Francois de Malherbe est un des plus reconnus poètes du 17ème siècle. Épurer et
discipliner la langue française a été l’œuvre de sa vie. Malherbe considérait la poésie tout à fait comme son métier. Au début de sa carrière il est proche du baroque, mais plus tard il se prononce pour un style plus naturel et plus simple. On peut le considérer comme le premier théoricien de l’art classique fait de mesure et bienséance et l’un des réformateurs de la langue française. Il faut que l'expression ne laisse place a aucune ambiguïté, que la langue soit débarrassée des mots rares et obscures, des archaïsmes, des termes techniques, des régionalismes. Il élabore ainsi des règles qui rompent avec le baroque, qui sont déjà classiques. Il a pratiqué la poésie lyrique (dans laquelle il exalte la sensibilité et la grandeur de l'homme) aussitôt que la poésie religieuse et politique. Son oeuvre offre donc un large aperçu des principaux thèmes poétiques de cette époque. Les Larmes de saint Pierre ont été composées durant les guerres de religion. Ce poème religieux évoque le reniement de saint Pierre qui, pour sauver sa vie, nie être le disciple du Christ. Il s'agit d'une oeuvre de tonalité baroque. Elle est baroque par la multiplication des images somptueuses, par l'exc ès des sentiments qui s'y expriment, par la complexité de sa construction. Il y fait des allusions aux événements de son époque. Dieu est au centre de l'oeuvre de Malherbe. Il ne cesse de l'invoquer. La poésie est métaphysique. Elle s'interroge sur la destinée de l'homme, sur son rôle dans le monde. Dieu est là pour souligner la faiblesse de l'homme, mais aussi pour le soutenir: il est celui qu'on trahit, il est celui qui pardonne. L'amour ici prend la forme du sacrifice suprême: le Christ pour l'amour de l'humanité accepte la souffrance et la mort, seule capable de la sauver. Le poète donne une place important à la nature aussi. Il entretient avec la nature des rapport complexes. Il la personnifie et voit en elle comme une allié de l'homme, avec lequel elle compatit, elle s'émeut ou se réjouit. Elle reflète, en quelque sort, les sentiments de celui qui la contemple. Il s'agit déjà de la nature-état d'ame ( que les romanesques décriront plus tard ). Dans Les Larmes de sait Pierre la nature participe à la douleur de l'apôtre, les oiseaux ne chantent plus, le soleil lui-même hésite à se lever, parce qu'il sait qu'il va faire naitre le jour de la crucifixion de Jésus. Mais si elle est compatissante, elle ne peut guère aider
celui qu'elle voit souffrir, elle est impuissante à la soulager de sa douleur. Dans le poème Consolation à M. du Périer il essaie de consoler un ami qui vient de perdre sa fille. C'est un poème d'amitié très baroque. On peut y voir la thème de la mort que Malherbe considère inévitable. Il faut l'accepter. Les pleures et les deuil ne sert à rien. Ce n'est qu'un passage, qu'une transition, un moyen de retrouver, au-delà de la destruction du corps, le bonheur spirituel. La fuite du temps est un autre sujet de méditation, tout passe, le temps file entre les doigts , la jeunesse ne dure pas et fait bien vite place a la vieillesse et puis à la mort. ( Il dise : "La fille de M. du Périer a vécu se que vivent les roses"). On peut se demander que faire dans ces conditions? Vivre, profiter de la vie. Le constat pessimiste débouche presque inévitablement sur une conception épicurienne. Une trentaine d'années plus tard il reprend le thème lyrique de la disparition de l'être cher. Mais, cette fois-ci, c'est lui-même qui est frappé par la deuil: Il déplore la mort de son fils tué dans un duel au cours. Le Dieu qui est toujours au centre de sa oeuvre y apparait comme le Dieu de justice qui doit appuyer la vengeance du père. La thème de la guerre et la paix est très importante dans ces temps troublés. Ils dominent dans la poésie d'inspiration politique. Malherbe les développe longuement dans Priere pour le roi allant au Limousin et dans son Ode a la reine sur les heureux succès de sa régance. Dans Prière pour le roi allant au Limousin, le roi Henri IV se prépare à partir pour le Limousin. Les guerres de religion sont terminées, mais le calme est encore fragile après tant d'années de trouble. Dans cette prière qu'il adresse à Dieu pour protéger le roi, Malherbe, qui a vécu ce période cruelle, redoute la retour des affrontements et souhaite la poursuite et le succès de l'oeuvre pacificatrice du roi.