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LA COLONIE par Charles VILDRAC Illustrations de J. TERLES Tifernand a pu réunir à l'Ile Rose ses parents et ses amis. Un événement inattendu bouleverse leur vie. Sous la direction de . !incent" #$'e #$'enc nc%a %ant nteu eur# r# tous tous les les %a %abi bita tant ntss de l'Il l'Ilee Ro Rosé sé travailleront dans la &oie et aneront un bon%eur et une indé indéppendan ance ce (ue rien ien ne sau saurait ait leu leur enlever.
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CHARLES VILDRAC
LA COLONIE ILLUSTRATIONS DE JEAN TERLES
EDITIONS BOURRELIER ! RUE SAINT"#LACIDE! #ARIS"$% &'
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DU ()(E AUTEUR Ou*ra+es pour la ,eunesse
RO(ANS $'I$, R-S, /lbin ic%el et 0ourrelier. //-U $, 0-UUI$$- 0ourrelier. $,S $U,TT,S U $I-5 suivi de $a famille oineau 0ourrelier. $, 6/ST-R 78-78 ,T S/ T8I0U5 adapté de A. Manzi, en collaboration avec Suzanne Rachat 0ourrelier. TH-TRE RO(ANS $, 9,6I !-$/T5 trois trois actes 0illaudot. $'-URS ,T $, :/68/5 adapté de Scribe, avec Henriette Pascar 0illaudot. $,S ;-U,TS U :
A*is i/portant L0Ile L0 Ile Rose 1 dans le te2te appara3t l0ile Ros4 50est un un pro6l7/e in8or/ati9ue 9ue nous n0arri*ons : 5orri+er. Nous nous en e25usons. Lire don5 1 L0Ile L0Ile Rose. (er5i de *otre 5o/pr4hension.
Droits de traduction, reproduction, reproduction, représentation théâtrale et adaptation cinématographiue réservés pour tous pa!s,
6op>ri%t 1?3@ b> /lbin ic%el5 :aris.
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TABLE $a matinée de Tifernand $a pBc%e au mulet $'importante nouvelle éparts /u travail C $ou Souléou D Un paresseuE $e c>clone In(uiétudes. $e salut par la lanouste $a belle vie
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LA (ATIN-E DE TI;ERNAND /u milieu du port de l'Ile Rose5 Tifernand5 dans son canot5 pBc%e à la line5 par un limpide matin de décembre. $'eau est lisse et si transparente (ue le pBc%eur voit5 à trois ou (uatre mFtres de profondeur5 dans une forBt d'alues et de varec%5 la clairiFre de sable blanc vers la(uelle il a laissé filer sa line. Une vintaine de
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petits poissons s'ac%arnent sur la crevette (ue Tifernand a fiEée à son %ameGonH mais aucun d'euE n'est capable d'en faire une bouc%ée. uant auE ros poissons5 ils passent en faisant semblant ne rien voir. $a crev crevet ette te est est bien bient ttt dé déc% c%i( i(ue ueté tée5 e5 empo emport rtée ée pa par r lambeauE. Tifernand constate (ue le soleil est dé&à loin de l'%oriJon et5 sans trop de rerets5 il abandonne la partie. Il a pris (uatre petits poissons (u'il considFre avec une moue de dédain tout en enroulant sa line sur un morceau de liFe. Il &ette à la mer les crevettes (ui lui restent et dont (uel(uesKunes sont encore vivantes5 puis5 avec beaucoup d'adresse5 il saute5 pieds nus sur l'avant de son canot et lFve l'ancre. Il va mettre son moteur en marc%e5 mais se ravise. Il > a un autre pBc%eur5 dans une bar(ue5 làKbas5 à cent mFtres " c'est 0ricot. Tifernand se dirie vers lui à la rame5 pour éviter le bruit. L ,% bienM monsieur 0ricot5 Ga mordKilN L :as fort5 TifernandM TifernandM ;'ai une vintaine de irellesH et toiN L oi5 &'en ai pris (uatre. 6omme &e ne peuE pas continuer à pBc%er5 &e vous les apporte. L /%M merci5 merci5 mon arsM Tu es bien entil. L /ve veJKvous JKvous l'%eure5 demande Tifernand Tifernand tout en envo>ant un à un ses (uatre poissons dans la bar(ue de 0ricot. L Tiens5 Tiens5 écouteM répond 0ricot5 voilà %uit %eures et demie (ui sonnent au :alais. L Oa veut dire (u'il est temps de se préparer pour
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aller aller en classe5 classe5 dit Tifer Tifernan nand. d. /u revoi revoir5 r5 monsie monsieur ur 0ricot M 0onne pBc%e M L /u /u revoir5 Tifernand. Tifernand. $'enfant laisse son canot dériver un peu sous l'action d'un vent léer (ui se lFveH puis il rentre ses avirons5 met son moteur en marc%e5 embra>e et file droit sur la rive. 6e n'est pourtant pas vers l'alinement des canots tirés sur le sable5 devant les %anars5 (u'il se dirie5 mais vers ce toit rosé (ui se détac%e5 làKbas5 sur le vert puissant des pins parasols. Rirette Tifer iferna nand nd co coup upee l'al l'allum luma ae. e. $'él $'élan an du cano canott Rirette vient mourir sur la plaeH la (uille s'enfonce doucement dans le sable avec un bruissement so>euE. Tifernand saute dans l'eau limpide (ui lui arrive à peine auE mollets. Il a tt fait d'amarrer solidement son bateau à un pieu et le voilà (uii co (u cour urtt sous sous les les arbr arbrees5 ve vers rs la maiso aison. n. Il esc escalad aladee (ueel(ue (u l(uess marc% arc%ees et fait fait cla cla(u (uer er ses ses pied piedss nu nuss sur sur le carrelae d'une terrasse intime et parée de éraniums. Sur cette terrasse5 il > a (uel(u'un assis devant une table5 à l'ombreH (uel(u'un (ui prend son dé&euner du matinH et c'est la maman de TifernandH c'est me $amandin. L 0on&our maman M L 0on&our mon c%ériM Tu es &uste à l'%eure. ets vite une c%emise propre et des espadrilles. /sKtu faim N L on5 petite mFre5 &'ai dé&euné dans mon bateau. ;'avais emporté un ros morceau de pain5 du fromae et une pomme. Tifernand disparaPt dans la maison. :endant (u'il fait un peu de toilette pour aller en classe5 il faut (ue &e
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vous eEpli(ue la présence de sa maman à l'Ile Rose et vous mettre au courant des événements 1. !ous vous souveneJ (ue . !incent avait invité à la 6olonie5 pour les vacances5 toute la famille $amandin5 ainsi (ue . Qanc%et5 0ouboule et T%éo. ;'avais d'abord l'intention de vous raconter leur arrivée5 de vous faire assister à leur surprise et partaer leurs plaisirs de c%a(ue &our. ais il me semble au&ourd'%ui (ue &'ai beaucoup mieuE à faire5 et c'est pour(uoi ce nouveau récit commence un an et demi aprFs ces vacancesKlà. ue &e vous dise tout de suite (u'aprFs deuE mois d'un sé&our enc%anteur5 les inv invités ités sont sont reto retour urné néss à :ari :aris5 s5 mais ais un uni( i(ue uem ment po pour ur prendre leurs dispositions afin de demeurer désormais à l'Ile Rosé. . !incent a voulu les arder tous et il > est parvenu sans peine. 8ab abit itué uéss à un unee eE eEis iste tenc ncee labo labori rieu euse se55 . et me me $ama $amand ndin in55 dF dFss leur leur arri arrivé vée5 e5 av avai aien entt co con( n(ui uiss tout toutes es les les s>mpat%ies. $'un des matelots du capitaine 6olombo a>ant (uitté son poste5 le rand frFre de Tifernand5 1 Tifernand $amandin %abitait avec ses parents un (uartier ouvrier do :aris5 lors(u'un %omme ric%e et m>stérieuE5 . !incent5 !incent5 l'emporta sur son avion éant " "e #rand$%oraa, et le conduisit à l'Ile Rosé. . !incent5 (u'on appelle aussi l',nc%anteur5 a rassemblé dans son palais de l'Ile Rosé une trentaine de petits arGons (u'il comble de tous les plaisirs. Tifernand s'> trouve trFs %eureuEH mais il finit par s'attrister de ce (ue sa maman malade5 son pFre5 son frFre :aul5 sa sur Rirette5 ses amis 0ouboule et T%éo5 et aussi le bon . Qanc%et5 son maPtre d'école5 ne puissent partaer son bon%eur. 6'est pour(uoi l',nc%anteur les a tous invités pour les vacances. ,ntre autres personnes (ui vivent à la colonie de l'Ile Rosé5 il > a . $ucas5 c%aré d'amuser les enfantsH . Qaustin5 (ui leur &oue du pianoH lle 7entil5 (ui leur fait la classeH le docteur 0onnemain5 (ui les soineH le capitaine 6olombo5 (ui commande la marineH . 0ou(uet5 ptissier5 etc. $'%istoire de Tifernand est racontée dans un livre (ui précFde celuiKci5 et5 (u'il est donc préférable de lire d'abord " "&'le Rose.
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:aul :aul55 étai étaitt pa parv rven enuu à le remp rempla lace cerr ap aprF rFss (u (uel el(u (ues es semaines de &o>euE apprentissae. $',nc%anteur a donc résolu d'emplo>er toute la famille de Tifernand Tifernand à l'Ile Rosé. me $amandin (ui coud et repasse trFs bien5 aide à la lin liner erie ie lle lle 0ern 0ernad adet ette te (u (ui5 i5 seul seule5 e5 étai étaitt dé débo bord rdée ée de besone. $amandin est devenu le menuisier de la 6olonieH son atelier est sur le port5 dans le rand %anar à bateauE. :aul :aul est est dé défi fini niti tive veme ment nt matel atelot ot à bo bord rd de la tart tartan anee "a (aladeuse, (ui fait la pBc%e et assure le ravitaillement5 ,t Rirette N ,lle est là aussi5 naturellement5 randie5 embellie et tée par tous5 car c'est la seule petite fille de l'Ile. $e docteur 0onnemain trouve (ue l',nc%anteur et . $ucas lui donnent trop de bonbons. ais au fond il dit cela parce (u 'il voudrait Btre le seul à lui en donner. donner. Rirette a une rande amie (u'elle adore5 c'est lle 7entil5 ais au faitM lle 7entil n'est plus lle 7entil. ,lle est devenue5 il > a un an5 me Qanc%et. 6e mariae5 Tiferna Tifernand nd l'avait l'avait sou%aité sou%aité et plus d'un lecteur l'avait prévu. Bme avant d'avoir rencontré . Qanc%et5 lle 7entil le connaissait par Tifernand et il n'> avait pas un mois (ue le &eune instituteur se trouvait à l'Ile Rosé (u'il ne rBvait plus (ue d'épouser lle 7entil. . !incent ne fut pas lon à s'en apercevoir et à s'en ré&ouir. ais il voulut (ue ce mari ariae pt se faire sans (ue lle 7entil (uittt la 6olonie. $e mo>en était bien simple. $',nc%anteur proposa un poste d'instituteur à . Qanc%et. Il > aurait désormais deuE classes à l'Ile Rosé " celle des petits avec lle 7entil5 devenue me Qanc%et et celle des rands avec son mari.
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7 'est ainsi (ue Tifernand est redevenu l'élFve de son c%er . Qanc%etH et (uand &e disais tout à l'%eure (ue Rirette se trouvait Btre la seule petite fille de l'Ile Rosé5 &e commettais une erreur5 car . et me Qanc%et ont eu5 il > a troi troiss mois5 ois5 un unee be bell llee pe peti tite te enfan nfant. t. Ils l'on l'ontt ap appe pelé léee Rosette5 puis(u'elle est née à l'Ile Rosé. L 6'est une IleKRosoise5 une Roséenne5 une Rosiloise5 dit . $ucas. L 6e n'est pas encore une fille5 dit Rirette5 ce n'est (u'un petit bébé. ;e vous ai dit (ue tous les invités de l',nc%anteur étaient restés à l'Ile Rosé. 0ouboule et T%éo > sont donc aussi. !ous pouveJ bien penser (u'aprFs les avoir comblés deuE mois durant de toutes les &oies et les avoir vus s'épanouir au soleil et à l'air marin5 . !incent !incent n'a pas eu le cur de les renvo>er à :aris. 6omment résister à la possibilité de faire deuE %eureuE de plus N $a 6olonie était au complet5 mais (uand il > a de la place pour trente arGons5 il > en a bien pour trente deuE. Revenons à Tifernand. Il a brossé ses c%eveuE5 lavé ses mains5 mis une c%emise de flanelle rise dont le col s'ouvre sur sa poitrine brunie et il reparaPt sur la terrasse oV sa maman ac%Fve de dé&euner. L /u revoir5 ma petite mFre5 s'écrieKtKil aussitt. Il embrasse me $amandin et se met en route pour l'école en sifflant5 les mains dans ses poc%es.
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L uoi N direJKvous5 les mains dans ses poc%es N ,t ses ca%iers5 ses livres5 son porteKplumeN ,% bien5 tout cela est dans son pupitre5 en classe. 8ors de l'école il n 'en a besoin (ue s'il veut par %asard relire une %istoire5 apprendre une c%anson ou montrer son travail à ses parents. 6ar à l'Ile Rosé5 on ne fait aucun devoir5 on n'apprend aucune leGon en de%ors de l'école5 à moins (ue ce ne soit volontairement et par plaisir. Il > a trois %eures de classe par &our " en %iver de neuf %eures à midiH à partir du mois d'avril5 de %uit à onJe %eur %e ures es.. ,t vo voil ilàà po pour ur(u (uoi oi55 ce mati matin5 n5 Tifern fernaand trot trotte te aPment vers l'école. Il se retrouve sur le port5 dont il suit la bere ombraée5 aprFs avoir donné5 en passant5 un coup d'il à son canot. Il pénFtre en courant dans le %anar oV travaille son pFre. . $amandin est en train de raboter une belle planc%e pour le placard à p%armacie du docteur 0onnemain. Il s'interrompt en vo>ant arriver l'enfant (ui se suspend un instant à son cou5 l'embrasse et lui dit " L 0on&our et au revoir5 papaM L e cours pas5 fistonM Tu as le temps5 dit . $amandin en consultant sa montreH si tu vois le docteur5 disKlui (ue &e vais lui apporter sa planc%e dans une %eure. L 0on5 répond TifernandH TifernandH et si &e ne le vois pas5 &e lui télép%onerai de la classe. Il repart et (uitte bientt le bord de l'eau pour s'enaer dans un sentier (ui rimpe sous bois. $e sol est couvert d'un tapis rouE fait d'aiuilles de pin
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desséc dess éc%é %ées esHH c'es c'estt liss lissan antt5 mais ais il > a de ros rosse sess racines (ui courent au ras du sol et sur les(uelles Tifernand peut caler ses pieds pour monter. monter. $e sentier aboutit à la rande allée rosé et bordée d'or d' oraan ner erss (u (uii va du terr terrai ainn d' d'aatter tterri riss ssa aee au :ala :alais is.. Tifern fernan andd suit suit main mainte tena nant nt cett cettee allé allée5 e5 intr intri iué ué de vo voir ir bouer (uel(ue c%ose (u'il ne distinue pas encore5 làKbas5 devant lui5 au 6arrefour du 6Fdre. Il approc%e. /% M ce sont deuE aJelles H mais il > a aussi (uel(u 'un assis sur le banc. ui estKceN 6'est RiretteM Rirette est partie à l'école ce matin bien avant son frFreH elle est allée &us(u'au terrain d'atterrissae (ue cette saison transforme en un pré fleuri. ,lle > a cueilli une botte de violettes5 puis est venue s'installer sur le banc du rand cFd Fdre re afin afin de pa part rta aeer ses ses viol violeette ttes en tro trois bo bou( u(ue uets ts d'éale rosseur. $es aJelles ourmandes s'imainent (ue Rirette leur prépare (uel(ue festin et viennent fleurer les violettes de si prFs (ue Rirette est obliée de leur donner une petite tape sur les naseauE. L 8ier elles m'ont mané la moitié de ma botte5 ditK elle5 avec indination. L :our (ui tes bou(uets N demande Tifernand. Tifernand. L :our . $ucas5 me Qanc%et et /nFle. /nFle. L :our(uoi /nFle5 remar(ue TifernandH TifernandH pour(uoi pas Qonsine (ui nous sert à tableN L on ami5 occupeKtoi de tes poissons5 &e t'en prie5 dit Rirette en ac%evant de nouer un fil à son dernier bou(uet. Tu sauras (ue &e fais trois bou(uets tous les &ours. Qonsine a eu le sien %ier et . !incent !incent
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aussi. emain ce sera le tour de . Qaustin5 de me 0ou(uet5 de maman. L /%M fait Tifernand5 Tifernand5 avec un intérBt mBlé d'envieH et tu en trouves tou&ours5 des violettesN L es (uantitésH c'est le moment5 il faut en profiter. profiter. L /lors si tu veuE5 Rirette5 &'irai en cueillir avec toi demain5 au lieu d'aller à la pBc%e.
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L ;e veuE bien5 dit Rirette. ,t Tifernand5 (ui a fait une trFs mauvaise pBc%e ce matin5 eEpli(ue à sa sur " L Tu comprends5 du poisson5 on peut en prendre tant (u'on veut5 toute l'année5 tandis (ue la violette5 comme tu dis5 c'est le moment... Ils rimpent maintenant tous deuE les escaliers bordés de fleurs (ui conduisent conduisent au :alais :alais et les voici bientt sur la vaste terrasse d'oV l'on voit les &ardins étaes5 le port5 la plae rosé et la mer &us(u'à l'%oriJon. $à5 une diJaine de petits arGons attendent l'%eure de l'écoleH les uns entourent . $ucas (ui bra(ue pour euE une rande lunette d'approc%e sur un lointain pa(uebot5 les autres oranisent pour l'aprFsKmidi une eEcursion à pied entre le 6ap 7entil et le p%are ordK,st5 sur une petite plae oV l'on trouve5 paraPtKil5 toutes sortes de biorneauE et de 0ernard 1'ermite eEcellents pour la pBc%e. !oici 0ouboule et 0ibi5 devenus de vieuE copains. Ils sortent du réfectoire oV ils viennent de dé&euner. 0ouboule a la bouc%e encore pleine de brioc%e. L /%M 0ouboule5 tu me donnes faim5 s'écrie RiretteH &e vais aller demander une brioc%e à Qonsine. ,n mBme temps &e porterai un bou(uet à /nFle et &'irai en mettre un autre dans la c%ambre de . $ucas pour lui faire une surprise. L QaisKmoi sentir tes violettes5 demande 0ibi (ui attire à lui le bras de Rirette et fourre son neJ dans les fleurs. ais ais la pe peti tite te fill fillee s'éc s'éc%a %app ppee et disp dispaaraPt raPt da dans ns le :alais. /vant /vant (u'elle soit revenue5 un &o>euE carillon
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éclat clateeH il av aver erti titt tous tous les les en enfa fant ntss diss dissém émin inéés auE alentours du :alais (ue c'est l'%eure de la classe. L /llonsK>M dit dit 0ouboule à Tifernand. Tifernand. L oi5 déclare 0ibi5 &'attends Rirette. 6ar il appartient5 comme elle5 à la classe de me Qanc%et. Il est important (ue vous sac%ieJ pour la suite de cette %istoire (u 'en ce moment la classe de me Qanc%et n'a (ue (uatre élFves sur les (uinJe (ui la composent d'%abitude. $es onJe autres sont allés passer une diJaine de &ours dans leur famille5 à :aris ou ailleurs5 à l'occasion des fBtes de oWl. $es autres années5 il > avait constamment deuE ou trois petits arGons rappelés pour (uel(ues &ours auprFs de leurs parents5 ce (ui provo(uait un vaKetKvient continuel. . !incent a eEpli(ué auE enfants (u'il préférait les voir partir à des épo(ues fiEes et par roupes importants afin de permettre à une partie du personnel de s'absenter aussi. :our cette fois5 ce sont les plus &eunes (ui sont allés voir leurs parentsH 0ibi et deuE de ses camarades sont restés parce (u'ils sont tous trois orp%elins. $eur seule famille5 c'est la 6olonie de l'Ile Rosé. $eur place a été prise dans le roupe des vo>aeurs par trois arGons de la classe de . Qanc%et. Revenons à 0ouboule et à Tifernand (ui se donnent la main pour courir. Ils traversent la terrasse dans toute sa lonueur5 contournent le :alais5 dérinolent un escalier et s'enaent dans l'allée (ui conduit à l'école. $a classe de . Qanc%et est bien vite au complet " inutile de faire l'appelM
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. Qanc%et arrive et répond auE bon&ours de ses élFves en distribuant des poinées de main. L -%M o%M s'écrieKtKil5 voilà des aillards bien éveillésM ;e parie (ue la plupart d'entre vous ont dé&à pas mal roulé ou naviué avant de venir ainsi. ui s'est levé le plus tt ce matin N L oiM oiM oiM répondent trois arGons. L :as moi5 dit 0ouboule. L :eutKBtre moi5 dit Tifernand. Tifernand. L -ui5 peutKBtre bien Tifernand5 Tifernand5 remar(ue . Qanc%et H &e l'ai vu (ui naviuait dans le port à sept %eures et5 de ma fenBtre5 avec mes &umelles5 &e l'ai reardé pBc%er. Oa n'avait pas l'air de mordre bien fort. L -%M non5 dit Tifernand. Tifernand. L Tu vas tout de mBme nous raconter comment Ga s'est passé. ous mettrons ton récit sur nos ca%iers5 en bon franGais5 en > a&outant les remar(ues de c%acun. !ous > Btes tous N ,crivons dé&à le titre " *i+ernand est allé la p-che. D C )e matin, *i+ernand L 'sieu5 s'il vous plaPt5 avant de commencer5 demande Tifernand5 vouleJKvous me permettre de télép%oner au docteur (ue papa va lui apporter sa planc%eN L ais comment donc5 répond . Qanc%et en sais saisis issa sant nt55 po pour ur le tend tendre re à Tifern fernan and5 d5 le pe peti titt ap appa pare reil il portatif (ui se trouve sur son bureau H comment donc M Télép%one bien vite au docteur et tu lui donneras le bon&our de ma part5 car &e ne l'ai pas vu ce matin au dé&euner.
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LA #ECHE AU (ULET :endant :endant la (uinJaine (uinJaine (ui suivit5 suivit5 Tiferna Tifernand nd fut déoté de la pBc%e. Il alla cueillir des violettes avec Rirette5 fPt d'innombrables parties de boules5 entreprit des plantations5 arriva second dans une course de canots5 construisit une %utte .dans le 0ois des /v /ventures5 et enfin prit part
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un dimanc%e5 avec les bons marc%eurs de la 6olonie5 à l'eEcursion du Tour de l'Ile. ,n été5 à cause de la c%aleur5 il était préférable de faire le tour de l'Ile en bateauH mais en décembre5 il faisait bon marc%erH les sentiers (ui loneaient la cte et en épousaient les moindres découpures5 étaient alors finement aJonnés. $'%iver5 à l'Ile Rosé5 était à la fois comme un automne tardif et comme un printemps précoce. Une vintaine de arGons5 accompanés de . $ucas5 de . Qanc%et5 de . Qaustin et de l',nc%anteur luiKmBme5 suivirent ces sentiers en partant des ateliers du port5 pour s'> retrouver aprFs avoir parcouru environ seiJe XilomFtres. 6e fut une belle &ournée. $a plus rande partie du tra&et fut effectuée le matin et la petite troupe s'arrBtait vers onJe %eures à la 6ri(ue du Soleil $evant5 pour le dé&euner. $à se trouvaient dé&à les plus &eunes arGons5 venus par un c%emin direct et trFs court5 avec me Qanc%et5 Rirette et la petite Rosé (ui dormait dans une corbeille5 à l'ombre. . 0ou(uet et ses aides avaient apporté des paniers remplis de succulents ptés5 de &ambons5 de melons d'%iver5 d'ananas5 de ptisseries de toutes sortes et une trentaine de bouteilles d'un d' unee lim limon onaade a aJe Jeus usee à la fram frambo bois isee (u (uee . $uc ucas as appelait " le 6%ampane des osses. /prFs un &o>euE dé&euner5 aprFs deuE %eures de repos5 de &eu et de flnerie sous les arbres5 les marc%eurs reprirent le sentier du bord de la mer. uel(uesKun Kuns pourtant aimFrent mieuE rester à &ouer au bord de la cri(ue et rentrer avec me Qanc%et. ais
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0ibi (ui n'avait pas fait la marc%e du matin5 obtint de suivre les rands sur la cte. $e plus bel endroit du tra&et fut pour Tifernand la 0aie des uinJeK:as. /insi (ue &e vous l'ai dit 15 une file de (uatorJe roc%ers barrait l'entrée de cette baie de telle sorte (u'en sautant de l'un à l'autre5 un éant aurait pu la traverser en (uinJe en&ambées. /u fond de la baie se &etait le seul cours d'eau de l'Ile (ui ft un peu plus (u'un ruisseauH c'était le 7rand !erdeau lon de deuE XilomFtres et rossi d'un affluent " le :etit !erdeau. $ors $ors(u (u'i'ils ls de dess ssin inai aien entt un unee cart cartee de l'Il l'Ilee Ro Rose se55 les les enfants5 par plaisanterie5 écrivaient souvent " $e 7rand !erre d'eau et $e :etit !erre d'eau. $e 7rand !erdeau était tou&ours à sec en étéH pourtant la source du :etit !e !erdeau ne tarissait &amais tout à fait et débitait une eau eEcellente5 entiFrement captée durant les mois c%auds5 pour les besoins de la ferme et du lavoir. os promeneurs5 aprFs avoir loné la rive méridionale de la baie5 franc%irent la riviFre sur un pont de bois tout proc%e de l'embouc%ure. ,n cette saison et à cet endroit5 le lit du !erdeau était à peu prFs couvert d'une eau peu profonde et immobile. L ,stKce de l'eau de mer ou de l'eau douceN demanda 0ouboule. L 6'est un mélane des deuE5 lui répondit . Qanc%etH la mer enva%it un peu la riviFre5 (uand se produit le léer léer mouvement mouvement de marée5 si peu sensible
<&= Voir L'Ile Rose.
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en éditerranéeH et la riviFre se répand dans la baie (uand l'eau des pluies afflue &us(u'à elle5 venue5 par cent petites rioles5 des collines (ue vous vo>eJ làKbas. L -%M s'écria Tifernand Tifernand (ui s'était accoudé au parapet du pont5 vo>eJ ces bandes de muletsM L uels L uels mulets N demanda T%éo en se tournant vers la campane. L :as des mulets à (uatre pattesM Rearde5 là5 dans l'eau5 tous ces ros poissons. 6e sont des muletsH n'estKce pas5 monsieur $ucasN L ,%M oui5 Tifernand. Tifernand. Il doit > en avoir beaucoup ici. Ils aiment l'eau saumtre et ils remontent les riviFres. L ;e viendrai en pBc%er ici5 dit Tifernand. Tifernand. L oi aussi5 dit T%éo. L oi aussi5 moi aussi5 répétFrent plusieurs voiE. L Si vous parveneJ seulement à en prendre un à vous tous5 déclara . $ucas5 (ui était un fin pBc%eur5 &e vous offre une baleine en c%ocolatM Rien de plus difficile à pBc%er (ue ce poissonKlà. L -n essa>era tout de mBme5 murmura Tifernand Tifernand à l'oreille de T%éoH &e sais comment Ga se pBc%e. Si nous réussissons5 . $ucas sera bien épaté. Une douJaine de ros mulets réapparurent en vue du pont5 évoluant avec lenteurH mais un seul petit caillou lancé par 0ibi les fit disparaPtre en un clin d'il. K ,n routeM s'écria . !incent. !incent. ,t l'on s'ac%emina sans %te vers le 6ap 7entil5 la :lae Rosé5 le :ort. Tout Tout en marc%ant5 Tifernand Tifernand et
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T%éo oranisaient dé&à la partie de pBc%e au mulet. Ils avaient appelé Qélicien et un rand arGon de (uatorJe ans5 $ouis artin. Tous (uatre avaient pris en courant un peu d'avance sur leurs camarades. :our une pBc%e sérieuse5 il ne fallait pas Btre plus de (uatreH donc5 inutile de tenter les autres en faisant des pro&ets devant euE. Tandis (ue Tifernand et ses trois copains marc%aient un peu en avant5 l',nc%anteur5 . Qanc%et5 . $ucas et . Qaustin marc%aient un peu en arriFre. :ar eEtraordinaire5 . $ucas avait l'air sérieuE et . Qaustin ne c%antait pas. $',nc%anteur parlait à miKvoiE et semblait donner à ses companons de raves eEplications. . Qanc%et5 fronGant les sourcils et mc%onnant une %erbe5 avait l'air de c%erc%er la solution d'un problFme. 0ibi5 (ui trottait à (uel(ues pas devant euE5 s'arrBta soudain pour les attendre et dit à . $ucas " L !iens !iens donc un peu avec moi5 tu me raconteras une %istoire. L Impossible5 mon 0ibi5 répondit . $ucas5 &'écoute celle (ue me raconte . !incentH c'est une %istoire pour les randes personnes. L !a5 mon petit5 dit l',nc%anteur5 cours devant5 on nous allons croire (ue tu est dé&à fatiué. 0ibi se mit à courir. /vant de s'éloiner5 il enKlendit . Qanc%et (ui disait " L ,videmment5 c'est une admirable eEpérience à tenter... uelle eEpérience veulentKils donc tenterN se demanda 0ibi. ,t aprFs avoir c%erc%é (uel(ues instants5
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il conclut " Ils vont peutKBtre essa>er de faire remor(uer "a (aladeuse 1 par #rand %oraa 2. -n verra bientt (u'il s'aissait de c%oses beaucoup plus sérieuses. $a partie de pBc%e au mulet eut lieu le dimanc%e suivant5 &our oV il n'> avait pas d'école5 ce (ui permettait de partir le matin pour toute la &ournée. /vec l'autorisation de . !incent5 il avait été entendu (ue nos (uatre pBc%eurs5 c%acun dans leur canot5 sortiraient du port derriFre la tartane "a (aladeuse, (ui les convoierait prudemment &us(u'à la 0aie des uinJeK:as. $es enfants devaient rentrer par terre au :alais dans l'aprFsKmidi5 aprFs avoir amarré5 sur une petite plae de la baie5 les canots (ue "a (aladeuse viendrait prendre en remor(ue le lendemain matin aprFs sa pBc%e (uotidienne. /insi les &eunes marins en %erbe5 (u'on ne laissa ssait pas encore naviuer sans surveillance5 ne dépendraient de personne pour le retour. -n peut pBc%er le mulet à la line5 ainsi (ue le faisait parfois . $ucas sur les (uais du portH mais c'est eEtrBmement difficile. $a pBc%e au rus(uier est énéralement plus fructueuse. Un rus(uier est un flotteur de liFe a>ant deuE doits d'épaisseur et la randeur d'une assiette5 sous le(uel on fiEe trois ou (uatre crins de vint centimFtres pourvus d'%ameGons. -n appte avec du pain 1 $e bateau de pBc%e et de transport de la colonie. 2 $'avion éant de . !incent.
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et l'on fait flotter librement sur l'eau une diJaine de rus(uiers (ue l'on surveille en bateau5 du plus loin possible. Fs (ue le mulet a mordu5 le pBc%eur voit le flotteur bouer5 s'enfoncer s'enfoncer à demi5 et courir sur l'eau dans toutes les directions. Il s'ait de lui donner la c%asse. Un matelot avait raconté cette pBc%e à Tifernand et la disa disait it trFs trFs amus amusan ante te.. ,n effet5 les les mule mulets ts vo vo>a >ae ean antt tou&ours par bandes5 il arrive (ue trois ou (uatre rus(uiers se déplacent à la fois. $es enfants étaient donc allés demander au capitaine 6olombo de leur confier une (uinJaine de rus(uiers. L RapporteJKles bien tous5 avait recommandé le capitaine5 sans Ga vous devreJ m'en fabri(uer d'autres. / siE %eures du matin5 par beau temps5 les (uatre petits canots sortirent du port derriFre "a (aladeuse, comme des poussins suivant la mFre poule. Il > avait "e Pi+$Pa+, de Qélicien5 "a Rirette, Rirette, de Tifernand5 "e Martinet, de $ouis artin5 et "e Dauphin, de T%éo. 'au ' autr tres es en enfa fant ntss (u (uii assi assist stai aien entt au dé dépa part rt mal malré ré l'%eure matinale5 auraient bien voulu sauter dans leur canot et suivre les pBc%eurs. ais la rFle de la 6olonie le leur inte interd rdis isai ait. t. $',n $',nc% c%an ante teur ur dé dési sira rait it dé déve velo lopp pper er c% c%eJ eJ les les enfants l'esprit d'entreprise et d'invention. 6%acun devait trouver luiKmBme ses plaisirs5 ses companons5 et non pas se &oindre à une é(uipe dé&à formée. Une demiK%eure aprFs5 la flottille atteinait la 0aie des uinJeK:as. "a (aladeuse, (ui marc%ait au moteur5
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s'immo s'immobil bilisa isa (ue (uel(u l(ues es minute minutes5 s5 . 6olomb 6olomboo voulant surveiller l'arrivée des (uatre petits bateauE. L 0onne pBc%eM mes arsM criaKtKil auE enfants (ui se rapproc%aient de la tartane avant de la (uitter. L erciM /u /u revoir5 capitaineM $es canots5 moteur au ralenti5 s'enaFrent à la file entre les deuE roc%ers les plus distants l'un de l'autre. $a passe était asseJ lare et asseJ profonde pour "a (aladeuse elleKmBme. 6in( minutes aprFs5 les pBc%eurs débar(uaient sur une racieuse petite plae5 encadrée de lauriers et de &eunes pins5 bordant la rive sud de la baie. Il s'aissait s'aissait de préparer préparer les rus(uiers rus(uiers tout en cassant cassant la crote5 ce (ui fut fait avec entrain. 6%acun prélevait sur son petit pain frais de rosses boulettes de mie pour en arnir les %ameGons. $'endroit était si plaisant (u'on décida d'> revenir vers onJe %eures pour le dé&euner. Tifernand suspendit à une branc%e de pin le panier (ui contenait les provisions5 afin de le protéer contre l'invasion des fourmis. :endant ce temps $ouis artin et T%éo s'en furent &us(u'au pont du !erdeau pour voir s'il > avait des mulets. Ils revinrent sans en avoir vu un seul. L 6e n'est pas de c%ance5 dit Tifernand " II > en avait tant tant l'au l'autr tree &our &ourMM ais ais il > en au aura ra sr sremen ementt aill ailleu eurs rsMM ,Eplorons la baie en canot et nous poserons les rus(uiers (uand nous trouverons une bonne place. Ils partirent seulement avec deuE bateauE " Tifernand et T%éo sur "e Dauphin, Qélicien et $ouis artin sur "e Pi+$Pa+. /prFs avoir sillonné la baie en tous sens et beaucoup discuté5 ils mouillFrent les rus(uiers
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non loin du pont5 de cin( mFtres en cin( mFtres5 à la file. $'endroit était propice à cause de l'eau peu profonde et du fond de sable. $es canots se postFrent auE deuE eEtrémités de la line des flotteurs et l'on attendit. 8élasM au bout d'un (uart d'%eure5 les rus(uiers observés par (uatre paires d'>euE s'étaient à peine déplacés sous l'action d'une faible brise. KL 6%aneonsKles de place5 proposa Qélicien. L /ttentionM &e viens d'en voir un bouer5 s'écria tout à coup TifernandH reardeJM le septiFme en commenGant par ici. /vec beaucoup trop de %te5 les deuE canots furent lancés vers le flotteur (ue Tifernand avait vu ou cru voir bouer. Il fut tiré de l'eau par $ouis artin. :as de poissonM ,t plus de pain aprFs les %ameGons L 6'est les mulets (ui ont tout boulotte5 déclara Tifernand Tifernand avec émotion. L Il n'> a plus de pain non plus à celuiKci5 annonGa T%éo en relevant un second rus(uier $es enfants s'aperGurent bientt (ue le pain man(uait à tous les %ameGons5 dévoré non par des mulets5 mais par une tribu de poissons minuscules. $es rus(uiers furent posés sans plus de succFs à cin( endroits différents et deuE %eures s'écoulFrent. L 6'est une belle blaue5 ta pBc%e au mulet5 dit Qélicien à Tifernand. Tifernand. L on vieuE5 répli(ua Tifernand Tifernand un peu veEé5 s'il > avait des mulets au&ourd'%ui dans la baie5 tu verraisM K Si seulement on avait apporté d'autres lines on
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prendrait des perc%es5 remar(ua $ouis artinH il > en a des (uantités. L 6essons de pBc%er5 s'écria Qélicien5 nous n'attraperons rien avec ces mac%insKlà M ;e propose de faire des farandoles avec nos (uatre bateauE. L -uiM ouiM ouiM approuvFrent les autres. L /lors5 dit Tifernand Tifernand /ttendeJ (ue &'aille encore poser les rus(uiers à l'entrée de la riviFreH nous irons les relever avant le dé&euner. $es mulets peuvent venir5 on ne sait &amais M L 6'est le mo>en de perdre des rus(uiers5 ob&ecta $ouis artin. L on5 eEpli(ua Tifernand5 Tifernand5 &e vais les relier les uns auE autres avec une ficelle (ue &e fiEerai à la rive. Il prit prit do donc nc tous tous les les en eni ins ns à bo borrd du Dauphin, les pourvut d'amorces fraPc%es et5 assisté de T%éo5 s'en alla eEécuter son pro&et. $es seiJe flotteurs furent amarrés à une tie de roseau et "e Dauphin, à toute vitesse5 reana la plae oV c%acun reprit son canot. 7 'était . $ucas (ui avait imainé de faire des farandoles sur l'eau avec une file de canots à moteur5 maintenant entre euE des distances réuliFres et rélant leur allure et leurs évolutions sur le canot de tBte5 dont le pilote imainait les tra&ets les plus fantaisistes. Une petite farandole de (uatre canots se mit donc à décrire des courbes compli(uées sur la baie5 c%acun des enfants devenant uide à son tour. $ouis artin5 le plus é5 le plus %ardi5 fit passer et repasser ses camarades entre les roc%ers des uinJeK:as. Qélicien leur fit tracer des S et
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Tifernand des spiralesH enfin5 T%éo entreprit de leur faire loner le rivae au plus prFs. al%eureusement5 il ne connaissait pas les fonds et brus(uement son canot s'immobilisa5 éc%oué sur la vase. Il eut la présence d'esprit de crier à Tifernand (ui le suivait " L /ttentionM ne viens pas là5 &e suis dans la mélasseM Tifernand mit toute la barre vers le lare et coupa l'allumae. Qélicien et $ouis artin firent comme lui. L :ilote à la man(ue5 cria Tifernand Tifernand à T%éo5 tu ne peuE pas rearder un peu le fond N L 8eureusement (ue tu n'es pas allé sur des pierres5 dit $ouis artin. L -n va remor(uer "e Dauphin, proposa Qélicien. L :as la peine5 répondit T%éo5 &'arriverai à le décoller en le poussant. -tan -tantt pres preste teme ment nt ses ses espa espadr dril ille les5 s5 il de desc scen endi ditt da dans ns l'eau. ais il avait compté sans la vase5 dans la(uelle il s'enfonGa &us(u 'à se mouiller le derriFre M L /YeM s'écriaKtKil en se cramponnant au bordae de son canot. Il s'empressa de se %isser à bord5 en secouant ses &ambes dans l'eau pour les laver un peu. uel(ues instants Rirette et "e Martinet, attelés au Dauphin aprFs "a Rirette déa dé ae eai aien entt aisé aiséme ment nt ce de dern rnie ierr et le co cond ndui uisa saie ient nt en pleine eau. L aintenant5 allons dé&euner5 s'écria $ouis artin. L -ui5 dit Tifernand5 Tifernand5 mais avant5 il faut aller c%erc%er les rus(uiers. L ,t les mulets5 a&outa malicieusement QélicienH on les fera riller sur un feu de branc%es pour les maner.
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$es petits bateauE anFrent le fond de la baie et stoppFrent sous le pont du !erdeau. $es rus(uiers flottaient non loin de là5 parfaitement inertes. Tifernand5 enfonGant une rame dans l'eau peu profonde poussa son canot &us(u'à euE. L Il en man(ue un5 annonGaKtKil aprFs les avoir comptés et pres(ue aussitt il a&outa " L on5 il n'en man(ue pas5 mais il > en a un d'enfoncé d'en foncé dans l'eau M ;e le vois M -% M il > a (uel(ue c%ose de noir5 à demi enfoui dans le sable. L Oa doit Btre un %omard5 dit $ouis artin. L -u une anuille5 dit Qélicien. L -u un vieuE soulier5 railla T%éo5 (ui avait accompané parfois son oncle à la pBc%e5 à :aris. $e cur battant5 Tifernand releva le rus(uier submeré5 attirant du mBme coup la m>stérieuse prise. 6'était une tortue d'eau asseJ rosse5 (ui se mit à aiter vioureusement ses pattes et sa petite (ueue noire. ,lle était accroc%ée à l'%ameGon par le cté de la bouc%e. L /ttrapeKla /ttrapeKla par la carapace5 cria Tifernand Tifernand à $ouis artin5 (ui se trouvait à son cté. $ouis artin saisit la tortue et réussit à décroc%er l'%ameGon (ui5 %eureusement5 n'avait pas trop blessé la pauvre bBte. L Une tortueM s'émerveillait T%éoH une tortue (ui a voulu pour une fois connaPtre le ot du pain M L -n la remet à l'eau N demanda $ouis artin. L on5 emmenonsKla5 dirent les autres. /u moins nous ne rentrerons pas bredouilles.
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L -n mettra cette tortue dans le bassin5 prFs du 7rand 6Fdre5 a&outa TifernandH ;e la nourrirai. L Si tu lui donnes du pain5 conclut $ouis artin5 &e parie (u'elle n'en voudra pasM $es (uatre embarcations reanFrent la petite plae oV nos pBc%eurs5 aprFs avoir barboté pieds nus dans l'eau fraPc%e5 s'installFrent autour du panier à provisions (ue . 0ou( 0o u(ue uett av avai aitt a arn rnii de tout tout ce (u (u''il fall fallai aitt po pour ur bien bien dé&euner. $e repas terminé5 ils se mirent à parler bateauE et naviation comme de vieuE loups de mer. -n se mo(ua d'un certain $ucien (ui avait perdu son ancre en allant à la pBc%e et (ui5 une autre fois5 lc%ant son ouv o uver erna nail il en plei pleine ne marc marc%e %e po pour ur c% c%er erc% c%er er un bo bonb nbon on perdu5 avait démoli l'avant de son bateau contre un (uai du port. L uel est le meilleur marin de nous tous N demanda T%éo. L 6e n'est pas toi5 mon vieuE5 répli(ua Qélicien en riant. L 6'est $ouis artin5 déclara TifernandH TifernandH et ce n'est pas étonnant5 il pilote un canot à l'Ile Rosé depuis des années L 6'est plutt toi5 Tifernand5 Tifernand5 remar(ua $ouis artin. ar tin. Tu es parti en pleine mer par ros temps et tu es le seul (ui ait fait naufrae 1. L Oa5 c'est vrai5 firent les autres. Tifernand Tifernand rouit au souvenir de sa terrible aventure
<&= Voir L'Ile Rose.
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et comme il se sentait tou&ours Bné (u'on lui en parlt5 il détourna la conversation. L $e meilleur marin de la 6olonie5 ditKil5 à part les professionnels5 c'est peutKBtre . $ucas. Il commande "a ussi bie bien (u (uee le capi capita tain inee 6o 6olo lom mbo bo55 vo vous us (aladeuse aussi n'aveJ (u'à demander à mon frFre. L . $ucas5 c'est un %omme (ui sait tout faire5 sans en avoir l'air5 déclara $ouis artin. L -n dit (u'il a été eEplorateurH estKce (ue c'est vrai N demanda T%éo. L ais non5 s'écria Qélicien5 tu confonds " il a fait une c%anson sur les eEplorateurs. L !ous vous trompeJ tous les deuE5 assura Tifernand Tifernand " il a été acteur de t%étre et5 dans une piFce5 il a &oué le rle de l'eEplorateur. 6'est lui (ui me l'a dit. $ouis artin s'esclaffaH " L ,t tu l'as cru M Tu sais pourtant bien (u 'il raconte tou&ours des blauesM L / propos de . $ucas5 reprit Tifernand Tifernand sur un ton confidentiel5 n'aveJKvous pas remar(ué (u'il n'est plus le mBme depuis (uel(ue temps N Il est bien moins ai et farceur et il a l'air d'avoir des ennuisH à moins (u'il ne soit malade. L 6'est vraiM dit Qélicien. ;e voulais vous en parler. parler. ais il n'est pas malade. Il > a (uel(ue c%ose (ui le tracasse et (ui tracasse aussi l',nc%anteur5 le docteur et mBme Bme . Qanc Qanc%e %et. t. Rem Remar(u ar(ueeJ (u (u''ils ils c% c%an ane ent nt aussi ussi.. :endant les repas5 ils discutent tous à voiE basse et s'occupent beaucoup moins de nous. L !ous rBveJ5 dit $ouis artin en %aussant les épaules. 3)
L :as du tout5 protesta Qélicien. Il se passe (uel(ue c%ose entre euE. ;e peuE mBme vous dire un secret si vous me &ureJ de ne pas le répéter. L 6'est &uré pour tout le mondeH vasK>M répondit $ouis artin. KL ,% bienM continua Qélicien5 0ibi5 (ui couc%e dans la mBme Bme c%a %am mbre bre (u (uee moi5 moi5 les les a en ente tend ndus us pa parl rler er.. Ils disaient (u'ils voulaient faire une eEpérience étonnante. L uelle eEpérience N demanda Tifernand Tifernand H une de p%>si(ue ou une de c%imie N KL ;e n'en sais pas davantae. Ils voulaient peutKBtre dire un essai de (uel(ue c%ose. ,t c'est peutKBtre pour le préparer (ue l',nc%anteur est parti trois &ours en avion cette semaine. L 6'est tout Ga5 ton secret N dit $ouis artin. L 'abord5 assura Tifernand5 Tifernand5 si l',nc%anteur est parti trois &ours en avion5 c'est pour aller voir tous ceuE (ui sont en vacances c%eJ leurs parents. L ,t puis5 continua T%éo5 pour(uoi veuEKtu (ue les soucis de l',nc%anteur ou de . $ucas viennent d'une eEpérience (u'ils veulent faire N L e vous casseJ donc pas la tBte5 conclut $ouis artin5 il > a peutKBtre5 simplement5 une petite brouille entre . $ucas et le capitaine 6olomboH ou encore5 on a découvert un vol d'essence5 ou de teinture d'iode5 ou mme d'arent. Oa ne nous rearde pas. :arlons d'autre c%ose. ue vouleJKvous faire maintenantN ous n'allons pas recommencer à pBc%er au rus(uier N Il n'> eut plus aucun partisan de la pBc%e5 pas mBme
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Tifernand. $es canots euEKmBmes ne tentaient plus personne et l'on décida de les netto>er5 de les amarrer solidement5 d'emporter la tortue dans le panier à provisions et de rentrer au :alais par le bord du 7randK!erdeau et la ferme5 ferme5 en faisant de ros bou(uets de &acint%es &acint%es destinés au réfectoire. $ors(ue les (uatre companons arrivFrent au :alais5 c%arés de fleurs5 . $ucas leur demanda oV étaient les muletsH et5 bien (u'il et plus (ue &amais l'air préoccupé5 il éclata de rire en vo>ant la tortue. 6elleKci5 lc%ée dans un bassin du &ardin5 disparut aussitt sous les plantes a(uati(ues. /vant le dPner5 Tifernand et ses amis se rendirent au réfectoire pour fleurir euEKmBmes les tables. Il > avait5 fiEés au mur5 deuE tableauE noirs. $'un indi(uait le menu de c%a(ue repas5 et5 sur l'autre5 (u'on appelait "a #azette de l&'l l&'lee Rosé, osé, . $ucas inscrivait les nouvelles5 avis ou reco recomm mman anda dati tion onss inté intére ressa ssant nt les les en enfa fant nts. s. ,n en entr tran antt au réfe réfect ctoi oire re55 no noss a arG rGon onss co cour urur uren entt d' d'ab abor ordd à ce de dern rnie ier r tableau5 comme ils le faisaient c%a(ue &our. "a #azette était toute remplie par ces lines étonnantes5 tracées en rosses lettres " Attention Demain matin, il n&! aura pas d&école, mais so!ez tous neu+ heures heures dans la salle des con+érences con+érences o/ M. 0ince 0incent nt vous communiuera une importante nouvelle.
L !o !oilàM s'écria Qélicien" il s'ait de C l'eEpérience D M
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L>I(#ORTANTE NOUVELLE $a salle des conférences communi(uait avec la bibliot%F(ue. . Qanc%et5 . $ucas et mBme le docteur 0onnemain > faisaient5 les &ours de mauvais temps5 des caus causer erie iess amus amusan ante tess et inst instru ruct ctiv ives es55 acco accomp mpa ané nées es de cinémaH on > donnait des concerts et mBme la comédie. 6ette salle contenait une cin(uantaine de places disposées en radins5 et ce n'était pas eEcessif5 car5 pour le cinéma5 notamment5 les randes personnes de la 6olonie5 du pFre S>lvestre auE servantes5 se &oinaient auE enfants. 6e matinKlà5 (uand le carillon du :alais sonna neuf
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%eures5 il > avait dé&à lontemps (ue les diEKneuf petits arGons présents à l'Ile Rosé avaient pris place dans la salle des conférences5 et Rirette > était venue aussi. . !incent entra5 suivi du docteur 0onnemain5 de . Qanc%et et de . $ucas. Tous (uatre allFrent s'asseoir sur l'estradeH mais . !incent occupa seul la table réservée au con onfé fére renc ncie ierr. u rea rearrd5 il pa parc rcou ouru rutt lent lentem emen entt son son auditoire et s'assura (u'il n'> man(uait personne. 6%a(ue petit arGon lui rendait son sourire et l',nc%anteur était visiblement ému5 à cause de ce (u'il allait dire. :our se donner une contenance et pour assurer sa voiE5 il se tourna vers . $ucas5 (ui était assis à droite et un peu en arriFre de la table5 et lui demanda " L Ils sont bien tous là N L /u rand complet5 répondit . $ucas en rossissant sa voiE5 car il n'était pas non plus tellement à son aise. L ,% bienM allonsK>5 fit . !incent !incent dans un soupir. Il croisa ses bras sur la table et5 penc%é vers les enfants5 il commenGa sur un ton ferme " L es c%ers petits5 c%a(ue fois (ue nous vous avon av onss réun réunis is da dans ns cett cettee sall salle5 e5 c'ét c'étai aitt po pour ur vo vous us pa parl rler er comme on parle à des enfants. 6'était pour vous demander (uels &ouets ou (uelle espFce de bonbons il fallait faire venir de :aris H ou encore pour vous eEpli(uer pour(uoi vous deveJ vous brosser les dents avant de vous couc%er. /u&ourd'%ui5 &e veuE vous parler comme à des %ommes. ,t il faut (ue vous m'écoutieJ comme des %ommes. D / la suite d'un événement imprévu dont il faut
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(ue &e vous fasse part5 nous allons Btre obliés5 tous5 de c%aner un peu notre maniFre de vivre à l'Ile Rosé. ous allons nous trouver dans une situation nouvelleH et &e veuE ve uE eE eEam amin iner er cett cettee situ situat atio ionn av avec ec vo vous us55 ab abso solu lume ment nt comme &e l'ai eEaminée avec les randes personnes (ui m'entourent. e mBme (ue &e leur ai demandé leur avis5 &'entends vous demander le vtre. .!incent .!incent fit une pause5 se renversa sur le dossier de sa c%aise et5 reprit " L es amis5 le métier d'enc%anteur n'est pas tellement tellement difficile difficile (uand on est est fortuné. fortuné. a ric%esse ric%esse m'a permis de btir ce palais5 d'aménaer cette Ple pour vos plaisirs5 de faire de vous des arGons %eureuE et libres. !ous penseJ bien (u'il faut beaucoup d'arent pour s'offrir un #rand$%oraa, un >ac%t et toute une flottille de bateauE à moteur. L ,t des teauE tous les &ours5 s'écria Qélicien. L ,t toutes les espFces de bonbons5 a&outa Rirette. L -ui5 oui5 poursuivit l',nc%anteurH sans compter la viande5 les léumes et beaucoup d'autres c%osesH mais &e vous en prie5 ne m'interrompeJ pas. !ous aveJ donc pu constater (ue5 &us(u'ici5 l'eEistence de la 6olonie reposait entiFrement sur ma fortune. 1 ,% bienM mes enfants5 il me faut vous apprendre au&o au &our urd' d'%u %uii (u (uee cett cettee fort fortun uneK eKlà là vien vientt d' d'Bt Btre re en enl lou outi tie5 e5 (u''elle (u lle est pe perd rdue ue55 ab abso solu lum men entt comm omme un na navi vire re (u (uii sombre dans une tempBte. !oilà " ;e n'ai plus d'arentM D e faites pas ces mines consternéesH vous alleJ voir (ue ce n 'est pas tellement rave. !ous vous demandeJ
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sans doute comment il est possible (u'un %omme ric%e perde aussi brus(uement tous ses biens. 6ela peut arriver de diverses faGons. $'%omme ric%e a pu donner sa fortune en arde à un ban(uier (ui soit un voleurH ou la placer imprudemment dans des affaires mal%eureuses. Il serait trop lon et trop difficile de vous eEpli(uer en détail ce (ui m'est arrivé. ,n (uel(ues mots5 voici " D ;'ai créé et dirié5 il > a lontemps5 une entreprise commercial commerciale. e. / force de travail5 travail5 &e l'aie rendue si prospFre prospFre (ue &'ai pu la vendre un &our plusieurs millions. 6ela m'a permis d'ac%eter et d'aménaer l'Ile Rosé. />ant la plus ran rande de co conf nfia ianc ncee da dans ns cett cettee affa affair iree (u (uee &e (u (uit itta tais is55 &e confiai à mes successeurs tout l'arent (ue &'> avais ané5 pour leur permettre de fonder partout des succursales. Ils pouvaient ainsi aumenter leurs bénéfices et m'en donner une partie. D 6ela marc%a si bien pendant des années (ue &e perdis peu à peu l'%abitude de surveiller mes intérBts. -n m'env 'envo> o>ai aitt de l'ar l'aren entt (u (uan andd &'e &'en de dema mand ndai aiss et &e ne demandais &amais la totalité des sommes auE(uelles &'avais droit. 6ependant5 mes successeurs commettaient des fautes trFs raves (u'ils tenaient soineusement cac%ées et (ui finirent par nous mener à la ruine5 euE et moi. ;e l'ai appris seulement il > a un mois5 bien trop tard pour (u'il me ft possible d'> remédier. remédier. D es %ommes %abitués auE affaires penseront (ue c'est bien fait pour moi5 (ue &'ai été aveule et imprévo>ant. Ils auront raisonH &e me suis trop désintéressé de tout ce (ui n'était pas ma c%Fre 6olonie
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et &'ai mis5 comme on dit5 tous mes atouts dans le mBme &eu. Tant pis pour moi. ;e ne me plains pas et n'aurais en somme pas tellement lieu de le faire. D ;e n'ai plus d'arent5 mais il me reste le plus c%er de tous mes biens " l'Ile Rosé. $'Ile Rosé5 avec cette vaste demeure5 avec son port bien aménaé5 avec ses btiments5 sa ferme et surtout son sol5 au(uel &e n'ai encore à peu prFs rien demandé. D es es enfan nfants ts55 écou écoute teJK JKm moi bien bien.. ;'ai ;'ai lon ont tem emps ps réfléc%i sur ce (ue &e devais faire5 et &e suis arrivé au&ourd'%ui à cette conviction (u'aprFs avoir trouvé à l'Ile Rosé le bon%eur5 le bienKBtre et les plaisirs tout assurés5 sans aucun effort5 nous pourrons trFs bien les réaliser par le travail5 par un travail (ui nous sera un nouveau plaisir. !oici ce (ue &e vous propose " continuer de faire prospérer la 6olonie en eEploitant tous ensemble les ric%esses de l'Ple. ,lles sont abondantes et variéesH nous ne les connaissons peutKBtre pas toutes encore. Il est certain5 dFs à présent5 (ue nous pourrons trFs bien vivre des produits de la pBc%e5 de la culture5 de l'élevae. D /uE alentours de la ferme5 dans toute cette réion (ui est basse et relativement %umide5 il > a des %ectares de bonne terre oV il ne tiendra (u'à nous de remplacer les &acint%es sauvaes par des pommes de terre5 des lentilles5 des petits pois5 des melons. D ,n deuE ans5 nous aurons un vinoble et nous commencerons à vendre notre vin. $e bois des /ventures est pres(ue entiFrement planté de c%BnesKliFes (ui n'ont pas été écorcés depuis des années5 la proc%aine récolte
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de liFe5 mBme si nous la vendons sur pied5 puis(ue nous ne saurions pas encore faire la récolte nousKmBmes5 nous fournira bien du pain pour siE mois. D ous planterons des amandiers5 des fiuiers5 des pBc%ers5 des oraners et nous vendrons les fruits (ue nous ne manerons pas. D ;e ne fais là (ue vous donner (uel(ues eEemples. aturellement5 pour créer une eEploitation aricole5 si mod odes este te soit soitKe Kell lle5 e5 il faut faut (u (uel el(u (uee ar aren entH tH no nous us au auro rons ns besoin d'outillae5 de matériel et aussi de conseils .ais vous penseJ bien (ue &e ne vais pas arder le >ac%t "&'le$ Rosé, ni l'avion #rand$%oraa. Ils nous ont donné de rares plaisirs5 mais nous ne sommes pas esclaves de ces plaisirsK làH nous en trouverons d'autres auss ussi rands et plus modestes. ;e vendrai donc le >ac%t et l'avion. 6ela nous permettra d'ac%eter un c%eval5 une c%arrue5 des moutons et des c%Fvres et de constituer un fonds de réserve. D aturellement5 nous devrons vivre avec une certaine économie. otre cuisine sera plus simple et nous reno renonc ncer eron onss à de trop trop co cot teu euse sess fria friand ndis ises es.. ais ais vo vous us saveJ dé&à comme on se réale avec le poisson (u'on a péc%é soiKmBme. Rien ne vous paraPtra meilleur (ue les léumes et les fruits de votre propre récolte5 te5 et les confitures de l'Ile Rosé remplaceront avantaeusement tous les bonbons du monde. 1 Il s'ait avant tout de sauver la 6olonie5 de savoir si nous no us somm sommes es cap apab able less de vivre ivre %e %eur ureu euEE ici ici. pa parr no noss propres mo>ens. $'eEpérience (ue nous allons tenter nous cotera certainement beaucoup d'efforts.
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ais soneJ comme nous serons fiers si elle réussitM ;'a&oute (u'elle doit réussir. Sans (uoi (u'arriveraitKilN ;e serais oblié de tout li(uider. 6%acun de vous s'en irait de son cté. 6e palais deviendrait un %tel pour /méricains. $e parc serait mis en lotissement et l'on construirait un dancin sur la :lae Rosé. 6e serait affreuEM ;e ne veuE mBme pas > penserM D es enfants5 nous pouvons supposer5 dFs au&ourd'%ui5 (ue l'Ile Rosé est un beau navire (ui voue au rand lareH un navire oV il n'> a plus de passaers5 mais seulement des %ommes d'é(uipaeH seulement des marins avec leur vieuE capitaine5 (ui est aussi leur vieuE copain. D 'ailleurs5 le capitaine du navire n'est pas seul à commander la manuvre. Il a de fameuE lieutenants " le docteur 0onnemain5 . $ucas5 . et me Qanc%et. 6es eEcellents amis auraient pu (uitter l'Ile Rosé oV &e ne puis plus leur assurer la situation (ui leur est dueH mais ils acceptent énéreusement de rester avec nous5 de dirier avec moi l'entreprise et d'en courir tous les ris(ues. L es enfants5 s'écria . Qanc%et avec c%aleur5 . !incent eEaFre " les ris(ues ne sont rien en comparaison des beauE espoirs (ui s'ouvrent devant nous et du bon%eur de vivre ici. L 0ravoM bravoM firent le docteur et . $ucas en se tournant vers . Qanc%et. es mains d'enfants applaudirentH mais l',nc%anteur reprit " L ;e puis dé&à vous annoncer (ue . Qanc%et diriera les travauE de culture et (ue . $ucas remplacera
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le capi capita tain inee 6o 6olo lomb mbo5 o5 le(u le(uel el est est mal%e mal%eur ureu euse seme ment nt oblié de nous (uitter. Il a de vieuE parents à nourrir et il lui faut aner des sous. . Qaustin se trouve dans le mBme cas. D uant à me Qanc%et5 elle continuera de vous instruire (uel(ues %eures par &our5 car les travauE de l'Ile ne vous occuperont pas continuellement. D ,t maintenant5 mes petits ars5 il me reste à vous dire (ue &e suis allé voir vos parents la semaine derniFre. Ils sont tous au courant de mes revers de fortune. Il savent (ue vous ne sereJ plus traités ici comme des pensionnaires5 mais (ue vous > deviendreJ5 si cela vous plaPt5 membres d'une communauté5 d'une famille oV c%acun travaille pour assurer l'eEistence et le bon%eur de tous. D !os parents n'> voient aucun inconvénient. Ils sont mBme trFs contents (ue nous fassions de vous des arGons capables de aner leur vie avec de beauE travauE au rand air. ais ce n'est pas seulement leur consentement (u'il me faut5 c'est aussi le vtre. Il > en a peutKBtre parmi vous (ui aspirent à d'autres métiers (u'à ceuE de cultivateur5 de vineron ou de pBc%eur et (ui préfFrent (uitter l'Ile Rosé5 afin de... Ici5 . !incent !incent fut interrompu par les protestations " L onM nonM nonM criaient les enfants dont la plupart s'é s'étaie taient nt levé levésH sH no nous us vo voul ulon onss rest rester er av avec ec vo vous usMM ou ouss travaillerons travaillerons bienM !ive !ive . !incentM !incentM !ive !ive l'Ile RoséM ,t tous se mirent à parler à la fois " L oi5 &e sais dé&à dés%erberM L oi5 &'apprendrai à conduire la c%arrue.
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L oi5 &e ramasserai tout le bois mort. L oi5 &e transporterai le fumier. fumier. Rirette s'avanGa &us(u'au pied de l'estrade et5 d'une voiE in(uiFte5 demanda " L ;e resterai aussi5 dites5 onsieur !incentN !incentN ;'épluc%erai les léumesM L ais oui5 tu restes avec nous5 bien sr5 ma petite RiretteM L ,t papa5 et maman5 et :aulN L /ussiM ous avons plus (ue &amais besoins d'euEM es enfants5 reprit l',nc%anteur en frappant dans ses mains pour obtenir le silence5 mes enfants5 votre réponse m'est bien douce5 car elle témoine une fois de plus de votre affe affecti ction on pou pourr vos rands rands55 vos vieuE vieuE amis5 amis5 et de votre votre attac% attac%eme ement nt à l'Ile l'Ile Rosé. Rosé. />eJ con confia fiance nce en nou nouss comme nous avons confiance en vous5 et la vie sera tou&ours belle à la 6olonie5 mBme si nous devons traverser des moments un peu difficiles. D ans les &ours (ui vont suivre5 nous allons nous réunir constamment pour établir un plan de travail5 pour éc% c%an ane err de dess idé déees et po pour ur or oranise niserr no notr tree no nouv uvel elle le eEistence. Il me reste au&ourd '%ui à vous faire une derniFre communication5 il me reste à vous faire connaPtre la plus triste consé(uence de ma ruine5 la seule (ui soit vraiment déplorable. . !incent s'interrompit5 poussa un rand soupir5 tira ses c%eveuE en arriFre et continua d'une voiE mal assurée " L Un rand nombre de vos camarades sont
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actu actuel elle leme ment nt au aupr prFs Fs de leur leurss pa pare rent ntss et vo vous us les les cro>eJ absents de l'Ile Rosé pour (uel(ues &ours seulement. ,uEKmBmes avaient cette certitude lors(u'ils sont partis. D ,% bienM mes enfants5 sac%eJ (u'ils ne reviendront plus M :as plus (ue ne reviendront certaines personnes emplo>ées à la 6olonie et soiKdisant parties en coné. D !ous alleJ comprendre " aprFs avoir fait et refait le compte compte de toutes nos ressources5 ressources5 il m'a bien fallu constater constater (ue nous ne pourrions tenir ici (u'à la condition d'Btre moins nombreuE. SoneJ (ue nous ne vendrons pres(ue rien de nos produits avant deuE ou trois années. /vec trenteKdeuE enfants5 mon pro&et devenait irréalisable. ;'ai été absolument oblié de réduire ce nombre à diEKneufH pour le début de notre eEpérience5 c'est un maEimum. $e docteur5 . et me Qanc%et5 . $ucas et moi5 nous vous avons c%oisis entre tous5 mes enfants5 parce (ue vous Btes ceuE dont les (ualités5 les ots5 la santé5 l'e5 s'accommodaient le mieuE de la situation nouvelle. !ous Btes ceuE5 aussi5 (ue leurs parents ou leurs tuteurs ont accepté d'associer à notre entreprise. uant à vos camarades5 ils sont partis &o>eusement en avion pour aller voir leur famille. ;e leur ai mentiH c'était le seul mo>en de rendre leur départ moins cruel. 6%eJ euE5 &e sais (u'ils ont été trFs tés. Ils ont oté par mes soins des distractions et des plaisirs (u'on ne trouve pas iciH puis5 au bout d'une semaine5 on leur a dit (ue la 6olonie cessait d'eEister5 (u'ils n'> retourneraient pas5 (ue vous l'avieJ (uittée aussi... D :res(ue tous5 vous le saveJ5 sont beaucoup plus
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&eunes (ue vousH ils ont vécu moins lontemps (ue vous à l'Ile Rosé et il est possible (u'ils se consolent asseJ vite. ,n tout cas5 &e ne les perdrai pas de vue5 &e veillerai tou&ours sur euE5 de loin. ous leur enverrons de temps en temps des fruits de l'Ile Rosé. ais ils ne sauront pas5 bien sr5 (ue c'est vous (ui les aureJ cueillis pour euE... ,n pron pronon onGa Gant nt ces ces de dern rniF iFre ress pa paro role les5 s5 . !inc ncen entt dominait mal son émotionH sa voiE tremb emblait et il se détourna brus(uement pour se mouc%er. erriFre lui5 me Qanc%et avait mis sa main devant ses >euE. ,lle pensait à ses petits élFves en allésH elle les imainait l'un aprFs l'autre5 perdus dans une cour d'école5 au milieu de centaines d'enfants5 ou faisant leurs devoirs sous la lampe5 dans un pauvre loement de :aris. . Qan Qanc%et observait sa femme avec une tendre in(uiétude. uant à . $ucas5 il baissait la tBte et reardait le bout de son pied (u'il remuait lentement. $es enfan nfants ts55 co cons nste tern rnés és po pour ur leur leurss camar amarad ades es et témoins du c%arin de . !incent5 se tenait immobiles et silencieuE. 0ibi5 aprFs avoir poussé un rand soupir5 se penc%a vers son voisin Tifernand Tifernand et c%uc%ota " L is donc5 ce (ue &'ai de la veine5 moi (ui étais l'un des plus petitsM Tifernand ne répondit pas. Une rosse larme roulait sur sa &oue. 0ibi vit soudain cette larme5 au moment oV il ouvrait la bouc%e pour dire autre c%ose. Il se tint coi et ané par une brus(ue envie de pleurer aussi5 rearda fiEement les c%eveuE de Qélicien5 (ui était placé devant lui. ais . !incent a>ant fini de se mouc%er5 se leva
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lestement5 frappa de ses deuE mains à plat sur la table5 s'efforGa de sourire et conclut " L !oilà5 mes enfants5 ce (ue &'avais à vous dire. /lleJ /lleJ vous promeneJ en ruminant tout celaM :enseJ surtout auE belles c%oses (ue nous ferons ensemble5 à la solide é(uipe dont vous faites partie5 et au bon%eur (u'on a de vivre à l'Ile l'Ile Rosé5 Rosé5 au milieu milieu de en enss (u'o (u'onn aime aime.. /u&ourd u&ourd'%u '%ui5i5 nous allons tous dé&euner à la mBme table5 celle du milieu. Tc%eJ (u'elle soit bien fleurie M esc e scen enda dant nt de l'es l'estr trade ade55 l',n l',nc% c%an ante teur ur et ceuE ceuE (u (u'i'ill appelait ses lieutenants re&oinirent les enfants et (uittFrent la salle avec euE5 prenant part à des conversations animées5 répondant à un flot de (uestions. L ites5 onsieur $ucas5 demandait T%éo5 on pourra bien faire son lit soiKmBme N L :arfaitement5 c'est dans le proramme5 assurait . $ucas5 on fera tout soiKmBme5 toutM ais on ne cirera pas ses souliers. L /% N :our(uoi N L :arce (u 'on ne portera (ue des espadrilles M
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D-#ARTS $es enfants de la 6olonie vécurent les &ournées (ui suiv suivir iren entt da dans ns un unee eE eEal alta tati tion on é éné nére reus use. e. Touc uc%é %éss de la con onfi fian ance ce (u (u''on leur leur tém témoin oinaait5 it5 fiers iers de leur leur prop propre re décision5 impatients de se rendre utiles5 ils c%erc%aient constamment une occasion d'éprouver leur dévouement et leur ardeur au travail. /ttendris à la pensée
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(ue l',nc%anteur était devenu pauvre5 ils s'eEaéraient un peu cette pauvreté. ,n réalité5 . !incent n'était pas à court d'arent. Il avait pu se faire rembourser (uel(ues centaines de mille francs prBtées l'année précédente à l'un de ses amisH et il > avait encore5 dans son coffreKfort5 (uel(ues bi&ouE de rand priE (u'il se réservait de vendre. Tout cela était insinifiant en compara araison des millions (u'il avait possédés5 et l'on ne va pas bien loin avec cent mille francs lors(u'il s'ait de faire vivre une trentaine de personnes5 mais enfin le présent était assuré. 'empBc%e (ue les arGonnets de l'Ile Rosé5 (ui avaient dé&à pres(ue tous connu la pauvreté dans leurs familles5 reprirent5 sans (u'on le leur demandt5 d'anciennes %abitudes d'économie. / table5 ils se recommandaient l'un à l'autre de ne pas aspiller le painH et certains d'entre euE décidFrent de ne plus naviuer (u à la rame pour ne pas dépenser d'essence avec leur moteur. Qonsine s'aperGut un matin (ue 0ibi se lavait sans savon. ,lle le (uestionna " L Si tu n'as plus de savon5 pour(uoi n'en demandesK tu pas N L :arce (ue &e devrais en avoir encore5 eEpli(ua 0ibi5 &'ai oublié dans l'eau %ier une savonnette (ui était pres(ue neuve. ,lle a fondu. Ta Tant pis pour moiM Tifernand et 0ouboule5 a>ant trouvé un morceau de cuir5 imainFrent d'en tirer des talons (u'ils fiEFrent à leurs espadrilles pour préserver cellesKci de l'usure.
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al%eureusement5 pour > parvenir5 ils emplo>Frent un fil de fer trop ros (ui les blessa et les fit boiter. :ar roupes de trois ou de (uatre5 nos arGons parcouraient l'Ile en tout sens dans l'espoir de trouver (uel (u el(u (uee mati matiFr Free préc précie ieus usee à eE eEpl ploi oite terr5 (u (uel el(u (uee idée idée à soumettre à . !incent ou à . Qanc%et. $'un proposa la récolte et la vente des pines ou amand mandes es du pin pin pa parrasol asolHH un au autr tree5 la fabr fabric icat atio ionn de dess ceintures de sauvetae avec le liFe du 0ois des /ventures. Rirette5 (ui ramassait sur la plae des (uantités de alets blancs veinés de rosé5 estimait (u'on pouvait les vendre dans les baJars de :aris. Un soir5 avant le dPner5 Tifernand et 0ouboule arrivFrent tout essoufflés sur la terrasse oV . Qanc%et lisait un traité de culture potaFre5 et ils déclarFrent à leur maPtre (u'ils venaient de découvrir une mine de cra>ons roues et de sanuine. Ils montrFrent des éc%antillons d'une pierre roue5 friable5 avec la(uelle on pouvait écrire. L ,%M dit . Qanc%et5 c'est de la bauEite. Oa se pulvérise trop facilement pour (u'on puisse en faire des cra>ons5 mais on en eEtrait l'aluminium. -ui5 mes enfants5 c'est du minerai d'aluminium (ue vous aveJ trouvé là M L /lors5 c'est c'est une ric%esseN s'écria Tifernand. Tifernand. L Sans rand intérBt pour nous5 mon petit5 répondit l'instituteur. l'instituteur. Il > a d'importantes carriFres de bauEite dans le département du !ar. :our(uoi voudraisKtu (u'on vienne à rands frais c%erc%er la ntre5 en admettant (u'elle soit asseJ ric%e en métal N ais votre
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trouvaille n'est pas inutile et vous permet au moins de faire connaissance avec le minerai d'aluminium. . !incent5 %eureuE de trouver c%eJ les enfants autant de bonne volonté5 s'entretenait lonuement avec euE et notait c%acune de leurs idées5 en déclarant (u'elles pourraient servir un &our. ais il entreprit tout d'abord d'oraniser l'eEistence nouvelle et d'arrBter un proramme de travail (ui ft immédiatement réalisable. :uis(u'on allait cultiver l'Ile Rosé5 en commenGant par la réion du 7randK!e 7randK!erdeau et de la 0aie des uinJeK:as5 il était indispensable de créer un c%emin carrossable entre cette réion et le :ort. Si de nombreuE sentiers sillonnaient l'Ile Rosé5 elle ne possédait encore (u'une seule voie lare et empierrée " c'était l'allée (ui reliait le terrain d'atterrissae au :alais. $a route pro&etée5 utilisant partiellement cette allée5 devait partir de la ferme5 passer non loin du terrain d'atterrissae et descendre vers le :ort en utilisant un des sentiers eEistants. Un autre c%emin5 parallFle au 7randK!e 7randK!erdeau5 reliant le :%are nord à la ferme5 desservirait toute la plaine cultivable. -n n'attendrait pas5 bien sr5 pour labourer et planter 5(ue les c%emins fussent terminés5 mais on pouvait les commencer immédiatement. Il > avait une autre besone urente et5 celleKci5 de courte durée5 à la(uelle les enfants allaient se consacrer sans plus tarder. 6'était le netto>ae et la mise au arae de vintKdeuE petits canots à moteur. moteur. $a (uestion des canots avait été débattue à table. 6%a(ue arGon et renoncé de bon cur au sien5 puis(ue
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. !incent renonGait à son >ac%t. ais un tel sacrifice ne s'imposait pas. -n avait donc finalement convenu5 à la satisfaction énérale5 (ue l'on arderait un canot pour deuE enfants5 soit diE en tout5 Tifernand partaeant le sien avec Rirette. $es autres seraient mis en vente au mo>en d'annonces publiées dans les &ournauE sportifs. :our en trouver un priE convenable5 il ne fallait pas se %ter. Il importait donc de les conserver en bon état5 euE et leurs moteurs. . 6olombo et ses (uatre %ommes d'é(uipae allaient incessamment (uitter la 6olonie sur le >ac%t l&'le Rosé. Ils le conduiraient à arseille oV un constructeur se c%arerait de lui trouver un ac(uéreur. ac(uéreur. 5 $ucas5 devenu capitaine du :ort et patron de $a (aladeuse, irait c%a(ue matin pBc%er en mer5 car le poisson devait5 plus (ue &amais5 constituer la base de l'alimentation5 et "a (aladeuse disposait d'un attirail de pFc%e admirable et trFs complet " filets et lines de toutes sortes5 nasses5 boPtes à capturer les %omards et les lanoustes. $'é(uipae de . $ucas serait composé de :aul $amandin et de deuE arGons. !ous penseJ bien (ue beaucoup d'autres travauE furent prévus pour le présent et pour l'avenir. l'avenir. -n décida (ue tout le monde participerait à c%acun d'euE et (u'aucun des &eunes colons ne se spécialiserait avant lontemps5 car toutes les besones n'étaient pas éalement aréables et il importait importait d'en faire un &uste partae. partae. 'autre part5 le travail travail serait d'autant plus attac%ant (ue l'emploi du temps serait plus varié. -n devait d'ailleurs prévoir la nécessité de s'atteler parfois tous ensemble à certaines tc%es.
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,n somme 5de tous les ens nauFre emplo>és à l'Ile Rosé5 les(uels allaient > demeurerN Il faut (ue &e vous le dise une fois pour toutes5 et ce ne sera mal%eureusement pas lon. 'abord 0ricot i5 (ui aurait renoncé au plus faible salaire plutt (ue de (uitter son c%er patron. 6apable de s'adapter aisément à tous les métiers5 0ricot connaissait les moteurs5 l'électricité5 la T.S.Q.5 ce (ui ne l'empBc%ait pas d'aimer la pBc%e et le &ardinae et de se montrer eEcellent cuisinier à l'occasion. 6'est à lui (ue . !incent confia le soin et l'entreKlien d'un moteur (ui fournissait la lumiFre électri(ue dans le :alais5 la ferme et les btiments du :ort. Sur les cin( femmes de c%ambre5 il était impossible d'en arder plus de deuE. . !incent c%oisit /nFle et Qonsine5 (ui s'étaient montrées les plus couraeuses les plus dévouées5 les plus attac%ées auE enfants et à la 6olonie. ,lles acceptFrent d'assurer avec me $amandin tous les travauE ménaers et la confection des repas. ,nfin5 . 6ormier5 le c%ef &ardinier5 conservait son poste. -n avait rand besoin de ses conseils et5 la saison n'étant pas encore trop avancée5 il allait immédiatement dirier la plantation d'une (uantité de &eunes amandiers et pBc%ers. $e #rand$ %oraa, en plusieurs vo>aes (ui s'espacFrent sur une (uinJaine de &ours5 emporta tous ceuE (ui ne pouvaient plus rester à l'Ile Rosé" . et i !alet de c%ambre de . !incent.
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me 0ou(uet5 leurs aides $abille et Quseau5 lle 0ernadette5 le vieuE pFre S>lvestre5 deuE mécaniciens5 les &ardiniers et valets de ferme (ui avaient travaillé sous les ordres de . 6ormier. uant auE femmes de c%ambre5 aria5 Reina et /ntoinette5 elles étaient dé&à parles5 soiK disant en coné. 6es départs furent émouvants et tous ceuE (ui restaient > assistFrent. -n promit de s'écrire5 on sou%aita de se revoir et l'on essu>a plus d'une larme au milieu d'embrassades. $e dernier repas (ue prépara . 0ou(uet fut reliieusement composé par lui de toutes les friandises (ue les convives5 petits et rands5 avaient tou&ours préférées. -n > manea pour la derniFre fois ces merveilleuE ptés à la crote léFre et dorée (ui étaient &ustement célFbres à la 6olonie et (u 'on appelait les C ptés 0ou(uet 0ou (uet D. Seul5 peutKBtre5 le pFre S>lvestre partit sans beaucoup de reretsH car5 devenu trFs vieuE5 il allait réaliser son rBve en retournant dans son pa>s au milieu de ses enfants et de ses petitsKenfants. !int le &our oV le >ac%t "&'le$Rosé appareilla pour arseille. ,n outre de son é(uipae et du capitaine 6olombo5 il emmenait . Qaustin5 (ui préférait le bateau à l'avion. ais5 avant de prendre le lare5 l'éléant petit btiment fit une derniFre fois le tour de l'Ile5 a>ant à son bord pres(ue tous les membres de la 6olonie. -n pouvait s'a s'atten ttendr dree à ce (u (uee cett cettee prom promen enad adee ft ft (u (uel el(u (uee pe peuu mélan élanco coli li(u (ue. e. /u co cont ntra rair ire5 e5 c% c%ac acun un s'> s'> mont montra ra de fort fort bonne %umeur. %umeur. $e capitaine 6olombo5 6olombo5 (ui avait le ot des
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lonues traversées5 venait d'obtenir un poste de second sur un caro et allait bientt vouer vers l',EtrBmeK-rient. Son reret de (uitter . !incent se trouvait compensé par l'attrait de ce vo>ae. " :our l',nc%anteur5 (ue son entreprise de l'Ile Rosé passionnait uni(uement5 le >ac%t ne représentait plus (u'un ob&et de valeur dont la vente pouvait assurer l'eEistence de la 6olonie durant un certain temps. ,n companie de . $ucas et de . Qanc%et5 il le visita une derniFre fois5 des cabines à la mac%inerie5 de la cambuse au salon. Tout > était luEueuE luEueuE et en parfait parfait état. :artout5 :artout5 sur les tentures5 les boiseries5 les tapisseries5 se mariaient les couleurs de la 6olonie " des ris et des roues de toutes nuances5 (ue re%aussait l'éclat du cuivre. L !o !ous aveJ raison5 disait5 miKsérieuE5 miKplaisantant5 . $ucas à l',nc%anteur5 vous aveJ raison5 débarrasseJK vous de ce bateau M Il est trop c%ic et trop bien asti(ué. oi (ui suis maire5 &'ai tou&ours craint5 en m'asse>ant sur les ban(uettes d'aca&ou de la salle à maner5 d'en ra>er le vernis avec la pointe de mes fessesM D :arleJKmoi du C carré D de "a (aladeuse, oV il n'> a (u'une table de bois blanc5 une %uc%e et un banc et oV l'on peut dormir à (uatre sur des paillasses5 sans ter ses espadrillesM D $a plupart des enfants5 tout comme . $ucas5 préféraient "a (aladeuse à "&'le$Rosé. 6ertes5 le >ac%t les avait émerveillés lors(u'ils l'avaient visité pour la premiFre fois. ais tout > était trop ordonné5 trop précieuE5 trop salissant. -n > man(uait de place et
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de libe libert rtéH éH il fall fallai aitt s'> s'> teni tenirr sae saeme ment nt assi assis5 s5 sans sans touc%er à rien et sans aider à la manuvre. $e >ac%t sentait l'encausti(ue et la C pte pour les cuivres DH la tartane sentait le oudron5 le poisson5 la merM Sur la tartane5 les enfants se cro>a >aiient matelots. Ils couraient5 sautaient5 rimpaient à leur réH ils éprouvaient une sorte d'ent%ousiasme et de vertie en reardant auK dessus d'euE la rande voile trianulaire (ui cla(uait et se onflait (uand le bateau virait de bord. Tandis (ue le >ac%t loneait lentement et pour la derniFre fois les rivaes de l'Ile5 c'était surtout ceuEKci (ui intéressaient les &eunes passaers. Ils nommaient c%a(ue endroit5 ils en discutaient les aréments et les ressources. $'un assurait (ue la 6ri(ue du Soleil $evant était peuplée de crevettes énormes. Tel autre avait découvert5 auE abords du 6ap !incent5 une épaisse couc%e de terre noire comme en réclamait la culture des salades et des radis... "&'le$Rosé revint au :ort et s'> arrBta le temps de débar(uer débar(uer tous ceuE (ui restaient. restaient. /prFs /prFs (uoi5 le 6apitaine 6apitaine 6olombo5 penc%é %ors de sa dunette de commandement5 sa cas(uette à la main5 fit un lare salut5 tandis5 (ue retentissait trois lons coups de sirFne. u (uai et de la &etée5 trente voiE répondirent à cet adieu. ,t "&'le$Rosé reprit la mer. $ontemps les enfants virent . Qaustin5 debout à l'arriFre5 aiter vers euE son mouc%oirH puis le >ac%t ne fut plus (u'un point à l'%oriJon5 et c%acun se sentit brus(uement triste. L /u travail5 maintenantM s'écria . $ucas en frappant dans ses mains " (ui veut nous aider à laver le
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pont de "a (aladeuse N L oiM oiM oiM $a tristesse s'évanouit et "a (aladeuse fut &o>eusement prise d'assaut. uel(ues &ours plus tard5 un matin vers siE %eures5 les enfa en fant nts5 s5 (u (uii do dorm rmai aien entt en enco core re55 leur leurss fenB fenBtr tres es ou ouve vert rtes es55 furent réveillés en sursaut par les puissants moteurs du #rand$%or #rand$%oraa. aa. $'avion survolait le :alais pour la derniFre fois5 avant de aner :aris oV son constructeur5 l'a>ant rac%eté5 allait en faire un avion de rand tourisme. #rand$%or %oraa, aa, avait . !inc ncen ent5 t5 (u (uii aimai aimaitt son son c% c%er er #rand$ résolu d'éviter les émotions d'une promenade d'adieu. Il ava vait it préf préfééré5 ré5 po pour ur tous tous et po pour ur luiK luiKm mBme5 Bme5 ce dé dépa part rt brus(ué5 cette surprise matinale. ,n en ente tend ndaant l'av l'avio ion5 n5 les les en enfa fant ntss euren urentt vite vite fait fait d'enfiler leur culotte et de rimper sur la terrasse supérieure du :alais. /prFs maintes évolutions5 le #rand$%oraa vint s'immobiliser à trente mFtres auKdessus d'euE. Ils aperGurent . $atourette et son mécanicien arcel5 (ui5 le buste penc%é %ors de leur poste5 faisaient de rands estes d'adieu et lanGaient une multitude de petits drapeauE auE couleurs de la 6olonie 1. / ce moment5 le carillon du :alais5 :alais5 oV . $ucas remplaGait remplaGait . Qaustin5 Qaustin5 &oua lentement lentement et avec une eEpression de reret " (on vo!age, Monsieur #rand$%oraa #rand$%oraa
1 7ris perle et roue roseille. !oir "&'le Rosé.
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$'air aussitt terminé5 les enfants5 bras levés5 s'écriFrent " L !ive !ive le #rand$%oraal !ive . $atouretteM $'avion s'éleva verticalement d'une centaine de mFtres5 puis s'élanGa vers le ord. Toute la 6olonie5 rassemblée sur la terrasse5 le suivit des >euE &us(u'à ce (u'il et disparu. Seul5 l',nc%anteur était absent " en companie de . $amandin5 il était allé au terrain d'atterrissae5 pour assister à l'envol du #rand$%oraa. Il en revenait maintenant5 à petits pas5 sans rien dire à son son co com mpa pan non on.. Il s'ar s'arrB rBta tait it de tem temps en tem temps po pour ur écou écoute terr le bo bour urdo donn nnem emen entt dé décr croi oiss ssan antt de l'av l'avio ion5 n5 pu puis is reprenait sa marc%e en poussant un ros soupir.
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AU TRAVAIL /uE premiers &ours de mars5 la nouvelle oranisation de la 6olonie fonctionnait réuliFrement. uand retentissait le carillon du réveil5 pour le(uel Un sonn sonneu eurr diff différ éren entt étai étaitt dé dési sin néé c% c%a( a(ue ue &our &our55 les les en enfa fant ntss sautaient de leur lit et mettaient à l'air matelas5 draps et couvertures5 ainsi (u'ils l'avaient tou&ours fait. $eur toilette ac%evée5 ils descendaient au réfectoire. :lus de brioc%es5 plus de alettes pour le dé&euner du matinH mais une lare tartine de miel et un bol de c%ocolat.
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$e miel était fourni par les ruc%es de la 6olonie5 installées prFs de la ferme et dont on allait peu à peu aumenter le nombre. / la fin du dé&euner5 . Qanc%et disait (uel(ues mots du travail de la veille5 encouraeant les uns5 félicitant les autres5 recommandant à tous de fournir un effort réulier5 de ne pas s'essouffler ni se mettre en sueur. :uis il lisait tout %aut le proramme de la matinée5 désinait à c%acun son travail. :ar eEemple5 trois arGons devaient se rendre à la ferme avec . 6ormier pour travailler au &ardin potaer dé&à dé &à eE eEis ista tant ntHH cin( cin( au autr tres es55 acco accomp mpa ana nant nt . Qanc Qanc%e %et5 t5 allaient tracer avec lui le c%emin (ui devait traverser la plaine du 7randK!e 7randK!erdeau. SiE autres était désinés pour aider . $amandin (ui coupait des arbres et des bru>Fres auE abords du terrain d'atterrissae5 sur le parcours de la route pro&etée. euE petits arGons5 les moins robustes5 étai étaien entt c% c%ar arés de ne nett tto> o>er er la ran rande de vo voli liFr Fre5 e5 tou& tou&ou ours rs peuplée d'oiseauE de tous pa>s et de toutes couleurs5 et d'> remp rempli lirr ab abre reuv uvoi oirs rs et man maneo eoir ires es.. e euE uE au autr tres es55 en enfi fin5 n5 devaient se &oindre à l'é(uipe de . $ucas5 dFs (u'elle serait rentrée de la pBc%e5 pour continuer de netto>er et de remiser les petits canots à vendre. /prFs le dé&euner5 les enfants allaient faire leur lit et leur c%ambre. Ils se rassemblaient ensuite sur la terrasse &us(u'à ce (ue leurs c%efs d'é(uipe fussent prBts à partir avec euE au travail. Il était alors à peine %uit %eures et c'était souvent le moment oV "a (aladeuse rentrait au :ort5 dont elle était sortie avant le lever du soleil.
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Son arrivée retardait souvent le départ des travailleurs5 car c%acun étant pBc%eur à son tour5 le résultat de la pBc%e inté intére ress ssai aitt tout tout le mon onde de.. u uel el(u (ues es a arG rGon onss co cour urai aien entt &us(u'au 7rand 6Fdre5 auKdevant de . $ucas et de ses &eunes matelots pour voir ce (u'ils rapportaient dans leur paniers. 6omme le temps était précieuE et (ue . $ucas voulait prendre aussi sa part des travauE aricoles5 on se bornait à pBc%er au c%alut5 c'estKàKdire à laisser tramer un rand filet en forme de poc%e derriFre le bateau (ui marc%ait au moteur. $e filet était remonté au mo>en d'un treuil actionné5 lui aussi5 par le moteur et l'on pouvait ainsi capturer en peu de temps asseJ de poisson pour la &ournée. . $ucas5 au cours de la pBc%e5 ne résistait pas au plaisir de poser5 dans de bons endroits (u'il connaissait5 des C boPtes D à %omards et à lanoustes (u'il relevait le lendemain. Il eEistait dans le port une C réserve D oV l'on pouvait conserver vivants les poissons et les %omards5 lors(u'il > en avait trop ou pas asseJ pour un repas. / midi5 tout le monde revenait dé&euner5 aucun des c%antiers ne se trouvant à plus d'une demiK%eure de marc%e du :alais. 'alleJ pas croire (ue nos amis avaient peiné sans arrBt toute la matinée. $e travail5 (u'on trouvait tou&ours le mo>en de rendre amusant5 était coupé de repos5 de bavardaes5 de leGons sur la maniFre de se servir des outils. e (uel appétit l'on maneait et (uelle animation
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rénait d'un bout à l'autre de la rande table5 dans le réfectoire enva%i de lumiFre M L /u&ourd'%ui5 /u&ourd'%ui5 disait . $ucas en faisant allusion à ceuE ceuE (u (uii ne nett tto> o>ai aien entt les les pe peti tits ts cano canots ts sous sous ses ses ordr ordres es55 au&ou u&ourd rd''%u %uii l'é( l'é(ui uipe pe de dess 6% 6%aantie ntiers rs de la ari arine ne étai étaitt composée de ars fort distinués. L ais5 a&outaitKil5 &'avais ce matin un matelot (ui plissait. ;e ne l'emmFnerai plus (uand il > aura de la %oule. $e petit matelot mis en cause protestait " L ;e n'ai &amais eu le mal de mer5 monsieur $ucasM ais ce matin5 sur le bateau5 &'ai voulu maner comme vous du pain et du saucisson et Ga ne passait pas M L 6'est bon5 camarade5 répondait . $ucas5 &e vois ce (ue c'estM Une autre fois5 &'arroserai ton pain avec de l'alcool de ment%eM L Qanc%et5 demandait l',nc%anteur5 parleJKmoi de vos terrassiers. L es terrassiers d'au&ourd'%ui étaient aussi vaillants (ue ceuE d'%ier5 répondait . Qanc%etH &'étais oblié de modérer leur ardeur. Si tout va bien5 aprFsKdemain nous aurons fini de poser la petite voie ferrée (ui permettra d'amener les alets du 6ap ord sur le c%emin du !erdeau.D 6ett 6ettee pe peti tite te vo voie ie fer ferrée rée était tait celle elle (u (ui5 i5 na nau uFr Free5 con ondu duis isai aitt au :ala :alais is ba baa ae ess et ap appr prov ovis isio ionn nnem emen ents ts apportés par le #rand %oraa.
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L $e difficile5 poursuivait . Qanc%et5 sera de transporter les Zaonnets. L ous nous attellerons tous5 disait le docteur. docteur. L -%M s'écriait Tifernand5 &e propose (ue . !incent vienne inauurer la line de c%emin de fer. Il montera dans un Zaonnet et nous lui ferons faire tout le parcours au rand alop M L -uiM -uiM L ;'accepteM déclarait l',nc%anteurH il > a bien lontemps (ue &e ne suis allée en c%emin de fer. ,t aprFs la cérémonie5 &'offrirai un oter au vin sucré. L ,ncoreN protestait le docteur en riantH encore des foliesN ,nc%anteur5 vous alleJ nous ruinerM Il faut dire (ue le docteur avait accepté de tenir le livre de dépenses de la 6olonie. /vant de (uitter la table5 les enfants c%antaient en c%ur une ou deuE c%ansons accompanées au piano par me Qanc%etH puis . Qanc%et composait de nouvelles é(uipes pour l'aprFsKmidi afin de permettre à ceuE (ui le désiraient de c%aner de travail et de c%antier. -n ne retournait à l'ouvrae (u'aprFs une demiK%eure de flnerie et de &eu et comme à cette épo(ue de l'année la nuit tombait trFs vite5 les é(uipes d'enfants rentraient vers (uatre %eures et demie pour aller en classe avec me Qanc%et &us(ue vers siE %eures. ,n attendant le dPner5 (u'on servait à sept %eures5 c%acun faisait un peu de toilette5 puis se rendait à la salle de &euE ou à la bibliot%F(ue. Il > avait tou&ours (uel(ues arGons complaisants (ui aidaient /nFle /nFle ou
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Qonsine à mettre le couvert ou (ui fleurissaient la table. ,t Rirette N direJKvous. ue faisait Rirette N Rirette allait en classe le matin5 avec les trois arGons les plus petits5 parmi les(uels il > avait 0ibi. Rirette5 auprFs de sa maman aman55 co cous usaait de dess robe robess po pour ur les les tro trois po poup upéées (u (uee l',n l',ncc%a %ant nteu eurr lui lui av avaait do donn nnéées " un unee tout toutee pe peti tite te55 un unee mo>enne et une rande. ,lles avaient toutes les trois leur lit et leur petite voiture. uand ses filles dormaient5 Rirette allait arder la petite Rosette5 (ui dans son berceau5 aprFs avoir tété5 dormait aussi bien (u'une poupée ou semblait atten ttendr dree sae saem ment de de deve veni nirr ran rande de en rea rearrda dant nt au plafond. uant à 0ibi et à ses deuE petits copains (ui s'appelaient Toinou et Ri(uet5 ils prétendaient se rendre utiles comme les rands et5 pour leur faire plaisir5 on leur demandait demandait (uantité de petits petits services services dont ils s'ac(uittai s'ac(uittaient ent parfaitement bien. Ils allaient ramasser des pommes de pin (ui servaient à allumer les fourneauE de la cuisineH me $amandin les envo>ait à la ferme c%erc%er un peu de persil ou voir si les poules avaient pondu et . 6ormier leur demandait de faire de l'%erbe pour les lapins. /vant %uit %eures5 le soir5 on avait fini de dPner5 mais on ne se couc%ait uFre avant neuf %eures et demie et mBme diE %euresH soit (u'il > et séance de cinéma5 soit (ue . Qanc%et fPt une lecture à %aute voiE ou par eEemple une causerie sur les cultures (u'on pouvait entreprendre à l'Ile Rosé. uel (ue ft leur emploi5 les soirées étaient trFs aréables et souvent éa>ées de surprises dont . $ucas continuait de se
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montrer un inépuisable inventeur. ais les enfants s'efforGaient de l'imiter. Il n 'était pas rare de voir deuE ou trois d'entre euE faire au réfectoire une entrée sensationnelle5 dans un accoutrement de leur faGon. Il > eut des concours de déuisements5 des concours de farces5 des concours de c%arades. L 6'est trFs $ien de travailler5 disait . !incent5 mais n 'oublions pas de nous amuser M :ersonne à la 6olonie ne l'oubliait. me il i l semblait à la plupart de nos arGons (u 'ils ne s'étaient &amais tant amusés " amusés à construire une route5 à poser une voie ferrée5 à faire la rande pBc%e au filet. L ,n somme5 constatait Tifernand5 Tifernand5 travailler5 c'est tout simplement &ouer à (uel(ue c%ose d'utile. :endant ce mois de &anvier oV la 6olonie commenGa de se transformer5 l'activité de . !incent étonna et ré&ouit tout le monde. $a saison des plantations5 pour les arbres et la vine5 était dé&à bien avancée. $e printemps apparaPt trFs tt dans la réion méditerranéenneH amandiers et pBc%ers fleurissent au début de mars. :our ne point perdre une année5 . !incent voulait (u'on se %tt de planter. Fs février5 il et été trop tard. eu euEE fois fois pa parr sem semaine aine55 "a (aladeuse se rendait à ars arsei eill llee po pour ur assu assure rerr le ravi ravita tail ille leme ment nt55 no nota tamm mmen entt en pain et en viande fraPc%eH elle rapportait aussi le courrier. courrier. . !incent et . 6ormier5 le &ardinier5 accompanFrent . $ucas dans plusieurs de ces vo>aes. Ils en rapportFrent successivement plusieurs douJaines de
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pioc%es5 de pelles5 de bBc%es pouvant5 par leur poids et leurs dimensions5 convenir à des enfantsH une c%arrue5 une %erse5 une fauc%euse mécani(ue et (uantité d'instruments et d'outils (ui man(uaient à la ferme. Ils visitFrent les meilleurs %orticulteurs de :rovence et firent livrer à bord de $a (aladeuse une centaine d'arbres frui fruiti tier erss " pB pBc% c%er ers5 s5 aman amandi dier ers5 s5 prun prunie iers rs55 fiu fiuie iers rs.. Il en eEistait dé&à pres(ue autant en pleine production à l'Ile Rosé et l'on aurait pu en planter bien davantae si le temps n'avait man(ué. 'autre part5 il fallait mettre en terre trois mille plants de vine5 (ui arrivFrent arrivFrent un &our sur "a (aladeuse, en petits faots réuliers et serrés. ,n atte attend ndaant (u (uee leur leur empl emplac acem emen entt ft ft prép prépar aré5 é5 arbu arbust stes es et plan plants ts fure furent nt co couc uc%é %éss da dans ns un sill sillon on55 leur leurss racines soineusement recouvertes de terre fraPc%e. / l'un de ses vo>aes5 . !incent réussit à éc%aner trois petits canots contre une bonne bar(ue de pBc%e à voile et à moteur. /insi /insi . $ucas ne serait pas tou&ours oblié de sortir avec la tartane (ui5 rande et %aute sur l'eau5 ne convenait pas à toutes les pBc%es et dépensait beaucoup d'essence lors(u'on devait5 faute de vent5 renoncer à la voile. 6ette bar(ue de pBc%e fut baptisée "a Rascasse, du nom de ce beau poisson roue auE naeoires épineuses5 sans le(uel on ne peut faire une bonne bouillabaisse. $a (aladeuse, un &our (ue la mer était trFs calme5 emba bar( r(ua ua da dans ns le vieuE ieuE po porrt5 à ars arsei eill lle5 e5 un unee soli solide de c%arrette et un non moins solide c%eval de trait et de labour (ui était noir avec une tac%e blanc%e sur le front et s'appelait outon.
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outon ne fut pas trFs rassu ssuré sur le pont de "a (aladeuse bien (ue celuiKci ft asseJ lare. -n attac%a le c%eval au mt et on l'entoura de solides barriFres. Son arrivée à l'Ile Rosé fPt sensation. Tous les enfants l'accompanFrent &us(u'à l'écurie (ue . 6ormier lui avait aménaée à la ferme5 et les plus petits5 0ibi5 Toinou et Ri(uet montFrent ensemble sur son dos. Il > avait encore à la ferme5 un important poulailler5 un colombier peuplé d'une trentaine de pieons et une bererie (u'%abitaient %uit c%Fvres laitiFres5 un bouc et (uel(ues c%armants petits c%evreauE. 6es 6es anim nimau auEE étai étaieent soi soiné néss pa parr . 6o 6orm rmie ierr (u (uii loe loeai aitt prFs prFs d' d'eu euEE et c% c%a( a(ue ue matin atin55 Qons Qonsin inee et /n nFl Flee allaient traire les c%Fvres H mais on décida (ue deuE ou trois des plus rands arGons apprendraient à panser et à conduire outon. Tout de suite on emplo>a le c%eval " on lui fit transporter sur la plai laine du !erdeau les rails et les Zao Za onn nnet etss du pe peti titt c%e %em min de fer fer5 pu puis is l'at l'atte tela lant nt à la fauc%euse5 on lui fit tondre la plaine (u'on allait cultiver5 ce (ui permit de faire ample provision de fourrae. ais pour défric%er cette plaine il fallait labourer trFs profondément et un seul c%eval n'> pouvait suffire. -n fit donc venir5 des environs d'/rles5 un cultivateur avec une c%arrue au soc puissant et deuE c%evauE devant les(uels on attela outon. Trois %ectares de terrain furent défoncés. Ils étaient traversés en leur milieu par le c%emin en cons co nstr truc ucti tion on.. . Qanc Qanc%e %et5 t5 $uca $ucas5 s5 $ama $amand ndin in et mBme mBme l',n l',nc% c%an ante teur ur prof profit itFr Fren entt de ce trav travai aill po pour ur ap appr pren endr dree à conduire la c%arrue5 tandis
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(ue :ierre $amandin menait l'attelae en s'appli(uant à marc%er bien droit dans le sillon. :endant ce temps5 . 6ormier dirieait les plantations. Il s'occupa d'abord des arbres fruitiers (ui. espac spacéés de %u %uit it mFtre Ftres5 s5 furen urentt disp dispos osés és sur sur plus plusie ieur urss ranées le lon de la route menant de la ferme à l'ancien terrain d'aviation. :our c%a(ue arbuste il fallait creuser un trou d'un mFtre cube environ5 afin (ue les racines pussent se développer
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dans une terre bien remuée. :ioc%es et pelles eurent donc fort à faire. -n abandonna momentanément la route et le c%emin. Bme il > eut des &ours oV . $ucas n'alla pas à la pBc%e et tous5 petits et rands5 %ommes et enfants s'emplo>Frent auE plantations. Une rande partie du terrain labouré fut consacré à la vine. $es plants de vine5 si petits (u'ils soient5 eEient euE aussi de rands trous et un terrain bien préparé. :our venir à bout5 en temps utile5 d'une besone aussi considérable5 . !incent dut faire venir encore deuE aides vin vineerons rons.. -n se dé dépB pBc% c%aa de plant lanter er aussi ussi plus plusie ieur urss centaines de Xilos de pommes de terre. $es enfants montrFrent d'autant plus d'ardeur et de aPt a Ptéé au cou ours rs de ces ces tra trava vauE uE (u (u''ils ils en co com mpren prenai aieent l'urence et (u'ils en pouvaient mesurer les prorFs de &our en &our et mBme d'%eure en %eure. :lanter un arbre est un événement important et une belle action. !oici un endroit du sol oV il n'> avait rien (ue des %erbes et des pierres. ,t maintenant un petit arbre l'%abiteH il > poussera bien à l'aise5 dans une bonne terreH il deviendra rand et fortH il donnera des fruits et de l'ombre. Il c%anera un peu l'aspect du pa>sae et il se peut (u'il vive trFs lontemps. /utour de c%a(ue arbuste nouvellement planté5 les é(uipes dansaient et c%antaient. :uis elles couraient à la ferme emplir leurs arrosoirs. :ar bon%eur5 le temps fut trFs beau durant tout le mois de &anvier. $e soleil se couc%ait tt5 mais il arrivait (u'il ft aussi c%aud (u'au printemps. :lusieurs enfants prirent froid aprFs avoir eu trop
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c%aud et s'enr%umFrentH d'autres se firent des ampoules auE mainsH Qélicien reGut de la terre dans l'il et Tifernand un coup de manc%e de pelle au menton5 (ui lui fit se mordre la lanue. ais le docteur 0onnemain uérit tout le monde5 et c%acun5 instruit par ces petits mal%eurs5 s'appli(ua dans la suite à éviter toute maladresse et toute imprudence.
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? LOU SOUL@OU "a (aladeuse et les embarc arcations de la 6olonie
n'étaient pas tou&ours les seules (u'on pt voir dans le port de l'Ile Rosé. 'ab ' abor ord5 d5 il > ve vena nait it réu réuli liFr Frem emen entt un pe peti titt ba bate teau au dépendant de la :réfecture maritime de arseille et (ui ravitaillait les deuE ardiens de p%are. ;e ne vous ai &amais encore parlé d'euE. $'un occupait le p%are Sud et l'autre le p%are ordH ils assuraient à tour de rle l'allumae et l'entretien du feu -uest5 celui du port. 6es deuE %ommes faisaient un peu partie de la
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6olonie et . !incent les avait tou&ours comblés de ses ses lar lare ess sses es.. ' 'a> a>an antt pa pass ran rand' d'c% c%os osee à fair fairee da dans ns la &ournée5 il leur arrivait de prendre part auE travauE et auE plantations5 par plaisir autant (ue par complaisance. Oa et là5 (uel(ue bateau de pBc%e5 (uel(ue petit >ac%t5 (uel(ue cotre porteur de sable et de marc%andises5 venait mouiller dans le port5 et > sé&ournait le temps de faire de l'eau ou de procéder a des réparations urentes. 6 'est ainsi (u'on vit arriver un &our un bateau à la co(ue lépreuse et rapiécée5 un bateau (u'on et dit voué depuis des années au transport du ciment ou du pltre. Il s'appelait "ou Souléou, c'estKàK KàKdire C $e Soleil D5 en provenGal5 et son aspect minable contrastait avec un nom aussi brillant. 6'ét 6' étai aitt un co cotr tree de l'im l'impo port rtan ance ce de "a (aladeuse. Il faut (ue &e vous dise5 en passant5 (u'un cotre ne diffFre d'une tartane (ue par la voilureH le dessin de ;ean Terles vous renseinera sur ce point beaucoup plus clairement (ue &e ne pourrais le faire. "ou Souléou venait de enton avec un c%arement de manda darrines à destination de SFt SFte. Son é(uipae se composait de trois %ommes5 > compris le patron5 et d'un mousse de (uinJe ans. 0ien (ue la mer ne ft pas mauvaise5 il venait de perdre la moitié de son ouvernail le(uel était fendu depuis lontemps5 à ce (ue disait le patron. "ou Souléou s'amarra s'amarra devant devant "a (aladeuse, le lon du (uai (ui bordait la &etée. Ses Ses %ommes tFrent le ouvernail et entreprirent de remplacer le morceau (ui en était disparu.
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. $amandin leur fournit un épais morceau de planc%e et mit à leur disposition son atelier5 situé comme on sait5 dans le %anar à bateauE. $es ens du Souléou n' n'éétaie taient nt sans sans do dout utee ni for fort %abiles ni couraeuE5 car5 arrivés à l'Ile Rosé un vendredi à la fin de l'aprFsKmidi5 ils n'ac%evaient la réparation (ue le surlendemain dimanc%e. Ils fiEFrent leur départ au lundi matin. $eur patron5 (ui se disait iGois et propriétaire du bateau5 était un petit %omme noir et d'une politesse eEaérée. :our c%a(ue service (u'on lui rendait il remerciait comme si on lui et sauvé la vie. Il fit porter au :alais une caisse de manda darrine ines pour les enfants et entreprit dé donner à . $ucas maints conseils de marin et de pBc%eur5 dont il faut reconnaPtre (ue certains étaient eEcellents. L 6omment un marin comme vous5 lui demanda . $uc $ucas5 as5 co com mmetKi etKill l'im l'impr prud uden ence ce de na navi viu uer er ave vecc un ouvernail (ui s'en va par morceauE N L ;ustementM répondit le patron du Souléou, &ustement5 mon pauvre monsieur " ;e compte trop sur mon adresseM 6omme il m'était plus facile de remplacer mon ouvernail à SFte (u'à (u'à enton5 enton5 &e me suis suis dit " Tu es bien de force à faire encore un vo>ae avec celuiKlàM $e dimanc%e5 à la 6olonie5 tous les travauE étaient arrBtés et les enfants s'amusaient à leur uise. -n retrouvait un pe peu5 u5 ce &our &ourKl Klà5 à5 l'an l'anci cien enne ne eE eEis iste tenc nceH eH on ora orani nisa sait it promenades et parties de pBc%e. $a salle de &euE retentissait de cris et le port était sillonné de petits canots. II > eut donc un dimanc%e oV les curieuE vinrent
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eEaminer "ou Souléou, soit en canot5 soit sur le (uai. Une diJaine de arGons assistFrent à la pose du ouvernail enfin nfin répa réparé ré.. 6e trav travaail term termin inéé5 comm omme le &our &our et la fraPc%eur tombaient5 les curieuE reanFrent peu à peu le :alais5 tandis (ue les trois %ommes et le mousse descendaient pour souper dans l'intérieur du cotre. 6'est alors (ue sur le (uai désert5 dans un silence (ue troublait à peine Ga et là le clapotis de l'eau5 s'avancFrent deuE promeneurs attardés " Tifernand et 0ouboule. Ils revenaient de la :lae !erte5 !erte5 endroit à la fois intime et sauvae5 pour le(uel Tifernand avait une prédilection. $es autres enfants > allaient rarement5 lui préférant la :lae Rosé5 plus proc%e du :alais et admirablement propice à la bainade. $a :lae !erte était encombrée d'alues apportées par le flot et (ui5 pourrissant en couc%es épaisses5 déaeaient une fort mauvaise odeur. 6es alues à demi décomposées constituaient un fumier eEcellent et "a (aladeuse en était venue c%erc%er plus lusieurs mFtres cubes (u'elle avait transportés à la 0aie des uinJeK:as5 c'estKàKdire le plus prFs possible des cultures. $a :lae !erte était ainsi nommée à cause de ses tamaris et de ses roseauE éants5 (ue loneait5 vers l'intérieur5 une c%armante prairie. ans cette prairie5 Tifernand avait eu l'idée d'aller planter5 ce &ourKlà5 une rande (uantité de raines raines de tournesols. $e tournesol5 ou soleil5 (ui atteint facilement la taille d'un %omme5 donne une énorme et manifi(ue fleur &aune dont le cur est criblé de raines. -n récoltait
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ces raines5 à la 6olonie5 pour en nourrir le perro(uet [oraa et tous les oiseauE de la voliFre5 Tifernand et 0ouboule en avaient secrFtement empli leurs poc%es5 car cette plantation devait Btre une surprise. Une %eure durant5 ils avaient marc%é en tous sens dans la prairie5 en enterrant une raine à c%a(ue pas5 au mo>en d'un petit plantoir. L Tout le monde sera bien épaté5 disait Tifernand5 Tifernand5 de découvrir ici5 l'été proc%ain5 tout un &ardin de soleils. L Sans compter5 a&outait 0ouboule5 (ue Ga donnera une récolte formidable " de (uoi nourrir les poules et les pieons. /vant de rentrer au :alais5 ils avaient voulu voir "ou Souléou.
L 6'est une autre espFce de soleil (ui a poussé dans le :ort5 remar(ua finement Tifernand. Tifernand. ais 0ouboule avait l'esprit lent et son ami dut lui rappeler (ue Souléou voulait dire soleil. L Il n'est pas beau5 constata 0ouboule. KL :arce (u'il est mal entretenu. S'il était repeint5 lu le trouverais peutKBtre trFs beau. !iens5 montons à bordH il n'> a personne5 et mBme s'il > avait (uel(uun... ,n disant ces mots5 Tifernand senaea sur la planc%e (ui reliait le (uai au bateau. 0ouboule le suivit et tous deuE5 ailes et silencieuE dans leurs espadrilles5 commencFrent à eEaminer le pont (ui était sale et trFs encombré. encombré. Ils virent virent tout d'abord5 à l'avant5 l'avant5 un volumineuE volumineuE amas de marc% rc%andises recou ouvvert d'une bc%e et (ue surmontaient encore une
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diJaine de caisses de mandarines. /lentour5 pBleKmBle5 il > avait des pa(uets de cordaes5 des tonneauE5 des sacs. L ue de mandarinesM s'émerveilla 0ouboule. L -%M répli(ua Tifernand5 Tifernand5 tu ne vois là (ue ce (ui n'a pu tenir à l'intérieur. l'intérieur. $e bateau doit en Btre tout rempli. rempli. L Tu crois N L !iens voirM ;e crois (ue le panneau arriFre est ouvert. $es $es de deuE uE en enfa fant ntss se diri diriF Fre rent nt ve vers rs l'ar l'arri riFr Fre. e. ais ais comme il ve vennait de dépasser le mt5 Tifernand5 (ui précédait 0ouboule5 s'arrBta brus(uement5 puis5 un doit sur la bouc%e5 se tourna vers son ami. L u'estKce (u'il > aN demanda celuiKci. L ;e viens d'entendre parler5 répondit Tifernand Tifernand à voiE basse. ,t5 désinant à deuE pas devant lui le petit escalier conduisant à la c%ambre de l'é(uipae5 il a&outa " L Ils sont là " rearde5 on voit mBme un peu leur lumiFre. /u mBme instant5 dominant le bourdonnement d'une conversation5 la voiE du patron se détac%a5 distincte. L 0on ieuM disait celuiKci5 le plan et les indications de :%ilippi sont asseJ clairesM Tu montes par le rand escalier. /u premier étae5 tu vois un lare vestibule à auc%e. auc%e. Tu avances par là &us(u'à &us(u'à la deuEiFme deuEiFme porteH porteH elle n'est &amais fermée5 parce (ue le vieuE !incent ne se méfie de personne iciH tu entres et tu te trouves dans le bureau. !o !oilàM Ici la table5 ici
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le coffreKfort. $a clé du coffre est dans le tiroir de auc%e de la table... ,n entendant ces derniers mots5 Tifernand sursauta et saisit le bras de 0ouboule. L Tu entends N murmuraKtKil à l'oreille de 0ouboule5 tu entends N ils veulent cambri brioler le coffreKfo Kfort de l',nc%anteur et ils sont renseinés par :%ilippi. :%ilippi était un des anciens matelots de "a (aladeuse, celuiKlà mBme (ue :aul $amandin avait remplacé. 0ouboule tourna vers Tifernand un visae effaré. Il lui fallut (uel(ue temps pour admettre la ravité des propos entendus. Sur un ton de doute et de crainte5 il demanda " L Tu crois N ,t il a&outa pres(ue aussitt " L /llonsKnousKen5 /llonsKnousKen5 allons prévenir5 &'ai peurM L on5 répli(ua Tifernand5 Tifernand5 il faut écouter encoreH et si l'un d'euE monte sur le pont5 nous lui dirons (ue nous c%erc%ons c%erc%ons . $ucas. $ucas. /v /vanGons anGons un peu. Oa n'est pas bien d'éc d' écou oute terr auE auE por porte tes5 s5 mais mais tou toutt de de mBm mBme5 e5 dan danss un cas cas pareilM... L -ui5 dit 0oubouleH donneKmoi la main. Ils se rapp rapprroc oc%F %Fre rent nt du pa pann nnea eauu et5 rete retena nant nt leur leur souf souffl fle5 e5 fure furent nt tout tout orei oreill lles es.. Ils Ils en ente tend ndir iren entt le dial dialo oue ue suivant5 au(uel prenaient part les trois %ommes du Souléou, mais oV dominait surtout la vois du patron " L Il aurait fallu pouvoir visiter le c%teau dans la &ournée.
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L 6'est dé&à beau (u'on ait pu repérer la porte sur la terrasse et le bon escalier. L $e mousse doit Btre làK%aut5 en ce moment5 à se faire offrir des confitures. 11 pourra peutKBtre nous renseiner. L on5 nonM e lui demandons rien. ettre un osse dans une affaire5 c'est tou&ours mauvais. L $'erreur5 c'est d'avoir embar(ué5 dFs la nuit derniFre5 ces deuE petits canots5 cette lonueKvue5 cette caisse de lampes électri(ues. Oa nous oblie à terminer l'opération au plus vite. Sans (uoi5 nous aurions pu attendre à demain et mieuE préparer le coup. é&à5 au&ourd'%ui5 &e n'ét n' étai aiss pa pass rass rassur uré. é. !o>e >eJK JKvo vous us (u (u'i'ils ls aien aientt seul seulem emen entt découvert la disparition des deuE canotsM L :our Ga5 rien à craindre. Il > a des caisses vides à la place des absentes et tous leurs petits bateauE5 serrés les uns contr contree les autres5 autres5 sont sont recouve recouverts rts de la mBme bc%e. bc%e. Sans compter tout le matériel (u'ils ont arrimé parKdessusM L 0onM ne parlons plus de ce (ui est fait. :our ce (ui reste à faire5 &e vous propose donc ceci " &e vais tenter la visite du coffreKfort vers deuE %eures du matin. Si par eEtraordinaire &'étais surpris5 &e dirais (ue l'un de vous L toi5 pFre ;o&o L souffre d'une affreuse coli(ue et (ue &e suis à la rec%erc%e du docteur. D ,n ce c.as5 &e reviendrai peutKBtre ici avec le docteur et pour vous prévenir5 &e tousserai tout le lon du c%emin. Toi5 0aptistin5 tu me uetteras à l'entrée du sentier5 sous les arbresH et si tu m'entends tousser5 tu reviendras ici en vitesse prévenir ;o&o5 (ui fera le malade.
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,t ne réveilleJ leJ pas le mousseH ce soir5 dFs (u'il dormira5 nous baierons le bateau &us(u'à la sortie du port5 de faGon à pouvoir prendre la mer aussitt mon retour. L /llonsKnous partir avec ce méc%ant ouvernail N L -ui. Il ira trFs bienH pas le temps de remettre l'autre. / ce moment5 Tifernand recula doucement5 entraPnant 0ouboule. L !iens5 !iens5 lui soufflaKtKil5 nous en savons asseJ maintenant. L ;e te croisM soupira 0ouboule5 (ui5 plusieurs fois5 avait pressé la main de son ami pour souliner l'importance de ce (u'il entendait. Ils reanFrent l'arriFre du cotre et 0ouboule s'élanGa le premier vers la passerelle. ais Tifernand Tifernand s'arrBta devant le tas de matériauE et de caisses de mandarines. L Un instantM ditKil à 0oubouleH &e veuE voir (uel(ue c%ose. Il franc%it un rouleau de cordaes5 puis un tonneau et parvint à soulever un coin de la bc%e (ui recouvrait le m>stérieuE monticule. /uE derniFres lueurs du couc%ant5 il vit deuE caisses de mandarines posées l'une sur l'autre5 et il put les déplacer suffisamment pour découvrir5 derriFres elles5 la co(ue d'une embarcation (u'il connaissait bienH c'était "&2lan, le seul petit canot de la 6olonie (ui ft peint en bleu. ul doute (ue le second canot volé devait se trouver aussi sous la bc%e5 à cté de "&2lan. Tifernand poussa les caisses à leur place5 les recouvrit et sauta sur le (uai5 oV 0ouboule5 anEieuE5 l'attendait. iE
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minutes plus tard5 essoufflés par la course5 ils arrivaient au :alais. ans le %all d'entrée5 ils croisFrent 0ricot (ui s'en allait fumer une pipe sur la terrasse. L SaveJKvous oV est . !incent !incent N lui demanda Tifernand. L II est c%eJ lui. :our(uoiN ue t'arriveKtKil5 mon arsN L / moi5 rien5 répondit Tifernand Tifernand (ui dé&à rimpait l'escalier et (ui &ueait n'avoir pas une minute à perdre. L Rien5 crut devoir a&outer 0ouboule5 d'un air m>stérieuE. Ils trouvFrent l',nc%anteur dans un petit salon attenant à son bureau. Il était en train de faire une partie de dames avec . $ucas. $es &oueurs n'avaient pas encore tourné la tBte pour voir (ui entrait (ue Tifernand s'écriait dé&à " L onsieur !incentM !incentM $e patron et les marins du Souléou sont des voleurs M L iable M fit l',nc%anteur sur un ton à la fois surpris et amusé. L Oa n'aurait rien d'étonnant5 prononGa tra tran( n(ui uill llem emeent . $uca $ucass en dé dépl plaaGant Gant un pion pion sur le damier. ais5 vo>ant enfin le visae bouleversé des enfants5 il a&outa en fronGant les sourcils " L u'estKce (u'il > a N RaconteJ viteM :arlant à tour de rle ou tous deuE à la fois5 bientt pressés de (uestions5 Tifernand Tifernand et 0ouboule rapportFrent tout ce (u'ils avaient entendu et vu.
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$e sanKfroid et l'adresse dont ils avaient fait preuve ent% en t%ou ousi sias asmF mFre rent nt l',n l',nc% c%an ante teur ur (u (uii les les embr embras assa sa en leur leur disant (u'ils sauvaient la caisse de la 6olonie. L -%M confessa %onnBtement 0ouboule5 moi5 tout seul5 &e n'aurais rien sauvé du tout5 &e serais parti. 6'est Tifernand Tifernand (ui a voulu rester et (ui a découvert les canots. L 6ette canaille de :%ilippiM s'écria . $ucas eu arpentant le salon à randes en&ambées. -n télép%ona à . Qanc%et et au docteur 0onneKmain de venir immédiatement et l'on envo>a 0ouboule à la salle de &eu oV le mousse du Souléou était en train de faire une partie de boules avec trois arGons. 0ouboule devait l'em l'empB pBc% c%er er de rea rean ner er le :ort :ort55 en l'in l'info form rman antt (u (uee . !inc ncen entt vo voul ulai aitt le c% c%ar are err d' d'un unee co comm mmis issi sion on po pour ur son son patron. Il fut entendu (ue Tifernand et 0ouboule arderaient sur cette affaire un silence absolu &us(u'à nouvel ordre. /prF /p rFss un unee co conv nver ersa sati tion on d' d'un unee de demi miK%e K%eur ure5 e5 l',n l',nc% c%an ante teur ur eEposa un plan d'action (ui fut unanimement approuvé et (u'on commenGa d'eEécuter aussitt. $e mousse fut c%aré d'informer son patron (ue . Souléo éou u de venir prendre le !incent ncent priait priait l'é(uipa l'é(uipae e du Soul café5 au :alais5 aprFs souper. $e patron du cotre accueillit cette invitation avec une &oie non dissimulée. L ,Ecellente idée5 s'écriaKtKil en se frottant les mains et en clinant de l'il vers ses deuE complicesH eEcellente idée " moi (ui rerettais &ustement de n'avoir pas vu l'intérieur du c%teauM seulement5 les amis5 a&outaKtKil5 nous ne resterons pas lontemps làK%aut5
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car 5si nous voulons appareiller demain au petit &our5 il faudra se couc%er de bonne %eure ce soir. onc5 à %uit %eures5 les ens du Souléou, > compris le mousse5 déustaient une tasse de café dans le réfectoire en companie des randes personnes de la 6olonie. $a plupart des enfants avaient (uitté la tableH mais (uel (u el(u (ues esKu Kuns ns d' d'en entre tre eu euE5 E5 pa parm rmii les( les(ue uels ls se trou trouva vaie ient nt55 vous le penseJ bien5 Tifernand et 0ouboule5 suivaient avec intérBt une conversation enaée par . $ucas sur la faGon de naviuer par vent d'est. . $ucas feinait de man(uer d'eEpérience et flattait Souléo éou u en lui demandant des conseils. $es le patron du Soul deuE matelots ardaient le silence et paraissaient intimidés. ais5 en buvant à petits coups le conac (ue leur versait . !incent5 !incent5 ils observaient c%acun à la dérobée. L /%M dit soudain . Qanc%et5 &'oublie les deuE arGons (ui m'attendent à la bibliot%F(ue. Il (uitta brus(uement sa place et se diriea vers la porte. Tifernand5 suisKmoi5 murmuraKtKil en passant prFs de l'enfant. Une minute aprFs5 Tifernand re&oinait . Qanc%et dans le vestibule et tous deuE anaient la terrasse. L ous allons au :ort5 eEpli(ua l'instituteurH il fait frais. frais. ,sKtu suffisamm suffisamment ent couvertN couvertN -uiN 'ailleurs 'ailleurs55 nous allons marc%er vite. Ton pFre et 0ricot sont dé&à làKbas. ous avons (uel(ue c%ose à tirer au clair. Tu comprends5 mon vieuE Tifernand5 (ue ces filous ne sont pas asseJ bBtes pour faire connaPtre le vrai nom de
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leur bateau et son port d'attac%e. "ou$Souléou n'est pas "ou$Souléou et il ne vient pas plus de ice (ue de SFte. . Qanc%et et Tifernand se rendirent d'abord au %anar du :ort :ort55 moins oins po pour ur co cons nsta tate terr la disp dispar arit itio ionn de dess de deuE uE canots (ue pour se munir d'un marteau et d'un ciseau à froi froid. d. :uis :uis ils ils re&o re&oi ini nire rent nt 0ric 0ricot ot et . $ama $amand ndin in (u (uii étaient en train de fermer le :ort. /u milieu de la lonue &etée5 à l'endroit oV elle s'interrompait pour livrer passae auE bateauE5 il > avait un cabanon abritant une espFce de treuil. 6e treuil5 actionné par deuE %ommes5 déplaGait une poutre de fer (ui5 sortant de l'épaisseur de la maGonnerie5 barrait la sortie du :ort5 au ras de l'eau. $',nc%anteur avait prévu cette clture pour le temps oV les enfants faisaient dans le port leur apprentissae de pilotes et de mécaniciens. $eur manuvre accomplie5 0ricot et . $amandin se dissimulFrent derriFre le cabanon5 aprFs en avoir fermé la porte à clef. u (uai5 . Qanc%et5 au mo>en d'une lampe électri(ue de poc%e5 s'en fut eEaminer les inscriptions à l'a>ant du cotre "
? LOU SOUIEOU SETE II ne fut pas lon à constater (ue5 selon ses prévisions5 ces mots n'étaient pas peints à mBme la co(ue5 mais sur une pla(ue de ferKblanc (u'on avait badieonnée pour la rendre invisible. L 0on5 ditKil à Tifernand5 Tifernand5 faisons sauter cette pla(ueM :re :rend ndss ma lam lampe pe55 mon onte te sur le ba bate teau au55 pe penc nc%e %eKt Ktooi et éclaireKmoi5 A+
/vec le ciseau et le marteau5 . Qanc%et arrac%a la feuille de ferKblanc sous la(uelle il découvrit ces mots peints cette fois5 sur le bois "
? SERA#HINA SERA#HI NA AJACC&O L 6e sont donc des malandrins et des mandarines (ui viennent de 6orse5 s'écriaKtKil en riant. Il recloua soineusement la pla(ue et re&oinit nit Tifernand Tifernand sur le l e bateau. L ,claireKmoi encore " &'ai là une lettre pour le patronKcambrioleur et vais la déposer sur sa table5 dans la cabineH mais5 auparavant &e veuE mettre l'adresse. Il tira son st>lo et traGa sur l'enveloppe " Monsieur le patron patron du C Seraphina D d&A3accio.
L u'estKce (ue vous lui aveJ écritN demanda Tifernand Tifernand fort intriué. L !oilà5 répondit l'instituteur en dépliant la lettreH éclaireKmoi un peu5 nous avons le temps. ,t il lut à miKvoiE " Philippi a oublié de vous dire ue 3e suis sorcier sorcier et ue 3e sais tout ce u&il me pla4t de savoir. savoir. 0ous n&avez pas perdu en mer un pouce de l&e5cellent gouvernail ue vous cachez bord, bord, mais ce ue vous avez perdu perdu ici, c&est votre temps. 6e veu5 vous éviter d&en perdre perdre davantage 7 ne pensez plus mon co++re$+ co++re$+ort8 ort8 mettez mettez immédiatement l&eau et amarrez
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avec soin nos deu5 canots actuellement dissimulés sur votre pont8 débaruez la caisse de lampes et tous les ob3ets ue vous avez volés. 6&en ai la liste compl9te. :&oubliez rien Apr9s uoi, le Port, ui est +ermé, vous sera ouvert et vous vous part partir ireez immé immédi diat atem emen ent. t. DépDép-ch chez ez$vo $vous us,, 3e vous vous regarde. 6e peu5 vous signaler la police par *.S.;. et vous +aire arr-ter dans le premier port o/ vous entrerez. Mais 3e ne le +erais ue si vous n&e5écutiez pas ponctuellement mes ordr ordres. es. 0':)2:*.
L 0ravoM s'écria Tifernand. Tifernand. 6e (u'ils vont se sentir penauds M L Terriblement penaudsM 6e sera leur punition. L !ous Btes certain (u'ils vont obéirN demanda Tifernand Tifernand avec un peu d'in(uiétude dans la voiE. L Ils n'ont vraiment pas autre c%ose à faire5 répondit tran(uillem tran(uillement ent . Qanc%et Qanc%et en disparaissa disparaissant nt dans l'intérieu l'intérieur r du bateau. Il posa la lettre sur la table raisseuse autour de Souléo éou u avaient tenu conseil. la(uelle les ens du fauE Soul :uis5 tou&ours accompané de Tifernand5 il re&oinit sur la &etée . $amandin et 0ricot. L aintenant5 proposaKtKil5 accoudonsKnous tran(uillement au parapet en bavardant et en fumant une ciare ciarette tte.. Il ne fait fait pas froid froid et nous n'avo n'avons ns pas à nous cac%er H au contraire. . $ucas a d eEpédier nos brillants A?
invités une demiK%eure aprFs (ue &e suis sorti. $es trois %ommes se mirent à fumer en parlant à %aute voiE5 et les ens du cotre5 lors(u'ils arrivFrent sur le (uai5 en furent trFs désaréablement surpris. Ils s'eEpli(uFrent pourtant la présence des promeneurs nocturnes lors(ue le patron eut allumé la lampe de la cabine et trouvé la lettre. lettre. $e petit %omme suait et tremblait de peur5 tandis (u'il la lisait à ses companons. L 6o(uin de sortM s'écria celui (u'on appelait le pFre ;o&o5 il connaPt mBme le vrai nom du bateauM Il aura réussi5 peutKBtre5 à mettre la main sur le rle d'é(uipae N L Impossible5 répondit le patron " le rle est là5 dans la doublure de ma veste. L /lors il > a vraiment de la sorcellerie laK dessous M L / moins (ue nous n'a>ons été tra%is par :%ilippi. L ,n tout cas5 les amis5 la partie est perdue5 soupira le patron. ébar(uons tout ce (ue nous avons pris et filons5 si l'on veut bien nous laisser filerM Il se précipita sur le pont du bateau en donnant des ordres. Il lui fallut bien aussi mettre le mousse au courant de l'aventure. Fs (ue le cotre commenGa de s'animer5 0ricot alla dans le cabanon de la &etée tourner un commutateur5 et (uatre puissants réverbFres électri(ues s'allumFrent sur le (uai. / ce moment5 l',nc%anteur5 . $ucas et 0ouboule apparaissaient à leur tour sur le :ort. /u mo>en d'un mt de c%are et d'un palan5 les deuE canots volés furent rapidement mis à l'eau5 amarrés au (uai. :uis5 en rande %te5 et sans lever les >euE vers le roupe de spectateurs (ui les observait5 les
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Souléo éou u débar(uFrent deuE mate deuE matelo lots ts et le patro patronn du Soul successive successivement ment une caisse caisse de lampes lampes électri(ue électri(ues5 s5 un bidon d'essence de cin(uante litres5 une lonueKvue5 un rouleau de fil de fer5 une rosse bobine de fil électri(ue5 une lampe à souder5 un cble de fer5 trois c%aises de &ardin et divers outils. Il > eut un arrBt dans leur vaKetKvient et l'on put croire un instant (ue la restitution était terminée. ais (uatre caisses vinrent encore s'a&outer auE ob&ets rassemblés sur le (uai. L ,ncoreN dit . !incent. ue contiennent ces caissesKlà N es conserves N /vonsKnous laissé des conserves dans le %anar N L -ui5 répondit . $ucas " des petits pois. 6e sont probablement des caisses de petits pois. / ce moment5 les mains en porteKvoiE5 le patronK voleur5 tourné vers la &etée5 cria " L 6'est tout5 onsieurM L ;e le saisM ;e le sais affirma l',nc%anteur en se retenant de rire. !ous pouveJ laruer vos amarres et mettre votre moteur en marc%eH on va vous ouvrir le port. iE minutes aprFs5 sans (ue de part et d'autre un seul mot et été crié5 "a Séraphina, d'/&accio5 (uittait l'Ile Rosé et s'enfonGait dans la nuit. L 6e sont de pauvres boures5 dit . !incentH des canailles man(uées. L :as si man(uées (ue Ga5 protesta . $ucas. $eur coup était %ardi et asseJ bien combiné. Sans Tiferna%d et 0oEibcule... L -ui5 poursuivit l',nc%anteur5 sans Tifernand Tifernand et
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0ouboule5 nous devenions encore un peu plus pauvres5 car la clef du coffre est bien dans le tiroir du bureau. L ,lle n'> est plus5 déclara le docteurH &e l'ai fourrée dans mon ousset depuis lontemps M L ,% bienM ardeJKla5 mon c%er trésorierH et appreneJ (ue nous offrirons dimanc%e proc%ain un petit ban(uet en l'%onneur de Tifernand Tifernand et de 0ouboule. $e docteur éclata de rire. L Oa devait finir comme Ga5 ditKil. ,ncore des folies. ais5 cette fois5 &e vote les créditsH on manera des petits poisM ais en descendant sur le (uai pour eEaminer les ob&ets restitués5 nos amis s'étonnFrent de trouver5 non pas des petits pois5 mais des mandarines. uatre caisses de mandarinesM Sur l'une d'elles5 il > avait un papier (ui portait ces mots " remercier ier :our +aire appel votre indulgence et vous remerc du ca+é et de la goutte. Souléo éou u faisait une offrande au sorcier $e patron du Soul
dont la lettre ne l'avait pas rassuré et (ui pouvait encore disposer contre lui de la T.S.Q. Tout le monde se mit à rire devant cet aveu d'in(uiétude5 ce mélane de rouerie et de naYveté. L Soit5 dit . !incent5 !incent5 nous allons nous orer de mandarinesH il est %eureuE (ue les ntres ne soient pas encore mres. ais parviendronsKnous à maner toutes cellesKci avant (u'elles soient tées N Il > en a plus de deuE cents par caisse M / (uoi 0ouboule répondit " L -n fera un petit effort M
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UN #ARESSEU Toutes les mandarines furent consommées ées. /u ban(uet donné en l'%onneur des deuE petits C sauveteurs D5 il en fut mané plus de cent. 0ouboule5 (ui avait promis de C faire un petit effort D5 en manea cin( pour sa part. 6e &ourKlà5 . $ucas avait eu l'idée de décorer le
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réfectoire avec des mandarines dont il avait fait des uirlandes5 ou plutt des c%apelets5 en les enfilant sur une ficelle5 par leur aEe5 sans en abPmer les tranc%es. $e menu de ce dé&euner fut5 à part les petits pois de conserve5 entiFrement assuré par les produits de la 6olonie " olives5 radis5 lanoustes5 poulets5 salades5 fromaes à la crFme faits avec le lait des c%Fvres5 amandes et fiues sFc%es. $es &ours5 les semaines passFrent. $es oranes du parc donnFrent une récolte asseJ belle pour (ue me $amandin pt faire une centaine de Xilos de confitures d'oranes. uand on en eut fini avec les arbustes et la vine5 on sema des %aricots5 des petits pois5 des pois c%ic%es5 des fFves5 des lentilles. -n défonGa et l'on fuma5 prFs de la ferme5 un beau carré de terre pour les melons et les tomatesH enfin5 l'on poursuivit les travauE de terrassement. $a petite voie ferrée5 partant des abords du p%are nord5 loneait5 comme on sait5 le c%emin du \erdeau et aboutissait à la route en construction5 entre la ferme et l'ancien terrain d'atterrissae. $es Zaonnets5 amenés au bord de la mer5 étaient c%arés de alets dont le c%emin et la route furent empierrés. Un rouleau de labour5 au(uel on attela outon5 incrusta ces alets dans le sol préalablement arrosé et (ue l'on recouvrit ensuite d'une épaisse couc%e de ravier. e c%a(ue cté de la route il fallut creuser un petit fossé pour l'écoulement dess eauE de eauE.. $es plui pluies es55 à l'Il l'Ilee Ro Rosé sé55 ne du dura raie ient nt &am &amais lontemps5 mais elles étaient trFs violentes. /u début de mars5 la route et le c%emin étaient à
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peu prFs ac%evés. Tout le monde > avait travaillé. -n avait mBme vu . !incent et le docteur 0onnemain pousser la brouette et . $ucas briser un manc%e de pioc%e en s'atta(uant à une rosse racine. Il > avait des endroits nus et pierreuE auE abords du terr terrai ainn d' d'at atte terr rris issa sae e oV la rout routee s'ét s'étai aitt trou trouvé véee pres pres(u (uee toute faite. ais en descendant vers le port5 il avait fallu se fra>er un passae en lacets dans un terrain broussailleuE et boisé5 creuser beaucoup et faire sauter des roc%ers à la d>namite. 0ricot5 . 6ormier5 . $amandin et son fils :aul5 auE(uels se &oinaient souvent . Qanc%et5 . $ucas et les deuE ardiens de p%ares5 avaient eEécuté le plus rude et le plus ros de l'ouvrae. erriFre euE5 les &eunes é(uipes éalisaient et débla>aient le sol5 allumaient de rands feuE de bru>Fres et d'a&oncs épineuE. /utant (ue les plantations5 ces travauE passionnFrent les les en enfa fant ntss do dont nt il fall fallut ut souv souven entt modé modére rerr l'ar l'arde deur ur.. Ils Ils auraient voulu (ue la route ft terminée en deuE &ours5 (ue la vine donnt dé&à des raisins5 (ue les &eunes arbres fruitiers fussent c%a(ue &our sensiblement plus rands et plus ros (ue la veille. L 6e (u'il est lon à pousser5 celuiKlà5 disait un &our 0ibi en eEaminant un petit pBc%er (u'il avait aidé à planter un mois auparavantM L Il est comme toi5 0ibi5 lui fit observer le docteur 0onnemainH voilà bientt trois ans (ue tu es à l'Ile Rosé et tu n'as pas encore de barbeM L ais &'ai randi5 protesta 0ibi.
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L -ui. ,t tu verras ce pBc%erKlà5 dans trois ans " il aura randi plus (ue toiM Il fallut (ue . Qancbet enseint la patience et la persévérance à ses élFves et leur montrt les avantaes d'un labeur calme et soutenu. L ous ne faisons pas une course de vitesse5 leur eEpli(uaitKil5 mais une course de fond. ,t mBme5 nous ne faiso aisons ns pa pass de co cour urse se du tou tout. o ous us en entr treepren prenon onss de marc%er pendant des années. Il nous faut adopter un pas éal et mesuré. Si l'on attelait des c%evauE de course à une c%a %arr rrue ue55 ils ils tra tracer ceraien aientt pe peut utKB KBtr tree le prem premie ierr sill sillon on en courant5 mais ils ne pourraient pas en tracer un second. Ils seraient essoufflés5 fourbus5 en nae5 comme il arrive si souvent à Tifernand5 par eEemple. Tifernand devrait bien prendre eEemple sur son papa (ui sait travailler lontemps sans se fatiuer et (ui prend le tem temps de rouler une ciarette en reardant le pa>sae ou en écoutant c%anter un oiseau. D Tifernand et ses camarades surent bientt travailler comme . $amandin5 mais5 bien entendu5 sans rouler de ciarettes. Ils devinrent plus appli(ués dans leurs travauE et moins impatients des résultats5 car ils avaient dé&à sous les >euE une réalisation importante et en somme rapide " la route. ,t ils vo>aient aussi de &our en &our se déplier de tend tendre ress pe peti tite tess feui feuill lles es sur sur les les arbu arbust stees (u (u''ils ils ava vaie ient nt plantés. ais ais55 dire direJK JKvo vous us55 tou ouss les les en enffan ants ts de la 6o 6olo lonnie étaientKils pareillement couraeuE5 dévoués à l'entreprise communeN '> avaitKil aucun paresseuE5 aucun maladroit5 aucun éoYste N Si. Il > avait5 il > eut d'abord (uel(ues maladroits ?*
(ui ne man(uaient pas de bonne volonté. $es leGons de . 6ormier ou de . Qanc%et les rendirent bientt %abiles et débrouillards comme les autres. 6ertains arGons montrFrent une fc%euse tendance à se faire servir par leurs camarades5 à nélier un travail5 à le remettre à plus tard5 ou à le laisser inac%evé. $eur plus rande punition était de voir vo ir un &our &our (u (ueel(u l(uun unee de dess ra rand ndes es pe pers rson onne ness de la 6olonie5 me Qanc%et5 le octeur ou . !incent luiK mBme5 réparer leur nélience5 effectuer une corvée à leur place5 ac%ever leur travail abandonné. 6'est ainsi (ue $ouis artin pleura de %onte et de dépit certain soir d'%iver en vo>ant entrer dans le réfectoire me Qanc%et (ui portait un panier rempli de bc%es tandis (ue . $ucas se précipitait auKdevant d'elle et s'emparait du panier en s'écriant " L 6%Fre amieM !ous Btes allée &us(u'au bc%er c%erc%er tout ce boisM uel est le propreKàKrien (ui devait le faireN ,t pour(uoi ne pas m'avoir demandé5 à moi... $e C propreKàKrien D5 c'était $ouis artin5 (ui5 deuE &ours de suite avait oublié d'approvisionner la l a c%eminée du réfectoire5 lui5 le plus robuste et l'aPné de tous les arGons. Il n'oublia plus &amais dans la suite. Il > eut aussi un paresseuE (ui adoptait tou&ours le moins dur de l'ouvrae et se bornait le plus souvent à tenir companie à ceuE (ui travaillaient. Son é(uipe avaitKelle besoin d'un outil5 (u'il se c%areait aussitt d'aller le c%erc%er à la ferme. -n ne revo>ait cet oblieant commissionnaire (u'au moment oV le travail allait cesser.
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Il s'appelait Ra>mond5 mais on l'avait surnommé C TireKauKflanc D. Un matin5 à l'épo(ue oV l'on empierrait la route5 ce Ra>m Ra>mon ond5 d5 av avec ec cin( cin( au autr tres es a arG rGon ons5 s5 de deva vait it remp rempli lirr de ale a lets ts les les Za Zao onn nnet etss auE uE(u (uel elss :aul :aul $ama $amand ndin in ve vena nait it ensuite atteler le c%eval. 7 'était un travail amusant pour le(uel Ra>mond s'était luiKmBme proposé. 6%acun5 c%oisissant des alets d'une certaine rosseur5 en emplissait un panier. $es enfants avaient imainé un &eu (ui consistait à se mettre à deuE pour balancer un panier plein et l'envo>er dans le Zaonnet oV les alets se répandaient avec bruit. TireKauKflanc s'amusa d'abord à lancer son panier de trFs loin5 aprFs > avoir mis seulement deuE ou trois aletsH puis à lancer des alets un à un dans le ZaonnetH enfin s'éloinant du c%antier5 il ana le bord de la mer5 &eta son panier à l'eau pour voir s'il allait flotter5 et dut se déc%ausser pour aller le c%erc%er. /prFs (uoi5 il se mit une %eure durant à rec%erc%er des caillouE plats et à faire des ricoc%ets. Ses camarades5 (u'animait le désir de remplir c%acun le plus rand nombre possible de paniers5 l'avaient oublié5 ne le vo>ant plus auprFs d'euE. . Qanc%et5 deuE fois dans la matinée vint c%erc%er les Zaonnets à la place de :aul5 occupé ailleurs. Il vit comment Ra>mond avait abandonné le travail et se arda bien de l'appeler ni de faire aucune observation. ais le lendemain5 au moment de la formation des é(uipes5 il déclara (ue Ra>mond irait à la salle de &euE s'amuser comme bon lui semblerait et (ue le petit 0ibi prendrait sa place dans une é(uipe.
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Tout le monde se mit à rire et TireKauKflanc le premier5 car il cro>ait (ue . Qanc%et plaisantait. ais les travailleurs partirent et Ra>mond reGut l'ordre formel de rester au :alais5 ou d'aller sur la :lae Rosé fait des ricoc%ets. L !a &ouer seul5 et non pas auprFs de ceuE (ui travaillent5 lui dit l',nc%anteur. l',nc%anteur. TireKauKflanc fut d'autant plus veEé (u'il avait treiJe ans et (u'il était rand et vioureuE. Il alla trouver me $amandin. L adame $amandin5 donneJKmoi de l'ouvraeM /veJKvous du café à moudre ou du fromae à rper N ;'aimerais bien faire GaM L on5 non5 répondit sFc%ement me $amandin5 Ga te fatiuerait. ,t d'abord5 si tu veuE de l'ouvraé5 va donc en demand demander er à . Qanc%et. Qanc%et. ais ais tu ferais ferais mieuE mieuE d'aller d'aller &ouer avec Toinou Toinou et Ri(uet (ui font des ptés au pied de la terrasse. Ra>mond finit par se trouver une occupation " $ors(ue ses camarades revinrent en c%antant5 pour le dé&euner5 ils le virent arriver de son cté avec une serfouette sur l'épaule. Sur une lonueur de trente mFtres5 il avait comp co mplF lFte teme ment nt dé dés% s%er erbé bé les les plat plates esKb Kban ande dess (u (uii bo bord rdai aien entt l'allée du 7rand 6Fdre et (ue . 6ormier avait d nélier depuis (uel(ue temps. L / la bonne %eure5 lui dit simplement . Qanc%et Qan c%et en lui serrant la mainH efforceKtoi de continuerM
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LE CCLONE ,n avril5 il > eut d'abondantes pluies5 trFs profitables auE plantations. urant prFs de trois semaines l'eau tomba5 et les randes citernes (ui5 sous les terrasses du :alais5 en pouvaient contenir trois cents mFtres cubes5 furent pres(ue entiFrement remplies pour l'été. -bli -b lié éss d' d'ab aban ando donn nner er les les trav travau auEE de plei pleinn air air5 les les enfa en fant ntss fré( fré(ue uent ntFr Fren entt da dava vant nta aee l'éc l'écol ole. e. /ssis ssisté té de . 6ormier5 . . Qanc%et leur fit un cours sur toutes les cultures (u'on pouvait entreprendre à l'Ile Rosé et sur les soins (ue réclamait c%acune d'elles.
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-n oranisa5 dans la salle de &euE5 d'interminables parties de boules. /rFs de >mnasti(ue et balanGoires retrouvFrent des amateurs. 'empBc%e (u'entre les averses on fPt d'admirables cueillettes de petits pois et (ue le bateau de pBc%e sortit en mer tous les &oursH il revenait c%aré de sardines dont les paraes de l'Ile Rosé furent momentanément enva%is. Il fallut souvent5 comme pour les man anda dari rine ness du Soul Souléo éou, u, faire un effort pour les maner toutes et me $amandin dut consulter maint ouvrae de cuisine pour trouver toutes les faGons de les accommoder. Tifernand5 (ui avait entrepris de composer un calendrier de l'Ile Rosé5 nota5 pour le mois d'avril " C :luie5 petits pois5 sardines5 salle de &euE. D ,n mai et &uin5 les enfants s'ent%ousiasmFrent plus (ue &amais pour les travauE de la terre. $e temps était radieuEH sans sans rien rien pe perd rdre re en enco core re de sa fraP fraPc% c%eu eurr prin printa tani niFr Fre5 e5 la véétation atteinait son plus bel éclat. $es &ardins (ui entouraient le :alais avaient été moins apprBtés (ue les années précédentes " (uantité de plantes5 parmi les plus rust usti(ue i(uess et les les plus plus viva vivace ces5 s5 é éra rani nium ums5 s5 ané ném mon onees5 iroflées5 iris5 verveines5 tulipes5 s'étalaient librement et débordaient les allées. $e temps des mimosas était dé&à passé5 mais des rosés de toutes les espFces et de toutes les nuances s'épanouissaient par centaines5 mBlant leur parfum à celui des acacias. me Qanc%et5 tandis (ue la petite Rosette dormait dans sa voiture5 à l'ombre5 &ardinait pres(ue c%a(ue &our avec une é(uipe de trois arGons5 à la(uelle se &oinait Rirette. uant au potaer (ui s'étendait dans le voisinae
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de la ferme5 il faisait la &oie et l'orueil des enfants5 car le temps de la récolte était venu. Ils avaient euEKmBmes semé ou planté5 ils avaient lonuement soiné ces beauE léumes dont ils se réalaient c%a(ue &our. / :aris5 T%éo n'avait &amais voulu maner d'épinardsH sa mFre les ac%etait tout cuits c%eJ la fruitiFre et il cro>ait (ue ce %ac%is vert était composé de fanes de carottes5 d'épluc%ures de salade et de vieilles bottes de mouron. ais il avait maintes fois arrosé les épinards de l'Ile RoséH il les avait délivrés du c%iendent et des liserons lors(u'ils sortaient de terreH il les avait vus peu à peu couvrir le sol d'un tapis épais et manifi(ue. $e &our oV5 assisté de 0ouboule5 il fut c%aré d'en cueillir cueillir deuE rands paniers en c%oisissant c%oisissant les branc%es branc%es les plus lonues et les mieuE fournies5 il en cro(uait une feuille de temps en temps avec une ourmandise toute neuve et5 à table5 il en reprit deuE fois. Il > eut des salades5 des c%ouE5 des artic%auts pour les( les(ue uels ls no noss pe peti tits ts &ard &ardin inie iers rs se prir priren entt d' d'un un vé véri rita tabl blee amour. / table5 le soir5 on pouvait entendre Tifernand5 par eEemple5 demander à l'un de ses camarades " L Tu étais de l'é(uipe d'arrosae au potaer5 tanttN 6omment va la petite laitue du troisiFme ran5 tu sais5 la malade5 celle (ui se faneN L on vieuE5 répondait le arGon interpellé5 &e crois (u'elle est fic%ueM Un ver blanc a d lui couper la racine. / la fin de &uin5 l'on récolta deuE mille trois cents Xilos de pommes de terre. -n en avait planté vint
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rans de cent pieds c%acun5 de sorte (ue c%a(ue pied produisit en mo>enne un peu plus d'un Xilo. Rien de plus amusant5 de plus eEcitant (ue la récolte des pommes de terre. écouvrir cin(5 siE5 %uit pommes de terre à la place oV l'on en a enfoui une5 (uatre ou cin( mois auparavant5 n'estKce pas miraculeuEN /insi5 la provision fut à peu prFs assurée pour une annéeH de mBme pour les oinons5 énormes et si douE (u'on les pouvait maner crus5 en salade. Il > eut aussi (uel(ues fraises et des cerises5 cellesKci produites par les arbres en plein rapport (ue l',nc%anteur avait fait planter au temps de son installation à l'Ile Rosé. / mesure (ue la c%aleur aumenta5 les travauE diminuFrent. /u début de &uillet5 il ne restait plus à soiner (ue les tomates5 les auberines5 les melons5 toutes c%oses (u'il fallait arroser abondamment. Il fallait aussi labourer et biner la vine pour empBc%er (u'elle ft enva%ie par les %erbes. aturellement5 les &eunes plants ne pouvaient rien produire encore. ais il > avait dans le parc des tonnelles et des ramades recouvertes de c%asselas et de muscats (ui promettaient de fameuE desserts pour les mois d'aot et de septembre. Qiuiers5 amandiers et pruniers montraient aussi dess frui de fruits ts ab abon onda dant nts. s. ais ais no noss &ard &ardin inie iers rs s'oc s'occu cupa paie ient nt surtout des tomates et des melons dont on se promettait de faire une rande consommation tout l'été. 8élasM il n'en devait pas paraPtre beaucoup sur la table5 ainsi (u'on va le voir.
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epuis epu is la no nouv uvel elle le or oran anis isat atio ionn de la 6o 6olo loni nie5 e5 la famille $amandin disposait de c%ambres au :alais5 oV elle partaeait entiFrement la vie commune. ais à la belle saison5 elle s'en allait le plus souvent5 aprFs le repas du soir5 couc%er dans la c%armante maison du :ort oV nous avons vu me $amandin et Tifernand au début de ce récit. /insi . $amandin se trouvait5 le matin5 tout prFs de son atelier de menuiserie et :aul5 spécialisé dans la pBc%e5 pouvait5 à la faveur des lons &ours5 préparer filets et amorces avant d'aller au lit. onc5 un matin5 dans la petite maison5 alors (uo l'aube pointait à peine5 Tifernand5 Tifernand5 dont la c%ambre5 au premier et uni(ue étae5 communi(uait avec colleKdé :aul5 Tifernand fut réveillé en sursaut par un coup de tonnerre si violent (ue l'enfant5 d'instinct5 se protéea la tBte avec les bras. /u mBme instant5 par la fenBtre ouverte5 des rBlons ros comme des billes venaient frapper le sol et rebondir &us(u'au pied du lit. :aul apparut en c%emise et ferma la fenBtre non sans peine5 tandis (ue se multipliaient les éclairs5 suivis de l'épouvantable fracas du tonnerre. $a rBle5 redoublant de violence5 brisa deuE carreauE. L Il faut fermer les volets5 dit :aul. 8abillonsKnous d'abord. uel(ues instants aprFs5 cramponné à la barre d'appui de la fenBtre5 le visae criblé de rBlons5 il parvenait à tirer les volets.
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Tifernand Tifernand voulut donner de la lumiFre. ais le courant électri(ue faisait défaut. $e vacarme devint si assourdissant (ue les deuE arGons n'entendirent pas leur pFre (ui les appelait dans l'escalier et (ue . $amandin dut monter les c%erc%er " me $amandin avait peur et voulait sentir tous les siens prFs d'elle. $a salle à maner du reJKdeKc%aussée ouvrait sur la terr terras asse se au mo> o>een de po port rtes esKf Kfen enBt Btre ress do dont nt plus plusie ieur urss carreauE venaient d'Btre fBlés ou brisés par l'orae. . $amandin ne pouvait essa>er de fermer les volets5 car les rBlons amassés sur la terrasse atteinaient une %auteur de (uarante centimFtres. Rirette pleurait5 accroc%ée à sa mFre (ui ne parvenait pas à dissimuler son propre effroi. effroi. L /%M mes enfants5 soupira me $amandin aprFs avoir embrassé ses deuE arGons5 &e n'ai &amais vu rien de semblableM Tu as d avoir peur5 làK%aut5 mon Tifernand N Tifernand n 'eut pas le temps de répondre " un éclair l'éblouit5 un fracas épouvantableM le secoua tout entier. Une pluie de tuiles s'abattit sur la terrasse5 précédant une énorme branc%e de pin et5 sous le c%oc de celleKci5 la porte s'ouvrit toute rande. Rirette et Tifernand se &etFrent contre me $amandin (ui poussa un cri. L $a foudre a d tomber sur la maison5 dit . $ama $amand ndin in.. ais ais ne nous affo affolo lons ns pas. pas. 6' 6'es estt fini finiHH no nous us sommes saufs. L /llonsKnousKen /llonsKnousKen d'ici5 émit me $amandin. L 6ourons &us(u'au %anar5 ce n'est pas loin5 proposa :aul.
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L ,t du %anar5 on pourra télép%oner au :alais5 a&outa Tifernand. 6ette remar(ue décida . $amandin. Il > avait5 en effet5 un poste télép%oni(ue au %anar (ui5 d'autre part5 offrait plus de sécurité (ue la maison5 car il n'était pas comme elle entiFrement enfoui sous les rands arbres. me $amandin enveloppa Rirette dans une cou ouve vert rtur ureeH elle elleKm KmBm Bmee se cou ouvr vrit it d' d'un un tapi tapiss de tab tableH leH Tifernand s'accommoda d'une vieille veste de son pFreH . $amandin mit un cas(ue de liFe et un pardessus5 et :aul revBtit son ciré de matelot. /ins /insii prot proté éée ée co cont ntre re les les rBl rBlon ons5 s5 tout toutee la fami famill llee s'aventura bravement de%ors. $a foudre n'avait pas atteint la maison5 mais un pin éant situé derriFre et un peu auK dessus d'elle. $'arbre s'était abattu sur le toit dont il avait rompu ompu le faPt faPta aee5 ba bala la>é >é les les tuil tuiles es et (u (u''il reco recouv uvrrait ait entiFrement de ses branc%es. Un coup d'il suffit à . $amandin pour constater ce désastre5 tandis (ue me $amandin5 tenant par la main Rire Rirett ttee et Tifern fernan and5 d5 s'ef s'effforGa orGant nt av avec ec eu euEE de fran franc% c%ir ir d'énormes branc%es5 découvrait dans la couc%e de rBlons oV ses pieds enfonGaient5 les débris de ses pots de éraniums mBlés à ceuE des tuiles. Sur le c%emin (ui loneait la bere5 nos amis durent plusieurs fois s'arrBter et s'arcKbouter contre la tempBte. 0ien (u'il fPt pres(ue &our5 il était impossible de distinuer les ob&ets à siE pas devant soi. ais entre deuE détonations de la foud foudre re55 on en ente tend ndai aitt %u %url rler er luu luubr brem emeent la mer démontée. ,t le port était luiKmBme
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si aité (ue des pa(uets d'eau et d'écume s'abat talent sur le c%emin et &us(ue sous les arbres. :aul5 (ui marc%ait en tBte5 découvrit successivement devant lui deuE petits canots (ue le flot avait pro&etés sur la bere5 puis un troisiFme5 brisé contre un tronc de pinK parasol. ais il se précipita vers le %anar dont il poussa5 de l'épaule5 la lourde porte à lissiFre. Un instant aprFs toute la famille était à l'abri dans le vaste btiment5 et Tiferna ernand nd55 vite ite rass rassur uréé5 s'é s'émerv mervei eill llaait en éco cout utan antt la tambourinade assourdissante de la rBle sur le toit. 6e fut en vain (ue . $amandin essa>a de télép%oner au :alais. $a line était rompue5 ainsi (u'on pouvait bien s'> attendre. /lors lors55 en se tena tenant nt à (u (uel el(u (uees pa pass de l'en l'entr trée ée55 il observa le port5 en companie de ses arGons5 tandis (ue me $amandin s'installait avec Rirette au fond du %anar5 prFs de l'établi du menuisier. menuisier. / la rBle succéda brus(uement une pluie torrentielle sans (ue la violence de l'ouraan s'en trouvt diminuée. 6ependant5 la clarté s'accrut et tout le port devint visibleH il offrait un spectacle désolant et randiose " des vaues éantes déferlaient sur la &etée (ui était emportée en son milieu sur une lonueur d'une (uinJaine de mFtres. Sur les diE petits canots %abituellement tirés sur le sable5 non loin du arae5 il en restait trois5 retournés5 (uille en l'air et battus par les vaues sans compter ceuE dont il est parlé plus %aut. :armi ces trois canots5 Tifernand Tifernand reconnut le sien. $a bar(ue de pBc%e5 "a Rascasse, avait disparuH (uant à "a (aladeuse, elle avait (uitté sa place5 le lon de la
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&etéeH a>ant %eureusement rompu son amarre d'avant5 elle avait pivoté sur l'amarre d'arriFre (ui semblait s'Btre relc%ée. /insi5 la tartane n'offrait plus (ue sa poupe auE pa(uets de mer (ui passaient parKdessus la &etée. ais elle allait et venait comme une bBte affolée (ui tire sur sa laisse dans tous les sens et ris(uait à tout moment d'Btre pro&etée sur le (uai. L 1l faut absolument aller l'amarrer par l'avant5 dit . $amandin. L /llonsK>M s'écria s'écria Tifernand. Tifernand. L Toi5 oi5 lui répli(ua son pFre5 tu vas me faire le plaisir de rester ici avec ta mFre et ta sur. 6in( minutes plus tard5 . $amandin et :aul (uittaient le %anar. Ils emportaient deuE vieilles enve en velo lopp ppes es de pn pneu euma mati ti(u (ues es a> a>an antt ap appa part rten enuu au trai trainn d'atterrissae du #rand$%ora #rand$%oraa, a, afin de les faire pendre si besoin le lon de la co(ue pour empBc%er celleKci de porter directement sur la pierre du (uai. "a (aladeuse roulait à (uel(ues mFtres du rivae5 tendant à la rompre son uni(ue amarre (ui5 par bon%eur5 était solide et bien attac%ée. 6e fut au mo>en de cette amarre5 à la(uelle il s'accroc%a par les &arrets et par les mains5 (ue :aul put atteindre le bateau5 non sans avoir été un instant submeré par une vaue (ui ne put %eureusement lui faire lc%er prise. e l'avant5 il lanGa vers son pFre un filin (ue . $amandin passa dans l'un des ros anneauE scellés dans la pierre. "a (aladeuse fut amenée proressivement le lon du (uai5 le plus loin possible de la &etée5 le vent aidant à la manuvre. 1@?
/ ce momentH trois %ommes surirent sur le port. 6'étaient . $ucas5 . Qanc%et et 0ricot. 6%aussés de aloc%es5 vBtus de toile %uilée5 ils arrivaient par la nouvelle route. L 0ravo5 les amisH s'écria . $ucas en accourant le premier vers les deuE travailleurs5 dFs (ue nous avons pu voir5 de làK%aut5 les vaues passer sur la &etée5 vous penseJ bien (ue nous avons été in(uiets sur le sort des bateauEM /lle /lleJJ vite ite vo vous us mett mettre re à l'a l'abri5 bri5 $am $aman andi dinn " vo vous us Btes tes ma ani nifi fi(u (uee av avec ec vo votr tree pa pard rdes essu sus5 s5 vo votr tree cas( cas(ue ue et vo voss espadrilles. ais ce n'est tout de mBme pas une tenue pour la marine de l'Ile Rosé5 surtout par le temps (u'il fait.
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. $amandin se contenta de relever &us(u'auE enouE son pantalon (ui lui collait auE &ambes. iE minutes plus tard5 toutes précautions étant prises pour (ue "a (aladeuse ne court aucun ris(ue5 tout le monde rentrait au %anar. me me $am $aman andi dinn a> a>an antt trou trouvé vé55 da dans ns les les cais caisse sess de provisions emmaasinées là5 des tablettes de potae concentré5 avait confectionné un bouillon à l'eau de pluie dans une boPte de ferKblanc5 en utilisant le fourneau à pétrole (ui servait à faire fondre le oudron pour les bateauE. 6%ac 6% acun un bu butt à mBme mBme le réci récipi pien entt (u (uel el(u (ues es o or rée éess brlantes5 tandis (u'on éc%aneait force nouvelles. . $uc $ucas5 as5 bien bien (u (u''il et d' d'ab abor ordd essa essa>é >é de pla plaisan isante terr5 ne pouvait surmonter son in(uiétude et sa tristesse5 car il vena ve nait it d' d'ap appr pren endr dree la disp dispar arit itio ionn de "a Rascasse et de constater de loin les déts de la &etée. . Qanc Qanc%e %ett en enle leva va da dans ns ses ses bras bras Tifern fernaand nd55 pu puis is Rirette pour les embrasser (uand il apprit les daners (u'ils avaient courus. -n ne co conn nnaaissa issait it pa pass enc ncor oree tous tous les les méf méfaits aits du c>clone5 mais il > avait beaucoup de vitres brisées au :alaisH la foudre était tombée trois fois sur les paratonnerresH la salle de &euE était inondéeH des débris de toutes sortes &onc%aient les terrassesH les &ardins étaient ravaés et la route nouvelle5 encombrée d'arbres déracinés et de bran branc% c%es es bris brisée ées5 s5 étai étaitt tran transf sfor ormé méee en un torr torren entt boueuE. ,n mBme temps (ue . $ucas5 . Qanc%et et 0ricot se rendaient au :ort5 l',nc%anteur et le docteur 0onnemain étaient partis pour la ferme5 (ue . 6ormier %abitait seul.
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L ,t nos salades5 et nos melons5 et nos tomatesM se lamentait Tifernand. Tifernand. L Ils doivent Btre bien malades5 dit . Qanc%et. $a pluie5 cependant5 cessa brus(uement et le ciel se déaea vers le ord. 0ien (ue la mer ft tou&ours aussi forte5 . $ucas et :aul s'aventurFrent sur le (uai de la &etée. Ils virent (ue l'amarre de "a Rascasse avait été rompue. $e bateau5 sans doute5 avait coulé5 mais l'eau du :ort étai tait trouble et trop aitée pour (u'on pt rien apercevoir. L ,n route pour le :alaisM proposa . Qanc%et. L -ui5 rona . $ucas5 allons tou&ours dé&euner.. dé&euner.. ous verrons aprFsM Ils allFrent d'abord &us(u'à la petite maison au toit écrasé5 la maison des $amandin5 dont l'entrée était obstruée par un réseau ineEtricable de branc%es brisées. . $amandin put tout de mBme > pénétrer pour aller c%erc%er des souliers. Rirette lui demanda de C sauver D du mBme coup une mal%eureuse poupée (ui devait Btre à demi morte de peur. :endant ce temps5 sur la bere5 Tifernand5 Tifernand5 aidé de :aul et de 0ric 0ricot ot55 rem remetta ettait it sur leur leur (u (uil ille le les les tro trois cano canots ts retournés par le flot5 en commenGant par "a Rirette. Rirette. $eurs moteurs5 atteints par l'eau5 ne semblaient pourtant pas trop endommaés. :uis l'on s'ac%emina vers le :alais5 :aul portant sur ses épaules Rirette et sa poupée. $'aspect de la route était vraiment navrantH il semblait bien (ue tous les alets dont on avait empierré
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le sol avec tant de peine et de soins fussent descendus5 arrac%és par les eauE5 &us(u'au :ort. $es fossés destinés à l'écoulement de la pluie étaient comblés de sable et de pierresH des talus s'étaient éboulés5 entraPnant ici un arbre5 là un poteau télérap%i(ue. L ,%M dit mélancoli(uement 0ricot5 nous pouvons préparer nos brouettes et nos pellesM L ,t nos bras5 a&outa Tifernand. Tifernand. . Qanc Qanc%e %ett co cons nsta tata ta (u (uee la rout routee étai étaitt trop trop plate late55 (u'e (u 'ell llee s'ét s'étai aitt creu creusé sée5 e5 dé défo fonc ncée ée en son son milie ilieuu et (u (u'i'ill faudrait la refaire en dos d'ne. Refaire la routeM Refaire maintes autres c%oses5 sans douteH réparer5 remplacer5 reconstruireM 6%acun > pensait avec in(uiétude en c%erc%ant (uel(ue place oV poser le pied sans (u'il dispart tout entier dans la boue... Ils parvinrent prFs du rand cFdre5 (ue la foudre avait %eureusement éparné. . $ucas5 (ui marc%ait en tBte5 rema remar( r(ua ua sur sur le sol5 sol5 pa parm rmii les les feui feuill lla aes es dé déc% c%i( i(ue ueté tés5 s5 (uel(ue c%ose comme un c%iffon (ui remuait faiblement. 6'était le perro(uet [oraa5 trempé5 déplumé5 souillé5 lamentable. Il n'était pas mort5 mais ne pouvait plus tenir sur ses pattes5 ni mBme battre de l'aile. L onneJKmoi (ue &e le réc%auffeM s'écria Rirette. :rends ma poupée5 onsieur $ucas et donneKleKmoiM ,t elle a&outa5 pres(ue pleurante " L :enseJKvous (u 'il uérira N L ais oui5 mais oui5 répondit . $ucas en essu>ant l'oi l'oise seau au av avec ec son son mou ouc% c%oi oirr. Il est est co com mme toi toi et moi5 oi5 Rirette5 il a besoin d'aller prendre un bon café.
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INUI-TUDES LE SALUT #AR LA LANOUSTE urant les deuE &ours (ui suivirent le c>clone5 la 6olonie connut pour la premiFre fois la tristesse et le découraement5 car les déts étaient plus considérables (u'on ne l'avait d'abord imainé. Il ne restait rien des plantations d'été " tomates5
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auberin auber ines5 es5 cou cour rett ettes5 es5 salade salades5 s5 melon melons5 s5 avaien avaientt été %ac%és par la rBle. $a vine et les arbres fruitiers ne portaient plus de fruits et leur feuillae était lamentable. Seules (uel(ues fiues5 encore vertes et dures5 avaient résisté. $e c%emin du !erdeau5 un temps inondé5 comme toute la plaine5 était ensuite réapparu à peu prFs intact5 mais la &eune vine5 recouverte entiFrement par la rBle pendant plusieurs %eures5 avaient beaucoup souffert et nombre de pieds5 sans doute5 étaient perdus. $e pont situé à l'embouc%ure du 7randK!erdeau5 au fond de la 0aie des uinJeK:as5 avait été emporté5 toutes les toitures étaient endommaées5 notamment celles des btiments de la ferme5 (ui avaient perdu la moitié de leurs tuiles5 et celle de l'ancien %anar d'aviation5 formée de pla(ues de tle ondulée (ue l'on retrouva par diJaines un peu partout et &us(u'au p%are ord. $e centre de la voliFre était formé par une sorte de pavillon surélevé5 recouvert d'un toit de roseauE sous le(uel les oiseauE venaient c%erc%er l'ombre. 6e toit avait été arrac%é tout entier et pres(ue tous les oiseauE étaient morts ou disparus. isparu aussi le c%eval outon5 du moins pendant tout le &our (ui suivit l'orae. l'orae. ,ffra>é ,ffra>é par la foudre5 foudre5 il avait rompu son licol et5 la porte de son écurie étant ouverte5 il s'était sauvé au rand alop5 sous les coups innombrables de la rBle. -n le c%erc%a vainement dans la vallée du !erdeau et sur la cte nord. $e ardien du p%are du 6ap Sud le ramena le soir aprFs l'avoir découvert dans le 0ois
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des /ventures. outon toussait et tremblait de fiFvre. Il fallut lui donner une potion et l'envelopper dans des couvertures. $es &ardins surtout offraient un spectacle lamentable " treilles et tonnelles détruites adieu pour cette année les beauE muscatsM5 rosiers rimpants écroulés à terre5 arbres brisés5 parterres détruits. uant au bateau de pBc%e5 "a Rascasse, il était bien coulé dans le :ort5 par trois ou (uatre mFtres de fondH on l'aperGut dFs (ue l'eau fut redevenue calme et claireH et l'on retrouva de mBme les petits canots man(uantsH ils isaient sur des fonds de sable5 en face du %anarH les renflouer serait c%ose aiséeH mais pourraitKon sauver "a Rascasse N $a T.S.Q. T.S.Q.55 les lines télép%oni(ues5 les fils transportant le courant du :alais au :ort et à la ferme5 tout cela était rav ravem emen entt en endom domma maé é.. Sur Sur vin vintK tKci cin( n( mFtr mFtres es55 la &eté &etéee avait été rompue un peu auKdessous du niveau de la mer5 et ses ses bloc blocss de maGon aGonne neri riee s'e s'en étaie taient nt allé alléss da dans ns l'ea l'eauu profonde. Il > avait encore une centaine de vitres brisées5 tant au :alais (u'à l'école et à la salle de &euE. ,nfin5 comme on avait commencé de transformer le %anar d'aviation en maasin5 des approvisionnements de toutes sortes " ciment5 enrais5 sucre5 farine5 avaient été tés par l'eau. ue de lamentations provo(uFrent tous ces mal%eurs5 rands et petitsM Rirette fondit en larmes en découvrant cin( oiseauE morts sur le sol détrempé de la voliFre5 et me Qanc%et
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fut trFs prFs de pleurer aussi en parcourant les &ardins dévastés. . !incent5 silencieuE et fumant sa pipe5 inspecta l'Ile tout entiFreH . Qanc%et et une diJaine de arGons l'ac l'acco comp mpa anF nFre rent nt55 tand tandis is (u (uee les les au autr tres es s'em s'empl plo> o>ai aien entt activement à netto>er les terrasses5 à déaer les allées5 à rétablir la T.S.Q. avec 0ricot ou à rassembler avec . $amandin les pla(ues de tle ondulée arrac%ées au %anar du #rand$%oraa. uand il eut inventorié tous les déts5 . !incent !incent tint conseil avec les randes personnes d'abord5 puis avec tous les membres de la 6olonie au complet. Si l'on l'on fais faisai aitt ve veni nirr à l'I l'Ile Ro Rosé sé en entr trep eprren eneu eurs rs et ouvriers pour refaire les toitures endommaées5 réparer la rout routee et la &eté &etée5 e5 reco recons nstr trui uire re un po pont nt sur sur le !erdea rdeau5 u5 renflouer "a Rascasse, démonter et remonter les moteurs no>é no >és5 s5 dé débi bite terr les les ran rands ds arbr arbres es (u (uee la tem tempB pBte te av avai aitt couc%és sur le sol5 on devrait prévoir une dépense de (uatre5 millions environH les seuls travauE du pont et de la &etée en coteraient au moins deuE. 6'était vider d'un seul coup la caisse de la 6olonie5 oV il ne restait (ue (uatre millions et demi5 aprFs la vente du >ac%t5 de l'avion5 des canots5 et les nombreuE ac%ats du matériel. $',n $',nc% c%an ante teur ur po pouv uvai aitt en enco core re tire tirerr %u %uit it cent cent mille ille francs de ses bi&ouE (u'il appelait C ses derniFres carto artouc uc%e %ess D. ais ais n' n'éétait taitKi Kill pa pass prud pruden entt de n' n'>> avo voir ir recours (u 'à 'à la derniFre eEtrémité N 6%acun savait (u'il ne fallait pas compter vivre entiFrement des produits de la 6olonie avant deuE années. -r5 on dépensait encore à l'Ile Rosé trois cent
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mille francs par mois pour la nourriture5 l'entretien5 le matériel de culture et de pBc%e5 l'essence et les menus frais de toutes sortes5 ce (ui n'avait rien d'eEcessif5 puis(u'il s'aissait de l'eEistence d'une trentaine de personnes et de la création d'une eEploitation aricole. $ors(ue le docteur 0onnemain5 (ui remplissait5 vous le save saveJJ5 les les fonc foncti tion onss de trés trésor orie ierr de la 6o 6olo loni nie5 e5 eu eutt eEposé ces c%iffres et cette situation5 tout le monde5 > compris /nFle et Qonsine5 > compris Rirette et 0ibi5 tout le monde fut d'avis (u'il ne fallait appeler
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auc ucun un ou ouvr vrie ierH rH (u (uee ce sera serait it bien bien asseJ sseJ d' d'ac ac%e %ete ter r encore des matériauE5 des outils5 des piFces de rec%aneH (u'en raison mBme du désastre5 les travauE de culture se trouvant fort réduits5 les travailleurs de la 6olonie5 enfants et adultes5 pouvaient effectuer5 par ordre d'urence5 toutes les réparations nécessaires. L ais > parviendronsKnousN demanda l',nc%anteur en %oc%ant la tBteH nous nous illusionnons peutKBtre sur nos forces et sur notre inéniositéM $'eEcellent %omme avait pris froid en allant voir5 sous la pluie torrentielle5 ce (u'il advenait de la ferme et de . 6ormier. Un début de rippe lui donnait la fiFvre et le privait de son %abituelle énerie. énerie. L ous > parviendrons5 il le fautM déclara fermement . Qanc%et. L -ui5 ouiM criFrent les enfants. ,t l'instituteur a&outa" L 6'est surtout affaire de courae et de patience. ans bien des cas5 nous irons moins vite (ue des ouvriers spécialisés5 mais n'empBc%e (ue nous les remplacerons trFs bien. L oi5 &e sais poser des carreauE5 dit . $amandin. ;e le ai tou&ours posés c%eJ moi. L Fs (ue nous aurons des tuiles5 proposa 0ricot5 &e remplacerai toutes celles (ui man(uent sur nos toitsH Ga n'est pas tellement malin. L S'il n'> avait (ue GaM murmura . !incent. !incent. L :our la route5 eEposa . 6ormier5 il n'> aura (u'à maintenir la terre avec des petits murs en maGonnerie auE endroits oV se sont produits des éboulements.
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$a pierre ne man(ue pasM ,t dans la descente5 oV l'eau a tout emporté5 nous ferons bien de mettre du béton " c%auE %>drauli(ue5 sable et alets. ous voilà partis pour des mois de beau temps5 nous aurons le temps de faire Ga sans nous presser5 par tranc%es de diE ou vint mFtres. L ,t s'il vient d'autres c>clonesN fit un arGon in(uiet. L es c>clones5 des c>clones comme nous venons d'en voir un5 répli(ua . 6ormier5 il ne s'en produit pas tous les diE ans. L ue faire pour la &etée N demanda . !incent. !incent. L $a &etée5 dit . $ucas5 on voit trFs bien sa base5 intacte et lare5 à cin(uante centimFtres sous l'eau. 6omme nous n'avons pas les mo>ens de construire des encaissements5 de pomper l'eau5 de rétablir la &etée dans son état primitif5 nous C enroc%erons D tout le morceau démoliH c'estKàKdire (ue5 sur la maGonnerie immerée5 nous entasserons des pierres5 les plus rosses possible5 et mBme des blocs artifici iciels (ue nous apporterons avec "a (aladeuse, &us(u'à ce (ue leur masse dépasse le niveau de l'eau. 6e sera moins éléant (u'une belle muraille5 mais Ga protéera aussi bien le port. 'ailleurs5 à moins de forte tempBte5 nos bateauE sont dFs maintenant abrités si nous les amarrons contre la partie intacte de la &etée. -n se mit à l'ouvrae. . $ucas aurait bien voulu renflouer tout de suite "a Rascasse. ais il était indispensable (u'il fPt d'abord un "a (aladeuse. vo>ae de deuE &ours à arseille avec "a (aladeuse.
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. Qanc%et et 0ricot l'accompanFrent. Ils revinrent avec un c%arement de tuiles5 de ciment5 de c%auE5 au(uel ils avaient &oint5 en outre des provisions %abituelles5 des vitres5 du mastic5 et aussi tout ce (u'il fallait pour (ue 0ricot pt réparer les lines du télép%one et de la lumiFre. :endant leur absence5 les petits canots (ui avaient coulé furent amenés sur la bere sans trop de difficultés. 6e fut un &eu pour $ouis artin5 le meilleur naeur de la 6olonie5 (ue d'aller5 en ploneant5 attac%er à c%acun d'euE une amarre sur la(uelle tirFrent ensuite une diJaine de arGons. $es canots furent vidés et séc%Frent au soleil. -n se co cont nten enta ta po pour ur l'in l'inst stan antt de vida vidan ner er leur leurss rése réserv rvoi oirs rs d'essence et leurs carburateurs enva%is par l'eau. unis de %ac%ettes et de scies5 les enfants commencFrent à ébranc%er les arbres tombés5 en commenGant par ceuE (ui encombraient la route et par celui (ui écrasait la petite maison des $amandin. ais aussitt (ue "a (aladeuse fut revenue de arseille5 on s'occupa de "a Rascasse (ui reposait au fond de l'eau à %uit mFtres environ du uai de la ;etée. . $ucas ne doutait pas de pouvoir la tirer de là. 6e n'était (u'une bar(ue de cin( mFtres de lon5 dont l'avant5 ponté sur un mFtre et demi5 portait un mt mobile. 6e mt5 on l'avait retrouvé5 ainsi (ue les avirons5 non loin du %anar5 sur la bere oV le flot les avait portés. /prFs prFs plus plusie ieur urss plon ploné éees5 $oui $ouiss ar artin tin réus réussi sitt à passer un filin dans un ros anneau fiEé à la proue de "a Rascasse. 6e filin ramené au uai5 le ploneur5
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c%audement félicité par tous5 se reposa diE minutes5 puis alla nouer une seconde attac%e à la ban(uette arriFre de la bar(ue. / ces deuE cordaes s'attelFrent tous les %ommes et les enfants de la 6olonie5 à l'eEception de l',nc%anteur (ui était décidément malade et du docteur (ui demeurait auprFs de ui. L 8aie dessus5 et ensembleM s'écria . $ucas en tirant luiKmBme de toutes ses forces. ais le bateau5 envasé5 ne bouea (u'à peine5 il fallut faire venir un %aleur de plus et ce fut outon5 le pauvre outon (ui toussait encore. Son concours fut décisif. /prFs une série de manuvres5 on put traPner "a Rascasse sur le fond5 &us(u'à l'amener au pied du (uai. Il s'aissait maintenant de la %isser verticalement. . $ucas fit approc%er "a (aladeuse à trois mFtres du (uai5 au(uel elle fut reliée par deuE solides madriers espacés de (uatre mFtres et posés comme des passerelles &uste auK dessus de la bar(ue coulée. /lors5 avec un mt de c%are et un palan actionné par le treuil de la tartane5 on souleva successivement l'avant5 puis l'arriFre de "a Rascasse avec précaution précaution et &uste asseJ pour (u'on pt passer des cbles sous sa (uille. 11 s'aissait de ne pas arrac%er l'anneau ni la ban(uette. 6e fut ensuite au mo>en de ces cbles substitués auE filins et tou&ours à l'aide du treuil (u'on amena le bateau de pBc%e au niveau de l'eau entre le uai et "a (aladeuse. Il fut solidement suspendu auE deuE madriers5 par l'avant et par l'arriFre5 plein d'eau comme un seau au moment oV on le tire du puits. Il n'> eut plus (u'à le vider5 ce (u'une é(uipe fit &o>eusement5
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avec une pompe à bras5 des écopes5 des récipients de toutes sortes. "a Rascasse, intacte5 fut bientt remise à flot. Son renf renflo loue ueme ment nt av avai aitt de dema mand ndéé tout toutee un unee &our &ourné néeH eH il n' n'en en fallut pas moins de deuE autres à . $ucas5 0ricot et :aul $amandin pour visiter le moteur et le remettre en état de fonctionner. es lines5 des boPtes à lanoustes5 un beau filet5 avaient été perdusH mais la colonie était abondamment pourvue de tels eninsH . $ucas é(uipa rapidement "a Rascasse et put reprendre la pBc%e5 ce (ui importait avant tout5 car on avait man(ué de poisson plusieurs &ours et mané les derniFres lanoustes de la réserve. euf arGons5 dont Tifernand5 Tifernand5 avaient bien péc%é dans le :ort une copieuse friture5 mais cet eEploit leur avait demandé toute une matinée5 à un moment oV le travail pressait partout. Un mois aprFs le c>clone5 les terrasses5 les &ardins5 la ferme5 avaient à peu prFs repris leur aspect normal. Tous les toits étaient réparés5 sauf celui de la petite maison du :ort :ort55 po pour ur le(u le(uel el . $ama $amand ndin in prép prépar arai aitt un unee no nouv uvel elle le c%arpente. $es poteauE télérap%i(ues étaient relevés5 leurs fils rétablisH les moteurs des petits canots fonctionnaientH et des tas bien réuliers de faots et de bc%es5 provenant des arbres abattus par l'orae s'élevaient c%a(ue &our5 en maints endroits. . 6ormier abandonnant à reret le rand potaer de la ferme5 s'appli(uait à reconstituer celui du :alais5 plus ombra raé. me me Qanc%et et aussi ssi me $amandin l'> aidaient avec plaisir. ,n dépit de la séc%eresse5 et
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à force d'arrosae5 on pouvait espérer mane err à l'automne (uel(ues c%ouE5 des carottes5 des salades. . Qanc%et et 0ricot5 poudreuE maGons5 avec 0oub 0o ubou oule le co comm mmee aide aide55 élev élevai aien entt co cont ntre re les les be berres du !erdea rdeauu les les pa pans ns de murai uraill llee de dest stin inés és à supp suppor orte terr un nouveau pont de bois. . $ucas5 lors(u'il n'était pas à la pBc%e5 s'en allait c%e %erc rc%e %err ave vecc :au :aul5 da dans ns la 6ri( 6ri(ue ue du Sole Soleil il $eva $evant nt55 d'énormes pierres (ue "a (aladeuse transportait &us(u'à la &etée. Tous les enfants travaillaient le matin à la route et vers la fin du &our5 ils allaient au c%emin de la ferme et dans la plaine du !erdeau arroser les &eunes arbres fruitiers (u'ils avaient plantés et (ui5 a>ant beaucoup souffert de la rBle5 résistaient mal à la séc%eresse. ans l'été manifi(ue5 les petits colons de l'Ile Rosé vivaient pres(ue nus et leur corps était bronJé par le soleil. ,n dépit de la c%aleur5 c'était leur saison préférée5 celle du travail matinal dans la forte odeur des pins et des eucal>ptusH celle des lonues bainades et des siestes sur la :lae RoséH celle des nuits merveilleuses5 oV l'on tirait son lit sur la terrasse pour s'endormir en plein air en reardant les étoiles filantes. 6epe 6epend ndan ant5 t5 les les ra rand ndes es pe pers rson onne ness de la 6o 6olo loni niee demeuraient soucieuses. . !incent souffrait d'une rave bronc%ite. Il dut arder le lit trois semaines. $e docteur5 me me Qanc Qanc%e %et5 t5 /n nFFle et Qons Qonsin inee se rela rela>a >aie ient nt à son son c%evet. $ors(u'il put enfin (uitter la c%ambre5 ce fut pour aller s'étendre tout le lon du &our sur une
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c%aise lonue5 à l'ombre des oliviers (ui bordaient la terrasse. Il se désolait de son inaction et5 sans doute à cause de sa faiblesse p%>si(ue5 il en arrivait à douter de l'entreprise commune et à s'en eEaérer les difficultés. Il ne pensait (u'auE mo>ens de trouver de l'arent. l'arent. 6%acun s'efforGait de le rassurer en redoublant d'activité. $es enfants le comblaient de prévenances et de témoinaes d'affectionH sac%ant (ue leur seule présence le réconfortait5 ils faisaient cercle autour de lui5 c%a(ue &our5 aprFs le dé&euner de midi5 lui racontaient leurs travauE5 lui soumettaient cent pro&ets ou lui c%antaient les derniFres c%ansons improvisées par . $ucas. $e docteur 0onnemain5 (ue l',nc%anteur (uestionnait cons co nsta tamm mmen entt sur sur la situ situat atio ionn fina financ nciF iFre re de la 6o 6olo loni nie5 e5 finissait5 lui aussi5 par se faire du mauvais san. L $es fonds diminuent5 nous dépensons beaucoup5 confiaitKil un soir à . $ucas et à . Qanc%et5 tandis (ue les trois %ommes descendaient en se promenant &us(u'au 7rand 6FdreH nous dépensons plus (ue &e n'avais prévu5 notamment pour la nourriture. 6ela tient à ce (u'au lieu de récolter des léumes et des fruits5 nous devons en ac%eter. ac%eter. L -ui5 dit . Qanc%etH et ce (ui démoralise notre ,nc%anteur et nous in(uiFte un peu tous5 c'est (ue la mesure mesure dans la(uelle la(uelle nous pouvon pouvonss subvenir à nos besoins vient de diminuer au lieu d'aumenter. Il faudrait trouver une source de profits immédiats5 si faible ftKelle. 6ela rendrait confiance à tout le monde. L :arfaitementM s'écria . $ucasH &'ai dé&à pensé à
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cela M ,t &'ai une idée " &e ne vous en ai pas encore parlé5 parce (ue &e veuE vous faire une petite surprise. L isKnous ton idée5 $ucasM fit le docteur aprFs un silenceH tu n'es pas à une surprise prFsM L 8umM vous alleJ prendre Ga pour une blaue5 murmura . $ucas. L !asK> tou&ours M L ,% bien5 prononGa . $ucas en s'arrBtant de marc%er5 &e crois (ue si l'avenir est dans la plaine du !erdeau5 le présent est dans la mer5 à un mille à peine de la 6ri(ue des 6%iens ou du :%are ord. /utrement dit5 &e vous propose le salut par la lanousteM L oi5 interrompit le docteur5 &e trouve (ue nous en maneons dé&à trop5 de la lanousteM L oi aussi5 reprit . $ucasH &e lui préfFre les %aricots verts et le fromae de 0rie. ais il ne s'ait pas de maner des lanoustes ni mBme d'en faire des conservesH écouteJKmoi " les travauE de la &eté5 de la route et du pont sur le !erdeau sont en bonne voie et ne nous pressent pas tell tellem emen ent. t. 6o 6ons nsac acro rons nsKl Kleu eurr un pe peuu moin moinss de temp tempss et intensifions la pBc%e5 (ui est un plaisir en cette saison. 6onsacronsKnous surtout à la pBc%e à la lanouste et au %omard. 6es aimables animauE pullulent dans les paraes de l'Ple. oublons et triplons le nombre des casiers et celui des pBc%eurs. Sortons en mer matin et soir5 ;e vous prédis dess résul de ésulta tats ts man manif ifi( i(ue ues. s. -r5 &e me suis suis dé dé&à &à mis en rapport avec un rand restaurant de arseille5 arseille5 une véritable usine de bouillabaisse. 6e restaurant est disposé à m'ac%eter toutes les lanoustes (ue &e lui porterai au
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priE de %uit à neuf cents francs le Xilo. ;'irai tous les trois &ours lui porter notre pBc%e (ui5 entre deuE vo>aes5 attendra dans la C réserve D du :or :ortH et5 sans t'avoir demandé un sou5 vieuE octeurK6omptable5 &e rapporterai des léumes5 des fruits5 du beurre et mBme des filets de bufM L 6'est ma foi bien possible5 dit . Qanc%et en riant. L 0ien possible N s'écria . $ucasH mais mon vieuE5 il > a une fortune à faire ici5 avec la lanousteM L ,videmment5 dit le octeur5 si Ga ne t'ennuie pas de faire le mare>eur... L -%M moi5 répondit . $ucas en tirant sur ses lon lonue uess mou oust stac ac%e %ess blon blonde des5 s5 rien rien ne m'en m'ennu nuie ie55 tout tout m'amuse. ;e vendrais bien des crevettes5 avec une petite voiture5 mais c'est trop lon et Ga ne rapporte pas asseJM $e pro&et de . $ucas fut adopté avec ent%ousiasme. -n se mit à construire force C casiers D à lanoustes. $e &our vint oV "a (aladeuse et "a Rascasse purent aller en poser soiEante dans les rands fonds roc%euE repérés par . $ucas. 6es boPtes étaient arnies d'appts " tBtes de poissons5 morceauE de poulpes et de seic%es. Il ne fallait pas compter capturer une lanouste par casier " la premiFre rande pBc%e en donna diEK%uit5 it5 plus cin( %omards énormes. . $ucas porta le tout dFs le lendemain à arseille sur "a (aladeuse, tandis (ue "a Rascasse, commandée par . Qanc%et5 allait poser de nouveau les enins.
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$ors(ue la tartane revint5 tous les enfants l'attendaient sur le port5 car . $ucas leur avait demandé de venir c%erc%er les provisions. /%M elle elless étaie taient nt abo bond ndan ante tess et man nif ifi( i(ue ues5 s5 les les provisionsM :our les transporter au :alais et les déposer sur la terrasse5 auE pieds de . !incent5 . $ucas oranisa un cortFe. 6in( arGons venaient d'abord5 portant c%acun un melon pi(ué d'une rosé. :ui :uis venaient 0ouboule et Tifernand portant un rand panier à vendane contenant (uinJe Xilos de muscatH puis T%éo et Qélicien avec un panier contenant soiEante pBc%esH une lourde corbeille de tom tomates ates ve vena nait it en ensu suit itee. Riret irette te et 0ibi ibi po port rtaaient ient de dess fromaes sur une claie. Ri(uet et Toinou tenaient deuE btons (ue reliait une uirlande de salades. :aul fermait la marc% arc%e5 e5 a>a >ant nt à c%a %a(u (uee bras bras un pa pani nier er d' d'ép épic icer erie ie55 de beurre5 de léumes. uant à . $ucas5 il prit le commandement du cortFe. Il portait en sautoir un c%apelet de saucisses (ui lui faisait trois fois le tour du corps et il brandissait un &ambon5 comme une massue. L !oilàM ditKil à . !incent5 lors(ue celuiKci put contempler tant de bonnes c%oses accumulées devant lui5 voilàM tout Ga5 c'est uni(uement de la lanouste. L erci pour la lanousteM s'écria l',nc%anteur5 &o>euE comme il ne l'avait pas été depuis lontempsH il faut (ue &'embrasse tout le monde5 à commencer par vous5 mon vieuE $ucas5 $ucas5 %omme %omme incomparable incomparable55 rand capitain capitainee et fin néociantM ais vous senteJ la c%arcuterieM 6ombien de Xilos de saucisses aveJKvous sur le corps N L ;'en ai demandé cin( mFtres5 déclara ravement . $ucasH nous sommes trente et un " Ga ne fait &amais (ue seiJe centimFtres par personne. 12?
8uit &ours aprFs5 l',nc%anteur5 complFtement uéri5 pilotait luiKmBme "a (aladeuse, pour aller mouiller des casiers5 en companie de 0ricot et de Tifernand. Tifernand. / (uel(ue c%ose le mal%eur peut Btre bon. Sans le c>clone (ui avait anéanti la récolte5 la 6olonie et sans doute inoré le commerce des lanoustesH elle n'et tiré5 de l'eEploitation aricole à son début (ue des ressources fort modestes5 peutKBtre insuffisantesH elle et connu5 (ui saitN de fort mauvais &ours. $'idée de . $ucas permit d'attendre dans une complFte sécurité (ue les cultures fussent en plein rapport. $'eEpérience montra (ue la pBc%e5 mét%odi(uement oranisée5 intensifiée de &uin à novembre5 pouvait subvenir larement auE dépenses de la 6olonie pendant au moins siE mois de l'année. $es petits canots5 (ui n'étaient (ue des &ouets5 n'in n' inté tére ress ssFr Fren entt bien bient ttt plus plus les les a arG rGon onss de deve venu nuss vrai vraiss marins et vrais pBc%eurs. -n vendit donc ces embarcations Rirette et du Pi+$Pa+, (ui minus minuscul cules es à l'eEce l'eEcepti ption on de "a Rirette furent réservées auE (uatre plus &eunes enfants " Ri(uet et Toinou inou55 0ibi 0ibi et Rire Rirett tteH eH et l'on l'on ac%e ac%eta ta de deuE uE no nouv uvea eauE uE bateauE de pBc%e du modFle de "a Rascasse8 ils furent baptisés "e (ouuet et "e )olombo, deuE noms célFbres dans l'%istoire de l'Ile Rosé5
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LA BELLE VIE Sept Septem embr bree s'ac s'ac%e %eva vait it rad adie ieuE uE et ba bai iné né da dans ns un unee lumiFre dorée. Trois années s'étaient écoulées depuis (ue l',nc%anteur avait perdu sa fortune. -n célébrait5 au :alais5 la fBte des vendanes. é&à é &à55 l'an l'anné néee préc précéd éden ente te55 le &eun &eunee vin vinob oble le av avai aitt produit (uatre à cin( cents Xilos de rappillons dont
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on avait fait trois cents litres du premier vin (u'eut sans doute &amais produit l'Ile Rosé. 6ette année5 la récolte avait dépassé toutes les espérances. $a vine de trois ans et celle de deuE ans L car on avait c%a(ue année replanté deuE mille plants L donnaient vintKcin( %ectolitres de vin c%aleureuE et fruité. $a 6olonie avait sa cuve5 son pressoir5 ses tonneauE. . Qanc%et5 l'année précédente5 était allé à 6%teauKneufK duK:ape5 prFs d'/vinon5 pour assister auE vendanes et apprendre à faire le vin. aintenant5 encore un peu pétillante5 toute la récolte de l'Ile Rosé était contenue dans cin( rands tonneauE de cin( cents litres c%acun5 loés dans un btiment de la ferme. ans le réfectoire5 sous des uirlandes de feuillaes ornées d'énormes rappes de muscat5 la rande table était dressée pour le dé&eunerH elle était parée d'un c%emin de rosés t%é et de (uatre corbeilles de fruits oV se mBlaient raisins5 fiues fraPc%es5 prunes tardives5 pommes5 poires5 &u&ubes. uand le carillon sonna le dé&euner5 Tifernand et sa mFre ac%evaient de poser devant c%a(ue assiette un carafon de vin nouveau. 6e vinKlà5 pour le rendre inoffensif5 . Qanc%et en avait arrBté la fermentation avant (ue tout le sucre se ft transformé en alcool. Tifernand (ui l'avait oté le comparait à du piccolo mBlé de cassis. TifernandM vous ne l'aurieJ pas reconnu. 6'était un aillard aillard de (uatorJe (uatorJe ans5 souple5 souple5 musclé5 plus rand (ue sa mFre et merveilleusement bronJé. $es convives enva%irent le réfectoire.
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Tous ra>onnaient de &oie et de santé. $es arGons portaient l'uni(ue costume d'été (ui ft en faveur à l'Ile Rosé " Un pantalon de toile5 des espadrilles5 et5 tendu sur le torse5 un fin maillot de matelot5 larement éc%ancré au col et auE épaules. ;'a&oute (u'en vo>ant diEKsept arGons ainsi vBtus5 on n 'ava 'avait it nu null llem emen entt l'im l'impr pres essi sion on de se trou trouve verr de deva vant nt un unee troupe de >mnastes ou devant l'é(uipae d'un bateauK école. . !incent avait les uniformes en %orreur et il voulait (ue c%acun5 &us(u'en sa faGon de s'%abiller5 montrt (uel(ue initiative ou (uel(ue ot personnel. /ussi le pantalon de toile étaitKil blanc pour les uns5 bleu ou XaXi pour les autresH et si5 tout de mBme5 en ce &our de fBte fBte55 les les pa pant ntal alon onss blan blancs cs do domi mina naie ient nt55 les les maill aillot otss différaient pres(ue tous par la couleur. 6elui de Tifernand était d'un bleu clair un peu rompu5 (ui allait fort bien avec la couleur c%aude et bronJée de son cou et de ses bras nus. 6elui de 0ouboule était ra>é %oriJontalement de roue et de blanc5 celui de :aul était bleu foncé5 celui de Qélicien était blanc5 celui de $ouis artin était noir. ais les enfants de l'Ile Rose n'attac%a %aiient pas tellement d'importance à leur costume et ne s'affublaient &amais d'aucune distinction ridicule ou d'aucun attirail prétentieuE. Ils auraient bien ri s'ils avaient vu les scouts parisiens se déuiser en troupiers ou en trappeurs américains5 s'affubler de médailles5 de cocardes5 de rubans5 de alons5 d'étoiles et d'insines5 se munir d'alpenstocXs et de fanions5 pour aller le dimanc%e aprFsKmidi5 prendre le train à la are des
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Inv nval alid ides es et &oue &ouerr à cac%e ac%eKc Kcac ac%e %e da dans ns le bo bois is de eudon. ais revenons au réfectoire. Fs (ue tout le monde s'> fut rendu5 > compris la petite Rosette (ui trottait devant sa maman5 un admirable orc%estre se fit entendre accompané bientt d'un c%ur auE cent voiE d'%ommes et de femmes. 6%acun reconnut aussitt le finale randiose de la :euvi9me S!mphonie de 0eet%oven5 celle (ui c%ante la &oie de vivre et la fraternité %umaine. Il n'> avait pas d'orc%estre ni de c%ur à l'Ile Rosé5 vous le penseJ bien5 mais un ramop%one eEcellent (ue . $ucas venait de mettre en mouvement et (ue les enfants avait écouté bien des soirs5 se familiarisant ainsi avec les c%efsKd'uvre de la musi(ue. uand le morceau fut ac%evé5 beaucoup de &eunes voiE criFrent " bisM L on5 dit l',nc%anteur en prenant place à table5 maintenant5 maneons. ous nous donnerons un concert en prenant le café. ,t le repa repass co comm mmen enGa Ga55 eE eEcl clus usiv ivem emen entt co comp mpos oséé de produits de la 6olonie " rosses crevettes rosés5 olives5 salade de tomates5 de poivrons et d'ufs durs5 plantureuse bouillabaisse à la mode $ucas5 c'estKàKdire avec beaucoup de lanouste et de rascasse5 auberines frites5 fromaes de c%Fvre5 lace au citron5 fruits5 vin de muscat. $es arGons5 dont la plupart avaient maintenant de treiJe à seiJe ans5 &ouissaient d'un robuste appétit5 aiuisé par les travauE matinauE5 la pBc%e au lare5 les bains5 les sports. Ils ne rerettaient pas les friandises
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(ue leur préparait &adis l'eEcellent . 0ou(uet. $es plus %umbles aliments ne deviennentKils pas des friandises (uand on a bien faim N Ils se réalaient ce &ourKlà de bouillabaisse5 ce plat merveilleuE (ue les pBc%eurs méditerranéens préparent sur leur bateau5 prélevant ainsi leur dé&euner sur leur pBc%e. Tifernand se servait force tranc%es de pain tout imbibées d'un bouillon doré par l'%uile et le safran5 et son voisin5 Qélicien5 brisait à belles dents pinces et pattes de lanouste. /prFs les fruits5 lors(u'on eut versé le muscat mousseuE et porté plusieurs < santés D5 lors(ue 0ouboule eut (uitté sa place pour aller trin(uer avec Rirette5 lors(ue Tifernand5 alloneant le bras démesurément pour trin(uer avec . Qanc%et5 eut renversé le verre de 0ricot5 lors(u'enfin /nFle et Qonsine5 (ui avaient servi le dé&euner5 eurent fait le tour de la table pour trin(uer avec tout le monde5 le octeur frappa sur son verre avec son couteau pour obtenir le silence. . 1K1 voulait eEposer en (uel(ues mots la situation matérielle de la 6olonie. 6ette situation devenait eEcellente et le brave octeur commenGa par déclarer (ue depuis le printemps dernier le succFs de l'entreprise ne pouvait plus5 Btre mis en doute. L Il n'> a pas énormément d'arent dans la caisse5 ditK il " %uit cent mille francs. ous allons recevoir (uatre cent mille francs pour le liFe du 0ois des /ventures5 (ue nous avons vendu sur pied. $'ac%eteur enverra des spécialistes pour écorcer les arbres. ous posséderons donc au total un million deuE cent mille francs. 6'est peu5 si l'on considFre (u'il > a
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trois ans nous étions in(uiets avec un capital de (uatre millions de francs. ais pour mettre en valeur la plaine du !erdeau5 nous devions alors dépenser5 attendre5 ac%eter tout ce (ui ne poussait pas encore c%eJ nous et apprendre à le faire pousser. /u&ourd'%ui nous n'avons plus besoin de beaucoup d'arentH notre travail représente une réelle valeur productive. ous avons devant nous pour la consommation d'une année5 des pommes de terre5 des léumes secs5 du miel5 de l'%u l'%uil ilee d' d'ol oliv ives es55 de dess ama amand ndees5 de dess fiu fiues es sFc% sFc%ees5 de dess confitures de toutes sortes et enfin du vin. u vin5 nous en vendrons l'année proc%aineH du miel5 des fiues5 nous aurions dé&à pu en vendre cette annéeH nous avons préféré en envo>er à vos anciens camarades. otre poulailler et notre pieonnier ont doublé d'importance et nous pourrons nourrir poules et pieons tout l'%iver5 rce au véritable c%amp de tournesols (ue Tifernand et 0ouboule ont secrFtement entrepris de planter5 il > a trois ans5 à la :lae !erte. !ous saveJ (ue ce c%amp s'est5 de luiKmBme5 considérablement étendu. $e rand bassin (ue remplissent au printemps les eauE du !erdeau et (ue . Qanc%et a eu l'inénieuse idée de construire avec les milliers de bri(ues dont vous faisieJ &adis des cabanes et des pistes c>clables5 ce bassin nous permettra désormais de récolter des primeurs au plus fort de l'été. 6e ne sera plus en vain (ue . $ucas réclamera des radis au mois d'aotH
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et . 6ormier (ui a toutes les ambitions5 nous promet une cressonniFre. !ous saveJ (ue la culture des oinons à fleurs5 tulipes et &acint%es5 entreprise il > a deuE ans5 peut devenir pour la 6olonie une source de revenus importants. $a vente des fleurs et des oinons nous a laissé cette année un bénéfice net de cent soiEante (uinJe mille francs. 6e c%iffre5 si nous le voulons5 sera plus (ue doublé l'an proc%ain. ous avons vendu5 au cours des onJe derniers mois5 (uatre cent mille francs de lanoustes et de poissonsH et le temps n'est plus oV les ressources provenant de la pBc%e servaient uni(uement à l'ac%at des vivres. ,lles nous ont permis5 cette année5 de nous procurer aussi du line5 des vBtements5 des livres pour la bibliot%F(ue5 des dis(ues pour le p%ono5 des ra(uettes de tennis. ,nfin5 mes amis5 nous avons ac(uis depuis trois ans asseJ de confiance en nousKmBmesH nous savons asseJ de (uels] efforts nous sommes capables et de (uels trésors nous no us dispo isposo sons ns55 po pour ur env nvis isa aer er l'a l'ave veni nirr sans sans au auccun unee in(uiétude. Il s'aira désormais5 non pas de nous enric%ir5 non pas de développer sans arrBt notre production5 mais de réler celleKci eEactement sur nos besoins. Il ne faut pas tellement d'arent pour Btre %eureuE ici5 pour Btre %eureuE loin des villes5 n'importe oV5 pourvu (ue le sol soit fertile et (u'on aime la nature. 6ultiver la terre5 aller pBc%er en mer5 cela ne doit Btre pour nous (u'un mo>en aréable entre tous de aner notre vieH mais nous devons plus (ue &amais
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nous oraniser de faGon (ue ces travauE nous laissent le maEimum de loisirs. 6ar5 notre eEistence matérielle une fois assurée5 il nous reste à nous cultiver nousKmBmes5 à nourrir notre tre esprit5 à développer notre &uement5 à prati(uer enfin tous les plaisirs (ui élFvent et embellissent la vie5 il nous reste à lire de beauE livres5 à écouter de belle musi(ue5 à nous promener5 à observer5 à contempler5 à rBver librement5 à &ouer5 &ouer5 à rire et à c%anter. c%anter. /ussi bien5 il > a lontemps (u'on s'efforce à l'Ile Rosé de remplir ces aréables devoirs envers soiKmBme. 7rce à l'enseinement et à l'eEemple de notre ,nc%anteur5 de me Qanc%et5 de . Qanc%et5 de notre c%er $ucas5 (ui sait tout faire5 vous Btes devenus les arGons les plus déourdis du monde et les mieuE appli(ués à bien vivre. 6e matin5 &our de fBte5 $ouis artin s'entraPnait à la nae dans le port5 siE d'entre vous &ouaient au tennis5 me Qanc%et donnait une leGon de violon à 0ouboule et Qélicien faisait une a(uarelle sur la terrasse en companie de . Qanc%et. Fs %uit %eures5 Tifernand5 (ue &e suis allé voir dans sa c%ambre5 était en train d'écrire ses mémoiresH à diE %eures5 il décorait le réfectoire en companie de . $ucas5 de Rirette et de T%éo. ,t il > a eu du monde à la bibliot%F(ue toute la matinée5 &us(ua l'%eure du bain. Tout le monde se porte bien5 personne ne s'ennuie5 et nous avons5 comme on disait de mon temps5 du pain sur la planc%e. ;e vous félicite c%aleureusement comme médecin5 comme ministre des finances et comme ami. ,t &e cFde la parole à l',nc%anteur (ui a5 &e crois5 (uel(ues mots à vous dire.
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-n fit une ovation au docteur5 dont le discours avait été maintes fois coupé par les applaudissements. :uis . !incent !incent se leva5 re&etant ses c%eveuE ris en arriFre. L es enfants5 ditKil5 &e ne ferai (ue répéter ce (ue &e vous ai dit vint fois dé&à au cours de nos récents bavardaes. $a prospérité de la 6olonie5 aprFs les épreuves (ue nous avons traversées5 me remplit d'une &oie d'autant plus rande (u'elle est due pour une bonne part à votre courae5 à votre persévérance5 à cette énéreuse ardeur avec la(uelle vous n'aveJ cessé de vous dépenser. D :lus &'> réfléc%is5 plus &e suis persuadé (ue notre entreprise était plus %asardeuse (ue nous ne le supposions et (ue si nous avons réussi5 c'est surtout parce (ue nous nous aimons bien tous5 (ue nous aimons l'Ile Rosé et (ue nous étions résolus à tout faire pour ne pas nous (uitter ni la (uitter. D ;'en viens à penser (ue ma ruine a été salutaire " ,lle a fait de vous des %ommes bien mieuE (ue ne l'et fait ma ric%esse. !o !ous aveJ appris beaucoup depuis trois ans et moi aussi. D :ar eEemple5 &'ai appris5 moi5 (u'un rand train de vie5 (ue la possibilité de dépenser sans compter5 (ue la possession d'un >ac%t5 d'un avion5 de plusieurs automobiles5 (ue tout cela n'a&outait pas rand'c%ose au bon%eurH &'ai appris (u'il était trFs danereuE de laisser randir des besoins matériels dont on devient l'esclave et (u'il n'est rien de meilleur de vivre dans un pa>s en assurant son pain et sa liberté au mo>en d'un travail (ui vous plaPt.
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$e docteur disait tout à l'%eure (u'il ne s'aissait pas de nous no us en enri ric% c%ir ir55 d' d'au aum men ente terr indé indéfi finim nimen entt no noss prof profit itss en travaillant c%a(ue année davantae. on5 il ne s'ait pas de cela du toutM et &e ne saurais trop insister sur ce point. II est évident (ue nous pourrions maintenant5 comme on dit5 donner de l'eEtension à notre affaire. ous pourrions (uad (u adru rupl pler er l'ét l'éten endu duee de no noss plan planta tati tion ons5 s5 inte intens nsif ifie ierr pa par r eEemple la culture des oinons à fleurs5 (ui réussit admirablement ici et réaliser avec CIle seule5 plus d'un million de bénéfices par an. D / (uoi bonN ous deviendrions du matin au soir5 eEclusivement des %orticulteurs occupés de leur travail et de leurs ainsH nous deviendrions des %ommes d'affaires ric%es d'arent et pauvres de libertéH &e parle de la liberté d'esprit autant (ue des loisirs. D /%M mes c%ers enfants5 le monde entier souffre de trop produire. $es %ommes ne savent plus (ue travailler et faire travailler les autres pour aner de l'arent et ac%eter (uan (u anti tité té d' d'ob ob&e &ets ts inut inutil iles es.. Ils Ils sem semblen blentt av avoi oirr pris pris po pour ur modFles modFles les abeilles abeilles (ui s'épuisent s'épuisent à butiner butiner beaucoup beaucoup plus de miel (u'il ne leur est nécessaire mBme (uand l'%omme ne s'en empare pasH les abeilles (ui mFnent une eEistence absurde et ne savent pas mBme se réaler de leur butin. D ous ne développerons notre entreprise (ue &uste asseJ pour assurer pleinement notre sécurité. ;e voudrais aussi (ue nous trouvions le mo>en de vous faire vo>aer un peu5 à tour de rle. Il faudra (ue vous vous rendieJ compte comme on vit mal en énéral dans les campanes5 oV5 pourtant5 les pa>sans ne font pres(ue
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rien l'%iver5 et dans les randes villes oV la plupart des .ens s'eEténuent pour subsister et pour &ouir d'un peu de fauE luEe. D ans (uel(ues années5 l'Ile Rosé vous semblera trop petite et ne vous suffira plus. Il se pourra (ue vous vous sentieJ un peu trop à l'écart du monde. !ous K(uittereJ la 6olonie oV de nouveauE venus vous remplaceront. D ;e sou%aite (u'alors5 %ommes pleins de courae et Cd'eEpérience5 vous allieJ btir votre fo>er dans (uel(ue
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belle campane5 dans (uel(ue autre Ile Rosé. ,t (ui sait si vous n'apprendreJ pas à votre tour à de &eunes arGons à vivre comme vous aureJ vécu ici5 loin des villes en folie5 de leur vacarme assourdissant et de leur atmosp%Fre irrespirable N D ais T-US aveJ encore le temps de penser à cela :our l'instant5 mes enfants5 buvons à la 6olonie5 buvons à notre paisible bon%eurM Une fois encore5 le vin pétilla dans les verres (ui furent levés auE cris répétés de " 0ive l&2nchanteur ,t Rire Rirett ttee fut fut dé délé léu uée ée pa parr l'as l'assi sist stan ance ce po pour ur alle aller r embrasser . !incent. /prFs (uoi5 à la demande énérale5 . $ucas entonna une c%anson bien connue de tous et composée par luiH une c%anson (ui lui servait à racoler les volontaires pour la C corvée d'appts D " Pas d&poissons sans appâts =ue deu5 gars, ue trois trois gars, A!ant A!ant bon >il et bon bras, Prennent Prennent leur musette 2t leur épuisette 2t vienn&nt avec moi )&est la )riue des )hiens =ue l&on trouve des nerviens 1 2n +ouillant le sable.. )&est au long du )ap 0incent <&= Nerviens : *ers ros4s 9ui *i*ent dans le sa6le
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=ue les piades 1 vont par cent *ra4nant leur couille8 Mais au bout du )ap *o *ondu )revettes et morédus 2 0ivent en +amille
,t aprFs c%acun de ces petits couplets (ue . $ucas psalmodiait d'une voiE lente et rave5 tout le monde reprenait le refrain dans un mouvement plus vif et sur un air comi(ue " Pas d&poissons sans appâts =ue deu5 gars, ue trois trois gars, A!ant A!ant bon >il et bon bras, Prennent Prennent leur musette 2t leur épuisette 2t vienn&nt avec moi <&= Piade : no/ 9ue l>on donne au 6ernard"l>er/ite.
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COLLECTION %(ARJOLAINE% A(ADOU LE BOUUILLON! par 6%. !I$R/6 !I$R/6 BELLE"ILE"EN"(ER. par . [U8 CE U>ON VOIT AU BOUT DU (-TRO! par $. 9S-R/IS LE CIRUE DES (ERVEILLES! par ;. 0U^/O/IS LA COLONIE! par 6%. !I$R/6 !I$R/6 DU UI #OUR CHRIST(AS! par :. :.K;. 0-^- L>ESCABEAU VOLANT! par 6. S/T,$$I S/T,$$I LES E#-RIENCES DE BETS. par . 6/QI,$KQIS8,R 6/QI,$KQIS8,R L>ILE ROSE! par 6%. !I$R/6 !I$R/6 ISABELLE ET LA #ORTE JAUNE! par . 7RU,R LES LUNETTES DU LION! par 6%. !I$R/6 ;,/K;/!/$ (A COUSINE TROIS #O((ES! par $ ;,/K;/! LA (AISON DES #ETITS BONHEURS! par 6. !I!I,R LA (ARCHANDE DE CHEVAU DE BOIS! par /. /. !,R$/\ !,R$/\KQR/:I9 KQR/:I9 LA (GRE RI(UOT RACONTE! par $ ;,/K;/ ;,/K;/! !/$ (I#E! SES A(IS ET SES B)TES! par . !9RIT9 (ONSIEUR LUNE ET SES A(IS! par . ;-UI$$, (OUDA&NA! par /. /. 6$/IR ON DE(ANDE UNE (A(AN! par C. S8,:8,R #ETIT #OINT ET SES A(ES! par ,. [/,ST,R R-(I ET LE ;ANTO(E! par 6. !I!I,R LE ROAU(E DES ;LEURS! par . 6/R_, TH-RGSE ET LE JARDIN! par /. /. :IU,T UN AUTOCAR RAND CO((E LE (ONDE! par ;.K. SI,$
I/pri/erie AUBIN! LIUE
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