ESTHÉTIQUE
Réalisation de couronnes céramique à l’l ’aspect très naturel Description de la technique du « maquillage interne » Naoto Yuasa Introduction
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Concernant les restaurations pour le secteur antérieur antérieur,, les principaux critères à remplir sont la restitution d’une teinte naturelle, une morphologie morphologie et une texture de surface sur face adaptées aux dents naturelles. Pour restaurer restaurer de façon satisfaisante une incisive centrale maxillaire, il est par ailleurs indispensable de reprendre de façon exacte les caractéristiques des dents adjacentes, ce qui n’est pas chose facile. La technique du « maquillage interne » (coloration interne) facilite la reproduction de la teinte de la dent naturelle. Cet article décrit, à la lumière de cas cliniques, les différents éléments à prendre en compte pour obtenir de bons résultats avec cette technique.
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Fig. 1 a et b) La situation initiale : perte de la dimension verticale d’occlusion et supraclusie maxillaire. c) Correction orthodontique de la supraclusie après augmentation de la dimension verticale. Les deux blocs incisivo-canins (12 dents) seront restaurés par des couronnes jacket et facettes en céramique. d) Après préparation des dents antérieures maxillaires. e) Évaluation de l’espace disponible à l’aide d’une clé silicone issue du wax-up. f) Après montage, cuisson et surfaçage de la céramique (dentine + émail). g) Caractérisation de la dentine de chaque restauration par « maquillage interne » destiné à créer des effets de tridimensionnalité étendus à toute la restauration. h) Application et cuisson d’une couche de céramique transparente sur les incisives centrales afin de tenter une reproduction fidèle des caractéristiques de l’émail par coloration interne. Ensuite, reproduction, à l’aide de colorants appropriés, des taches de calcification (blanches) et des fissures de l’émail, puis cuisson. i) Les dents antérieures mandibulaires. j) Après montage de la dentine et de l’émail par stratification effectuée selon une technique simple et en utilisant pratiquement toujours les mêmes masses céramique. k) Reproduction de la teinte et des caractéristiques de la dentine par maquillage interne (bloc incisivo-canin mandibulaire. l) Après dépose des dies en matériau réfractaire : contrôle des points de contact interproximaux et de la qualité d’ajustage des restaurations sur le maître modèle. Suite des illustrations de ce premier cas : voir figure 1 page suivante.
Patient : de sexe féminin. Zones à restaurer : les quatre incisives maxillaires, par des couronnes jacket céramique, les canines par des facettes céramique à la mandibule six facettes céramique. Céramique utilisée : EX-3 (Noritake).
Premier cas clinique
Patient : de sexe féminin. Zones à restaurer : les incisives centrales maxillaires, par des couronnes céramique à infrastructure zircone. Céramiques utilisées : Katana et Cerabien ZR (Noritake).
Deuxième cas clinique
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Fig. 1 (m à s) Résultat final obtenu et gros plans des restaurations avant leur mise en bouche (premier cas clinique).
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Fig. 2 a) La patiente se plaint surtout de l’inesthétisme des incisives centrales maxillaires qui sont en rotation. b) Les préparations dentaires réalisées. La 11 a été davantage taillée que la 21 car elle était plus sévèrement dyschromiée. c) Essayage des deux chapes zircone sur un modèle avec fausse gencive, car ce type de modèle permet un meilleur contrôle de la teinte durant le processus de réalisation de la restauration. La 11 devra être davantage masquée que la 21. L’espace disponible in situ étant limité, l’épaisseur des chapes sera minimale. Et la couche de céramique masquante stratifiée sur celles-ci devra être la plus fine possible et de même épaisseur pour les deux couronnes. d) Les proportions de céramique masquante et de dentine opaque, de même que leurs épaisseurs respectives ont été définies en tenant compte de l’espace disponible in situ et de la couleur de la chape. Des ajustements chromatiques ont été apportés à la couche de base par « coloration interne ». e) Les restaurations terminées, montrées sur le maître modèle. L’espace interproximal présente les dimensions requises pour la papille. f à h) Différentes vues des restaurations in situ.
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Fig. 3 a) La situation initiale : la patiente souhaite des restaurations plus naturelles, plus translucides et présentant une teinte plus valorisante. b) Les dents préparées. La céramique cosmétique devra masquer la couleur des chapes. c) Les chapes zircone (Katana) sur le modèle fractionné. Leur couleur a été déterminée d’après la couleur des dents préparées et de la teinte définie pour les restaurations. d) La céramique de masquage est appliquée uniquement en cervical (jusqu’à la moitié du noyau dentine), là où la dentine présente une luminosité relativement élevée. Quelle que soit la couleur de la chape, ne jamais l’appliquer jusqu’à son sommet. e) Après les derniers ajustements, finalisation des restaurations sur le duplicata du modèle, avec fausse gencive. La couche cosmétique des incisives centrales et latérales a été réalisée en utilisant toujours la même technique de stratification ou presque. Chaque couronne a été caractérisée en variant le degré de translucidité de la céramique et en appliquant la technique du maquillage interne. f à i) Le résultat obtenu in situ.
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Troisième cas clinique
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Patient : de sexe féminin. Zones à restaurer : quatre incisives maxillaires, par des couronnes céramique à infrastructure zircone. Céramiques utilisées : Katana et Cerabien ZR (Noritake).
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Fig. 4 a) Les dents préparées, toutes vivantes. Les couronnes jacket céramique sans infrastructure permettent une reproduction idéale de la teinte et sont avantageuses également en termes de coût. b) Le montage de la céramique sur les dies en matériau réfractaire, après cuisson des caractérisations amélo-dentinaires. Lors de cette étape, seules les caractérisations dentinaires ont été colorées. La zone – souvent sombre – de la jonction émail-dentine a été reproduite par maquillage interne, après coloration des mamelons et cuisson. c) Après cuisson de la céramique translucide, une bande blanche a été peinte en surface. Elle est visible dans l’émail. d) Les restaurations terminées, montrées sur le modèle de travail. Après quelques derniers ajustements effectués sur le modèle non fractionné, la position et la forme des restaurations ont été adaptées au mouvement de propulsion mandibulaire. e à g) Différentes vues du travail réalisé.
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Patient : de sexe féminin. Zones à restaurer : le secteur 11 à 22, par des couronnes jacket en céramique. La 24, par une couronne céramo-métallique. Céramiques utilisées : EX-3, Katana et Cerabien ZR (Noritake).
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Quatrième cas clinique
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Fig. 5 a et b) Après la taille de la dent. Noter la modification de la surface amélaire suite à l’éclaircissement dentaire. La teinte de la dent de référence sélectionnée (21) correspond à NWO et sa luminosité à 5~A1. La reproduction de cette teinte émail claire a été l’étape clé du travail réalisé pour cette patiente. c) Dans le cas d’une dent éclaircie, la zone la plus difficile à reproduire est celle comprise entre le milieu de la dent et le bord libre, lequel présente une épaisseur d’émail plus importante. Un maquillage interne blanc a été réalisé au niveau de la jonction amélo-dentinaire afin d’auge menter la luminosité. Puis, de la céramique translucide présentant un haut degré de luminosité a été appliquée en très petite quantité sur cette couche blanche. La forte luminosité et translucidité de la stratification céramique réalisée ici, imite de façon satisfaisante l’émail éclairci (technique de Kazunobu Yamada). d) La couronne définitive juste avant son scellement. Les tissus mous environnants restèrent stables lors de sa pose car la qualité d’ajustage et le profil sous-gingival de la restauration provisoire avaient été soigneusement contrôlés. e) Le résultat final obtenu.
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Fig. 6 a) Caractérisation dentinaire effectuée sur la dentine et l’émail. Elle a servi à reproduire fidèlement la teinte de base de la dentine, les mamelons et les zones sombres. Pour donner à la restauration un aspect naturel, les parties foncées de celle-ci ont été caractérisées par un maquillage interne multicouche, en réduisant l’épaisseur des dernières couches. b) La toute dernière a été recouverte de céramique translucide. L’étape suivante a été la cuisson, suivie de la caractérisation de l’émail par maquillage interne. c) Des bandes blanches et des craquelures ont été réalisées par maquillage de la couche translucide. Elles n’ont pas été cuites en même temps. Les fissures amélaires, réalisées par maquillage interne, affleurent la surface de e la restauration. d) Les restaurations terminées. e) Afin que la stratification céramique reproduise fidèlement la dent naturelle, il est important de réaliser et de cuire séparément les caractérisations de l’émail et celles de la dentine. f) Le résultat final in situ.
Cinquième cas clinique
Sixième cas clinique
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Patient : de sexe féminin. Zone à restaurer : la 11, par une couronne céramique à infrastructure zircone. Céramiques utilisées : Katana et Cerabien ZR (Noritake). Patient : de sexe masculin. Zone à restaurer : 12 à 21, par des couronnes céramique à infrastructure zircone. Céramiques utilisées : Katana et Noritake Cerabien ZR (Noritake).
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Fig. 7 a) Situation initiale : la 11 est en position palatine et présente des dyschromies dues à son état nécrotique. Dans un premier temps, le contour gingival a été réaménagé par le port d’une restauration provisoire. b) La restauration définitive sur le modèle réalisé en résine Exakto-Form (Bredent), car ce type de matériau permet une analyse beaucoup plus précise de la texture de surface. c) Dernier contrôle de la teinte sur le modèle avec fausse gencive. Une attention particulière a été accordée au bord cervical, lequel a été positionné en se fondant sur la partie visible du contour gingival vestibulaire de la dent adjacente (21). Afin d’éviter une baisse de la luminosité, une plus grande quantité de dentine opaque que la proportion habituelle, a été appliquée. Après insertion de la restauration, la réflexion de la teinte gingivale a été évaluée en ce référant au modèle avec fausse gencive. d) Cliché clinique pris juste avant la pose de la restauration. Comme indiqué précédemment, le maquillage interne, réalisé séparément pour la dentine et l’émail, a permis de créer des effets de tridimensionnalité. e à h) Le résultat obtenu après scellement de la restauration.
Patient : de sexe masculin. Zone à restaurer : la 11, par une couronne céramique à infrastructure zircone. Céramiques utilisées: Katana et Noritake Cerabien (Noritake).
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Septième cas clinique
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Fig. 8 a) Après préparation – idéale – de la dent pour une couronne céramo-métallique. Afin que l’infrastructure métallique ne nuise pas au résultat final, il est important de suffisamment réduire la dent au niveau cervical. b) La combinaison « taille suffisante de la dent + épaulement céramique » a permis de bien maîtriser la teinte. c) La caractérisation dentinaire par maquillage. d) Quand, comme ici, les mamelons sont peu translucides, la coloration doit être minimale. Une céramique translucide a été utilisée ici à titre expérimental. Après cuisson, la forme de la restauration a été affinée. e) La couronne terminée. Il est à noter que la stratification céramique est en général plus facile dans le cas d’une incisive latérale que dans celui d’une centrale. f et g) Derniers clichés de la restauration réalisée en ayant fait le bon choix au niveau de la teinte.
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Huitième cas clinique
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Patient : de sexe féminin. Zone à restaurer : la dent 22, par une couronne céramique à infrastructure zircone. Céramique utilisée : EX-3 (Noritake).
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Fig. 8 h et i Illustrations.
La technique du maquillage interne, élaborée par Hitoshi Aoshima, fait partie des techniques standard d’application des masses céramique. La popularité de cette technique tient à sa reproductibilité. Si la stratification céramique et l’intensité de la teinte sont mal calculées, la restauration terminée risque toutefois de présenter un aspect terne. Une bonne maîtrise de la technique du « maquillage interne » se traduit au final par une restauration présentant un aspect bien plus naturel que celui obtenu habituellement. Les deux conditions requises pour obtenir de bons résultats avec cette technique sont les suivantes : veiller à ce que la teinte reste correcte dans les trois dimensions mais aussi corriger la morphologie dentaire car la teinte n’est pas le seul critère déterminant pour obtenir une restauration ayant un aspect naturel.
Conclusion
Je suis infiniment reconnaissant à Hitoshi Aoshima pour tous ses conseils et toutes les opportunités qu’il m’a offertes. Je remercie également M. Kohei Ono (Cusp Dental Supply/ Kanare Technical Center), qui a réalisé toutes les chapes en zircone des cas présentés dans cet article. Mes remerciements vont également au Dr Kazunori Otani qui a traité l’ensemble de ces cas. Les résultats obtenus ici n’auraient pu l’être sans son excellent niveau de compétence et de talent à communiquer au prothésiste toutes les informations dont il a besoin.
Remerciements
Adresse de l’auteur Naoto Yuasa Prothésiste dentiste agréé Otani Dental Clinic 2-3-1-1F Shitaya Raito-Ku Tokyo, Japon 110-0004 E-mail :
[email protected] Naoto Yuasa. Herstellung natürlichen wirkender Restaurationen mit Keramikkronen. Teil 2: Das Wesen der „Internal-Staining-Technik“. Quintessenz Zahntech 2013;39(1):3 8-47. Traduit de l’allemand par Jérôme Ferry.
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