liberation_20140621_21-06-2014

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libe ra tion_20140621_21-06-2014 - slide pdf.c om

2,60 EUROS. DEUXIÈME ÉDITION NO10294

SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22JUIN 2014

WWW.LIBERATION.FR

Trente ansaprès lamortdeMichel Foucault,savoix n’acesséde s’affermir. «Libé» publie unentretien passionnantdonné parlephilosophe quelques semaines avantsamort.

WEEK-END MONDIAL 2014

5-2: LES BLEUS ATOMISENT LA SUISSE p.25

PAGES2-10

P F A

ALSTOM

L’ÉTAT CHOISIT GE Récit, p.22-23

Foucault

FÊTE DE LA MUSIQUE

La dernière interview PUBLICITÉ

NOTRE SÉLECTION PARIS-RÉGIONS Cahier central ê te 3 3e f

SAMEDI 21ET DIMANCHE 22 JUIN

A P I S . K O K Z O

Ce samedisoir ,le sb ar duquartier parisiende s M é nilmontant ba isser le ride a usurla joye ont bamboulaq ui s’y use déro chaque samedis oir ule . Le mome nt n’apasété choisi auhasar d : ce samedi2 1juin,c ’estla F ête de la musique,une soir é e où chacun pe ut depuis 1983,d escen , dansla r ue a v ecsa dre flûte àbe cous es platine donne rà ente ndre se t ses passions sonores.L par isie ns,comm esbars et a n d’autr esàStrasbourg t ouà Lyon,aimer aien tprof d’unboutdecet te ite r libert élàtout el’anné e,euxqui attirentaussi leurs habitués parl eurs cho musicaux. Mais les ix centre s-villesse muséifie nt ,on v oudr y v ivr e«làoù çase ait passe» t oute na yant le sile t otalp assé 2 0h30. nce Laconvivialit ée na un sér ie ux coup. pris Cet te Fêt e de la musique 2 014 se radonc aussi l’occasion de r ap pe ler que lasoirée pensé epar M a uric F le ure t,dir ecteu e r de musique ause indu la f raisministèr ede la t out Culture de Jack La ng aprè s lav ictoire de ssocialiste en1981,ne doit pass s de pré te xte poure mperv ir un pe ude folie les êche r 364autr es jours de l’année . SO PHIANFA NEN

2014

S E G R O F S E D N I O D U A

F lû te à be c e t p la ti ne s

d e l a

m us i q u e

S E G R O F S E D N I O U

“Un film mutant, organique, sensitif. Une expérience foudroyante de beauté.”

LES INROCKUPTIBLES

Scarlett Johansson

UNDER THE SKIN

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J U I N

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IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCE Allemagne 3,30 €, Andorre 2,80 €, Autriche 3,70 €, Belgique 2,70 €, Canada 5,99 $, Danemark 35 Kr , DOM 3,40 €, Espagne 3,30 €, Etats-Unis 5,99 $, Finlande 3,70 €, Grande-Bretagne 2,70 £, Grèce 3,70 €, Irlande 3,40 €, Israël 26 ILS, Italie 3,30 €, Luxembourg 2,70 €, Maroc 29 Dh, Norvège 35 Kr, Pays-Bas 3,30 €, Portugal (cont.) 3,50 €, Slovénie 3,70 € , Suède 33 Kr, Suisse 4 FS , TOM 540 CFP, Tunisie 4,40 DT, Zone CFA 2 800 CFA.

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LIBÉRATION SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 JUIN 2014

EVENEMENT

ÉDITORIAL Par ROBERTMAGGIORI

Présent Ily a trenteans, le25 juin 1984, disparaissait Michel Foucault. Impressionnant est le nombre d’initiatives, de rencontres, de colloques, de numéros spéciaux de revues, de livres qui saluent cet anniversaire. Certes,le philosophe figure parmi les auteurs au programme desclasses de Terminale, au même titre queSpinoza, Kant ou Kierkegaard, et, selon certainsclassements établis pardes sociétés de rating intellectuel, est le penseurfrançais qui, dansle monde, est leplus citéet étudié. Maisil y a davantage: au lieude s’affaiblir avec le temps, sa voix –que Libération donne à entendre– porte aujourd’hui plus loin qu’il y a trenteans.La cause est sansdoute à chercher dans la publication posthume descours du Collègede France, qui ont considérablement élargi le projetfoucaldien et essaiméles champsles plusdivers, de la médecine à la littérature, du droitou desgender studies à l’architecture. Mais, plussûrement, dans le fait quela pensée de Foucault s’est imposée comme la cléde lecture du temps présent. Si ce présent était une immense tapisserie –avec ses institutions politiques, juridiques, économiques, ses instances de pouvoir, ses sciences et ses connaissances,les structures mentales par lesquelles les individus sont saisis ou se saisissent eux-mêmes–, Michel Foucault serait l’inlassable artisan qui, derrière elle, a travaillé à endélieret relier lesfils pour en montrer la «généalogie»et la rendre visible.

BIBLIOGRAPHIE

Sexualitédurant l’Antiquité, du style, écriture et formation de soi…question Fin mai 1984, Michel Foucault donnait sa dernière interview.

Je veux savoir

de quoi il s’agit»

oucault est-il américain? Trente ans après sa mort, le penseurle plus cité aumonde, le philosophe que les études culturelles et queer se sont approprié, ontdigéré, et à traversle filtre desquellessa pensée nousrevient (lireentretien page 8 avecBeatrizPreciado),a faillipasser toutà fait del’autrecôtéde l’Atlantique.Mais la BNF, avec l’aide demécènes privés, vient de finaliser l’achat pour 3,8millions d’unfondsd’archives exceptionnel: entre autres 37000 feuillets manuscrits (dont le dernier tome de l’Histoirede la sexualité – lesAveuxde la chair ) et29 carnets à spiralede sonjournal intellectuel.L’intégralité des documentsque contenait son appartement aumoment deson décès: c’est toujours ça queBerkeley n’aura pas,pourrait-on gauloisement crâner. Michel Foucault, revenu d’Amérique, continue d’interroger les problèmes qui structurent le «libéralisme avancé» (lire page 9) y comprisquand celui-ciprétend les déjouerou nousen libérer: discipline, surveillance, sexualité, identité… Raison pour laquelle sa pensée (lire page 7) reste indispensableà la compréhensionde notre monde. Il y a quelques jours, comme un cadeaupour célébrer l’anniversaire de sa disparition, des proches de Foucaultfaisaient don à Libération de quelques cassettes, qui constituent l’ultimeentretiendu philosophe. Cetentretien a étéréalisépar André Scala et Gilles Barbedette le 29 mai 1984, quelques jours avant l’hospitalisation du philosophe, qui décédera du sidale 25 juin. Accepter ce dernierentretien,malgré l’étatd’épuisement dans lequel il se trouvait, fut

F

Beaucoup de choses qui se trouvaient implicites ne pouvaient pasêtre rendues explicites à cause dela façon même de poser le problème. Il me sembleque j’ai LE CONTEXTE essayé de repérer trois grands typesde Trente ans après la mort problèmes: de la vérité, du pouvoir et de Michel Foucault et alors que dela conduiteindividuelle. Il me semla BNF vient d’acquérir un de ses blequeces troisdomaines,qui sont les fonds d’archives, que reste-t-il trois domaines de l’expérience, ne peudu philosophe dans la pensée ventse comprendrequeles unspar rapd’aujourd’hui ? port aux autres et ne peuvent pas se comprendre les uns sans les autres. C’est ce qui m’a gêné dans les livres sans douteun signe d’amitié adressé à précédents…Il mesemblaitqu’il y avait Gilles Deleuze,dont André Scala était une sorte de droit fil et qu’on n’avait proche. Foucault n’a pu le relire, et a pasbesoin pour se justifierde recourir confiéà soncompagnon DanielDefert à ces méthodeslégèrement rhétoriques lesoinde l’élaguer etde l’utiliser à bon par lesquelles [on approche] les trois escient. Celui-ci en a publié des ex- domaines fondamentaux de l’expétraits dans Dits et Ecrits , qui paraîtront rience. dixans plus tard, alors quedes parties Comment peut-on faire du style une avaient été utilisées par les Nouvelles grande question philosophique et non littéraires le28 juin 1984, pour saluer la pas une questionesthétique? mémoire du philosophe. Je crois, en effet, que la question du Libération propose à ses lecteurs, ci- styleest absolumentcentrale dansmon dessous,d’autres passagesde l’inter- expérience: style d’action, style par view, et,sur son site web, l’archiveso- rapport aux autres… Dans l’Antiquité, nore, inédite, dansson intégralité. Mi- ilsn’ontpas cessé deposerla question chel Foucault venait de recevoir l’Usage des plaisirs «Il mesembleque j’ai essayé et leSouci desoi , à peinesortis de l’imprimerie. Il parle de repérer troisgrands types de la question du sujet, de de problèmes: de la vérité, sexualité, de style de l’exis- du pouvoir et delaconduite tence. Certainspassages de individuelle.» la bande sont moins audibles qued’autres.On y entendle philosophe de savoirs’il était possiblede définirun rire et, parfois,tousser. stylecommunet si,faceà ladécouverte Dans l’Usage des plaisirs, ne peut-on dece style, il neseraitpas possible de pas dire que vous affirmez peut-être parvenir à une nouvelle définition du pour lapremièrefoisdes chosesqu’ilfal- sujet lui-même. J’ai l’impression que laitlire entre lesmots dansvos ouvrages l’Antiquité n’a pratiquementpas décrit précédents? ceproblème,on a com- Suite page 4

L'ESSENTIEL

«MichelFoucault» de la série

MICHEL FOUCAULT

JEAN-CLAUDE VUILLEMIN

RAISONS POLITIQUESn°52

La Grande Etrangère,

Epistémé baroque,

Les Néolibéralismes de Michel Foucault

à propos de littérature EHESS, 222pp.,9,80€.

lemotetla chose Hermann,«Savoir lettres», 390pp., 35€.

Pressesde 170pp., 20€.Sciences-Po,


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De la biopolitique à l’archéologie, lesconcepts développés parle philosophe sont passés dans le langage courant, en étant souvent dévoyés.

Foucault revu dans le français ordinaire a penséede Michel Foucaulta irradié les sciences humaines,ouvert des champs philosophiques et desdépartementsentiers d’université, maiselle se retrouveaussi parfoisdans l’usagecourant.Quoique le Deleuzesoitplusrépandu(«rhizome»,«déterritorialisation»…), nousparlonsparfoisle Foucault comme monsieurJourdainfaisaitde la prose,sans le savoir.Le conceptde biopolitique, en particulier,a connu un usage collaté-

L

dynamiquespolitiques quiles rendentvisibles. Ainsi, en ce moment même, de l’exposition «Préface»de Walid Raadà Nîmes, oucellede HiroshiSugimotoau Palaisde Tokyo, à Paris. Plusgénéralement, «faire l’archéologiede» a remplacé, dansle vocabulairepara-universitaire, «expliquercommentça s’esttransformé dans le temps». On peut faire l’archéologie d’une pratique picturale, de la modernité, d’une mémoire collective.

ral, il y a unedizaine d’années, dansles débats publicssur l’embryon humain, le clonageet la bioéthique. La biopolitique (lapolitiquedu vivant), c’est la découverte quel’Etatnon seulementrègle notrelibertéphysique, maisaussi que, de l’âge classique au libéralisme, il gère notre santé, notre sexualité, notre fécondité, en tantque «population»productive. De cepointde vue,

«Poets» (2004) par Rinaldo Hopf, plusextrait. COURTESYDE L’ARTISTE

JEAN-FRANÇOIS BERTet JÉRÔME LAMY (dir.) Un héritage critique

Editionsdu 410pp. , 25€.CNRS


Encore unpeu plus loin Kit prêt-à-penser. de Foucault, le titre Surveiller et Punir,avec les notionsde panoptisme etde discipline , s’està peu près complètement retourné, puisque c’est auprès des sadiques et voyeurs du dimanche quece kit prêt-à-penserfait désormais florès. Normal : Surveiller et Punir a été écrit en 1975, à une époque où les gens rêvaient d’ouvrir les prisons, et la nôtre veut foutre tout le monde en taule, à commencer par Alorsque Foucaultanalyse le développement soi-même, depuisle Penhistoriquedes «techniques de soi»,c’est-à-dire sionnat de Chavagnes jusqu’àSecret Story. Letide l’attention à sa subjectivité, ses désirs, tre de Foucault semble […]dans lecadred’unvivre-ensemble, aujourd’huiun idéal à atle souci de soi estdevenu un impératiflibéral teindre plutôt qu’à fuir. du «tout pour magueule». Quantau panoptisme, qui désigned’abordune disla bioéthique estune version amenuiséede la position architecturale donnantla possibilité biopolitique,déconnectéedes questions (rela- de voir et surveiller tous lesprisonniers (oules tives)de pouvoir et rattachéeà desconsidéra- élèvesd’une école,ou lesemployés d’unopen tionsd’apparence morale, supposémentplus space)d’un seul coupd’œil,il estenfin réalisé aisées à trancher. grâce à Facebook ou Instagram,qui permet«Fairel’archéologie de». Maissi l’on parle tent à chacun d’êtreà chaqueinstantsous le le Foucault,c’est souvent de façonbeaucoup contrôle de tous. pluslâche et inconsciente, parce qu’unepartie Maisle thème foucaldien promis au pluslarge de sesidéeset deson lexique a diffusédepuis dévoiementestsansdoute le soucide soi, dévelesannées80, directement dansles médias,la loppé dans le dernier volume paru de l’Histoire littératureet lesartsmais aussi, via lessciences de la sexualité (1984).Alors que Foucaultanahumaines, jusque dansles sphères de la com lysele développementhistorique des «techniou du management. Ainsi lesnotions d’archive quesde soi», c’est-à-dire de l’attentionà sa etd’archéologie. ChezFoucault,elles désignent subjectivité,ses désirs, enrelation à autruiet unefaçon de faire l’Histoirequi interrogeles dansle cadred’un vivre-ensemble,le souci de conditions d’existencedes discours: «J’appel- soi est devenu un impératif libéral du «tout lerai archive[…] le jeudes règles quidéterminent pourma gueule»,bien résumépar lesslogans dans uneculture l’apparitionet la disparition des publicitaires du type «be yourself». énoncés,leur rémanenceet leureffacement,leur Foucaultétant un «archéologue» du pouvoir existenceparadoxale d’événements etde cho- libéral,il estlogiquequece dernierse leréapses. Analyserles faits de discoursdans l’élément proprie et renverse sa critique en motd’ordre. général de l’archive, c’estlesconsidérer nonpoint Lescultural studies, quisont d’obédiencehobcomme documents(d’une signification cachée, besienne et antikantienne, décèlent, ainsi, ou d’une règle de construction), mais comme dansl’explosiondes blogspuis du trollisme et monuments ; c’est […] faire […] quelquechose des selfies un «souci de soi» susceptible de comme une archéologie.» (1) «subjectiver» la plèbe. Quantau coaching, il Il n’y a guère d’artcontemporain quine tra- promet grâceà ce même souciun «leadership vailleaujourd’huil’archive au sensbanal, mais humble». Nous voilà rassurés. soutenu par un discours (cartels, cataloÉRICLORET gues, etc.) expliquantque les objets exposés (1) Citépar Judith Revel, «le Vocabulaire ne valentjustement quecommetémoins des de Foucault»,Ellipses, 2002

SCIENCES HUMAINES

MICHAELA FISEROVA

MichelFoucault, numéro anniversaire

Partager le visible L’Harmattan,

HorsSériespécial,n°19, mai-juin2014, 8,50€.

294pp., 29€.

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Suite de la page 2 mencé à définir l’unité d’une morale de style à partir du IIe ou du IIIe siècle sous l’empire romain –une morale définissant les conjoncturesou les comportements internesde l’homme.[…] L’usage queje fais du style, je l’emprunte en grande partieà Peter Brown, mais ceque jevais dire maintenant, quine se rapportepas à ce qu’a dit Peter Brown, est de mon fait pur et simple et, par conséquent, toutes les sottises que je peux dire ne sont imputables qu’à moi et pas à Brown (rires). Cettenotion destyleme paraît trèsimportantedans l’histoirede la moraleantique; j’aiparlé maltoutà l’heurede la moraleantique, je vaisessayer d’en parlerbien,en ce sens qu’il y a, dans lamorale antique, un certain nombre de choses extrêmementimportantes pour comprendre le passé. D’abord,parceque cette moraleantique est une morale qui ne s’adressait qu’à un tout petit nombre d’individus, ce n’était pas du tout une morale qui s’adressaità tout le mondepour obtenir quetoutle monde suivele même chemin, mais une morale qui concernait une petite minorité parmi les gens en général,et mêmeparmiles hommes, de sorteque cettemorale concernait quelques nouveaux hommes à l’intérieur d’une citégrecque. Ensuite, l’intéressant quand on suit l’histoire de cette

morale est qu’elle a été, petit à petit, nourriede valeursqui ontconcerné un nombre de personnesconsidérables.A l’époquede Sénèque oude Marc Aurèle, par exemple, cette morale devait être éventuellement valable pour tout le monde. Enfin, même si cette morale était valable pour tout le monde, il n’était jamais question d’en faire une obligation pourtout le monde, c’était uneaffairede choix pour tous lesindividus.Tout le mondepouvaitpartager

cesséde poserces questionsconcernant rapport à soi. On a desrecommandala philosophie en général,ils ontlaissé tions, desécrits, d’uncertain nombre tomberles interrogationssur le pouvoir d’auteurs,sur desconseils et avis qu’ils politique et se sont interrogés sur les donnaient à leurs élèves, et il semble questions de la morale […]. bienqu’on apprenait aux jeunes gens Il sembleque l’écriture soitune pratique à se tenir comme il fallait devant une de soi particulièrementimportante,pri- leçon qui était donnée par les grands vilégiée, pourles Grecs… chefs. Ensuite, et ensuite seulement,on Il estvrai quela questionde l’écriture leur apprenait à formuler leurs quesde soi a été absolument centrale, très tions, puison leurapprenait ensuiteà importante dans la formation de soi. donnerleuropinion,puison leur apLaissons de côtéSocrate, puisqu’onne prenait ensuiteà formuler cesopinions le connaît qu’à en termes de leçons et, enfin, de les Lesphilosophes sont ceuxquis’yconnaissent traversPlaton,et formulersous forme didactique.On en prenons Platon. a assez bien la preuve à traversles difféenamour.Celadit,jenevoispasbien,dans Le moins que rentstextesque l’onpeut avoirde Sél’expérience philosophique grecque, ce qui l’on puisse dire nèque, d’Epictèteet Marc Aurèle. Donc mettraitleur expériencedel’amour à est que Platon je ne serais pas tout à faitd’avis de dire n’apas beaucoup quela moraleantiquea étéune morale l’extérieur deleur expériencedusavoir. cultivé la prati- del’attentionà soitout aulongde son cette morale et en recouvrer les prin- que de soi comme pratique écrite, histoire, ellel’est devenueà un certain cipales motions,maisce n’étaitqu’un comme pratiquede mémoire, comme moment. Le christianisme a introduit choix personnel, desortequ’ilest tout pratiquede rédaction desoi à partirde à ce moment-là desperversionsou des de même difficile de savoir sous l’Em- sessouvenirs. En revanche, il a consi- modifications assez considérables, pire ce qui participait à cette morale. dérablementécrit sur un certain nom- lorsqu’ila organisédes fonctionspéniChezles premiersstoïciens,vousverriez brede problèmes politiques, métaphy- tentielles extrêmement larges qui une conception de la philosophie qui siques, et ces textes témoignent de la impliquaient quel’on tiennecomptede serait parfaitement équilibréeentreune présence dansle débat platoniciendu soi et que l’on se raconte soi-même à conception de la connaissance, une rapportà soi[…]. En revanche, à partir l’autre, sansqu’ily aitd’écrits.[…] Le conceptionde la politiqueet unecon- du I er siècle après Jésus-Christ, vous journal chrétien du XVIe sièclen’était ceptionde la conduite individuelle, et voyez desécrits quisont très nombreux absolument pas le journal chrétien que vous feriez cela à l’équilibre et, peu à et quisemblenttousobéirà un certain l’on pouvait trouver au IV e ou au peu, duIIIe siècle avantJésus-Christau modèlede notreécriture etqui font de Ve siècle. Il nerépondaitpas à lamême IIe siècle après Jésus-Christ, lesgensont l’écriture un mode fondamental de question.Il ne s’agissait pas de savoir

ANDRÉ GUIGOT

MichelFoucault, en 1969. PHOTO JERRY BAUER. OPALE

DANIELE LORENZINI, ARIANE REVEL et ARIANNASFORZINI

SERGEAUDIER

Michel Foucault, à l’écoute de la folie éditions M-editer

42pp.,4,50€.

Ethiqueet Vérité, (dir.)

Grasset,636pp., 27€.

Néo-libéralisme(s), une archéologie intellectuelle

1980-1984 Vrin,266pp., 23€.


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lesmêmeschoses, et il ne cherchaitpas à traiterle même type de problème. Et quelquechosecomme les Confessions de Saint-Augustin? Oui.C’est unechosetrèsétrange. Peter Brown a écrit un livre sur la question […].Il fautse rappeler queSaint-Augustin a tout de même repris le christianisme occidentaltel qu’il était audébut du Ve siècle, findu IVe siècle, et quele christianismeoccidentaln’existaitpratiquementpas à ce moment-là. Enfin, il existait bien en ce sens qu’il y avait des chrétiens, mais il n’y avait pas de culture chrétienne.Il faudra rappeler, enfin, queSaint-Augustin[…] a littéralementbâti le christianisme telqu’il a existéet telqu’il estarrivé à s’instaurer enFrance aux XVIe etXVIIe siècles. Dans lesMots et lesChoses, vousposiez unequestionpour savoir ce qu’était la littérature. Vous disiez: «Qu’est-ceque ce langagequi ne ditrien, quine se tait jamais, quis’appellelittérature?» Lalit-

tératurene serait-ellepas une manière, unetechniquede soi? Oui,je croisque l’écriturea joué ce rôle pendant un certain temps, entre le XVe-XVIe siècleet puis auXIXe,etque la littérature esten trainde perdre à une vitesse extraordinaire ce rôlede forme de conscience de soi. En fait ces choses dont on parle au jourd’hui, que l’on pourrait définir

commecultures desoi, n’ontrienà voir aveccedont vous parlezdans voslivres? Rien à voir, ouiet non.Effectivement, en prenant leschosesdans leurformulation philosophiquestricte entre la moralede l’antiquitéromaine ou grecque et la moralecontemporaine, elles n’ont rien de commun. En revanche, si l’on prendles moralesdans ce qu’ellesont de prescriptif, dans ce qu’elles inclinent,dans ce qu’elles conseillent, l’on s’aperçoitquec’estextraordinairement proche et queles conseilsde la morale ancienne sont, sinon semblables, du moins relativementproches des morales actuellementprisées. C’est précisément cela qu’il s’agit de faire apparaître: la proximité, la différenceet, à traversce jeu de la proximité et de la différence, montrer comment les mêmesconseils donnés parla moraleanciennepeuvent jouer différemment dans un style de morale contemporain. Il y a aussila questionsur lerapportde soià soi, etla compositionde soiparsoi, qui se fait à l’occasion de la sexualité comme expérience… Y a-t-il chez les Grecs ce thème du délice, du délire amoureux, dela pertede soi, durapport à l’étrange? Il mesemble bien que, dans lestextes de la philosophie grecque du IIIe ou IIe siècle avant Jésus-Christ jusqu’au IIIe siècle après Jésus-Christ, il n’y a

guèreeu deconception de l’amour qui aitété validéeparcequ’elle avait représenté cette expérience dontvous parlez, expérience déjà connue, l’expérience de la grande passion amoureuse. Même pasdans le Phèdre de Platon? Je ne crois pas. Maintenant, cela va peut-être nous éloigner du sujet, mais il me semble que, dans Phèdre, vous avez au contrairel’expérience de ceux qui, à lasuited’uneexpérienceamoureuse, finissent par trouver ce qui va êtrele pointfinal, c’est-à-dire l’expérience.Ils négligent ce quipeut apparaîtrecomme étantla pratiquecourante et constantede leurépoquepour arriver à un typede savoirsqui leur permettra, d’une part, de s’aimerl’un l’autre, et, d’autre part, d’avoir,à l’égard dela loi et desobligationsdu citoyen,une attitude qui sera conforme à ce qui est le comportementdes individus. Jenecrois pas qu’il y ait cette expérience. On commenceà la voir, parexemple, chez Ovide. Là, justement… Vous avez la possibilité, l’ouverture d’une expérience danslaquellel’individuperd en quelque sorte toutà fait latête.Il nesait plus quiil est, ignore sonidentité.Il vit alors sonexpérienceamoureusecomme ceperpétuel oublide soi. Mais jecrois [qu’il y a là uneexpérience] de l’amour qui ne correspond absolument pasà ce qui était l’expérience de l’amour

MICHEL FOUCAULT

MICHEL FOUCAULT

L’Origine de l’herméneutique

Herculine Barbin, diteAlexina B.

de soi,conférences prononcéesà DartmouthCollege, 1980 Vrin,168pp., 14€.

Gallimard 272pp., 19,50€.


du IVe siècle, celle de Platon ou celle d’Aristote. Concernantles Grecs, quandHeidegger disait que les philosophes ne sont pas dutout ceuxqui aimentla connaissance, mais ceux qui s’y connaissent en amour…Ce seraiten ce sens-là? Oui, biensûr.Ce sontceuxquis’y connaissenten amour. Celadit,je nevois pas très bien,dans l’expérience philosophique grecque que l’on connaît (celledu IVe siècle dans lesdiscoursde Platon), ce quimettraitleur expérience de l’amour à l’extérieurde leurexpérience du savoir. Est-ce qu’onne peut pasdire que larelecturedes Grecs esttoujoursle symptôme d’une cassure dans la pensée? Est-ceque ce n’est pasla volontéd’un retour aux origines? Il mesembleque,dans cemouvement de relecture desGrecs,qui s’estfait régulièrement,il y a eu, à coupsûr,une sorte de nostalgie,la tentativede récupération d’une forme originale de pensée, et une tentative pour essayer de conceptualiser le domaine grecen dehorsde tous lesphénomènes chrétiens. Cette tentativea prisdifférentesformes. Elle a pris d’abord, au XVI e siècle, la forme d’une tentative de retrouver, à traversle christianisme,et en conservantle christianisme, uneforme dephilosophie qui aurait été, Suite page 6 Usagesde Foucault PUF, 448pp.,29 €.

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Suite de la page 5 en quelque sorte, gréco-chrétienne. Elle a pris la forme d’une tentative de récupération des Grecs eux-mêmes en dehors du christianisme, là c’est Hegel,qu’on retrouve

encore chez Nietzsche. Il me semble que,maintenant,la tentativede repenser les Grecs ne consiste pas du tout à essayerde fairevaloirla morale grecque comme étant le domainede moralepar excellence, dont on a besoin pour se penser, mais qu’il s’agitde faireen sorte quela pensée européenne puisse redémarrer surla pensée grecque, comme expérience unefois donnée et à l’égard de laquelleon peutêtretotalementlibre. Vous avez dit de votre travail: «J’ai changé»,«Jen’ai pasfait ceque j’ai annoncé». Est-cequevousavezétéimpru-

dent oubienest-ce quevous pensezque leschosesonttellementchangé pourles intellectuels,les chercheurs,qu’il faille prendreces précautions… Lorsquej’ai écrit le premiervolume, il y a maintenantseptou huit ans, j’avais absolument l’intention d’écrire cette histoire de la sexualité, ces études d’histoire sur la sexualité, à partir du XVIe siècleà peuprès […].Je l’ai en partie fait.Maisc’esten lefaisant que jeme suis aperçu que cela ne marchait pas, parcequ’ily avaitun certain nombre de problèmes importants, en particulier celui de cette expérience moralede la sexualité.C’estlà oùje mesuis dit: «Je veux savoir de quoiil s’agit.» J’ailaissé en plan lestravaux quej’avaisfaitssur les XVIe et XVIIe siècles, et je me suis mis à remonter.J’ai commencépar remonter au Ve siècle à peu près, fin du IVe-Ve siècle, pour voir ce que j’estimais,à cemoment-là,être lesdébutsde l’expérience chrétienne […]. Ensuite, j’ai commencé par regarder ce qui se passaitdans la périodeimmédiatement précédente […]et j’ai été amené,il y a trois ans, à me mettre à l’étude de la sexualité auxV e-IVe siècles.C’est donc la nécessité d’expliquerles chosesqui m’aamenéà changerentièrement mon planpar rapportà cequ’il étaitau départ. Alors, vous me demanderez si c’était pure inattention de ma partau départou un désir secret,un peucaché, révéléà lafin. Jen’ensaistrop rien.Je vousavoue queje neveuxmêmepas le savoir.Mon expérience,telle qu’elle apparaît maintenant, est celle-ci. Cette histoire de la sexualité, je ne pouvais, sans doute, la faire convenablement qu’à condition de reprendre ce qui s’était passé au cours dessiècles antiques, pour voir comment lemondede la sexualitéavaitété vécu, manipulé et perpétuellementmodifié […]. Jen’avais pas, étant donné les conditions telles qu’elles étaient, la possibilité de faire vraiment bien l’étudesur le XIXe siècle. Je pouvais à la limite faire celle du XVIIe du XVIIIe, mais, à partirdu XIXe, cela m’aurait pris beaucoup trop de temps. En revanche,avec lesclassiques, je savais que je pouvais m’amuserdavantage. •

• SUR LIBÉRATION.FR Retrouvez l’interview, enregisFoucaultmai tréeen sur1984, notredeMichel site, deux heures et demie de document rare.

Sartre et Foucault en 1971, à Paris. Ci-contre: pénitentier panoptique dans l’Illinois. PHOTOS ROLANDALLARD. AGENCEVU MARYEVANS. RUE DESARCHIVES

Critiquer Foucault: essais critiques sur MichelFoucault Aden Editions.

PIERRE MACHEREY

A paraîtrele 11juillet.

Editions Amsterdam.


Le Sujet des normes

A paraître le 16 septembre.

DAMIENBOQUET, BLAISEDUFAL et PAULINE LABEY (dir.) Unehistoire au présent, leshistorienset MichelFoucault CNRS Editions 374pp., 25€.

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Le rapport savoir-pouvoir est au cœur des travaux du philosophe.

Folie, sexualité… les champs magnétiques de Foucault on premier livre, commandé par le philosophe marxiste Louis Althusser, Michel Foucault l’a publié il y a soixante ans: Maladie mentale et personnalité. Bienqu’encoreinfluencépar la pensée de Husserlet de Merleau-Ponty, ou la psychanalyse existentielle de Ludwig Binswanger, il y propose déjà une brève lecture des représentations socialesde la folie. Il n’est pastrèsconnu alors. La notoriété lui arrivepar la publication de Folie et Déraison: Histoire dela folieà l’âge classique,sathèse de doctorat, rapportée parGeorgesCanguilhem et Daniel Lagache, et soutenue le20 mai 1961,où iltraceunesorte de diagrammehistoriquedes manières dont a été perçued’abordla liaison entre raisonet déraison puisleurséparation. L’ouvrage paraît chez Plon la mêmeannée,puissousle titre de Histoire de la folie à l’âge classique, chez Gallimard en 1972. Viennent ensuite Maladiementaleet psychologie (1962) et Naissancede la clinique: unearchéologie du regardmédical. «Codes». Ces travaux, repérant les pratiquesqui ontabouti à l’exclusion/ enfermementdes hommes dits«privés de raison», participent d’un même projet: identifier lesconditionshistoriques surla base desquelles la maladie et la folie se sont constituées en objet descience,ont faitémerger lapsychiatrie et la médecine clinique, la figure d’un sujetsusceptibled’être saisi par un savoir positif, et, corrélativement, les lieux (structures hospitalières, asile) où ce savoir devient pouvoir sur les corps. C’est, en gros, lapremière partie duplanque Foucault a en tête, et qui l’inciteà exhumerles systèmesimplicites de règles qui déterminent les espaces de possibilitésauseindesquels se constituent nonplus lamédecine oula psychiatrie mais les autres savoirs. Aussi,danslesMots etles Choses (1966), puisdans l’Archéologiedu savoir (1969), étend-il l’étude aux autres sciences humaines, et étudie les «codes» qui dansune culturedéterminée gouvernentle langage,les schémasperceptifs, les échanges, les techniques,le travail, lesvaleurs et doncles «ordres empiriques» dans lesquelsles sujetsse pensent et sont pensés(parla linguistique, la biologie, l’économie…). Foucaultne fait pasainsi unehistoire des idéesou des sciences,maismeten place une «archéologie» capable de porter à la lumière les infrastructures mentales –le «champ épistémologi-

S

MICHEL FOUCAULT

DIDIERERIBON

Subjectivitéet Vérité, cours au Collègede France (1980-1981)

Au sujet du pouvoir Fayard.

Seuil, 334pp.,26€.

A paraître le 17 décembre.


que»ou l’«épistémé»– danslesquellesévoluentles connaissances,en entendantpar épistémé l’ensemble des grilles conceptuelles qui sontà la base dessavoirs d’uneépoque ouen constituent le «bas-fond», inconscient et anonyme. Il prend en considération la Renaissance, l’Age classique et la Modernité, et montre que,si l’épistéméclassique n’a pas attribué à l’homme la place de sujet central de la connaissance, l’épistémé moderne a fait plus que

La volonté de savoir,qui ouvreHistoire de la sexualité, fera un pas de plus: le plaisirvient complexifierencore le rapport savoir-pouvoir. Par quelles voies et pourquellesraisonss’est organisé ce champ de connaissance qu’avecun terme récentnous appelons «sexualité»? Pouraller aux sources de ce savoir, Foucault cherche dans les institutions religieuses,les formesde pédagogie, lespratiquesmédicales,les structures familiales, le confessionnal et la chambre à coucher, révélant les

le «hausser»: elle a posé l’homme commemesure detoute choseet, en raisonmême de sa finitude, luia laissé paradoxalementla place de Dieu.D’où l’exhortationde Foucault à se réveiller de ce «sommeil anthropologique», et ce mot, qui suscitera un véritable hourvari: «invention récente», figure transitoire dans les mutations épistémiques,l’hommepourraitbien connaître une fin prochaine,et disparaître «comme à lalimitede lamerun visage de sable». Au début des années 70, Foucault, désormais professeur au Collège de France, qui n’a pas participé directement à Mai 68, est en première ligne dansun certainnombre de luttesso-

effets de coercitionqu’il a eus sur les individus, et lesa poussés à découvrir en eux-mêmes la «force secrèteet dangereuse» d’une sexualité. Retour. Ainsi, d’une généalogie des systèmes, arrive-t-onà uneproblématisationdu sujet. Suitun longsilence de Foucault,rompu en mai1984 –un mois avantsa mort– parla publication simultanée de l’Usage des plaisirs et du Soucide soi . Ces livres tracentdans l’œuvre un tournant décisif, assumé parle philosophe («ilfautse déprendre de soi-même…») etconnu deses auditeurs.Les cours du Collègede France publiés de façon posthume – depuis l’Herméneutique du sujet ou le Gouvernement de soi et des autres jusqu’à Subjectivité et Vérité, publié aujourd’hui– laissentvoirun Il est enpremière ligne dans un retourvers l’Antiquitéclassicertain nombre de luttes, autour que, où Foucault repère, en de l’Université (Vincennes), des oppositionaux moralespresprisons, de laPologne,du soutien criptrices qui vont dominer à partir du christianisme, les aux prisonniers espagnols… éléments de construction ciales et politiques, autourde l’Univer- d’une «esthétiquede l’existence indivisité (Vincennes), desprisons(GIP),de duelle», fondéesur des«technologiesde la Pologne,du soutien aux dissidents, soi» par lesquelles les individus «ont aux prisonniersespagnols…, et redéfi- été amenésà porter attentionà eux-mênit le rôle de l’intellectuel, auquel doit mes, à se déchiffrer, à se reconnaître et revenirle «travaildu diagnostic» et de à s’avouer comme sujets de désir». lecture du présent.Aussi,la phase de Nul,sauf seslégataires,ne connaît avec recherche successive –dont le point précision la valeur ni la teneur de ce d’orgue est Surveiller et Punir: Nais- quireste(resterait)à publierdes écrits sance de la prison (1975) – s’ouvre-t- deMichel Foucault.Mais l’œuvrea déjà elle logiquement: il faut passerd’une fait et fait toujours son travail: elle a archéologie du savoirà unegénéalogie ensemencéles champsde toutela phides pouvoirs, d’une analyse des dis- losophieet dessciences humainesconcours, où œuvre évidemmentdéjà le temporaines, «vit» dansles centaines pouvoir, à celle desformesde contrôle d’essais et de commentaires qu’elle elles-mêmes,et des microsystèmesde suscite dans le monde entier. Elle est, domination présents dans la société. autrementdit, déjà classique.Non au De façonvraiment novatrice,Foucault, sens où elle aurait été «décorée» et dans cecadre,montre quenonseule- peintedansla couleurvertede l’académent le pouvoir réprime ce qui est, misme. Au sens où est classique une mais,«polymorphe»,produitdesréa- œuvre d’art: une source qui continue lités tellesqu’ellespuissent,de façon à produiredessens nouveaux età démoléculaire,offrir des «prises» sup- jouer toutes les interprétations. plémentaireà son exercice. ROBERT MAGGIORI

FRANÇOIS CAILLAT(dir.) Foucaultcontre lui-même

PUF, 224pp.,16€ ; etaussiunDVDde 52minutes,15€.

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ves politiques» façonnées notamment parlesécrans etles substances chimiques (médocs et autres pesticides).Directeur(trice)du Programmed’études indépendantes au

des «fluides»sucre,tabac, pétrole ou nitrate, mais aussi des«fluides» texte, image,«data». C’estune généalogie dans laquelle j’implique un Foucault transféministe et un

Musée décolonial. celoned’artcontemporain (1), elle/il expliquede iciBarson Marx Comment travaillez-vous avec l’œuvre de Foucault? rapport au philosophe français. Quereprésente pourvousFoucault? Jelis tout,noncommeun historien, Unmaître?Un compagnon de pen- maisavecune sorte de «cannibasée? Vous dites-vous «foucal- lismeépistémique» à la Oswald de dien(ne)»? Andrade(3). On pourrait dire que Je me dis foucaldien ou foucal- je commence là où Foucaultarrête dienne comme quelqu’un peutse sontravail: avecle sida.Je tente de direguitariste…Parce queFoucault tracerune cartographie destechestun instrument conceptuel avec nologiesde pouvoir et de produclequel on peut faire des musiques tion des subjectivités sexuellesqui différentes…On peut jouerun Fou- sont apparues à partir de la Secault ultralibéralcomme on peuten conde Guerre mondiale, avec la faire du heavy métal commercialisation des anticolonial… Foucault hormones et la pilule estdevenu pour moiun contraceptive, l ’usage amant textuel, dans le médical de la notion du sens où je vis vraiment genre, l’apparition d’une

BrosBeforeOs, Taut BeforeRot de Superm (Slava Mogutinet Brian Kenny), 2012. COURTESY DESARTISTES

L’Espagnole Beatriz Preciadocultive l’héritage du philosophe:

«Je m’obstine à faire de Foucault une lecture queer» e Foucault, Beatriz Preciado lit tout et tout le temps. Dans lajeunegénérationdes philosophes, sans doute cette personnalité hors norme du monde desidéesest-elle unede cellesqui renouvellele plus

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l’héritage de l’intellectuel. Espagnol(e), féministeradical(e), ayant étudiéen France et auxEtats-Unis, récusant la rigidité des identités sexuelleset refusant de ce faitde se définir par le genre féminin ou masculin, elle/il(1) travaille surla

ARIANNA SFORZINI Michel Foucault, unecorps pensée du PUF «Philosophies», 154pp.,14 €.


sexualité, le corps et plus particulièrementsur lestechniquescorporelles. Pour Preciado, notre enveloppede chairet d’osest loin d’être unedonnéede la nature,mais bien, dansune visiontrès foucaldienne, un mille-feuillescomposé«d’archi-

EDOUARD JOLLY et PHILIPPE SABOT (dir.) MichelFoucault, à l’épreuve du pouvoir Presses universitaires du Septentrion, 146pp.,18€.

avec ses textes, mais commeavecun amant, R . nousavons souvent des D disputes, des bagarres. Je m’obstineà faire unelecture transféministe, queer et décoloniale de sa philosophie…mais je nesais pass’il aurait apprécié. Votredécouverte de Foucault: où, quand, comment? J’avais déjà lu Foucault mais ma vraie rencontre avec sa pensée s’est passée à la New School for Social Researchde New York,où j’étudiais audébut desannées90. Enréalité, ce qu’on appelle la théorie queer futen partiel’effetde laréception dupremiervolume del’Histoire de la sexualité e tde Surveiller et Punir parles féministes Gayle Rubin, Judith Butler, Teresa de Lauretis, Donna Haraway à partir de la fin desannées 80 auxEtats-Unis,mais aussi les usages que les activistes d’ActUp ontfait de Foucaultpour s’opposer à la gestion biopolitique et médiatique du sida. Ce sont ces usages politiques subalternes de Foucault qui m’ont marqué(e) et qui ont déterminéma lecturepostérieure du reste de son œuvre. Quels principes vous ont le plus marqué(e)? Ce sont les analyses des rapports entre processus de subjectivation du sujet, technologies de gouvernementet appareils de vérification qui me semblent être d’unepuissance inouïe. En ce moment, par exemple, je travaille surun projet d’histoirepolitiquedu corps contemporain. Dans une perspective foucaldienne, j’essaie de remplacer la notion du «corps» par celle de «somathèque» (2), en pensant le corps comme unearchive desfictions politiques vivantes: c’est une histoire dans laquelle la gestion politique du sperme, du lait ou du sangest aussi importante quecelle

clinique de la transsexualité,la gestionde la transmissionvirale. Il y a aussi le déplacement des grandes «orthopédiessociales» à caractère architectural quesontles usines, les hôpitaux, les écoles ou les asiles vers ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui des«prothèses de sub jectivation politique»,c’est-à-dire les drogueschimiques,les technologiesaudiovisuelleset digitales, en passantpar lesaliments transgéniques. En termede régimede vérité, je m’intéresse aux processus par lesquels le discours scientifique a laisséplace à d’autresappareils de vérification, comme le marchélibéral et les réseauxsociaux. Quelles seraient les impasses de Foucault? D’unepart, Foucaultétait un penseureurocentréqui, en grande partie, a oubliédanssa généalogie politiquede la modernité la centralité du projet colonial à partir du XVe siècle. D’autre part, et bien qu’il ait été contemporain des mouvements féministes, il a étéincapable d’étudier l’importance économico-politiquede l’«invention» ducorpsféminindans lepro jet biopolitique de la modernité. Jeme sens proche dela lecture que mes collègues du «sud» font de Foucault– le«sud»iciest uneposition épistémiqueet non pas simplementgéographique: desanalyses sur la nécropolitique que fait Achille Mbembe depuis l’Afrique ou de la reconstructionde la«raison coloniale»chez AnibalQuijano ou Santiago Castro-Gómez en l’Ameriquelatine. Recueilli par CÉCILE DAUMAS (1) Aussi chroniqueuseà «Libération». (2) Termeconceptualisé par Beatriz Preciado. (3) Intellectuel brésilienauteur du Manifeste anthropophage,1928.

«LaVolonté de savoir», regards critiques 1976-1979 Presses universitaires

«L’Usage des plaisirs» et «leSouci de soi», regardscritiques

deCaen,334pp.,12€.

1984-1987 Presses universitairesde Caen,380pp., 18€.

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Jack Z. Bratich, enseignant à la State University of New Jersey, témoigne du succès que rencontre aux Etats-Unisla pensée du philosophe:

«Son œuvre est devenue une clé à la compréhension du néolibéralisme» ackZ. Bratich enseignele journalisme et la médiologie à la State University of New Jersey. Il a coordonné en2003 un Foucault, Cultural Studies and Governmentality publié à la State University of New York Press. Comment expliquez-vous le succès aux Etats-Unis de Michel Foucault auprèsdes chercheursen études culturelles? Il y a deux grands domaines d’in-

J

penser les relations de pouvoir sanspasser parle marxismeorthodoxe ou le droit politique libéral. Les relations de pouvoir étaient désormaiscompré R hensibles en dehors à la D foisdes problématiquesde l’Etatet du mode de production.Par exemple, la culture ne pouvait plus être considérée comme faisantpartie d’unesociété civile dégagée des pro-

MichelFoucaulta étéla plus opératoire? La sociologie, la littérature et la littérature comparée, la communication et la médiologie. Bien sûr, il y a eu beaucoupde résistance à ses travaux dans ces champs-là et dans d’autres. Mais il estdevenuincontournable(y compris entant querepoussoir) dans tous les domaines qui cherchent à compren-

ce n’estplus unefigure d’intellectuel qui passe éventuellement de mode. Cependant, il fautnoterquelquesdéveloppements récents: la première décenniedu XXIe sièclea vu augmenterl’application de sesderniers travaux surla gouvernementalitéet les techniques libérales de subjectivation. Son œuvreest devenue uneclé à la compréhension de ce qu’on a appelé le «libéralisme avancé» ou «néolibéralisme».

fluence. Le premier passe par l’appropriationde l’Histoire de la sexualité par les universitaires spécialistes du genre et desétudessexuelles(en particulier littératureanglophone,philosophie, sociologie). Son travailsur la normalisation et le caractèrecontingent de l’identité sexuelle a été une percée importante pour ceux qui voulaient bousculer les catégories qui déterminaient leur subjectivité. La seconde,c’est que l’Histoire de la sexualité, mais aussiSurveilleret Punir ontfourni de nouvellesmanières de

blématiquesde pouvoir: elledevenait un lieu de pratiques disciplinaires (c’est l’héritage althussérien) mais elle ne devenait pas pour autant un équivalent de l’idéologie comme «fausseconscience» ou reproduction mécanique d’une base économique. Les institutions comme la psychiatrie,la médecine,la sexualité, la justice, l’éducation, etc. découvraient ainsileurs généalogies spécifiques de relations de pouvoir et,du coup, de luttes potentielles. Quels sont leschampsoù la penséede

dre les relations de pouvoir (ce que beaucoup d’universitairesaimeraient éviter).Là où il y a étude desrelations de pouvoir,il y a l’influence de Foucault. Observe-t-ondepuis quelquesannées uneperte d’intérêt pourla pensée de Foucault? Je parlerai plutôt de concentrationet de transformation que de déclin. Bien sûr, à causede l’absencede nouvelles publications,son travailsuscite moins d’intérêt.Mais il estvraiment installédans l’histoire de la pensée:

Parailleurs,la traduction en anglais de sesleçons auCollègede France a ouvert de nouveaux champsd’investigation, en particulier autour de la biopolitique et de la sécurité. Avec l’intérêtgrandissant, à la foisdes universitaires et du grand public, pour les formesavancéesde surveillance, la pensée de Foucault est redevenue un point de départ important, même si sontravail n’ajamais eu pour but d’êtreune explication totalisante de la surveillance. Recueilli par ÉRIC LORET


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Foucault clive chez les professionnels de la détention, qui s’en inspirent, le réinterprètent ou s’en distancient.

En prison, surveiller et relire (ou pas) I

ls ont baptisé leur promo «Michel-Foucault». C’était en septembre, ilssortaientde l’Ecole nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) et s’apprêtaientà être nommés directeurs de prison. «Pour tou jours garder en tête qu’il faudrait s’interroger sur nos missions et nos responsabilités, surtout dans notre domaine d’activité: la privationde liberté», rapporte Léa Janin,une ancienne étudiantede la promotion Michel-Foucault. A 26ans,elleest aujourd’hui directrice adjointe du centre de

«nourri» à l’Enap, il y a dixsept ans,quand il étudiait aussi Durkheim, Weberou le philanthropeanglaisJohn Howard. Ce quil’a marquéavant tout, c’est letravaildu GIPet l’émergence d’une paroledes détenusde droit commun. «C’est ce à quoi nous travaillons: faire en sorte que les détenus puissent parler. Mauzac estun établissement calme.Ce qui neles empêche pasd’avoirdu ressentiment contre la pénitentiaire. Ilsn’ontpas recours à la violence maisils onttrèsrégulièrementpris l’habitude d’écrire au contrôleur des prisons, aux magistrats, aux préfets, à notre hiérarchie…» «Petits bouts». Pas évident pour des professionnels de savoir se débrouiller d’une pensée si critique du monde carcéral. «La pensée de Foucault est si complexeque chacunva y prendre

ChristophePraten estconscient. Il est psychologue à la prison d’Avignon, évalue les détenus arrivanten détention, participe à leur orientation –dans Surveiller et Punir , Foucault écrit que,dans la justice moderne,«le psychologuepullule». «Je travaille en prison depuisquinzeans , ditle psy. Le deuxièmejour, j’aiacheté Surveiller et Punir. Si lacritique foucaldienne reste féconde,car elle nousmet en garde contre le pouvoir sécuritaire, elle estaussidésespérante.» Foucaultne donne pasde recette pour infligerune «bonne peine». Cen’estpasun réformiste.S’il est critique visà-vis de l’enfermement et du dressage descorps, il l’est aussi sur les sanctionsalternatives en milieu ouvert, queles réformes actuelles cherchent à développer. Parce qu’elles «libèrent les fonctions carcérales pour lesdiffuserdans le corps «Il faut une fois pour toutes social tout entier». dépasser le Michel Foucault «Sile travailen prisonen de Surveiller et Punir, […] tant que tel est suspect, quitter définitivement le club si laquestionde laréhabilitation et de l’amendedesmilitantsde laglose.» ment n’estque la“justiPierre-Victor Tournier duCNRS fication chrétienne” de despetitsbouts– d’ailleursc’est la peine, alors il n’y a plus rien à ce qu’il voulait», note Pierrette faire : ça coupe toutes les ambiPoncela, une foucaldienne qui tionsde réforme», reprend Chrisdirigele mastère de criminologie tophe Prat. de l’université de Nanterre. «Indocilité». «Il faudrait savoir «Foucault a décrit l’architecture oublier Foucault, ne serait-ce panoptique: voir sansêtre vu, dit qu’un instant, histoire de penser par exemple Olivier Calvet. On par soi-même», estime égalea ce genre de débat aujourd’hui ment Pierre-Victor Tournier, avec l’omniprésence de la vidéo- chercheur au CNRS, passé par surveillance en prison, critiquée les services de recherche de par les détenus comme par les l’administration pénitentiaire. surveillants. Foucault a su voir Pourlui, lespromoteurs dela réqu’une société modernecontrôlait forme pénale de Taubira –qui ses citoyens de manièresubtile,in- entenddévelopperles sanctions sidieuse.C’estun peuce qu’on fait horslesmursetla fin delapridans nos établissements moder- son comme unique référence– nes: un certain confort, les dou- ontdû sebattre contre lesréacches encellule…mais unedéshu- tionnaires, maisaussi contreles manisation quifaitque lesdétenus foucaldiens… sont toujours aussi mal.» Le philosophe n’a pas toujours François Goetz estdirecteurde bonnepresse à latête dela pénila centrale de Poissy, dans les tentiaire. L’ancien directeur de Yvelines : «Quand nous étions l’administration Claude d’Harétudiants,Foucault nousa permis court martelait il y a quelques d’avoir conscience que nous al- annéesdansun discours: «Ilfaut lions intégrer un systèmequi con- une fois pour toutes dépasser le duit à unepriseen charge totalede Michel Foucault de Surveiller et l’individu. Après les cours, nous Punir, […] quitter définitivement discutionssur ce quenous tente- le club des militants de la glose rions pourque lesdétenus repren- pour s’inscrire dans un militannent la main sur le cours de leur tisme de l’action et du concret.» vie… Facile à dire, moins facile à En septembre 2013, c’est Léa faire. Dans ce système infantili- Janin qui a lu le discours de la sant qui n’est pas naturel à promotionMichel-Foucault. Le l’homme, on tente de trouver des texteconcluait: «Nous sollicitons astuces. A Poissy, les détenus la possibilité de devenir au sein pourront bientôt choisir leurs mede l’administration pénitentiaire nus.» Pas sûrque cette«injonc- des serviteursloyaux, à l’indocilité

détention de Liancourt (Oise), adhérentedu Syndicat national des directeurs de prison. De l’auteur de Surveilleret Punir,les élèves avaient retenu la faceintellectuellemais aussimilitante, notamment au sein du GIP, le Groupe d’informationsur les prisons(1). «Foucault a cherché à inventer desmodalités d’action. Onn’a pasla prétentiond’êtrede grands intellectuels, mais il nous pousse à essayer d’innover.» La médiathèque de l’Enap met Surveilleret Punir à la disposition de ses étudiants –futurs surveillants, officiersou conseillers de probation. L’enseignementde l’école estavant toutprofessionnel et pratique, mais un cours sur «lesrationalitéspénales»est dispensépar un philosophefoucaldien, Olivier Razac. «Onn’y parle pas de Foucault, mais on l’utilise pour débrouiller tous les sensqui sont aujourd’hui donnés à lapeine , rapportel’enseignant. Ce n’est pasdu vent.Les personnelspénitentiairessont tiraillés entre tout ce qu’on leur demande: punir, éduquer, insérer socialement, prévenirla dangerosité…» Compagnonnage. Mais que reste-t-il de cette pensée entre les murs? Les «tauliers» pensent-ils parfois à l’enseignement du philosophe? «On n’a pas beaucoup le tempsde penserdans notremétier», trancheune directricede prison. C’estla réaction la plus commune, la plus évidente –les directeurs ne se sententpas touslégitimespour évoquer Foucault. «Sa pensée reste une référence parmiles chercheurs, parfois une relique,ajouteJulien Morel d’Arleux,l’un desgrands pontesde la pénitentiaire. Mais ce quinous faitréfléchir à nospratiquesaujourd’hui, c’est plutôt le contentieux administratif ou les études que nous confions à des sociologues sur le fait religieux en prison ou l’impact sur les familles.» Pour d’autres, au contraire, la penséefoucaldienneest un compagnonnage parfois lointain, mais important. Olivier Calvet, ancien directeur de Mauzac (Dordogne), dit en avoir été

Dansles prisons de Seclin (Nord),en haut,et de Francfort (Allemagne),au centre. PHOTOS AIMÉETHIRION; WOLFRAMSTEINBERG; AFP; STEVE SMITH; GETTYIMAGES


tionàété secritiquée responsabiliser» n’aurait pas par Foucault… C’est bien ladifficultéde traquer lestracesdu philosophe dans le quotidienpénitentiaire.

réfléchie.»

SONYA FAURE

(1) Enquêtes rassemblées par l’historien Philippe Artièresdans «Intolérable»(éditions Verticales).

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LIBÉRATION SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 JUIN 2014 H

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ALSTOM

U T C A T E V L A C N E I T S A B E S

L’ÉTAT DEVIENT PREMIERACTIONNAIRE ETFAIT ALLIANCEAVEC GENERALELECTRIC Récit, p.22

ÉDUCATION QUAND LES COLLÉGIENS

CRÉENT DE CLICHY-SOUS-BOIS LEURS BOÎTES Journal de bord d’une année de partenariat avec des chefs d’entreprise, p.18 DÉFICIT L’ÉLYSÉE A RENONCÉ AUX 3%… MAIS FAIT SEMBLANT D’Y CROIRE Récit,p.15

T O C I S L E H C I M N A E J

IRAK Le récit de la chute de Mossoul, p.12

S R E T U E R

Pages 12-14 Sommaire Monde France Pages 15-21 Economie Pages 22-24 Sports Pages 25-28

«Les rebelles n’étaient que quelques poignées, pourtant…»


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MONDE

REPÈRES

AL-SISTANI LÂCHE LE GOUVERNEMENT Le grand ayatollah, Ali al-Sistani, plus haute autorité religieusechiite d’Irak, a appelé à la formation d’un nouveau gouvernement qui devra erreurs du éviter «les passé». Une critique implicite contre le Premier ministre,le très controversé Nouri al-Maliki,attaqué pour son sectarismeet son autoritarisme. Le grand ayatollah a appelé à la «formation d’un gouvernement efficace qui soit acceptable à un niveau national», donc ouvert

aux groupes sunnites, ainsi qu’aux Kurdes.

«L’Iran peut jouer un rôleconstructif s’il envoie le même message quenous au gouvernement selon lequelles Irakienspeuvent vivre ensemble s’ilsintègrent les communautés sunnites, chiites et kurdes.» BarackObama jeudisoir

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million, c’est le nombre d’Irakiens quiontfui leszonesde combat, alors que l’insécurité grandit. Les agences humanitaires de l’ONU se mobilisent pour venir en aide aux déplacés. 150 km

TURQUIE

Qalak Mossoul

IRAK

Erbil IRAN

Bagdad

«AMossoul,l’armée n’étaitpaschezelle» Policiers et soldats irakiens réfugiés au Kurdistan après la déroute racontent l’implosion des forces loyalistes dominées

mane «Il n’y a de divinité que Dieu»– flotteraussivitesurles édifices publics de Mossoul. Craignantpour sa vie,il vient d’arriest une victoire que re- ver dans lecamp de réfugiés deQatiendront les livres d’his- lak, au Kurdistan, où sont déjà actoire. Autantparce qu’elle cueillies 290 familles. «Les rebelles engage le destin de tout étaient quelques poignées. Pourtant, l’Irak queparcequ’elleest celle d’un l’arméene s’est pasbattue, nous, les grouped’insurgés,500 combattants, policiers, un peu.Mais, très vite, nous avonsété encerclés et j’aidû peut-être 1000, maximum2000, quis’empa- REPORTAGE fuir», raconte-t-il devant la rent en une journée tente du campdes Nations d’une ville de2 millions d’habitants unies,sousun soleilde feu. Surle sol, et mettenten déroute lesdeux divi- pasla moindre touffe d’herbe.Il va sions del’armée régulière etune troi- devoirvivre iciavec safemmeet ses sième depolicequi étaient supposées six enfants. la défendre. Soit 45000 soldats et po- Cette terrible journée, c’était le

deplusieurs artères, dont l’Avenue17 de Tamouz,dansla partieouest deMossoul. Nous attendionsl’ordre de lesattaquer mais, jele jure, nous nel’avons jamaisreçu. Sinon, laville n’auraitpas étéprise.» Ce jour-là,une déferlante decombattants à bord de 110véhicules, battant pavillon noir,va submergerla ville parl’ouest. Lescasernestombent lesunesaprèsles autres. Reste à conquérir la partie est, de l’autre côtédu Tigre, où siège le gouvernorat.Chose faite l’après-midi.

par les chiites.

liciersAïcha, défaitsun enpolicier quelques Abou de heures. 43 ans, n’enest pasencore revenu de voir les drapeaux noirsdes rebelles –traversés par la profession de foi musul-

l’égard du commandement et du suffisaità l’arméede gouverneur:«Il tenirles cinq ponts oude lesfaire sauter aubesoin. Il n’en a rien été.»Selon le policier Aïcha, les responsables du


Par JEAN-PIERREPERRIN Envoyéspécial à Qalak (Kurdistanirakien)

C’

11 juin. «Mais, explique le policier, déjà, les combattantsde l’Etat islamique enIrak etau Levant [EIIL, ndlr] et leursalliés s’étaientintroduits en ville depuis deuxjours et s’étaient emparés

MONOPOLE. Rencontré à Erbil,capitale du Kurdistand’Irak, Khidher Domle, chercheur irakienspécialisé dans les conflits, est aussi sévère à

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désastre sont trois généraux: AlGharaoui, à la tête de la police ; Ridhan, chefdes opérations militaires; et Khambar, qui commandait surle terrain. «Ilsont étéles premiers

L’envoi de 300 conseillers américains en Irak fait débat.

àl’arméeet fuir.Comment, dansces conditions, la policeauraient-elles eu la volontéde se battre? Avant d’êtrepolicier, j’ai été soldatde 1985 à 2003: j’en ai vu des guerres, mais jamais ça.» Abou Abdoul, colonel de 57 ans, renvoyé quand les Etats-Unis ont dissous l’armée irakienne en 2003, ajoute: «Seuls, des policiers ont résisté. Les autres se sont dépêchés de quitter leurs uniformes et se sontvolatilisés en quelques secondes.» Dansune ville devenue cesdernières années sunnite à 90%, il se trouve que les trois généraux sont chiites. D’où ce commentaire du capitaine Farman,un officier des Peshmergas (lecorps autonome descombattants kurdes): «Les troupes,le leadershipet lesvaleursde cette armée ne sont pas irakiensmaischiites. Ce n’estpas une armée nationale. A Mossoul,elle n’était pas chez elle. Pourquoi se serait-elle battue?»D’autresen parlerontcomme étant «l’armée d’Ali, Hussein et Zeinab», respectivement les premier ettroisièmeimamsdu chiisme,et la sœur de cedernier.Uneautre façon de dire qu’elle ne reflète en rien la diversité confessionnelle de l’Irak, qu’elle est le monopole des chiites depuisla défaitede Saddam Hussein et la dissolutionde sonarméemulticonfessionnelle,mais dontle commandement était sunnite.

Entre pression Obama chercheetlaaction, parade e protéger des terroristesde l’EIIL, sauvegarderles chances d’un accord nucléaire avec l’Iran, préserver l’approvisionnement en pétrole et sauver l’Irak si c’est encore possible, mais sans surtouty ensabler de nouveaules troupes américaines: Barack Obama estau moins constantsur ces grands objectifs,mêmesi sa ligne apparaîtde plus en plus

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core sortir les sunnites de l’emprise de l’EIIL et restaurerl’unitédu pays, espèrent les plus optimistes. Mais beaucoup en doutent. Démettre Al-Maliki «pourrait mêmeaggraverla situation»,

Obama a si bien sevré le monde des interventions américaines que l’envoi de ces quelques «conseillers» fait sensation. Mais lesentiment dominantà Washingtonest queles Américains ne pourront «plus Le remplacement d’Al-Maliki faire de miraIrak et parun Premier ministre plus cle» en devront peut«inclusif» pourrait sortirles être entériner sunnites de l’emprise de l’EIIL la décomposi-

l’EIIL, avec l’aide de l’Arabie Saoudite et de la Jordanie. A défaut de sauverl’Irak, les deux plus grands objectifs américainsrestent le pétrole et la négociation en cours avec l’Iran sur le nucléaire. Obama l’a lui-même avoué jeudi: «Il est évident que les questions de l’énergie et des marchés globaux de l’énergie continuent d’être importantes.» Plusque toutpeut-être,

et restaurer l’unité du pays.

Obama veutaussi préserver seschancesd’unaccordavec l’Iran, parrain de Bagdad.La négociation en cours pour faire renoncer Téhéran à l’arme atomique est sans doute le dernier terrain sur lequel il peutencoreespérer un succès majeur. Ellepèse lourd danslesconsidérations de Washington sur l’Irak, comme en Syrie.

commencela chasse auxpoliciers et auxsoldats.«Ils sontvenuschez moi, raconte Abou Aïcha. Ils ont insisté pour queje fassele toba [la repentance religieuse] enme menaçant deme tuer sije refusais oul’unde mes enfants si je m’enfuyais. Et j’allais devoir aussi Des partisans de l’EIIL, lundi, travailler poureux. A leursyeux, tous à Mossoul.Cinq lespoliciers sont des mortad[renégats jours avant, qui méritent la mort]. Maissi jefais 110 véhicules leur toba et queles troupes deNourialaux couleursdu Maliki [le Premier ministre]reprennent la ville, je devrais faire un autre drapeaunoir des rebelles toba,pour luicette fois.Et si les“terro–traversés parla ristes” reviennent encore, c’est sûr profession de foi qu’ils me tueront.C’est pourquoinous musulmane «Il n’y sommes partis.» a dedivinité que L’anciencolonel Abdoul,qui a quitté Dieu»– ont Mossoul pour mettre sa femme etses déferlédans huit enfants à l’abri dans la crainte la ville. PHOTO AP d’affrontementsentrerebelleset forcesloyalistes,affirme qu’il a vu «de nombreuxcorpsde policierssur lepont numéro 3» quiconduitau Kurdistan. La carrièrede ce sunnitemariéà une chiiterésume à elleseulele destin de l’Irak: officier sousSaddam,renvoyé à sa chute,il a étéappeléà rejoindre lanouvelle armée,sousla coupedes Américains. Il a refusé, demême que de rendre sonpistolet.D’où trois ans et demi de prison et de mauvaistraitements. Aujourd’hui, bienque sunnite, il ne veut pas servir les nouveaux maîtres de Mossoul. «Avant queles islamistes negagnent, ilsnous avaient déjà menacés au téléphone: “Onsait queta fille travaille à l’usine

sinueuse. Après avoir fait du retrait l’alphaet l’omégade sa politique étrangère, le président américain a parufairevolteface cette semaine, en ann on ç an t l e r en vo i d e 300 «conseillers militaires» pour épauler les forces armées irakienneset préparer d’éventuelles frappesaériennes contre l’EIIL. Un choix très risqué, souligne l’analyste Wayne White, ancien officier de renseignement devenu analyste au Middle East Institute, interloquépar le fait queces militaires seront directement intégrés dansles unités irakiennesoù pourront se trouveraussi des conseillers iraniens. «Non seulement ce sont dessoldats sur le terrain, mais ces hommesrisquentde se retrouver au front. On ne peut pas exclure des pertes qui seraient très mauvaises pour les EtatsUnis», prévient-il. Unité. Si Obama prend aujourd’hui un tel risque, c’est avant tout pour peser sur les acteurs locaux, des Kurdes aux monarchies du Golfe en passant par l’Iran, et obtenir le départ du Premierministre, Nouri al-Maliki, quiseraitla seulechance de préserver un Irak uni, s’accordent plusieurs analystes à Washington.Pourne pas répéter son erreur syrienne, Obama a pris soin jusqu’à présent dene pasdemander ouvertement le remplacementd’Al-Maliki– Bachar al-Assad esttoujoursau pouvoir, trois ansaprèsque les Etats-Unis ont demandé sa tête. Mais les diplomates américains s’activent, notamment l’envoyéspécial du department d’Etat, Brett McGurk, quise félicitaitvendredi de l’appelde l’ayatollah Al-Sistani appelant à la

debonbons, si ellene cessepas,on la tuera.” Voilàce que l’Irak est devenu. Toutça à cause de la décision stupide des Etats-Unis de dissoudrenotrearmée. Elleaurait su faireface…» •

formation d’un nouveau gouvernement. Le remplacement d’Al-Malikipar un Premierministre plus «inclusif» pourrait en-

PISTOLET. Une fois la ville prise,


contrait vendredi le cabinet d’analyses Stratfor dansune note publique. Tout autre Premierministreirakien,qui sera forcément aussi un chiite,serasoumis auxmêmes contraintes, rappelle Stratfor: il devra tenir tête aux Kurdes et affronter l’insurrection sunnite. Avec le risque de sanglantes représailles chiites après les atrocités commisespar l’EIIL.

tion du pays. «Washingtona besoin d’un plan B», plaidait vendredi l’analyste Fareed Zakaria,qui a sesentréesà la Maison Blanche. «Enclaves». Le «plan B» suggéré: la reconnaissance que l’Irak est en train de se décomposer en «enclaves» – celle des Kurdes au nord, celle des chiites au sud et celledes sunnites au centre, qui pourrait encore être «purgée» des terroristes de

De notre correspondante à Washington

LORRAINE MILLOT

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UNE FOLLE ÉPOPÉE GRECQUE ! Libération

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ACTUELLEMENT

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14 • MONDEXPRESSO


VU DE BRUXELLES Par JEANQUATREMER

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C’etonnesde st le nombre de marijuana saisies, ainsi que 90000 pieds de cannabis, lors d’uneopération des forces de l’ordre albanaises depuis le début de la semaine dans le village de Lazarat, à 240 kilomètres au sud de Tirana, surnommé «leroyaume du cannabis».

Marine LePen chasse les alliés au Parlement européen arine Le Pen, comme son père avant elle, fait l’expérience d’une dure réalité européenne: la détestation de l’UE n’est en aucun cas suffisantepour siégerdans le même groupe politique au Parlement. Ainsi, le FN n’est désormaisplusdu tout sûrde constituer un groupe, qui nécessite de réunirau moins

Jobbik). Pourne rien arranger, certains de ces partis sont ouvertementhomophobes, antisémites, xénophobes, l’un n’impliquant pas toujoursl’autre…

25 députés (là, pas de problème, le parti compte 23 élus, une eurodéputée ayantfait défection) provenantde sept paysdifférents (c’estlà queça coince). FlorianPhilippot, son vice-président, s’emploie à déminer le terrain: «Si on n’arrive pas» à constituerun groupe, «ce n’estpas dramatique», at-il déclaré jeudi sur i-Télé. Suprême humiliation: Nigel Farage, leader du Ukip britannique, concurrentdirect en matière d’europhobie, est parvenu à maintenirsur le fil l’existence de son groupe, l’EFD,qui comptera 48 députés originaires de 7 Etats membres grâce au ralliement surprisede JoëlleBergeron, élueFN enrupture deban…

voyants et violents à son goût. En revanche, il a passé un accord avec la Ligue du nord italienne (qui a donc quitté l’EFD de Farage), le PVV du Néerlandais Geert Wilders,le FPÖautrichien et le VlaamsBelangbelge.Mais il manque encoredes élus de deuxpays pouratteindrele chiffrefatidiquede sept. Nécessité faisant loi, Marine LePena engagé des discussions avec le KNP polonais, un parti d’extrême droite homophobe dont le leader, Janusz Korwin-Mikke, estimeque Hitler n’était«pas au courant de l’extermination des Juifs»et queles femmes sont «stupides» et devraient sevoirprivé du droitde vote. Ces difficultés du Front nationalsontduesà sonimage extrêmement dégradée en Europe.PourFarage,il s’agit d’un parti fasciste et antisémite et les récentes déclarations de Le Pen père n’ont rienfait pourdémentir cette appréciation. Reste que, même si la fille parvient à ses fins, ces groupes politiques anti-européen serontextrêmement fragiles puisqu’ils ne tiendront qu’à un député… Avecune telle marge, il est rare qu’ils tiennent touteune législature. •

M

Chacun a ses exclusives. Le FN,en quête de respectabilité,a exclu toute alliance avec lesnéonazisd’Aube dorée etdu Jobbik,un peu trop

AbdullahAbdullah, arrivéen tête au premiertour du scrutin,le 19 juinà Kaboul. M.HOSSAINI.AP

L’électionafghane prendunmauvaistour PRÉSIDENTIELLE En dénonçant des fraudes, le candidat Abdullah risquede raviver lestensionsethniques.

«Nous sommes surprispar ces déclarations de l’Otan suruneprétendue concentration de troupes russes à la frontière de l’Ukraine. Il s’agitde mesures visant à renforcer laprotection des frontières russes.» DmitriPeskov porte-parole du Kremlin

massives ontentaché le vote du second tour, organisé le14 juin.Il a réclamé ladémission de Zia-ul-Haq, un hautresponsable de la commission électorale, accusé par le chef de la police de Kaboul d’avoir transporté, sans l’escorte obligatoire, desbulletinsde vote. Zia-ulHaq a démenti, s’estimant victime d’un complot fomenté par la police. Autre preuve des malversa-

Une baleine à bosse, à la peau blanche comme la porcelaine, a été aperçue au large de Sydney par plusieurs amateurs enthousiastes qui pensentqu’il s’agit de Migaloo,une des très rares baleines blanches jamais observées.Migaloo –un mot aborigène qui signifie «copain blanc»– a étéobservé pour la première fois en 1991, et ses apparitions sont guettées par des milliers de passionnés. Les baleines à bosse accomplissent actuellement leur migrationannuelle de l’Antarctique vers les eaux australiennes, plus chaudes, pour

e processusdémocratique afghan est-il en passe de s’écrouler, menaçant de raviver des affrontements ethniques? Il n’a fallu que deux déclarations del’un desdeuxcandidats, Abdullah Abdullah, pour quele risqueévitéjusque-là ne se concrétise. «A partir de maintenant, toutes les actions de la part de la commission électorale seront illégales et ses résultatsseront inacceptablespour nous»,at-ildéclaré, jeudi, lorsd’une conférence de presse à Kaboul. La veille, il avait déjà demandé l’arrêt «immédiat» du décompte des voix pour examiner les problèmes de fraude. Visé,son adversaire Ashraf Ghani (deuxième au premier tour) a rejeté en bloc les accusations. La missiondes Nations unies enAfghanistann’a misque quelques heures à réagir pour «regretter» la décision d’Abdullah Abdullah de boycotter la commission électorale. «C’est effectivement le pire scénario, expliqueAdamBaczko, doctorant à l’Ecole des hautes études en sciencessocialeset chercheurau seindu thinktank Noria. Quels quesoientles résultats, ils serontcontestés par les partisans du perdant. Le prochain président souffrira fatalement d’une très faible

Tadjiks. Ancien secrétaire d’Ahmed Massoud,il vitentreKaboul et la provincedu Panshir etest soutenupar la plupart des ex-seigneursde guerre dunorddu pays. Calme. Pourl’heure, la crise politique n’a pas viré à l’affrontement ethnique.Abdullaha assuré jeudi qu’il attendait de ses partisans «qu’ils respectentles loisafghaneset les intérêts nationaux». Seule une petite centaine d’entre eux avaient réagi, jeudi,en manifesSi des fraudes nesont pas tant dansle calme à exclure, la participation à proximitédupapeut s’expliquer parlalarge lais présidentiel. mobilisation des Pachtouns. Ils ont toutefois assuré qu’ils restions,selon Abdullah: l’ex- teraientsur placejusqu’aux plosion de la participation résultats, qui doivent être entre les deux tours dans annoncésle 2 juillet, etjusla province de Khost, qui qu’à ce que leur favori soit est passée de 130 000 proclamé président. à 400000 votants. Il se Accusépar AbdullahAbdulbase sur les estimations de lah d’être à l’origine des son équipe de campagne, fraudes électorales, l’actuel la commission électorale président, Hamid Karzaï, a n’ayant pasencore officialisé annoncéjeudi soirêtrefavola participation du second rable à une médiation des tour de la présidentielle. Nationsunies.Lors de l’élecSi des fraudes ne sont pas à tion de 2009, il s’était dit exclure, et sontmêmevrai- floué parla communautéinsemblables, les spécialistes ternationale,qui avait poussé de l’Afghanistan Analysts à organiser un second tour Network estimenttoutefois alorsqu’il avaitgagnédès le que la forte participation premier. Aprèsavoir affirmé peut s’expliquer parla large être assuré de remporter le mobilisation des Pachtouns, face-à-face, Abdullah Abl’ethnie majoritaire, pour dullah avait finalementorga-

Le photographefree-lance danois de 25ans Daniel Rye Ottosen a été libéré après avoir étéretenu en otage en Syrie pendant treizemois, a annoncé jeudi son gouvernement. La famille du jeune homme a indiqué qu’il avait été enlevé le 17 mai 2013, alors qu’il voyageait en Syrie pour rendre compte de la guerre et des conditions de viedes civils, en particulier des enfants. Etqu’«il seportebienvu les circonstances». Selon des sources proches du dossier, citées par l’agence de presse danoise Ritzau, les responsables de son enlèvement seraient les jihadistesde l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et unerançon a été versée en échange de sa libération. La presse danoise était au courant depuis longtemps du rapt, mais le silence a été gardé sur cette affaire pour assu-

Migaloo s’ accoupler estet la seule mettrebas. baleineAgée blancherépertoriée d’une trentaine d’années, de l’hémisphère Sud. La population de baleines à bosse a nettement augmenté depuis l’arrêt de la chasse, au début desannées 60.

légitimité.»Abdullah, candiComplot. dat malheureux face à Hamid Karzaï en 2009, est convaincu que des fraudes

leurcandidat,AshrafGhani. Né d’une mère tadjike et d’unpère pachtoun, Abdullah Abdullah est vu, lui, comme le champion des

RyelaOttosen, rer sécuritéade déclaré Daniel sa famille qui a annoncé qu’elle refusait tout contact avec les médias.

Même s’ils pèsent 21% des 751 eurodéputés, les eurosceptiques et leseurophobes sont profondémentdivisés. S’ils sont tous trèsà droite du spectre politique, certains sont incontestablementdémocrates (comme les conservateurset le Ukipbritanniques ou les Polonais de Droit et Justice) quand d’autres sont d’extrême droite, voire néonazis (comme les Grecs d’Aube dorée ou les Hongrois du

L’HISTOIRE

AUSTRALIE: LE RETOUR DE MIGALOO, LA BALEINE À BOSSE BLANCHE

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nisé un grand rassemblement oùil avaitannoncé, en pleurs, qu’il renonçait à se présenter. LUC MATHIEU

LESGENS

UN JEUNE PHOTOGRAPHE DANOIS LIBÉRÉ EN SYRIE

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FRANCE

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pour ne pasbrusquer Angela Merkel,qui déteste l’idée de toute remiseen questiondes péens. Mercredi, elletexteseuroavait déjà corrigé le vice-chancelier de sa coalition, sonministre de l’Economie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, qui avait proposéla veille, en visite à Airbus à Toulouse,d’exclure du calcul du déficit public «lescoûtsoccasionnés parles mesures de la réforme». Une idée qui avaitévidemment ravi Paris. Beaucoupmoins Berlin.

ŒUFS. Pour autant,aprèsla claque deseuropéennes, Hollanden’a pas ditson derniermot.Piqué auvif par le leadership médiatique du Premierministreitalien,Matteo Renzi, le chefde l’Etatfrançaisconvoque ce samedi à l’Elyséeun mini-sommet de la social-démocratie européenne.Unepremière.Seront présents SigmarGabriel, Martin Schulz (président du groupe socialiste européen) et sept dirigeants sociaux-démocrates, dont Matteo Renzi, qui assurerala présidence de l’Union à partirdu 1er juillet. A l’Elysée, onmarche surdes œufs. Le chef de l’Etat françaisrecevait en marsle président du Conseilitalien, Matteo Renzi, qui assume le gonflement de la dette italienne. LAURENTTROUDE D’uncôté,on veut vendre l’idéeque le Présidentporte des«objectifs volontaristes» pourle programme du futur président de la Commission européenne. De l’autre, on précise que la réunion est «informelle» et qu’ellene sera suivie ni d’une conférence de presse ni de la publication d’un communiqué.«On n’est pasdans un esprit d’opposition [visà-vis deMerkel], mais deconstruction», faitvaloir l’Elysée. En échangedu soutien de la France à la nomination du conservateur Jean-Claude Juncker au poste de président de la Commission,Hollande et ses alliés comptent bien peser sur le contenu du proPar GRÉGOIREBISEAU touten appelantà faire la différence problèmeavecles 3%.L’Italieen a un venu pour les classes moyennes, gramme.Pour Paris, la priorité des et NATHALIEDUBOIS entre «cequi estde l’ordrede l’orga- avec sa dette. Il y a des tas de solu- dèsle budget2015.«Dégager entre priorités estla croissance, toujours nisationde notre budget» et «lesin- tions possibles pour quela consolida- 2 et3 milliards pour lesménages, ça aussianémique,et donc la relance a promesse n’aura tenu vestissements d’avenir». tion budgétaire se fasseà un rythme ne doit pas être impossible à trou- de l’investissement. Sur la question qu’un mois. Après en avoir adapté aux situations nationales.» ver», assureson entourage. des 3%, le présidentfrançais cherpris l’engagementà la mi- DIAGNOSTIC. Mais dans l’entou- Et d’assurer que«Bruxelleset Berlin Voilàdonc,a priori,de quoi calmer che une position acceptable par avrilauprèsde Bruxelles,le ragemême du Premierministre, on sont trèscompréhensifs à l’égardde lesfrondeurs de la majorité quimi- Berlin: d’accord pourne pas tougouvernement a, selon nos infor- est beaucoup plusdirect: «Les 3% Paris». cher auxtraités, mais à mations,renoncé à atteindre les3% en2015, onne lesfera jamais . Onne L’Elysée exclut toutefois de revenir «Les3%en2015,onnelesfera la condition d’enavoir de déficit public en 2015. Pour peut pas le dire aujourd’hui, mais sur son programme de baisse de une lecture «flexible». «Les textes en vigueur autant, ce tournant n’est pas en- Bruxelles le sait et nous demande de 50 milliards d’euros de ladépense jamais . aujourd’hui,mais Onnepeutpasledire Bruxelles le sait nous taire.» Un ministre publiqueen trois ans.«Les50 mildonnent des marges de core assumé publiqueet nous demande de nous taire.» ment. Officiellement, le confirme: «Pourfaire3% liards, c’estla seulequestion imposmanœuvre qu’il faut ANALYSE Premier ministre,Manuel en 2015, cela voudrait dire sibleà débattre», confirmeun mi- Unmembredel’entourage deManuel Valls pouvoir utiliser», dit-on Valls, continue de jouer au bon qu’onbaisse notre déficit de presque nistre hollandais. Le pari de dans l’entourage de élève,comme vendredi matin sur un point en un an. Mais avec une l’exécutif: que cette rigueur ne litent depuis dessemainespour un Hollande.D’où l’idéed’un nouveau FranceInter, en réaffirmant quela croissanceaussi faible, ce n’est pas viennepas combler ledéficitbud- rééquilibrage de la politiqueécono- report de l’objectif de 3%. règledes 3% esttoujoursd’actua- possible.» Soit le diagnostic for- gétaire maispermettede baisser les miqueen faveurde lademandeet Et qu’en dit Merkel? «Le débat lité et qu’il n’est pasquestion de la mulécettesemaine parla Courdes impôts. Vendredi matin, Valls a un assouplissementdescontraintes avance, ce n’est pas du tout figé , remettre en cause.«Onne peutpas comptes.Toujours anonymement, vendu la mèche en déclarant que européennes. Saufque ni Hollande poursuit ce conseiller.Maison neva dire qu’il faut renoncerà lutter contre un poidslourddu gouvernementne son gouvernementpréparede nou- ni Vallsne peuvent ou ne veulent le passe retrouver surla même position ledéficitet ladette»,a-t-il déclaré, ditpas autrechose: «LaFrancea un velles baisses d’impôts sur le re- dire publiquement. Principalement du jourau lendemain.» •

Hollandes’assoittout doucementsurlarègledes3%

Sans pour autant l’afficher, lePrésident a renoncé à l’objectif de déficit public fixé parBruxelles,incompatible avec de possibles baisses d’impôtsen 2015.

L

REPÈRES

À PARIS UN MINI SOMMET SOCIAL-DÉMOCRATE François Hollande reçoit samedi à l’Elysée sept chefs de gouver-

le Roumain Victor Viorel Ponta, le Slovaque Robert Fico et le Tchè-

3,8%

«Iln’y a pas denécessité de modifier lePacte de stabilité.Il offre assez de flexibilité.»

de l’UE: sociaux-démocrates nement l’ItalienMatteo Renzi, la Danoise HelleThorningSchmidt,le Belge Elio Di Rupo, l’AutrichienWerner Faymann,

mands que Bohuslav SigmarSobotka. Gabriel, ministre Les Allede l’Economie, et Martin Schulz, ex-président du Parlement européen, seront aussiprésents.

du PIB à la fin 2014, c’e st le déficit publicsur lequel le gouvernement français s’est engagé, contre 4,3% fin 2013.

AngelaMerkel mercredi,à propos de l’exigencede maintenirles déficitspublics sous les3 % duPIB


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16 • FRANCEXPRESSO LES GENS

PANNE DE TÉMOINS SUR LE LYNCHAGE DU JEUNE ROM Darius, le Rom de 16«n’est ans massacré Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), pas mort»à comme le colporte une rumeur, mais «sonpronostic vital est toujours engagé, son état est stable», a précisé le parquet de Bobigny. Un enquêteur le confirme à Libération: «Ilest maintenu dans un coma artificiel, le tempsque son œdème intracrânien dû à une hémorragie se résorbe». Selon la police, Gheor-

ghe, alias Darius, s’étaitéchappéd’un centrepsychiatrique en Roumaniepourrejoindre ses parents adoptifs en France. La policejudiciaire de Bobigny multiplieles auditions pour identifier «individuellement» la douzaine de suspects, a priori dela citédes Poètes, «âgés de16-17 ans et tous d’origine africaine» ayant déboulé le soir du 13 juin dans le camp de Roumains de l’a utre côté de la nationale11. Ils ont embarqué Darius, puis l’ont tabassé et laissé inconscient dans un chariot. Arrêtéplusieurs fois pourdes vols, Darius portaitle même tee-shirt rouge qu’un cambrioleur surpris juste avant chez Mohamed G. dans la cité des Poètes. D’où l’hypothèse «d’une expédition punitive, d’une vengeance privée» au bout de quinze jours de tensions: «Les Roms se sont peut-êtreattaqués à

H


L’affaireVincent Lamberttoucheàsafin

CARNET

SOUVENIRS

ÉTHIQUE Le rapporteur duConseil d’Etatrecommande

d’arrêter l’alimentation et l’hydratation artificielles.

WILLYHOLT 1921-2007

Laurent GERVAIS 27/11/1966- 20/06/1999

plus forts qu’eux, et ne veulent reconnaître personne». L’appel à témoins sousX reste vain. P.T.

Merci Marion

67%

COLLOQUES

C’est le taux de recyclage des emballages en France Le neveu de VincentLambert, François, au Conseild’Etatvendredi. PHOTO MARCCHAUMEIL en 2013. Afin d’atteindreen 2016 l’objectif de 75 %, l’organismeEco-Emballages va lancer une campagne e rapporteur publicdu l’ontexaminéà neufreprises, n’ont d’autres effets que le de communication avec la diffusion, à partirde mercredi, Conseil d’Etat s’est a développé le rapporteur. Ils maintien artificiel de la vie.» de cinq web-docs visant à convaincre les Français de l’utiprononcé vendredi ont noté une dégradation de Constat fort, car il ouvre la lité du tri. Lehashtag de la campagne: #Suivezmoi. contrele maintien en viede son état. Vincent Lambert voie à leur retrait. Mais en

L

«Comme les années précédentes, les personnes sans abri se sont vu proposer pourquelques nuits cethiver dessolutions d’hébergement […] avant d’être contraintes auretour à larue […] auprintemps.» Communiqué dela Fédérationnationale desassociations deréinsertionsociale(Fnars) ausujetde lafermeture de centres d’hébergementavecles beauxjours

L’HISTOIRE

LA QUÊTE DU GRAAL POUR PROTÉGER LES POISSONS À LA FOIRE DU TRÔNE Gagner un petit poisson rouge à la Foire du trône serait «uncas flagrant de maltraitance» selon plusieurs associations de défense des animaux. S’appuyant sur le code rural qui interdit l’attribution de tout animal vivant en tant quelot ou prime, ainsi que la vente d’a nimaux de compagnie en dehors d’expositions «non spécialement consacrées aux animaux», le Groupement de réflexion et d’action pour l’animal (Graal) cherche à mettrefinau calvaire de ces poissons exposés «en plein soleil» et nageant entre «boutsde pains et mégots». «Il n’ya pas de petite souffrance. Un animalen vaut un autre», a souligné Marie-Françoise Lheureux, présidente du Graal, qui veut faire appliquer l’interdiction du poisson rouge comme lot de foire.Interdictionignorée par les forains. Ol.K.

• SUR LIBÉRATION.FR Humanitaire «Des profils différents autour d’un projet commun», témoignage de bénévoles de la Croix-Rouge,

Vincent Lambert. La décisiondes juges sera, elle, rendue mardi. Vendredi,sous les colonnes du Palais-Royal, siège de la haute juridiction administrative, l’atmosphère était comme empreinte de gravité. Tout lemondeétait là, réuni une dernière fois. C’était la find’un marathon de cinq mois pendant lesquels le Conseil d’Etat s’est penché à plusieurs reprises sur la situation de Vincent Lambert, ce jeuneinfirmier tétraplégiqueet inconscient depuis un accident de moto, en septembre 2008. Avec cette question: faut-il ou nonaccéderà la décision des médecins du CHUde Reims d’arrêter l’alimentation et l’hydratationartificielle pour mettre un terme à sa vie? Une grande partie de sa familley estfavorable, dontsa femme Rachel, mais sesparents s’y opposent fermement. «C’est uneaffaire hors du commun, a rappeléd’emblée le rapporteur public, Rémi Keller. Vous allez vous prononcer sur une décision médicale qui va entraîner la mort d’une personne.» Végétatif. Vendredi,les magistrats avaient entre leurs mainsle dernierrapport des

n’est pas en mesure d’établir une communicationfonctionnelle, il y a une destruction quasi complète d’endroits stratégiques du cerveau, aucune perspective d’amélioration.» Pour eux, Vincent Lambert setrouvedansun état végétatifet non pauci-relationnel –c’est-à-direde conscience minimale– comme onavait pu le noter auparavant. Le rapporteur poursuit: «Nous allons regarder si, comme ledemandela loi, nous sommes dans une situation d’obstinationdéraisonnable de

mêmetemps, le rapporteur suggère quesi lepatientavait été enétatde conscienceminimale, on n’aurait pas pu parler d’acharnementthérapeutique. Collégialité. Enfin, la loi posedeux autres conditions: la collégialité de la décision, etla priseen comptede l’avis de lapersonneou deses proches.Le rapporteurconstate que la collégialité est effective, puiss’attarde sur l’avis de la famille. Rémi Keller met en avant deux points: d’abord, il remarque que la majorité des pro«Ses parents s’y opposent, ches sont pourl’armais onnepeut passuivre rêt, dont l’épouse. «Sesparents s’y op posent, mais on ne leur avis, car il s’agiraitde donner un droitde veto.» peut pas suivre leur avis, car il s’agirait Lerapporteurpublic,Rémi Keller alors de donner un soins», ce qui justifierait droitde veto, ce quene prévoit l’arrêt de l’alimentation et pas la loi.» Enfin, ajoute le de l’hydratationartificielles. rapporteur, «VincentLambert Pourcela,la loiLeonetti dé- a expriméà plusieurs reprises finit trois critères: il y a qu’il n’aurait pas voulu vivre obstination lorsqueles trai- dansun tel état dedépendance. tements sont inutiles, dis- Celan’a pasétédit clairement, proportionnés, ou bien ne mais lavoixde Vincentne peut visent qu’au maintienartifi- pas être ignorée, même si elle ciel de la vie. Sur les deux est ténue». premiers, le rapporteur es- A l’issuede ce longargumentime que l’on ne peut pas taire, le rapporteur donne considérer l’alimentation et raisonaux médecinsd’ental’hydratation «comme inuti- mer un processus de fin de

experts situationclinique de surla Vincent Lambert, comme l’avaient demandé lesjuges en février. Unrapporttrès clair: «Les experts

les etledisproportionnées». vie, précisant doit unecela sédation Reste maintienartificiel: être fait «avecque «Dansun état végétatif, sans profonde, enraisondu principe lien relationnel,l’alimentation de bienfaisance». et l’hydratation artificielles ÉRIC FAVEREAU

Robert Badinter Claude Bartolone François Bazin Pierre Bergé Vincent Duclert Laurent Fabius Gilles Finchelstein Louis Gautier Nancy Green Benoît Hamon Jean-Noël Jeanneney Emmanuel Jousse Pierre Joxe Alain Juppé Elisa Marcobelli Henri Nallet Alain Richard Christiane Taubira FrédéricWorms Valentine Zuber 

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LE MONDE DE JEAN JAURES Colloque mercredi 25 juin 2014 de 9h à 13h accueil à partirde 8h30 Amphithéâtre Liard UniversitéParis-Sorbonne 17rue dela Sorbonne 75005 Paris

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qui fête«Peut-on ses150 ans. enfermer quelqu’un pour un crime Justice qu’il n’a pas encore commis?» dans notre chronique «Qui a le droit?»


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FRANCEXPRESSO • 17


PourlaplacedeBorloo,neuf candidatsdelapremièrechance LÉGISLATIVE PARTIELLE Le maire UDI de Valenciennes, héritier naturel

de l’ancien ministre, est donné favori pour l’élection de dimanche. alenciennes s’apprête à tourner définitivement la page JeanLouisBorloo. Dimanche, les électeurs de la 21e circonscriptiondu Nord choisiront leurnouveaudéputé après le retrait de la vie politique et l’abandon d’un fauteuil de député,occupédepuis 1993, du «bibi-fricotin tombé du ciel», comme l’appelle un de ses intimes valenciennois, son successeur à l’hôtel de ville, Dominique Riquet. Le scrutin dedimancheverra s’affronter neufs candidats quitoquent tous pourla première fois à la porte du Palais-Bourbon. Mêmele communiste Fabien Thiémé, adversaire historiquede Borloo, habituellement présent au second tour, a cette fois passé la main. Un nouveau venu, PatrickKolebacki,sera en lice pour le Frontde gauche. «Ce n’estpas seulement lafin d’uneépoque. C’est aussi l’heure dubilan.Les politiques locaux mesurent aujourd’hui les conséquences des stratégies initiées par Jean-Louis Borloo et qui posentproblèmes aujourd’hui », constate le candidatEE-LV, Frédéric Bigot. A commencer par le projet de canal Seine Nord, qu’iljuge pharaonique.Pour le jeune écolo, «politiquement,la droiteveut continuer à profiter du consensus à la mode Borloo pour conserver sesmandats.Sans évoquer le bilancar celaretomberait sur tout le monde». Famille. L’ombreportée de l’ancien ministre de l’Ecologie de Nicolas Sarkozy, du «sauveur» de Valenciennes quiprit la mairied’uneville en crise en 1989, continue de planer. «Borloo, ici, c’est un totem. C’est tabou. On n’y touche pas», note un ancien membrede sonéquipemunicipale. Heureux donccelui qui peut se targuer d’être l’héritier. Ce que l’actuel

V

L’HISTOIRE

AU FRONT NATIONAL, LA FAMILLE LE PEN VA DE MAL ENPÈRE actuelles Les LePen,suite. Alors que dans le Valeurs paru jeudi,la fille,présidente du FN,a clairement expliqué que c’est elle, «etnon plus lui», quia la charge de diriger le Front,son père, président d’honneur du parti,convaincu d’être «président à vie», lui a répondu vendredi,lors du Talk Orange-leFigaro: «Marine, quelles quesoient sa valeur et sa dignité personnelles, elle n’est que la présidente du conseil d’administration, c’est-à-dire du bureau politique. Le Front national nese réduit pas à uneseulepersonne et à un petit groupe de collaborateurs. […]Ce sont des dizaines de milliers de gens.»

Toujours variable sur le plan familial, la météo frontiste vire au gros temps sur le front européen. LeFN, qui avait fait de la constitution d’un groupe au Parlement européenun objectif majeur, semblecaler dans la dernière lignedroite (lire page 14).

«Oui, je pensequ’il dépensaitdéjà sans compter [en 2007].Mais peuimporte, c’est passé.[…] Ily a déjà des enquêtessur les comptes de 2007.Voussavez, c’étaitquelque chose d’invrai… d’incroyable! Maispeu importe, c’est2007, lapage esttournée.» SégolèneRoyal finalistePS de laprésidentiellede2007, interrogée vendredipari-Télésurlesdépenses de campagne deNicolasSarkozy à l’époque

LES GENS

Laurent Degallaix, candidat UDI,dans le quartier Dutemple à Valenciennes, vendredi. A. THIRION

maire, Laurent Degallaix, vori. «Simplement parce que ne manque pas une occa- je biaise le jeu», explique ce sion de faire. Borloo s’est vieux routier de la politique d’ailleurs fendu d’unmot de locale. A 46 ans, il affichait soutien, en bonne place sur déjàdix-huitans de présence un desdocuments de cam- au seinde l’équipemunicipagne du candidat UDI. paleavant de prendre l’hôtel Se défendant mollement de villeen mars. Seule petite de faire de la captationd’hé- embûche: la présence d’une ritage, Degallaix raconte quelors- «Borloo, ici, c’est un totem. qu’il est sur le C’est tabou.On n’ytouche terrain, «les gens [lui] posent deux pas.» questions. La pre- Unex-membredel’équipemunicipale mière, c’est comment va Jean-Louis Borloo? listedissidenteà droite, conEt ladeuxièmepour[lui]de- duite parDidierLegrand, un manderce quela municipalité autre héritierde Borloo puiscompte faire pour le VA FC», qu’ilfaisait partie de l’équipe le club de foot local, en municipalede 1989. «Borloo grandedifficulté. «Dis à tes a laissé derrière lui des divivoisins quise sont lâchéssur le sionsentreses héritiersnatuFN de revenir à la maison», rels et les filsprodigues», irolance le candidat UDI à Fa- nise Alexandre Raszka, le brice, un habitantdu quar- jeune candidat PS danscette tier Dutemple –objet d’une terre où le PCF domine la vaste opération de rénova- gauche. «Legrand nefaitplus tion urbaine initiée parJean- partie de la famille depuis LouisBorloo. quinzeans.Il se présente sysMalgréle completrenouvel- tématiquement à toutes les lement descandidats à cette élections contre son camp. législative partielle, Degal- Mais s’il se présente à l’éleclaix fait figure de grand fa- tion de Mister camping, je

peux assurer queje neme présenterais pas contre lui»,tacle Degallaix. Qui souligneque «Legrandprend justele risque defaire accéderle candidat du FN au second tour». Pointes. Cette perspective n’est pas écartée par JeanLucFrançois Laurent,le candidat du FN, «mariniste revendiqué» et conforté parle succès de sachampionneaux européennes. A Valenciennes, MarineLe Pen a obtenu près de 25% des voix, avec des pointes à plus de 50% dansla circonscription.«Les électeurs ne nous parlent pas de Borloo»,affirment la main sur le cœur Patrick Kolecbaki (Front de gauche) et Jean-LucFrançois Laurent, qui se disputeront l’accès au second tour. La plupartdes électeurs ignorent surtout qu’une élection se tient dimanche. Comme à chaque scrutin partiel, l’abstention risque de battre des records. C’est là que réside la clé d’une qualification au second tour,le 29 juin.

PROPOSITIONS ÉCOLOS: EMMANUELLE COSSE AVANCE À PETITS PAS La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les Verts (EE-LV), Emmanuelle Cosse,a reçu des réponses de la plupart des neuf formations politiques(du Parti communiste au Modem)auxquelles elle a envoyé une lettredébut juin. Dans son courrier d’origine, elle appelait tous ceux qui avaient soutenu François Hollande au second tour en 2012 à prendre une initiative commune pour «formuler publiquement des propositions» sur l’écologie, l’emploi, les questions institutionnelles… Pour l’heure, seuls des partis membres du Front de gauche ont rendu publique leur réponse. La suite? Uneréunion commune pourrait se tenir miseptembre, après la Fête de l’Humanité, même s’il semble improbable de mettrecôte à côte centristes et mélenchonistes. Dans son courrier, le Parti de gauche s’émeut en effet que l’invitationsoit également lancée au Modem, ce «grand défenseur de la baisse des dépenses publiques et des privatisations des services publics». «Nous ne voulions exclure personne, explique-t-on chez EE-LV. Et il n’y a rien d’infamant à discuter avec le Modem.» Qui n’a, lui, pas encore répondu. L.A.et R.D. PHOTO AFP

Précision Dansnotreédition de vendredi,le députéfilloniste qui traitait Nicolas Sarkozy de «branche morte» n’était pasJean-Louis Debré, présidentdu Conseil constitutionnel, Envoyé spécial à Valenciennes mais sonfrère Bernard, éluUMP dela capitaleet volontiers CHRISTOPHE FORCARI franc-tireur. Nos excusesaux intéressés.

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K o e r i o g é r G ©

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Pendant un an, des collègiens de Clichy-sous-Bois ont bénéficié de l’expérience d’ex-patrons pour mener trois projets: une casquette audio, une maison des métiers et un parc d’attractions. Des études de marché à la prospection de fournisseurs en Chine, «Libération» a suivi leur parcours.

Une troisième

en classe affaires Par VÉRONIQUESOULÉ Photos JEAN-MICHELSICOT ls se sont mis sur leur trente et un.Les fillessont juchées surde hauts talons, jupesnoires moulantes et corsages blancs, plus maquillées qu’à l’habitude. A côté, les garçons semblent un peu ballots, comme souvent à cetâge. Lestimides, quise font moquer parles filles, ont sorti le costume avec la chemise boutonnée jusqu’au cou.Les rouleurs de mécaniques prennent la pose,fiers de leurs baskets et de leurs blousonsderniercri. En troisièmeau collègeLouise-Michel de Clichy-sous-Bois, en Seine-SaintDenis, tous ontsuivicetteannéel’option Découverteprofessionnelle (appeléeDP3),une ouvertureversle monde de l’entreprise avec desvisites de terrain, desrencontres…Mais euxont eu

I

droitàpar un dispositif particulier,mis place l’association Entreprise en et Progrès qui réunit des chefs d’entreprise voulant «s’impliquer dansla cité». Chaque jeudimatin duranttrois heures,

public, bloc-notes à la main. «Nous,ce qu’on veut faire, c’est unecasquette avec un casque audio intégré au designd’une Snapback [casquette très à la mode,ndlr].Commeça, onpeutécouterde lamusiqueen se promenant.»Allan présente l’un des trois projets de la «Dans la vied’une société, si vous n’avez classe, celuide la pas de clients, c’est zéro. Kevin,c’est casquette RKAM tonentreprise, si ça réussit, l’argentira – pour Ritchy, dans ta poche.» Kevin, Allan et FrançoisBejui tuteuret ex-directeurchez SodexoetGeodis Mody, les quatre collégiens qui y ont participé. Ce 5 juin, c’est un peu leur heure de «Alors, les atouts, il y en a trois , pourgloire. A la Maison des jeunes de Cli- suit-il, ça n’existe pas,c’est très esthétichy-sous-Bois, les DP3 doivent présen- queet c’est dudeuxen un.» Il passeenteren public leurs projets. Le matin, ils suite aux «freins»: «C’est très lié à la ontencore répété. Il s’agit d’êtresyn- mode et il faut voir l’intérêt des magachro avec lesPowerPointqui vont défi- sins.» «Et maintenant,je passe la parole ler, de laisser à chacunson tour depa- à mon collègue Ritchy», conclut-il,pas role… Le président d’Entreprise et mécontent de voir commentles autres,

viséedans un premier VAL󰀭D’OISE Clichy-sous-Bois temps– «la zone4 [du S E I SEINE N RER] etd’abordla SeiE SAINT-DENIS 󰀭E ne-Saint-Denis et le T 󰀭 V a l - d e - M a r n e ». M A Bobigny R Après, si ça marche, PARIS N E rienn’interdit de viVAL󰀭 ser lemonde… DE󰀭 3 km Chacun s’est réparti MARNE lesrôles,commedans une vraie start-up. A Kevin, qui a le contact facile, le commercial.A Allan, méthodique etbon enmaths, la finance et l’administration. A Ritchy, la politiqued’achats– c’est luipar exemple qui iraen Chineprospecterles fournisseurs. Enfin,à Mody,le tchatcheur, l’animation dans les magasins pour vanter la casquette RKAM. Le deuxième groupe– quatrefilles– a bossésur un centrede découverte pratique des métiers, dans une ville qui manque de services, notamment à

Progrès s’estpatron déplacéen personne: Denis Terrien, du groupe 3 Suisses international.Deux représentants de la communauté d’agglomérations ClichyMontfermeil ontdéjà prisplace dansle

l’adressedes jeunes. Safiaexpliquequ’il «Les pôles qui intéresy aura sixsalles: serontle plus serontla mode, lajustice et le commerce.» Principal atout du projet, des professionnels viendront eux-mê-

lesquinze collégiens dela DP3ont travaillé à monter un projet de création d’entreprise. Et avec leurs tuteurs d’Entreprise etProgrès,ça a étédu sérieux: étude de marché, compteprévisionnel…


quirigolent dans sondos,vontse débrouiller. Ritchy enchaîne sur «la cible» du produit – «les étudiants, les jeunes travailleurs»– et surla zonegéographique

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Lesélèves de l’option Découverte professionnelle, DP3,du collège Louise-Michel de Clichy-sous-Bois et François Bejui (à gauche),l’un desdeux tuteurs qui lesencadrent chaque mois au filde l’année scolaire.

mes présenter leur métier. Stéphanie vante ensuite l’effort fait sur le prix: «Dix euros laséance,et 70 euros sion en prend dix, soit trois gratuites.» Le troisième groupe est le seul mixte –quatre filles et deux garçons. Leur projet est de loin le plus ambitieux: créer un parc d’attractions. Lestuteurs ont d’ailleurs un peu tiqué au début. N’est-ce pas trop utopique de vouloir concurrencerDisneyland ou le parcAstérix? Maisles collégiens ontinsisté.«Il y aura des restaurants, des magasins et des WC», commence Yacine. Le parc Adventure World misesur 200000visiteurs la première année, à raison de 30 euros l’entrée,et sur600 000en vitesse de croisière. Mais, pour attirer autant demonde, il faut acheterde superbes attractions quipeuventatteindre le milliond’euros.«Le défiprincipal sera de trouver les fonds de départ , conclut Aminata, il faudra chercher desinvestis-

des points et applaudit chaleureusementchaqueprestation.«Vous m’avez étonné par la richesse de vos présentations», lance-t-il à lafin. Pressé derepartir, il saute le buffet Coca-cacahuètes. Et prend quelques minutes pour expliquer les buts de son association: «Il faut rapprocher le monde de l’entre prise de l’école,le démystifier. Les jeunes qui vivent ici travailleront chez nous et sontnos clients. Nous devons les connaître, sentirleursattentes,ils nedoiventpas avoirpeur de l’entreprise.» Pour comprendre comment on en est arrivélà –la casquetteRKAM, la maison des métiers et le parc d’attractions–, il faut remonter sept moisplus tôt,au tout début du dispositif.

La classede DP3est quasimentau com-

dans les classes. Les vitres sont devenuesopaques sous la couchede poussière. A larentrée, lecollège tout décati, dans lequartierdu Chêne pointu, la cité où démarrèrentles émeutesde 2005, va emménager dans des locauxflambant neufs,touten boiset en matériauxécologiques. Le conseilgénéral a vu grand. Il y aura même unepiscine quiservira à toutela ville, quien était démunie. En attendant, les cours se déroulent au rythme du chantier. Derrière tout ça, il y a l’espoir que le collège-ghetto améliore son image. Il estfui parles famillesqui peuvent s’offrir le privé – en particulier les élèves d’un quartierpavillonnairelimitrophe duRaincy, quiy sont affectéset désertent massivement.Du coup, il scolarise quasi exclusivement les enfants du Chênepointu,issusà 86%de catégories défavorisées. HervéGourio,le responsable du dispo-

seurs et aussi voir qu’ily lespouvoirs pourrait leurdire a despublics. emploisOn de jeunes à la clé.» Assis au premier rang, Denis Terrien sourit à certaines naïvetés,fait préciser

plet,hormis lesinévitables retardataires qui ont dumalà seleverpour 8h 30… Les travauxde construction du nouveau collège toutproche ontdéjàcommencé. Le bruit desmarteaux-piqueursmonte

sitif d’Entrepriseet Progrès, estaccomarrivé ce matin avec un peud’avance, pagné de François Bejui, l’un des tuteurs qui va intervenirau collège tout aulong de l’année. Lepremiera finisa

7 novembre 2013

Les tuteurs sont accueillis àlamachineàcafé


carrière comme patron de Carlson Wagonlit. Egalement jeune retraité,le second a dirigé la filiale de Sodexo en Afriqueaustrale,avant de devenir patron de la branche internet de Geodis. Les deux enseignants en charge de la DP3 les ont accueillis à la machine à café du collège,en face de la salle des profs aux peintures écaillées.Professeur de français, SébastienMarguetse définit comme un militantlibertaire. Il enseignedepuis 1999dansce collège difficilequi accumuleles labels –ZEP, ZUS, Eclair,Prévention violence, etc. Alors qu’ilauraitpu demanderune mutation, il a choisi d’y rester. «C’est là quemon travailprendtout son sens , dit-il, etque l’onpeutexpérimenterdes chosesintéressantes.»A sescôtés, Christophe Noullez, jeuneprof de technologie, partage ce goût de l’innovation, face à un public socialement défavorisé,mais aussicurieux et ouvert. Dansla classe,Sébastien Margueta fait enlever ici un manteau, là une casquette, etdemandéà un élèveavachi de se redresser… Dansl’ensemble, lescollégienssont attentifs. De niveaux scolaires très divers, ils ontchoisi cetteoption pour découvrir des métiers, et entendre parlerde concret à l’école.«Il y a troischances surquatre pour quevous travailliez plus tard dans une entreprise commesalariés ou petitspatrons , commence Hervé Gourio. Or, pour vous, c’est un monde mystérieux.Nous allons vous aider à créerdes entreprises virtuelles et à raisonner en termes économiques.» «Je prends un type qui vient vendre du miel au marché de Clichy-sous-Bois , complète François Béjui. La première fois,il ne vapas en vendre plus de deux ou trois pots.Pourtant,il aura dû venir avec son matériel, installerune table, des tréteaux…»S’imaginer en patrons? Beaucoup paraissent sceptiques. «Maisnon, réfléchissez: parmiles anciens du collège, vousen connaissez , intervientSébastien Marguet, qui vit non loin et connaît l’établissementcomme sa poche. Ilya ena unqui a ouvertun caféinternet, un autre une sallede sports, un autre encore a repris le garage de son père et veut le moderniseravec l’informatique.Ayezde l’imagination,osez !»

19 décembre

25 idées: téléphone rasoir, pantalon réversible…

C’estle grandjour,on doit décider des trois projetsqui vont être retenus. Les élèves ont dressé une liste de 25 idées avec leurs professeurs –un téléphone rasoir, un portable rechargeable à l’énergie solaire, des chaussures qui changent de couleur,un pantalonréversible (un côté pour faire du sport, l’autrepour le quotidien), un fauteuil roulantqui monte lesescaliers,un parc d’attractions, un centre commercial… Ils vont débattre de ceuxqui paraissent les plusréalisables. Patrice Henaultse présente. Absent la fois précédente, il est le deuxièmetuteur.Il intervient dans le dispositif depuis sa

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UNETROISIÈME ENCLASSEAFFAIRES

création il y a cinq ans. Anciendirecteur général de Lucent France, il vitla plupart du temps danssa maison de Normandie.Il revient régulièrement à Paris, où il a un appartement,en particulier pour ces séances. Un véritable accro… Son acolyte François Bejui est, lui,entre Paris et la Bretagne. C’est surtout un amoureux des voyages lointains. Au pied destours duChênepointu,le collègeLouise-Michel està millelieuesde leurunivers.Pourtant, lorsqu’ilsdébarquent dansla petite logedécrépite du gardien, ilssemblentun peuchezeux. Dans lavoiture venant deParis,les deux tuteurs se sont entendus surle déroulé de la séance. «Il n’y a pas de temps à perdre , expliquePatriceHenault, lesélèves ont dû avancer sur leurs idées avec leurs professeurs. Si on veut être prêts fin mai, avec desprojets quitiennentla route, il faut attaquer le marketing et lancer l’étude de marché».

Exit le portable solaire et le fauteuil roulant «Vous savez ce qu’est un marché?» commence Sébastien Marguet. «C’est quand on a besoin d’acheter quelque chose»,suggèreun élève,«ouquand on en a envie», ajoute un autre. «Mais, il fautque lesgens puissentpayer», remarqueun troisième…PatriceHenault les félicite: «En effet, il faut qu’un marché soit solvable.»François Bejui complète: «Attention,si on parle marché,il faut des concurrents.» Dans laclasse, un drôlede théâtreest entrain dese jouer. Chacun assumeun rôle, entre le prof libertaire qui glisse des petitesphrases –«l’andernier,certainsélèves avaient proposé une coopérative, sanschef»–, lesex-patrons convaincus desvertusde la libre entreprise, et lescollégiens,quasimenttous issus de l’immigration, qui jonglent avec leurs propres expériences, glanent de nouveauxmots, découvrent des raisonnementsqu’ils n’avaient jamaisentendus auparavant. Hussein,une ombre de moustacheaudessus des lèvres, défend le pantalon réversible: «Pratique pourquand on fait dusport!» Maisil doit assez vite battre en retraite. «Quand tu joues au foot, tu transpires, souligne François Bejui, et après, ça n’estpas trèsagréable d’utiliser un pantalon retourné.» Stéphanie a, elle, proposé «un kit de vaccins debase à envoyeren Afriquedans une petite glacière». Belle idée, soulignentles tuteurs,mais lesorganisations humanitaires le fontdéjà. Et ils rappel-

Internet que plusieurs autres projets «Kevin,tiens-toi droit!» A un moment, n’existent pas déjà. Exit le portable à il tente même unefeinte: «Kevin,c’est l’énergie solaireet le fauteuilroulant. ton entreprise, si ça réussit, l’argent ira Lesderniersprojets en lice sont misau dans tapoche!» Mais rienn’y fait.Il le vote. La classequi s’était un peudissi- laisse s’assoupir, la tête entre les bras péeretrouve sonsérieux. Le décompte, posés sur le bureau. «Vous allez déincertain, estsuivide près. L’emportent pouiller les questionnaires que vousavez la casquette avec casque intégré, la réalisés , commence Sébastien Marguet, maison des métiers et le parcd’attrac- vous allez faire à la fois des maths et de tions. Trois groupesse forment. l’économie…» Pour sonder le marché, les collégiens ont interrogé des gens 6 février 2014 et remplides fiches– avec Eplucher les questionnaires autourd’eux descolonnespar âge, parsexe, avec des

si lesprofsne sont pasimpliqués , souligne HervéGourio. Dans ce cas,lorsque nous revenons, il faut tout recommencer. Et nous n’en avons pas les moyens. C’est déjàun gros investissement.»A LouiseMichel, la situation est, selon lui, «idéale,avec deuxprofsqui se complètent parfaitement».

lentles règlesde based’uneentreprise. «Va-t-on gagner de l’argent? Patrice: On n’est pasune association.»François: «Dans la vied’unesociété, si vous n’avez pasde clients, c’est zéro.»On vérifie sur

Kevin est venu, maisau ce radiateur, matin, ça les lui coûte. Il s’est adossé paupières lourdes.FrançoisBejui, qui a pris en chargele groupe de lacasquette, le rappelle à l’ordre plusieurs fois:

il faudraqu’on qu’ondevra aitdéfini notreoffre, c’està-dire savoir où le parc va être installé, quels publicsvont venir,ce qu’on va proposer.» Les garçons voudraient desattractions autour du thème


fourchettes de prix, etc. Les deux enseignants ont un rôle clé dansle dispositif.Ce sont euxqui, entre les visites mensuellesdes tuteurs, font travailler les élèves. «Çane marchepas

Le 5 juinà la Maison des jeunes de Clichysous-Bois, lorsde la présentation des projets. Enhaut: les fillesdu parc Adventure World, qui misent sur 200000 visiteurs Patrice Henault chapeaute le groupe dèsla première parc d’attractions.«Ala fin dela séance, année.

«49 hommes sur 83, ça fait combien de pour cent?»

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ECONOMIE

Arnaud Montebourg, vendredi à l’Elysée.

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Jeffrey Immelt,patron de l’américainGeneral Electric, et ClaraGaymard, présidente de la branchefrançaisede GE,à la sortie

Alstom:unattelage Etat-GeneralElectric Après des semaines d’enchères avec Siemens, l’exécutif a annoncé son entrée au capital de la branche énergie aucôté de l’industriel américain. REPÈRES

Par CATHERINEMAUSSION Photos SÉBASTIEN CALVET

A l’heure où nousbouclons,Alstomtenait toujours son conseil d’administration.

eneral Electric(GE) a gagné. Avecl’aide de l’Etat. Mais l’Américain, qui convoitait la branche énergie d’Alstom, devra composeravecce dernier.En rachetant lesdeux tiers dela participation de Bouygues dans le leader français de l’énergie (29%),l’Etatsera le premier actionnaire d’Alstom(avec20%). Et garderadoncla main dans des DÉCRYPTAGE secteurs –la distribution, les turbines du nucléaire, les énergies renouvelables– très convoités en ces temps de transition énergétique. Il sera garant de l’indépendancenationale. On esttrèsloin de l’intention première de PatrickKron, quiavait faitvoterpar son conseild’administration, le 29 avril, lavente de sabranche énergie (70% deson chiffre d’affaires),à son ami Jeff Immelt, patronde GE.

LA FINDE LA BASTON?

G

Ungrand pasa été franchi vendredi. Etl’Etat a bien cachéson jeu. C’estMontebourg quia eule privilègede faire l’annonce.Un juste retour surinvestissementpourle ministre del’Economie dans le dossier. C’est lui qui était alléquérir Siemensau lendemainde l’annoncede GE,invitantl’allemand à bâtir aucôtéd’Alstom un Airbusde l’énergieet un autredans le ferroviaire. Siemenss’étaitrendu compte assez viteque sesnombreux doublonsavec lesactivités du français allaient faire tiquer,tant les autorités de la concurrence queles salariés.Et il était alléchercherle japonais Mitsubishi(MHI). Vendredi matin encore, Joe Kaeser, le patron de Siemens,étaità Paris,faisantle serviceaprès-vente de sonultimeoffreavecMHI, remisejeudisoir à Alstom, et qu’ilvenaitd’améliorer. Unenouvelle

Février2014 A Paris, le ministre du Redressement productif ArnaudMontebourg initie une «revue de réflexion des orienta-

avancées pour racheter Alstom. 25 avril L’exécutif «travaille à d’autres solutions» et affichesa «vigilance patriotique».

tions Dont stratégiques» le patron rencontreceux sur Alstom. de Siemens et de GeneralElectric. 24 avril L’agence Bloomberg affirme que GE est en discussions

offre concurrente La presse fai detSiemens. état d’une 26 avril 28 avril Selon François Hollande,


fois,il a été reçuà l’Elyséepar FrançoisHollande, juste après Jeff Immelt,son homologue à latête de GE,signe du caractère crucial de ce deal quidoit décider dusort duleader françaisde l’énergie. Depuisle début de cette affaire,ces entretiens se déroulenten présence de Manuel Vallset desministres chargés du dossier– ArnaudMontebourg et Ségolène Royal–, ce quipermet augouvernement d’afficherune«solidarité totale». Le patron deMHI avait-il senti le vent tourner? Il était rentré dès jeudi soir au Japon. Dans le camp Siemens, on pointait vendredique l’examen de leur offre commune, lundi, parles quatreadministrateursindépendantsdu Comité spécial misen placepar Alstom pour l’éclairer, s’était fait dans une grande partialité.Un banquier-conseildeSiemensrapportait que Patrick Kron s’était invité à l’audience «alorsque cen’étaitpas saplace»etqu’ilauraitdominél’échangeavecSiemens,entouréde sa garde rapprochée.«Une faute grave», selon lui. L’âpretédu combat entre Siemens et GE s’esttraduite,outre la surenchère desannonces,par des opérations de communication massive, côté GE notamment, via des pages de publicité dans les journaux,vantantle terme«Alliance»et rassurant sur la pérennité de la marque Alstom.

SIEMENS A-T-ILCRU À SACHANCE? Depuis septsemaines, le gouvernementattise les enchères. Il brandità chaquerencontre sestrois impératifsdans ce dossier: préservation des intérêtsstratégiquesde la nation,localisation des centresde décision en France et préservation del’em-

«seul critère» : l’emploi.

29 avril Offre de Siemens confirmée. Le conseil d’administration d’Alstom se prononce pour celle

d’autres. de GE,sansfermer la porte à 5mai Le gouvernement rejette «en «l’Etat a forcémentson mot à dire». l’état» l’offre de GE et lui propose Son choix dépendra d’un de l’améliorer.

16 juin Le tandem Siemens-Mitsubishi Heavy Industries (MHI) dépose une offre. Offreaméliorée amélioréede deGE. 20juin 19 juinOffre Siemens-MHI. L’Etat choisit celle de GE et entrera au capital d’Alstom.

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ECONOMIE • 23


Claude Mandart, syndicaliste CGC au sein d’Alstom, réagit à l’annonce:

«L’Etat a joué les pompiers et contenu l’incendie» laude Mandart est secrétaire CGC (cadres) du comité de groupeAlstom. Il réagità l’entrée de l’Etat au capital de l’entreprise,et auchoixdu gouvernement en faveur de General Electric(GE). Vousattendiez-vousà cedénouement? La principalesurprise,c’estla montée del’Etatau capital, quidétiendra 20%

C

de la réunionà l’Elysée.

Le Premierministre, Manuel Valls, vendredi.

ploi. Et à chaquepas franchi parSiemens,GE avait faitune concession. Le pas-de-deux avaitété bien régléjusqu’au coup de gongfinalet le parti pris de l’Etat pour l’américain. Ce camouflet pour Joe Kaeser et son partenaire nippon dans le rôle du lièvrepourraitlaisserdes traces.Parce quela dernièreoffre du duoavait dequoi séduire surle papier. Elleavait gagné enclarté parrapport à celle déposée trois jours plus tôt. Plus généreuse en cash, à 8,2 milliards d’euros, ellefaisaitmonter MHI plus haut dans l’énergie. Mais l’effort était surtout faitdu côtéde Siemens. L’allemand proposaità Alstom unealliancesur la signalisation,son activitéde prédilectiondans lestransports et dont il est le leader mondial. Dans son premier jet, il confisquait à son profit, cette activité… De son côté, GeneralElectric avait complexifié la sienne,qu’ilavait déposée jeudi comme soncompétiteur. «On a voulu répondre aux demandes du gouvernement», s’excusait-on dans le camp de GE. Maisen contrepartie,ils ont décrochéla timbale: le soutiende l’Etat. Restera à décliner le montagequi suivral’entrée de l’Etat etla reprisepar GE desmétierslâchés par Alstom. L’américain propose quatrealliances, à 50-50,dansl’hydraulique,l’éolien, la distribution et les turbines à vapeur, mais il avait toutefois laissé en suspens la question du contrôle. Avec l’entrée de l’Etat, cette question devient moins sensible. Ultime concession, notable,de GE: l’apport à Alstom, quiseraréduitinfine à saseuleactivitétransport,de l’activitésignalisationde l’américain. L’apporten cashde 12,35milliards d’euros

promis initialementpourraits’en trouverréduit. Lesoin apportépar l’Etatautourdu dossier etdes solutionsne masquepas le problèmede fond, soulignait hierun banquier-conseil: «L’incapacité de la Franceà faire émergerdes investisseursnationaux sur desenjeuxaussi stratégiques.»

DES SYNDICATS QUIREFUSAIENT DE CHOISIR Aucunedes firmes convoitantAlstom n’avait ménagéses efforts pourséduire les salariés. Siemens avait mêmeappeléà la rescousse RaymondSoubie, ex-conseiller social de Sarkozy à la réputation de vieux sage. Les salariés, qui redoutaient qu’une venteà Siemenssiphonne leurs emplois en raison de nombreux regroupements d’activités,avaient déplacé le champ de leurs critiques, refusant de choisir. «Nousvivons une période de fusions-acquisitions à grande échelle. Voyez le cimentier Lafarge vendu au suisse Holcim. Nous sommes dans une course effrénéeà qui deviendra le numéro 1 mondial. Que ce soit GEouSiemens-MHI, onest toujoursdans la logiqued’unevente à la découpe», analysait BernardDevert,responsable du secteur métallurgie à laCGT, avant lechoixde GE. Idem pourDominique Gillier,son homologue à la CFDT: «La courte échelle [entre Siemens-MHI et General Electric, ndlr] ne doit pas faire illusion. Aucune solutionne nousparaîtsatisfaisante à l’égard de l’autonomie et de l’intégrité du futur Alstom.» Quant à Jean-YvesHemery,pour la CFE-CGC, il donnait sa préférence «à l’offre qui recapitalise Alstom et qui luien garantitle contrôle».Il doit être –à moitié– satisfait. •

desparts. Sinon,les offres apportant leurdivisionsiétaientcomparables avec INTERVIEW gnalisation à Alstom.Dans quand même, de nôtre la mesure où il existe une côté, unepréférence pour GE.Car son multitude de convergences avec GE offre génèreplus de complémentarités qui n’existe pas avec Siemens, pour qu’avec Siemens-Mitsubishi. nous,il n’ya pasphoto. En quoi l’arrivée de l’Etat est une Resteque,pour l’opinionpublique,on bonne nouvelle? assistequand même à un démantèleEllepermet d’apporterde la stabilité mentd’un ex-fleuronindustriel franet dela cohérence à l’ensemble. Car çaispar un groupeétranger… tout repose, dans l’offre de C’estvrai, onpassesousla GE,surdes jointventure [alcoupe d’ungroupeamériliance,ndlr] détenuesà 50-50 cain,même si c’est désorentre GE et Alstom. Or la maisavecdesgaranties de gouvernancen’est pas clail’Etatqui monte au capirement déterminée. Tout tal. Il y a toutun ensemble resteà discuter. En ce sens, P d’activitésoù, désormais, F la montéede l’Etat aucapital A nous ne sommes plus est plutôtrassurante. seulsmaîtresà bord –ré20% du capital, c’est 2 à 3 milliards seaux électriques, énergiesrenouvelad’euros. Où le gouvernement va-t-il bles,turbinesà vapeur et distribution. les trouver? L’Etat a joué lespompierset a contenu La question s’était déjà posée avec l’incendie. S’il n’étaitpas intervenu, l’offre de Siemens-Mitsubishi.Arnaud l’essentielde la brancheénergieaurait Montebourg avaitalors répondu que étéenglouti par GE. le mécanisme de financement pour- Ce nouvel épisode de la saga Alstom, rait passer parl’APE[Agencedes parti- c’estdu damagecontrol oudugâchis? cipations de l’Etat] et la BPI [Banque A l’époqued’Alcatel Alstom, on avait publique d’investissement]. Mais jene potentiellement un conglomérat pensepas,comme celaa puêtreévo- hyperpuissant, un groupe internaqué,qu’ils le financeront en vendant tionalde premierrang.Mais lesdirecunepartie de leur participationau ca- tions générales qui se sont succédé pital d’EDF. nousont marteléque lesconglomérats Aufinal, l’Etata bien manœuvré? n’étaientplus d’actualité, qu’ilfallait Son intervention a étébénéfique,au seconcentrersur soncœur de métier. mêmetitrequecelle desreprésentants Aujourd’hui,Alstom n’estplus qu’une du personnel. Au départ, on partait entreprise qui a sauvé les meubles quand même sur une acquisition après avoirété l’objet de convoitises à 100%de toutela partieénergie,Als- dela part dedeuxdes plusgrosgroutom restant avec la seule branche pes industriels aumonde.Il y a eu, il transport. On n’estplus dutoutdans est vrai, une succession de fausses lemêmeschéma,et il y a desgaranties routes. Lescapitainesd’industrie à lafrançaise très fortes sur l’emploi. Ily a unecomplicité objective deSie- se sont-ils plantés? mens et de Mitsubishi,qui ontpoussé Oui, complètement, c’est une déGE à améliorer son offre. Y ont-ils ception absolue. Les architectes du vraiment cru? capitalismemadein France ontratéle GE était très demandeur, et ilsavaient coche. la préférence du conseil d’administraRecueilli par CHRISTIANLOSSON tion. Siemensest venu à la demande et LUCPEILLON

SUR LE NUCLÉAIRE, MANUEL VALLS DÉDIT SÉGOLÈNE ROYAL

«Le compromis auquel le gouvernement est parvenuavec General

20%

Electric de la France.» préserve les intérêts Cesera la part del’Etat dans Jean-PierreChevènement, sénateur etprésidentd’honneur duMRC

du gouvernement,pour faire monter les enchères. A un moment, ils ont vraiment pensé qu’ils tenaient la corde, parce queleur offre s’estavérée nettement plusintéressante quecelle deGE. Mais cesderniersse sontnon seulementalignés sur le duo allemand etjaponais,mais ontaussirepris l’initiative sur l’activité transport, en

le capital d’Alstom, dans le cadre d’une alliance avec le conglomérat américain General Electric.


PourValls, le nucléaireest une «filièred’avenir». Elle «permettra» même «d’avancer en matière

quiprévoitune réductionde lapart del’atome dansla productiond’électricité,voilà qui sonne

de transition énergétique […]. L’EtatPremier seratoujours là pourla soutenir», s’estenflamméle ministre,en visitedansune forge d’Areva au Creusot (Saône-et-Loire), vendredi.Deux jours aprèsla présentationdu projetde loisur l’énergie ,

commeune auxécolos la ministre de l’Ecologie,pichenette Ségolène Royal. Vallsaetà confirmé une hausse du prixde l’électricité à l’automne(bien qued’une «ampleur plus faible que5 %»). Laveille, Royalavait annoncéun geldestarifsen août…

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DROIT DE SUITE

Par CORALIESCHAUB

A

Projet deloi énergie: lesrevirements sans transition de l’exécutif élaboration du projet de loi surla transition énergétique est tout sauf un long fleuve tranquille. Personne n’était dupe, mercredi, quand Ségolène Royal a présenté les grandes lignes du texte: il ne s’agissait en riend’un aboutissement. Même si «l’événement»était trèsattendu, après dix-huit mois de dé-

L’

bats et de reports. Car pour devenirloi,le projeta encore un longparcours, durant lequelles lobbys vont s’activer.

cléaires.Les Amisde la Terre ont illico criéà la«manipulation», en titrant leur communiquéd’un douteux«Ségolène Royal v(i)olée par les lobbys du nucléaire dans la soirée». Et Europe Ecologieles Verts (EE-LV), qui veut un débat parlementaire– et dont l’exécutifa besoin pour fairevoterla loi–,a demandé le retrait desarticles.«J’aidit à Ségolène Royal que c’étaitun pointdur pour nous,un chiffon rouge . Ellem’a assuréqu’elle n’étaitpas favorableà ce projet qui n’est pas mûr etdont onne sait pascombien il coûtera, les estimations allant de 14 milliards à 28 milliards», raconte le députéEE-LV Denis Baupin, qui a fait part de son émoià l’Elyséeet Matignon.

RETOUR SUR LES DIX JOURS DEMOUVEMENT SOCIALÀ LASNCF

Les cheminots versla fin dela grève

La grève s’effiloche à la SNCF. Le mouvementde reprise du travail s’est encore amplifié, vendredi, semblant amorcerla findu conflit contre laréforme ferroviaire, lancée il y a dix jour s par la CGT chemi nots et SUD rail. Le taux de grévistes est tombéà 6,85%.La mobilisationa été diviséepar quatre parrapportau premier jour et ne concernait plus que

6000 salariés. Vendredi matin, les cheminotsde Lyon, Nantes, Le Mans et ceux de Sotteville-les-Rouen (le plus gros dépôt de Normandie) ont voté à leurtourpour la reprise du travail. En revanche, à Strasbourg etBischheim, les grévistes ont décidé de poursuivre, selonla CGT cheminots. Idem à Paris-Est,où lagrèvea été reconduitejusqu’àlundi,selon SUD rail.

Jeudi,Toulouse, Périgueux, sept sites bretons (dontRennes),troisdu NordPas-de-Calais et huitdépôtsde Haute et Basse-Normandieavaient déjàmis fin au mouvement. «La grève doit avoir un sens,ses motivations profondes doivent être comprises, ça n’est pas lecas, doncil fautque cettegrèves’arrête», estimait vendredi le Premier ministre, Manuel Valls.

Leslanceursd’alerte mallotisenFrance

BANQUES Un colloquesur l’évasion fiscale a tenté de LE PETIT mieux protéger ceux quirévèlent despratiques illégales. PEPPER, ROBOT QUI VA

Mais ni les ONG ni les Verts –ni même la ministre de l’Ecologie, visiblement– ne s’attendaient à ce que les choses «bougent» si vite. Entre lesannoncesde Royal etla versiondiffusée dans la soirée de mercredi,plusieurs Résultat: un rétropédalage. éléments avaient changé. «Laversiondu projet deloi qui Surtout sur le projet Cigéo, sera transmise au Conseil qui prévoit de créer à Bure d’Etat ne mentionnera pas (Meuse) un centre de stoc- Cigéo, puisque la loi de 2006 kagepourles résidus radio- prévoit une loi sur le sujet dix actifs les plusdangereux qui ans après, donc vers 2016», seraient enfouis pour des indiquaitle cabinet de Royal, milliersd’années. Royal,qui vendredi. «L’affaire illustre recevait les ONG le 13 juin, l’invraisemblablefaçonde traleur avait promis que Cigéo vailler du gouvernementet des ne figureraitpas dansle pro- servicesde l’Etat, jugeun ex jet de loi.«Elle avait l’air sin- pert de l’énergie (lire aussi cère», estimeun participant. page précédente). Aucune méOr, il figuraitdans la version thode, ducouppar coup (mépubliée mercredi soir, sous diatique), pas de lignes de forme de deux articles (34 force, de longues périodes et 35) autorisant le gouver- d’assoupissementsuivies d’ac- Un ex-salariéaméricain d’UBS a étérécompensépour avoir aidéla justice. A. WIEGMANN.REUTERS nementà passerpar décrets célérations improvisées. Faipour décider du lieu d’en- blesseou,pire,porosité avec les t si la France se dotait ainsi de salariés qui, après de dollars d’amende pour fouissementde déchets nu- lobbys.» • enfin d’un systèmeef- avoir informé en vain leur UBS et 5 milliards pour les ficace de protectiondes directionde dysfonctionne- clients fraudeurs). lanceurs d’alerte, ces fem- ments,ont alertéleursauto- «Exception». Le droit franmeset ceshommesqui, pour ritésde contrôle. çais est censé protéger avoir dénoncé des pratiques Comme le montrel’exemple les lanceurs d’alerte. De• SUR LIBÉRATION.FR illégales au sein de leur en- deStéphanieGibaud,ex-res- puis 2007, cinq lois ont été trepriseou deleur adminis- ponsable des événements adoptées concernant l’alerte «Prostitution, drogues dures: les dessous du PIB» Uneenquêtequi revient sur les raisons tration,risquentle licencie- d’UBS France, cela s’est fait éthique.Maisaucune d’entre pourlesquelles l’Inseen’intégrera pas ces activités ment? C’est la proposition audétrimentde leurcarrière ellesn’est vraiment efficace. illégales dans le calcul de larichesse de la nation, faite vendredi,lors du collo- professionnelle et de leurvie. «Il faudraitun statutuniquedu contrairement aux souhaits d’Eurostat. que organisé par la plate- «Aprèsavoirbataillé pendant lanceur d’alerte», propose formeParadis fiscaux et judi- plusieurs années, Stéphanie William Bourdon, avocat et ciaires, consacré aurôledes Gibaud a été licenciée et est président de l’ONG Sherpa. banques dans l’évasion fis- aujourd’hui sans revenu», ra- Celui qui défend plusieurs -0,48 % / 4 541,34 PTS caleou le blanchiment. conte Me RenaudDufeu,son d’entreeux (commeNicolas Aridité. Depuis l’affaire avocat. Qui a comparé son Forissier, ex-UBS, Philippe 6 054 613 570€ +129,27% Snowden, l’utilité des lan- cas avec celui de Bradley Pichon, ancien policier ou ceurs d’alerten’est plusà dé- Birkenfeld, un ex-salarié Hervé Falciani, ex-HSBC) Les 3 plus fortes Les 3 plus basses montrer. Et c’estparticuliè- américaind’UBSqui a aidé la veutfaire entrer un concept ALSTOM ORANGE rement lecas dans lemonde justice à coincer la banque dansle droit français,«l’exL OREAL GEMALTO de la finance où, du fait de suisse.Lui s’est vu octroyer ceptionde citoyenneté». «Elle VEOLIA ENVIRON. SOCIETE GENERALE l’aridité des chiffres, il faut plusde 100millions dedol- pourrait être invoquée par des personnes au cœur du lars(73,6millions d’euros) de ceuxqui, s’opposant dansdes systèmepour comprendresi récompensepar lebureaudes circonstances exceptionnelles

E

16 964,92 4 360,64 6 825,20 15 349,42

+0,26 % +0,03 % +0,25 % -0,08 %

L’HISTOIRE

lesbanquescommettent des actes délictueux. En France, les révélations sur l’évasion fiscale mise en place par la banque UBS proviennent


lanceurs d’alerte du fisc américain (l’IRS Whistleblower Office). Cette générosités’expliquepar lesmontantsrécupérés (780millions

CROÎTRE

Il mesure1,20m environ, pèse 28kg, et est équipé d’une batterie lui permettant de tenir jusqu’à douze heures. Pepper,petit modèle conçu pourmimer au plus près l’être humain, seraen vente dès février 2015 pour 1400 euros. En attendant, Masayoshi Son,le PDG du groupe japonais de télécommunications SoftBank, l’a présenté vendredi à l’assemblée générale de ses actionnaires. «Nous voulons offrir un robot qui ait uneâme, comprenne les sentiments de son interlocuteur » ,a vendu Son,qui

considèreque l’arrivée des robotsdans l’environnement humainsera une énièmerévolutioncomparable à celle que fut l’ordinateur personnel. «Pepper

croît en apprenant, sait lire l’ambiance qui l’entoure, dit Son. Les enfants de demain sauront, dès la naissance, communiquer avec des robots.» Il a été développé

avec la société française Aldebaran. PHOTO REUTERS

«Nous souhaitons, parnosefforts communs, transformer lePiréeenunport pluscompétitif. L’undesplus compétitifs dumonde.[…] La porte d’entrée de la Chineen Europe.» Li Keqiang Premier ministre

à l’application dela loi, raient être exonérés depourtoute sanction au nom de l’intérêt e général»,estime M Bourdon. chinois,envisiteà Athènes, NICOLASCORI vendredi

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Olivier Giroud s’envole après l’ouverture du score vendredi, à Salvadorde Bahia. A gauche, Blaise Matuidi,qui mettrale deuxième but. PHOTOFABRIZIO BENSCH.REUTERS

5-2,laFrancefaitsauterlabanque Carton plein contre la Suisse de Bleus impressionnants, vendredi soir à Salvador de Bahia.

Par GRÉGORYSCHNEIDER A moinsque l’astucen’ait consisté pas d’élan seulement– et le rate, remboursement de la passe décisive et de Granit Xhaka (87e)–, la seEnvoyéspécialà SalvadordeBahia à faire l’inverse: obliger le défen- YohanCabaye canonnant la barre du premier but – jamais mauvais condemi-tempsaurapermis d’apn s’est pointé vendredi au stade Fonte Nova de Salvador de Bahia pour voir des Bleus traverser unesorted’étatde grâce, nettoyant en moins d’une mi-temps(5-2 au final) la sélection suisse sous une chaleur de bête, un bon 30°C à l’ombre. On peine à distinguer les uns des autres tant chacun, à son niveau, a survolé l’affaire. On est cependant tombé surun patron: le sélectionneurtricolore DidierDeschamps, qui avait deuxcoups fumants en magasin. Le premier: le milieu Paul Pogbaau frigo, au bénéfice de Moussa Sissoko, leTurinoispouvantainsiméditer sur cette indiscipline chronique qui aurait pu lui valoir une fâcheuseexpulsioncontrele Honduras (3-0, dimanche dernier). Le second, encore plus fort: Olivier «Tartiflette» Girouda surgi du placard où il comptait les jours pour remplacer AntoineGriezmann devant, contraignant dès lors la ve-

O

seur de la Nati à se coltiner Benzema,limitant d’autant ses envies d’ailleurs surle flancdroit –le Madrilèneest de cesjoueurs quel’on ne lâche jamais.Ou d’envoyerGiroudau tassurle pointfaible(supposé) desSuisses; la défensecentrale Johan Djourou (le grand) et Stevevon Bergen(le moins grand). LequelBergendisparaît après quelquesminutes, Olivier Giroud ayant laissé traînersa pointure 47 surson visage: le punchdu Gunner estdécidément viscéral. Il se mesure aussi en terme de but: un monstrueuxcoup de casque– sonfront est aussi large que ses pieds sont grands– permet à Giroud d’ouvrir lamarquesur uncorner deMathieu Valbuena (1-0, 17e).

BOUSSOLE. Les Suisses sont tout chose.Ils ne savent plus dansquel sens il faut attaquerou défendre, ni même si ça sert encore à quelque chose. Leur boussole, Valon Behrami, lance… Benzema dansl’espace, lequel sertBlaiseMatuidisur

transversale dans la foulée (34e). Les Suisses assurent leurs transmissions à deux à l’heure, comme des grands blessés réapprenant à marcher. Sur un corner adverse,il suffit d’une passe (deRaphaël Varane)et d’une course(d’Olivier Giroud, toujours lui) pour voir les Bleus mettrele troisième pionde la soirée, l’avant-centre d’Arsenal trouvant Valbuena seul faceau but (3-0, 40e) etassurantune sortede

REPÈRES Lestroisièmeset derniers matchsdu groupeE auront lieu mercredi25 juin à 22 heures. Equateur-France se jouera à Rioet Honduras-Suisse à Manaus, pour deux places en huitièmes.

pourl’ambiance, ce genre d’allerretour. Trois-zéro aux citrons et l’impression quel’équipe de France battraitles Suissesdix fois surdix.

PLAISIR. Dégagéede tout enjeu –but deBenzemasur unepasse dePogba (4-0, 67e et un sixième refusé car après lecoupde sifflet final), puisde Moussa Sissoko sur passe de Benzema(5-0,àla73 e) etréductiondu score de Blerim Dzemaili (5-1,81 e)

• SUR LIBÉ.FR Retrouvezle compte-rendu de Honduras-Equateur et un dossier spécial, avec notamment le portrait de Gyan, le Ghanéen maudit.

précierce qui, aufond,sautaitaux yeux depuisdes semaines: leplaisir que les Tricolores prennentà jouer ensemble.Il semble égaldans tous lesdomaines: récupération, la création,la compensation pourprendre la place d’un équipier en retard… Dansun telcontexte,les effortsdoiventêtrebien légers. Le côtétotalement imprévisible des initiatives françaises n’estpas neuf non plus, maiscôtétribunes,ça vade plus en plus vite et lemarquageadverseest de moins en moins serré. Jeudi, le coach suisseOttmarHitzfelda lâché un truc surlesBleus: «Ils avancent commeune machine.»Ons’estgratté latête: doublevainqueur delaLigue deschampions,septuplechampion d’Allemagne, Hitzfeld n’est pas n’importe quel général.Et laSuisse de Shaqiri ou Inler n’estpas n’importe quelle équipe non plus.Pour l’heure, il estclair queles Bleus ne sontpas bonsà prendre, maisalors pasdu tout. •

SUISSE-FRANCE 2-5 e

dette tricolore Karim Benzema à défendredès la pertedu ballon sur rien moins que le meilleur joueur suisse, le latéral droit Stephan Lichtsteiner.

portier 18e. Le

sa gauche, trompe le suisse côtéqui fermé: 2-0, match est mort. Bénéficiant d’un pénaltygénéreux, KarimBenzema le prendpar-dessusla jambe –trois


La langue du Mondial: un hybride entre l’espagnol, pratiqué par neuf équipes, et le portugais des Brésiliens. Cela consiste à parler espagnol lentement en glissant quelques mots en portugais.

Portuñol

PourladiFrance: Giroud (17 e),), Matui (18e), Valbuena(40 Benzema (67e), Sissoko(73e). Pourla Suisse: Dzemaili(81e), Xhaka(87e).

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Par QUENTINGIRARD Envoyéspécialà SãoPaulo

REPÈRES Ce samedi, l’Iran affronte l’Argentine avantun match sans

ne pluie fine s’abat sur São Paulo. Un chemin cabossé, en contrebasd’unportail périphériquebruyant.Un défoncé, un virage,et apparaît le centre d’entraînement desCorinthians,le club de Sócrates. C’estici quela république islamique d’Irans’entraîne. Après son nul0-0 contrele Nigeria lundi, la Team Melli, comme on la surnomme, s’est mise à rêverd’une possiblequalification, ce qu’elle n’ajamaisréussien trois participations. Dans cette compétition, toutle monde n’est paségal. Quand l’Allemagne emménage dansun complexe paradisiaque ouvert presquespécialement pour elle, les Iraniens REPORTAGE logent dans un hôtel du quartier sans charmede Guarulhos, à SãoPaulo,

contrelaL’Irana Bosniedoute décisif Herzégovi ne mercredi. rencontré une fois l’Argentine, en amical (1-1, en 1977). Elle a fait preuved’une grande rigueur à son premier match contre le Nigeria.

toutprèsde l’aéroport.Ce mercredi-là, pour la conférence de presse, ce ne sont pas l’entraîneur (portugais) Carlos Queiroz ou les joueurs qui se présentent,mais leprésidentde la fédération iranienne de football, Ali Kafashian, et le vice-ministre desSports, Hamid Saj jadi.Comme si arrivaient, à la place de Didier Deschampset HugoLloris,Noël Le Graët et le directeur de cabinet de Najat Vallaud-Belkacem. Pasde décor, pas d’uniformeou de sponsor officiel non plus.

«Messipourrait être le meilleurjoueurdu monde s’ilétait humain, mais il n’est pasencourse car il n’estpashumain.»

U

1

match gagné surtrois apparitions en Coupe dumonde: c’est LA statistique de l’Iran. Pas sûr que ça s’améliore face à l’Argentine.

CarlosQueiroz lecoachdel’Iran

LAVAGE. L’ambiance est détendue.Les journalistes et lesdeux officiels iraniens discutentà la bonnefranquette, s’interrompent, regardent leur smartphone,rient. On necomprendpas tout. La majoritéde ladiscussionest enfarsi et il n’y a pas de traduction. La Team Melli n’est pas vraiment habituée à l’attention desmédias étrangers. On a ledroit tout demêmeà quelquesquestions en anglais, à la fin, notamment surle manquede moyenssupposé de la sélection. Des camps d’entraînement ont été annulés, peu de matchs amicaux organisés.Les joueurs n’auraient pasle droitd’échangerleurs maillotsà la fin des rencontres, faute de stock suffisant.Ils rétréciraientpar ailleurs au lavage. «Est-ce vrai?» «Non, évidemment, répondAli Kafashian, l’œil rieur. C’était une blague. Nous avons autantde maillots disponibles,de fanions, de drapeaux, de tout ce que vous vous voulez, pourtoutes les équipes du monde que nous affronterons.» Et pourtant…Le coach, CarlosQueiroz, 61 ans, passé par Manchester United, le Real Madrid et lePortugal, n’est pas vraiment un perdreaude l’année.Il s’est plaint à plusieurs reprises cesdernières Lesjoueurs iraniensà l’entraînement. Au centre, le président de la fédérationnationale. B.MEHRI.AFP semaines du manque de moyens et d’aides apportéspar le gouvernement. Jeudi, il a annoncé qu’à la fin de la Coupe dumonde, il nerempilera pas.«Il n’ya pas eude soutiende lapartdu gouvernement. Cela a cessé dedevenirintéressantà causede la situation financière», a-t-il expliqué. Dommagepourun groupequi,sous sa houlette depuis2011, esten constante progression.Leaderen Asieau classement Fifa, l’Iran encaisse très peu de

Fauchée mais disciplinée et symbole d’unité cher au régime, l’équipe affronte l’Argentine ce samedi.

buts. Elle joue, il est vrai, rarement contredes attaquantsde la trempe de Léo Messi,qu’elledoit affronter samedi. Dans unpaysfoude foot,le manque de soutiendes autorités pourraitsurpren-

LaTeamMelli sertl’Iran


dre, mais la crise économique et les sanctions financières internationales prises contrela politiquenucléairede l’Iran sonttrop pesantes. Pourtant, la TeamMelli estun moyen de donnerune autre image de ce pays qui, en l’absencede la Coréedu Nordcette année, a l’étiquette de grand méchant collée dans le dos.

UNITÉ. Neuf de sesjoueursévoluentun peupartout dansle monde, certains ne sont même pasnés enIran. Le défenseurSteven Beitashour,par exemple, a vu le jour à San José, en Californie. Il joue pour les VancouverWhitecaps en Major LeagueSocceret n’ajamaisparlé farsi à la maison. Il a même manqué de peud’évoluer sousles couleurs des Etats-Unis, l’ennemi impérialiste. Ali Kafashian tempère: «Ils parlent tous lalangue, ily ena unquine parle qu’un peu, mais ça va tout de même.» A la question de savoir si cegroupe peut être un symboled’unité entreles Iraniens et la diaspora, il répond par l’affirmative. «Nous,on n’apas deMessi, deRonaldo, des joueurs capables de faire la différence. Tout ce qu’on a, c’est l’unité. Ce n’est qu’en étant uni qu’on peut y arriver», avance-t-il. «En 2006,la sélection de Fereydoon Zandi [né en Allemagne, ndlr] avait créé la polémique», analyse Kamram Ahmadpour, journaliste au quotidien sportif iranien 90 SportNewspaper . «Les gens disaient qu’ils ne pouvaient pasaimerle maillot. Et même dans l’équipe,il y avait desclans. Ce n’est plus lecas aujourd’hui. La formation estplus ouverte, parce que le pays aussi est plus ouvert.» La Team Melli, symbole d’une nation qui s’ouvre à nouveau petit à petit? Peut-être. Maispourse qualifieret affronter peut-être la France, ellecomptera surtout sur le verrou de sa • défense.

ARGENTINE-IRAN Groupe F,

à BeloHorizonte,samedi à 18heures(BeIn).

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LeCostaRicacoincel’Italie etéjectel’Angleterre GROUPE D Après la défaite des Three Lions face à l’Uruguay, l’équipe

d’Amérique centrale se paye l’Italie et un ticket pour les huitièmes. ais qu’est-ce qui a pris au Costa Rica? Après avoir tapé l’Uruguayde bellemanièreau premier match samedi(3-1), les Centre-Américains ont mis vendredi l’Italie à l’amende(1-0),ce qui, dans la foulée, renvoieles Anglais à lamaison.Dans cegroupe D comme death, les «Ticos» passaient,avant le Mondial, pourles petitsderniers.Voilà qu’ils bousculent les grands dece monde.Les Italiens devront aller chercherune qualification difficile contre l’Uruguay. Apathiques. L’Italien Daniele De Rossi avaitpourtant prévenu: «Les Ticosont montré leur valeur à ceux quine les connaissaient pas […]. Désormais, lamoitié del’équipe joue enGrèce,aux Pays-Basou en Suède, c’est fini les petites équipes qui ne pensent qu’à défendre.» Et surtout, ajoutait DeRossi,le match,à Re-

M

cife(13 heures,heure locale), «se[jouait]à uneheure encore plusdifficileque l’Angleterre, et peut-être qu’eux sont plus habitués. Bon, un Italien souf fre sans doute plus à 40°C qu’unCostaricien,mais il fera chaud pour euxaussi». Avec ça, ona surtout vudes Italiens apathiques, sauf

(44e), quin’allait plus chan- fermer un peule jeu, a regretté ger. le milieu anglaisSteven GerCoupde grâce. Avecce ré- rard, pas au top lui-même. sultat, l’Angleterreest rayée Peut-être qu’accepter de reduMondialà causede sadé- partir avec un point auraitété faite (2-1) face à l’Uruguay la bonne option.» Mais il est jeudi, la deuxième en deux trop tard pour les regrets: matchs, après celle contre «Sur les deux matchs, on a l’Italie. Alors qu’elle avait montré des éléments de bon bataillé durpourrecollerau football . Onest une équipequi un butde fait desprogrès,mais lesdeux «Les Ticos ontmontré leur scoreavec WayneRooney, l’at- résultats sont négatifs», dit valeuràceuxquineles taquant uruguayen le sélectionneur, confirmé de Liverpool, Luis vendredi à son poste jusconnaissaientpas […].» Suárez, lui avait as- qu’en 2016. «On n’apprend DanieleDe Rossi milieu italien séné le coup de jamaisrien. Il ne suffit pas de quand ce grognard de Gior- grâce à cinq minutes de la mettre les onze meilleurs», a gioChiellini a poussé dans le fin, réalisant un doublé qui critiqué Chris Waddle. Pour dos l’attaquant JoelCamp- l’a faitpleurer. Le sélection- l’ex-Marseillais, «le probell, 21 ans(ex deLorient), neuranglais,Roy Hodgson, blème, c’est la Premier Leaen pleine surface. Penalty dépité, a expliqué: «[Suárez] gue. C’est un produit qui se évident pour tout le monde, a été élujoueurde l’année par vend bien à traversle monde, sauf pour l’arbitre. Grosse presque toutle mondeen An- c’estagréable,mais ça ne rend injustice.Mais trois minutes gleterre . Il revenaitde blessure, pasnos joueursmeilleurs […]. plus tard, le Costaricien ila eudeux occasionset illesa Vous savez ce qui rend ce Bryan Ruiz (qui joue au PSV mises, c’est le propre des championnat excitant? Les Eindhoven) reprenait de grands joueurs.» joueurs étrangers. Nosjoueurs la tête un centre au second «Après l’égalisation, il fallait sont largementsurcotés.» poteau pourouvrir le score être un petitplus intelligent et D.D.M.et M.H.

SALVE DE BAHIA Photo LAURENTMONLAÜ (agenceVendredi)avecMarc-AntoineSimoni

Sur laplage de laBarra, aupieddu Farol, celui que tout le de Santa,il surveilleles environs depuisle terrain de foot mondeappelle «Papa Noël» est une figure incontournable. quand il n’estpas occupéà refourguer ses boissons. «Mondialement connu» selon lui-même grâce à sonbonnet Toutesles photos sontà retrouversur le siteCopa-do-mundo.fr.


LES MATCHS DU WEEK-END ARGENTINE-IRAN Groupe F,à Belo Horizonte, samedi à 18 heures (BeIn Sports). ALLEMAGNE-GHANA Groupe G, à Fortaleza, samedi à 21 heures (TF1, BeIn Sports).Groupe F, à Cuiaba, NIGERIA-BOSNIE-HERZÉGOVINE samedi à minuit (BeIn Sports). BELGIQUE-RUSSIE Groupe H, à Rio, dimanche à 18 heures (BeIn Sports). CORÉE DU SUD-ALGÉRIE Groupe H, à Porto Alegre, dimanche à 21 heures (BeIn Sports). ÉTATS-UNIS-PORTUGAL Groupe G, à Manaus, dimanche à minuit (BeIn Sports).

ON THE RODÃO Par DANIELCOHN-BENDIT

A la recherche du Guaraniperdu ême s’il y avait 80000 spectateurs dans le stade et un millier de journalistes et de photographes, personne n’a vu la scènequi s’estdéroulée à la cérémonie d’ouverture.Troisgamins, un Blanc, une S R E Black et un indi- T U gène, représen- E R tant lestrois communautés du Brésil,ont lâché une colombe. Alors qu’il quittaitla pelouse,l’indien a sorti unebanderoleportant le mot«demarcação»,«démarcation» (lire Libération de mercredi ), qui symbolise le combat desGuaranis pourla sauvegarde et la délimitation de leurs territoires, rognés par la «civilisation».

M

regardé la télé –malgréune réception improbable– qui diffusait des matchs. Les Guaranis nousdisaient: «On n’est pas contre le Mondial, mais on veut faire entendre nos revendications.» On a dormi dehors dans des hamacs et, le lendemain, on a rencontréJeguaka, le gamin. Il a 13 ans, ne parle que le guarani, il est très timidemais très décidé.

J’ai voulu retrouver ce gamin. On a téléphonéà droite à gauche pour savoir d’où il venait. On a appris qu’à quatre heures de route de São Paulo, mégalopole de 20 millions d’habitants,vivaient des indiensguaranis. Ony est allé.On s’estperdu, onétait loinde tout, letéléphonene passait pas. On est tombé sur deux tribus de 1000 et 700personnes installées dans une forêt très dense, au bord d’un lac, autour d’un barrage. On se serait cru en Amazonie. C’était troisjoursaprès lacérémonieet à part nous,une journaliste du quotidienbrésilien O Globo et une radio allemande, personnen’avait eu l’idée de partir à la recherche du gamin. Le sort des indigènes intéressetrès peude gens. Onest arrivéle soir. Onest tombé sur des gens d’une

Dansson souci de présenter l’imaged’un pays où tout le monde s’aime, les organisateurs avait demandé à l’organisme d’Etat qui s’occupe despopulationsindigènes de trouverun enfantpourla cérémonie.La tribu de Jeguaka a été choisie. Le conseil du village(cinqhommes et cinq femmes) voulait refuser. Puis quelqu’un a suggéré d’en profiter pour mener une action symbolique. Jeguaka a étéchoisi pour son caractère déterminé. Il n’était jamais allé à São Paulo. Son père n’a été mis au courant que lors du voyage.Deux autres gamins étaient sur la pelouse,mais ils n’ont pas osé sortir leur banderole.Une vingtaine de membres de la tribu était dans le stade, à se demander: le fera-t-il? Quand il a sorti sabanderole, ils étaient au septième ciel. La tribu avait informé un photographe de Reuters, maisil n’apasdiffuséle cliché. Heureusement que le père de Jeguaka avait prévenu un de ses amis qui a posté la photo surFacebook, sinon personnen’aurait jamaisrien su.D’autant quela

hospitalité et d’une On gen-a tillesse incroyables. participé à une soirée de danses et de prières. On a partagédes macaronis. On a

télé a censuré les images.séA sasortie dela pelouse,la curitélui a pris sa banderole etl’a engueulé,maisrien de plus. •

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28 • SPORTS L’HISTOIRE

LES RUGBYMEN INDIENS INVENTENT LE RUGBY À 14 L’équipe d’Inde de rugby a disputé jeudi un match au Pakistanavec 14 joueurs seulement, dont deux de l’encadrement, faute d’avoir pu emmenerses internationaux militaires. 14 soldats avaient été sélectionnés pour disputer ce tournoi à Lahore, mais ils n’ont pas reçu l’autorisation de s’y rendre. Le vice-président de la fédération, AgaHussain, a précisé ne pas savoir si ce refus s’expliquait par les relations difficiles avec le Pakistan: «Il était trop tard pour obtenir un visa pour de nou-


F1:DanielRicciardo, l’accélérationquivient

RED BULL-RENAULT A la veille du GP d’Autriche,l’Australien,devant son

coéquipier SebastianVettel au classement, surprend jusqu’à son écurie.

veaux joueurs, donc l’équipe a dû jouer avec les 12 joueurs restants et deux membres de l’encadrement», d’anciens

joueurs récemment retraités. L’Inde a perdu contre l’Ouzbékistan (23-17). L’équipe espèrenéanmoins disputer au complet son deuxième match samedi face au Pakistan, un joueur resté à Delhi essayant de la rejoindre.

56

C’est la pointure de WillSkelton,nouveaudeuxièmeligne de l’équipe de rugby d’Australie quijoue son premier match international ce samedi matincontre la France à Sydney (7 heures, heure française). Néen Nouvelle-Zélande, Skelton mesure 2,03m et pèse 135kg. Avec leur pointure 50, Sébastien Chabal ou Gaël Monfils peuvent se relacer. Un pied taille 56 mesure 36,3 cm.

«Jevoulais m’aligner au départ dimanche [prochain] de la3e étape pourêtre certain d’êtreprêt.Avant d’arriver à Plymouth,j’ai eu l’impression quel’équipe avaitdécidé quej’allais repartir,et ilsontbien fait.» Yann Eliès («GroupeQuéguiner») vainqueurmercredi dela2e étapedelaSolitaire duFigaro,aprèsavoir démâté àla1re. Avec9 victoiresd’étape,Elièsn’estplusqu’àune longueurdu recorddétenu parJeanLe Cam.

Daniel Ricciardo, vendredi, à Spielberg.L’Australien a remporté son premierGP il y a deuxsemaines. BERNADETT SZABO. REUTERS

aniel Ricciardo, c’est d’abord un sourire. Eclatant, sincère –chose rareen F1– etquasi permanent. L’Australien de 24ans, qui a remporté ily a deux semaines au Canada LES GENS sonpremierGrand Prix, n’a pourtant rien du LouRavide la crèche.La filièreRed Bull, quidepuisdes années ratisse dans toutes les formules de promotion pour dénicher la perle rare du pilotage (1), pourrait bienavoir trouvéun joyau aussi éclatant quel’Allemand Sebastian Vettel. Ricciardoa justementrejoint le quadruple champion du monde cette année chez Red Bull-Renault. La plus belle des promotions pour celui qui, aprèsavoir fait ses LANCE ARMSTRONG VA CONTINUER classes ausein de la défunte écurieHRTen 2011, a passé SON TOUR DES TRIBUNAUX deux saisons au révélateur Unrecours de Lance Armstrongayant étérejeté jeudi de talent chez Toro Rosso parun juge fédéral américain, la procédurequi le vise va (traduction italienne de se poursuivre, avec desdemandesde dommages et RedBull). intérêtsavoisinantles 73 millionsd’euros. Des procédures Lorsqu’en juin 2013, son sont en cours contrele Texan quia admisdébut2013 s’être compatriote et vétéran du dopé, pour qu’il rende l’argent publicdont il a bénéficié. paddockMarkWebbera anLeministère de la Justice espèreainsi récupérerune noncé qu’il allait quitter partiedes 30 millionsd’euros qu’il a reçus de la poste amé- la F1, l’écurie autrichienne ricaine entre 1998 et 2004. La procédurepour fraude a avait déjàen tête l’identité de étéinitiéeen 2010 parson ancien coéquipier Floyd Landis, son remplaçant. Pourtant,

d’a-lerte, lui mêmejusqu’ dopé,à 25% quipeut dessommes espérer, pour récupérées sonrôleparl’Etat.En de lanceur 2012,selonle New York Times, la fortune du septuple vainqueur du Tour de France –déchu de sesvictoires en 2012– était évaluéeà 92 millionsd’euros. PHOTO THAO NGUYEN.AP

D

les candidatspour piloter ce qui était alors la meilleure monoplace du plateau se bousculaient aux portes du Red Bull Hangar-7, à Salz-


bourg, le quartiergénéral de la marque autrichienne. Les décideurs de l’écuriechampionne du monde avaient bien sûrausculté lesrelevés télémétriques de Ricciardo et étaient persuadésde sonpotentiel. Pource quiest dela vitesse, les observateurs en étaient également convaincus, mais il esttoujours plus difficilede savoir siun jeune pilotea lesépaulespoursupporter lesresponsabilitésque supposede courir pourune équipe qui joue la gagne à chaque course. Calabraises. Natif de Perth (Australie-Occidentale),Daniel Ricciardo, dont le nom rappelle les origines calabraises deson père,étaitattendu au tournant en arrivant en mars à Melbourne pour ses débuts au volant d’uneRed Bull-Renault, avec Vettel pour référence. Les spectateursaustraliens n’ont pas été déçus, Ricciardo se

hissant jusqu’au podium l’Allemand,dont la pointe de – avant d’en être descendu vitessen’est plusà démonparles commissairespour la trer et qui, pour l’instant, non-conformitéde sa mono- souffre de ne plus piloter place.Il a surtoutdémontré une monoplaceau volant de à cette occasion qu’il était laquelle il esttotalement en capablede faire jeuégal, si- confiance. non mieux, que son illustre Etat d’esprit. Une fois ce équipier multititré. problèmeréglé, il sera temps A l’époque, il y avaitencore de déterminer le réel potendes sceptiques pour ne pas tiel de Daniel Ricciardo. En y croire. Le temps a passé. attendant,sesemployeursen Dimanche, se disputera en disent le plus grand bien. Autriche – sur les terres de Dont Helmut Marko, resRed Bull, qui a retapé le ponsable du programme circuit et financé le Grand de détection desjeunespiloPrix– lahuitièmemanchedu tes pour Red Bull, qui n’est championnat. Ricciardoto- pasdu genreà distribuerles talisetrois podiumsvalidés, louanges: «Nous avons tous dont unaccès à laplushaute été surpris par Daniel. A marche,il y a quinze jours, à commencer par Seb [Vettel], Montréal. Ricciardo pointe je crois.» même à latroisième placedu L’ingénieurmaison, Adrian classement despilotes,où il Newey, comme le directeur devance Vettel. sportif, Christian Horner, L’Australien n’est pourtant louent l’implication technipas du genre à s’enflammer. que deleurpilote etson exIlsaitquele plusdursera de cellent état d’esprit. «Cergarder son petitavantagesur tainsont doutéde notrechoix quand nousavonsannoncésa LE GP D’AUTRICHE titularisation. Je pense que Daniela parfaitementdémonCIRCUIT DE SPIELBERG tréqu’il méritaitce volant»,se Dimanche, 14 heures félicite Christian Horner. LONGUEUR DU TOUR

 km NOMBRE DE TOURS

 COURSE

 km

Envoyé spécial à Spielberg (Autriche)

LIONELFROISSART

(1)Depuisle début desannées 2000,37 pilotes ont bénéficié dusoutiende Red Bull. 14ont accédéà la Formule 1.

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«Il est hors de question de laisser O T T E S S A R F O N A F E T S

la l’emprise dupolygamie libéralismesous sauvage.» MARCELA IACUB A contresens, p.35

S EJonathan Crary «Le sommeil échappe É Dencore au contrôle I et aux forces

Entretien avec l’historien américain, p.32 de la finance»

Sommaire Images Pages 30-31 Entretien Pages 32-33 Chroniques Pages 34-37

SANDRA LAUGIER LES DRONES, LA BARBARIE ETLASAISON9

PHILIPPE DJIAN TROUVE «L’ÉQUIPE» QUELQUEFOIS TRÈS POSTMODERNE

DE«24 HEURES» Philosophiques, p.37

Ecritures, p.35


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30 • IDÉES IMAGES




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IMAGES IDÉES • 31

OMBRES INFERNALES SUR LE HAMAS Elle a baptisé l’opération «Gardiens de nos frères». Cette semaine, l’armée israélienne a multiplié les interventions armées sur la Cisjordanie et Gaza après l’enlèvement de trois jeunes Israéliens, le 12 juin, près du Goush Etzion, un bloc de colonies dans laPlus zone d’Hebron. de 240 Palestiniens ont été arrêtés par Tsahal, des militants et dirigeants du Hamas pour la plupart. Parmi eux, 51 ex-prisonniers libérés en échange du soldat Gilad Shalit, en 2011. Le gouvernement a autorisé les services de sécurité à traiter les membres du Hamas comme des «bombes humaines», ce qui leur

permet de recourir

àdes «moyens sup plémentaires» lors

des interrogatoires. Le Hamas a officiellement renoncéau pouvoir dans la Bande de Gaza, après la formation, le 2 juin, d’un gouvernement d’union en vertud’un accord de réconciliation avec le Fatah de Mahmoud Abbas. Il n’est pas exclu que le gouvernement Netanyahou, déterminéà faire échouerle rapprochement palestinien, tire parti de l’opération pour démanteler les réseaux et infrastructures du Hamas. A.S.

Des membres du Hamas derrière une toile tendue pour circonscrire le frappe delieud’une Tsahal, à Gaza, le19 juin. PHOTOMOHAMMED ABED. AFP


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32 • IDÉES GRAND FORMAT


«Le capitalisme crée un état d’insomnie généralisé» Confronté à la frénésie

circulation etde flux, quece soientles cheminsde ferou lesfils du télégraphe, ontété construits pour faciliterce que Marx appelait«la continuité constante» de l’expansion économiqueet de l’accumulation. AuXXIe siècle, ce principe de circulation et d’activité incessante est presque omniprésent.Notremondes’apparente à un universdont toutesles ampoules auraient étéallumées sansplus aucun interrupteur pour les éteindre.Depuis unequinzaine d’années,un paradigme a vu le jour: une demande forte pour queles êtres humainsréorganisentleur vie pour se conformer à cette continuité. Evidemment,cettephasecorrespond aunéolibéralisme età la findu ca-

Ed.Zones,

adulte américain dort six heures et demie parnuit,contre huit pour la générationprécédente etdix heuresau débutduXXe siècle. De quoi cetteérosion du sommeilest-elle le symptôme? Selon JonathanCrary,professeurd’histoirede l’art et d’esthétique à l’université de Columbia, à New York, ce grignotage du temps caractérise le capitalisme contemporain,dont le motd’ordre24/7 (vingt-quatre heuressur vingt-quatre, sept jours sursept)régitle quotidien de chacun. Travailler, jouer, consommer, bloguer, chater,tout estdésormaispossible à n’importe quelle heure du jour etde lanuit.Dansun essai,24/7,le ca-

lité, où le sommeil apparaît comme le derniermoyende résister. Comment définir le système«24/7»? J’utilise cette formule pour sa force évocatrice plutôt que pour son exactitude théorique. Le 24/7 seréfère à une constellation de processustypiquesde notremonde contemporain,caractérisé parune productionincessante: l’accumulation, le shopping, le temps passé à la communication, auxjeux vidéo… Quece soit autravail ouen vacances, il s’agit de l’impossibilité detrouverdes moments vides d’activités, de se déconnecter.C’est un tempshomogène, oùil n’ya aucun tempsmort,aucunsilence,aucun instant derepos oude retrait. C’est également unecondition où l’on est exposé constamment, un mondesans ombre, où rien ne peut être caché ou resterprivé. Dansce tempssans temps,chaquemoment, chaquerelation sociale estmonétisé pour faire en sorte que tout dans nos viessoit convertible avec lesvaleurs du marché. Et le sommeil, dernier rempart à la pleine réalisation du capitalisme24/7estfragmenté,saccagé,pour créerun état d’insomnie généralisé. A la limite, il ne nous reste plus qu’à acheter du sommeil. Où ce nouveau capitalisme trouve-t-il ses origines? Vers la findu XVIIIe siècle, à l’époque des premières usines textilesconstruites pour fonctionner pendant vingtquatre heures. C’était une nouveauté extraordinaireet un défi précoce dans les grandes temporalités de l’univers agraire,façonnéespar les cycles natu-

140pp.,15€.

pitalisme à l’assautdu sommeil , il décrit la frénésie de cette nouvelletempora-

relse et le rythme des modernesde saisons. Au XIX siècle,les systèmes

lespostmodernistes chaque aspect de lanousont vie est répétéque construit

des et des marchés réseaux, l’homme vit sans temps morts. L’universitaire Jonathan Crary lance des pistes pour échapper à la logique dévastatrice du 24/7. Recueillipar ANASTASIAVÉCRIN Dessin YANNLEGENDRE

24/7, LE CAPITALISME À L’ASSAUT DU SOMMEIL de JONATHAN CRARY

L’


historiquement et qu’il n’y a pas de fonctionessentiellequi ne soit à l’abri du changement ou de l’intervention technique. Nous serions en quelque sorte en trainde devenirdes post-hybrides. Je pense au contraire que le sommeilest l’exemplecruciald’un élément essentielà lavie humaine quel’on ne pourrajamais réinventer ou modifier.Savoir qu’un laps de tempshumain peut échapper au contrôle et auxforces de la finance est une source d’optimisme. Ce temps de sommeil peutêtre rogné,mais jamais maîtrisé ou rationalisé. Quels sont lesdangers du 24/7? Ils sontmultipleset potentiellement catastrophiques. Notremonde néolibéral se caractérise entre «Unesorte de biodérégulation se dessine, autrespar sonmande respect pour dans laquellele temps consacréau repos, que toute notion de préservation et de conàcherpour lasantéetpouvoir aubien-êtredevienttrop se faire une place au servation. Prenons l’exemple de la forêt sein de l’économiemondiale.» tropicale du parc napitalisme réglementé. Une sorte de tional Yasuni en Equateur,terre d’une biodérégulation se dessine, dans la- populationindigène, dontles sousquellele temps consacré au repos,à la sols sont riches en pétrole brut. santéet au bien-être devient tropcher Quand le gouvernement a propour pouvoir sefaireune place ausein posé qu’iln’yaitpasde foragesi de l’économie mondiale. un fonds globald’au moins 3 milliards Querévèlecettetemporalité où lesom- de dollars(2,2 milliards d’euros) n’était meil estpris d’assaut? levé pourcompenser lessacrifices liés Monbutdans celivren’estpasde dire aux revenus du pétrole,les institutions que lefaitde «dormir»est endanger, lesplusrichesde laplanèten’onttrouvé mais plutôtde montrerque dormirré- quequelques millions de dollars.La levèle une incompatibilité entre la vie de çonestla suivante: s’il existe desresl’hommeet lalogique 24/7 desmarchés sources à exploiter ou à extraire, quelle et desréseaux. Durantdes décennies, quesoitleurnatureet peuimportel’endroit, elles le seront.Partout surla planète,ce système effréné opère: frénésie

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GRAND FORMAT IDÉES • 33


de pillage et d’accumulation,que ce soit la fracturationhydraulique, les mines de charbon, le forageoffshore, l’agriculture industrielle, la pollution des océanset des rivières. Cette logique de s ai s ie d es ressour-

ces exigeune activitésansinterruption. Et, évidemment, elle accélère également le réchauffementglobalde la planète. Nous avons tendance à penser quenoussommes entrésdans unenou-

velleère de mondesvirtuels et dématérialisés avec les technologies numériques,la robotiqueet la bio-ingénierie, maisla force motricedu capitalisme du XXIe siècle réside dans le pillage de la Terre et de ses matières premières. Enfin, ces temporalitéssont dévastatricespour la vie sociale.Elles posent l’illusion d’untempssans attente, d’une instantanéitéà la demanded’obtenir et de posséder, indépendamment de la présencephysiqued’autrui et de toute responsabilité. La patience individuelleet la sollicitudequi sontessentielles à toute formede démocratie directe– savoir écouter les

cking, cesastuceset outilspour optimiserle quotidien n’ont rien à voir avec le faitde créer du lien,mais relèvent plutôt de stratégies individuelles pour améliorer sa survie sociale et sa propre réussite. De mêmepour la pleine conscience, cette méditation visant à réduire le stress, très en vogue chez les cadres de la SiliconValley: c’est là encore un moyen de se concentrersur son ascension dansla hiérarchiede l’entreprise. Le 24/7 signeraitla finde l’échellehumaine, de tout rapport social. Pourrait-il,au contraire,favoriserl’humain en le rendant plus accessible? Certes, lesmédias et lessociétés hightech nousdisent qu’êtresans cessecon-

autreset attendreson tour nectéest unebonnechose. Une idée repour parler – sont com- çue, sansdoute dueà la déformation de plètementsapées par ce la langue. Les«connexions» digitales système. L’attente, le ontmoins à voir avec lesrelations hufait deprendre desdé- maines qu’avecun usagecompulsifde tourssont problémati- plateformes etde services de commuques, carle capitalisme nicationoù lesrapportshumainssont est incompatible avec réduits à des opérations répétitives et un comportementso- homogènes commandées par l’incitacial qui implique le tion à l’autopromotionet l’automarkepartage, la réciprocité ting. Le fait d’être connecté devient ou la coopération. alorsfantomatique,où «manager» un Est-il possiblede résis- amin’estpas trèséloigné de la gestion ter ? d’un compte bancaire. On peut répondre dif- La dénaturation du mot«partager»est féremmentselonle lieu pire encore. Lepartagese réduit à affioù l’on se situe. Cette cherdes identitésdigitales souriantes, forme de capitalisme est quenous créonspour nous-mêmes,vias bienplus désastreuse pour des formules préfabriquées et de conteles habitants du sud de la nusmonétiséset quidésactiventla consplanète. En Europe et en cience de soi,nécessaire à un véritable Amériquedu Nord, on voit des partage et à une attention réelle aux résistancess’exprimer autour autres. Nous sommes aussi incités à de stratégies de refus ou «sharer» au profit de toutes les opérad’exode. Mais toute résistance tions 24/7, comme le data mining, qui efficace implique d’inventer de analyse les informations des bases de nouveaux modes de vie. Et avant donnéeset noshabitudes deconsommaqu’ils émergent,il fautrepenserra- teur et quisurveille ainsi bien plus nos dicalement nos besoinset redécou- viesque la NSA ou lesrenseignements. vrirnos propres désirs. Commentreconquérirnotrequotidien? Cela implique d’arrêter d’acheter ce Il n’ya pasde réponsetoute faite. Ceque l’on nous fait passer pour desbe- pendant,je suistotalement en désacsoins et de désavouer radicalement le cord avec ceux qui prétendent que le rôle du consommateur. Celaveutdire noyau du quotidien a été en quelque refuser le caractère destructeur de la sorte déplacévers Internetet lesmédias culturemillionnaire, la toxicité de tou- sociaux. Ce quicaractérise la viede tous tes lesimageset desfantasmesde lari- lesjours,pour Maurice Blanchot,Henri chesse matérielle. Pour ceux d’entre Lefebvreet d’autres, c’estque ces rounous quiont desenfants,celasuppose tines, cesennuis et ceshabitudes sedéd’abandonner toutesles espérancesim- roulent sans préavis. possibleset désespéréesqu’on projette Au cœur de la vie quotidienne, il y a pour leur carrière professionnelle. Et, quelque chose de fugitif et d’insaisissaà l’inverse, de leur proposer la vision ble, que les médias sociaux éliminent d’unavenir habitable et partagé.Tout complètement.Commentle quotidien celane seraittoutefoisque le commen- peut-ilavoir un lien avec tous cesmocement, les préliminaires, à un pro- mentsoù chaque geste, chaque clicest gramme politique plusimportant. enregistré, archivé et analysé dans le Des initiativespour ralentiret promou- butd’anticipernos choix et nos désirs? voir desactions durables sont à l’œuvre C’est pourquoij’ai choisi comme épienEurope.Qu’en est-il auxEtats-Unis? graphede cetessai quelquesmots d’un Indépendamment des intentions, ces poème d’Auden, où il dit que si nous initiatives ne sontque des palliatifs ou abandonnonsle partage et la réciprocité desstratégies managériales pourque les d’un monde vécu encommun, «nous gens acceptent mieux le caractère op- faisons du jourun épouvantail», un jour pressant et précaire de leur vie. Sans incomplet et faux et «de notre monde transformation plus largedu système, commun un fouillis sansfin». • elles sont inefficaces ou vouées à l’éhachec. Prenons par exemple le life


Traduction Valérie Munson

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e 33 fête

SAMEDI 21 ET DIMANCHE 22 JUIN2014

Un seul jour par an Cesamedisoir, lesbars du quartierparisien de Ménilmontant baisseront le rideau surla joyeuse bamboula qui s’y déroule chaque samedi soir. Lemoment n’apas été choisi au hasard: cesamedi21 juin, c’est la Fête de la musique, une soiréeoù chacunpeut, depuis1983, descendre dansla rue avec saflûte à bec ouses platines et donnerà entendre ses passions sonores. Lesbars parisiens, commetant d’autres à Strasbourgou à Lyon, aimeraient profiter d’unbout de cette libertélà toute l’année, euxqui attirent aussi leurs habitués par leurs choix musicaux. Maisles centres-villesse muséifient, on voudrait y vivre «là oùça se passe» tout en ayantle silence total passé 20h 30. La convivialité en a pris un sérieuxcoup. CetteFête dela musique 2014seradonc aussi l’occasion de rappelerque la soirée pensée parMaurice Fleuret, directeurde la musique au seindu tout frais ministèrede la Culture de Jack Lang après la victoire des socialistes en1981, nedoit pas servir de prétexte pour empêcher unpeu defolie les 364 autres jours de l’année.

SOPHIAN FANEN

de la

musique http://slide pdf.c om/re a de r/full/libe ra tion2014062121-06-2014

S E G R O F S E D N I O D U A

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II • FÊTE DE LA MUSIQUE


NOTRE SÉLECTION EN ÎLE󰀭DE󰀭FRANCE

Palais-Royal

Chorale Envie de c Tarace Boulba,et Ne la Fine Equipe Oxmo Puccino

L’Olympia

New

Pyramide du Louvre L’Orchestre de Paris 18

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19

Esplanade des Invalides Nuit boréale au son

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10

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de plusieurs artistes

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8 G U R K L I E N

PARIS IXe

direct»défilerontentreautresIsaac Delusion, Christine and the Queens, Agnes Obel, JeanneCherhal (qui revisiterasix de sestitres accompagnée des musiciens de l’Orchestre national de France),Breton, PhilippeKaterine et, en vedette américaine de circonstance, LanaDel Rey (photo)avecen guisede passeport un nouvel album, Ultraviolence . Le hasard faisant décidément bienles choses, rappelons aussique la station vientde labelliserun double album, l’Espritd’Inter,compilationd’artistes triés surle voletoù l’onretrouve Isaac Delusion, Christine and the Queens, Agnes Obel… GILLES RENAULT

FRANCE INTER FÊTE LA MUSIQUE À L’OLYMPIA 28,bd desCapucines, 75009. A partirde 16heures.

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Bal

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Saint-Eustache

Le Palais-Royal fait

balaie l’Eglise

un boulevard à la rue

La Fête prend depuis quelquesannées un peu d’avance à Saint-Eustache, la vaste églisequi veillesur le jardin des Halles. De vendredi après-midi à samedi soir, des artistes solo, groupes, orchestres et chœurs se relaient pour réinterpéter une œuvre liturgique de leur choix (requiem, gospel...). Après Bachar Mar-Khalifé vendredi, le samedi sera confié au récital de Caroline Duris, alias Metatechno, qui mêle piano et machines. Elle sera suivie notamment des Chanteurs de Saint-Eustache et d’un concertdu grand orgue. S.Fa.

Passage obligé de toutes les Fêtes de la musique, les jardins du Palais-Royal s’ouvrent pour cette 33e édition aux «musiques urbaines» –il n’est pas interdit d’y voir un symbole… Le plateau annoncén’est cependant pas le plusvindicatif qui soit (inutile de chercher trace de La Rumeur ou de La Gale) avec les 90 chanteurs du chœur Envie de chanter, puis la fanfare Tarace Boulba, le rappeurNemir, le collectif La Fine Equipe et le vétéran Oxmo Puccino. G.R.

EglisHEURES e Saint-Eustache, 75001 Paris. Entrée libre. 36 DE SAINT-EUSTACHE Rens.: www.36h-saint-eustache.com

Jardins du Palais-Royal, 75001. LESMUSIQUESURBAINES

Canada

15

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14

Concert

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13

Classique

Jardin du Luxembourg Electro Enfant

Bal de la Belle Epoque avec l'association Carnet de bals

Eglise Saint-Eustache

Gospel Jazz Rock

Cinéma les 3 Luxembourg Le guitariste

Rhys Chatham World

PARISIVe

Cene sontpasles créa- Sinon, on céderait volontiers aux tions qui courent les rues attaques heavy rock et auxdynamien ce jour de raoutmusi- ques belliqueuses d’Irène, quatuor cal, une exception toutefois avec ce jazz issu du turbulent collectif Coax, Râga klezmer imaginé par le pianiste pourun vent de fraîcheur insurecDenis Cuniot, avec la volonté tionnelle. Et en ces temps de grod’entrer dans un temps long, gne, rien de mieuxqu’un panel de référence auxfêtes juives, mais aussi chants de lutte (toutes nationalités à l’incantation spirituelle et à la confondues) avec la Tomaterebelle, transe. Avec Michèle Tauber au chorale qui s’engage. D.Q. chant, la virevoltanteclarinette de Yom qui multiplieles passerelles RÂGA KLEZMER auMémorialde la avec le rock et l’electro, et les riffs Shoah, 17, rue Geoffroy-l’Asnier, 75004, de guitare électrique de David à partirde 18 heures. Konopnicki, dontle groupe AutorYno avait fait forte impression avec IRÈNE 60,rue Saint-Antoine, 75004, CosmopolitanTraffic (sortià à partirde 18 heures. l’automne chez Tzadik, label de LA TOMATE REBELLE Eglise SaintZorn). Plus qu’un concert, une per- Gervais, place Saint-Gervais, 75004, formance. de20h30 à 22h30.

RUES,RYTHMESETMÉLODIES: A partir de18h30.


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Transe spirituelle et fraîcheur insurrectionnelle PARIS Ier

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3

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7

Inter rassemble ses «Esprits» Primitivement pensée pour s’adresser au plus grand nombre,la Fêtede lamusique a gagnéses galons populaires dans l’espace public.En outre, savocation étaitde mettre en avant lespratiques amateur.Mais vivant avec sonépoque, l’événementa aussi étéau fil des ans «récupéré»par l’industrie musicale qui y a vu,non sans raison, l’opportunité de mener une opération à caractèrepromotionnel. Entre autresexemples, nousvoiciainsi dans un lieufermé, l’Olympia, accessiblesur invitation,où uneradio,FranceInter,rassemble un panel d’artistes ayanttous quelquechose à vendre cesjours-cidans lesbacs.Cetteimpitoyabledérive commercialepointée, il faut toutefois noter que la distribution est exempte de la moindrefaute de goût, puisqu’aucoursde ces«dixheures de musiqueen

2 er

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FÊTE DE LA MUSIQUE


Chatou (78)

Sergent Garcia au parc de l’Ile

•

III

PARIS Xe

Pantin (93) DJ Guigui

Les Dunes tunisiennes

à la Dynamo

anter, ir,

Cachan (94)

au New Morning

Stephan Eicher

orning

Evry (91) Harold, Féfé et Rachid Taha

Bibliothèque Lancry

Centre Pompidou Studio Party en

Brétigny-sur-Orge (91)

partenariat avec Rock en Seine

Zoufris Maracas, Flox et Dandyguel au Rack'am

«d’artistes émergents formant un mouvement unique et original, puisant son inspiration tant dans ses racines arabo-andalouses quedans la folk américaineou les tempos plus électroniques». Chaperon-

née par le festival de Nefta, Les Dunes électroniques, la soirée sera l’occasion de découvrir DeenaAbdelwahed, artiste electro-experimentale, plus Les Frères Gharbi, Jawhar et HearThuG. A noter qu’à peuprèsau même moment, les Toulousains de Zebda(dont l’album Comme des Cherokees est sur la rampe de lancement)joueront, eux, à Tunis. G.R. NewMorning,7-9,rue desPetitesTUNIS CALLING! Ecuri es,75010, de20 heuresà 2 heures.

Koto et tablas d’Asie à la bibliothèque Lancry

Mémorial de la Shoah

Batofar Sound Pellegrino 17 artistes invités

Institut du monde arabe DJ Massi, Global Gnawa, Aymane Serhani , S1-Bioz, Gaby et son ensemble, Tam-Tam et Cheb Didine

S A P U O H C E L L I R Y C

Allusion directe au légendairement séditieux London Calling de TheClash, «Tunis Calling!» réunitune délégation

au parc Raspail

En quête d’une Asie sans frontières, Nguyen Lê invitedans son trio Saiyuki la Japonaise MiekoMiyazaki au koto –harpe nippone en forme de longue cythare dont elle a joué encore étudiantedevant l’empereur et l’impératrice de son pays– et l’éclectique Prabhu Edouard auxtablas. Le guitariste –dont les influences vont du rock au funk et du jazz jusqu’aux musiques de l’Inde, du Maghreb et du Vietnam, pays d’origine de ses parents– convieà une traversée du continent dans un échange de timbres et de langagesentre traditionet modernité. D.Q.

SEINE-SAINT-DENIS

Frichti à la Dynamo, avec Fantazio L’accueillante Dynamo de Banlieues bleues, à Pantin, ouvre grand sa salle et sonjardindès midi, avec un repas musical en compagniede DJ Guigui(apporter son panier-repas ou un mets à partager). Ensuite,freeen Fantazio (photo), homme-contrebasse et crooner résidencedans le lieu, entre en scène,suivi du Surnatural Orchestraqui peut faire valser ou effiler son funk. L’occasion d’unescèneouverte avecinitiation à la batterie et auxpercussions africaines, et de restitutions d’ateliers avec MarianneFeder, Ibrahima Diabaté et EveRisser, pianistedu précédent Orchestrenational de jazzgouverné par Daniel Yvinec.Après films et jeux, les concerts reprennent à partirde 18h30. D.Q.

DYNAMO 9,rue Gabrielle-Josserand, Pantin (93).

TRIOSAIYUKI Bibliothèque Lancry, 11,rue de Lancry, 75010. A partirde 18 heures.

PARISVIe

Le guitariste Rhys Chatham en fanfare CONCERTS

L’Harmonie est un film

délicat, qui suit des musiciens amateurs d’une petiteville alsacienne dans leurs répétitions et dans leur vie. Son réalisateur, BlaiseHarrison, a préféré la contemplation abstraitede cette pratique musicale aussibordélique que personnelle, et confiéau guitariste avant-gardiste Rhys Chatham, compositeur de la musique du film, le soin de lier tout cela. Ce dernier précédera la projection du documentairepour achever d’honorer la musique amateure. S.Fa.

É L L I A P T Î O N E B

LES 26 & 27 JUIN LE CARREAU DU TEMPLE / PARIS 13 JUILLET JAZZ À LUZ / LUZ-SAINT-SAUVEUR

PARISVIIe

1ER AOÛT VAGUE DE JAZZ / LES SABLES-D’OLONNE

Invalides, place forte du Canada

13 AOÛT FESTIVAL DU MONASTIER LE MONASTIER-SUR-GAZEILLE

Concert de RHYS CHATHAM et projection de L’HARMONIE

Pour la troisième année, le Canadaprésente ses artistes émergents place des Invalides. En vedette, KlöPelgag (photo) impose ses comptines cruelles et un univers musical éclaté.

elle aussi,venue du Manitoba, Mari joséea une réputation de bête de scène,dans un style jazzy. LeDJ Skratch Bastid, le folk-rock de The FranklinElectric ou le duoféminin Miseen Scènecomplètent l’affiche.

Cinéma les 3 Luxembourg,67, Monsi eur-le-Prince, 75006, à 14rue heures. Entrée: de 7,5 à 8,5€.

a retenu l’attentionavec ses AutreQuébécois,Patrice Michaud deux CD, en 2012 et 2014. Francophone

NUITBORÉALE Esplanade des


F.-X.G.

EUROPA PARIS 1er ALBUM DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE JAZZ DIRECTION ARTISTIQUE OLIVIER BENOIT

Disponible en physique et digital ON JAZZ RECORDS / L’Autre Distribution

www.onj.org

Invalides, 75007.A partir de 19 heures.

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IV • FÊTE DE LA MUSIQUE


DRÔME

FINISTÈRE

Parfum d’olive

Une fiesta du

et d’opérette Moussu T e Lei Jovents

tonnerre à Brest Bien installée sur le port

fêtent cette année leurs 10 ans d’existence. Une décennie bien remplie puisque le groupe basé à La Ciotat (Bouches-du-Rhône) a publié huit disques, dont un live et un best of. Le 1er juillet paraît leur petit dernier, Opérette, hommage renduà l’â ge d’or de l’Alcazar du cours Belsunce, auxchansons marseillaises des années 30 et 40, signéesVincent Scottoet chantées par Alibert. Desrefrains insouciants qui célébraient la calanque et le cabanon, la bouillabaisse et oli. anciens du Fondé parl’aïdeux Massilia Sound System, le chanteur Tatou et le guitariste Blu, Moussu T e Lei Jovents défend la chanson du Sud, en français et en provençal, en acoustique et en remplaçant la guitare par le banjo. Chansons anciennes et nouvelles seront au programme ce samedi sur la place des Arcades de Nyons, capitale de l’olive dans la Drôme provençale. F.-X.G.

MOUSSU T E LEIJOVENTS Concert gratuit place du DocteurBourdongle(ou place des Arcades), Nyons (26), à 22 heures.

RHÔNE

R D

PYRÉNÉES-ATLANTIQUES

Bal populaire sauce catalane avec la Troba Kung-Fú Nepas oublier que le21 juin, c’est aussi le solsticed’été, quenombre de régions fêtentplutôtle 24, jourde la Saint-Jean.JoanGarriga, fondateur de la TrobaKung-Fú (photo), nous racontait (Libération du 6 février) sa première «Nit de Sant Joan», dans sonvillage près de Barcelone: «J’avais 8 ans. Il y avaitun orchestre de salsa, lesfeuxde joie ont brûléjusqu’à

GIRONDE

l’aube. C’était ma première nuitblanche.» Avec sa fusionde rumba gitane

et de rythmes colombiens qu’on retrouvesur leurrécent Santalegria, la Troba Kung-Fú revendique l’essence du balpopulaire, de la fête de rue, «celle qui rassemble les générations, les gens de toutes opinions». F.-X.G.

LA TROBA KUNG-FÚ Place GeorgesClemenceau, Pau(64), à 23h 30.

PAS-DE-CALAIS

de Brest depuis 2007, la carcasse couleurrouille de la salle de la Carène a jouéla Fête dela musique en deuxtemps cette année.Toute la semaine, elle a emmené des artistes jouer à l’hôpital, pour les patients, les familles et qui voulait se joindre. Puis, elle sera ce samedi soir à l’initiatived’une fiesta «bien décontractyle», telle quela présente son équipe, sur le Parc à chaînes. En ping-pongmusical avec le pub McGuigan’s, la scène locales’installera doncpeinard. Valse Noot, un quatuorbrestoisfuit formé en 2009, joues’un rock qui la ligne droiteet inspire des Américains Melvins et Fantômas –l’un des multiples projets de Mike Patton– pour cogner intelligemment. Les Working Class Zero ne feront pas nonplusdans la dentelle: avec d’anciens membres de Mass Hysteria ou Al Kapott,le groupe joue un punk metal à la française. Les jeunes James Hampton et Andrea Hubert viendront pour leur part défendre une techno-house classique mais efficace. S.Fa. Sur l’esplanadedu Parcà chaînes,Brest (29). De18 heuresà 23h30.Accès libre.

BAS-RHIN

Oposito joue sur tous les tableaux

Juliette en bonne compagnie

Les beaux sons du bassin

Des airs de princesse

Oposito est l’une des plus célèbres –et emblématiques– compagnies de théâtre de rue. Fondée au début desannées 80, la troupe a déjà signé une quinzainede spectacles, déclinés sur plusieurs centaines de représentations.Créé en 2013, le petit dernier, Kori Kori, est l’occasion pour la vingtainede comédiens de présenter, à travers «simplement

La ToulousaineJuliette a abandonné depuis belle lurette les concerts en solo,piano-voix, pour s’entourer d’un groupe. Pour son concert à Gujan-Mestras, dans le bassind’Arcachon,il y aura foule devant la scène,mais aussi sur les planches. La chanteuse sera accompagnée par un ensemble de chambre de 15 musiciens, puis par les enfants des chorales des écoles Jules-Ferry et Jean-de-La-Fontaine, et les élèves de la classe de formation musicale de l’école de musique de Gujan-Mestras. Et pour faire bonne mesure, des chœurs d’adultes: les Dames de chœur et une formation créée pour l’occasion. Soit plus de 60 voix pouraccompagner les ritournelles vachardes,grinçantes ou macabres de la grande Juliette,cellesde son épatant Nour paru à l’automne ou de titres puisés dans son répertoirevintage. F.-X.G.

Débutée le 4 avril, la Quinzaine de l’entorse est une manifestation insolite qui, tous les deux ans, se déploie dans le nord de la France. Le propos consiste, à travers divers événements, à faire se rapprocherles mondes de l’art et du sport, qui, en temps ordinaire, auraient plutôt tendance à se toiser. Pour la Fête de la musique, la Quinzaine de l’entorse (dont la thématique 2014 tourne autour des disciplines aquatiques et aériennes) annonce «Aujourd’hui, j’ai piscine», à savoir aquagym avec le DJ Marklion, baptêmes de plongée, démos de natation synchronisée, plongeons par les Frères Hanquet et un concert subaquatique de Joel Cahen. G.R.

Puisque la Fête de la musique, c’est aussi– et même surtout– pourles enfants, Pascal Parisot jouera pour euxson album la Vie de château, sorti en 2013. C’est le troisième album bambin friendly du chanteur mosellan, après les Pieds dans le plat et Bêtes en stock, qui l’ont transforméen petitestar du genre pour les parents qui veulent échapper aux rengaines neu-neu. A la guitare et aux objets, Pascal Parisot raconte le quotidien bizarre du royaume de N’i mporte Quoi Ier, et surtout du prince charmant qui tourne en rond suivi par un cochon et un hélicoptère. S.Fa.

deshistoires d’hommes et de femmes en mouvement, comme la vie»,

une série de tableaux assez hauts en couleur, où la musiquerythme la déambulation sous forme de tango, berceuse ou klezmer. G.R.

KORIKORI par la compagnie OPOSITO Bron (69).17 h.

AUJOURD’HUI, J’AI PISCINE

LA VIEDE CHÂTEAU de PASCAL PARISOT Parc dupalais duRhin,2, place de la République,Strasbourg (67). De 18h30 à 19h30.Accès libre.

PiscineSalengro,rue de Salengro, Bruay-laBuissière (62). Entrée libre, de 14heures à 21 heures. Rens.: 0953083713.

Gujan-Mestras(33), place du Pointon,port JULIETTEET SONORCHESTRE deLarros,à 20h30.


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34 • IDÉES CHRONIQUES


EXPERTISES EN TOUS GENRES Par MATHIEULINDON

Toc et Zoc font la fête, pas la gueule rofesseur(e)sToc et Zoc,vous êtes les spécialistes mondiauxde toute situation. Que nous décryptez-vous cette semaine? r P Zoc: Dans lamorosité actuelle, il y a un triomphe du sinistrement correct. Personne ne selève pour dire: «Tout vabien, çapourrait être pire, d’ailleurs attendez un ou deuxans.» Pr Toc: Ceuxqui devraient lever le doigten

P

disant «Pour moi,tout est nickel»font preuve d’une pudeur excessive,comme si le plus importantétait de ne pas se faire repérer. Pr Zoc: Plutôt quede se limiterà celle de la musique, le gouvernementdevrait multiplier les fêtes pourdoper le moral des Français. «Faites la fête, pas lagueule.»La fête du fromage,la fête dupinard, la fête du cul, lafête du chômage, lafêtedu patron,la fête des SDF, lebalde lapolice,la fêtede ladetteet lafête à la France(et aux Français). Pr Toc: Le 14 juillet, les clowns défileraient sur les Champs-Elysées. Les chefs d’Etat invités devraient apparaître déguiséset avoir la politesse de rire à gorge déployée. Pr Zoc: Les intermittents du spectacle seraient responsables de toutesces fêtes. Ils auraient tellement de boulot qu’ils ne seraient plus à parlerchômage. Pr Toc: Il y aurait une fêtetousles jours, et à chaquefête sa blague présidentielle. Pr Zoc: Le Présidentvoterait aussi pour l’élection de MissFête. Pr Toc: Au lieudes armes, la Francedeviendrait le premier exportateur de farces et attrapes, et degaz hilarant pour leschampsde bataille. On retrouverait les belligérantsen train de se chatouiller sansvergogne. Pr Zoc: Pour assurer la meilleure ambiance démocratique à ces fêtes, on interdirait toutes les manifestations de tristesse: enterrements, statistiques démoralisantes, défilés revendicatifs. Météo France devrait soumettre ses bulletins au ministère de l’Intérieur. Le loto sortirait des griffes du hasard.Toutes les femmes et tous les hommes affligés seraient contraintsau portdu voile, maisun voile plein de jolies petitesfleurs et de joyeux Mickeys. Pr Toc: Il y aurait des inspecteurs de bonne humeuren civilmêlés à lapopulation. Le journal de 20 heuress’appelleraitle journal de l’humour, et les antidépresseurs seraient en vente libre. Dans lesjardinspublics, des kiosquesde tartes à la crèmeseraient disposés pourl’amusementdes enfants (et des plus grands). Dansles campagnes électorales, les candidats auraient le droit de se jouer des tours. Le Présidentferait sa conférence de pressesur un coussin péteur. Pr Zoc: Les Français recevraient différemment les hausses d’impôts s’ils avaient conscience que c’était autant de farces supplémentaires dontils allaientbénéficier en tantque citoyens. Pr Toc: Si, avec tout ça, François Hollandene remonte pas le moral desFrançais,il ne mérite pas d’être président.

I D E R D N E V E C N E G A . Ü A L T N O M T N E R U A L

REGARDER VOIR Par GÉRARDLEFORT

I Un Mondial de dengue

l aura donc fallu enavaler deskilomè- aux manifestants et autresprotestatai- d’un journal ou d’un insecticide en tres d’éditosplus entortillésque des res brésiliensqui ontbienraison depro- spray qui fait tousser? Lesécoliers de spaghettis trop cuits surle thème «au fiter de l’exposition du Mondial pour Vera Cruz ont visiblement choisi une Brésil la fête aura lieu mais…» faire entendre leur filet de voix entre autre méthode: sefoutre dela gueuledu «Mais…»,c’est-à-direhorsfoot, carlà, deux bombardements de lacrymogè- moustiquesur lethème«tu t’es vu gros on déconneplus, parfoismêmeon ar- nes, on a entendu, sortant parfois de nase avecta trompe molleet tes yeux de rête de penser, car on est entre mâles bouches que l’on croyait amies: «Tu globule trop cuit». C’est un genre de rugissants sur la brèche du moindre vois pas qu’ils viennent nous gâcher la protestationdont les vertusprophylacbobo affectantles stars: ettu vois pas tiques ne sont pas encore que Benzema se retourne un ongle ou Gageons qu’avec unenuée prouvées mais qui pourrait queRonaldo ne digèrepas sonFlanby? de moustiques noirs auxfesses, porter sesfruits,surtout si,à Et qu’on ne viennepas nous tanner en en croire la légendeaccomcertains footballeursbattraient contre-feu pénible avec despédés, des pagnant la photo, la désurlapelousedes records devitesse gouines ou des femmes archi-hétéros monstrationfut rythméepar qui,le temps d’un Espagne-Chili,mu- (verslasortie). une musique muito tropical tent eux aussi en VRP chez Kronenpropre à faire fuir les plus bourg. Mais… donc. Un«mais» quipèse fêêêêteu!» Sans parler de la tentative mélomanesdes moustiques. Les oreilles des tonnes puisqu’il concerne le reste presqueréussie d’étranglement,parce bourrées de coton, le grand exode des du Brésil, maisdonton peut présumer que, voyez-vous, on avait confondu moustiques noirs est peut-être comque, pendant letemps dela ba-balle,il Valbuenaavec une nouvelle marquede mencéet il seraitplaisantque,profitant a la légèreté d’unpoids plume. Quant fromagefondu. d’unmomentd’inattention de la sécuTous lesjours du Mondial, dansLibéra- rité, ilss’introduisent en massedans les tion,le photographeLaurentMonlaü re- vestiaires du match lejour de la finale. garde ailleurs, regarde «mais…» Ici, Gageonsqu’avecune nuée demoustiLesterresindiennes deux écoliers de Vera Cruz sur l’île quesnoirs auxfesses,certainsfootbals’invitentsur leterrain d’Itaparica qui, contrairement à leur leurs battraient sur la pelouse des reL apparence assez déconnante, sont sé- cords de vitesse(versla sortie). CherPaulPogba, auxfrémissements rieusementen trainde manifester.Non Cela dit, l’exemple des écoliers modecentaureindompté… pascontrele Mondial (gaffe auxflics!), queurs de VeraCruz pourrait êtresuivi M maiscontreune infectionvirale,la den- pour disqualifier d’autres maladies gue, transmise par une saloperie de d’origineanimale.En casde recrudesmoustique à environ7 millions de Brési- cence de grippe aviaire, on voit bien un liens depuisle débutdes années 2000. lâcher de poules humaines bombardant La dengue (quise prononce «dingue») les forces de l’ordre d’œufs plus ou entraîne douleurset fièvres carabinées, moinspourris.Et à l’occasion d’un revoirela mort. gainde contaminationpar de la viande MONDIAL2014 •

LIBÉRATION MERCREDI 18 JUIN 2014

GroupeB,àPortoAlegre, mercredià18heures(BeInSports). ESPAGNE-CHILI

GroupeB,àRiodeJaneiro, mercredià21heures(TF1,BeInSports).

REVENDICATION Enbrandissantunebanderolelorsdela cérémonie

d’ouverture,unGuaraniaalertésurla situationdesréservesauBrésil. es téléspectateurs ayantsuivilacérémonie d’ouverture du Mondial,jeudiàSãoPaulo, n’ontrienvuetpourcause: la télé n’a pas voulu leur montrerl’irruption,dansla grand-messe du foot, de l’embarrassante«question indienne».Lecoupd’éclat d’unGuaranide13ansquia déployéunebanderolerevendiqu antlesdroitsterritoriauxdesIndiensaétécensuré. Wera Jeguaka Mirim était l’undestroisjeunesinvités pourreprésenterlespiliers de l’identité brésilienne: l’Indien,leBlancetleNoir. Ils ont lâché des colombes, supposées représenter l’unionentrelesculturesdu pays.MaisWeraasortiune banderole,cachéedansson slip pour déjouer les règles de la Fifa interdisant toute manifestationpolitiquesur

lesstades.Onpouvaitylire «demarcação», réclamantla «démarcation» immédiate desterritoir esancestrauxdes Indiens.Lemessages’adr essait surtout à la présidente DilmaRousseff,installéeen tribuned’honneur.Lenombre de réserves indiennes délimité esdepuissonarrivée au pouvoir, en 2011, est le plusbasdepuis1985.Laprésidenteestaccu séedefreiner leprocessusauprofitdesruralistas, le lobby du secteur agricole,grandpourvoyeur dedevises. Silesétudesanthropologiquesattestentlesdroitsdes Indienssurleursterres,dont ilsontétéexpulsésaufildes siècles,lesagriculteursdétiennentparfoisdestitr esde propriété .Leconflitfaitchaqueannéesonlotdemorts. Jusqu’ic i,lesterresindienne s délimitées représentent 12,2%duterritoirenation al,

«Démarcation», le12juin,àSãoPaulo.REUTERS

maisellessetrouven t surtout enAmazonie.Or,plusdela moitiédes897000Indiens duBrésil(0,45%delapopulation)vitdansd’autresrégions.Avecunedém ographie à la hausse, ces territoires sont devenus trop exigus. C’est le cas de la réserve où vitWera,auxconfinsdeSão Paulo.L’arrêtéministériel quidoitapprouversonélargissementsefaittoujou rsattendre. Lesdroitsterrit oriauxdesIndiens sont consacrés par la

SALVE DE BAHIA

Photo LAURENTMONLAÜ(agenceVendredi)avecMarc-AntoineSimoni

Constitution.Maislesruralistas, q ui veulent étendre leursexploitations,nelesont jamaisdigérés.Alatêted’un puissantblocparle mentaire, ilstententdefairepasserun amendement qui retire au gouvernem entlaprérogativ e dedélimitationauprofitdu Parlement,oùleursdéputés détiennentprèsdelamoitié dessièges. Sicetexteestapprouvé,plus aucune réserve ne sera reconnue, craignent les Indiens,égalementconfron t és aux assauts de l’industrie minièrequiconv oitelesoussoldelaforêtamazonienne. Sanscompterqu ’ilssubissent l’impactdesgrandstravaux d’infrastru cture,tellegigantesquebarr agedeBeloMonte enconstructio nsurleXingu, affluentdel’Amazone…

CAMEROUN-CROATIE

GroupeA,àManaus, mercrediàminuit(BeInSports).

LETTRE À…

ParLUCLEVAILLANT

on cher Paul, sincèrement,j’aibeau coupaimétasomptueuse ruade de yearling excédéparlalourdebêtise duforgeronadverse ,dimanche soir face au Honduras. Tu t’es fait cisailler les jarrets,ont’amalaxélesprotège-tibias,ettuasréagiavec une fougue battant l’air, avecunehauteurdanslataDenotre correspondan te tanedanséecommeunesaràSão Paulo dane.Onseserait crudans CHANTALRAYES un tableau d’Ucello, où le lancier désarçonné aurait balancéàlarivièrelecodede chevalerie pour laver l’affront à pieds nus. Si tu as échappéaucartonrouge,ce n’estpasparcequ’àtoutpéchémiséricorde,maisparce quelafulgurancedetontalentimpressionnejusqu’au corpsarbitral:ilabienconsciencequetafacili téaimante lajalousieàfrontdetaureau. Ou alors, c’est parce que la chance est bonne copine aveclajuvénilité. Ta prestance dans la vengeanceimmédiat eetdansla rétorsionchaleureuseafait blêmirjusqu’àDeschamps, surgéroublar detmaquignon matois,quiaimeraittantta velertajeunessedestâches desondesavieillerie,muselertesbravadeset dompter tabravoure.Oui ,oui,jesais, je ne devrais pas chercher mes métaphores dans le monde animal, quand il s’agitducorpsdeshommes, deleurintelligenceenactes et de leur beauté technicienne,quifont dufootball desmomentsdesensations signifiantes, d’émotions réflexives.Maisjen’ypeux

r

P Zoc: Celason dit,plafonddécrit la fameuse blague dufou qui repeint la situation: les Français ontle sentiment qu’on leurretire l’échelle et qu’ilne leur reste plus qu’à s’accrocher au pinceau.•

23

LESMATCHSDUJOUR

AUSTRALIE-PAYS-BAS

LesécoliersdeVeraCruzsurl’îled’Itaparica,dans «labaiedetouslessaints»,manifestentcontreladengue surlaplaceAnísio-de-Brito.Lamascotteauxyeuxfiévreux,représentationtragicomiquedumoustiquetueur,

sedéhancheérotiquementaurythmedelamusique. Plusde7millionsdecasd’infectionontétérecensés auBrésildepuisledébutdesannées2000.Iln’existe toujourspasderemède.

est devant vous comme un chevaléchappé/Q uilesaisità lacrinièreentr esesgenouxqui le dompte/N’entend désormaisquelebruitdesfersdela bête qu’il monte/Trop à ce combatnouveaupoursonger au bout de l’équipée.»

Mon cher Paul, il me plaît que ton inconscience très consciente de sa valeur ait faitdéjàbisque rAlexFergusson, l’ancien manager de Manchest erUnited,quetuas laissé en plan, alors que tu n’avaispas20ans,pourre joindreTurin.Av eclaJuventus,tuastrouvéuneéquipe au patronyme qui te convient absolument. Pour ce qui est de la France, nul ne saitencorecequeluiréserve tonbriocrêtédenoiretstrié d’undoréproprementahurissant. Mais, piaffeur farceur ou piaf gaffeur, je suis certainquetuneme décevraspas. Bienàtoi. •

«MybabyRonaldo:(» LachanteuseRihan n asurTwitter

tentantdeconsolerCristianoRonaldolorsdeladéroutede l’équipeduPortugalcontrel’Allemagne(0-4),lundi

Libération du mercredi 18 juin.


rien: il y a chez toi un côté cavalierpasdutoutch evalin, desfaçonsdecentaur eamaigriàl’enthousiasmedressé surlepavois,uneallégresse de cavaleur à faire peur et envieàceuxquilustrentles barrières,quisieste ntentribune,quiprennen t desparts ensyndicationsurdefuturs cracks.Enteregardantaller del’avant,inventerdestra jectoiresvert icalessurleterrain,quandbeaucoupnous ennuientdeleurshoriz ontales, les gros pardessus qui, euxaussi,furentpromesses rayonnantes, doivent se murmurerentoutemélancoliecepoèmed’Aragonqui disait:«Jeunesgens,letemps

Voilàdonc nosdeuxgarçonstravestisen moustiquenoir. Mais comment manifeste-t-on contre un moustiqueautrementqu’en le poursuivant nuitamment danssa chambre, arméd’une godasse,

ovineinfectée,on imaginesans de malen pis, unemanif travestiepeine, surle thème «bouse de là!». Vache et folle, normalement, on devrait refuser du monde. •

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CHRONIQUES IDÉES • 35


ÉCRITURES

IRONIQUES

Par PHILIPPEDJIAN

Par STÉPHANEGUILLON

Ça hurle dans les rues

Capitaine Hollande

105)

Je ne suis pas amate ur d e foot. C’est comme la corrida, je n’y mets plus les

très postmoderne,ça me plaît beaucoup. Durant quelque temps, j’ai été abonné à InFisherman. Très chouette, aussi. 110) J’ai découvertle golf, il y

a y est,on est championdu monde!Enfin presque… encore quelques matchs à jouer.Mais l’essentiel estfait,le pays entier vibre de nouveau

Ç

pov con» de Nicolas S. Bien sûr, il existe des différences entre Deschamps et Hollande. Si l’un a su rajeunir son effectif, éliminer les brebis galeusesde Knysna (enfin pres-

pieds depuis vingt ans. Le footm’ennuie.Mais ça ne me gêne pas tant que ça –enfin si,ça me gêne profondément, ça m’attriste. 106)J’ai ditque nousarriverions à l’été sur les genoux et je me suis trompé. Je n’avais paspensé à laCoupedu monde. Jen’avais paspenséà cettesympathique ferveur qui allait envahir l’espace et nous laisser souffler avec la putain d’horreur économique, les putains de guerres, la putain de jungle, etc. Et de fait, ça sourit jusqu’au fond des campagnes.Ça chantedes hymnes.Ça hurle dansles rues.

a peu. Je lis des choses comme/ toucher seulement 9 greens en regul et à peine 6 fairways, c’estlimite lunaire, non, etce puttinginspiré etce bon 6 m.enquillépour sauverle bogey/ etc. J’ail’impression d’yêtre.Ces types sont à la HauteLittératurece queles Sopranos sontau Parrain. 111) Ce soir, il y a match, les rues sont désertes,étonnammentsilencieuses. Je vais pouvoir continuer à regarder True Detective sans être dérangé. Je me demandesi MatthewMcConaughey porte uneperruque. Quand je levois découper sa canetteavecson couteau de chasse, j’ai peur qu’il se blesse. 112) Ils sont trois, au-dessus En cas devictoire, je m’abonneà d’une bassine, à nettoyer un de Bassan couvert de péFoot. Pourvousmontrer àSoquel point un écrivaindoit rester fou trole au point qu’on dirait un sur lequi-vive. corbeau. C’est un travail long et délicat.Le succèsn’est pas 107)Je m’interroge, biensûr. Je me sens assuré.Et malgré lesgants, ilss’en metglisservers cettefrange infimede l’hu- tent plein lesmains.En contrebas,sur la manité quele footlaisseindifférenteet plage, quelques autres sont vêtus de je me demande s’il nous manque une combinaisonsblancheset ramassentdes case, si c’est une sorte d’infirmité. galettesnoires dela taillede bouses de 108) A l’école,au moment deformerles vaches. équipes, j’étaistoujours le dernierchoisi 113) J’ai pensé à un titre. «Cent treize etje passaisle match assissur lebancde nuances degris».Mais j’ai vu quec’était touche,à bâiller auxcorneilles,à souffrir plus oumoinspris etje répugneà m’insdansmes chaussuresneuvesà crampons. taller dans le lit des autres. J’ai abanJ’aurais préféré le tennis, au moins donné l’idée. Et cependant, j’étais in j’aurais pu ramasser les balles. En tout trigué et je suis allé m’enquérir de cas,ma mère se félicitaitque je revienne l’ouvrage. J’imaginais qu’ony parlerait aussi propre. Et quant à mon père, qui de désespoir,d’angoisse, de solitude.J’ai me considérait d’unœil torvelorsqu’il étéservi. me surprenaitavecun livre au milieu de 114) Le problème n’est pas de savoir si la journée,rien ne luiplaisaitdavantage nous allons battre ou non la Suisse. Le quemes bleus auxtibias –je diluaisdes problème est de savoir combien de encresde Chine queje m’appliquaisau tempsil vafalloirencore attendrepour tampon puisséchaisau buvard et il n’y l’annexer. Je ne vois pas, sinon, comvoyait que du feu. Non qu’il fût un mentnous allons redressernos banques fervent adepte du ballon rond. Il crai- et combler nos déficits. Quand la sognaitsurtout que l’un deses fils nede- lutionest à portée de main. Allons-nous vienne homosexuel. Il pensait que le attendre de le perdre, ce match.En cas sport constituaitune muraille contrela- devictoire, jem’abonneà So Foot. Pour quelle viendrait buter cette infamie. Mon vous montrer à quel point un écrivain pèreétait trèsold school, ce con.Etran- doitrester sur le qui-vive. Toujours prêt gement, c’est luiqui m’afait découvrir à décortiquerle monde, à l’éplucher,à Léo Ferré. J’étais encore un enfant, il mettre ses mains dans le cambouis ou m’emmenait levoir surscène. Il rappor- écrire des sonnets. C’est notre travail, tait ses disques à la maison. Je me de- bien entendu, la raison de notre exismandeparfois sice n’estpas làque tout tence, et si j’ai parfois quelques mots a commencé. durs pourcertains de mescollègues,ces

pourlesBleus à l’imagede son premier supporteur François Hollande! «La Coupe du monde peut susciter laconfiance, rien n’est im possible», a déclaré joyeusement notre Président. Un slogan légèrement pompé surle «Toutdevientpossible» deson ancienrival. Mais qu’importe,son enthousiasmefaitplaisir à voir: visiteà Clairefontaine, commentaires d’avant et après match en direct sur TF1, projection organisée à l’ElyséepourFrance-Honduras en compagnie de 200 personnes, les médaillés olympiques et paralympiques de Sotchi. Dans uneambiance chaleureuse et cosy, la salle applaudit, s’enthousiasme, se lèvecomme un seul homme quand KarimBenzema marque.Seuls leschampions paralympiques, d’un naturel plus discret, préfèrent rester assis. Des images de la France quigagne misesen lignesur lesite officiel de l’Elyséecommepour conjurer le sort. Unamour desBleus également incarnépar notre ministre des Sports,Najat VallaudBelkacem,qui s’estspécialementdéplacée auBrésil encouragernos troupes.Une Na jat, totalementgroupie,qui «nequitte plus son maillottricolore»et trouve nos joueurs «beaux gosses». Un compliment rendu possibleaprèsle forfait de FranckRibéry. Evidemment,certainsdénoncentune récupérationgrossière,une tentativedésespéréede surfersur la résurrection de notre équipenationale.Comme ValériePécresse, quisembleau passage avoiroublié saprestationde pom-pom girl UMPau Stade de Franceen 2010. Bref,même s’il enfaitdestonnes,on peut comprendreque Hollandetentede calquer son parcourssur celui des Bleus. Détestés il y a peu, auplusbas dans les sondages, lesjoueurs ontréussi en quelques moisun come-backinespéré, une véritableréhabilitation dans le cœur de leurs supporteurs. Tous les espoirs seraient donc permis. A l’instar de Hollande, Didier Deschamps avait hérité d’une situation catastrophique, une équipeentièreà reconstruire, uneconfiance à renouer. La tâche était immense. Souvenez-vous, au printemps 2010,en pleine affaireBettencourt, la main de Thierry Henry, symbole de la France qui triche, qualifiaitles Bleuspour l’Afri-

que!),l’autre a reprisd’anciens joueurs déjà sélectionnés en 1981 sousFrançois Mitterrand, tels SégolèneRoyal et Laurent Fabius. Les observateurspointent desstylestrès différents: là où Deschampssait choisir,trancher, se séparer d’un élément perturbateurcomme Samy Naceri, Hollandehésite, tergiverse, maintient Jérôme Cahuzac à son poste, alors qu’il sait pertinemment que c’est un voyou quia trahi nos couleurspour aller jouer en Suisse ! Même chose, lorsque AurélieFilippettiexigede monter lesmarches du Festival de Cannes sans sa consœur FleurPellerin, le Président cède à sescaprices.Imaginez Mathieu Debuchy demandantà Deschampsde nepas aligner Yohan Cabayepour brillerseul surle flanc gauche du terrain… impensable! Pourtant Hollande essaye tant bien que malde copier la méthodeDeschamps: privilégier le collectif auxindividualités, mais en vain… Le jeune Manuel Vallscontinue à la jouer perso et pourrait un jour marquer contreson camp pour préserver ses intérêts.On se souvient tous de Zizou dictant savolontéà Raymond Domenech.On peut certessaluerdes efforts dediscipline: la confiscation des portables pendant le Conseil desministres,l’obligationde prévenirle cabinetdu Premierministre avant d’accepter une interview. Reste le problème d’exemplarité pour Hollande, on voit malDeschamps,lui, sortirle soiren boite à Copacabana et se faire gauler au petit matin avec une Brésiliennesur son scooter. Tout cela n’empêche pas notreprésident d’y croire durcomme fer,persuadéque la méthode Deschamps est la bonne et qu’une victoire des Bleus en Coupe du monde pourrait débloquer son propre compteur. En privé, on murmure qu’il s’identifietotalementau sélectionneur tricolore. Il mâchouille des touillettes en plastique, parle avec l’accent du SudOuest et reste confiantquoi qu’il arrive: 14000 chômeurs de plus, unecroissance en berne, un déficitqui explose… le Présidentpositive: «J’ai vu deschosesintéressantes,tantsur le plan politiquequ’économique,le groupe vit bien, il faut persévérer, ça va finir par payer!» Le phénomène d’identification est total. Des témoins l’auraient vu déambuleren survêt dans les

l’Equipe, 109) J’achète néanmoins. mots ne viennent du• cœur, car je Aucun sport ne m’intéresse et je ne sais.Oh, comme jepas sais. comprends rien à ceque jelis mais je suis Cette chroniqueest assurée en alternance bercé,je suisinterpellé, surtoutquand parPhilippe Djian,Christine Angot, Thomas c’est très technique. C’est quelquefois Clerc et MarieDarrieussecq.

queduS’ensuitla Sud.Bienmal acquis,neKnysna, profite jamais. mutineriede la grèvedes joueurs, l’occupationdu bus. Le «Va te faire enculer sale fils de p…» de NicolasA. comme un écho au «casse-toi,

couloirs du palaisministresles et donner des claques surles fessesaux plus méritants. Une attitude qui irrite fortement LaurentFabius,allergique à toute formede familiarité, mais ravitSégolène. •


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36 • IDÉES CHRONIQUES


À CONTRESENS

Par MARCELAIACUB

La polygamie pour tous est dommage que le slogan «leMariage pour tous»,en dépit de sa générosité, n’ait pas eu la force suffisante de vaincre certains préjugés. En effet, pris à la lettre il aurait pu faire naître un nouveau droit: celuide semarier pour ceux quien éprouvent le besoin. Carde nosjours, de nombreuses personnes

C’

de 30 ans qui ne sont pas majoritairement en couples. Pour les autres, il ne reste plus grand monde. Sans compter qu’à partir d’un certain âge, unebonnepartie d’entreeux a des problèmes pour former un couple. Ce faisant, cesunionsse fontentre deuxpersonnes qui éprouvent, l’une et

aimeraientépouser quelqu’unmais souvent sans succès et parfois, celui ou celle qu’ils aiment est déjàmarié. On dira que l’Etat,déjàtrès occupépardes nécessitéssociales urgentes,n’a pas à créer d’agences matrimoniales. Mais celaest discutable. Tant de maladies et de situations d’exclusion naissent précisémentde la solitude sentimentale. On rétorqueraque les malheureuxn’ont qu’à chercher un conjoint par leurs propres moyens d’autant qu’Internet a ouvert, à cetégard,beaucoupde possibilités. Ce raisonnementne vaut quepourles classes d’âge danslesquellesbeaucoupde personnes sont disponibles –notamment pour les moins

l’autre, des difficultésfavorisant les ruptures et les solitudes qui suivent. Il serait, en revanche, beaucoup plusintéressant de multiplier le nombre de personnes disponibles en créant des mariages polygames– aussi bienpolyandriques quepolygyniques. Ainsi, de moins enmoinsde personnes seules seraient seules. Celles, déjàmariées quirentreraient dansle marché conjugal, seraient plus aptes au couple. L’unionse trouverait allégéepar l’existence de tiers favorisant la longévité. Certes, il est hors de question de laisser la polygamiesous l’emprise du libéralisme sauvage, comme c’est le cas aujourd’hui,

avec les adeptes du polyamour. On sait que ces derniers organisent leur multiplicité amoureuse sans aucuncontrôlece quidonne parfois lieu à des espèces de harems: la personne la plus charismatique impose seschoix alors queles autresdoiventaccepter ou s’en aller. Ce système favorise

vité sexuelle, source de tant d’erreurs et de folies, mais sur un mélange de désir et d’amitié, la force de l’une pouvant pallier la faiblesse de l’autre selon lescirconstances. La polygamie rendrait les divorces moins durs à vivre qu’ils ne le sont aujourd’hui. Car la meilleure manière de remplacer la tranquillitéque procure l’exclusivité, c’est la multiplicité.

les fortssans résoudre les problèmesdes faibles et des solitaires. Pour éviter cesabus,la nouvelle polygamie (NP) devrait être pratiquée par les deux membres du couple obligatoirement. Si l’époux se cherche une seconde épouse – avec laquelle il ne vivra pas forcément– la première devra en faire de même. Ce faisant,ceux qui contractent le mariage avec un conjoint déjà en couple devront, dansl’espace d’untemps déterminé, se chercher un second s’ils ne veulent pasque cet actesoitannulé.Et le nombre de conjoints pourraitcroîtresans limitesdans la mesure où leurs partenaires en feraient de même. Le couple ne seraitplus fondé surl’exclusi-

Voilà un problème que notre société peine à comprendre. Si l’ontient larichesseéconomique comme le cumul souvent frénétique dechoses, l’on neraisonnepas dela même manièreavec la richesse relationnelle. On pense qu’il suffit d’un mari ou d’une épouse,d’un pèreet d’une mèrepour être heureux.Il n’y a quedans lesrelations considérées commemoins importantes,telle l’amitié, que l’on admet la multiplicité. Comme si le nombreétait signe de corruptionlorsqu’il est questionde liens vitaux. Unesociété bien organisée devrait persuader sesmembres dèsleurenfance que lebonheur est toujours en danger quand on n’est que deux . •

L'AIR DU RIEN Par AUDEPICAULT


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CHRONIQUES IDÉES • 37


PHILOSOPHIQUES

SOCIÉTÉS

Par SANDRALAUGIER

Par CYRILLEMIEUX

L’œil du drone

Football: un plaisir sous tension

était sous le regard des drones que s’achevait la saison 8, donc toute la série 24 heures chrono – laquelle, en somme, cédait

C’

qu’ils induisaient des actions quileur sont commandées,à la foisciblées (à l’arrivée) et dépersonnalisées (à la source): avantagestechniques (possibilitéd’éviterles victimes colla-

e Mondial de foot, qui bat actuellement son plein, a commencé par une petite bavure. Si le matchd’ouverture a vu la victoire 3 à 1 des Brésiliens face

L

des masses tiendrait ainsi au fait qu’il permet à chacun, spectateur comme pratiquant, de donnercours à sespulsions agressives, tout en les contenant dans un cadrebienréglé et

lepouvoirhumain denous dontérales)et juridiques(possibilité nerlesimages à un drone–celui d’agir sur n’importe quel ciqui nous transmettait les dertoyen, sur une simple suspinières images de Jack Bauer, cion) et coût moral, âprement notre héros, lonesome cow-boy discutéchez leschercheurs étas’éloignant au coucher du soleil, sous suniens. De cesdeuxtechniques deguerre le regard ému de sa fidèle acolyte de et d’assassinat,celle, archaïqueet honnie, la CTU, Chloe O’Brian– le nôtre aussi évi- de l’attentat-suicide,celle,moderne et sédemment. C’estun drone qui repèreJack curisée, à distance,du dronecommandé et nousle rend,au redémarrageinattendu par un humain qui jamais ne s’expose de la série, quatre ans après. C’est un quand il tue– quidonc, grammaticalement drone qui crée le pitch de ce Day 9, en parlant, ne tuepas, élimine– difficilede échappantau contrôledu jeunesoldat tout déciderlaquelle est plusdéshumanisante. gentilchargé de le piloter, pourallermas- La technologie du drone, cumulant cisacrer uneescouadeaméricaineen Afgha- blage,sécurité du seul agent,déresponsanistan. C’est un drone qui, pris en main bilité est caractéristiquedes sociétésposgrâce à la vicieuse cyberattaque d’unré- tindustrielles: dans sa négation de seauterroriste,va menacerLondres où se l’engagement humain, telqu’il est de fait trouve en ce 9e jour, tiens, justement, présent dansles corps à corps guerriers et le président américain –et balancer dans l’éthique que Cora Diamond décrit une série de missiles qui, détruisant dans«le Cas dusoldatnu» (1). un hôpital,rend visibles leseffets comme PourMargot-Catelyn,la véritable inhulescauses deces guerres «propres»aux- manité,la lâcheté suprême, seraitbien du quelles aspirentles gouvernants du monde côté de cette actiondésengagéeet propre, contemporain. de cette sécurisationlimitée à soi–comme C’estencore undronequi està l’origine de le suggèredans24legeste, à sontourquasi cette action terroriste: celui qui,trois ans suicidaire,du présidentHeller. Elle nous auparavant, a cibléla maisond’un «terro- demande de quel côté estla pire barbarie riste notoire», le tuant avec une partie de –la violenceextrême, aussi télécommanson entourage et suscitant en sa veuve, dée,du terrorisme, ou l’ignorancevolonMargot al-Harazi, unehainemortelle pour taire de ceux quidénient la réalité de leurs le présidentJames Heller, moralement et actions. Déni partagé par tous, citoyens politiquement responsable de l’attaque. des nations du Nord, qui préférons ignorer Maisoui c’estelle –Catelyn Stark (Michelle leseffetset causes de notre domination et Fairley)curieusement rescapéedes «Noces de notre «sécurité», bien qu’ils soient pourpres» de GoT où elle se faisaitmassa- juste sous nos yeux. crer avec une bonne part de sa famille. La guerredes drones,avec l’indissociable Nouvelle preuve de la prégnancedes per- surveillance des gouvernés de tous sonnages desséries surleursacteurs, c’est les pays, et le risque à venir d’attaques Catelyn qui donnede sasuperbe etde sa incontrôlableset impunissables sur n’imcrédibilitéau personnage dément et cruel portelequel d’entre nous,relève ainsi du de Margot,et luipermetune conversation travail d’invisibilisation des victimes, de Skype d’égaleà égal avec leprésident Hel- déréalisation de l’intolérable (injustices ler.Cette circulationdes acteurs entre les globales, meurtres de masse, désastres séries– quipermetde créer uneépaisseur sanitaireset industriels) et finalementde morale et narrative dès l’apparition à négligencede lavie humaine, quicaractél’écran des personnages, iciGbengaAkin- rise le capitalisme depuisle derniersiècle: nagbede The Wire, Tate Donovancharriant c’est bien cette construction de l’ignoavec luila tragique glauquerie de Damages rance (2),cette radicalisationdu sceptiou le grand provocateur british Stephen cisme qui constituent une menace pour Frydans lerôle du Premier ministreanglais l’humainet sa «sécurité». Pasétonnant –est certainement un élément de la ri- queChloeO’Brian passeà WikiLeaks! • chessedes sériestélé du moment. Sandra Laugier est professeurede Elle permet à Margot-Catelyn, encore philosophie à l’université Paris-I Panthéon un beaupersonnage de vieilleméchante Sorbonne. typique comme on en trouve régulière- Cette chronique estassurée en alternance

aux Croates, c’est, en effet, grâce au soutienactif de l’arbitre qui a sifflé en faveur des premiersun penalty imaginaire et refusé aux seconds un but pourtant valable. Le chauvinismedes Brésiliens y a trouvé un motif de contentement. Pas l’éthique sportive. Du moins ce petit moment d’injustice aura-t-il permis à plusieurs centaines de millions de téléspectateurs à travers le monde d’éprouver, avec une particulière acuité, la tension fondatrice de ce phénomène social qu’on dénomme «le sport». Une tension dont les sociologues NorbertElias et EricDunningnous permettent de prendre l’exacte mesure (1). Ces auteurs ont insisté sur le fait que le sport est un phénomène typiquement moderne. A la différence des jeux et des affrontements rituelspropres

séries,de poser légitimement dansnos le problème de la responsabilitéde l’action anonyme quia tuéson terroriste demari.On a assez évoqué, depuisl’apparition des drones, la déresponsabilisation

et EricDunning,«Sportet ning,fondé qu’aussi soit-il, sport (1)NorbertElias reste surcontrôlé la libération des le affects, Civilisation.La violencemaîtrisée», Fayard, générant de ce fait un contraste plus ou 1994. moins marquéavecles exigences de la vie (2)Alain Ehrenberg,«le Cultede la ordinaire. Son attraitconsidérable auprès performance»,Calmann-Lévy,1991.

parSandra Laugier, Michaël Fœssel, Beatriz Preciadoet Frédéric Worms. (1)Cora Diamond, «l’Importanced’être humain», PUF 2011. (2) Robert N. Proctor, «Golden Holocaust», Equateurs,2014.


un espace-temps circonscrit. Chauvinismeet hooliganisme, danscetteoptique,doiventêtre interprétés comme des passages à la limite: ils poussent la tension constitutive de la pratiquesportive jusqu’à annuler la nécessité du fair-play etde lamaîtrisede soi. C’estlà une façon de redonner la place centrale aux différencessocialeset nationalesque la compétition sportive étaitcenséeavoir neutralisées. Ainsi, le sport brille-t-il par une ambivalence fondamentale: d’un côté, il nous apprend à reconnaître l’existence d’une éthique universelle, indifférente aux clivages sociaux et nationaux; de l’autre,il nousdonne sanscessel’occasion de relativiser cette éthique pour mieux réaffirmerles clivagesqu’elle prétendsuspendre –comme lorsque nous nous réjouissons qu’un arbitre de foot Lesport estaussile principal moyen privilégie «notre»équipe. On comprend pourquoi le sport, dont lesModernes disposent pour cestrentedernières années,a pu libérer leur agressivité. être érigé en modèle d’excellence ausein de l’entreprise.Le «culte aux sociétés traditionnelles, il se carac- de la performance», commel’a dénommé térise par un calendrier distinctde celui Alain Ehrenberg (2), ne permet-il pas des fêtes religieuses. En outre, il érige d’inciterles salariés à libérer aumaximum en principela neutralisation des hiérar- leur agressivité et leur chauvinisme chies sociales et nationalesentrecompé- d’entreprisetout en réclamant d’eux,dans titeurs, au profit de la seule égalité le même temps,toujours plus de respect deschances.Enfin, il réclame de chaque des normes et d’autocontrainte? Ce culte compétiteur un très fort contrôle de permet également d’engendrer desformes la violence (c’est là, par exemple, toute de hiérarchie réputées avoir mis entre la différence entrele pancracede l’Anti- parenthèses les différences sociales et quité,où pratiquement tous lescoupssont nationalesentre individus au profit de leur permis, etla boxe moderne). Cequi vade mise en concurrence universelle. Loin pair: il imposeune éthique du fair-play d’être un passe-tempsfrivoleou anodin, qui subordonne la quête de la victoire lessports en général,le football enpartiau respectde règles strictement codifiées culier, se révèlent ainsi le théâtre d’ex–lesquelles,autre différencenotable, sont pression des valeurs centrales de standardisées aux niveaux national et la modernité (aupremier chef,l’universainternational. Cetensemblede caracté- lisme et l’égalitarisme)et peut-êtresurristiques a fait du développement des tout, dela tension quele respect de telles sports depuisun siècleet demi– aupre- valeursoblige chacunde nousà maîtriser. mier chef, duplus populaire d’entre eux: Cela n’est sans doutepas pour rien dans le football– l’un des principaux outils l’excitation et le plaisir si particuliers civilisateurs et pacificateurs de qu’ilnous procure. • nos sociétés. Mais –là réside la tension– le sport est CyrilLemieuxest sociologue, directeur aussi le principalmoyen dont lesModer- d’étudesà l’Ecole deshautes étudesen nesdisposent pourlibérer leuragressivité. sciencessociales(EHESS). Cettechronique estassurée en alternance S’il procure une excitation si particulière, par Cyril Lemieux,FrédériqueAït-Touati, c’est,en effet,nousdisentEliaset Dun- EricFassin et Leyla Dakhli.

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Le temps L'anticyclone centré surestlestrès îlescontrasté. britanniques favorise la persistance de conditions calmes sur une moitié nord.

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E R U TPas d’entracte pour les intermittents L U C

P O Y M . R E I R R A H C L E N O I L

Décryptage, p.40

6 M . E U G O

R E L I C É C

TÉLÉ SUR M6, LA BOTTE DOG p.47

CLASSIQUE HAENDEL, L’APPRENTISSAGE

Sommaire Culture Pages 40-46 GrandFormat Pages 42-45 Ecrans-Médias Pages 47-48


Reportage, p.42 ITALIEN

N A H A D C I R É

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40 • CULTURE


A l’appelde la Coordinationdes intermittents et précaires d’Ile-de-France, à la Grande Halle de la Villette, lesmanifestants discutent vendredi desactionsà mener.

CONFLIT Jeudi, le Premier ministre n’a pas convaincu les acteurs

du mouvement social, qui risque de se durcir, notamment à Montpellier, où France 2 a prévu de diffuser sa Fête de la musique.

Manuel Valls fait un four auprès

Par LILIANALEMAGNA, ANTOINEGUIRAL (à Montpellier) et RENÉSOLIS Photo LIONEL CHARRIER.MYOP es intermittents sont des ingrats. Alors que Manuel Valls croyait,jeudi, avoir répondu à l’une de leurs principales revendications en annonçant que l’Etat prendraiten chargele différéd’indemnisation entre leurspériodes DÉCRYPTAGE de travailet la perception de leurs indemnités chômage, ils ont massivement rejeté une «manœuvre» «qui viseà acheterla paix sociale»et annoncé un durcissementdu mouvement. L’annonce de la mise en placed’une concertation pourremettre à plat le statut desintermittents n’apas plus fait recette. Si le gouvernement pensaitcalmer lejeu,c’estpour lemomentraté.Retoursur un vendredi agité.

L

MONTPELLIERTOUJOURS À LA POINTE DUCOMBAT

des intermittents http://slide pdf.c om/re a de r/full/libe ra tion2014062121-06-2014

Surladesdizaines place dela de Comédie, à Montpellier, technicienss’affairent depuis plusieurs jours à la construction d’un immense chapiteau. Il doit accueillir cesamedi soir lasoirée de

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l’un des animateursde la Coordination, luisuccède etne mâche passesmots: «Hier soir,ManuelValls a reniéla parole dessocialistesqui depuis onze anssoutenaient nos propositions.» Et le comédien

La ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, espère une prise de conscience et refuse le catastrophisme:

«une provoca- detirerà erreurde casting,voiregrévistes. son tourà bouletsrougessur tion» pournombrede le mécanismede compensationproposé Comme en 2003 –lors du précédent par le Premier ministre: «C’estla porte grand mouvement des intermittents–, ouverte à la création d’une caisse autoc’estde nouveauà Montpellierque «la nome,c’est-à-direl’exact contrairede ce lutte» a démarré début juin avec le que nousdemandons.» Le représentant blocage(toujoursen cours)du festival de la CGT spectacle qui lui succède le Printemps des comédiens, qui abonde dansle même sens: «Quel’Etat s’achève la semaine prochaine sans mettela main aupot, c’étaitla revendicaavoir jamaisdémarré. Deuxautres festi- tiondu Medef . Concluant: Le rapport de vals de portée internationalesont me- force continue. » De fait, jusqu’au nacés d’annulation ou de perturbations. 26 juin,dateprobable de l’agrément de Le premier, Montpellier Danse(22 juin la convention Unédic par le gouverneau 9 juillet),débute ce dimancheavec ment, peu de chanceque la mobilisaune création d’Angelin Preljocaj. tion retombe. Et au-delà? Difficile à L’autre, le festival de Radio France, doit dire. Sous la fermeté des propos, une se tenir du 13 au 26 juillet. Beaucoup ouverture, étroite,se dessine peut-être. d’intermittents du cru font d’ailleurs Samuel Chrurin a égalementironisésur la concertation annoncée

«Notre but est d’en finir avec la stigmatisation et les crises» e vendredi midi, une camionnetteétait garéedevant le ministère dela Culture, ruede Valois à Paris, sur les flancs de laquelle on pouvaitlire «SolutionsProtectionIncendie».Les solutions, la ministreestime qu’elles sont surla table.Ne resteplus qu’àéteindre l’incendie… Qu’est-ce que les propositions de Manuel Valls changent pourles intermittents?

C

vrir la concertation autour deces règles,et letrioformé par Hortense Archambault, Jean-Patrick Gille et JeanDenis Combrexelle a des compétencesincontestables, qui sontgarantes de sa réussite. Tous les sujets seront abordés,y compris,biensûr, ceux qui font débat depuis 2003. Par exemple, la question de la dateanniversaire,des «matermittentes» ou de la période de calcul.

leur situation depuis 2003. Leurmessagea étéentendu. Notre proposition va permettre une fois pour toutes d’enfinir avec la stigmatisationdes intermittents et les crises à répétition. C’est un moment exceptionnel, alors quejusqu’ici, ce sujetn’avait pasété pris à bras-le-corps. Queferez-voussi lesprincipaux festivals sont annulés commeen 2003? Je ne veux pas me placer

«Cettecompensation de l’Etat,c’est del’argentquisera pris à lacréation.»

En annonçantque le durcissement du différé d’indemnisation ne s’appliquera pas pourles intermittents, Manuel Valls ôte l’épée de Damoclès qui pesait sur eux. C’estun geste majeur, puisquec’était unedes principales mesures à l’origine du mouvement. Mais au-delà, ce qui a suscitéinquiétudes et tensionsces dernières semaines, cesontles règles issues de la réformedu régime de2003.Or nous allonsrou-

Toutes les interrogations et lespropositionsdu comité de suivi, qui reprennent celles des intermittents, seront sur la table, et la concertation va démarrer tout de suite. Qu’avez-vous à dire aux intermittents? Je leurdemande d’examiner sans a priori les avancées majeures contenues dansles propositions du Premier ministre: la neutralisation du différé, etla remise surla table de tout ce qui fragilise

danscette optique. Ce serait catastrophique pour la culture dans ce pays, et d’abord pour lesartistesqui ontenvie de jouer,les techniciens et lesspectateurs. Et ce serait très difficile économiquement pour les collectivités. Il y a aujourd’hui unechance historique à saisir, une solution réellement degauche, garantie parl’engagement de l’Etat. Il faut saisir la maintendue. Recueilli par R.S.

France 2 consacrée à la Fête de la musique,avec pour agentsd’ambiance Patrick Sébastien et AïdaTouihri.Décidé depuisdes mois, le choix de Montpelliersonne aujourd’huicommeune

StéphanieMarc comédienne une grande partie de leur quota d’heuresvia cesmanifestations estivales pour bénéficier du fameux statut spécifique. Ce qui ne les empêchepas de rester très mobilisés –persuadés que la grève va continuer à s’étendre à d’autres festivals d’envergure comme Aix et Avignon– et toujours aussi remontéscontre le gouvernement. «Les propositions de Valls, c’est une blague, des mesurettes destinées à débloquer le Festival d’Avignon et passer un ététranquille, expliquela comédienne Stéphanie Marc. Mais cette compensation de l’Etat,c’est del’argentqui sera pris à la création.» Pour l’heure, lestechniciens ontmonté les scènes et gradins de Montpellier Danse. Deux générales ont même eu lieu enmilieu desemaine. Mais rien ne garantitpour autant que le festival débutera bien ce dimanche. «Noussommes dans le brouillard», avouel’une de ses responsables, Maïwenn Rebours. Jeudi soir, uneAG de plus trois heures s’esttenue à l’Agora de ladanse, avec de fortes tensions entre grévistes et non-grévistes.Une nouvelleAG estprévuesamedi après-midi, avec unvoteà laclépourdécider dela grève,ou pas.

parle Premierministre– «cela fait onze ansqu’elle dure». Pour autant, il n’est pas partisan de la «politique de la chaise vide». In fine,il indique cequi pourrait éventuellementfairebougerles lignes: quela concertation tripartite– Etat, signataires de l’accord Unédic et intermittents– réunisse effectivement les troispartiesautourde lamême table,ce qui ne s’est jamais produit.

QUE PEUTFAIRE LE GOUVERNEMENT?

A Paris, les esprits ne sont pas plus apaisés.Si l’assemblée générale convoquée à 14heuresà laGrandeHalle dela Villette par la Coordinationdes intermittentset précaires d’Ile-de-France ne faitpas le plein, l’ambiance estcombative. Et les intermittents ne sont pas seuls. L’interventiond’un représentant du Syndeac, le syndicatquiregroupe les directeurs de théâtre, au nom de ses collègues d’Ile-de-France, donne le ton: selon, lui,les 90 millionsd’euros promispar Vallspourcompenser leseffets de l’accord de l’Unédic ne visent qu’à«acheterla paixsociale » etseraient plus utilespour «créer des emplois, car la situation actuelle est largement causée par une diminution des crédits à la

Pour l’instant, attendre. «Il faut voir comment cela évolue», fait-on savoir dans l’entourage de Manuel Valls. Il vaudrait mieux pour le gouvernement que çaailledans lebonsens,carà Matignon, pour l’instant, il n’y a pas de plan B. Avec lesannoncesde jeudi, «le gouvernementa prisses responsabilités», insiste-t-on rue de Varenne. Sous-entendu: aux intermittents d’assumer maintenantl’annulationdes festivalset leursconséquences économiques en cas de poursuite des grèves. «Puisqu’il n’ya plus deproblème dedif féré, qu’on m’explique quel est le mot d’ordre», juge-t-on à Matignon.Cette carte«intermittents», le Premier ministre a choisi de la jouer plus tôt que prévu. «Il fallait aller vite», a insisté Valls auprès des journalistes, après sa conférence de presse. Si vite quele médiateur,le députéJean-PatrickGille, est arrivé à Matignon avec uneheure deretard afin de livrer un rapport prévu… pourla semaine prochaine. Alors que le mouvement social à la SNCF s’essouffle et que les festivals d’été approchent, le chef du gouvernement a voulu, dans un même timing, éteindre l’incendie intermittents d’un seau de propositions. «Ils n’ont rien compris au mouvement, s’exaspère une dirigeante de la majorité. Il vont avoir des grèves tout l’été. Qu’est-ce qui les empêchaitde suspendre l’agrémentpour les annexes 8 et10?» Toutsimplement lechoix dela démocratie sociale –et de la non-interventionde l’Etat,aprèsdes décisions prises par le patronat et les syndicats– par François Hollande et Manuel Valls. «A quelques jours de la

culture». à nouLe syndicat «réclame veau la non-signature de cet accord du 22 mars 2014 et demande le retour à la table desnégociations avec tous lesinterlocuteurs concernés». Samuel Churin,

conférencesociale,on nepeut pasnousmêmesmettreen causeun accord majoritaireinterprofessionnel!» Unargument quin’a aucunechanced’être entendu par les intermittents. •

POURQUOILES PROPOSITIONS DE VALLS FONT-ELLES LONG FEU?


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De gauche à droite: un portraitdu jeune Haendelaccroché dansun salon du castello Ruspoli.C’est une copie, réalisée en 1725, de celui exposédans l’église face au château.La salle de réception où

Le château de Versailles célèbre avec une série de concerts le compositeur saxon, dont l’œuvre fut fortement influencée par un séjour transalpin effectué à l’âge de 21 ans.

Haendel en Italie, intervalle majeur http://slide pdf.c om/re a de r/full/libe ra tion2014062121-06-2014

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Haendeljoua nombre deses œuvres.Le jardin Renaissance,crééen 1611,et un salon ducastello Ruspoli,au nord deRome.

Texte et photos ÉRIC DAHAN Envoyéspécial àRome

a voiture slalome sur jardin Renaissance , Cerveteri (American MusicologiVignanello une route en lacets en considéré comme le cal Society), la période Viterbo directionde Vignanello, plus beau de toute l’Itaitalienne du composidans la provincede Vi- lie. L’autre attrait du teur était peu docuITALIE Rome terbo. Sous lesfeuxdu château, c’est le fait mentée. Sans doute LATIUM couchant, la campagne quele jeune Haendel y parce que Haendel,une du Latium qui défile a séjourné,composéet foisinstallé à Londres, Mer Tyrrhénienne derrière les vitres n’a fait jouer des œuvres. restadiscret à ce sujet. rien à envier à laToscane.Moinsd’une Giada Ruspoli, qui vit Refusantd’abdiquer sa 50 km Naples heureaprès avoirquitté Rome,on entre auBrésil depuis1975et foi luthérienne, il avait dansla commune, étagéesur un rocher passe sixmois paran à Vignanello, ra- dû laisser sa place aucatholiqueAntode lave. A son sommet, une grande conte: «Il y a quelques années,une jeune nio Caldara après que son mécène, le placeoù sefont face la ChiesaCollegiata flûtistem’a raconté qu’elle étudiaitl’his- marquis de Ruspoli, eut été nommé di Santa Maria della Presentazione, toire de mon ancêtre Francesco Maria prince de Cerveteri. inaugurée en 1723, et le Castello Rus- Ruspoli, mécène de Haendel et de Cal- Haendelavait pourtantcontribuéà l’aspoli, qu’un simple coup d’œil suffit à dara, qui avait également hébergéchez lui cension de Francesco Maria Ruspoli identifiercomme uneforteresse médié- le fameux flûtiste français Hotteterre. Je dans la société romaine en écrivant vale. Depuis1996,ce châteauest la pro- mesuisdit:“S’il y a des gens auBrésil qui pourlui descantatessacrées et profanes priétéde Giada et Claudia Ruspoli, filles se passionnent pour l’histoire de ma fa- ainsi que des oratorios enchanteurs, de Sforza Ruspoli,qui n’est autreque le mille, je ferais bien de m’yintéresser éga- comme Il Trionfodel Tempo e delDisincadet de feu Alessandro Ruspoli, dit lement.”» ganno(le Triomphe dutemps etde ladéDado, figure de la jet-set et chaînon sillusion). MaisRuspoli, unefois consaLe compositeur du «Messie» manquant entre la papauté romaine et cré par le pape Clément XI afin de le pas assezcatholique les Rolling Stones. remercier d’avoir fourni un régiment Lesdeuxsœurs occupentet gèrentcette Il n’est paschoquantque Giada Ruspoli pourla défensede Ferrare, n’eutd’autre propriété en alternance car, de leur ait longtempsignoréles relations entre choix que de se trouver un maître de propre aveu,elles ne s’entendent pas. sa familleet le compositeur du Messie. chapellecatholique.

NisiDominus ainsi quelesmoinsconnus Armida Abbandonata et SalveRegina.Il fait même partiedes tubesdu compositeur depuisque CeciliaBartoli a repris l’air Lascia la Spina (esquissedu Lascia ch’io Pianga de l’opéraRinaldo ) surson album à succès Opera Proibita .

L’unedelechâteaufutde leurspremières décisions cernant l’ouvrirauconpublic.Après desannéespasséesà lerestaurer, ellesy accueillentdésormaisdes groupes de visiteurs intéressés par son

Brandebourg,futur en roide Prusse,s’était déjàfaitremarquer tantqu’organiste titulaire de la cathédrale calviniste de Halle, puis comme compositeur d’opéra (Almira et

L

Jusqu’à la révolutionmusicologique baroque,qui débutail y a cinquanteans, et surtout jusqu’àla publication en 1967 d’un ouvrage d’Ursula Kirkendaleintitulé The Ruspoli Documents on Handel


Composé en1707 surun livret ducardiTriomphedu nalBenedettoPamphilj,ce temps et de la désillusion est l’un des chefs-d’œuvre de la périodeitalienne de Haendel, avec le Dixit Dominus, le

L’orgue et le clavecin plutôt que le droit Néle 23février1685 à Halle,Georg Friedrich Haendel granditen Saxeavantce voyage en Italie, déterminant pour la suite de son œuvre, comme ce sera le casaussi pour Mozart.Synthèsedu rigoureux contrepoint allemand, du grand style français et de la verveitalienne, «lamusiquede Haendel se distinguera toujours de celle d’un Bach» par son «élégance mélodique» apprise en Italie,rappellele musicologuecanadien WarrenKirkendale. Virtuose de l’orgue et du clavecin, pratiquant violon et hautbois, Haendel luttacontre son père déterminé à le voir devenir juriste. Quand il partit en Italie, à l’âge de 21 ans, le musicien, sujet du duc de

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HAENDEL ENITALIE, INTERVALLE MAJEUR Nero ) à Hambourg, principal centre culturel et musicalde l’Allemagne du Nord. Il serait d’abord parti à Florence à l’automne 1706, où il rencontra Alessandro Scarlatti et composa Rodrigo, commandé par Ferdinand de Médicis. De là, il auraitrallié Rome en décembre1706, où ilse signalaen jouant surl’orgue dela basilique Saint-Jean-de-Latran, instrument de dimensions imposantes qui étaitalors le plusprestigieux de Rome.

De sensuels oratorios pour contourner l’interdit Haendelne tarda pas à rencontrertrois cardinaux quiallaient jouer un rôle importantdanssa vieet sonœuvre:Carlo Colonna, BenedettoPamphilj,l’archiprêtre de Saint-Jean-de-Latran, puis l’homme quilui succédera à ce posteen 1730,le cardinalPietroOttoboni. Lesri-


vaux potentiels de Haendel se nommaient alorsArcangeloCorelli,Antonio Caldaraet,surtout,Domenico Scarlatti, avec quiil selivra à unejoute musicale dansle palais d’Ottoboni.C’estl’époqueoù l’opéra était,par ordredu Vatican,interdit à Rome. Officiellement en signe de gratitude à la Vierge, après qu’un tremblement de terre en 1703 n’eut faitaucunevictime.Mais en réalité parce que l’essor du théâtre et de l’opéra vidaitles égliseset menaçaitla moralitéchrétienne.A défautd’opéras, Scarlatti, Caldara et Haendel composeront donc desoratorios,pas moins sensuels, surdes thèmes bibliquesou allégoriques, qui feront la fortune des castrats. Leurs librettistes et parfois mécènesn’étaientautres queles cardinaux Pietro Ottoboni et Benedetto Pamphilj, qui faisaient interpréter leurs œuvres dansleurs appartements et parfois dans deslieuxpublics,durant la semaine sainte. Pour Francesco Maria Ruspoli, son principal mécène, Haendel a composé la Resurrezione,surun livret de Carlo Si-


La grande place de Cerveteri (ci-dessus). Ci-dessous,la nef de la basilique Saint-Jean-deLatran,à Rome (à gauche) et deshôtesses d’accueil en costumeétrusque à l’entréedu palais Ruspolide Cerveteri (à droite).

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tous les jardins Renaissance, celui-ci est composé d’unepartie formelle,symbolisant larationalité, et d’une partie naturelle,symbolisant l’émotionet l’instinctde l’homme», précise Claudia Ruspoli avantde s’éclipser. C’est déjàl’heuredu déjeuner, durant lequel on interroge le professeur Monari. Il enseignel’histoirede la musiqueà la Sapienza et à l’Universitégrégorienne de Rome, qui dépendent toutes deux du Vatican. En 2009, il a rencontré Giada Ruspoli qui l’a aussitôt invité à L’opéra étaitinterdit à Rome. donner une conférence Officiellementen signede gratitude surla bossa nova auchâà la Vierge, après qu’un tremblement teaude Vignanello. Il lui

chef John Eliot Gardiner, The English BaroqueSoloists et le Monteverdi Choir sera l’occasion de saluer la mémoire d’UrsulaKirkendale, l’épouse de Warren Kirkendale disparue en 2013, qui découvritles archives de lafamilleRuspolientreposéesau Vatican et fit le lien avecHaendel.

deterre n’eut faitquesonessor aucune victime.en En1703 réalité parce vidaitleséglises.

la listede sesœuvres commandées et jouéesdurant son séjour en Italie. Elle localisa ensuite ses partitionsautographes dans la librairie épiscopale de Münster, quiles avait acquises auprès de Fortunato Santini, un compositeur et collectionneur romain du XIXe siècle. En comparant les titres, le nombrede folios et les informations des livres comptables, elle putenfin dateret localiserla créationde plus de50 œuvres de celui queles compositeurs de l’èreclassique, à savoir Haydn, Mozart et Beethoven, considéraientcomme rien moins que leurmaître.

gismondo Capece,ainsi quenombre de cantates profanes et d’œuvres instrumentales.Pendant sonséjour italien, il se rendit également à Naplesoù il livra, l’été 1708,la sublimesérénadeAci, Galatea e Polifemo, et à Venise où il présenta, en 1709,son opéra Agrippina sur unlivret ducardinal Grimani. Puis il retournaen Allemagneavantde s’installerdéfinitivement à Londres, où il enchaîna les succès lyriques, comme Giulio Cesare, Tamerlano et Rodelinda.

Depuis, ce jardin a accueilli certains concerts du festival baroquede Viterbo qui,depuis trente ans,animeles églises et monastères de la région en août et septembre. Claudia Ruspoli reprend: «C’estle pape PaulIII, unFarnèse, quia donné,en 1534, lapropriétéde ce monastèrebénédictin à sa nièceBeatriceFarnèse pour son mariage. Elle a ensuite trans formé le bâtiment avec l’architecte de la famille, Antonio da Sangallo il Giovane, l’undes plus célèbres dela Renaissance. Le jardina étécréé plus tard, en 1611, en élevant la terrealentour, en mêmetemps que la muraille et le pont-levis.» On visite lesdifférents niveaux du château, le rez-de-chaussée où a étépeint, surun muradjacentà lachapelle,l’arbre généalogiquede la famille. Puisle grand salon du premier étage où Haendelfit jouernombre deses œuvres durant sonséjourà Vignanelloet quiaccueille désormais les épreuves et concertsdu festivalde musiquecréé par Giada Ruspoli. Enfin, le dernier étage, aujourd’hui occupé par des appartements d’oùl’on peut contempler,d’un côté, l’église construite par Ruspoli

a suggéré à son tour de créerun concoursinternationalde musiquebaroque couplé, ce qui est unique au monde, à un concours de musicologie récompensantdes travaux de chercheurs. Après avoir révélé des chanteurs, des flûtistes, des gambistes, la sixièmeéditiondu concours, qui se déroulera à l’automne, primera des violonistes, sousle haut patronage du musicien Enrico Gatti. Le concours porte le nom d’une ancêtre des Ruspoli, Giacinta Marescotti, qui choisit d’êtrenonne et futcanonisée après sa mort. On demande au professeur si c’est pourrappeler que les musicologuesvivent cloîtrés comme desmoines dansdes bibliothèques.Il répond que «c’est surtout en référence à l’époque où les liens entre noblesse et papauté étaient très forts». Une tradition toujours d’actualité, commeon le constatele lendemainen retrouvantSforzaRuspolidans son palais de Cerveteri, une ville de la côte tyrrhénienne célèbrepour ses vestiges étrusques et sa nécropole. En fin d’après-midi, ce palais accueille une conférence intitulée «Au-delà de la crise, vers une nouvelleEurope»,réunissant des représentants des églises catholiqueet orthodoxe.Mais si l’ona accepté l’invitation du prince, c’est surtout parce quec’estdans sa belle résidence, à l’occasion d’une partie de chasse de son ancêtreFrancesco Maria Ruspoli, queHaendelaurait composéet faitdonner sa cantate DianaCacciatrice . Lesrelations entrela familledu prince etla France sont innombrables et expliquent quele château de Versailles,qui célèbre Haendel depuis la fin mai par unesérie deconcertsà l’Opéra royalet dans la galerie des Glaces, ait choisi d’associerles descendants des Ruspoli aux festivités. C’est ainsi quele 6 juilletseradonné Il Trionfo deltempoe delDisinganno , suivi d’une soirée concert sousles orsdu Petit Trianon de Marie-Antoinette, reconstituant l’esprit de celles de FrancescoMaria Ruspoli, lorsqu’ilréunissait unesociétéd’amis dans soncastello de Vignanello.La soirée se dérouleradans lethéâtresecretde la reine, construiten

bien après le départ deHaendel, et de l’autre, le jardin Renaissance dontles bosquets reproduisent les initiales de ses créateurs et propriétaires, entre autres symboles ésotériques. «Comme

1780, quia conservéla machinerie etles décors dans lesquelsMarie-Antoinette se produisit devant sesplusfidèlesamis. En attendantcette soirée, le DixitDominus que donneront, ce dimanche, le

La sœur aînéede Giada,ClaudiaRuspoli, qui nous accueille au château de Vignanello, est très affairée, entre les préparatifsdu déjeuner pour un groupe de cinquante touristes et l’installation dansle jardin d’uncircuit électrique qui permettra de l’éclairer la nuit.Si Giada s’estoccupée de laréhabilitationdu bâtiment et du mobilier, Claudia s’est consacrée au jardin, qu’elle a pu restaureravec l’aidede l’Union européenne. Lespremiersgrands travaux ontété la création d’un puits, afin d’irriguer l’immense pelouse qui prolonge les bosquets. «Avant la venue de Georgina Masson, grande paysagiste anglaisedes années50 qui a écrit “il y a,à Vignanello, unjardinqui estun bijouinconnu”, onne réalisaitpas sonimportance; c’étaitjuste le parc de la maison de vacances familiale», raconte Claudia.

«Diana Cacciatrice» composée à la chasse


Des partitionsexhumées dans les années 60 C’était dans les années 60, elle était doctorante à l’université de Bonn et partitpourRomeoù, consultantles livres comptables du prince et lesfacturesdes copistes, elle reconstitua l’emploi du temps du compositeurainsi que

Avant de quitter Rome, on retrouve Warren Kirkendale dans le palazzo de Sforza Ruspoli, sur la via del Corso, à Rome. Les deux nous montrent ce grand tableau grâce auquel UrsulaKirkendale a pudéduire, entreautres découvertes utiles aux interprètes, que la cantateUditeil mioConsiglio faisaitréférenceau conseildonné parRuspoli au pape dans le port de Civitavecchia au sujet des tactiques navales à adopter durant la guerre pourla successionespagnole: «Abandonnez les vieuxgalions et remplacez-les pardes brigantines plus manœuvrables»,déclame Warren Kirkendale. Il ajoute: «Haendel n’était pas salarié comme le sera son successeur Caldara, mais fut néanmoins traitéroyalement. En 1707, il était logé au palazzo Ruspoli de Romeet en1708, aupalazzoBonelli.Les livres comptables révèlent qu’en deux mois, il dépensait en nourriture et boisson l’équivalent de deux ans de salaire d’un musiciendel’époque.»Le festinHaendel programmé à Versailles a déjà commencé, mais il reste encore quelques plats et dessertsde choix. •

HAENDELÀ ROME Châteaude Versailles.Jusqu’au 8 juillet. Rens.: www.chateauversailles-spectacles.fr

LE CHEF-D’ŒUVRE D’IVAN PASSER ENFIN DE RETOUR AU CINÉMA !

. d e t i m i L s u c r i C k r a P r a p é u b i r t s i D . s é v r e s é r s t i o r d s u o T . c n I s o i d u t S r e y a M n y w d l o

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IVAN PASSER

4 1 0 2 © Y A W S ’ R E T T U C

UNFILM DE

R A T S K R A D

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BRIDGES HEARD

G o r t e M

GURIAN ENTERTAINMENT "CUTTER’S WAY" AVEC JEFF BRIDGES JOHN HEARD ET LISA EICHHORN STEPHEN ELLIOTT ARTHUR ROSENBERG NINA VAN PALLANDT ANN DUSENBERRY DIRECTEURDELAPHOTOGRAPHIE JORDAN CRONENWETH MUSIQUE JACK NITZSCHE D’APRÈSLEROMANDE NEWTON THORNBURG SCÉNARIOJEFFREY ALAN FISKIN PRODUCTEURPAUL R. GURIAN RÉALISATEURIVAN PASSER UNE PRODUCTION

VERSION RESTAURÉE INÉDITE

AU CINÉMA LE 25 JUIN

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46 • CULTURE


BIGOTS Menaces sur

VENTE Ce samedi à Paris se déroule la dispersion des pièces conçues

pressions catholiques.

La collection Chesnais au fil des enchères

la pièce de Rodrigo García suite aux

ou glanées par le marionnettiste français tout au long de sa vie.

«Golgota» crucifié en Pologne

caux comme le Tambour de la rose . C’estlui quiles fabrique, sa femme les habille, la petite Mariondonne uncoupde main. Elle sera toujours là quand ils auront besoin d’elle, même si elle mènera par ailleurs une carrière au CNRS. «C’est toute ma vie», dit-elle. Nabots. En 1938, Chesnais a

n vérité, jevous ledis,quin’apas le sensde l’humour n’entend rien àlavie»: la phrasefigure dans Golgota picnic, la pièce de Rodrigo Garcíacrééeà Madrid en janvier2011. L’humour n’estpas la première qualité des activistescatholiquespolonais qui exigent l’interdiction du spectacle. En

«E

un remake desmanifestations de protestation organisées à Toulouse et Paris en décembre 2011,à l’initiative de l’officineextrémisteCivitas,ils prétendent faire converger surPoznan desdizaines de milliers de manifestants, venus de tout le pays, dansle butd’empêcher les représentations des 27 et 28 juin programmées au MaltaFestival. Ils ont reçu le soutien des plus hautes autorités ecclésiastiques polonaises, dontl’archevêque de Poznan, Stanislaw Gadecki, et de plusieurs associations de supporteursde football,connus pour leur violence. Uneconjonction explosive quiinquièteau plus haut point les responsablesdu festival, l’undes principauxrendez-vous de théâtre du pays, qui setienttous les ans enjuin. Lefestival envisageant, du coup, de faire se dérouler le spectacle à huisclos, dans le théâtre vide, et de retransmettre la représentationen streaming sur Internet,Rodrigo Garcías’est dit prêt à reprendre la proposition à son compte. Dansune lettrerendue publique mercredi, l’auteur-metteur en scène, par ailleurs directeurdu Centre dramatique national de Montpellier, disait ainsi envisager l’idée, si c’était le seulmoyen d’éviterl’annulation pure et simple du spectacle.Mais lesorganisateurs ontfinalementécarté cette option,estimant qu’elle ne suffirait pas à calmer les esprits…D’autant quela police de Poznana d’oreset déjà prévenuqu’elle ne pourrait garantirla sécuritédu théâtre où se tiendrait la représentation. Les organisateurs redoutent d’ailleurs que lesmanifestants ne s’en prennentaux autres lieux dufestival, dont leprincipal, installé en plein air sur l’une des places centrales de la ville. Rodrigo García,qui est aussi programmateur associé à l’édition de cette année,axée sur l’Amérique latine, avait prévu de se rendreà Poznan vendredi. RENÉSOLIS

Bastienne,1942 pourl’opérade Mozart.

estun petit événement jorité de marionnettes datant che de houx, il ne possédait historique et patrimo- duXIXe siècle. «Endehorsde ses plus grand-chose, son atelier nial: la vente aux en- créations, Chesnais a recherché ayantété pillé lors de samobilichèresde la collection du ma- toute sa viedes spécimenset des sation, en1939. Il reste un BalrionnettisteJacques Chesnais, traces de marionnettesdans tous thazarà filet toute unesériede disparu en 1971. La dernière les pays où il passait, raconte maquettes colorées pour madispersion de cette ampleur, Marion Chesnais. Il a notam- rionnettes à gaine, dans lescelle des Walton, remonte quelleson perçoit à 1979. MarionChesnais, y avait Hormissescréations, lasalle une inspiration assistéà l’époque. Ellese rap- d’exposition à l’étageoffre cubiste. Chesnais pelle avoiracquisdeux petites a notamment trauneimpressionnante brochette têtes mais avoir vu s’échapper vailléà sesdébuts de marionnettes liégeoises, une écuyèrequ’elle convoitait dans l’atelier de et qui avait étépréemptée. Fernand Léger. allemandes,javanaises… Agée aujourd’hui de 80 ans,la A son retourà Pafillede Jacques Chesnaisa dé- ment publiéen 1947une histoire ris,après avoircrééau débutde cidé de disperser à son tour généraledes marionnettesqui fait la guerre un théâtre aux arla collection de son père. encore référence.» mées,il fondeavec safemme la En2006,àlamortdesamère, En 1934,Jacques Chesnais crée troupe lesComédiensde bois de elle avaitdéjà effectuéune da- son premierthéâtre, la Branche Jacques Chesnais,avec laquelle tionà la Bibliothèquenationale de houx. Sa fille raconte qu’il il donnera des représentations de France. avait étésubjuguépar la repré- dans les théâtres et musicMobilisation. Exposée dansun sentation d’une troupe ita- halls, avant de se produire en «Unefamillede marionnettistes, lieu consacré aux arts et à la lienneet qu’il avaitdécidé de se province et à l’étranger. De LesChesnais», ventesamedi juinà 11 heures. Eléphant danse, la vente Chesnais colle lancer dans la marionnette cette périodedemeureune série 21 Paname, 10, rue Volney,75002. idéalement au cadre Napo- après avoir un temps songé au de marionnettes à fil,person- Rens.: 01423305 25ou léon IIIen présentant unema- théâtre.De l’époquede la Bran- nages de ses spectacles musi- www.artstalentsencheres.com

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La Soupière, 1955. PHOTOS ARTSTALENTSENCHÈRES

l’idée de célébrer la modefrançaise avec des marionnettes, comme jadis à la cour de Versailles avec des poupées. Lelong, Lanvin, Maggy Rouff et Schiaparelli acceptent d’habiller deux marionnettes et Bertrand, perruquier de l’Opéra, réalise la conception des coiffures. Ces magnifiques modèles, qui seront dispersés, n’ontété montrés qu’àAmsterdamen 1939. En dehors de ses créations, Jacques Chesnais a beaucoup acquis dans différents pays. La salle d’exposition à l’étage présenteune brochette impressionnante de marionnettes liégeoises, allemandes, javanaises… Maisle clou réside dans le groupede reliquatsdu Théâtre de nabots de Mme Forain. En 1904, l’épouse du peintre Forain rencontreune troupede marionnettistes qui lui donne l’idée de créerson propre théâtre. Ellemonte un atelierà Paris avec desspectaclesdestinésà la bonnesociétéde l’époque,dont le produit desentréessert à habillerles petitspauvres.Parmi les«nabots» de Chesnais figure notamment unedanseuse dont la tête estattribuée à Degas.«Je lesai toujoursconnues à lamaison. Certaines trônaient même sur des fauteuils dans le salon, mais je ne sais pas où mon père les avait récupérées. C’est un mystère.» FRÉDÉRIQUE ROUSSEL

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INSTANTS TÉLÉ

6 M . N O N E R C N A L E I V L Y S / P F A . T N O M R E I P C I R É

Pipo et Bimbo C’est une révolution: on a trouvé la martingale du rire à latélé.Finiles catas d’Aram,Roumanoff ou Ruquier, cette fois,on les tient,nosPipoet Bimbodu XXIe siècle. C’est,étrangement,à l’universitéd’été du Syndicatnationalde la publicité télévisée (SNPTV) qu’ils se sontrévélés,comme l’a signalé Satelli fax. Nicolas a dégainé cette punchline defeuà proposde Scènesde ménage sur M6: «Puisquele public vientle regarder presque autant que le journal de TF1. Ça doit être formidable.» Du tac au tac, Nonce a répliqué: «Mais pasautant que Nos Chers Voisins», le programme court d’après-JTde TF1.Mesdames et messieurs:les patronsde M6et deTF1, Nicolas de Tavernost et Nonce Paolini!

Pipo et râteau Mais ce numéro de claquettes du rire n’était pasfini. CarTavernost,faisant mine d’être aimable, a ensuite lancé qu’ilavaitregardé le premiermatchde l’équipe de France sur TF1 plutôt que sur BeIn Sport: «C’était ma manière à moi d’être solidaire, de participer à ses pertes. C’étaitun gesteconfraternel.» Ni uneni deux, Paolini a balancé: «Jesais que Nicolas s’estfaitle chantre de la contre-programmationpour attirer les femmes. Hier soir, il y en avait 54% sur le programme de TF1.» Bon,onnevapas sementir, dansce duo,il y ena unqui est beaucoupplus drôle que l’autre.

Pipo et lourdaud Maisil a fallu qu’un troisièmehomme viennes’inviter et gâcher le spectacle. SoitAlain Weill,patron de BFM TV, très en rogne contreTF1 et Nonce Paolini, quia tenté derebondir surcet humour ballonesque, expliquant qu’àla seconde mi-temps, lui était passé sur BeIn Sports: «Jene saispas pourquoi, l’image était meilleure sur BeIn Sports.» Haha.

Bonne nouvelle Iln’y aura pas de Masterchef en 2015.

Mauvaise nouvelle TF1n’arienpromispour 2016,2017et toutes les autres annéesde lavie.

BOURRE-PAF

Par RAPHAËLGARRIGOS et ISABELLEROBERTS

Un chien de sa chaîne oueur, câlin, 8 millions de Français en sont fous, il est même devenu un membre de la famille à partentière, mais parfois il peut rendre la vie de ses propriétaires impossible.» Mais qui est-ce? Qui a donc été ainsi décrit dans cette phrase prononcée samedi dernier, vers17h 20,surM6 etsur unton tellement youpi? Non, vous êtes gentils, chers lecteurs, mais cet «il» ne désigne pas votre

«J

bien-aiméD r Garriberts. C’estmieux,enfin c’estpire: «il» est unchien. Oui,un toutou, un clebs.Et là,à la concomitancedes mots «Dr Garriberts» et «clebs», vous la voyezdéjà,déferlant surnous,tel un violenthabooblourdde sable masquantl’horizon infini du Sahara: la tendance chien. La. Tendance. Chien.Attention,on ne parle pas là d’émissions animalières du style 30 Millionsd’amis qui continuede ronronnerle dimanche midisur France3 maisbel etbiende cequela Sixa inaugurésamedi dernier avec l’hebdomadaire Happy Dog : la canidisationde la télévision.

«Elium, ni dieu ni maître» Parfaitement: la canidisation de la télévision. Soit l’insidieuse conquête du petit écran parles chiens. CarHappy Dog,c’est On a échangé nos mamans, mais avec des toutous. M6 aura beau tenter de nous faire avaler quel’échangede molosses estprécisémentla méthodepréconiséepar lecoach de l’émission, Thierry Bedossa, à nous, on ne la fait pas: la planètedes chiens,c’est demain. Passé un générique ponctué d’aboiements, on découvre Ice et Elium. Lespropriétaires de ce dernier– non, «sa famille», selonle commentaire– expliquent le problème : «C’est un rebelle, c’est un anarchiste, Elium, ni dieuni maître.» Comprendrequele boxerpasse sontempsà ravager consciencieusement la maison. En face, voilà Ice, bergerallemand dont l’activitéprincipale consisteà dévorer le mobilier dejardin etla secondaire,à tourneren rond ense mordant laqueue. Mais lecoach, lui,a comprisle problème: Elium estnon pas anarchiste, mais «destructeur car il vit malle fait derester seul toute lajournée».Ice, elle, a en fait «un tempérament anxieux, parce que c’est un chien de garde». Elium bave un tout petit plus queles Kévin d’On a échangénos mamans, mais sinon c’est la même psychologie en croquettes.

Thierry Bedossaet Balouprônentl’échangismecanin à visée thérapeutique. CÉCILEROGUE.M6

pas seule, un dessin offert par Lirrone, le petit dernier.S’ensuit unesemainede réapprentissage de la viepour lesdeux cabots (admirez, au passage, la quantitéde synonymes de«chien» qu’on vous a trouvés)au terme de laquelleElium et Iceregagneront leurs pénates, dociles enfin. De l’arsenal pédagogique quedéploieThierry Bedossa, nous retiendrons cet ingénieux truc pour éviter dese faire bousillerle jardin.Prendre unebouteille d’eauusagée,y glisserdélicatement desrillettes (duMans oude Tours, le précepteurn’a hélas pasprécisé) et hop, voilà le chien occupéà mâchouiller toutela journée et votre potagerpréservé. Certes, constellé de bouteilles d’eau aux rillettes, maisintact. Le conseilde Libération : ledispositif peutaussiavantageusementremplacerle Témestaquotidien de l’humain.

queenPaulO’Gradysur ITV, oùil s’agitde retrouver un foyerà deschiensabandonnés. Ou,sur Channel 4, Dogs: TheirSecret Lives, où on les filme en caméra cachée pourdécouvrirla richesse de leurvie intérieure (pisser partout, tout casser). Jusqu’au déchirantAufWiedersehen MyPet qui suit,sur ITV encore,des maîtres contraints, pour cause de déménagement, de maladie, etc.,de se séparer deleur bestiole.

Ailleurs, siBertrand, j’osedire, mesdu c’est un mondeentier. marchéde niche.»Vilain, pas joli jeude mot, ouhle vilain. Onrelèvera l’undes programmesles plus connus, For theLoveof Dogs, présentépar l’ex-drag

l’émission. A côtéde la petite bordercollie dontil se murmure qu’ellepourraitbientôt décrocherle 20 Heures deFrance2 estassis, très sageet papattes en rond,MichelDrucker, empaillé. •

Le clébardierRubicon

Après une tentative ratéede M6, déjà, en 2005 (Ausecours, monchienfait la loi), on dirait bien,avec HappyDog, que la France estenfin prête à un «Adieu, montoutou». Tenez, selon ce cabot de Cyril Hanouna, TF1a reniflé le filon et s’apprêterait,à la façon dont elle fait s’affronter des mariées dans Quatre Mariages pourune lune demiel, La grosse papatte à lancer Monchien est le meilleur. On mord Oui, HappyDog, sousses oripeaux vague- déjà l’esprit: quatre chiens par semaine ment second degré (à l’écran, unegrosse dontun énormesaint-bernard quiaurasu, chienchien ponctuechaque sé- à l’image deson maître,«restersimple» et, La bouteille d’eauauxrillettes papattede quence), esten fait latête depontde laca- c’est sûr, un chihuahua coiffé comme sa La thérapiede l’échange est à l’identique nidisation de la télévision.L’émission est cagole de maîtresse.Une foisfranchice cléitou: «Pourles maîtres, énonceThierryBe- adaptée d’un concept italien, Cambio Cane, bardierRubicon, tout sera possibleet tout, dossa quin’est pasqu’un vulgairevétomais mais c’est en Grande-Bretagne –où les déjà,s’organise.Vous pensezvraimentque aussi “un comportementaliste”, c’estbeau- deux corgis d’Elizabeth II arrivent juste MichelDrucker présente Vivementdimanche coupplus faciled’appliquer lesexercicesparce après Charles dansl’ordrede succession– accompagnéd’Izia uniquement parce que qu’iln’y a pasd’affect.» C’estsurtout, cin- quetoutse trame.«Iln’y a qu’au Royaume- c’estle chienchien à son pépère etque ça quante minutes durant,beaucouppluspal- Uni qu’on trouve autantd’émissionssur les luifait plaisir,au pépère à sonchienchien? pitantqu’unsimpledressage de iench.Le chiens, indique Bertrand Villegas, de Nous sommes en mesure de vous révéler deal de mâtins, filmé façon échanged’es- l’agence TheWit,qui scrute lesprogram- quec’est en faitIzia qui anime désormais pionsainsi surle pontde gne d’un troc Glienicke,s’accompade valises contenant, oui, leseffets personnelsde chaquetoutou: son huile d’olive, sa baballe dégueu, ses bullesde savon et,pourqu’Icene se sente


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A LA TELE SAMEDI

DIMANCHE

TF1

FRANCE 2

FRANCE 3

CANAL +

TF1

FRANCE 2

FRANCE 3

CANAL +

20h50. Football : Allemagne / Ghana. Coupe du monde de la FIFA 2014. Sport commenté par Christophe Bureau et Youri Djorkaeff. 23h00. Les experts Série américaine : À la carte, Une famille en enfer, Chaud business, Triste clown. Avec William Petersen. 2h18. 50 mn inside.

20h45. La Fête de la

20h45. Disparition.

20h45. Lecinquième

1 re & 2 e parties. Téléfilm français : Avec Maruschka Detmers, Andréa Ferreol 23h50. Soir 3. 0h10. Appassionata. La flûte enchantée. Spectacle. 2h45. Un livre toujours. 2h50. Des racines & desailes. 4h40. 30 millions d’amis.

20h55. Le marquis. Comédie française de Dominique Farrugia, 88mn, 2010. Avec Franck Dubosc, Richard Berry. 22h45. Esprits criminels. Série américaine : Duel de maîtres Leçons de séduction Tuer le père Avec Shemar Moore. 1h10. New York Section Criminelle.

20h45. Tellement

destubesdu soleil et musique, En direct de la place de la Comédie à Montpellier. Divertissement présenté par Patrick Sébastien, Aïda Touihri. 0h05. Alcaline, le concert. Coldplay. Magazine. 1h20. Thé ou café. Magazine.

20h55. Le jour attendra. Drame franco-belge d’Edgar Marie, 92mn, 2013. Avec Jacques Gamblin, Olivier Marchal. 22h25. Ma musicale. La musicale fête ses 10 ans ! Musique présenté par Emma De Caunes. 0h25. The bay. Film.

proches. Comédie française de Olivier Nakache, Éric Toledano, 102mn, 2008 Avec Vincent Elbaz, Isabelle Carré. 22h30. Faites entrer l’accusé. Rodica Negroiu, l’empoisonneuse de Maxeville. Magazine présenté par Frédérique Lantieri. 23h40. Météo.

commandement. Série allemande : Un monde à part, Le secret des catacombes, Le feu du ciel, Le dixième moine. Avec Christine Döring, Francis Fulton-Smith. 23h40. Météo. 23h45. Soir 3. 0h10. La Lune était bleue. Film.

20h55. Le grand méchant loup. Comédie française de Nicolas Charlet, Bruno Lavaine, 107mn, 2013 Avec Benoît Poelvoorde, Kad Merad. 22h40. Piégée. Thriller de Steven Soderbergh, 93mn, 2011. Avec Gina Carano, Michael Angarano. 0h10. Le journal des jeuxvidéo.

ARTE

M6

FRANCE 4

FRANCE 5

ARTE

M6

FRANCE 4

FRANCE 5

21h00. La France par la côte. Documentaire. 22h25. Alfredo

20h50. Deviousmaids. Série américaine : Bonnes à tout faire, Dresserla table,

20h45. Jack Wilder etla mystérieuse cité d’or. Téléfilm de Terry

20h35. Échappées belles. Corée du Sud : voyage vers le futur.

20h45. La fièvre du samedi soir. Comédie musical américaine de John

20h50. Capital. Vacances : faut-il craquer pour les petits prix ?

20h45. Terminator 2 : le jugement dernier. Film de science-fiction de Vic Armstrong,

Catalani Wally". Spectacle: "La de Denis Caiozzi. Avec Bálint Szabó, AinhoaArteta. 0h30. Festival villa Aperta. Live à la Villa Médicis. Spectacle. 1h45. Tracks. Magazine.

Nettoyeron derrière Comme fait sonsoi, lit... Avec Ana Ortiz, Judy Reyes. 0h30. Supernatural. Vente aux enchères, L’arrache-cœur, Caméra au poing. Série. 2h45. Météo. 2h50. M6 Music.

: 1Cunningham & 2/2 Avec Shane West, Luke Goss. 23h45. Archer. 3 épisodes Série 0h45. Monte le son, le live - Festival lesInrocks. Spectacle.

Magazine. 22h05. Costa Rica Rythme nature. Documentaire. 23h00. La grande histoire de la conquête spatiale. Le suspense. Documentaire. 23h55. D-day. Documentaire.

Badham, 1977. Avec John118mn, Travolta. 22h40. Bad 25. Documentaire. 23h45. Stravinsky à Hollywood. 0h40. Aix-enProvence. Lied et musique de chambre. Spectacle.

MagazineSotto. présenté par Thomas 23h00. Enquête exclusive. Policiers contre proxénètes : les nouvelles filières de la prostitution. Magazine. 0h25. Enquête exclusive.

James 1991. Cameron, 135mn, Avec Arnold Schwarzenegger. 22h50. 127 heures. Drame de Danny Boyle, 94mn, 2010. Avec James Franco, Amber Tamblyn. 0h15. Buried. Film.

20h35. Elysée, à la première table de France. Documentaire. Quand le terroir 21h30. se rebelle. Documentaire. 22h25. La Chine est encore loin. Documentaire. 0h25. Brésil : terre promise du football. Documentaire. 1h50. À la découverte de la Chine sauvage.

LES CHOIX

LES CHOIX

Top!

France 3, 17h55 Top! C’est mon anniv… Je sais que le gain record de Questions pourun champion est de 47900 euros. Je suis… Patrice G.!

Miam!

Arte, 20h10 Le riche Artereportage se penche sur le «Grand Procès» entamé en 2013 en Italie mêlant mafieux et politiques. Miam.

Battlestar!

Syfy,20h 45 Battlestar Galactica: Blood & Chrome? Ne bondissez pas, petits fans de la super série originale, ce téléfilm-là ne fait pas le poids.

Wouaf!

Gulli, 20h45 Pardon, mais cetterediffusion de Rintintin ne laisse pasde nous ravir. Nous attendons beaucoup de l’épisode «Tueursde chats».

Spike!

Arte, 22h40 Film commandé à Spike Lee pour le vingt-cinquième anniversaire de l’album, Bad25 fait plus que correctement le job.

Damned!

M6,2 heures Mais que fait doncce très goûteux film DamnedUnited surBrianClough, tonitruant entraîneur de Leeds, perdu à 2 heuresdu mat?

PARIS 1ERE

TMC

W9

GULLI

PARIS 1ERE

TMC

W9

GULLI

20h40. Toc-toc. Pièce de théâtre, 110mn. Avec Daniel Russo, Bernard Dhéran. 22h40. Un point c’est tout ! Pièce de théâtre, 115mn. Avec Patrick Préjean, NicoleCalfan. 0h25. Paris dernière. Magazine. 1h20. Rolling Stones : the singles 1962-1970. Musique.

20h50. New York sectioncriminelle. Série américaine : Combat de chiens, Trois en un, Le digne héritier. Avec Jeff Goldblum, Vincent D'Onofrio. 23h25. 90’ Enquêtes. Folie des produits du terroir : gare aux arnaques ! Magazine. 1h10. Troublantes visions.

20h50. Relooking extrême : spécialobésité. Ashley (1 & 2/2). Télé-réalité. 22h30. Relooking extrême : spécialobésité. Mike (1 & 2/2), Sally (1 & 2/2). Télé-réalité. 1h50. Météo. 1h55. Programmes de nuit.

20h45. Total wipe out made in USA. Spécial profs. Divertissement. 20h45. Total wipe out made in USA. Divertissement. 22h30. Génération Moonwalk. Spectacle. 0h30. Michael Jackson, 5 ans après. Documentaire. 1h10. Magic : famille féérique.

20h40. L’été meurtrier. Drame français de Jean Becker, 130mn, 1983. Avec Isabelle Adjani, Alain Souchon. 23h05. Lediable au corps. Drame italien de Marco Bellocchio, 114mn, 1985. Avec Maruschka Detmers. 1h00. Hôtels du monde. 1h55. Programmes de nuit.

20h50. Les experts Manhattan. Série américaine : À l’intérieur..., Le souvenir de trop, Le dernier bal. Avec Gary Sinise, Mélina Kanakaredes. 23h25. Coucou, c’est toujours nous ! Divertissement présenté parChristophe Dechavanne. 1h30. Fan des années 70.

20h50. Protéger et servir. Comédie française d’Éric Lavaine, 90mn, 2009. Avec Kad Merad, Clovis Cornillac. 22h25. Le mac. Comédie française de Pascal Bourdiaux, 90mn, 2008. Avec José Garcia, GilbertMelki. 0h15. Les 30 ans du top 50.

20h45. Rintintin. Série américaine : Une enquête difficile, Rusty joue les Cupidons, La perle de Cléopâtre. Avec Lee Aaker. 22h10. Rintintin. L’enfant de la forêt, Rivière aux folies, Tueurs de chats. Série. 23h35. Les Parent. Série.

NRJ12

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NRJ12

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NT1

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20h50. Le super bêtisier de l’année. Divertissement présenté par Clara Morgane et StéphaneJobert. 22h40. Le super bêtisier de l’année.

20h50. Femmes de loi. Téléfilm français : Intime conviction. Avec Natacha Amal, Ingrid Chauvin. 22h35. Au coeur de l’enquête. Délit de fuite : quand la police traque les

20h50. Chroniques criminelles. Affaire Mouillard : un drame familial / Cauchemar meurtrier : pour l’amour d’une mère / Polygamiefatale. Magazine présenté par Magali Lunel.

20h50. Le Zap choc. Divertissement. 21h45. Le Zap choc. Divertissement. 22h45. Le Zap choc. Divertissement. 23h40.

20h50. Six bullets. Thrilleraméricain d’Ernie Barbarash, 115mn, 2012. Avec Jean-Claude Van Damme, Joe Flanigan. 22h50. Sur les traces de Jean-Claude Van Damme.

20h50. Espion, lève-toi. Drame franco-suisse de Yves Boisset, 98mn, 1981. Avec Lino Ventura, Michel Piccoli. 22h40. En quête d’actualité. Côte d’Azur : les

20h50. Confessions intimes. Magazine présentépar Christophe Beaugrand. 22h50. Confessions intimes. Magazine. 0h20. Tous différents. Magazine.

2 épisodes. Divertissement. 2h00. Poker. 3h10. Programmes de nuit.

chauffards. Magazine présenté par Adrienne De Malleray. 0h20. Programmes de nuit.

23h10. Chroniques criminelles. Magazine. 3h25. Fan des années 80.

Le Zap choc. Divertissement. 0h40. Programmes de nuit.

Lucky, Attila, Anniversaire Dubai, Road trip. Documentaire. 1h45. Poker. Jeu.

dessous d’une cash machine. Documentaire. 0h25. Langue de bois s’abstenir.

2h05. Drôlesde jeux. Téléfilm. 3h40. Fan des années 80. Divertissement.

20h50. Direct auto. Magazine présenté par GregoryGaliffi. 22h35. L’angedéchu. Téléfilm de John Quinn, 105mn. Avec Adam Thomas. 0h25. Programmes de nuit.


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STYLES L’E-CIGARETTE RENVERSE LA VAPEUR p.50

T X Brocéliande à pas contés E N

T U O A M E H P O T S I R H C

VOYAGES p.56

T R E B M I R E L L E B A S I

Sommaire Pages 50-51 GrandFormat Styles Page 52 Food Pages 54-55 Voyages Pages 56-57

FOOD VIANDE: LE MÉZENC EN FAIT TOUT UN FOIN p.54


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L’e-cigarette, se forme une communauté d’amateurs.


«L’équivalentdu power yoga: fumer sans mourir»

e-cigarette a unparfum de futur», écrit ces jours-ci le chercheur américain David A. Banks dans le magazine TheNew Inquiry. «Fumerdes vraies

«L’

Aux Etats-Unis, l’engouement flirteavecle phénomènede société. Quiaurait puimaginer qu’aupays du cow-boy Marlboro,on parviendraità numériserune clope, à remplacer l’allumette frottée virilement sur un talon par une prise USB? ExitHumphrey Bogart avec sa cigarette-clou de cercueil collée au bec,placeà JohnnyDepp,premieracteur à vapoteravecdésinvolture dansun trainbondéau cinéma (The Tourist, en 2010). L’avenir s’incarneen Kevin Spacey (alias Francis Underwood) qui, dans lasaison 2 dela sérieHouse of Cards, troque froidementson tabac grillécontre un cylindrede plastiqueen prime-time.«C’estde lava peur!» explique-t-il à sa femme,

cigarettes,c’est tellementen2013. C’est comme lire un journal papier», ironise de son côté le Time Out de Londres. Ou comment,en l’espace d’un an,une pratiquefrisantle ri-

avantl’étendard de balancer lazélateurs répliquedevenue des de la vape: «Addictionwithoutthe consequences» («l’addiction sans les conséquences»). Ou du moins ne

vapeur montante Parfums élaborés, coffee shops spécialisés… Loin de l’image ridicule qu’elle dégageait à ses débuts, la clope électronique s’impose aujourd’hui comme un accessoire branché, un phénomène de société autour duquel

dicule (fumer un stylo avec du jus de nicotine alimenté parune batterie) est devenueemblématique du XXI e siècle. Plus qu’un simple substitut, un mode devie.

Par MARIELECHNER Photo CHRISTOPHEMAOUT

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GRAND FORMAT NEXT • 51


La Francecompte 1,5 milliond’adeptes pour un chiffre d’affaires de 275millions d’euros.

connaît-on pas,fauted’études, les effets à longtermedu mystérieux cocktail chauffé de propylène glycol, de glycérine, de nicotine et d’arômes. Bien que conçue en Chine par le modeste pharmacienpékinois Hon Lik pour permettre à sonpère, gros fumeur atteintd’uncancer du poumon en phase terminale, de fumer pendant sa chimio,l’e-cig esttota-

salon du genre qui s’est tenu en mars à Bordeaux. Ce sentiment d’appartenance à unecommunauté est renforcé aujourd’hui par les menacesindustrielles et politiques quivisentà bannir l’e-cigdes lieux publics. C’estaussil’analyse quefait Banks du vapotage, quioffreselonlui «un nouveau rituel nicotinéet invite à la curiosité plutôt qu’au jugement». Il

lement en phase avec la culture américaine d’efficacité. «C’est l’équivalent nicotinique du power yoga, qui consiste à se faire desmuscles touten étantzen: l’idéeest defumersans culpabilitéet sansmourir», estime l’agence de tendance visuelle Pinar&Viola, auteure d’un guide de l’e-cig où il est affirmé que «voir ces hommes charismatiques vapotant nonchalamment aux GoldenGlobes [allusionà DiCaprio, ndlr] récuse notre dogmeselon lequel les cigarettesne peuvent être coolque lorsqu’elles vous tuent lentement». «Live long and vape on», pour reprendre un slogan populaire. La France, l’autrepaysde la cigarette, peut-être moinsobsédéepar l’immortalité, les dents blanches et la peausaine,fait elleaussisa révolution(moinstapageuse)… même si le vaporisateurreste souventconsidérécomme un astucieux substitut permettantde fumer dansles lieux oùle tabacest proscrit, commeles hôpitaux, lesrestos ou lesbureaux. A Libération, longtempsbastionde résistanceà la loiEvin, nombreux sont ceux qui s’ysontmis (même si cetami critique decinémaconfie: «C’est comme tailler une pipe avec une capote»). Ce qui était une pratique un peu honteuse enFrance esten trainde muter, à mesure qu’explose le nombre d’adeptes(1,5 million, selon les estimations du cabinet Xerfi),de points de vente(2 000), d’arômes et le chiffre d’affaires (qui a quasi triplé entre 2012 et 2013, aujourd’hui à 275 millions d’euros). Sexy, techie, healthy… C’est du moins ceque l’industrie del’e-cigarette veutfaire croire, marketant l’objetcomme l’ultimeaccessoire de la coolitudebranchée. Del’autre côté dela Manche etde l’Atlantique, les volutes de l’e-cig enfument les écrans de télédésertéspar le tabac depuisdes décennies, réactivant le symbolisme phalliqueéculédes cigarettesoriginelles– libertéet rébellion. La reine carbonisée du grunge Courtney Love vante les vertus de la «fuc-

rend les fumeurs à nouveau sociaux,porteursd’une image positive, plutôt que de les présenter commedes toxicomanes. La communauté qui s’est formée online, via les forums et les tutoriels sur YouTube, se retrouve désormais dansdes lieux où partagerconseils et expériences.La simple boutique seprolonge enbar loungeavec catranscrire l’originalité de l’objet, d’année: la cigarette«intelligente» nettesteampunk, colifichet recou- napé, snackset wifi. DeuxFrançais selon Tracy Jeanne Rosenthal. développée par une start-up fran- vertde diamantset orné d’un bec (broker ettrader) ontouvertle preD’après l’essayiste californienne, çaise, synchroniséeavec le smart- Hello Kitty, en forme de marteau miere-cig coffee shopà Londres, l’e-cig flirte davantage avec l’ima- phone, faitoffice de coach, comp- ou quifait aussi tournevis électri- misantsur leduo win-winnicotigeriemilitaire du champignon ato- tabilisant chaque bouffée et que, sans parler des accessoires, ne-caféine, servidans des béchers. mique, utilisant un vocabulaire affichant lenombre dejoursde vie comme ce holster, pour pouvoir Situé dans le quartier branché de comme«atomiseur»,«vapeur» et gagnés et d’euroséconomisés.Ac- dégainerrapidement son e-cig. Shoreditch, il draine une «clientèle «hit», comme elle l’expliquait le cessoire indispensable pour com- Parallèlement à la vape grand pu- quis’étend dubanquierde laCityau 22 février auNew Museum,à New pléter sa panoplie quantified self. blic émergent des sous-cultures do hipster d’agence de com». C’est York. Le centred’art et de techno- Déjà,on annonce l’e-cigaretteavec it yourself extrêmes,comme le sub- aussidevenule lieude rendez-vous logie Rhizome y organisaitun sym- kit mainslibres. ohm vaping,popularisépar des vide la communauté bitcoin, la monposiumintitulé «This is theENDD» Si la cigaretteindustrielle était plu- déossur YouTube.Les mécanos de naiecryptée. «Noussouhaitions une (pour ElectronicNicotineDelivery tôtdépourvuede connotations de l’e-cig, adeptes de ces modifica- ambiance cabinet de curiosités et Device), quiavaitpour vocation de classe etde genre, l’e-cig, même en tions avancées, passentdes heures nous envisageons d’ouvrirbientôtun percer à jour «ce que vapoter veut à démonter, bri- cocktail bar moléculaireoù promoudire», décryptant cetobjeticonique Lesplus tape-à-l’œil sont fièrement coler eux-mê- voir l’artde la prestidigitation», exde l’e-culture et son évolution ful- exhibés sur Instagram. Clarinette mes leurs résis- plique Pierre, 32 ans. gurante, depuis le produitcheapet tanceset mèches steampunk,colifichet couvert de L’e-liquide bio à l’eau suspectmade in China –la «cigade coton afin de diamants et orné d’unbecHello Kitty, des glaciers suisses like» quisinge la cigaretteanalogifabriquer les plus que– jusqu’aux vaporisateursper- enforme demarteau ouquifait gros nuages de Autre option, la stratégie bio. sonnalisés, modifiables et reconfi- tournevisélectrique. vapeurpossible. Comme au Henley Vaporium,qui gurables à volonté. Lese-cigs, qui Ces humains s’offre 1 700 m2 en plein SoHo, à «combinent l’attraction de la ma- voiede banalisation, a tous lesairs transformés en machines à fumée New York. Lesexperts ou «vapolochine et l’oralité régressive», selon d’unenouvelle distinction. On peut se revendiquent Fogger,CloudCha- gistes»en blouseblanche y guident Pinar&Viola, sont éminemment aujourd’hui personnaliser la plu- ser ouDampfer (navirepropulséà la les amateursparmi un alignement compatiblesavecnos viesnuméri- part desaspects dela vape,à com- vapeur) en Allemagne, chauffant infinide fioles ambrées,proposant sées: la siliconeet la glycérineont mencer par lechoix dunectarin- leur jussansnicotine,justepourle une vaste gamme de plus d’une remplacé le papier et le tabac, on halé: du très metal Bloodbath, plaisird’exhalerd’énormes nuages centaine deparfums,avecou sans surveille le niveau de sa batterie d’aprèsle groupeGwar,«àbasede de vapeurblanche, sortes d’ecto- nicotine, et la possibilitéde mixer plutôt quele liquide de son briquet bébés fraîchementpressés», au gas- plasmes2.0 en adéquationparfaite sonproprejus. Avecses étagères en et l’onopte pourun produitcusto- tronome Gambit, «pomme mûre, avec la civilisation du cloud et boiset ses«arômes du jour» grifmisable à volonté plutôtque pour douceet sucrée, enrobée de caramel l’évanescencegénéralisée. «C’est fonnés suruneardoise, le Vaporium l’uniformitédu produit de masse. savoureux avec une consonance pâ- un peu l’histoire du motard qui fait a davantage desallures d’épicerie tissière», élaboré par un ancien une roue arrière sur l’autoroute,c’est bio que de stand high-tech. Le La cigarette intelligente cuisinier. marrant mais ça ne sert à rien», dit marketing bio fut une tendance fait office de coach Si la majorité desutilisateursse sa- GhyslainArmand du blogMa-ciga- lourde du premier E-Cig Show, à «L’e-cigest un objettechnologique, tisfontde l’assemblagede base, les rette.fr, plusterre-à-terre,qui es- Paris en juin, avec ses e-liquides uneextensionde nosidentités,un peu derniers appareils permettent de time que ces pratiquesdemeurent «100% végétaux» ou contenant de la même manière qu’Apple nous configurer à volontéson vaporisa- marginales. «Le vaporisateursauve «15%d’eau des glaciers suisses». vend ses produits commeune exten- teur, d’assemblertellebatterieavec desvies, un point c’est tout.»Il tient Les fillesde Pinar&Viola,elles, rêsion de nos esprits», analyse le telatomiseur,d’optimisersa vape à rappeler quele succès du vapori- vent déjàà desinnovationsplus rachercheurDavid A. Banks, contri- à l’infini. Lesplustape-à-l’œil sont sateur personnela étéimpulsé par dicales, qui n’auraient plus rien à buteur du blog Cyborgology. Une fièrementexhibéssurInstagram ou les utilisateurs.«Iltient saforcedes voiravecle fait defumerunecigagrandepartie desboutiques,qui se sur des Pinterest comme Vaping relations humaines,des échangesen- rette. Comme aspirer du cheesont substituées dans le paysage Bling, où le produit témoigne de tre les consommateurs. Ce qui fas- secake sans prendre un gramme,

king» NJoy (leaderaméricain)et le multi-addict Charlie Sheen promeut sa propre marque, la bien nommée NicoSheen.Des campagnes obsolètes qui échouent à

aux enseignes de téléphonie, ont d’ailleurs desallures d’Apple Store, épurées, modernes et high-tech. De l’e-cig à l’e-cig connectée, il n’y a qu’un pas, franchi en début


l’imagination la plus débridée. Au pointque saformen’a plus grandchose à voir avec ce qu’on pourrait raisonnablementdécrire comme un stylo ou un sextoy futuriste. Clari-

cine, c’est que c’est avant tout un mouvementsocial. Personne ne faisait des réunions pour discuter des nouvelles gommesou patchs», déclarait-il lors de la Vapexpo,premier

associer les e-liquidesavecdes tamines, transformer la vapeurvien produithydratant ou encoreexhaler un nuage coloré capable d’exprimer son humeur… •

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ERNER DU TEMPS

cette amnésie est devenue inaccessible. Il faut s’y résoudre: après notre mort, Internetestvouéà conserver notremémoirevive. McLuhan estimaitque l’électronique permettrait de projeter notre conscience hors de nous-mêmes. Il n’imaginait pasqu’elleprolongeraitnotre existence après la mort, et rappellerait aux vivants leur devoir enversles morts. Voilà la version 2.0 d’une vieille angoisse: lesGrecs redoutaient les âmes errantes

ture. Ils leur construisaient une statue pour qu’ils ne viennentplus les tourmenter. Ce n’est plus possible. Aucunemort n’estsusceptibled’arrêternotrevie électronique. La métaphysique entre dansune nouvelle ère. Plus exactement, l’informatique estdevenue unemétaphysique, quelque chosede plus qu’une physique. La vie n’est qu’une parenthèse, avant quenotre souvenir n’acquière une existence autonome. Même

mobilisées,les zombies électroniquespoursuivront leur existence. Ils seront débarrassésdes humains et seront enfin desélectrons libres.La vie éternelle est une vie en réseau. Voilà pourquoi, à la fin, cen’est plusla mortqui gagne, maisles ordinateurs. GUILLAUME ERNER

mais à l’échelle d’Internet,

desmorts laisséssans sépul-

lorsque nos souris serontim-

rédactrice en chef de «Next».

V R D

QUESTION À LA COM Par CLÉMENTGHYS

BHV: legaleriste Kamel Mennour enfaitMarais plus d’un amel Mennour, le nomne vous ditrien? Pas grave, mais la sphèrede l’artcontemporain sait parfaitement que cet homme élégant està la tête de sa galerie,l’une desplus importantes de Paris avec, dansson écurie,DanielBurenou Claude Levêque. Mais, vous avez vu son visage lunettéet barbu (detrois jours) dans la nouvelle campagne duBHV Marais. Avec ceslogan: «Grâceau BHVMarais, ne courez plusles vernissages pour approcher lescréateurs.»

K

Un galeriste dans une pub, l’idée est étonnante. Guillaume Houzé, chargé de l’imageet de la communicationdes Galeries Lafayetteet duBHV Marais(et héritierde la famille propriétaire): «Il nous a paru intéressant de confronter son image, même méconnue, aupassédu magasin. Carc’estau BHV qu’a été inventél’artcontemporain, au début du siècle, quandMarcel Duchamp a acheté un portebouteilles et en a fait lepremier ready-made.»Pluspratiquement, ce choix qui se veut très artyaccompagnela reconfiguration récente du ma-

gasinet l’injection d’espaces dédiés à lamode. La galerie Kamel Mennour estsituée rive gauche, soit de l’autre côté de la Seine par rapport au grand magasin, mais peu importe. Ce que révèle cette campagne,c’est une redéfinition du métier de galeriste. Il n’est plus seulement l’homme de l’ombre qui baby-sitte un plasticien, mais une figure mondaine, un cover-boy potentiel.Une mutation qui expliquele nombre de réactions (amusées, offusquées ou sympathiques) à cette campagnedans le milieu artistique, de l’étudiant aux Beaux-Arts au collectionneur. Rappelons que le même Kamel Mennour a déjàdéfilépour Hermès.Le site The Cil a imaginé une parodie assez drôle de la campagne pourBHV Marais en imaginant les réactions des autres galeristes mastodontes parisiens. On y voit les portraits d’Emmanuel Perrotin, Yvon Lambert et Thaddaeus Ropac avec ce slogan: «N’écoutez pas Kamel Mennour, les créateurs sont chez nous.» •

Présentateur de «Service public» du lundi au vendredi sur France Inter de 10 heures à 11 heures. Tous les mardis, retrouvez-y Françoise-Marie Santucci,

ARCHITECTURE Une expo parisienne met à l’honneur des logements

sociaux évoquant lesenveloppes de châtaigne bâtisen Ardèche.

Les Bogues du Blat, des HLM complètement perchées CONSTRUIRE: LES NOUVEAUX COMMANDITAIRES DU LOGEMENT SOCIAL Galerie Contexts, 49, rue Ramponeau,75020. Jusqu’au 28 juin.Rens.: www.nouveauxcommanditaires.eu

La comédienne américaine Nina Millina publié cette semaine sur YouTube deux«Beyoncélogues», des vidéosoù,face caméra, elle «interprète» lesparoles de chansons de la superstar. Elle ne chante pas, mais les joue comme des monologues de théâtre. La vidéorappelle quelquechose de très éloigné, la bande-annonce d’On connaît la chanson d’Alain Resnais, en 1997, où SabineAzéma et LambertWilson «récitaient»des morceaux de variétés. Le beyoncelogue offre une autre

n n’a pas l’habitude de voir des HLM en formede séduisantes cabanes sur pilotis. Mais voici lesBoguesdu Blat, trois maisonspas banales enbois et bardages métalliques. Dessinéespar descharpentes en ogive, elles évoquent les enveloppes des châtaignes. Carc’esten Ardèche qu’elles s’agrippent, à Beaumont, au lieu-ditdu Blat. Leurstatut –des logements sociaux– paraît bien insolite sur ce site.En fait,ce sont despionnières, nées de différentes volontés politiques et artistiques. Unecommandeinventiveque restitue l’exposition «Construire», à la galerie parisienne Contexts. Artistes. Pour enrayer le déclin de l’agriculture et le vieillissement de la population, la commune de Beaumont (220 habitants) veut attirer de jeunesactifs. Mais entre les 100 maisons permanentes, les 150 résidences secondaireset lesgîtes, il n’y

mène le plus dimension auxintéressant chansons de l’Beyoncé, entertainment à ce jour mondial. le phénoVendredi, il a été annoncé qu’elle seraiten concert au Stade de France, les 12 et 13 septembre, avec sonmari, Jay-Z. Trépignement généraliséà Libé. C.Gh.

logements àa que10 lalocation. Il fautproposés enbâtir d’autres.La rencontre entre le maire, Pascal Waldschmidt, les élus et les «Nou-

Beyoncélogue

La vie éterNet

endredi, ma messagerie Outlook m’a rappelé que c’était l’anniversaire d’uneamie,appelons-la Barbara L. Maiscommentle lui souhaiter: Barbara est morte depuis quatre ans. Il doit bien y avoirun moyen de supprimer ce rappelaussi absurdeque douloureux. Mais est-cebien raisonnabled’aller à l’encontredes volontés de l’ordinateur? Onpeutexiger– etobtenir– de Googleun droit à l’oubli;

O


Deux destrois premières Bogues, à Beaumont. PHOTO LOÏCJULIENNE

veaux Commanditaires» de la Fondation de Francesera décisive. Ces derniers, en médiateurs, ont plusl’habitude demenerdes commandes qui réunissent des citoyens et des artistes autour d’unequestion sociale.Mais ils ont décidé que ce projet d’architecture étaitaussi un acte artistique et demandé une étude préalable à l’atelier parisien Construire, menépar PatrickBouchain, Loïc Julienne et Sébastien Eymard. Ces concepteurs

Mer (Pas-de-Calais). A Beaumont, l’objectif est de concevoirun groupe de huit habitations. Maispas n’importecomment. L’autoconstruction de certains espaces intérieurs par les locataires est possible, tout comme l’ajoutd’extensions,de terrasses, d’espaces privés et collectifs. Matériaux archaïques ou nouveaux permettent d’isoler et de faire des économies d’énergie, dans un pays à fortes variations climatiques.

collective en réflexion. L’enveloppe s’aligne sur le coût dulogementsocial. Le dialogue avec les habitants s’est noué dans le cadre d’un chantier collectif. Un montagejuridico-financier a été inventé avec le soutien de l’Etat, de la région,du département et du parc naturelrégionaldes Monts d’Ardèche. On reconnaît laméthodedu laboratoireBouchain.Et voilà ces trois premières Bogues! De modestes logis avec une âmed’exemple: onpeut évi-

ont à culturels, leur actif dontle nombreLieu de lieux unique à Nantes, ou des réhabilitations de maisons ouvrières à Boulogne-sur-

pas deterrassementIln’ya pour respecterla Valeurs. beauté du paysage. Uneaccession à la propriété estenvisagée, une charte de vie

terconstruisantavec les pavillons standards. En d’autres valeurs quela vitesse, lerendementet lesnormes. ANNE-MARIE FÈVRE

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LES EXTRAS DE LIBÉ AU FESTIVAL

D’AVIGNON

3Samedi RENDEZ-VOUS AUTOUR DE L’ACTU 5 juillet de 11h30 à 13 heures

UNE RÉPUBLIQUE POUR TOUS? Samedi 12juillet de11h30 à13heures UN CERVEAU SOUS INFLUENCE

NUMÉRIQUE?

Samedi19juilletde11h30à13heures

SYRIE, L’IMPOSSIBLE PAIX? Site Louis-Pasteur de l’université d’Avignon. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles


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Par OLIVIERBERTRAND Envoyéspécial auxEstables Photos ALEXABRUNET. TRANSIT

I

lgrimper a fallu selever avantle soleil, en montagne avec l’éleveur, pour comprendre. L’aube se levait. Le soleil encorelointainallongeaitles ombres duplateaudu Mézenc,à lafrontière de l’Ardèche et de la Haute-Loire, souligne lerelief de mottes,de rochers, debuissonsde genêtsquicolorentla montagnede tachesjaune vif. Un paysage sidérant, émouvant, à plus de 1100 mètres d’altitude. Ici, lesvolcansont tracéle relief, grands plateaux de basalte hérissés de cônes abrupts, de mamelons adoucispar l’érosion. De làhaut, on voit le Mont-Blancau réveil,le Velay aunordet,au sud, les montagnesdeviennent descollines, comme des vagues decrescendo vers la Méditerranée,pour ne laisseraucun obstacleaux vents qui remontent, chauds –on verra que cela joueun rôle important. Pour l’instant, le sol paraîtonduler sousun vent très léger. Partout dans les champs, un foin particulier, tiges courtes, déliées, au milieu de fleurs jaunes,blanches,bleues, roses,violettes. Des prairiesauxquelleson doit le«fin gras du Mézenc», viande d’appellationd’origine contrôlée au gras incomparable. C’estavec Bernard Bonnefoy, éleveur aux Estables, que cela commence à s’éclairer au petit matin. Quelquesvachesbroutent tranquillement. L’éleveur fait les présentations.Des aubracs,quelquescharolaises, pures et croisées. Le fin gras du Mézenc n’est pas raciste. Son appellation n’est liée qu’aux méthodesde production etau lieu. Des bœufset des génissesnourries de cesprairies richesqui fournissent à mangerl’hivercommel’été,d’où ce persillé particulier, gras intramusculairequi transporteles arômesd’un pays, imprimele terroir aucœur dela chair.

CISTRE. Le jour pleinement levé à présent révèle les flancs de la montagne,mottes et marmottes, et cette végétation qui danse en ondulant. II y a des sources partout, l’herbe est grasse, mais desrigoles drainentle sol: destourbières favoriseraient les graminées, moins nourrissantes que les légumineuses.L’étudepréalableà l’obtention de l’appellation,en 2006,a dénombré 107 variétés différentes dansles pâturages du coin, contre moins d’une dizainedans lesprairies artificielles. Cinelles enflées, flouves odorantes, saxifrages aimant la rocaille, «bouine» remplaçant le choux pourla soupe au printemps. Narcisses, véroniques, violettes, pensées sauvages. Myosotis bleus, renouées acidulées, reines-després amères. Benoîtes comme des petitsboutonsde roses séchés. Serpolet,arnica, raiponces. Et puis le trèfle blanc,qui sert d’indicateur, sa maturitédonnant le toppourla fauchedes foins. Et enfin lacistre, emblèmedu fin gras. L’été, quand elle est fraîche dans le champ, les

AuxEstablesdébut juin, lorsde la fête du fin grasdu Mézenc.Bœufsou génisses, charolaises, montbéliardes,aubracs ou limousines: le fingras est vendu de

PERSILLÉ Sur le venteuxmassif volcanique, les prairies sont riches

et les bovins gâtés. Nourris l’été au pâturage, ils rentrent l’hiver pour engraisser lentement avec un fourrage sec et parfumé. Un élevage traditionnel qui produit une délicieuse viande d’appellation contrôlée.

Plateau du Mézenc,

le fin du foin bovins ne la mangent pas. Ils n’aiment ce fenouildes montagnes queséché. On l’appelle«l’herbe à viande».Il leurouvrel’appétit, leur assaisonnel’intérieur. Le foindu Mézenc estincroyablement parfumé. On en mangerait. Les moines avaient repéré dès leVIIe siècle lesparticularitésde ce pays où l’on peut nourrir lestrou-

très rude. La burle souffle souvent. Un vent froid qui transporte la neigeau ras dusol,au pointqu’elle semble tomber horizontalement, forme descongères surles routes, isolant le plateau. Elle s’insinue partoutet l’onsent auxdoubles fenêtres desmaisonsqu’il n’ya pas que Noëlque l’on passeaux tisons. L’été, au contraire, le Mézenc

dre une pleine maturité. Dans les Alpes, lesPyrénées, on recourt au foin de plaine, plus rustique, ou bien on rentre la fauche dans des granges ventilées,à l’abrides averses. Dans le Mézenc, on le rentre au dernier moment, mûr et en abondance.Les bêtesengraisseront doucement tout l’hiver, pourêtre grasses à Pâques. Le fin gras

quel’onlouait l’été,ou bien qu’on vendait. Il fallaitles engraisser tout l’hiver, ils avaient droit aumeilleur foin.Quandune bête devenait trop vieille,on latuait, ettoutle village en profitait: il n’y avait pas de congélateurs.Les vieux racontent que la viande était alors un peu ferme,mais avec un goût prononcé de cistre.Avec le temps, le terroir

peaux toutel’année, d’oùla sédentarisationprécocedes bêtesen altitude, quand d’autres poursuivent les estives. Le pays est malmené l’hiver par un régime continental

bénéficie d’un climat chaud pour l’altitude, très sec, et surtout très venté. Les vents remontent sans obstaclede lamer. Cela permetau foin desécher surpiedet d’attein-

s’achète de février à juin. BŒUFDE PÂQUES. Avant, on faisait surtoutdes bœufsde travailici. De robustes tracteurs à quatre pattes

marquela viande, le gras. Le paysen a voyageant compris par les bienfaits de cet engraissement au foinriche,a développé une tradition debœuf dePâques,pourfêter


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FOOD NEXT • 55


PARLONS CRUS

Par OLIVIERBERTRAND

Mener vie de chatus dans unlachalet de montagne ls reprennentla marcheà la nuittombante, pourne pas se faire repérer. Le matin, arrivant des Cévennes, ilsont repéré ce drôlede chaletaccroché à la montagne,là-haut,refuge au sommetd’uncirquedu Mézenc, dominant une tourmente d’anciens volcans pointus, face aux Alpes, là-bas. Un balconrivé auvertige, il pa-

rieur, par la porte restée ouverte derrière eux. Ils se regardent, sourient à l’idée d’être «chez eux» pour quelques heures.

raîtinoccupé.Puis la journée a filé, engloutie par une longue sieste, dans une grange abandonnée. Ils ne sedéplacent plus que de nuit, cherchent des maisons isolées pour se reposerquelques heures, se poserquelquesjours. Le chaletseraitparfait, mais il faut le rejoindre le soir pour ne pas être vus.

des meules de paille séchaient, mêlées de coquelicots. Fouillant les placards, il tombe sur une bouteille de vin abandonnée. Quelqu’un semble l’avoir débouchée puis rebouchée. Il regarde l’étiquette. Un chatus (1), drôle de cépagerustiqueque l’on retrouve sur une même parallèle, du Piémont à l’Ardèc he . I l o uv re , goutte, méfiant. C’estbon. Rustique, mais bon. Ils mangentlorsque l’orage éclate, dantesque. Ils referment la porte, la condamnent, et passent la nuità l’abride cenid précaire,se demandant si la tempête arrachera le refuge aurocher.Enfinle ciel se calme. Et le soleil, en se levantlà-basderrièreles Alpes, les surprend face au vide, assis surun balconde boistrempé,les poils hérisséspar le froid, deuxverres dechatus à la main. •

I

févrierà juin, comme chez RégisMarion (enbas à droite), boucher auxEstables.

la fin du Carême. Les Estables LOIRE ISÈRE elles se serrent un Les riches tables peu la ceinture, et HAUTE-LOIRE Plateau lyonnaisesen ont donc les fibres. Ici, Le PuyD du Mézenc R profité, ce qui elles sont nourries en-Velay Ô M faisait un revenu plusieurs fois par E Privas d’appoint pour jour avec le foin acLOZÈRE ARDÈCHE le Mézenc. Puis cumulé dans les cela s’est un peu gra n ge s. O n l e 25 km perdu. classe par parcelles Pour décrocher dans certaines exl’appellation«fingrasdu Mézenc», ploitations, les animaux destinés leséleveursont tout simplement re- à être abattusau printempsbénéfiprisce quefaisaient leurs ancêtres. ciant du meilleur, pendant au Les bœufs et les génisses les plus moins 110 jours.Ils ne doivent pas prometteurs sontprésélectionnés à stresser. Bonnefoyles mèneen géquelques mois, avec un prélève- néral lui-même à l’abattoir, à la mentde cartilagedans l’oreillepour corde.Ses bêtes lui fontconfiance, garantir ensuite une parfaitetraça- ne voient pas venir le coup de bilité.Plusieurs races sont autori- matador. sées: charolaises, montbéliardes, On élimine les «culards», trop aubracs, limousines. Avant, il y ronds, qui ont du succès dans les avait aussila mézine, disparue dans concours,remportentdesprixet se lesannées60. retrouventen photo dansles boucheries,médaillesbrillantes au cou, HAVRES. Le fin gras doit être né mais «la bonne bête, c’est celle qui dansl’unedes 28 communes de la est bonnedans l’assiette»,disent les zoned’appellation, être nourri ex- éleveurs du coin. clusivement de foin et de complé- Le fin gras a gagné en réputation, ments cultivés ici. Il pâturesur les rejointquelques grandes tables. Le flancs des montagnesd’avrilà no- voisinRégisMarcon le cuitlonguevembre, ne doitjamais maigrir car ment, à très basse température. cela resserre la viande. Puis, enno- Certains chefs ont testé aussi des vembre, on rentre tous les trou- cuissons au foin du Mézenc, envepeaux dansles étables,qui devien- loppantla viande comme dansune nentd’incroyables havres. La burle croûte de sel,maisc’est peut-être souffledehors, la neige s’accumule dommagepour desbêtesassaison-

sortent de l’engraissement. Cette année, il s’est vendu 660 bêtes, contreune cinquantaine en 2006. Il enauraitfallucentde plus pour répondreà la demande. Le boucher du village, RégisMarion, ditqu’illa laissematurerplus longtemps dans sonfrigo. Le gras intramusculaire permetcela.Il montre surla tranched’une belleentrecôtelespetites tachesblanches prometteuses.

contreles mursde les toits de lauze ou debasalte,sur paille. On referme sur soi la porte de l’étable, pour entrer dans l’odeur etla chaleur des bêtes. Ailleurs, en hiver,

décelé,paraît-il, d’aneth.Puis, endesarômesd’anis, goûtantles fleurs mêlées au foin, ils ont fait le rapprochement. C’était le goût de la cistre. •

nées longuement de l’intérieur. D’une trentaine avant 2006, les éleveurs sontpassésà unecentaine. On peut acheter leur fingrasquatre moisdans l’année,quand lesbêtes


REGAIN. Au-delà des débouchés économiques (lefin gras se vend en moyenne20 à 25% au-dessus des cours nationaux), l’appellation a apportéun regain culturel et social, un surplusde cohésion, d’identification. Les jeunes imaginentplus facilementla reprise des exploitations. Aux confins de tout, isolé à la frontière de l’Auvergne et du Rhône,autourdu mont Mézenc et du Gerbier-de-Jonc, le Mézenc a longtemps souffert. Il paraît que dans les réunions de la chambre d’agriculture ses éleveurs étaient considéréscomme les arriérés du coin.Le fingras leur a redonnéune identité exportable. Un jour, pour convaincre, avant l’arrivée de l’appellation, ils avaientpréparé des bouillons avec différentes viandes. Des chercheurs del’Inraont trouvéceluidu fingras pluscomplexe,plusriche. Ilsy ont

Du sac à dos, elle sort de la charcuterie donnée par un paysan chez qui ils ont travaillé quelquesjoursen Ardèche méridionale,avantde dormir dans un champ où

La nuitcommence à tomber, unegrive semble montrer le chemin, volant au ras du sentier qui s’enfonce dans un bois d’ormes, de sorbiers, de bou- R lots, de mélèzes, D quelques érables. Le sol est souple, presque spongieux. Un coucou fait des heuressupplémentaires. Ils parviennent en haut du cirque, derrière le refuge, le ciel, chargé d’électricité, est noir. Ilsarriventpar l’arrière du chalet. Unescalierde bois le contourne,pour mener au balcon accrochédans le vide. Un paysage abrupt, suffodu Grangeon, cant. Elle force la porte, il (1)Domaine à Rosières(07). s’engouffre derrière lui.Une http://domainedugrangeon. faiblelumière éclaire l’inté- free.fr

COUP DE CŒUR

À TABLE AUX ESTABLES Pour goûter les douceurs du plateau du Mézenc (lire cicontre), une adresse auxEstables,en Haute-Loire. Des fermiers du Mézenc se sontregroupés pour installer dans une ancienne fermeun restaurant-boutique fonctionnant comme une coopérative (1). Auxbeaux jours,on mange dehors, et toute l’année à l’étage,sous une charpente monumentale.Ils se relaient pour vendre et servir leurs produits. Fin gras du Mézenc lorsquec’est la saison, viande délicieuse le reste du temps aussi, charcuteries, caillette, galettes de pomme de terre,tomes de brebis et de vache, crème de marrons, tarte aux myrtilles en fin savons d’ été, pain au lait de de farinede vachedu châtaigne, coin, seltisanes à la cistre, et mêmes ou encore une drôle de liqueur de foin du Mézenc. Ol.B. (1)Auberge desfermiers du Mézenc(15 à 30 euros avec le vin): LeBourg, Les Estables (43150).Rens.: 0471083430.

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56 • NEXT VOYAGES


Brocéliande,

5 km

ILLE-ET-VILAINE

Comper

o n t i m p e P a d t ê F o r Paimpont

les fées escomptées

Tréhorenteuc


MORBIHAN

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VOYAGES NEXT • 57


BRETAGNE Terre de légendes et de magie,

massif,l’œuvreclinquanteapparaîtincongrueà Brocéliande, comme déconnectée desespritsbeaucoup moinsdémonstratifs qui hantent la forêt.

aux rêveries et aux Balade contée à travers sesapparitions. 7000 hectares, sur les traces de Merlin l’enchanteur ou des chevaliers de la Table ronde.

Plusintéressante, l’escalade qui DRAGON. vousfait gravir lesrochesrougesde lacolline, tellesles dures écaillesd’un dragon, vous conduit entre fougères et griffures d’ajoncs sur un promontoire dominant l’ensembledu val. Prisonmagiqueréservée aux amants infidèles par la fée Morgane, demi-sœur du roiArthur, celui-ci esten cette saison un foisonnement impénétrable de jeunes poussesaux vertstendresou profonds. Selon leslégendes, il serait tour à tour lieu de débauche, de combats épiques ou de souffrances éternelles… Le retour vers Tréhorenteuc, dont on devine les toits d’ardoises à travers la végétation,se faiten douceur, en longeant leschamps de blés. Si le parcours proposé parl’office de Paimpont s’achève là,la visitede la chapellede

la forêt de Paimpont est propice

Par PIERRE-HENRIALLAIN Envoyéspécial à Paimpont Photos ISABELLERIMBERT avecManInRed ne fraîcheur particulière, une subtile odeur d’humus, la pénombredes sous-boisbercépar le chant lointaind’un coucou… Difficile de ne passe sentirl’âmebucolique

U

et poètelorsque l’on se promènesousles futaies. La forêt de Paimpont,alias Brocéliande, ne déroge pas à la règle. D’autant qu’ici, entre Ille-et-Vilaine et Morbihan, ellese double du bruissementdes légendes arthurienneset desexploits deschevaliers de la Table ronde. Riende très spectaculairepourtant à l’approche du domaine. A l’imagede cesombres du tempspassé,la légendea suse faire discrète. Justequelques symboles,subtilement disséminés. Ici des mégalithes, ailleursune modestefontaine,là un miroir d’eau, un peu plus loin la forme d’une branchedessinant (vaguement) un visage… Autant de signes ténus, propices auxrêverieset auxapparitions.D’ailleurs, à l’office detourismede Paimpont, quia donnéson nom administratif à ce massif forestier de 7 000 hectares, le plus étendu de Bretagne, une scénographietoute simple, «la portedes Secrets»,vousmet d’emblée en garde: «Brocéliande n’est pas une forêt commeles autres, vous prévient-on.On doit prendrele tempsd’observer et d’écouter pour ressentirles choses.Si l’onpassetropvite,on risque d’êtredéçu …»

enchevêtrées de chênes penchés sur le promeneur. Plus loin, les troncs de résineuxélancésforment une haied’honneurindisciplinée, avant de laisser place aux ajoncs ouà unesouche aux alluresde tête de bouc. Le parcours, longeantun ruisseau, grimpe sur2 kilomètresjusqu’à lafontainede Barenton, l’undes hauts lieuxde Brocéliande. Dans cette clairière, coule l’eau limpide d’unefontaine entouréede murets de pierres, d’où remontent depuis la nuit des tempsde petites bulles d’azote. Cetteparticularitéserait d’ailleurs,selon NicolasMezzalira, directeur du Centrearthurien (lire ci-contre), la preuve ultime quela forêtde Paimpont et celle de Brocéliande ne font qu’une, etce en dépit desdébats passionnés divisant les expertssur sa localisation. Unefontaine quipétillene pouvait questimuler lesimaginations.A commencerpar celle de Chrétien de Troyes qui, après un certainRobert Wace, imaginaau XIIe siècle lesexploits deschevaliersdu roi Arthuret transforma le nom originel de Brécilien en Brocheliande. Barenton est ainsidevenu le théâtre du combathomérique entreYvain, le chevalier au Lion, et le Chevalier noir, gardien de la fontaine. C’est là aussi que Merlin,l’enchanteur aux multiples figures, éleva Viviane au rang de féeavantd’en devenir l’amant. Parmi d’autres pouvoirs,on prêteà l’eau de la fontaineceluide déclencher lesorages lorsqu’onen versequelques gouttes surla grosse pierreplate qui gîtà sescôtés.Bien inutile en cetaprès-midide printemps, où les nuages capricieux font tomber une pluie froide. De retourà Folle-Pensée, directionle bourg de Tréhorenteucet le Val SansRetour par unebelle routede campagnedominantles collinesrecouvertesde landes et lesvallées encaissées. C’estlà quel’on découvre, sur lesited’unancienmoulin à eau,entre une cascade et la sombre étendue liquide du «miroir auxfées»,un arbre mortrecouvert de feuilles d’or entouré de cinq autres troncs calcinés.Erigéeen 1990en mémoire des feux qui ravagèrent 400 hectares du

l’abbéGillard,à Tréhorenteuc, vautle détour.Entre 1943et 1955, celui-ci y intégra tableaux et vitraux mélangeantcroyances chrétiennes, légendes celtes et mythes du Graal. La9 e station ducheminde croixy représenteainsi le Christ tombé auxpieds de laféeMorgane,jolie brune vêtued’unerobe écarlate au décolleté provoquant. •

PROMENONS-NOUS DANS LES BOIS…

Centrede l’imaginaire arthurien.

Y aller

Se balader

tourisme proposentdes balades contées (accompagnées d’un guide conteur) en groupepour destarifsallant de 6 euros à 13eurospar adulte.

Paimpontest à 25 mn de voiturede Rennesen empruntant la RN24, sortie Plélan-le-Grand. Il fautcompter 1h 30 depuis Lorientet 1h 40 depuis Nantes.

Plus de 300km de sentiers de randonnée sont aménagés et balisésdans la forêt, avec desboucles allantde quelques kilomètres à unevingtainede kilomètres, à parcourirà pied, à cheval ou à vélo.On peut consulter les itinéraires sur www.broceliandevacances.comou se procurer un plan

Se restaurer

dansles officesde tourisme, ou encore le topo-guide éditépar la Fédération française de la randonnée pédestre, Brocéliande à pied. Le Centre de l’imaginaire arthurienet lesoffices de

A lire

BULLES D’ AZOTE. Parmi les différentes formules que propose l’office, on choisira de préférence la balade contée, qui vous emmène au village de Folle-Pensée au cœur du massif, et permet déjà d’approcher quelques mythes fondateurs. Du village, réduit à quelques maisons basses de schiste rouge,on s’enfonce dansla forêt en empruntant un chemin pierreux qui se transforme vite en sentier accidenté, tapisséd’épines, où affleurentles racines

LE JOYAU COMPER Sisà Comper, à quelques kilomètres du petit bourg de Concoret, le Centre de l’imaginaire arthurien ne pouvait rêver plus belécrin.Prèsdes ruines d’uneancienneforteresse médiévale, une bâtisse du XIXe dominantun vaste étang fait revivre lescontes etlégendes à travers des reconstitutions costumées et desexpositionsà thème mélangeant mythologie et œuvrescontemporaines. Lecentre proposeégalement une concentrationunique d’ouvrages consacrésaux chevaliers de la Table ronde, auxfées,korriganset autres dragonsde tous poils. Soitquelque 500 références, allantdes textes fondateurs aux études universitaires lesplus savantes,en passant parles BD d’heroicfantasy ou lesécrits d’André Bretonet d’Aragonqui s’intéressèrentà Brocéliande.A deux minutesà chevaldu tombeau de Merlin et de la fontaine de Jouvence,c’est aussil’unedes demeures supposées dela dame duLac –la fée Viviane– qui, dansun château de cristal enfouiau fonddes eaux, y éleva Lancelot. P.-H.A.

PRATIQUE

S’informer Office de tourisme de Brocéliande. Placedu Roi-Judicaël, Paimpont (35). http://tourisme-broceliande.com

Office de tourisme du Pays de Mauron en Brocéliande, 1, placede l’Abbé-Gillard,Tréhorenteuc(56). http://valsanretour.com

Château de Comper,Concoret (56). http://centre-arthurien-broceliande.com


Surplombantun belétang etle site desForges de Paimpont, le restaurant du mêmenom propose unecuisine de terroir savoureuseà basede gibier et degrilladesau feude bois. http://restaurant.forges-de-paimpont.com

Hauts Lieux de Brocéliande, unemonographieparue aux Editions Ouest-France (2010).

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58 • NOUS SOMMES UN JOURNAL


NOUS SOMMES DES PHOTOGRAPHES Par JÉRÔMEBONNET En 2009, pour illustrer un papiersur leparcours du journaliste Nadire Dendoune, je me rends chezses parents. Son père, Mohand, s’était habillé spécialement pour la photo. Cette photoa obtenu le3e prix dansla catégoriePortraits au WorldPress 2010.

L’indépendance pour unique garantie Par LESSALARIÉSDE «LIBÉRATION» ibération basculera-t-il bientôt dans un autre monde? D’icila findu mois, d’ici dixjours,de nouveauxactionnaires doivent arriver et le journal doitêtrerecapitalisé. C’est ce queles salariés attendaientvoilà six mois,lorsque cettecrise a commencé. Pour autant l’histoireest-elle terminée? La vigilance doit-elle se relâcher? Les journalistes se reconcentrer sur leurs seuls papiers? Sûrement pas.Une nouvelle ères’annonceà Libé, ellepeut permettre de rechercher un équilibre économique que le journal n’a quasimentjamais connu, maisil faut aussi,surtout,que cela se fasse en préservant l’essentiel: l’identité de Libération,la qualitéde l’information, l’éthiqueet la transparence par rapport aux lecteurs, l’indépendance de la rédaction vis-à-vis de tous les

le fairemais leursreprésentants, à Libé, ont acceptéde raccourcir cesdélaispour se prononcer le plus vite possible et ne pas faire obstructionà cetterecapitalisationqu’ils appelaientde leursvœux lorsque, parexemple, ilsécrivaient (sans réponse) à leurs actionnaires actuels il y a six mois, pour leur demander de prendre leurs responsabilités, d’accompagnerla restructurationet le développement dujournal,ou depasser lamain. Pour rendre cetavis de la façon la plus précise, la plus informée possible, unesériede documents étaient nécessaires. La plupart ontété obtenus. Restent attendus un rapport descommissaires auxcomptes surla recapitalisation,le projetde statutsde la futuresociétéqui contrôlera Libération (il semble que pour l’instant les avocats des actionnaires hésitent à lescommuniquer), et enfin,surtout, un pacte d’indépendance qui doit

NOUSSOMMES UNJOURNAL

trôle Libération, et disposaient d’unevoix au conseil de surveillance. Ce sera bientôt fini. Les futurs actionnaires envisagent pour l’avenir un «comité stratégique» au sein de la holding surplombant Libé, mais sans aucun droitde vote, et avecun mode dereprésentation dessalariés quel’on ne connaît pasencore… puisque le paragraphe détaillant ledit comitése trouvedansle projet destatuts queles avocats refusent de fournir.

Cesdernières années ontmontré à Libé que lesactionnaires manquaient decapteurspour comprendre ce qui se jouait réellement au sein du journal. Où étaient les lacunes, les blocages, les manques, les énergies, les forces,les faiblesses,les besoins, lesressources? La crise a ensuiterévéléun vrai manque de dialogue,une défiancede partet d’autrequi

RÈGLES. Autant d’élémentsqui confirment la nécessitéde redéfinirun pacted’indépendance préciset partagé. La rédactiony travailleactivement ence moment. Il s’agitde définir les rapports avec les actionnaires, d’affirmer la non-ingérencedans lesquestionséditoriales, de préciserles règles éthiques,la non-confusion indispensableentre ce quirelèvedu journalisme etce quitientde

pouvoirset notammentde sesactionnaires. TRANSPARENTES. Avant la recapitalisation, lessalariés doivent rendreun avissur cette dernière. Ils ontthéoriquementun moispour

nécessairement accompagner les ce virage, être partagé par les actionnaires, dirigeants et les salariés, afin de partir sur des bases transparentes,en interne comme vis-à-vis des lecteurs.

dominait, et ralentissait, iltousles Avec la recapitalisation, existe échanges. un risque quecela s’aggrave, car les salariésvont perdre l’unde leurs derniers droits: jusqu’ici, ils siégeaientau sein de SAIP, la sociétéqui con-

la publicité,partagé,signé,il sous toutessesformes. Une si fois celarédigé, faudravoir la défiance peut retomber pour avancer. La mobilisation et la vigilance, elles, devront resterde mise.•

L


L I IT É

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I N N C I N I N N C ll €, Irl n 3,3 €, Isr l I L , It li 3, €, uL x

n 3, €, n r r ,5 €, utrich , €, l i u 3, €, C n 5,5 , n r k 3 r, M 3,3 € , s n 3, €, t t s- ni s , i nl n 3, €, Gr n - r t n 3,7 £, Gr c u r 3, €, M r c 7 , r 33 r, s - s 3, €, r t u l (c nt) . 3,3 € , l n i 3,3 €, u 31 r , ui ss 5, , M 5 C , unisi 3, , n C C .

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NOUS SOMMES UN JOURNAL • 59


L’éthique au top dans les chartes «Le Monde» ou «les Echos» ont également adopté des textes de principes clairs à l’arrivée d’un nouvel actionnaire. es mots sont souvent un peu les mêmes. «L’actionnaire,le directeur dela publicationet dela rédaction, le service commercial, les cadres et les employés de lasociété s’engagent à res pecter l’indépendance éditoriale», stipule par exempleune Charte de Déontologie et d’indépendancede La Tribune , signée en 2008. «Tous les actionnaires s’engagentà respecterla Charte desprincipes de Libération et son indépendance éditoriale», martelait un texte adopté en 1987,reprisdansun pacte d’actionnaire en 1996.Le besoin de sanctuariser l’indépendance des rédactions n’est pas nouveau, maisil s’est amplifié cesdernières années avec l’arrivée aux manettes desjournaux d’actionnaires de moins enmoinspatronsde presse, etde plusen plusindustriels, banquiersd’affaires ou avionneurs.Avecdes conflits d’intérêt potentiels. Respect. AuxEchos , larédactiona vu d’un fort mauvais œilson rachatpar le leaderdu luxe LVMH,le groupede Bernard Arnault, en 2007. Jusque-là, le quotidien économique ronronnaitdans le giron d’ungrouped’édition, le britannique Pearson. La rédaction a bataillécinq moisdurantpour empêcher cettevente: l’empiredu groupe LVMH vadu luxe à ladistribution,des domai-

L

riés auconseil desurveillance, le droit de vetodes journalistespourle choix du directeur de la rédaction proposé par l’actionnaire, l’obligation de respecter une charte éthique… Celle-ci stipule notamment que LVMH doit avoir «le même traitementque celui dont sont assuréesde bénéficier lespersonneset entitéstierces». L’Accord d’indépendance comprend également la création d’un

Comité d’indépendance éditoriale (CIE), structure assez inédite mise en placepour veillerau respectde lacharte éthique. «Le danger,c’estsurtoutl’excès de zèle ou l’autocensure du journaliste, beaucoupplusfréquents quel’intervention directe de l’actionnaire»,note un membre de la SDJ. Toute infraction à la Charte peut entraîner la saisie du CIE, dontles décisions peuventêtrepubliées dans les Echos , et donner droit à la clause de conscience aujournaliste concerné. «La simple existence de ces outils donne un pouvoir d’influence à la SDJ», explique l’une de sesmembres. La plupartdes litigesse règlentd’ailleursen amont. Pacte. Au Monde aussi, on a pris ses dispositionsavec l’arrivéedu trioPierre Bergé,Xavier Niel et MatthieuPigasse en 2010. «Nous avons signé un pacte d’indépendance, et nousavons une charte qui régit nos règles», Le besoinde sanctuariserl’indépendance rappelleAlain Beuvele présidentde desrédactions s’est amplifié cesdernières Méry, la Sociétédes rédacannées avec l’arrivéed’actionnaires teurs du Monde demoins enmoins patrons depresse, et (SRM).Lors de la recapitalisation du de plus en plus industriels. groupe, un Pôle d’innes sur lesquels le journal écrit à lon- dépendanceest créé,qui comprend la gueur de colonnes… Si elle n’a pas pu SRM,la société deslecteurs, laSociété empêcher ce rachat, la rédaction des des personnels du Groupedes publicaEchos s’est rapidement dotée d’outils tions de La Vie catholique… Ce Pôle pour sanctuariser le plus possible son d’indépendanceest actionnaireà hauindépendance. teurde 33%de lasociété LeMondeSA, Dès les rumeurs de changement de et bénéficie donc d’une minorité de main,la rédaction crée uneSociétédes blocage. «Çanousdonne ledroit deblo journalistes(SDJ).«Onvoulait érigerune quer une refonte des statuts de l’entremuraille de Chine entre l’actionnaire et la prise , préciseAdrien de Tricornot, vicedirectiongénérale d’un côté, et la rédac- président de la SRM au moment de la tionde l’autre», raconteun membre de recapitalisation.Lesgaranties,on les a; laSDJdes Echos . Cette SDJfait ensuite ce qui compte, ce sont les rapports de signer au nouvel actionnaire et à la force.» Dansle pacte d’actionnaire de direction un «Accord sur l’indépen- 2010, chaque rédaction du groupe Le dance éditoriale»qui établitun certain Mondea d’ailleursconsolidéses droits nombre de principes. Entre autres, la existants,notammentle minimum de présence de trois membres indépen- 60% desvotesque doit recueillir un didantset de deuxreprésentants dessala- recteur au Monde . Pour Alain BeuveMéry, «grâceà notre minorité de blocage, onaunpoidsàpart». Encas dedésacSUR LES INTERNETS • cord, la SRM peut saisir un comité d’éthique, qui arbitre les conflits et Twitter @nousjournal dont les avis peuvent être également Facebook www.facebook.com/ publiésdans le journal.«Les structures, noussommesunjournal les règleset les textes sontfondamentaux

Tumblr noussommesunjournal. tumblr.com Mail noussommesunjournal @gmail.com

dansles rapports force, avance la SDJ pour que desEchos . Mais çadenesuffitpas: ces textesservent à quelque chose, il faut lesfaire vivre, et qu’il y aitune forte mobilisation de la rédaction.»


VOUS ÊTES ABONNÉ ? Chaque semaine, participez au tirage au sort pour bénéficier de nombreux privilèges et invitations. LES TOMBÉES DE LA NUIT Gagnez vos places pour 3 créations du festival :

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NAMELESS Oscillant entre rock sophistiqué et pop tapageuse, la musique de ces rockers romantiques – un peu dandy sans être précieux – explore la veine revival avec brio, et leur pop-rock aux réminiscences eighties fait voguer l’auditeur dans les années les plus assumées de la pop music.

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