Voir également la figure 4.63b.
librement dans leur milieu, par une distance constante entre deux courbures adjacentes. Cette distance est appelée longueur d’onde, caractéristique d’une espèce bactérienne donnée (voir figures 4.53 à 4.55). Le filament d’un flagelle bactérien est composé de sous-unités d’une protéine appelée flagelline. La forme et la longueur d’onde du flagelle sont en partie déterminées par la structure de la flagelline ainsi que par la direction de l’axe de rotation du filament. La structure élémentaire des flagelles varie sensiblement selon les espèces bactériennes. Chez les Archaea, plusieurs types de flagellines sont connus. La structure de leurs flagelles semble assez différente de celle des bactéries, bien que de fonction similaire. Chez les Bacteria, la flagelline est hautement conservée, suggérant que la mobilité flagellaire est un caractère ancien. Un flagelle est formé de plusieurs parties et fonctionne par rotation, de manière comparable à l’hélice d’un bateau. La base du flagelle et le filament ont une structure différente (voir figure 4.56a). La structure plus large, située à la base du flagelle, liant le filament au corps basal, est appelée crochet. Le crochet est constitué d’un seul type de protéine et sert de jonction entre le filament et le moteur flagellaire. Le moteur est ancré dans la membrane cytoplasmique et dans la paroi. Il se présente sous la forme d’un petit axe central traversant une série d’anneaux. Chez les bactéries Gram négatif, un anneau externe, l’anneau L, est inséré dans le lipopolysaccharide. Un deuxième anneau, l’anneau P, est ancré dans le peptidoglycane de
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4.14 Les flagelles et la mobilité 93
R. Jarosch
Norbert Pfennig
Touffe flagellaire
(a)
(b)
FIGURE 4.55 Flagelles de bactéries vivantes. (a) Observation en microscopie optique en fond noir de gros bacilles, de 2 µm de largeur, possédant une touffe de flagelles à chaque pôle. La microscopie en fond noir utilise une lumière rasante diffusée à la surface de l’échantillon (voir section 4.1 et figure 4.5c). (b) Observation en microscopie optique en contraste de phase de la grosse bactérie pourpre phototrophe Rhodospirillum photometricum (3 x 30 µm), possédant à l’un de ses pôles une ciliature lophotriche.
la paroi. Enfin, les anneaux MS et C, sont respectivement fixés à la membrane cytoplasmique et au cytoplasme (voir figure 4.56a). En l’absence de membrane externe, les bactéries Gram positif ne possèdent que la paire d’anneaux internes du corps basal. Une série de protéines, les protéines Mot (voir figure 4.56a) entourent l’anneau interne et sont ancrées dans la membrane cytoplasmique. Ce dispositif est complété par les protéines Fli (voir figure 4.56a), formant le complexe d’inversion du moteur, déterminant le sens de sa rotation en réponse à des signaux intracellulaires.
Les mouvements des flagelles Le flagelle est un minuscule moteur rotatoire, composé d’un rotor et d’un stator. Les anneaux C, MS et P constituent le rotor et forment le corps basal. Le stator est constitué par les protéines Mot qui, entourant les anneaux MS et C, génèrent le mouvement rotatoire. Ce mouvement rotatoire du flagelle s’exprime à partir du corps basal. L’énergie nécessaire à la rotation du flagelle provient de la force proton-motrice (voir sections 4.6 et 5.12), que produit un flux de protons traversant la membrane cytoplasmique et les protéines Mot environnantes (voir figure 4.56a). Il semblerait que le passage d’environ mille protons soit nécessaire pour engendrer une seule rotation du flagelle. Ce mécanisme n’est pas encore réellement bien connu. Un modèle de « turbine à protons » a cependant été proposé pour expliquer les résultats expérimentaux disponibles (voir figure 4.56b). Dans ce modèle, le flux de protons traversant les canaux du stator exerce des forces électrostatiques sur les charges disposées en hélice des protéines du rotor. Les attractions entre charges négatives et positives entraîneraient la rotation du corps basal lorsque le flux de protons traverse le stator (voir figure 4.56b).
La synthèse des flagelles La synthèse et donc la mobilité des flagelles requièrent plusieurs gènes. Chez Escherichia coli et Salmonella typhimurium,
bactéries les plus étudiées, plus de quarante gènes sont nécessaires à leur mobilité. Ces gènes possèdent plusieurs fonctions. Certains codent des protéines de structure du flagelle, d’autres, pour le transport des composés flagellaires vers l’extérieur de la cellule à travers la membrane cytoplasmique ; enfin, certains assurent la régulation biochimique de la synthèse de nouveaux flagelles. Un nouveau flagelle ne se développe pas à partir de sa base, contrairement aux poils des espèces animales, mais à partir de son sommet. L’anneau MS est synthétisé en premier, puis inséré dans la membrane cytoplasmique. D’autres protéines sont synthétisées avec le crochet avant que ne débute la formation du filament (voir figure 4.57). Les molécules de flagelline, synthétisées dans le cytoplasme, diffusent à travers un canal de trois nanomètres existant dans le filament et sont ajoutées à son extrémité pour former le flagelle mature. L’extrémité du flagelle en cours d’élongation est recouverte d’une protéine « coiffe » qui guide l’assemblage des molécules de flagelline (voir figure 4.57). La croissance du flagelle est quasi continue jusqu’à ce que le flagelle ait atteint sa longueur définitive. Un flagelle cassé est encore capable de rotation et peut être reconstitué à l’aide de nouvelles unités de flagelline diffusant par le canal du filament.
La vitesse de déplacement La vitesse de rotation des flagelles n’est pas constante, mais augmente ou diminue en relation avec l’intensité de la force proton-motrice les traversant. Cette rotation peut propulser les bactéries à travers un milieu liquide à des vitesses supérieures à 60 fois leur propre longueur par seconde, soit environ 0,00017 km/h. Exprimée sous forme de longueurs corporelles parcourues par seconde, cette vitesse est relativement élevée. En effet, des animaux rapides, comme le guépard, atteignent des vitesses de 110 km/h, soit seulement 25 longueurs corporelles/s. En tenant compte de la taille de
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94 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
l’organisme, des procaryotes nageant de 50 à 60 longueurs corporelles/s. se déplacent plus vite que des organismes supérieurs ! La mobilité des organismes à ciliature polaire et lophotriche est microscopiquement différente de celle des organismes péritriches. Les micro-organismes à ciliature polaire se déplacent en ligne droite, de façon rapide, parfois en zigzags. Les micro-organismes péritriches tournoient de façon lente et majestueuse. Les types de mobilité des organismes polaires et péritriches, ainsi que les changements de direction par inversion du sens de rotation des flagelles sont représentés dans la figure 4.58.
14 nm Filament Flagelline
Crochet Membrane externe (LPS)
Contrôlez vos acquis Anneau L Cylindre axial Anneau P Périplasme
Peptidoglycane
++++
++++
Anneau MS
Corps basal Anneau C
––––
Membrane cytoplasmique
––––
Protéines Fli (complexe d’inversion)
Protéine Mot
Protéine Mot
45 nm
(a)
H+
Cylindre axial Anneau MS +
+
+
–
–
– +
+
+
–
–
– +
+
–
+
– + – – ++ – –
+
– + – – ++ – –
Protéine Mot
Anneau C +
(b)
+
+
–
–
– +
+
+
–
–
– +
+
H+
–
H+
La plupart des micro-organismes sont mobiles grâce à des flagelles. Chez les procaryotes, le flagelle est une structure complexe, constituée de plusieurs protéines, dont la plupart sont ancrées dans la paroi et la membrane cytoplasmique. Le filament flagellaire, formé d’une seule protéine, tourne sous l’action de la force proton-motrice entraînant le moteur flagellaire. •
Qu’est-ce que la flagelline et où la trouve-t-on ?
•
Comment le flagelle peut-il propulser une bactérie vers l’avant ?
•
En quoi une ciliature polaire diffère-t-elle d’une ciliature péritriche ?
4.15 La mobilité par glissement m n Quelques procaryotes sont mobiles alors qu’ils ne possèdent pas de flagelle. Ces bactéries ne nagent pas, mais se déplacent le long de surfaces solides par glissement. Lorsque la mobilité des bactéries est flagellaire, le déplacement se fait au hasard, par une série de courses suivies de culbutes et de changements de direction. Le glissement est une forme de mouvement plus régulier, s’orientant en général dans l’axe de la cellule. Il est très répandu chez les bactéries, mais a été bien étudié seulement chez quelques groupes. Bien que beaucoup plus lent (10 µm/s pour les plus rapides) que la propulsion par des flagelles, le glissement permet à la cellule de se mouvoir autour de son habitat. Les procaryotes capables de glissement sont des cellules filamenteuses ou bacillaires (voir figure 4.59). Le glissement demande le contact avec une surface solide. La morphologie des bactéries glissantes est caractéristique, car les cellules glissent du centre de la colonie vers l’extérieur (voir
FIGURE 4.56 Structure et fonction du flagelle procaryote chez les Bacteria Gram négatif. (a) Structure. L’anneau L est inséré dans la membrane externe (lipopolysaccharide), l’anneau P dans le peptidoglycane. L’anneau MS s’insère dans la membrane cytoplasmique, l’anneau C dans le cytoplasme. Pour atteindre le site de synthèse du flagelle, les molécules de flagelline diffusent à travers un fin canal persistant dans le cylindre axial et le filament. Les protéines Mot sont impliquées dans la rotation (moteur flagellaire), les protéines Fli forment le complexe d’inversion. La rotation des flagelles permet de propulser la bactérie dans le milieu. (b) Fonction. La rotation du flagelle est expliquée par un modèle type « turbine à protons ». Les protons, traversant les protéines Mot, exercent une force électrochimique sur les charges des anneaux C et MS, entraînant la mise en mouvement du rotor.
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4.15 La mobilité par glissement 95 Synthèse du filament Crochet mature Membrane externe Anneaux MS/C
Peptidoglycane
Crochet primitif Protéines Mot (moteur)
Anneau P
Protéines Cap
Jonction filamentcrochet
Filament
Anneau L
Membrane cytoplasmique
FIGURE 4.57 Étapes de synthèse du flagelle. La synthèse commence par l’assemblage des anneaux MS/C dans la membrane cytoplasmique, suivie de la formation des autres anneaux, du crochet et de la protéine Cap. La flagelline diffuse à travers le crochet jusqu’à la protéine Cap pour former le filament. L’assemblage des molécules de flagelline (environ 20 000 molécules sont nécessaires à la synthèse d’un filament) est guidé par la protéine Cap, qui assure la croissance régulière du filament.
figure 4.59c) [une colonie est une masse de bactéries dérivant par divisions successives d’une même cellule mère – voir section 5.3]. Les bactéries glissantes les plus connues sont les cyanobactéries filamenteuses (voir figure 4.59a et b, et section 12.25), certaines bactéries Gram négatif, comme les Myxococcus et autres myxobactéries (voir section 12.17), et des espèces de Cytophaga et Flavobacterium (voir figure 4.59c et d, et section 12.31).
Les mécanismes de la mobilité par glissement Il est probable que cette mobilité est due à un ensemble de mécanismes, bien que ceux-ci ne soient pas totalement élucidés. Chez les cyanobactéries (voir figure 4.59a et b), une couche mucoïde polysaccharidique est sécrétée et recouvre la surface externe de la bactérie lors de son glissement. Cette couche mucoïde est une interface entre la bactérie et la surface solide servant de support. L’adhésion du mucus à cette surface entraînerait par réaction le glissement de la bactérie.
Cette hypothèse est étayée par l’observation de pores excrétant des produits muqueux à la surface de cyanobactéries filamenteuses. Chez les bactéries glissantes non phototrophes, le mécanisme de glissement n’est pas lié à la production de couches mucoïdes. Flavobacterium johnsoniae (voir figure 4.59c), par exemple, n’en produit pas. Le mécanisme de glissement le plus probable s’appuie sur des mouvements de protéines à la surface de la cellule. Chez F. johnsoniae, des protéines spécifiques de mobilité, ancrées dans la membrane cytoplasmique et la membrane externe, s’appuieraient sur une surface solide pour faire glisser la bactérie en un mouvement continu. L’énergie nécessaire au mouvement des protéines cytoplasmiques est fournie par la force proton-motrice (voir sections 4.6 et 5.12). Ce mouvement est transmis aux protéines de la membrane externe dispersées à la surface de la cellule, qui, s’appuyant sur la surface solide, propulseraient alors celle-ci en avant (voir figure 4.60). Flagelle réversible
Faisceau de flagelles (rotation anti-horaire)
Étalement du faisceau sur place (rotation horaire)
Rotation horaire
Flagelle unidirectionnel
Faisceau de flagelles (rotation anti-horaire) (a) Péritriche
Rotation anti-horaire
Rotation horaire (b) Polaire
Arrêt et réorientation de la bactérie Rotation horaire
FIGURE 4.58 Type de mouvement chez les procaryotes à ciliature polaire et péritriche. (a) Péritriche : la rotation du faisceau de flagelles dans le sens inverse des aiguilles d’une montre ou anti-horaire (CCW, counterclockwise) propulse la bactérie en avant (nage). La rotation horaire des flagelles (CW, clockwise) provoque la culbute de la bactérie et le pivotement dans une nouvelle direction. (b) Polaire : changement de direction par inversion du sens de rotation du flagelle (propulsion ou traction de la bactérie). Lorsque le mouvement est unidirectionnel (rotation horaire des flagelles), la bactérie s’arrête fréquemment pour se réorienter avant de continuer dans une nouvelle direction. Les flèches jaunes indiquent le sens du mouvement.
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96 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
des communautés leur permettant de s’adapter à des conditions environnementales difficiles (voir section 12.17).
Richard W. Castenholz
Contrôlez vos acquis Les procaryotes se déplaçant par glissement ne possèdent pas de flagelles. Ils se meuvent le long d’une surface solide par plusieurs mécanismes. •
En quoi la mobilité par glissement diffère-t-elle de la mobilité flagellaire (mécanismes, structures cellulaires impliquées) ?
•
Quelles sont les différences de mobilité par glissement entre les cyanobactéries filamenteuses et les Flavobacterium ?
Richard W. Castenholz
(a)
(c)
Mark J. McBride
Mark J. McBride
(b)
(d)
FIGURE 4.59 Bactéries mobiles par glissement. (a, b) Oscillatoria princeps, cyanobactérie filamenteuse. (a) Observée en microscopie optique (largeur 35 µm. (b) Vue en microscopie optique de filaments glissant sur une surface d’agarose. Les bactéries sont mobiles par glissement sur une surface solide ou peuvent glisser par un filament utilisant lui-même un second filament comme surface solide. (c, d) Flavobacterium johnsoniae, bactérie Gram négatif, en cours de glissement. (c) Masses de bactéries glissant à partir du centre de la colonie (colonie d’environ 2,7 mm de large). (d) Souches mutantes non glissantes montrant une morphologie typique de ce type de colonies (diamètre 0,7 à 1 mm). [Voir figure 4.60 pour les mécanismes de glissement chez F. johnsoniae.]
Tout comme les autres formes de mobilité, le glissement favorise l’adaptation de la bactérie à son écosystème. Le glissement permet au micro-organisme d’exploiter de nouvelles ressources ou de profiter d’interactions avec d’autres cellules. Les myxobactéries se déplacent par glissement, interagissent et forment
4.16 La mobilité cellulaire m n et la réponse comportementale :
chimiotactisme et phototactisme
Les procaryotes, évoluant au sein de gradients naturels d’agents physiques ou de substances chimiques, ont développé des systèmes de réponse à ces gradients. Ils sont capables de se déplacer vers des substances attractives et de s’éloigner d’autres substances qui leur sont nuisibles. Ce déplacement vers ou à l’opposé de signaux environnementaux est appelé tactisme. Le chimiotactisme, réponse aux substances chimiques et le phototactisme, réponse à la lumière, sont deux tactismes bien connus. Le chimiotactisme et sa régulation sont détaillés dans la section 8.13 ; la régulation des autres tactismes connus chez les procaryotes se calque sur ce modèle. Le chimiotactisme et sa régulation ont été bien étudiés chez les bactéries se déplaçant grâce à des flagelles. Certaines bactéries
Intérieur
H+
Membrane cytoplasmique Peptidoglycane Membrane externe
Out Extérieur Mouvement de la cellule
Mouvement Surface des protéines de la membrane externe
FIGURE 4.60 Mécanismes de glissement chez Flavobacterium johnsoniae et chez d’autres bactéries glissantes. La présence de tubules protéiques dans le peptidoglycane, reliant les protéines cytoplasmiques (en marron) et les protéines de la membrane externe (en orange) permettrait de les faire glisser le long d’une surface solide. Le mouvement de ces dernières est de sens opposé au mouvement de la bactérie. L’énergie nécessaire au mouvement est liée à la force proton-motrice.
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4.16 La mobilité cellulaire et la réponse comportementale : chimiotactisme et phototactisme 97
glissantes sont également capables de chimiotactisme, tandis que l’on a observé des déplacements phototactiques chez les cyanobactéries filamenteuses. Les mécanismes expliquant ces tactismes, c’est-à-dire la transmission à l’appareil locomoteur d’informations concernant l’environnement, sont par contre inconnus en ce qui concerne les bactéries glissantes.
Le chimiotactisme Le chimiotactisme est mis en évidence par l’observation du comportement d’une bactérie face à un gradient chimique de substance attractive (voir figure 4.61). Contrairement aux organismes de dimensions plus élevées, les procaryotes sont trop petits pour qu’il soit possible de déceler un gradient chimique entre leurs extrémités, celles-ci étant très rapprochées. Lorsqu’ils se déplacent, les procaryotes comparent le statut physique ou chimique de leur environnement avec celui qu’ils ont expérimenté quelques secondes auparavant. Lorsqu’elles nagent, les bactéries répondent à un gradient plutôt temporel que spatial de molécules signal. Le comportement chimiotactique d’Escherichia coli, bactérie à ciliature péritriche, a été bien étudié. En l’absence de gradient de substance, E. coli se déplace au hasard. La bactérie se déplace en ligne droite (elle fait une course), puis elle s’arrête, tournoie et culbute (voir figure 4.61a). La culbute est suivie d’une course dans une autre direction, prise au hasard (voir figure 4.61a). En présence d’un gradient de substance attractive, le mouvement s’oriente. Lorsque le micro-organisme se déplace vers des concentrations de substance attractive élevées (la bactérie analyse périodiquement son environnement chimique), la course s’allonge et les culbutes deviennent moins fréquentes. L’organisme se dirige donc progressivement vers les concentrations croissantes de substance attractive. En présence d’une substance répulsive, les courses sont allongées et les culbutes supprimées lorsque la bactérie s’éloigne de la substance toxique. Elle se dirige donc vers un gradient décroissant de répulsif.
Le déplacement en ligne droite est dû à la rotation des flagelles dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (rotation anti-horaire). Lorsque les flagelles tournent dans le sens des aiguilles d’une montre (rotation horaire), le faisceau s’étale, la course cesse et la bactérie culbute (voir figures 4.58 et 4.61). Le comportement des bactéries à ciliature polaire est légèrement différent. Ces bactéries (par exemple, Pseudomonas spp.) changent de direction en inversant le sens de rotation de leurs flagelles (voir figure 4.58b). Quelques bactéries à ciliature polaire, dont la bactérie phototrophe Rhodobacter sphaeroides, possèdent un flagelle unidirectionnel qui ne tourne que dans le sens horaire. L’orientation du déplacement de type chimiotactique se fait par arrêt périodique de la rotation du flagelle. Pendant cet arrêt, la cellule se réoriente au hasard, portée par les mouvements browniens. À la reprise de la rotation du flagelle, la cellule se déplace dans une nouvelle direction. R. sphaeroides est très attirée par des éléments nutritifs de type carboné et montre également un chimiotactisme à l’oxygène et à la lumière (voir sections ci-dessous). Bien qu’il ne puisse pas inverser le sens de rotation de son moteur flagellaire, le déplacement orienté de R. sphaeroides est identique à celui d’E. coli. Si R. sphaeroides se dirige vers des concentrations plus élevées de substance attractive, la rotation de son flagelle se maintient. À l’opposé, lorsque la bactérie s’éloigne d’une substance attractive (gradient négatif) ou se rapproche d’une substance répulsive (gradient positif), la rotation des flagelles s’arrête plus fréquemment pour laisser la cellule se réorienter.
La mesure du chimiotactisme Le mécanisme moléculaire du chimiotactisme met en jeu des protéines sensorielles insérées dans la membrane cytoplasmique (voir section 8.13). Ces protéines, appelées chimiorécepteurs, détectent en permanence les composants chimiques de l’environnement et transmettent des signaux à des protéines
Culbute
Substance attractive
Culbute Nage
Nage
(a) Absence de substance attractive
(b) Présence de substance attractive
FIGURE 4.61 Chimiotactisme chez une bactérie péritriche (Escherichia coli). (a) En l’absence de substances attractives, la bactérie se déplace au hasard, changeant de direction pendant les culbutes. (b) En présence d’une substance attractive, le déplacement est orienté et progresse vers le gradient de concentration élevé.
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Composition et organisation de la cellule bactérienne
cytoplasmiques régulant la rotation flagellaire. Le chimiotactisme est donc un système de réponse sensorielle à l’environnement chimique qui influe sur la fonction des flagelles. Le chimiotactisme est démontrable par l’immersion d’un fin tube capillaire en verre rempli d’une solution attractive dans une suspension de bactéries mobiles. Tandis que la substance attractive diffuse à partir du capillaire, formant un gradient chimique décroissant (voir figure 4.62a), les bactéries se rassemblent et nagent vers le tube (voir figure 4.62b). Quelquesunes migrent de façon fortuite dans le tube capillaire, même si celui-ci contient une solution de même composition que le milieu extérieur (voir figure 4.62c). Toutefois, en présence d’une substance attractive, la concentration de bactéries dans le tube capillaire peut être beaucoup plus élevée que la concentration extérieure. Si le tube capillaire contient une substance répulsive, le nombre de bactéries à l’intérieur du tube capillaire est nettement inférieur à celui des bactéries présentes à l’extérieur du tube (voir figure 4.62d). Les chimiorécepteurs spécifiques, détectant l’augmentation de gradient de la substance répulsive, modifient la rotation des flagelles pour entraîner la bactérie loin du répulsif (voir figure 4.62d). En utilisant la méthode du tube capillaire, il est possible de classer les molécules chimiques selon leurs propriétés attractive ou répulsive pour une bactérie donnée. Le comportement chimiotactique des bactéries peut être étudié au microscope, avec l’apport d’une caméra vidéo. L’enregistrement des positions instantanées de chaque cellule permet de tracer leur trajectoire (voir figure 4.62f). Cette méthode a été adaptée à l’étude des bactéries chimiotactiques en environnement naturel, où les substances attractives principales sont les nutriments excrétés par d’autres organismes (bactéries de plus grande taille, macro-organismes vivants ou morts). Les algues produisent, par exemple, des composés organiques et de l’oxygène (O2, provenant de la photosynthèse) attirant certaines bactéries chimiotactiques (voir figure 4.62f).
(a)
(b)
(c)
(d)
Nombre de cellules bactériennes par tube
98 Chapitre 4
(e)
Substance attractive
Témoin Substance répulsive Temps
De nombreux micro-organismes phototrophes sont attirés par la lumière. Ce phénomène est appelé phototactisme. Le phototactisme permet aux organismes phototrophes de s’orienter plus efficacement, de façon à recevoir l’intensité lumineuse maximale nécessaire à la photosynthèse. Le phototactisme est démontrable par l’observation de bactéries phototrophes mobiles déposées sur une lame de verre et exposées à un spectre de lumière visible. Ces bactéries se déplacent et s’accumulent aux longueurs d’onde correspondant à l’absorption de leurs pigments photosynthétiques (voir figure 4.63a et sections 17.2 et 17.3). Les procaryotes phototrophes révèlent deux types de tactisme différents. L’un d’eux, appelé scotophobotactisme, est observable seulement au microscope, lorsqu’une bactérie, traversant le champ lumineux de l’appareil, se trouve plongée dans l’obscurité. L’obscurité, défavorable à l’énergie cellulaire, déclenche un signal de culbute, suivie d’une course dans une nouvelle direction, ramenant la bactérie à la lumière. Chez Rhodospirillum centenum, organisme phototrophe très mobile, des colonies entières sont phototactiques et se déplacent collectivement vers la lumière (voir figure 4.63b).
Nicholas Blackburn
Le phototactisme
(f) FIGURE 4.62 Chimiotactisme. (a-e) Techniques de mesure du chimiotactisme chez les bactéries. (a) Un capillaire est placé dans une suspension bactérienne, entraînant la formation d’un gradient de concentration. (b) Accumulation de bactéries dans le capillaire contenant une substance attractive. (c) Capillaire témoin contenant une solution salée, ni attractive, ni répulsive. La densité de bactéries est identique à l’intérieur comme à l’extérieur du capillaire. (d) Les bactéries s’éloignent d’une substance répulsive. (e) Courbes montrant les densités de bactéries dans les capillaires contenant différentes substances. (f) Trajectoires en eau de mer de bactéries mobiles autour d’une algue unicellulaire (tache blanche au centre), filmées à l’aide d’une caméra video couplée à un microscope. Les bactéries montrent un chimiotactisme positif à l’oxygène en se déplaçant vers l’algue qui en produit. La vitesse moyenne des bactéries est d’environ 25 µm/s. Diamètre de l’algue ; environ 60 µm.
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500
600
700
Longueur d’onde (nm)
850
Carl E. Bauer
400
99
Norbert Pfennig
Questions
(b) (a) FIGURE 4.63 Phototactisme (a) Accumulation scotophobique de la bactérie phototrophe Thiospirillum jenense aux longueurs d’onde d’absorption de ses pigments. Une suspension dense de bactéries déposée sur une lame de verre a été exposée à un spectre de lumière visible. Après un certain temps, l’accumulation sélective des bactéries a été photographiée en microscopie optique. Les longueurs d’onde d’accumulation des bactéries correspondent au spectre d’absorption de la bactériochlorophylle a (comparer avec la figure 17.3b). (b) Phototactisme positif d’une colonie de bactéries pourpres phototrophes Rhodospirillum cetenum, après 2 h d’exposition à la lumière (temps 0 en haut). La colonie de bactéries phototrophes se déplace vers la source de lumière, vers la droite. Voir figure 4.54, l’observation en microscopie électronique de R. centenum.
Le système de régulation du chimiotactisme est également impliqué dans le phototactisme, en particulier les protéines cytoplasmiques (protéines Che) contrôlant la direction de rotation du flagelle (voir section 8.13). En effet, l’étude de bactéries phototrophes mutantes a montré que si leur phototactisme était déficient, leur système chimiotactique l’était également. Des photorécepteurs, analogues aux chimiorécepteurs, mais sensibles au gradient de lumière, modulent la réponse phototactique. Les photorécepteurs interagissent avec les protéines cytoplasmiques contrôlant la rotation du flagelle pour maintenir la course de la bactérie si celle-ci se dirige vers des intensités lumineuses plus élevées. Les mêmes protéines cytoplasmiques régulent donc le chimiotactisme et le phototactisme, bien que les stimuli à l’origine du mouvement soient différents.
Les autres tactismes Les bactéries peuvent être également attirées ou repoussées par l’oxygène (aérotactisme – voir figure 4.62f) ou par des milieux hypertoniques (osmotactisme). Ces mécanismes commencent à être compris au niveau moléculaire. Pour adapter ses réponses comportementales simples, la bactérie teste régulièrement son environnement à l’aide d’un système de capteurs sensoriels qui interagissent avec des protéines contrôlant
la direction de rotation des flagelles. En compétition avec d’autres espèces d’une communauté microbienne, les procaryotes mobiles sont capables de se rapprocher avantageusement d’éléments nutritifs ou de s’éloigner de substances toxiques.
Contrôlez vos acquis Les bactéries mobiles sont capables de répondre à un gradient physique ou chimique environnemental. Le chimiotactisme ou le phototactisme est l’orientation du déplacement d’un procaryote vers un stimulus, ou en direction opposée, par modification de la répartition des courses et des culbutes. La direction de rotation du flagelle est contrôlée par un système de capteurs sensoriels et de protéines de réponse. •
Définissez le chimiotactisme.
•
Quels événements provoquent une course ? Une culbute ?
•
Différenciez le scotophobotactisme du phototactisme.
QUESTIONS 1. Quelle fonction a la coloration en microscopie ? À quoi servent les colorants cationiques (voir section 4.1) ? 2. Quel est l’avantage de la microscopie par contraste d’interférence différentielle sur la microscopie à fond clair ? De la microscopie à contraste de phase par rapport à la microscopie à fond clair (voir section 4.2) ? 3. Quel est l’avantage principal de la microscopie électronique sur la microscopie optique ? Quel type de microscope électronique 5. Décrivez en une seule phrase la structure membranaire (voir
doit-il être utilisé pour observer les caractéristiques tridimensionnelles d’une cellule (voir section 4.3) ? 4. Quelles sont les principales morphologies des procaryotes ? Dessinez les bactéries pour chaque forme. Quelle est la taille maximale d’un procaryote ? Minimale ? Comment expliquezvous que l’on connaisse mieux la limite inférieure que la limite supérieure ? Quelles sont les dimensions d’un bacille comme Escherichia coli (voir section 4.4) ? section 4.5).
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100 Chapitre 4
Composition et organisation de la cellule bactérienne
6. Expliquez en une seule phrase pourquoi les molécules ionisées ne peuvent passer librement à travers la membrane cytoplasmique. Comment s’effectue leur transport transmembranaire (voir sections 4.5 et 4.6) ? 7. Décrivez la différence majeure dans la composition des membranes entre Bacteria et des Archaea (voir section 4.5). 8. La bactérie Escherichia coli importe le lactose par l’intermédiaire du système de la perméase Lac, le glucose grâce à un système phosphotransférase et le maltose au moyen d’un transporteur ABC. Pour chacun de ces sucres, décrivez : 1) les constituants de leur système de transport ; 2) la source d’énergie fournie pour ce transport (voir section 4.7). 9. Pourquoi le feuillet rigide de la paroi bactérienne s’appelle-t-il le peptidoglycane ? Quelles sont les raisons chimiques expliquant la rigidité conférée par le peptidoglycane à la structure cellulaire (voir section 4.8) ? 10. Pourquoi le saccharose est-il capable de stabiliser la structure cellulaire après une lyse par le lysozyme (voir section 4.8) ? 11. Listez différentes fonctions de la membrane externe des bactéries Gram négatif. Quelle est la composition chimique de la membrane externe (voir section 4.9) ? 12. Quelles sont les fonctions des structures polysaccharidiques de surface chez les procaryotes (voir section 4.10) ? 13. Quels sont les types d’inclusions cytoplasmiques retrouvés chez les procaryotes ? En quoi une inclusion de d’acide poly-β -
hydroxybutyrique (PHB) diffère-t-elle d’un magnétosome (composition, rôle métabolique) [voir section 4.11] ? 14. Quelle est la fonction des vésicules de gaz ? Pourquoi leur structure permet-elle de retenir leur contenu gazeux (voir section 4.12) ? 15. Précisez en quelques phrases les différences entre l’endospore bactérienne et la cellule végétative (structure, composition chimique, aptitude à résister à des conditions extérieures difficiles) [voir section 4.13]. 16. Définissez les termes suivants : endospore mature, cellule végétative, germination (voir section 4.13). 17. Pendant combien de temps les endospores peuvent-elles rester viables et en dormance ? Comment le montre-t-on (voir section 4.13) ? 18. Décrivez la structure et la fonction d’un flagelle bactérien. Quelle est la source d’énergie utilisée par le flagelle (voir section 4.14) ? 19. En quoi le mécanisme de mobilité par glissement chez Flavobacterium diffère-t-il de la mobilité chez Escherichia coli (voir section 4.15) ? 20. Expliquez en quelques phrases comment une bactérie mobile est capable de percevoir la présence d’une substance attractive et de s’en rapprocher (voir section 4.16).
PROBLÈMES 1. Calculez la taille la plus petite d’un spécimen observable avec une longueur d’onde de 600 nm et l’objectif à immersion à un grossissement de 100× avec une ouverture numérique de 1,32. Comment la résolution peut-elle être améliorée avec cette lentille ? 2. Calculez le rapport surface sur volume d’une cellule sphérique de 15 µm de diamètre et d’une cellule de 2 µm. Quelles sont les conséquences de ces différences de rapport surface sur volume dans les fonctions cellulaires ?
3. Imaginez que l’on vous donne deux cultures, l’une d’une bactérie Gram négatif et l’autre d’une espèce d’Archaea. Trouvez quatre méthodes, autres que le séquençage du gène codant l’ARN ribosomique (voir section 2.3), pour attribuer les deux cultures aux domaines des Bacteria et des Archaea. 4. Calculez le temps nécessaire à la bactérie Escherichia coli (1 × 3 µm), nageant à vitesse maximale, pour traverser un tube capillaire de 3 cm de long, contenant une substance chimique attractive.
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I
Nutrition et culture des microorganismes
5.1 5.2 5.3
La nutrition microbienne Les milieux de culture La culture des micro-organismes
102 105 107
II
Énergétique et enzymes
109
5.4 5.5
Éléments de bioénergétique Les enzymes et la catalyse
109 110
III
Oxydoréduction et composés riches en énergie
112
5.6 5.7 5.8
L’oxydoréduction Un transporteur d’électrons, le NAD+ Les composés riches en énergie et le stockage de l’énergie
IV
102
112 115 116
Principales voies cataboliques, transport d’électrons et force proton-motrice 117
5.9 5.10 5.11
La conservation de l’énergie : les options Un exemple de fermentation : la glycolyse La respiration et les chaînes de transfert d’électrons associées aux membranes 5.12 La conservation de l’énergie par la force proton-motrice
117 118 120 122
V
Flux de carbone dans la respiration et autres voies cataboliques
125
5.13 5.14
Le flux de carbone dans la respiration : le cycle de l’acide citrique Les autres voies cataboliques
126 126
VI
Réactions de biosynthèse
129
5.15 5.16
La biosynthèse des sucres et des polysaccharides 129 La biosynthèse des acides aminés et des nucléotides 129 La biosynthèse des acides gras et des lipides 131
5.17
CHAPITRE CINQ
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
Des connaissances en nutrition et en bioénergétique sont indispensables pour cultiver les micro-organismes et comprendre comment les cellules microbiennes « vivent » dans leur habitat naturel.
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102 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
GLOSSAIRE Accepteur d’électron (electron acceptor) Substance oxydée qui peut accepter des électrons d’un donneur d’électron et est réduite au cours de la réaction. Anabolisme (anabolism) Ensemble de toutes les réactions de biosynthèse des cellules. ATP Synthase (ATPase) [ATP synthase (ATPase)] Complexe enzymatique multiprotéique inclus dans la membrane cytoplasmique, catalysant la synthèse de l’ATP par couplage à une force proton-motrice. Autotrophe (autotroph) Organisme capable de biosynthétiser tous les constituants cellulaires à partir de CO2, source unique de carbone. Catabolisme (catabolism) Ensemble de toutes les réactions conduisant à la production de l’énergie utilisable par les cellules (généralement sous forme d’ATP). Catalyseur (catalyst) Substance accélérant la vitesse d’une réaction chimique sans être consommée. Chimio-osmose (chemiosmosis) Processus utilisant la force proton-motrice pour produire de l’ATP. Coenzyme (coenzyme) Petite molécule non protéique associée à une enzyme et participant à une réaction catalytique. Culture pure (pure culture) Culture constituée d’un type unique de micro-organisme. Cycle de l’acide citrique (citric acid cycle) Série cyclique de réactions conduisant à la conversion de l’acétate en CO2. Donneur d’électron (electron donor) Substance réduite qui peut donner des électrons à un accepteur d’électron et est oxydée au cours de la réaction. Endergonique (endergonic) Processus nécessitant de l’énergie. Énergie d’activation (activation energy) Énergie requise pour activer le(les) substrat(s) d’une réaction enzymatique. Énergie libre (free energy [G]) Énergie disponible pour effectuer un travail ; G0' est l’énergie libre dans des conditions standard. Enzyme (enzyme) Protéine dont la fonction est d’augmenter la vitesse (catalyse) d’une réaction chimique spécifique. Exergonique (exergonic) Processus libérant de l’énergie. Fermentation (fermentation) Catabolisme anaérobie au cours duquel un composé organique sert à la fois de donneur et d’accepteur
I
NUTRITION ET CULTURE DES MICRO-ORGANISMES
Avant qu’elle puisse se diviser, une cellule doit coordonner un grand nombre de réactions chimiques différentes et assembler les molécules en structures spécifiques. Le terme métabolisme désigne l’ensemble de toutes ces réactions. Les réactions métaboliques comprennent d’une part des réactions libérant de l’énergie, ou réactions cataboliques (catabolisme), et d’autre part des réactions consommant de l’énergie, ou réactions anaboliques (anabolisme). La plupart des connaissances concernant le métabolisme des micro-organismes ont émergé de l’étude de cultures au laboratoire.
m n5.1 La nutrition microbienne Les cellules sont constituées principalement de macromolécules, polymères composés d’unités plus petites appelées monomères
d’électrons, et qui produit de l’ATP par phosphorylation au niveau du substrat. Force proton-motrice (proton motive force) État activé d’une membrane résultant d’un potentiel membranaire et du transport des éléments constitutifs de l’eau (H+ contre OH–) à travers la membrane. Glycolyse (glycolysis) Voie biochimique conduisant à la formation d’ATP et de divers produits de fermentation, et dans laquelle le glucose est fermenté ; appelée également voie d’Embden-Meyerhof. Milieu complexe (complex medium) Milieu de culture contenant des substances de composition chimique inconnue telles que les extraits de levure et les hydrolysats de viande. Milieu de culture (culture medium) Solution de divers nutriments permettant la croissance des micro-organismes. Milieu défini (defined medium) Milieu de culture dont la composition chimique est connue avec précision. Phosphorylation au niveau du substrat (substrate-level phosphorylation) Synthèse d’ATP à partir d’ADP par transfert d’un groupement phosphate riche en énergie appartenant à un composé organique phosphorylé. Phosphorylation oxydative (oxidative phosphorylation) Synthèse d’ATP à partir de la force proton-motrice développée pendant le transport d’électrons. Photophosphorylation (photophosphorylation) Synthèse d’ATP à partir de la force proton-motrice développée pendant le transport d’électrons grâce à l’utilisation de l’énergie lumineuse. Potentiel de réduction (E0') (reduction potential) Mesure, en volts, de la tendance d’un composé à donner ses électrons ; E0' est le potentiel de réduction dans des conditions standard. Respiration (respiration) Processus au cours duquel un composé est oxydé par l’accepteur terminal d’électrons O2 (ou un autre composé remplaçant O2) et qui conduit généralement à la synthèse d’ATP par phosphorylation oxydative. Sidérophore (siderophore) Chélateur qui peut fixer du fer présent en très faibles concentrations. Technique d’asepsie (aseptic technique) Ensemble de procédures destinées à empêcher la contamination d’objets stériles ou de cultures microbiennes pendant leur manipulation.
et d’eau (voir section 3.2). La nutrition microbienne est le domaine qui étudie les processus par lesquels les cellules incorporent les monomères (ou les précurseurs de monomères) indispensables à leur croissance. Ces substances sont appelées nutriments. Les besoins nutritifs diffèrent en nature et en quantité selon les organismes. Quelques nutriments, appelés macronutriments (voir tableau 5.1), sont utilisés en quantité importante ; d’autres, les micronutriments, sont utilisés en quantité moindre, parfois même à l’état de traces.
Le carbone et l’azote Le carbone, est un élément indispensable à toutes les cellules et la plupart des procaryotes utilisent un composé organique comme source de carbone. Environ 50 % du poids sec d’une cellule microbienne est composé de carbone, celui-ci étant l’élément de base de toutes les classes de macromolécules. Des composés organiques carbonés comme des acides aminés, des acides gras, des acides organiques, des sucres, des
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5.1 La nutrition microbienne 103
TABLEAU 5.1
MACRONUTRIMENTS RENCONTRÉS EN MILIEU NATUREL ET PRÉSENTS DANS LES MILIEUX DE CULTURE Types courants de nutriments dans l’environnement
Élément
Forme chimique apportée aux milieux de culture
Carbone (C)
CO2, composés organiques
Glucose, malate, acétate, pyruvate, acides aminés, des centaines d’autres composés ou des mélanges complexes (extrait de levure, peptone, etc.)
Hydrogène (H)
H2O, composés organiques
H2O, composés organiques
Oxygène (O)
H2O, O2, composés organiques
H2O, O2, composés organiques
Azote (N)
NH3, NO3–, N2, composés organiques azotés
Inorganiques : NH4Cl, (NH4)2SO4, KNO3, N2 Organiques : Acides aminés, bases azotées de nucléotides, beaucoup d’autres composés contenant N
Phosphore (P)
PO43–
KH2PO4, Na2HPO4
SO42–,
Soufre (S)
H2S, composés organiques soufrés S, sulfures métalliques (FeS, CuS, ZnS, NiS, etc.)
Na2SO4, Na2S2O3, Na2S, cystéine ou autres composés organiques soufrés
Potassium (K)
K+ en solution ou sous diverses formes de sels de K
KCl, KH2PO4
Magnésium (Mg)
Mg2+ en solution ou sous diverses formes de sels de Mg
MgCl2, MgSO4
2+
Sodium (Na)
Na en solution ou sous forme de NaCl ou d’autres sels de Na
NaCl
Calcium (Ca)
Ca2+ en solution ou sous forme de CaSO4 ou d’autres sels de Ca
CaCl2
Fer (Fe)
Fe2+ ou Fe3+ en solution ou sous forme de FeS, Fe(OH)3 ou de nombreux autres sels de Fe
FeCl3, FESO4, diverses solutions chélatant le fer (Fe3+ EDTA, Fe 3+ citrate, etc.)
bases azotées, des composés aromatiques et bien d’autres composés organiques sont assimilés par l’une ou l’autre des différentes espèces de bactéries pour synthétiser leurs composants cellulaires. Quelques procaryotes, en revanche, capables de construire toutes leurs structures cellulaires à partir de dioxyde de carbone (CO2), sont autotrophes. L’énergie nécessaire à ce processus provient de la lumière ou de composés inorganiques. L’élément le plus abondant dans les cellules après le carbone est l’azote. Environ 12 % du poids sec d’une cellule microbienne est constitué d’azote, élément présent dans les protéines, les acides nucléiques et plusieurs autres constituants cellulaires. Dans le milieu naturel, l’azote se trouve sous forme organique et inorganique (voir tableau 5.1). L’azote assimilable se manifeste cependant sous forme inorganique : ammoniac (NH3), nitrate (NO3–), ou N2. La plupart des bactéries sont capables d’utiliser l’ammoniac comme source unique d’azote, et beaucoup d’entre elles peuvent aussi utiliser le nitrate. Cependant, certaines bactéries, les bactéries fixatrices d’azote, utilisent l’azote atmosphérique (N2) comme unique source d’azote.
formes diverses et subit, dans l’environnement, un certain nombre de transformations chimiques, la plupart effectuées exclusivement par des micro-organismes (voir section 19.13). Le soufre cellulaire provient essentiellement de sources inorganiques, sous forme de sulfate (SO42–), ou d’ion hydrosulfure (HS–) [voir tableau 5.1]. Le potassium est indispensable à tous les organismes. Il est nécessaire à l’activité de nombreuses enzymes, y compris celles qui sont impliquées dans la synthèse protéique. Le magnésium stabilise les ribosomes, les membranes cellulaires et les acides nucléiques, et sert également de cofacteur à de nombreuses enzymes. Le calcium n’est pas un élément essentiel pour la croissance de nombreux micro-organismes ; il stabilise les parois cellulaires et joue un rôle essentiel dans la thermorésistance des endospores (voir section 4.13). Le sodium est indispensable à certains micro-organismes qui vivent dans des environnements particuliers. L’eau de mer, par exemple, en contient beaucoup, et les micro-organismes marins en ont généralement besoin pour leur croissance. La plupart des espèces d’eau douce, au contraire, peuvent se développer en absence de sodium.
Les autres macronutriments : P, S, K, Mg, Ca, Na
Le fer
Le phosphore se trouve dans l’environnement sous forme de phosphate organique et inorganique, et la cellule en a essentiellement besoin pour la synthèse des acides nucléiques et des phospholipides. Le soufre est nécessaire parce qu’il entre dans la composition de deux acides aminés, la cystéine et la méthionine (voir section 3.6), d’un certain nombre de vitamines, telles que la thiamine, la biotine et l’acide lipoïque, et du coenzyme A. Le soufre est utilisé par les organismes sous des
Le fer joue un rôle important dans la respiration cellulaire car c’est un élément clé des cytochromes et des protéines fer-soufre impliqués dans le transfert d’électrons (voir section 5.11 et tableau 5.2). En condition anoxique, le fer se trouve généralement sous sa forme réduite Fe2+ (fer ferreux) et soluble. En présence de O2, le fer se présente généralement sous sa forme oxydée Fe3+ (ferrique) et sous diverses formes minérales insolubles. Pour se procurer du fer à partir de ces minéraux, les
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104 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
cellules synthétisent des composés appelés sidérophores, qui complexent le fer et le transportent dans les cellules. L’un des types principaux de sidérophores est un dérivé de l’acide hydroxamique, qui chélate très fortement le fer ferrique (voir figure 5.1a). Une fois que le complexe fer-hydroxamate a pénétré dans la cellule, le fer est libéré et l’hydroxamate peut être excrété et réutilisé pour le transport du fer. Les bactéries telles qu’Escherichia coli et Salmonella typhimurium synthétisent des sidérophores phénoliques à structure complexe appelés entérobactines (voir figure 5.1b). Ces sidérophores dérivent d’un composé aromatique, le catéchol, et ont une affinité très élevée pour le fer. Sans ces agents fixant
R
N
C
OH
Fe3
R +
+
R
O
Élément Bore (B)
Chrome (Cr)
+
+
Hydroxamate Hydroxamate ferrique
Respiration, cytochrome c oxydase ; photosynthèse, plastocyanine, quelques superoxyde dismutases
Fer (Fe)b
Cytochromes ; catalases ; peroxydases ; protéines fer-soufre ; oxygénases ; toutes les nitrogénases
Manganèse (Mn)
Molybdène (Mo)
Nickel (Ni)
Sélénium (Se)
La plupart des hydrogénases ; coenzyme F430 des méthanogènes ; monoxyde de carbone déshydrogénase ; uréase Formiate déshydrogénase ; quelques hydrogénases ; l’acide aminé sélénocystéine
Tungstène (W)
Quelques formiate déshydrogénases ; oxotransférases d’hyperthermophiles
Vanadium (V)
Vanadium nitrogénase ; bromoperoxydase
Zinc (Zn)
Anhydrase carbonique ; alcool déshydrogénase ; ARN et ADN polymérases ; de nombreuses protéines liant l’ADN
a
+
Fe2
Hème
Enzymes contenant du fer (a) O C
NH
O
L’ensemble des micronutriments indiqués n’est pas requis par toutes les cellules ; quelques-uns des métaux indiqués sont seulement présents dans des enzymes de certains micro-organismes. b Nécessaires en quantités plus importantes que les autres oligoéléments.
O
O
Fe3+
O
O
Activateur de nombreuses enzymes ; présent dans certaines superoxide dismutases et dans l’enzyme qui dissocie l’eau chez les phototrophes oxygéniques (Photosystème II) Certaines enzymes flaviniques ; quelques nitrogénases, nitrate réductases, sulfite oxydases, DMSOTMAO réductases ; quelques formiate déshydrogénases
Réduction
Hydroxamate
Requis par les mammifères pour le métabolisme du glucose ; non requis par les micro-organismes
Cuivre (Cu)
Membrane cytoplasmique
Hydroxamate ferrique
Fonction cellulaire
Vitamine B12 transcarboxylase (bactéries propioniques)
R
Fe3
a REQUIS PAR LES ORGANISMES VIVANTS
Cobalt (Co)
O
Fe3
MICRONUTRIMENTS (OLIGOÉLÉMENTS)
Présent dans un auto-inducteur (quorum sensing) chez les bactéries ; trouvé également dans quelques antibiotiques polycétides
C
O
Groupement hydroxamate
e–
TABLEAU 5.2
N
HN
C
N H
O
O
C O
(b)
Tête peptidique fixant le fer ferrique 3+
3+
Queue hydrophobe
Fe
HO O N H
(c)
Fe OH 3+ O Fe O H N N H O 3+ OH Fe
O
HO OH 3+ Fe O H N N H O H2N O
Fe
N
3+
O
HO H N O Fe
O N H 3+ OH
N
O OH
FIGURE 5.1 Agents chélateurs de fer produits par les microorganismes. (a) Hydroxamate. Le fer est lié sous sa forme Fe 3+ et libéré dans la cellule sous sa forme Fe 2+. L’hydroxamate quitte alors la cellule et le cycle recommence. (b) L’entérobactine ferrique d’Escherichia coli. Les atomes d’oxygène des molécules de catéchol sont représentés en jaune. (c) L’aquachéline, sidérophore peptidique de forme allongée, fixe des ions Fe3+. La queue hydrophobe aide l’aquachéline à traverser la membrane cellulaire.
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5.2 Les milieux de culture 105
fortement le fer, beaucoup de micro-organismes pathogènes ne pourraient pas provoquer d’infection. Les micro-organismes ont souvent des difficultés à obtenir du fer à partir de tissus animaux parce qu’il est piégé dans des complexes (voir sections 21.7 et 21.8). Le fer est difficile à détecter dans l’eau de mer. Ainsi, les eaux de surface des océans contiennent généralement quelques picogrammes (un picogramme est égal à 10– 12 g) de fer par millilitre. C’est pour cette raison que beaucoup de bactéries marines synthétisent des sidérophores à structure complexe pouvant séquestrer le fer à partir de très faibles quantités. Ces sidérophores comportent une tête peptidique qui complexe Fe3+ et une queue lipidique qui peut s’associer à la membrane cytoplasmique. Quand de tels composés, comme l’aquachéline (voir figure 5.1c) ont fixé du fer, ils s’agrègent sous forme de micelles lipidiques et transportent le fer dans la cellule. Quelques procaryotes peuvent se développer en l’absence de fer : par exemple, les bactéries Lactobacillus plantarum et Borrelia burgdorferii (cette dernière est l’agent de la maladie de Lyme – voir section 27.4) ne contiennent pas de fer. Dans ces bactéries, le Mn2+ remplace le fer dans les métallo-enzymes qui normalement incorporent du Fe2+.
la biotine, la pyridoxine (vitamine B6) et la cobalamine (vitamine B12).
Les micronutriments (oligo-éléments)
m n5.2 Les milieux de culture
Bien que nécessaires en très faible quantité, les micronutriments sont néanmoins indispensables au bon fonctionnement cellulaire. Comme le fer, les micronutriments, souvent appelés oligo-éléments, sont des métaux. Ils jouent généralement un rôle dans la catalyse en tant que composants de diverses enzymes (voir tableau 5.2). Les besoins des micro-organismes en oligo-éléments sont infimes et il est souvent inutile d’en ajouter au milieu de culture. Cependant, si un milieu de culture contient des produits chimiques ultra-purs dissous dans de l’eau distillée, elle-même très pure, les concentrations en oligo-éléments peuvent être insuffisantes. Dans ce cas, les métaux nécessaires sont fournis par une solution diluée d’oligo-éléments (voir tableau 5.2) ajoutée au milieu.
Les facteurs de croissance Les facteurs de croissance sont des composés organiques qui, comme les micronutriments, sont nécessaires en très petite quantité à certains micro-organismes. Les vitamines, les acides aminés, les purines et les pyrimidines sont des facteurs de croissance synthétisés par la plupart des micro-organismes ; quelques micro-organismes doivent cependant obtenir ces constituants essentiels à partir de leur environnement. Pour ces derniers, ces composés doivent donc être rajoutés au milieu de culture. Les vitamines sont les facteurs de croissance les plus courants. La plupart des vitamines (récapitulées dans le tableau 5.3) entrent dans la composition des coenzymes (voir, par exemple, les figures 5.10, 5.12 et 5.15). Les besoins en vitamines varient énormément selon les micro-organismes (d’aucune à plusieurs vitamines). Les bactéries lactiques qui incluent, entre autres, les genres Streptococcus, Lactobacillus et Leuconostoc (voir section 12.19), sont connues pour exiger de multiples vitamines, bien plus que l’homme (voir tableau 5.4). Les vitamines les plus communément indispensables aux micro-organismes sont la thiamine (vitamine B1),
Contrôlez vos acquis Les centaines de composés chimiques d’une cellule vivante sont formées à partir de substances de base appelées nutriments. Les éléments nécessaires en grande quantité sont les macronutriments, alors que les métaux et composés organiques, indispensables mais en quantités très faibles, sont, d’une part, les micronutriments, et d’autre part, les facteurs de croissance. •
Quelles sont, dans les cellules, les deux catégories de macromolécules qui contiennent de l’azote ?
•
Pourquoi le Co2+ est-il un micronutriment tandis que le C est un macronutriment ?
•
Quel rôle joue le fer dans le métabolisme cellulaire ? Comment les cellules séquestrent-elles le fer ?
Un milieu de culture est une solution d’éléments nutritifs utilisée au laboratoire pour la croissance des micro-organismes. La culture est une étape indispensable à l’étude d’un microorganisme ; la réussite d’une culture dépend du choix du milieu et de l’attention particulière apportée à sa préparation.
Les types de milieux Deux types de milieux de culture sont couramment utilisés en microbiologie : les milieux définis chimiquement et les milieux non définis (dits complexes). Les milieux définis chimiquement (milieux définis, en abrégé) sont préparés en ajoutant à de l’eau distillée des quantités connues d’éléments chimiques inorganiques ou organiques hautement purifiés. La composition chimique exacte d’un milieu défini est donc connue. La source de carbone d’un milieu de culture est très importante parce que toutes les cellules ont besoin de grandes quantités de carbone pour synthétiser les nouveaux composants cellulaires. Dans un milieu défini simple (voir tableau 5.4), une seule source de carbone est présente. La nature de la source de carbone et sa concentration dépendent de l’organisme cultivé. Il n’est pas essentiel de connaître la composition exacte d’un milieu pour cultiver la plupart des organismes. Des milieux complexes peuvent alors suffire et même être plus appropriés. Les milieux complexes contiennent des hydrolysats préparés par digestion protéolytique partielle de produits animaux ou végétaux : caséine (protéine du lait), viande de bœuf, soja, cellules de levure, ou un certain nombre d’autres substances (non définies du point de vue chimique) hautement nutritives. Ces hydrolysats sont disponibles dans le commerce sous forme de poudre et peuvent être rapidement pesés et dissous dans de l’eau distillée. Cependant, la composition précise des éléments nutritifs d’un milieu complexe ne peut être contrôlée avec précision.
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106 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
TABLEAU 5.3
FACTEURS DE CROISSANCE : LES VITAMINES ET LEURS FONCTIONS
Vitamine
Fonctions
Acide p-Aminobenzoïque
Précurseur de l’acide folique
Acide folique
Métabolisme des composés à un atome de carbone ; transfert de groupements méthyles
Biotine
Biosynthèse des acides gras ; quelques réactions de fixation de CO2
Cobalamine (B12)
Réduction et transfert de fragments à un seul carbone ; synthèse de désoxyribose
Acide lipoïque
Transfert de groupements acyles au cours de la décarboxylation du pyruvate et de l’α-cétoglutarate
Acide nicotinique (niacine)
Précurseur du NAD+ (voir figure 5.10) ; transfert d’électrons dans les réactions d’oxydoréduction
Acide pantothénique
Précurseur du coenzyme A ; activation de l’acétyle et des autres dérivés acyles
Riboflavine
Précurseur du FMN (voir figure 5.15), du FAD des flavoprotéines impliquées dans le transport d’électrons
Thiamine (B1)
α-décarboxylations, transcétolase
Vitamines B6 (groupement pyridoxal-pyridoxamine)
Transformations des acides aminés et des céto-acides
Groupe des vitamines K ; quinones
Transport d’électrons ; synthèse des sphingolipides
Hydroxamates
Composés fixant le fer ; solubilisation et transport du fer à l’intérieur des cellules
TABLEAU 5.4
EXEMPLES DE MILIEUX DE CULTURE POUR DES MICRO-ORGANISMES PEU OU TRÈS EXIGEANTS a EN NUTRIMENTS
Milieu de culture défini pour Escherichia coli
Milieu de culture défini pour Leuconostoc mesenteroides
Milieu de culture complexe pour E. coli ou L. mesenteroides
K2HPO4 7 g
K2HPO4 0,6 g
Glucose 15 g
KH2PO4 2 g
KH2PO4 0,6 g
Extrait de levure 5 g
(NH4)2SO4 1 g
NH4Cl 3 g
Peptone 5 g
MgSO4 0,1 g
MgSO4 0,1 g
KH2PO4 2 g
CaCl2 0,02 g
Glucose 25 g
Eau distillée 1 000 mL
Glucose 4–10 g Oligoéléments (Fe, Co, Mn, Zn, Cu, Ni, Mo) 2–10 µg de chaque Eau distillée 1 000 mL pH 7
Acétate de sodium 20 g Acides aminés (alanine, arginine, asparagine, aspartate, cystéine, glutamate, glutamine, glycine, histidine, isoleucine, leucine, lysine, méthionine, phénylalanine, proline, sérine, thréonine, tryptophane, tyrosine, valine) 100-200 µg de chaque Purines et pyrimidines (adénine, guanine, uracile, xanthine) 10 mg de chaque Vitamines (biotine, folate, acid nicotinique, pyridoxal, pyridoxamine, pyridoxine, riboflavine, thiamine, pantothénate, acide p-aminobenzoïque) 0,01– 1 mg de chaque Oligoéléments (voir la première colonne) 2– 10 µg de chaque Eau distillée 1 000 mL pH 7
pH 7
(a)
(b)
a
Les photos montrent des tubes contenant a) le milieu défini décrit ci-dessus et b) le milieu complexe décrit ci-dessus. Notez la couleur du milieu complexe, due aux divers extraits organiques et hydrolysats qu'il contient. Photos de Cheryl L. Broadie et John Vercillo, université Southern Illinois à Carbondale.
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5.3 La culture des micro-organismes 107
Dans certains cas, particulièrement en microbiologie clinique, les milieux de culture sont souvent conçus pour être sélectifs ou différentiels (ou les deux à la fois). Un milieu sélectif contient des composés qui inhibent de façon sélective la croissance de quelques micro-organismes sans en affecter d’autres. En revanche, un milieu différentiel est un milieu dans lequel un indicateur, généralement un colorant, est ajouté afin de mettre en évidence des réactions chimiques particulières spécifiques de la croissance. Les milieux différentiels sont tout à fait utiles pour distinguer différentes espèces de bactéries, sur la base de la présence ou de l’absence d’une réaction particulière (voir chapitre 24).
Les besoins nutritifs et la capacité biosynthétique Le tableau 5.4 montre la composition de trois milieux de culture, deux milieux définis et un milieu complexe. Le milieu complexe est le plus facile à préparer et permet une bonne croissance des organismes présentés dans le tableau, la bactérie entérique Escherichia coli et la bactérie lactique Leuconostoc mesenteroides (exigeante du point de vue nutritif), extrêmement fastidieuse à cultiver. Le milieu défini simple présenté dans le tableau 5.4 est particulièrement indiqué pour la culture d’E. coli, mais pas pour celle de L. mesenteroides. Pour cultiver ce dernier micro-organisme dans le milieu défini, il faut y ajouter plusieurs éléments nutritifs organiques et des facteurs de croissance, qui ne sont pas nécessaires à la croissance d’E. coli (voir tableau 5.4). Lequel de ces deux micro-organismes possède la capacité biosynthétique la plus grande ? C’est évidemment E. coli, car, puisqu’elle peut se développer sur un milieu de culture défini simple, pouvant synthétiser tous ses constituants organiques à partir d’un composé carboné simple, ici le glucose (voir tableau 5.4). Contrairement à E. coli, L. mesenteroides a besoin de nombreux facteurs de croissance et d’éléments nutritifs organiques essentiels (par exemple des acides aminés), ce qui montre bien sa faible capacité biosynthétique. Les besoins alimentaires complexes de L. mesenteroides peuvent être satisfaits par la préparation d’un milieu défini comme celui indiqué dans le tableau 5.4 (la préparation d’un tel milieu peut prendre plusieurs heures) ou d’un milieu complexe (voir tableau 5.4), qui peut généralement être préparé rapidement. Quelques micro-organismes pathogènes sont encore plus exigeants que L. mesenteroides. Pour cultiver ces organismes, un milieu enrichi peut être nécessaire. Un milieu enrichi est un milieu complexe dans lequel on a ajouté des aliments supplémentaires, tels que du sérum ou du sang. Ces aliments, qui sont plus proches de ceux fournis par leur hôte, sont indispensables pour cultiver des micro-organismes tels que Streptococcus pyogenes (streptocoque responsable d’angines) et Neisseria gonorrhoeae (gonorrhée). Le tableau 5.4 montre que les besoins nutritionnels varient largement avec les micro-organismes. Pour cultiver un microorganisme donné, il est donc nécessaire de connaître ses besoins alimentaires afin d’apporter au milieu de culture les éléments nutritifs sous la forme la mieux appropriée et dans les proportions adéquates. Si les milieux de culture sont préparés avec soin, il est assez facile de cultiver de nombreux types de micro-organismes.
Contrôlez vos acquis Les milieux de culture, chimiquement définis ou non définis (complexes), subviennent aux besoins alimentaires des micro-organismes. Les milieux, utilisés pour isoler une espèce particulière ou pour effectuer des études comparatives sur divers micro-organismes, peuvent être qualifiés de sélectifs, différents et enrichis. •
Pourquoi la culture de Leuconostoc mesenteroides est-elle plus facile dans un milieu complexe que dans un milieu chimiquement défini ?
•
Dans quel milieu, défini ou complexe (voir tableau 5.4), pensez-vous qu’Escherichia coli aura la croissance la plus rapide ? Pourquoi ?
m n5.3 La culture des micro-organismes Une fois qu’un milieu de culture a été préparé et stérilisé afin d’éliminer tous les micro-organismes, il peut être inoculé (c’est-à-dire que des organismes y sont ajoutés) et être incubé dans des conditions qui favoriseront la croissance microbienne. Au laboratoire, l’inoculation sera généralement réalisée à partir d’une culture pure, culture contenant seulement une seule espèce de micro-organisme. Il est essentiel d’empêcher d’autres organismes de croître dans une culture pure. Ces organismes indésirables, appelés contaminants, sont omniprésents (découverte de Pasteur il y a plus de 125 ans – voir section 1.6), et les microbiologistes doivent utiliser des techniques pour les éliminer.
Les milieux de culture solides et liquides Les milieux de culture sont parfois préparés sous forme semi-solide en ajoutant un agent gélifiant au milieu liquide. De tels milieux immobilisent les cellules, leur permettant de se développer en formant des amas isolés appelés colonies (voir figure 5.2). Les colonies bactériennes peuvent prendre des formes et des tailles diverses selon le type d’organisme, les conditions de culture, l’apport nutritif (y compris la quantité d’oxygène) et plusieurs autres paramètres physiologiques. Quelques bactéries produisent des pigments qui colorent la colonie (voir figure 5.2). Les colonies permettent au microbiologiste d’évaluer la pureté de la culture. Les boîtes qui contiennent plus d’un type de colonie sont contaminées. L’utilisation de milieux solides préparés dans des boîtes de Petri est une méthode courante pour obtenir des cultures pures et pour évaluer la pureté d’une culture. Les milieux solides sont préparés de la même manière que les milieux liquides ; cependant, avant stérilisation, on ajoute un agent gélifiant, la gélose (voir focus « Milieu de culture solide, boîte de Petri et cultures pures », au chapitre 1), généralement à la concentration de 1,5 %. La gélose fond pendant la stérilisation et le milieu est alors versé dans les boîtes stériles en verre ou en plastique, puis on le laisse solidifier avant emploi (voir figure 5.2).
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James A. Shapiro, université de Chicago
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
(c)
James A. Shapiro, université de Chicago
James A. Shapiro, université de Chicago
108 Chapitre 5
(a)
James A. Shapiro, université de Chicago
(d)
(b)
Les techniques d’asepsie Parce que les micro-organismes sont omniprésents, les milieux de culture doivent être stérilisés avant emploi. Pour la plupart des milieux de culture, la stérilisation est effectuée par chauffage, généralement par une chaleur humide, dans une grande chaudière sous pression appelée autoclave (voir section 20.1). Une fois le milieu de culture stérile préparé, il est prêt à recevoir un inoculum précédemment développé en culture pure. Cette manipulation nécessite l’utilisation d’une technique d’asepsie, série d’étapes empêchant la contamination pendant la manipulation des cultures et des milieux de culture stériles (voir figures 5.3 et 5.4). La maîtrise de techniques d’asepsie est nécessaire pour réussir une culture et c’est une des premières méthodes apprises dans le laboratoire de microbiologie par le microbiologiste débutant. Les contaminants apportés par l’air constituent le problème le plus courant parce que l’air du laboratoire contient de petites particules de poussière, qui abritent une communauté de micro-organismes. Quand des récipients sont ouverts, ils doivent être manipulés de sorte que l’air chargé de contaminants ne puisse pas entrer (voir figures 5.3 et 5.4). Le transfert aseptique d’une culture d’un tube de milieu à un autre est habituellement réalisé avec une anse ou une aiguille à inoculation, préalablement stérilisées à la flamme (voir figure 5.3).
FIGURE 5.2 Exemples de colonies bactériennes. Les colonies forment des amas de cellules résultant de la division d’une ou de quelques cellules. La taille, la forme, la texture et la couleur d’une colonie bactérienne dépendent des micro-organismes. Selon la taille et la disposition des cellules, une colonie peut présenter un nombre très variable de cellules ; les colonies contenant plus d’un milliard de cellules ne sont pas rares. (a) Serratia marcescens, cultivée sur de la gélose MacConkey. (b) Gros plan de colonies de Serratia marcescens. (c) Pseudomonas aeruginosa, cultivée sur de la gélose trypticase de soja. (d) Shigella flexneri, cultivée sur de la gélose MacConkey.
Des cellules de cultures en milieu liquide peuvent également être transférées sur des boîtes contenant de la gélose (voir figure 5.4), où les colonies se développent à partir de la croissance et de la division d’une cellule unique. Le repiquage et l’ensemencement en stries d’une colonie isolée sont le moyen le plus courant pour l’obtention de cultures pures à partir de communautés microbiennes contenant de nombreux organismes différents.
Contrôlez vos acquis La croissance de micro-organismes peut être réalisée au laboratoire dans des milieux de culture contenant les substances nutritives indispensables. La réussite et l’entretien d’une culture pure de micro-organismes ne peuvent se faire qu’en pratiquant des techniques d’asepsie. •
Que signifie le mot stérile ? Que se produirait-il si des milieux de culture nouvellement préparés n’avaient pas été stérilisés et avaient été laissés à la température ambiante ?
•
Pourquoi une technique d’asepsie est-elle nécessaire pour réussir des cultures pures au laboratoire ?
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5.4 Éléments de bioénergétique
(a)
(b)
(c)
(d)
(e)
109
(f)
FIGURE 5.3 Transfert aseptique. (a) L’anse de platine est chauffée au rouge dans la flamme, puis est refroidie rapidement dans l’air. (b) Le tube est débouché. (c) L’ouverture du tube est flambée. (d) L’échantillon est prélevé avec l’anse stérile. (e) Le tube contenant le milieu stérile est de nouveau flambé, puis l’échantillon est transféré dans le milieu stérile. (f) Le tube est rebouché. L’anse est de nouveau chauffée au rouge avant d’être mise de côté.
II
ÉNERGÉTIQUE ET ENZYMES
Quel que soit son mode de vie, un organisme doit être capable de stocker l’énergie sous forme d’ATP.
m n5.4 Éléments de bioénergétique L’énergie se définit comme la capacité d’accomplir un travail. En microbiologie, elle est exprimée en kilojoules (kJ), mesure de l’énergie libérée sous forme mécanique. Les réactions chimiques sont accompagnées de variations d’énergie. Dans
toute réaction chimique, une partie de l’énergie est perdue sous forme de chaleur ; la forme d’énergie qui intéresse les microbiologistes est l’énergie libre (G), énergie disponible pour effectuer un travail. La variation d’énergie libre au cours d’une réaction est appelée ∆G0', où ∆ signifie « variation » ; « 0 » et « ' » signifient que l’énergie libre est mesurée dans des conditions standards : pH 7, 25 ˚C, pression de 1 atmosphère, réactifs et produits à la concentration de 1 M. Dans la réaction : A+B→C+D Si le ∆G0' de la réaction est négatif, la réaction libère de l’énergie libre que la cellule peut stocker sous forme d’ATP.
Croissance confluente à partir de la première strie
James A. Shapiro, université de Chicago
Colonies isolées à partir de la dernière strie
(a)
(b)
(c)
FIGURE 5.4 Méthode des stries pour obtenir une culture pure. (a) L’inoculum est prélevé dans le tube avec une anse préalablement stérilisée. (b) L’inoculum est étalé sur la gélose d’une boîte de Petri, stérile sous la forme d’une strie. D’autres stries sont ensuite réalisées à différents angles de la première, l’anse étant stérilisée entre chaque opération. (c) Aspect des stries sur la boîte après incubation. Colonies de la bactérie Micrococcus luteus sur de la gélose au sang. Les cultures pures peuvent être obtenues à partir des colonies bien isolées sur la boîte.
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110 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
De telles réactions sont dites exergoniques. Si le ∆G0' est positif, la réaction ne peut s’effectuer qu’avec un apport extérieur d’énergie. De telles réactions sont dites endergoniques. Dans une cellule microbienne, les réactions exergoniques produisent de l’énergie, alors que les réactions endergoniques consomment de l’énergie.
L’énergie libre de formation et le calcul de ∆G0' Pour calculer l’énergie libre d’une réaction, il faut connaître l’énergie libre des réactifs et des produits de cette réaction. C’est l’énergie libre de formation (Gf0), énergie libérée (ou au contraire consommée) lors de la formation d’une molécule donnée à partir de ses éléments. Le tableau 5.5 donne quelques exemples de valeurs de Gf0. Par convention, l’énergie libre de formation des composés sous leur forme la plus simple (par exemple C, H2, N2) est égale à zéro. Cependant, la valeur de Gf0 des différents composés n’est pas nulle. Si la formation d’un composé à partir de ses éléments est exergonique, la valeur de Gf0 est négative (de l’énergie est libérée). Si la réaction est endergonique (de l’énergie est nécessaire), la valeur de Gf0 est positive. La plupart des composés ont une Gf0 négative. Ils se forment spontanément à partir de leurs éléments. Ainsi, le Gf0 pour l’oxyde nitreux est positif (+ 104,2 kJ/mol – voir tableau 5.5), ce qui indique que cette molécule ne se forme pas spontanément, mais se décompose d’elle-même en azote et oxygène. Les énergies libres de formation des composés les plus importants en microbiologie sont données dans l’annexe 1. Il est possible de calculer la variation d’énergie libre standard (∆G0') d’une réaction donnée à partir des énergies libres de formation. Pour la réaction A + B C + D, ∆G0' est calculé en soustrayant la somme des énergies libres de formation des réactifs (A et B) de celle de leurs produits (C et D). Ainsi : ∆G0' = Gf0 [C + D] – Gf0 [A + B] C’est un moyen simple de calculer la variation d’énergie libre d’une réaction chimique. Il faut cependant que la réaction soit
TABLEAU 5.5
ÉNERGIE LIBRE DE FORMATION DE QUELQUES COMPOSÉS D’INTÉRÊT BIOLOGIQUE
Composé
Énergie libre de formationa
Eau (H2O)
– 237,2
Dioxyde de carbone (CO2)
– 394,4
Gaz hydrogène (H2) Gaz oxygène (O2) Ammonium (NH4+)
0 0 – 79,4
Oxyde nitreux (N2O)
+ 104,2
Acétate (C2H3O2–)
– 369,4
Glucose (C6H12O6)
– 917,3
Méthane (CH4)
– 50,8
Méthanol (CH3OH)
– 175,4
Les valeurs d'énergie libre de formation (Gf0) sont exprimées en kJ/mol. Le tableau A1.1 présente une liste plus complète d'énergies libres de formation.
a
en équilibre chimique avant d’effectuer ces calculs (voir annexe 1).
∆G0' ou ∆G Le calcul de l’énergie libre dans les conditions standard donne seulement une approximation de la variation d’énergie libre d’une réaction dans les conditions naturelles. Il donne généralement une bonne estimation des variations d’énergie libre, mais ne peut être généralisé. En effet, dans le milieu naturel, les concentrations en produits et réactifs sont rarement de 1 M, ce qui peut modifier l’énergétique des réactions de façon parfois significative (voir sections 17.21, 19.10 et annexe 1). Dans ce cas, le ∆G, variation d’énergie libre dans les conditions naturelles de croissance de l’organisme, est plus approprié que le ∆G0' pour le calcul des énergies libres. L’équation suivante tient compte des concentrations réelles des réactifs et des produits de la réaction : ∆G = ∆G0' + RT ln K où R et T sont des constantes physiques et K la constante d’équilibre de la réaction (voir annexe 1).
Contrôlez vos acquis Les réactions chimiques des cellules sont accompagnées de variations d’énergie, exprimées en kilojoules. Une réaction chimique peut libérer de l’énergie (exergonique) ou en consommer (endergonique). •
Qu’appelle-t-on énergie libre ?
•
D’une manière générale, les réactions du catabolisme sont-elles exergoniques ou endergoniques ?
•
À partir des données du tableau 5.5, calculez les valeurs de ∆G0' pour la réaction CH4 + 1- O2 → 2 CH3OH. Quelle est la différence entre ∆G0' et ∆G ?
m n5.5 Les enzymes et la catalyse Le calcul de l’énergie libre indique seulement si l’énergie est libérée ou, au contraire, consommée pendant le déroulement d’une réaction. La valeur obtenue ne renseigne en rien sur la vitesse de cette réaction. Considérons la formation de l’eau à partir d’oxygène et d’hydrogène gazeux. La réaction est favorable du point de vue énergétique : H2 + 1--- O2 → H2O, ∆G0' = – 237 kJ. Cependant, 2 si nous mélangeons O2 et H2 dans une bouteille, il ne se forme pas d’eau, même au bout de plusieurs années. En effet, les liaisons chimiques entre les atomes de O2 et de H2 doivent être rompues pour permettre leur réarrangement lors de la formation d’eau. La rupture de ces liaisons demande de l’énergie, appelée énergie d’activation. L’énergie d’activation d’une réaction chimique est l’énergie nécessaire pour activer toutes les molécules de réactifs (voir figure 5.5). La barrière d’énergie d’activation, qui ne peut théoriquement être surmontée en l’absence de catalyseur, est beaucoup plus facilement dépassée en présence d’un catalyseur approprié (voir figure 5.5).
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Énergie libre
5.5 Les enzymes et la catalyse
Énergie d’activation – sans enzyme
De nombreuses réactions qui se produisent chez les organismes vivants seraient bien trop lentes sans catalyse. Les catalyseurs biologiques sont appelés enzymes. Ce sont des protéines (dans quelques cas, des ARN) hautement spécifiques des réactions qu’elles catalysent. Chaque enzyme catalyse en effet un seul type de réaction ou, parfois, une famille de réactions. Cette spécificité fonctionnelle résulte de la structure tridimensionnelle de la molécule d’enzyme. Dans une réaction catalysée par une enzyme, l’enzyme se lie avec le réactif, appelé substrat (S), pour former un complexe enzyme-substrat. Puis le produit (P) est libéré et l’enzyme (E) retrouve son état initial :
Énergie d’activation avec enzyme
Substrats (A + B)
111
∆G0′= Gf0(C + D) – Gf0(A + B)
E + S ↔ E–S ↔ E + P Produits (C + D) Évolution de la réaction FIGURE 5.5 Déroulement d’une réaction exergonique hypothétique : A + B → C + D et concept d’énergie d’activation. Les réactions chimiques ne peuvent se produire spontanément, même si elles libèrent de l’énergie, parce que les réactifs doivent être préalablement activés. Après activation, la réaction se déroule spontanément. Des catalyseurs tels que les enzymes abaissent l’énergie d’activation.
Les enzymes Du point de vue biochimique, un catalyseur est une substance qui diminue l’énergie d’activation d’une réaction, accélérant de cette façon la vitesse de cette réaction. Les catalyseurs facilitent les réactions, sans pour autant être consommés ni transformés pendant le processus. De plus, ils ne modifient ni l’énergie, ni l’équilibre des réactions, mais seulement leur vitesse.
P O H2C
La taille d’une enzyme est généralement bien plus grande que celle de son (ou ses) substrat(s), et l’association entre l’enzyme et son (ses) substrat(s) dépend de liaisons faibles, comme les liaisons hydrogène, les forces de van der Waals et les interactions hydrophobes (voir section 3.1). La partie de l’enzyme sur laquelle se fixent le(s) substrat(s) est appelée site actif de l’enzyme.
La catalyse enzymatique Le pouvoir catalytique des enzymes est impressionnant. Les enzymes accélèrent la vitesse des réactions de 108 à 1020 fois. Pour catalyser une réaction donnée, une enzyme doit : 1) fixer le substrat approprié, et 2) orienter correctement le substrat par rapport aux acides aminés du site actif, qui participent au processus catalytique. Après la fixation de substrat sur l’enzyme, cette dernière (voir figure 5.6) exerce des contraintes sur des liaisons spécifiques du(des) substrat(s). La formation du complexe enzyme-substrat abaisse l’énergie d’activation nécessaire à la transformation de(s) substrat(s) en
Glycéraldéhyde 3-P O
OH
CHO
OH
H 2C
OH P
CH2OH C=O
HCOH
CH2 O P
Fructose 1,6-diphosphate (substrat)
Dihydroxyacétone-P
O H2 C
OH
O OH CH2
OH
O
P P
O H2 C
OH
O OH
O
O
O
P
Produits
OH
CH2
H2C
P
P
P
O H2 C O
OH
OH
OH OH
CH2 O
P
Site actif Complexe enzyme-substrat
Aldolase libre
Aldolase libre
FIGURE 5.6 Le cycle catalytique d’une enzyme : exemple de la fructose diphosphate aldolase. Cette enzyme de la glycolyse catalyse la réaction : fructose 1,6-diphosphate → glycéraldéhyde 3-phosphate + dihydroxyacétone phosphate (voir figure 5.14). La fixation du fructose 1,6-diphosphate entraîne la formation d’un complexe enzyme-substrat qui modifie la conformation de l’enzyme ; ce changement génère des tensions au niveau de certaines liaisons du substrat, qui se rompent, donnant ainsi naissance aux deux produits.
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112 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
produit(s) [voir figure 5.5]. L’exemple de la fructose diphosphate aldolase (voir figure 5.6), enzyme clé de la glycolyse (voir section 5.10), résume bien ces étapes. La réaction décrite dans la figure 5.5 est exergonique parce que l’énergie libre de formation des substrats est supérieure à celle des produits. La synthèse des produits libère donc de l’énergie libre. Les enzymes catalysent également des réactions consommant de l’énergie, transformant des substrats peu énergétiques en produits riches en énergie. Dans ce cas, non seulement la barrière d’énergie d’activation doit être franchie, mais suffisamment d’énergie libre doit être apportée pour amener l’énergie des substrats au niveau de celle des produits. Ce processus repose sur le couplage de la réaction consommant de l’énergie avec une réaction qui produit de l’énergie, comme celle de l’hydrolyse de l’ATP (voir figure 5.12). Théoriquement, les réactions catalysées par les enzymes sont réversibles. En pratique, les enzymes qui catalysent des réactions très exergoniques ou très endergoniques ne fonctionnent que dans une direction. Dans les cellules, la réaction inverse est généralement effectuée par une autre enzyme.
des coenzymes dérivent de vitamines ; le NAD+/NADH, par exemple, dérive d’une vitamine appelée niacine. Les noms des enzymes se rapportent, soit à leur substrat, soit à la réaction qu’elles catalysent, et se terminent par le suffixe -ase. Ainsi, la cellulase est une enzyme qui catalyse la dégradation de la cellulose, la glucose oxydase est une enzyme qui catalyse l’oxydation du glucose et la ribonucléase est une enzyme qui dégrade les acides ribonucléiques. Les biochimistes emploient une nomenclature plus précise, fondée sur une numérotation spécifique dépendant du type de réaction chimique et de la nature des substrats.
Contrôlez vos acquis Dans une réaction chimique, les réactifs doivent préalablement être activés par un catalyseur avant que la réaction ne démarre. Les enzymes sont des protéines catalytiques qui accélèrent la vitesse des réactions biochimiques. La haute spécificité des enzymes résulte de la structure spatiale du (ou des) polypeptides constitutifs.
La structure et la nomenclature des enzymes
•
Quelle est la fonction d’un catalyseur ?
Presque toutes les enzymes sont des protéines (voir sections 3.6 à 3.8), polymères d’acides aminés. La structure tridimensionnelle des enzymes détermine leur fonction enzymatique. Une protéine donnée a donc des propriétés physiques et catalytiques spécifiques. La modélisation de la structure spatiale d’une enzyme peut être réalisée à l’aide d’outils informatiques (voir figure 5.7). Dans l’exemple du lysozyme, enzyme qui coupe le peptidoglycane (voir section 4.8), la crevasse correspond au site de fixation du substrat (le site actif). Beaucoup d’enzymes ont besoin de petites molécules non protéiques, qui participent à la catalyse mais qui ne sont pas à proprement parler des substrats. Ces petites molécules sont divisées en deux classes, selon leur mode d’association avec l’enzyme : les groupements prosthétiques et les coenzymes. Les groupements prosthétiques sont liés très fortement aux enzymes et de façon permanente par des liaisons covalentes. L’hème des cytochromes (voir section 5.11) est un exemple de groupement prosthétique. Les coenzymes, au contraire, sont liés aux enzymes par des liaisons faibles et un coenzyme peut passer d’une molécule d’enzyme à une autre. La plupart
•
À quelle(s) classe(s) de macromolécules appartiennent les enzymes ?
•
Sur quelle partie de l’enzyme le substrat se fixet-il ?
•
Qu’est-ce que l’énergie d’activation ?
III
OXYDORÉDUCTION ET COMPOSÉS RICHES EN ÉNERGIE
La conservation de l’énergie dans les cellules met en jeu des réactions d’oxydoréduction (redox). L’énergie libérée au cours de ces réactions est emmagasinée sous forme de composés riches en énergie, comme l’ATP.
m n5.6 L’oxydoréduction Pour les chimistes, une oxydation est une perte d’électron(s) par un composé. Une réduction est un gain d’électron(s) par un composé. En biochimie, les réactions d’oxydation et de réduction impliquent fréquemment le transfert d’un électron (e–) et d’un proton (H+).
Richard Feldmann
Les donneurs et les accepteurs d’électrons
FIGURE 5.7 Modèle compact d’une enzyme, le lysozyme. Le site de fixation (site actif) du substrat (peptidoglycane) est situé dans la grande fissure (comme l’indique la flèche), du côté gauche du modèle (voir section 4.8).
On parle d’oxydoréduction quand, dans une réaction, les électrons libérés par un donneur d’électrons sont captés par un accepteur d’électrons. Si, par exemple, le donneur d’électrons est l’hydrogène gazeux (H2), il peut céder ses électrons et ses protons en s’oxydant : H2 → 2e– + 2H+ Cependant, les électrons ne peuvent pas exister à l’état libre dans une solution ; ils doivent appartenir à un atome ou à une molécule. L’équation ci-dessus donne une information chimique, mais ne
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5.6 L’oxydoréduction 113
représente pas, à elle seule, la réaction. Cette demi-réaction doit être couplée à une deuxième demi-réaction, car oxydation et réduction ont toujours lieu ensemble. Ainsi, l’oxydation de H2 peut être couplée à la réduction de nombreux composés, dont O2 : 1 – + --- O2 + 2e + 2H → H2O 2
Cette demi-réaction, qui est une réduction, peut être couplée à l’oxydation de H2, ce qui donne : H2 + 1--- O2 → H2O 2
Dans ce type de réaction, le composé oxydé, dans le cas présent H2, est le donneur d’électrons, et le composé réduit, dans le cas présent O2, est l’accepteur d’électrons (voir figure 5.8). Pour comprendre une réaction d’oxydoréduction, il faut prendre en compte les demi-réactions qui la composent. Dans une réaction redox, il doit toujours y avoir une réaction impliquant un donneur d’électrons et une autre impliquant un accepteur d’électrons.
Les potentiels de réduction Les composés diffèrent par leur capacité à être oxydés ou réduits. Cette tendance est exprimée par le potentiel de réduction (E0’ dans les conditions standard) de la demi-réaction. Ce potentiel est mesuré en volts (V) par rapport à un composé standard, H2. Par convention, on calcule les potentiels de réduction de la demi-réaction de réduction. Si des protons sont impliqués dans la réaction, et c’est souvent le cas, le potentiel de réduction dépend, jusqu’à un certain point, de la concentration en ions hydrogène (pH). Par convention, en biologie, les potentiels de réduction sont donnés à pH 7 parce que le pH cytoplasmique est neutre ou voisin de la neutralité. Dans ce cas, à pH 7, le E0’ de 1 + – --- O2 + 2H + 2 e → H2O 2
est égal à + 0,816 volts (V), et le E0’ de 2H+ + 2e– → H2
est de – 0,421 V. Ces valeurs indiquent que O2 est un excellent accepteur d’électrons et H2, un excellent donneur d’électrons (voir figure 5.8).
Les couples d’oxydoréduction et les réactions redox De nombreuses molécules peuvent se comporter comme des donneurs d’électrons ou des accepteurs d’électrons, selon les
1. H2
2. –12 O2 + 2 e–
2 e– + 2 H+
Demi-réaction d’oxydation (donne un ou plusieurs électrons)
2–
O
Demi-réaction de réduction (accepte un ou plusieurs électrons) Donneur d’électrons
3. 2 H+ +
O
2–
Formation d’eau
H2O
4.
H2 + –12 O2
Accepteur d’électrons H2O
Réaction globale
FIGURE 5.8 Exemple d’une réaction d’oxydoréduction. Formation de H2O à partir du donneur d’électrons H 2 et de l’accepteur d’électrons O2.
substances avec lesquelles elles réagissent. Les molécules impliquées dans les demi-réactions et situées de chaque côté de la flèche forment un couple redox, par exemple 2H+/H2 et 1 --- O2/H2O. Par convention, un couple redox s’écrit toujours 2 avec la forme oxydée à gauche. Quand on construit une réaction d’oxydoréduction à partir de ses demi-réactions, le composé réduit d’un couple redox dont le E0' est plus négatif donne ses électrons au composé oxydé d’un couple redox dont le E0’ est plus positif. Ainsi, dans le couple 2H+/H2 (E0’ – 0,42 V), H2 a une plus grande tendance à céder ses électrons que les protons à accepter des électrons. Dans le couple 1--- O2/H2O (E0’ + 0,82 V), H2O a peu 2 tendance à céder ses électrons, tandis que O2 en accepte très facilement. En conséquence, dans une réaction impliquant H2 et O2, H2 sera le donneur d’électrons et sera oxydé, et O2 sera l’accepteur d’électrons et sera réduit (voir figure 5.8). Par convention, toutes les demi-réactions sont écrites sous la forme de réductions. Cependant, dans une réaction redox, une des demi-réactions est une oxydation et doit donc être écrite dans la direction opposée. Par exemple, dans la réaction de la figure 5.8, l’oxydation de H2 en 2H+ + 2e– est l’inverse de la réaction partielle de réduction.
La tour des électrons Un bon moyen pour visualiser les réactions de transfert d’électrons dans les systèmes biologiques et leur niveau d’énergie est d’imaginer une tour (voir figure 5.9). La tour représente les valeurs que peuvent prendre les potentiels de réduction (E0’) des couples redox rencontrés en milieu naturel, en partant des plus négatifs au sommet vers les plus positifs à la base. Le composé réduit d’un couple redox situé au sommet de la tour est celui qui a la plus forte tendance à donner ses électrons, tandis que le composé oxydé d’un couple situé en bas de la tour est celui qui en accepte le plus facilement. Lorsque les électrons d’un donneur d’électrons situé dans la partie haute de la tour « tombent », ils peuvent être « captés » par les différents accepteurs situés au-dessous. La différence de potentiel de réduction entre deux composés de la tour est exprimée par ∆E0’. Plus le chemin parcouru par les électrons entre le donneur et l’accepteur est long, plus la quantité d’énergie libérée est élevée. ∆E0’ est donc proportionnel à ∆G0’ (voir figure 5.9). L’oxygène (O2), situé à la base de la tour, est l’accepteur d’électrons le plus favorable rencontré en abondance dans le milieu naturel. Au milieu de la tour, les couples redox peuvent se comporter soit comme des accepteurs, soit comme des donneurs d’électrons, en fonction des couples redox avec lesquels ils réagissent. Le couple 2H+/H2, par exemple (– 0,42 V), peut réagir avec le couple fumarate/ succinate (+ 0,02 V) comme suit : H2 + fumarate2– → succinate2En revanche, l’oxydation du succinate en fumarate peut être couplée à la réduction de NO3– ou de 1--- O2 : 2
Succinate2– + NO3– → fumarate2– + NO2– + H2O Succinate2– + 1--- O2 → fumarate2– + H2O 2
Ainsi, en présence de H2 et en conditions anoxiques, le fumarate se comporte comme un accepteur d’électrons (produisant
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114 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
Exemples de réactions avec H2 comme donneur e–
Couple redox
E0′ (V)
CO2/glucose (–0,43) 24 e– 2H+/H (–0,42) 2 e–
– 0,50
2
succinate2–
(1) H2 + fumarate2– ∆G0
′
=
(1)
– 86 kJ
– 0,40
CO2/méthanol (–0,38) 6 e– NAD+/NADH (–0,32) 2 e–
– 0,30
CO2/acétate (–0,28) 8 e–
– 0,20
S0/H2S (–0,28) 2 e– SO 2–/H S (–0,22) 8 e– 4
– 0,10
2
Pyruvate/lactate (–0,19) 2
e–
0,0
S4O62–/S2O32– (+0,024) 2 e–
(2) H2 +
NO3– 0′
NO2–
Fumarate/succinate (+0,03) 2 e–
+ H2O
(2)
Cytochrome box/red (+0,035) 1
e–
Fe3+/Fe2+ (+0,2) 1 e–, (pH 7)
∆G = – 163 kJ
Ubiquinoneox/red (+0,11) 2 e– Cytochrome cox/red (+0,25) 1 e
+ 0,10 + 0,20 + 0,30
–
Cytochrome aox/red (+0,39) 1 e– NO3–/NO2– (+0,42) 2 e–
+ 0,40 + 0,50 + 0,60
1 (3) H2 + 2 O2
H2O
1 NO3–/ 2 N2 (+0,74) 5 e–
(3)
0′
∆G = – 237 kJ
Fe3+/Fe2+ (+0,76) 1 e–, (pH 2) 1 2
+ 0,70 + 0,80
–
O2/H2O (+0,82) 2 e
+ 0,90
FIGURE 5.9 La « tour des électrons ». Les couples redox des agents réducteurs les plus puissants (potentiels de réduction négatifs) ocupent le sommet et les couples redox des agents oxydants les plus puissants (potentiels de réduction positifs) sont à la base. Les électrons cédés par les donneurs situés plus haut dans la tour peuvent être captés par tous les accepteurs situés plus bas. Plus la distance parcourue par les électrons est grande, plus la différence de potentiel entre le donneur et l’accepteur est élevée et plus l’énergie libérée est importante. Dans l’exemple ci-dessus, on voit sur la gauche les quantités d’énergie libérées quand un donneur d’électrons, H2, réagit avec trois accepteurs d’électrons : le fumarate, le nitrate ou l’oxygène.
du succinate). Dans d’autres conditions (par exemple en anoxie et en présence de NO3– ou en présence d’oxygène), le succinate se comporte comme un donneur d’électrons (produisant du fumarate). De nombreux micro-organismes (dont Escherichia coli) effectuent toutes ces réactions qui impliquent le fumarate et le succinate en fonction de certaines conditions nutritionnelles et environnementales.
Donneur d’électrons ↔ Source d’énergie Les donneurs d’électrons sont souvent appelés sources d’énergie parce que leur oxydation libère de l’énergie. Il existe de nombreux donneurs d’électrons potentiels dans le milieu naturel, composés organiques et inorganiques (voir chapitres 17 et 19). En réalité, ce n’est pas le donneur d’électron lui-même qui contient de l’énergie, c’est la réaction chimique pendant laquelle le donneur d’électrons s’oxyde qui libère de l’énergie. En effet, la quantité d’énergie libérée au cours d’une réaction redox dépend à la fois du donneur et de l’accepteur d’électrons. Plus la différence entre les potentiels de réduction des deux réactions partielles est importante, plus
l’énergie libérée dans une réaction redox est élevée (voir figure 5.9 et annexe 1).
Contrôlez vos acquis Les réactions d’oxydoréduction sont accompagnées d’un transfert d’électrons entre un donneur et un accepteur d’électrons. La tendance d’un composé à accepter ou à donner des électrons est exprimée par son potentiel de réduction E0’. •
Dans la réaction H2 + 1- O2 → H2O, quel est le 2 donneur d’électrons et quel est l’accepteur d’électrons ?
•
Quel est le E0’ du couple 2H+/H2 ? Les protons sontils de bons accepteurs d’électrons ? Pourquoi ?
•
Pourquoi le nitrate (NO3–) est-il un meilleur accepteur d’électrons que le fumarate ?
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5.7 Un transporteur d’électrons, le NAD+ 115
m n
5.7 Un transporteur d’électrons, le NAD+
Dans les réactions redox, le transfert d’électrons requiert un ou plusieurs intermédiaires, appelés transporteurs. Quand de tels transporteurs sont utilisés, le donneur initial est appelé donneur primaire d’électrons, et l’accepteur final, accepteur terminal d’électrons. La variation d’énergie de l’ensemble des réactions est déterminée par la différence de potentiel de réduction entre le donneur primaire et l’accepteur terminal. Les transporteurs d’électrons peuvent être séparés en deux catégories : ceux qui diffusent librement (les coenzymes) et ceux qui sont liés par covalence aux enzymes de la membrane
NADH + H+
O
HH
C
H H
N
cytoplasmique (les groupements prosthétiques). Ces derniers participent aux réactions de transport d’électrons associées à la membrane (voir section 5.11). Parmi les transporteurs d’électrons qui diffusent librement, les coenzymes nicotinamide-adénine dinucléotide (NAD+) et le NAD-phosphate (NADP+) sont les plus représentatifs (voir figure 5.10). Le NAD+ et le NADP+ sont des transporteurs d’électrons et de protons, transportant en même temps 2e– et 2H+. Le potentiel de réduction du couple NAD+/NADH (ou NADP+/NADPH) est de – 0,32 V, ce qui le place assez haut dans la tour d’oxydoréduction. Le NADH (ou NADPH) est donc un donneur d’électrons performant. Cependant, bien que les potentiels de réduction des couples NAD+ et NADP+ soient identiques, le rôle biologique de ces coenzymes est
Réaction 1. L’enzyme I réagit avec le substrat (donneur d’électrons) et avec la forme oxydée du coenzyme, NAD+.
NH2 + H+
Réaction 2. L’enzyme II réagit avec le substrat (accepteur d’électrons) et avec la forme réduite du coenzyme, NADH.
H
Site de fixation Site actif du NAD+
Site de fixation du NADH
Site actif
R 2 H (2 H+ + 2 e–)
Oxydé
NAD+
H Nicotinamide
P
+ N
O
Enzyme II
O C
H H
O HO
Enzyme I
Réduit
NH2
NAD+
H
Substrat (donneur d’électrons)
NADH
Substrat (accepteur d’électrons)
O
CH2
Ribose OH
O HO
P O
OH
NH2 N
O
O
CH2
N
N
Adénine
Ribose OH
N
Complexe enzyme-substrat
Complexe enzyme-substrat
OH
HO P
O
OH
Groupement phosphate présent seulement dans le NADP+ FIGURE 5.10 Structure de la nicotinamide adénine dinucléotide (NAD+), coenzyme d’oxydoréduction . Le NADP+ possède un groupement phosphate, indiqué en bleu. Le NAD + et le NADP+ sont tous les deux des coenzymes d’oxydoréduction qui diffusent librement et transportent 2e– + 2H+. « R », dans la partie supérieure de la figure, correspond à l’adénine-nucléotide présent dans le NAD+, la partie inférieure de la figure montrant la formule complète du NAD+.
+ NADH
Substrat oxydé
Enzyme et produits
+ NAD+
Substrat réduit
Enzyme et produits
FIGURE 5.11 Schéma d’une réaction d’oxydoréduction. Cette réaction implique les formes oxydées et réduites du coenzyme nicotinamide-adénine dinucléotide, NAD + et NADH.
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116 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
sensiblement différent. Le couple NAD+/NADH est impliqué dans les réactions produisant de l’énergie (catabolisme), tandis que le couple NADP+/NADPH intervient principalement dans les réactions de biosynthèse (anabolisme).
Le cycle du NAD+/NADH La diversité des réactions redox est augmentée grâce aux coenzymes. En effet, dans un système redox, une première molécule peut servir de donneur primaire et une deuxième d’accepteur terminal, par l’intermédiaire d’un coenzyme. Dans le cas du NAD+/NADH par exemple, les électrons donnés par une première molécule peuvent réduire le NAD+ en NADH ; celui-ci peut ensuite être converti en NAD+ par une deuxième molécule jouant le rôle de donneur d’électrons. Le schéma de la figure 5.11 décrit le fonctionnement du couple NAD+/NADH dans un tel système. NAD+ et NADH sont seulement des intermédiaires dans le processus ; ils facilitent la réaction mais ne sont pas consommés. Ainsi, à l’inverse du donneur primaire et de l’accepteur terminal, qui doivent être présents en concentrations relativement élevées, de petites quantités de NAD+ et NADH suffisent à assurer le fonctionnement des enzymes qui utilisent ces coenzymes pour effectuer leur catalyse.
Contrôlez vos acquis Dans une cellule, le transfert d’électrons d’un donneur vers un accepteur met en jeu un ou plusieurs électrons. Certains transporteurs d’électrons sont fixés aux membranes, d’autres en revanche, comme le NAD+/NADH, diffusent librement, transférant des électrons d’un endroit de la cellule à un autre. •
Le NADH est-il un meilleur donneur d’électrons que H2 ? Argumentez en vous basant sur les données de la figure 5.9.
composés riches en énergie m n5.8 Les et le stockage de l’énergie L’énergie libérée par les réactions redox doit être stockée par les cellules afin d’être utilisée par les différents processus consommant de l’énergie. Chez les organismes vivants, l’énergie chimique fournie par les réactions redox est d’abord stockée sous la forme de composés phosphorylés, et en particulier sous forme d’ATP. De tels composés sont dits riches en énergie parce que le potentiel d’énergie libéré par l’hydrolyse des liaisons phosphates est plus élevé que celui de la plupart des réactions chimiques cellulaires. Dans les composés phosphorylés, des liaisons ester ou anhydride lient les groupements phosphates à des atomes d’oxygène (voir figure 5.12). Cependant, toutes les liaisons phosphates ne sont pas riches en énergie. L’énergie d’une liaison phosphate est représentée par l’énergie libre libérée au cours de l’hydrolyse du phosphate. Comme le montre la figure 5.12, le ∆G0’ correspondant à l’hydrolyse de la liaison phosphoester du glucose 6-phosphate est seulement de – 13,8 kJ/mol. En revanche, le ∆G0’
correspondant à l’hydrolyse de la liaison phosphoanhydride du phosphoénolpyruvate est de – 51,6 kJ/mol, soit presque quatre fois plus. Ainsi, contrairement au glucose 6-phosphate, qui est un ester phosphate, le phosphoénolpyruvate est un anhydride phosphate (voir tableau 3.1), riche en énergie. Bien que, théoriquement, n’importe quel composé puisse être hydrolysé pour fournir de l’énergie, les cellules utilisent généralement comme « monnaie » énergétique des composés dont le ∆G0’ est supérieur à –30 kJ/mol (voir figure 5.12 et tableau 17.6).
L’adénosine triphosphate (ATP) Dans les cellules, le principal composé phosphorylé riche en énergie est l’adénosine triphosphate (ATP). L’ATP est un ribonucléoside adénylique lié à une chaîne de trois groupements phosphates (voir figure 5.12). C’est la principale forme d’énergie des cellules, produite par les réactions exergoniques et consommée dans certaines réactions endergoniques. Dans l’ATP (voir figure 5.12), deux des liaisons phosphates sont des liaisons phosphoanhydrides dont les énergies libres d’hydrolyse sont supérieures à 30 kJ. Les réactions ATP → ADP + Pi, et ADP → AMP + Pi libèrent chacune environ 32 kJ/mol (voir figure 5.12). Quel est, dans une cellule, le coût énergétique de la synthèse de l’ATP ? Dans une cellule en phase de croissance, le rapport ATP/ADP reste élevé, aux environs de 1 000. En conséquence, l’énergie nécessaire (donnée par ∆G – voir section 5.4) à la synthèse d’une mole d’ATP est de l’ordre de – 55 à – 60 kJ. Néanmoins, dans ce chapitre, nous resterons dans les « conditions standard » (∆G0’) et retiendrons la valeur de 32 kJ/mole pour la synthèse ou l’hydrolyse de l’ATP.
Le coenzyme A En dehors des composés phosphorylés riches en énergie, la cellule synthétise d’autres composés capables de stocker l’énergie produite par les réactions exergoniques. Parmi ceux-ci, figurent les dérivés du coenzyme A (par exemple, l’acétyl-CoA ; voir sa structure figure 5.12). Les dérivés du coenzyme A possèdent une liaison thioester (voir figure 5.12 et tableau 3.1), dont l’hydrolyse fournit suffisamment d’énergie pour permettre la synthèse d’une liaison phosphate riche en énergie. Par exemple, dans la réaction : acétyl-S-CoA + H2O + ADP + Pi → acétate– + HS-CoA + ATP + H+ l’énergie libérée par l’hydrolyse du coenzyme A est utilisée pour synthétiser l’ATP. Les dérivés du coenzyme A (l’acétylCoA est l’un d’eux) jouent un rôle important chez les organismes anaérobies, surtout chez ceux dont le métabolisme énergétique implique des réactions de fermentation (voir sections 5.10, 17.19 et 17.20).
Le stockage à long terme de l’énergie L’ATP est continuellement hydrolysé pour faire fonctionner les réactions de biosynthèse, et resynthétisé au cours des réactions cataboliques. La teneur en ATP dans les cellules en croissance est cependant relativement faible, d’environ deux millimolaires (mM). Pour le stockage d’énergie à plus long terme, les micro-organismes synthétisent des polymères insolubles qui, par hydrolyse, peuvent produire de l’ATP.
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5.9 La conservation de l’énergie : les options 117 NH2
O– CH2
COO–
C
–O
O –O
P O
O– O P
O P
O
N
N
O–
CHO N
Liaisons anhydrides Liaison ester N
HCOH
H3C
O–
Phosphoénolpyruvate
OH
O–
C
O
–
Glucose-6-phosphate
Adénosine triphosphate (ATP)
Liaison thioester
~
O
CH3 C S Acétyl
H (CH2)2 N C
β-Mercaptoéthylamine
O–
Acétyl phosphate
Composé
O
P O
O
O OH
O
Liaison anhydride O
CH2 O P
O
O–
P
Liaison ester
OHCH HCOH
OH
O CH2
HCOH
O H (CH2)2 N C (CH2)3 O R Acide pantothénique
Acétyl-CoA
∆G0′ kJ/mol
∆G0′ > 30kJ Phosphoénolpyruvate 1,3-diphosphoglycérate Acétyl phosphate ATP ADP Acétyl CoA
– 51,6 – 52,0 – 44,8 – 31,8 – 31,8 – 31
∆G0′ < 30kJ AMP Glucose 6-phosphate
– 14,2 – 13,8
FIGURE 5.12 Quelques composés importants pour la transformation de l’énergie dans les cellules. Le tableau représentant les énergie libres d’hydrolyse de quelques esters et anhydrides clés du phosphate montre que certaines de ces liaisons phosphoester sont très énergétiques. La position de ces liaisons est indiquée pour quatre de ces composés. L’ATP possède trois groupements phosphates, dont deux ont des énergies libres d’hydrolyse > 30kJ. L’énergie libre de la liaison thioester entre le carbone et le soufre de l’acétyl-CoA (un coenzyme) est également > 30kJ. Le groupement « R » de l’acétyl-CoA est un groupement 3’ phospho ADP.
Parmi les composés destinés au stockage à long terme de l’énergie, citons un polymère de glucose, le glycogène (voir figure 3.6), des polymères lipidiques, le poly-β-hydroxybutyrate et autres polyhydroxyalcanoates (voir figure 4.52), ainsi que le soufre élémentaire, emmagasiné par de nombreuses bactéries chimiolithotrophes (voir figure 2.10b). Ces polymères s’accumulent dans la cellule sous la forme de gros granules visibles au microscope optique ou électronique (voir section 4.11). Chez les eucaryotes unicellulaires, les principaux composés de réserve sont un polymère du glucose, l’amidon (voir figure 3.6) ou des lipides sous forme de graisses simples (voir figure 3.7). Lorsqu’elles ne disposent pas d’une source d’énergie externe, les cellules oxydent ces polymères pour fabriquer leur nouvelle matière cellulaire, ou, si elles sont en phase stationnaire de croissance, l’énergie nécessaire au maintien de l’intégrité cellulaire, ou énergie de maintenance.
Contrôlez vos acquis L’énergie libérée par les réactions redox est stockée sous la forme de quelques composés possédant des liaisons phosphates ou soufres riches en énergie. Le premier de ces composés est l’ATP ; c’est la principale forme d’énergie des cellules. Le stockage à long terme est lié à la formation de polymères, qui peuvent être consommés pour produire de l’ATP. •
Combien d’énergie est libérée par la conversion d’ATP en ADP + Pi ? Par la conversion d’une mole d’AMP en adénosine et Pi ?
•
Après des périodes d’abondance en nutriments, comment les cellules se préparent-elles à des périodes de jeûne ?
IV
PRINCIPALES VOIES CATABOLIQUES, TRANSPORT D’ÉLECTRONS ET FORCE PROTON-MOTRICE
La force proton-motrice, processus clé de la respiration aérobie et anaérobie et autres processus cataboliques, (photosynthèse et chimolithotrophie) produit de l’ATP, mais alimente également un certain nombre d’autres fonctions cellulaires, incluant les transports et la motilité cellulaire (voir sections 4.7 et 4.14 à 4.16).
de l’énergie : m n5.9 Lalesconservation options Les chimio-organotrophes utilisent deux mécanismes de conservation de l’énergie : la fermentation et la respiration. Dans chacun de ces mécanismes, l’ATP est synthétisé à partir de l’énergie libérée par les réactions d’oxydoréduction. Cependant les réactions redox de la fermentation sont différentes de celles de la respiration. Dans la fermentation, la réaction d’oxydation est obligatoirement couplée à la réduction d’un composé dérivé du donneur d’électrons. Dans la respiration, au contraire, c’est un accepteur d’électrons exogène, soit l’oxygène moléculaire ou un autre accepteur d’électrons, qui
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118 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
est réduit. Fermentation et respiration fournissent des quantités très différentes d’énergie : dans la fermentation, la quantité d’énergie disponible reste limitée.
La phosphorylation au niveau du substrat et la phosphorylation oxydative Il n’y a pas que les accepteurs d’électrons qui diffèrent dans la respiration et la fermentation, mais aussi les mécanismes de synthèse de l’ATP. Dans la fermentation, l’ATP est produit par phosphorylation au niveau du substrat. Dans ce processus, l’ATP est synthétisé au cours de différentes étapes conduisant à la dégradation d’un composé organique (voir figure 5.13). Dans la phosphorylation oxydative, au contraire, l’ATP est produit aux dépens de la force protonmotrice (voir figure 5.13b). Chez les organismes phototrophes, l’ATP peut également être synthétisé par photophosphorylation. Dans ce processus, la lumière, et non un composé chimique, est utilisée par les réactions redox pour générer la force proton-motrice.
A
Composés intermédiaires de la voie biochimique
B
Pi
B~P C~P
ADP
D + ATP (a) Phosphorylation au niveau du substrat
– –
–– –––––––––– – ––––––––––––
++
––
+ ++
+++++++++++
++
+++++++++++
+
ATP +
–
–
+
+
+
–
–
––
+
–
–
–
+
–
Membrane moins polarisée
+
+
•
Dans quel processus de synthèse d’ATP la membrane cytoplasmique est-elle mise à contribution ? Pourquoi ?
•
En quoi la phosphorylation au niveau du substrat diffère-t-elle de la phosphorylation oxydative ?
5.10 Un exemple de fermentation : m n la glycolyse La glycolyse, ou voie de Embden-Meyerhof, du nom des spécialistes qui l’ont mise en évidence, est la plus commune de toutes les voies biochimiques de fermentation du glucose (les autres voies sont décrites au chapitre 17). C’est un processus anoxique qui peut être divisé en trois phases, comprenant chacune une série de réactions catalysées par des enzymes spécifiques (voir figure 5.14). La phase I correspond à une série de réactions préparatoires qui n’impliquent pas d’oxydoréduction et ne libèrent pas d’énergie, mais qui aboutissent à la formation, à partir du glucose, d’un intermédiaire clé, le glycéraldéhyde 3-phosphate. Les réactions d’oxydoréduction de la phase II libèrent de l’énergie, emmagasinée sous forme d’ATP, et deux molécules de pyruvate. Dans la phase III, d’autres réactions d’oxydoréduction forment les produits de fermentation (voir figure 5.14).
Les phases I et II : réactions préparatoires et réactions redox
ADP + Pi
+
Les chimio-organotrophes produisent leur énergie par fermentation ou respiration, à partir de l’oxydation de composés organiques. Au cours de ces réactions cataboliques, la synthèse d’ATP se fait à partir de la phosphorylation au niveau du substrat (fermentation) ou de la phosphorylation oxydative (respiration).
+
++
––
Membrane polarisée
+
Contrôlez vos acquis
+ (b) Phosphorylation oxydative
FIGURE 5.13 Conservation de l’énergie au cours de la fermentation et de la respiration. (a) Durant la fermentation, la synthèse d’ATP résulte de la phosphorylation au niveau du substrat ; on ajoute un groupement phosphate à des composés intermédiaires dans la voie biochimique et on le transfère finalement à l’ADP pour former l’ATP. (b) Durant la respiration, la membrane cytoplasmique, activée par la force protonmotrice, utilise une partie de cette énergie pour former de l’ATP à partir d’ADP et de phosphate inorganique (Pi) ; on nomme ce processus phosphorylation oxydative. Le couplage entre la force proton-motrice et la synthèse d’ATP se réalise par un complexe enzymatique membranaire appelé ATP synthase (ATPase) [voir section 5.12 et figure 5.21].
La phase I débute avec la phosphorylation du glucose à partir de l’ATP. Le glucose 6-phosphate formé est converti en l’un de ses isomères, le fructose 6-phosphate. Une deuxième phosphorylation conduit à la formation de fructose 1,6-diphosphate, intermédiaire clé de la glycolyse. Une enzyme, l’aldolase, coupe le fructose 1,6-diphosphate en deux trioses, le glycéraldéhyde 3-phosphate et son isomère, la dihydroxyacétone phosphate ; cette dernière est convertie en glycéraldéhyde 3-phosphate. Ces réactions, dont l’une consomme de l’ATP, ne sont pas des oxydoréductions. La conversion du glycéraldéhyde 3-phosphate en acide 1,3-diphosphoglycérique est la première réaction redox de la glycolyse de la phase II. Dans cette réaction (qui se produit deux fois, avec une réaction par molécule de glycéraldéhyde 3-phosphate), une enzyme à NAD+, la glycéraldéhyde 3phosphate déshydrogénase, accepte 2e– + 2H+ pour former du NADH. Chaque molécule de glycéraldéhyde 3-phosphate est en même temps phosphorylée par incorporation de phosphate inorganique. Cette réaction, au cours de laquelle un phosphate inorganique se change en une forme organique, est
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5.10 Un exemple de fermentation : la glycolyse 119
PHASE I : RÉACTIONS PRÉPARATOIRES AT P
Glucose
ADP
AT P
Hexokinase
Glucose-6-
Isomérase
P
Fructose-6-
ADP
Phosphofructokinase
P
P
Fructose-1,6-
P
Aldolase
Tableaux synthétiques
2
1. Glucose Glucose-6-P 2. Fructose-6-P Fructose-1,6, diphosphate 3. 2 (1,3-diphosphoglycérate) 2(3-Phosphoglycérate) 4. 2 (Phosphoénolpyruvate) 2 Pyruvate
ATP Rendement (produit/consommé) en ATP –1 –1 –1 –2 +2 0 +2 +2
2
2 éthanol + 2 CO2 2 lactate– + 2 H+
Levure Bactéries lactiques
P 1,3-diphosphoglycérate–
2 NADH
2 3-Phosphoglycérate–
P
2 2-Phosphoglycérate–
P
2 AT P
Énolase
2. Lactate : – 196 kJ, avec un rendement de 32 %.
2 Phosphoénolpyruvate–
PHASE III : SYNTHÈSE DES PRODUITS DE FERMENTATION
P
2 ADP
Pyruvate kinase
NADH NAD+
2
Pyruvate–
Lactate deshydrogénase
Lactate–
FIGURE 5.14 Voie de Embden-Meyerhof (glycolyse). Étapes de la conversion du glucose en pyruvate, puis en produits de fermentation (les enzymes figurent en petits caractères). Les produits de la réaction catalysée par l’aldolase sont en réalité le glycéraldéhyde 3-P et la dihydroxyacétone, mais cette dernière est convertie en glycéraldéhyde 3-P. Notez que le pyruvate est le « pivot » central de la glycolyse, tous les produits de fermentation dérivant du pyruvate. Seuls quelques exemples parmi les plus courants sont représentés.
l’étape qui permet la conservation d’énergie par phosphorylation au niveau du substrat. La formation d’ATP est possible parce que chaque phosphate de la molécule d’acide 1,3-diphosphoglycérique a une énergie libre d’hydrolyse > 30 kJ (voir figure 5.12). De l’ATP est synthétisé quand : 1) chaque molécule d’acide 1,3-diphosphoglycérique est convertie en acide 3-phosphoglycérique et 2) quand chaque molécule de phosphoénolpyruvate est transformée en pyruvate (voir figure 5.4). Dans la glycolyse, deux molécules d’ATP sont consommées au cours de la phase I pour phosphoryler deux molécules de glucose, et quatre molécules d’ATP sont formées au cours de la phase II (deux ATP par molécule d’acide 1,3-diphosphoglycérique convertie en pyruvate) [voir figure 5.14]. Le rendement net de la glycolyse est donc de deux molécules d’ATP par molécule de glucose fermentée.
P
2 NAD+
Phosphoglycérokinase
1. Éthanol/CO2 : – 238,8 kJ/mol de glucose fermenté. Approximativement 64 kJ sont stockés sous forme d’ATP, avec un rendement de 27 %.
Vers la phase II
Électrons
2 ADP
II. Bilan énergétique de la glycolyse chez la levure et les bactéries lactiques Rendements en énergie libre : Exemples de bilans globaux : Organismes : (1) Glucose (2) Glucose
P
Glycéraldéhyde-3-P déshydrogénase
2 Pi
I. Consommation et formation d’ATP dans la glycolyse Réaction
Glycéraldéhyde-3-
Vers la phase III
PHASE II : SYNTHÈSE D’ATP ET DE PYRUVATE
2 AT P Pyruvate : Formiate lyase
Acétate–+ Formiate–
Pyruvate décarboxylase
Formiate Hydrogène lyase
Acétaldéhyde + CO2 Alcool déshydrogénase
NADH NAD+
H2 + CO2 Vers la phase II
Éthanol
La phase III : formation des produits de fermentation
Deux molécules de NAD+ sont réduites en NADH pendant la formation de deux molécules d’acide 1,3-diphosphoglycérique (voir figure 5.14). Cependant, l’oxydation du glycéraldéhyde 3-phosphate n’est possible que si la concentration en NAD+ disponible est suffisante pour accepter les électrons libérés lors de la réaction. Des enzymes réalisent l’oxydation de NADH en NAD+ par réduction du pyruvate en divers produits de fermentation (voir figure 5.14). Chez la levure, le pyruvate est réduit en éthanol avec libération de CO2. Chez les bactéries lactiques, il est réduit en lactate. De nombreuses voies de réduction du pyruvate ont été décrites chez les procaryotes fermentatifs (voir chapitres 12 et 17), mais toutes réoxydent le NADH. Le NADH est un coenzyme
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120 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
diffusible qui peut facilement se détacher de la glycéraldéhyde 3-phosphate déshydrogénase et se lier à l’enzyme qui réduit le pyruvate en lactate (la lactate déshydrogénase), puis diffuser une fois encore, après son oxydation en NAD+, pour recommencer le même cycle (voir figures 5.14 et 5.11). Dans tous les processus produisant de l’énergie, les oxydations doivent contrebalancer les réductions, et chaque électron libéré doit être capté par un accepteur d’électrons. Dans la glycolyse, la réduction du NAD+ par une réaction donnée est équilibrée avec l’oxydation du NADH par une autre réaction. Le(s) produit(s) terminal(aux) doit(doivent) également être en équilibre redox et atomique avec le substrat de départ, le glucose. Par exemple, les produits de fermentation, éthanol et CO2, ou lactate et protons, sont en équilibre redox et atomique avec le glucose : glucose (C6H12O6) = 2 éthanol (C2H5OH) + 2CO2 ; glucose (C6H12O6) = 2 lactate– (C3H10O3) + 2H+.
La fermentation du glucose : bilan net et applications pratiques Au cours de la glycolyse, du glucose est consommé, deux ATP sont synthétisés, et des produits de fermentation sont formés. L’ATP est un composé essentiel pour les organismes ; il peut être utilisé par les nombreuses réactions qui consomment de l’énergie, alors que les produits de fermentation ne sont que des déchets. Cependant, ces produits ne sont pas considérés comme des déchets par les distilleries, les brasseries, les fabricants de fromage ou les boulangers (voir focus, « Les produits de la fermentation de la levure »). La fermentation n’est donc pas seulement un processus énergétique. C’est également un moyen de fabriquer des produits naturels utiles à l’homme (voir chapitre 30).
Contrôlez vos acquis La glycolyse est un processus de fermentation d’une importance majeure et une voie universelle du métabolisme anaérobie. La glycolyse libère une petite quantité d’énergie emmagasinée sous forme d’ATP, et des produits de fermentation. Au cours de la glycolyse, deux ATP sont produits par molécule de glucose consommée. •
Quelle(s) réaction(s) de la glycolyse sont des réactions d’oxydoréduction ?
•
Quel est le rôle du couple NAD+/NADH dans la glycolyse ?
•
Pourquoi des produits de fermentation sont-ils synthétisés pendant la glycolyse ?
m n 5.11
La respiration et les chaînes de transfert d’électrons associées aux membranes
Dans la fermentation, une petite quantité d’énergie est libérée (seules quelques molécules d’ATP sont synthétisées) à partir de l’oxydation d’un substrat sans accepteur d’électrons exogène parce que : 1) les atomes de carbone du composé de départ sont seulement partiellement oxydés (voir figure 5.14)
et 2) la différence de potentiel de réduction entre le donneur d’électrons primaire et l’accepteur d’électrons terminal est petite. En présence de O2 ou d’un autre accepteur terminal, au contraire, le glucose peut être complètement oxydé en CO2 ; dans ce cas, le rendement en ATP est supérieur. L’oxydation en présence de O2 comme accepteur terminal d’électrons est appelée respiration aérobie. Deux points retiendront notre attention : 1) le mode de transfert des électrons d’un composé organique à l’accepteur terminal d’électrons et 2) les voies biochimiques impliquées dans la transformation du carbone organique en CO2. Durant l’étape 1, la synthèse d’ATP se fait aux dépens de la force protonmotrice (voir figure 5.13b).
Les transporteurs d’électrons Les systèmes de transport d’électrons sont associés aux membranes. Ces systèmes ont deux fonctions élémentaires. Premièrement, ils transfèrent des électrons d’un donneur primaire vers un accepteur terminal. Deuxièmement, ils emmagasinent de l’énergie libérée pendant le transfert des électrons pour former de l’ATP. Plusieurs types d’enzymes d’oxydoréduction sont impliqués dans le transfert des électrons, dont les NADH déshydrogénases, les flavoprotéines, les protéines fer-soufre et les cytochromes. On trouve également une classe supplémentaire de transporteurs non protéiques, les quinones. Les NADH déshydrogénases sont des protéines situées à la surface interne de la membrane cytoplasmique. Elles ont un site actif qui fixe le NAD+ et accepte 2e– + 2H+ au cours de la conversion du NAD+ en NADH (voir figure 5.10). Les 2e– + 2H+ sont ensuite transférés à des flavoprotéines. Les flavoprotéines sont des protéines contenant un dérivé de la riboflavine (voir figure 5.15). La partie flavinique, liée à la protéine, est un groupement prosthétique, qui est réduit quand il accepte des atomes d’hydrogène et oxydé par perte d’électrons. Les flavoprotéines acceptent 2e– + 2H+ mais ne donnent que des électrons. Deux flavines sont fréquemment observées dans les cellules, la flavine mononucléotide (FMN) et la flavine-adénine dinucléotide (FAD). Cette dernière est liée au ribose et à l’adénine par un deuxième groupement phosphate. La riboflavine, également appelée vitamine B2, est le précurseur de la flavine des flavoprotéines et se révèle indispensable à la croissance de certains organismes (voir section 5.2 et tableau 5.3). Les cytochromes sont des protéines qui contiennent des groupements prosthétiques constitués d’un noyau porphyrine contenant du fer (hème) [voir figure 5.16]. Les cytochromes s’oxydent et se réduisent en perdant ou en gagnant un seul électron provenant d’un atome de fer situé dans l’hème : Cytochrome-Fe2+ ↔ Cytochrome-Fe3+ + e– Les différentes classes de cytochromes divergent largement par leur potentiel de réduction (voir figure 5.9) et sont désignées par des lettres en fonction du type d’hème présent, comme, par exemple, le cytochrome a, le cytochrome b, le cytochrome c. Les cytochromes des différents organismes varient légèrement les uns des autres et sont appelés, pour une même classe, cytochromes a1, a2, a3, etc. Les cytochromes peuvent occasionnellement former des complexes avec
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5.11 La respiration et les chaînes de transfert d’électrons associées aux membranes 121 Noyau isoalloxazine O
HO
N
H
H
H
H
P
O C
C
C
C
OH
H
N
O
Pyrrole
N
HC
N
CH CH
N H
CH2
OH OH OH
Oxydée
(a)
(b)
Porphyrine (un tétrapyrrole, C20H14N14)
Ribitol COO–
2 H (2 e– + 2 H+)
H
HO
H3C
N
H3C
N
O
H
H
H
H
P
O C
C
C
C
OH
H OH OH OH
Métal
N
H3C O
HC
NH
N
N
H3C
Hème (une porphyrine) CH2
CH2
CH2
CH2
O
O
CH3 N
H
N
H2C
N-Histidine N
C
CH3 CH3
Réduite Cystéine-S
FIGURE 5.15 Structure de la flavine mononucléotide (FMN) (riboflavine phosphate, un transporteur d’atome d’hydrogène). Le site d’oxydation-réduction est le même dans la FMN et dans la flavine-adénine dinucléotide (FAD).
N Fe
Histidine-N
CH2
C H2C S-Cystéine
Acide aminé
(c)
Acide aminé
Cytochrome
Noyau porphyrine Richard Feldmann
d’autres cytochromes ou avec des protéines fer-soufre. Par exemple, le cytochrome bc1 est un complexe formé de deux cytochromes b différents et d’un seul type de cytochrome c. Ce complexe joue un rôle important dans le métabolisme énergétique (voir section 5.12 et figure 5.20). En dehors de ces cytochromes, dans lesquels le fer est fixé à un hème (voir figure 5.16), on trouve, dans les chaînes de transfert d’électrons, une ou même plusieurs protéines non héminiques contenant du fer. Ces protéines contiennent des complexes constitués d’atomes de fer et de soufre, dont les plus courants sont les complexes Fe2S2 et Fe4S4 (voir figure 5.17). Les atomes de fer sont liés aux atomes de soufre libre et à des atomes de soufre provenant de résidus cystéine de la protéine (voir figure 5.17). La ferrédoxine est une protéine fer-soufre, avec une configuration Fe2S2, qui est fréquemment rencontrée dans les systèmes biologiques. Les potentiels de réduction des protéines fer-soufre varient largement en fonction du nombre d’atomes de fer et de soufre présents et selon la manière dont ils sont encastrés dans la protéine. Ainsi, différentes protéines fer-soufre peuvent fonctionner à différents endroits de la chaîne de transfert d’électrons. Comme les cytochromes, elles transportent uniquement des électrons. Les quinones (voir figure 5.18) sont des molécules non protéiques très hydrophobes impliquées dans le transport d’électrons. Certaines quinones bactériennes sont proches de la vitamine K, facteur de croissance chez les animaux supérieurs. Comme les flavoprotéines, les quinones acceptent 2e– + 2H+, mais transfèrent uniquement les électrons au transporteur suivant.
Protéine
H3C
NH N
COO–
(d) FIGURE 5.16 Structure du cytochrome . (a) Structure du noyau pyrrole. (b) Le noyau porphyrine est formé par condensation de quatre noyaux pyrroles. Différents métaux peuvent être incorporés dans le noyau porphyrine. Par exemple, les pigments chlorophylliens contiennent du Mg2+ (voir section 17.2 et figure 17.3), la vitamine B12, du Cu2+ (voir section 30.7 et figure 30.12), et certains coenzymes porphyriques particuliers, du Ni 2+ (voir section 17.17 et figure 17.42). (c) Dans quelques cytochromes, comme le cytochrome c, le noyau porphyrine est lié par des ponts disulfures à des résidus cystéine appartenant à la protéine. Notez la présence de fer au centre du noyau. (d) Modèle compact du cytochrome c. La protéine entoure complètement le noyau porphyrine central (en bleu clair). Les cytochromes transportent seulement des électrons ; le site redox est l’atome de fer, qui passe alternativement du stade Fe2+ (réduit) au stade Fe3+ (oxydé). Le potentiel de réduction des différents cytochromes varie considérablement (voir figure 5.9) selon le type de cytochrome et le mode de fixation du cytochrome à la protéine.
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122 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
R-Cystéine
Cystéine-R
S Fe
O CH3OC
Fe
R-Cystéine
S
CH3OC
Cystéine-R
C C
C
CH3
CH3
C
(CH2 CH
C
Oxydée
O
(a)
CH2)nH
2 H (2 e- + 2 H+)
R Cystéine S
Fe S
Fe
S Fe
Cystéine
Fe
OH
R
Cystéine
R
S
Cystéine R (b) FIGURE 5.17 Disposition des centres fer-soufre dans les protéines fer-soufre non héminiques. (a) Centre Fe2Se2. (b) Centre Fe4S4. Les cystéines impliquées dans les liaisons appartiennent à la partie protéique de la molécule. Les protéines fer-soufre ne transportent généralement que des électrons.
Contrôlez vos acquis Les chaînes de transfert d’électrons sont constituées d’une série de transporteurs d’électrons membranaires, fonctionnant d’une manière coordonnée pour transférer les électrons d’un donneur primaire à l’oxygène, qui est l’accepteur terminal du système. •
Quelles sont les principales différences entre les quinones et les autres transporteurs d’électrons membranaires ?
•
Quels transporteurs d’électrons décrits dans cette section acceptent 2e– + 2H+ ? Lesquels acceptent seulement e– ?
5.12 La conservation de l’énergie m n par la force proton-motrice La figure 5.19 montre les principaux composants des chaînes de transfert d’électrons et leurs E0’ respectifs. Chaque composant possède un potentiel de réduction caractéristique. L’ATP est produit par phosphorylation oxydative au cours du transport d’électrons. La production d’ATP est liée à l’établissement d’une force proton-motrice (fpm) (voir section 4.6) à travers la membrane, tandis que les réactions de transfert d’électrons déterminent le niveau d’énergie.
CH3OC CH3OC
C C
C
CH3
CH3
C
(CH2 CH
C
OH
CH2)nH
Réduite
FIGURE 5.18 Structure des formes oxydées et réduites d’une quinone, le coenzyme Q. La structure de la chaîne latérale (isoprénoïde) est une répétition d’unités de base à cinq carbones. Généralement, chez les procaryotes, n = 6 ; chez les eucaryotes, n = 10. Notez que 2 e– et 2 H+ sont nécessaires à la réduction complète de la forme oxydée de la quinone. Une forme intermédiaire, appelée semiquinone (quinone partiellement réduite), se constitue au cours de la réaction de réduction.
La force proton-motrice : chimio-osmose Pour comprendre le lien qui existe entre le transport d’électrons et la synthèse d’ATP, il est nécessaire de connaître l’orientation de ce système dans la membrane cytoplasmique. Les protéines membranaires sont enchâssées dans la double couche lipidique, de sorte que la plupart d’entre elles ont accès à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la cellule (voir section 4.5 et figure 4.16). Les protéines membranaires intégrales sont appelées protéines transmembranaires. Les transporteurs d’électrons sont orientés de sorte que les protons et les électrons se séparent dans la membrane au cours du processus de transport. Deux électrons plus deux protons, donnés par des composés comme le NADH, sont transférés le long de la chaîne par des transporteurs spécifiques. Durant ce processus, des protons sont libérés dans l’environnement (chez les procaryotes Gram négatif, les protons sont libérés dans le périplasme). La sortie des protons entraîne une légère acidification de la surface externe de la membrane. Les électrons sont captés par l’accepteur terminal situé à l’extrémité de la chaîne. Dans le cas de la respiration aérobie, l’accepteur terminal, O2, est réduit en eau. Les protons du cytoplasme sont indispensables pour réduire O2 en H2O. Ces protons proviennent de la dissociation de l’eau en H+ et OH–. H+ est utilisé dans la réduction de O2 en eau, et la sortie de H+ dans l’environnement entraîne l’accumulation de OH– du côté interne de la membrane. Malgré leur petite taille, H+ et OH– ne peuvent pas diffuser à travers la membrane parce qu’ils sont chargés. L’équilibre ne peut donc être spontanément rétabli. Le résultat global du transport d’électrons est donc la formation d’un gradient de pH et d’un potentiel électrochimique à travers la membrane. La surface interne de la membrane se charge négativement et devient alcaline, alors que sa surface
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5.12 La conservation de l’énergie par la force proton-motrice 123
E0′
– 0,40
– 0,30
– 0,20
Substrats NAD+ /NADH
Flavoprotéine Protéines fer-soufre
– 0,10
Potentiel de réduction (V)
0,0
Quinone Cytochrome bc1
La génération de la force proton-motrice : complexes I et II
+ 0,10
+ 0,20
Cytochrome c + 0,30
+ 0,40
externe se charge positivement et devient acide. Le gradient de pH et le potentiel électrochimique (appelé force protonmotrice) chargent la membrane en énergie comme une batterie. Une partie de cette énergie électrique peut être emmagasinée par la cellule sous forme d’ATP. L’énergie de la membrane résultant du transfert d’électrons peut être utilisée directement pour effectuer un travail, comme le transport d’ions (voir section 4.7) et la rotation des flagelles, ou pour synthétiser l’ATP. Ce processus a été décrit pour la première fois en 1961 sous le nom de théorie chimio-osmotique par le scientifique britannique Peter Mitchell. Plus tard, Mitchell a reçu le prix Nobel pour ce concept dont les implications sont considérables pour toutes les formes du métabolisme énergétique, à part la fermentation. La chimio-osmose est un processus commun à toutes les cellules chez les Bacteria, les Archaea, ou les Eukarya.
Cytochrome aa3
+ 0,50
+ 0,60
+ 0,70
+ 0,80
O2 FIGURE 5.19 Les chaînes de transport des électrons en fonction des potentiels de réduction (E0’). Exemple d’un système transportant des électrons d’un donneur primaire (appelé substrats dans la figure) vers O 2 (l’accepteur terminal d’électrons). Cette séquence particulière est caractéristique de la chaîne de transport d’électrons au sein des mitochondries des cellules eucaryotes et de quelques Bacteria (par exemple, Paracoccus denitrificans). Escherichia coli étant déficiente en cytochromes c et aa3, les électrons passent directement du cytochrome b aux cytochrome o ou au cytochrome d (ce dernier a un E0’ comparable à celui du cytochrome aa3), qui est l’oxydase terminale du système (voir figure 17.37a). La conservation de l’énergie en ATP via la formation d’une force proton-motrice est possible grâce au fractionnement du processus d’oxydation en une série de réactions libérant chacune une quantité d’énergie faible mais utilisable. Comparez les couleurs employées ici à celles de la figure 5.9.
La force proton-motrice se développe à partir de l’activité des enzymes flaviniques, des quinones, du complexe cytochrome bc1 et de l’oxydase terminale. Le NADH cède 2 e– + 2H+ au FAD pour former le FADH2. Les deux protons sont ensuite expulsés du côté externe de la membrane quand le FADH2 cède 2e– à une protéine non héminique contenant du fer, qui fait partie du complexe I membranaire (voir figure 5.20). Ces transporteurs sont appelés « complexes » car ils sont constitués chacun de plusieurs protéines. Le complexe I d’Escherichia coli, par exemple, contient quatorze protéines différentes. Le complexe I est communément appelé NADH : quinone oxydoréductase parce qu’il catalyse une réaction au cours de laquelle le NADH est oxydé et la quinone réduite. Puis le coenzyme Q est réduit par la protéine non héminique du complexe I contenant du fer, grâce à deux protons provenant de la dissociation de l’eau dans le cytoplasme (voir figure 5.20). Le complexe II court-circuite les étapes du complexe I et envoie directement ses électrons et ses protons (en passant par le couple FAD/FADH2) dans la réserve de quinones. Le complexe II est également appelé complexe succinate déshydrogénase, en raison du substrat spécifique de ce complexe, le succinate (un produit du cycle de l’acide citrique, voir figure 5.22), qu’il oxyde. Cependant, comme le complexe II court-circuite le complexe I, moins de protons sont pompés quand deux électrons entrent dans la chaîne de transfert d’électrons que quand les électrons proviennent du NADH (voir figure 5.20).
Les complexes III et IV : cytochromes bc1 et de type-a Le coenzyme Q réduit donne un par un ses électrons au complexe cytochrome bc1, protéine membranaire appartenant au complexe III (voir figure 5.20). Le complexe cytochrome bc1 est associé à plusieurs protéines contenant un hème ou des centres métalliques, dont deux hèmes de type b (bL et bH), un hème de type c (c1), ainsi qu’une protéine fer-soufre (appelée protéine de Rieske). Le complexe bc1 est présent dans la chaîne de transfert d’électrons de la plupart des micro-organismes qui
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124 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
+
+
+
2 H+
Com
ple
2e
–
xe I
2 e–
FMN 2 e–
Fe/S
–
NAD+
+ +
2 H+
NADH + H+ 2
Q
QH2
H+ +
2 OH–
H2O
Complexe II
+
Fumarate
FADH2
+
FAD
QH2/Q
Succinate
–
4 H+
4 H+
+ +
bL
cyt e–
bH
–
Fe/S
I
– –
+
Comp
–
lexe II
c1
V
eI plex
Com
+
a
cyt
a3
1 2
O2
H 2O
–
cyt c
4 H+ +
Cytoplasme
–
2 H+
+ Environnement
+ +
FIGURE 5.20 Formation de la force proton-motrice pendant la respiration aérobie. La figure montre la disposition des transporteurs d’électrons au sein de la membrane de Paracoccus denitrificans, organisme procaryote modèle dans les recherches sur la respiration. Les charges + et – de chaque côté de la membrane représentent respectivement les ions H+ et OH–. Les abréviations utilisées sont les suivantes : FMN pour flavoprotéine ; FAD pour flavine adénine dinucléotide ; Q pour quinone ; Fe/S pour protéine fer soufre ; cyt a, b, c pour cytochromes (bL et bH, cytochromes de type b à bas et haut potentiel). Un recyclage des électrons se produit au niveau de la quinone, durant le « cycle Q ». Les électrons venant de QH2 peuvent se répartir entre la protéine Fe/S et les cytochromes de type b du complexe bc1 (complexe III). Les électrons qui ont traversé les cytochromes de type b réduisent Q en QH2 (en deux étapes d’un électron chacune), augmentant de ce fait le nombre de protons pompés au site Q-bc1. Les électrons qui ont traversé la protéine Fe/S réduisent le cytochrome c1, puis le cytochrome c, les cytochromes de type a du complexe IV et finalement O2 en H2O (les deux électrons nécessaires pour réduire 1- O2 en H2O proviennent 2 des électrons qui ont traversé le cytochrome c et les deux protons proviennent du cytoplasme). Le complexe II, ou complexe succinate déshydrogénase, court-circuite le complexe I et prend ses électrons directement à la quinone. Les scientifiques qui travaillent dans le domaine de la bioénergétique des membranes utilisent classiquement les nombres caractérisant les différents complexes. Comparez la chaîne de transport d’électrons décrite ici avec celle d’Escherichia coli décrite dans la figure 17.37. Des différences dans les conditions de culture peuvent affecter de manière significative les composants des chaînes de transport d’électrons.
respirent. Il joue également un rôle dans le flux d’électrons lors de la photosynthèse (voir sections 17.4 et 17.5). La fonction principale du complexe cytochrome bc1 est de transférer des électrons des quinones vers le cytochrome c (voir figure 5.20). Les électrons voyagent du complexe bc1 vers une molécule de cytochrome c située dans le périplasme et, de là, vers les cytochromes à haut potentiel a et a3 (complexe IV – voir figure 5.20). Le dernier élément de la chaîne est l’oxydase terminale qui réduit O2 en H2O. Le complexe IV pompe aussi deux protons pour 2e– consommés dans la réaction (voir figure 5.20). Le complexe cytochrome bc1 peut également interagir avec la réserve de quinones pour pomper deux protons supplémentaires au niveau du site Q-bc1 (voir figure 5.20), au cours d’une série d’échanges d’électrons appelée le cycle Q. Comme les quinones et le bc1 ont approximativement le même E0’, (proche de 0 V, voir figure 5.19), différentes quinones peuvent, soit se réduire, soit s’oxyder, en utilisant les électrons qui proviennent du complexe bc1. Ce mécanisme permet de pomper au total 4H+ vers le côté externe de la membrane, au niveau du complexe Q-bc1 chaque fois que 2e– entrent dans la chaîne au niveau du complexe I (voir figure 5.20). La figure 5.20 montre une des nombreuses modalités de transfert d’électrons que l’on rencontre chez différents organismes. Cependant, plusieurs propriétés sont communes à toutes les chaînes de transport d’électrons : 1) la présence d’une série de transporteurs d’électrons associés à une membrane et disposés de manière à obtenir une augmentation de E0’ vers des valeurs plus positives ; 2) l’alternance, dans la chaîne, de transporteurs d’électrons et de transporteurs d’électrons et de protons ; et 3) la génération d’une force proton-motrice, en raison de la séparation des charges à travers la membrane, milieu acide à l’extérieur et milieu alcalin à l’intérieur.
Les ATPases, la force proton-motrice et la formation d’ATP Quel est le lien entre la force proton-motrice générée par le transfert d’électrons (voir figure 5.20) et la synthèse d’ATP ? Curieusement, il existe une forte analogie entre le mécanisme de synthèse de l’ATP et le mécanisme de rotation du flagelle bactérien (voir section 4.14 et figure 4.56). L’enzyme qui catalyse la conversion de la force proton-motrice en ATP est un complexe membranaire de grande taille appelé ATP synthase, ou plus communément ATPase. Les ATPases sont également connues sous le nom de complexe V. Les ATPases sont composées de deux parties : le complexe F1, situé du côté cytoplasmique de la membrane, et le complexe F0, qui traverse la membrane et laisse passer les protons (voir figure 5.21). Le complexe F1/F0 catalyse la transformation réversible de l’ATP en ADP + Pi (voir figure 5.21). La structure protéique des ATPases est hautement conservée dans les trois domaines du vivant, suggérant l’ancienneté de ce mécanisme de conservation de l’énergie au cours de l’évolution (voir section 11.2). L’ATPase F1/F0 est le plus petit moteur biologique actuellement connu. Le mouvement des protons à travers la sous-unité a de F0 commande la rotation des protéines c, générant une torsion transmise à F1 par les sous-unités γε (voir figure 5.21).
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5.12 La conservation de l’énergie par la force proton-motrice 125
δ
α ADP + Pi α
β
β
α
F1
ATP
Cytoplasme
b2
γ H+
Les inhibiteurs et les agents découplants
ε Membrane a Fo
C12 H+
H+
H+
la phosphorylation oxydative, possèdent encore ces complexes enzymatiques. Beaucoup de réactions importantes dans les cellules, comme le mouvement et le transport, tirent leur énergie de la force proton-motrice plutôt que de l’ATP (voir section 4.6). Ainsi, l’ATPase des organismes qui ne respirent pas, comme les bactéries lactiques, fonctionne dans une seule direction pour générer la force proton-motrice indispensable au fonctionnement de la cellule.
Environnement
FIGURE 5.21 Structure et fonctionnement de l’ATP synthase (ATPase, complexe V). F1 est un complexe de cinq polypeptides différents α3β3γεδ. C’est le complexe catalytique responsable de l’interconversion de ATP + Pi en ATP. F0 est un complexe membranaire de trois polypeptides ab 2c12. La sous-unité a transporte les protons à travers la membrane ; la sous-unité b fait saillie à l’extérieur de la membrane et forme, avec les sousunités b2 et δ, le stator. La force proton-motrice induit un passage de protons vers l’intérieur de la cellule, qui conduit à la synthèse d’ATP. Si l’action de l’ATPase est réversible, à l’inverse l’hydrolyse de l’ATP peut générer la force proton-motrice.
L’énergie potentielle produite est transférée à F1 par la rotation couplée des sous-unités γε, entraînant une déformation des sous-unités β. Ce changement de conformation permet la fixation de ADP + Pi à chaque sous-unité β. La synthèse d’ATP a lieu quand les sous-unités β retournent à leur conformation de départ. Par analogie avec le moteur flagellaire (voir figure 4.56), la première fonction des sous-unités b2δ de F1 est de servir de stator, empêchant la rotation des sous-unités α et β avec γε, si bien que les changements conformationnels se produisent au niveau de β. Mais, à la différence du moteur flagellaire, la rotation de l’ATPase n’est pas utilisée pour la propulsion des cellules, mais pour la synthèse d’ATP (voir figure 5.21). La synthèse d’ATP catalysée par l’ATPase est désignée sous le nom de phosphorylation oxydative des systèmes respiratoires ou de photophosphorylation chez les organismes phototrophes. L’ATPase consomme trois ou quatre protons par mole d’ATP produite.
La réversibilité de l’ATPase Le moteur moléculaire miniature F1/F0 est réversible. L’hydrolyse de l’ATP fournit l’énergie requise par γ pour tourner dans la direction opposée, permettant le passage par la sous-unité a des protons de l’intérieur vers l’extérieur de la cellule. Ce processus génère la force proton-motrice au lieu de la consommer. Cette réversibilité explique pourquoi les micro-organismes strictement fermentatifs, qui n’ont pas de chaîne de transport d’électrons et sont incapables de produire
Certaines substances chimiques qui affectent le flux d’électrons ou la phosphorylation oxydative sont utilisées pour étudier les réactions de transport d’électrons. Ces composés sont regroupés en deux catégories : les inhibiteurs et les agents découplants. Les inhibiteurs bloquent le flux d’électrons et, en conséquence, la force proton-motrice. Parmi ceux-ci, citons le monoxyde de carbone (CO) et le cyanure (CN–) ; ces deux inhibiteurs se fixent fortement aux cytochromes de type a (voir figure 5.20) et empêchent leur fonctionnement. Les agents découplants, au contraire, bloquent la synthèse d’ATP sans affecter le transport d’électrons. Ce sont des substances liposolubles, comme le dinitrophénol et le dicumarol, qui relâchent les membranes et détruisent ainsi la force protonmotrice, rendant la synthèse d’ATP impossible (voir figure 5.21).
Contrôlez vos acquis La force proton-motrice est générée quand des électrons sont transportés à travers une chaîne de transfert d’électrons et que des protons sont expulsés à l’extérieur de la membrane. Les principaux transporteurs d’électrons varient en fonction des organismes ; ce sont des flavines, des quinones, le complexe cytochrome bc1 et d’autres cytochromes. Les cellules utilisent la force proton-motrice pour la synthèse d’ATP par l’ATPase. •
Comment les réactions de transfert d’électrons génèrent-elles la force proton-motrice ?
•
Quelle est, chez P. denitrificans, la quantité de protons expulsée pour deux électrons qui traversent la chaîne de transport d’électrons ? À quel endroit de la chaîne la force proton-motrice est-elle générée ?
•
Quelle structure cellulaire convertit la force proton-motrice en ATP ? Comment cela fonctionne-til ?
V
FLUX DE CARBONE DANS LA RESPIRATION ET AUTRES VOIES CATABOLIQUES
Pour comprendre comment l’ATP est synthétisé au cours de la respiration, il faut passer en revue les différents aspects du métabolisme carboné qui lui sont associés. Les autres voies de production d’énergie telles que la respiration anaérobie, la photosynthèse et la chimiolithotrophie seront également abordées.
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126 Chapitre 5
m n 5.13
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
Le flux de carbone dans la respiration : le cycle de l’acide citrique
Les premières étapes de la respiration à partir du glucose sont les mêmes que celles de la glycolyse (voir figure 5.14). L’intermédiaire clé de ce processus est le pyruvate. Cependant, contrairement à la fermentation, où le pyruvate est réduit et transformé en produits de fermentations (voir figure 5.14), il est complètement oxydé en CO2 au cours de la respiration. Le cycle de l’acide citrique (CAC) [voir figure 5.22] est la voie d’oxydation totale du pyruvate en CO2 la plus largement rencontrée. Le pyruvate est d’abord décarboxylé, ce qui produit une molécule de NADH et une molécule acétylée couplée au coenzyme A (acétyl-CoA – voir figure 5.12). Puis le groupement acétyle de l’acétyl-CoA se combine à l’oxaloacétate, composé à quatre atomes de carbone, pour former de l’acide citrique (voir figure 5.12) en utilisant l’énergie de la liaison thioester de l’acétyl-CoA. Ensuite, des réactions d’hydratation, de décarboxylation et d’oxydation conduisent à la libération de deux molécules supplémentaires de CO2 (voir figure 5.22a). Enfin, le cycle est bouclé par la régénération de l’oxaloacétate, qui peut encore accepter un acétyle.
La libération de CO2 et le transport d’électrons Pour chaque molécule de pyruvate oxydée au cours du cycle, trois molécules de CO2 sont libérées, la première durant la formation d’acétyl-CoA, la deuxième par la décarboxylation de l’isocitrate, et la troisième par la décarboxylation de l’α-cétoglutarate (voir figure 5.22). Comme dans la fermentation, les électrons libérés au cours de l’oxydation des intermédiaires du cycle sont transférés à des enzymes contenant du NAD+ ou du FAD. Cependant, la respiration et la fermentation diffèrent par leur mode d’oxydation du NADH et du FADH2. Dans la respiration, les électrons du NADH sont transférés à l’oxygène ou à un autre accepteur d’électrons terminal par la chaîne de transfert d’électrons (voir section 5.12) ; dans la fermentation, ils sont utilisés pour réduire le pyruvate (voir figure 5.14). Ainsi, contrairement à la fermentation, dans la respiration, la présence d’un accepteur d’électrons permet l’oxydation complète du glucose en CO2, avec un meilleur rendement énergétique (voir figure 5.22b). En fait, alors que les fermentations lactique ou alcoolique produisent seulement deux ATP par molécule de glucose (voir figure 5.14), la respiration conduit à la synthèse de trente-huit ATP par molécule de glucose (voir figure 5.22).
La biosynthèse et le cycle de l’acide citrique En dehors de son rôle clé dans le catabolisme, le cycle de l’acide citrique est également important pour les biosynthèses. Le cycle comporte un certain nombre d’intermédiaires clés qui peuvent être utilisés dans des réactions de biosynthèse, en fonction des besoins de la cellule. Les composés les plus importants à cet égard sont l’α-cétoglutarate et l’oxaloacétate, car ce sont les précurseurs de nombreux acides aminés (voir section 5.16), et le succinyl-CoA, qui entre dans la formation du noyau porphyrine des
cytochromes, des chlorophylles et autres composés tétrapyrroliques (voir figure 5.16). L’oxaloacétate peut également être converti en phosphoénolpyruvate, précurseur du glucose (voir figure 5.25). L’acétyl-CoA, quant à lui, est un précurseur de la biosynthèse des acides gras (voir section 5.17). Ainsi, le cycle de l’acide citrique remplit deux fonctions essentielles dans la cellule : une fonction bioénergétique et une fonction biosynthétique. De même, certains intermédiaires de la voie de la glycolyse peuvent être utilisés pour les biosynthèses (voir figure 5.26).
Contrôlez vos acquis La respiration, pendant laquelle un composé organique est complètement oxydé, libère beaucoup plus d’énergie que la fermentation. Le cycle de l’acide citrique joue un rôle essentiel dans la respiration des composés organiques. •
Dans le cycle de l’acide citrique, combien de molécules de CO2 et de paires d’électrons sont-elles libérées par molécule d’acétate consommée ?
•
Quelles sont les deux principales fonctions que le cycle de l’acide citrique et la glycolyse ont en commun ?
5.14 Les autres voies cataboliques m n Le monde microbien est caractérisé par sa grande diversité métabolique et, en particulier, par les diverses stratégies utilisées par les différents micro-organismes pour synthétiser l’ATP. La figure 5.23 résume les mécanismes cellulaires de la production d’énergie par des voies différentes de la respiration aérobie et de la fermentation : la respiration anaérobie, la chimiolithotrophie et la phototrophie.
La respiration anaérobie Des accepteurs d’électrons autres que l’oxygène peuvent être utilisés pour produire de l’énergie par la respiration. Contrairement à la respiration aérobie, ces processus sont appelés respiration anaérobie. Parmi les accepteurs d’électrons utilisés dans la respiration anaérobie, on trouve le nitrate (NO3–), l’ion ferrique (Fe3+), le sulfate (SO42–), le carbonate (CO32–), et même certains composés organiques. Quand ces accepteurs d’électrons sont utilisés à la place de l’oxygène, moins d’énergie est libérée, du fait de leur position dans la tour des électrons (aucun de ces accepteurs n’a de E0’ aussi positif que le couple O2/H2O) (voir figure 5.9). Ces accepteurs d’électrons permettent aux micro-organismes de respirer dans des environnements dépourvus d’oxygène. Les respirations anaérobies sont extrêmement importantes du point de vue écologique parce que O2 est relativement peu soluble dans l’eau et se montre un accepteur d’électrons très exigeant (voir section 17.13).
La chimiolithotrophie Un deuxième mode de production d’énergie implique l’utilisation de composés inorganiques à la place de composés organiques. Les organismes capables d’utiliser des composés inorganiques comme donneurs d’électrons sont appelés
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5.14 Les autres voies cataboliques 127
Pyruvate– (trois carbones) NAD+ + CoA
CO2
NADH
Légende des couleurs C2
Acétyl-CoA
C4 C5
CoA Oxaloacétate2–
NADH
C6
Citrate3– Aconitate3–
NAD+ Malate2–
Isocitrate3– NAD(P)+
Fumarate2–
CO2
FADH FAD Succinate2–
α-Cétoglutarate2– Succinyl-CoA
CoA
GTP
GDP + Pi
NAD(P)H
CoA + NAD+ NADH
CO2
(a)
Balance énergétique de la respiration aérobie (1) Glycolyse : Glucose + 2 NAD+ + 2 ATP 2 Pyruvate– + 4 ATP + 2 NADH + 4 ADP vers le CAC (a) Phosphorylation au niveau du substrat 2 ADP + Pi 2 ATP ( 2) (b) Phosphorylation oxydative 2 NADH 6 ATP (2) CAC: Pyruvate– + 4 NAD+ + GDP + FAD
(a) Phosphorylation au niveau du substrat 1 GDP + Pi 1 GTP 1 GTP + 1 ADP 1 ATP + 1 GDP (b) Phosphorylation oxydative 4 NADH 12 ATP 1 FADH 2 ATP (3) Rendement en ATP : glycolyse plus CAC
Vers le complexe I
8 ATP
3 CO2 + 4 NADH + FADH + GTP Vers le Vers le complexe I complexe II 15 ATP ( 2)
38 ATP par glucose
FIGURE 5.22 Le cycle de l’acide citrique (CAC). (a) Le CAC commence par la condensation de l’acétyl-CoA, composé à deux carbones (formé à partir du pyruvate), avec l’oxaloacétate, composé à quatre carbones, formant le citrate, composé à six carbones. L’oxaloacétate est de nouveau formé par une succession d’oxydations et de transformations, et un nouveau cycle peut commencer, par réaction avec une nouvelle molécule d’acétyl-CoA. (b) Bilan global des substrats énergétiques (NADH/FADH) pour la chaîne de transport d’électrons et pour la production de CO 2 par le CAC. Les substrats énergétiques (NADH/FADH) entrent dans la chaîne de transport des électrons (voir figure 5.20).
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128 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
Composé organique
CO2
Flux de carbone Transport d’électrons/ Force proton-motrice Biosynthèse
ATP S0
– NO3– SO42– Accepteurs d’e organiques
O2
Respiration aérobie
Respiration anaérobie (a) Métabolisme des chimioorganotrophes
Composé inorganique ATP
Transport d’électrons/ Force proton-motrice S0
O2
NO3– SO42–
CO2
Flux de carbone Biosynthèse
(b) Métabolisme des chimiolitotrophes
Photohétérotrophie
Composé organique Flux de carbone Biosynthèse
Lumière Transport d’électrons Force protonmotrice
Photoautotrophie
CO2
Flux de carbone Biosynthèse
ATP (c) Métabolisme des phototrophes
FIGURE 5.23 Les flux d’énergie et de carbone. (a) Le métabolisme respiratoire des chimioorganotrophes (b) le métabolisme des chimiolitotrophes et (c) le métabolisme des phototophes. Notez que, chez les phototrophes, le carbone utilisé pour les biosynthèses peut provenir du CO2 (photoautotrophie) ou de composés organiques (photohétérotrophie). Notez également l’importance du transport d’électrons, générant dans chaque cas une force proton-motrice.
chimiolithotrophes. L’hydrogène sulfureux (H2S), le gaz hydrogène (H2) et l’ammoniac (NH3) sont des exemples de donneurs d’électrons inorganiques. Le métabolisme des chimiolithotrophes est généralement aérobie, mais débute par l’oxydation d’un donneur d’électrons inorganique (voir figure 5.23). Les chimiolithotrophes ont des systèmes de transport d’électrons similaires à ceux des chimio-organotrophes et génèrent une force proton-motrice à partir d’un flux d’électrons, exactement de la même manière. Cette force proton-motrice fournit l’énergie nécessaire à la synthèse d’ATP. Cependant, les chimiolithotrophes et les chimio-organotrophes se distinguent par les sources de carbone qu’ils utilisent pour leurs biosynthèses. Les chimio-organotrophes utilisent des composés organiques (glucose, acétate et autres) comme sources de carbone. Les chimiolithotrophes, au
contraire, utilisent le dioxyde de carbone (CO2) comme source de carbone, et sont donc autotrophes (voir chapitre 17).
La phototrophie De nombreux organismes tirent leur énergie à partir de la lumière, par photosynthèse : ils sont phototrophes. Les mécanismes qui utilisent la lumière comme source d’énergie sont uniques et complexes, mais génèrent une force proton-motrice qui est employée pour synthétiser l’ATP, processus appelé photophosphorylation. La plupart des phototrophes ont recours à l’énergie de l’ATP pour assimiler du CO2 comme source de carbone pour leurs biosynthèses ; ce sont les photoautotrophes. Certains phototrophes utilisent des composés organiques comme sources de carbone et la lumière comme source d’énergie ; ce sont des photohétérotrophes (voir figure 5.23). Il existe, chez les micro-organismes, deux processus photosynthétiques différents mais apparentés : la photosynthèse oxygénique et la photosynthèse anoxygénique (voir chapitre 2).
L’importance de la force proton-motrice dans les stratégies bioénergétiques des différentes voies cataboliques Les micro-organismes présentent une diversité étonnante de stratégies bioénergétiques. Des milliers de composés organiques, de nombreux composés inorganiques et la lumière peuvent leur servir de source d’énergie. Cependant, à l’exception des fermentations qui utilisent la stratégie de phosphorylation au niveau du substrat, dans la respiration et la photosynthèse, la diversité métabolique tourne autour d’une stratégie commune, la génération d’une force proton-motrice. Dans les processus bioénergétiques contrôlés au niveau membranaire, les électrons, qu’ils proviennent de l’oxydation de composés chimiques organiques ou inorganiques, ou de processus phototrophiques, traversent tous une chaîne de transfert d’électrons associée à la membrane. Ce faisant, ils génèrent une force proton-motrice (voir figure 5.20). Dans tous les cas, la conservation d’énergie résulte de l’activité de l’ATPase (voir figure 5.21), soit par phosphorylation oxydative (chez les chimio-organotrophes et les chimiolithotrophes), soit par photophosphorylation (chez les phototrophes) [voir figure 5.23].
Contrôlez vos acquis Des accepteurs d’électrons autres que O2 peuvent servir d’accepteurs terminaux pour la production d’énergie. Comme, dans ces conditions, O2 est absent, le processus est appelé respiration anaérobie. Les chimiolithotrophes utilisent des composés inorganiques comme donneurs d’électrons, alors que les phototrophes utilisent la lumière pour générer une force proton-motrice. Celle-ci est impliquée dans tous les types de respiration et de photosynthèse. •
En tant que donneurs d’électrons, comment les chimio-organotrophes diffèrent-ils des chimiolithotrophes ?
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5.15 La biosynthèse des sucres et des polysaccharides 129
•
Quelle source de carbone utilisent les organismes autotrophes ?
•
En quoi les photoautotrophes diffèrent-ils des photohétérotrophes ?
VI
RÉACTIONS DE BIOSYNTHÈSE
Les monomères, éléments de base des polymères, qui ne sont pas fournis par le milieu de culture ou le milieu naturel, doivent être synthétisés à partir de composés plus simples ; ce processus est appelé anabolisme. L’énergie stockée sous forme d’ATP ou de force protonmotrice par les réactions du catabolisme est consommée durant la formation des monomères et au cours de leur polymérisation pour former les macromolécules. La plus grande part de la dépense énergétique revient à la synthèse protéique et à la synthèse des acides nucléiques. Il faut comparativement peu d’énergie pour synthétiser des lipides et des polysaccharides. La plupart des biosynthèses de polymères consomment de l’ATP ou d’autres composés phosphorylés riches en énergie ; cependant, si la cellule dispose de ressources suffisantes, elle peut rapidement régénérer l’ATP grâce aux réactions de fermentation ou aux réactions de respiration générant une force proton-motrice. L’ATP et la force proton-motrice sont les formes interchangeables de l’énergie cellulaire (voir figure 5.24).
Substrats
Produits Catabolisme Production d’énergie
5.15 La biosynthèse des sucres m n et des polysaccharides Chez les procaryotes, les polysaccharides sont synthétisés à partir de deux formes activées du glucose, l’uridine diphosphoglucose (UDPG – voir figure 5.25a) ou l’adénosine diphosphoglucose (ADPG). L’ADPG est le précurseur du glycogène. L’UDPG est le précurseur de nombreux dérivés du glucose servant à la synthèse d’autres polysaccharides tels que la N-acétylglucosamine et l’acide N-acétylmuramique du peptidoglycane ou le lipopolysaccharide de la membrane externe des bactéries Gram négatif (voir sections 4.8 et 4.9). Quand une cellule croît sur un hexose tel que le glucose, elle peut facilement utiliser ce dernier pour synthétiser des polysaccharides. Quand elle croît sur d’autres sources carbonées, le glucose doit être synthétisé. Ce processus, appelé gluconéogenèse, utilise comme composé de départ le phosphoénolpyruvate, un des intermédiaires clés de la glycolyse (voir figure 5.14). Le phosphoénolpyruvate peut être synthétisé à partir d’oxaloacétate, un intermédiaire du cycle de l’acide citrique. La figure 5.25c présente la voie de la gluconéogenèse.
La biosynthèse des pentoses Les pentoses sont formés à partir des hexoses, par libération d’un atome de carbone sous forme de CO2 (voir figure 5.25b). Le ribose et le désoxyribose, pentoses utilisés dans la synthèse des acides nucléiques, sont synthétisés selon le schéma présenté dans la figure 5.25d. Une enzyme importante, la ribonucléotide réductase, convertit le ribose en désoxyribose par réduction du carbone en 2' du cycle. Curieusement, la réaction se produit après, et non avant la synthèse des nucléotides. Ainsi, les ribonucléotides sont synthétisés de novo, certains d’entre eux étant réduits ensuite en désoxyribonucléotides et utilisés pour la synthèse de l’ADN.
Contrôlez vos acquis ATP
Force proton-motrice
Les polysaccharides, composés de structures importantes dans les cellules, sont synthétisés à partir de monomères préalablement activés. La gluconéogenèse est la voie qui produit du glucose à partir de précurseurs non glucidiques. •
Sous quelle forme le glucose est-il utilisé pour former du glycogène ?
Anabolisme Consommation d’énergie Monomères
Biosynthèse
Macromolécules et autres composants cellulaires
FIGURE 5.24 Schéma de l’anabolisme et du catabolisme montrant les rôles essentiels de l’ATP et de la force proton-motrice. Les monomères peuvent provenir de substances nutritives de l’environnement ou de voies cataboliques comme la glycolyse et le cycle de l’acide citrique. Dans de nombreux cas, on doit synthétiser les monomères à partir d’intermédiaires du catabolisme ou de nutriments fournis par le milieu extérieur ; ces réactions de biosynthèse peuvent également être des réactions anaboliques.
5.16 La biosynthèse des acides aminés m n et des nucléotides La biosynthèse des monomères constitutifs des protéines et des acides nucléiques met en jeu des voies souvent longues et à étapes multiples nécessitant de nombreuses enzymes.
Les acides aminés, monomères des protéines Les organismes qui ne sont pas en mesure d’assimiler certains acides aminés à partir de leur environnement doivent les synthétiser à partir d’autres sources. Des familles structurales ayant en
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130 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
(a) HOCH2 O
H HO
α-Cétoglutarate
H
H
OH
OH O P O
H
–O
HN O C
O –O
P
Cycle de l’acide citrique
O
O
C N
Oxaloacétate
CH CH
O
O CH2 H
H
HO
H
Uridine diphosphoglucose (UDPG)
(b)
(c)
Famille de l’alanine Valine Leucine
3-Phosphoglycérate
Famille de la sérine Glycine Cystéine
Phosphoénolpyruvate Chorismate
ADPG + Glycogène
ADP + Glycogène-Glucose
Érythrose-4-P Ribose 5-P
Composés C2, C3, C4, C5
Famille de l’aspartate Asparagine Lysine Méthionine Thréonine Isoleucine
Pyruvate Glycolyse
OH
Famille du glutamate Proline Glutamine Arginine
Histidinol
Famille des acides aminés aromatiques Phénylalanine Tyrosine Tryptophane Histidine
FIGURE 5.26 Les familles d’acides aminés. Notez que les squelettes carbonés de la plupart des acides aminés proviennent du cycle de l’acide citrique ou de la glycolyse. La synthèse des différents acides aminés d’une famille nécessite fréquemment de nombreuses étapes catalysées par des enzymes différentes, à partir de l’acide aminé précurseur (représenté en gras).
Cycle de l’acide citrique Oxaloacétate Phosphoénolpyruvate + CO2 Étapes inverses de la glycolyse
Glucose-6-P (d)
Glucose-6-P Ribulose-5-P + CO2 Ribose-5-P
Ribonucléotides
Ribonucléotides NADPH
ARN
Ribonucléotide réductase
Désoxyribonucléotides
ADN
FIGURE 5.25 Le métabolisme des sucres. (a) Les polysaccharides sont synthétisés à partir de formes activées d’hexoses comme l’UDPG. La couleur bleu ici représente le glucose. L’UDPG est principalement impliqué dans la biosynthèse des dérivés du glucose, tels que la N-acétylglucosamine. (b) La synthèse du glycogène s’obtient à partir de l’adénosine-phosphoglucose (ADPG), par addition séquentielle de glucose. (c) La gluconéogenèse. Le glucose peut être synthétisé à partir d’autres composés carbonés, généralement par l’inversion des étapes de la glycolyse. (d) Les pentoses nécessaires à la synthèse des acides nucléiques sont formés par la décarboxylation des hexoses, comme le glucose-6-phosphate. Notez que les précurseurs de l’ADN sont produits par la ribonucléotide réductase, à partir des précurseurs de l’ARN.
commun des étapes biosynthétiques peuvent regrouper les acides aminés. Le squelette carboné des acides aminés provient presque exclusivement des intermédiaires de la glycolyse ou du cycle de l’acide citrique (voir figure 5.26). Le groupe aminé des acides aminés provient généralement de sources d’azote inorganique de l’environnement, telles que l’ammoniac (NH3). Les acides aminés glutamate ou glutamine sont le plus souvent formés à partir d’ammoniac grâce à deux enzymes, la glutamate déshydrogénase et la glutamine synthétase (voir figure 5.27). L’ammoniac incorporé de cette façon peut ensuite être utilisé pour former d’autres composés azotés. Par exemple, le glutamate peut transférer son groupe aminé à l’oxaloacétate dans une réaction de transamination, produisant l’α-cétoglutarate et l’aspartate (voir figure 5.27c). De même, la glutamine peut réagir avec l’α-cétoglutarate pour former deux molécules de glutamate dans une réaction catalysée par une aminotransférase (voir figure 5.27d). Ces réactions servent à incorporer l’ammoniac dans divers squelettes carbonés à partir desquels d’autres réactions de biosynthèse peuvent former les vingt et un acides aminés (voir figure 3.12) entrant dans la composition des protéines.
Les nucléotides, monomères des acides nucléiques La biosynthèse des purines et des pyrimidines met en jeu des réactions complexes. Les purines sont littéralement construites atome par atome à partir de plusieurs sources distinctes de carbone et d’azote, dont le CO2 (voir figure 5.28a). La purine « clé de départ » – l’acide inosinique (voir figure 5.28a) – est
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5.17 La biosynthèse des acides gras et des lipides 131 NADH (a) α-Cétoglutarate + NH3 NH2 (b) Glutamate + NH3
Glutamate déshydrogénase
ATP ADP + Pi Glutamine synthétase
NH2 Glutamate
Groupement aminé (provenant de l’aspartate)
NH2 NH2 Glutamine
N1
NH2
NH2 α-Cétoglutarate + Aspartate
Transaminase
NH2
(d) Glutamine + α-Cétoglutarate
C
6 5C
2
NH2 (c) Glutamate + Oxalacétate
CO2
NADH Glutamate synthase
NH2
Glycine
N 7
Groupement formyle (HCOO–) (provenant de l’acide folique)
8C
C 3 4C 9 N N Groupement formyle (provenant de l’acide folique) Azote du groupement amide de la glutamine
O
(a)
FIGURE 5.27 Incorporation d’ammoniac dans les bactéries. La couleur bleu représente l’ammoniac libre et les groupes aminés des acides. Les bactéries utilisent deux voies principales d’assimilation de NH3, catalysées par (a) la glutamate déshydrogénase et (b) la glutamine synthétase. (c) Les réactions de transamination transfèrent un groupement aminé d’un acide aminé à un acide organique. (d) Dans la réaction catalysée par la glutamate synthase, deux glutamates sont formés à partir d’une glutamine et d’un α-cétoglutarate.
C O –O
Contrôlez vos acquis Les acides aminés sont formés de squelettes carbonés produits pendant le catabolisme, alors que les nucléotides utilisent pour leur biosynthèse plusieurs sources de carbone. •
Quelle forme d’azote est généralement utilisée pour former le groupe aminé des acides aminés ?
•
Quelles bases sont des purines et quelles bases sont des pyrimidines ?
5.17 La biosynthèse des acides gras m n et des lipides Bien que les lipides des Archaea contiennent des composés hydrophobes différents des acides gras, les lipides des espèces de Bacteria et d’Eukarya contiennent des acides gras (voir section 4.5). Les lipides occupent des fonctions diverses dans les cellules (voir section 4.9). Une cellule peut contenir de nombreux types de lipides, dont certains sont produits seulement dans certaines conditions ou jouent un rôle particulier dans certaines structures cellulaires. La biosynthèse des acides gras est donc cruciale pour la plupart des cellules.
H
Ribose-5-P
C
N
N
O
POCH2 –O
H
H
OH
OH
H
(b) NH3
C O CO2
Acide aspartique
O HN
le précurseur des nucléotides puriniques adénine et guanine (voir figure 3.9) qui, une fois synthétisés (sous leur forme triphosphate) et attachés à leur pentose, sont prêts à être incorporés dans l’ADN et l’ARN (voir sections 7.5 à 7.11). Comme le noyau purine, le noyau pyrimidine est également construit à partir de sources différentes (voir figure 5.28c). La pyrimidine clé de départ est l’uridylate, à partir de laquelle dérivent les pyrimidines thymine, cytosine et uracile (voir figure 3.9) et leurs dérivés (voir figure 5.28d).
N
HN
2 Glutamate
C N H
O
CH
HN
C
C
CO2–
O
O –O
(c)
H
N
CH CH
O
POCH2 –O
C
H
H
OH
OH
H
(d) FIGURE 5.28 Biosynthèse des purines et des pyrimidines. (a) Les précurseurs du squelette des purines. (b) L’acide inosinique, précurseur de tous les nucléotides puriques. (c) L’acide orotique, précurseur du squelette des pyrimidines. (d) L’uridylate, précurseur de tous les nucléotides pyrimidiques. Il se forme à partir de l’orotate, par décarboxylation et addition de ribose-5-phosphate.
La biosynthèse des acides gras Les acides gras sont synthétisés par addition de deux atomes de carbone à la fois avec l’aide d’une petite protéine appelée protéine transporteuse de groupement acyle (ACP). L’ACP se lie à l’acide gras en formation et le libère une fois qu’il a atteint sa longueur finale (voir figures 5.29 et 3.7). Curieusement, bien que la chaîne d’acide gras soit construite par addition de deux carbones à la fois, les deux carbones proviennent d’un composé à trois carbones appelé malonate, lié à l’ACP pour former le malonyl-ACP. Chaque fois qu’un résidu malonyle est apporté, une molécule de CO2 est libérée (voir figure 5.29). La composition en acides gras des cellules varie d’une espèce à l’autre et peut aussi changer légèrement dans une même cellule en fonction de la température (la croissance à basse température favorise la synthèse d’acides gras à chaîne plus courte, tandis que la croissance à des températures élevées favorise la synthèse d’acides gras à chaîne plus longue).
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132 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
O Acétyl-ACP H3C
C
Malonyl-ACP
ACP
HOOC CH2
Les lipides
O C
ACP
CO2
ACP O
O
H3C C CH2
Acétoacétyl-CoA
C ACP 2 NADPH 2 NADP+
H2O
O H3C CH2 CH2 Palmitate (16 C)
ACP
4C 3C CO2
6C 3C
CO2
3C 14 C
CO2
3C
CO2
3C
C
CO2
12 C
CO2
8C
3C 10 C
FIGURE 5.29 Biosynthèse des acides gras. Le schéma représente la biosynthèse d’un acide gras à 16 C, le palmitate (voir figure 3.7). La condensation de l’acétyl-ACP et du malonylACP forme l’acétoacétyl-CoA. Ensuite, les unités acétyles sont successivement rajoutées à partir du malonyl-ACP.
Douze à vingt atomes de carbone forment les acides gras les plus communs des lipides des Bacteria. Des acides gras ayant un même nombre d’atomes de carbone peuvent être saturés ou insaturés, ramifiés ou posséder un nombre impair d’atomes de carbones. Les acides gras insaturés contiennent une ou plusieurs doubles liaisons dans la longue portion hydrophobe de la molécule. Le nombre et la position de ces doubles liaisons sont souvent spécifiques d’une espèce ou d’un groupe, et les doubles liaisons sont généralement ajoutées par désaturation d’un acide gras saturé. Les chaînes branchées et les acides gras à nombre impair d’atomes de carbone sont synthétisés à partir d’un précurseur qui contient soit une chaîne d’acide gras branchée, soit un groupe propionyle (C3).
L’assemblage final des lipides des Bacteria et des Eukarya met en jeu l’addition d’acides gras à une molécule de glycérol. Pour les triglycérides simples, les trois carbones du glycérol sont estérifiés par des acides gras. Dans les lipides complexes, un des carbones contient une molécule de phosphate, de l’éthanolamine, un sucre, ou d’autres substances polaires (voir figure 3.7). Chez les Archaea, les lipides contiennent des chaînes latérales phytanyl au lieu de chaînes latérales d’acides gras (voir section 4.5). Cependant, comme chez les Bacteria et les Eukarya, le troisième carbone du squelette glycérol des lipides d’Archaea contient généralement un groupe polaire quelconque. Les lipides sont utilisés comme biomarqueurs dans des études d’écologie microbienne. Par exemple, les lipides contenant des liaisons éther sont typiques d’espèces d’Archaea, mais pas de Bacteria ou d’Eukarya. D’autres lipides sont hautement spécifiques de groupes particuliers d’organismes, et cette grande diversité des lipides est utilisée pour détecter ces groupes dans des échantillons provenant du milieu naturel (voir section 11.10). Les lipides des organismes morts sont souvent plus réfractaires à la dégradation que les autres macromolécules des cellules. Cette propriété, de même que leur spécificité, font de l’analyse des lipides une méthode idéale pour évaluer la composition bactérienne des matériaux anciens. Par exemple, les analyses de lipides faites sur des échantillons provenant de lacs ou de sédiments marins peuvent permettre de déterminer les différentes espèces de microorganismes et leur quantité dans les diverses couches d’un échantillon de sédiment. Comme chaque couche a un âge différent, qui peut être aisément déterminé, le profil lipidique constitue un enregistrement des types d’organismes présents dans l’habitat au cours du temps.
Contrôlez vos acquis Les acides gras sont synthétisés par addition de deux carbones à la fois et sont ensuite rattachés à un glycérol pour former des lipides. •
Expliquez pourquoi, dans la synthèse des acides gras, les atomes de carbone sont rajoutés par deux, alors que la molécule qui fournit ces carbones contient trois carbones.
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5.17 La biosynthèse des acides gras et des lipides 133
Les produits de la fermentation de la levure
Chaque producteur de vin ou chaque brasseur est un microbiologiste amateur, même si quelquefois il l’ignore. En effet, les processus anaérobies de production d’énergie sont au cœur de certaines des plus saisissantes découvertes de l’homme : les nourritures et les boissons fermentées (voir figure 1). Dans la production du pain et de la plupart des boissons alcoolisées, c’est la levure Saccharomyces cerevisiae qui est exploitée pour produire de l’éthanol et du CO 2. Les levures, rencontrées dans divers milieux riches en sucre, comme les jus et les nectars de fruits, peuvent effectuer les deux modes opposés du métabolisme des chimio-organotrophes discutés dans ce chapitre, la fermentation et la respiration. En présence d’oxygène, les levures se développent efficacement sur différents sucres et se multiplient en libérant du CO 2 (qui provient du cycle de l’acide citrique – voir section 5.13). Cependant, en conditions anoxiques, les levures dirigent leur métabolisme vers la fermentation. Dans ce cas, le rendement en cellules est réduit, mais des quantités significatives d’alcool et de CO2 sont produites. Quand des raisins sont pressés pour en extraire le jus, un petit nombre de cellules de levure présentes sur les raisins dans la vigne sont transférées au moût. Pendant les premiers jours du procédé de vinification, les cellules de levure se multiplient en respirant et consomment de l’O2, rendant le jus anoxique. Dès que l’oxygène est épuisé, la fermentation démarre, et la production d’alcool et de CO2 commence. Ce passage du métabolisme aérobie au métabolisme anaérobie est crucial, et il faut veiller attentivement à ce que l’air ne pénètre pas dans la cuve de fermentation. Le vin est un des nombreux produits fabriqués avec la levure. La bière (voir focus
Barton Spear
FOCUS
Figure 1 Les principaux produits pour lesquels l’étape critique de fabrication est la fermentation sous l’action de la levure Saccharomyces cerevisiae.
« Comment faire de la bière chez soi », chapitre 30) et les spiritueux distillés tels que l’eau-de-vie, le whisky, la vodka et le genièvre (voir figure 1) sont également des produits de fermentation de la levure. Dans des spiritueux distillés, l’éthanol, produit en quantité relativement faible par la levure (10 à 15 % par unité de volume), est concentré par distillation pour atteindre 40 à 60 % d’alcool dans la boisson. Même l’alcool utilisé comme carburant de moteur est fait avec la levure, dans les parties du monde où le sucre est abondant, mais le pétrole est difficile à obtenir (comme au Brésil). Aux États-Unis, la production principale d’alcool éthylique, à partir de l’amidon de maïs comme substrat
fermentescible, est utilisée comme dissolvant industriel. La levure sert également à faire lever le pain ; dans ce cas, ce n’est pas l’alcool qui est important, car il se volatilise, mais le CO2, l’autre produit de la fermentation alcoolique (voir figure 5.14 et chapitre 30). Nous pouvons ainsi apprécier comment une cellule de levure, forcée d’adopter la fermentation parce que l’oxygène dont elle a besoin pour respirer est absent, a influencé la vie des hommes. Bien qu’étant des « déchets » de la voie glycolytique chez la levure, l’éthanol et le CO2 sont les ingrédients clés de l’industrie des boissons alcoolisées et des produits de boulangerie.
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134 Chapitre 5
Nutrition, culture et métabolisme des micro-organismes
QUESTIONS 1. Pourquoi le carbone et l’azote sont-ils des macronutriments et le cobalt un micronutriment (voir section 5.1) ? 2. Que sont les sidérophores et pourquoi sont-ils nécessaires (voir section 5.1) ? 3. Pourquoi le milieu suivant ne peut-il pas être considéré comme un milieu défini chimiquement : glucose, 5 g ; NH4Cl, 1 g ; KH2PO4, 1 g ; MgSO4, 0,3 g ; extrait de levure, 5 g ; eau distillée, 1 l (voir section 5.2) ? 4. Qu’est une technique d’asepsie et pourquoi est-elle nécessaire (voir section 5.3) ? 5. Décrivez comment vous calculeriez ∆G0' pour la réaction : glucose + 6O2 → 6CO2 + 6H2O. Si on vous disait qu’elle est hautement exergonique, quel signe (négatif ou positif) utiliseriez-vous pour cette réaction (voir section 5.4) ? 6. Faites la distinction entre ∆G0', ∆G et Gf0 (voir section 5.4). 7. Pourquoi les enzymes sont-elles nécessaires aux cellules (voir section 5.5) ? 8. Quelle est la différence entre un coenzyme et un groupement prosthétique (voir section 5.5) ? 9. Voici une série de donneurs d’électrons appariés à des accepteurs d’électrons (écrits donneur/accepteur). En utilisant simplement les données de la figure 5.9, ordonnez cette série en commençant par la paire produisant le plus d’énergie et en finissant par la paire produisant le moins d’énergie. H2/Fe3+, H2S/O2, méthanol/NO3– (produisant du NO2–), H2/O2, Fe2+/O2, NO2–/Fe3+, H2S/NO3 (voir section 5.6). 10. Quel est le potentiel de réduction du couple NAD+/NADH (voir section 5.7) ? 11. Pourquoi l’acétyl phosphate est-il considéré comme un composé riche en énergie et non le glucose 6-phosphate (voir section 5.8) ?
12. Comment l’ATP est-il synthétisé au cours de la fermentation et de la respiration (voir section 5.9) ? 13. Dans la glycolyse, où le NADH est-il produit ? Où le NADH est-il consommé (voir section 5.10) ? 14. Que signifie l’expression force proton-motrice et pourquoi ce concept est-il si important en biologie (voir sections 5.11 et 5.12) ? 15. Comment l’énergie de rotation est-elle utilisée par l’ATPase pour produire l’ATP (voir section 5.12) ? 16. Le dinitrophénol et le cyanure sont deux produits chimiques considérés comme des poisons cellulaires, mais ils agissent de manière tout à fait différente. Comparez et énoncez les modes d’action de ces deux produits chimiques (voir section 5.12). 17. Parcourez les tableaux montrant les bilans énergétiques de la fermentation et de la respiration, et repérez tous les sites de synthèse d’ATP. Les organismes peuvent produire presque vingt fois plus d’ATP quand ils se développent à partir du glucose en conditions aérobies plutôt qu’en le fermentant. Exprimez cette différence en une phrase (voir section 5.13). 18. Pourquoi peut-on dire que le cycle de l’acide citrique joue deux rôles principaux dans la cellule (voir section 5.13) ? 19. En quoi diffèrent le donneur d’électrons et la source de carbone lorsqu’on compare Escherichia coli et Acidithiobacillus thioparus (un chimiolithotrophe oxydant le soufre) [voir section 5.14] ? 20. Quelles sont les deux voies cataboliques qui fournissent les squelettes carbonés pour la biosynthèse de sucres et d’acides aminés (voir sections 5.15 et 5.16) ? 21. Décrivez le processus par lequel un acide gras comme le palmitate (acide gras linéaire saturé à seize atomes de carbone) est synthétisé dans une cellule (voir section 5.17).
PROBLÈMES 1. Concevez un milieu de culture défini pour un organisme qui peut se développer en conditions aérobies en utilisant l’acétate comme source de carbone et d’énergie. Assurez-vous que tous les besoins nutritifs de l’organisme sont satisfaits et fournis dans les proportions correctes. 2. Desulfovibrio peut se développer en conditions anaérobies avec H2 comme donneur d’électron et SO42– comme accepteur d’électron (lequel est réduit en H2S). À partir de cette information et des données du tableau A1.2 (voir annexe 1), indiquez lequel des composants suivants – cytochrome c, ubiquinone, cytochrome c3, cytochrome aa3, ferrédoxine –, ne pourrait exister dans la chaîne de transport d’électrons de cet organisme, et pourquoi.
3. Utilisez encore les données du tableau A1.2 pour prévoir l’ordre des transporteurs d’électrons dans la membrane d’un organisme qui croît en conditions aérobies et possède les transporteurs d’électrons suivants : ubiquinone, cytochrome aa3, cytochrome b, NADH, cytochrome c, FAD. 4. Interprétez l’observation suivante : les cellules d’Escherichia coli, qui fermentent du glucose, croissent plus rapidement quand NO3– est fourni à la culture (NO2– est produit) et, dès lors, croissent encore plus rapidement (et arrêtent la production de NO2–) quand la culture est fortement aérée.
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7209.book Page 135 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
CHAPITRE SIX
Croissance microbienne
I
Division cellulaire bactérienne
136
6.1 6.2
La croissance cellulaire et la fission binaire Les protéines Fts, le plan de division cellulaire et la morphologie cellulaire La synthèse du peptidoglycane et la division cellulaire
136
6.3
139
II
Croissance des populations microbiennes
6.4
6.6
La terminologie et le concept de la croissance exponentielle 141 L’expression mathématique de la croissance exponentielle 142 Les phases de la croissance 143
III
Mesure de la croissance microbienne 144
6.7
Les mesures directes de la croissance microbienne : comptages des cellules totales et viables 144 Les mesures indirectes de la croissance microbienne : turbidité 147 La culture continue en chémostat 149
6.5
La division cellulaire est l’ensemble des événements qui produisent deux cellules à partir d’une cellule.
137
6.8 6.9
IV
Impact de l’environnement sur la croissance microbienne : la température
140
151
6.10 L’impact de la température sur la croissance 151 6.11 La croissance microbienne à basse température 152 6.12 La croissance microbienne à haute température 155
V
Impact de l’environnement sur la croissance microbienne : pH, pression osmotique et oxygène
6.13 6.14
La croissance microbienne à pH acide ou alcalin L’influence de la pression osmotique sur la croissance L’influence de l’oxygène sur la croissance Les formes toxiques de l’oxygène
6.15 6.16
157 157 159 161 163
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136 Chapitre 6
Croissance microbienne
GLOSSAIRE Acidophile (acidophile) Organisme se développant préférentiellement à pH acide. Aérobie (aerobe) Organisme pouvant utiliser l’oxygène (O2) lors d’une respiration ; certains en ont besoin pour leur croissance. Alcaliphile (Alkaliphile) Organisme se développant préférentiellement à pH alcalin. Anaérobie (anaerobe) Organisme ne pouvant utiliser l’oxygène (O2) lors d’une respiration et dont la croissance peut être inhibée par l’oxygène. Anaérobie aérotolérant (aerotolerant anaerobe) Micro-organisme incapable de respirer l’oxygène (O2), mais dont la croissance est néanmoins possible en présence de celui-ci. Autolyse (autolysis) Lyse cellulaire spontanée due à l’activité de protéines lytiques appelées autolysines. Chémostat (chemostat) Système permettant la culture continue des micro-organismes ; le taux de croissance et le nombre de cellules peuvent être contrôlés indépendamment. Composés osmorégulateurs ou solutés compatibles (compatible solute) Molécules accumulées dans le cytoplasme, qui n’inhibent pas les processus biochimiques et permettent d’ajuster le niveau de l’activité de l’eau. Croissance (growth) Augmentation du nombre de cellules. Croissance exponentielle (exponential growth) Croissance d’un micro-organisme dont le nombre de cellules double au cours d’une période de temps constante. Culture en milieu clos (batch culture) Système de culture microbienne dont le volume est fixe et non renouvelé. Divisome (divisome) Complexe protéique impliqué dans la division cellulaire chez les procaryotes. Extrémophile (extremophile) Organisme dont la croissance optimale se réalise à des valeurs extrêmes pour certains paramètres physiques ou chimiques tels que la température ou le pH. Facultatif (facultative) Dans le cas de l’oxygène : un organisme pouvant se développer en présence ou absence d’oxygène. Fission binaire (binary fission) Division cellulaire après que la cellule a atteint deux fois sa taille minimale. FtsZ (FtsZ) Protéine clé de la division cellulaire qui forme un anneau dans le plan de division pour débuter l’élongation cellulaire. Halophile (halophile) Micro-organisme nécessitant NaCl pour sa croissance. Halophile extrême (extreme halophile) Micro-organisme nécessitant la présence
I
DIVISION CELLULAIRE BACTÉRIENNE
Avant d’aborder l’étude de la biosynthèse des macromolécules et la génétique des micro-organismes (voir chapitre 7), ce chapitre s’intéresse à différents aspects de la croissance microbienne, processus de la vie d’une cellule aboutissant à la formation de deux cellules.
croissance cellulaire et la fission m n6.1 Labinaire En microbiologie, la croissance est définie par un accroissement du nombre de cellules. La croissance constitue une étape essentielle de la vie. Les cellules ont une période de vie limitée
d’une grande quantité de sel (NaCl) pour sa croissance, généralement plus de 10 %, voire à un taux proche de la saturation. Halotolérant (halotolerant) Organisme ne nécessitant pas NaCl pour sa croissance, mais capable de se développer en présence de sel jusqu’à des concentrations importantes. Hyperthermophile (hyperthermophile) Micro-organisme dont la température optimale de croissance est supérieure à 80 °C. Mésophile (mesophile) Organisme dont la température optimale de croissance se situe entre 20 °C et 45 °C. Microaérophile (microaerophile) Organisme aérobie qui ne peut se développer qu’à des pressions partielles en oxygène inférieures à celle de l’air. pH (pH) Logarithme négatif de la concentration en ions H+ d’une solution. Phase de latence (lag phase) Période précédant la phase exponentielle de croissance, où les cellules peuvent être actives métaboliquement mais ne présentent pas de croissance. Phase stationnaire (stationary phase) Période suivant la phase exponentielle de croissance où le taux de croissance chute pour atteindre zéro. Psychrophile (psychrophile) Micro-organisme dont la température optimale de croissance est inférieure à 15 °C et la température maximale est de 20 °C. Psychrotolérant (psychrotolerant) Organisme pouvant se développer à des températures faibles mais dont l’optimum de croissance est supérieur à 20 °C. Températures cardinales (cardinal temperatures) Températures minimales, maximales et optimales de croissance pour un organisme donné. Temps de génération (generation time) Temps nécessaire pour le doublement du nombre de cellules d’une population microbienne. Thermophile (thermophile) Micro-organisme dont la température optimale de croissance se situe entre 45 et 80 °C (lorsque la température optimale est comprise entre 45 et 60 °C, on parle parfois de thermophile modéré). Transpeptidation (transpeptidation) Formation de liaisons peptidiques covalentes entre les résidus d’acide muramique lors de la synthèse du peptidoglycane. Viable (viable) Capable de se reproduire. Xérophile (xerophile) Organisme capable de vivre, parfois préférentiellement, dans des environnements très secs.
et le maintient d’une espèce est lié à une croissance continue de sa population. L’étude de la croissance microbienne a des implications pratiques dans de nombreux domaines. Les connaissances de base sur le développement des populations microbiennes sont notamment utiles pour mettre en place des méthodes de contrôle de ces populations (voir chapitre 20). La cellule bactérienne constitue une machine vivante capable de se dupliquer. Le processus de la croissance bactérienne fait intervenir plus de deux mille réactions chimiques très variées. Certaines de ces réactions sont d’ordre énergétique, d’autres impliquent la biosynthèse de petites molécules (monomères de macromolécules) ou sont responsables de l’approvisionnement en cofacteurs et coenzymes nécessaires pour les réactions enzymatiques. Néanmoins, les principales réactions de la synthèse cellulaire sont des réactions de polymérisation, processus par
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6.2 Les protéines Fts, le plan de division cellulaire et la morphologie cellulaire 137
lequel des macromolécules vont être formées à partir de monomères. Les macromolécules accumulées dans le cytoplasme d’une cellule seront assemblées en structures telles que la paroi cellulaire, la membrane cytoplasmique, les flagelles, les ribosomes, des inclusions cytoplasmiques, des complexes enzymatiques, ce qui aboutira finalement à la division cellulaire.
La fission binaire Chez la plupart des procaryotes, la croissance d’une cellule se poursuit jusqu’à sa division en deux nouvelles cellules. Ce processus est appelé fission binaire, en référence au fait que deux cellules apparaissent à partir d’une cellule. Chez une bactérie en forme de bâtonnet telle qu’Escherichia coli, les cellules s’allongent jusqu’à atteindre deux fois leur longueur d’origine, puis se divisent pour finalement se séparer et former deux cellules filles (voir figure 6.1). Le point de division, appelé septum, est le résultat de la croissance vers l’intérieur de la membrane cytoplasmique et de la paroi cellulaire, dans des sens opposés, jusqu’au pincement entre les deux cellules filles (voir figure 6.1). Par définition, lorsqu’une cellule se divise pour en former deux, une génération est survenue. Pendant le cycle de croissance, tous les constituants cellulaires augmentent de façon proportionnelle. Chaque cellule fille reçoit un chromosome et suffisamment de ribosomes et autres complexes macromoléculaires, monomères et ions
Réplication de l’ADN
Élongation cellulaire
Une génération
Contrôlez vos acquis La croissance microbienne implique une augmentation du nombre de cellules. La croissance de la plupart des micro-organismes est due à un processus de fission binaire. •
Définissez le terme de génération.
protéines Fts, le plan m n6.2 Les de division cellulaire
et la morphologie cellulaire
ADN
Septum
inorganiques pour vivre de façon indépendante. La répartition de l’ADN répliqué entre les deux cellules filles est due au fait que cet ADN reste attaché aux membranes pendant la division. La formation du septum aboutit à la séparation des chromosomes, chacun dans une des deux cellules filles (voir figure 6.1). Le temps nécessaire pour une génération est très variable et dépend de nombreux facteurs, tant nutritionnels que génétiques. Dans des conditions nutritionnelles optimales, la bactérie E. coli peut accomplir un cycle en une vingtaine de minutes. Quelques bactéries peuvent croître encore plus vite, mais la plupart sont plus lentes. Les phénomènes de division cellulaire sont intimement liés aux processus de réplication du chromosome.
Formation du septum
Finalisation de la division (septum) et formation de cellules distinctes Séparation des cellules
FIGURE 6.1 Processus général de fission binaire chez une cellule procaryote en forme de bâtonnet. Par souci de simplification, le nucléoïde est représenté par un cercle vert.
Plusieurs protéines, appelées protéines Fts, sont essentielles dans la division cellulaire. L’acronyme Fts signifie « filaments sensibles à la température » (« filamentous temperature sensitive » en anglais), formulation qui décrit les caractéristiques des cellules présentant des mutations dans le gène codant les protéines Fts. De telles cellules ont du mal à se diviser. FtsZ, l’une des protéines clés parmi les protéines Fts, a été étudiée en détail chez Escherichia coli, ainsi que quelques autres bactéries. Les protéines Fts sont présentes chez tous les procaryotes, y compris les Archaea, et les protéines FtsZ sont également présentes dans les mitochondries et les chloroplastes, ce qui met en évidence les liens en termes d’évolution entre ces organites et les bactéries (voir sections 2.3, 14.4 et 14.5). De plus, les protéines FtsZ présentent des similitudes avec les tubulines, protéines intervenant dans la division cellulaire des eucaryotes (voir section 14.4).
Les protéines Fts et la division cellulaire Les protéines Fts interviennent dans le processus de division au niveau du divisome. Dans une cellule en forme de bâtonnet, la formation du divisome commence par l’attachement de molécules de la protéine FtsZ en un anneau, tout autour du cylindre, au centre de la cellule (voir figure 6.2). Ce point d’ancrage deviendra au final le plan de division cellulaire. Dans une cellule d’Escherichia coli, l’anneau est formé par la polymérisation de près de dix mille molécules de la protéine FtsZ. Cet anneau attire d’autres protéines impliquées dans la division cellulaire telles que FtsA et ZipA (voir figure 6.2).
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138 Chapitre 6
Croissance microbienne
FtsA est une ATP-hydroxylase qui va fournir l’énergie nécessaire pour l’assemblage des nombreuses protéines dans le divisome ; ZipA permet l’ancrage de l’anneau formé par les protéines FtsZ à la membrane cytoplasmique. Le divisome contient également des protéines Fts impliquées dans la synthèse du peptidoglycane, telle que FtsI (voir
ZipA
Membrane externe Peptidoglycane
FtsI FtsA ATP
GTP Anneau FtsZ
GDP + Pi
FtsK ADP + Pi
Membrane cytoplasmique
Anneau Protéines FtsZ du divisome
Membrane cytoplasmique Plan de division
T. den Blaauwen et Nanne Nanninga, université d’Amsterdam
(a)
(b) FIGURE 6.2 L’anneau FtsZ et la division cellulaire. (a) Plan de coupe d’une cellule en bâtonnet montrant l’anneau de protéines FtsZ tout autour du plan de division. L’agrandissement montre la disposition des protéines du divisome. ZipA constitue l’attache de FtsZ, FtsI est une protéine de la biosynthèse du peptidoglycane, FtsK intervient dans la séparation du chromosome, et FtsA est une ATPase. (b) Apparition et dégradation de l’anneau de protéines FtsZ au cours du cycle cellulaire d’Escherichia coli. Microscopie : première ligne, contraste de phase ; deuxième ligne, coloration du nucléoïde ; troisième ligne, coloration spécifique des protéines FtsZ ; quatrième ligne, coloration des protéines FtsZ et du nucléoïde. Événements de la division cellulaire : première colonne, l’anneau de protéines FtsZ n’est pas encore formé ; deuxième colonne, l’anneau FtsZ apparaît alors que le nucléoïde commence à se séparer ; troisième colonne, maximum de l’anneau FtsZ lors de l’élongation cellulaire ; quatrième colonne, dégradation de l’anneau FtsZ et division cellulaire. La barre sur la photo, en haut à gauche, représente 1 µm.
figure 6.2). FtsI est une protéine dont l’activité est inhibée par un antibiotique, la pénicilline (voir section 6.3). Le divisome est sans doute responsable de la synthèse de la membrane cytoplasmique et de la paroi cellulaire, de part et d’autre de son point d’ancrage, jusqu’à ce que la cellule ait atteint deux fois sa longueur initiale. Finalement, la constriction des cellules forme le septum, ce qui aboutit à la formation de deux cellules filles (voir figure 6.1).
La réplication de l’ADN et la division cellulaire La réplication de l’ADN se fait avant la formation de l’anneau FtsZ. De fait, c’est l’arrêt de la synthèse d’ADN qui constitue le signal pour la formation de cet anneau qui se forme entre les deux nucléoïdes. La localisation du centre de la cellule par les protéines FtsZ se réalise grâce à des protéines Min, notamment les protéines MinC et MinE. MinC inhibe la division cellulaire et empêche la formation de l’anneau FtsZ tant que la localisation précise du centre n’a pas été définie. MinE inhibe l’activité de MinC et se fixe au centre de la cellule. Son activité déclenche l’attachement des protéines FtsZ et le début du divisome. Au fur et à mesure de l’élongation cellulaire, les deux copies du chromosome sont séparées, chacun vers sa propre cellule fille (voir figure 6.1). Plusieurs protéines Fts, dont la protéine FtsK, interviennent dans ce processus (voir figure 6.2). Lors de la constriction, l’anneau de protéines FtsZ se dépolymérise, déclenchant la croissance vers l’intérieur du matériel cellulaire pour finalement isoler les deux cellules filles. La protéine FtsZ possède une activité d’hydrolyse de la guanosine triphosphate (GTP) pour produire l’énergie nécessaire à la polymérisation et la dépolymérisation de FtsZ, et donc à la formation et la dissociation de l’anneau FtsZ (voir figure 6.2). Le bon fonctionnement des protéines FtsZ est indispensable au processus de la division cellulaire bactérienne. De nombreuses données sur la division cellulaire sont apparues récemment et des données de génomique ont confirmé que les protéines FtsZ sont très bien conservées parmi des lignées phylogénétiques différentes. Au-delà de la recherche fondamentale, il y a un grand intérêt à comprendre la division cellulaire bactérienne d’un point de vue moléculaire, car cela pourrait permettre le développement de nouvelles molécules ciblant spécifiquement des processus clés de la division. Comme pour la pénicilline (qui cible la synthèse de la paroi cellulaire – voir section 6.3), des molécules qui interféreraient avec le fonctionnement des protéines FtsZ, ou d’autres protéines de la division cellulaire bactérienne, pourraient être d’un grand intérêt en médecine.
La forme de la cellule et les protéines de type Actine chez les procaryotes Bien que les protéines FtsZ jouent un rôle majeur dans le processus de division cellulaire, quels sont les facteurs qui interviennent dans la morphologie des cellules procaryotes ? Pendant longtemps, on a cru que le mode de synthèse du peptidoglycane définissait la morphologie cellulaire. Il apparaît aujourd’hui que certaines protéines spécifiques définissent la morphologie des cellules chez les procaryotes et que le peptidoglycane n’assume qu’un rôle mineur. Ces « protéines de
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6.3 La synthèse du peptidoglycane et la division cellulaire 139
Contrôlez vos acquis La division cellulaire et la réplication du chromosome sont coordonnées, et les protéines Fts constituent les clés de ces processus. Les protéines FtsZ définissent le plan de division chez les procaryotes, tandis que les protéines Mre définissent la forme des cellules. •
Quand la réplication du chromosome a-t-elle lieu au cours du processus de division binaire ?
•
Comment les protéines FtsZ trouvent-elles le centre de la cellule ?
•
Quelles sont les protéines eucaryotes homologues des protéines FtsZ et MreB ?
du peptidoglycane m n6.3 Laet lasynthèse division cellulaire Avant que la division cellulaire puisse survenir, la synthèse de paroi nouvelle doit intervenir. De plus, cette synthèse de paroi nouvelle, doit être additionnée à de la paroi préexistante sans perte de l’intégrité cellulaire. La figure 6.3 décrit ce processus essentiel. À la base de l’anneau FtsZ (voir figure 6.2a et figure 6.3), de petites ouvertures sont créées dans la paroi cellulaire grâce à des enzymes, appelées autolysines, dont la fonction est analogue à du lysozyme (voir section 4.8). Les autolysines sont présentes au
Anneau FtsZ
Bourrelets pariétaux
Zones de croissance
(a)
A. Ulmeda et K. Amako
forme » présentent des homologies avec les actines, protéines clés du cytosquelette des eucaryotes (voir section 14.4). La principale « protéine de forme » chez les procaryotes est appelée MreB. Cette protéine constitue un cytosquelette de type actine chez les Bacteria, et probablement aussi chez les Archaea. Les protéines MreB forment des anneaux filamenteux en spirales tout autour de l’intérieur de la cellule, sous la membrane cytoplasmique. Ce cytosquelette MreB définit probablement la forme de la cellule en générant une contrainte pour la membrane cytoplasmique. Les bactéries en forme de coques ne possèdent pas de protéines MreB, ni les gènes codant ces protéines. Ceci indique clairement que la forme par défaut d’une bactérie est une sphère. Des modifications dans la conformation des filaments MreB chez les bactéries non sphériques sont probablement responsables des nombreuses morphologies rencontrées chez les procaryotes (voir section 4.11). Entre les protéines FtsZ et MreB, les cellules procaryotes produisent de nombreuses protéines identiques, du point de vue de leur structure, aux tubulines et actines des eucaryotes, impliquées respectivement dans la division cellulaire et l’échafaudage de la partie interne de la cellule. Étant donné l’importance de la division cellulaire dans la biologie de la cellule, il n’est pas surprenant que les solutions biologiques aux problèmes de la division cellulaire et de la forme des cellules chez les eucaryotes trouvent leur fondement, en termes d’évolution, chez les cellules procaryotes. Comme d’autres fonctions fondamentales des cellules (réplication de l’ADN, transcription et traduction), les mécanismes de la division cellulaire ont été des inventions précoces de l’évolution microbienne.
(b) FIGURE 6.3 Synthèse de la paroi chez une bactérie Gram positif. (a) Localisation de la nouvelle paroi synthétisée lors de la division cellulaire. Chez les coques, la synthèse de la paroi (en vert) est localisée en un seul point. L’anneau FtsZ (voir figure 6.2) définit le plan de division. (b) Observation au microscope électronique à balayage de cellules de Streptococcus hemolyticus montrant les bourrelets pariétaux (indiqués par les flèches blanches). Une cellule mesure 1 µm de diamètre.
sein du complexe protéique du divisome. La nouvelle paroi est alors constituée à travers ces ouvertures (voir figure 6.3a). La jonction entre nouveau et ancien peptidoglycane forme un bourrelet à la surface des bactéries Gram positif (voir figure 6.3b), constituant comme une cicatrice. Il est essentiel, pour la synthèse du peptidoglycane, que les précurseurs de la paroi cellulaire (acide muramique, glucosamine, tétrapeptide – voir figure 6.5) soient réunis au peptidoglycane déjà existant de manière coordonnée afin d’éviter une rupture au point de réunion. Si ceci n’est pas réalisé, un processus de lyse cellulaire spontané, appelé autolyse, peut survenir.
La biosynthèse du peptidoglycane On peut considérer la couche de peptidoglycane (voir section 4.8) comme une structure de résistance au stress, telle une fine couche de caoutchouc. La synthèse du nouveau peptidoglycane, lors de la croissance, nécessite la coupure contrôlée de l’ancien peptidoglycane par les autolysines et l’insertion simultanée des précurseurs du nouveau peptidoglycane. Une molécule transporteuse de lipides, le bactoprénol (voir figure 6.4) joue un rôle majeur dans ce processus. Le bactoprénol est une molécule d’alcool en C55 qui se lie aux précurseurs du peptidoglycane N-acéthyl glucosamine/acide N-acéthyl muramique/pentapeptide (voir figure 6.5a). Le bactoprénol permet le transport des précurseurs du peptidoglycane au travers de la membrane cytoplasmique jusqu’au périplasme grâce à son caractère très hydrophobe. Une fois dans le périplasme, le bactoprénol réagit avec des enzymes qui
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140 Chapitre 6
Croissance microbienne
H3C
CHCH2(CH2C
C
CH3
CH3
CH3
CHCH2)9CH2C
CHCH2 O O–
O P O
O–
O P Acide N-acétyl-muramique
O
FIGURE 6.4 Bactoprénol (undécaprénol diphosphate). Cette molécule très hydrophobe transporte les précurseurs du peptidoglycane au travers de la membrane cytoplasmique.
additionnent les précurseurs de la paroi au point de croissance et catalysent les réactions de formation des ponts glycosidiques (voir figure 6.5b).
La transpeptidation : cible de la pénicilline La dernière étape de la synthèse de la paroi est appelée transpeptidation. Elle consiste en la formation de liaisons peptidiques Peptidoglycane G
M G
G M
Zone de croissance de la paroi
M G
G M
M G
G M
Membrane cytoplasmique
M G
G
M
M
G
P
P
M
G G
M M
G G
entre résidus d’acide muramique contenus dans des chaînes de glycane adjacentes (voir section 4.8, et figures 4.29 et 4.30). Cette réaction de transpeptidation est intéressante du point de vue médical, car elle est inhibée par un antibiotique, la pénicilline. De nombreuses protéines se fixant à la pénicilline ont été identifiées dans le périplasme des bactéries Gram négatif, dont la protéine FtsI (voir figure 6.2). Lorsque la pénicilline se fixe à ces protéines, elles ne présentent plus d’activité catalytique. En l’absence de synthèse de la nouvelle paroi, l’activité des autolysines va affaiblir la paroi pour finalement aboutir à une lyse cellulaire. La pénicilline a été très utilisée en médecine pour deux raisons principales : en premier lieu, les humains, eucaryotes, ne possèdent pas de peptidoglycane, ce qui permet l’utilisation de cet antibiotique à forte dose ; en second lieu, pratiquement toutes les bactéries pathogènes contiennent du peptidoglycane et présentent donc potentiellement des cibles pour la pénicilline. La transpeptidation est la formation d’un pont peptidique comprenant un ou plusieurs acides aminés selon la structure de la paroi de l’organisme considéré. Chez les bactéries Gram négatif telles qu’Escherichia coli, ce pont peptidique se réalise entre l’acide diamino-pimélique et la D-alanine de deux peptides adjacents (voir figure 6.5b). L’une des deux molécules de D-alanine présentes initialement est éliminée lors de la transpeptidation (voir figure 6.5b). Ceci apporte l’énergie nécessaire pour la poursuite de la réaction de transpeptidation, qui se réalise dans l’espace périplasmique où l’ATP n’est pas disponible. Chez E. coli, les protéines FtsI (voir figure 6.2) sont considérées comme étant les protéines clés de la transpeptidation. Chez les bactéries Gram positif, où un pont glycine est présent (voir section 4.8 et figure 4.30) la réaction se réalise entre ces ponts entre la L-lysine et la D-alanine de deux peptides adjacents.
Extérieur
Contrôlez vos acquis
Intérieur Pentapeptide
M
G
P
P
Bactoprénol
(a)
D-Ala
G M
L-Ala
D-Glu
DAP
D-Ala
DAP
D-Glu
L-Ala
M G
D-Ala
Transpeptidation
La nouvelle paroi cellulaire est synthétisée au cours de la croissance bactérienne par l’insertion de nouvelles unités de glycane au sein de la paroi existante. Un alcool hydrophobe, le bactoprénol, facilite le transport de ces nouvelles unités glycane au travers de la membrane cytoplasmique pour être insérées à la paroi en croissance. La transpeptidation lie les précurseurs à la structure de peptidoglycane existante. •
Que sont les autolysines et pourquoi sont-elles nécessaires ?
•
Quelle est la fonction du bactoprénol ?
•
Qu’est-ce que la transpeptidation et pourquoi estelle importante ?
G M
(b)
L-Ala
D-Glu
DAP
D-Ala
DAP D-Ala
D-Glu
L-Ala
M G
FIGURE 6.5 Synthèse du peptidoglycane . (a) Transport des précurseurs au travers de la membrane cytoplasmique vers la zone de croissance de la paroi cellulaire. (b) Réaction de transpeptidation aboutissant à la jonction de deux chaînes de peptidoglycane. La pénicilline inhibe cette réaction.
II
CROISSANCE DES POPULATIONS MICROBIENNES
La croissance microbienne est définie comme l’augmentation du nombre de cellules d’une population. Nous allons maintenant considérer la croissance non plus comme la croissance et la division d’une cellule individuelle, mais du point de vue de la dynamique de croissance des populations bactériennes.
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6.4 La terminologie et le concept de la croissance exponentielle 141
La croissance exponentielle La figure 6.6 présente une expérience au cours de laquelle une seule cellule d’un micro-organisme, présentant un temps de doublement de trente minutes, est mise en culture. Ce type de modèle d’accroissement de population qui voit le nombre de cellules doubler à intervalle de temps régulier, est appelé croissance exponentielle. La représentation arithmétique (échelle linéaire) du nombre de cellules en fonction du temps donne une courbe dont la pente augmente de façon continue (voir figure 6.6b). À l’inverse, lorsqu’une représentation semi-logarithmique est utilisée (nombre de cellules sur une échelle logarithmique de base 10, temps sur une échelle arithmétique), comme le montre la figure 6.6b, une droite est obtenue. Cette fonction linéaire indique que la population croît de façon exponentielle, c’est-à-dire que le nombre de cellules double à intervalle de temps régulier. La représentation semi-logarithmique est pratique et simple pour l’estimation du temps de génération à partir de données expérimentales de la croissance. En effet, le temps de génération peut être lu directement sur le graphique (voir figures 6.7 et 6.12b). Au cours de la croissance exponentielle, l’accroissement du nombre de cellules est faible au départ, mais augmente
Temps (h) 4 4,5 5 5,5 6 . . 10
1 2 4 8 16 32 64 128
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
Nombre total de cellules 256 (28) 512 (29) 1 024 (210) 2 048 (211) 4 096 (212) . . 1 048 576 (219)
(a) 1 000
1 000
Logarithmique Arithmétique
100 500 10
Nombre de cellules (échelle logarithmique)
Au cours du cycle de division cellulaire (voir figure 6.1), tous les composants structurels de la cellule se dupliquent. Si l’intervalle pour la formation de deux cellules à partir d’une est appelé génération, le temps nécessaire à cet événement est appelé temps de génération (voir figure 6.1). C’est donc le temps indispensable pour que la population cellulaire double (la masse cellulaire double également pendant cette période). C’est pour cette raison que le temps de génération est également appelé temps de doublement. Le temps de génération varie énormément entre microorganismes. Dans la plupart des cas, les bactéries ont un temps de génération minimal plus court que les eucaryotes. Le temps de génération d’un organisme donné dépend du milieu de culture et des conditions d’incubation appliquées. De nombreuses bactéries ont des temps de génération minimaux, en conditions optimales de croissance, compris entre une et trois heures. Néanmoins, quelques micro-organismes à croissance rapide ont des temps de génération inférieurs à dix minutes alors que d’autres, à croissance lente, connaissent des temps de génération de plusieurs jours. Dans le milieu naturel, les temps de doublement des populations microbiennes sont sans doute beaucoup plus longs que ceux obtenus dans des cultures de laboratoire. En effet, dans le milieu naturel, les conditions de culture idéales pour un organisme donné n’existent que par intermittence. Ainsi, selon la disponibilité des ressources, les conditions physico-chimiques (température, pH et autres), le taux d’humidité et les variations saisonnières, les populations bactériennes en milieu naturel peuvent ne se dupliquer que toutes les semaines ou plus.
Nombre total de cellules
Temps (h)
Nombre de cellules (échelle arithmétique)
m n
6.4 La terminologie et le concept de la croissance exponentielle
100 0 (b)
1
2
3
4
5
1
Temps (h)
FIGURE 6.6 Croissance d’une culture microbienne . (a) Données pour une population doublant toutes les trente minutes. (b) Représentation arithmétique et logarithmique des données (voir axes des ordonnées).
continuellement. Vers la fin de la croissance, cela aboutit à une augmentation spectaculaire du nombre de cellules. Ainsi, dans l’expérience décrite par la figure 6.6, une seule cellule est produite au cours des trente premières minutes, alors qu’entre 4 et 4,5 heures, 256 cellules sont produites en trente minutes. Une des implications de cette croissance exponentielle concerne les produits consommables, riches en nutriments et non stériles, tels que du lait, laissés en conditions idéales pour la croissance des micro-organismes. Les quelques heures correspondant au début de la croissance exponentielle ne nuisent pas au produit, alors que la même durée en fin de croissance peut être catastrophique.
Contrôlez vos acquis Les populations microbiennes ont un type de croissance caractéristique appelée croissance exponentielle, qui se visualise facilement en reportant le nombre de cellules en fonction du temps, selon un graphique semi-logarithmique. •
Pourquoi la croissance exponentielle aboutit-elle à un nombre de cellules si important en un temps si court ?
•
Qu’est-ce qu’une représentation semi-logarithmique ?
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142 Chapitre 6
Croissance microbienne
n le nombre de générations au cours de la croissance exponentielle. Le temps de génération g de la population en croissance exponentielle est t/n, où t représente la durée de la croissance exponentielle, exprimée en jours, heures ou minutes selon le type d’organisme et les conditions de culture. Lorsque les nombres de cellules initiales et finales sont connus pour une population de cellules en croissance exponentielle, il est possible de calculer n, puis, en connaissant la durée de cette croissance (t), le temps de génération g.
4 x 107
Cellules·mL–1
Pente = 0,05
2x
t=6h n=1 g = nt = 6 h
107
La population double en 6 heures 0
(a)
1
2
3
4
5
6
La relation entre N et N0 avec n L’équation N = N0 2n peut permettre de déterminer n comme suit :
1 x 108 t=2 n=1 g = nt = 2 h
8 x 107 6 x 107
La population double en 2 heures
N = N0 2n log N = log N0 + nlog2 log N - log N0 = nlog2
Cellules·mL–1
Pente = 0,15 4 x 107
n=
3 x 107
2 x 107
1 x 107 (b)
log N – log N0 log N – log N0 = = 3,3 (log N – log N0) log2 0,301
Cette nouvelle équation permet de déterminer le temps de génération à partir des quantités mesurables que constituent N et N0. Par exemple, d’après les données de la figure 6.7 (en bas) ou N = 108 cellules.mL–1, N0 = 5 × 107 cellules.mL–1 et t=2h:
2h
n = 3,3 [log (108) – log (5 × 107)] = 3,3 (8 – 7,69) = 3,3 (0,301) = 1 0
1
2
3
4
5
Temps (h)
FIGURE 6.7 Les paramètres de la croissance. Méthode d’estimation du temps de génération (g) sur la base de représentations semi-logarithmiques pour des populations en phase exponentielle de croissance, dont les temps de génération sont de 6 heures (a) et 2 heures (b). La pente de chacune des droites est égale à 0,301/g et n est le nombre de générations durant le temps t. Tous les nombres sont exprimés en notation scientifique (10 000 000 = 1 × 107 ; 60 000 000 = 6 × 107).
mathématique m n6.5 L’expression de la croissance exponentielle L’augmentation du nombre de cellules dans une culture bactérienne en croissance exponentielle constitue une progression géométrique d’ordre 2 (voir figure 6.6a). Une cellule se divise pour en donner deux, puis ces deux cellules se divisent pour en donner quatre, et ainsi de suite. Ceci peut s’exprimer de la façon suivante : 20 → 21 → 22. La relation mathématique entre le nombre de cellules initiales et le nombre de cellules après une période de croissance exponentielle est la suivante : N = N0 2n avec N le nombre de cellules finales N0 le nombre de cellules initiales
Dans cet exemple, le temps de génération t/n = 2/1 = 2 h. Si la croissance exponentielle continuait pendant deux heures de plus, la concentration en cellules au final serait de 2 × 108 cellules.mL–1.
Les paramètres de la croissance Le temps de génération d’une culture en croissance exponentielle peut également être calculé d’après la pente de la droite obtenue par une représentation semi-logarithmique des données de croissance exponentielle. La pente de cette droite est égale à 0,301 n/t ou (log2 n/t). D’après l’exemple ci-dessus, la pente est égale à 0,301 (1)/2, soit 0,15. Le temps de génération g étant égal à 0,301/pente, le calcul aboutit à g = 2 h. La valeur 0,301 n/t, est appelée taux de croissance spécifique et notée k. Un autre paramètre de la croissance est le taux de division, ou ν, qui est l’inverse du temps de génération. Le taux de division, égal à 1/g, s’exprime en unités inverses du temps (h–1). Alors que le terme g représente le temps nécessaire pour le doublement d’une population, le terme ν représente le nombre de générations par unité de temps dans une culture en croissance exponentielle. La pente de la droite obtenue pour une représentation du Log du nombre de cellules en fonction du temps (voir figure 6.7) est égale à ν/3,3. D’après les données de n et t, il est possible de calculer g, k et ν pour différents organismes et conditions de culture. Ceci peut être utilisé pour optimiser les conditions de culture d’un organisme ou pour tester l’effet positif ou négatif de traitements particuliers sur des cultures bactériennes.
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6.6 Les phases de la croissance 143
Contrôlez vos acquis En connaissant le nombre de cellules initiales et finales, ainsi que le temps de croissance exponentielle, il est possible de déterminer directement le temps de génération et le taux de division d’une population. Les paramètres clés de la croissance sont n, g, ν, k et t. •
Différenciez les termes de taux de croissance spécifique et de temps de génération ?
•
Calculez n, g, ν, k pour une population en croissance exponentielle dont la concentration en cellules passe de 5 × 106 cellules.mL–1 à 5 × 108 cellules.mL–1 en 8 heures.
m n6.6 Les phases de la croissance Les données présentées dans la figure 6.6 ne reflètent qu’une partie de la croissance d’une population microbienne, celle que l’on nomme phase exponentielle de croissance. Lors de la réalisation d’une culture dans un tube ou un flacon, condition appelée batch ou culture en milieu clos, la croissance exponentielle ne peut se poursuivre indéfiniment. La concentration en cellules en fonction du temps suit une courbe de croissance typique (voir figure 6.8), qui comprend une phase de latence, une phase exponentielle, une phase stationnaire et une phase de mort cellulaire.
La phase de latence Lorsqu’une population microbienne est ensemencée dans un milieu de culture neuf, la croissance commence le plus souvent après une période appelée phase de latence. La durée de cette période peut être plus ou moins longue selon la culture
d’origine et les conditions de culture. Si une culture en phase exponentielle de croissance est transférée dans le même milieu de culture et dans les mêmes conditions, il n’y a pas de latence et la croissance exponentielle commence immédiatement. Par contre, dans le cas où un inoculum provenant d’une culture plus ancienne (phase stationnaire) est transféré dans le même milieu de culture, une phase de latence est observée même si les cellules de l’inoculum sont viables, c’est-à-dire capables de se diviser. Ceci est dû au fait que les cellules manquent de certains constituants essentiels et que leur synthèse nécessite du temps. Ce phénomène s’observe également lorsque l’inoculum est constitué de cellules lésées mais non mortes, à la suite d’un traitement par la chaleur, des radiations ou des composés toxiques, étant donné le temps nécessaire pour réparer les dommages causés par ce traitement. Une phase de latence est également observée lorsqu’une population est transférée depuis un milieu de culture riche dans un milieu plus pauvre en nutriments. La croissance de cellules dans un milieu de culture particulier implique la présence dans ces cellules d’un panel d’enzymes impliquées dans la synthèse des métabolites essentiels non fournis dans le milieu de culture. Ainsi, lors du transfert de cellules dans un milieu où de nouvelles biosynthèses seront indispensables, il faut du temps pour la mise en place des enzymes qui interviendront dans ces synthèses.
La phase exponentielle Au cours de la phase exponentielle, chaque cellule se divise pour former deux cellules qui vont à leur tour se diviser pour produire plus de cellules, et ainsi de suite, et ce pendant une période plus ou moins longue selon les ressources du milieu et d’autres facteurs. Les cellules en phase exponentielle de croissance sont dans l’ensemble dans le meilleur état physiologique possible. C’est pourquoi il est souhaitable d’utiliser des cellules en milieu de phase exponentielle pour l’étude de leurs enzymes ou tout autre composant cellulaire.
Phases de la croissance Stationnaire (plateau)
9,0
8,0
Mort cellulaire Cellules viables
Turbidité (Densité optique)
1,0 0,75 0,50
7,0
Densité optique (DO)
Log10 (Nombre cellules viables).mL-1
Latence Exponentielle
0,25 6,0
5,0 Temps
0,1
FIGURE 6.8 Courbe de croissance caractéristique d’une population bactérienne. Le dénombrement estime la quantité de cellules viables, c’est-à-dire capables de se reproduire (voir sections 6.5 et 6.6). La turbidité, ou densité optique, est une mesure de la diffraction et de l’absorption de la lumière par une culture bactérienne en milieu liquide (voir figure 6.12).
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144 Chapitre 6
Croissance microbienne
La plupart des micro-organismes unicellulaires ont une croissance exponentielle dont les paramètres peuvent varier énormément. Le taux de croissance exponentiel est sous l’influence des conditions de l’environnement (température, composition du milieu de culture) ainsi que des caractéristiques génétiques de l’organisme. Les procaryotes croissent en général plus vite que les micro-organismes eucaryotes, et les petits eucaryotes plus vite que les organismes de taille plus grande. Ceci est en relation avec le rapport de la surface sur le volume de l’organisme (voir chapitre 4, section 4.4). Les cellules les plus petites ont des capacités d’échange de nutriments et de déchets avec le milieu extérieur plus importantes, comparées aux cellules plus grosses, cet avantage métabolique influençant leur taux de croissance.
La phase stationnaire Dans le cas d’une culture batch, ou culture en milieu clos, dans un tube ou un flacon, la croissance exponentielle est limitée. Effectivement, une seule cellule bactérienne qui aurait un temps de génération de vingt minutes pourrait produire, selon une croissance exponentielle durant quarante-huit heures, une population de cellules dont le poids équivaudrait à quatre mille fois celui de la Terre. Et pourtant, le poids d’une seule cellule bactérienne est de l’ordre de 10–12 g, soit un billionième de gramme (voir tableau 3.2). Il est évident que ce scénario est impossible. Quelque chose fait que la croissance est limitée bien avant. En règle générale, une ou les deux des possibilités suivantes limitent cette croissance : 1) l’un des nutriments essentiels à la croissance s’épuise dans le milieu ou 2) un ou plusieurs déchets issus du métabolisme s’accumulent dans le milieu de culture et inhibent la croissance. Quoi qu’il en soit, la croissance cesse et la population atteint la phase stationnaire. Pendant cette phase, il n’y a ni augmentation ni diminution de la concentration en cellules. Bien qu’il n’y ait pas de croissance, de nombreuses fonctions cellulaires, dont le métabolisme énergétique et les biosynthèses, se poursuivent. Chez certains organismes, une faible croissance peut en fait survenir au cours de cette phase stationnaire, mais il n’y a pas d’augmentation de la concentration nette de cellules. La production de cellules est compensée par la mort d’autres cellules. Ce phénomène est appelé croissance cryptique.
La mort cellulaire Si l’incubation se poursuit après la phase stationnaire, il se peut que les cellules se maintiennent en vie et continuent leur métabolisme, mais elles peuvent également mourir. Dans ce dernier cas, les cellules entrent dans la phase de mort cellulaire, avec selon les cas lyse cellulaire. La phase de mort cellulaire peut être également exponentielle (voir figure 6.8), mais le plus souvent le taux de mortalité est bien plus faible que le taux de croissance exponentiel. Les différentes phases de la croissance (voir figure 6.8) reflètent les événements dans une population de cellules et non pas dans une cellule en particulier. Les termes phase de latence, phase exponentielle, phase stationnaire et phase de mort cellulaire n’ont aucune signification dans le cadre d’une cellule individuelle, mais uniquement dans le cadre d’une population de cellules.
Contrôlez vos acquis Les micro-organismes présentent une courbe de croissance caractéristique lorsqu’ils sont ensemencés dans un milieu de culture neuf. Cette courbe est constituée le plus souvent d’une phase de latence, puis la croissance débute de façon exponentielle. Lorsque les nutriments sont épuisés ou des produits toxiques accumulés, la croissance s’arrête et la population atteint la phase stationnaire. Si l’incubation se poursuit, il y a mort cellulaire. •
Lors de quelle phase de la courbe de croissance les cellules se divisent-elles selon un processus régulier ?
•
Quand n’y a-t-il pas de phase de latence ?
•
Pourquoi les cellules entrent-elles en phase stationnaire ?
III
MESURE DE LA CROISSANCE MICROBIENNE
La croissance d’une population est mesurée par les variations du nombre de cellules ou de la quantité de ces constituants cellulaires tels que les protéines, les acides nucléiques ou le poids sec de ces mêmes cellules. Différentes méthodes, détaillées par la suite, de dénombrement des cellules ou d’estimation de la biomasse cellulaire sont envisageables selon le type d’organisme et les possibilités techniques.
mesures directes m n6.7 Les de la croissance microbienne :
comptages des cellules totales et viables
Les méthodes de comptage (dénombrement) des cellules totales et viables constituent deux des techniques les plus couramment utilisées pour dénombrer les micro-organismes unicellulaires. Chacune de ces techniques a ses avantages et inconvénients et peut aboutir à des résultats assez différents pour la même culture bactérienne.
Le comptage des cellules totales Le nombre de cellules dans une population peut être mesuré par comptage au microscope, méthode appelée comptage microscopique direct. Ces comptages peuvent se faire soit à partir d’échantillons séchés sur lame, soit d’échantillons liquides. Dans le cas d’échantillons liquides, des lames spéciales, appelées cellules de comptage, sont utilisées. Une grille est gravée à la surface de ces lames de façon à définir des carrés de taille connue (voir figure 6.9). Le volume au-dessus de chacun de ces carrés est très faible mais mesuré et connu de façon précise. Le nombre de cellules par unité de surface de la grille peut être déterminé au microscope, ce qui donne une mesure du nombre de cellules par unité de volume contenu dans le liquide présent au-dessus des carrés. La valeur obtenue est convertie en nombre
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6.7 Les mesures directes de la croissance microbienne : comptages des cellules totales et viables 145
Pour calculer le nombre de cellules par mL d’échantillon : 12 cellules × 25 grands carrés × 50 × 103 = 1,5 × 107
Support de lamelle Lamelle
Nombre par mm2 Échantillon (prendre soin de ne pas additionner trop de liquide). L’espace entre la cellule et la lamelle est de 0,02 mm (1/50 mm). L’ensemble de la cellule comprend 25 carrés de grande taille représentant une aire de 1 mm2, soit un volume de 0,02 mm3
Observation microscopique : le nombre de cellules est compté dans un carré de grande taille (ici 12 cellules). Dans la pratique, plusieurs carrés sont pris en compte et une moyenne est calculée.
Nombre par mm3 Nombre par cm3 (mL)
FIGURE 6.9 Comptage direct de cellules au microscope sur cellules de Petroff-Hausser. Un microscope à contraste de phase est le plus souvent utilisé afin d’éviter la coloration des cellules.
de cellules par millilitre de suspension cellulaire en prenant en compte un facteur de conversion dépendant du volume de la cellule de comptage (voir figure 6.9). Le comptage direct au microscope est une méthode rapide d’estimation du nombre de cellules d’un échantillon. Néanmoins cette méthode présente des limites : 1) les cellules mortes ne sont pas différenciées des cellules vivantes ; 2) les cellules les plus petites sont difficiles à voir au microscope, ce qui amène parfois à ne pas prendre en compte certaines d’entre elles ; 3) une bonne précision est difficile à obtenir ; 4) l’utilisation d’un microscope à contraste de phase est nécessaire si l’échantillon n’est pas coloré ; 5) cette méthode n’est pas applicable pour des échantillons de faible densité cellulaire (dans le cas de bactéries, pour une suspension cellulaire de 106 cellules.mL-1, peu ou pas de cellules seront observables dans le champ du microscope et il sera donc nécessaire de concentrer les suspensions peu denses) ; 6) les cellules mobiles doivent être immobilisées avant le comptage. En écologie microbienne, le comptage des cellules totales est souvent utilisé sur des échantillons naturels en utilisant des colorations plus ou moins spécifiques pour visualiser les cellules. Ainsi, un colorant spécifique de l’ADN, le DAPI, colorera toutes les cellules d’un échantillon (voir figure 18.6). En revanche, l’utilisation de colorants fluorescents fixés sur des sondes oligonucléotidiques spécifiques peut permettre le comptage de certains micro-organismes d’intérêt ou de groupes bactériens particuliers (voir figure 18.11). Si la densité cellulaire est faible, comme c’est le cas de certains échantillons d’eau, les cellules sont concentrées par filtration et le comptage se réalise sur le filtre une fois les cellules colorées.
Le comptage des cellules viables Lors du comptage microscopique direct, les cellules vivantes et mortes sont comptées. Pourtant, très souvent, le comptage le plus intéressant concerne les cellules viables. Une cellule viable est une cellule capable de se diviser et de produire une descendance. Le comptage des cellules viables le plus couramment utilisé est celui qui consiste à déterminer le nombre de cellules d’un échantillon capables de former des colonies sur un milieu de culture solide approprié. Ce type de comptage est appelé aussi comptage sur boîte ou comptage en milieu
solide. Le postulat de départ de ce type de comptage est que chaque cellule viable d’un échantillon va pouvoir se multiplier et former une colonie. Il existe des techniques de coloration des cellules viables (voir figure 18.7), néanmoins la méthode sur boîte reste la plus couramment utilisée pour dénombrer les cellules viables d’un échantillon. Il existe deux techniques principales pour effectuer un dénombrement en milieu solide : l’ensemencement par étalement et l’ensemencement en masse (voir figure 6.10). Dans la technique de l’ensemencement par étalement un volume connu, généralement 0,1 mL, d’un échantillon (naturel ou culture) correctement dilué est étalé sur la surface d’une boîte de Petri à l’aide d’un étaleur stérile (râteau en verre ou spatule de Drigalski). La boîte est ensuite incubée jusqu’à ce que des colonies apparaissent, puis le nombre de colonies sur la boîte est compté. Il est important que la surface de la boîte soit assez sèche afin que l’inoculum soit absorbé par la gélose. Des volumes supérieurs à 0,1 mL sont peu souvent utilisés car la totalité du volume peut ne pas être absorbé. Dans ce cas, lors de la croissance, les colonies sont à même de fusionner rendant le comptage difficile. Dans la technique de l’ensemencement en masse (figure 6.10) un volume connu, généralement compris entre 0,1 et 1 mL, d’un échantillon correctement dilué est versé dans une boîte de Petri stérile. Le milieu de culture gélosé maintenu en surfusion est alors additionné et homogénéisé avec l’échantillon en faisant tourner doucement la boîte de Petri sur la surface de la paillasse. Des volumes plus grands peuvent être utilisés du fait que l’échantillon est mélangé au milieu gélosé avant solidification. Par contre, les micro-organismes à dénombrer doivent résister à la température de l’agar en surfusion (45-50 °C). Avec cette méthode, les colonies peuvent se développer dans l’ensemble de la boîte et non pas uniquement en surface.
La dilution des échantillons avant ensemencement Quelle que soit la méthode utilisée pour le comptage sur boîte il faut que le nombre de colonies qui se développent sur les boîtes ne soit pas trop élevé. Sur des boîtes trop chargées, certaines cellules peuvent ne pas former de colonies et certaines colonies peuvent fusionner, ce qui amène à des comptages erronés. Il faut également que le nombre de colonies ne soit pas trop faible
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146 Chapitre 6
Croissance microbienne
Étalement sur boîte
Colonies en surface
Incubation
L’échantillon, ou sa dilution, est placé à la surface du milieu gélosé (0,1 mL ou moins)
L’inoculum est étalé sur l’ensemble de la surface de la boîte de Petri à l’aide d’un râteau de verre
Résultat type pour les géloses ensemencées par étalement
Ensemencement en masse Incubation
L’échantillon, ou sa dilution, est placé dans la boîte de Petri
Le milieu stérile est additionné et mélangé avec l’inoculum
Colonies dans la gélose
Colonies en surface
Résultat type pour les géloses ensemencées en masse
FIGURE 6.10 Dénombrement des cellules viables. Deux méthodes sont possibles pour les dénombrements en boîte de Petri. Une dilution de l’échantillon est souvent nécessaire. Dans les boîtes de gélose en masse, les colonies se développent à la fois en surface et dans le milieu solide.
afin que le comptage soit significativement représentatif. Dans la pratique, le meilleur résultat est statistiquement obtenu pour des boîtes comprenant entre 30 et 300 colonies. De plus, il convient de déterminer les conditions d’incubation (température, milieu de culture, temps) pour lesquelles le nombre maximal de colonies sera obtenu pour un organisme donné afin d’utiliser systématiquement ces conditions. Afin d’obtenir un nombre de colonies significatif (entre 30 et 300), l’échantillon doit presque systématiquement être dilué. Étant donné que la concentration en cellules viables n’est pas connue par avance, il est nécessaire de réaliser et d’ensemencer plusieurs dilutions, généralement effectuées au dixième (voir figure 6.11). La réalisation de la dilution au dixième (dilution 10-1) peut se faire en mélangeant 0,5 mL de l’échantillon avec 4,5 mL de diluant ou bien 1 mL d’échantillon avec 9 mL de diluant. La réalisation d’une dilution au centième (dilution 10-2) peut se faire en mélangeant 0,05 mL de l’échantillon avec 4,95 mL de diluant ou bien 0,1 mL d’échantillon avec 9,9 mL de diluant. Cette dilution 10-2 peut également être obtenue par deux dilutions successives au dixième. Dans la plupart des cas, des séries de dilutions sont nécessaires pour obtenir la dilution pour laquelle le nombre de colonies sera significatif. Ainsi, si une dilution 10-6 est nécessaire, elle peut être obtenue soit en réalisant trois dilutions successives au centième (10-2), soit par six dilutions successives au dixième (voir figure 6.11).
Les sources d’erreurs lors des comptages sur boîte Le nombre de colonies obtenues lors d’un dénombrement sur boîte dépend non seulement de la taille de l’inoculum et de la viabilité des cellules qui le composent, mais également de
l’adéquation du milieu de culture utilisé et des conditions d’incubation. Le temps d’incubation fait également varier le nombre de colonies. Par exemple, si une culture mixte est utilisée, les cellules déposées dans la boîte de Petri ne vont pas se développer toutes à la même vitesse. Si le temps d’incubation est trop court, le nombre maximal de colonies ne sera pas atteint. De plus, la taille des colonies varie souvent. Les colonies très petites peuvent ne pas être prises en compte lors du comptage. Dans le cas de cultures pures, le développement des colonies est plus synchrone. Les comptages des cellules viables sont exposés à de nombreuses sources d’erreurs du fait des pipetages successifs, du manque d’homogénéité des échantillons ou de la mauvaise homogénéisation notamment. Si des comptages précis veulent être obtenus, il faut accorder une grande attention et entretenir un souci de qualité lors de la préparation des échantillons et du pipetage, et des réplicats des dilutions clés doivent être réalisés. Lors des dénombrements sur boîte, des cellules en agrégats ne formeront au final qu’une seule colonie. Si l’échantillon contient de nombreux agrégats, les comptages seront artificiellement sous-estimés. C’est pour cette raison que les résultats de dénombrements sur boîte sont exprimés en unité formant colonies (UFC) plutôt qu’en nombre de cellules viables (une colonie peut être due à plusieurs cellules présentes au départ). Malgré les limites et difficultés liées à la méthode de comptage des cellules viables, cette technique donne la meilleure information possible sur leur nombre dans un échantillon et est donc largement utilisée dans de nombreux domaines de la microbiologie. C’est notamment le cas en microbiologie alimentaire, médicale ou en écologie microbienne des milieux aquatiques. Cette méthode a l’avantage d’être extrêmement
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6.8 Les mesures indirectes de la croissance microbienne : turbidité 147
Échantillon à dénombrer
1 mL
Dilution 1 mL
1 mL
1 mL
1 mL
1 mL
Diluant 9 mL 1/100 1/10 (10–1) (10–2) 1 mL d’inoculum
Trop de colonies
1/103 (10–3)
1/104 (10–4)
1/105 (10–5)
1/106 (10–6)
159 17 2 0 colonies colonies colonies colonies
= 159 x 103 Nombre Facteur de colonies de dilution
1,59 x 105 UFC (unités formant colonies) par mL d’échantillon
FIGURE 6.11 Dénombrement des cellules viables (ensemencement en masse) par la méthode des séries de dilutions de l’échantillon. Le liquide stérile utilisé pour les dilutions peut être de l’eau, néanmoins une solution saline ou issue du milieu de culture peut permettre le dénombrement d’une quantité plus importante de cellules. Le facteur de dilution est l’inverse de la dilution. Dans le cas d’un ensemencement par étalement (voir figure 6.10), la série de dilution doit être adaptée (le volume ensemencé est le plus souvent de 0,1 mL).
sensible étant donné qu’un échantillon ne contenant qu’une seule cellule peut être théoriquement dénombré. Cette caractéristique permet la détection avec un haut niveau de sensibilité de la contamination microbienne dans les produits alimentaires ou autres. Dans ce cadre, l’utilisation de milieux de culture et de conditions d’incubation très sélectifs (voir sections 5.2 et 24.2) permet le dénombrement d’espèces particulières au sein de populations mixtes. Ainsi, l’utilisation de la méthode de dénombrement sur boîte permet, en utilisant des milieux sélectifs, la mise en évidence (aspect qualitatif) et la quantification des contenus microbiens dans un produit alimentaire.
Les biais de la méthode de comptage sur boîte Les comptages sur boîte, bien que très sensibles, sont très discutables lorsqu’il s’agit de dénombrer l’ensemble des cellules contenues dans un échantillon naturel d’eau ou de sol. En effet, les dénombrements directs des cellules totales par microscopie dans des échantillons naturels donnent des résultats largement supérieurs à ceux obtenus par comptage sur
boîte, et ce quel que soit le milieu de culture utilisé (voir sections 18.3 et 18.4). Certains microbiologistes ont parlé de « great plate count anomaly ». La première explication vient du fait que les méthodes directes au microscope prennent également en compte les cellules mortes. De plus, des organismes différents, même dans un échantillon de très petite taille, peuvent avoir des besoins complètement différents quant aux ressources utilisables et aux conditions de culture (voir chapitres 5, 6, 17 à 19). Ainsi, un seul milieu de culture et un seul ensemble de conditions d’incubation ne permettront la croissance que d’une part de la population totale. Si cette part représente par exemple 106 cellules.g–1 sur une population viable totale de 109 cellules.g–1, la technique de comptage sur boîte ne révélera que 0,1 % de la population totale, soit une énorme sous-estimation des cellules viables. L’utilisation de la technique de comptage sur boîte pour le dénombrement de groupes microbiens ciblés et faisant appel à des milieux et des conditions de culture sélectifs donne des résultats fiables (voir sections 28.1, 29.1 et 29.4). Par contre, les comptages totaux sur boîte, utilisant un seul milieu de culture et un seul ensemble de conditions d’incubation, aboutissent le plus souvent à une sous-estimation qui va de un à plusieurs ordres de grandeur.
Contrôlez vos acquis La croissance se mesure par la variation de la concentration en cellules en fonction du temps. Les dénombrements effectués au microscope donnent le nombre total de cellules, alors que les dénombrements des cellules viables par comptage sur boîte ne mesurent que la fraction viable/vivante dans un échantillon. •
Pourquoi le comptage des cellules viables est-il plus sensible que le comptage direct au microscope ?
•
Quel est le postulat de départ pour pouvoir relier les résultats de comptages sur boîte avec un nombre de cellules ?
•
Décrivez comment diluer une culture bactérienne pour obtenir la dilution 10–7.
•
Quel est le principal biais de la méthode de comptage sur boîte ?
mesures indirectes m n6.8 Les de la croissance microbienne : turbidité
Une méthode rapide et utile pour estimer la concentration cellulaire est la mesure de la turbidité. Une suspension cellulaire apparaît trouble à l’œil car les cellules dispersent la lumière qui passe au travers. Plus il y a de cellules, plus la lumière est dispersée, et plus la suspension est trouble. La turbidité peur être mesurée avec un colorimètre ou un spectrophotomètre, appareils qui mesurent la quantité de lumière résiduelle après passage au travers d’une suspension cellulaire
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148 Chapitre 6
Croissance microbienne
(voir figure 6.12). La différence essentielle entre les deux appareils vient du fait qu’un colorimètre utilise un seul filtre à bande passante large pour générer la lumière incidente (qui va à l’échantillon), alors qu’un spectrophotomètre utilise un prisme, plus précis, ou une grille de diffraction pour générer cette lumière incidente (voir figure 6.12a). Les longueurs d’onde le plus souvent utilisées pour la mesure de la turbidité bactérienne sont de 540 nm (vert), 600 nm (orange) et 660 nm (rouge). Les deux types d’appareils mesurent la lumière non dispersée. La décroissance de cette lumière, qui résulte de l’augmentation de la concentration en cellules, se mesure en unités Klett (pour le colorimètre de Klett-Summerson) ou en densité optique (DO) pour un spectrophotomètre (voir figure 6.12b).
être utilisées à la place des méthodes de comptage direct. Néanmoins, il est nécessaire de réaliser une courbe d’étalonnage entre des valeurs de comptage direct du nombre de cellules (microscopie, comptage sur boîte) ou de la masse (poids sec) avec les mesures indirectes de turbidité (voir figure 6.12c). Les mesures de turbidité permettront ensuite d’estimer la concentration en cellules ou la masse de ces cellules. Pour des concentrations cellulaires élevées, la lumière déviée une première fois par une cellule (et qui devrait ne pas être prise en compte par la cellule de mesure) peut être à nouveau déviée par une autre cellule (et donc être prise en compte par la cellule de mesure). Ainsi, pour des concentrations en cellules élevées, il n’y a plus de relation linéaire entre concentration cellulaire et turbidité (voir figure 6.12c). Néanmoins, dans le domaine linéaire de la courbe d’étalonnage, les mesures de turbidité fournissent des résultats précis et ont l’avantage d’être rapides et faciles à obtenir.
La réalisation d’une courbe d’étalonnage Pour les micro-organismes unicellulaires, les unités Klett ou la DO sont proportionnelles, jusqu’à un certain point, à la concentration en cellules. Les mesures de turbidité peuvent donc
Lumière incidente (I0)
Filtre ou prisme (540 nm)
Lumière non déviée (I)
Échantillon contenant des cellules ( )
Unités
Spectrophotomètre – Densité optique (DO) I0 = Log I
(a) Organisme A
400
0,8
300
400
0,6 0,4
150
0,3
100
0,2 DO
80 60
Unités Klett
Organisme B
200
Unités Klett
Enregistreur
Cellule photoélectrique (mesure de I)
0,1
40
20
0
5
10
15
20
25
30
0,8
350
0,7
300
0,6
250
Expérimental
0,5
200
0,4
150
0,3
100
0,2
50
0,1
0
35
Théorique
Colorimètre Klett – Unités Klett = DO 0,002
DO
Nombre de cellules ou poids sec
Temps (h) (b)
(c)
FIGURE 6.12 Estimation de la croissance bactérienne par mesure de la turbidité. (a) La mesure de turbidité se réalise à l’aide d’un spectrophotomètre ou colorimètre. La cellule photoélectrique mesure la lumière incidente non déviée, ni absorbée ; le résultat est exprimé en unité DO ou Klett. (b) Courbes de croissance obtenues en unités DO ou Klett pour deux organismes distincts. Dans la pratique, le temps de génération (g) est déterminé par la formule suivante : n = 3,3 (Log N – Log N0). N et N0 sont les valeurs (unités Klett ou DO) obtenues au cours de l’intervalle de temps t. Quel organisme A ou B croît le plus vite ? (c) Relation entre nombre de cellules ou poids sec et mesure de la turbidité. Cette relation n’est linéaire que pour les faibles valeurs de turbidité.
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6.9 La culture continue en chémostat 149
Les mesures de turbidité peuvent se faire sans détruire ou perturber l’échantillon. Pour ces raisons, ces mesures sont largement utilisées pour suivre la croissance d’une culture microbienne. Le même échantillon peut être mesuré plusieurs fois et les résultats sont utilisés selon une représentation semilogarithmique en fonction du temps (voir figure 6.12b). Il est alors facile de calculer le temps de génération et les autres paramètres de la croissance.
Milieu neuf (réservoir)
Régulation du débit
Air ou autre gaz stérile
Phase gazeuse Réacteur de culture
Contrôlez vos acquis Les mesures de turbidité constituent une approche indirecte, rapide et facile pour le suivi de la croissance microbienne. Néanmoins, une courbe d’étalonnage entre mesure de turbidité et comptage direct doit être effectuée au préalable. •
Donnez deux avantages à l’utilisation de la turbidité pour la mesure de la croissance microbienne.
•
Décrivez comment vous utiliseriez une mesure de turbidité pour estimer le nombre de colonies attendues avec la méthode de comptage sur boîte ?
m n6.9 La culture continue en chémostat Une culture en milieu clos (batch) est constituée par un volume fixe de milieu de culture qui subit des modifications du fait de l’activité métabolique des organismes en croissance. Lors des premiers stades de la croissance exponentielle en milieu fermé, les conditions du milieu restent relativement favorables, mais en fin de croissance, lorsque le nombre de cellules devient important, de profondes modifications interviennent dans la composition chimique du milieu de culture. De nombreuses études nécessitent de maintenir les cultures dans des conditions constantes, et ce pendant des périodes assez longues. C’est notamment le cas de l’étude de processus physiologiques tels que la synthèse d’enzymes, pour lesquels la possibilité d’obtenir en permanence des cellules en phase exponentielle de croissance est très utile. Ceci n’est possible que dans le cadre d’une culture continue. Une culture continue est un système ouvert, de volume constant, qui reçoit en permanence du milieu neuf, provenant d’un réservoir, alors que le milieu épuisé (qui contient les cellules en croissance) est éliminé à la même vitesse. Si les vitesses de flux de milieu entrant et sortant sont stables, il arrive un moment où le volume du chémostat, la concentration en cellules et la concentration en nutriments restent constants ; le système est dit en état d’équilibre.
Le chémostat Il existe plusieurs types de systèmes de culture continue, dont le plus courant est le chémostat (voir figure 6.13). Il permet de contrôler à la fois le taux de croissance et la densité des populations dans la culture. Deux paramètres sont importants pour permettre ce contrôle : le taux de dilution et la concentration en facteur limitant (source de carbone ou d’azote par exemple).
Culture
Surverse
Effluent contenant des cellules microbiennes FIGURE 6.13 Représentation schématique d’un chémostat. La densité de la population est contrôlée par la concentration en substrat limitant dans le réservoir de milieu neuf, alors que le taux de croissance est contrôlé par le débit de milieu neuf (voir figure 6.15). Ces deux paramètres sont choisis par l’expérimentateur.
Dans une culture en milieu fermé, la concentration en nutriment a une influence sur le taux de croissance et sur la production de biomasse (voir figure 6.14). Pour des concentrations faibles en nutriments, le taux de croissance est réduit, probablement du fait d’une vitesse de transport vers l’intérieur de la cellule trop faible. Pour des concentrations plus fortes en nutriments, le taux de croissance ne varie plus (il est au maximum) alors que la production de biomasse augmente avec la concentration en nutriments (voir figure 6.14). Dans un chémostat, le taux de croissance et la production de biomasse peuvent être contrôlés indépendamment l’un de l’autre, le premier en ajustant le taux de dilution (voir figure 6.15) et le second en ajustant la concentration de nutriments constituant le facteur limitant. Il est possible en chémostat de faire varier le taux de croissance, en changeant le taux de dilution, dans une gamme assez large et sans pour autant que la concentration cellulaire soit modifiée (voir figure 6.15). Si le taux de dilution est trop important, l’organisme ne peut se développer suffisamment vite et la culture est lavée (les cellules sont éliminées par le flux de milieu sortant plus rapidement qu’elles ne sont produites par croissance). Au contraire, pour des taux de dilution très faibles, une part importante des cellules contenues dans le chémostat meurt par manque de nutriment limitant apporté par le flux de milieu entrant en provenance du réservoir. La densité cellulaire dans un chémostat est contrôlée par la concentration en nutriment limitant, de la même façon que la production est contrôlée par la concentration en nutriment en milieu fermé (voir figure 6.14). Si la concentration de ce nutriment limitant dans le milieu neuf entrant est augmentée (par accroissement de la concentration dans le réservoir de milieu
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150 Chapitre 6
Croissance microbienne
Le taux et la production varient
Production (
Taux de croissance (
)
)
Seule la production varie
0
0,1
0,2
0,3
0,4
0,5
–1
Concentration en substrat (mg·mL ) FIGURE 6.14 Impact de la concentration en substrat sur la croissance. Relation entre la concentration en substrat, le taux de croissance (courbe verte) et la production (courbe rouge) dans une culture en milieu clos (batch culture). Pour des concentrations en substrat faible, le taux de croissance et la production varient.
de culture) et que le taux de dilution est maintenu constant, la densité cellulaire augmentera. Ainsi, en ajustant le taux de dilution et la concentration en nutriment limitant, l’expérimentateur pourra obtenir des populations microbiennes de faible (105 cellules.mL–1), moyenne (107 cellules.mL–1) ou forte (109 cellules.mL-1) densité et qui se développent à des taux de croissance faibles, intermédiaires ou élevés.
L’utilisation du chémostat
Zone de travail Concentration bactérienne
5
6
4 3
4 Te m
2 1 0
0
0,25
ps
de
dou b
0,5
2
leme nt
0,75
Taux de dilution (h–1)
1,0
Temps de doublement (h)
Concentration bactérienne à l’équilibre (g·L–1)
Le chémostat permet donc de contrôler le taux de croissance ainsi que la densité cellulaire, indépendamment l’un de
0
Lavage de la culture
FIGURE 6.15 Culture en chémostat et état d’équilibre. Le débit du milieu et le volume de culture déterminent le taux de dilution. Pour une culture de 1 000 mL et un débit de 500 mL/h –1, le taux de dilution sera de 0,5 h–1. Pour des taux de dilution élevés, la croissance ne peut contrebalancer la dilution et les populations sont éluées (lavage de la culture). La zone de travail permet, pour des concentrations bactériennes stables, de faire varier le taux de croissance (ou le temps de doublement) selon une large gamme de valeurs.
l’autre, ce que ne permettent pas les cultures en milieu fermé, où les conditions varient en fonction de la croissance. L’un des avantages du chémostat est la possibilité de maintenir des cellules en phase exponentielle de croissance, et ce pendant un temps assez long. La possibilité d’obtenir à tout moment des cellules en phase exponentielle de croissance est intéressante pour les études sur la physiologie d’une population. Cela permet notamment de planifier les expérimentations qui ne dépendent pas de la croissance plus ou moins rapide d’une culture en milieu fermé. C’est aussi la possibilité de répéter les expériences en disposant de matériel biologique (la population cellulaire) dans un état physiologique toujours identique. Enfin, l’étude de certains processus enzymatiques doit se réaliser sur des cultures en phase exponentielle, car l’activité étudiée peut varier selon la phase de croissance. Le chémostat peut également être utilisé en écologie microbienne, permettant notamment de réaliser des cultures à des concentrations en substrat limitant très faibles, ce qui est le cas en milieu naturel. Il est possible de réaliser des cultures mixtes afin d’étudier les phénomènes de compétition entre populations, et ce pour différentes concentrations en substrat. Grâce à l’utilisation des méthodes de cultures et des méthodes de pointe de l’écologie microbienne telles que les colorations spécifiques d’un groupe microbien ou la mise en évidence de gènes particuliers (voir chapitre 18), il est possible de suivre les modifications de structure au sein d’une communauté microbienne sélectionnée dans un chémostat. De telles expériences révèlent souvent des interactions entre populations microbiennes qui ne sont pas mises en évidence par les techniques de culture en milieu fermé. Les systèmes de culture en chémostat ont également été utilisés pour l’enrichissement et l’isolement de bactéries (voir sections 1.7, 18.1 et 18.2). À partir d’un inoculum complexe il est possible de sélectionner une communauté stable en fonction de la concentration en nutriment et du taux de dilution. L’augmentation progressive du taux de dilution permettra alors de sélectionner un seul type d’organisme, le plus compétitif dans ces conditions. C’est ainsi qu’un organisme ayant un temps de génération de six minutes (le plus court jamais obtenu) a pu être isolé.
Contrôlez vos acquis Les systèmes de culture continue constituent un moyen pour maintenir des populations cellulaires en phase exponentielle de croissance pendant de longues périodes. Dans un chémostat, le taux de dilution de la culture détermine le taux de croissance, alors que la densité de la population est déterminée par la concentration en nutriment limitant qui est amené dans la culture. •
Dans quelle mesure les micro-organismes dans un chémostat diffèrent-ils de ceux dans une culture en milieu fermé ?
•
Que se passe-t-il dans un chémostat si le taux de dilution est supérieur au taux de croissance maximal de la population ?
•
Des cultures pures peuvent-elles être cultivées dans un chémostat ?
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6.10 L’impact de la température sur la croissance 151
IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA CROISSANCE MICROBIENNE : LA TEMPÉRATURE
L’activité des micro-organismes et donc leur croissance varient selon les conditions physiques et chimiques de l’environnement. La connaissance de l’impact de cet environnement permet à la fois de mieux comprendre leur distribution dans la nature et de concevoir des méthodes pour contrôler ou favoriser les activités microbiennes. De nombreux facteurs de l’environnement peuvent être pris en compte. Néanmoins, quatre facteurs clés remplissent une fonction majeure dans le contrôle de la croissance de l’ensemble des micro-organismes : la température, le pH, l’eau et l’oxygène. D’autres facteurs, tels que la pression ou les radiations, peuvent également influer sur la croissance des micro-organismes. Leur influence sera discutée plus loin dans ce livre, lors de la description d’habitats où ils jouent un rôle important.
6.10 L’impact de la température m n sur la croissance La température est l’un des paramètres de l’environnement les plus importants, si ce n’est le plus important, vis-à-vis de l’impact sur la croissance et la survie des micro-organismes. Si elle est trop basse ou trop élevée, les micro-organismes ne se développeront pas. Néanmoins, selon les micro-organismes et leur habitat d’origine, ces températures minimales et maximales varient énormément.
Les températures cardinales La température influe sur les organismes vivants de deux manières. Lors d’une augmentation de la température les réactions chimiques et enzymatiques dans la cellule sont plus rapides et le taux de croissance augmente. Néanmoins, au-delà d’une température donnée, certaines protéines peuvent être dénaturées. Ainsi, lorsque la température s’accroît selon une certaine gamme de valeur, la croissance et les fonctions métaboliques augmentent, et ce jusqu’à un certain point où la dénaturation intervient et les fonctions cellulaires chutent brutalement. Pour chaque organisme, il existe une température minimale au-dessous de laquelle il n’y a pas de croissance, une température optimale où la croissance est la plus rapide, et une température maximale au-dessus de laquelle la croissance n’est plus possible (voir figure 6.16). L’optimum de température est toujours plus proche du maximum que du minimum. Ces trois températures, appelées températures cardinales, sont caractéristiques de chaque organisme et peuvent être légèrement modifiées en fonction d’autres paramètres de l’environnement, notamment la composition du milieu de culture. Les températures cardinales des micro-organismes varient largement ; l’optimum de température pouvant aller de 4 °C à plus de 100 °C. La gamme de température pour laquelle la croissance est possible est encore plus large, depuis des températures inférieures au point de congélation jusqu’à des
Réactions enzymatiques à leur vitesse maximale Taux de croissance
IV
La vitesse des réactions enzymatiques augmente
Minimal
Optimal
Maximal Température
Processus de transport intermembranaires trop lents pour la croissance, la membrane se gélifie
Dénaturation des protéines, affaissement de la membrane cytoplasmique, lyse thermique
FIGURE 6.16 Effet de la température sur le taux de croissance et conséquences au niveau moléculaire pour la cellule. Les trois températures cardinales varient selon l’organisme.
températures au-delà du point d’ébullition. Néanmoins, un seul organisme ne peut vivre sur l’ensemble de cette gamme de température, la gamme pour un seul organisme variant de 30 à 40 °C. La température maximale de croissance pour un organisme est la conséquence de la dénaturation d’une ou plusieurs protéines essentielles. Les facteurs contrôlant la température minimale de croissance sont moins bien définis. La membrane cytoplasmique doit être fluide pour fonctionner correctement (voir section 4.5). La température minimale de croissance d’un organisme peut être le résultat du raidissement de la membrane cytoplasmique, qui ne fonctionnera plus correctement pour assurer notamment le transport des nutriments ou la mise en place d’une force proton-motrice. Cette explication est corroborée par des expériences où la température minimale de croissance d’un organisme peut être légèrement modifiée selon la composition en lipides membranaires (voir section 6.11). Les températures maximales et minimales de croissance d’un organisme peuvent ainsi être augmentées ou diminuées selon le cas, lorsqu’elles sont testées dans un milieu de culture complexe.
Le classement des organismes selon la température Parmi l’ensemble des organismes, l’optimum de croissance balaie une gamme de température allant des plus basses aux plus élevées. Néanmoins, il est possible de distinguer quatre grands groupes de micro-organismes par rapport à leur relation à la température optimale de croissance : les psychrophiles (température optimale basse), les mésophiles (température optimale moyenne), les thermophiles (température optimale élevée) et les hyperthermophiles (température optimale très élevée) [voir figure 6.17]. Les mésophiles se retrouvent chez les animaux à sang chaud ainsi que dans les environnements terrestres ou aquatiques des
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152 Chapitre 6
Croissance microbienne
Thermophile
Taux de croissance
Mésophile
Exemple : Bacillus stearothermophilus 60˚
Exemple : Escherichia coli
Hyperthermophile Hyperthermophile Exemple : Thermococcus celer
Exemple : Pyrolobus fumarii 106˚
88˚
39˚
Psychrophile
Exemple : Polaromonas vacuolata 4˚
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
110
120
Température (°C) FIGURE 6.17 Relation vis-à-vis de la température d’organismes psychrophiles, mésophiles, thermophiles et de différents hyperthermophiles. Les températures optimales des différents organismes cités en exemple sont indiquées sur les courbes. Les hyperthermophiles ont des températures optimales supérieures à 80 °C.
latitudes tempérées à tropicales. Les psychrophiles et les thermophiles colonisent des environnements exceptionnellement froids ou chauds selon le cas. Les hyperthermophiles se retrouvent dans des environnements extrêmement chauds tels que les sources géothermales, les geysers ou au niveau des sources hydrothermales océaniques profondes (voir sections 6.12, 13.8 et 19.8). En ce qui concerne Escherichia coli, organisme mésophile, des études de croissance en fonction de la température ont permis de déterminer avec précision ses températures cardinales. L’optimum de température d’E. coli en milieu complexe est de 39 °C (voir section 5.2), la température maximale est de 48 °C et la minimale de 8 °C. Ainsi la gamme de température pour le développement d’E. coli est de 40 °C, proche du maximum pour un procaryote.
Contrôlez vos acquis La température est un des paramètres de l’environnement majeur pour le contrôle de la croissance microbienne. Les températures cardinales correspondent aux minimum, optimum et maximum de température pour la croissance d’un organisme. Les micro-organismes peuvent être classés en fonction de la gamme de température permettant leur croissance. •
Quelles sont les températures cardinales pour Escherichia coli ? À quelle classe d’organismes appartient-elle en regard de la température ?
•
Quelles sont les différences entre psychrophile et hyperthermophile ?
•
Escherichia coli peut se développer à une température plus élevée dans un milieu complexe par rapport à un milieu minimum. Pourquoi ?
6.11 La croissance microbienne m n à basse température Les habitats humains à la surface de la planète sont répartis dans des zones où les températures sont tempérées. C’est pourquoi les environnements très chauds ou très froids sont considérés comme extrêmes, la vie humaine n’étant pas possible dans de l’eau bouillante ou de la glace. Néanmoins, ces environnements constituent l’habitat de nombreux micro-organismes, considérés comme extrémophiles (voir section 2.4 et tableau 2.1), qui se sont adaptés pour se développer de façon optimale dans ces conditions.
Les environnements froids Une large part de la surface de la planète se caractérise par des températures basses. Ainsi les mers et les océans, qui constituent 70 % de la surface de la planète, ont une température moyenne de 5 °C, et les zones profondes de ces masses d’eau présentent des températures constantes de l’ordre de 1 °C à 3 °C. De vastes zones arctiques et antarctiques sont soit gelées en permanence, soit dégelées durant quelques semaines tout au plus en été (voir figure 6.18). Ces environnements froids ne sont pas pour autant stériles, et certains micro-organismes se développent à des températures froides pourvu que de l’eau sous forme liquide soit encore présente. Même dans le cas d’environnements gelés, les micro-organismes peuvent être actifs au niveau de poches d’eau liquide. Ainsi, au sein des glaciers, il existe des réseaux de petits chenaux d’eau liquide dans lesquels les micro-organismes se développent. Parmi les environnements froids, il convient de distinguer ceux qui sont froids en permanence de ceux qui le sont uniquement en période hivernale. Dans ce dernier cas, caractéristique de zones au climat continental tempéré, les températures peuvent atteindre + 40 °C en été et – 20 °C ou moins en hiver. Certains lacs en zone tempérée, par exemple, sont recouverts
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John Gosink et James T. Staley
Deborah Jung et Michael T. Madigan
6.11 La croissance microbienne à basse température 153
(c)
John Gosink et James T. Staley
(a)
(b)
FIGURE 6.18 Habitats microbiens en Antarctique. (a) Carotte d’eau de mer en permanence congelée dans le détroit de McMurdo, Antarctique. La carotte mesure 8 cm de large. La coloration dense est due à la présence de micro-organismes pigmentés. (b) Observation au microscope à contraste de phase des organismes photosynthétiques contenus dans la carotte. Ces organismes sont pour la plupart des diatomées et des algues vertes (micro-organismes eucaryotes, voir section 14.13). (c) Photo de la surface du lac Bonney, dans la vallée aride de McMurdo, Antarctique. Comme souvent en Antarctique, le lac Bonney, d’une profondeur de 40 m, reste gelé toute l’année sur une épaisseur de 5 m environ. La colonne d’eau, caractérisée par des zones oxiques et anoxiques (voir section 19.5 et figure 19.9), est à une température voisine de 0 ˚C. Des micro-organismes aérobies et anaérobies colonisent cet environnement. Aucun organisme eucaryote n’est présent dans les lacs de ces vallées arides, ce qui en fait des écosystèmes uniques.
de glace en hiver, la période pendant laquelle la température est proche de 0 °C étant néanmoins assez courte. Ces environnements, où l’amplitude de variation des températures est grande, sont moins favorables au développement d’organismes psychrophiles que ceux qui sont froids en permanence, tels que les zones polaires, les zones d’altitude ou le fond des océans. Ainsi, les lacs d’eau douce des vallées antarctiques arides sont en permanence recouverts d’une couche de glace de plusieurs mètres d’épaisseur (voir figure 6.18c). La température au sein de la colonne d’eau dans ces lacs se maintient aux alentours de 0 °C pendant toute l’année, ce qui en fait un habitat idéal pour les organismes adaptés au froid.
Les micro-organismes psychrophiles et psychrotolérants Un organisme psychrophile présente une température optimale de 15 °C ou moins, une température maximale inférieure à 20 °C et une température minimale de 0 °C ou moins. Un organisme pouvant se développer à une température de 0 °C mais dont l’optimale se situe entre 20 °C et 40 °C est appelé psychrotolérant. Les psychrophiles sont localisés dans les environnements en permanence froids, tels que les régions polaires, et peuvent être tués à des températures modérées. C’est pourquoi leur étude en laboratoire nécessite des précautions pour éviter une augmentation de température au cours des prélèvements, du
transport jusqu’au laboratoire et de leur manipulation (isolement, caractérisation). Les organismes psychrophiles les mieux connus sont les algues se développant en masse sur et dans la glace dans les régions polaires ou au niveau d’autres glaciers permanents (voir figure 6.18). Ces algues psychrophiles sont souvent présentes à la surface de champs de neige et de glaciers où leur développement massif se visualise par une coloration rouge ou verte (voir figure 6.19a). L’algue de neige la plus commune est Chlamydomonas nivalis, dont les spores sont responsables d’une coloration rouge (voir figure 6.19b). Cette algue verte se développe dans la glace sous la forme de cellules végétatives vertes et produit des spores. Au fur et à mesure que la glace et la neige disparaissent par fusion, vaporisation ou érosion, les spores se concentrent à la surface. C’est pourquoi les algues de neige sont couramment observées au niveau de champs de neige lors de la fonte durant l’été, et notamment dans des zones ensoleillées et sèches. De nombreux autres micro-organismes chimio-organotrophes psychrophiles sont connus, notamment en Antarctique (voir figure 6.18). Certains, isolés notamment de glaces marines temporaires, ont les températures maximales de croissance les plus faibles connues à ce jour. Les organismes psychrotolérants sont beaucoup plus largement répandus que les psychrophiles et peuvent être isolés de sols ou d’eaux en milieu tempéré, mais également de produits
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154 Chapitre 6
Croissance microbienne
tels que la viande, le lait et certains de ses dérivés, du cidre, des légumes et des fruits stockés en chambre froide (4 °C). Ces organismes psychrotolérants ont un optimum de croissance compris entre 20 et 40 °C. Les milieux tempérés dont la température augmente en période estivale ne permettent pas la croissance des psychrophiles, sensibles à la chaleur. Néanmoins la croissance de la plupart des organismes psychrotolérants à des températures proches de 0 °C est le plus souvent extrêmement lente et il faut attendre plusieurs semaines avant de pouvoir la détecter dans un milieu de culture. De nombreux genres de bactéries, champignons, algues et protozoaires sont des psychrotolérants.
Katherine M. Brock
Les adaptations moléculaires à la psychrophilie
T. D. Brock
(a)
(b) FIGURE 6.19 Les algues de neige. (a) Congère de neige dans la Sierra Nevada, Californie (États-Unis), dont la coloration rouge est due à la présence d’algues eucaryotes (voir section 14.13). De tels développements d’algues, en été, sur des congères de neige à haute altitude, sont très répandus dans le monde. (b) Observation au microscope des spores rouges de l’algue de neige Chlamydomonas nivalis. Les spores germent pour donner des cellules d’algues vertes mobiles. Les différentes espèces d’algues de neige contiennent divers types de pigments caroténoïdes (voir section 17.3). Les champs de neige colonisés par ces algues peuvent ainsi apparaître de couleur verte, orange, brune ou pourpre.
Les psychrophiles produisent des enzymes dont le fonctionnement est optimal à basse température et qui sont souvent dénaturées ou inactives à des températures plus élevées, mêmes modérées. Les bases moléculaires n’en sont pas totalement expliquées mais, au niveau de leur structure secondaire, ces enzymes contiennent une proportion plus importante d’hélices et moins de feuillets (voir section 3.7 et figure 3.16) par rapport à des enzymes inactives à basse température. Les feuillets tendant à former une structure plus rigide, la proportion plus élevée d’hélices dans les enzymes adaptées à un fonctionnement en milieu froid permet plus de flexibilité dans ces conditions. Ces mêmes enzymes contiennent également plus d’acides aminés polaires et moins d’acides aminés hydrophobes que leurs correspondantes mésophiles ou thermophiles. Ceci participe également à la flexibilité de ces enzymes (et donc à leur activité) aux basses températures. Enfin, les protéines des organismes adaptés au froid présentent moins de liaisons faibles (voir section 3.1) et moins d’interactions entre leurs différents domaines par rapport aux protéines des organismes se développant à des températures plus élevées. Ces modifications favorisent probablement leur flexibilité. Une autre des caractéristiques chez les psychrophiles concerne les processus de transport (voir section 4.7) qui fonctionnent mieux à basse température. Ceci indique que la structure des membranes cytoplasmiques des psychrophiles est adaptée à un fonctionnement à basse température. Ces membranes contiennent plus d’acides gras insaturés (voir section 5.17), ce qui favorise leur fluidité en milieu froid (les membranes contenant plus d’acides gras saturés deviennent cireuses et non fonctionnelles à basse température). Les lipides de certains psychrophiles contiennent également des acides gras polyinsaturés et de longues chaînes hydrocarbonées contenant de nombreuses doubles liaisons. Ainsi, un hydrocarbure contenant neuf doubles liaisons (C31:9) a pu être identifié parmi les lipides de bactéries de l’Antarctique et la bactérie du genre Psychroflexus contient des acides gras avec quatre à cinq doubles liaisons. Ces acides gras sont plus fluides à des températures basses que les acides gras saturés ou mono-insaturés.
La congélation Bien que certains organismes puissent se développer à des températures très basses, il existe une limite au-dessous de
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6.12 La croissance microbienne à haute température 155
laquelle la vie n’est plus possible. L’eau pure gèle à 0 °C et l’eau de mer à – 2,5 °C, néanmoins de microscopiques poches d’eau liquide sont encore présentes à ces températures, voire à des températures bien plus basses. Tant que de l’eau sous la forme liquide est présente, la vie est possible. Le gel empêche la croissance microbienne mais ne provoque pas forcément la mort. Le milieu dans lequel se trouvent les cellules influe énormément sur leur sensibilité au gel. Certains liquides miscibles à l’eau, tels que le glycérol ou le diméthylsulfoxyde (DMSO), à une concentration de 10 % au final, ont la particularité de pénétrer dans les cellules et de les protéger du gel en réduisant le phénomène de déshydratation ainsi que la formation de cristaux de glace. De fait, l’utilisation de ces produits appelés cryoprotecteurs, constitue l’un des modes de préservation des cultures microbiennes à très basse température (entre – 70 °C et – 196 °C). Des cellules de micro-organismes correctement congelées restent viables durant de très longues périodes (plusieurs dizaines d’années).
Contrôlez vos acquis Les organismes dont l’optimum de croissance se situe à des températures froides sont appelés psychrophiles. Leurs représentants les plus extrêmes colonisent les habitats en permanence froids. Les psychrophiles ont développé des biomolécules qui fonctionnent à basse température mais sont très sensibles à des températures plus élevées. •
Dans quelle mesure les organismes psychrotolérants sont-ils différents des organismes psychrophiles ?
•
Quelles sont les adaptations moléculaires au niveau des membranes cytoplasmiques des psychrophiles et pourquoi sont-elles nécessaires ?
6.12 La croissance microbienne m n à haute température La vie microbienne est très abondante dans des environnements ou la température est élevée, y compris dans l’eau bouillante. Au-delà de 65 °C environ, où seule la vie procaryote existe, il existe une grande diversité de Bacteria et d’Archaea.
Les environnements chauds Les organismes dont la température optimale de croissance se situe au-delà de 45 °C sont des thermophiles alors que ceux dont la température optimale de croissance est au-delà de 80 °C sont des hyperthermophiles (voir figure 6.17). De telles températures ne se trouvent que dans quelques environnements. Ainsi, un sol exposé au soleil peut atteindre en surface une température de 50 °C à midi et dans certains cas de 70 °C, alors qu’à quelques centimètres de profondeur la température est bien moindre. Les produits sujets à fermentation tels qu’un tas de compost ou des produits d’ensilage peuvent atteindre des températures de 70 °C. Néanmoins, les habitats à haute température les plus abondants naturellement sont ceux liés à une activité volcanique, dont font partie les sources chaudes.
De nombreuses sources chaudes ont des températures proches du point d’ébullition et des jets de vapeurs (fumerolles) peuvent atteindre des températures de 150 à 500 °C. Les cheminées hydrothermales présentes dans le fond des océans ont ainsi des températures pouvant aller jusqu’à 350 °C (voir section 19.8). Les sources chaudes sont distribuées sur l’ensemble de la planète, mais sont notamment concentrées dans l’ouest des États-Unis, la Nouvelle-Zélande, l’Islande, le Japon, l’Italie, l’Indonésie, l’Amérique centrale et l’Afrique centrale. La zone du globe connaissant la plus grande concentration de sources chaudes est constituée par le parc national de Yellowstone aux États-Unis (Wyoming). Certaines sources chaudes présentent des variations de températures, alors que d’autres sont très stables, avec des écarts de 1 ou 2 °C au maximum, sur plusieurs années. De plus, des sources différentes peuvent avoir des compositions chimiques et des pH très variés. Quelle que soit leur composition, ces sources contiennent généralement suffisamment d’éléments nutritifs pour permettre le développement de populations, souvent abondantes, de chimio-organotrophes et chimiolithotrophes hyperthermophiles.
Les hyperthermophiles des sources chaudes Beaucoup de sources chaudes jaillissent au point d’ébullition de l’eau, qui varie selon l’altitude du site (92 ou 93 °C à Yellowstone, 99 ou 100 °C au niveau de la mer). En ce qui concerne ces sources chaudes bouillantes (voir figure 6.20), la croissance des hyperthermophiles peut être étudiée en immergeant des lames de microscope dans les sources et en les récupérant après quelques jours. L’observation microscopique de ces lames révèle systématiquement la présence de colonies de procaryotes (voir figure 6.20b), dues à des cellules qui ont adhéré à ces lames et se sont développées dessus. De nombreuses études écologiques sur les organismes vivant dans des sources bouillantes ont démontré que les taux de croissance étaient assez élevés, avec la mise en évidence de temps de division de l’ordre de une heure et même moins. Des cultures de plusieurs de ces procaryotes ont pu être obtenues et ont montré une grande diversité de formes et de physiologies (voir chapitre 13). Des études phylogénétiques fondées sur le séquençage du gène des ARN ribosomiques (voir sections 2.3, 11.5 et 11.6) ont montré de grandes différences entre ces hyperthermophiles. Des espèces parmi les Bacteria et les Archaea sont présentes. Certaines, parmi les Archaea hyperthermophiles, ont un optimum de température au-delà de 100 °C et doivent être cultivées sous pression afin d’atteindre des températures dépassant le point d’ébullition.
Les thermophiles De nombreux thermophiles (optimum de 45 à 80 °C) sont présents dans les sources thermales comme dans d’autres environnements chauds. Au niveau des sources thermales, l’eau bouillante jaillit de la source, coule depuis celle-ci et se refroidit graduellement, établissant un gradient thermique. De nombreux micro-organismes se développent en fonction de ce gradient (voir figure 6.21), selon leur température optimale. L’étude de la distribution de ces espèces le long de ce gradient thermique dans des sources chaudes et d’autres habitats chauds dont la température était différente a permis d’établir les températures supérieures limites pour les différents types
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Croissance microbienne
T. D. Brock
156 Chapitre 6
T. D. Brock
Nancy L. Spear
(a)
(b) FIGURE 6.20 Hyperthermophiles dans une eau bouillante. (a) La source chaude de Boulder Spring se situe dans le parc national de Yellowstone (États-Unis). La température est de 1 à 2 °C supérieure à la température d’ébullition. Les dépôts minéraux autour de la source sont majoritairement constitués de soufre et de silice. (b) Observation au microscope d’une microcolonie d’organismes procaryotes qui se sont développés sur une lame de verre immergée dans une source bouillante, comme celle présentée en (a).
de micro-organismes (voir tableau 6.1). On peut en conclure que : 1) les organismes procaryotes sont capables de croissance à des températures plus élevées que les eucaryotes ; 2) les plus thermophiles parmi les procaryotes sont des Archaea ; 3) les organismes non phototrophes sont capables de croissance à des températures plus élevées que les phototrophes. Les procaryotes thermophiles sont également présents dans des habitats artificiels. Les chauffages domestiques ou industriels ont une température comprise entre 55 et 80 °C et constituent un habitat favorable pour les procaryotes thermophiles. Des organismes proches de Thermus aquaticus (voir section 12.34) ont été isolés de chauffage d’eau. Les centrales électriques, les eaux industrielles chaudes ou des sources d’eau chaude artificielles sont autant d’habitats où les thermophiles peuvent se développer. La plupart de ces micro-organismes peuvent être isolés à condition d’utiliser les milieux de culture appropriés.
Les adaptations moléculaires à la thermophilie Les enzymes et autres protéines des thermophiles et hyperthermophiles sont plus stables à la chaleur que celles des
FIGURE 6.21 Cyanobactéries thermophiles d’une source chaude dans le parc national de Yellowstone. Motif en V formé par des cyanobactéries vivant à la limite supérieure de température pour la vie phototrophe, 70-74 °C, dans le gradient thermique formé par une source chaude bouillante. Ce motif se développe car la température chute plus vite sur les côtés qu’au centre du chenal. La source coule depuis l’arrièreplan de la photo vers le premier plan. La coloration vert clair est due à une cyanobactérie thermophile du genre Synechococcus. Lorsque l’eau thermale s’écoule, il se forme un gradient de température ; moins de cellules thermophiles sont présentes, la densité de cellules augmente, ce qui donne une coloration verte plus intense.
mésophiles et leur fonctionnement est optimal à des températures élevées. L’étude de plusieurs enzymes thermostables a montré peu de différences en termes de composition en acides aminés par rapport aux enzymes sensibles à la chaleur retrouvées chez les mésophiles. Des changements très ciblés en acides aminés permettent aux enzymes thermostables de se replier de manière à présenter une plus grande stabilité à la chaleur. La stabilité à la chaleur est également le fait d’une augmentation du nombre de liaisons ioniques entre acides aminés chargés positivement et négativement, ainsi que le fait des propriétés hydrophobes fortes à l’intérieur de ces protéines, qui évitent le dépliement dans le milieu aqueux cytoplasmique. Enfin, certaines molécules telles que le di-inositol phosphate, le di-glycérol phosphate et le mannosyl-glycérate, produites en grande quantité dans le cytoplasme de certains hyperthermophiles, pourraient participer à la stabilité à la chaleur des protéines. Les membranes cytoplasmiques doivent également résister à la chaleur chez les hyperthermophiles. Chez les psychrophiles la proportion d’acides gras insaturés est forte (voir section 6.11), ce qui augmente la fluidité de ces membranes. Au contraire, les lipides des thermophiles sont plus riches en acides gras saturés, ce qui permet aux membranes de rester stables et fonctionnelles à température élevée. Ces acides gras
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6.13 La croissance microbienne à pH acide ou alcalin 157
TABLEAU 6.1
TEMPÉRATURES MAXIMALES CONNUES POUR LA CROISSANCE DES ORGANISMES VIVANTS
Groupe
Limite supérieure de température (˚C)
Animaux Poissons et autres vertébrés aquatiques
38
Insectes
45–50
Ostracodes (crustacés)
49–50
Plantes Plantes vasculaires
45
Mousses
50
Micro-organismes eucaryotes Protozoaires
56
Algues
55–60
Champignons
60–62
Procaryotes Bacteria Cyanobactéries
70–74
Phototrophes anoxygéniques
70–73
Chimio-organotrophes, chimiolithotrophes
95
plus efficaces à température élevée. Les enzymes de ces organismes sont justement capables de catalyser certaines réactions à haute température (voir section 30.9 et figure 30.15b) et sont plus stables que les enzymes des mésophiles, ce qui autorise des durées de vie plus longues des préparations enzymatiques. Le meilleur exemple est fourni par l’ADN polymérase de Thermus aquaticus. La Taq polymerase a été utilisée pour automatiser les différentes étapes de la technique de la PCR (réaction de polymérisation en chaîne, en anglais polymerase chain reaction), technique importante pour amplifier des fragments d’ADN (voir section 7.9). D’autres applications industrielles utilisent ou développent l’utilisation d’enzymes ou d’autres produits cellulaires thermostables.
Contrôlez vos acquis Les organismes dont l’optimum de croissance se situe à des températures comprises entre 45 et 80 °C sont des thermophiles, alors que ceux dont cet optimum se situe au-delà de 80 °C sont des hyperthermophiles. Ces organismes colonisent des habitats chauds, y compris des eaux de sources thermales bouillantes ou des sources hydrothermales profondes dans les océans, dont les températures peuvent dépasser 100 °C. Thermophiles et hyperthermophiles produisent des macromolécules thermostables. •
Quelle est la température maximale de croissance pour un procaryote ? Cet organisme fait-il partie des Archaea ou des Bacteria ?
•
Quelle est la structure des membranes des Archaea hyperthermophiles et dans quelle mesure cette structure permet-elle la croissance à température élevée ?
•
Qu’est-ce que la Taq Polymerase et pourquoi a-telle été utilisée ?
Archaea Chimio-organotrophes, Chimiolithotrophes
113a
a
Température limite supérieure pour la croissance de Pyrolobus fumarii. D’autres espèces, dans le genre Pyrodictium, peuvent croître à des températures allant jusqu’à 121 ˚C.
saturés forment un milieu plus hydrophobe que les acides gras insaturés, ce qui favorise la stabilité des membranes à haute température. Les hyperthermophiles, parmi lesquels se trouvent beaucoup d’Archaea, ne contiennent pas tous des acides gras au niveau de leurs membranes, mais plutôt des hydrocarbures en C40, composés d’unités répétées d’isoprène en C5 (voir figure 4.19c), reliées entre elles par des liaisons éther avec du glycérol phosphate. De plus, la structure de ces membranes forme une monocouche lipidique (voir figure 4.19d), structure qui est beaucoup plus stable à la chaleur que la bicouche lipidique des Bacteria et des Eukarya. La structure des membranes des Archaea hyperthermophiles (voir section 4.5) et d’autres aspects de la stabilité à la chaleur, notamment de l’ADN, sont présentés ailleurs (voir section 13.12).
V
IMPACT DE L’ENVIRONNEMENT SUR LA CROISSANCE MICROBIENNE : pH, PRESSION OSMOTIQUE ET OXYGÈNE
Si la température a une influence majeure sur la croissance microbienne, d’autres facteurs tels que le pH, la pression osmotique ou l’oxygène jouent un rôle important. Comme dans le cas de la température, les organismes ont des optima de croissance différents en fonction de ces facteurs de l’environnement.
La thermophilie et les biotechnologies
6.13 La croissance microbienne à pH m n acide ou alcalin
Les organismes thermophiles et hyperthermophiles sont intéressants bien au-delà de l’aspect biologique. Ces organismes présentent des avantages pour les procédés industriels et biotechnologiques qui, bien souvent, se réalisent plus vite et sont
L’acidité ou l’alcalinité d’une solution est exprimée par son pH, neutre s’il est égal à 7 (voir figure 6.22). Des valeurs de pH inférieures à 7 caractérisent des milieux acides et des valeurs supérieures, des milieux alcalins (ou basiques).
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158 Chapitre 6
Croissance microbienne
pH
Exemple
0
Acidophile
10–1
10–13
10–2
10–12
10–3
10–11
10–4
10–10
10–5
10–9
10–6
10–8
8
Eau de mer
10–8
10–6
9
Sol naturel très alcalin
10–9
10–5
3 4 5 6
Alcalinophile
10–14
7
2
Neutralité
1 Sol volcanique, eau Fluide gastrique Jus de citron Drainage acide de mine Vinaigre Rhubarbe Pêche Sol acide Tomate Fromage américain Chou Petit pois Maïs, saumon, crevette Eau pure
1
Acidité croissante
Moles par litre de H+ OH–
10– 7 10–7
13
10–10 Lac alcalin Solution de savon –11 Ammoniaque domestique 10 Lac hyperalcalin sodique 10–12 Chaux (solution saturée) 10–13
14
10–14
10 Alcalinité croissante 11 12
10–4 10–3 10–2 10–1 1
FIGURE 6.22 Échelle de pH. Bien que certains microorganismes vivent à des pH très faibles ou très élevés, le pH interne des cellules est proche de la neutralité.
L’échelle de pH est logarithmique ; une variation d’une unité pH représente un changement d’un facteur 10 de la concentration en ions H+. Ainsi, le vinaigre (pH proche de 2) est un milliard de fois plus concentré en ions H+ que l’ammoniac domestique (pH proche de 11).
Le pH et la croissance Chaque organisme présente une gamme de pH où la croissance est possible et un optimum bien défini. La gamme de pH s’étend le plus souvent sur deux ou trois unités pH. La plupart des habitats naturels ont des pH compris entre 5 et 9 et de très nombreux organismes ont des optima compris dans cette gamme. Au contraire, les organismes qui peuvent se développer à des pH inférieurs à 2 ou supérieurs à 9 sont plus rares. Les organismes dont la croissance est meilleure pour des pH bas sont appelés acidophiles. Les champignons sont souvent plus tolérants à l’acide que les bactéries. De nombreux champignons ont un optimum de pH vers 5 ou moins, et certains se développent très bien à pH 2. De nombreuses bactéries sont également acidophiles, voire acidophiles obligatoires, incapables de se développer à des pH neutres. Parmi ces bactéries, se trouvent des représentants du genre Acidithiobacillus (voir section 12.4) ainsi que des Archaea des genres Sulfolobus, Thermoplasma et Ferroplasma (voir sections 13.5 et 13.9). L’un des facteurs clés de l’acidophilie concerne la stabilité des membranes cytoplasmiques. Lorsque le pH augmente et atteint la neutralité, les membranes cytoplasmiques des acidophiles se détruisent et il y a lyse cellulaire. Ceci indique qu’une concentration importante en ions H+ est nécessaire pour le maintien de la stabilité des membranes. Le plus acidophile des procaryotes
connus, Picrophilus oshimae, qui colonise des sols chauds acides liés à l’activité volcanique (voir section 13.5), a un pH optimal de 0,7 et ses cellules se lysent à des pH supérieurs à 4. Quelques extrémophiles ont un optimum de pH très élevé, proche de pH 10, et sont appelés alcaliphiles. Ces organismes colonisent des lacs hyperalcalins sodiques ou des sols riches en carbonate. Les plus étudiés et les plus connus parmi ces organismes sont des espèces de Bacillus telles que B. firmus. Cet organisme est un alcaliphile, mais il se développe sur une large gamme de pH allant de pH 7,5 à 11. Certains alcaliphiles extrêmes sont également des halophiles (qui aiment le sel) et la plupart sont des Archaea (voir section 13.3). L’étude de certains alcaliphiles a débouché sur des activités industrielles car ces organismes sont capables de produire des enzymes (protéases, lipases) qui fonctionnent à des pH élevés et sont donc utilisables dans les détergents domestiques (voir section 30.9). Les alcaliphiles sont également intéressants pour des problèmes de bioénergétique que pose la vie dans un milieu ou le pH est élevé. Comment se met en place une force proton-motrice (voir section 5.12) lorsque la surface externe de la membrane cytoplasmique est à ce point basique ? Des études chez B. firmus ont montré qu’un gradient de Na+ permettait d’obtenir l’énergie nécessaire aux phénomènes de transport et de mobilité et qu’une force proton-motrice permettait la synthèse d’ATP à partir de la respiration. Le fonctionnement précis de ces phénomènes reste un problème très intéressant dans les recherches menées sur les alcaliphiles.
Le pH interne de la cellule L’optimum de pH pour la croissance représente le pH externe à la cellule. Le pH interne doit rester relativement proche de la neutralité pour éviter la destruction des macromolécules acidoou alcali-sensibles. Pour la majorité des micro-organismes dont le pH optimal est compris entre 6 et 8 (les neutrophiles), le pH cytoplasmique reste proche de la neutralité (voir figure 6.22). En ce qui concerne les acidophiles et alcaliphiles, ce pH interne peut varier. Ainsi, chez P. oshimae, le pH interne a été mesuré à 4,6 et, chez certains alcaliphiles extrêmes, il peut atteindre 9,5. Si ces valeurs ne constituent peut-être pas les limites inférieures et supérieures du pH cytoplasmique, elles sont probablement proches de ces limites au-delà desquelles la stabilité des macromolécules serait compromise.
Les tampons Au cours de cultures en milieu fermé, le pH change du fait de l’activité métabolique qui consomme ou produit des molécules acides ou basiques. C’est pourquoi des solutions tampons sont utilisées de façon à maintenir le pH à des valeurs constantes. Étant donné qu’un seul tampon ne fonctionne que pour une gamme donnée et étroite, plusieurs types de tampons sont utilisés. Pour des gammes de pH proches de la neutralité (pH compris entre 6 et 7,5) le phosphate de potassium est un excellent tampon. D’autres tampons existent et peuvent être utilisés pour les milieux de culture ou les extraits cellulaires (test enzymatique). Le meilleur tampon possible peut varier énormément selon l’application donnée ; c’est pourquoi le choix de celui-ci se réalise empiriquement. Néanmoins, un tampon utilisé pour un
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6.14 L’influence de la pression osmotique sur la croissance 159
test enzymatique chez un organisme fonctionne généralement pour le même test enzymatique chez un autre organisme.
Contrôlez vos acquis L’acidité ou l’alcalinité d’un environnement peut avoir une influence sur la croissance microbienne. Certains organismes se sont adaptés pour pouvoir croître à des pH bas ou élevés, mais la plupart des organismes ont un optimum de pH compris entre 6 et 8. Le pH interne d’une cellule est souvent proche de la neutralité, même lorsque le pH externe est acide ou basique. • •
Quelle est l’augmentation de la concentration en protons lorsque le pH passe de 7 à 4 ? Que sont les tampons et pourquoi leur utilisation est-elle importante ?
6.14 L’influence de la pression m n osmotique sur la croissance L’eau est le solvant de la vie. Tous les organismes ont besoin d’eau, et la disponibilité de cette eau est l’un des paramètres importants qui influe sur la croissance des micro-organismes dans l’environnement. La disponibilité de l’eau ne dépend pas uniquement de sa présence dans l’environnement (pourcentage d’eau dans un habitat donné), mais également de la concentration en solutés, tels que sels, sucres ou tout autre composé dissous dans cette eau. Les substances dissoutes ont une affinité pour l’eau, ce qui rend l’eau associée à ces composés non accessible pour les organismes.
L’activité de l’eau et l’osmose La disponibilité de l’eau s’exprime selon une variable physique qui est l’activité de l’eau, notée aw, et qui correspond au rapport entre la tension de vapeur de l’air en équilibre avec une substance ou une solution et la tension de vapeur de l’eau pure. Les valeurs d’aw varient entre 0 et 1 (voir tableau 6.2). L’activité de l’eau d’un sol agricole varie généralement entre 0,9 et 1. L’eau diffuse depuis les zones à forte concentration en eau (faible concentration en éléments dissous) vers les zones à faible concentration en eau (forte concentration en éléments dissous) ; c’est le processus appelé osmose (voir section 4.8 et figure 4.32). Dans la plupart des cas, le cytoplasme est plus concentré en éléments dissous que le milieu environnant. L’eau a donc tendance à diffuser vers l’intérieur de la cellule qui présente une balance positive pour l’eau. Néanmoins, lorsqu’une cellule se trouve dans un milieu où l’activité de l’eau est faible, l’eau diffuse de la cellule vers le milieu. Ceci pose problème si aucun système n’est mis en place pour empêcher ce phénomène.
Les organismes halophiles Dans l’environnement, l’impact de l’osmose est important, notamment dans les habitats où la concentration en sels est forte. L’eau de mer contient à peu près 3 % de NaCl ainsi que
TABLEAU 6.2 Activité de l’eau
MESURES DE L’ACTIVITÉ DE L’EAU (aW) DE CERTAINS PRODUITS Produits
Exemples d’organismesa
1,000
Eau pure
Caulobacter, Spirillum
0,995
Sang humain
Streptococcus, Escherichia
0,980
Eau de mer
Pseudomonas, Vibrio
0,950
Pain
La pluspart des bacilles Gram positif
0,900
Sirop d’érable, jambon
Coques Gram positif tels que Staphylococcus
0,850
Salami
Saccharomyces rouxii (levure)
0,800
Gâteau aux fruits, confiture
Saccharomyces bailii, Penicillium (champignon)
0,750
Lacs salés, poisson salé
Halobacterium, Halococcus
0,700
Céréales, sucre, fruits secs
Xeromyces bisporus et autres champignons xérophiles
a Exemples d’organismes procaryotes ou de champignons capables de croissance dans un milieu de culture dont l’activité de l’eau est ajustée à la valeur indiquée.
des quantités plus faibles de nombreux autres minéraux ou autres éléments dissous. Les micro-organismes colonisant les milieux marins nécessitent le plus souvent de l’ion sodium pour leur développement et ont une croissance optimale pour des valeurs d’activité de l’eau proches de celles de l’eau de mer (voir figure 6.23). Ces organismes sont appelés halophiles. Ils ont besoin de faibles quantités de NaCl pour leur croissance, mais leur optimum peut varier. Les termes d’halophiles très modérés ou modérés caractérisent les organismes dont les besoins en NaCl sont respectivement faibles (1 à 6 %) ou modérés (6 à 15 %) [voir figure 6.23]. La plupart des micro-organismes sont incapables de faire face à des environnements ou l’activité de l’eau est très faible et, dans ces conditions, soit meurent, soit se déshydratent et sont réduits à un état de dormance. Les organismes halotolérants peuvent résister à une réduction de l’activité de l’eau dans leur environnement, mais leur croissance est meilleure dans le cas où la concentration en soluté est plus faible (voir figure 6.23). Il existe par contre des organismes qui se développent à des valeurs d’aw très faibles. Ces organismes sont intéressants non seulement pour l’étude des processus d’adaptation à ces conditions de vie, mais aussi d’un point de vue pratique étant donné que l’addition de solutés tels que le saccharose ou le sel est un procédé couramment utilisé pour la préservation de la nourriture du développement microbien. Les organismes capables de se développer dans des milieux très salés sont des halophiles extrêmes (voir figure 6.23). Ces organismes nécessitent la présence de 15 à 30 % de NaCl, selon l’espèce, pour leur croissance (voir section 13.3). Les organismes susceptibles de vivre dans des environnements riches en sucre sont appelés osmophiles, alors que ceux en
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160 Chapitre 6
Croissance microbienne
Halotolérant Halophile Taux de croissance
Exemple : Staphylococcus aureus
Exemple : Vibrio fischeri
Halophile extrême
Exemple : Halobacterium salinarum
Non halophile Exemple : Escherichia coli
0
NaCl
FIGURE 6.23 Impact de la concentration en NaCl sur la croissance de micro-organismes possédant différents besoins et tolérances vis-à-vis du sel. La croissance optimale vis-à-vis du NaCl pour des organismes marins tels que V. fischeri est proche de 3 % ; pour les halophiles extrêmes, elle se situe entre 15 et 30 % selon l’organisme.
mesure de se développer dans des habitats très secs (à cause du manque d’eau) sont appelés xérophiles (voir tableau 6.2).
Les composés osmocompatibles (ou solutés compatibles) Un organisme vivant dans un milieu où l’activité de l’eau est faible doit augmenter la concentration interne en composés dissous pour pouvoir obtenir de l’eau. Cette augmentation de la concentration interne en solutés peut se réaliser soit en pompant des ions inorganiques de l’environnement vers la cellule, soit en synthétisant ou en concentrant des solutés organiques (voir tableau 6.3). Les solutés utilisés pour ajuster l’activité de l’eau dans le cytoplasme ne doivent pas être des inhibiteurs des processus
TABLEAU 6.3
biochimiques. Ces solutés sont appelés composés osmocompatibles (solutés compatibles ou encore osmorégulateurs). Il en existe plusieurs chez les micro-organismes (voir tableau 6.3 et figure 6.24). Ces composés sont des sucres, des alcools ou des acides aminés, ainsi que leurs dérivés, et sont tous très solubles dans l’eau (voir figure 6.24). Dans le cas d’Archaea halophiles extrêmes et de certaines bactéries, le soluté est le K+ (sous la forme de KCl). Les composés osmocompatibles sont soit synthétisés par l’organisme, soit accumulés depuis l’environnement (c’est le cas de KCl et de la glycine-bétaïne). La concentration de ces composés dans la cellule varie selon les conditions de l’environnement mais, pour chaque organisme, il existe une concentration maximale de composés produits ou accumulés dont le déterminisme est génétique. C’est pourquoi les organismes n’ont pas le même niveau de résistance à l’encontre de l’activité de l’eau (voir tableaux 6.2 et 6.3). La détermination d’organismes non-halotolérants, halotolérants, halophiles ou halophiles extrêmes dépend surtout de leur capacité « génétique » à produire ou accumuler des composés osmocompatibles. Les coques Gram positif appartenant au genre Staphylococcus sont connus pour être des halotolérants (une des méthodes d’isolement consiste à utiliser un milieu de culture contenant 7,5 % de NaCl) et utilisent la proline (acide aminé) comme composé osmocompatible. La glycine-bétaïne est un dérivé de la glycine, où les atomes d’hydrogène du groupement amine sont remplacés par des groupements méthyle. L’atome d’azote est ainsi chargé positivement, ce qui le rend plus soluble (voir figure 6.24). La glycine-bétaïne est un composé osmocompatible usuel, notamment chez les Bacteria halophiles et les cyanobactéries (voir tableau 6.3). Certaines bactéries halophiles extrêmes produisent de l’ectoïne (voir figure 6.24), dérivé cyclique de l’acide aspartique. De nombreux glycosides, ainsi que le diméthyl-sulfoniopropionate (voir figure 6.24) sont produits par les algues marines. Ils s’accumulent le plus souvent à de faibles concentrations étant donné que ces cellules sont faiblement halophiles. Les levures xérophiles et les
COMPOSÉS OSMORÉGULATEURS CHEZ LES MICRO-ORGANISMES Organisme
Composé majoritaire
aw minimum pour la croissance
Bacteria, non phototrophe
Glycine bétaïne, proline (Gram positif), glutamate (Gram négatif)
0,97–0,90
Cyanobactérie d’eau douce
saccharose, tréhalose
0,98
Cyanobactéries marines
α-glucosylglycérol
0,92
Algues marines
Mannitol, glycosides, proline, diméthylsulfoniopropionate
0,92
Cyanobactéries de milieux hypersalés
Glycine bétaïne
0,90–0,75
Bactéries phototrophes anoxygéniques halophiles (Ectothiorhodospira/Halorhodospira, Rhodovibrio)
Glycine bétaïne, ectoïne, tréhalose
0,90–0,75
Archae halophiles extrêmes (par exemple, Halobacterium) ainsi que quelques Bacteria (par exemple, Haloanaerobium)
KCl
0,75
Dunaliella (algue verte halophile)
Glycérol
0,75
Levures xérophiles
Glycérol
0,83–0,62
Champignons filamenteux xérophiles
Glycérol
0,72–0,61
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6.15 L’influence de l’oxygène sur la croissance 161
1. Acides aminés et apparentés Glycine bétaïne H3C
CH3 N+ CH2
croissance est meilleure lorsque l’activité de l’eau est plus faible, et certains nécessitent la présence de fortes concentrations en sels pour croître.
Ectoïne N
COO–
CH3
C
H3C
CH2
CH2 C
N
COO–
Diméthylsulfoniopropionate O
CH3 H3C S +
O–
CH2CH2C
2. Hydrates de carbone
OH
O
HOH2C
OH
OH
O
CH2OH
OH
OH
Tréhalose CH2OH O
OH
OH
O OH
O HOH2C OH OH OH
3. Alcools Glycérol CH2OH
Que représente la valeur aw de l’eau pure ?
•
Qu’est ce qu’un composé osmocompatible et quel est son rôle ?
•
Quel est le composé osmocompatible chez le genre Halobacterium ?
6.15 L’influence de l’oxygène m n sur la croissance
Saccharose CH2OH O
•
Mannitol CH2OH
CHOH
HO C H
CH2OH
HO C H H C OH H C OH CH2OH
FIGURE 6.24 Structure des composés osmorégulateurs les plus courants chez les micro-organismes. Les structures du glutamate et de la proline, autres composés osmorégulateurs, sont présentées dans la figure 3.12. Le nom formel de l’ectoïne est le 1,4,5,6-tétrahydro-2-méthyl-4-pyrimidine carboxylate. La glycine bétaïne et le diméthylsulfoniopropionate sont des osmorégulateurs courants chez les algues.
algues vertes halophiles produisent le plus souvent du glycérol. D’autres exemples d’organismes et de composés osmocompatibles sont donnés dans le tableau 6.4 et la figure 6.24.
Contrôlez vos acquis L’activité de l’eau devient limitante pour un organisme lorsque la concentration en solutés augmente dans l’environnement. Les organismes produisent ou accumulent à l’intérieur des cellules des composés osmocompatibles qui permettent de maintenir pour la cellule une balance positive vis-à-vis de l’eau. Certains micro-organismes se sont adaptés de sorte que leur
Étant donné que la vie humaine nécessite la présence d’oxygène moléculaire (O2), il serait facile de supposer que toutes les formes de vie nécessitent cet oxygène. Néanmoins, de nombreux micro-organismes peuvent vivre sans, ou doivent vivre en absence d’oxygène. L’oxygène est peu soluble dans l’eau et les activités de respiration des micro-organismes dans les habitats aquatiques ou humides (notamment dans le cas où la matière organique est présente en abondance) épuisent cet oxygène. Ainsi, les habitats microbiens anoxiques sont très répandus dans l’environnement. Ils comprennent notamment les vases et autres sédiments, les tourbières et marécages, les sols humides, le tractus intestinal des animaux, les eaux usées, les milieux souterrains profonds et d’autres environnements. Dans ces habitats anoxiques, se développent de nombreux micro-organismes, notamment des procaryotes.
La classification des micro-organismes vis-à-vis de l’oxygène Les besoins ou la tolérance vis-à-vis de l’oxygène varient selon les micro-organismes. Ils peuvent ainsi être classés dans plusieurs grands groupes selon leur relation à l’oxygène (voir tableau 6.4). Les aérobies sont capables de croissance à la pression partielle maximale en oxygène (l’air contient 21 % d’O2) et ils respirent l’oxygène au cours de leur métabolisme. De nombreux aérobies tolèrent même des concentrations en oxygène plus élevées que celles dues à la pression normale en oxygène (conditions hyperoxiques). Les microaérophiles, au contraire, sont des aérobies qui utilisent l’oxygène lorsqu’il est présent à des pressions partielles réduites (conditions micro-oxiques). Ceci est dû au fait que leurs capacités de respiration sont limitées ou bien qu’ils contiennent des molécules sensibles à l’oxygène telles que certaines enzymes. De nombreux aérobies sont facultatifs c’est-à-dire que, selon les conditions du milieu (nutriments notamment), ils pourront se développer en conditions oxiques ou anoxiques. Certains micro-organismes, les anaérobies, ne peuvent pas respirer l’oxygène. Il est possible de distinguer entre les anaérobies aérotolérants, qui tolèrent la présence d’oxygène et se développent en sa présence même s’ils ne peuvent pas l’utiliser, et les anaérobies stricts, qui sont inhibés ou tués en présence d’oxygène (voir tableau 6.4). Les raisons pour lesquelles les anaérobies stricts sont ainsi détruits pourraient
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162 Chapitre 6
TABLEAU 6.4 Groupe
Croissance microbienne
RELATION DES MICRO-ORGANISMES AVEC L’OXYGÈNE Relation à l’O2
Type de métabolisme
Exemplea
Habitatb
Aérobies Stricts
Nécessaire
Respiration aérobie
Micrococcus luteus (B)
Peau, poussière
Facultatifs
Non nécessaire mais croissance améliorée
Respiration aérobie ou anaérobie, fermentation
Escherichia coli (B)
Gros intestin des mammifères
Microaérophiles
Nécessaire à concentration inférieure à l’O2 atmosphérique
Respiration aérobie
Spirillum volutans (B)
Lac (eau)
Aérotolerants
Non nécessaire et croissance non améliorée
Fermentation
Streptococcus pyogenes (B)
Tractus respiratoire supérieur
Stricts
Toxique, létale
Fermentation ou respiration anaérobie
Methanobacterium (A) formicicum
Station d’épuration des eaux usées, sédiments anoxiques
Anaérobies
a
Les lettres entre parenthèses indiquent le type d’organisme (B, Bacteria ; A, Archaea). Des représentants de chacun des domaines des prokaryotes sont connus dans chaque catégorie. La plupart des Eukarya sont des aérobies stricts, mais certains anaérobies facultatifs (levures par exemple) ou stricts (certains protozaires et champignons) sont connus. b Les habitats typiques des organismes cités sont listés.
être qu’ils ne peuvent éliminer certains produits toxiques issus du métabolisme de l’oxygène (voir section 6.16). L’anaérobiose stricte ne se rencontre que dans trois groupes de micro-organismes : de nombreux procaryotes, quelques champignons et quelques protozoaires. Le groupe de bactéries anaérobies stricts le plus connu est celui constitué par le genre Clostridium, des bacilles anaérobies Gram positif formant des endospores, largement répandus dans les sols, les sédiments dulçaquicoles et les tractus intestinaux, et responsables de la détérioration de produits alimentaires en conserve (voir section 12.20). Parmi les autres micro-organismes anaérobies stricts, se trouvent les méthanogènes et de nombreuses autres Archaea (voir chapitre 13), les bactéries sulfatoréductrices et les homoacétogènes (voir chapitres 12 et 13), ainsi que de nombreuses autres bactéries colonisant le tube digestif des animaux (voir section 21.4). Néanmoins, parmi les anaérobies stricts la sensibilité à l’oxygène varie énormément. Certaines espèces tolèrent des traces d’oxygène, voire une pression partielle maximale en oxygène, selon les conditions, alors que d’autres non.
Les techniques de culture pour les aérobies et anaérobies La croissance de nombreux aérobies nécessite une aération efficace. En effet, l’oxygène consommé par les organismes durant leur croissance n’est pas remplacé assez rapidement par les processus de diffusion. Une aération forcée des cultures est donc souvent nécessaire et peut être obtenue soit par agitation vigoureuse des flacons, soit en insufflant de l’air stérile dans le milieu au travers d’un tube en verre fin ou en verre fritté. Dans ces conditions la croissance est nettement améliorée. Dans le cas des anaérobies, le problème consiste à exclure l’oxygène des milieux de culture. Étant donné que l’oxygène est présent dans l’air, des méthodes spéciales sont utilisées pour la culture des anaérobies. Les anaérobies stricts étant
plus ou moins sensibles à l’oxygène, il existe plusieurs procédures pour réduire la concentration en oxygène dans les cultures. Certaines de ces techniques les plus simples sont utilisables pour les organismes peu sensibles, alors que d’autres, plus complexes à mettre en œuvre, sont nécessaires pour les anaérobies stricts. Des tubes ou des flacons complètement remplis de milieu de culture et fermés avec des bouchons bien ajustés sont suffisants pour la culture d’organismes peu sensibles à la présence de petites quantités d’oxygène. Il est également possible d’ajouter au milieu de culture un produit chimique appelé réducteur, qui réagira avec l’oxygène et le réduira en H2O. C’est le cas du thioglycolate additionné à un milieu appelé bouillon au thioglycolate et utilisé pour tester les besoins en oxygène d’un organisme (voir figure 6.25). Afin d’éliminer toute trace d’oxygène pour la culture des anaérobies, il est possible d’incuber les tubes ou les boîtes dans une jarre à paroi épaisse (jarre anaérobie), fermée hermétiquement par un couvercle étanche aux gaz et contenant un système qui va consommer l’oxygène (voir figure 6.26a). L’air dans la jarre est remplacé par un mélange de H2 et CO2, et en présence d’un catalyseur les traces d’oxygène seront consommées par l’hydrogène (H2 + O2 → H2O), ce qui aboutira à l’anoxie. Pour les organismes anaérobies stricts tels que les méthanogènes (voir section 13.4 et 17.17), il est nécessaire non seulement d’éliminer toute trace d’oxygène dans les milieux de culture, mais également de réaliser toutes les manipulations à l’abri de l’oxygène. En effet les anaérobies stricts peuvent être tués par une exposition, même brève, à l’oxygène. Dans ces cas, le milieu de culture est tout d’abord porté à ébullition afin d’éliminer toute trace d’oxygène, ensuite un réducteur tel que le H2S est additionné, puis le milieu est conditionné sous une atmosphère exempte d’oxygène. Les manipulations se réalisent sous un flux de gaz ne contenant pas d’oxygène (N2 ou
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6.16 Les formes toxiques de l’oxygène 163
6.16 Les formes toxiques de l’oxygène m n L’oxygène est un oxydant puissant et le meilleur accepteur d’électrons lors d’une respiration (voir section 5.11). Néanmoins il peut constituer un poison pour certains micro-organismes, non en soi, mais par certains dérivés qui sont toxiques pour les micro-organismes en question.
La chimie de l’oxygène Zone oxique
Zone anoxique
(a)
(b)
(c)
(d)
(e)
FIGURE 6.25 Croissance en fonction de la concentration en oxygène. Localisation des colonies (points noirs) révélant la croissance d’organismes aérobies stricts, anaérobies, anaérobies facultatifs, microaérophiles et anaérobies aérotolérants dans un milieu au thioglycolate, additionné d’agar et de rézazurine. La rézazurine, indicateur de potentiel redox est rose en milieu oxydé et incolore en milieu réduit. (a) Du fait de la faible pénétration de l’oxygène dans le tube, les aérobies stricts ne se développent qu’en surface. (b) Les anaérobies, sensibles à l’oxygène, ne se développent qu’en profondeur. (c) Les anaérobies facultatifs, pouvant se développer en présence ou en absence d’oxygène, se répartissent dans l’ensemble du tube ; néanmoins la croissance est meilleure en surface, où ces organismes effectuent une respiration aérobie. (d) Les microaérophiles se développent mieux dans des zones où la concentration en oxygène est faible mais non nulle. (e) Les anaérobies aérotolérants se développent dans l’ensemble du tube ; néanmoins leur croissance n’est pas meilleure en surface, car ils sont seulement capables de fermentation.
H2) afin d’éviter une contamination par l’oxygène de l’air lors des manipulations. Des boîtes à gants spéciales (chambres anaérobies) existent pour la réalisation de manipulations sur les anaérobies dans une atmosphère exempte de traces d’oxygène (figure 6.26b).
Contrôlez vos acquis Les aérobies nécessitent de l’oxygène pour vivre, contrairement aux anaérobies qui peuvent même être tués par lui. Les anaérobies facultatifs peuvent vivre avec ou sans oxygène. Des techniques spécifiques sont utilisées pour la culture des micro-organismes aérobies et anaérobies. •
Qu’est ce qu’un anaérobie facultatif ?
•
Comment fonctionne un agent réducteur ?
L’état fondamental de l’oxygène correspond à l’oxygènetriplet (3O2), mais d’autres configurations électroniques sont possibles. L’une des formes les plus toxiques de l’oxygène est l’oxygène-singulet (1O2) une forme de plus forte énergie où les couches électroniques extérieures sont très réactives et responsables de nombreuses réactions d’oxydation spontanées au sein d’une cellule. L’oxygène-singulet est produit par réaction photochimique et biochimique ; notamment du fait de l’activité de peroxydases. Les organismes susceptibles d’être en présence d’oxygène-singulet, tels que les micro-organismes de l’air et les organismes photosynthétiques, contiennent souvent des pigments caroténoïdes qui interviennent pour transformer l’oxygène-singulet en formes non toxiques (voir section 17.3). D’autres formes très toxiques de l’oxygène sont l’anion superoxyde (O2–), le peroxyde d’hydrogène (H2O2) et le radical hydroxyle (OH•). Toutes ces formes sont des sous-produits de la réduction de l’O2 en H2O au cours de la respiration (voir figure 6.27). Les flavoprotéines, les quinones, les thiols et les protéines fer-soufre (voir section 5.11) qui se trouvent dans pratiquement toutes les cellules peuvent également réduire l’O2 en O2–. Ainsi, qu’elles soient capables ou non d’utiliser l’oxygène (voir tableau 6.3), presque toutes les cellules peuvent être exposées à certaines de ses formes toxiques. L’anion superoxyde est un oxydant puissant qui peut pratiquement oxyder n’importe quelle molécule organique dans une cellule, y compris les macromolécules. Les peroxydes tels que le H2O2 peuvent également causer des dégâts mais sont moins toxiques que les superoxydes ou le radical hydroxyle. Ce dernier est le plus réactif et peut oxyder rapidement n’importe quelle molécule organique. Néanmoins, le radical hydroxyle ne constitue qu’une forme éphémère dans la cellule, car sa source majeure provient des radiations ionisantes auxquelles les cellules sont rarement exposées. De petites quantités de radical hydroxyle peuvent être produites à partir de H2O2 (voir figure 6.27), mais le peroxyde pouvant être éliminé par l’activité de la catalase (voir plus loin), cette source de radical hydroxyle est pratiquement éliminée. Des formes toxiques de l’oxygène peuvent être produites par des cellules du système immunitaire pour lutter contre une infection microbienne (voir section 22.2).
Les enzymes destructrices des formes toxiques de l’oxygène Étant donné la gamme de dérivés toxiques de l’oxygène, les organismes ont développé des enzymes capables de détruire ces composés (voir figure 6.28). La plus répandue de ces enzymes est la catalase, qui dégrade le peroxyde d’hydrogène. L’activité de cette enzyme est illustrée dans les
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Croissance microbienne
(a)
Coy Laboratory Products
Deborah O. Jung et Michael T. Madigan
164 Chapitre 6
(b)
FIGURE 6.26 Incubation en conditions anoxiques. (a) Jarre anaérobie. Une réaction chimique, dans le sachet inclus dans la jarre, génère H2 +CO2 ; le H2 produit réagit avec le O2 en présence de palladium comme catalyseur et génère du H 2O. L’atmosphère finale contient du H2, du N2 et du CO2. (b) Enceinte anaérobie (boîte à gants) pour la manipulation et l’incubation en conditions anoxiques. Le sas sur la droite peut être purgé avec du gaz sans oxygène et sert à l’introduction et au retrait de matériel de l’enceinte.
figures 6.28a et 6.29. La peroxydase dégrade également le peroxyde d’hydrogène, mais son activité est différente (voir figure 6.28b) puisqu’elle nécessite la présence d’un réducteur, souvent le NADH, pour produire de l’H2O. La superoxyde dismutase dégrade l’anion superoxyde (voir figure 6.28c) en combinant deux molécules de superoxyde pour former une molécule de peroxyde d’hydrogène et une molécule d’oxygène. Les deux enzymes superoxyde dismutase et catalase fonctionnent ensemble pour former de l’oxygène à partir de l’anion superoxyde (voir figure 6.28d). Les aérobies et les anaérobies facultatifs possèdent d’habitude à la fois la superoxyde dismutase et la catalase, bien que certains aérobies stricts ne possèdent pas cette dernière. La superoxyde dismutase est indispensable pour les cellules aérobies. Son absence chez les anaérobies stricts a longtemps été considérée comme la raison de la toxicité de l’oxygène pour ces organismes. Certains anaérobies aérotolérants tels que les bactéries lactiques ne possèdent pas la superoxyde dismutase et utilisent des complexes protéines-manganèse (Mn2+) pour effectuer la transformation de l’anion superoxyde en H2O2 et O2. Ce type de réaction correspond sans doute à une forme ancienne d’activité superoxyde dismutase. De fait, toutes les superoxydes dismutases connues contiennent un cofacteur
e–
O2 + O2– + e– + 2 H+ H2O2 + e– + H+ OH + e– + H+
O2–
Superoxide H2O2 Peroxyde d’hydrogène H2O + OH Radical hydroxyle H2O Eau
Bilan : O2 + 4 e– + 4 H+
2 H2O
FIGURE 6.27 Réactions successives de réduction de l’oxygène en H2O par addition d’électrons . Tous les intermédiaires formés, à part l’eau, sont très réactifs et toxiques pour les cellules.
métallique au niveau de leur site actif, souvent du Mn2+, mais également du Fe2+, ou la combinaison Cu2+ et Zn2+. Une autre voie d’élimination de l’anion superoxyde est présente chez certains procaryotes anaérobies stricts. Chez l’Archaea Pyrococcus furiosus, la superoxyde dismutase est absente mais une autre enzyme unique responsable de l’élimination de superoxyde est présente, la superoxyde réductase. Cette enzyme réduit le superoxyde en H2O2 sans production de O2 (voir figure 6.28d), ce qui évite l’exposition à l’oxygène chez cet organisme. P. furiosus ne possède pas de catalase, une enzyme qui génère également de l’O2 (voir figure 6.28a).
(a) Catalase : H2O2 + H2O2
2 H2O + O2
(b) Peroxydase : H2O2 + NADH + H+
2 H2O + NAD+
(c) Superoxyde dismutase : O2– + O2– + 2 H+ H2O2 + O2 (d) Superoxyde dismutase/catalase en combinaison : 4 O2– + 4 H+ 2 H2O + 3 O2 (e) Superoxyde reductase : H2O2 + cyt coxydé O2– + 2 H+ + cyt créduit FIGURE 6.28 Les enzymes responsables de la dégradation des composés toxiques de l’oxygène. (a) Les catalases et (b) les peroxydases sont des protéines contenant des noyaux porphyrines, mais certaines flavoprotéines (voir section 5.11) peuvent aussi consommer les composés toxiques de l’oxygène. (c) Les superoxydes dismutases sont des protéines contenant des métaux tels que le cuivre, le zinc, le manganèse ou le fer. (d) Action combinée de la superoxyde dismutase et de la catalase. (e) La superoxyde réductase catalyse la réduction du O2 en H2O2, avec le cytochrome c comme donneur d’électron.
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T. D. Brock
Questions 165
FIGURE 6.29 Test de la présence de la catalase dans une culture microbienne. De la biomasse bactérienne issue d’une culture sur agar (colonie) est mise en présence d’une goutte d’eau oxygénée (30 % en volume) sur une lame de microscope (à droite). L’apparition de bulles indique la présence de la catalase. Les bulles sont de l’oxygène issu de la réaction : H2O2 + H2O2 → 2H2O + O2.
Chez P. furiosus, le H2O2 produit par la superoxyde réductase est éliminé par l’activité d’enzymes de type peroxydase, dont le produit final est H2O (voir figure 6.28b). La superoxyde réductase semble être largement distribuée chez les anaérobies stricts, du moins les études portant sur les génomes complets ont-elles révélé la présence de gènes codant ce type d’enzyme chez de nombreux anaérobies stricts. Ces organismes, dont on pensait qu’ils étaient sensibles à l’oxygène car ils ne possèdent pas de superoxyde dismutase, semblent disposer
d’un système d’élimination de la forme toxique de l’oxygène que constitue l’anion superoxyde. La sensibilité de ces organismes vis-à-vis de l’oxygène dans les milieux de culture pourrait être due à des raisons encore inconnues. De nombreux organismes hyperthermophiles anaérobies stricts tolèrent l’oxygène à des températures basses. Même s’il n’y a pas de croissance dans ces conditions, la superoxyde réductase semble les protéger de la mort. Cette tolérance à l’oxygène pourrait jouer un rôle important dans le transfert de ces organismes depuis une source hydrothermale profonde à une autre (voir section 19.8).
Contrôlez vos acquis De nombreuses variétés toxiques de l’oxygène peuvent être formées dans la cellule, mais des enzymes assurent leur neutralisation. L’anion superoxyde est l’une des formes toxique de l’oxygène la plus commune. •
Comment la superoxyde dismutase protège-t-elle la cellule des formes toxiques de l’oxygène ?
•
Dans quelle mesure l’activité de la superoxyde dismutase diffère-t-elle de celle de la superoxyde réductase ?
QUESTIONS 1. Décrivez les processus moléculaires clés lors de la croissance et la division cellulaire. Quelles protéines facilitent le processus de division cellulaire (voir section 6.1) ? 2. Décrivez le rôle des protéines Fts dans le processus de division cellulaire (voir section 6.2). 3. Dans quelle mesure des cellules issues de la bactérie en forme de bâtonnet Escherichia coli et présentant une mutation inactivant la production de la protéine MreB apparaissent différentes en microscopie par rapport aux cellules non mutées ? Quelle en est la raison (voir section 6.2) ? 4. Comment la pénicilline agit-elle pour tuer les cellules bactériennes (voir section 6.3) ? 5. Quelle est la différence entre le taux de croissance spécifique (k) d’un organisme et son temps de génération (g) (voir sections 6.4 et 6.5) ? 6. Décrivez les phases de croissance d’une population de cellules bactériennes à partir du moment où cette population est inoculée dans un milieu de culture neuf (voir section 6.6). 7. Décrivez une méthode directe et une méthode indirecte permettant de mesurer la croissance microbienne (voir sections 6.7 et 6.8). 8. Décrivez brièvement le processus par lequel une seule cellule forme une colonie visible sur une boîte de Petri. Sur cette base expliquez le principe de la méthode de comptage des cellules viables (voir section 6.7). 9. Comment le chémostat permet-il de contrôler le taux de croissance et la densité cellulaire, et ce, indépendamment l’un de l’autre (voir section 6.9) ?
10. En observant la figure décrivant la relation entre le taux de croissance et la température (voir figure 6.17), expliquez d’un point de vue biochimique pourquoi l’optimum de croissance est le plus souvent plus proche du maximum que du minimum (voir section 6.10). 11. Décrivez un environnement dans lequel vous pourriez trouver un organisme psychrophile. Même chose pour un hyperthermophile (voir sections 6.11 et 6.12). 12. En prenant en compte le pH de l’environnement et le pH interne de la cellule, dans quelle mesure un acidophile et un alcaliphile sont-ils différents ? Dans quelle mesure sont-ils identiques (voir section 6.13) ? 13. Expliquez, en termes moléculaires, comment une cellule halophile est capable de créer un courant d’eau de l’extérieur vers l’intérieur de la cellule (voir section 6.14). 14. Listez trois classes de composés osmocompatibles produits par différents micro-organismes. Donnez au moins deux propriétés communes à ces composés (voir section 6.14). 15. Différenciez aérotolérant et anaérobie strict en termes de sensibilité à l’oxygène et de capacité de croissance en présence d’oxygène (O2). Dans quelle mesure un anaérobie aérotolérant diffère t-il d’un microaérophile (voir section 6.15) ? 16. Comparez les enzymes catalase, superoxyde dismutase et superoxyde réductase en fonction des points suivants : substrats, produits oxygénés, organismes qui les contiennent, rôle dans la tolérance à l’oxygène des cellules (voir section 6.16).
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166 Chapitre 6
Croissance microbienne
PROBLÈMES 1. En débutant une culture en milieu riche avec quatre cellules par millilitre et en prenant en compte une phase de latence de 1 heure et un temps de génération de 20 minutes, combien de cellules obtiendra-t-on par litre après 1 heure ? Après 2 heures ? Après 2 heures si l’une des quatre cellules initiales est morte ? 2. Calculez g et k lors d’une croissance où un milieu de culture est inoculé avec 5 × 106 cellules mL–1 d’Escherichia coli, avec une phase de latence de 1 heure suivie d’une phase de croissance exponentielle de 5 heures, aboutissant à une population de 5,4 × 109 cellules.mL–1.
3. Localisez dans le chapitre 3 une figure décrivant le mieux ce qui arriverait aux enzymes d’une cellule d’un organisme mésophile tel qu’Escherichia coli lorsqu’elle est placée dans un milieu de culture à 80 °C. Comparez à une figure du chapitre 6 décrivant le mieux ce qui arriverait si des cellules de Pyrolobus fumari étaient placées dans les mêmes conditions. Expliquez pourquoi aucun des organismes ne se développerait. 4. Serait-il possible de trouver un micro-organisme psychrophile vivant dans une source thermale ? Pourquoi ? Il est fréquent d’isoler des micro-organismes hyperthermophiles dans des environnements froids. Donnez une explication à cela.
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CHAPITRE SEPT
Bases de biologie moléculaire
Bien que de nombreuses formes d’acides nucléiques soient connues dans la nature, toutes les cellules possèdent un génome constitué d’ADN double brin. Le génome dirige tous les événements moléculaires ayant lieu dans la cellule.
I
Gènes et expression génique
7.1
Macromolécules et informations génétiques 168
II
Structure de l’ADN
7.2 7.3 7.4
Structure de l’ADN : la double hélice 170 Structure de l’ADN : super-enroulement 173 Chromosomes et autres éléments génétiques 175
III
Réplication de l’ADN
7.5 7.6
Réplication de l’ADN : modèles et enzymes 177 Réplication de l’ADN : la fourche de réplication 178
IV
Outils de manipulation de l’ADN
182
7.7 7.8 7.9
Enzymes de restriction et hybridation Séquençage et synthèse d’ADN Amplification de l’ADN par réaction de polymérisation en chaîne
182 185
V
Synthèse de l’ARN : la transcription
188
7.10 7.11
189
7.12 7.13
Description de la transcription Diversité des facteurs sigma, séquences consensus et ARN polymérases Terminateurs de transcription Unité de transcription
190 191 192
VI
Synthèse des protéines
193
7.14 Code génétique 7.15 Les ARN de transfert 7.16 Processus de synthèse des protéines : la traduction 7.17 Sécrétion et repliement des protéines
168 169
177
187
193 195 197 201
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168 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
GLOSSAIRE ADN gyrase (DNA gyrase) Enzyme présente chez la plupart des procaryotes, introduisant des super-enroulements négatifs dans l’ADN. ADN polymérase (DNA polymerase) Enzyme synthétisant un nouveau brin d’ADN dans le sens 5' → 3', en utilisant un brin d’ADN antiparallèle comme modèle. Aminoacyl-ARNt synthétase (aminoacyl-tRNA synthetase) Enzyme catalysant la fixation d’un acide aminé à son site spécifique sur l’ARNt. Amorce (primer) Oligonucléotide auquel l’ADN polymérase peut attacher le premier déoxyribonucléotide durant la réplication de l’ADN. Anticodon (anticodon) Séquence de trois bases de l’ARNt, complémentaire d’un codon pendant la synthèse protéique. Antiparallèle (antiparallel) En référence à l’ADN double brin, l’un dans le sens de lecture 5' → 3' et le complémentaire dans le sens 3' → 5'. ARN de transfert (ARNt) (transfer RNA, tRNA) Adaptateur moléculaire utilisé dans la traduction, spécifique à la fois d’un acide aminé particulier et d’un ou plusieurs codons. ARN messager (ARNm) (messenger RNA, mRNA) Molécule d’ARN contenant l’information génétique codant un ou plusieurs polypeptides. ARN polymérase (RNA polymerase) Enzyme synthétisant les ARN dans le sens 5' → 3' en utilisant un brin d’ADN complémentaire et antiparallèle comme modèle. ARN ribosomique (ARNr) (ribosomal RNA, rRNA) Types d’ARN localisés dans le ribosome, certains participent activement au processus de synthèse protéique. Chaperon moléculaire (molecular chaperone) Protéine facilitant le repliement des protéines et permettant leur désagrégation. Chromosome (chromosome) Élément génétique, généralement circulaire chez les procaryotes et linéaire chez les eucaryotes, comptant les gènes essentiels au fonctionnement cellulaire. Codon (codon) Séquence de trois bases de l’ARNm codant un acide aminé. Complémentaire (complementary) Séquences d’acides aminés pouvant s’apparier.
L
es cellules sont définies comme des « machines chimiques », qui accumulent et transforment des macromolécules pour former de nouvelles cellules, et des « appareils de codage », qui emmagasinent, transforment et utilisent les gènes, information génétique de la cellule (chapitre 1). La biologie moléculaire étudie les gènes et leurs transformations. Ce chapitre portera donc sur l’étude des gènes, la structure et la fonction de l’ADN / ARN et la réplication de l’ADN. Il abordera également la biosynthèse des protéines, macromolécules jouant un rôle important dans la structure ainsi que dans le fonctionnement de la machinerie cellulaire.
I
GÈNES ET EXPRESSION GÉNIQUE
et informations m n7.1 Macromolécules génétiques Le gène est l’unité fonctionnelle de l’information génétique. Tous les micro-organismes contiennent des gènes, il est donc fondamental de comprendre leur fonctionnement, pour mieux
Enzyme de restriction (restriction enzyme) Enzyme reconnaissant et coupant l’ADN à des séquences spécifiques. Exon (exon) Séquences codantes d’une portion de gène (par opposition à intron). Gène (gene) Fragment d’ADN codant une protéine (via les ARNm), un ARNt ou un ARNr. Génome (genome) Ensemble des gènes contenus dans une cellule ou un virus. Hybridation (hybridization) Formation d’un duplex d’acides nucléiques à partir de deux brins d’ADN d’origines différentes par complémentarité de bases. Intron (intron) Séquences non codantes d’une portion de gène (par opposition à exon). Opéron (operon) Groupe de gènes dont l’expression est contrôlée par un seul opérateur. Promoteur (promoter) Site sur l’ADN auquel l’ARN polymérase se fixe pour commencer la transcription. Réaction de polymérisation en chaîne (PCR) (polymerase chain reaction, PCR) Méthode d’amplification in vitro de séquences spécifiques d’ADN par des cycles répétés de synthèse en utilisant des amorces spécifiques et de l’ADN polymérase. Réplication semi-conservative (semiconservative replication) Synthèse d’ADN produisant de nouvelles doubles hélices, chacune comportant un brin parental et un brin nouvellement formé. Réplication (replication) Synthèse d’ADN utilisant l’ADN comme modèle. Ribosome (ribosome) Particule cytoplasmique composée d’ARN ribosomique et de protéines, dont la fonction est de synthétiser des protéines. Traduction (translation) Synthèse de protéines en utilisant l’information génétique des ARNt comme modèle. Transcription (transcription) Synthèse d’ARN en utilisant l’ADN comme modèle. Transcrit primaire (primary transcript) Molécule d’ARN brute qui est le produit direct de la transcription.
appréhender la structure, la fonction et le comportement des cellules et des virus. De plus, avec l’entrée de la biologie dans l’ère de la génomique, il est important de comprendre le processus de transfert des informations pour comprendre la biologie des micro-organismes.
Les gènes et les étapes dans le flux de l’information Dans toutes les cellules, les gènes sont composés d’acide désoxyribonucléique (ADN), lui-même composé d’une séquence de bases puriques (adénine et guanine) et pyrimidiques (thymine et cytosine). Les informations stockées dans l’ADN sont transférées aux acides ribonucléiques (ARN). Les ARN peuvent être des messagers ou, dans certains cas, des acteurs dans la machinerie cellulaire. Du fait des informations génétiques contenues dans leur séquence, ADN, ARN et protéines sont définies comme des macromolécules informationnelles (voir section 3.2). Les processus moléculaires à la base du flux des informations génétiques peuvent être divisés en trois phases (voir figure 7.1).
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7.1 Macromolécules et informations génétiques 169
1. Réplication. La molécule d’ADN possède une structure en forme de double hélice (voir section 3.2). Durant la réplication, l’ADN est dupliqué, produisant deux doubles hélices (voir figure 7.1). 2. Transcription. L’ADN participe à la synthèse des protéines par l’intermédiaire des ARN. Le transfert des données aux ARN s’appelle la transcription et les molécules d’ARN qui codent un ou plusieurs polypeptides sont des ARN messagers (ARNm). Certains gènes codent d’autres types d’ARN comme les ARN de transfert (ARNt) et les ARN ribosomiques (ARNr). Ceux-ci jouent un rôle dans la synthèse protéique mais n’encodent pas eux-mêmes des informations génétiques pour la formation des protéines. 3. Traduction. Il existe une relation linéaire entre la séquence des bases de l’ARNm (et donc du gène) et la séquence des acides aminés d’un polypeptide (voir figure 7.1). Un codon est constitué de trois bases de la molécule d’ARN et encode un seul acide aminé. Ce code génétique est traduit en protéine par l’intermédiaire du système de synthèse protéique composé de ribosomes (euxmêmes composés de protéines et d’ARNr), d’ARNt et de nombreuses enzymes. La figure 7.1 décrit les trois étapes cellulaires du transfert ADN → ARN → protéine. Certains virus n’obéissent pas à ce dogme de la biologie moléculaire (voir chapitre 9). Ceci inclut les cas où l’ARN est le matériel génétique tenant lieu d’ARNm, ou encore dans le cas des rétrovirus comme le HIV – agent responsable du SIDA – où le génome ARN encode la production d’ADN (transcription réverse). Dans les deux cas, le transfert d’informations se fait d’acides nucléiques à acides nucléiques mais pas de manière classique. Les virus à ARN sont une des surprises moléculaires du monde viral !
ADN
5′
T T T GT T A A T CA G CA T CT T
3′
3′
A A A CA A T T A GT C GT A GA A
5′
5′′
T T T GT T A A T CA G CA T CT T
3′
3′
A A A CA A T T A GT C GT A GA A
5′
La génétique des procaryotes et des eucaryotes Il existe quelques différences dans les mécanismes de la réplication, de la transcription et de la traduction entre les procaryotes et les eucaryotes. Ceci est dû, d’une part à une organisation de l’ADN différente et d’autre part, à la présence d’un noyau chez les eucaryotes. Le génome de la majorité des procaryotes est constitué d’une molécule d’ADN circulaire dans le cytoplasme de la cellule (voir chapitre 2) tandis que celui des eucaryotes est constitué de fragments linéaires d’ADN, individualisés en chromosomes dans le noyau. Chez les eucaryotes, il existe donc une séparation spatiale de la transcription et de la traduction. Chez les procaryotes, Bacteria et Archaea sont deux groupes phylogénétiquement différents (voir chapitre 2). Dans de nombreux cas, les processus moléculaires des Archaea sont plus proches de ceux des Eukarya que de ceux des Bacteria. Dans toutes les cellules, la structure d’un gène est la même : c’est un segment d’ADN définissant une protéine (via les ARNm), un ARNt ou un ARNr. Chez les eucaryotes, les gènes codant des protéines sont divisés en plusieurs régions codantes et non codantes. Les séquences codantes sont des exons et les séquences non codantes, des introns. Les introns et les exons sont transcrits dans le transcrit primaire qui, par excision des régions non codantes, va former l’ARNm. Celui-ci est ensuite transporté jusqu’au cytoplasme pour la traduction (voir section 14.8). Peu de gènes contiennent des introns chez les procaryotes. La figure 7.2 résume les principales différences concernant les événements moléculaires ayant lieu chez les procaryotes et les eucaryotes.
Contrôlez vos acquis Les trois processus clés de la synthèse de macromolécules sont : (1) la réplication de l’ADN ; (2) la transcription (synthèse d’ARN à partir de l’ADN) ; et (3) la traduction (synthèse de protéines à partir des ARN messagers). Bien que les mécanismes de base soient les mêmes chez les procaryotes et les eucaryotes, l’organisation du contenu génétique est plus complexe chez ces derniers. Chez les eucaryotes, la plupart des gènes possèdent des régions codantes (exons) et non codantes (introns). •
Quelles sont les trois macromolécules informationnelles qui interviennent dans le transfert des informations génétiques ?
•
Dans les cellules, trois processus interviennent dans la circulation des informations génétiques. Quels sont-ils ?
Réplication 5′
T T T GT T A A T CA G CA T CT T
3′
3′
A A A CA A T T A GT C GT A GA A
5′
Transcription du brin inférieur (vert clair) ARN
5′ U U U G U U A A U C A G C A U C U U 3′
Traduction Protéine H2N- Phe
Val
Asn
Gln
His
Leu -COOH
FIGURE 7.1 Synthèse des trois types de macromolécules informationnelles. Seul l’un des deux brins de la double hélice d’ADN est transcrit.
II
STRUCTURE DE L’ADN
Le chapitre 3 traite de la structure des acides nucléiques de façon générale. Dans ce chapitre, il est question de la structure de l’ADN et notamment des différents éléments génétiques contenant de l’ADN, que l’on peut trouver dans une cellule. Partant de ces informations, la façon dont l’ADN est répliqué, transcrit en ARN et traduit en protéines, sera expliquée.
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170 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
Gène A ADN
du premier sucre au carbone de l’extrémité 5’ du second (voir figure 7.4). À une extrémité de l’ADN, le sucre est relié à un phosphate en position 5’-hydroxyle, tandis qu’à l’autre extrémité, le sucre possède un groupement hydroxyle libre en position 3’.
Gène B Transcription
Région codante A ARNm
Région codante B
La double hélice de l’ADN
Traduction
A
B
Protéine
(a) Procaryote
Gène X Exon 1 Intron 1 Exon 2 Intron 2 Exon 3 ADN Transcription Exon 1 Intron 1 Exon 2 Intron 2 Exon 3 Transcrit primaire Transformation (épissage) de l’ARN
ARNm maturé
Dans le noyau
Excision des introns
Transport dans le cytoplasme
Il existe des virus dont les chromosomes sont simple brin (chapitre 9), cependant, dans toutes les cellules, l’ADN existe sous la forme de deux brins polynucléotidiques dont les séquences sont complémentaires. Cette complémentarité de l’ADN provient de l’appariement spécifique des bases puriques et pyrimidiques : l’adénine s’apparie toujours avec la thymine, et la guanine toujours avec la cytosine (voir figure 7.3). Les deux brins de la molécule double brin résultante sont assemblés de manière antiparallèle (figures 7.3 et 7.4, les deux brins sont de deux nuances de vert) : sur la figure 7.4, le brin de gauche est dans le sens 5’→ 3’, du haut vers le bas, et l’autre brin dans le sens 5’ → 3’ mais du bas vers le haut. Les deux brins s’enroulent l’un autour de l’autre pour former une double hélice (voir figure 7.5) contenant un grand et un petit sillon. La plupart des nombreuses protéines interagissant avec l’ADN (chapitre 8) se fixent au niveau du grand sillon, du fait du large espace disponible. À cause de la régularité de la double hélice, certains atomes des bases sont toujours exposés dans le grand sillon (et certains autres, dans le petit sillon). Les régions clés des nucléotides dans les interactions avec les protéines sont montrées sur la figure 7.3.
La taille de la molécule d’ADN
ARNm Traduction
Dans le cytoplasme
La taille de la molécule d’ADN peut être exprimée en termes de milliers de bases nucléotidiques ou de paires de bases par
Protéine X H N H (b) Eucaryote FIGURE 7.2 Différence dans le transfert de l’information chez les procaryotes et les eucaryotes. (a) Procaryote. Souvent un ARNm contient plus d’une région codante. (b) Eucaryote. Les régions non codantes (introns) sont excisées de l’ARN du transcrit primaire avant traduction, laissant les exons se rejoindre dans l’ARNm maturé. Pour les détails de la transformation de l’ARN chez les eucaryotes, voir la section 14.8.
O
N
Cytosine N
H N
O
H N
N Squelette phosphoglucidique
N N
Squelette phosphoglucidique
Liaison H hydrogène H
CH3
H N
O
N
Thymine N
m n
7.2 Structure de l’ADN : la double hélice
On trouve quatre bases dans l’ADN : l’adénine (A), la guanine (G), la cytosine (C) et la thymine (T). Comme le montre la figure 3.11, le squelette de la chaîne d’ADN est composé d’une alternance répétée de phosphate et d’un sucre, le désoxyribose, sur lequel est fixée l’une des quatre bases. Notez particulièrement le système de numérotation sur les positions du sucre et des bases. Deux sucres adjacents sont connectés par un phosphate reliant le carbone de l’extrémité 3’
Guanine
N Squelette phosphoglucidique
O
H
N
N
Liaison hydrogène
Adénine
N Squelette phosphoglucidique
FIGURE 7.3 Appariements spécifiques entre adénine (A) et thymine (T) et entre guanine (G) et cytosine (C), via des liaisons hydrogène. Cette figure montre les appariements de bases dans l’ADN double brin. Les atomes se trouvant dans le grand sillon de la double hélice et interagissant avec les protéines sont surlignés en rose. Le squelette phosphoglucidique de l’ADN est également indiqué. Dans cet ouvrage, les deux brins d’ADN sont représentés par deux nuances différentes de vert.
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7209.book Page 171 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
7.2 Structure de l’ADN : la double hélice 171
P O H H
5′
–O
P O –O
O
G 5′-Phosphate
O
H 3′-Hydroxyl
H2C
H H
H
O
H
H
H
3′
H
C
FIGURE 7.4 Structure de l’ADN. Complémentarité et antiparallélisme de l’ADN. Un brin se termine par un groupement phosphate à l’extrémité 5’ tandis que l’autre brin se termine par un groupement hydroxyle en 3’. Les bases pyrimidiques, cytosine (C) et thymine (T), sont représentées en rouge et les bases puriques, adénine (A) et guanine (G), en jaune.
molécule : une molécule d’ADN de 1 000 bases contient donc 1 kilobase (kb) d’ADN. Lorsqu’il s’agit d’ADN double brin, on parle de kilopaires de bases (kpb) : la taille d’une double hélice de 5 000 paires de bases serait donc 5 kpb. Le chromosome de la bactérie Escherichia coli possède environ 4 640 kpb d’ADN. Étant donné l’importance des séquences génomiques désormais disponibles, il est souvent plus utile de parler de millions de paires de bases ou de mégapaires de bases (Mpb). En termes de longueur réelle, chaque paire de bases mesure 0,34 nanomètre (nm) sur la double hélice, et chaque tour d’hélice contient environ dix paires de bases. Par conséquent, 1 kilobase d’ADN contient 100 tours d’hélice et mesure 0,34 µm de long. Ce type de calcul peut être intéressant (voir section 7.3).
Les séquences inversées répétées, la structure secondaire et les structures tige-boucle Les longues molécules d’ADN sont relativement flexibles alors que les fragments de moins de 100 paires de bases sont plus rigides. De courts fragments d’ADN peuvent être recourbés par des protéines interagissant avec eux tandis que
Stephen Edmondson et Elizabeth Parker
P O
O
H 2C
O
P O O
H
H
–O
A
O
H
O
O
H2C
H H
H
–O
H
H
H
T
H
O
Grand sillon
O
O H2C
–O
C
O
P O
Squelette phosphoglucidique
O
H
3,4 nm
H 2C
H H
H
O
H
H
H
G
H H –O
H
H2C
O
O
O
P O
P
Liaisons hydrogène
Petit sillon
–O
H
H
O
5′
O
3′
O –O
1′
O
H
H
3′
T
A
Un tour d’hélice (10 paires de bases)
3′-Hydroxyl
H2C
H
1′
O
5′
H
H2C
H
O
H H
5′-Phosphate
P O
H
–O
O H
O–
FIGURE 7.5 Modélisation par ordinateur de l’organisation de la double hélice sur un court fragment d’ADN. Les squelettes phosphoglucidiques sont représentés en bleu pour un brin et en vert pour l’autre. Les bases pyrimidiques sont en rouge et les bases puriques en jaune. Notez la position du petit et du grand sillon. On compte 10 paires de bases par tour d’hélice.
certaines séquences provoquent elles-mêmes des repliements dans l’ADN : ces séquences impliquent souvent plusieurs suites de cinq ou six adénines (sur le même brin), chacune séparée par quatre ou cinq des autres bases. Certaines séquences contribuent également à rendre l’ADN capable de se replier lorsqu’il interagit avec certaines protéines. Le repliement de l’ADN est un mécanisme intervenant dans la régulation de l’expression des gènes (activation et répression des gènes) abordée dans le chapitre 8. Les molécules d’ADN contiennent souvent des régions composées de courtes séquences répétées inversées avec lesquelles un grand nombre de protéines interagissent (chapitre 8). Ces séquences inversées répétées confèrent à l’ADN une double symétrie pouvant aboutir à la formation de structures tige-boucle : courtes régions en double hélice avec des appariements de bases normaux et des brins antiparallèles (voir figure 7.6). La formation de structures tige-boucle dans l’ADN n’est pas un processus répandu dans les cellules alors qu’il est commun d’en voir apparaître dans l’ARN lors de la transcription. Une telle structure secondaire (voir section 3.5), formée par appariement de bases sur un simple brin, est critique pour le fonctionnement des ARN de transfert (voir section 7.15) et des ARN ribosomiques (voir section 11.5). Les séquences inversées répétées, même si elles ne conduisent
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Séquences répétées inversées (a) G
C T T
5′
A T C T A G
A A
(b)
C C G
G A C G A C T G
C T G C T G A C
C A G T C G T C
G T C A G C A G
Boucle
Tige
AGC T CG
Structure tige-boucle
5′
C G G C G
FIGURE 7.6 Séquences répétées inversées et formation d’une structure tige-boucle. (a) Séquences répétées inversées de l’ADN. Les flèches indiquent la symétrie autour d’un axe imaginaire (ligne en pointillé). (b) Formation de structures tige-boucle par appariement de bases complémentaires sur un même brin. Si l’ARN était synthétisé à partir de ces brins, il formerait également une tige-boucle.
pas à la formation de tige-boucle, sont souvent des sites de fixation spécifiques pour les protéines régulant la transcription (voir chapitre 8).
L’effet de la température sur la structure de l’ADN Bien que les liaisons hydrogène entre les paires de bases soient individuellement des liaisons faibles (voir section 3.1), le grand nombre de ces liaisons le long de l’ADN (des millions voire des centaines de millions en fonction du nombre de paires de bases) maintient les deux brins ensemble. Chaque appariement adénine-thymine contient deux liaisons hydrogène tandis que l’appariement guanine-cytosine en contient trois, rendant celui-ci plus fortement lié (voir figure 7.3). Isolé des cellules et maintenu à température ambiante dans des concentrations physiologiques en sel, l’ADN reste sous sa forme double brin. Si la température augmente, les deux brins vont se séparer par destruction des liaisons hydrogène et non pas par destruction des liaisons covalentes internes à chaque chaîne. Cette dénaturation (fusion) de l’ADN peut être mesurée expérimentalement : l’ADN simple ou double brin ne possède pas la même absorbance des UV à 260 nm (voir figure 7.7). L’ADN à haut pourcentage de GC se dénature à des températures plus importantes qu’une molécule de taille similaire
Simples brins
1,2
Fusion
G T A T G C A
C
A T A
C G T
1,0
Tm = 85,0° C G A T T A A T C G G C T A
5′
C A T A C G T
ATCGTCAGCAGTTCGCCGCTGCTGACAGC TAGCAGTCGTCAAGCGGCGACGACTGTCG
G T A T G C A
5′
Bases de biologie moléculaire
Absorbance relative à 260 nm
172 Chapitre 7
Double brin
0,8 72
76
80
84
88
92
96
°C FIGURE 7.7 Dénaturation thermique de l’ADN. Lorsque la double hélice est dénaturée, l’ADN absorbe davantage les radiations UV à 260 nm. La transition est très brutale et la température au point d’équilibre, Tm, est proportionnelle au contenu en GC de l’ADN. Bien que l’ADN dénaturé se réapparie lors d’un refroidissement lent, le processus suit une cinétique différente. Le réappariement devient complet à des températures bien inférieures à celle du Tm et seulement après un long temps d’incubation.
contenant plus d’AT. Lorsqu’un ADN dénaturé se refroidit lentement, le double brin originel va se reformer par hybridation (ou annelage). Ce processus peut être également utilisé pour former des molécules hybrides dont les brins proviennent de deux origines différentes. L’hybridation artificielle de deux simples brins par complémentarité de bases est un outil puissant et utile en biologie moléculaire (voir section 7.7).
Contrôlez vos acquis L’ADN est une molécule double brin formant une double hélice mesurée en nombre de paires de bases. Les deux brins de la double hélice sont antiparallèles mais les séquences inversées répétées rendent possible la formation de structures secondaires. Les brins de la double hélice peuvent être dénaturés par la chaleur et se réhybrider par refroidissement. •
Expliquez la signification du mot antiparallèle en fonction de la structure double brin de l’ADN.
•
Définissez le terme complémentaire lorsqu’il est utilisé en référence aux brins d’ADN.
•
Définissez les termes dénaturation, réhybridation (ou annelage) et hybridation lorsqu’il s’agit d’acides nucléiques.
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7.3 Structure de l’ADN : super-enroulement 173
de l’ADN : superm n7.3 Structure enroulement Une molécule d’ADN relâchée est une molécule contenant le nombre de tours d’hélice que l’on peut prédire à partir du nombre de paires de bases (voir figure 7.8). Si le chromosome d’Escherichia coli était rendu linéaire, il mesurerait plus d’1 mm de longueur, soit 400 fois plus que la taille d’Escherichia coli elle-même ! Comment est-il possible qu’autant d’ADN soit contenu dans un espace aussi petit ? Cela est rendu possible par une structure de l’ADN d’un « ordre supérieur », dans lequel l’ADN double brin est replié de manière dite super-enroulée. La figure 7.8 schématise la façon dont le super-enroulement se produit dans un ADN circulaire. Le superenroulement soumet la molécule d’ADN à une torsion, il peut se produire dans le sens positif ou dans le sens négatif. Un super-enroulement négatif a lieu lorsque l’ADN est enroulé autour d’un axe dans la direction opposée à celle de la double hélice droite. Il s’agit de la forme prédominante trouvée dans la nature, à quelques exceptions près chez les Archaea (voir ci-dessous). Comparés aux chromosomes des eucaryotes, ceux des procaryotes, malgré les protéines associées, sont considérés comme étant constitués d’ADN « nu ». Chez les eucaryotes, de nombreuses protéines sont fixées sur l’ADN de manière régulière : chaque chromosome eucaryote contient une molécule d’ADN linéaire (voir section 7.1) enroulée autour d’histones pour former des nucléosomes (voir figure 7.9). La formation des nucléosomes implique des super-enroulements négatifs de l’ADN. Les histones sont des protéines chargées positivement qui neutralisent les charges négatives de l’ADN (résultant des groupements phosphate). Les nucléosomes sont espacés de façon très régulière le long de l’ADN mais peuvent s’agréger pour former de la chromatine, qui elle-même, en se compactant, forme des structures très denses, les chromosomes. Ce sont ces chromosomes qui sont facilement visibles lors de la division cellulaire eucaryote (voir section 14.7).
(a) ADN circulaire relâché, clos par des liaisons covalentes Cassure d’un brin
Soudure Coupure simple brin
(b) ADN circulaire à coupure simple brin relâché Cassure d’un brin
Rotation de l’extrémité du brin coupé autour de l’hélice et soudure
(c) ADN circulaire super-enroulé
Protéines
Domaine super-enroulé
Les topoisomérases : ADN gyrase Il existe chez les Bacteria et la plupart des Archaea une enzyme appelée ADN gyrase qui introduit des superenroulements négatifs dans l’ADN. Ce processus peut se décomposer en plusieurs étapes : la molécule d’ADN circulaire se tord, une coupure se produit à l’endroit où les deux chaînes se rencontrent et finalement la double hélice coupée est ressoudée du côté opposé au brin intact (voir figure 7.10). L’ADN gyrase appartient aux topoisomérases II. Il faut noter que la plupart des antibiotiques affectant les Bacteria, tels que les quinolones (acide nalidixique), les fluoroquinolones (ciproflaxine) et la novobiocine, inhibent l’activité de l’ADN gyrase. Il semble que cette dernière inhibe également plusieurs espèces d’Archaea de la même manière. Une autre enzyme est capable de supprimer le super-enroulement de l’ADN. Cette enzyme, la topoisomérase I, provoque
(d) ADN chromosomique avec domaines super-enroulés FIGURE 7.8 ADN super-enroulé. (a), (b) et (c) Interconversions de l’ADN circulaire super-enroulé et relâché, et de l’ADN circulaire ayant subi une coupure simple brin. Une coupure simple brin correspond à la cassure d’un pont phosphodiester sur l’un des deux brins. (d) Dans la réalité, l’ADN double brin du chromosome bactérien est composé non pas d’un, mais de plusieurs domaines super-enroulés. Escherichia coli compterait pas moins de 50 domaines super-enroulés, chacun étant stabilisé par fixation à des protéines spécifiques.
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174 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
La molécule d’ADN peut évoluer de l’état super-enroulé à l’état relâché par l’activité des topoisomérases. Ces processus complémentaires jouent un rôle important dans la biologie de la cellule. Le super-enroulement est en effet nécessaire pour contenir tout l’ADN dans la cellule et le relâchement, pour la réplication de l’ADN. Chez la plupart des procaryotes, le degré de super-enroulement négatif est le résultat de l’équilibre entre l’activité de l’ADN gyrase et de la topoisomérase I. Le super-enroulement affecte également l’expression des gènes : certains sont transcrits plus activement lorsque l’ADN est super-enroulé tandis que d’autres sont inhibés par un excès de super-enroulements.
ADN double brin
Nucléosome Histone H1
Archaea et réverse gyrase
Histones du cœur du nucléosome FIGURE 7.9 Formation d’un nucléosome par encapsidation de l’ADN autour d’un noyau protéique d’histones. Les nucléosomes sont assemblés le long de l’ADN comme les perles dans un collier. Cet assemblage est typique de l’ADN des cellules eucaryotes : les histones H2A, H2B, H3 et H4 forment un octamère protéique associé à une histone H1 autour desquels l’ADN s’enroule. Un nucléosome contient environ 200 paires de bases.
une coupure simple brin dans l’ADN et la rotation d’un brin autour de l’autre. Comme le montre la figure 7.8, une rupture dans un des brins permet à l’ADN de retourner à l’état relâché. Pour éviter que cela se produise à chaque coupure, le chromosome bactérien possède des domaines super-enroulés (voir figure 7.8d) : une cassure dans un de ces domaines ne relâche pas l’ADN dans les autres. Ce qui maintient l’ADN dans cette conformation n’est pas clairement identifié mais implique certainement des protéines spécifiques.
Quelques procaryotes contiennent une enzyme appelée réverse gyrase, une topoisomérase introduisant des superenroulements positifs dans l’ADN. Les organismes possédant cette enzyme appartiennent aux Archaea et à quelques Bacteria qui se développent à des températures extrêmes (hyperthermophiles, voir section 6.12 et chapitre 13). Methanothermus fervidus est un exemple intéressant d’Archaea hyperthermophile : cette bactérie possède des protéines ressemblant aux histones et forme des structures proches des nucléosomes dans lesquels l’ADN est superenroulé positivement (voir section 13.12). Le super-enroulement positif est probablement responsable de la non-dénaturation de l’ADN des hyperthermophiles à hautes températures. À quelques exceptions près, seuls les organismes se développant à des températures extrêmes possèdent une réverse gyrase, ce qui confirmerait l’hypothèse précédente. Cependant, comme dans toutes les cellules, l’information génétique, pour être utilisée, doit être accessible à la réplication et à la machinerie transcriptionnelle. En conséquence, que le super-enroulement soit contrôlé ou non par l’activité de l’ADN gyrase ou de la réverse gyrase, la structure de l’ADN dans la cellule reste dynamique.
Cassure du double brin par l’ADN gyrase
1. ADN circulaire relâché.
2. Une partie de l’ADN circulaire passe au-dessus de l’autre.
3. Un contact a lieu à deux endroits de l’hélice. Aucune torsion ne s’est encore effectuée.
Soudure du double brin cassé
4. Après action de l’ADN gyrase, une torsion (super-enroulement négatif) a été introduite.
5. ADN super-enroulé.
FIGURE 7.10 ADN gyrase. Introduction d’un super-enroulement négatif dans l’ADN circulaire par l’activité de l’ADN gyrase (topoisomérase II) qui provoque une cassure du double brin.
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7.4 Chromosomes et autres éléments génétiques 175
TABLEAU 7.1
Contrôlez vos acquis Une molécule d’ADN de très longue taille peut être contenue dans une cellule grâce au super-enroulement. Chez les procaryotes, ce super-enroulement est le résultat de l’activité d’enzymes appelées des topoisomérases. Dans les chromosomes eucaryotes, l’ADN est enroulé autour de protéines appelées histones, formant des structures appelées nucléosomes. Chez les procaryotes, l’ADN gyrase est une enzyme clef introduisant des super-enroulements négatifs dans l’ADN. La réverse gyrase introduit des super-enroulements positifs. •
Pourquoi le super-enroulement est-il important ?
•
Quelles fonctions assurent les topoisomérases dans les cellules ?
•
De quelle manière les activités de l’ADN gyrase et de la réverse gyrase diffèrent-elles ?
m n
7.4 Chromosomes et autres éléments génétiques
Les éléments génétiques sont des structures contenant du matériel génétique (de l’ADN chez la plupart des organismes mais de l’ARN chez les virus). Le génome correspond à l’ensemble des gènes contenus dans une cellule ou un virus. Chez les procaryotes, bien que le principal élément génétique soit le chromosome, d’autres éléments existent et jouent des rôles importants dans le fonctionnement des gènes chez les procaryotes et les eucaryotes (voir tableau 7.1).
Le chromosome Un procaryote typique possède un unique chromosome circulaire contenant l’ensemble (ou la plupart) des gènes de la cellule (voir section 2.2). Il existe des exceptions : quelques procaryotes appartenant aux Bacteria et aux Archaea possèdent deux chromosomes (voir tableau 7.2). Le génome des eucaryotes, quant à lui, est composé de plusieurs chromosomes linéaires. Le tableau 7.2 indique le nombre, la taille et la configuration des chromosomes de quelques espèces procaryotes et eucaryotes. Notez que le chromosome de la bactérie Borrelia burgdorferi, agent responsable de la maladie de Lyme (voir section 27.4), est linéaire. Bien que peu communs, les chromosomes linéaires existent chez plusieurs autres Bacteria et notamment chez le genre Streptomyces, producteur d’antibiotiques (voir sections 12.24 et 30.5). Des informations plus détaillées sur les tailles et les caractéristiques des génomes microbiens sont disponibles au chapitre 15. Les exemples procaryotes listés dans le tableau 7.2 n’ont pas été choisis au hasard : ils incluent des espèces d’Archaea et de Bacteria ainsi que quelques-uns des plus petits et des plus grands chromosomes. Seuls quelques exemples de micro-organismes
DIFFÉRENTS TYPES D’ÉLÉMENTS GÉNÉTIQUES
Organisme Procaryote
Élément
Description
Chromosome
ADN double brin, extrêmement long et normalement circulaire
Plasmide
ADN double brin, relativement court, normalement circulaire, et extrachromosomique
Chromosome
ADN double brin, extrêmement long et linéaire
Plasmidea
ADN double brin circulaire ou linéaire, relativement court et extrachromosomique
Tous les organismes
Éléments transposables
Molécule d’ADN double brin (toujours à l’intérieur d’une autre molécule d’ADN)
Mitochondrie ou chloroplaste
Chromosome
Molécules d’ADN de taille intermédiaire, normalement circulaires
Virus
Génome
Molécule d’ADN ou d’ARN simple ou double brin
Eucaryote
a
Peu commun chez les eucaryotes.
eucaryotes ont également été cités. L’ADN linéaire des chromosomes eucaryotes possède à chaque extrémité une séquence appelée télomère et, entre elles, un centromère. Les centromères sont importants pour la scission des chromosomes durant la division cellulaire. Les télomères jouent un rôle important dans la réplication des molécules d’ADN linéaires (voir chapitre 14, sections 14.6 et 14.12). Les eucaryotes contiennent plus d’ADN que nécessaire pour encoder les protéines essentielles au fonctionnement cellulaire : seuls 3 % du génome humain sont codants alors que chez les Bacteria, cette proportion dépasse souvent les 90 %. Cet ADN supplémentaire est présent sous forme d’introns (voir figure 7.2) ou de séquences répétées, certaines des centaines de milliers de fois. Les micro-organismes eucaryotes possèdent moins d’introns que les eucaryotes « supérieurs » : chez la levure Saccharomyces cerevisiae, environ 70 % de l’ADN encodent des protéines. Les eucaryotes possèdent également de multiples copies de certains gènes, comme ceux encodant les ARN de transfert et les ARN ribosomiques. Ces derniers sont aussi répétés chez les procaryotes mais seulement en petit nombre.
Éléments génétiques non chromosomiques En plus du chromosome, la cellule contient nombre d’autres éléments génétiques, rassemblés sous le terme d’éléments génétiques non chromosomiques tels que les virus, les plasmides, les génomes des organelles et les éléments transposables.
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176 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
TABLEAU 7.2
TAILLE, FORME ET NOMBRE DE CHROMOSOMES DE QUELQUES MICRO-ORGANISMES SÉLECTIONNÉS DANS CHAQUE DOMAINE DU VIVANT
Chromosome Organisme
Commentaires
Taille (Mpb)a
Nombre
0,58
1
Géométrie
Bacteria Mycoplasma genitalium
Plus petit génome connu appartenant aux Bacteria
b
Borrelia burgdorferi
Responsable de la maladie de Lyme (voir chapitre 27)
0,91
1
Haemophilus influenzae
Gram négatif, responsable de maladies (voir chapitre 26)
1,83c
1
d
4,00
2
Rhodobacter sphaeroides
Gram négatif, phototrophe
Bacillus subtilis
Gram positif, modèle génétique
4,21
1
Escherichia coli K-12
Gram négatif, modèle génétique
4,64e
1
Streptomyces coelicolor
Actinomycète, producteur d’antibiotiques (voir chapitre 12)
8,66
1
Nanoarchaeum equitans
Parasite d’Ignicoccus (voir chapitres 13 et 15)
0,49
1
Methanococcus jannaschii
Méthanogène, croît à haute température (voir chapitres 6 et 13)
1,66
1
Pyrococcus abyssi
Croît à haute température (voir chapitres 6 et 13)
1,77
1
Halobacterium sp. NRC1
Croît dans des concentrations élevées en sel (voir chapitres 6 et 13)
2,57f
3
Sulfolobus solfatarius
Croît à haute température et à pH acide (voir chapitres 6 et 13)
2,99
1
Giardia lamblia
Protozoaire flagellé responsable de gastro-entérites aiguës (voir chapitre 14)
12,00
4
Saccharomyces cerevisiae
Levure très utilisée en sciences et en industries (voir chapitres 14 et 30)
12,06h
16
Dictyostelium discoideum
Moisissure glaireuse, modèle développemental (voir chapitre 14)
34,0
6
Tetrahymena thermophila
Protozoaire cilié (voir chapitre 14)
210,0
5
Archaea
Eukaryag
a
Mpb = mégapaires de bases. Dans le cas des Eukarya, la taille du génome et le nombre de chromosomes correspondent à la forme haploïde. (Tous les génomes procaryotes listés ont été complètement séquencés.) b Correspond au chromosome linéaire. Le génome de cet organisme contient également au moins dix-sept plasmides linéaires et circulaires qui, combinés, ont une taille de plus de 0,5 Mpb. c La souche Rd d’Haemophilus influenzae a été le premier organisme dont le génome a été entièrement séquencé. d Le chromosome I fait 3,1 Mpb et le chromosome II, 0,90 Mpb. La souche séquencée contient également cinq plasmides. e La séquence rapportée ici ne contient pas le plasmide F (voir section 10.9) ni celui du bactériophage lambda (voir section 9.11), lesquels seraient normalement présents chez une souche K-12 typique. f Il existe un grand chromosome de 2,01 Mpb et deux minichromosomes de 0,19 et 0,37 Mpb. g Tous les organismes listés sont unicellulaires. h Saccharomyces cerevisiae a été le premier eucaryote dont le génome a été séquencé. Le nombre donné ici n’inclut ni le génome mitochondrial ni l’ensemble des copies de certaines séquences répétées.
Les virus contiennent des génomes ADN ou ARN qui contrôlent leur réplication et leur transfert de cellule en cellule. Le génome viral, contenant les gènes essentiels au virus et non pas à la cellule hôte, est également appelé chromosome bien qu’il soit fonctionnellement différent des chromosomes cellulaires. Il existe des chromosomes viraux circulaires et linéaires. Les virus présentent un intérêt particulier puisqu’ils sont souvent responsables de maladies (voir chapitres 9 et 16 sur les virus, et chapitres 26 et 27 pour les maladies virales).
Les plasmides sont des éléments génétiques qui existent et se répliquent indépendamment du chromosome. La grande majorité des plasmides sont des ADN double brin circulaires bien qu’il en existe des linéaires. Les plasmides diffèrent des virus : 1) parce qu’ils ne causent aucun dommage cellulaire (ils sont généralement bénéfiques) et 2) parce qu’ils ne possèdent pas de formes extracellulaires. Les plasmides sont présents chez quelques eucaryotes et chez la plupart des procaryotes où ils peuvent être d’une grande importance pour la biologie de l’organisme (voir chapitre 10).
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7.5 Réplication de l’ADN : modèles et enzymes 177
Beaucoup de procaryotes contiennent un ou plusieurs plasmides en plus de leur chromosome. Certains plasmides contiennent des gènes codant des protéines conférant à la cellule hôte des propriétés particulières telles que la résistance aux antibiotiques. Quelle est donc la différence entre un grand plasmide et un chromosome ? Le chromosome contient les gènes indispensables au fonctionnement cellulaire : les gènes de ménage. Ces gènes encodent des protéines essentielles telles que les ADN et ARN polymérases et les ARN ribosomiques et de transfert. En comparaison, les plasmides sont souvent extensibles et ne contiennent pas de gènes nécessaires à la croissance. Il existe de nombreux gènes chromosomiques non indispensables, mais pour qu’un élément génétique soit appelé chromosome, il faut qu’il contienne des gènes essentiels. La majorité des organelles cellulaires eucaryotes sont des mitochondries et des chloroplastes, qui contiennent chacun un petit chromosome. Ces organelles ne possèdent pas seulement de l’ADN mais aussi une machinerie complète pour la synthèse protéique incluant des ribosomes, des ARN de transfert et tous les autres composants nécessaires pour la traduction et la formation de protéines fonctionnelles. Ces organelles partagent plusieurs caractéristiques avec les procaryotes auxquels elles sont reliées phylogénétiquement (voir sections 2.3 et 14.4). Les éléments transposables sont des molécules d’ADN mobiles présentes chez les procaryotes et les eucaryotes et jouant un rôle important dans la variation génétique. Chez les procaryotes, ces éléments sont de trois types : séquences d’insertion, transposons et certains virus particuliers. Les séquences d’insertion sont les éléments transposables les plus simples et ne portent pas d’information génétique autre que celle nécessaire à leurs déplacements alors que les transposons sont plus grands et contiennent d’autres gènes (voir chapitre 10). Mu est un virus bactérien qui est lui-même un élément transposable et sera évoqué au chapitre 16. Le point commun à tous ces éléments transposables est qu’ils se répliquent en s’associant à une autre molécule d’ADN.
Contrôlez vos acquis Il existe un certain nombre d’autres éléments génétiques en plus du chromosome. Les plasmides sont des molécules d’ADN existant séparément du chromosome dans la cellule. Les mitochondries et les chloroplastes contiennent leurs propres chromosomes. Les virus contiennent un génome ADN ou ARN qui contrôle leur réplication. Les éléments transposables existent en tant qu’autres éléments génétiques. •
Qu’est-ce qu’un génome ?
•
Quel matériel génétique trouve-t-on dans un chromosome cellulaire ?
•
Qu’est-ce qui définit un chromosome procaryote ?
III
RÉPLICATION DE L’ADN
Le flux d’informations biologiques commence avec la réplication de l’ADN qui est nécessaire à la division cellulaire, à la reproduction des organismes unicellulaires ou à la multiplication cellulaire chez les organismes pluricellulaires. Le processus de réplication doit être hautement fidèle de manière à ce que la cellule fille soit génétiquement identique à la cellule mère. Ceci implique un hôte où se déroulent les processus et contenant des enzymes cellulaires particulières.
de l’ADN : m n7.5 Réplication modèles et enzymes L’ADN cellulaire existe sous la forme d’une double hélice avec complémentarité de bases (voir figures 7.3 et 7.4). La réplication est semi-conservative : les doubles hélices résultantes sont constituées d’un brin nouvellement formé, complémentaire du brin matriciel, et d’un brin parental (ou brin matriciel) [voir figure 7.11]. La chimie de l’ADN, la nature de ses précurseurs ainsi que les activités enzymatiques impliquées dans la réplication imposent des limitations quant à la manière dont est synthétisé un nouveau brin. Le précurseur de chaque nucléotide est un nucléoside 5’-triphosphate dont deux phosphates sont éliminés et le troisième fixé de façon covalente à la chaîne en croissance (voir figure 7.12). L’addition d’un nouveau nucléotide requiert la présence d’un groupement hydroxyle libre, seulement disponible à l’extrémité 3’ de la molécule d’ADN. Cette restriction est à la base d’un principe important de la réplication : la réplication de l’ADN se déroule toujours dans le sens 5’ → 3’, le phosphate en 5’ du nucléotide arrivant se fixant à l’extrémité 3’-OH du nucléotide précédemment ajouté.
5′ 3′
Réplication semi-conservative
5′ 3′
5′ 3′
Brin parental +
Nouveau brin
FIGURE 7.11 Vue d’ensemble de la réplication de l’ADN. La réplication de l’ADN est un processus semi-conservatif chez les procaryotes et les eucaryotes. Chaque nouvelle double hélice contient un brin nouvellement formé et un brin parental.
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7209.book Page 178 Mercredi, 1. août 2007 8:33 08
178 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire Amorce ARN
–O P
H
H
O –O P O O H 2C H
H
H
Contrôlez vos acquis Base H
3′
OH
FIGURE 7.13 L’amorce ARN. Structure du complexe ARN/ADN pour initier la synthèse d’ADN.
H
O
5′
Endroit de l’élongation
Base H
3′
5′
ADN
O
5′
H2C
3′-OH
PPP-5′ 3′
O
O
ADN
H
ADN polymérase
H –H2O OH O P
Désoxyribonucléotide triphosphate
Les deux brins de la double hélice d’ADN servent de modèle pour la synthèse de nouveaux brins (réplication semi-conservative). Les deux brins « fils » contiennent chacun un brin parental et un brin nouvellement synthétisé. L’élongation des nouveaux brins se fait par addition à l’extrémité 3’. L’ADN polymérase nécessite une amorce, celle-ci est composée d’ARN.
O O P
O
OH
H2C
O
5′
H
H
O O P
OH
OH
À quelle extrémité (5’ ou 3’) d’un brin d’ADN nouvellement synthétisé la polymérase ajoute-t-elle une base ?
•
Pourquoi la réplication de l’ADN nécessite-t-elle une amorce ?
Base H
H
3′
OH
•
H
FIGURE 7.12 Structure du brin d’ADN et élongation par addition d’un désoxyribonucléoside triphosphate à l’extrémité 3’. L’élongation de l’ADN se réalise de l’extrémité 5’ vers celle en 3’ et l’ADN polymérase catalyse cette réaction. Les quatre désoxyribonucléotides servant de précurseurs sont la désoxythymidine triphosphate (dTTP), la désoxyadénosine triphosphate (dATP), la désoxyguanosine triphosphate (dGTP) et la désoxycytidine triphosphate (dCTP). Lors de l’insertion d’un nucléotide, deux des trois phosphates sont éliminés pour former un pyrophophate (PPi). Deux ponts phosphates riches en énergie sont alors consommés.
de l’ADN : la fourche m n7.6 Réplication de réplication
L’ADN polymérase et la primase
L’initiation de la synthèse d’ADN et les brins avancé/retardé
Les enzymes catalysant l’addition des nucléotides sont des ADN polymérases de plusieurs sortes avec des fonctions bien spécifiques. Toutes les polymérases connues synthétisent de l’ADN dans le sens 5’ → 3’ mais sont incapables de le synthétiser de novo : elles ne peuvent ajouter un nucléotide qu’à un groupement 3’-OH préexistant. Débuter la synthèse d’une nouvelle chaîne d’ADN nécessite donc la présence d’une amorce nucléotidique à laquelle la polymérase pourra fixer le premier nucléotide. Dans la plupart des cas, cette amorce est un court fragment d’ARN. Lors de l’ouverture de la double hélice au début de la réplication, une enzyme, la primase, catalyse la synthèse de l’amorce ARN. Cette amorce est un court fragment (< 15 nucléotides) d’ARN complémentaire de l’ADN matriciel, terminé par un groupement 3’-OH libre auquel la polymérase pourra attacher le premier désoxyribonucléotide. L’élongation de la molécule se fait donc sous forme d’ADN et non d’ARN (voir la structure montrée figure 7.13). L’amorce sera ensuite enlevée et remplacée par de l’ADN (voir plus loin).
L’étude d’Escherichia coli a permis d’obtenir nombre d’informations sur la réplication de l’ADN des Bacteria. Chez les Archaea, bien que l’ADN soit circulaire, les mécanismes de la réplication ressemblent plus à ceux des cellules eucaryotes qu’à ceux des Bacteria. Ceci soulève encore la question de l’affiliation phylogénétique entre les Archaea et les Eukarya (voir section 2.3).
Chez les procaryotes, la synthèse d’ADN débute à un endroit précis du chromosome : l’origine de réplication. L’origine de réplication est une séquence spécifique d’environ 300 paires de bases reconnue par des protéines d’initiation dont une qui ouvre la double hélice pour rendre les brins accessibles à la machinerie réplicationnelle. La réplication de l’ADN commence alors sur les deux simples brins. Au fur et à mesure que la réplication se poursuit, le site de réplication, appelé fourche de réplication, se déplace le long de l’ADN (voir figure 7.14). Escherichia coli possède cinq ADN polymérases différentes : les ADN polymérase I, II, III, IV et V. L’ADN polymérase III (Pol III) est la première à agir au niveau de la fourche de réplication où sont également présentes plusieurs autres enzymes (voir tableau 7.3). Les hélicases déroulent la double hélice d’ADN, mettant ainsi à jour une petite région d’ADN simple brin. Ces enzymes sont ATP-dépendantes, elles avancent le long de l’hélice et séparent les brins à l’avant de la fourche de réplication (voir figures 7.14 et 7.15). La région simple brin générée est complexée avec une protéine de liaison simple brin,
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7.6 Réplication de l’ADN : la fourche de réplication 179 5′ Amorce ARN
Fourche de réplication
Brin retardé
Hélicase
Primase Protéine de liaison à l’ADN simple brin
3′ 5′
ADN polymérase III
Hélicase
Extrémité 3’-OH libre
Brin avancé Amorce ARN
3′
5′
FIGURE 7.14 Schéma fonctionnel d’une fourche de réplication de l’ADN. Les deux brins d’ADN sont antiparallèles et de polarité inverse. Les ribonucléotides triphosphates sont les substrats de la primase et les désoxyribonucléotides triphosphates, ceux de l’ADN polymérase. La protéine de liaison à l’ADN simple brin maintient l’hélice déroulée après le passage de l’ADN hélicase. Comparez avec la figure 7.19 qui montre le complexe protéique du réplisome.
qui stabilise l’ADN afin d’éviter la formation de liaisons hydrogène intra-brin et le retour à la structure en double hélice. La réplication de l’ADN se déroule toujours dans le sens 5’-phosphate vers 3’-hydroxyle (addition d’un nouveau
TABLEAU 7.3
ENZYMES MAJEURES IMPLIQUÉES DANS LA RÉPLICATION DE L’ADN
Enzyme
Gènes
Fonction
ADN polymérase III
polC ; dnaE, Q, N, X ; holA-E ; mutD
Principales enzymes de polymérisation
ADN polymérase I
polA
Excise l’amorce ARN et remplit les trous
Hélicase
dnaB
Déroule la double hélice à la fourche de réplication
Primase
dnaG
Amorce les nouveaux brins d’ADN
Protéine se liant à l’origine de réplication
dnaA
Se fixe à l’origine de la réplication ; facilite la fusion pour ouvrir le complexe
Protéine se liant à l’ADN simple brin
ssb
Empêche le réappariement des brins de l’hélice ouverte
ADN ligase
ligA, ligB
Soude les coupures dans l’ADN
FIGURE 7.15 ADN hélicase déroulant une double hélice. Sur cette figure, les protéines et l’ADN sont dessinés à l’échelle. Les diagrammes généralement utilisés donnent une idée des événements moléculaires ayant lieu dans la cellule, mais donnent souvent l’impression trompeuse que la plupart des protéines sont relativement petites comparées à l’ADN.
nucléotide à l’extrémité 3’-OH de la chaîne en croissance) ce qui génère une différence importante dans la réplication des deux brins comme le montre la figure 7.14. Sur le brin en croissance dans le sens 5’ → 3’, appelé brin avancé, la synthèse d’ADN est continue : il y a toujours un groupement 3’-OH libre au niveau de la fourche de réplication auquel un nouveau nucléotide pourra être ajouté. Sur le brin opposé, le brin retardé, la synthèse d’ADN est discontinue (il n’y a pas de 3’-OH libre). Où se trouve l’extrémité 3’-OH sur ce brin ? Elle se trouve à l’extérieur de la fourche de réplication. Sur le brin retardé, la primase doit donc synthétiser plusieurs amorces ARN au contraire du brin avancé où une seule amorce est nécessaire. Après la synthèse de l’amorce, la primase est remplacée par la polymérase III. Cette enzyme est constituée d’un complexe de dix protéines comprenant le complexe du noyau polymérase lui-même. Les autres protéines fonctionnent comme un système d’attache maintenant la polymérase sur chacun des brins matriciels et participent à l’assemblage du réplisome (voir plus loin). La polymérase III ajoute des désoxyribonucléotides triphosphates jusqu’à atteindre un ADN précédemment synthétisé (voir figure 7.16). L’ADN polymérase I (Pol I) prend alors le relais. En plus de synthétiser de l’ADN, Pol I possède une activité exonucléasique 5’ → 3’ qui supprime l’amorce ARN (voir figure 7.16). Lorsque l’amorce a été enlevée et remplacée par de l’ADN, Pol I est relâchée. L’ADN ligase met alors en place une liaison phosphodiester finale. Cette enzyme est capable de ressouder des ruptures dans les ADN qui possèdent une extrémité 5’-phosphate et une extrémité 3’-OH et elle participe également, comme Pol I, à la réparation de l’ADN.
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180 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire ADN polymérase III
Origine de réplication
3′ 5′
5′ 3′ 3′-OH
Amorce d’ARN
5′-P
(a)
(b)
ADN polymérase I
ADN nouvellement synthétisé
Fourche de réplication Structure θ
(c) 3′-OH 5′-P
ADN ligase
(d)
5′ 3′
3′ 5′ (e)
FIGURE 7.16 Assemblage de deux fragments sur le brin retardé. (a) Sur le brin retardé, l’ADN polymérase III synthétise l’ADN dans le sens 5’ → 3’ vers l’amorce d’ARN du fragment précédemment synthétisé. (b) Lorsque le précédent fragment est atteint, l’ADN polymérase I remplace l’ADN polymérase III. (c) L’ADN polymérase I continue la synthèse de l’ADN pendant qu’elle enlève l’amorce d’ARN du précédent fragment. (d) L’ADN ligase remplace l’ADN polymérase I après que l’amorce a été enlevée. (e) L’ADN ligase soude les deux fragments ensemble.
La réplication bidirectionnelle et le réplisome Chez Escherichia coli, comme probablement chez tous les procaryotes contenant un chromosome circulaire, la réplication est bidirectionnelle (voir figures 7.17 et 7.18) : deux fourches de réplication progressent dans deux directions opposées formant des structures caractéristiques, les structures thêta
FIGURE 7.17 Réplication de l’ADN circulaire : structure thêta. Dans l’ADN circulaire, la réplication bidirectionnelle conduit à la formation d’intermédiaires de réplication ressemblant à la lettre grecque thêta (θ).
(voir figure 7.17). La plupart des grandes molécules d’ADN procaryotes ou eucaryotes possèdent une réplication bidirectionnelle à partir d’origines fixes (un chromosome eucaryote possède plusieurs origines de réplication). Lors de la réplication, la synthèse d’ADN a lieu de manière avancée et retardée sur chacun des brins matriciels (voir figure 7.18). La synthèse d’ADN bidirectionnelle permet à la réplication de se dérouler le plus rapidement possible. Même en tenant compte de cette remarque et en considérant que Pol III peut ajouter 1 000 nucléotides par seconde, la réplication du chromosome d’Escherichia coli prend tout de même 40 minutes.
Origine de réplication (site de fixation de la DnaA) Fourche de réplication 3′
5′
5′
3′
Brin retardé Brin avancé
3′
5′
5′
3′
Brin avancé Brin retardé
3′ 5′
5′ 3′ Sens de réplication
Sens de réplication Origine de réplication
Fourche de réplication
FIGURE 7.18 Double fourche de réplication dans le chromosome circulaire. Au site d’initiation d’une réplication bidirectionnelle, deux fourches réplicatives peuvent être initiées. Il est donc nécessaire que deux amorces se fixent sur les brins précoces, une dans chaque sens. Chez Escherichia coli, la fixation d’une protéine spécifique, la DnaA (voir tableau 7.3) permet d’identifier l’origine de réplication.
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7.6 Réplication de l’ADN : la fourche de réplication 181
Dans les meilleures conditions, le temps de génération (doublement de population) d’E. coli est de 20 minutes alors que la réplication du chromosome prend toujours 40 minutes. La solution à cette énigme est que les cellules d’E. coli en croissance possèdent plusieurs fourches de réplication : une nouvelle réplication de l’ADN démarre avant que la précédente ne soit terminée. C’est la seule façon de maintenir un temps de génération plus court que le temps nécessaire à la réplication du chromosome.
Le réplisome Le déroulement de l’ADN par l’activité des topoisomérases (voir section 7.3) est une des étapes essentielles de la réplication. Lorsque l’ADN est super-enroulé, il se déroule plus facilement du fait de la tension. En régulant le degré de super-enroulement, les topoisomérases régulent donc le processus de réplication (et aussi de transcription comme nous le verrons plus loin). La figure 7.14 montre la différence de réplication des brins avancé et retardé ainsi que les enzymes impliquées. D’après ce schéma simplifié, il apparaîtrait que chaque fourche de réplication contiendrait une multitude de protéines agissant indépendamment. Dans la réalité, ce n’est pas le cas : les protéines impliquées dans ce processus fonctionnent de façon dynamique et s’associent pour former un large complexe appelé le réplisome (voir figure 7.19). Le brin d’ADN retardé se réenroule plus loin pour permettre au réplisome d’avancer doucement sur chacun des brins en faisant passer l’ADN à travers lui (voir figure 7.19). Ce n’est donc pas l’ADN polymérase qui se déplace pendant la réplication mais bien l’ADN. Il faut également noter que l’hélicase et la primase forment un complexe (le primosome) leur permettant de travailler en étroite association dans le processus de réplication (voir figure 7.19). En résumé, le réplisome contient, en plus de la polymérase, plusieurs protéines clés de réplication : 1) l’ADN gyrase, qui
supprime les super-enroulements ; 2) les ADN hélicase / primase (le primosome), qui déroulent et amorcent l’ADN ; et 3) les protéines de liaison simple brin, qui empêchent les brins séparés de reformer la double hélice (voir figure 7.19). Le tableau 7.3 résume les propriétés des protéines essentielles impliquées dans la réplication.
La fidélité de la réplication de l’ADN : correction des erreurs d’élongation (proofreading) Des erreurs dans la réplication introduisent des mutations, c’està-dire des changements dans la séquence ADN. Les taux de mutation cellulaires sont remarquablement bas, entre 10–8 et 10–11 erreurs par paire de bases insérée. Cette exactitude est rendue possible en partie parce que la polymérase a deux possibilités pour incorporer la bonne base à un site donné. La première est consécutive aux règles de l’appariement de bases, A avec T et G avec C, sur le modèle du brin matriciel et la deuxième, à l’activité correctrice des enzymes Pol I et III (voir figure 7.20). Comment fonctionne cette correction des erreurs d’élongation ? Pol I et III possèdent en plus de leur rôle d’insertion des nucléotides, une activité exonucléasique 3’ → 5’ (exo signifie « au dehors ») qui leur permet d’enlever un nucléotide mal apparié et de le remplacer par le bon nucléotide. Cette correction des erreurs se produit lorsqu’une base incorrecte a été insérée, créant ainsi une discordance dans l’appariement des bases. La polymérase est « avertie » du problème parce qu’un nucléotide mal inséré est incapable de former une liaison hydrogène stable avec son complémentaire. Cette activité correctrice donne à la polymérase une seconde chance pour insérer la bonne base. L’activité exonucléasique correctrice diffère de l’activité exonucléasique 5’ → 3’ de Pol I qui l’utilise pour enlever l’amorce ARN des brins avancé et retardé (voir figure 7.16). Seule Pol I possède cette activité. La correction des erreurs d’élongation se déroule dans les systèmes de réplication procaryotes, eucaryotes
Brin nouvellement synthétisé
ADN polymérase III sur le brin avancé
5′ 3′ Amorce ARN
ADN hélicase ADN primase
Brin avancé servant de matrice
ADN polymérase III sur le brin retardé
Primosome
ADN gyrase 5′
Protéines de liaison à l’ADN simple brin
3′′
ADN parental 3′
5′
5′
5′
Brin nouvellement synthétisé
Amorce ARN Brin retardé servant de matrice
FIGURE 7.19 Le réplisome. Le réplisome est constitué de deux copies d’ADN polymérase III, d’une hélicase et d’une primase (formant ensemble le primosome), et de plusieurs copies de protéines de liaison à l’ADN simple brin. En amont du réplisome, l’ADN gyrase déroule la super-hélice de l’ADN pour qu’il puisse être répliqué. Notez la manière dont le brin retardé servant de matrice se réenroule plus loin afin d’écarter les constituants du réplisome les uns des autres et de pouvoir continuer à avancer.
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Bases de biologie moléculaire
Liaison hydrogène normale
3′
T
A
T
A
T
C
G
G
C
G
C
A
3′
5′ G
C
A
T
A
A
T
A
T
C
G
C
G
G
C
G
C
C
A C
Mauvais appariement de bases
(a)
3′
T
G
A
3′
(b)
A
C
G
A
T
T
A
C
ADN polymérase III
A
C
T
3′
G
C
A
C T
5′ G
C
T
A
C
G
Liaison hydrogène anormale
5′ G
G
182 Chapitre 7
T
(c)
FIGURE 7.20 Autocorrection par l’activité exonucléasique 3’→ 5’ de l’ADN polymérase III. (a) Un mauvais appariement de bases provoque l’arrêt momentané de la polymérase et le déclenchement de l’autocorrection (b) par excision du nucléotide mal apparié et son remplacement par la base adéquate (c) grâce à l’activité de la polymérase.
et viraux. De nombreux organismes possèdent d’autres mécanismes de réduction des erreurs de réplication (voir chapitre 10).
La terminaison et la réplication Les détails du processus de terminaison de la réplication ne sont pas complètement connus. Il est cependant clair que certaines séquences ADN et plusieurs protéines sont impliquées dans ce processus. Lorsque la réplication d’un chromosome circulaire est terminée (voir figure 7.17), les deux molécules obtenues sont reliées ensemble, comme les maillons d’une chaîne. Elles pourront être séparées par une topoisomérase. Le chapitre 6 a souligné comment la synthèse de la paroi cellulaire et la réplication de l’ADN étaient couplées à la division cellulaire (voir section 6.2). Il est évidemment essentiel qu’après la réplication, l’ADN soit partitionné pour que chaque cellule fille reçoive une copie du chromosome. Ce processus est assisté par une protéine FtsZ qui dirige plusieurs événements du processus de division cellulaire (voir section 6.2).
Contrôlez vos acquis La synthèse d’ADN débute en un endroit précis, l’origine de réplication. La double hélice est déroulée par l’hélicase et stabilisée par des protéines de liaison simple brin. L’élongation de l’ADN se déroule de façon continue sur le brin avancé et discontinue sur le brin retardé. La plupart des erreurs d’appariement sont corrigées par la fonction de correction des erreurs d’élongation associée aux autres activités des ADN polymérases. •
Pourquoi y a-t-il des brins avancés et retardés ?
•
Qu’est-ce que le réplisome et que sont ses composants ?
•
Pourquoi la correction des erreurs d’élongation est-elle aussi importante dans les cellules ?
IV
OUTILS DE MANIPULATION DE L’ADN
de restriction m n7.7 Enzymes et hybridation Les cellules procaryotes contiennent typiquement une ou plusieurs enzymes capables de modifier chimiquement l’ADN. Les plus importantes de ces enzymes sont les endonucléases de restriction encore appelées enzymes de restriction. Alors que de tels systèmes sont répandus parmi les procaryotes (Bacteria et Archaea), ils sont très rares chez les eucaryotes. Les enzymes de restriction reconnaissent certaines séquences d’ADN et les coupent. Ces enzymes sont essentielles pour manipuler l’ADN in vitro, leur découverte a donné naissance au domaine du génie génétique (voir chapitre 31).
Le mécanisme des enzymes de restriction La majorité des endonucléases de restriction sont des enzymes de restriction de type II. La plupart des séquences ADN reconnues par ces enzymes possèdent une double symétrie autour d’un point donné. La figure 7.21 montre la séquence reconnue et coupée par l’endonucléase de restriction d’Escherichia coli EcoRI (cet acronyme provient d’Escherichia coli, enzyme de restriction I). Les sites de coupure sont indiqués par une flèche et l’axe de symétrie par une ligne en pointillé. Notez que les deux brins ont la même séquence si l’un est lu depuis la gauche et l’autre depuis la droite (ou en termes de brins polynucléotidiques, si les deux sont lus dans le sens 5’ → 3’ ou dans le sens 3’ → 5’). Un tel modèle de séquence est appelé un palindrome (le terme palindrome est dérivé du grec « en retour et course »). La plupart des enzymes de restriction sont des protéines homodimériques composées de deux sous-unités polypeptidiques identiques qui reconnaissent et coupent l’ADN sur l’un des brins. Les séquences reconnues sont typiquement courtes
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7.7 Enzymes de restriction et hybridation 183
TABLEAU 7.4
CH3
5′ 3′
G–A–A–T–T–C
3′
5′
C–T–T–A–A–G
5′
3′
G–A–A–T–T–C
PAR QUELQUES ENDONUCLÉASES
C–T–T–A–A–G
5′
DE RESTRICTION
CH3 A–A
5′
–G
3′
–C –T–
(a)
SÉQUENCES RECONNUES
3′
Organisme
(b) –T–
T–A
T–
–A
C–
3′
G–
5′
Extrémités cohésives des simples brins
FIGURE 7.21 Restriction et modification de l’ADN. (a) (Haut de la figure) Séquence d’ADN reconnue par l’endonucléase de restriction Eco RI. La flèche rouge indique les liaisons coupées par l’enzyme et la ligne en pointillé, l’axe de symétrie de la séquence. (Bas de la figure) Après coupure par l’enzyme de restriction EcoR1, l’ADN présente des extrémités cohésives sur les simples brins (voir section 10.15). (b) Séquence identique après modification par l’EcoR1 méthylase. Les groupements méthyles ajoutés par l’enzyme protègent l’ADN de la coupure par EcoR1.
et palindromiques de sorte que les coupures soient double brin, libérant ainsi de courtes régions d’ADN simple brin au lieu de couper l’ADN et de produire des extrémités franches (voir figure 7.21). Les séquences et sites de coupure de quelques enzymes de restriction sont présentés dans le tableau 7.4. Plus de 2 000 enzymes de restriction avec plus de 200 spécificités différentes sont actuellement connues mais les recherches continuent pour en identifier d’autres. L’enzyme EcoRI peut couper n’importe quel ADN double brin contenant sa séquence de reconnaissance mais elle ne coupera que cette séquence. Une séquence spécifique de six paires de bases, telle que celle coupée par EcoRI (voir figure 7.21), apparaîtrait environ tous les 4 096 nucléotides dans le génome (six bases avec quatre possibilités, 46) étant donné que la séquence de l’ADN est aléatoire. Comme nous l’aborderons dans les chapitres 10 et 31, de tels fragments avec des extrémités ainsi définies ont de nombreux usages, particulièrement dans les technologies de clonage de gènes. Les enzymes de restriction sont largement commercialisées du fait de leur importance pour la recherche en génétique moléculaire.
Les modifications : une protection contre la restriction La fonction majeure des enzymes de restriction chez les procaryotes est probablement de protéger la cellule contre les invasions d’ADN étrangers (comme les ADN viraux) en les détruisant. La cellule doit cependant protéger son propre ADN de la destruction par ses propres enzymes. Cette protection est assurée par un système enzymatique qui modifie chimiquement la séquence de reconnaissance en méthylant certaines bases, de manière à ce que l’enzyme de restriction ne puisse plus s’y fixer. Par exemple, la séquence reconnue par EcoRI (voir figure 7.21a) peut être modifiée par méthylation de ses deux adénines les plus internes (voir figure 7.21b). L’enzyme
Enzyme dénominationa
Séquence reconnueb
Bacillus globigii
BglII
A↓GATCT
Bacillus subtilis
BsuRI
GG↓CC
Brevibacterium albidum
BalI
TGG↓CCA
*
*
*
Escherichia coli
EcoRI
G↓AATTC c
Haemophilus haemolyticus
HhaI
GCG↓C
Haemophilus influenzae
HindII
GTPy↓PuAC
Haemophilus influenzae
HindIII
A↓AGCTT
Klebsiella pneumoniae
KpnI
GGTAC↓C
Nocardia otitidiscaviarum
NotI
GC↓GGCCGC
Proteus vulgaris
PvuI
CGAT↓CG
Serratia marcescens
SmaI
CCC↓GGG
Thermus aquaticus
TaqI
T↓CGA
*
*
*
*
a
Nomenclature : la première lettre de l’abréviation désigne le genre dont l’enzyme est originaire ; les deux suivantes, l’espèce. Le chiffre romain indique l’ordre dans lequel les enzymes de cet organisme ont été découvertes, et les lettres additionnelles désignent les souches. b Les flèches désignent les sites des attaques enzymatiques. Les astérisques désignent les sites de méthylation (modification). G, guanine ; C, cytosine ; A, adénine ; T, thymine ; Pu, purine ; Py, pyrimidine. Seule la séquence 5' → 3' est montrée. c Voir figure 7.21a.
catalysant cette réaction est la EcoRI méthylase. Si un seul brin est modifié, la séquence n’est plus un substrat pour l’enzyme de restriction EcoRI.
L’électrophorèse et l’analyse de restriction de l’ADN Les séquences reconnues par les enzymes de restriction ont une taille de 4 à 8 nucléotides (voir tableau 7.4), il n’y en aura donc qu’un nombre limité dans une molécule d’ADN (voir figure 7.23). Après coupure de l’ADN, les fragments générés peuvent être séparés par électrophorèse sur gel et analysés. L’électrophorèse est un procédé par lequel des molécules chargées migrent dans un champ électrique en fonction de leur charge, de leur taille et de leur forme. Dans un gel d’électrophorèse (voir figure 7.22a) les molécules sont séparées dans de l’agarose. Lorsqu’un courant électrique est appliqué, les acides nucléiques (qui sont chargés négativement) vont migrer à travers le gel, les petites molécules migrant plus vite que les grandes. Après avoir migré, le gel peut être « coloré » à l’aide d’un composé capable de se fixer à l’ADN, comme le bromure d’éthidium (voir section 10.3), et qui va le rendre fluorescent sous UV (voir figure 7.22b). La figure 7.22b montre un gel d’agarose typique : le puits A contient un ADN standard et les autres puits, de l’ADN purifié (dans ce cas, un plasmide) digéré par une ou plusieurs enzymes de restriction. Le profil de digestion d’un ADN est reproductible
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(a)
– A
B
C
D
Taille (paires de bases) 5 000 — 4 000 —
Alex Lim, Eileen Dimalanta, et David C. Schwartz
Bases de biologie moléculaire
Elizabeth Parker
184 Chapitre 7
FIGURE 7.23 Cartographie des fragments de restriction par microscopie à fluorescence. Observation en microscopie à fluorescence d’une portion du chromosome d’Escherichia coli digéré par l’enzyme de restriction Xho1 (isolée de Xanthomonas holica). Les flèches indiquent les sites de coupure de l’enzyme. La fluorescence du brin d’ADN est visible alors qu’il est trop petit pour être observé par microscopie optique. Sur cette figure, la taille du fragment d’ADN est d’environ 260 kpb. La cartographie par microscopie à fluorescence a été utilisée pour établir des cartes de restriction des chromosomes entiers d’E. coli et d’autres bactéries telles que Deinococcus radiodurans.
3 000 — 2 000 —
classification des micro-organismes. Les profils générés suite à l’utilisation d’enzymes de restriction seules ou en combinaison, permettent d’interpréter facilement les liens existant entre différentes molécules d’ADN (voir section 11.11).
1 800 —
500 —
+
Jack Parker
1 000 —
(b) FIGURE 7.22 Électrophorèse de l’ADN sur gel d’agarose. (a) Les échantillons d’ADN sont déposés dans les puits d’un gel d’agarose immergé dans une solution de migration. (b) Photographie d’un gel d’agarose après révélation. L’ADN a été déposé dans les puits situés en haut du gel (pôle négatif), le pôle positif du champ électrique se situant en bas du gel. Dans le puits A, la taille des fragments d’ADN de l’échantillon est connue ; ils servent de références pour déterminer la taille des fragments dans les autres puits. Le marquage des bandes situées en bas du gel est plus faible car les fragments d’ADN sont de petite taille et incorporent moins de marqueur.
du fait que les enzymes coupent toujours aux mêmes endroits. La taille des fragments générés pourra être déterminée par comparaison avec le standard, dont la taille des bandes est connue. Cette technique peut être utilisée pour générer des cartes de restriction de l’ADN. Combiner la digestion enzymatique d’une molécule d’ADN et la microscopie à fluorescence permet d’établir directement une carte de restriction à partir de la manière dont l’ADN est coupé (voir figure 7.23). C’est ce que l’on appelle la cartographie optique. Les analyses de restriction sont utilisées pour des études comparatives de deux ou plusieurs ADN, notamment pour la
L’hybridation des acides nucléiques et la technique de Southern Blot Des fragments d’ADN peuvent être purifiés à partir de gels pour différentes utilisations telles que l’hybridation. Lorsque l’ADN est dénaturé, il peut former des molécules hybrides avec d’autres ADN (ou ARN) simple brin dont la séquence est complémentaire (ou presque complémentaire) [voir section 7.2]. Ces ADN sont appelés des sondes nucléiques. L’hybridation est un outil permettant de trouver des séquences identiques à différents éléments génétiques ou pour identifier la localisation d’un gène spécifique. Il existe plusieurs techniques basées sur l’hybridation de sondes, la plus couramment utilisée est la technique du Southern Blot, du nom de son inventeur E. M. Southern. Dans la technique du Southern Blot, des fragments d’ADN contenus dans un gel sont transférés sur une membrane avant d’être dénaturés pour générer des fragments simple brin (les fragments sont fixés à la membrane pour éviter qu’ils ne se réhybrident ensemble). La membrane est ensuite mise en contact avec une sonde marquée qui permettra ainsi la détection de l’hybridation. Les sondes peuvent être marquées par radioactivité, par des agents colorés ou par fluorescence. Lorsque les sondes ADN ou ARN sont mises à hybrider avec de l’ADN, il s’agit de Southern Blot, par opposition au Northern Blot où les sondes sont mises à hybrider avec de l’ARN. La figure 7.24 montre comment la technique de Southern Blot peut être utilisée pour identifier des fragments d’ADN contenant la séquence recherchée.
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Laurie Achenbach
7.8 Séquençage et synthèse d’ADN 185
FIGURE 7.24 Technique de Southern blot. (Partie gauche de la figure) Gel d’électrophorèse de molécules d’ADN. Des molécules d’ADN purifiées provenant de différents plasmides ont été traitées avec des enzymes de restriction avant migration électrophorétique. (Partie droite de la figure) Résultat du transfert de l’ADN du gel de gauche sur une nouvelle membrane. Après transfert de l’ADN et hybridation avec une sonde radioactive marquée, les fragments d’ADN hybridés spécifiquement à la sonde sont révélés par autoradiographie (entourés en jaune). Un marqueur de taille a été déposé dans le puits 6 ; aucune de ses bandes ne s’est hybridée avec la sonde marquée.
Contrôlez vos acquis Les enzymes de restriction s’hybrident avec des séquences spécifiques et provoquent des coupures dans l’ADN. Les produits de la digestion enzymatique peuvent être séparés par électrophorèse et les séquences complémentaires détectées par hybridation. •
Pourquoi les enzymes de restriction sont-elles utiles aux généticiens ?
•
Qu’est-ce que le Southern Blot et que vous dit-il ?
fragments d’ADN terminés par l’une des quatre bases marquées au préalable. Ces fragments sont ensuite mis à migrer par électrophorèse de manière à séparer les molécules dont la taille diffère d’un nucléotide. Cette technique requiert quatre réactions séparées, une pour chacune des quatre bases : adénine, guanine, cytosine et thymine. La position des fragments est révélée par autoradiographie (ou par des sondes fluorescentes, voir plus loin) pour permettre la lecture des séquences. La méthode de Sanger permet de déterminer une séquence inconnue par l’intermédiaire d’une copie du simple brin d’ADN réalisée grâce à l’ADN polymérase. Comme nous l’avons précédemment vu, cette enzyme ajoute des désoxyribonucléosides triphosphate à une amorce (voir section 7.6). Chaque mélange réactionnel (dans quatre tubes séparés) contient l’un des différents analogues didésoxy des désoxyribonucléosides triphosphates (voir figure 7.25). Les analogues didésoxy ne possèdent pas d’extrémité 3’-OH sur leur sucre, empêchant ainsi l’élongation de la chaîne lors de leur insertion. Ils agissent donc comme des agents spécifiques de terminaison. Après électrophorèse, des oligonucléotides de différentes tailles sont obtenus. En fonction des conditions d’incubation, utilisant des nucléotides radioactifs ou fluorescents, la position des différentes bandes est obtenue par exposition à un film sensible aux rayons X ou par détection de la fluorescence. Les bandes de migration des quatre didésoxynucléotides ainsi que les positions verticales relatives des différents fragments permettent de lire la séquence de la copie du brin d’ADN directement à partir du gel (voir figure 7.26). O–
5′ O P O C
Le séquençage de l’ADN Actuellement, la technique de séquençage repose majoritairement sur la méthode de Sanger. Cette méthode génère des
2′ H
3′ OH
(a)
5′ O P O C
Base
O–
H
Désoxynucléotide normal
O–
H
3′ H
H
Sens d’élongation de la chaîne
H
3′ O
H
O
O P O C
Base
–
H H
(b)
2′ H
Base
O–
O
Base
Groupement –OH manquant Didésoxynucléotide analogue
O
O P O C 5′
O
O–
Chaîne d’ADN
m n7.8 Séquençage et synthèse d’ADN Le séquençage est une autre technique d’analyse de l’ADN, il permet de déterminer l’ordre précis des nucléotides. Il existe des procédés de synthèse de molécules d’ADN de séquence précise pour les utiliser en tant qu’amorce ou sonde dans le séquençage ou l’hybridation. Ces courts fragments d’ADN, de 10 à 20 nucléotides, sont appelés des oligonucléotides. Tout comme les enzymes de restriction, le séquençage est un outil clé de la biologie moléculaire dont les principes vont être décrits ci-dessous.
O–
O
H
Absence de groupement 3′–OH libre ; la réplication de l’ADN va s’arrêter à cet endroit
FIGURE 7.25 Didésoxynucléotides et séquençage par la méthode de Sanger. (a) Un désoxynucléotide normal possède un groupement hydroxyle sur le carbone de l’extrémité 3’, ce qui n’est pas le cas d’un didésoxynucléotide. (b) L’élongation de la chaîne s’arrêtera après l’incorporation d’un didésoxynucléotide. Comparez cette figure avec la figure 7.12.
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186 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
L’ARN et le séquençage automatique La méthode de Sanger permet de séquencer l’ARN de la même manière que l’ADN. La première étape consiste à obtenir une copie d’ADN simple brin de l’ARN matriciel grâce à une enzyme virale, la transcriptase inverse (voir section 9.13). La synthèse d’ADN simple brin en présence de didésoxynucléotides va générer des fragments de différentes tailles adaptés à un séquençage de type Sanger. La séquence d’ARN est déduite de la séquence d’ADN en fonction des règles d’appariement. Des projets de séquençage à grande échelle (voir chapitres 15 et 31) ont conduit au développement de systèmes de séquençage automatisés. Ces systèmes sont toujours basés sur la méthode didésoxy mais emploient des amorces fluorescentes (ou des nucléotides) au lieu de la radioactivité. Les produits sont séparés par une électrophorèse automatique et les bandes, détectées par spectroscopie à fluorescence. Chacune des quatre réactions utilise un fluorochrome différent scanné par un laser. De cette manière, les quatre réactions peuvent avoir lieu simultanément. Les résultats sont analysés par ordinateur et une séquence est générée avec chacune des quatre bases d’une couleur différente (voir figure 7.26c).
L’ADN de synthèse Il existe des techniques automatisées pour fabriquer de l’ADN de synthèse : des oligonucléotides de 30 à 35 bases peuvent être synthétisés en quelques heures. Dans le cas de polynucléotides, des fragments oligonucléotidiques peuvent être soudés enzymatiquement en utilisant l’ADN ligase (voir section 7.6). Dans la synthèse d’ADN in vitro sur phase solide, le premier nucléotide est fixé sur un support solide inerte (gel de silice dont la taille des particules est d’environ 50 µm, par exemple). L’ensemble du procédé est décrit sur la figure 7.27. Plusieurs étapes sont nécessaires pour ajouter un nucléotide. Après chaque addition, les réactifs sont élués et les étapes répétées pour la fixation d’un nouveau nucléotide. Une fois la taille désirée atteinte, l’oligonucléotide est séparé du support puis purifié pour éliminer toute trace de réactifs et les contaminants. Les ADN de synthèse sont utilisés dans un grand nombre de réactions : en tant qu’amorces pour le séquençage et la PCR (voir section 7.9), en tant que sondes de détection dans le Southern (voir figure 7.24) ou le Northern Blot. L’ADN de synthèse est également utilisé dans le procédé de mutagenèse dirigée pour la création de mutations particulières à des endroits précis d’un gène (voir section 10.18).
Brin d’ADN à séquencer 3′ C G A C T C G A T T C 5′ 5′ G C T G 3′
Addition d’ADN polymérase et des quatre désoxyribonucléotides triphosphates ; séparation en quatre tubes de réaction
Amorce d’ADN radioactive
Addition dans chaque tube d’un didésoxynucléotide triphosphate (ddGTP, ddATP, ddTTP ou ddCTP) Produits de réaction ddGTP
ddATP
AG AGCTAAG
A AGCTA AGCTAA
ddTTP AGCT
ddCTP AGC
Les produits de réaction sont séparés par électrophorèse sur gel de polyacrylamide et révélés par autoradiographie G
A
T
C
(a)
7 6 5 4 3 2 1
La séquence se lit à partir du bas du gel : AGCTAAG. La séquence inconnue est donc 3’ TCGATTC 5’ (b)
Contrôlez vos acquis L’ADN peut être séquencé par la méthode de Sanger, ce qui implique de faire une copie de l’ADN à séquencer avec des didésoxynucléotides terminateurs de chaîne. Les produits finaux sont séparés par électrophorèse et la séquence lue. Les amorces nécessaires peuvent être synthétisées chimiquement. •
Pourquoi utilise-t-on quatre réactions différentes pour le séquençage de l’ADN ?
•
Quel est le terme employé pour désigner une molécule contenant plusieurs nucléotides ?
(c)
A
G
C
T
A
A
G
FIGURE 7.26 Séquençage de l’ADN par la méthode de Sanger. (a) Brin d’ADN matriciel dont on cherche la séquence. Pour cela, quatre réactions différentes sont effectuées, une avec chaque didésoxynucléotide. Ces réactions étant réalisées in vitro, l’amorce nécessaire à la synthèse d’ADN n’a pas besoin d’être de l’ARN ; on utilise donc plus simplement de l’ADN. (b) Partie du gel contenant les produits de la réaction (a). (c) Résultat du séquençage du même fragment d’ADN qu’en (a) et (b) par séquençage automatique avec des marqueurs fluorescents.
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7.9 Amplification de l’ADN par réaction de polymérisation en chaîne 187 Nombre de copies du(des) gène(s) cible(s) Cycle PCR
Support de nucléotide solide Gène(s) cible(s)
A A A C A C T
5′ C
3′ T
5′ G
A C T G A C T G T A C T G T G
3′ 5′
ADN polymérase
3′ 5′
3′
(a)
Augmentation de la température
Extension
G
1
2
Répétition du cycle
2
4
Répétition du cycle
3
8
+
A
A C T G T G A
1
Amorces
5′ T
0
(b)
Séparation du support
A C T G T G A
Heptamère d’oligonucléotides ; purification et utilisation
de l’ADN m n7.9 Amplification par réaction de polymérisation en chaîne
La synthèse et le séquençage d’ADN ont permis l’émergence d’une méthode rapide d’amplification de l’ADN, la réaction de polymérisation en chaîne (PCR). À partir d’un gène spécifique, de grandes quantités d’ADN sont obtenues in vitro, l’ADN polymérase copiant jusqu’à un milliard de fois cette région cible (voir section 7.6). En résumé, les étapes d’amplification de l’ADN sont les suivantes : 1. Deux amorces oligonucléotidiques d’ADN synthétisées in vitro et entourant l’ADN cible (voir figure 7.28a) sont ajoutées en excès à l’ADN dénaturé par chauffage. 2. Lors du refroidissement du mélange, les amorces étant en excès, la plupart des brins d’ADN cible se fixent à cellesci et non entre eux (voir figure 7.28a). 3. L’ADN polymérase prolonge les amorces en utilisant les brins cibles comme matrice (voir figure 7.28b). 4. Après une période appropriée d’incubation, le mélange est chauffé de nouveau pour séparer les brins. Il est alors refroidi pour que les amorces s’hybrident aux régions complémentaires de l’ADN nouvellement synthétisé. Le processus complet est alors répété (voir figure 7.28c). Le secret de la PCR est que le produit d’un cycle d’extension sert de matrice pour le suivant (voir figure 7.28). Ainsi, la technique PCR est remarquable par le fait que l’ADN cible
(c)
Nombre de copies du gène cible
FIGURE 7.27 Synthèse en phase solide d’un fragment d’ADN de séquence connue. La synthèse chimique est réalisée par addition d’un nucléotide à la fois à la chaîne en croissance.
108 107 106 105 104 103 102 10 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20
(d)
Nombre de cycles de PCR
FIGURE 7.28 Réaction de polymérisation en chaîne (PCR) pour amplifier une séquence spécifique d’ADN. (a) L’ADN cible est chauffé pour séparer les deux brins. Les amorces complémentaires des deux brins sont apportées en excès avec l’ADN polymérase. (b) Après hybridation des amorces, l’extension de celles-ci conduit à la formation d’une copie de l’ADN double brin initial. (c) Deux cycles supplémentaires conduisent à la formation de 4 puis 8 copies de l’ADN initial. (d) Résultat de 20 cycles de PCR à partir d’un ADN contenant à l’origine 10 copies du gène cible. Le graphique obtenu est semi-logarithmique (voir figure 6.6).
voit sa quantité doubler lors de chaque cycle. En pratique, 20 à 30 cycles sont habituellement réalisés, ils génèrent 106 à 109 fois la séquence cible (voir figure 7.28).
PCR et haute température À l’origine, la technique PCR utilisait l’enzyme Pol III d’Escherichia coli ; cependant, les hautes températures nécessaires à la dénaturation des copies d’ADN double brin nouvellement générées dénaturaient aussi l’enzyme, elle devait alors être ajoutée lors de chaque cycle. Ce problème a été résolu en
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188 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
utilisant une ADN polymérase thermiquement stable d’une bactérie thermophile, Thermus aquaticus, isolée d’une source chaude. Cette enzyme nommée ADN Taq polymérase est stable à 95 ˚C et n’est pas affectée par l’étape de dénaturation. Avec l’ADN Taq polymérase, l’ADN étant copié à 72 ˚C et non plus 37 ˚C, son utilisation augmente la spécificité de la PCR. Aux hautes températures, l’hybridation non spécifique d’amorces à l’ADN non cible est rare, les produits de la Taq PCR sont donc plus homogènes que ceux obtenus avec l’enzyme d’E. coli. L’ADN polymérase de l’hyperthermophile Pyrococcus furiosus (croissance optimale à 100 ˚C) [voir sections 6.12 et 13.6], appelée Pfu polymérase (ou « vent polymérase » parce que P. furiosus a été isolé d’une source hydrothermale, section 19.8), est aussi très utilisée, elle est même plus stable que la Taq polymérase. De plus, à l’inverse de cette dernière, la Pfu polymérase a une activité autocorrectrice (voir section 7.6), elle est donc particulièrement intéressante lorsqu’une haute précision est requise. La technique PCR requérant un grand nombre d’étapes répétitives, des appareils PCR, les thermocycleurs, ont été développés pour effectuer automatiquement les cycles de chauffage et de refroidissement. Chaque cycle étant d’environ 5 minutes, la durée de la procédure automatique pour une amplification importante sera de seulement quelques heures. Pour fournir les marchés de la PCR et du séquençage en ADN polymérase thermostable, les gènes de ces enzymes ont été clonés dans E. coli et produits commercialement en grandes quantités. Le coût de la PCR est alors devenu négligeable comparé à ce qu’il fut au début de son utilisation.
Les applications et la sensibilité de la PCR La PCR est un outil puissant, facile d’utilisation, hautement efficace, extrêmement sensible et spécifique. Lors de chaque cycle, la quantité d’ADN étant multipliée par deux, il y a augmentation exponentielle de celle-ci (voir figure 7.28). Une grande quantité d’ADN est produite en quelques heures à partir de quelques molécules d’ADN cible présentes en début de réaction. La spécificité est si importante qu’avec des amorces d’environ 15 nucléotides et des hautes températures d’hybridation, il y a très peu de « faux positifs », ce qui rend le produit PCR virtuellement homogène. La connaissance des séquences de bordures entourant un gène d’intérêt est importante, les produits d’amplification obtenus par PCR peuvent alors être utilisés pour le clonage et le séquençage de ces gènes ou pour des études comparatives ou phylogénétiques. Dans ces deux derniers cas, les amorces sont spécifiques des régions conservées d’un gène commun d’une grande variété d’organismes. Par exemple, l’ARNr 16S (voir section 2.3) a des régions hautement conservées et d’autres fortement variables. Selon leurs spécificités, les amorces du gène ARNr 16S de Bacteria et Archaea permettent de détecter la présence d’espèces de chaque groupe ou sous-groupe dans un habitat donné. Cette technique est très utilisée en écologie microbienne et a révélé l’énorme diversité du monde microbien, beaucoup plus que ne le font les méthodes culturales (voir chapitres 2, 11 à 14, 18). La PCR étant une technique très sensible, elle est utilisée pour amplifier de très petites quantités d’ADN. Par exemple, elle a permis d’amplifier et cloner l’ADN provenant de sources
aussi variées que les momies humaines ou les plantes et animaux fossilisés. Elle est un outil très répandu pour le diagnostic microbiologique après amplification d’ADN provenant d’échantillons cellulaires complexes. Par exemple, la présence d’un gène spécifique d’un pathogène dans un échantillon clinique indique la présence vraisemblable du micro-organisme dans l’échantillon. Grâce à cette information, le traitement du patient pourra commencer (voir section 24.12). Ainsi, la PCR évite de devoir cultiver l’organisme, une procédure souvent longue et peu fructueuse. La PCR a aussi été utilisée pour établir des empreintes d’ADN, c’est un outil juridique puissant qui permet d’identifier les individus à partir de très petites quantités d’ADN (voir le focus Empreinte ADN, chapitre 31). La PCR peut aussi être couplée avec une étape de transcriptionréserve appelée la RT-PCR, afin d’obtenir de grandes quantités d’ADN à partir d’une matrice ARN.
Contrôlez vos acquis La réaction de polymérisation en chaîne est un procédé d’amplification de l’ADN in vitro où une ADN polymérase stable thermiquement isolée de procaryotes thermophiles est utilisée. La chaleur dénature l’ADN en deux molécules simple brin, chacun étant copié par la polymérase. Après chaque cycle, les doubles brins nouvellement synthétisés sont de nouveau séparés par la chaleur et un nouveau processus de copie est initié. À chaque cycle, la quantité d’ADN cible double. •
Pour quelle(s) raison(s) les amorces sont-elles nécessaires pour la PCR ?
•
Pour quelle(s) raison(s) une amorce est-elle nécessaire à la « fin » de chaque fragment d’ADN devant être amplifié ?
V
SYNTHÈSE DE L’ARN : LA TRANSCRIPTION
Les acides ribonucléiques (ARN) ont plusieurs rôles importants dans la cellule. La chimie de l’ARN se différencie de celle de l’ADN par trois points majeurs : 1) le sucre est le ribose et non le désoxyribose ; 2) une base, l’uracile, remplace la thymine et 3) à l’exception de certains virus, l’ARN n’est pas double brin. Le remplacement du ribose par le désoxyribose modifie plusieurs propriétés chimiques d’un acide nucléique, et les enzymes agissant sur l’ADN n’ont généralement pas d’effet sur l’ARN, l’inverse est aussi vérifié. Cependant, le changement de la thymine par l’uracile n’affecte pas l’appariement des bases, les deux nucléotides s’appariant de façon égale avec l’adénine. Les trois principaux types d’ARN connus sont : l’ARN messager (ARNm), l’ARN de transfert (ARNt) et l’ARN ribosomique (ARNr). Tous sont le produit de la transcription de l’ADN. Il faut souligner que l’ARN a un rôle génétique lorsqu’il porte l’information de l’ADN via l’ARNm (chez les virus à ARN, c’est l’ARN qui porte l’information génétique) ou fonctionnel quand il intervient dans le transfert d’acides aminés lors de la synthèse de protéines (ARNt). Par contre,
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7.10 Description de la transcription 189
l’ARNr a un double rôle fonctionnel et structural chez les ribosomes, quelques ARN ont même une activité catalytique (enzymatique) [ribozymes, voir section 14.8].
Description de la transcription
La transcription de l’information génétique de l’ADN à l’ARN est réalisée par l’enzyme ARN polymérase. Comme l’ADN polymérase, elle catalyse la formation de liaisons phosphodiester, mais ici entre ribonucléotides et non pas entre désoxyribonucléotides. L’ARN requiert l’ADN comme matrice et ses précurseurs sont les ribonucléosides triphosphates : ATP, GTP, UTP et CTP. La chimie de la synthèse de l’ARN est très proche de celle de l’ADN (voir figure 7.12). Ainsi, durant l’élongation d’une chaîne ARN, les ribonucléotides triphosphates sont additionnés à la partie 3’-OH du ribose du nucléotide précédent, cette polymérisation libère l’énergie de deux liaisons phosphates. Comme lors de la synthèse de l’ADN, pour l’ARN, la direction de la chaîne en croissance est 5’ → 3’, le brin matrice est antiparallèle à celui nouvellement synthétisé. Cependant, à l’inverse de l’ADN polymérase, l’ARN polymérase peut initier une synthèse de novo sans la présence d’amorces.
L’ARN polymérase L’ADN matrice pour l’ARN polymérase est une molécule double brin, même si pour chaque gène, uniquement un des deux brins est transcrit. Lors du processus de transcription chacune de ces régions est transcrite à des temps différents. Ces principes sont vrais pour toutes les ARN polymérases, même si ces enzymes diffèrent chez les Bacteria, les Archaea et les Eukarya. Les Bacteria et Archaea ont une seule ARN polymérase tandis que le noyau des eucaryotes en contient trois (ARN polymérases I, II et III), chacune impliquée dans la transcription de différents types de gènes. Quelle que soit leur origine, toutes les ARN polymérases ont des sous-unités conservées (voir figure 11.16). Du fait de leur ancêtre commun, les ARN polymérases archéennes et eucaryotes sont similaires et structurellement plus complexes que celles des Bacteria. Dans la suite du chapitre, seule l’ARN polymérase de Bacteria sera abordée, elle est la plus simple mais aussi la plus connue. Toutes les ARN polymérases des espèces de Bacteria sont des protéines relativement proches. L’enzyme d’Escherichia coli a quatre sous-unités : β, β’, α (en double) et σ (sigma) qui interagissent pour former l’enzyme active, l’ARN polymérase holoenzyme, le facteur sigma est le moins fortement lié et est facilement dissociable, on parle alors d’ARN polymérase core enzyme (α2ββ’). L’enzyme core seule peut catalyser la formation d’ARN ; sigma ayant un rôle dans la reconnaissance du site approprié sur l’ADN lors de l’initiation de la synthèse d’ARN. Sur la figure 7.29, la transcription d’ARN impliquant l’ARN polymérase et sigma est illustrée.
Les promoteurs L’ARN polymérase est une protéine de taille importante qui établit un contact avec plusieurs bases de l’ADN simultanément.
Facteur sigma
5′
3′
3′
5′
Région du promoteur
Gène(s) à transcrire (brin vert clair)
Le facteur sigma reconnaît le promoteur et le site d’initiation
Facteur sigma
5′
3′
3′
5′ 5′
La transcription commence ; le facteur sigma est libéré. L’élongation de la chaîne d’ARN se poursuit jusqu’au site de terminaison 5′
3′
3′
5′
Le site de terminaison atteint, l’élongation s’arrête
5′
5′
3′
3′
La polymérase et l’ARN sont libérés
3′
5′
5′
(a) Petits transcrits
Longs transcrits
Sarah French
m n 7.10
ARN polymérase
(b) FIGURE 7.29 Transcription. (a) Étapes de la synthèse d’ARN. Les sites d’initiation et de terminaison sont des séquences nucléotidiques spécifiques de l’ADN. Le facteur sigma permet à l’ARN polymérase de reconnaître le site d’initiation (le promoteur) ; il se détache pendant l’élongation. L’ARN polymérase se déplace le long de la chaîne d’ADN, provoquant l’ouverture temporaire de la double hélice et la transcription d’un des deux brins. Lorsque le site de terminaison est atteint, l’élongation s’arrête et l’ARNm et la polymérase sont libérés. (b) Transcription d’un gène du chromosome d’Escherichia coli observé par microscopie électronique. La région active de transcription représente environ 2 kpb. La transcription se déroule de la gauche vers la droite : les transcrits de petite taille sur la gauche deviennent plus longs au fur et à mesure que la transcription avance.
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190 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
Ce type de protéine peut interagir spécifiquement avec l’ADN grâce à l’accessibilité des bases dans le sillon principal (voir figure 7.5). Cependant, pour initier correctement une chaîne d’ARN, l’ARN polymérase doit premièrement reconnaître des régions spécifiques de l’ADN, les promoteurs. Dès que l’ARN polymérase s’est fixée au promoteur, elle ouvre le double brin d’ADN et la transcription peut commencer (voir figure 7.29). Lorsque l’enzyme se déplace, de courtes portions d’ADN se déroulent de façon transitoire ; le brin d’ADN est alors accessible et est copié en ARN complémentaire. Le promoteur oriente donc l’ARN polymérase dans une direction précise. Si une région d’ADN a deux promoteurs proches orientés différemment, la transcription d’un promoteur se fera sur un brin dans une direction donnée alors que sur l’autre brin, elle se fera dans l’autre sens. L’élongation est réalisée par le core enzyme (voir figure 7.29), car dès qu’un court fragment d’ARN est formé, le facteur sigma se dissocie, il est en effet uniquement impliqué dans la formation du complexe ARN polymérase / ADN au niveau du promoteur. Lorsque l’ARN nouvellement synthétisé se dissocie de l’ADN, la partie d’ADN ouverte reprend sa structure initiale en double hélice. La transcription s’arrête à des régions spécifiques appelées terminateurs de transcription (voir section 7.12). À l’inverse de la réplication de l’ADN où le génome entier est copié, la transcription concerne souvent un seul gène. Selon les besoins en protéines de la cellule, la transcription des gènes se fera à des fréquences différentes. La régulation de la transcription chez les procaryotes est un processus très élaboré impliquant des mécanismes très divers ; il est très efficace pour contrôler l’expression génétique et permet la conservation des ressources potentielles de la cellule (voir chapitre 8).
Contrôlez vos acquis Les trois types principaux d’ARN sont l’ARN messager (ARNm), l’ARN de transfert (ARNt) et l’ARN ribosomique (ARNr). La transcription de l’ARN en ADN nécessite l’enzyme ARN polymérase qui ajoute des bases vers l’extrémité 3’ de la chaîne en croissance. À l’inverse de l’ADN polymérase, l’ARN polymérase n’a pas besoin d’amorces et reconnaît un site spécifique d’initiation, le promoteur, sur l’ADN. •
Dans quel sens (5’ → 3’) ou (3’ → 5’) la transcription sur le brin directeur se fait-elle ?
•
Qu’est-ce qu’un promoteur ?
7.11 Diversité des facteurs sigma, m n séquences consensus et ARN polymérases
Lors de la transcription, les promoteurs qui sont des séquences d’ADN spécifiques auxquelles se fixent les ARN polymérases, ont un rôle très important. Les séquences de plusieurs d’entre eux ont été décrites chez une grande variété d’organismes, la figure 7.30 montre quelques promoteurs d’Escherichia coli. Au sein de l’ARN polymérase, c’est le facteur sigma qui, premièrement, reconnaît ces promoteurs.
La diversité des facteurs sigma Un organisme peut synthétiser différents facteurs sigma ce qui permet à l’ARN polymérase de reconnaître plusieurs séquences de promoteurs ; par exemple, le génome d’Escherichia ARN polymérase
Transcription 5′
3′′
3′
5′
Facteur sigma 1. 2. 3. 4. 5. 6.
Début de l’ARNm
5′ 3′ CTGTTGACAATTAATCATCGAACTAGTTAACTAGTACGCAAG CTA TTCCTGTGGATAACCATGTGTATTAGAGTTAGAAAACA TGGTTCCAAAATCGCCTTTTGCTGTATATACTCACAGCATA TTTTTGAGTTGTGTATAACCCCTCATTCTGATCCCAGCTT TAGTTGCATGAACTCGCATGTCTCCATAGAATGCGCGCTACT TTCTTGACACCTTTTCGGCATCGCCCTAAAATTCGGCGTC
Séquence -35
Boîte de Pribnow
Consensus T T G A C A
TATAAT
Séquence du promoteur
FIGURE 7.30 Interaction entre l’ARN polymérase et le promoteur. En dessous du schéma se trouvent six séquences de promoteur différentes identifiées chez l’espèce bactérienne Escherichia coli. Les zones de contact de l’ARN polymérase avec la séquence – 35 et la boîte de Pribnow (séquence –10) sont indiquées. La transcription débute au niveau d’une base située en aval de la boîte de Pribnow. Sous les séquences des régions – 35 et de la boîte de Pribnow, se trouve une séquence consensus résultant de la comparaison des différents promoteurs. Dans cet exemple, les séquences du promoteur sont celles du brin d’ADN 5’→ 3’ (en vert foncé), mais c’est le brin 3’→ 5’ en vert clair qui sera réellement transcrit (l’ARN
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7.12 Terminateurs de transcription 191
coli code sept d’entre eux et celui de Bacillus subtilis, quatorze. Chez un organisme, un même facteur sigma peut être impliqué dans la reconnaissance d’un ensemble de gènes, mais certains d’entre eux, aux fonctions spécifiques ou rarement exprimées, ont différents σ. Cela permet de contrôler leur expression ; ainsi en l’absence du facteur sigma, le gène correspondant sera « éteint ». Sur la figure 7.30, toutes les séquences des ADN promoteurs sont reconnues par un seul facteur sigma, le principal chez E. coli est σ70. Une lecture attentive des séquences montre qu’elles ne sont pas identiques à l’exception de deux régions hautement conservées. L’une est localisée 10 bases (région – 10 ou boîte de Pribnow), l’autre 35 bases (région – 35), en amont du site d’initiation de la transcription. La comparaison de ces deux régions des promoteurs reconnus par le facteur sigma a permis de déterminer les bases les plus fréquemment rencontrées à une position donnée, les séquences consensus TATAAT (région –10) et TTGACA (région – 35) ont alors été obtenues. Ces deux régions ne sont pas exactement les mêmes chez tous les promoteurs mais elles sont relativement proches des séquences consensus. Sur la figure 7.30, seule la séquence du promoteur sur un seul brin d’ADN est décrite. Par convention, c’est le brin commençant à l’extrémité 5’ qui est présenté (ce n’est pas le brin utilisé comme matrice par l’ARN polymérase, figure 7.30). En réalité, les promoteurs sont des entités double brin reconnues par l’ARN polymérase et auxquelles elle se lie (notez que la transcription n’utilise que l’un des deux brins d’ADN comme matrice). Chez d’autres organismes, les facteurs sigma sont parfois beaucoup plus spécifiques que σ70 (voir figure 7.30). Dans ces cas, très peu de variations sont permises au niveau des bases spécifiques devant être reconnues. Chez E. coli, les promoteurs les plus proches des séquences consensus sont habituellement très efficaces dans la fixation de l’ARN polymérase. Ces derniers, nommés promoteurs forts, sont très utiles en génie génétique (chapitre 31).
Les ARN polymérases chez Eukarya et Archaea Le noyau des eucaryotes contient trois polymérases différentes reconnaissant un promoteur associé à une classe particulière de gènes. L’ARN polymérase I synthétise la plupart des ARNr, l’ARN polymérase II tous les ARNm et l’ARN polymérase III, les ARNt et un type d’ARNr. À l’inverse, chez les Bacteria, le promoteur d’un gène codant une protéine et un ARNt peut être identique. Les ARN polymérases eucaryotes nécessitent des protéines additionnelles permettant la reconnaissance de promoteurs spécifiques ; mais à l’inverse des Bacteria, ces facteurs d’initiation eucaryotes (d’Archaea aussi) ne font pas partie d’une holoenzyme polymérase mais reconnaissent indépendamment les éléments du promoteur (voir figure 7.31). Une représentation de la liaison d’une ARN polymérase II avec un promoteur est montrée sur la figure 7.31. Ce promoteur a une séquence conservée, la boîte TATA, qui ressemble à la boîte de Pribnow des Bacteria (voir figure 7.30), ainsi qu’un élément d’initiation très proche du site de début de la transcription. Ces deux régions sont les éléments clés des promoteurs eucaryotes, même si d’autres séquences peuvent être impliquées.
5′′ 3′
3′ 5′
FIGURE 7.31 Interaction entre l’ARN polymérase II eucaryote et un promoteur. La polymérase (en brun) est positionnée au niveau de l’élément initiateur (INR) du promoteur. Une protéine de fixation (en jaune) est accrochée à la boîte TATA. La polymérase possède une « queue », faite d’une séquence répétée d’acides aminés qui peuvent être phosphorylés et affecter son fonctionnement. Les autres protéines (en bleu) représentent une partie des nombreux facteurs nécessaires à l’initiation de la transcription chez les eucaryotes.
Les espèces d’Archaea ont une seule polymérase qui ressemble à l’ARN polymérase II eucaryotique et la structure des promoteurs est aussi semblable à celle des eucaryotes. Les promoteurs archéens qui ont été caractérisés possèdent une boîte TATA de 6 à 8 paires de bases située 18 à 27 nucléotides en amont du site d’initiation de la transcription. Chez les Archaea, la transcription requiert des facteurs additionnels identiques à ceux des eucaryotes (voir figure 7.31). Ainsi les similitudes phylogénétiques entre Archaea et Eukarya (voir section 2.3) se retrouvent chez un processus moléculaire complexe comme la transcription. Plusieurs autres relations entre Archaea et Eukarya sont décrites dans cet ouvrage.
Contrôlez vos acquis Chez les Bacteria, les promoteurs reconnus par la sousunité sigma de l’ARN polymérase ont des séquences très similaires. Chez les Eukarya, les principales classes d’ARN sont transcrites par des ARN polymérases différentes, l’ARN polymérase II produit la plupart des ARNm. La seule ARN polymérase existant chez les Archaea ressemble par sa structure et sa fonction à l’ARN polymérase II. •
Qu’est-ce qu’une séquence consensus ?
•
Chez un eucaryote, quel type d’ARN polymérase transcrit les gènes codant les protéines ?
7.12 Terminateurs de transcription m n L’initiation et la terminaison de la transcription sont des étapes très importantes pour la fidélité de synthèse d’une protéine. Chez les Bacteria, la terminaison se fait fréquemment au niveau d’un fragment inversé au centre duquel une zone non répétée est insérée (voir section 7.2 et figure 7.6). Quand cette séquence d’ADN est transcrite, l’ARN forme une structure en tige-boucle par appariement de bases du même brin
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192 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
(voir figure 7.32). Ces structures suivies d’une série d’uridines sont des terminateurs efficaces de la transcription. Des séquences riches en GC suivies par une autre riche en AT sont aussi des sites spécifiques de terminaison. Ces régions qui ne nécessitent pas de facteurs additionnels sont nommées, terminateurs intrinsèques.
La terminaison Rho-dépendante D’autres types de terminateurs nécessitent des facteurs protéiques spécifiques. Chez Escherichia coli, la protéine Rho se fixe fortement à l’ARN (mais pas à l’ARN polymérase ni à l’ADN), elle parcourt alors la chaîne jusqu’au complexe ARN polymérase / ADN. Dès que l’ARN polymérase s’arrête à un site de terminaison Rho-dépendant, Rho favorise la libération de l’ARN et de la polymérase positionnée sur l’ADN, terminant ainsi la transcription. D’autres protéines impliquées dans la terminaison de transcription sont, comme Rho, liées à l’ARN. Dans tous les cas, les séquences impliquées dans la terminaison sont localisées au niveau de l’ARN ; cependant, l’ARN étant transcrit depuis l’ADN, la terminaison de transcription est au final toujours déterminée par des séquences nucléotidiques spécifiques sur l’ADN. On connaît moins ce qui se passe au niveau des signaux de terminaison de transcription chez les Archaea. Pour quelques gènes, il est certain que des séquences inversées répétées suivies par une région riche en AT sont impliquées, elles sont relativement identiques à celles des terminateurs de transcription bactériens. Cependant, ce n’est pas le cas chez d’autres gènes archéens où des séquences non répétées mais ayant une succession de T sont vraisemblablement des terminateurs de transcription. Il est à noter que des protéines analogues à Rho n’ont pas été retrouvées chez les Archaea. ADN avec des séquences répétées inversées Séquence répétée inversée
5′
5′
TGCG TCGACTG CCGAT CAGTCGAT T T T ACGC AGCTGA C GGCTA GTCAGCTA A A A
3′
Transcription du brin vert clair
Séquence répétée inversée
3′
5′ 3′ U G C G U C G A C U G C C G A U C A G U C G A U U U U ARN
Formation d’une structure secondaire par repliement 5′ U G C G
U U U U 3′ A Une structure G C tige-boucle dans l’ARN U en aval d’une chaîne G d’uraciles conduit à A l’arrêt de la C
U C G A C U G
C C
G
U A
transcription
FIGURE 7.32 Séquences répétées inversées et arrêt de la transcription. Les séquences répétées inversées dans l’ADN transcrit conduisent à la formation de structures tige-boucle dans l’ARN qui peuvent mettre fin à la transcription.
Contrôlez vos acquis L’ARN polymérase arrête la transcription à des sites spécifiques appelés terminateurs. Bien qu’ils soient codés par l’ADN, ces signaux fonctionnent au niveau de l’ARN. Quelques-uns sont des terminateurs intrinsèques qui ne nécessitent pas d’autres protéines, mise à part la polymérase. Chez Bacteria, ces séquences sont souvent en tige-boucle suivies par une série de U. D’autres terminateurs nécessitent des protéines, par exemple Rho. •
Qu’est-ce qu’un terminateur intrinsèque ?
•
Qu’est-ce qu’une structure tige-boucle ?
7.13 Unité de transcription m n Les chromosomes sont organisés en unités de transcription où la transcription de l’ADN en ARN est initiée et terminée. Certaines ont un seul gène, d’autres ont deux ou plusieurs gènes co-transcrits et génèrent une seule molécule d’ARN.
ARN ribosomiques et ARN de transfert : la longévité de l’ARN Il a été rapporté dans la section 7.1 que la plupart des gènes codent des protéines alors que d’autres, non traduits, codent des ARN : ARN ribosomiques (ARNr) et de transfert (ARNt). Il y a différents types d’ARNr chez un organisme (voir section 7.16), les procaryotes en ont trois : l’ARNr 5S, 16S et 23S (l’importance de l’ARNr 16S dans les études sur l’évolution des procaryotes est discutée dans le chapitre 2). Les structures appelées groupements (voir figure 7.33) contiennent un gène de chacun des ARNr et sont alors co-transcrites. Une situation similaire a été décrite chez les eucaryotes. Ainsi, chez tous les organismes, l’unité de transcription pour la plupart des ARNr est plus longue que celle correspondant à un seul gène. Chez les procaryotes, les gènes ARNt sont souvent co-transcrits ensemble ou avec ceux d’ARNr (voir figure 7.33). Cependant, tous ces transcrits doivent être clivés en unités individuelles pour générer des ARNr ou ARNt matures et fonctionnels. Chez les procaryotes, la plupart des ARN messagers ont une demi-vie très courte (quelques minutes), puis ils sont dégradés par les ribonucléases cellulaires. Ce phénomène contraste avec la stabilité des ARNr et ARNt, leurs structures repliées les protégeant en effet des attaques enzymatiques. Le taux de renouvellement rapide des ARNm procaryotes est probablement un mécanisme par lequel la cellule s’adapte rapidement à de nouvelles conditions environnementales ; elle arrête alors de traduire les ARNm dont les produits ne sont plus nécessaires.
L’ARNm polycistronique et l’opéron Chez les procaryotes, les gènes codant des enzymes apparentées sont souvent regroupés (voir figure 10.42) et co-transcrits par des ARN polymérases qui génèrent une longue molécule, l’ARNm polycistronique (voir section 10.13). Lors de la traduction, plusieurs polypeptides sont alors synthétisés en même temps.
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nt nt da s oda S r o c t c 6 eu ot ène r 1 ène RN m N A G G R o Pr un l’A
nt da S o c 3 ne r 2 Gè RN l’A
G l’A ène RN co r 5 dan S t Ter de mina tra teu nsc r rip tio n
7.14 Code génétique 193
ADN
3′ ARN
5′
Transformation
ARNt ARNr 16S
ARNr 23S
ARNr 5S
ARN maturés
FIGURE 7.33 Unité bactérienne de transcription ribosomique de l’ARNr (opéron ARNr) et sa transformation. Chez les Bacteria, ces opérons contiennent les gènes codant les ARNr dans l’ordre suivant : ARNr 16S, ARNr 23S et ARNr 5S (schéma approximativement à l’échelle). Dans cet opéron particulier, « l’espace » entre les gènes ARNr 16S et 23S est un gène d’ARNt. Pour d’autres opérons, cet « espace » peut contenir plusieurs ARNt et souvent un ou plusieurs gènes codant des ARNt se trouvent après le gène ARNr 5S, lesquels sont cotranscrits. Escherichia coli a sept opérons de ce type.
La régulation de la synthèse d’ARNm sera discutée au chapitre 8, mais le concept d’opéron sera introduit dans ce chapitre. Un opéron est une unité d’expression de gènes codant souvent plusieurs polypeptides (ou des gènes codant des ARNr, figure 7.33) à partir d’un ARNm polycistronique. Dans quelques cas, la transcription de l’ARNm d’un opéron est sous le contrôle d’une région spécifique de l’ADN, l’opérateur, qui est adjacente à celle codant le premier gène de l’opéron. L’opérateur fonctionne en se liant à des protéines spécifiques qui régulent le processus transcriptionnel (voir chapitre 8). Généralement, les ARNm polycystroniques n’existent pas chez les eucaryotes car la partition des gènes (voir section 7.1 et figure 7.2) rend nécessaire leur épissage. Ces sujets sont abordés au chapitre 14 dédié à la cellule eucaryote.
Contrôlez vos acquis L’unité de transcription contient souvent plus d’un gène. La transcription de plusieurs gènes en une seule molécule d’ARN est observée chez les procaryotes, ainsi l’ARNm contient l’information de plus d’un polypeptide. Un opéron est constitué lorsque plusieurs gènes sont transcrits ensemble à partir d’un même promoteur. Chez tous les organismes, les gènes codant l’ARNr sont cotranscrits puis séparés pour former les différents ARNr. •
Qu’est-ce qu’un ARN messager (ARNm) ?
•
Qu’est-ce qu’un ARNm polycystronique ?
VI
SYNTHÈSE DES PROTÉINES
Les deux premières étapes dans le transfert de l’information, la réplication et la transcription, nécessitent la synthèse d’acides nucléiques à partir d’une matrice d’autres acides nucléiques. La dernière étape, la traduction, implique une matrice du même type mais le produit final sera dans ce cas une protéine.
7.14 Code génétique m n Avant d’aborder le mécanisme de la traduction, il est important d’évoquer le code génétique qui établit une correspondance entre la matrice d’acides nucléiques et le produit final, le polypeptide, constitué d’acides aminés. Comme mentionné à la section 7.1, un triplet de bases appelé codon, code un acide aminé spécifique. Le code génétique est écrit avec l’ARNm plutôt qu’avec l’ADN car c’est avec le premier que le processus de traduction se fait. Les 64 codons possibles (4 bases combinées 3 fois, soit 43) sont indiqués dans le tableau 7.5. Il faut noter qu’à côté des codons spécifiques des acides aminés, d’autres sont dédiés à l’initiation et à l’arrêt de la traduction. L’aspect le plus intéressant du code génétique est certainement le fait que certains acides aminés sont codés par plusieurs codons apparentés mais différents. Dans plusieurs cas, il n’y a pas de correspondance entre un acide aminé et un codon unique. Ainsi pour un acide aminé, le codon correspondant n’est pas automatiquement connu ; l’expression code dégénéré est employée pour décrire ce phénomène. À l’inverse, à partir d’une séquence d’ADN et d’un cadre de lecture connu, l’acide aminé correspondant peut être déterminé. La possibilité d’établir la séquence en acides aminés à partir de celle de l’ADN est au centre de la révolution génomique (chapitre 15). Un codon est reconnu lors de l’appariement avec une séquence de trois bases, l’anticodon, portée par un ARNt (voir section 7.16). Si l’appariement était toujours standard comme avec les bases A/U et G/C, à chaque codon correspondrait au moins un ARNt spécifique. Ceci est vérifié dans quelques cas ; par exemple chez Escherichia coli, 6 ARNt différents transportent l’acide aminé leucine, chacun sur des codons non identiques (voir tableau 7.5). À l’inverse, un ARNt peut reconnaître plusieurs codons. Toujours chez E. coli, il existe deux codons lysine mais un seul ARNt lysyl dont l’anticodon s’apparie avec AAA ou AAG (voir tableau 7.5). Ceci est possible parce que les molécules d’ARNt forment des appariements standard avec les deux premières bases du codon mais tolèrent un appariement irrégulier en 3e position. Ce phénomène appelé flottement (wobble) est illustré sur la figure 7.34 (avec appariement entre G et U à la place de G et C).
Les codons d’initiation et stop Quelques codons ne correspondent pas à un acide aminé (voir tableau 7.5), les triplets : UAA, UAG et UGA nommés « codon stop » ou « codons non-sens », indiquent la fin de traduction d’un ARNm codant une protéine. Le message commence par la lecture d’un « codon d’initiation » AUG codant l’acide aminé N-formylméthionine (ou la
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194 Chapitre 7
TABLEAU 7.5
Bases de biologie moléculaire
LE CODE GÉNÉTIQUE : CORRESPONDANCE ENTRE LES TRIPLETS DE BASES DE L’ARNMa ET LES ACIDES AMINÉS
Codon
Acide aminé
Codon
Acide aminé
Codon
Acide aminé
Codon
Acide aminé
UUU
Phénylalanine
UCU
Sérine
UAU
Tyrosine
UGU
Cystéine
UUC
Phénylalanine
UCC
Sérine
UAC
Tyrosine
UGC
Cystéine
UUA
Leucine
UCA
Sérine
UAA
Stop (non sens)
UGA
Stop (non sens)
UUG
Leucine
UCG
Sérine
UAG
Stop (non sens)
UGG
Tryptophane
CUU
Leucine
CCU
Proline
CAU
Histidine
CGU
Arginine
CUC
Leucine
CCC
Proline
CAC
Histidine
CGC
Arginine
CUA
Leucine
CCA
Proline
CAA
Glutamine
CGA
Arginine
CUG
Leucine
CCG
Proline
CAG
Glutamine
CGG
Arginine
AUU
Isoleucine
ACU
Thréonine
AAU
Asparagine
AGU
Sérine
AUC
Isoleucine
ACC
Thréonine
AAC
Asparagine
AGC
Sérine
AUA
Isoleucine
ACA
Thréonine
AAA
Lysine
AGA
Arginine
AUG (début)b
Méthionine
ACG
Thréonine
AAG
Lysine
AGG
Arginine
GUU
Valine
GCU
Alanine
GAU
Acide aspartique
GGU
Glycine
GUC
Valine
GCC
Alanine
GAC
Acide aspartique
GGC
Glycine
GUA
Valine
GCA
Alanine
GAA
Acide glutamique
GGA
Glycine
GUG
Valine
GCG
Alanine
GAG
Acide glutamique
GGG
Glycine
a
Les cases des codons sont colorées selon la légende suivante : m ionisable = acide, m ionisable = basique, m non ionisable polaire et m non polaire (voir figure 3.12). Le nucléotide de gauche est à l’extrémité 5' du triplet. Noter que certains codons stop (non sens) ne fonctionnent pas toujours de cette manière selon les organismes (voir le texte et le focus « Acides aminés non conventionnels »). b AUG code la N-formylméthionine au début des ARNm des Bacteria.
méthionine chez Eukarya et Archaea). Le code étant en triplet de bases, la traduction doit commencer à un point de départ précis. Si ce n’est pas le cas, le cadre de lecture sera décalé et une protéine entièrement différente (ou aucune protéine si ce décalage introduit un codon arrêt) sera formée. Par convention, le cadre de lecture adéquat correspondant à la protéine normale codée par le gène est nommé cadre 0. Les deux autres cadres de lecture possibles, –1 et +1, ne donnent pas les mêmes acides aminés (voir figure 7.35). Par conséquent, il est essentiel que les ribosomes trouvent le codon d’initiation adéquat pour
commencer la traduction, puis qu’il se déplace précisément toutes les trois paires de bases sur l’ARNm. Dans la section 7.16, les ribosomes de Bacteria qui reconnaissent spécifiquement le codon d’initiation AUG sur l’ARNm avec l’aide d’une séquence amont dite de Shine-Dalgarno seront abordés. Chez les Bacteria, cette nécessité d’une
ARNm
(a) 3′
5′′
Correct 0
A A C A U A C C G A U C A C
A A C A U A C C G A U C A C Thr
5′ (b)
ARNt Alanine
Incorrect –1
Bases clés du codon : appariement d’anticodons 5′
Anticodon Position du flottement ; appariement de bases plus flexible à cet endroit 3′
GCU
ARNm Codon FIGURE 7.34 Le concept du flottement. L’appariement de bases est plus flexible pour la troisième base du codon que pour les deux autres. Seule une partie de l’ARNt est montrée (voir figure 7.36).
(c)
Incorrect +1
Tyr
Arg
Ser
A A C A U A C C G A U C A C Asn
CGG
3′
Ile
Pro
Ile
Thr
A A C A U A C C G A U C A C His
Thr
Asp
His
FIGURE 7.35 Cadres de lecture possibles dans un ARNm. Séquence interne partielle d’un ARNm. (a) Acides aminés codés lorsque le ribosome est dans le cadre correct de lecture (appelé le cadre « 0 »). (b) Acides aminés codés par cette région de l’ARNm lorsque le ribosome est dans le cadre −1 de lecture. (c) Acides aminés codés lorsque le ribosome est dans le cadre +1 de lecture.
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7.15 Les ARN de transfert 195
séquence additionnelle lors de l’initiation de traduction lui permet d’utiliser d’autres codons, comme GUG. Cependant, même dans ces cas, le premier acide aminé formé est la N-formylméthionine.
Les cadres de lecture ouverts Actuellement le génome de beaucoup d’organismes a été séquencé (chapitre 15). Cette accumulation de résultats serait sans valeur si les scientifiques ne pouvaient déterminer les gènes codant les protéines. Une méthode courante d’identification de ces gènes consiste à rechercher les cadres ouverts de lecture (Open reading frames, ORF) sur chaque brin d’ADN et d’en déduire celle de l’ARN. Sur le même ARNm il doit donc y avoir une succession de codons ; celui d’initiation (principalement AUG), ceux codant les acides aminés et celui stop. Un ordinateur peut être programmé pour rechercher les cadres ouverts de lecture dans les séquences nucléotidiques à partir d’une banque d’ADN. La recherche peut aussi inclure les différents codons, les promoteurs et les séquences ShineDalgarno des ribosomes. La présence des ORF est très importante en génomique (chapitre 15) et génie génétique (chapitre 31). Par exemple, chez un ADN séquencé mais de nature inconnue, la détection de cadres de lecture ouverts indique qu’ils codent des protéines.
Les autres codes génétiques En l’état actuel des connaissances, le terme code universel est employé car quasiment toutes les cellules le possèdent. Cette assertion doit cependant être tempérée par le fait que quelques organelles et cellules utilisent un code génétique légèrement différent (voir Focus, Acides aminés non conventionnels). Les premières découvertes de ces codes génétiques alternatifs ont été faites chez le génome mitochondrial d’animaux. Dans ces cas, certains codons « non-sens » sont devenus « sens ». Chez les mitochondries d’animaux (mais pas de plantes), le codon UGA donne le tryptophane à la place de l’information « stop » (voir tableau 7.5). D’autres cellules des genres Mycoplasma (Bacteria) et Paramecium (Eukarya) ont aussi certains codons « non-sens » codant des acides aminés. Dans quelques cas, les codons non-sens peuvent coder des acides aminés inhabituels à la place des vingt les plus communs (voir Focus).
Les biais chez les codons À l’origine, les chercheurs pensaient que l’utilisation des codons était un processus aléatoire dans une cellule. Après l’établissement du code génétique et avant le séquençage de quelques gènes, il était estimé que les codons dégénérés étaient utilisés avec des fréquences égales. Cette assertion était fausse. La génomique a en effet montré que leur utilisation était hautement biaisée et qu’elle variait selon les organismes. Par exemple, chez les protéines d’Escherichia coli, seule 1 isoleucine sur 20 est codée par le codon AUA, les 19 autres le sont par AUU et AUC. L’origine de ces biais chez les codons est mal connue mais ces particularités génomiques sont maintenant prises en compte lors d’analyses des séquences de gènes. Par exemple en biotechnologie, pour un même gène, l’utilisation des codons diffère grandement d’un organisme à un autre ; il sera
donc plus ou moins bien traduit selon la cellule dans laquelle il est cloné. Les outils du génie génétique permettent de corriger ou d’atténuer ce problème pour que la traduction d’ARNm se fasse efficacement dans un organisme donné. Le sujet sur les biais des codons sera à nouveau évoqué au chapitre 31 dédié aux biotechnologies.
Contrôlez vos acquis Le code génétique est exprimé en ARN et un simple acide aminé peut être codé par plusieurs codons tout à la fois apparentés et différents. En plus des codons non-sens, il y a aussi des codons spécifiques d’initiation qui indiquent que le processus de traduction peut commencer. •
Pourquoi est-il important pour un ribosome de lire « un cadre » ?
•
Décrivez un cadre ouvert de lecture. Si une séquence nucléotidique vous est donnée, comment identifier le cadre ouvert de lecture ?
7.15 Les ARN de transfert m n Dans le chapitre précédent, il a été montré que l’anticodon de l’ARNt s’apparie avec les bases du codon. Cependant, l’ARNt est bien plus que cela (voir figure 7.36), il a une spécificité au niveau de l’anticodon mais aussi d’un acide aminé. Des enzymes spécifiques, les aminoacyl-ARNt synthétases, ont l’importante fonction de reconnaître l’acide aminé approprié et l’ARNt spécifique à cette molécule.
La structure des ARNt Il y a environ 60 ARNt différents dans les cellules bactériennes et 100 à 110 dans celles des mammifères. Les molécules d’ARN de transfert sont formées de 73 à 93 nucléotides, elles sont courtes, simples brins avec d’importantes structures secondaires ; certaines bases et structures secondaires sont constantes alors que d’autres parties sont variables. Les ARN de transfert contiennent des purines et pyrimidines modifiées chimiquement, ce qui les différencie légèrement des bases constituant normalement les ARN. Ces modifications se font après la transcription, les plus inhabituelles de ces bases sont la pseudouridine, l’inosine, la dihydrouridine, la ribothymidine, le méthyle guanosine, la diméthyle guanosine, et le méthyle inosine. L’ARNt final et mature contient aussi d’importantes régions doubles brins résultant de l’appariement de bases lors du repliement de celui-ci. Sur la figure 7.36a, la structure de l’ARNt ressemble à une « feuille de trèfle ». Plusieurs régions secondaires ont reçu des noms correspondant soit aux bases les plus fréquentes à cet endroit (boucles TψC et boucles D par exemple) soit à des fonctions spécifiques (boucle de l’anticodon et extrémité acceptrice). La structure tridimensionnelle de l’ARNt est montrée sur la figure 7.36b. Il faut noter que les bases qui apparaissent éloignées dans le modèle « feuille de trèfle » sont proches dans la vue à trois dimensions. Il est ainsi montré que les bases de plusieurs boucles ont la possibilité de s’apparier.
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196 Chapitre 7
FOCUS
Bases de biologie moléculaire
Acides aminés non conventionnels
Le code génétique possède des codons correspondant à vingt acides aminés (voir le tableau 7.5). Cependant, au moins cent « autres » acides aminés non conventionnels ont été retrouvés dans de nombreuses protéines. À l’origine, il était admis que ces molécules résultaient de la modification d’un acide aminé standard et étaient incorporées dans la protéine par modification post-traductionnelle. Ce phénomène existe, mais au moins deux « autres » acides aminés, la séléno-cystéine et la pyrrolysine, sont insérés par la machinerie traductionnelle dans une protéine. La sélénocystéine a la même structure que la cystéine à l’exception d’un atome de sélénium remplaçant un soufre (voir figure 1). Il est connu que diverses protéines (dont certaines de l’Homme) possèdent cet acide aminé inhabituel. Par exemple, Escherichia coli a deux formate déshydrogénases différentes contenant cette molécule. Le séquençage d’une de ces enzymes a montré que le codon correspondant à la sélénocystéine était UGA. Normalement, c’est un codon non-sens chez E. coli (voir tableau 7.5) mais certains ARNm de cette bactérie, mais aussi d’autres procaryotes, eucaryotes dont l’Homme, le traduisent en sélénocystéine. Cette molécule est donc le 21e acide aminé dont on a découvert le code. La pyrrolysine est une lysine qui a en plus un noyau aromatique (voir figure 1). Cet acide aminé a d’abord été découvert chez des espèces d’Archaea dites méthanogènes car leur métabolisme génère un gaz naturel, le méthane (voir section 3.14). Il a par la suite était retrouvé chez d’autres
Archaea et chez des Bacteria. L’enzyme méthylamine méthyltransférase de plusieurs méthanogènes contient une pyrrolysine. L’analyse du gène de cette enzyme a montré qu’un processus semblable à celui décrit pour la sélénocystéine existait dans le cas présent. Un codon non-sens, ici UAG, codait la pyrrolysine. Comment un codon peut-il parfois être non-sens et d’autres fois sens ? Ce phénomène est bien connu chez la pyrrolysine et est à relier au contexte, c’est-à-dire aux séquences de bases, entourant UGA. Ceci diffère du « code alternatif » des mitochondries où UGA code le tryptophane indépendamment des séquences l’environnant. Dans certains contextes, la machinerie traductionnelle décode UGA en sélénocystéine alors que dans d’autres cas, ce codon arrête la traduction. La sélénocystéine a son propre ARNt (comme les acides aminés standard) avec l’anticodon UCA et un facteur protéique spécifique qui conduit cet ARNt au ribosome lors de la traduction. La pyrrolysine a aussi un ARNt qui lui est dédié, mais elle diffère de NH3+ –
OOC
C
NH3+
CH2
SH
–
OOC
H
CH2
(CH2)2 CH2
NH3+
(CH2)2 CH2
N
Lysine
NH3+ C
C H
Cystéine
–OOC
la sélénocystéine par un point important : cette dernière est formée lorsque la sérine aminoacyl-ARNt synthétase modifie la sérine attachée à l’ARNt-sélénocystéine. Dans le cas de la pyrrolysine, une aminoacyl-ARNt synthétase charge directement l’ARNt-pyrrolysine avec l’acide aminé. L’évolution a vraisemblablement permis certaines « libertés » avec le code génétique. L’incorporation de la pyrrolysine et de la sélénocystéine en sont d’excellents exemples ; on peut donc s’interroger sur l’existence d’autres acides aminés inhabituels codés par des codons sens ou nonsens « réaffectés » à cette tâche. L’ère de la génomique a simplifié leur recherche ; en effet, l’analyse des séquences d’acides nucléiques par ordinateur identifie rapidement les codons non-sens qui ne sont pas à leur place dans un cadre ouvert de lecture. La détection des codons-sens « réaffectés » est plus complexe, mais la recherche par ordinateur d’une corrélation entre acides aminés inhabituels, leurs codons et le contexte de la séquence pourra générer d’intéressantes surprises.
NH3+
CH2
SeH
–OOC
C
CH2
H
H
Sélénocystéine
Pyrrolysine
O
H
C
C N
C
CH3
CH2 CH
Figure 1 Comparaison des structures cystéine / sélénocystéine et lysine / pyrrolysine.
Une région variable capitale de l’ARNt est l’anticodon, site qui reconnaît le codon sur l’ARNm. L’anticodon est situé dans la boucle du même nom (voir figure 7.36), il est constitué de trois nucléotides qui sont spécifiquement impliqués dans le processus de reconnaissance et d’appariement avec les bases du codon (voir section 7.14 et figure 7.34). D’autres régions de l’ARNt interagissent avec le ribosome (ARNr et protéines), les protéines de traduction non ribosomiques et l’ARNt-aminoacyl synthétase. À l’extrémité 3’ ou acceptrice terminale de tous les ARNt, il y a toujours trois nucléotides non appariés qui sont : cytosine-cytosine-adénine (CCA). C’est au ribose de l’adénine terminale que l’acide aminé est lié de façon covalente par un lien ester. À partir de cette position sur l’ARNt, l’acide aminé sera incorporé dans la chaîne peptidique en formation au niveau du ribosome. Ce mécanisme est décrit dans la section suivante.
La reconnaissance, l’activation et le chargement des ARNt La reconnaissance de l’ARNt adéquat par l’ARNt-aminoacyl synthétase requiert des contacts spécifiques entre les régions d’acides nucléiques et les acides aminés des deux molécules (voir figure 7.37). L’anticodon du fait de son caractère unique est une région essentielle dans la reconnaissance par l’enzyme ; cependant, d’autres sites ont aussi leur importance. Des études ont montré, à l’aide de mutations sur des bases spécifiques de l’ARNt, qu’un petit nombre de nucléotides localisés à côté de l’anticodon sont aussi impliqués dans cette reconnaissance. Ils font souvent partie de la tige acceptrice ou de la boucle D (voir figure 7.36). Il faut souligner que la fidélité dans le processus de reconnaissance est primordiale, car si
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7.16 Processus de synthèse des protéines : la traduction 197 Tige acceptrice
5′
3′
phe 3′ A C Boucle TψC C Extrémité A G 5′ C acceptrice Tige C G acceptrice G C U G U A Boucle D U A U U A Boucle D CC G ACAG mA U A mG C U C A D G D G U G U mC C G C G A G T C Ψ A G U GA mG G mG Boucle TψC G C G C Tige de l’anticodon U A mC G A Y A mC Y U A A mG Anticodon 3′ 5′ Boucle de l’anticodon ARNm U U C
Codon
(a)
Extrémité acceptrice
Tige de l’anticodon
A A mG
Anticodon
(b)
FIGURE 7.36 Structure d’un ARN de transfert. (a) Structure dite en feuille de trèfle de l’ARNt de la phénylalanine chez les levures. L’acide aminé est fixé au ribose du A terminal de l’extrémité acceptrice. A, adénine ; C, cytosine ; U, uracile ; G, guanine ; ψ, pseudouracile ; D, dihydrouracile ; m, groupement méthyle ; Y, purine modifiée. (b) Dans la réalité, la molécule d’ARNt est repliée de telle manière que les boucles D et TψC sont proches l’une de l’autre et associées par des interactions hydrophobes. Certaines bases non courantes sont présentes dans l’ARNt ainsi que la thymine, absente dans les ARNm.
un acide aminé non approprié s’attache à l’ARNt, il sera inséré au polypeptide donnant vraisemblablement une protéine inadéquate. La réaction spécifique entre l’acide aminé et l’ARNt est catalysée par l’aminoacyl-ARNt synthétase, il y a premièrement activation de l’acide aminé par l’ATP : acide aminé + ATP ↔ aminoacyl-AMP + P-P L’aminoacyl-AMP intermédiaire formé reste normalement lié à l’enzyme jusqu’à ce qu’il y ait une rencontre avec la molécule d’ARNt appropriée. L’acide aminé est alors activé (voir figure 7.37a), transféré à l’ARNt et forme un ARNt chargé : aminoacyl-AMP + ARNt ↔ aminoacyl-ARNt + AMP Le pyrophosphate (PPi) formé dans la première réaction est coupé par une pyrophosphatase, formant deux molécules de phosphate inorganique. Ainsi, puisqu’un ATP est utilisé et un AMP est formé, l’activation d’un acide aminé et de l’ARNt correspondant nécessite l’énergie de deux liaisons riches en phosphate. Dès que l’activation et le chargement sont effectués, l’aminoacyl-ARNt quitte la synthétase et se dirige vers le ribosome où la synthèse polypeptidique va se faire. Ce mécanisme sera décrit dans la section suivante.
Contrôlez vos acquis Un ou plusieurs ARN de transfert existent pour chaque acide aminé des protéines. Les enzymes, ARNt-aminoacyl synthétases, attachent un acide aminé à un ARNt.
Un acide aminé adéquat doit être attaché à son ARNt, mais la spécificité réside d’abord dans l’interaction codon-anticodon. •
Quelle est la fonction de l’anticodon de l’ARNt ?
•
Quelle est la fonction de l’extrémité acceptrice de l’ARNt ?
7.16 Processus de synthèse m n des protéines : la traduction Nous avons appris au chapitre 3 que c’est la séquence en acides aminés qui détermine la structure, et au final, la fonction de la protéine. Ainsi, il est crucial que la traduction soit fidèle pour que l’acide aminé approprié soit inséré à la place adéquate dans la chaîne polypeptidique. C’est le rôle de la machinerie de synthèse protéique cellulaire qui inclut, en particulier, le ribosome.
Les ribosomes Les ribosomes sont les sites de synthèse des protéines. Une cellule peut avoir plusieurs milliers de ribosomes, ce nombre est corrélé positivement avec le taux de croissance. Chaque ribosome est formé de deux sous-unités nommées 30S et 50S chez les procaryotes, l’ensemble donnant des ribosomes 70S. Les nombres 30S, 50S et 70S font référence à l’unité Svedberg, qui est l’unité du coefficient de sédimentation quand les sous-unités ou l’ensemble du ribosome sont soumis à une force centrifuge.
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198 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
H OH
O
P
ARNt spécifique de la valine non lié (ARNtVal)
C
C
CH
O
Acide aminé (valine)
NH 2
CH 3
CH 3
Tige acceptrice
Région de l’anticodon
AMP + PPi
C A C
Aminoacyl-ARNt synthétase pour la valine
Liaison de la valine à l’ARNtVal
AMP Valine H O
C O
ARNt lié à une valine prêt pour la synthèse protéique
C
NH 2 CH CH 3
CH 3
Dino Moras
Boucle de l’anticodon C A C
(b)
(a)
FIGURE 7.37 Aminoacyl-ARNt synthétases. (a) Mode d’action d’une aminoacyl-ARNt synthétase. La reconnaissance spécifique entre un ARNt et une synthétase implique des interactions entre les acides nucléiques spécifiques de la boucle D et de l’extrémité acceptrice de l’ARNt et les acides aminés spécifiques de la synthétase. Sur cette figure, la valyl-ARNt synthétase catalyse l’étape finale de la réaction, où la valine sous forme valyl-AMP est transférée à l’ARNt. (b) Modélisation par ordinateur montrant l’interaction de la glutaminyl-ARNt synthétase (en bleu) avec son ARNt (en rouge). Imprimé avec la permission de M. Ruff et al., Science 252 : 1682-1689, 1991. © 1991, AAAS.
Chaque sous-unité ribosomique est un complexe ribonucléoprotéique constitué d’ARN et de protéines ribosomiques. La sous-unité 30S est formée d’ARN16S et d’environ 21 protéines, tandis que la 50S contient les ARNr 5S et 23S et environ 34 protéines (voir tableau 7.6 et figure 7.38a). Chez Escherichia coli, il y a au moins 53 protéines ribosomiques distinctes, la plupart présentes à raison d’une copie par ribosome. Le génome d’E. coli ayant été complètement séquencé et les ribosomes très étudiés, le nombre total de protéines ribosomiques devrait être connu. La tâche est cependant ardue car plusieurs protéines sont fortement attachées au ribosome alors que d’autres le sont beaucoup moins, certaines sont associées avec une sous-unité alors que d’autres le sont avec les 2. Il existe aussi des protéines essentielles pour le fonctionnement du ribosome, qui interagissent avec celui-ci à des stades spécifiques de la traduction, mais qui ne sont pas des « protéines ribosomiques » sensu stricto. Il faut aussi prendre en compte que le ribosome est une structure très dynamique où les parties s’associent et se dissocient alternativement et qui interagit avec plusieurs autres protéines cellulaires. Déterminer le nombre de « protéines ribosomiques » n’est donc pas une tâche aisée.
TABLEAU 7.6
COMPARAISON DES RIBOSOMES a PROCARYOTES ET EUCARYOTES
Propriété
Procaryote
Eucaryote
Taille globale
70S
80S
Petite sous-unité
30S
40S
Nombre de protéines
~21
~30
Taille de l’ARN (nombre de bases)
16S (1 500)
18S (2 300)
50S
60S
Nombre de protéines
~34
~50
Taille de l’ARN (nombre de bases)
23S (2 900)
28S (4 200)
5S (120)
5,8S (160)
Grande sous-unité
5S (120) a
Les ribosomes des mitochondries et des chloroplastes eucaryotes sont semblables aux ribosomes procaryotes (voir section 14.4).
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7.16 Processus de synthèse des protéines : la traduction 199
Les étapes de la synthèse des protéines La synthèse d’une protéine est un processus complexe dans lequel différentes composantes du ribosome ont un rôle spécifique. C’est aussi un processus continu mais il est possible d’y distinguer plusieurs étapes : l’initiation, l’élongation et la terminaison. Au-delà de l’ARNm, de l’ARNt et des ribosomes, cette synthèse nécessite plusieurs protéines appelées facteurs d’initiation, d’élongation et de terminaison, tandis que l’énergie est fournie par la guanosine triphosphate. Les étapes clés de la synthèse d’une protéine sont décrites sur la figure 7.38.
Site E Site P Site A Sous-unité 50S Sous-unité 30S
As p
Site E Site P Site A f-Met C U A
(a)
ARNt
L’initiation
Initiation (requiert plusieurs protéines d’initiation, IF-1, 2 et 3)
U A C 5′
ARNm 3′
G A U A G G G C G
(i)
Site E vide
f-Met
Asp
Fixation au site A de l’ARNt chargé Élongation (requiert les protéines EF-Tu et EF-Ts)
U A C C U A A U G A G G G C G
(ii)
g
Ar
Formation d’une liaison peptide f-Met
Prochain ARNt chargé
Asp U C
Site E vide
C
U A C C U A A U G
A G G G C G
(iii)
Ar
f-Met
g
Asp
C
Translocation
C
ARNt fMet non chargé
Site A vide
U
Site E occupé
TRANSLOCATION (requiert
(requires proteinEF-G) EF-G) la protéine
U A C C U A A U G G A U
G C G
(iv)
Ala
C
f-Met Asp U
A
C
Libération de l’ARNt fMet non chargé 5′
(v)
(b)
Arg
G
Prochain ARNt chargé C
Continuation du processus jusqu’à un codon stop (les protéines RF participent à la terminaison)
C U A U C C A U G G A U A G G G C G
3′
Chez les procaryotes, l’initiation de la synthèse protéique commence toujours avec une sous-unité libre 30S. Puis un complexe d’initiation constitué de la sous-unité 30S, d’ARNt formylméthionine, et de plusieurs protéines d’initiation, IF1, IF2 et IF3 se forme. La guanosine triphosphate est aussi requise pour cette étape. À ce complexe, s’ajoute la sous-unité 50S, pour donner au final un ribosome 70S actif. À la fin de la traduction, le ribosome se sépare de nouveau en sous-unités 30S et 50S. Sur l’ARNm, le codon d’initiation est précédé par une séquence de 3 à 9 nucléotides, dite de Shine-Dalgarno, impliquée dans la liaison au ribosome. Ce site de liaison au ribosome situé à l’extrémité 5’ de l’ARNm est complémentaire de la partie 3’ terminale de l’ARN 16S. L’appariement des bases entre ces deux molécules permet la formation du complexe ARNm / ribosome à l’endroit approprié au niveau du cadre ouvert de lecture. Les ribosomes des procaryotes traduisent alors les ARNm polycistroniques, et reconnaissent chaque site d’initiation après leur liaison avec la région de Shine-Dalgarno (voir section 7.13). La traduction commence toujours avec un ARNt-aminoacyl spécial se liant au codon d’initiation, AUG. Chez les Bacteria, c’est l’ARNt formylméthionine. Par la suite, le groupe formyl à l’extrémité N-terminale du polypeptide est ôté ; l’acide aminé terminal de la protéine complète est alors la méthionine. Les sites Shine-Dalgarno (ainsi que d’autres interactions possibles entre ARNr et ARNm) dirigeant le ribosome vers le site d’initiation approprié, les messagers procaryotiques peuvent utiliser un autre codon que AUG ; l’alternative la plus courante est GUG. Quand il est utilisé dans ce contexte, GUG donnera une formylméthionine liée à l’ARNt-initiateur (et non pas une valine, tableau 7.5). Chez les Eukarya et Archaea, l’initiation commence avec la méthionine à la place de la formylméthionine. Même si toutes les protéines des cellules sont initiées par l’une de ces deux molécules, cet acide aminé n’est pas toujours
FIGURE 7.38 Ribosome et synthèse protéique. (a) Structure du ribosome indiquant la position des sites : accepteur (A), peptide (P) et sortie (E). (b) Traduction. Initiation et élongation. (i, ii) L’interaction entre le codon et l’anti-codon permet de mettre en position l’ARNt chargé adéquat (dans le cas présent, l’ARNt initial et le second ARNt chargé). (iii) Lors de l’élongation, la formation du peptide se fait par liaison des acides aminés à partir d’ARNt adjacents. (iv) La translocation du ribosome d’un codon à un autre conduit à la libération de l’ARNt au site E. (v) L’ARNt chargé suivant se lie au site A.
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200 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
le premier retrouvé dans les protéines cellulaires. La méthionine (ou formylméthionine chez les Bacteria) est éliminée des protéines matures par une protéase spécifique.
L’élongation, la translocation et la terminaison L’ARNm se fixe premièrement à la sous-unité 30S. Les site-A et site-P sont localisés au niveau de la sous-unité 50S (voir figure 7.38b) et l’ARNt nouvellement chargé s’attache premièrement au site accepteur (site-A). Toute une série de facteurs protéiques (EF), appelés EF-Ta, facilitent le déplacement et l’attachement d’un ARNt à ce site. Sur le site peptide (site-P), l’ARNt est lié au peptide en formation mais il se déplacera vers l’ARNt du site-A durant la formation d’un nouveau lien peptidique. Plusieurs protéines non ribosomiques, en particulier EF-Tu et EF-Ts (famille EF), sont nécessaires pour l’élongation, ainsi que des molécules additionnelles de GTP (la figure 7.38b a été simplifiée en omettant les facteurs d’élongation et en ne montrant qu’une partie du ribosome). Dans la suite de l’élongation, l’ARNt lié au peptide est transloqué des sites A vers P, permettant ainsi la réception d’un nouvel ARNt chargé sur le site accepteur (voir figure 7.38b). Lors de chaque événement de translocation, une protéine EF spécifique (EF-G) et une molécule de GTP sont nécessaires. Le ribosome avance de trois nucléotides, exposant un nouveau codon au niveau du site-A du ribosome et poussant l’ARNt maintenant vide vers un troisième site dit de sortie (site-E) où l’ARNt est libéré du ribosome (voir figure 7.38b). La précision de la translocation est cruciale pour l’exactitude de la synthèse protéique car lors de chaque étape, le ribosome doit se déplacer d’exactement un codon. Durant ce processus, l’ARNm semble se déplacer dans le complexe ribosomique, mais en réalité, c’est le ribosome qui migre le long de l’ARNm. Ainsi les trois sites du ribosome identifiés sur la figure 7.38 ne sont pas dans des positions statiques mais sont au contraire dans les parties mobiles d’une machinerie biomoléculaire complexe. Plusieurs ribosomes peuvent simultanément traduire une seule molécule d’ARNm formant un complexe nommé polysome (voir figure 7.39). L’activité des ribosomes étant indépendante de celle de son voisin, dans un polysome chacun d’entre eux synthétise un polypeptide complet, ce qui augmente la vitesse et l’efficacité de la traduction. Notez sur la
Polypeptide en croissance
figure 7.39 que les ribosomes proches de l’extrémité 5’ (le début) de l’ARNm ont de courts polypeptides qui leur sont attachés car ils n’ont lu que quelques codons tandis que ceux proches de la partie 3’ du messager ont des polypeptides presque terminés. La terminaison de la synthèse de protéine se fait quand un codon non-sens est atteint, les ARNt ne pouvant plus s’y fixer. À la place, des protéines spécifiques, les facteurs RF de libération, reconnaissent ce signal et coupent le polypeptide attaché à l’ARNt terminal, libérant le produit fini. Par la suite, les sous-unités 30S et 50S se dissocient, elles peuvent alors former de nouveaux complexes d’initiation et recommencer le processus.
Le rôle des ARN ribosomiques dans la synthèse protéique De l’initiation à la terminaison, le rôle de l’ARN ribosomique est crucial dans toutes les étapes de la synthèse protéique. Par contre, pour plusieurs protéines du ribosome ce rôle est moins connu, elles agiraient en stabilisant ou positionnant les séquences clés des différents ARN ribosomiques. Comme évoqué précédemment, chez les procaryotes, lors de l’initiation, l’ARNr 16S s’apparie avec l’ARNm au niveau de la séquence de liaison au ribosome (dite de Shine-Dalgarno). L’ARN ribosomique a aussi un rôle dans l’association des sousunités ainsi que dans le positionnement de l’ARNt sur les sites A et P du ribosome (voir figure 7.38b). Les ARNt chargés s’apparient au niveau des bases codon : anticodon mais ils sont aussi physiquement attachés au ribosome lors de l’interaction tige-boucle de l’anticodon avec les séquences spécifiques de l’ARNr 16S. L’extrémité acceptrice des ARNt (voir figure 7.36) s’apparie aussi avec des séquences de l’ARNr 23S. La formation des liens peptidiques est aussi catalysée par l’ARNr. Ce processus, nommé la réaction de peptidyl transférase, se fait sur la sous-unité 50S, il n’est pas catalysé par les nombreuses protéines du ribosome ou celles qui lui sont associées mais par l’ARNr 23S lui-même. Lors du processus de traduction impliquant l’ARNr 23S, les protéines EF interagissent spécifiquement avec cet ARNr. Enfin, l’ARNr 16S catalyse les réactions de terminaison, certainement lors d’interactions avec l’ARNm ou les protéines dites de libération. Ainsi, l’ARN ribosomique a un double rôle dans le ribosome : structural mais aussi catalytique lors de la traduction.
Polypeptide presque achevé
ARNm 5′
3′
FIGURE 7.39 Polysomes. Le polysome est formé lors de la traduction d’un ARN messager par plusieurs ribosomes. Les ribosomes proches de l’extrémité 5’ sont au stade initial de la traduction ; seule une partie du peptide final a donc été formée.
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7.17 Sécrétion et repliement des protéines 201
L’effet des antibiotiques sur la synthèse des protéines Plusieurs antibiotiques sont utilisés en clinique ou en recherche car ils inhibent la synthèse des protéines en interagissant avec le ribosome. Les interactions sont spécifiques et impliquent souvent les ARNr. Ces antibiotiques agissent lors d’étapes particulières de la synthèse des protéines ; par exemple, la streptomycine inhibe l’initiation alors que la puromycine, le chloramphénicol, le cycloheximide et la tétracycline ont un effet sur l’élongation. En plus de leur utilité clinique, plusieurs antibiotiques inhibent spécifiquement les ribosomes d’organismes phylogénétiquement différents. Dans la liste ci-dessus, le chloramphénicol et la streptomycine sont spécifiques des ribosomes de Bacteria et le cycloheximide de ceux d’Eukarya. Leur mode d’action ainsi que ceux d’autres antibiotiques sont décrits au chapitre 20.
Contrôlez vos acquis Dans le processus de traduction, le ribosome a un rôle primordial en mettant en liaison l’ARNm et les ARNt aminoacyls. Il y a trois sites sur le ribosome : l’accepteur où se fixent premièrement les ARNt chargés ; le site peptide où la chaîne polypeptidique en croissance se place et un site de sortie. Lors de l’ajout de chaque acide aminé, le ribosome avance de trois nucléotides (un codon) sur l’ARNm et l’ARNt se déplace du site accepteur au peptide. La terminaison de la synthèse protéique se fait lorsqu’un codon non-sens, ne codant pas un acide aminé, est atteint. •
Quels sont les composants d’un ribosome ?
•
Quels rôles fonctionnels ont les ARNr dans la synthèse protéique ?
7.17 Sécrétion et repliement m n des protéines Il a précédemment été décrit comment l’information génétique contenue dans la séquence des bases de l’ADN est répliquée en une copie identique, transcrite en ARN et traduite en acides aminés pour former une protéine. Cependant pour fonctionner, une protéine doit prendre une conformation spéciale (voir sections 3.6 à 3.8) et se placer à un endroit précis dans la cellule. Ces deux derniers processus sont maintenant abordés.
Il y a plusieurs types de chaperons et quelques-uns sont associés aux ribosomes. Certains sont très abondants dans la cellule, particulièrement lorsque les conditions de croissance induisent un risque dans la stabilité des protéines (par exemple lors de températures élevées). Les chaperons moléculaires semblent extrêmement répandus et ont des séquences hautement conservées. Escherichia coli possède quatre chaperons : DnaK, DnaJ, GroeEL et GroeES. Les deux premiers sont des enzymes-ATP dépendantes qui, en se liant aux peptides nouvellement formés, empêchent leur repliement trop rapide (voir figure 7.40), ce ralentissement favorisant les chances de succès du processus. Le complexe DnaKJ ne participe pas au repliement d’une protéine mais peut transférer une protéine partiellement repliée aux multi sousunités GroEL et GroES. La protéine va alors entrer dans GroEL (une protéine basiforme) et prendre une conformation correcte grâce à l’énergie libérée par l’hydrolyse de l’ATP. GroES aide à la réalisation de ce processus (voir figure 7.40). En plus du repliement des protéines nouvellement synthétisées, les chaperons peuvent reconformer celles qui ont été partiellement dénaturées dans une cellule ; par exemple, suite à une augmentation très importante des températures dans l’environnement. Les chaperons sont donc un type de protéine de choc thermique et leur synthèse est grandement accélérée quand une cellule est stressée par une chaleur excessive (voir section 8.9). La réponse de choc thermique est donc une tentative de la cellule pour reconformer des protéines partiellement dénaturées avant
ATP
Protéine avec une conformation incorrecte
ou
ADP
DnaK DnaJ
Protéine avec une conformation correcte (active)
ATP GroEL ADP
GroES
Le repliement protéique Plusieurs protéines prennent spontanément une conformation active lors de leur synthèse (voir figure 7.39). En revanche, d’autres nécessitent l’assistance de protéines, les chaperons moléculaires, pour acquérir leur conformation ou pour s’assembler en complexes. Les chaperons ne font pas partie des assemblages protéiques mais aident seulement au processus de repliement. Prévenir l’assemblage inadéquat de protéines est une de leur plus importante fonction.
Protéine avec une conformation correcte (active) FIGURE 7.40 Activité des chaperons moléculaires. Une protéine à la conformation incorrecte peut être reconformée par les complexes DnaKJ ou GroEL/ES. Dans les 2 cas, l’énergie nécessaire à ce processus provient de l’ATP.
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202 Chapitre 7
Bases de biologie moléculaire
que les protéases ne les reconnaissent comme étant non conformes et ne les détruisent. La reconformation n’est pas toujours réussie, et les cellules contiennent une variété de protéases qui détruisent spécifiquement les protéines dénaturées et génèrent ainsi des acides aminés utilisables pour la synthèse de nouvelles protéines.
La sécrétion de protéines et les particules de reconnaissance du signal Plusieurs protéines exercent une fonction dans la membrane cytoplasmique, le périplasme des cellules Gram négatif (voir section 4.9) ou même en dehors de la cellule. À partir de leur lieu de synthèse, le ribosome, elles doivent donc circuler jusqu’à la membrane cytoplasmique ou la traverser. Les cellules peuvent transférer sélectivement certaines protéines au travers d’une membrane et laisser les autres dans le cytoplasme. La plupart des protéines qui sont transférées dans ou au travers d’une membrane sont synthétisées avec une séquence peptidique supplémentaire d’environ 15 à 20 acides aminés, la séquence signal, située au début de la molécule. Il en existe plusieurs, elles sont très variables mais ont en commun quelques résidus chargés positivement au début des séquences, une région centrale comptant des résidus hydrophobes et une région plus polaire. Ce type de séquence informe le système sécréteur de la cellule que cette protéine particulière doit être exportée et l’empêche de se replier complètement, un processus susceptible de gêner la sécrétion. La séquence signal étant la partie de la protéine initialement formée, les premières étapes de l’exportation peuvent commencer avant que la protéine ne soit complètement synthétisée (voir figure 7.41). Dans toutes les cellules, les particules de reconnaissance du signal (SRP) ont un rôle crucial dans l’identification des protéines devant être sécrétées (voir figure 7.41). Chez les Bacteria, elles sont constituées d’une protéine et d’un petit ARN nommé ARN 4,5S (voir section 8.14), qui n’est pas un ARNt, un ARNr ou un ARNm. Une SRP reconnaît la séquence signal d’une protéine et la présente à un complexe membranaire protéique spécifique (par exemple le complexe SecYEG, section 4.7) où elle traversera un pore et sera sécrétée dans le périplasme ou l’environnement (voir figure 7.41). Habituellement, durant ce transport, une modification post-traductionnelle se fait par enlèvement de la séquence signal par une protéase. La translocation de protéines au travers d’une membrane est beaucoup moins connue chez les espèces d’Archaea. Les analyses génomiques ont montré qu’elles produisent une SRP et ont en commun plusieurs étapes du processus de translocation rencontré chez les Bacteria mais aussi chez les Eukarya. Dans ce dernier cas, cela confirme leur parenté phylogénétique (voir section 2.3). À noter que le SRP archéen est un ARN 7S de petite taille, identique à celui des cellules eucaryotes.
La sécrétion des protéines repliées : le système TAT Avec le système de transport de protéine Sec, où intervient une particule de reconnaissance du signal, les
Particule de reconnaissance du signal
Membrane Périplasme
Protéine non sécrétée Protéine ne contenant pas la séquence signal Ribosome
Protéine contenant la séquence signal
Protéine
Système de sécrétion membranaire
ARNm
Complexe de traduction FIGURE 7.41 Protéines de sécrétion et la particule de reconnaissance du signal (SRP). La séquence signal est reconnue par le SRP et la protéine transportée jusqu’au système de sécrétion membranaire. Chez les bactéries Gram négatif, la protéine est sécrétée dans le périplasme (voir section 4.9). Les espèces bactériennes ont un SRP de 4.5S tandis qu’il est plus important, environ 7S, chez les Archaea et les Eukarya.
protéines à l’état non replié sont véhiculées au travers de la membrane plasmique et prennent uniquement une conformation normale dans le périplasme (chez les cellules Gram négatif) [voir figure 7.41]. Cependant, de petits cofacteurs peuvent s’insérer dans d’autres protéines nécessitant un transport extracellulaire et leur permettre d’acquérir leur conformation finale. Ce phénomène est localisé dans le cytoplasme et les protéines repliées sont véhiculées par le système d’exportation de protéine Tat qui est distinct du Sec. L’acronyme Tat provient de twin arginine translocase car les protéines transportées ont une courte séquence signal avec une paire d’arginines. Les séquences signaux des protéines repliées sont reconnues par les protéines TatBC qui les présentent au transporteur membranaire protéique TatA. L’énergie nécessaire à ce transport est fournie par la force proton-motrice. Le système Tat transporte des protéines très diverses, il a une certaine spécificité pour les protéines fersoufre et celles de type « redox » intervenant dans le métabolisme énergétique et localisées dans le périplasme. Plusieurs protéines impliquées dans la biosynthèse des membranes externes (voir section 4.9) ainsi que celles ne contenant pas de cofacteurs mais se repliant dans le cytoplasme sont transportées par Tat. Dans ce chapitre, l’essentiel des processus moléculaires clés se déroulant dans une cellule ont été abordés. La grande diversité et les régulations hautement élaborées à l’intérieur d’une cellule ainsi que la régulation de l’expression d’un gène ou d’un ensemble de gènes seront abordées dans le chapitre suivant.
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Questions 203
Contrôlez vos acquis Les protéines doivent prendre une conformation particulière pour fonctionner. Ce repliement peut se faire spontanément mais peut aussi impliquer des protéines dites chaperons moléculaires. Plusieurs protéines doivent être transportées dans ou au travers des membranes cellulaires. Elles sont synthétisées avec une séquence signal qui est reconnue par l’appareil cellulaire
d’exportation mais qui est aussi enlevée durant ou après le transport. •
Qu’est-ce qu’un chaperon moléculaire ?
•
Pourquoi plusieurs protéines ont une séquence signal ?
•
Qu’est-ce qu’une particule de reconnaissance du signal ?
QUESTIONS 1. Décrivez le dogme central de la biologie moléculaire (voir section 7.1). 2. Les gènes ont été découverts avant que leur nature chimique ne soit connue. Définissez un gène sans mentionner sa nature chimique. Quelle est la composition d’un gène (voir section 7.1) ? 3. Les séquences répétées inversées peuvent donner des structures tige-boucle. Donnez un exemple d’une séquence ADN double brin contenant une région répétée inversée et indiquez comment le transcrit peut former une structure tige-boucle (voir section 7.2). 4. La séquence 5’-GCACGGCACG-3’ est-elle répétée inversée ? Argumentez votre réponse (voir section 7.2). 5. Les molécules d’ADN riches en AT se séparent plus facilement à haute température que celles riches en GC. En vous appuyant sur les propriétés d’appariement des bases AT et GC, donnez une explication à cette observation (voir section 7.2). 6. Décrivez comment l’ADN, qui lorsqu’il est linéaire fait plusieurs fois la taille de la cellule, peut être contenu dans celle-ci (voir section 7.3). 7. Donnez la liste des éléments génétiques d’un micro-organisme (voir section 7.4). 8. Durant la réplication, une structure fréquemment observée avec l’ADN circulaire est la structure thêta. Faites un diagramme du processus de réplication et montrez comment une structure thêta peut se former (voir sections 7.5 et 7.6). 9. Pourquoi les erreurs de réplication de l’ADN sont-elles si rares ? Quelle autre activité enzymatique, en plus de la polymérisation, est associée à l’ADN polymérase III et comment fait-elle pour qu’il y ait un minimum d’erreurs (voir section 7.6) ? 10. Que sont les enzymes de restriction ? Dans les cellules, qui les produit, quelle est leur fonction probable ? Pourquoi n’endommagent-elles pas l’ADN dans les cellules (voir section 7.7) ?
11. Comment les didéoxynucléotides interviennent comme terminateurs de chaînes ? Figure 7.26b, pourquoi sur le gel les bandes ont-elles migré à des positions différentes (voir section 7.8) ? 12. Décrivez les principes de base d’amplification d’un gène par la réaction de polymérisation en chaîne (PCR). Comment les procaryotes thermophiles et hyperthermophiles ont-ils facilité l’utilisation de la PCR (voir section 7.9) ? 13. Y a-t-il des promoteurs ou des codons d’initiation chez les gènes codant les ARNt ? Argumentez (voir sections 7.10 et 7.11). 14. Les sites d’initiation et d’arrêt de la synthèse d’ARNm (sur l’ADN) sont différents de ceux de la synthèse des protéines (sur l’ARNm). Argumentez (voir sections 7.10 à 7.13). 15. Qu’est-ce que le « flottement » et pourquoi est-il nécessaire pour la synthèse des protéines (voir section 7.14) ? 16. Que sont les ARNt-aminoacyl synthétases et quel type de réactions catalysent-elles ? Combien cette enzyme a-t-elle de types différents (approximativement) dans une cellule ? Comment une synthétase reconnaît-elle le substrat approprié (voir section 7.15) ? 17. La formation de liens peptidiques sur le ribosome est appelée activité peptidyl transférase. Qu’est-ce qui catalyse cette réaction (voir section 7.16) ? 18. Parfois les protéines ayant une conformation inadéquate peuvent reprendre une forme fonctionnelle ; lorsque ce processus ne se fait pas avec succès, elles sont alors détruites. Quels types de protéines sont impliqués dans la reconformation des protéines mal repliées ? Quels types d’enzymes détruisent ces protéines mal conformées (voir section 7.17) ? 19. Comment une cellule reconnaît les protéines ayant une fonction extracellulaire (voir section 7.17) ?
PROBLÈMES 1. Le génome de la bactérie Neisseria gonorrhoeae est une molécule d’ADN double brin de 2 220 kilos paires de bases. Calculez sa longueur en centimètres. Si 85 % de cet ADN sont formés de cadres de lecture ouverts pour les gènes codant des protéines et sachant qu’en moyenne une protéine a 300 acides aminés, combien Neisseria a-t-elle de gènes de ce type ? Quel type d’information est fourni par les 15 % d’ADN restant ? 2. Comparez et indiquez les différences entre les ADN et ARN polymérases. Quels sont les fonctions et substrats de chacune ?
Laquelle est nécessaire pour la PCR ? Que faut-il d’autre pour la PCR ? 3. Lors de la synthèse des protéines, qu’adviendra-t-il si l’ARN polymérase initie la transcription ou si la traduction commence une base en amont du site d’initiation normal ? Argumentez dans les deux cas. 4. Au chapitre 10, les mutations seront abordées avec des changements dans la séquence des nucléotides du génome se retrouvant dans les différentes générations de cellules. D’après le tableau 7.5, expliquez comment le code génétique minimise l’impact de ces mutations.
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Les cellules régulent l’expression de leurs gènes de sorte que les protéines et les autres molécules soient produites en quantités correctes et au bon moment pour le cycle cellulaire. La régulation de l’expression génétique est fortement influencée par l’environnement de la cellule.
I
Vue d’ensemble de la régulation
206
8.1
Principaux modes de régulation
206
II
Régulation de l’activité enzymatique 207
8.2 8.3
Inhibition non covalente d’enzyme Modification covalente des enzymes
III
Protéines se liant à l’ADN et régulation de la transcription par contrôle négatif et positif 210
8.4 8.5 8.6
Protéines se liant de l’ADN Contrôle négatif de la transcription : répression et induction Contrôle positif de la transcription
212 214
IV
Mécanismes de régulation globale
216
8.7 8.8 8.9 8.10
Contrôle global et opéron lac Réponse stringente Autres réseaux de contrôle global Détection de quorum (quorum sensing)
216 218 219 221
V
Autres mécanismes de régulation
222
8.11 8.12
Atténuation 222 Transduction du signal et systèmes de régulation à deux composants 224 Régulation du chimiotactisme 226 ARN de régulation et riboswitchs 227
8.13 8.14
CHAPITRE HUIT
Régulation du métabolisme
207 208
210
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206 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
GLOSSAIRE Atténuation (attenuation) Mécanisme de contrôle de l’expression génétique qui entraîne une terminaison prématurée de la transcription. Contrôle négatif (negative control) Mécanisme de régulation de l’expression génétique par lequel une protéine répresseur empêche la transcription d’un ou de plusieurs gènes. Contrôle positif (positive control) Mécanisme de régulation de l’expression génétique par lequel une protéine activatrice accroît la transcription d’un ou de plusieurs gènes. Détection de quorum (quorum sensing) Système de régulation dont l’existence chez un organisme requiert la présence d’une certaine densité de cellules de la même espèce. Enzyme allostérique (allosteric enzyme) Enzyme qui compte deux sites de fixation, le site actif (auquel se lie le substrat) et le site allostérique (où une molécule effectrice se lie). Expression génétique (gene expression) Transcription et/ou traduction de gènes. Induction (induction) Production d’une enzyme seulement lorsque son substrat est présent. Kinase (kinase) Enzyme qui ajoute un groupement phosphate à une molécule organique. Opéron (operon) Un ou plusieurs gènes transcrits en un seul ARN sous le contrôle d’un seul site de régulation. Protéine activatrice (activator protein) Protéine régulatrice qui se lie à des sites spécifiques de l’ADN et stimule la transcription, impliquée dans le contrôle positif. Protéines de choc thermique (heat shock proteins) Ensemble de protéines induites par une augmentation soudaine de température ou
D
ans le chapitre précédent, nous avons vu comment l’information génétique, un gène constitué d’une séquence de nucléotides, peut être transcrite en ARN. Cette information est ensuite traduite pour produire un polypeptide spécifique. L’ensemble de ces processus constitue l’expression génétique. La plupart des protéines sont des enzymes (voir section 5.5), qui réalisent les centaines de réactions enzymatiques nécessaires à la croissance cellulaire. Les micro-organismes doivent répondre rapidement aux modifications de leur environnement. Pour utiliser au mieux les ressources disponibles, les cellules doivent réguler les types et les quantités de macromolécules qu’elles synthétisent. Ce chapitre traite de cette régulation du métabolisme.
I
VUE D’ENSEMBLE DE LA RÉGULATION
Certaines enzymes cellulaires dites constitutives sont nécessaires en quantités égales quelles que soient les conditions de croissance. Plus fréquemment, les besoins dépendent des conditions. Par exemple, les enzymes nécessaires au catabolisme du lactose sont requises si du lactose est présent dans l’environnement. Les génomes microbiens codent des protéines beaucoup plus nombreuses que celles présentes à un instant donné. La régulation est donc un processus majeur pour toutes les cellules, économiseur d’énergie et de ressources.
par d’autres facteurs de stress dont la fonction est de reconformer les protéines partiellement dénaturées Protéine kinase de détection (sensor kinase protein) Membre d’un système à deux composants. Protéine membranaire qui s’auto-phosphoryle en réponse à un signal externe et qui transfère ensuite le groupement phosphate à une protéine régulatrice de réponse (voir protéine régulatrice de réponse). Protéine régulatrice de réponse (response regulator protein) Membre d’un système à deux composants. Protéine régulatrice phosphorylée par une protéine récepteur kinase (voir protéine kinase de détection). Protéine répresseur (repressor protein) Protéine régulatrice qui se lie à des sites spécifiques de l’ADN et bloque la transcription, impliquée dans le contrôle négatif. Réponse stringente (stringent response) Contrôle de régulation global activé par un manque d’acide aminé. Répression (repression) Activité de synthèse d’une enzyme empêchée lorsque le produit de la réaction est présent en excès. Rétro-inhibition (feedback inhibition) Réduction d’activité de la première enzyme d’une voie biochimique provoquée par le produit de cette voie. Riboswitch (riboswitch) ARN messager qui fixe une petite molécule spécifique près de son extrémité 5’, ce qui modifie sa structure secondaire et empêche la traduction. Système de régulation à deux composants (two-component regulatory system) Système de régulation comptant deux protéines : une kinase de détection et un régulateur de réponse (voir protéine kinase de détection et protéine régulatrice de réponse).
m n8.1 Principaux modes de régulation Il y a deux modes majeurs de régulation dans la cellule. L’un contrôle l’activité des enzymes présentes et l’autre la production d’enzymes (voir figure 8.1). La régulation de l’activité d’une enzyme est post-traductionnelle. La régulation de la quantité d’enzymes synthétisées peut se situer au niveau de la transcription (contrôle de la quantité d’ARNm produite) ou de la traduction (traduction ou non de l’ARNm). Chez les procaryotes, la régulation de l’activité enzymatique est très rapide (au plus quelques secondes) alors que la régulation de la synthèse d’enzymes est longue (quelques minutes). Malgré des temps de réponse différents, le contrôle d’activité et le contrôle de synthèse assurent une régulation efficace du métabolisme cellulaire.
Contrôlez vos acquis La plupart des gènes codent des protéines et la plupart des protéines sont des enzymes. L’expression d’un gène peut être régulée en contrôlant l’activité de l’enzyme ou en contrôlant la quantité d’enzymes produites. •
Quelles étapes de la synthèse des protéines peuvent faire l’objet de régulation ?
•
Quelle régulation est la plus rapide, celle de l’activité ou celle de la synthèse ? Pourquoi ?
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8.2 Inhibition non covalente d’enzyme 207 Absence de contrôle
Substrat
Produit
Enzyme A
Contrôle Contrôle de l’activité enzymatique – absence de produit
Enzyme B
Contrôle traductionnel – pas de synthèse de l’enzyme Contrôle transcriptionnel – pas de synthèse d’ARNm
Traduction ARNm
Transcription Gène A
Gène B
Gène C
Gène D
FIGURE 8.1 Vue d’ensemble des mécanismes de régulation. Le produit d’un gène A est l’enzyme A dont la synthèse est constitutive. L’enzyme A effectue sa réaction. La synthèse de l’enzyme B est aussi constitutive mais son activité est inhibée. La synthèse du produit du gène C est empêchée par un contrôle au niveau de la traduction. La synthèse du produit du gène D est empêchée par un contrôle au niveau de la transcription.
II
RÉGULATION DE L’ACTIVITÉ ENZYMATIQUE
De nombreuses voies régulent l’activité d’une enzyme synthétisée (régulation post-traductionnelle). Dans les deux sections suivantes, nous présentons des formes de régulation réversibles mais aussi des modifications plus radicales des molécules enzymatiques.
non covalente m n8.2 Inhibition d’enzyme Certaines protéines subissent une réduction d’activité ou même une inhibition complète par des composés cellulaires spécifiques. Ces composés sont habituellement des constituants de la voie métabolique au sein de laquelle l’enzyme est active. L’inhibition peut être le résultat d’une modification covalente ou non covalente de l’enzyme. Commençons par des exemples d’interactions non covalentes.
La rétro-inhibition La rétro-inhibition est un mécanisme majeur du contrôle de l’activité enzymatique. Elle assure essentiellement la régulation de voies de biosynthèse complètes, comme la voie de biosynthèse d’un acide aminé ou d’un nucléotide. De telles voies comptent de nombreuses transformations enzymatiques et le produit final, acide aminé ou nucléotide, résulte du substrat de départ après de nombreuses étapes (voir section 5.16). La régulation par rétro-inhibition a lieu lorsque l’acide aminé ou un autre produit final de la voie de biosynthèse inhibe l’activité de la première enzyme de cette voie. L’inhibition de la première étape bloque la voie entière dans la mesure où aucun produit intermédiaire n’est plus disponible (voir figure 8.2). Par conséquent, lorsque le produit terminal d’une voie métabolique s’accumule dans la cellule, la poursuite de sa synthèse est inhibée. La
rétro-inhibition est réversible : lorsque l’inhibiteur vient à manquer, sa synthèse reprend (voir figure 8.2). Comment le produit final d’une voie peut-il inhiber l’activité d’une enzyme dont le substrat diffère totalement ? C’est possible du fait d’une propriété de l’enzyme connue sous le nom d’allostérie. Une enzyme allostérique a deux sites de liaison, le site actif où le substrat se fixe (voir section 5.5) et le site allostérique où l’inhibiteur (appelé effecteur) se fixe de manière réversible. Quand l’effecteur se fixe – généralement de façon non covalente – sur le site allostérique, la conformation de l’enzyme change de sorte que le substrat ne puisse plus se lier au site actif (voir figure 8.3). Lorsque la concentration de l’effecteur chute dans la cellule, l’équilibre favorise sa dissociation du site allostérique. Le site actif reprend alors sa forme catalytique et l’enzyme redevient active.
Enzyme allostérique
Substance de départ Enzyme A Intermédiaire I Enzyme B Intermédiaire II Enzyme C Intermédiaire III Enzyme D Produit final
FIGURE 8.2 Rétro-inhibition d’une activité enzymatique. L’activité de la première enzyme d’une voie métabolique est inhibée par le produit final dont la production est ainsi contrôlée.
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208 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
Enzyme Site actif
Site allostérique
Effecteur allostérique
Substrat
des souches mutantes d’organismes producteurs d’acides aminés qui ont perdu la capacité de rétro-inhiber la production d’acides aminés particuliers (voir chapitre 30). De tels mutants « surproduisent » des acides aminés et sont utilisés pour la production à grande échelle d’acides aminés employés comme compléments alimentaires (voir section 30.7 et figure 30.13).
Les isoenzymes
Inhibition : le substrat ne peut pas se fixer ; la réaction enzymatique est inhibée
Activité : la réaction enzymatique est réalisée
FIGURE 8.3 Allostérie. Le mécanisme d’inhibition enzymatique par un effecteur allostérique. Lorsque l’effecteur s’insère au niveau du site allostérique, la conformation spatiale de l’enzyme est modifiée et le substrat ne peut plus se fixer au site actif.
Les enzymes allostériques sont communes dans les voies anaboliques et cataboliques et sont particulièrement importantes dans les voies ramifiées. Par exemple, les acides aminés proline et arginine sont tous les deux synthétisés à partir de l’acide glutamique. Chacun de ces acides aminés peut contrôler la première enzyme spécifique de sa propre synthèse sans affecter la synthèse de l’autre. Ainsi, un surplus de proline n’induit pas une privation d’arginine (voir figure 8.4). Le mécanisme de rétro-inhibition n’est pas que d’intérêt cognitif. La compréhension de la biochimie d’une rétroinhibition a permis à la microbiologie industrielle d’isoler
Acide glutamique AGS
Certaines voies de biosynthèse utilisent des isoenzymes (iso signifie « même ») pour la rétro-inhibition. Les isoenzymes sont des protéines différentes qui catalysent la même réaction mais qui sont soumises à des contrôles différents. La synthèse des acides aminés aromatiques chez Escherichia coli en est un exemple (voir figures 8.5 et 5.26). L’enzyme DAHP synthétase joue un rôle important dans la biosynthèse des acides aminés aromatiques. Chez E. coli, trois isoenzymes différentes de la DAHP synthétase catalysent la première réaction de cette voie et chacune est régulée indépendamment par l’un des trois acides aminés produits. Cependant, à la différence des exemples précédents de rétroinhibition où l’activité enzymatique était totalement bloquée, elle est ici diminuée par étapes ; l’activité ne cesse totalement que lorsque les trois produits sont en excès. Quelques organismes utilisent une seule enzyme pour faire la même chose. Chez ces organismes, une rétro-inhibition concertée existe. Chaque produit rétro-inhibe partiellement l’enzyme, l’inhibition totale existe lorsque les trois produits sont présents en excès.
Contrôlez vos acquis De nombreuses réactions métaboliques peuvent être régulées via le contrôle des enzymes qui les catalysent. La rétro-inhibition est un type important de régulation de l’activité enzymatique dans lequel le produit final d’une voie biosynthétique inhibe la première enzyme spécifique de cette voie. •
Qu’est-ce que la rétro-inhibition ?
•
Qu’est-ce qu’une enzyme allostérique ?
covalente m n8.3 Modification des enzymes
GK Rétro-inhibition
Rétro-inhibition
Proline
Arginine FIGURE 8.4 Rétro-inhibition à l’embranchement d’une voie de biosynthèse. Un intermédiaire clé pour chaque voie est représenté en rose. Les enzymes inhibées (flèches roses discontinues) sont la N-acétyl glutamate synthétase (AGS) et la γ-glutamyl kinase (GK).
Plusieurs exemples de régulation par modification covalente d’enzymes sont connus chez les bactéries. Le plus souvent une petite molécule est ajoutée ou enlevée à la protéine enzymatique. Comme dans le cas des protéines allostériques, la fixation d’un groupement change la conformation de la protéine, ce qui affecte son activité catalytique. L’élimination de ce groupement rend l’enzyme de nouveau active. Les mécanismes usuels de modification covalente comprennent l’ajout des nucléotides adénosine monophosphate (AMP) ou adénosine diphosphate (ADP), de phosphate inorganique (PO43–) ou de groupement méthyle (CH3). Examinons le cas bien connu de la glutamine synthétase dont l’activité est modulée par l’AMP.
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8.3 Modification covalente des enzymes 209
1
+ Erythrose
4-phosphate
(TYR)
2
(PHE)
Substrats
3
(TRP)
DHAP synthétases (Isoenzymes 1, 2, 3)
DAHP
Chorismate
Tyrosine
Tryptophane Phénylalanine
Produits
FIGURE 8.5 Isoenzymes et rétro-inhibition. La voie usuelle de synthèse des acides aminés aromatiques compte trois isoenzymes de la DAHP synthétase (DAHP : 3-désoxy-D-arabino-heptulosonate 7-phosphate). Chacune de ces enzymes est spécifiquement rétroinhibée par un des acides aminés aromatiques. Notez que la présence des trois acides aminés en excès est nécessaire pour que cesse la synthèse de DAHP.
figure 5.27b), sa régulation a une incidence sur le statut énergétique de la cellule.
La maturation des protéines et les intéines La modification covalente d’enzymes pour leur régulation, telle que l’adénylation de la GS (voir figure 8.6), est réversible. Cependant, toutes les modifications post-traductionnelles des protéines ne le sont pas. Dans certains cas, les polypeptides nouvellement traduits doivent être transformés pour devenir actifs. Toutes les protéines sont synthétisées en commençant par une méthionine (une formyle-méthionine dans les cellules des Bacteria) [voir chapitre 7]. Par conséquent, on s’attend à trouver une méthionine ou une formyle-méthionine à l’extrémité N-terminale de toutes les protéines. Or, ce n’est pas le cas pour la plupart des protéines car cette méthionine est éliminée par une enzyme spécifique (chez les Bacteria, le groupement formyle de la méthionine est éliminé en premier et ce, pour toutes les protéines). Les protéines secrétées sont synthétisées avec une séquence signal qui est éliminée lors de l’exportation de la cellule (voir section 7.17). Ce sont deux exemples de modifications post-traductionnelles.
ATP
La glutamine synthétase et l’adénylation
Concentration de glutamine
GS
ADP
GS–AMP (1–12)
AMP
Pi
(a) 100 Activité enzymatique Activité relative GS
L’enzyme glutamine synthétase (GS) subit une modification covalente par adénylation, une addition d’AMP. La GS joue un rôle clé dans l’assimilation de l’ammoniaque par la cellule (voir section 5.16). L’activité de la GS est contrôlée à deux niveaux. Tout d’abord, elle est contrôlée par rétro-inhibition par neuf composés différents comprenant des acides aminés et des composés du métabolisme des nucléotides. Cette inhibition est concertée dans la mesure où chaque effecteur supplémentaire réduit l’activité GS proportionnellement. La présence simultanée des neuf inhibiteurs inhibe totalement l’activité GS. L’activité GS peut être régulée indépendamment de la rétroinhibition par modification covalente. Cette régulation est contrôlée par les concentrations de glutamine et d’un précurseur, l’α-cétoglutarate, un intermédiaire du cycle de l’acide citrique qui ne compte pas de groupe aminé (voir figure 5.22). Chaque molécule de GS contient douze sous-unités identiques et chacune peut être adénylée en un site précis. Lorsque cette enzyme est totalement adénylée (donc qu’elle compte douze groupements AMP), elle est catalytiquement inactive. Lorsqu’elle est partiellement adénylée, son activité est réduite. L’enzyme nommée PII qui ajoute et enlève l’AMP à la GS est elle-même régulée par modification covalente. Quand le niveau de glutamine diminue dans la cellule, la modification covalente de PII promeut la désadénylation de la GS et l’augmentation de son activité. Lorsque la quantité de glutamine augmente dans la cellule, l’adénylation de la GS s’accroît et son activité diminue (voir figure 8.6). Ainsi le niveau d’activité de la GS est un indicateur du niveau de l’azote dans la cellule. Quand le niveau de l’azote est faible, la GS montre une forte activité ; quand le niveau de l’azote est élevé, l’activité de la GS diminue. Puisque la réaction catalytique de la GS consomme de l’ATP (voir
PPi
Glutamine
50
0
Glutamine
Phosphoénol pyruvate
0
3
6
9
12
Groupes AMP ajoutés (b) FIGURE 8.6 Régulation de la glutamine synthétase par modification covalente. (a) Quand les cellules sont cultivées dans un milieu riche en azote fixé, la glutamine synthétase (GS) subit une modification covalente par adénylation progressive. Jusqu’à 12 groupes adényl (AMP) peuvent être ajoutés. Quand le milieu s’appauvrit en azote, les groupements adényl sont libérés sous forme d’ADP. (b) Les sous-unités adénylées de la GS sont catalytiquement inactives et par conséquent l’activité décroît selon le nombre de sous-unités adénylées.
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210 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
Dans certains cas, une protéine peut être le résultat d’une transformation importante du produit initial de la traduction. Par exemple, certains gènes viraux sont transcrits et ensuite traduits sous la forme d’une « polyprotéine », un long polypeptide qui est ultérieurement clivé pour produire plusieurs molécules actives différentes. Nous en verrons des exemples dans le cas des polyovirus (voir section 16.8) et des rétrovirus (voir section 9.13). Un cas assez inhabituel de transformation post-traductionnelle correspond à la suppression de portions de protéines et à la reconnexion des domaines de la protéine active. Souvenez-vous de la présentation des introns, séquences de séparation des gènes eucaryotes morcelés. Ces acides nucléiques non codants sont éliminés lors de la maturation des ARNm (voir sections 7.1 et 14.8). Quelques exemples d’introns sont aussi connus chez les procaryotes. Et de nombreux exemples sont connus où les séquences surnuméraires sont éliminées au niveau protéique et non de l’ARN. Ce processus est appelé l’épissage protéique et le peptide éliminé est nommé intéine. L’épissage protéique est connu pour diverses protéines d’Archaea, de Bacteria et d’Eukarya. La figure 8.7 le décrit dans le cas de la production de l’ADN gyrase (topoisomérase II, voir section 7.3) de la bactérie Gram positif Mycobacterium leprae, l’agent de la lèpre (voir section 26.5). Le gène qui code la sous-unité A de l’ADN gyrase de M. leprae est nommé GyrA ; il code la protéine GyrA (voir figure 8.7). Les régions flanquantes dans le polypeptide GyrA, nommées extéines, sont ligaturées pour former la protéine active finale et les intéines sont éliminées (voir figure 8.7). Les intéines qui assurent l’auto-épissage ont donc l’activité enzymatique d’une protéase hautement spécifique. La raison pour laquelle GyrA requiert cette transformation inhabituelle pour produire la protéine active est inconnue. Des preuves existent (au moins chez les eucaryotes) que les introns jouent un rôle important de régulation de l’expression génétique. Il n’est pas exclu qu’un système de régulation s’applique aussi aux intéines qui assurent l’autoépissage.
N-extéine 130 Intéine 551
ADN gyrase sous-unité A
Contrôlez vos acquis La modification covalente est un système de régulation pour modifier l’activité d’une enzyme. Les enzymes régulées de la sorte subissent des modifications réversibles. Un type de modification est l’adénylation (l’addition d’AMP). L’épissage protéique est une forme de modification post-traductionnelle. •
Quel est l’effet d’une modification covalente sur l’activité d’une enzyme ?
•
Comment une modification covalente peut-elle affecter « temporairement » une enzyme ?
•
Quelle différence y a-t-il entre une intéine et un intron ?
III
PROTÉINES SE LIANT À L’ADN ET RÉGULATION DE LA TRANSCRIPTION PAR CONTRÔLE NÉGATIF ET POSITIF
Dans la suite de ce chapitre, nous verrons les mécanismes par lesquels les cellules contrôlent quantitativement la synthèse d’une protéine. Nous examinerons le contrôle au niveau de la transcription pour lequel plusieurs mécanismes particulièrement élégants sont connus chez les procaryotes. Notez que la demi-vie d’un ARNm est courte chez les procaryotes, au mieux quelques minutes. Les procaryotes répondent ainsi rapidement aux changements des paramètres de l’environnement par la néosynthèse d’ARNm et la dégradation de ceux qui avaient été synthétisés antérieurement. Dans une cellule en croissance, transcription et dégradation d’ARNm coexistent. Pour que la transcription se fasse, l’ARN polymérase doit reconnaître un promoteur spécifique sur l’ADN et commencer son activité. La régulation négative ou positive de la transcription repose sur des protéines se liant à l’ADN qu’il convient d’examiner.
m n8.4 Protéines se liant de l’ADN
C-extéine 1273
Intéine libre
FIGURE 8.7 Épissage protéique. La protéine synthétisée selon l’ARNm gyrA dans Mycobacterium leprae compte 1 273 résidus acides aminés. La N-extéine est l’extéine N-terminale et la C-extéine est l’extéine C-terminale. Les résidus 131 à 550 correspondent à une séquence qui s’extrait par une réaction d’auto-épissage pour produire une intéine libre et la sousunité A de l’ADN gyrase.
Des petites molécules participent souvent à la régulation des activités enzymatiques. Par exemple, la figure 8.4 montre la fixation de la proline et de l’arginine à des enzymes que ces acides aminés inhibent. La situation est assez différente pour la régulation de la synthèse des enzymes. Bien que des petites molécules assurent souvent la régulation de la transcription, leur action est rarement directe. Classiquement, elles influencent la fixation de protéines dites de régulation à des sites spécifiques de l’ADN. Ce sont donc ces protéines qui assurent la régulation de la transcription.
Les interactions des protéines avec les acides nucléiques Les interactions protéines / acides nucléiques ont un rôle central dans la réplication, la transcription et la traduction, ainsi que pour la régulation de ces processus. Elles peuvent être
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8.4 Protéines se liant de l’ADN 211
spécifiques ou non selon que la protéine se fixe n’importe où sur l’acide nucléique ou que l’interaction est spécifique d’une séquence. Les histones (voir section 7.3) sont de bons exemples du premier cas. Du fait de leur charge positive, les histones s’associent fortement et assez peu spécifiquement à l’ADN chargé négativement. Si l’ADN est recouvert par des histones, l’ARN polymérase ne pourra pas se lier et le transcrire. Le retrait des histones n’aboutit pas nécessairement à la transcription mais laisse les gènes dans un état où ils peuvent être activés par d’autres facteurs. Après la fixation et le début de la transcription, les ARN polymérases eucaryotes ont encore besoin de plusieurs facteurs protéiques pour effectuer l’élongation avec un ADN chargé d’histones (voir section 7.11). Les histones sont universellement présentes chez les Eukarya et sont aussi présentes chez plusieurs Archaea. La plupart des protéines se liant à l’ADN présentent une spécificité de séquence. Elle résulte de la complémentarité des chaînes latérales d’acides aminés des protéines avec les bases et l’ossature des groupements sucre/phosphate de la molécule d’ADN. Du fait de sa taille, le grand sillon dans la molécule d’ADN est un site important de fixation des protéines. La figure 7.3 a présenté plusieurs des atomes des paires de bases qui interagissent avec les protéines. La spécificité de la fixation d’une protéine résulte fréquemment de l’interaction avec plusieurs nucléotides, donc avec une séquence de bases spécifique. Nous avons déjà décrit une structure de l’ADN appelée répétition inversée (voir figure 7.6). Ces répétitions inversées sont fréquemment des endroits où les protéines se combinent spécifiquement à l’ADN (voir figure 8.8). Notez que cette interaction n’implique pas la formation dans l’ADN des structures en épingle à cheveux vues à la figure 7.6. Les protéines se liant à l’ADN sont classiquement des homodimères, ce qui signifie qu’elles sont constituées de deux polypeptides identiques. Chaque chaîne polypeptidique compte un domaine qui interagit spécifiquement avec une région de l’ADN localisée dans le grand sillon. Quand des dimères protéiques interagissent avec des séquences inversées répétées, chacun des polypeptides du dimère s’associe avec chacun des brins de l’ADN (voir figure 8.8). La protéine ne reconnaît pas les séquences nucléotidiques mais des complémentarités moléculaires associées à des séquences nucléotidiques spécifiques.
La structure des protéines se liant à de l’ADN L’étude de la structure de plusieurs protéines procaryotes et eucaryotes se liant à l’ADN a révélé plusieurs catégories de domaines protéiques déterminantes pour leur fixation correcte à l’ADN. L’une d’elle est le motif hélice-tour-hélice (voir figure 8.9). Le motif hélice-tour-hélice se compose d’un polypeptide qui forme une structure secondaire en hélice α ; c’est l’hélice de reconnaissance qui interagit spécifiquement avec l’ADN. L’hélice de reconnaissance est liée à trois acides aminés – le premier est usuellement une glycine qui sert à « couder » la protéine (voir figure 8.9a). L’autre extrémité du « tour » est liée à une seconde hélice, l’hélice de stabilisation, qui stabilise la première hélice par interaction hydrophobe avec elle. La reconnaissance de séquence résulte d’interactions non covalentes dont des liaisons hydrogène et des forces de Van der Vaals (voir section 3.1) entre la protéine et des points de contact précis de la séquence nucléotidique d’ADN.
Domaine de contact des protéines : il assure l’assemblage des dimères protéiques. Domaine de liaison à l’ADN : il s’insère dans les grands sillons et dans l’alignement du squelette de groupements sucre-phosphate de l’ADN.
Répétitions inversées 5′ 3′
T G T G T G G A AT T G T G A G C G G ATA A C A AT T T C A C A C A ACACACCTTAACACTCGCCTATTGTTAAAGTGTGT
3′ 5′
Répétitions inversées FIGURE 8.8 Protéines se liant à l’ADN. De nombreuses protéines de ce type sont des dimères qui se combinent spécifiquement à deux sites de l’ADN. Les séquences spécifiques d’ADN qui interagissent avec la protéine sont des répétitions inversées. La séquence nucléotidique du gène opérateur de l’opéron lactose est représentée et les séquences inversées répétées qui sont les sites où le répresseur lac se lie à l’ADN sont indiquées.
De nombreuses protéines bactériennes se liant à l’ADN, dont des protéines répresseurs tels les répresseurs lac et trp d’Escherichia coli (voir section 8.5) et quelques protéines de bactériophages telles que le répresseur du phage lambda (voir figure 8.9b), comptent des structures hélice-tour-hélice. Plus de 250 protéines présentant cette structure affine de l’ADN régulent la transcription chez E. coli. Deux autres types de domaines protéiques sont fréquemment observés pour les protéines se liant à l’ADN. L’un d’eux, le doigt de zinc, est fréquemment trouvé dans les protéines de régulation eucaryotes. Comme son nom le suggère, le doigt de zinc est une protéine qui se lie à un ion zinc (voir figure 8.10a). Une partie du « doigt » constituée par les acides aminés forme une hélice α, et cette hélice de reconnaissance interagit avec l’ADN au niveau d’un grand sillon. Les protéines concernées comptent usuellement deux de ces doigts. L’autre domaine protéique classiquement observé pour les protéines se liant à l’ADN est la fermeture à leucine. Ces protéines comptent des régions à résidus leucine placés tous les sept acides aminés, ce qui produit une structure type fermeture Éclair. À la différence de la structure hélice-tour-hélice et du doigt de zinc, cette structure n’interagit pas directement avec l’ADN mais assure le maintien de deux hélices de reconnaissance dans une bonne position pour la liaison à l’ADN (voir figure 8.10b). Après qu’une protéine s’est liée en un site spécifique de l’ADN, diverses conséquences sont possibles. Dans certains cas, la protéine liée est une enzyme qui catalyse une réaction sur l’ADN comme la transcription par l’ARN polymérase. Dans d’autres cas, la fixation peut bloquer la transcription (régulation négative, voir section 8.5) ou l’activer (régulation positive, voir section 8.6).
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212 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
Hélice-tour-hélice Hélice de stabilisation
Tour Hélice de reconnaissance (a)
négatif de la transcription : m n8.5 Contrôle répression et induction La transcription est la première étape dans le flux de l’information génétique (voir figure 8.1) ; en conséquence, il est relativement aisé d’influer sur l’expression génétique à ce niveau. Si un gène est transcrit plus fréquemment qu’un autre, les ARNm de ce gène et les protéines traduites seront plus abondants dans la cellule. Plusieurs mécanismes contrôlent la synthèse des enzymes chez les bactéries et tous sont fortement influencés par l’environnement dans lequel le micro-organisme se développe,
Doigt de zinc Hélice de reconnaissance H
C
Stephen Edmondson
Zn C
H
(a) Glissière à leucine
(b) FIGURE 8.9 Structure hélice-tour-hélice de quelques protéines se liant à l’ADN. (a) Un modèle simple des constituants d’une structure hélice-tour-hélice. (b) Un modèle bio-informatique du répresseur du bactériophage lambda – une protéine représentative de la structure hélice-tour-hélice – lié à son gène opérateur. L’ADN est en rouge et bleu, la protéine est en brun (une sous-unité du dimère répresseur) et jaune (la seconde sous-unité). Chaque sous-unité présente une structure hélicetour-hélice. Les coordonnées utilisées pour obtenir cette image ont été téléchargées de la banque de données sur les protéines (Protein Data Bank, Brookhaven, NY).
Hélices de reconnaissance
Contrôlez vos acquis Certaines protéines peuvent se lier à l’ADN du fait d’interactions entre des domaines particuliers de la protéine et des régions spécifiques de l’ADN. Dans la plupart des cas, ces interactions présentent des spécificités de séquences. Les protéines affines de l’ADN peuvent être des enzymes dont l’ADN est le substrat ou des protéines de régulation qui affectent l’expression génétique. •
Qu’est-ce qu’un domaine protéique ?
•
Pourquoi des interactions sont-elles spécifiques de certaines séquences d’ADN ?
(b) FIGURE 8.10 Modèles simples de structures des protéines eucaryotes se liant à l’ADN. Les hélices α sont représentées par des cylindres. Les hélices de reconnaissance sont les domaines impliqués dans la liaison à l’ADN. (a) La structure en doigt de zinc. Les acides aminés liés à l’ion Zn 2+ comprennent toujours au moins deux résidus cystéine (C) ; les autres sont des résidus histidine (H). (b) La structure en glissière à leucine (leucine zipper). Les résidus leucine (représentés en jaune) sont placés exactement tous les sept acides aminés. L’interaction latérale de ces chaînes de leucines aide à maintenir les deux hélices ensemble.
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8.5 Contrôle négatif de la transcription : répression et induction 213
en particulier par la présence ou l’absence de petites molécules particulières. Ces petites molécules signalent l’état physiologique de l’environnement des cellules et peuvent interagir avec certaines protéines telles que les protéines affines de l’ADN. Le résultat est le contrôle de la transcription et plus rarement de la traduction. Nous commencerons par décrire la répression et l’induction, formes simples de régulation qui déterminent l’expression génétique au niveau de la transcription. Dans cette section, nous n’examinerons que le contrôle négatif de la transcription, un mécanisme de régulation qui empêche la transcription (d’où le terme « négatif »).
La répression et l’induction enzymatiques Souvent les enzymes qui catalysent la synthèse d’un produit donné ne sont pas synthétisées si le produit est présent en quantité suffisante dans le milieu de culture. Par exemple, les enzymes impliquées dans la production de l’arginine ne sont synthétisées que lorsque l’arginine est absente du milieu de culture. Un excès d’arginine réprime la synthèse de ces enzymes. C’est la répression enzymatique. Si de l’arginine est ajoutée à une culture en phase exponentielle de croissance dans un milieu dépourvu d’arginine, la croissance se poursuit au même rythme mais la production des enzymes impliquées dans la synthèse de l’arginine cesse (voir figure 8.11). Notez que cet effet est spécifique car la synthèse des autres enzymes reste inchangée. Les enzymes affectées par un mécanisme de répression ne représentent qu’une minuscule fraction des protéines synthétisées par la cellule à un instant donné. La répression enzymatique est largement répandue chez les bactéries comme moyen de contrôler la synthèse de diverses enzymes impliquées dans la biosynthèse des acides aminés et des purines et pyrimidines. Dans presque tous les cas, le produit final de la voie de biosynthèse réprime les enzymes de cette voie. La répression est alors assez spécifique et ce
processus n’a généralement aucun effet sur la synthèse des autres enzymes (voir figure 8.11). L’organisme bénéficie de la répression. En effet, elle évite d’utiliser de l’énergie et des nutriments pour la synthèse d’enzymes inutiles. L’induction enzymatique est le concept opposé de la répression. Dans ce cas, une enzyme n’est produite qu’en cas de présence du substrat. La répression enzymatique concerne classiquement les enzymes biosynthétiques (anaboliques). À l’opposé, l’induction enzymatique concerne usuellement les enzymes cataboliques. Prenons l’exemple de l’utilisation du lactose comme source de carbone et d’énergie par Escherichia coli. Le cas de la β-galactosidase, l’enzyme qui hydrolyse le lactose en glucose et galactose, est présenté en figure 8.12. Cette enzyme est nécessaire à la croissance d’E. coli sur lactose. Si le lactose est absent du milieu, l’enzyme n’est pas synthétisée, mais la synthèse débutera presque immédiatement après ajout du lactose. On voit bien l’intérêt d’un tel mécanisme pour l’organisme : il permet de ne synthétiser des enzymes particulières qu’au moment où elles sont nécessaires. La substance qui initie l’induction enzymatique est appelée un inducteur et celle qui réprime la synthèse d’enzymes est appelée un corépresseur. Ces substances qui sont toujours des petites molécules forment ensemble les effecteurs. Les inducteurs et les corépresseurs ne sont pas tous des substrats ou des produits ultimes des enzymes concernées. Par exemple, des analogues structuraux peuvent induire ou réprimer même s’ils ne sont pas des substrats de l’enzyme. L’isopropylthiogalactoside (IPTG), par exemple, est un inducteur de la β-galactosidase bien qu’il ne puisse pas être hydrolysé par cette enzyme. Dans la nature cependant, les inducteurs et les corépresseurs sont probablement des métabolites cellulaires normaux. L’inducteur réel de la β-galactosidase, qui est l’une des trois protéines codées par les gènes de l’opéron lac, n’est pas le lactose mais l’allolactose, un composé de structure semblable, produit par la cellule à partir du lactose.
Répression
Induction
Nombre de cellules Protéines totales
Addition d’arginine
Augmentation relative
Augmentation relative
Protéines totales
Nombre de cellules β-galactosidase Addition de lactose
Enzymes de biosynthèse de l’arginine Temps FIGURE 8.11 Répression enzymatique. Répression d’enzymes impliquées dans la synthèse de l’arginine par addition d’arginine dans le milieu de culture. Notez que le taux de synthèse des protéines totales reste inchangé.
Temps FIGURE 8.12 Induction enzymatique. Induction de l’enzyme β-galactosidase par addition de lactose dans le milieu de culture. Notez que le taux de synthèse des protéines totales reste inchangé.
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214 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
Les mécanismes de répression et d’induction Comment les inducteurs et les corépresseurs peuvent-ils affecter la transcription avec une telle spécificité ? Ils le font indirectement par combinaison avec des protéines spécifiques se liant à l’ADN qui, à leur tour, affectent la transcription. Dans le cas d’une enzyme répressible (voir figure 8.11), le corépresseur (en l’occurrence l’arginine) se combine avec une protéine répresseur spécifique, le répresseur arginine, présent dans la cellule (voir figure 8.13). La protéine répresseur est une protéine allostérique (voir sections 8.2 et 8.4) ; sa conformation est modifiée lorsqu’elle est associée au corépresseur. En se liant à son effecteur, la protéine répresseur devient active et peut alors s’associer à une région précise de l’ADN, près du promoteur du gène, la région opératrice. Cette région donne son nom à l’opéron, une série de gènes successifs dont l’expression est sous le contrôle d’un seul opérateur (voir section 7.13). Tous les gènes d’un opéron sont transcrits simultanément et produisent un unique ARNm. L’opérateur est situé en aval du promoteur, lieu d’initiation de la synthèse de l’ARNm (voir figure 8.13). Si le répresseur se lie à l’opérateur, la transcription est impossible car l’ARN polymérase ne peut ni se fixer, ni catalyser. Par conséquent, les polypeptides codés par les gènes de l’opéron ne peuvent pas être synthétisés. Si l’ARNm est polycistronique (voir section 7.13), tous les polypeptides codés par cet ARNm seront donc réprimés. L’induction enzymatique peut aussi être contrôlée par un répresseur. La protéine répresseur est alors active en absence de l’inducteur et bloque la transcription. Quand l’inducteur est ajouté, il se combine avec la protéine répresseur et l’inactive. L’inhibition est alors levée, ce qui permet la transcription (voir figure 8.14). Tous les systèmes de régulation utilisant des répresseurs suivent le même mécanisme : inhibition de la synthèse de l’ARNm par l’activité de protéines répresseurs spécifiques qui sont ellesmêmes sous le contrôle de petites molécules qui agissent
comme inducteurs ou corépresseurs spécifiques. Comme le répresseur a un rôle inhibiteur, il s’agit d’un contrôle négatif.
Contrôlez vos acquis La quantité d’une enzyme dans la cellule peut être contrôlée en augmentant (induction) ou en diminuant (répression) la quantité d’ARNm qui code cette enzyme. Cette régulation transcriptionnelle met en jeu des protéines allostériques de régulation qui se fixent à l’ADN. Dans le cas du contrôle négatif de la transcription, la protéine de régulation est appelée répresseur et elle agit en inhibant la synthèse d’ARNm. •
Pourquoi parle-t-on de « contrôle négatif » ?
•
Comment un répresseur peut-il inhiber la synthèse d’un ARNm précis ?
m n8.6 Contrôle positif de la transcription Dans le contrôle négatif, l’agent du contrôle, la protéine répresseur, entraîne la répression de la synthèse d’ARNm. Par contre, dans le contrôle positif de la transcription, une protéine régulateur active la fixation de l’ARN polymérase, d’où le terme positif. Un excellent exemple de régulation positive est fourni par le catabolisme du maltose chez Escherichia coli.
Le catabolisme du maltose chez Escherichia coli Les enzymes du catabolisme du maltose chez Escherichia coli ne sont synthétisées qu’après addition de maltose dans le milieu. L’expression de ces enzymes suit donc le modèle montré pour la β-galactosidase (voir figure 8.12) sauf que le Promoteur lac
Promoteur arg Opérateur arg
argC
ARN polymérase
argB
ARN polymérase
La transcription se déroule
Promoteur lac Promoteur arg Opérateur arg ARN polymérase (b)
argC Corépresseur Répresseur
lacZ
lacY
lacA
Répresseur
La transcription est bloquée
(a)
Répresseur
(a)
Opérateur lac
argH
argB
Opérateur lac
lacZ
lacY
lacA
argH ARN polymérase
La transcription est bloquée
FIGURE 8.13 Le processus de répression enzymatique avec l’exemple de l’opéron arginine. (a) La transcription de l’opéron a lieu lorsque le répresseur ne peut pas se lier à l’opérateur. (b) Après la fixation d’un corépresseur (une petite molécule) au répresseur, le répresseur se fixe au gène opérateur et bloque la transcription. Les ARNm et les protéines codées ne sont plus produites. Dans le cas de l’opéron argCBH, le corépresseur est l’arginine.
(b)
La transcription se déroule Répresseur Inducteur
FIGURE 8.14 Le processus d’induction enzymatique avec l’exemple de l’opéron lactose. (a) Une protéine répresseur se fixe au gène opérateur et bloque l’action de l’ARN polymérase. (b) Une molécule inductrice se lie au répresseur et l’inactive de sorte qu’il ne puisse plus se lier au gène opérateur. L’ARN polymérase peut effectuer la transcription ; l’ARNm de cet opéron est produit. Dans le cas de l’opéron lac, l’inducteur est l’allolactose.
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maltose plus que le lactose est requis pour induire l’expression génétique. Mais le contrôle de la synthèse des enzymes hydrolysant le maltose n’est pas soumis à un contrôle négatif à l’instar de l’opéron lac mais à un contrôle positif ; la transcription nécessite l’activité d’une protéine activatrice. La protéine activatrice du maltose ne peut pas se lier à l’ADN sans liaison préalable au maltose, l’effecteur. Dès lors que la protéine activatrice du maltose se lie à l’ADN, l’ARN polymérase peut démarrer la transcription (voir figure 8.15). Comme les répresseurs, les activateurs ne se lient qu’à des séquences d’ADN spécifiques. La région de l’ADN où se trouve le site de l’activateur n’est pas appelée opérateur (voir figures 8.13 et 8.18), mais site de fixation de l’activateur (voir figure 8.15). Les gènes contrôlés par ce site sont tout de même appelés opérons.
La fixation des protéines activatrices Pour le contrôle négatif, le répresseur se fixe à l’opérateur et bloque la transcription. Mais comment fonctionne une protéine activatrice ? Les promoteurs des opérons contrôlés positivement ont des séquences nucléotidiques qui ne sont pas identiques à la séquence consensus (voir figure 7.27). Par conséquent, même avec le bon facteur sigma, l’ARN polymérase reconnaît difficilement ces promoteurs. Lorsqu’elle est liée à l’ADN, la protéine activatrice aide l’ARN polymérase à reconnaître le promoteur et à commencer la transcription. Par exemple, la protéine activatrice peut provoquer un changement de structure de l’ADN en le recourbant (voir figure 8.16), offrant ainsi à l’ARN polymérase les contacts adaptés avec le promoteur pour engager la transcription. Ceci peut arriver aussi bien lorsque le site de fixation de l’opérateur est à proximité du promoteur (voir figure 8.17a) que lorsqu’il
Site de fixation Promoteur de l’activateur mal
malE
ADN
Protéine
FIGURE 8.16 Modèle bio-informatique de l’interaction d’une protéine de régulation positive avec l’ADN. Cette figure montre la protéine de fixation de l’AMP cyclique (protéine CAP ; voir section 8.7), une protéine de régulation impliquée dans le contrôle de plusieurs opérons. Le squelette des carbones α de cette protéine est représenté en bleu et violet. La protéine est liée à une double hélice d’ADN, représentée en vert et bleu clair. Notez que la fixation de la protéine induit une courbure de l’ADN.
est éloigné de plusieurs centaines de paires de bases du promoteur, situation dans laquelle une boucle de l’ADN est nécessaire pour permettre les contacts nécessaires (voir figure 8.17b). De nombreux gènes d’Escherichia coli ont des promoteurs sous contrôle positif et nombreux sont aussi ceux sous contrôle négatif. De plus, de nombreux opérons ont des promoteurs avec de multiples types de contrôles, et certains même ont plus d’un
malG Site de fixation de l’activateur Promoteur
Pas de transcription
ARN polymérase (a)
malF
ARN polymérase
Protéine activatrice de l’opéron maltose
Site de fixation Promoteur de l’activateur mal ARN polymérase
Protéine activatrice
(a) malE
malF
malG
La transcription se déroule
Promoteur
La transcription se déroule
Protéine activatrice
Protéine activatrice de l’opéron maltose (b)
Thomas A. Steitz et Steve Schultz
8.6 Contrôle positif de la transcription 215
ARN polymérase
La transcription se déroule
Inducteur
FIGURE 8.15 Contrôle positif de l’induction enzymatique avec l’exemple de l’opéron maltose. (a) En absence d’inducteur, ni la protéine activatrice, ni l’ARN polymérase ne peuvent se lier à l’ADN. (b) Une molécule inductrice se lie à la protéine activatrice qui, à son tour, se lie au site de fixation de l’activateur. Ceci permet à l’ARN polymérase de se fixer sur le promoteur et de commencer la transcription. Dans le cas de l’opéron malEFG, le maltose est l’inducteur de la protéine activatrice.
(b)
Site de fixation de l’activateur
FIGURE 8.17 Interactions entre protéine activatrice et ARN polymérase. (a) Le site de fixation de l’activateur est proche du promoteur. (b) Le site de fixation de l’activateur est éloigné de plusieurs centaines de paires de bases du promoteur. Dans ce cas, l’ADN doit former une boucle pour permettre le contact de l’activateur et de l’ARN polymérase.
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Régulation du métabolisme
Les opérons et les régulons Chez Escherichia coli, les gènes requis pour l’utilisation du maltose sont répartis dans plusieurs opérons sur le chromosome, chacun ayant un site de liaison de l’activateur sur lequel une protéine activatrice du maltose peut se fixer. Dans ce cas, la protéine activatrice du maltose contrôle plus d’un opéron. Lorsqu’une seule protéine régulatrice contrôle plus d’un opéron, ces opérons forment alors un régulon. Les enzymes requises pour l’utilisation du maltose sont ainsi codées par le régulon maltose. Les régulons existent aussi pour les opérons sous contrôle négatif. Par exemple, les enzymes de la biosynthèse de l’arginine (voir section 8.5) sont codées par le régulon arginine dont les opérons sont tous sous le contrôle de la protéine répresseur de l’arginine (la figure 8.13 ne montre qu’un des opérons arginine). Lors du contrôle d’un régulon, qu’il s’agisse d’activation ou de répression, la protéine se liant à l’ADN se lie seulement aux opérons qu’elle contrôle, les autres opérons ne sont pas concernés.
Contrôlez vos acquis Les régulateurs positifs de la transcription sont appelés protéines activatrices. Ils se lient au site de fixation de l’activateur sur l’ADN et stimulent la transcription. Comme pour les répresseurs, l’activité des protéines activatrices est modifiée par des effecteurs. Pour le contrôle positif de l’induction d’enzymes, l’effecteur permet la fixation de la protéine activatrice ce qui stimule la transcription. •
Comparez et montrez les différences entre les activités d’un activateur protéique et celles d’un répresseur protéique.
•
Faites la distinction entre un opéron et un régulon.
IV
MÉCANISMES DE RÉGULATION GLOBALE
Un organisme a fréquemment besoin de réguler simultanément des gènes indépendants en réponse à une modification de l’environnement. Les mécanismes de régulation qui répondent aux signaux de l’environnement en régulant l’expression de nombreux gènes différents sont appelés des systèmes de contrôle global. L’opéron lactose et le régulon maltose répondent au contrôle global. Nous allons commencer l’examen de ce système de régulation en revenant à l’opéron lactose.
sources de carbone différentes et utilisables. Par exemple, Escherichia coli peut utiliser une large gamme de sources de carbone. Lorsque plusieurs sucres sont disponibles (dont le glucose), les cellules d’E. coli les utilisent-elles tous simultanément ou au contraire un par un ? La réponse est que le glucose est toujours utilisé en premier. En effet, ce serait du gaspillage de synthétiser des enzymes pour métaboliser les autres sucres lorsque la meilleure source de carbone, le glucose, est disponible. Un mécanisme de contrôle global, la répression catabolique, permet qu’il en soit ainsi.
La répression catabolique Lors de la répression catabolique, la synthèse de nombreuses enzymes, essentiellement cataboliques, est réprimée lorsque les cellules sont cultivées sur un milieu contenant du glucose. La répression catabolique est aussi appelée l’effet glucose parce que le glucose fut la première substance pour laquelle elle fut démontrée. Cependant, chez quelques organismes, la répression catabolique est provoquée par d’autres sources de carbone que le glucose. Le point important est que la source de carbone qui provoque la répression catabolique doit être la meilleure source d’énergie. Ainsi la répression catabolique assure que l’organisme utilise en premier la meilleure source de carbone et d’énergie disponible. Une conséquence de la répression catabolique est qu’elle détermine deux phases de croissance exponentielle, une situation nommée croissance diauxique. Si deux sources d’énergie utilisables sont disponibles pour la cellule, en croissance diauxique l’organisme utilise d’abord la meilleure source d’énergie. Puis après une phase de latence, la croissance reprend avec l’autre source d’énergie. La figure 8.18 représente la croissance diauxique d’Escherichia coli sur un mélange de glucose et de lactose. Comme nous l’avons vu, la β-galactosidase est une enzyme requise pour l’utilisation du lactose, elle est inductible (voir figures 8.12 et 8.14). Mais sa synthèse est aussi sujette à la répression catabolique. Ainsi, tant que le
Glucose épuisé
Croissance sur glucose
0
m n
8.7 Contrôle global et opéron lac
Notre examen des contrôles positifs et négatifs n’a pas porté sur la situation usuelle où l’environnement dans lequel les cellules bactériennes se développent contiendrait plusieurs
Croissance sur lactose
1
2
3
Niveau relatif de β-glucosidase ( )
promoteur, chacun avec son propre système de contrôle ! Ainsi les représentations assez simples des figures 8.13 à 8.17 ne correspondent pas à tous les opérons. Les situations de contrôles multiples sont communes chez quasiment tous les procaryotes et par conséquent leur régulation peut être fort complexe.
Densité cellulaire relative ( )
216 Chapitre 8
4
Temps (h) FIGURE 8.18 Croissance diauxique sur un mélange de glucose et de lactose. Le glucose réprime la synthèse de la β-galactosidase. Après l’épuisement du glucose, un temps d’arrêt correspond à la synthèse de la β-galactosidase, puis la croissance reprend sur le lactose mais à un taux réduit.
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8.7 Contrôle global et opéron lac 217
glucose est présent, la β-galactosidase n’est pas synthétisée et le lactose n’est pas utilisé. Lorsque le glucose est consommé, la répression catabolique est levée et après une brève période de latence, la β-galactosidase est synthétisée et la croissance sur lactose démarre. Notez que la figure 8.18 montre que les cellules croissent plus rapidement sur glucose que sur lactose. Bien que le glucose et le lactose soient deux excellentes sources d’énergie pour E. coli, le glucose est la meilleure source de carbone pour cet organisme et en conséquence la croissance est la plus rapide sur ce substrat.
L’AMP cyclique et la protéine CAP Comment fonctionne la répression catabolique ? La répression catabolique nécessite le contrôle de la transcription par une protéine activatrice et est donc une forme de contrôle positif (voir section 8.6). La fixation de l’ARN polymérase à l’ADN qui code les enzymes soumises à la répression catabolique n’a lieu que si une autre protéine, la protéine activatrice du catabolisme (CAP, catabolite activator protein), a été fixée préalablement. CAP, une protéine allostérique, ne se fixe à l’ADN que si elle s’est préalablement liée à une petite molécule, l’adénosine monophosphate cyclique ou AMP cyclique (voir figure 8.16). L’AMP cyclique (voir figure 8.19) est une molécule clé de nombreux systèmes de contrôle du métabolisme, non seulement chez les procaryotes mais aussi chez les eucaryotes. L’AMP cyclique est synthétisé à partir de l’ATP par une enzyme appelée adénylate cyclase. Le glucose inhibe la synthèse de l’AMP cyclique et stimule le transport de l’AMP cyclique à l’extérieur de la cellule. Quand du glucose entre dans la cellule, le niveau d’AMP cyclique est abaissé et la fixation de l’ARN polymérase aux promoteurs des opérons spécifiques de CAP n’a pas lieu. La répression catabolique est donc le résultat de la présence de la meilleure source de carbone (le glucose). Le déficit cellulaire en AMP cyclique est la cause directe de la répression catabolique.
Les aspects globaux de la répression catabolique Pourquoi la répression catabolique est-elle considérée comme un mécanisme de contrôle global ? Dans le cas d’Escherichia coli et d’autres organismes pour lesquels le glucose est la source d’énergie de premier ordre, tant que le glucose est présent, la répression catabolique empêche l’expression de tous les autres opérons cataboliques affectés par ce mécanisme de contrôle. Ceci peut concerner des dizaines d’opérons cataboliques et affecte non 5′ CH2
O AMP cyclique HO P
O
H
O
H
Adénine H
H
3′ O
OH
FIGURE 8.19 AMP cyclique. L’adénosine monophosphate cyclique (AMP cyclique, AMPc) est produite à partir de l’ATP par l’enzyme adénylate cyclase.
seulement le catabolisme du lactose mais aussi celui du maltose, de nombreux autres sucres et de la plupart des sources de carbone et d’énergie communément utilisées par E. coli. Examinons l’opéron lac dans le cadre de la régulation globale. La figure 8.20 montre l’ensemble de la zone de régulation de l’opéron lac. Pour que la transcription des gènes lac ait lieu, deux exigences doivent être respectées : 1) le niveau d’AMP cyclique doit être suffisamment élevé de sorte que la protéine CAP se lie à son site de fixation (contrôle positif), et 2) le lactose doit être présent pour que le répresseur du lactose ne bloque pas la transcription en se fixant à l’opérateur (contrôle négatif). Si ces deux conditions sont réunies, la cellule est informée que le glucose est absent et le lactose présent ; alors la transcription de l’opéron lac commence.
Contrôlez vos acquis Les systèmes de contrôle global régulent l’expression de nombreux gènes simultanément. La répression catabolique est un système de contrôle global qui aide les cellules à réaliser l’utilisation la plus efficace des sources de carbone. L’opéron lac est sous le contrôle de la répression catabolique tout autant que de son propre système de régulation négative. •
Expliquez comment la répression catabolique peut impliquer une protéine activatrice.
•
Expliquez comment l’opéron lac est contrôlé à la fois positivement et négativement.
Site de fixation de la protéine CAP
lacZ Promoteur –35 –10
Opérateur
ADN AUG
5′
ARNm
Shine-Dalgarno Codon d’initiation de la traduction FIGURE 8.20 Régulation globale de l’opéron lactose. Le premier gène structural de cet opéron, lacZ, code l’enzyme β-galactosidase, qui décompose le lactose (voir figure 8.14). L’opéron contient deux autres gènes qui sont aussi impliqués dans le métabolisme du lactose. Les deux moitiés de l’opérateur (où le répresseur se fixe) sont des répétitions inversées presque parfaites. Le site de fixation de la protéine CAP compte aussi des répétitions inversées, bien que moins parfaites. Le site de début de transcription localisé sur l’ADN correspond exactement à l’extrémité 5’ de l’ARNm. La localisation de la séquence – 35 et de la boîte de Pribnow, qui font partie du promoteur (figure 7.30), sont aussi présentées. La localisation des paires de bases codant la séquence de Shine-Dalgarno et le codon d’initiation de la traduction sont aussi indiqués. Ce sont des séquences cruciales de l’ARNm (section 7.16).
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218 Chapitre 8
Régulation du métabolisme
m n8.8 Réponse stringente Les cellules bactériennes sont souvent confrontées dans la nature à des changements transitoires mais significatifs des quantités de nutriments. De telles situations peuvent bien sûr être aisément simulées en laboratoire et de nombreux travaux ont été réalisés avec Escherichia coli et d’autres procaryotes sur la régulation de l’expression génétique consécutive à une « diminution » ou à un « accroissement » des conditions nutritionnelles. Ces travaux incluent en particulier les régulations déclenchées par le manque d’acides aminés. Le passage de l’excès au manque d’acides aminés – dû au transfert d’une culture d’un milieu de culture riche et complexe à un milieu de culture défini ne contenant qu’une source de carbone – provoque l’arrêt presque immédiat des synthèses d’ARNr et d’ARNt. En conséquence, aucun nouveau ribosome ne sera produit. Les synthèses de protéines et d’ADN seront limitées parallèlement à l’activation de la synthèse de nouveaux acides aminés (voir figure 8.21a). Après un tel changement, de nombreuses nouvelles protéines doivent être produites pour assurer la synthèse des acides aminés qui ne sont plus disponibles dans le milieu. Elles sont synthétisées par les ribosomes disponibles. Au bout d’un certain temps, la synthèse d’ARNr (et donc de nouveaux ribosomes) reprend mais à un nouveau rythme, proportionné au taux de croissance cellulaire réduit (voir figure 8.21a). Cette série d’événements est appelée la réponse stringente (ou contrôle stringent) qui constitue un autre exemple de contrôle global.
ppGpp et le mécanisme de la réponse stringente Les acteurs de la réponse stringente sont deux nucléotides modifiés, le guanosine tétraphosphate (ppGpp) et le guanosine pentaphosphate (pppGpp) [voir figure 8.21b]. Chez Escherichia coli, ces nucléotides, appelés alarmones, s’accumulent rapidement lors du passage de l’excès au manque d’acides aminés. Les alarmones sont synthétisées par une protéine appelée RelA en utilisant l’ATP comme donneur de phosphate (voir figure 8.21b, c). La protéine RelA est associée à la sous-unité 50S du ribosome (voir tableau 7.6) et est activée par un signal du ribosome lors de la réduction des nutriments. Ce signal résulte de l’arrêt de l’activité du ribosome dû au manque d’acides aminés. Dans de telles conditions, le nombre d’ARNt non chargés augmente dans la cellule. Lorsqu’un de ces ARNt non chargés se lie au ribosome, celui-ci décroche, ce qui déclenche la synthèse de ppGpp et de pppGpp par RelA (voir figure 8.21c). Les alarmones ppGpp et pppGpp ont un effet de contrôle global. Elles inhibent fortement la synthèse d’ARNr et d’ARNt en interférant avec l’ARN polymérase au niveau de l’initiation de transcription des gènes codant ces ARN. D’autre part, les alarmones activent les opérons de biosynthèse de certains acides aminés et de divers opérons cataboliques. À l’opposé, les opérons qui codent les protéines de biosynthèse des acides aminés disponibles en quantités suffisantes restent inactifs. De nombreux effets secondaires sont aussi observés lors de la réponse stringente, incluant l’inhibition de la synthèse d’ADN, de la synthèse de lipides membranaires et de la division cellulaire.
ARN et protéines
Carence
Croissance
Croissance en milieu riche
Réponse stringente ppGpp et pppGpp 0
30
60
90
120
Temps (min) (a) O– –O
P
O– O
O
P
O
5′ CH2
O
O H
H
H
3′ O –O
P
Guanine
H
OH O
O –O
P
O
O–
(b) Polypeptide
ARNt chargé
Ribosome AA
5′ ARNm
Traduction normale
RelA
ARNt non chargé
5′ ARNm
RelA
GTP
ATP
Réponse stringente 1. La synthèse d’ARNr et d’ARNt diminue 2. Les opérons de biosynthèse ppGpp des acides aminés sont activés
(c) FIGURE 8.21 La réponse stringente. (a) En situation de carence nutritionnelle, la synthèse d’ARNr, d’ARNt et de protéines cesse temporairement. La croissance peut ensuite reprendre mais à un taux de croissance réduit comparativement à la situation initiale. (b) Structure du guanosine tétraphosphate (ppGpp), le déclencheur de la réponse stringente. (c) Synthèse du guanosine tétraphosphate. La traduction normale (graphique a) requiert des ARNt chargés. Quand le manque d’acides aminés apparaît, un ARNt non chargé peut se fixer au ribosome (schéma c), ce qui provoque l’arrêt de l’activité du ribosome. Cet événement enclenche la synthèse de ppGpp par la protéine RelA.
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8.9 Autres réseaux de contrôle global lac 219
La réponse stringente apparaît comme un mécanisme d’ajustement de la machinerie cellulaire de biosynthèse à des conditions limitantes en acides aminés. La cellule atteint ainsi un nouvel état d’équilibre entre anabolisme et catabolisme. La plupart des procaryotes sont confrontés à l’irrégularité des ressources trophiques dans la nature. Un mécanisme global tel que la réponse stringente qui équilibre l’état métabolique cellulaire avec la disponibilité des acides aminés améliore probablement leur compétitivité dans la nature.
Contrôlez vos acquis La réponse stringente est un mécanisme global de contrôle déclenché par le manque d’acides aminés. Les alarmones ppGpp et pppGpp sont produites par RelA, une protéine qui contrôle l’activité des ribosomes. La réponse stringente assure l’équilibre intracellulaire entre la production et les besoins de protéines. •
Quels sont les gènes activés lors de la réponse stringente et pourquoi ?
•
Comment les alarmones sont-elles synthétisées ?
m n8.9 Autres réseaux de contrôle global Nous avons vu la répression catabolique chez Escherichia coli en section 8.7 et la réponse stringente en section 8.8. Ce sont deux exemples de contrôle global. Il y a plusieurs autres systèmes de contrôle global chez E. coli (et probablement chez tous les procaryotes), quelques-uns sont présentés par le tableau 8.1. Les systèmes de contrôle global peuvent réguler plus d’un seul régulon (voir section 8.7). Le terme modulon est utilisé pour mentionner un groupe de gènes régulé par la même protéine de régulation même si ces gènes appartiennent à différents régulons (et par conséquent ont au moins un autre type
TABLEAU 8.1 Système
de contrôle). Le terme stimulon est utilisé pour mentionner un groupe de gènes qui répondent tous au même signal environnemental, même si ces gènes codent des protéines dont les fonctions sont indépendantes. Des exemples de ces larges systèmes de contrôle global sont présentés par le tableau 8.1.
Les facteurs sigma alternatifs Les gènes qui répondent aux systèmes de contrôle global ne sont pas tous régulés par une combinaison simple de répresseurs et d’activateurs. Plusieurs sont contrôlés par des facteurs sigma alternatifs (voir tableau 8.2). La régulation résulte alors de modifications de la quantité ou de l’activité de ces facteurs sigma, sachant que chaque facteur sigma alternatif ne reconnaît qu’un sous-ensemble de gènes (par exemple, certains modulons ou stimulons) dans le génome. Rappelons-nous que sigma est la sous-unité de l’ARN polymérase responsable de la reconnaissance du promoteur (voir section 7.10). La plupart des gènes d’Escherichia coli requièrent le facteur sigma σ70 (l’exposant 70 indique la taille de cette protéine, 70 kilodaltons) pour leur transcription et ont des promoteurs identiques à ceux de la figure 7.30. Au total, E. coli a sept facteurs sigma différents et chacun reconnaît différentes séquences consensus promotrices (voir tableau 8.2). Elles ont pour la plupart des homologues chez les autres Bacteria. La bactérie sporulante Bacillus subtilis a quatorze facteurs sigma différents dont quatre strictement voués à la transcription des gènes de sporulation (voir section 4.13). La clé du contrôle de la transcription avec des facteurs sigma alternatifs est le contrôle de la synthèse et de l’activité de chaque facteur sigma. La concentration de chaque facteur sigma dans la cellule peut être modulée par le contrôle transcriptionnel que nous avons vu préalablement ou par le taux de dégradation dans la cellule par des protéases spécifiques. L’activité des facteurs sigma alternatifs présents dans la cellule peut être contrôlée par d’autres protéines appelées anti-facteurs sigma, qui peuvent inactiver temporairement un facteur sigma ou un autre en réponse aux changements des signaux de l’environnement (voir tableau 8.1).
EXEMPLES DES SYSTÈMES DE CONTRÔLE GLOBAL CONNUS CHEZ ESCHERICHIA COLIa Signal
Activité primaire de la protéine de régulation
Nombre de gènes régulés
Respiration aérobie
Présence d’O2
Répresseur (ArcA)
≥ 50
Respiration anaérobie
Manque d’O2
Activateur (FNR)
≥ 70
Répression catabolique
Concentration en AMP cyclique
Activateur (CAP)
Choc thermique
Température
≥ 300 32
Facteur sigma alternatif (σ )
36 54
Utilisation de l’azote
Limitation en NH3
Activateur (NR1) / facteur sigma alternatif (σ )
≥ 12
Stress oxydatif
Agent oxydant
Activateur (OxyR)
≥ 30
Réponse SOS
ADN endommagé
Répresseur (LexA)
≥ 20
a
Pour de nombreux systèmes de contrôle global, la régulation est complexe. Une protéine de régulation peut jouer plusieurs rôles. Par exemple, la protéine de régulation de la respiration aérobie est un répresseur pour de nombreux promoteurs mais un activateur pour d’autres, alors que la protéine de régulation de la respiration anaérobie est un activateur pour de nombreux promoteurs mais un répresseur pour d’autres. La régulation peut aussi être indirecte ou nécessiter plus qu’une seule protéine de régulation. Certaines des protéines de régulation sont membres d’un système à deux composants (voir section 8.12). De nombreux gènes sont régulés par plus d’un seul système global. (Informations complémentaires sur la réponse SOS en section 10.4.)
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