Qu'est-ce que la sociolinguistique?
La sociolinguistique s’intéresse à la compétence communicative…si on peut s’exprimer dans une manière
approprié pour la culture ou le contexte. Ceux qui ont étudié la linguistique ont modifié la discipline pour inclure les contextes sociaux pour mieux comprendre le phénomène. Sans examiné les effets différents causé par des situations différents, par exemple les comportements varié entre quelqu’un dans une salle de classe, quelqu’un a un match de foot et quelqu’un chez le médecin, ils ont dit qu’on ne peut pas comprendre en détail le science linguistique. Effectivement, Effectivement, la linguistique n’existe pas tout seul, il y a toujours un composant social qui est ajouter dans la sociolinguistique. Quand et pourquoi est-elle née?
La sociolinguistique était fondée par William Labov au début des années soixante. Labov a développé une nouvelle thèse sur la linguistique en réaction aux théories de F. de Saussure et ses Cours de linguistique générale. Grace à ses recherches sur le fonctionnement de la langue dans plusieurs sphères sociales à New York City en 1964, Labov a conclu que le contexte social d’une langue, ce qui n’est pas
considéré par Saussure, joue un rôle important dans la structure linguistique. Ainsi, la sociolinguistique est née pour prendre en compte les aspects sociaux et la variabilité de la langue et le langage. Co u r s de lil i n gui gu i sti que qu e gé né r al e F. de Saussure et les Cou
La linguistique est une structure systématique et homogène qui ne prend que la langue elle-même pour sujet. On refuse des influences extérieurs et des aspects sociaux en analysant la linguistique. Etant donné que le langage et hétérogène (il y plusieurs langages), il est globalement inconnaissable Il rejet la diversité et la variation du langage En 1916, Saussure et ses collègues ont crée cr ée les Cours de linguistique générale o
o o
Il s’agit d’une analyse structurée de la langue et du langage C’est une interprétation rigide du langage ; alors, il rejette la complexe réalité de la
linguistique Labov et le développement de la sociolinguistique
La sociolinguistique de Labov est une révisons des théories saussuriennes La langue est non-systématique et variable ; il y a des limites à une linguistique structurée Si la langue est structurée et homogène, comme c’est décrit par Saussure, comment avoir une société qui transforme ? Des structures hétérogènes font partie de la compétence linguistique de l’individu o Il défait le concept d’une langue structurée et homogène
Labov a effectué des recherches sur le fonctionnement de la langue dans plusieurs classes sociales pour démontrer la diversité linguistique. Il a publié La stratification sociale sociale de l’anglais à New York en 1966 Il a trouvé un rapport entre une structure linguistique et une structure sociale o o
Quels sont les buts de la sociolinguistique?
Comme la pragmatique, la sociolinguistique examine le contexte de la phrase. Mais la sociolinguistique considère le contexte de la phrase au contexte culturelle. culturelle. Donc, l’étude de la sociolinguistique est spécifique à chaque culture. Les sociolinguistes reconnaissent les liens entre la société et la dialogue qui représente cette société. société. Il n’y a pas une compréhension pure et globale pour la langue ; il faut qu’on
considère les valeurs culturelles desquelles la langue développer. De plus, la langue dans une société est divisée plus profondément entre les catégories de l’âge, sexe et classe sociale. Ainsi, les buts de la sociolinguistique restent dans ses principes. En comprenant comprenant les règles linguistiques du point de vue d’une
culture, les sociolinguistes apprennent la société dans une façon plus profonde. 1
Société et langue 1.La langue, une entité bien définie ?
1.1 Une langue est un instrument de communication, c’est-à-dire un systéme de règles et/ou de signes et un instrument d’interaction sociale ; son utilisation implique des interlocuteurs de status parfois différents dans une certaine situation de discours. Connaître une langue, c’est produire et comprendre des phrases bien formées appropriées à une situation particulière. C’est connaître à la fois:
- une ensemble de règles qui permettent de construire et de reconnaître une infinité de phrases grammaticalement correctes, d’interpréter celles d’entre elles qui sont douées de sens, de déceler des
phrases ambigues... - un ensembles de règles psychologiques, culturelles et sociales qui commqndent l’utilisation des phrases de cette langue dans un cadre social, de conventions qui règlent le fonctionnement normal des échanges verbaux dans une interaction de communication. ¨Apprendre une langue¨, c’est apprendre les règles du systéme linguistique formel et les règles d’emploi de la langue. Tant qu’un apprenant ne sait pas comment utiliser les ressources d’une ¨grammaire¨pour énoncer des messages doués de sens dans des situations de la vie réelle, on ne peut pas dire qu’il connaît
une langue. Il doit savoir quelle variété de la langue utiliser dans telle situation particulière, comment varier son ¨style¨selon la personne à laquelle il s’adresse, à quel moment il doit parler ou rester silencieux,
accompagner ou non tel geste de son discours. 1.2 Aprés avoir vu ce qu’implique connaître une langue, il faut s’interroger sur ce que l’on entend exactement par ¨langue¨. Parler de la langue française, de la langue allemande..., c’est opérer une abstraction et une
généralisation assez considérables (et souvent inconscientes). Car il y a en réalité autant de parlers différents qu’il y a de collectivités différentes utilisant une langue, et même, si on est ri goureux, qu’il y a d’individus à l’utiliser (sans exclure la possibilité qu’il y ait; linguistiquement, plusieurs individus dans chaque homme). Un individu a une façon de parler propre considérée en ce qu’elle a d’irréductible à l’influence des groupes auxquels il appartient, un idiolecte. Il peut employer un dialecte régional à l’intérieur d’une nation où domine un autre parler, ou un dialect social, systéme de signes rence à ce groupe, ou encore la langue nationale, la langue officielle à l’intérieur d’un état. Il peut, en tant que membre d’un groupe socio-professionnel, apporter des modifications au lexique et à la prononciation de
cette dernière, ce qui peut aboutir à un jargon, à un argot. 1.3 On dit que le basque, l’occitan, le français sont des langues différentes. Pourquoi? On peut affirmer que l’occitan est différent du français parce que son systéme phonologique, sa grammaire et son vocabulaire sont différents de ceux du français. L’occitan est divisé en dialectes qui présentent des systémes
phonétiques, des lexiques et à un degré bien moindre, des grammaires différentes. Pourquoi dit-on que le provençal, le languedocien et le gascon sont des dialectes d’une même langue et non pas des idiomes distincts? On peut répondre qu’il est possible d’écrire une seule grammaire de l’occitan, un occitan de
référence, qui tienne compte des diverses variations dialectales. Est-ce possible dans tous les cas? Sur des bases purement linguistiques, on considère que la variété d’allemand parlé en Bavière est tout aussi
différente de celle parlée à Hambourg que la langue parlée en Hollande; pourtant, les deux premiéres variétés sont considérées comme de l’ ¨allemand¨ et la derniére comme du ¨hollandais¨. Le suédois, le
norvégien, le danois qui présentent de fortes similitudes phonetiques, grammaticales et lexicales, sont qualifiés de ¨langues différentes¨. De fait, aucun linguiste ne peut répondre à la question : à partir de quel degré de similitude entre les diverses composantes des systé,es linguistiques de deux idiomes peut-on dire que ces idiomes appartiennent à la même langue? 2
1.4 On a proposé de distinguer langue et dialecte sur la base de l’intercompréhension mutuelle, c’est-à-dire sur la possibilité pour les locuteurs de l’idiome A de comprendre les locuteurs de l’idiome B et vice versa.
Les variétés qui sont mutuellement intercompréhensibles seraient des dialectes de la même langue, et celles qui ne le sont pas appartiendraient à des langues différentes. Ceci n’est vérifié que dans certains cas. Les variétés utilisées de chaque coté de la frontière entre l’All emagne et la Hollande sont mutuellement intercompréhensibles mais elles sont perçues d’un coté de cette frontière comme „ dialectes allemands” et de l’autre comme „ dialecte hollandais”. De fait, quand on examine l’intercompréhen sion
mutuelle entre les variétés, on ne se réfère pas aux propriétés linguistiques de ces variétés mais à celles des locuteurs qui emploient ces variétés. En voulant mesurer le degré d’intercompréhension, on mesure
en fait un amalgame de facteurs linguistiques et sociaux qui influent sur les limites de d’intercompréhension des locuteurs natifs d’une variété des locuteurs d’une autre. Ainsi, la communauté niçoise, bourgeoisie autochtone comprise, par suite de l’annexion tardive du Comité de Nice à France, de la longue défense contre l’italien, de la nécessité de maintenir des structures niçoises dans une cité peuplée majoritairement d’i,portés, manifeste un localisme extréme – la „barbarie” pour les Niçois commence au Var – et ressent vigoureusement l’opposition niçard-provençal. Mais cette communauté n’est pas homogéne: on y trouve des nostalgiques de l’Italie faciste qui affirment la parenté du niçard avec l’italien, lequel constitue pour eux une langue de prestige; des „félibres” qui prétendent ne pas comprendre l’occitan qu’ils considérent comme une création artificielle, une langue désincarnée, porteuse d’idéologie mais qui comprennent le provençal-rhodanien de Mistral. Contrairement à ces derniers, les „occitanistes”, les défenseurs de l’occitan, langue véhiculaire possible, affir ment comprendre le niçard des almanachs et des piéces de théatre,bien qu’ils y voient un parler de moins en moins sociologiquement utile, porteur d’une culture „passéiste”.
1.5 Bien plus, l’intercompréhension ne permet pas toujours de délimiter les aires d’extension d’un dialecte car tout dialecte de transition. Si l’on considére les parles de la cote du sud de la France qui se rattachent à plusieurs dialctes différents, on constate que „s’il n y’a pas deux localités qui parlent le même langage, les phonétiques ou lexicologiques englobent souvent un ou plusieurs dialectes”. Si l’on considère une variété dialectale particulière, l’agathois, qui apparait sur la cote entre Vias et Méze, on s’aperçoit qu’elle
posséde des traits des variétés dialectales voisines, le biterrois et le montpelliérain, et des traits spécifiques. L’intercompréhension mutuelle est totale dans le cas de trois variétés dialectales voisines et partielle dans le cas de variétés dialectales éloignées dans l’espace ( montpelliérain et marseillais;
narbonmais et niçard). 2. La différenciation sociale
2.1 On ne peut dissocier la langue du contexte social dans lequel elle fonctionne: on a vu que diverses varétés de langue-standard, classique, créole- peuvent être définies selon les fonctions qu’elles remplissent dans une société particuliére, la façon dont elles se développent historiquement et les attitudes des locuteurs à leur égard; il reste à examiner la structuration de la société et ses conséquences possibles sur l’emploi de
la langue. Dans toute société, les gens sont classés en catégories et organisés en groupes. Les individus qui composent un groupe entretiennent des relations régulières et suivies entre eux, ont des droits et des devoirs dans leur comportement. Une famille, par example, est un groupe: ses membres se retrouvent régulièrement, attendent les uns des autres un certain type de conduite, et sont considérés par le monde extérieur comme une totalité. Une catégorie n’est qu’un ensemble d’individus auxquels la société attribue quelque chose de commun; c’est une classification male vs femelle, universelle, n’implique pas l’existence de groupes constitués d’hommes ou de femmes. Etre un homme ou une femme n’implique pas nécessairement la participation à un groupe; l’affiliation au mouvement „Condition masculine” ou MLF, 3
oui. Le poids de la société sur le comportement ou le discours d’un sujet varie selon que l’on considère l’individu dans une catégorie ou dans un groupe.
2.2 La diversité langagière est étroitement liée à la nature des groupes et des catégories qui existent dans une société donnée. Aprés avoir étudié la variation spatiale et les dialectes géographiques, les linguistes étudient la variation sociale et les dialectes sociaux ou siciolectes qui naissent des inégalités de la société. Les individus qui composent une société ne sont pas égaux ; le général et le bidasse, le proviseur d’un lycée et le maitre-auxiliaire, l’enfant prodige et l’enfant handicapé moteur, le grand maigre et le petit gros ne sont pas relles ou innées et différences de position sociale ; certaines positions sociales peuvent bénéficier d’un prestige, d’un statut égal, d’autres peuvent entrainer des différences de rang social. Le sociolinguiste s’intéresse aux inégalités sociales qui se reflétent l’emploi de la langue : celles qui sont
dues à des différences de prestige ou de statut , et enfin, celles qui sont dues à une distribution inégale du pouvoir. 2.3 Les différences de fortune et de revenus sont parfois associées à la notion de classe. La classe sociale d’un individu est en fonction pour les uns de critéres strictement éconmiques, pour les autres de données psychologiques; aussi le nombre de classes varie-t-il selon les théories: prolétariat et bourgeoisie pour certains; patrons, ouvriers et classe moyenne pour d’autres. On a souligné l’importance des différenciations sociales lors de l’acquisition de la syntaxe: les enfants issus de milieux populaires n’accederaient qu’à une langue pauvre en subordination. Les enfants de la classe ouvrière subiraient u n handicap particulier du à leur langage; en effet, le type d’élocution pratiqué à l’école ne correspond pas à
celui qui domine dans les familles culturellement défavorisés. La langue peut constituer un obstacle à la mobilité de l’emploi; les difficultés d’adaptation et d’intégration socioculturelle du paysan sicilen qui
émigre à Turin pour y travailler en usine ont leur racine dans la langue. 2.4 Les différences de prestige ou de statut ne sont pas systématiquement liées aux différences de classe. Un chauf feur routier peut gagner beaucoup plus d’argent qu’un jeune employé de banque; aux yeux de l a plupart des gens, son métier jouit d’un prestige inférieur. Un „nouveau riche” peut se situer plus haut dans la hiérarchie économique qu’un membre désargenté de la bourgeoisie locale; il ne s’y intègrera que lorsque tout son comportement imitera servilement celui de son „ groupe de référence „. Dans les
échanges linguistiques, le statut des interlocuteurs, quand ils agissent és qualité, influe sur le choix des registres, la nature et le déroulement des événements de parole. Il existe, en anglais, une prononciation de prestige, une for,e de prononciation non localisée, qu’on utilise et qu’on enseigne dans des maisons d’éducation privées pour privilégiés qui est un indicateur de statut social. En France, un esprit prévenu
demandere au général si le repas servi au mess des officiers était bon, si ses affection génito-urinaire; il demandera au bidasse si „la bouffe n’était pas trop dégueulasse”, si „ ses pompes ne lui fo nt pas vachement mal”, „ s’il n’a pas choppé une chaude- pisse”. Ceux qui détiennent le pouvoir peuvent imposer une langue nationale par l’organisation administrative et
par la vie culturelle. Ils peuvent utiliser la langue comme instrument politique : la lutte des classes contre „ les langues minorées” fait partie d’une politique centralisatrice. Le nationalisme s’accompagne souvent de tentatives pour „ épurer” la langue de contaminations étrangères.
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Classe sociale 3. La problématique
3.1 La sociolinguistique met en regard des diversités linguistiques et des diversités sociales non linguistiques, c’est-à-dire économiques, culturelles. S’il y a un concept qui a balisé son champ, tant en Europe qu’aux USA, depuis sa naissaince, c’est bien celui de classe sociale. Elle se pose la question suivante : comment et pourquoi les classes sociales diffèrent-elles dans leur usage de la langue ? Le linguiste , au sens étroit du terme, peut rejeter cette question en invoquant divers arguments : la notion de classe appartient à la sociologie et à la science politique et dépasse donc le cadre de sa discipline ; elle fait appel à des explications non linguistiques, et , plus subtilement, elle concerne la performance et non la compétence. Pourtant, cette question est pertinente pour lui : le donné linguistique peut éclairer la structure de la société, permettre d’identifier les divisions sociales, les points de conflict et de convergence ; il peut montrer que la division en classes est à la base de la variété standard d’une langue, de la nature subjective du préjugé linguistique ; il peut à révéler les sources de l’innovation sociale et les motivations des movateurs. 3.2 Quatre problèmes importants sous-tendent tout travail sur les relations entre langage et classes sociales : - La définition même de classe: la sociologie comme science sociale s’est proposé d’aborder scientifiquement cette notion. Est-ce que les classes sociales existent ou n’est -ce qu’un langage idéologique au service d’intérets politiques? Si elles existent au-delà ou en deçà des mots, quelle analyse scientifique convient-il de leur réserver? -La description et l’usage de la langue: l a classe y est impliquée pour la plus évidente des raisons, l’existence de la variation sociale. Ainsi, les travaux de Labov sur l’anglais parlé à New York ont révélé que certaines variations phonétiques présentent une étroite corrélation avec l’origine sociale. De même, utiliser un sociolecte, code spécifique d’un groupe, c’est témoigner de son intégration à ce groupe qu’il
convient de définir. -L’explication du changement linguistique: la plupart des innovations linguistiques sont socialement motivées, ont origine dans une classe particuliére, et se sont étendues à toute la société le long de lignes sociales prévisibles. -La construction d’une théorie linguistique: la variation linguistique doit être partie intégrante de définition de l’objet d’étude de la linguistique, de la distinction compétence- performence. L’ „hétérogénéité ordonnée” qui apparait dans les variations de classe révèle une „compétence de communication” qui doit être intégrée dans les fondements théoritiques. 4.La question de langue et classe sociale
4.1 Notre choix d’une population socio-économiquement défavorisée nous met face à la problématique de la
relation entre langue et classe sociale ; nous tenons alors à éclaircir notre position. Dans les années 50, des études trouvent une corrélation faible entre la proportion des subordonnées et la classe socio professionnelle des locuteurs mais ne concluent pas à un lien entre le niveau de langue et les classes socio- professionnelles (Hurell, 1956). Néanmoins, à la même époque, Sampson (1956) conclut d’une 5
étude sur de jeunes enfants que le contexte social influence le développement du discours. Que penser de l’hypothèse de l’existence d’un lien entre compétences langagières et classes sociales ? L’important n’est pas forcément une différence de classe sociale, mais plutôt la prise en considération, dans son analyse du langage, du contexte. Labov (1978/1993) est l’un des premiers à considérer la langue
dans son contexte social et à montrer que, selon les contextes sociaux, nous pouvons observer des productions linguistiques différentes. Bernstein (1971, 1973, 1975a, 1975b, 2000, 2007) parle de deux codes principaux de la langue, le code élaboré et le code restreint (ou commun). Néanmoins, la méthodologie de Bernstein, basée principalement sur des questionnaires (qui encourageraient davantage la population favorisée), a été très critiquée et controversée (Léger, non publié). Les individus des classes ouvrières sont tout aussi capables de produire des textes cohérents et riches en information, même en utilisant le langage élaboré, si la production langagière se fait dans un contexte adéquat dans lequel l’enfant se sent à l’aise (Labov, 1978/1993). Ainsi, Labov montre que, face aux locuteurs du vernaculaire noir-américain, il faut manipuler le contexte pour que les locuteurs produisent de la façon la plus naturelle possible : Bereiter (cité par Labov, 1978/1993), lui, n’avait obtenu que des réponses
monosyllabiques alors que Clarence Robins (collaborateur de Labov), grâce à un contexte modifié et adapté, a relevé des productions de meilleure qualité. En effet, des modifications importantes ont été apportées au contexte de production, comme : (a) permettre aux locuteurs d’être plusieurs lors de la tâche linguistique ; (b) le fait que l’expérimentateur appartienne lui-même à la communauté à laquelle les locuteurs appartiennent, ce qui a également des conséquences sur les productions telles que l’évocation de sujets tabous ; et (c) se mettre physiquement au même niveau que le sujet, en s’asseyant par terre comme lui. Les travaux de Labov (1978/1993) suggèrent que, du point de vue du texte narratif, du raisonnement, etc., les membres de la working-class apparaissent « comme des locuteurs bien plus efficaces que beaucoup de membres de la middle-class » (Labov, 1978/1993:294). Les différences langagières entre les classes sociales intéressent les chercheurs depuis plusieurs décennies et ont été à l’origine de nombreuses polémiques. Il existe certainement différents niveaux de maîtrise de la langue de scolarisation et l’enfant doit sans doute passer par un développement pour atteindre certaines capacités. Avoir la capacité de manier la langue de scolarisation est, de plus, essentiel à la bonne intégration scolaire, sociale puis professionnelle des individus. Se prononcer sur l’éventuelle existence de deux langues (codes élaboré versus code restreint) est difficile et sans doute non pertinent. C’est en partant de telles conclusions que nous voulons établir, dans notre travail de thèse, le profil linguistique d’une population défavorisée sur un domaine sémantico-syntaxique spécifique du français.
Le protocole a été élaboré de sorte que les enfants se sentent le mieux possible : ainsi, (a) nous avons fait produire les individus dans leur cadre scolaire (un des lieux où ils sont le plus habitués à produire la langue de scolarisation) ; (b) les individus connaissaient tous une des expérimentatrices ; (c) des liens sociaux amicaux existaient entre cette dernière et les participants. 5.Basil Bernstein : codes linguistiques et classes sociales.
5.1 Les observations de Bernstein, que l'on trouve dans un livre publié en français sous le titre : « Langage et classes sociales » aux Éditions de Minuit s'organisent de la manière suivante : dans les sociétés, il y a des groupes sociaux, des classes sociale aux intérêts opposés et chacun socialise ses membres à sa manière. C'est une donnée de fait que les enfants d'ouvriers deviennent massivement ouvriers et que les enfants des catégories supérieures deviennent eux-mêmes membres de ces catégories. Les enfants de la classe ouvrière et de la bourgeoisie sont confrontés dès leur enfance à des modèles de socialisation profondément différents. Ces différences se renforcent à mesure que l'enfant grandit. Simultanément, la vision de la structure sociale et des rapports qui se nouent entre classes sociales devient partie intégrante de l'expérience de l'individu. L'acquisition de ce « point de vue de classe », se fait au travers de l'apprentissage du langage parlé : c'est le discours (mots et structure) qui fournit le sens, et l'expérience de l'individu s'organise autour de ce qui a pour lui un sens. L'apprentissage du langage est simultanément apprentissage d'une structure sociale, d'une hiérarchie sociale et de la place qu'occupent les individus dans cette hiérarchie. 6
Les différentes formes du langage ne sont donc pas des caractéristiques individuelles, mais aussi des caractéristiques sociales et culturelles qui déterminent la possibilité ou l'impossibilité de la réussite scolaire ou professionnelle, et par conséquent la place dans la hiérarchie sociale. En résumé, l'apprentissage d'une forme de langage, celle du groupe d'appartenance, nous situe comme membre du groupe, nous place dans l'échelle sociale, nous oppose aux autres groupes sociaux dotés d'une autre forme de langage. Le langage que nous parlons — et qui donne un sens à notre expérience — est, dans les termes de Bernstein, un langage de classe. Dans le cas de l'école, on ne peut attribuer à des incapacités individuelles (incapacités à comprendre, incapacités à s'exprimer à l'écrit ou à l'oral, absence de maîtrise du langage, etc...) ce qui relève du fonctionnement même de la structure sociale. En d'autres termes, si un individu est considéré comme « doué » ou « intelligent », c'est principalement parce qu'il comprend le code utilisé. Le rôle de son intelligence se borne à lui permettre d'utiliser au mieux les possibilités offertes par un langage socialement déterminé. 6. Langue commune et langue formelle.
6.1 La suite de l'analyse se déroule comme suit. Dans nos sociétés, il y a principalement deux classes qui s'opposent. Elles s'opposent également par deux formes de langage que Bernstein désigne sous les termes de langage formel et de langage commun. Le langage formel ou élaboré est le type de discours des classes supérieures. Sa structure est complexe et le locuteur dispose de nombreuses possibilités d'organisation de la phrase et d'un vocabulaire étendu. Le discours individuel est donc difficilement prévisible puisque le locuteur possède de nombreux instruments pour clarifier et expliciter ce qu'il pense. Le langage commun ou restreint est le type de discours des classes populaires.Il se distingue par la rigidité de sa syntaxe et par l'utilisation restreinte des possibilités d'organisation du discours. C'est un discours relativement condensé et on peut facilement prévoir la structure du discours de tout individu locuteur de ce langage. Ces deux formes du discours constituent des modèles d'analyse ou ce que l'on pourrait appeler dans le langage wébérien des types idéaux. On ne les trouve jamais réalisés en tant que tel, mais ils désignent des pôles entre lesquels des formes mixtes, ou des degrés variables de maîtrise, peuvent s'intercaler. De manière schématique, langage formel et langage commun s'opposent sur les points suivants : Langage formel :
l) prévision de l'organisation grammaticale 2) importance des nuances logiques 3) usage fréquent des prépositions, conjonctions,propositions subordonnées 4) usage rigoureux des adjectifs et des adverbes 5) usage fréquent des pronoms impersonnels : "il" et "on" 6) verbalisation et expression des impressions personnelles 7) utilisation de concepts nombreux et complexes pour l'organisation de l'expérience. Langage commun :
l) phrases courtes, grammaire simple 2) incapacité à s'en tenir à un sujet donné, désorganisation du contenu de l'information 3) usage simple et répétitif des conjonctions usage rare des subordonnées. 4) usage rigide et limité des adjectifs et adverbes. 5) usage rare des tournures impersonnelles. 6) impressions individuelles rarement mises en valeur 7) nombreuses affirmations et expressions indiquant qu'on recherche l'approbation de l'interlocuteur, d'accorder une valeur à l'énoncé précédent ou à celui qui suit : " N'est-ce pas ?", "Tu te rends compte !", "Tu vois" ce qui constitue un appel au consensus en même temps qu'un doute sur la validité de l'expression. 7
7. Exemples de discours en langage formel et langage commun
7.1 Les caractéristiques que l'on vient d'énoncer des deux formes de langage sontle résultat d'une multitude d'analyses et d'expériences. Pour illustrer cette différence, retenons une des expériences de Bernstein. On donne à des enfants appartenant à des classes de 6ème, dans des écoles scolarisant les enfants de catégories supérieures et dans des écoles scolarisant des enfants de catégories populaires, une série de quatre images et on leur demande de raconter une histoire sur la base de ces images. La première image montre quelques enfants jouant au ballon ; sur la 2ème image, le ballon casse une vitre ; sur la 3ème, une femme regarde par la fenêtre et un homme fait un geste de menace ; sur la 4ème, les enfants s'en vont. Histoire 1 : Langage formel. Trois enfants jouent au ballon et un enfant donne un coup de pied au ballon et il tape dans la fenêtre. Le ballon casse la vitre et les enfants la regardent et un homme sort et les gronde parce qu'ils ont cassé la vitre. Alors ils s'enfuient et puis cette dame regarde par la fenêtre et gronde les enfants. Histoire 2 : Langage commun. Ils jouent au football et il donne un coup de pied et il part jusque là et il casse la fenêtre et ils regardent ça et il sort et les gronde parce qu'ils l'ont cassée alors ils s'enfuient puis elle regarde.
La comparaison des deux histoires montre bien les différences que l'on a citées plus haut : utilisation du vocabulaire, des phrases, construction des propositions, précision du vocabulaire, etc... Mais l'opposition essentielle tient à ceci : dans la première histoire (langage formel), l'histoire se comprend en elle-même, à la simple audition. Aucun support matériel n'est nécessaire à la compréhension. Au contraire, le deuxième récit est incompréhensible à la seule audition si l'on ne connaît pas le support qui l'a provoqué. Le premier récit est indépendant de la situation qui lui a donné naissance, le second dépend étroitement de son contexte. Le discours du premier enfant est de type universaliste (il tend vers l'abstrait), celui du deuxième enfant est de type particulariste (il reste attaché aux seuls détails qui l'ont motivé). Le discours des catégories supérieures se présente donc comme détaché des éléments concrets qui le suscitent. Il pourra s'y rattacher grâce à des conjonctions, des prépositions, des propositions subordonnées, mais son intention générale est d'être un discours en tant que tel. Inversement, le discours des classes populaires est un discours matérialiste qui ne se dégage que rarement du fait précis qui le motive. Il ne prétend pas à l'énoncé de faits permanents mais de faits concrets. Il s'agit donc d'un langage descriptif, sans concepts analytiques, alors que le langage formel accroît la sensibilité aux distinctions, aux précisions, avec une tendance à l'abstraction. Or, le langage de l'école est un langage formel. On comprend dès lors qu'un enfant des catégories populaires se trouve limité, dès son apprentissage de la langue, à un type de concepts descriptifs, ce qui limite le nombre et le genre de stimuli auxquels on lui apprend à répondre. A cela, il faut ajouter que l'enfant apprend, avec le langage, une structure sociale et l'intériorise dans le même processus. 8. Conclusion
La sociolinguistique est donc une discipline relativement nouvelle aux intérêts variés. Elle permet une meilleure compréhension des langues telles qu'elles sont réellement parlées dans le monde, et est un outil indispensable pour faire évoluer les stéréotypes linguistiques et promouvoir la diversité.
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