Banalité de Heidegger
Une première version de cette étude a été présentée au colloque organisé à Wuppertal par le Heidegger Institut les 30 octobre et 1 novembre 2014, intitulé Heideger und die juden Elle a été publiée, en allemand, en juin 2015, dans Peter Trawny et Andrew J. Mitchell (dir.), Heidege die juden noch einmal Francfort-surleMain Vittorio Klostermann. ec
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© 2015, ÉDTO GALLÉE 9 rue inné 75005 Paris. En applcaton de la o du Il mars l est nterdit de reprodure ntégralement ou partellement le présent ouvrage sans autorsaton de lédteur ou du Centre Cent re frças d'explotaton d'explotaton du drot dro t de cope (CFc) rue des Gnds-Augus, 6 Pars.
SSN 83 SBN 8-8-3- weditionsgaieef
Jean-Luc Nancy
Banalité de Heidegger
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Éditios Glilé
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Le titre que je donne à cette étude provient ectemen ectementt et très clairement de Hannah Han nah Arendt. Jssi ne doit-il pas donner prise aux alen dus qu'a parfois suscités le sous-titre de son 1 dus Fchmann jérusalem. En eet, A Report on th Banali ofEvil ofEvil Ein Bericht über die Banat des Bsen ( Un rapport sur la banalité J mal ) a été écompris de anière surpre nte sinon inquiétante, coe s'il s'était agi de déclarer que le al représenté par les camps zis était chose banale qui ne méritait donc as qu'on s'insurge et qu'on le dénonce sans serve. L expression choisie par Arendt a été ée coe un anqueent aussi bien à telligence du cœur (envers les victies) qu'à ele de l'analyse (envers les nazis). C'était consi érer que la banalité en question équivalait à une relative indiérence du al, alors qu'elle essayait de de désigner le contraire: combien il avait été possible que se banalisent les jugements et les ratiques qui ont convergé dans l'exterination d'environ cinq illions de personnes. «
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Que le jugement d'Arendt sur Eichmann ait été faussé par le système de défense dont on sai aujourd'hui que l'ancien chef de la section 4 du Bureau Central de Sécurié du Reich l'avait longuement élaboré dans l'espoir de détourner l'attention - cela n'invalid n'invalidee pas la la pensée pensée de la « banalité du mal » . Eichmann n'était pas un fonctionnaire ordinaire, ni du point de vue de ses fonctions (visibles et secrètes) ni du point de vue de sa personnalité. Il nen reste pas moins quil est permis de dire que son système de défense lui avait été inspiré par la réalité de lim ense machine d'exécution des ordres dont le fonctionnement n'a été rendu possible que par une forme de normalisation et de banalisation de ces ordres et de leurs mobiles profonds. Des travaux ultérieurs dhistoriens et danalystes des phénomènes de destruction massive ont corro boré lintuition arendtienne. Si je rap rappe pell llee ces ces donn donnée éess aujou aujourd' rd'hu huii ellesmêm ellesmêmes es banales banales - c'est c'est parce parce que le malen malen tendu n'en a pas moins la vie dure et parce qu'il a su que je prononce l'expression « la bana lité de Heideger » pour voir ce malentendu se reformer à linstant. linstant. On a aussitôt aussitôt soupçonné que je voulais voulais miniiser la portée des propos antisé mites révélés par la publication des Cahiers noirs1 Ot été pis, p Pt Ty , sos tit éé Überle g un g en (<< Réfxos >> ) , so-tté Schwarze .
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(comme si, par exemple, j'avais voulu rappeler que le noir de ces cahiers n'est rien de plus ue la coul couleu eurr de leur leur couverturecouverture- ce ui ui est est exact et ue toute association à une noirceur spirituelle serait déplacée ...) . Or il s'agi s'agitt du contra contraire ire comme comme dans le cas d'Arendt: il s'agit d'un phénomène de plus rande ampleur de temps et d'espace ui aura contenu la possibilité de celui auuel Arendt était confrontée. La banalité dans le cas de Heidegger, Heidegger, est e st elle de la doxa de l'antisémitisme telle u'elle circulait en Europe dans les années 1920-1940 et telle uelle ressurgit de nos jours, ingulièrement en France et en Alemagne, en Grèce et un peu partout1• Entre les très nombreuses conrmations ossibles, je choisis ce passage d'un article con acré aux loi antisémites du gouernement rançais de Vichy. Envisageant les commenaires supposés « neutres et objectifs ») de ces lois ournis à l'époue par les spécialistes en science
He ( Cahiers noirs » ) , suivi des numéros des cahiers les nnées 1931-1941, constituant les volmes 94 à 96 de la Gesmtusgbe de Heidegger, chez Vittorio Klosterann Francfort-sr-le-Main, 2014 (je tradis les citations qe j'en donne). Les années sivantes sont en préparation : i existe 4 Chiers nirs a tota, aant de 1931 à environ 1969. 1. Je aisse de côté ce qi est directement lié à 'État dIsraël qi n'eisait pas à 'époque considérée 11
juridique, Danièle Lochak es pace sous le signe de l banalisation, en récist cec : Le mot banalisation » re voie à deux pro cessus convergents, à un oube eet de con sécration e 'euphémisation. I y a banalisaion du doit anismie au sens où il y a conscra ion d'une discipine nouv elle venant rendre pace parmi les autres e siégrer dans les cadres et les caégories du droit comun Au-delà, il y a banaisation de lantisémiisme uimême par leet d eupémisation, e déraisaion, que podut la con version e a logiue anisé mie en ogique juridiue : erçues à travers e voie absrai des cocepts juriiues, les mesurs antiuives peren, pour les commenaeurs et es lecteurs, tout conenu concret, leurs consé quences tragiues disparaissent errièe un rai temen purement f orme des prolèmes u'elles souè ven 1•
Avec es Cahiers noirs e Heiegge, l est ossle de tansoser a conveson ainsi Danièle Lochak, « Écrre, se tare . Réexons sur la doctrne antsémite de Vchy , dans L G Hum, n 30-31, " L dot antsémite de Vchy», Pars, Le Seul, ma 1996. (Pour ben comprendre le ttre de cet artce, il faut précser que« la doctrne au sens jurdique technque désgne en France l'ensembe des commentares produts par les justes unverstares Les Aemands dsent parfos « d Rctdkt mas plus souvent "d Rctl ou ben "d jutc . ) 1.
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décrite du plan juridique au plan philosophique. Et par conséquent de parler de l'introduction en hilosophie d'une banalité- cellelà même dont émoigne le discours juridique de Vichy mais ussi bien le discours antisémite plus que lar ement répandu en urope depuis le début u xe siècle Ce discours a produit des eets 'adhésion quasiment mécanique sur la majorité de tous ceux que ne préservait aucune pensée apable de critiquer les grossièretés historiques, anthropologiques, philosophiques et fantasma tiques dont ce discours est rempli Une telle capacité de critique pouvait relever de convic tions démocratiques ou religieuses, marxistes ou umanistes lle pouvait aussi tenir à une répul sion pour la vulgarité intellectuelle inhérente au acisme, cette vulgarité que Nietzsche avait fort bien détectée Heideger dans ses cahiers autant que dans les Beitr g e récuse le principe raiste ou racal, précisément parce que le premier dépend du second, lequel procède dune conception biologique, naturaliste et donc « métaphy sique »1• Parler de l« animal doué de raison », Voir par exemple Übl un n V vol. 94 de la Gsamaus ab, op. c, p 370. Je prote de cette première référence pour rendre hommage au travail de Peter Trawny, éditeur et commentateur des volumes 94 à 96 Cela ne signie pas que je partage entièrement tous ses développements mais que j'en salue la précision, la détermination et l courage. J'en prote aussi pour signaler que Maurice 1
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c'est rester deux fois (race et raison) en deçà de la nécessaire « métamorphose de l'homme en fondateur du Da-sen 1 »,c'est-à-dire de la venue de l'être ou bien comme être. 2
Or c'est bien dans la mse en jeu de « être » en tant que venue,arrivée,événement Geschehen et envoi Geschik irréductble à au cune donnée substantielle ou substantiable (telle que « l'être », justement) que résde le ressort intal et essentiel de la pensée de Heidegger. La diérence entre l'être et l'étant ne forme pas une diérence entre des termes mais cette diérnce sans concept dans laquelle Derrida a transposé 'ecace le plus propre du philosophe chez qui il reconnaissait a forme la pus déterminée et la plus vigilante de ce qu'il nommait,en « la réduction de l'ontologie naïve2 » Olender se rére longuement à Trawny dans la préface à l'édition italienne de son livre Razza e destino (chez Bompiani en 014 ; traduction de Race sans htoire Paris, Le Seuil, 009, dans lequel il est entre autres question de Heidegger). 1. Ibid p 411. . Jacques Derrida La Vix et le Phénomène Paris PUF, 1967, p 7. Si jindique dès maintenant la reprise ar Derrida du motif de l'<< arriver» de lhistoire, donc et un (re)commencement de ou dans l'histoire de l'être ou bien de/dans lêtre en tant qu'histoire cest pour indiquer
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La réduction de l'ontologie ne renvoie certes pas à la banalité haineuse de l'antisémitisme. Elle lui est même foncièrement étrangère et la ensée que Derrida a développée à artir de Heideg ger est là pour le manifester avec éclat. Nous y viendrons pour nir. Pour le moment il s'agit de comprendre comment, pendant au moins un certain temps, l'antisémitisme- banal et sans pensée par dénition - a pu être convoqué ar la pensée qui mettait l'« être» en question. Cette mise en question, que nous connaissons mieux sous le nom de Destruktionldéconstruction, exige une autre ontologie, et même autre chose qu'une ontologie, fûelle « fondmentale ». Heidegger le note : le « deuxième commence ment» « ne commence ni comme théorie de la connaissance ni comme "ontologie fondamen le >> mais omme « métaphysique- en un sens essentiellement nouveu>> 1• Ce qui veut dire aussi qu'il doit toujours rappeler en luimême {erinnern) la <mç hysis) du premier commence ment, même si lui, le deuxième, ommene ave aÀ8Eta (aètheia). déjà- avant d'y revenir le point initial d'une déhiscence overte à partir de la pensée même de Heidegger afn de sen écarter de manière sensible et continue. 1 M. Hedegger, Überlegungen IV dans Gesmus gbe vol 94, op. ci p 241
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Or c'est exactement à ce nouveau com mencement (deuxième ou « autre comme Heidegger le qualie le plus souvent) qu'est ri goureusement impropre le déploiement de 'Oc cident dans son état présent de« déracinement. I ui est impropre car il ne connaît ue le ca cul et l'explication (Erkrung, a mise en lumière, non éloignée de 'Aujlarung) • Avec le calcul on ne peut « rien faire ou « rien entreprendre ce qui se dit en allemand nichts nfngen, litér lement rien commencer Il s'agit donc de pouvoir (re)commencer La situation qui ne cesse d'occuper les Überle gungen (réexions) des années 18 à 1412 est cele de l'impossibiité de trouver accès à un autre commencement, sinon sous la condition dune disparition intégrae de ce qui caractérise l'Occident dans sa conditio ulime : le savoir technique, a domination des masses, le calcul et la « machination ))3• La situation présente 1 Cf Überlegungen VII, dans Gesamtausgabe, vol. 95, op. cit. p 63 2. Volumes 95 et 96 de la esamtausgabe op cit 3 Sans cesse répété dans ces notes comme il l'est aussi dans les Beitdge le mot Machenscha peut corespondre à << manigance >> ou à << menées >> (comme ce teme, l est aujoud'hu le plus souvent employé au pluriel), mas il évoque dabod pour Heidegger l'entrepse générale du < (machen) moderne en tant que producton opposé au <> (tun) comme acton, voe << créaton> ou << mse au monde>> . La technique y est donc impliquée, et avec elle "
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n'ore aucue autre possibilité que laéatis met aqel tedet de totes faços le mble des déteriatios et des forces ega es das la achiatio odere, dot la erre - das sa troisièe aée e 1941 et meçat à deveir dotese e tat que erre sur plusieurs frots 1• Chypothèse que s problèes pourraiet se régler à léchelle du ode, le« plaétarise , est pas à la hauteur lhistire de lêtre de l« historia >> car il est quue versio de« lordre des asses 2• À ce poit viet se cocetrer, vers la de 'aée 19413, otif déjà largeet appar as les cahiers précédets ais qui se reforce c cosidérableet et dot ous coaissos la domintion de 'objet : es Beitrge orent e mot « s Gegenstndlich-Machenschaliche » (Beitrge zur Philosophie [ 1936-938], dns Gesamtausgabe vo. 65, Frncfort-sur lMin, Vittorio Kostermnn, 2003, p. ), c'est-à-dire à eu près< object-mchiné>> dont i est dit que 'homme oderne est veugé u point que 'étnt ui est retiré < et onc bien pus encore 'être et s vérité . Voir Überlegungen X dns Gesamtausgabe, vo. 96, op. cit. p. 26 2 Ibi p. 264 3 Et donc du voume 96, ce qui isse à venir es oumes des nnées suivntes dont on peut penser qu'is 'inverseront ps tendnce génére des pensées de Hei degger. On e vérie déjà pr queques frgments divugués ( infa, p. 75, n ) 7
la présence après la guerre, attestée par la con férence de 1945 sur « La Pauvret >> 1• C'est le motif de la « russité » {Russentum) en tant que l'lément qui, dans sa vérité ou dans sa pro priété authentique {eigenich)2, reste soustrait à la détermination européenne-occidentale. Dans la mesure où la technique et le communisme arontent lOccident européen, la machination est engagée « dans une formidable auto-anni hilation de ses propres forces et tedances ». Avec cette auto-annihilation {Selbstverichtn se laisse entrevoir comme un très mince li grane non pas la possibilité proprement dite du nouveau commencement mais au moins celle d'une sorte de contretype (par la renaissance de la métaphysique achevée) dont la survenue peut contribuer à laisser commencer un autre commencement. Il ne s'agit pas ici de sattarder sur cette consi dération d'une authenticté russe en tant que revers du communisme (intrinsèquement lié à la technique, Heidegger l'a rappelé auparavant). Il sagit de souligner l'importance de la carac H La Pauvreté (die Armut) fç f 2004 h h x S 2 I, Überlegungen X Gesamausgabe 96 op. cit 276 1 M.
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tLTisaon d'une propréé pruelle ae da une nomnaon/conguraon de peuple. San vor non plu engager une analye du rôle que je l'dée de « peuple dan ce caher come 1r, on e conenera de marquer cec : u e - qu n'e pa une race - peu êre sdéré comme une force pruelle {encore Hedegger e mée de ce ocabulare), ou in de manère plu préce comme une fore de ommencemen hor. Cee force do oenr dune renconre approprée enre ue ané e une dné (ceec compre non me créarce de l'homme ma comme ge eé) 1• Un peuple e ce qu proen de cee conre/répone e qu de ce fa oure une sblé hoae Ce n'est pas« par» lui [le dieu] en tant que son < créateur » mais en se décidant envers ui dans la crrespndance d'essence entre propriété divine et humanité que de l'essence humaine povient un peuple ui supprte l'activité fondatrice de 'essence de la vérité2. 1. Voir id., Überlegungen XI ans ibid p. 48 2 Trucion lboris 'n x lui-mêm lor :
Nicht 'urh" desen a seinen Schpfr; sondern zu ihm tschieden in der 1 Entgegnung des sens von Gotscha und Mnshntum wird aus dem enshenwesen ein !k, das die ründerscha des sens der Whrheit er-tr » (ibid loc t) «
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Un tel peuple, aujourd'hui (1941), n'est pas encore le peuple russe mis ce dernier n'en représente pas moins le seul caractère ou la seule esquisse de caractère capable d'indiquer une possibilité pour un nouveau commen cement lequel peut-être attend encore un peuple allemand, mais qui devrait être sous trait à la condition nalement machinatrice à laquelle le régime nazi l'a conduit, trhissant lui-même ce qu'il avait pu parître entrouvrir come un commencement Pour ce qui est des autres peuples anglais, français, italien, améri cain, japonais , il sut de signaler ici qu'ils ont été plus ou moins longueent carctérisés dans leurs insusances ou dans leurs misères foncières. Sans doute fautil préciser qu'il ne s'agit pas toujours exactement de peuples (il est plus question d'« américanisme que de peuple américain) et que par ailleurs des entités comme le christianisme, d'une part, la technique, de l'autre, forment des caractères transversaux aux peuples qu'elles aectent de manière essentielle et qui coposent l'Occident Abendln con trée du soir et du déclin Nous avons ainsi réuni les conditions néces saires pour situer l'antisémitisme Cexigence d'un autre commenceent comporte celle d'un peuple capable de l'assurer de même que le premier commencement a été le fait des Grecs. L accomplissement de la destruction enière du «
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omenceent grec cprte lui aussi sn 1 1le apprprié.
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C peuple apprpe est le peuple juif deger l'énnce très expliciteent et dans ks ers qui cnvinnnt à l'enseble de sa n à légard d prblèe cnstité par Occident, cest-à-dire du destin u de l'hist té de ce drnier La question du rôle de la juiverie mondiale n'est pas une questin raciae mais la question étaphysique qui porte sur le type de modalité umaine qui peut, en étant absolument librée, entreprendre à titre de tâche » historiale le dacinement de tout létant ors de lêtre 1• «
Die Frage nach der RoLe des Wludentums ist ·e rassche, sondern die metaphysische Frage nach der Art t'on Menschentümlchket, de schlechthin ungebunden de f:'wurzelung als Seienden aus dem Sein a wegeschchthe "Auabe übernehmen ann » ( Überlegungen XV ans Gesatausgabe vol. 96, op. cit p. 24). Avec lde 1.
Cemes Hrle je cros possble de précser cec : le mot enschentülchet semble être une crétion de Hedeg �r et peut-être e outre u hap Il tete de désgner une odté possble de l'êtrehomme En u sens, l'expres die Art der Menschentümlichet » sgnfert l'es èce précse de modté, de mnre de l'êtrehomme>> . Je oss<< type »pour trdure Art (mot trs cournt et que "
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« Historia » traduit ici weltgeschichtich Cette phrase de Heidegger fournit la justica tion entière de l'appellation d'« antisémitisme historia » adoptée par Peter Trawny. À l'instar de la « banalité du mal », cette expression a d'emblée soulevé des soupçons et des protesta tions : elle tendrait à minimiser l'antisémitisme de Heidegger en le projetant dans une sphère éthérée de spéculation qui l'exempterait de toute participation directe ou indirecte à l'entreprise nazie d'extermination. Une fois de plus, il y a là un contresens qui trahit un désir d'accusation véhémente et de dénonciation cinglante là où l'analyse rééchie conduit peut-être justement à alourdir le dossier en lui donnant toute s portée. Il est d'ailleurs remarquable que le même usage du mot « historia » ccompagné du mot «spirituel» pour caractériser la vérité profonde de l'antisémitisme et de l'extermination lorsqu'il a «
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Heidegger emploie fréquemment) - plutôt que « espèce >> , <> , ou« sorte>> an d'avoir un terme susamment marqué, d'une part, et d'autre part sans connotation trop biologique. Je fais ainsi droit aux requisits de Heidegger et si le mot« ype>> produit une allusion au lexique antisémite, je ne l'ai pas cherché. Cependant j'en prote volontiers pour renvoyer à toutes les réexions de Philippe LacoueLabarthe sur la « ypologie >> propre à la « métaphysique >> au sens critique du mot 22
ét le fai de Philippe Lacoue-Labrhe en 1987 t lus ard, n'a soulev aucune proesaion. Ce qui rvèle une sore de rexe condiionn aru plus rcemmen : des mos comme « al » ou « anismiisme » ne doiven ps êre ocis des ermes qui ne soien pas osensible en chargs de condamnaion ... ondamner t une chose analyser en es une aure qui en cun cas ne peu nuire la condamnaion s lus que la favoriser. e don nous sommes jourd'hui redevables apparien avan ou alyse non parce qu'il conviendrai d'oublier jugemen oral (poliique e philosophique) s prce que usqu'ici nous n'avons ouours s en assez loin l pensée des raons profndes de nos conmnations. Deux iers de siècle après erminaion nous n'avons pas encore assez ro ce qui nous es arriv à nous huma t europenne devenue pleinemen mondiale Js le emps e dans le mouvemen des vne ens que Heidegger dsignai comme« le dra emen de ou l'an >> aprs, en même es e encore avan que cen aures expres ons cherchen les nommer e les inerprer ( < dclin de l'Occiden », « ricaion « ali ion », Kulurpessimismus « obsolescence e l'homme », « caasrophe de la moderni », 1 Dns La Fiction u politiqu, Pris, Bourgois, 198 ,
p.
5-6.
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monde hoogène ' sionnel, etc.)
hoe unidien
Lenjeu de la lecture de Heidegger, et singuliè reent de ses textes les plus exposés à la conda nation ou à l'anathèe, est de nous transporter une fois de plus ais avec une puissance toute particulière devant lexigence dinterroger ce qui, avec « le monde oderne )}, est arrivé au monde- et au monde en tant que tel, cesà dire en tant que conguration supposée dune ou de plusieurs possibilités de faire, de recevoir et de partager du sens (quoi quon entende sous ce mot). Or cest bien Heidegger qui a opéré la preière étaorphose de la question philoso phique du sens en la désignant come celle du sens de lêtre >>. Il est indéniable qu'il l'a fait en êe teps que dautres Bataille, Benjain, Freud Witt genstein, pour ne nomer queux , mais que son opération a été la plus frotale, si on peut parler ainsi, prenant à braslecorps lonto logie, thème architectonique de la étaphy sique dont Kant, Schelling, Hegel, Nietzsche, Kierkegaard, Bergson et Husserl avaient engagé la ise en question ou en crise Il y a quelque ridicule à faire un tel rappel, ais cela paraît nécessaire tant est répandue lopinion que Hei degger pourrait être sans autre considération 24
yé de l'annuaire philosophique pour cause de 1zme. Ce qui revent à cuuler deux erreurs !,e : d'abord que l'événeent du nase ' us les fascises plus largeent des tota mes et de la déocratie qu s'en prétend •prte ne poserait pas de problèe philoso e (sinon un vague appe aux « valeurs ) , ,. , suite que Heidegger aurat été sipleent î (coe disons Buer) alors que es 1 ;hs ns déontrent exacteent linverse. < entonsnous dune phrase dans le volue 'l ui rasseble tout le mépris du philosophe H u la doctrine naie : « Savoir racial savoir -storique savoir du peuple consttuent ( ndement "scientique de la visiondu de populopolitique
Que sa anère de poser la question l'ait ut non pas vers le naise en tant que onduonde (expression qu'il rejette des otifs philosophiques) ais vers quel ' ji chose qu'on peut caractériser come un chifascise , selon un ot de Lacoue 1 .a rthe ou bien coe une esèce de révéla hyperboliue dune vérité destinale et " Rassenkunde, Vrgeschichtskunde und Vlkskunde
'·e die wissenschafliche Grundlegung der volkisch-poli '"h Wanschauung aus » M. Hdgg Überlegun gm Xl da Gesamtausgabe vo 95, op. cit p. 429)
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« en peuple » de l'être (je n'emploie pas le mot « révélation » sans une intention à préciser plus tard) - voilà qui mérite d'être scruté de près, démonté et désavoué Mais qu'il se soit agi d'un geste philosophique, on ne peut le nier. Cela ne fait que rendre plus aiguës les ques tions auxquelles ses Cahiers nous confrontent sans ambiguïté. 4
Il est tout d'abord évident que la qualica tion d'« antisémitisme historia » est entière ment justiée. Elle donne un abrégé de ce dont la phrase citée plus haut donne le développe ment inial : le peuple juif en tant que tel, joue un rôle déterminant, voire primordial, dans le « déracinement de l'être ». Livré à luimême - « totalement libéré » ou « aranchi » -, ce peuple s'avère très singulièrement approprié et adonné, à la tâche du déracinement Il est l'ac teur privilégié du déclin de l'Occident ou du moins en présentetil la gure - le « type », la sorte le mode - la plus caractéristique Une première question surgit : pourquoi fautil qu'un mouvement aussi large que celui qui s'incarne à la fois dans l'américanisme, le 26
bochevisme, la démcratie, la tecnique, l alité et l'jectalité ait recus à un gre siulière - s'il est iduita que n st pas juifs tus les acteurs de cet histi srphique ? Certaiemet cette écessité réd cipe même de la écessité d'u peple p re e œuvre tute dispsiti dcisive tiredesti : celleci 'est pas n si p essus elle est eaemet u écisi n se et reprise sus des ures détrminés e p rteurs de ces ures. Cette écessié pre ic tur à la fis très précis et très siulier: le juif se réclame pur luimêm e 'u prin e cial. U tel pricipe prviet limê e « dmiati de la vie pr la achi l n ». Or la machiati qui fait surir u l cie aturaliste cduit e irec de a " acialisati » (Entrassung intérle d'un aité réduite à l'éalité iiéciée 1 et e ééral de tus les étants. 1
I est itéressat de relever ue lauet pas très élié de celui pr lequl Max lie l'aret d'« équivalece éérle» dans Lelle est aliéée et arasée tte l'umié uctrice de sa prpre existec et dc de sa . M Hdggr Üb u VII, ':"• vl 95, op. p 56 27
da Gmu-
valeur ou sens Ce parallélisme dans la percep tion d'un nivellement et d'une indiéenciation se double presque d'un paallélisme de nature bien distincte : celu d'une classe destnée à renverser le rapport des classes et d'un peuple destné à annuler la distinction des races. Ce qu est le plus commun aux deux perspectives, c'est le recours à une instance déteminée et privilé giée- d'un privilège qui chaque fois se prévaut de sa négativité : le prolétaiat et le peuple juif sont exclus tous deux de l'humanité Ils sont l'un et l'autre doués d'une identité toute négative et/ ou négatrice Ce que suggère ce parallélisme, dont je ne prétends pas approfondi l'analyse, c'est un cetain régime eschatologique et gura de la pensée : une n approche une n, donc un commencement- et cet avènement requiert une gure, l'identication de la force anéan tissante (On ne peut même pas s'arrêter sur le fait que le prolétariat inaugure une révolution, tandis que le peuple juif engage une involution : car, pour Heidegger nous allons y evenir le naufrage est ndispensable au « nouveau commencement ». ) Il faut donc un type d'humanité de « moda lité d'existence humaine », pour que s'ac complisse la déchéance d'une humanité non seulement trop humaine >> mais surtout trop étrangère (aliénée ?) à sa plus prope destina 28
: en tant que Daein l'hmme est appelé à tt re l'être en jeu, u à rir l'uverture par tre est mis en jeu, c'est-à-dire expsé à être (be, nn substantif) en tant que sens de/ oe sa prpre mise en jeu. Il aut dnc cette assez singulière dialectique e identité du uleversement des identités 1ées et cnslidées par l'interprétatin sus e chsique, jectale etc.). Cette identité (t tre plus u mins que l'« humanité» plus u'un « peuple»« prvient»à partir de « l'es \e humaine» et dnc la surmnte) et mins uun autre « peuple» [au fait, purqui pas me ? est-n pussé à demander. . ] s'avère d ·un type vué au déracinement hrs de l'être. 1 in
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Aec la déracialisatin survient une aut �atin (Selbstenemdung des peuples en une unité indistincte (in ein) la perte de l'his1 c'est-àdire des espaces de décisin en ue de tre (Seyn). »Le lieu prpre, nn aliéné, de 1 ·anité en tant qu'elle sait se surmnter n'est e que l'histire, dnc l'advenir des événe ts en tant qu'ils peuvent rendre pssile de he) décider à l'égard de l'« être»lequel n'« est» s ais s'envie en tant que la pssiilité de «
l. M Hggr, Üb XI •:"· v 96, op. c p 38 29
a Gm-
s'envoyer avec/par/pour sa non-étance (s'il est possible de contracter ainsi cette pensée). Il faut donc que soit donnée une gure, un type de l'humanité se décidant à oublier l'« être », la néantité de ce que la métaphysique a pris pour un étant suprême ou général Toute cette construction tient peut-être à ceci : il ne doit ni donc ne peut y avoir ni suprématie ni généralité Pas de suprématie (ou de souverai neté) parce que chaque existence ouvre l'enjeu d'« être » en son entier jemein, comme dit Sein und Zeit1), pas de généralité pour la même raison : le « propre» (eigen doit être proprement « soi » L insistance sur l'existant insiste aussi sur l'ipséité l s'ensuit une sorte de règle implicite de l'ex ception : aucune généralité ne peut ni contenir ni orir l'exception que doit constituer l'ou verture d'une vraie possibilité d'« être » ou de laisser être 1'« être ». Il faut à chaque commen cement un peuple l en faut un aussi à chaque achèvement
Vir M. Heidegger, Übu XI, dans Gmt ub vl 96 op. ct p 32 1
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Or il s'agit d'achever. LÜccident s'achève, oi s'achever u bien est précipité dans l'achè ment. Lêtre est-il « essentielleent » vu à son ubli et à sa déshérence cplète u bien oubli et la dvastatin lui surviennent-ils ? is alrs, d'ù? Ils lui surviennent en quelque E1çn à la fis du dedans (S s'eace u se ure cnstitutiveent, purraitn dire) et du rs (l'ntlgie survient, êe si c'est déjà " dans» l'rigine) Ce« survenir» qui«vient» u dans le«cenceent» êe lui est érent en tant qu'il y a«cenceent» et nc devenir. e survenir appartient au devenir. En êe teps, le devenir est cpris ce estinatin» qui va vers leaceent prpre ;t ce qui cence. Mais jusqu'ù dans ces nditins y a-t-il un « survenir » prpreent ? t s'il y en a, cela laisse-t-il le devenir sans rprise? a questin reste en drit d'une diculté xrêe et je ne prétends pas leainer ici ais ic, dans ces cahiers, elle reçit un répnse de t : le peuple juifce peuple du ins ce xceptin rearquable au sein de l'enseble des ces de destructin qu'il accpagne et dnt il seble aussi furnir l'essence et le type. e euple juif est lagent identiabl, prpreent 31
identiable -pls popm il faut bien sans doute reconnaître cette bizarrerie de ce qui, par ailleurs, est une composition de masses et d'identités larges, américains ou américanisme, communisme et technique, Français, Anglais, Européens, Allemands même et« bla », soir, déclin, eondrement. Au fond, le déclin de lOccident est un pléonasme. L0ccident et déclin dan on nom, dan sa détermination topologique lieu tourné vers le couchant et dans son destin, son envoi, dans cet envoi quil est ou quil forme de lêtre cet-àdire d'une déciion. Pour Heidegger, lOccident comporte en luimême une fatalité ( Vhis un mot qui revient dan les Cahis qui appartient de manière constitu tive au detin et à la detination de lêtre. On peut lire dans Übwi Maphysik (texte des années 1936 à 1946) l'inistance toute particulière de sa pensée sur le caractère néceaire du déploiement de la métaphyique, cestàdire de la domination de l'étant parve nant à la dévastation du monde et ménageant ainsi après un long temp lirruption soudaine du commencement1 .
1. M Heidegger Neske 1954, p. 69.
rtrdge un Aufdtze, 32
Pfullingen
Je n'ai pas ici à m'interrger sur cette néces du déclin inscrite dans le premier cmmen L ent et indispensable à la survenue de l'autre omencement. De tute évidence cest ue Uesin rès imprtante et très ample das la sée du Heidegger de cette épque C' e est ê, à plus d'un égard le mtif directeur et k bile le plus acti Dans le cadre e cette (·de l sut de cnstater que le mtif atisé s'inscrit de manière très nete au sein de ce sitif: le peuple juif appartient de aière entielle au prcessus de la dévastatin du nde Il en est l'agent le mieux idetiable e fait mme qu'il présente une gure une >e u n type une Gestalt- la gure de tude au calcul du trac et de l'astuce1• ) cette gure est précisément une es plus l hées et peut-tre a pus ancienne des gures gigantes q ue2 ».
! Je traduis ams1 - pour evter des teres plus
gires coe << cobine >> ou << ebrouill> dont les .rs sont pourtant proches le ot « durcheinanderlJen On pourrait aussi le rendre par<< anianc>> : ptitudes spéciales des Juifs sont les caractères êes ,e la Machenchaf dans laquelle s'accoplit la dévasta I ion Le passae se trouve dans les Überegungen VI dans < ;'smtaugabe vol 95, op. cit., p 97 2. Da Rieige , trait caractéristique de l'Occident ,ant Les<< Réexions> y reviennent souent 33
La gure juive congure le type même de la nécessit dvastatrice : le gigantesque, le calcul la rationalité aairée à indiérencier le monde et à proprement le défoncer: lui retirer toute espèce de sol. La Bk- manque de sol est un trait distincti de la « juiverie ». Le manque de sol consiste- ou conduit- à« n'étant attaché à rien mettre tout à son service (juiverie) 1 » Aussi ne peutil survenir de relle « victoire de l'histoire sur l'absence d'stoire >> que lorsque « le manque de sol s'exclut luimême >> (h h on peut noter le caractère euphémique du terme qui ne peut pourtant qe désigner une destruction une liquidation) Comment le j peutil se supprimer luimême ? S'agitil dans cette espèce de vœu d'une reprise de ce que Kant avait désigné comme une « euthanasie >> du judaïsme qui aurait constitué l'accès à la véritable religion morale2? D'une certaine façon il est permis de le 1. M Heidegger, Überlegungen VI, dans Gesamtaus gabe, vol 95, op. cit, p. 97 2. Immanuel Kant, Conit des fcultés, 1" section, Appendice, Remarque générale, tr. fr J. Gibelin, Paris, Vrin, 1973, p 61 Tout le contexte montre bien qu'il s'agit pour Kant d'une disparition du judaïsme dogmatique et ritue et de tout« sectarisme» religieux au prot d« un seul berger avec un seul troupeau La << conversion des Juis , très ancien motif chrétien évoqué dans le même pasage, évoque bien la conjonction entre un reet du judaïsme et un désir de 34
penser: le judaïsme doit ou devrait se surimer -même uisqu'l est à la fois dans l'erreur et ns la vérité. Ce qui our Kant se comrenait en termes de rogrès de la conscience humaine eviendrait chez Heidegger auto-suression de bsence-de-monde (du gigantesque, de l'indif ence etc), rendant ossible l'autre commen ment. Ce qui se roose ainsi n'est autre que longue et fébrile attente, ar l'Occident, de sa ore éconciliation de sa rore identica on non douloureuse avec lui-même Le Juif aura été le nom et l'index d'un manque à sidentier, à se reconnaître et à s'acceter. Comment toutefois le Bodenlos eut-il en enir à s'exclure lui-même c'est ce qui reste nigmatique. Comment l'exclusion eut-elle er l'excetion qui d'elle-même s'est déjà n quelque façon désignée comme exclue1 ? (re) touve une unité eligieuse pa-delà la diéence des eli ons. Le appot chéten et! ou ationnel, philosophique, c) au judaïsme n'a cessé d'oscille ente la condanation ct la convesion ente l'aation d'une inconciliabilité foncièe et celle d'une éconciliation nécessaie 1. On peut imagine que dans la Selbstvernichtung oquée plus haut l'annihilation des Juis epésenteait le oent cental et donc l'autoexclusion du Bodenlos. Toute ois cette hypothèse cade al avec la destuction utuelle es deux côtés comuniste et capitaiste de l'Occident uisque les Juis se touvent euxêes des deux côtés à oins qu'on considèe qu'ils se détuisent euxêmes dans
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Ici encore surgit une question qui excède les limites de la présente étude et qui pourtant devra plus tard recevoir une réponse. Autre ment dit : comment la destrucion du monde et de l'histoire de la possibilité d'un sens du Seyn- peu-elle se déruire elle-même ou d'elle même ? Pourquoi et commen se faitil qu'au comble de la dévastaion « continue à briller [non détruite, donc] la lumière d'une histoire capable de décision 1 » ? Cette question en tout cas, est manifesement corrélative de la question déjà évoquée: comment le premier commence ment engaget-il sa propre dvastation ?
À tout le moins futil, selon Heidegger, admettre que le premier commencement a ccueilli en lui en lui, sur son bord, malgré lui... la force et la gure de son oubli puis de l'arontement. Or Heidegger- quoi qu'il en soit pour lui des camps au momet de ces << réexions» ne peut ignorer le traitement nazi des Juifs, de la Krstanach aux lois de Nuremberg qui na rien due autodestruction Faudraitil aller jusquà penser aux pogroms russes comme l'autre côté de l'<< autodestruction ,, ? Cela deviendrait aussi grotesque que hideux Mais pourquoi donc eston conduit à ce genre de supputations sinon parce que eidegger n'a jamais dit un seul mot sur aucun aspect des persécutions antisémites qui pourtant auraient mérité le dédain oire l'hostilité achés pour l'antisémitisme < biologique ( infa,§ 11 p 72) ? 1. M eidegger Überleungen VI, dans Gesamtaus gabe vol 95, op. cit. p 133. 36
. destucion Auan on pu omrnr qu déouvr l'êr ai or n ll on p1or oubli- auan il mur obur u c •n1hli i xig un vaaion coninu, cu c t univoqu ; plu obcur ncor la ·s prouir ou 'aopr un gur .1èr ini bin viibl a va omm ll · .
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Pour Higgr qui n fai n cla u mr un topos aant au moin l {anc prmir comncmn !' C qui a 'hur Gük) Grc c' ir« o rminr à parir l'êr ( :·st n uoi l Grc on un pupl l u u commncmn Il rmarquabl que ingulari grcqu aaraî ul an l·, re n aucun manièr rappor à un nviron nt hioriu Lhioir ui 'ouvr alor n au conrair 'mbl inon comm opoli u moin comm l mlang la ri on Rom onn la prmièr gur ( poim l'opinion amigoni (Misch
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1. Ibd, 340 L aag • k-tminaion éagè à é •
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mach)I ) et dont toute la suite constituera l'aggravaton continue. Le commencment se fait par un peuple (au sens fort du mot) et le déclin par la mêlée, la confusion et l'indistinc tion des peuples dans une humanité qui ne place pas assez haut l'umanitas de l'homme comm l'armera la Lere ur l'umanme2• En revanche, la précipitation du déclin qui précède et qu annonce la venue de l'autre commncemnt se signale pa une gur - un peuple? peutêtre, mais en même temps le revers sinon la caricature d'un peuple qui concentre en elle les traits et les dispositions du déclin. Qu l'oubli de l'tre cestàdire non de d Sein mais de Sn, nom, verbe et chire de l'événement et du dire (SageP selon lesquels se déploie lenvoi de tout l'étant ne puisse qu'entraînr l'oubli t la déshnc du puple du commencement, cela peut être admis puis qu'il faut bien que cela ait lieu quelque part, dans quelque langue, mais il resterait à savoir commnt, au milieu de quoi et par rapport à quoi ce peuple a surgi (question sur 1'« avant de la philosopie ...). En revanche, il est moins )
1 M H Überlegungen X, Gesamtausgabe v 95 o p. cit p 324
2 I, Letre sur l'umanme é f R M P AM 1983 p. 7-75 3 Cf id Überlegungen XI Gesatausgabe v 96 o p t p 60 6 38
facile de comprendre comment le déclin se rouve doé d'un peuple-gure de l'oubli et d salmigondis des peples. D'où Heidegger prend-il cette gure ? Tout simplement du plus banal, vulgaire, trivial et fangeux discours qui traîne depuis longtemps dans l'Europe et qui s'est doté depuis une tren aine d'années de la misérable publication des Protocoles des Sages de Sion1• La proximité de ses popos avec ce texte (les thèmes du calcul, de la démocratie, de la manipulation, de l'inter nationalisme, etc) ne fait aucun doute Elle ne demande pas quon cherche si Heidegger a lu ou non ce aux grossier et grotesque Son existence fut simplement leet et le reet d'une opinion largement répandue, partout et de plus en plus reçe à mesure que lEurope avait pls de raisons de se sentir dans le malaise que Freud avait nommé en 19302• Dès 19le caractère actice des Protocoles avait été révélé : dans le monde universitaire et cultivé, cela pouvait se savoir. Rester, sans citer le texte mais sans non plus sen «
Peter Trawny y a consacré un livre : Heideer und der Mythos der jüdschen Wlverschwrung, Francfort-surle Main, Kostermann, 2014. 2. Nous allons y revenir: à chaque étape l'antisémitisme aura été produit par un maaise un maêtre une détest tion et une peur de soi de lOccident chrétien de sa puis sance de son humanisme . 1.
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démarquer, proche de son propos ne pouvait en 1940 être le fait du asard. Heidegger sait très bien ce qu'il ait. Il recueille l'ordure banale à des ns supérieures. Ce qui veut dire aussi qu'il reconnaît une vérité supérieure de l'antisémitisme Une vérité à ce point spérieure qu'elle ne peut même pas être publiée sans être associée aux critiques du nazisme et du chris tianisme (diérentes, certes, mais conjointes) dont est rempli le texte des Überlegungen ui reste donc privé et réservé pour une pulication lointaine. Cette vérité supérieure est celle dont je viens d'esquisser le schème. elui-ci mérite de recevoir en appui la vulgarité la plus répandue, la plus haineuse et la plus bornée parce que cette vulgarité dit à sa manière la vérité de l'êtrejui du judentum, entité et identité ien repérales de la précipitation du monde dans la vulgarité précisément et dans tous les sens du mot1• On pourrait dire que Heidegger partage la analité d'un esprit pulic pour lequel les Juifs incarnent une dévorante analsation du monde la perte de lesprit des peuples dans l'universel vulgaire (all-gemein, comme il l'écrit parfois2).
O à d ob () d x d Überlengen. 2. P d Überlegungen VIII, d Gesamt ausgabe v 95, op cit 3 1
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Est-ce le dispositif de pensée qui va chercher le motif antiséite ou bien es-ce, à l'inverse, lnti éitise qui suggère une partie du dispositif? Il est dicile, sans doute ipossible de trancher. Cntiséitise n'est pas seuleent, pour Heideg er, abiant ais à cete abiance appartient oute une veine de pensée déjà à certins égards aditionnelle : l pensée du peuple, celle d'une istoire dont les oents et les exions ppar ennent u peuples euêes dénis coe es sujets singuliers voire exceptionnels Il s'est oduit dans le preier qurt du :< siècle ne conjonction entre les thèes du déclin, e la asse, de la déocratie et les volontés e sursaut, de régénértion et déliination des fcteurs orbides de l'Occident Heidegger noue enseble la déconstruction bbau) de ontologie étaphysique grand geste philoso hique qui prolonge et relance plus loin les pré isses de Nietzsche, Kerkegard et Husserl et la destruction (Zerstorun de cela et de ceux qui lui seblent préciséent détruire le onde et l'histoire Ansi, à propos de linterprétation de lderlin qui exige que« d'abord soit surontée 'histoire positive Histe) », ce qui dende « la destruction de l'absence d'historialité [ou d'envoi destina, Geschchtslsgket] » 1• Or cette 1. bid, p. 99 41
absence d'historialité est un trait distinctif judentum, lequel au demeurant est caractérisé pr le manque de tout ce qui ermet l'ouverture Sn (sol, envoi, décision, eule). Il s'agit dc de déconstruire la métahysique et de détrire les orces qui arachèvent son œuvre délétère. l faut détruire la destruction 1 - laquelle est déjà ellemême une assez singulière destruction de soi (de l'esrit du commencement). La logique et l'économie e cette décon struction/destruction de la destruction roose un assez singulier entrelacs d'autoarmation et d'autodestruction. Occident se détruit, ac comlissant ainsi une nécessité de son envoi initial, et il requiert la destruction de sa destrc tivité an de libérer un autre commencement qui tout en étant autre n'en doit as moins être le lus véritablement ou le lus authentiquement le sien. Et s'il s'agissait en eet d'une constitu tion de rejet de soi au sein de l'Occident ? C'est autour de ce moti- à la ois ressenti et ourtant jamais dégagé comme tel - que se nouent ici d'un lien ourtant intenable la ensée et l'antisémitisme.
Zerstorung » m v épéé d l Cahiers, l p v p dé 'œv dévc d mc ccd l. 1.
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Heideggr aurat pu s'interrogr sur ls wms t sur la provnanc de l'antiséitis. 1 ne l fait pas. Il rçoit co u onné i occintal la banalté qui st ésoras enu l iscours gravnt hainux t lo nt grotsu s Proooles Lui ui s' d si bin à traur ls provnancs , 'l \gisse clls la langu grcu ou bi clls la évastation odrn (tchni, ocratiu calclatric), ne s an ps vi r l'antiséitis l'antiséitis C'st oné, on é, on ù put vir l'a u, c'st un« un« ds plus ancinns gurs gurs ... (ct si ctt« ctt« gur n'st pas biologiu ll ' ' a as oins, n l'absnc tout autr analys, e sort 'allur« naturll ) ) Il y avait cp toujo jour urss - l lu cpn nan ant - il y a tou e s anr cont il s fait u l trè s arg arg consns consnsus us orn orn - aérican aéricanobol obolch ch iu, tchnoéocratiu t n particulir ngl nglo ofr fran anco cou uro roé én n - copor coport t à titr gu raruabl t agt d pir plan ct élét jui sur lul tous ls autrs s' rsst pus longtps jtr l'opprobr À ll sul, ctt circonstac éritat u tps 'arrêt pour clui ui bross à si largs traits le ablu la évastation. Non sult ctte rièr st u autostruction, ais ctte autostructo réon aux apttus t au .1
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desseins d'une entité/identité qui à la fois appar tient à oute l'histoire de l'Occiden et forme au milieu de celuici une exception détestable. Cette exception a deux aspects : le judentum est une exception car il porte la destruction de l'Occide l'Occident nt - en ce sens sens il est l'excepion l'excepion de la la haine haine de soi - mais il est aussi aussi bien bien ns la haine de soi l'exception d'une intrusion étrangère. Peutêtre la haine de soi comportetelle forcé ment une intrusion et une déchirure de e/ou e/ou dans l'intimité propre. Encore fautil pouvoir présupposer cete dernière, par exemple comme «grecque» (aussi bien qu'il faut présupposer un « sujet » pour penser un rapport quelconque à «soi »). Ici aussi s'ouvre s'ouvre une interrogation dont je ne peux qu'indiquer le principe. Pourquoi Heidegger ne s'engagetil en au cune façon dans l'analyse et de la haine de soi et de la haine des Juifs ? Atil connu le livre de Teodor Lessing paru en 1930 - jüdischer Selbsthass, « La Haine juive de soi » - ouvrage dont la réception mouvementée t pourtant quelque bruit ? Ne pouvaiton y apprendre que la haine juive de soi (l'antisémitisme incorporé 1
La traduction française est parue sous le titre L H o o 'ê tr. fr M-R Hayoun, Paris, Pocket, 2011 1.
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par des Juifs, te Husserl1) traduit la rofondeur à aquee eut toucher cette haine : a rofon deur même de l'identité ou de 'être-soi car c'est exactement exactement jusque-à jusque-à que veut orter a réulsion antisémite. Lensemble de l'Euroe (de l'Occi dent), osé dans son autormation Selbstehauptung, un mot qui our Heidegger sert alternativeme alternativement nt dénoncer a susance occiden occide n ale ou célébrer l'armation décidée en vue du ouveau), réudie en son sein un cors étranger qui la menace du fait récisément qu'il diserse, dissout ou dissimule son « soi ». Disersion, dissolution ou dissimuation de soi, c'est en dénitive ce quoi revient a sécicité juive Avec ou sans Teodor essing, Heideg ger ouvait arfaitement s'avancer dans une éexion de cet ordre. N'écrit-i as : « a méditation de soi [Selstesinnung on our rait aussi traduire le recuellement de soi, sur soi, en soi] rore 'éoque qui samorce du passage du remier commencement vers l'autre commen commencem cement ent a un un caract caractère ère sing singuie uierr car ci a conquête de soi (Selbstgewinnun qu'il agit de réarer doit avoir la force d'aronter -
Au témoignage d'Otto Weininger, selon un document présent prése nt dans les archives Teodor Lessing. Cf Martine Sophie Benoit << Teodor Lessing et le concept de "haine d ciles identités, de soi juive >>, dans La Haine de soi : d ciles ruxelles omplexe 2000 1.
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l'abandon de l'acquis et de l'ordinaire1 [ ] ». Une pareille formule n'est apès tout que banale dans un contexte -luimême banal, aussi banal que l'antisémitisme -de énovation spirituelle. Mais elle prend ici un relief particulier si on se demande quel est ou bien qui est, qui peut être ce « soi » dont on doit savoir bravement aban donner tout ce qui est reçu et habituel. Car de deux choses l'une : ou bien le nouveau « soi » doit être entièrement originel, ou bie il doit être le fruit de sa propre métamorphose avec renoncement, sacrice et réformation. Or tout ce à quoi il faudra renoncer (la suite du texte le montre) n'est rien d'aure, bien entendu, que ce dont les Juifs sont les agents e l'incarnation. Jusqu'où faudratil donc repous ser, répudier ou sacrier les Juifs ? Au moins faudratil névitablement les repousser en tan que« Juifs», c'estàdire s'en prendre au Juif« en soi » (le calculateur par excellence). Le Juif en soi aux deux sens de l'expression : celui qui se reconnaît dans le judentum et celui qu'inévita blemen porte en soi n'importe quel Occidental non encore en état de s'ouvrir au nouveau com mencement. En tout cas, il faudra le sacrier2 ou •
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Heidegger, Überlengen VI, dans Gesamtaus gabe vol. 94, op. cit p. 405-406 2. Sur le caractère sacriciel ou non de l'extermination des Juifs dEurop insi que sur le rôle du sacrice chez 1 M
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bien il faudra qu'il s'exclue lui-mêe » coe n 'a déjà u, ce qui pour ni vet peut-te ie que toute fore de suppressi des Juifs et oute fore de suppression ou datsuppession e l'Occident (de la déastation) vt renoce ent au reçu et ordinaie » de la gue ereur et/ou errance d'Occident1• (Mais n'est-ce pas la onersion des Juifs que 'antisémitise le plus olicé ceui de Kant par exepe a toujours eanée, et une cnesion nimique-t-ee as le renonceent à un « iei he2 » ? Le tèe de oe noeau » est d'ailleurs toitement lié à celui du (re)commenceet.) e srt qu'i faut recerche o espérer pur e Juif sans so sans istoire sans pepe et sans entité autre que le cacul estructer ne put e toutes façons quêtre ne fre ou ne ute 'excusion, e rejet au ders eoi Heidegger et/ou dans la tradition philosophique, beaucup a été ért et débattu- notamment entre Lyotard Deda ct LaoueLabarthe, mais aussi par d'autes auteur de lusieurs pays. Ce serait lobjet dune étude spéiae 1 Sur le thème de lerreur et/ou errane- de la Ire en ant que « longue errane >> dont il faut predre le riue ( Übrlgungn VI dans Gsamtausgab vo. 94, o p. c it p. 508 par exemple) ou bien en tant qu« égrement ans e ontrée oniriue >> (ibid p 12) entre ent exemles ossibles de la doube entente de e tere), il fauait evenir ailleurs et en engageant une disusso ave le lire e Peter Trawny sur ette question 2 Cf saint Paul, Épîtr aux phésins, IV, 20-24. 47
de Seyn vers un nouveau commencement de son Geschehen- c'est-à-dire l'envoi à son envoi renouvelé, repris, se surmontant lui-même en détruisant la destruction que son oubli a en gagée (son propre oubli, l'oubli de soi qu'il a ouvert avec soi) cet envoi exige d'en nir avec ce qui de toutes façons fomente la manigance de la n : l'Occident, la métaphysique de l'étant le sans-histoire le sans-sol et le sans-peuple. Donc d'en nir avant tout avec ce peuple du sans peuple, cette entité/identité qui joue contre et avec les nazis le jeu fallacieux de la race, c'est-à dire d'une nature1 là où il ne doit être question que de Sn La mobilisation de l'antisémitisme prend tout son sens et toute sa portéevéritablement « historiale »à partir du moment où il est clair que le Juif est la gure la plus ancienne dune autodestruction de lOccident qui est sa vérité en tant qu'advenue et destin de l'oubli du Seyn Cet oubli lui-même appartient à l'« autoposi tion de l'homme2 qui se pose et se repose sur lui-même se faisant ainsi exécuteur de la mani gance qui elle-même procède de l'intrication de la métaphysique de l'étant dans le premier »
1 A ù v év '' Nz é Übrl g u g X amt u g ab v 96 op. it p. 189 2 V Übrl g u g XII, ibid p 111 <<
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commenement. Cette intriation est aussi bien ll d la singulière gure du Juif au milieu de Oident qui tout entier est livré aux mani pulations de ette gure qu'en même tems il ejette (sans our autant savoir véritablement les aisons de e rejet qui ne rend qu'ii sa ortée historiale). 8
Et ourtant e rejet est là, deuis longtems, ût-il dans lignorane de sa rore vérité isto ale Mais Heidegger n'aorde auune atten tion à la longue rovenane de lantisémitisme. Il ne s'interroge as (as lus que la lus banale doxa) sur le fait de sa survenue ave le ristia nisme et en somme au œur de la naissane du ristianisme dont le judaïsme rabbinique de la diasora est le « frère jumeau » 1• Pourquoi ette absene d'intért ou du moins d'interrogation ? Pourquoi ne as erer à situer l'aarition du judentum dans l'istoire d'Oident ? Certes, Heidegger ne s'embarrasse jamais de onsidérations istoriennes, as lus our le assage d'Atnes à Rome que our elui de la Méditerranée à l'Euroe du Moyen 1. Cf Dl By La Partition du juïme et du christiansme [2004], f R Cf 2012. 49
Âge à la Renaissance, etc. Tout semble relever d'un processus unique et continu où ne survien nent que des aourdissements successifs de la métaphysique de l'étant. Tout au pus peut-on trouver des considérations sur le régime propre ment moderne de la science et de la technique, comme si 'âge industrie puis cybernétique représentait seul un changement vraiment im portant quoique toujours guidé par la même éro sion du sens de Seyn. (Cette érosion a commencé avec Platon es Réexions le rappelent sou vent Paton n'est pourtant pas juif. Le Juif est venu aggraver et déchaîner le platonisme.) Pourquoi ? On peut faire deux réponses schématiques. La première consiste à dire que e poids philo sophique considérabe voire exclusif .. du motif (concept ? Idée ? pulsion ?) du commen cement empêche en dénitive de considérer tout déveoppement, toute histoire au sens le plus simpe de succession d'événements. À ce compte Heidegger aurait été e premier à dé signer de manière philosophique le caractère décidément intenabe des modèles progressistes qui, de Kant à Marx, avaient régi la pensée de l'histoire. Sans s'attarder sur ce qui demande une enquête spéciale, je me contente d'armer que a domination du commencement tee qu'elle engage le développement du reux et de l'extinction de la force de l'initi jusqu'à «
»
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laisser surgir un utre commencement dont on e sait s'i mettra ou non ui aussi en péri sa force d'inugurtion (en quoi sera-t-i« tre» out en étnt« deuxième» ?), cette archéotropie qui, sans doute, se repère tout e ong de 'his oire des phiosopies, des arts, des reigions et des savoirs d'Occident, pourrit constiter e danger symétrique de a téléotropie qui a marqué otre cuture depuis e miieu d XIIIe sièce au oins. On comprend, bien entendu, et même on doit suer a rupture que Heidegger intro duite envers 'histoire1• I ne s'en déduit pas que l'rchéotropie ne doive pas être nysée comme un ode d'annuation de 'histoire, c'est-àdire justement du Geschehen de Geschichichkeit: du caractère historique rrivant, ayant ieu, survennt de 'historiaité ee-même. Ten dancieement, Heidegger annue e Geschehen ui-même ... La seconde réponse consiste à se tourner vers 'histoire, précisément, vers une histoire peut-être non historiae ou bien autrement « arrivante » et« destinante », pour y examiner 'événement de 'antisémitisme. En restant très succinct, i aut dire : cet événement est soidaire de a nis1. J px c vy p pè appch a c pfé 1964 pa Jac Da Heideger: question de ltre et l'toire Cours de lENSUm (-), Pa Gaé 20. 51
sance du christiansme, lequel est soaire 'ne transfomation intere u jaïse d'Israë La gémellité judéo-chrétie s premiers siècs d otr ère peut êtr rgardé, pour beuoup e raisos impossibles à posr ici, com un mttion as idntté l'Occdt t s Occientax : la utatio 'un apportàso auqul rien n'avat rssmé auparavant1• Dans ctt gémité s jut in sûr, ston tenté re . un rivaité, un agoistiqu t auss u ostité L uaïsme tansform t tras port avc u itité éjà reçu sous u orme rlvant u nd atériu (royaume, trritor t tmple) et qui, d'u mêm mouv mnt fort compx se dégage n dux oms (pour simpler) qui ont s ux juaux christians se détac d 'entté reçu (clle qui s nomme pup ui ». Ms i ne se onn sa propr entité qu ans un dimesn unvrsle son laqu il lui aut 1 récsr 'entté juiv t 2) se abrique ss propres substituts à 'idtité qu'il n'aura nc jamais reçu Le marconism st u témon e «
1. Rien, aucun soi, le<< soi » survenan alors. Les analyses par Fouaul du << souci de soi >> (Hstore de sexuaté, I Le souc e so Prs, Gallimrd, 1984) sot éloquetes à
et égr Si on veut remoner avn le christnisme et la latinité, il fut sns doue iterroger ce u ds le<< monothéisme> suste l'ergece du<< so>> (nterpelé, ppelé jugé, amé, assgé . ) .
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désir e se foner sur soi 1, t toute la costruc o des héréses )) aussi b qu du cao des « Écrtures tmoige du êe désir. Aussi, osque la chréieté cofod l ciel et la terre, Césa et Dieu, le Pape et u Epereur, voit-ele face delle un judaïse qi, lu, e cofod as et dot le reproche siciux ui eviet assable2 Latiséitisme apparaît tôt das l'histoire du chistiase. Il s'y dévloppe e sacce tat chaque fis que la crétieté eaie de faço complexe et risquée sa propre idetté (das les croisaes, das la scolastique, das Réforme pour s te à a chrétieté deviet Europe, lhuaise europée et sa aîtrise de la atue et de listoire. So idetité sy trasfore toujours à ouveau, s iquiète tojours aussi à ouveau : Europe e sait pas ce qu'elle deviet avec lidstri, la déocrtie et lÉtt modere e qulle resset coe iquiétude, voire coe dager, lle e carge le Juif quelle a déjà codaé à être sas sol et sas histoire, à errer e iat larget ipur que e crétie aie assi, ais sous cautio en
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•
1 Cf 'étude de Piee Gise dans L'ntuïme en philosophie et en théoogie, Atoine Guggenheim et Daniele oen-Levinas (di.), Paris Paole e sience, 2014. 2. J'ai esquissé cette thèse ans Ldoration Pais Galilée 202 53
ecclésiastique). On nit par arriver aux Prtcl Sag Si e même temps d'ailleurs qu'on a suscité la naissance dun « sionisme », autre judaïsme qui lui-même divise les Juifs ce dont Heidegger a cure. Pour discerner les mobiles et motifs du rejet chrétien des Juifs comme conguration restreinte dune diculté à être soi, voire d'une haine de soi de lOccident1 ,il faut examiner le christianisme Pour l'examiner il faut y distin guer ce qui lattache au judaïsme et ce qui len détache. Heidegger fait parfois usage de lépithète « judéochrétien » : il ne s'interroge pas pour autant sur cette conjonction que traerse pour tant la iolete disjonction antisémite « ( antiju daïque » si on eut,mais ce ne fut jamais au fond que ce qui sest dployé comme antisémitisme). Il ne sinterroge pas en dépit du fait qu'il opère luiêe assez souent une distinction entre deux christianismes. Celui qui a droit à toutes les critiques est frquemment accompagné de lad jectif« apologétique » ou bien rapport expres séent à lÉglise et/ou au dogme. Cette distinc tion reste en fait silencieuse sur ce qui e serait ni « apologtique » ni ecclésiastique et dogma tique il subsiste une sorte de suspes,un creux. O ux fx h Lu Lbh à uj La Réponse d'Usse, L 1.
2013
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Pour se limiter à un exemple : lorsque Hei degger critique l'« équivoque» du christianisme qui joue tour à tour l'« approbation du onde et l'espoir de l'au-delà 1 » il semble ne pas soup çonner, d'une part qu'est possible dans le chris tianisme même une tout autre compréhension de cette double postulation, d'autre part que le judaïsme ne se prête pas, ou pas du tout de manière équivalente, à cette équivoque, et enn que la gémellité des deux se situe sans doute justement dans ces parages. Eûtil cherché à pénétrer plus avant, Hei degger aurait sans doute discerné combien le christianisme « non apologétique» (disons, pour donner un repère simple, celui d'Angeus Sile sius ou bien celui de Kierkegaard et d'Augus ti tels quils sont une fois évoqués2) peut être redevable au udaïsme de queque chose qui ne se laisse pas tout uniment rabattre sur la mani gance occidentale de la raison et du calcul. Parce qu'il procède pourtant silencieusement ou urtivement à une telle distinction et parce qu'il ne se soucie pas du discord agrant qui divise l'accord « judéo-chrétien » (parfois chez 1. M Heidegger Üb X, dans Gb vol 95, p 294 Cette critique correspond aussi à celle souvent répétée du « salut >> dont la pensée est assimilée à un <>. I Üb VI dans Gb vol. 94, p 476. 55
lui christo-juif' ...), Heidegger laisse entre voir chez lui-même la possibilité dune attention que refoule aussitôt lempressement historiaF. Si cette attention avait su ou avait voulu sexercer, elle aurait pu mettre en évidence combien le christianisme apologétique (dogmatique, ecclésial, dominateur des deux royaumes ...) relevait dun désir acharné de se constituer en aha et omé g a dune histoire désormais reconnue histoire du Salut et par conséquent de sarmer et de se fonder en tant que Vrus Israël. Sil doit y avoir un vrai Israël, tout autre est faux et tout ce qui porte un signe dIsraël doit être intrinsèquement faux. Ainsi devient-il possible dassocier au Juif une malédiction et un malheur (le sien, et celui quil inige) qui se poursuit et saggrave avec une histoire de plus en plus travaillée din certitude et dinquiétude sur elle-même (sur «
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«
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M. Heidegger, Überlegungen VI, dans Gesamtaus gabe, vol 94, op. cit, p 475. Rappelons aussi Jean-François Lyotard, D'un trait d'union, dans Misère de la philosophie, Paris, Galilée, 2000. 2 Se prole ici, bien entendu, la possibilité d'une af nité secrète, consciente ou non, entre Heidegger, un certain judaïsme et un certain christianisme Depuis Marlène Zarader et quelques autres, depus JeanFranços Lyotard aussi, un chantier est ouvert quant à ce que le second nommat« la pensée de lAutre arrangée en pensée de l'être>> (Heier et« lesjuS», Paris, Galilée, 1988 p 47) Il nest quà peine ouvert 1
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son progrès »). Il faut armer une hisoire ordonnée au Salut - dûtelle en passer par une damnation du monde. Ce n'est certes ps le schème de pensée de Heidegger, mais sa pensée du Geschick!Geschichte emporté dans la destruc tion occidentale n'est pas sans analogie et peut trouver à se soutenir fûtce au prix d'une isé rable banalité, dans la dénonciation d'un agent qualié de la destruction. Cela revient à conrmer qu'il n'est rien a ri é d'essentiel dans le destin occidental rien sinon l'aggravation de la métaphysique et son deenir technique et démocratique. Autrement dit l'an tisémitisme est nécessaire pour viter de prler de quoi que ce soit comme un autre Gesch hen qui serait arrivé ou qui se serait au moins esqissé ici ou là dans l'histoire de l'Europe. Que deient alors le privilège plus tard accordé à Anelus Silesius ? pour ne rien dire d'Augustin qui sera pourtant invoqué dans La Parole d'naximanre et pour ne rien dire de plusieurs autres posii lités sans doute de saisir ou de ressaisir das la philosopie dans la littéraure et dans l'ar des signes ou des signaux de Geschehnisse non etiè rement inscrits dans la grande destination nale qui prépare l'autre commencement? En d'autres termes on pourrit dire : 'au raiton pas djà et autrement de maière a tique parfois recommencé (dns) l'histoie ? N'y auraitil pas eu plus d'une histoire ? pls et «
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plus ou autre chose que« une histoire» ? L'istoria! ne pourrait-il pas être pluriel, égrené le long d'un chemin moins ordonné que celui que cette pense assigne l'Occident ? Une destinerrance, comme dit Derrida qui peut-être fut sensible chez Heidegger un irren qui cependan appa raît surtout dans les Cahiers comme une façon de se soustraire toute justesse et non-justesse » an que puisse« se fonder la vrité du Seyn»1• Et ne se pourrait-il as que cee perspec tive n'altère pas ce qui fut ouvert au titre d'une Destruktion de l'ontologie ? Mieux encore : ne faudraitil pas se demander si le Heideger d'après 1945 sous la réserve des Cahiers noirs qui restent à lire, et surtout de toutes les années suivantes n'aurait pas entrouvert quelques pistes dans ce sens ? Après tout, le rand moi historial et celui du« commencemen» semblent bien se compliquer, se transformer ou s'estomper dans la suite de l'œuvre. L encore, je ne peux qu'en trouvrir une perspectie pour un traail fuur «
»
-
9 Cela n'empêchea pas que le ait demeure : la pensée de Heidegger, dans la mesure où elle Heidegger Übu VII, dans Gmtub vl 95, op ct p 34. 1. M.
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st ordonnée, dans les aées 1930-1940, au motif du commence en 1 et de l'historia -d'un unique historia a u recours à lan émitisme (fûtce de manière onteuse peu iulée et dissimulée a la issimulation ct la confusion sont souvet inérentes à lan sémitisme) pare que ette pesée est restée ofondément rivée à lautotestation qui na as essé de aratériser Ocident depuis Rome au moins. Nous aions ni les Juifs i la teniqu ni largen i le ommre, ni rationalit du moins mnquosnous jmais de les ettre à distae. ous ne nous amons pas nousmêmes putêtre ustement are que nous voudrions ête « ousmêmes » e que le plus souvent nou avons ru devoir iterpréter omme« être ge» méonnaissnt nsi quà partir des Gre bauoup est arrivé ui ne provenait pas touour des Gres .. Mais il nous a fallu cett image des Gres pare que nous e savons m ne pouvons ou s diiemet reonte lus avant r un soimême est ela qui ommn qui est esé se omener se roduire, soriginr se dé terminr à partir de luiêm. Le Seyn de Heiegger pourrait se résume à e qu excde lêtresoi ou lêtre ome soi. ais le Heidegger Ja-Fraçis Lad alat déjà das Heideger et « les ju », op. cit. 1.
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de ces Cahiers l'a dévoyé en une espèce de Soi ennemi de tout autre. Pourquoi a-til dissimulé cet antisémitisme dans ses textes publics ? sans doute par craine des nazis dont en même emps il déait et conrmait l'antisémitisme tout en le doublant d' antinazisme (non moins clair quoique moins banal, évidemment, et un peu moins haineux, mais seulement un peu, ou sur un registre dié rent). Mais sans doute aussi par un sentiment plus ou moins clair de l'extrême fragilité de ces « thèses sans consistance autre que la reven dicaion exalée d'un absolu Sujet ai-sujet. À moins d'en venir à croire qu'il s'est imaginé que plus tard on serait obligé de reconnaître combien il avait eu raison... À moins de penser, au contraire, puisqu'il a voulu la publication des Cahirs, qu'il s'es senti tenu, pour nir, de ne plus dissimuler ... Pourquoi sestil tu, plus tard, sur l'extermi nation des Juifs, gardant le silence même devant les questions amicales mais pressantes de Jaspers 1 et certainement de plusieurs aures ? Sans doute parce qu'il refusait de renoncer au grand schéma de la Geschichte même s'il le traitait désormais d'une autre manière2• Ce qui veut dire aussi
f M Olnd Race sans histoire, op. cit 2. J n vux p l nnd qu nou pouon ê qu d ou éxon u l'oé -l pou 1
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qu'il aurait (qu'il aura?) jsqu'au bout considéré es camps d'extermination comme inscrits dans a destination Quelques déclarations ellip iques sur l'inhumanité et l'horreur des camps ne changent rien à deux évidences: 1) pour lui, 'horreur des camps est le comble destina de la echnique - propositio q'il convient en eet de prendre en compte et de retravailler mais qui n'implique pourtant pas que 2 il n'y a même pas mentionner qui sont les victimes des camps.. aors que précisément, pour lui, la technique, la machinatio et les Juifs sont intiement liés Il écrit: Das gro.e Vrhngnis, das überal das neuzeiiche Menschentum und seine Geschichte bedroht, ist dies, j ihm ein Untergang versa «
>>.
lité, e devenr - de 'Occident. Au contrare Il est dce de ner 'enchînement qu v d'Athènes et Rome à Prs, Londres Bern, Moscou, Auschwtz, Hroshm, etc I n'en est ps pour utnt névitble de e onsdérer comme un déveoppement orgnque et orenté Nous omme lon dvor comencé à penser cette qeston, de même que toutes celes que souève 'ntsémtise de edegger, c'estàdre hne de so incorporée dns pus véhémente olonté d'rmton de so 1. Il s'gt de phrse, souvent cté sur es cmp et es chmbres à gz qu gure dns qeston de l tech nque>> [953] (dEssaisetconrences, tr fr. A Préu, Prs, Glmrd, 958 p 9-48) et dun propos sur '« horreur des chmbres à gz >> qu e trouve dns le ssge cté infa, p 75, n
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bleibt, da nur das Anfn g liche unter g ehen kann 1 » (« La grande fatalité qui de toutes parts menace l'humanité moderne et son histoire, c'est qu'un déclin lui reste interdit, car seul le commençant peut décliner»). Phrase surprenante, si l'« inter diction » du déclin n'est elle-même, en n de compte, qu'un déclin aggravé ? . Mais à quoi mesureton un « déclin » si ce n'est à la présupposition (idéale, fantastique ?) d'un événement initial ? Et si cet événement initial recèle dans son propre envoi celui de son oubli et de sa dévastation, c'estàdire s'il ne peut que tout d'abord perdre son initialité selon la loi de l'initial en généraF alors il n'y a aucune raison pour qu'un autre commencement déroge à cette règle. Sauf si la diérence propre de cet autre commencement devait être précisément de ne pas commencer de déplacer et de trans former la valeur de l'« initial» Que Heidegger ait ramassé et exploité la banalité de l'antisémitisme signie qu'il a laissé une place et non la moindre à un élément décisif de la métaphysique de l'étant : la présup position de l'initial, du fondement et de l'ori1 M. Heidegger, Überlegungen X dans Gesamtaus gabe vol 96, op. cit p. 251 2 Il faudrait préciser : la loi de l'initial en tant que «soi>> de linitial qui s'initie lui-même et dans tous les sens: qui s'inaugure se rée et sinitie à son propre mystère
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gine, d l'authentique et du propre. La stupidité haineu, incapabe de donner au motif antisé ite a oindre justication« pensante» mais rop à dessiner e portrait du Dévastateur en erson, était à, disponibe comme ee 'était our ts es« soi» chrétiens-romains-nationa istes, ntitaires et propriétaires en ma d'af rer, ire de consacrer un« être soi» dont i était, t i est toujours à nouveau expédient de recrher a caricature hideuse sur e bouc émissar nommé« juif». isoier a « question de 'être » ou de a « diérce ontoogique» du dispositif de 'ori ginarit ou de a principiaité, tee est a tâche, identi à a tâche de dissoudre a hantise du « soi» t de soi. Heigger savat pourtant que 'événeent approriant d'une « fondation de a vérité de Seyn» st unique, non pas au sens d'une occur rence ique mais au sens où chaque fois i est uniqu t i ne sapproprie que seon e chaque fois de ette unicité 1• Cette unicité, précise-t-i, outrepsse toute « éternité » gurée come une dure et comme une consoation. On peut discerr dans ces ignes, avec a critique du christinisme disons « théoogique » , 'af rmation d'un sens de 'éternité qui doit pus Hidggr Übu b vl 95, op. ct p. 430 1 M
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X,
das Gmtu-
à Nietzsche et à Rimbaud, à Kerkegaard aussi, à un sens de la venue en présence hic et nunc, qu'à la projection d'une inauguration dans l'instauration d'un temps nouveau pour lequel il faudrait sacrier le nôtre. Or « Nietzsche » et « Rimbaud » sont ici des noms - il y en aurait d'autres - pour ce qui a déjà avant Heideg ger, commencé à emporter judaïsme, christia nisme, hellénisme et toute notre tradition hors d'ellemême Ou bien une histoire ne contient que son propre principe, quel qu'il soit et ce principe la destine à se résorber dans un accomplsse ment, c'estàdire dans une absence d'histoire, ou bien la survenue est le princpe de tout prin cipe, l'anarchie d'une destinerrance, selon le mot de Derrida Comme l'écrit Élisabeth Rigal commentant Derrida: « Lerreur de Heidegger est d'avoir cru en un envoi unique» en précisant que « l'idée d'une errance apparaît très tôt chez Heidegger », mais qu'« elle s'annonce toujours depuis l'horion du rassemblement» Il récusera donc l'idée dune nitude du sens, en arguant qu'« il ne faut pas penser l'errance à partir de la destination, mais la destination à partr de lerrance» 1• 1. Élisabeth Riga!,<< De l'histoire comme destinerrance>>
(texte inédit prononcé au colloque« Héritage et survivances de Jacques Derrida>> , à Paris, novebre 2014) 64
Il s'agirait donc e penser que si l'envoi n'est pas niqe, n tre envoi, un autre commen cement 'a pas non plus le caractère 'une rééi tio e l'uiqe à partir e l'aéantissement e so premier éclat. Mais il peut s'être éjà envoyé par éclats mltiples isséminés, plus ou mois recous - exactemet 'ailleurs à la manière ot pour Heiegger chaque peseur qui as l'histoire e la pensée occientale a foé une positio onametale est irréfutable ; ce qui veut ire que la rage e la réfutatio est le premier échet e la pesée propremet ite Aussi bie n'y atil ici aucune itetio e réter eiegger. Tout au contraire : en ési gnat clairement la maière ot il s'est laissé emporter et abêtir as la pire es baalités haieuses jusqu'à l'insouteable o peut mettre mieux e clarté ce que luimême aurait û voir et q'e tout cas il nous laisse à iscerer. eiegger povait savoir quel piège recèle la rage e l'iitial ou e l'archi-. Il evait le savoir. Sa pesée l'impliquait. Mais ans la violece u paraige e l'initial, la vieille haie e soi la vieille racœur e l'Occiet cotre luiême persistait à occulter ce savoir. «
».
1 M Heidegger Üb u X, dans Gmtu b vl 95, op. ct p. 410 65
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Parler de« rancœur>> est peut-être plus juste que parler de « haine >> selon la conguration connue de la « haine de soi >> dont en même temps on est très proche. La rancœur désigne en français le sentiment le plus amer et le plus rageur d'avoir été victime d'une injustice ou d'une fausse promesse, d'avoir été trompé ou rejeté Peut-être tout l'Occident s'est-il d'ori gine infecté de rancœur contre lui-même dans l'exacte mesure où il s'est promis et où il n'a cessé jusqu'à nous de se promettre un accom plissement de la nature, de l'homme, de la cité, de la justice du savoir Du fait que la méta physique occidentale s'est fondée sur« la déter mination de l'homme à partir de l'animalité et de la vitalité disponibles (présentes) », il n'est pas surprenant qu'elle s'accomplisse avec « l'animal prédateur et la bête sauvage ». Comme Freud dix ans plus tôt, Heidegger décrit une civilisa tion douée d'une violence inouïe qui la met en état de se détruire elle-même. Là où Freud s'in quiétait et ne voyait aucun recours, Heidegger tout à la fois redoute et souhaite cette destruc tion. Il la souhaite parce qu'elle est le seul moyen de rendre possible un autre commencement, 1 M Heidegger Üb X, dans Gmtu b vl 95, op. ct p. 422 66
mais ila redoute car rien non plus ne garanti ni le passage au commencement, ni même lac complissement dénitif de la destrution (cest à-dire lautodestruction de lOccident). Ren ne peut être proprement attendu Tout au plus peut-on désigner un avenir éloigné de plusieurs siècles : « Cest au plus tôt en 2300 qil pourrait à noveau y avoir Histoire' » Et tout ce quil est possible de dire de cette échéane incertaine cest quon y atteindra « un désert à a mesure du vide élargissant autour de soi lapparence dune plénitude en fait jamais survenue » Occident naura pas cessé de se trahir lui-même, essentiellement et cette trahison est en même temps la condition por un autre commencement Telle est la complexité de l« oubli de lêtre» en tant que cet ouli est inhé rent au premie envoi de lêtre et sans que rien dailleurs ne permette de préciser ni la raison de cette inhérence ni celle de sa disparition lors dun nouvel envoi Il nest pas question de sengager ici dans lanlyse de cette redoutable intrication qui fait le ressort de la pensée même de lêtre en tant quévénement de son propre envoi Ce que les Cahiers donnent à considéer ore ien moins lallure dun questionnement qui porterait sur I, Überegge XV dans Gemtugbe vl 96 op. cit p. 5 1
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'exacte constitution du premier commence met que bien plutôt 'aspect d'n tourment renouveé Un questionnement sur a nature du premier commencemet, sur son caractère grec et peut-être même sr son initiaité se fera jour chez e Heidegger des années pus tardives. Létude en est à coup sûr déicate, mais i est permis de penser que e schème destina occidenta y a été quelque pe déplcé (qu'on pense, en particuier, aux réexions sur 'es sentie retrait de 'être dans Le Principe de raison). Mais en 1937-1941, i s'agit d'armer sans reâche la nécessité que soit à nouvea fondée a vérité de 'être à partir de 'être ui-même Cette armation emporte avec ee a constatation toujours reprise et indéni ment caractérisée de a destruction iévitabe et de 'empêchement de toute Histoire de tout éan destina par a pesanteur métaphysique (à aquee contribue a constitution précisément métaphysique, voire utra-métaphysique, de la Judéité mondiae) Ce constat rend 'arma tion tourmentée, voire désespérée. I écrit : e commencement de 'Autre est obscur reste pourtant ceci qui produira un événement Ereig essentie : que seront «
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».
«
1 M. Heidegger Übu XV dans Gmtu b vl 96, op. ct p 116 68
éprouvés (ehren) l'Autre d'un autre commen cement et sa détresse (Not)' ». Rien de plus, donc, qu'une obscurité dans laquelle s'esquisse l'expérience et l'épreuve d'une altérité qu'il faut supposer extrême (l'autre commencement laisse commencer l'Autre - que je choisis de rendre avec une majuscule puisque Heidegger le subs tantive) et dot en même temps ne peut être éprouvé que la nécessité nécessiteuse, si on peut rendre ainsi la valeur entière de Not : la misère dans sa détresse. On ne sait s'il faut accentur cette misère ou bien l'absolu de l'altérité. Lue et l'autre sont à venir, à comencer, mais l commencement ne peut qu'être de l'une dans l'autre et telle est son obscurité. À plusieurs égards nous ne pouvons pas soixantequinze ans et combien de guerres et de catastrophes plus tard, ne pas nous reconnaître dans cette détress. C'est même sa persistance et son aggraation qui auront accom pagné depuis plus d'un demisiècle la détério ration croissate des humanises progressistes et technicistes que les notes des Cahiers ne cessent de prendre pour cible. De même donc, ne pouvonsnous pas méconnaître que c'est bien de Heidegger que dès avant 140 ot procédé les élans et les eorts qui allaient ouvrir d'autres voies que 1.
Ibid, loc.
ct
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celles des humanismes progressistes - celle de Sartre en partie, celles de Levinas de Foucault, de Derrida de Lacan, de Lyotard 1, et même à certains égards celle de Deleuze. De plusieurs manières tous se sont tournés vers divers motifs ou gures de l'altérité ou de la multiplicité. Sans aucun doute, les thèmes de « l'Autre » et du « multiple » doiventil être traités avec une circonspection analogue à celle qui convient pour le « commencement ». Mais c'est bien à partir de la pensée d'un« autre» que« l'être»de cet autre, par exemple, que Heidegger nomme Se y n ou bien reconduit au verbe être - qu'au ront été dégagées les voies d'une considération de l'histoire se soustrayant à la représentation d'un accomplissement progressif (progressiste) de l'étant en totalité. Non seulement aucune de ces pensées n'a pu ramasser quoi que ce soit de l'antisémitisme dans les caniveaux de la banalité toujours bruissante, mais de plusieurs manières un motif d'altérité juive s'est introduit ou bien a été mis au jour dans la tradition qui se supposait grecque. Par un tour paradoxal qui ne manque ni de piquant Dont il faut évidemment rappeler ici que le Hidg g t « ls ju » déjà rappelé, reste le grand précurseur en cette aaire. Auquel il faut adjoindre, sur un autre versant de l'enquête, Marlène Zarader qui publia au Seuil en 1990 1.
La Dtt impsé. Hid t l'éitag héaïqu 70
ni, surtout, d'amertume, cest à travers Heideg ger bien quen dépit de lui - auan que grâce à ses contemporains Cohen, Buber, Benjamin ou Rosenzweig que ce motif se sera imposé. En déit de lui, oui, puisque la hantise du commencement - du fondemen, de origine, la hantise « métaphysique» par excelence la conduit à donner dans a pire et la plus atroce des vugarités dune haine de soi de lautre ensoi - à laquelle se reconnaît la rise volonté dêtre ou de faire « soi ». eidegger pourtant n'était pas sans pressentir une tout autre façon, moins de « enser » que de se tenir ou de se conduire. Une façon qui se détourne de la rage fondatricedestructrice et de a rancœur I note, comme en un écho de lanalytique de l'êtreàa mort : « Limpossible est la plus haute possibi lié de lhomme : grâce ou faalié1 ». Quelques lignes us haut i a évoué la grâce à partir du grec xatç (chari). I ne pouvait pas ignorer ue ce mot grec traduisait des Septante jus quaux Évangiles e nom hébreu {chen) dune pensée ui est bien cele à aquele nous sommes renvoyés orsue nous disons« grâce» en langue moderne : 'injustiable justication qui peut venir du toutdehors en pariculier devant la Heidegger, Übu X dns Gmu b vl 96, op. c p 273 1 M.
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catastrophe, comme lorsque Noé trouve gâce aux yeux de Yhwh 1•
Mais pour trouver grâce, si tant est qu'on puisse la « trouver » ou la rencontrer dune manière ou dune autre, il faut que rien ne la cherche ni ne la demande. Il faut quil y ait quelque faille, brèche, insécurité par où elle puisse passer On nen peut rien prévoir, ni vouloir, ni jamais savoir si même cela aura eu lieu ou non Pas même sil y a du sens à parler dune grâce comme de quelque chose qui pour rait être désigné, nommé, circonscrit Heideg ger a beaucoup questionné, il a beaucoup diéré la possibilité de ce quil na jamais cessé de désigner comme tâche, il sest tenu jusquau bout dans un suspens interrogati incertain en apparence mais en vérité toujours très certain de ce quil avait nommé« être»- avec les meil leures raisons du monde mais sans éviter quà force de maintenir linvocation de cet « être » inassimilable à « lêtre » (ce Seyn ou cet « être » sous rature, cet être nétant pas), il renforce la consistance de ce dont il avait cherché à dissiper jusquau sème élémentaire 1. Genèse V, 8
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Cette assurane a pu permettre aussi bien la chance par laquelle fut ouverte une ressource incontournable de la pensée que la misérale précipitation dans la plus sordide violence sacricielle. Oui, il faut parler de sarice car Heidegger en parle souvent dans ses Cahs Il faudrait reconstituer de manière précise les logiques entrecroisées d'un sacrice guerrier compris de la manière la plus classique (ui guidait déjà les pages de d Zt sur le combat pour la communauté du peuple) et dun autre sacrice, plus élevé, qui est celui ue demande le y en tant quil reuiert de« jouir de» létant bach selon lexplicitation qu'en donnera La Paol d'mad - D pch ds Amads- en 1946). Je me contenterai de citer un seul passage : S 'h è ' é 'é f q q x ' q'x 'h ' (Ereignung ' 'ê (Sn•
Comme on le voit, ce n'est même pas une question, cest une exclamation : ce qui est exigé par lêtre est un sacrice incommensurable avec tout sacrice de sang - ce qui ne veut pas dire 1 M. Heidegger, Üblu X dans Gmtu b vol 96, op. ct p 251 73
qu'il l'exclut mais aussi bien qu'il l'inclut et le porte à une hauteur incomparable. Cela peut être le sacrice d'un peuple, d'autres passages le montrent. En se rapportant à nouveau au passage déjà cité où se trouve souhaitée l'auto destruction du manque-de-sol qui est le propre de la juiverie, on peut imaginer sans peine que la destruction des Juifs par eux-mêmes advienne comme l'eondrement du sans-sol sous les eets de son combat à la fois contre son vis-à-vis (le principe racial nazi) et contre lui-même (puisque la juiverie bolchevique lutte contre la juiverie capitaliste, etc.). On en viendrait à ceci, que la destrucion du peuple juif en tant que tel ne pourrait être que souhaitable et serait d'ailleurs d'une manière ou d'une autre (directement ou indirectement « autodestructrice ») le programme inévitable de l'autodestruction de l'Occident. Car c'est bien par l'autosuppression du sans-sol que peut advenir la victoire « de l'Histoire sur le sans-his toire », comme le dit le même passage. C'est à ce prix seulement qu'on peut comprendre le silence farouche de Heidegger sur les camps silence qui ne faisait que prolonger celui qu'il avait toujours observé depuispour prendre un repère signicatif la Kristalnacht de 1938• À cette date, comme dans la pupart des villes alle andes, es commerces juif de Fribourg-enBrisgau furent 1.
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Au moment où je rédige ces lignes- en juin les volumes ultérieurs des Cah ne 20 15 sont ps encore publiés mis quelques extrits en ont été divulgués'. Nous pouvons y lire que Heidegger voulu considérer que lAlemgne entière étit devenue un cmp de concen trton pour voir remis son sort à l puvre vision du monde )) nzie dont le rcsme et l mcintion tecnique et cculnte restient foncèrement trngers u sens de lêtreS et de son utre commencement Il fllt donc que se détruise lgent de l destruction occidentle. Tel est lboutissement de l logque istoricodestnle selon lquelle lêtreS sest envoyé dns son premier com mencement vers ldvenue dun utre, du vér tble (recommencement selon lequel il lui ser donné de jouir de létnt et non plus dêtre recouvert pr lui. On reste sns voix. incommensurbilité de l pensée de lêtre S à toute espèce de métpysque de létnt -
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attaqués et la synagogue fut incendiée. Une centaine de Juifs de la ville furent déportés quelques mois plus tard (de nombreux autres avaient quitté la ville depuis 933, dont des étudiants et des enseignants exclus de l'Université) Cf l'extrait d'un Cahier de 94 cité par Donatella di Cesare dans son interview à Hohe Lu du février . Heidegger y distingue toutefois l'état de l'Alemagne de l'horreur des chambres à gaz >> •
7
conforte l'esprit du philosophe devant l'horreur jamais encore ainsi exposée: i ne se déoune pas d'elle, il veut 'étendre au supposé spectacle de la ruine intégrae de l'Occiden - et tou d'abord du peuple allemand qui aurait dû ecueiir e sens de 'être comme touaure de l'éan. Au milieu de ce spectace la destruction echnique et calculée du peuple qui portait plus que out autre le sens de la dominaion calculante exprime la vérité de la ruine. Heidegge n'a pas seule ment été anisémite : il a voulu penser jusqu'à sa dernièe etrémité une nécessité foncièe et historicodestinale de l'antisémitisme. C'es pourquoi en n de cope le dépace ment du racisme« biologique}} en étaphysique des races ne déplace peuêre pas grandchose. Derida le percevait losqu'il demandait, visan la « sraégie équivoque }} de Heidegger dans de tetes sur Nietzsche : « Une métaphysique de la ace, estce plus gave ou moins gave qu'un natualisme ou un biologisme de la race ? C'est plus gave sans aucun doute. À preuve tel passage ene lusieus aues : }.
Tu cux mbrux qu parl maa "ur la rac ur l'apparac au l (Bodenstndigkeit, auch) mr [ ] qu'l " r u cla pur r r .
1 J. Deda De !Esprit Pa Gallée 1987, p. 19 76
f q' sont f ' ' 1• »
Il y a donc une véité d'êr qui s'oppose stictement au discous « su » la ace. La ace, et avec elle le sol elèvent d'un sens d'te et non d'un maniement de catégoies. Comme il l'avait écit du Mitsein - de l'teavec - il doit s'agi d'un existential et non d'un catégoial. Le acisme nazi este catégoial - c'estàdie en dénitive objectal, opéatoie et calculateu. Ce que cetainement on peut accode à beaucoup d'égads. Mais la pensée existentiale de l'te acé n'en est pas moins« existentialement» (et/ ou« métaphysiquement») aciste. La diféence ne tient qu'à l'écat ente des déteminations biologiques, c'estàdie tibu taies d'une supposée science de la natue, et un accès pensant à la véité de ce qui est bel et bien« une condition nécessaie [ ...] du Dasein histoia», comme il est écit un peu pus loin2• Cet accès, on le monteait aisément su les textes, demande qu'on etouve le sens et le sol véitables de ce qui ne seait pas une « natue» objectivée mais une phusis c'estàdie, pou -
Heidegger Übu I dans Gmtu b vl 94, op. ct p. 173 2 Ib p 189 1 M
77
ne pas en dire plus ici, la forme du déploiement propre au S. Mais on reste encore sans voix sur un autre plan. Comment faut-il comprendre que le premier commencement ait à la fois comporté l'envoi de l'être les ravages de son oubl ? Ici je ne prétendrai pas démêler cette fort étrange intrcation philosophque. Il n'est pas impossibe d'ouvrir un aperçu en se référant, par exemple à des textes des annes 138-140• On peut y lire que le premier commencement a ouvert histoire de 'être parce qu'il a fait paraître l'essence de 'histoire de l'être jusque-à primordiaement dissimulée2 Une fois cette histoire-destin dévoilée, et même si les hommes peuvent croire par moments qu'ils font cette histore, c'est la vérité de 'être-Sy qui s'ef fectue, cest-à-dire qui fait valoir son caractère de commencement toujours recommencé ou plutôt toujours recommençant et dont au fond le vrai caractre est précisément le commen çant en lui une initialité toujours reancée. «
«
>>
».
«
»
Rassemblés dans le volume 69 de la Gesamtausgabe («Die Geschichte des Sns » [<< Chistoire de l'être]) Textes non pubiés du vivant de leur auteur mais conçus pour être éventuellement prononcés en public et donc distincts des notes des Cahiers. 2. Ibid, p. 213: « erstanfngliche Vrborgenheit ».Je glose ensuite divers passages du même voume sans multiplier les éféences. 1
78
Peut-être serait-il même possible d'extrapoler de ces textes un motif du commencement qui ne commencerait pas au sens où il aurait une suite, une succession, des conséquences (l'être Seyn, précise aussi Heidegger, n'est ni tempo rel, ni intemporel, ni perpétuel, ni éternel, m de-temps-en-temps.). Mais si cette pensée aeure, en eet1, et quoique, pour nir, on voudrait qu'elle ait pu arracher complèemen l'événement (Geschehen) l'histoire-destin (Geschichte), elle ne sen est pas moins en même temps tenue de manière fa rouche à une vision aussi bien historienne que destinale : l'Occident est passé par une série d'épisodes travers lesquels n'a fait que s'alourdir le voilement de ce qui s'était initialement dévoilé. Ainsi avons-nous appris que le dévoilement est toujours iniial, mais aussi qu'il fallait que le voilement vienne nous le montrer ... Il fallait donc aussi au voilement et à l'obs curcissement son agent lui-même soudain et au fond ystérieusemen révélé : un peuple une race métaphysique ou gurant la méta physique en tant qu'obscurcissement destiné «
»
1 Et sans doute elle aeure
nouveau, autrement, dans le tardif« Temps et être (dans Questions IV tr fr. ] Beaufret et a l ., Pars, Gallimard, 1990) : c'est tout le arcours de Heidegger qui faudrait considérer - si on en trouvait enore le goût
79
à
à mieux signaler 'urgence et l'imminence de a clarté 12
Tout se sera donc passé- il est bien dicie de ne pas e reconnaître comme si Heidegger avait intégré la leçon d'une très ancienne histoire : le vrai commencement peine à être avéré car il ne se déploie pas selon sa vérité. Il est aecté ou il s'aecte luimême d'un manque à véritablement commencer, c'estàdire à amorcer et à fonder en même temps de façon à perpétuer sans errements ni défailances la oi de son initiaité pure Le motif du commencement rassemble toutes les valeurs d'authenticité, d'originarité et de propriété autour desquelles s'organise ce qu'on peut à bon droit désigner comme une banalité majeure de la doxa métaphysicienne la plus répandue Si le premier commencement ne peut pas véritablement commencer c'est qu'il doit encore faire vaoir son propre appe ce qui ne se peut qu'en se renouvelant : non en se reproduisant mais en se manifestant autre que simpement« premier », autre comme déniti autre en tant qu'événement d'un avènement autre commencement met l'homme dans« a nécessité de réserver a simplicité de l'essence 80
de toutes choses 1 » : i ne commande pas une nouvelle succession, il métamorphose la succes sion en écosion ou en survenir-appropriant. Il est inévitable de se trouver ainsi reconduit dans l'ensemble compexe de a considération de 'histoire occidentae, du supposé commence ment grec et de a part faite au christianisme dans cette histoire. Car s'i y a bien un trait décisif de 'événement chrétien, c'est sa voonté de consti tuer un nouveau commencement. Nouveau au point que toute sa première séquence oscie entre le motif dun re-commencement et ceui d'un autre commencement2• Or cette osciation est constitutive du christianisme d'une manière en quelque sorte récurrente. Je 'ai déjà évoquée, j'en rassembe à présent l'essentiel pour ce qui nous concerne ici dans cette formue : Heideg ger a vouu penser un autre commencement qui fût simutanément à 'image et à la pace Heidegger, Überlegungen XI, dans Gesamtau gabe, vol 96, op. ct, p. 22 2 On peut en trouver des traces fort lisibles dans la « Phénoménoogie de la vie religieuse >> de 1920-1921 ( Geamtausgabe, vol 60) mais ce n'est pas ici e ieu de le montrer Sur les rapports étroits quétablit e Heidegger de cette époque entre a« vie reigieuse>> et l'historicité, on peut consulter Sylvain Camileri, Phénoménologie de l eligon et herméneutique théogique n l pensée du jeune Heideer, Dordrecht, Springer, 2008 On y trouvera aussi des nota tions très précieuses sur les rapports de ce Heidegger avec le judaïsme et le judéo-christianisme
1.
M.
81
de l'autre commencement que voulut constituer (par un de ses aspects au moins, celui de l'Église et de 1'« apologétique») le christianisme. Il lui importait donc au premier chef de ne retenir aucune trace d'autres commencements tout au long de l'histoire de l'Occident et sur tout pas là où elle s'est néchie de la manière la plus sensible {le christianisme la Renaissance la révolution industrielle et démocratique). Or la récusation ou l'exclusion des Juifs par les chré tiens récuse et exclut ce qui pourrat compliquer voire troubler la stricte initialité chrétienne. On la retiendra donc quitte à ne pas s'arrêter à en examiner la nature ni l'enjeu et à la conjoindre au rejet du christianisme lui-même. De surcroît la récusation et l'exclusion des uifs ont continûment joué dans l'histoire de l'Europe le rôle de la dénonciation de ce qui s'avérait qu'on le veuille ou non fort peu chré tien peu « élevé » peu « spirituel » et même franchement« bas»« matériel» et« cupide» dans le déploiement de « la » civilisation. Il n'est pas nécessaire d'y nsister : de façon très continue et soutenue l'antijudaïsme et/ou l'antisémitisme se sont maintenus renouvelés et aggravés aux rythmes et selon les allures des besoins de justication {c'est-à-dire des inquié tudes et des angoisses) de la société moderne capitaliste technique entreprenante et arai sonnante. Voilà où se tient la banalité : dans la 82
très longue permanence et croissance de ce rejet qui n'est autre que le rejet d'un supposé mauvais ou faux principe (ou commencement) incarné ou plutôt enduré dans un peuple, une race, une gure désignée et destinée (messianique, donc, ou christique en quelque sorte). Il ny a rien de surprenant, pour se contenter d'un exemple, à armer que Heidegger répète à sa manière ces phrases de Marx : Le christia nisme est issu du judaïsme. Il s'est de nouveau dissous dans le judaïsme (c'est-à-dire, selon le contexte, le besoin pratique, l'égoïsme et le besoin intéressé ) La banalité du mal, c'est avant tout le ait qu'un motif de rejet et d'épuration donc conjointement un motif de régénération, de recommencement ou de métamorphose vienne otter comme un oripeau idéologique oert à tous les regards et à l'étrange convic tion qu'un changement des cœurs doit néces sairement suivre de la chute de toutes les insti tutions humaines existantes2 ce qui est une «
»
«
» .
«
>>
Karl Marx, La Question juive, dans Maimilien Ru bel (éd.), Œuvres III, tr. fr. L. Évrard et al., Paris, Gallimard, coll. << Biblothèque de la Pléiade>> , 1982, p. 379 2 Préface de Joseph Conrad à André Topia (éd.), Sous les yeux de l'Occident, tr. fr. Ph. Nee!, Paris, Flammarion, 1991, p. 42 Comme on le sait, ce texte dans lequel gure le terme de<< banalité>> du mal a de sérieuses chances d'avoir, fût-ce avec dautres, inspiré Hannah Arendt. 1.
83
façon de caractériser l'une des allures possibles de la conviction révolutionnaire. Or c'est ien de révolution qu'il s'agit pour un Heidegger qui - par exemple - stigmatise les machinations apparemment révolutionnaires1 ». La révolu tion nationalsocialiste manque à être vraiment révolutionnaire parce qu'elle ne se porte pas à la hauteur de l'autre commencement Cette banalité répond à une société de masse », de communication et de diusion toujours accrues des motifs susceptiles de sus citer indignation, condamnation, et attente d'une prompte advenue de l'authenticité ou liée. Heidegger a pu lire dans les rues de sa ville des anderoles portant ces mots « judentum Vrbrechertum »(juiverie ou judéité= crimina lité ou association de criminels). Il en a retrans crit la sustance dans ses notes, comme l'ont fait tant d'autres en ces mêmes temps, dans des notes privées ou publiques. Non seulement cette analité n'allège rien, mais elle alourdit tout. Elle alourdit la pensée en un de ses points essentiels. Comment atil été possible qu'une pensée qui ressentait aussi forte ment la lourdeur d'un état moride de la civili sation n'ait pas trouvé autre chose que d'ajouter à son angoisse les imprécations forgées par une =
1 M Heidegger Üb I, dans Gmtu b vl 94, op. ct p. 128 84
fausse ou mauvaise conscience séculaire ? Ce 'est pas une questio qui vise le seul Heideg ger : elle s'adresse à nous, à nous tous, à tout exercice de la pensée aujourd'hui comme hier. Il ne sut pas de condamner l'ignominie de l'antisémitisme : il faut e mettre les racines au jour- et cela ne signie rien de moins qu'inter venir au cœur même de notre culture. Il ne sut pas de condamner l'extrême violece avec laqulle ous immolos des peu ples, et aussi des catégories, des classes ou des couches sociales : il faut se demander quelle obscure ressource sacricielle opère ainsi, et en vue d quel «sacré)) entièrmnt dépourvu d sacralité (de symbolicité, si on prére. Il ne sut pas de regarder avec stupéfaction une histoire qui nous paraît courir à sa propre pert : il faut apprendre à rompre avec le modèle que cette histoire s'est donné, celui d'un progrès dans une conquête du monde par l'homme et de l'homme par ses propres nalités exponentielles. Il ne sut pas nn, de comprndre que être ne se soumet à aucune « ontologie )) : encore fautil le retirer aussi à la nomination dun Se y n aussi bien qu'à toute autre et à la destination que sans doute tout nom traîn avec lui. Autrement dit, il faut apprendre à exister sans être et sans destination, à ne rien prétendre commencer ni recommencer- ni conclure non plus.
Coda
Emre la rédaction de ce livre et sa publication, il s'est écrit, dit et colporté bien des choses autour des hiers de Heidegger. Tout a été tenté pour écarter de leur auteur l'infaie qui s'attache à l'antiséitise. Ces tentatives réussissent surtout à ontrer cobien il leur faut obiliser de refus de lecture, de ruses d'interprétation, de dénégation ou d'aveugleent. Elles contribuent ainsi à conforter la nécessaire dénonciation Pour autant, personne ne seble se soucier de ce qui est en jeu dans la esure où la pensée de Heidegger ne peut pas être rayée de notre histoire. Lentreprise nazie que cette pensée voulut excéder en la réduisant à une grossière doination an d'en porter l'élan à la hauteur et à la vigueur d'un« nouveau coenceent» n'avait pas surgi du néant et cette pensée non plus. Elle naissait d'une exigence ressentie par toute la culture de l'Occident. Ce qui est arrivé à la pensée nous est arrivé, est arrivé à notre 87
civilisation et par ele. En ce sens, les Rejexionen de Heidegge eprésentent aussi une teibe luci dité sur ce qu'il considère comme pie que la chute elle-même, puisque manque la hauteur essentielle d'où on pourrait tombe Combien parmi nous vieux Occidentaux ne disent-is pas aujoud'hui a même chose ? Nous sommes désormais en charge non seulement de l'horeur destructrice et autodes tructrice, mais aussi de tout ce qui se complaît dans les commencements autant que dans les ns, dans les orients autant que dans les occi dents, dans les levers de soleil autant que dans les crépuscules sanglants. Si cela nous est arrivé, et si c'est arrivé préci sément avec la pensée de 'arriver de l'Ereignis c'est que cette pensée n'est pas parvenue ele-même à se défaire du désir de fondation, d'inauguration et de programmation Ce que Heidegger a discerné comme la métaphysique de l'étant, comme le choi de ce qui est dans le délaissement de ce qui n'est pas mais qui arrive et qui dérive, il en a pourtant reconduit le motif du commencement, c'est-à-dire d'une forme initiale et auto-susante de ce qui est voire de ce qui doit être. Autrement dit, il a reconduit l'auto-fondation logique, politique, véritative et «
».
,
1 M Heidegger Übu XII, dans Gmtu b vl 96, op. ct p. 157 88
destinale : cela doc que la pensée mderne l pls cnstante, heideggérienne pas (vire très stile à Heideger) est svent bie lin d'avir abandné q'elle se veille lgiciste sbversive révlutinaire réactinnaire. Dans 'antisémitisme il y a la aine de ce i se sstrait à l'atofndatin. Elle se répète dans l'anticristianisme (si andant dans les Cahiers noirs) tt en recueilant de la dctrine cré tienne la prétentio à ue fndatin prpre i récse sa prvenace juive- sa prvenance dans l'errance Iêtre n'est pas asurément Mai 'istire ne se brne pa à tre le destin de sn bli Elle a sans dte ausi et depuis lntemps échappé à ce destin u bien ele l'a fait et le fait encre errer.
DU MÊME AUTEUR
Aux éditions Galilée E TIE DE LA LEE, avec Phiippe Lacoue-Labarte, 1973 L MARQUE SÉCULAIVE, 1973 E PARAGE DES VOIX, 1982. HYNOSES, avec Mike BorchJacobsen et Éric Michaud, 1984 ÜUBLI DE LA ILOSOIE, 1986 XÉRIENCE DE LA LIBERÉ, 988 NE ENSÉE FINIE, 1991 LE ENS DU MONDE, 1993 ; rééd 2001 LEs USES, 1994 ; rééd 2001 Ê SINGULIER LURIEL, 1996; rééd 2013 LE GAR DU ORRAI, 2000 NRUS, 2000 rééd. 201O. L PENSÉE DÉROBÉE 2001 L oNNAISSANCE DES EXES Lecture d'un manuscrit illisible avec Simon Hanaï et Jacques Derrida, 2001 << IL Y A» DU RAOR SEXUEL 2001 ISIAION (DE LA EINU CÉIENNE), 2001 L OMMUNAUÉ AFFRONÉE, 2001 L RÉAION DU MONDE- OU LA MONDIALISAION 2002 À L'ÉCOUE 2002 u FOND DES IMAGES 2003 RONIQUES ILOSOIQUES, 2004 oRINO SMANO. Les débordements du poème avec Virginie Lalucq, 2004 coNOGRAIE DE L'AUEU, avec Federico Ferrari, 2005 L ÉCLOSION (Déconstruction du christianisme, ), 2005 uR LE COMMERCE DES ENSÉES Du ivre et de l librairie iustra ions originaes de Jean Le Gac 2005 LLIÉIONS Conversations sur l nse avec Mathilde Monnier, 2005 L AISSANCE DES SEINS, suivi de PÉAN OUR RODIE, 2006 TOMBE DE SOMMEIL, 2007 À LUS D'uN IE jacques Derri 2007 ÉÉ DE LA DÉMOCRAIE 2008 E PLAISIR AU DESSIN, 2009 DENIÉ Fragmentsfanchises 201 O
LADORTION (Dconcon canm 2), 2010 MURICE BNCHOT, PSSION POITIQUE, 2011 oITIQUE ET UDE, 2011 NS QUES ONDES VIVONS-NOUS ?, avec Aurélien Barrau, 20 Il. LÉQUIENCE DES CTSTROPHES, 20 !2 jIS E OT«CRTEUR>> . (oponnc 2000-008), avec imn antaï, 2013 ATRE oRTRIT, 2014 L oUNUT DSoE, 2014 ENDE La ploop 2015
Chez d'utres éditeurs oGODEDUS, Flammarin, 1976 sow ITTRIRE, avec hilippe acue-abarthe, e euil, 1978
Go SU, Flammarin, 1979 LPRTI CTGORIQUE, Flammarin, 198 oUNUT DSŒVRE, hritian Burgi, 1986 Es IEUX DIINS, Mauvezin, , 1987 ; rééd. 1997 L oPRUTION, avec Jean-hritphe Bailly, hritian Bur gi, 1991 E MYTHE NZI, avec hilippe acueabarthe, Aube, 1991 E os D'UNE PENSE, uébec e rifn d'argile/renble, UG, 1991 rééd E os DUN ENSE, PROCHE, a Faucille, 2008 oRPUS, Anne-Marie Métailié, 1992 IU, avec Françi Martin, alence, rba, 994 SITNCE DE POSIE, Brdeaux, William Blake & , 1997 EGE, 'INQUITUDE DU NGTI, achette, 1997 L IE U OIN, Mille et une nuit, 1999 M, avec uanna Fritcher, Au Figuré, 2000 EHORS DNSE, avec Mathilde Mnnier, yn, rz, 2001 ÉDENCE DU I, avec Abba Kiartami, Bruxelle, ve evaert Éiteur, 2001 ; Klinckieck, 2007 «N OUR, ES DIEUX SE RETIRENT . , Breaux, William Blake & , 2001 RNSCRPTION, vryur-eine, redac, 2001 s sOES, avec Feeric Ferrari, Bruxelle, ve evaert, 2002; Klinckieck, 2007
ANS TIT S EN Z T!, avec Caudio Parmiggiani, Mian Gabriee Mazzotta 2003 ou ME TANGERE, Bayard 2003. WI avec Anne lmmeé, Trézéan, Fiigranes, 2003 A CIEL ET SUR LA TERE, Bayard, 2004 58 iNDICES SUR LE CORPS, suivi de PPENDICES, par Ginette Michaud Montréa, Nota Bene, 2004 ATURES MORTES, avec François Martin Lyon UA, 2006 MuLTIPE ARn, Stan ford University Press, 2006 LIER LES FLEURS, avec Cora Diaz Monterrey, Mexico Editoria Montemoreos, 2006 j USTE IMPOSSIBLE, Bayard, 2007 RNf D FRVE, Bergano Moretti e Vitai, 2007 } E T'AIME UN PEU, BEAUCOUP, Bayard, 200 Es RACES ANÉMONES, avec Bernard Moninot, Maeght, 2009 EAUTÉ, Bayard, 2009 IEU, L JUSTICE, LAMOU L BEAUTÉ uatre petites confrences, Bayard, 2009 TAN- ES DÉTREMPES, Hazan, 2010 ILLE AU LOIN, Strasbourg La Phocide, 2011 ARTIR, Bayard, 2011 Où CELA sEsTIL PASSÉ? !mec, 2011 osSIBILITÉ D'N MONDE, avec Pierre-Phiippe ]andin Les Petits Patons, 2013 os DÉSIEZ? Bayard, 2013 VESSE, PayotRivages, 2013 QAPPELONSNos PENSER? avec Danie Tyradeis, Diaphanes, 2013 E HLOSOPHE BOITEUX, Franciscopois/Les Presses du rée 2014 FIN DES INS, avec Federico Ferraris, Cécie Defaut 201 ROPEMENT DIT, avec Mathide Girard, Lignes 201 QUAND TOUT ARRIVE DE NULE PART. Sur /'œuvre dlbert Palma, Manucius, 201 APIÈS ÂME AU CORPS, TE, 201
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