L’histoire dans ses grandes lignes : En sortant d’une adaptation théâtrale du roman « Nana » de Émile Zola, les personnages découvrent dans le fiacre qu’ils s’apprêtaient à prendre le cadavre d’un homme. Sur le corps de la victime se trouve une page déchirée de la bible faisant référence à Satan. S’étant enquis de l’identité de la victime, les personnages sont convoqués le lendemain au commissariat le plus proche pour faire leur déposition.
Scénario Non-Officiel pour Maléfices
L’accusateur
Version n°2 Auteur : Christophe Genoud, alias STC
[email protected] www.orbistertius.ch Mention légale Maléfices est un jeu de rôle de Michel Gaudo et Guillaume Rohmer publié par les Editions du Club Pythagore ! 1985-2006. Préambule Ce scénario est d’abord le fruit du hasard, dont seul une âme maléfique aurait pu imaginer qu’il puisse être le produit d’une volonté consciente. Tout d’abord, la découverte chez une connaissance d’un recueil d’édition de « L’Univers Illustré » de 1881 me permit de mettre la main sur des illustrations de l’Exposition Internationale de l’Électricité, qui s’est tenue à Paris du 1er août au 15 novembre 1881. J’en conçus le projet d’utiliser cet événement et ce lieu dans un scénario de Maléfices. Quelques mois plus tard, ce fut la publication d’un numéro thématique de la revue Historia (novembre/décembre 2005) consacré au Diable. Ce numéro fort bien réalisé contenait un article intitulé « Satan, l’ange qui a mal tourné » et qui retraçait l’évolution de la figure de Satan dans les écrits bibliques. L’une de ces acceptions faisait de celui qui devint plus tard l’ange déchu un « accusateur », un procureur. Voilà que je disposais d’une intrigue, il me restait à faire le lien entre les deux éléments. De cette alchimie est né ce scénario. Hormis les divers joueurs à qui j’ai eu l’occasion de proposer les premières versions de ce scénario, dont mes compères d’Orbis Tertius, je souhaite remercier les Éditions du Club Pythagore qui m’ont autorisé à utiliser le logo Maléfices pour les productions disponibles sur le site de Orbis Tertius (www.orbistertius.ch). Mes remerciements vont également à SaSti, maléficieux helvète actif sur le forum maléfices (forum.malefices.com) et qui a relu ce scénario dans une précédente version. Le scénario qui est proposé dans les pages suivantes est également le produit de ses conseils avertis, ainsi que de ceux prodigués par Visgnemesle qui a procédé à une relecture critique de la première version publiée en décembre 2007.
Leur enquête, qui les mènera au domicile de la victime, prendra une nouvelle tournure lorsqu’il liront dans la presse du surlendemain, que la police annonce avoir trouvé un tract anarchiste sur les lieux du crime et qu’il s’agit là d’un second meurtre qui peut être attribué aux mouvements anarchistes. Une analyse comparée du passé des deux victimes laisse apparaître des similitudes : toutes deux étaient des figures importantes de la vie économique et sociale de Paris et toutes deux ont bénéficié d’acquittements dans des affaires financières ou de mœurs qui les opposaient à de petites gens. Si l’on y ajoute que le texte biblique retrouvé sur la victime renvoie à une ancienne acception du nom de « Satan » peu usitée mais bien présente dans la Bible et qui peut être traduite par « L’accusateur » ou le « procureur », on devine que l’enquête doit se tourner vers un meurtrier proche des milieux judiciaires. Après une visite au Palais de Justice de Paris, les personnages identifient le meurtrier en la personne d’un greffier de justice qui, dégoûté par la puissance de l’argent, décide d’administrer la justice lui-même en assassinant des notables acquittés dans des affaires dont il a eu à tenir le procès verbal. Une visite à son domicile permettra aux personnages d’intervenir pour éviter une nouvelle victime en la personne du Commissaire général de l’Exposition internationale de l’électricité qui se tient en ce moment même au Palais de l’Industrie. La scène finale met en scène une coursepoursuite entre les personnages et le meurtrier entre les stands qui composent l’Exposition internationale de l’électricité, le soir d’une conférence donnée par Georges Berger, Commissaire générale de l’Exposition. L’intrigue de ce scénario se déroule sur fond de menace anarchiste factice, mise en scène par les autorités policières qui, en cherchant à mettre ces meurtres sur le dos des mouvements anarchistes, camouflent ainsi leur impuissance, tout en s’offrant à bon compte un bouc émissaire politiquement intéressant.
Note sur les annexes et les aides de jeu Un plan de Paris ainsi qu’un guide Baedeker constitue une aide de jeu précieuse pour tout meneur de Maléfices. Partant de l’idée que chaque meneur dispose de cet indispensable accessoire, il n’a pas été inclus de reproduction des plans de Paris dans ce document. Toutefois, ces plans sont à disposition sur notre site Internet (http://www.orbistertius.ch/malefices_aides) de même que les aides de jeu sous la forme d’annexes.
____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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Notice sur l’anarchisme en 1881 La période où se déroule ce scénario n’est pas encore la grande époque de l’anarchisme des Ravachol ou de la bande à Bonnot, qui défraieront la chronique entre le début des années 1890 et la première Guerre mondiale. C’est toutefois une période importante de l’anarchisme en France. Une période où la doctrine programmatique se met davantage en place que la doctrine idéologique. Il faudra attendre 1891, pour qu’une véritable « épidémie terroriste » s’installe en France avec « l’Affaire de Clichy », et pour qu’un certain Ravachol passe à l’acte. À cette date, le mouvement anarchiste est déjà bien présent, mais il n’est pas encore violent, du moins pas en France. Ce scénario, s’il n’a pas comme objet l’anarchisme, approche de près ce mouvement dans la France de 1881. Il est donc utile d’en dire quelques mots. Anarchistes et mouvements socialistes Si comme le relève Préposiet 1, l’anarchisme est un phénomène récent, coïncidant avec l’apparition du nationalisme et de l’étatisme, ses racines philosophiques et politiques puisent bien plus loin dans l’histoire des idées. Il n’en reste pas moins que les principaux théoriciens sont des hommes du 19 ème siècle : Stirner (1806-1856), Proudhon (1809-1865), Bakounine (1814-1876) pour ne citer que les principaux. Sur le terrain, les mouvements anarchistes, avant de devenir indépendants, ont constitué le plus souvent des tendances à l’intérieur des mouvements socialistes et révolutionnaires. Désireux de faire la révolution, les membres de la tendance anarchiste divergeaient avec leurs camarades de lutte sur la question de l’aprèsrévolution et sur le rôle que le pouvoir politique devait y jouer. Deux figures ont incarné ces tendances, autoritaire et anti-autoritaire, de la Première Internationale : Marx et Bakounine. Mais c’est également sur les moyens de la lutte que les positions variaient au sein de la mouvance révolutionnaire : par des moyens légaux ou par la violence ? L’année 1881 fut, en Europe et en France, une année de rupture sur cette question précise.
La propagande par le fait Jean Grave, leader du mouvement anarchiste dans les organisations ouvrières françaises, insistait en 1880 déjà, lors du congrès régional du Centre, pour que les moyens de production soient repris par la force et que le gouvernement soit renversé « à coup de fusil ». Il prônait explicitement l’emploi de la violence. Une année plus tard, lors du même congrès, tenu cette fois à Paris le 22 mai 1881, la scission fut opérée et un second congrès se tint du 25 au 29 mai, regroupant cent cinquante à deux cents anarchistes de la branche dure. Ce recours à la violence fut « officialisé » quelques semaines plus tard à Londres, lors du congrès anarchiste mondial qui s’y tint du 14 au 20 juillet 1881, et durant lequel furent adoptées la doctrine et la pratique de la « propagande par le fait ». Une aide de jeu proposée dans ce scénario est un extrait de la résolution adoptée à l’époque. Ce n’est que cinq ans plus tard que les premiers attentats commencèrent à frapper l’opinion publique en France. Des journaux anarchistes comme « le Drapeau noir », « l’Affamé » ou « La Lutte sociale » expliqueront désormais aux militants comment confectionner des engins explosifs. En termes de jeu La piste anarchiste, bien que fausse, va se présenter à de multiples reprises aux personnages durant ce scénario. Il n’est donc pas impossible qu’ils cherchent à la suivre. En trois occasions, les personnages auront l’opportunité de prendre contact avec les milieux anarchistes de Paris. Une première fois, par l’intermédiaire de Esther Variquet, une actrice qu’ils rencontrent en tout début de scénario. La seconde fois par l’intermédiaire du journaliste du Petit Journal, Adrien Lothe, qui fréquente ce milieu. Une dernière fois, lorsqu’ils seront témoins de la condamnation d’un militant au Palais de Justice. Dans les trois cas, les personnages ne devraient pas avoir l’occasion d’infiltrer en profondeur ces milieux, tout au plus auront-ils l’occasion de se familiariser avec leur discours, mais ils devraient rapidement se rendre compte que les anars n’y sont pour rien dans les crimes commis à Paris en cet automne 1881.
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Jean Préposiet (2002). Histoire de l’anarchisme, Paris : Tallandier, p. 17 ____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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Contexte historique général Le contexte historique, dans Maléfices, est important. Voici une sélection des événements significatifs de l’année 1881 que le meneur peut communiquer aux personnages en guise d’ouverture. Pour un panorama plus complet, nous renvoyons aux pages de la troisième édition du jeu Maléfices. Contexte historique Politique • 1er février : début du percement des travaux du futur canal de Panama. • 13 mars : assassinat du Tsar Alexandre II de Russie • 22 mai : Congrès régional du Centre : scission entre socialistes et anarchistes : création du parti autonome anarchiste français. • 16 juin : loi sur la gratuité de l’enseignement primaire. • 14 juillet : Congrès de « l’Internationale antiautoritaire » à Londres. • 29 juillet : promulgation de la loi sur la liberté de la presse et de réunion. • 4 septembre : Élections nationales. Les premiers députés socialistes et radicaux entrent à l’Assemblée Nationale. • 19 septembre : mort du Président américain James Garfield après un assassinat. Arts • Publication posthume de Bouvard et Pécuchet de Flaubert. Science • L’Exposition Internationale de l’Électricité se tient à Paris au Palais de l’Industrie du 1er août au 15 novembre. Le stand de Thomas Edison fait sensation. Les personnages auront l’occasion de visiter cette exposition. Faits divers • 5 septembre : Accident ferroviaire de Charenton : le rattrapage d'un train omnibus par un rapide en gare de Charenton-le-Pont fait 26 morts et de nombreux blessés.
Nota Bene Tous les lieux visités lors de ce scénario sont répertoriés et indiqués dans les cartes de Paris annotées, disponibles avec les aides de jeux pour faciliter le travail du Meneur. Des cartes identiques, vierges de toute indication sont également incluses dans les annexes.
Au Théâtre ce soir Mardi 1 9 o ctob re 18 81 19h00, Boule vard Sai nt- Mar ti n, n° 2 Ce mardi soir, les personnages se retrouvent devant les guichets du Théâtre de l’Ambigu-Comique pour assister à une représentation de l’adaptation du roman de Émile Zola « Nana ».
Théâtre de l’Ambigu-Comique Fondé en 1769 sur le Boulevard du Temple, ce théâtre rencontre très rapidement un franc succès. On y joue des pièces historiques ou romanesques, tirées de la littérature populaire de l’époque : Le Masque de fer, La Belle au bois dormant etc. Ayant brûlé en 1827, le théâtre est reconstruit sur le Boulevard Saint-Martin pour y accueillir des pièces de « boulevard » ou des « vaudevilles ». Il figure également au registre des scènes spécialisées dans les « boulevards du crime », c’est-à-dire des pièces tirant leur propos de crimes ordinaires, plus au moins sordides, dont le Théâtre du Grand Guignol est l’incontestable phare. Au théâtre ce soir « Nana », la pièce jouée ce soir-là, est une adaptation théâtrale du roman de Zola, publié un an plus tôt, qu’un certain Marius Roux a réalisé en collaboration avec l’auteur. Elle conte l’histoire de Nana, une courtisane de basse extraction dont les charmes ont comblé plus d’un notable du Second Empire. Piètre actrice et chanteuse, ce sont ses attraits qui lui font monter une à une les marches de la gloire, jusqu’à sa mort, causée par la petite vérole. Les spectateurs viennent autant assister au drame théâtral qu’admirer les talents de l’héroïne principale,
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une certaine Esther Variquet, jeune actrice talentueuse de 25 ans, qui interprète à merveille la jeune courtisane.
gorge a été sauvagement tranchée. On trouve, enfoncée dans la gorge de la victime, une page déchirée de l’Ancien testament (Annexe I).
D’ailleurs, l’un des personnages connaît Esther et propose à ses amis de lui présenter ses hommages dans sa loge après la représentation.
L’homme égorgé
Lorsqu’ils arrivent dans la loge de l’actrice, celle-ci n’est pas seule. Un jeune homme d’une trentaine d’années, qu’Esther présentera avec la fraîcheur et la spontanéité qui la caractérise comme « Bastien Pergirard, un jeune magistrat très, très, très prometteur et qui est sans conteste l’un des plus beaux partis de la capitale », ditelle avec malice. Avant de quitter les lieux, Bastien adresse à Esther l’invitation suivante : « Ma chère, pensez à me rappeler, la prochaine fois que j’aurai le plaisir de vous compter parmi mes invités, de vous présenter un metteur en scène qui a comme périlleuse ambition de monter une pièce sulfureuse, La Maison de poupée, d’un auteur norvégien, un certain Henrik Ibsen, dont on dit qu’elle a provoqué le scandale à Londres et à Berlin. Vous y seriez parfaite ! Au revoir ma belle ! »
Les papiers d’identité de la victime indiquent qu’il s’agit d’un Gabriel Doussain, résidant 14 Rue de Monceau, dans le VIIIème arrondissement. Que les personnages fassent appel à eux ou pas, les forces de l’ordre arrivent rapidement sur place. Les hirondelles relèveront les identités des personnages et les convoqueront le lendemain matin, première heure, au commissariat de la Rue de Turbigo pour prendre leur déposition. Quant au chauffeur du fiacre, il se souvient avoir pris en charge un homme d’une cinquantaine d’années, place de la Bastille, ayant comme destination la Place de la République. Il n’a rien remarqué d’étrange. Note au Meneur
Il est probable que la discussion s’engage autour de la pièce et du jeu d’Esther. Cette scène doit permettre aux personnages de badiner quelque peu avec l’actrice. Qui sait, peut-être l’un deux lui tapera-t-il dans l’œil…
À partir de là, les personnages sont assez libres de leurs actions. Après la visite au commissariat, il est probable qu’ils essaieront de prendre contact avec la famille du défunt. La lecture de la presse du surlendemain (21 octobre) devrait également leur fournir de nouvelles pistes. Il se peut toutefois que les personnages ne souhaitent pas s’impliquer dans cette affaire, par désintérêt ou par peur. Une solution se présente pour les impliquer : les faire passer du statut de témoin à celui de suspects contraints de démasquer le criminel pour se disculper.
Esther insistera lourdement sur la portée politique de la pièce, qu’elle n’hésite pas à qualifier de « révolutionnaire », voire d’« anarchiste » dans sa volonté de mettre à nu les valeurs bourgeoises.
Un jet de Culture générale avec une réussite A ou B permet à un joueur de se souvenir que les journaux ont relaté un crime similaire durant l’été, sans qu’il ne puisse se souvenir de plus de détails.
Pergirard quitte les lieux, laissant les personnages avec Esther. Note au Meneur
Esther est appelée à jouer un double rôle dans ce scénario. Connaissant Bastien Pergirard, elle pourra donner quelques informations le concernant, ainsi que sa famille. Proche des milieux anarchistes, elle pourrait également permettre aux personnages de rencontrer quelques militants.
Le fiacre Il est 23h30 et une pluie fine tombe sur la capitale lorsque les personnages sortent du Théâtre. Une sensation de froid parcourt l’échine des piétons, dont on distingue à peine les silhouettes sur les trottoirs éclairés par les lampadaires à gaz. Pour avoir une chance de trouver un fiacre à cette heure-ci, les personnages se dirigent vers la place de la République. Arrivés sur place, alors que le premier d’entre eux s’apprête à monter dans un fiacre qui s’arrête justement, ils sont bousculés par une silhouette sombre qui surgit brusquement de l’intérieur du fiacre. Les personnages ne peuvent pas rattraper le fuyard. Extrêmement agile, il s’éloigne rapidement. À l’intérieur du fiacre, les personnages trouvent le cadavre d’un homme de soixante ans, très bien habillé, et dont la
Les possibilités qui s’offrent aux personnages sont, à ce stade, les suivantes : • Se rendre le matin du 20 octobre au commissariat pour faire leur déposition ; • Rendre visite à la famille de Gabriel Doussain ; • Entreprendre une recherche dans la presse ; • Se renseigner sur la signification de la page de la Bible retrouvée. Note au Meneur La chronologie de ce scénario dépend désormais des actions des personnages. Le seul impératif est qu’en date du jeudi 21 octobre, les personnages tombent sur l’article du Petit Journal écrit par Adrien Lothe (Annexe II) et qui relate les événements du mardi soir, dont les personnages sont les principaux protagonistes.Autre impératif, c’est le soir du vendredi 22 octobre que Georges Berger, Commissaire de l’Exposition Internationale de l’Électricité doit prononcer son discours de clôture de la conférence qui s’est tenue durant l’exposition. C’est à ce moment que le meurtrier a prévu de passer à l’acte.
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Chez les hirondelles Au commissariat Rue de Turbigo, 3ème arrondissement Les personnages sont reçus par l’inspecteur de police Armand Bizet, un homme d’une quarantaine d’années, particulièrement désagréable, qui procède tour à tour à l’audition de chaque personnage en lui posant les questions suivantes : • • • • • •
Identité Lieu du crime Heure Raison de la présence sur les lieux Description de l’agresseur Description de la victime
Si les personnages mentent et « omettent » de dire ce qu’ils ont trouvé, ils ne devraient pas être inquiétés. À la condition que tous disent la même chose, faute de quoi la procédure mentionnée plus haut risque bien de s’enclencher, jusqu’à ce que tout le monde dise la même chose. Si tout se passe bien, c’est-à-dire s’ils mentent tous, les personnages en seront toutefois pour une bonne surprise lorsqu’ils liront la presse du lendemain (Annexe II), indiquant qu’un document a bel et bien été retrouvé sur les lieux du crime et qu’il s’agit d’un tract anarchiste.
Au meneur de jeu de décider s’il procède séparément pour chaque joueur, en lui proposant de signer, à la fin de l’audition, un Procès verbal. Ce procédé, en termes de jeu de rôle est particulièrement intéressant, mais très consommateur de temps.
Si les personnages décident, après la lecture de l’article d’Adrien Lothe, de venir se plaindre au commissariat ou pour obtenir de plus amples informations, il leur sera répondu qu’effectivement, après inspection, un tract anarchiste a été retrouvé sur les lieux. Si à ce moment, les personnages parlent de la page déchirée de la bible, ceux-ci sont immédiatement présentés devant le Commissaire Dugerdil pour y être accusés de faux témoignage. Dans le même ordre d’idée, de flagrantes contradictions entre les déclarations des uns et des autres inciteraient le Commissaire à engager une enquête sur les personnages, impliquant qu’il soient suivis et que leurs proches (voisins, concierge etc.) soient interrogés sur leurs mœurs et leurs activités.
Si des contradictions importantes devaient ressortir entre les différentes dépositions des personnages, la police ne manquera pas de les considérer comme d’éventuels suspects.
Visite à une veuve
Note au Meneur
Le déroulement de la déposition des personnages dépend très largement du contenu de leur témoignage. L’innocence des personnages dans cette affaire ne fait a priori aucun doute aux yeux de la Police. Aussi l’Inspecteur Bizet cherchera essentiellement à récolter des indications sur les circonstances de la découverte de la victime et sur la silhouette qu’ils ont pu apercevoir. Toutefois, une dernière question, en apparence innocente, sera posée à tous les personnages : « Avez-vous trouvé un élément quelconque dans la calèche ou sur le corps de la victime ? ». La réponse à cette question pourra changer radicalement la suite du déroulement de l’interrogatoire et déterminer le statut de témoins ou d’accusés des personnages. Si un personnage dit la vérité et indique l’existence et la nature du document qu’ils ont trouvé, il leur sera immédiatement demandé de le leur remettre. Ayant pris connaissance du contenu du document, l’inspecteur transfère le témoin dans le bureau du Commissaire principal de la police judiciaire Felix Dugerdil, qui reprend l’interrogatoire à zéro. Il va chercher par tous les moyens (intimidation, menaces, contrainte physique) à faire signer à son interlocuteur une déposition dans laquelle il déclare avoir trouvé un tract anarchiste dans le fiacre. Si le joueur refuse, il est mis en garde-à-vue pour vingt-quatre heures. Il sera déféré devant un juge d’instruction le lendemain pour faux témoignage.
Chez Gabriel Doussain Rue de Monceau 14, VIII ème arrondissement Gabriel Doussain habite avec son épouse, Marie-Ange Doussain, dans un appartement au 3ème étage d’un immeuble cossu du VIIIème arrondissement, rue de Monceau. Les personnages seront reçus par son épouse, une femme de 58 ans, séduisante et plutôt réservée. Autour d’une tasse de thé ou de café, Mme Doussain parlera longuement de son défunt mari. Elle donnera aux personnages des informations sur l’activité professionnelle de son époux en tant qu’industriel spécialisé dans l’exploitation minière. Interrogée sur les raisons de la sortie de son époux, Marie-Ange expliquera que le mardi soir est traditionnellement réservé à ses parties de baccarat, qu’il pratique dans un club privé du quartier de la Bastille. Elle ne connaît pas l’adresse de ce club, ni les noms des autres membres. Il rentre généralement tard dans la nuit. Quant à savoir si son époux avait des ennemis, elle hésitera tout d’abord à répondre à cette question incongrue en indiquant qu’avec sa profession, son mari avait de nombreux concurrents et que les affaires étaient rudes. Pour autant, elle ne peut imaginer que l’un d’entre eux soit capable d’avoir fait cela. Au cours de la conversation, Marie-Ange s’exprime dans un soupir « Et dire qu’il commençait tout juste à se remettre de son procès et qu’il envisageait de prendre
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sa retraite ! ». Interrogée sur ce procès, Mme Doussain raconte son déroulement. Le procès Doussain En août 1880, Gabriel Doussain rachète pour une bouchée de pain à Annay-sous-Lens dans le département du Pas-de-Calais une mine dont les premiers sondages s’étaient révélés peu intéressants. Une nouvelle expertise infirme ces premiers constats, et les travaux de consolidation de la mine sont entrepris en décembre 1880. En janvier 1881, une partie de la mine s’écroula, causant la mort de deux ouvriers, et la fermeture fut immédiatement prononcée par les autorités. Un mois plus tard, la mine fut réouverte avec la bénédiction des autorités ministérielles parisiennes. Fin août 1881, le Syndicat des Gueules Noires du Nord attaqua en justice, à Paris, Gabriel Doussain, l’accusant de mettre en danger la vie de ses ouvriers et d’avoir corrompu un fonctionnaire du Ministère de l’Industrie pour obtenir l’autorisation d’exploitation. Le 9 septembre 1881, le Tribunal de première instance de Paris acquitte Gabriel Doussain. Note au Meneur
Adrien Lothe est un jeune homme d’une trentaine d’années dont les talents d’investigateur et de journaliste politique n’attendent que de percer au grand jour. L’affaire des assassinats est une merveilleuse opportunité pour lui de se faire un nom. D’autant plus qu’il est persuadé que la police dissimule des éléments d’enquête, voire manipule l’opinion. Disposant de contacts avec les milieux anarchistes, Lothe mène sa propre enquête depuis la publication de son premier article, le 26 août 1881 (Annexe III).
Les personnages pourront en apprendre plus en recherchant dans les journaux de l’époque, qui ont largement couvert l’affaire, ou auprès d’Adrien Lothe. Ils pourront apprendre que le fonctionnaire du ministère de l’Industrie accusé de corruption est un certain Amédée Latrain, qui refusera tout contact avec les personnages et n’hésitera pas à faire appel aux forces de l’ordre pour se débarrasser de ces importuns. Il en est de même pour les avocats Me Lapoutre et Durand, dont l’étude se situe au 54 boulevard Haussmann (IXème arrondissement) Quant au syndicat, il se contentera de regretter que la justice ait été rendue par ce biais, mais niera bien évidemment, et à juste titre, toute implication. Enfin, Doussain n’a jamais dédommagé la famille des deux victimes mortes dans l’accident de la mine.
Presses et rotatives Le Petit Journal Rue Lafayette 61, IXème arrondissement Le jeudi 22 octobre 1881, Le Petit Journal titre sur l’assassinat de Doussain sans révéler son identité (Annexe II). Un certain Adrien Lothe signe l’article et le commentaire. Les bureaux du Petit Journal se trouvent au 61 Rue Lafayette. C’est là que les personnages pourront rencontrer, Adrien Lothe, l’auteur de l’article. On peut le trouver dans le bureau des faits divers, au troisième étage du bâtiment.
Si les personnages gagnent la confiance du journaliste, celui-ci sera disposé à les aider, en échange de l’exclusivité des résultats de leur enquête et des éventuelles révélations qui pourraient en résulter. En échange, il leur donne le faux tract que la police lui a remis en août dernier (Annexe IV) et pourrait même favoriser, si nécessaire un contact avec les anarchistes. Note au Meneur La pression exercée par la police sur les journalistes est relativement fréquente à cette époque. Qu’il s’agisse de connivence, d’instrumentalisation ou de pressions réelles, les relations entre la presse et le pouvoir sont troubles. En l’occurrence, il est manifeste que la préfecture de Paris tente par tous les moyens d’impliquer, en vue de les décrédibiliser, les milieux anarchistes, qui n’ont, en fait, rien à voir avec cette affaire. Par ailleurs, révéler qu’un tueur signe ses crimes avec des citations de la Bible ne fait pas partie des informations que la police souhaite voir circuler.
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Un fils éploré
Abyssus Abyssum Invocat2
Chez Antonin Pergirard 27 Avenue Wagram VIIIème arrondissement
À moins de compter un ecclésiastique dans le groupe, les personnages devront vraisemblablement faire appel à un spécialiste de la bible pour comprendre la portée du passage du livre de Zacharie trouvé sur les victimes. En effet, à part la mention de « Satan » qui devrait attirer leur attention, la signification de ce texte, sans autres explications demeure obscure. Quelles que soient leurs démarches, ils finiront par tomber soit sur un prêtre (de n’importe quelle paroisse parisienne) nommé Benoît Seizain soit sur Lucien Crété, un professeur de théologie à l’Université de la Sorbonne.
Antonin Pergirard était le père de Bastien, le jeune homme que les personnages ont rencontré dans la loge de l’actrice, Esther Variquet. Après un début de carrière d’avocat à Reims, Bastien Pergirard est revenu s’établir à Paris à la mort de son père. Il vient tout juste d’obtenir un poste de magistrat à la Cour des Comptes. Ne voyant pas vraiment ce que les personnages peuvent lui apporter sur la mort de son père, Bastien cherchera par tous les moyens à couper court à la conversation. Si toutefois, les personnages parviennent à le convaincre de leur parler, en arguant d’éléments nouveaux quant à l’identité du tueur, il acceptera de parler de son père et de son procès. Sinon, les personnages devront se tourner vers Esther Variquet, qui pourra les renseigner, ou Adrien Lothe qui connaît bien l’affaire. Juge à la cour d’Assise de Paris, Antonin Pergirard a perdu sa femme. il y a une quinzaine d’années et a élevé seul son fils Bastien, sans se remarier. Son procès lui a été intenté par sa servante, une certaine Dorothée Manin, au motif qu’étant tombée enceinte des œuvres de son patron, elle réclamait qu’il lui règle des salaires non payés et une pension pour son fils. Il s’agissait d’un chantage pour qu’il l’épouse et en fasse son héritière. Ce qu’il a toujours refusé. Dorothée décida alors de l’attaquer en justice. Le 25 juin, Pergirard gagne son procès sans difficulté, au motif qu’il la payait bien assez et qu’il était prêt à verser une rente de paternité. Le 28 juin, Dorothée était retrouvée noyée dans la Seine, apparemment suicidée. Le 24 août, Antonin Pergirard était assassiné dans une rue sombre le soir. Un tract anarchiste a été retrouvé sur le corps de son père, aux dires de la police. Bastien ne sait pas ce qu’est devenu le fils de Dorothée et de son père. Il n’a pas cherché à le retrouver. Quant à l’hypothèse anarchiste, Bastien y croit dur comme fer. Note au Meneur La visite à la famille des deux victimes devrait permettre de faire ressortir les éléments suivants : - les deux victimes sont riches et puissantes ; - toutes deux ont été accusées dans des affaires en lien avec des personnes de classes sociales inférieures ; - toutes deux ont été acquittées ; - toutes deux sont des personnalités arrogantes et antipathiques. Le mobile du meurtrier commence donc à se dessiner : une vengeance contre l’injustice faite à des personnes humbles et faibles, victimes d’un système judiciaire aveugle. Quant au lien avec le livre de Zacharie, un spécialiste de la bible pourrait être utile.
Note au Meneur Il est vivement conseillé de jouer ces deux rencontres sous la forme d’une conversation entre les personnages et leur interlocuteur.
Benoît Seizain Prêtre Seizain est l’archétype du prêtre actif dans une paroisse de quartier de grande ville, soucieux de maintenir une atmosphère villageoise dans sa paroisse. Il aurait tout aussi bien pu être le curé d’une commune au fin fond du Gers. Les compétences religieuses du prêtre sont assez limitées. Il saura identifier le passage tiré du livre de Zacharie et indiquer que, dans ce contexte, le « satan » dont il est question n’est pas encore le prince des Ténèbres. Mais il n’en sait pas plus. Il renverra humblement les personnages vers les autorités religieuses ou universitaires pour plus de renseignements. Lucien Crété Professeur à la faculté de théologie, Sorbonne Lucien Crété est un homme de cinquante ans, très distingué, portant en permanence un monocle à l’œil droit. Son port de tête, de même que son habillement et son élocution très précieuse, jurent avec l’image traditionnelle du professeur d’université, de théologie de surcroît. Il n’en reste pas moins qu’il s’agit d’un homme charmant et très aimable. Voici les éléments qu’ils pourront obtenir de Lucien Crété, à condition qu’ils posent les bonnes questions: •
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Le livre de Zacharie présente les “visions” du prophète du même nom. La quatrième vision concerne le grand prêtre Josué, qui comparaît devant un tribunal divin, face à un accusateur, un “satan”; Le satan l’accuse de s’être présenté en habits sales, c’est-à-dire souillé par le péché. Or, l’ange de Dieu qui défend Josué réprime le satan, car Dieu décide de pardonner Josué et de le revêtir d’habits somptueux;
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« L’abîme appelle l’abîme » ____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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Le mot « satan » ne renvoie donc pas ici à l’ange du mal déchu, mais signifie « l’adversaire » ou « celui qui s’oppose ». Dans le texte de Zacharie, il prend notamment la signification « d’accusateur ». Signification que l’on retrouve à d’autres endroits dans les textes sacrés, notamment dans le livre de Samuel. Satan est donc, dans ce contexte, un ange au service de Dieu qui assume la charge d’accusateur ou de procureur divin. Ce n’est que plus tard que la figure satanique prendra la signification qu’on lui connaît aujourd’hui, à savoir celui de l’ange révolté par la miséricorde de Dieu et qui, déchu, s’opposera à Dieu et incarnera la figure du Mal.
Note au Meneur N’hésitez pas à en faire beaucoup pour cette scène. Une fois la question posée, Crété est intarissable. Il ponctue son explication de citations tirées du texte en question et d’expression comme « n’est-ce pas ? » ou « c’est évident ».
En conclusion, la référence à un satan « accusateur », révolté contre la clémence de Dieu, combinée au profil des victimes, doit mener les personnages vers un coupable fréquentant les milieux judiciaires ou exerçant une telle fonction au sein de cette profession. Cette conclusion doit naturellement orienter les personnages vers le Palais de Justice et du moins les conduire à vouloir consulter les dossiers des procès des deux victimes.
Le Temps des bombes Les autorités policières cherchent à mêler les milieux anarchistes à cette affaire, alors qu’ils n’y sont pour rien du tout. Il se peut donc que les personnages souhaitent suivre cette piste. Ils disposent, avant de visiter le Palais de Justice (voir plus loin), de deux moyens de rentrer en contact avec les anarchistes. • •
toute la durée de leur présence, aucune discussion ne se fait entendre dans le bistrot. Autant dire que sans y être introduit, ils ont peu de chance de rentrer en contact avec des anars… Les personnages devraient avoir plus de chance avec Esther Variquet. Cette dernière est la sœur cadette d’Augustin Variquet, alias « Milou ». Si les personnages viennent lui rendre visite et lui expliquent qu’ils ont des doutes sur l’implication des anarchistes dans les meurtres, elle sera disposée à les aider. Elle sait que son frère n’y est pour rien, mais elle n’exclut toutefois pas que quelques-uns de ses camarades soient passés à l’acte. Elle demande évidemment la plus grande discrétion aux personnages, notamment vis-à-vis de Bastien Pergirard. Elle emmènera alors les personnages « Au Bourbaki » un midi ou un soir après une représentation, pour rencontrer son frère. Ce dernier est un homme imposant de trente-deux ans, boucher aux abattoirs de la Villette. Il « anime » un groupe d’anarchistes d’une douzaine de membres. Il assure luimême le lien avec d’autres groupes actifs dans la capitale. Voici ce qu’il pourra communiquer aux personnages, après avoir néanmoins « enguirlandé » sa sœur de lui avoir amené ces bourgeois à domicile : •
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La feuille de propagande « L’Anarchie » est un faux. Il n’y a pas de publication clandestine de ce nom à sa connaissance ; Le texte est en revanche vrai et provient de la résolution adoptée à Londres en juillet dernier ; Il n’est au courant d’aucun attentat ou meurtre revendiqué par des anarchistes à Paris, à part celui perpétré par le jeune Émile Floriant, qui a assassiné en pleine rue, de plusieurs coups de feu, un passant à Neuilly. Selon lui, il s’agit bien d’un anarchiste, mais qui aurait agi seul, par folie.
Note au Meneur Pour rendre un peu plus vivante cette rencontre, peut mettre un terme à cette scène sur l’entrée deux hirondelles qui viennent se rafraîchir le gosier saluant tout les clients du troquet, « Milou » et personnages y compris.
on de en les
Par l’intermédiaire du journaliste Adrien Lothe ; Grâce aux contacts de la comédienne Esther Variquet.
Une prise de contact par l’intermédiaire d’Adrien Lothe est la plus évidente, mais la plus compliquée. Celui-ci se limitera à leur indiquer l’adresse d’un café dans lequel quelques militants ont l’habitude de se rencontrer. Il ne connaît que leurs surnoms : « Briquet » et « Milou ». Ils ont l’habitude de se retrouver « Au Bourbaki », un troquet Rue des Mignottes à Belleville dans le XXème arrondissement. Il va de soi que si les personnages se rendent dans ce bistrot fréquenté quasi exclusivement par des habitués, ils seront immédiatement remarqués. Le contact avec les personnes présentes risque d’être difficile. S’ils demandent à rencontrer « Milou » ou « Briquet », on leur répondra qu’il n’y a personne de ce nom ici. Durant
Dura Lex, sed Lex La visite du Palais de Justice est un passage obligé, pour qui souhaite consulter les dossiers judiciaires, c’est-à-dire, essentiellement les procès-verbaux de procès. Si l’accès au Palais de justice (cf. Annexe IV) est libre, l’accès aux archives et aux dossiers ne l’est pas pour tout le monde. C’est pourquoi la présence, parmi les personnages, de quelqu’un ayant une formation de juriste ou de policier est d’une grande aide, sans quoi, les personnages devront faire preuve de patience et d’habileté en faisant jouer leurs relations (le journaliste Adrien Lothe, par exemple, qui a ses entrées au Palais).
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Si les personnages cherchent à rencontrer les deux magistrats, ceux-ci seront d’abord très réticents à répondre à leurs questions. Aux personnages de les convaincre et de gagner leur confiance. En gros, les deux magistrats confirmeront le déroulement et les conclusions des affaires.
Avant de pouvoir consulter les procès-verbaux des procès Doussain et Pergirard, les personnages vont être renvoyés d’un bureau à l’autre, d’une cour à l’autre, avant d’aboutir à la bibliothèque du tribunal civil, à côté de la Salle des pas perdus. Avant qu’ils n’entrent dans la bibliothèque, les personnages sont témoins de la scène suivante : un prisonnier d’une vingtaine d’années est emmené, menotté, dans la salle de la 1ère Chambre criminelle devant laquelle se sont attroupés journalistes et badauds. À la vue de cette foule, le suspect, Émile Floriant, se met à hurler des « Mort aux bourgeois ! Je ne cèderai pas devant ce pouvoir inique ! Vive la Révolution ! Vive l’Anarchie ! ». L’homme est prestement mené à l’intérieur de la salle. Parmi l’assistance, un groupe d’hommes modestement vêtus échange quelques mots réprobateurs avant de quitter les lieux. Voilà une opportunité supplémentaire pour les personnages de prendre contact avec des militants anarchistes. Si les personnages tentent de discuter avec le groupe, celui-ci se montrera toutefois très rapidement hostile et n’hésitera pas, une fois dans la rue, à faire comprendre avec insistance qu’ils n’ont rien à leur dire. À la bibliothèque, les personnages peuvent commencer les recherches. Une fois les dossiers ressortis des archives, les personnages apprendront les noms des deux Juges en charge des dossiers par les membres des familles des victimes. Il s’agit du Juge Marie-Émile Boismard pour l’affaire Doussain et du Juge Jean Verdon pour l’affaire Pergirard. En comparant les identités des protagonistes des deux affaires, ils se rendront compte qu’il s’agit à chaque fois de personnes différentes (avocats, juges, etc) à l’exception d’une seule personne, le greffier, un certain Justin Thiémard, qui a officié dans les deux cas !
Si les personnages demandent qu’on leur indique où l’on peut trouver Justin Thiémard, leur interlocuteur leur propose de les faire accompagner à son bureau par un huissier du Palais. Ce dernier les emmène dans les dédales du Palais. Arrivés en haut des escaliers du premier étage, l’huissier leur indique que Thiémard est précisément l’homme qui sort de son bureau, au bout du couloir, avant de l’interpeller « Eh Thiémard, ces messieurs veulent te voir ! » L’homme, distant d’une trentaine de mètres se fige, fixe les personnages, se retourne avant de s’engager dans la direction opposée vers l’escalier à l’autre bout du couloir. Si les personnages se mettent à courir pour le rattraper Thiémard, méfiant et pensant avoir été découvert, décide de ne prendre aucun risque et s’enfuit précipitamment. Poursuite dans le Palais de Justice Non seulement Justin Thiémard est un athlète, mais il connaît tous les recoins du Palais de Justice. En d’autres termes, les personnages n’ont aucune chance de le rattraper, à moins qu’ils ne l’abattent dans sa course, ce qui est peu probable… Note au Meneur Si toutefois, les personnages devaient être sur le point de le coincer, Justin n’hésiterait pas à demander l’aide des forces de l’ordre en leur criant qu’il doivent arrêter ces criminels qui lui courent après. Les hirondelles n’hésiteront pas une seconde et obéiront immédiatement en arrêtant les personnages et en leur proposant une visite guidée du Palais pour eux seuls… Quant à Thiémard, persuadé d’être démasqué, il ne rentrera plus chez lui et résidera temporairement dans au foyer St-Bernard dans lequel il accomplit un travail bénévole.
Il ne reste plus aux personnages qu’à s’enquérir de l’adresse de Thiémard pour visiter son logement, son bureau ne leur étant pas accessible.
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Nec deus intersit, nisi dignus vindice nodus3 Chez Justin Thiémard 8 Rue des Écluses, 10ème Thiémard habite près de la Gare de l’Est dans le Xème. arrondissement, dans un petit immeuble de trois étages. Il occupe un appartement confortable de 3 pièces (salon-cuisine, chambre à coucher, bureau). Sur les murs et sur les meubles, on trouve de nombreuses images pieuses. C’est toutefois dans le bureau que l’on trouve les indices les plus importants, soit: • •
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De multiples bibles dont certaines pages ont été arrachées (celles du Livre de Zacharie, bien sûr) ; Un livre intitulé : COMTE EDOUARD SODERINI. Socialisme et catholicisme. Traduit de l'italien par le chanoine LE MONNIER Sans lieu, Desclée de Brouwer. Des notes manuscrites tirées des dossiers judiciaires de Doussain et Pergirard ; Une douzaine de petites affichettes illustrées incitant les parisiens à remettre des vivres ou de l’argent au Foyer St-Bernard proche de l’Eglise Notre-Dame de Lorette dans le 9ème arrondissement; Des flacons de laudanum vides ; Un lit 1 place équipé de sangles pour les bras et les jambes.
Le père Armand partage son temps entre l’église et le foyer. En permanence, un certain Philippin Bouzard fait office de concierge. Il prend ses instructions directement auprès du Père Armand. Interrogé, Bouzard confirmera que Justin Thiémard participe à la vie du foyer et qu’il vient régulièrement durant son temps libre. Peu bavard, Bouzard n’en dira pas beaucoup plus. Une conversation avec le Père Armand s’impose donc. Pour qu’il parle de Justin, il faudra que les personnage le mettent en confiance. Si le Père Armand devait déduire de son échange avec les personnages que ceux-ci veulent du mal à Justin, il ne leur dira rien de plus que ce que Bouzard aura pu leur dire. Si les personnages gagnent sa confiance, il pourra leur apprendre les choses suivantes : •
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• Note au Meneur La visite au domicile de Thiémard devrait être brève. Ce que les personnages trouvent leur serviront à deux choses : confirmer son implication dans les assassinats de Doussain et Pergirad et leur fournir une piste sur l’endroit où il se cache : le foyer St-Bernard dans le 9ème arrondissement.
Foyer St-Bernard 12 Rue Laferrière, 9ème Le foyer St-Bernard dépend de la paroisse de Notre Dame de Lorette. Il est dirigé par le curé de la paroisse, le Père Armand. Ce foyer installé dans un immeuble de la rue Lafferrière accueille les jeunes femmes pauvres dont certaines sont des prostituées. Le rez-de-chaussée est composé d’une loge de concierge, d’un petit appartement, d’une cuisine et d’une salle commune qui fait office de salle à manger lorsque des soupes populaires sont offertes au indigents. Quant aux occupantes, elles sont logées dans des appartements dans les étages qu’elles partagent à plusieurs contre un loyer modeste.
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Thiémard vient régulièrement travailler bénévolement pour le foyer en collectant de fonds ou de la nourriture ; Thiémard est une personne très sociable, mais qui ne semble pas avoir d’ami, hormis une jeune paroissienne, travaillant comme infirmière à l’Hôpital Lariboisière et qui participe également à la vie du Foyer qui se nomme Cécile Brasey. Il ne connaît pas son adresse. Thiémard souffre de crises d’angoisse qui peuvent le mener au délire paranoïaque. Il vient alors se réfugier dans une chambre de bonne installée dans les combles du foyer et qu’il est le seul à occuper périodiquement. Armand n’a pas revu Justin depuis plus de dix jours. (C’est un mensonge, Justin a passé la nuit précédente dans la chambre de bonne.)
Après cette conversation, les personnages désireront sans doute visiter la chambre de Justin dans le foyer. Note au Meneur Si la conversation avec le Père Armand tourne court, les personnages ne pourront pas obtenir l’information selon laquelle, Justin dispose d’une chambre dans le foyer. Dans ce cas, l’information pourrait leur être donnée, par l’intermédiaire d’une « locataire » qui interrompt la discussion entre les personnages et le Père Armand en demandant si en l’absence de Justin, elle peut installer des affaires personnelles dans la chambre dans les combles. Le Père Armand refusera que les personnages ne visite la chambre. Il leur faudra trouver une autre manière de le faire…
La chambre de Justin relève plus du placard que de la chambre. Un petite lucarne laisse pénétrer quelques rayons de lumière dans une minuscule pièce dont le seul meuble est un lit. Tout autour, un désordre indescriptible règne : Parmi les affichettes que les personnages on déjà vu à son domicile, on trouve le plan de l’Exposition internationale de l’électricité au Palais de l’industrie (voir aides de jeu) et une affiche annonçant cette manifestation. Au dos de cette affiche est inscrite à la main l’inscription manuscrite suivante :
« Si vous faites intervenir un dieu, que le drame soit digne qu'un dieu le dénoue. » (Horace) ____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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« Je suis le bon berger, le vrai berger. Le vrai berger se dessaisit de sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, qui n'est pas vraiment un berger, et à qui les brebis ne n’appartiennent pas : s'il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s'enfuit ; le loup s'en empare et les disperse. Ce berger n'est qu'un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Je suis le bon berger ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je me dessaisit de ma vie pour mes brebis. » A chacune de ses occurrences, le mot berger est souligné ! Un jet de qualité A ou B en culture générale permettra d’identifier l’inscription comme un extrait de l’Evangile selon Jean (10 :11) portant sur la parabole du berger. Un second jet de qualité A ou B en culture générale permettra au personnage qui a réussi de faire immédiatement le lien entre le mot berger et l’affichette pour l’exposition internationale de l’électricité : Berger est le nom de famille du commissaire général de l’exposition ! Le personnage aura également connaissance du fait que Berger doit donner une conférence publique au Palais de l’Indstrie le vendredi 22 octobre à 18h30. Hôpital Lariboisière Rue St-Vincent de Paul Le Père Armand ne connaissant pas l’adresse du domicile de Cécile Brasey, l’hôpital est le seul endroit où les personnages peuvent rencontrer cette jeune femme. Il devrait être relativement simple de convaincre Cécile Brasey de parler de Justin Thiémard. Elle a développé pour lui une véritable affection et une forte amitié. Elle pourra fournir aux personnages les informations suivantes : •
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Elle a connu Justin au foyer et s’est rapidement lié d’amitié avec lui. Petit à petit elle a pu en apprendre un peu plus sur lui et son passé. Il a eu une enfance difficile d’orphelin, du moins le croyait-il. En réalité, il a suivi des études dans les meilleurs établissements catholiques de Paris comme interne. Il lui avait été expliqué que ses parents riches, étaient morts accidentellement alors qu’il n’avait que quelques mois et que la fortune de ceux-ci permettait de payer ses études. A l’âge de 18 ans, il a fini par apprendre que son père était un homme politique important à Paris et que sa mère, devenue stérile après sa naissance avait été rejetée par son père. Elle finit ses jours dans un asile pour fou où elle est morte, alors que Justin avait 12 ans. Il n’a
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jamais pu apprendre le vrai nom de son père et de sa mère Durant ses études de droit, Justin s’est rapproché des milieux catholiques-sociaux et s’est investi dans l’aide aux pauvres tout en visant à faire carrière comme magistrat. Durant la Commune, Justin a participé aux manifestations et lors d’une fusillade, il est grièvement blessé à la tête par un coup de feu. Il souffre depuis régulièrement de maux de tête très violents qui le plongent dans des délires frénétiques. C’est elle qui le soigne et vient lui administrer du laudanum, chez lui régulièrement.
Cécile Brasey n’en sait guère plus sur Justin et n’est bien évidemment pas au courant de ses activités criminelles.
Fiat lux et facta est lux4 Une fois qu’ils se seront rendus compte de la menace qui pèse sur le commissaire général de l’exposition internationale de l’électricité, les personnages ne manqueront pas de prendre contact avec Georges Berger. Cet homme n’est pas du genre à prendre peur pour si peu ! Il refusera tout conseil visant à annuler la conférence qu’il doit prononcer le vendredi 22 octobre à 18h30 au Palais de l’Industrie. Tout juste accepte-t-il de rendre attentifs les personnes en charge de la sécurité de cette menace. Le Palais de l’Industrie Le dénouement de l’intrigue se jouera donc au Palais de l’Industrie. Justin Thiémard entend en effet y assassiner Georges Berger, après la conférence qu’il donnera à 18h30 ce vendredi 22 octobre 1881. Note au Meneur Si les personnages devaient ne pas aboutir à cette conclusion avant cette date, il ne vous reste qu’à la décaler dans le temps selon les nécessités.
Réalisé pour l'exposition universelle de 1855 sur les Champs-Élysées à Paris, le Palais de l'Industrie est une œuvre que l'on doit à l'architecte Victor Viel et à l'ingénieur Alexis Barrault. L'édifice sera détruit en 1896 pour laisser place au Petit et au Grand Palais. Sa disparition permet de relier l'Hôtel des Invalides au Palais de l'Élysée par une grande perspective, longtemps qualifiée « d'axe républicain ». L’exposition Internationale qui s’y tient est remarquable à plus d’un titre. On peut notamment y découvrir : •
Le premier tramway électrique de chez Siemens
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« Que la lumière soit. Et la lumière fut ». ____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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Le stand de la firme Edison qui, fort de ses quelques premiers succès dans le domaine de l’éclairage, remporte un grand succès lors de l’Exposition Internationale de l’Electricité à Paris, en août 1881, et qui fut pour Edison un tremplin médiatique inespéré. Il installe pour cette occasion 1000 lampes qui éclairent en même temps et sont, sans conteste, une des attractions de cette manifestation. À cette occasion, est également présentée aux visiteurs une dynamo géante. Les premières versions du téléphone.
La tentative d’assassinat Berger doit prononcer son discours vers 18h30 dans l’espace « Buffet » (Cf. Annexe V) où a été installé une estrade. L’audience compte quelque deux cents personnes. Ce discours se déroule sans encombre. Avant de remercier la présence notable de M. le Ministre du Commerce et des Colonies Maurice Rouvier, Berger annonce entre autres choses que non seulement cette conférence a permis de constater les progrès de la science en matière d’électricité, mais surtout que désormais toute une série de normes de mesures électriques ont été adoptées, permettant aux différents savants d’utiliser désormais le même vocabulaire. Comme seuls renforts, les personnages pourront constater une présence policière légère composée de cinq gendarmes Pendant tout le discours et l’apéritif qui suit, Justin observe la foule depuis les galeries à l’étage (au-dessus du stand « Boulet »), en suivant du regard les faits et gestes de Berger. Un jet de perception de qualité A ou B permet à un personnage de voir le reflet des lentilles de jumelles de théâtre, à l’étage et de distinguer une silhouette, celle de Thiémard. Si les personnages aperçoivent Thiémard à l’étage, ils peuvent se jeter à sa poursuite, avec ou sans les forces de l’ordre, selon les contacts qu’ils ont avec elles. Justin Thiémard s’apercevra immédiatement que l’on vient à sa poursuite. Il laissera donc les personnages et la police monter à l’étage avant de se jeter de la galerie au niveau du Phare, en s’écrasant sur la serre qui se trouve juste à côté. Dans sa chute, il se blesse et est contraint de boiter. Par ailleurs, avec un jet de perception réussi de qualité A ou B, sans source de lumière, on peut suivre son parcours grâce aux traces de sang qui maculent le sol. Il se dirige vers l’autre extrémité du Palais, vers le tramway électrique de Siemens. Si les personnages n’aperçoivent pas Thiémard à l’étage, celui-ci attendra que les premiers invités commencent à quitter les lieux pour se fondre dans la foule et se rapprocher de Berger. Alors qu’il est à un pas de Berger et s’apprête à le frapper d’un coup de poignard, un personnage croise son regard. Thiémard se retourne et prend immédiatement la fuite en direction de l’intérieur de l’exposition, qui est plongée dans une obscurité quasi-complète.
La poursuite Quel que soit le début de l’action, la poursuite se déroulera entre et sur les stands de l’exposition, dans une quasi-pénombre. Ayant repéré les lieux préalablement, Thiémard entend utiliser le tramway de Siemens, qui se trouve à l’intérieur de l’exposition, pour enfoncer les portes du Palais et prendre la fuite une fois à l’extérieur. Dans le cas où Thiémard s’est blessé en se jetant de la galerie, il sera relativement aisé de suivre sa trace. Sinon, c’est un véritable jeu du chat et de la souris qui s’engage. Thiémard ne fera usage de son revolver que s’il se sent coincé ou sur le point d’être pris. Afin de faire perdre du temps à ses poursuivants, il fera du bruit sur les stands et mettra en marche certaines de leurs installations. En effet, le courant est fourni par des générateurs extérieurs qui ne seront arrêtés qu’après la fin de la conférence. Ainsi, en passant sur le stand des États-Unis, Thiémard allume-t-il subitement (en marche) les 1000 ampoules présentées par Thomas Edison, aveuglant ses poursuivants pendant presque une minute, ce qui lui laisse le temps de se rendre sur le stand où se trouve le tramway électrique Siemens, à l’autre bout du Palais, et de le mettre en marche. Alors que les personnages progressent vers l’extrémité du Palais, ils entendent le bourdonnement d’une génératrice et voient les éclairs électriques provenant du câble reliant la ligne aérienne électrique et le tramway. À leur arrivée sur les lieux, le tramway se met en marche et n’est plus qu’à quelques mètres de la porte d’entrée, qu’il s’apprête à défoncer. À l’intérieur, appuyé à une vitre ouverte, Thiémard commence à faire feu sur ses poursuivants. Si les personnages ne parviennent pas à le maîtriser avant que le tramway défonce la porte d’entrée et ne déraille, Thiémard réussit à prendre la fuite. Les personnages ne pourront le retrouver qu’à la condition qu’ils l’aient blessé ou qu’il se soit blessé en se jetant de la galerie. Dans ce cas, ils le trouveront à moitié caché dans un bosquet à l’extérieur du Palais, son chargeur vide et perdant beaucoup de sang. Épilogue Qu’il soit arrêté ou tué, Thiémard est mis hors d’état de nuire. Il va de soi que si les personnages ont fait la promesse de révéler les dessous de l’affaire à Lothe, celui-ci s’empressera d’en faire un scandale que la police pourra difficilement étouffer. Cette affaire coûtera son poste à quelques fonctionnaires de police dans le cadre d’une modeste action de moralisation de la police initiée Préfet de Police de Paris. Caractéristiques Justin Thiémard Habileté : 13 Aptitudes physiques : 15
Constitution : 12 Perception : 13
Armes : un poignard (pour les actes vengeurs) et un calibre moyen (pour se défendre). ____________________________ “L’accusateur” Version n°2. Scénario non-officiel pour Maléfices ! STC (www.orbistertius.ch), 01/2009. Avec l’aimable autorisation des Editions du Club Pythagore
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Personnages non-joueurs principaux Marie-Ange Doussain 58 ans Veuve de G. Doussain Mme Doussain est l’image même de la femme discrète mariée à un homme puissant et respecté. Réservée, elle a toujours soutenu son mari dans sa carrière et ne lui a jamais posé de questions, pour lesquelles elle savait qu’elle n’obtiendrait pas de réponses. Au courant de la seconde vie de son mari, elle n’avouera jamais savoir et réfutera toute insinuation à ce sujet. Bastien Pergirard 27 ans Magistrat stagiaire à la Cour des Comptes Élevé seul par son père dès l’âge de 12 ans, Bastien est un enfant gâté. Ambitieux et arrogant, il ne voit dans ses congénères que des « outils » au service de sa renommée et de sa carrière. De retour à Paris, Bastien se mit immédiatement à fréquenter le milieu mondain, dans lequel il fit la connaissance d’Esther Variquet. Il est persuadé de l’implication des anarchistes dans la mort de son père et n’acceptera pas que l’on remette en question cette vérité. Il ne sera que de très peu d’aide pour les personnages. Esther Variquet 25 ans Actrice Cette jeune actrice doit sa récente renommée tant à son talent qu’à ses charmes. Le rôle de Nana est le premier grand rôle qu’elle a obtenu. Sœur d’Augustin Variquet et bien que vivant dans les fastes de la haute société parisienne, elle a conservé des attitudes frondeuses et contestataires. Elle aime tendrement son grand frère, qui fait également office de protecteur lorsque les sollicitations qu’elle reçoit de certains messieurs se font trop insistantes. Augustin Variquet 30 ans Boucher aux abattoirs de la Villette Ouvrier dans sa chair et dans son âme, Augustin est une figure montante de l’anarchisme à Paris. Il anime un petit groupe de militants qui hésite encore sur les moyens de lutte. Il travaille activement à la préparation d’une publication anarchiste. Adrien Lothe 27 ans Journaliste De ses parents communards, Adrien a gardé le goût de la confrontation. Sans être révolutionnaire, il croit fermement à la presse et à l’opinion publique comme leviers politiques plus efficaces que les luttes armées. C’est pourquoi, il cherche encore « l’affaire » qui fera de lui un journaliste influent et reconnu. Actuellement cantonné aux faits divers, il écume les lieux les moins fréquentables afin de s’y constituer un réseau d’indics.
Georges Berger 57 ans Commissaire général de l’exposition électricité Directeur de l’exposition universelle de 1876, il eut à faire avec des syndicats plutôt revendicatifs, qui n’hésitèrent pas à menacer de saboter l’exposition s’ils n’obtenaient pas des salaires plus élevés pour les manoeuvres. Ce qu’ils n’obtinrent pas. En 1880, un membre du même syndicat l’accusa de corruption durant son mandat de directeur de l’exposition. L’opération visait également à empêcher qu’il devînt commissaire général de l’exposition de l’électricité et à contrer ses velléités politiques. Le jugement, qui le blanchit, a été rendu en juillet 1881. Thiémard en a été le Greffier. Nota Bene : Georges Berger est un personnage historique. Il a bien été le commissaire général de l’exposition. L’affaire judiciaire qui lui est prêtée et bien évidemment fictive. Justin Thiémard 38 ans Greffier, Tribunal de première instance de Paris Justin est un homme de grande carrure et très athlétique. Il pratique la boxe française et a été dans sa jeunesse un gymnaste talentueux. Justin a reçu une éducation catholique très stricte et en a conservé une foi inébranlable. Assoiffé de justice pour les plus faibles, il a embrassé la carrière de juriste avec passion et excellence. Ayant côtoyé les milieux catholiques progressistes, il s’est fait un honneur de défendre la veuve et l’orphelin. Sa carrière entamée comme greffier, il déchanta rapidement, écœuré par la puissance de l’argent et de la renommée. Il en a conçu un puissant désir de vengeance, qui l’a mené à se considérer commun procureur divin, un « accusateur », un « satan ». Justin gagne en confiance et en audace, au fil de ses assassinats. Il est prêt à prendre de plus en plus de risques, en commettant désormais ces crimes en public. (Pour plus de détails sur son passé, ce référer aux informations que Cécile Brasey détient.) Autres personnages non-joueurs • Armand Bizet, Inspecteur de police • Félix Dugerdil, Commissaire de police • Marie-Émile Boismard, juge dans l’affaire Doussain • Jean Verdon, juge dans l’affaire Pergirard • Cécile Brasey, infirmière • Le Père Armand, curé de Notre Dame de Lorette • Philippin Bouzard, concière du foyer St-Bernard
Liste des Annexes I Livre de Zacharie II Le Petit Journal du 22 octobre 1881 III Le Petit Journal du 26 août 1881 IV L’Anarchie V Plan du Palais de Justice VI Plan du Palais de l’Industrie VII ss Illustrations de l’Exposition Les annexes sont à disposition à l’adresse suivante : http://www.orbistertius.ch/accusateur.html.
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