Les « boîtes à penser » at Généralement ang lo-saxonnes, elles se dissimulent derrière des si g les Lt.' obscurs (CSIS - ISC - NSIC - FARI etc.) ; elles s'occupent de sécurité, de contre-terrorismeou d'anti-g uerilla ; elles sont anti-communistes jusq u'à Ce l'obsession et certaines d'entre elles utilisent cyni q uement les fascistes les Ci plus dang ereux pour arriver à leurs fins ; en liaison constante entre elles elles sont subventionnées par les tendances les plus réactionnaires des services secrets occidentaux. On les appelle des « Think-Tanks » (boîtes à penser). Le mois dernier, nous avons abordé succintement l'une d'entre elles, l'Institut Jonathan. En France la plus connue est l'Institut international de Géopoliti q ue fondé par Marie-France Garaud.
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'est en juillet 1982 que Marie-France Garaud, ancienne conseillère de Georges Pompidou et Jacques Chirac, elle-même candidate à l'élection présidentielle de 1981, créa l'Institut international de Géopolitique. Ses membres fondateurs au nombre de 69 viennent de plusieurs pays avec une forte proportion d'anglo-américains. Ce sont leurs connections que nous nous proposons de décrire ici. Avec son institut, Madame Garaud comble un vide. En effet, il n'existait pas
en France d'organisme similaire aux « Think-Tanks conservatrices anglosaxonnes, Ces « boîtes à penser » se veulent en général les catalyseurs d'une certaine idéologie réactionnaire, ultraatlantiste, présente dans tous les domaines géopolitiques et stratégiques. Au sein de l'Institut, quatre de ces « Think-Tanks sont représentées : Le Foreign affairs research institute (FARI) de Londres, le Center for strategic and international studies (CSIS), le National stractegic information cerner 6
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(NSIC) et le Institute of studies of conflicts (ISC) à travers sa branche américaine le Us Committee of ISC. Tous ces organismes sont connectés entre eux et participent à ce qu'il est convenu d'appeler la « communauté du renseignement ». Au-delà, ils sont également les porte-paroles de groupes de pression comme les ' lobbies y sud-africain ou formosan. C'est précisément le « lobby » sudafricain qui organise en juillet 1974 une conférence à Saint-Germain-en-Laye sur le thème de la défense de l'Afrique face à la subversion communiste. Les « cosponsors de la conférence sont la revue Monde moderne formée de militants dévoués à la cause de Prétoria, le NSIC de Franck Barnett (aujourd'hui membre de l'institut de Géopolitique) et l'ISC de Brian Crozier. Parmi les autres participants à la conférence, on note un certain nombre d'officiers supérieurs français, américains, sudafricains et espagnols. On remarque également la présence de Maître Violet, célébre protagoniste de l'affaire des K avions renifleurs », mais surtout animateur d'un mystérieux « cercle » créé à l'origine par Antoine Pinay et composé de membres actifs ou retraités des services secrets occidentaux. Inscrite dans le contexte de la décolonisation portugaise après la « révolution des oeillets », cette conférence se voulait une réflexion sur les conflits en cours en Afrique australe et en particulier en Angola où les occidentaux et les sudafricains commençaient à s'engager aux côtés du FNLA et surtout de l'UNITA de Jonas Savimbi contre le MPLA promarxiste. L'ancien directeur de la CIA, William Colby dira à ce propos que cet engagement occidental fut une telle erreur
ad que sans celui-ci, jamais le MPLA n'aula rait fait appel aux troupes cubaines, gelant y) ainsi la situation dans un conflit entre ir,blocs. Quoiqu'il en soit ces mêmes organisations sont à l'origine d'une conférence « multiglobale » sur les problèmes de l'OTAN à Brighton (GB) en juin 1978. Sans précédent, cette réunion se voulait le prélude à une grande organisation mondiale anticommuniste financée par un certain nombre de grandes compagnies privées et soutenues par diverses agences de renseignement. Parmi la centaine de participants venus du monde entier, on pouvait voir Frank Barnett déjà cité, William Casey actuel directeur de la CIA, Edwin Feulner Jr. président de la Fondation Héritage (une des boîtes à penser de l'administration Reagan), Gérard Daury, membre du bureau national du SAC, André Aumonier, président du Centre chrétien des patrons et dirigeants d'entreprises, Brian Crozier directeur de l'ISC, et membre du FARI, Geoffrey Stewart-Smith, directeur du FARI et membre de l'Institut géopolitique, le Comte Hans Graf Huyn, conseiller de Franz Joseph Strauss et membre du Centre européen de documentation internationale, organisation ultra-conservatrice très liée à l'Opus Dei et présidée par Otto Von Habsbourg. Le remous provoqué par cette conférence fut tel que certains participants (spécifiquement dans certains milieux financiers) ont fait savoir qu'ils n'étaient là qu'à titre d'observateurs (ou pas là du tout !). Cette initiative restée sans lendemain a permis de montrer l'influence notable de ces fameuses « Think-Tanks ». Parmi elles, l'ISC et le FARI. L'Institut d'étude des conflits (ISC) est dirigé conjointement par Brian Crozier et Robert Moss. Ses centres d'intérêts sont les conflits « subversifs », la guerilla urbaine et l'ensemble des rapports Est-Ouest (sous leur aspect strictement conflictuel). A l'origine, l'ISC s'appelait « Forum World Features » et se proposait de publier diverses études effectuées par ses membres ou ses « consultants ». « Forum » était directement financé par la CIA à travers une société paravent baptisée Kern House Enterprise. Brian Crozier a toujours été considéré comme un agent direct de la CIA. Ce fait est confirmé par Hans Langermann ancien « protecteur de la Constitution » dans une note adressée au ministère de l'Intérieur de la RFA,
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Robert Moss quant à lui est considéré comme un expert du Chili (il a d'ailleurs écrit un remarquable ouvrage à la gloire du général Pinochet) et de l'Ulster. Il est également un conseiller proche de Margaret Thatcher, dont il a écrit le « Maiden's speech » ce qui a été à l'origine de son surnom de « Dame de fer ». Parmi les consultants de l'ISC on trouve le Brigadier Général Franck Kitson, spécialiste britannique de contre-insurrection. Cet officier a appliqué ses théories en Irlande du Nord en tant que Commandant de la 39e Brigade d'Infanterie, lorsque ses troupes ouvrirent le feu sur une manifestation à Derry (le « Dimanche sanglant ») ou lors de la période dite d'internement administratif quand des suspects furent détenus sans procès et soumis à de nouvelles méthodes de torture « propre ». Parmi les membres américains de l'ISC on retrouve Barnett, Zbigniev Zbrezinski (membre de l'Institut de Géopolitique) ou Robert Komer, maître d' oeuvre de la célèbre opération « Phoenix » où 100 000 vietnamiens furent exécutés dans la plus gigantesque chasse aux communistes jamais organisée par la CIA. L'ISC est présent partout où ses compétences peuvent être utiles. Par exemple, en 1975, il envoie une note à l'OTAN pour promouvoir une campagne visant à isoler et éliminer les groupes illégaux, en particulier en RFA. Cet institut a joué au cours des dernières années un rôle considérable dans la politique de contre-terrorisme planifiée à l'échelon mondial. Mais il s'est également illustré dans la défense d'individus conservateurs jugés « sûrs » comme lors de la campagne « Victoire pour Strauss ». Brian Crozier et Robert Moss sont également membres du FART. Ils y côtoient divers membres de l'Institut de Géopolitique comme Julian Amery et Lord Chalfont, représentants éminents du « lobby » sud-africain en Grande-Bretagne. Le FARI organise chaque année une conférence sponsorisée conjointement par le NSIC de Barnett et la Fondation Héritage de Feulner. Parmi les participants de la première conférence, Midge Decter, épouse de Norman Podhoretz (membre de l'Institut de Géopolitique) A cette conférence participait le Général Graham, ancien directeur des services de renseignement de l'armée américaine et patron au sein de « High Frontier » du Général Richardson III qui ne manque pas 7
une occasion de faire de la publicité au projet de « guerre des étoiles » du Président Reagan, tout spécialement lots des conférences de l'Institut de Géopolitique dont il est membre. Le fondateur du FARI, Geoffrey Stewart -Smith s'est rendu célèbre en 1973 quand il démissionna de ses fonctions de président de la Wacl (Ligue Anticommuniste Mondiale) afin de protester contre l'infiltration d'éléments nazis en son sein (voir Article 31 n° 1). En 1980, quand Marie-France Garaud se rendit à Luxembourg au congrès de la WACL, sans doute à l'invitation du Général Robert Close président de l'organisation et membre de l'Institut de Géopolitique, Stewart-Smith, lui-même de cet institut, n'a pas fait entendre sa voix. Peut-être parce que pendant la période 78-80, il a collaboré à la revue « Confidentiel » carrefour de la droite et de l'extrêmedroite internationale à laquelle ont participé, par exemple, Giancarlo Valori membre de l'Institut de Géopolitique, impliqué dans le scandale de la loge P2, ou des membres d'Avanguardia. Nazionale du terroriste Delle Chiaie, de Nation Europa revue nazie allemande ou plus simplement du Parti des Forces Nouvelles de France... Il serait fastidieux de poursuivre une telle énumération. On peut en retenir que tous ces instituts communiquent entre eux.
Nous n'avons pas voulu ici entrer dans le détail de leur idéologie mais, ce qui est plus grave, c'est qu'à travers la dénonciation du totalitarisme soviétique, est véhiculée l'idée que cette lutte implique une radicalisation à droite des régimes occidentaux. Finalement le combat de ces instituts s'oriente moins vers une lutte réelle contre l'Etat soviétique que contre les démocraties occidentales considérées comme trop laxistes à l'égard d'éléments jugés subversifs. L'Institut de Marie-France Garaud est plutôt moins dut que les autres, mais il faut savoir ce que l'on veut et comprendre que par sa voix ce sont certains aspects particuliers de l'ultra-conservatisme qui s' expriment ■ Claude NATALY