> La mégalopole japonaise
Cette séquence est destinée aux séries L, ES et S.
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Introduction Chapitre 1
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La mégalopole de Tokaido : cœur de la puissance japonaise dominé par Tokyo .
Chapitre 2
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A
Une forte littoralisation des hommes
B
Un chapelet urbain efficacement mis en réseau
C
A la tête de la mégalopole, la plus grande métropole mondiale
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La mégalopole de Tokaido Tokaido possède une interface maritime de dimension mondiale .
Chapitre 3
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A
Une puissante façade maritime qui se façonne sous la « Haute Croissance »
B
Une mégalopole ouverte sur le monde
C
Les rééquilibrages territoriaux actuels
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La mégalopole de Tokaido, Tokaido, une mégalopole en danger ?
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A
La mégalopole à l’épreuve des crises économiques
B
Les conséquences sociales et environnementales de la saturation spatiale
C
Une insertion politique et économique problématique en Asie
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Conclusion Se reporter à la carte n°10 de l’annexe.
Sommaire séquence 8-HG00
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ntroduction Depuis la deuxième moitié du XX e siècle, les processus de la mondialisation se renforcent autour d’un système tripolaire, communément appelé la Triade (Europe, Amérique du Nord, Japon). La mondialisation est portée par une série de dynamiques géographiques spécifiques : l’affir-
mation des façades littorales, l’explosion des échanges mondialisés, l’émergence de grandes métropoles métropole s et/ou l’apparition des mégalopoles mégalopoles.. Une région joue un rôle mondial de premier plan, la façade littorale Pacifique Pacifique du Japon où toutes ces dynamiques se côtoient, créant un espace caractéristique : la mégalopole de Tokaïdo. Mégalopole
Vaste région urbaine regroupant plusieurs plusieurs villes de rangs différents reliées entre elles par un réseau de communication dense et entretenant entres elles des relations économiques, politiques politiques et financières étroites. La mégalopole est également un lieu privilégié de concentration de capitaux, un centre de décisions économiques et politiques. Le XX e siècle a vu le développement de trois grandes mégalopoles mondiales : américaine, européenne et japonaise. La mégalopole de Tokaïdo regroupe 75% de la population du Japon (environ 100 millions d’habitants). Elle se développe en un ruban urbanisé de Tokyo à Fukuoka, en passant notamment par Nagoya, Kyoto, Osaka, Hiroshima et Kita-Kyushu. Ainsi, sur une distance de près de 1000
km, s’entremêlent des centres urbains, des banlieues, des espaces industriels, des espaces agricoles et des espaces verts. Ces villes sont reliées entre elles par une voie ferrée à grande vitesse (le Shinkansen – équivalent du TGV), un réseau autoroutier dense et des lignes aériennes. A l’extrémité nord-est de la mégalopole, Tokyo Tokyo est le noyau de cette entité urbaine macrocéphale et un centre de commandement. Problématique
Quels facteurs permettent d’expliquer l’affirmation de la mégalopole de Tokaïdo sur le devant de la scène mondiale ?
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La mégalopole de Tokaïdo Tokaïdo : cœur de la puissance japonaise japonais e dominé par Tokyo Tokyo A
Une forte littoralisation des hommes ᕡ Les dynamiques démographiques favorisent un long et mince ruban littoral Un processus de littoralisation des hommes et des activité activitéss sur le littoral Pacifique Pacifique s’est opéré en adéquation avec un choix de société s ociété et un modèle économique entièrement tourné vers l’extérieur, mais mais aussi en fonction de conditions naturelles difficiles. La mégalopole a la forme d’un mince ruban littoral de plus d’un millier de kilomètres, le long des plaines littorales de la façade Pacifique.
Au cours des années 1980, les flux migratoires renforcent la littoralisation de la population au Japon et plus spécifiquement dans la mégalopole, mégalopole , même si elle était déjà bien entamée (cf. document 1). Document 1
Le renforcement de la littoralisation des hommes le long de la mégalopole de Tokaïdo La densité de population par préfecture en 2006 Nord
3630 à 5760 hab./km2 1010 à 2630 hab./km2
Hokkaido
310 à 1010 hab./km2 70 à 310 hab./km2
Les flux migratoires de population par préfecture entre 2000 et 2006
Honshu Mer du Japon
Océan Pacifique
Shikoku
Kyushu 0
200
400 km
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Les densités de population dépassent 500 hab./km² avec des centres polarisants supérieurs à 2000 hab./km². Cette densité de population favorise sa vulnérabilité. En effet, ces plaines littorales sont fortement soumises aux risques sismiques et aux risques de tsunamis (cf. document 2).
ᕢ La répartition de la population est fortement influencée par l’environnement de l’archipel l ’archipel Ñ
Le territoire japonais est un archipel montagneux et volcanique constitué de près de 4000 îles dont quatre principales (Honshu, Hokkaido, Kyushu et Shikoku). Les montagnes occupent près de 60% du territoire et les plaines littorales sont de dimensions réduites. Les territoires montagneux sont majoritairement majoritairement délaissés par la population et sont principalement recouverts recouverts de forêts ; en effet, 68% du territoire japonais est recouvert par les forêts forêts.. De ce fait, la population se concentre majoritairement sur les espaces littoraux.
Document 2
Le Japon, l’archipel des contraintes naturelles Un cadre morphologique et volcanique contraignant Nord
Principaux massifs montagneux
Hokkaido
Principaux volcans
Sapporo
Failles géologiques et limites de plaques Bandes littorales vulnérables aux tsunamis Un contexte climatique contrasté Trajectoires privilégiées des typhons d'été
Honshu
Façades exposées à de très fortes chutes de neige Sendai Niigata
Plaque d'Eurasie
Tokyo Nagoya Hiroshima
Kobe Osaka
Plaque Pacifique
Fukuoka Nagasaki
Shikoku Plaque des Philippines
Kyushu
0 Ñ
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20 0
400 km
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De plus, il faut distinguer les façades littorales du Pacifique et de la mer du Japon . En effet, les façades littorales de la mer du Japon attirent moins la population à cause de conditions météorologiques moins favorables en hiver. Par exemple, la mousson hivernale apporte près de 5 à 6 mètres de neige cumulés à Niigata.
ᕣ Un axe de métropoles très peuplées le long de la
façade Pacifique La mégalopole est constituée de près de 100 millions d’habitants (2007). La population demeurant sur le ruban littoral Pacifique vit essentiellement dans de grandes agglomérat ions
(12 communes urbaines de la mégalopole sont millionnaires et possèdent le statut de métropoles ; cela Yokohama, a, Osaka, Osaka , Nagoya, Nagoy a, Kyoto, Kobe, leur confère certaines prérogatives administratives) : Tokyo, Yokoham Fukuoka, Kawasaki, Hiroshima, Kita-Kyushu, Sendai et Chiba (cf. document 1).
B
Un chapelet urbain efficacement mis en réseau ᕡ Trois agglomérations structurantes La mégalopole est un espace urbain multipolaire qui s’étend de Tokyo à Fukuoka, structuré à partir de trois pôles qui se distinguent par leur poids démographique et économique. Près de la moitié de cette population est concentrée dans les trois mégalopoles de Tokyo, Osaka et Nagoya, soit une cinquantaine de millions d’habitants sur moins de 6% du territoire. Le grand Tokyo compte à lui seul près de 30 millions d’habitants (2007), ce qui en fait la plus importante métropole mondiale. Le PIB de ces trois agglomérations interconnectées par de nombreux axes de communication dépasse celui de l’Allemagne, soit près de 2435 2 435 milliards de dollars.
ᕢ Une armature urbaine structurée par un réseau
de transports performant Les villes de la mégalopole sont caractérisées par d’intenses flux d’hommes d’hommes,, de biens et d’information d’informations. s. En effet, la mégalopole n’est pas un simple assemblage de villes isolées les unes par rapport aux autres. Même si des lambeaux agricoles entrecoupent les continuités urbaines, la mégalopole est avant tout un réseau urbain continu et articulé, sur plusieurs centaines de kms, autour autour d’un réseau ferroviaire dense, rapide et bien organisé : le Shinkansen , doublé par un réseau d’autoroutes et
de lignes aériennes intérieures.
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Document 3 Le Shinkansen, la colonne vertébrale de la mégalopole de Tokaïdo
(source : Johan Oszwald)
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Document 4
Une armature urbaine métropolitaine structurée par un réseau de transports performant Le Shinkansen, colonne vertébrale de la Mégalopole Villes et métropoles de plus de 350 000 habitants en 2007 (inventaire non exhaustif)
Nord
Hokkaido
17 000 000 4 500 000 350 000
Sapporo
Aires urbaines couvertes par les trois agglomérations majeures Shinkansen, train à grande vitesse japonais De nouvelles infrastructures Aéroports internationaux Honshu
Viaducs en service Viaducs projetés pour le 5 e plan
Sendai Niigata
Mer du Japon
Toyama Kanazawa
Saitama
Nagoya YokohamaTokyo Chiba Shizuoka Himeji Kyoto Kawasaki Hiroshima Okayama Kobe Osaka Hamamatsu Kita-Kyushu Fukuoka Matsuyama Nagasaki
Kumamoto
Shikoku
Océan Pacifique
Kagoshima Kyushu 0
200
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ᕣ Un espace dissymétrique Cette mise en réseau très importante à l’intérieur de la mégalopole cache un enclavement relatif du reste de l’archipel. l’archipel . Certaines métropoles de province ne sont pas intégrées physiquement à la mégalopole : Sapporo, Niigata, Kagoshima ou Kanazawa. Le démantèlement de l’entreprise publique ferrée japonaise dans les années 1960 (équivalent de la SNCF en France) a conduit à l’abandon des lignes les moins rentables. Ce qui apparaît comme une force à l’échelle internationale peut aussi apparaître comme une exclusion d’une partie du pays, et des régions montagnardes en particulier. Une ségrégation importante apparaît entre un Japon de l’endroit (mis en réseau et ouvert sur le monde) et un Japon de l’envers (replié sur lui-même). L’espace japonais apparaît être un Godzilla aux pieds d’argile, les territoires étant très dissymétriques.
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C
A la tête de la mégalopole, la plus grande métropole mondiale ᕡ Tokyo, l’hypercentre de tous les superlatifs Cette métropole tentaculaire qui englobe les villes associées de Yokohama, Kawasaki et Chiba, comporte toutes les fonctions d’un centre d’impulsion mondial. mondial .
Document 5 La baie de Tokyo, centre de la mégalopole de Tokaïdo Vers Niigata
Tokyo : une ville d'abord industrielle
Vers Sendai
Nord
Zones urbanisées Noyaux urbains périphériques importants et autres villes Limites de Tokyo et de Yokohama
Kawaguchi
Narita
Terre-pleins gagnés sur la mer et zones industrielles Une ville tertiaire
Chiba Haneda Kawasaki Yokohama
Centres commerciaux
o
y
k
Tokyo Disneyland
o
T e
e
Centres d'affaires
d
Une ville soutenue par de nombreuses infrastructures
i
a
B
Vers Nagoya
Yokosuka
0
5
10 km
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Aménagement autoroutier "T "Trans rans Tokyo Tokyo Bay" Bay " Gare centrale de Tokyo Tokyo Le Shinkansen : vecteur de l'ouverture sur la mégalopole Aéroports nationaux Aéroports internationaux
Cette métropole regroupe près du quart quar t de la population populati on du pays. Tokyo regroupe près de la moitié de la population étudiante du pays, la moitié des entreprises de pointe et des médias, la moitié des services privés, 85% des entreprises étrangères et 60% des transactions boursières du pays. Tokyo seule équivaut au PIB de la France. Il s’agit là d’un véritable Yokozuna de l’économie mondiale,, recouvrant de son ombre gigantesque le reste de l’archipel. (Yokozuna est le rang le plus mondiale élevé atteint par un lutteur sumo.)
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Document 6
La métropole de Tokyo
Nord
Ikebukuro
Adashi
Itabashi
Bunkyô
Kita
Nerima
Katsushita Arakawa Toshima Nakano Bunkyô Taitô Sumida Shinjuku Suginami Edogawa Chiyoda Shibuya Chûô Kôtô Minato Setagaya Meguro Shinagawa Ôta
0
2 ,5
Baie de Tokyo
5 km
Une ville soutenue par des densités de population importantes 20 000 16 500 13 500 10 000 7 000 3 500
Nord
Toshima Taitô Ueno
Sumida
Shinjuku
Chiyoda Marunouchi Palais Centre d'affaires Kinshinchô-Kameido Impérial Tokyo Kasumigaseki Chûô Shibuya Centre politique Toranomon Kôtô et administratif Centre d'affaires Shibuya Minato
Shinjuku
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Rinkaifukutoshin Ôsaki Shinagawa
0
3 ,7 5 k m
Une ville tertiaire soutenue par de nombreuses infrastructures Nombre de bureaux supérieur à 34 000 unités par quartier
}
Nombre d'habitants par km?
Quartier central des affaires de Tokyo Principales lignes ferroviaires structurant le centre de Tokyo Tokyo
Limites de l'aire urbaine de Tokyo
Gares structurantes de l'agglomération de Tokyo
Aéroport de Haneda
ᕢ Une ville mise en réseau sur le monde Cette agglomération abrite les sièges sociaux de 89 des 500 premières firmes mondiales (Sony, Toyota Motors…). La bourse de Tokyo Tokyo rayonne sur l’ensemble du sous-continent asiatique et structure la majorité des échanges financiers de la région . Les activités traditionnelles sont exurbanisées pour accueillir sur de nouveaux terre-pleins des bureaux et des activités récréatives (les terre-plei terre-pleins ns ou Umetate-Chi sont des espaces constructibles qui ont été gagnés sur la mer par le remblaiement, comme l’île artificielle d’Odaiba et le Rainbow Bridge, symboles de l’avancée de la ville sur la mer). De plus, le grand Tokyo est très fortement ouvert sur le Pacifique par l’intermédiaire des ports de Tokyo, Chiba, Yokohama et Kawasaki . L’ensemble des échanges pratiqués par ces ports représente près de 356 millions de tonnes de marchandises et 9 669 000 conteneurs (TEUs) en 2006. Ces statistiquess en font le quatrième port mondial en tonnage de marchandises et le neuvième en statistique
échange conteneurisé.
ᕣ Un espace urbain en constante évolution Le vieux centre, saturé et congestionné, ne permet plus de satisfaire l’ensemble des besoins de cette métropole. Ainsi, de nouveaux quartiers d’affaires périphériques font leur apparition depuis les 40 dernières années, comme Shinjuku. La présence de la cité scientifique de Tsukuba, l’un des plus Tokyo, est également révélatrice révélatric e de la concentration concent ration grands technopôles mondiaux , à la périphérie de Tokyo, de savoir et des capacités d’innovation de Tokyo. Tokyo est également un laboratoire architectural de renommée mondiale. Les traditions se conjuguent avec une forte dose de futurisme et des projets utopiques géants : le projet architectural d’un immeuble titanesque ayant la forme du Fuji San dans la baie de Tokyo (Dans un pays imprégné par l’imagerie urbaine futuriste de certains manga comme Blame de Tsutomu Nihei). Le but de ces projets utopistes Séquence 8-HG00
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est essentiellement de proposer des horizons nouveaux marquant l’imaginaire collectif, à la pointe de l’art contemporain et de l’architecture futuriste. L’objectif est d’ériger Tokyo au statut de plateforme mondiale de l’expérience urbaine et d’en faire une œuvre grandeur nature en perpétuelle évolution.
Document 7 Exemples du renouvellement architectural à Tokyo
(source : Johan Oszwald)
Bilan La mégalopole de Tokaïdo est bien le cœur de la puissance économique japonaise. C’est un territoire très densément peuplé où sont concentrés la très grande majorité des acteurs économiques, politiques, financiers et universitaires. Tokyo y tient une place particulière en étant le centre de commandement incontesté de la mégalopole.
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La mégalopole de Tokaïdo possède une interface maritime de dimension mondiale
A
Une puissante façade maritime façonnée pendant la « Haute Croissance » ᕡ Une genèse aux bases industrielles L’industrie japonaise avant la Seconde Guerre mondiale était puissante et concentrée sur certains sites de production, mais la guerre laisse le pays exsangue. La guerre froide et la guerre de Corée font du Japon un atout majeur dans le jeu géopolitique des Etats-Unis. Sous leur impulsion, la restructuration du pays est fortement accélérée. Cette croissance repose exclusivement sur une industrie nationale qui donne naissance à de gigantesques foyers industriels dans les pôles urbains et portuaires, ce qui impulse le développement de la mégalopole. Trois des quatre anciennes régions industrielles héritées du début du XX e siècle, maintiennent une intensive activité : – Le Keihin : les départements de Tokyo Tokyo et de Kanagawa (diversifié) ; – Le Hanshin : les départements d’Osaka et de Hyogo (spécialisé dans la chimie et l’industrie
lourde) ; – Le Chukyo : les départements de Aichi et de Mie (spécialisé dans la mécanique). Deux nouvelles régions industrielles de premier plan apparaissent durant la période de restructuration : – Le Tokaï : entre Tokyo Tokyo et Nagoya (spécialisé dans la mécanique et la chimie). – Le Setouchi : région d’Hiroshima.
De plus, Tokyo confirme sa domination industrielle avec le renforcement de la ville de Chiba qui assure le développement de l’industrie sidérurgique et de la pétrochimie. Tokyo pèse aujourd’hui pour près de 33% dans l’emploi industriel de l’ensemble du Japon.
ᕢ Un développement industriel organisé en phases
de croissance Ce développement industriel n’a pas été soudain ; il s’est déroulé avec un caractère progressif et une logique de promotion de l’industrie au Japon. Ñ
Ñ
Ce développement repose essentiellement sur la volonté de construire une industrie nationale forte en se préoccupant notamment de la nécessité de s’imposer face à la concurrence mondiale. De plus, cette cette densification du tissu industriel poursuit une logique de concentration spatiale le long de la mégalopole afin de faire du littoral Pacifique une plate forme de distribution sur le monde. Ce développement a été organisé en différentes phases de croissance : c’est ce que l’on appelle le développement industriel en « vol d’oies sauvages » :
– D’abord, un produit aisé à produire est importé. La demande commerciale pour ce produit se développe
dans le pays et sa production débute dans le pays importateur ; ce qui a pour effet de stopper les importations. – Lorsque la production de ce produit devient suffisante, son exportation s’engage et croît rapidement. – La dernière phase de ce cycle amène à rechercher un nouveau produit plus perfectionné pour recommencer ce cycle vertueux. Séquence 8-HG00
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Les différentes phases de croissance se succèdent donc avec des produits de plus en plus perfectionnés. – Dans les années 1950, le Japon s’appuie sur l’industrie textile. Ñ
– Ce premier cercle vertueux terminé, l’industrie automobile et la construction navale prennent le relais dans les années 1970. robotique.. – Dans les années 1980, le Japon s’appuie sur l’électronique et la robotique – Les années 1990 sont marquées par l’avènement de la bio-industrie, de l’informatique, du nucléaire et des cosmétiques cosmétiques..
– Aujourd’hui, le pays s’appuie sur la recherche très performante pour soutenir ce mode de développement économique.
ᕣ La mégalopole concentre les acteurs
de la croissance La dynamique des importations et des exportations due au développement économique en phase de croissance a favorisé l’émergence de très puissants ensembles industrialo-portuaires, les combinats (terme d’origine japonaise – kombinâto). Ces complexes industriels sont en grande majorité localisés au sein de la mégalopole, sur les côtes du Pacifique, à proximité des grandes métropoles structurant la mégalopole mégalopole.. Ces complexes industriels sont planifiés par les pouvoirs publics en facilitant les acquisitions foncières et les solutions de logement des employés. Ces combinats transforment une ou plusieurs matières premières, importées par la mer, en produits de consommation. Ainsi, depuis de nombreuses années, la littoralisation des industries l’emporte notamment via les extensions possibles sur la mer grâce au système des terre-pleins.
B
Une mégalopole ouverte sur le monde ᕡ Une des plus grandes façades maritimes
mondiales Le Japon possède un dispositif portuaire unique dans le monde, ce qui lui permet d’atteindre, en 2006, le rang de 4 e exportateur mondial. Ce dispositif portuaire est l’une des conditions indispensables pour faire de la mégalopole de Tokaïdo Tokaïdo le cœur de la puissance économique japonaise.. D’une part, pour faciliter les importations de matières premières que le Japon ne produit japonaise
pas ; d’autre part, pour assurer le transport des marchandises exportées. exportées. Aujourd’hui, le rôle de plate-forme d’importation de la mégalopole perdure, mais avec un élargissement des activités autour des produits de l’agroalimentaire ou de pièces industrielles provenant des délocalisations dans l’Asie-Pacifique. Trois espaces industrialo-portuaires jouent un rôle de premier plan à l’échelle mondiale :
Tokyo-Chiba-Yokohama-Kawasaki ; Nagoya-Yokkaichi ; Osaka-Kobe. Ces trois pôles réunis réalisent près de 850 millions de tonnes de marchandises échangées en 2006 (Rotterdam : 378).
ᕢ À la conquête des marchés mondiaux Cette façade maritime a permis au Japon de conquérir les marchés mondiaux. L’excédent com-
mercial est traditionnel, il est de 71 milliards de dollars en 2006 (la valeur marchande des exportations est supérieure à celle des importations). De plus, plus, afin de garantir cette conquête dans un contexte de mondialisation, les firmes japonaises ont été contraintes d’installer des usines dans des pays comme les Etats-Unis ou la France pour contourner les diverses restrictions protectionnistes protectionnistes à leurs exportations exportations.. 108
Séquence 8-HG00
ᕣ Une insertion mondiale qui privilégie l’Asie L’Asie est depuis de nombreuses années la première zone pour le commerce extérieur japonais. Cet espace régional représente près de 50 % du commerce total du Japon en 2006 (importations et exportations). Les échanges avec la Chine sont les plus intenses. Ils représentent 17,2 % des
exportations du Japon et les importations chinoises au Japon représentent 20,5 % des importations totales. Le Chine est le seul pays avec lequel la balance commerciale japonaise est négative. Ces échanges soutenus sont le résultat des nombreuses délocalisations industrielles, mais aussi de l’abandon de la production de certains biens . L’évolution de la politique industrielle en Asie est
particulièrement notable : les importations importations ne sont pas des matières premières, mais en majorité des équipements industriels dus au développement des investissements directs à l’étranger (IDE) japonais en Asie (particulièrement dans l’automobile). Cette évolution est aussi le résultat de l’influence japonaise en tant que modèle économique pour beaucoup de pays d’Asie, au premier rang desquels la Corée du Sud. De plus, dans un contexte de mondialisation libérale, l’aire régionale asiatique tend à se renforcer par le dynamisme intense de ses échanges, notamment entre la Chine, la Corée et le Japon.
B
Les rééquilibrages territoriaux actuels ᕡ Un cas unique au monde de concentration
spatiale La mégalopole de Tokaïdo Tokaïdo est caractérisée par une concentration humaine très importante le long du ruban littoral Pacifique. Les 100 millions d’habitants qui la composent en sont aussi les premiers acteurs. D’ailleurs D’ailleurs,, cette concentration humaine ne cesse de se renforcer autour de certains centres polarisants (cf. la figure 1), ces derniers étant aussi des centres économiques,
principaux fournisseurs d’emplois. La mégalopole de Tokaïdo est et reste de loin la première mégalopole mondiale . Les deux
autres mégalopoles mondiales, mondiales, la Mégalopolis et la mégalopole européenne, sont en population et en en PIB, moins importantes. En effet, la Mégalopolis regroupe 45 millions d’habitants pour un PIB de 1215 milliards de dollars ; la mégalopole de Tokaïdo, 100 millions d’habitants pour un PIB proche de 2500 milliards de dollars ; la mégalopole européenne compte 70 millions d’habitants pour un PIB de 1013 milliards de dollars.
ᕢ La mégalopole et ses alentours Cette concentration spatiale de la mégalopole est à l’origine d’inégalités très fortes entre le centre mégalopolitain saturé et hyperactif et les périphéries souvent reléguées au statut de zones vieillissantes ou, au mieux, récréatives. Afin de remédier à ces inégalités inégalité s spatiales, des politiques d’aménagement du territoire ont été mises en œuvre ; mais il convient de prendre conscience de leurs limites. Dès 1962, des « nouvelles villes industrielles » sont fondées dans le cadre du plan d’aménagement du territoire. territo ire. Il s’agit de construire de véritables complexes technopolitains. Cependant, s’il existe des espaces choisis en dehors de la mégalopole, la majorité des technolopoles y reste concentrée, ce qui renforce encore son empreinte sur le pays (cf. le document 6).
ᕣ Un De nouveaux processus de spatialisation :
le redéploiement en province Ñ
Si nous avons vu auparavant que les entreprises étaient majoritairement concentrées dans la mégalopole, il existe des cas particuliers de déploiement d’entreprises en dehors de celle-ci . En Séquence 8-HG00
109
effet, l’industrie automobile fut pionnière dans la réorganisatio réorganisationn de ses processus de production production.. Les industries légères (électriques, mécaniques et instruments de précision) ont essaimé dans l’ensemble de l’archipel l’arc hipel au cours des années 1980 et 1990. Il s’agit d’industries d’assemblage d’asse mblage à haute intensité de main d’œuvre, où le Japon détient un avantage d’innovation ayant trait au produit. Ce type spécifique d’industries , qui représente près de 30 % de l’emploi industriel total, se localise en grande partie en dehors de la mégalopole où les terrains sont moins chers et où il existe une réserve de main d’œuvre, féminine en particulier, particulier, dont les prétentions salariales sont moins élevées et qui accepte de travailler dans des conditions plus dures. Ñ
Cette dispersion de l’emploi industriel dans les petites entreprises a des conséquences sur le tissu industriel, et sur la mégalopole, en les restructurant.
Les composants fabriqués dans certains pôles industriels mégalopolitains sont rassemblés dans des entrepôts afin d’être livrés par camions dans les unités d’assemblage en province. Enfin, Enfin, le produit fini est livré dans les métropoles et/ou dans les complexes portuaires pour mise en vente et/ou exportation. Toutefois, l’ensemble des décisions, de gestion ou de marketing reste dans les métropoles. De plus, au début des années 1980, le gouvernement a voulu développer une « ère de la Province » portée par la montée de la haute technologie. L’État lança donc un Plan Technopolis en 1983 pour stimuler l’essor des industries de pointe hors de la ceinture Pacifique Pacifique . Sur les 26 sites choisis pour accueillir l’industrie, aucun ne connut de véritable synergie entre la recherche, l’enseignement supérieur et l’industrie de pointe, et les centres de recherche continuèrent de se concentrer dans les agglomérations de Tokyo Tokyo et Osaka. Vers le milieu des années 1980, le développement régional n’avait été qu’une illusion : les mutations industrielles n’ont fait que renforcer davantage la position des grandes agglomérations, et particulièrement celle de Tokyo.
Bilan Le processus de redéploiement des entreprises dans les années 1980-1990 répond à un souci de stimulation de l’activité l’activi té intérieure. Or, Or, dans un pays où l’essentiel l ’essentiel des activités activ ités sont tournées vers ve rs l’extérieur, la densification de l’activité industrielle le long de la mégalopole est incontournable (cf. le document 8).
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Séquence 8-HG00
Document 8
Un redéploiement difficile des entreprises et industries Une façade littorale historiquement puissante Trafics des principaux ports en 2007 (en millions de tonnes)
Nord
Hokkaido
+ de 150 100 à 149,9 80 à 99,9
Sapporo
Zones spéciales d'équipement industriel définies en 1962 Zones d'industries lourdes Localisation des principaux sites d'exploitation de l'insdustrie automobile Honshu
Une déconcentration très difficile
Akita Technopoles définies pour le plan Technopolis (1983-1998) Cités scientifiques majeures Préfectures au solde migratoire négatif entre 1970 et 2006
Sendai
Toyama
Mer du Japon
Tokyo Yokohama Nagoya Hiroshima
Kobe
Chiba
Kawasaki Osaka
Kita-Kyushu Nagasaki
d l a w z s O n a h o J : n o i t a s i l a é R
Océan
Shikoku
Pacifique
Kyushu
0
200
400 km
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La mégalopole de Tokaïdo, une mégalopole en danger ? A
La mégalopole à l’épreuve des crises économiques ᕡ Des difficultés débutant dans les années 1990 Au début des années 1990, le Japon est entré dans une crise qui a débuté avec l’explosion de la bulle spéculative immobilière. Cette crise a affecté en particulier le moteur économique du Japon, la mégalopole de Tokaïdo.
Document 8 Dynamique du PIB nominal et du taux de chômage au Japon entre 1994 et 2008. 520 ) s r a l l o d e d s d r a i l l i m ( l a n i m o n B I P
6
515 5
510
T a u x 4 d e c h 3 ô m a g e 2 ( % )
505 500 495 490 485 480
1
475 470
5 9 4 9 9 9 6 9 9 1 1 1
7 9 9 1
8 9 0 9 9 0 9 9 0 1 1 2
1 2 3 0 0 0 0 4 0 0 0 0 2 2 2 2
PIB nominal (en milliards de dollars)
5 7 8 0 0 6 0 0 0 0 0 0 2 2 2 2
0
Taux de chômage (en %)
Les taux de croissance du PIB et du chômage sont de bons indicateurs de la crise qui a sévi au Japon dans les années 1990. Cette sévère dégradation est le résultat de plusieurs facteurs conjugués dont : – L’essoufflement d’un modèle de production original qui a du mal à affronter la remontée en
puissance des Etats-Unis et l’apparition de la Chine au premier rang des puissances économiques mondiales. – L’éclatement de la bulle spéculative qui s’est formée au cours de la décennie des années 1980. Cette crise spéculative, due à des investissements inconsidérés, a provoqué de nombreuses faillites d’entreprises et de banques . Dans leur sillage, ces faillites ont entraîné la fermeture de très nombreuses entreprises sous-traitantes. La formation de cette bulle spéculative a été
sérieusement aggravée par les liens étroits entre les dirigeants économiques et politiques politiques.. – La crise asiatique de 1997 a été un facteur aggravant de la crise japonaise, affaiblissant affaiblissant la sousrégion asiatique. L’effet conjugué de ces deux crises à des échelles spatiales différentes peut se ressentir sur la courbe du PIB (document 9). Les difficultés économiques ont perduré du fait de la difficulté du Japon à mettre en route un nouveau modèle économique économique.. De plus, l’enfoncement du pays dans la crise a profondément affecté le moral de la société japonaise et mis en doute les capacités du pays à protéger ses salariés et à garantir leur niveau de vie. 112
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ᕢ Un nouveau coup d’arrêt en 2008-2009 Ñ
Ñ
Bien que la crise des années 1990 ait mis à mal le système économique japonais, le pays connaît une reprise économique à partir des années 2000. En effet, en 2005, le Japon a affiché une croissance de près de 3%. La reprise a d’abord été tirée par les exportations exportations,, puis par la vitalité des dépenses privées intérieures de consommation et d’investissement. L’économie L’économie japonaise présente au début des années 2000 un contraste saisissant avec ce qu’elle était dans les années 199 0 (cf. le document 9). Les banques, notamment, sont plus prospères et le secteur privé des entreprises est bien plus solide. Les perspectives budgétaires budgétaires de ce redressement de l’économie japonaise sont très encourageantes. Compte tenu de ces progrès, le Japon devait connaître une croissance nettement supérieure au cours de la décennie à venir venir.. Cependant, la crise économique globale de 2008-2009 met un coup d’arrêt à cette progression. Pour la première fois en sept ans, le Japon, deuxième puissance économique du monde, est donc bel et bien entré de plain-pied en récession. Les entreprises, surtout les petites structures et celles dépendant largement des marchés extérieurs e xtérieurs (secteur automobile en tête), sont victimes d’un affaiblissement de la demande dans les pays occidentaux durement touchés par la crise
économique mondiale, mondiale, ainsi que de difficultés d’accès au crédit. Environ 1010 entreprises japonaises ont mis la clef sous la porte au mois de novembre 2008, ce qui marque le sixième mois de suite au cours duquel plus de 1000 sociétés nippones ont été poussées à la faillite pour diverses raisons, à commencer par la propagation de la crise économique.
ᕣ Une croissance de l’exclusion : de la précarisation
des salariés à l’essor des « buru-tento » Ces différentes crises successives ont eu pour effet de fragiliser fortement le tissu social japonais , notamment chez les personnes âgées. A Tokyo, la « patrouille du peuple » relève une
Ñ
augmentation brusque brusque du nombre de sans-abri, qui triple entre 1992 et 1994. Les centres d’accueil de certains quartiers de Tokyo Tokyo sont submergés de demandes : entre 1993 et 1994, dans le centre d’accueil de Shinjuku, le nombre de repas distribués distribués par jour est passé de 352 à 12 104. Cette nouvelle pauvreté japonaise montre des spécificités socio-démographiques notables : les 2/3 des sans-abri sont des hommes de plus de 50 ans. Ils sont sédentarisés dans des regroupements de
tentes bleues ou d’abris de fortune recouverts de bâches bleues. Ces sans-abri sont rejetés en marge de la société et font l’objet d’une discriminatio discriminationn souvent ouverte et généralisée. Ñ
L’origine de l’explosion des sans-abri est d’origine structurelle. Dans la seconde moitié des années 1990, la crise économique fragilise les positions sociales des plus précaires. Après la mise en place de programmes de réinsertion locaux, le nombre de sans-abri a fortement diminué à Tokyo. Cependant, cette baisse est aussi due à une gestion plus sévère des espaces publics, ce qui a pour effet d’éparpiller les sans-abri et de les repousser en périphérie. De plus, cette exclusion concerne une population sans cesse croissante des personnes âgées vivant seules ou d’emplois précaires. Autant Autant de fragilités qui persistent ou s’accroissent avec la crise d’ampleur mondiale de
2008-2009.
B
Les conséquences sociales et environnementales de la saturation spatiale ᕡ Une opinion publique sensibilisée à
l’enchaînement des crises environnementales Ñ
Dans un pays soumis à un risque sismique très élevé , la concentration des personnes et des équipements dans la mégalopole pose de nombreux problèmes. Le séisme de Kobe de 1995 a tremble ment de terre, qui a fait près de 4500 45 00 morts, a ravivé les inquiétudes de la population. Ce tremblement fortement remis en question la confiance confia nce des Japonais dans la gestion du risque sismique, notamment Séquence 8-HG00
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face à l’incapacité des autorités à organiser les secours. De plus, ce séisme a montré une importante ségrégation spatiale de l’aide aux populations : les projets de prévention des risques sismiques ont été valorisés dans les quartiers riches, alors que les quartiers pauvres ont été délaissés par les pouvoirs publics. Cet abandon du pouvoir en place a remis en cause des principes de solidarité et d’union, ressorts essentiels de la société japonaise. Document 10
Les risques environnementaux au Japon Pollutions maritimes Les espaces maritimes pollués
Nord
Hokkaido
Pollution au mercure (maladie de Minamata) Sapporo
Pollutions urbaines La mégalopole Pollution au Cadnium Honshu
Centres des principales maladies respiratoires Pollution atmosphérique d'origine urbaine
Sendai Niigata Mer du Japon
Tokyo Hiroshima
Nagoya Osaka
Kitakyushu
Océan Pacifique
Nagasaki
Shikoku
Kyushu 0 Ñ
200
400 km
d l a w z s O n a h o J : n o i t a s i l a é R
La concentration des personnes et des équipements pose également le problème de la pollution, qu’elle soit urbaine ou industrielle . La production industrielle et la circulation des véhicules automobiles sont à l’origine de pollutions atmosphériques, de la dégradation des conditions de vie liées à l’environneme l’environnement, nt, de bruit. La gestion des déchets ménagers est un casse-tête pour le gouvernement métropolitain de Tokyo.
La question la plus sensible reste la question de l’eau . Les nappes phréatiques des villes de Yokohama ou de Hiroshima sont contaminées par les déchets, le tout-à-l’égout n’étant pas complètement réalisé. Les eaux maritimes ont longtemps été considérées comme le réceptacle « naturel » de diverses pollutions. De 1932 à 1966, une intoxication par le mercure a entraîné la mort de plus de 700 personnes dans le port de Minamata. Minamata. Cette intoxication est due aux rejets de métaux lourds, dont le mercure, des usines d’engrais de la Nippon Chisso. En plus, de nombreux enfants ont été touchés et en gardent des séquelles. Il a fallu attendre 1996 pour que l’Etat propose un compromis pour indemniser l’ensemble des victimes !
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ᕢ Les Japonais à l’épreuve de « l’enfer des
transports » A cette crise environnementale, la taille de la mégalopole ajoute une crise urbaine sans précédent. Le réseau routier, sous-équipé, est incapable incapable de faire face à l’explosion de la motorisatio motorisationn durant la
période de « Haute Croissance ». Plus équipé, le réseau ferroviaire urbain permet de gérer l’augmentation de la population urbaine. Cependant, aux heures de pointe, le réseau devient hypersaturé, jusqu’à provoquer un danger pour la santé des voyageurs. La pénibilité des transports s’est accrue avec l’allongement des migrations pendulaires.. Sous l’effet d’une très forte flambée foncière, le front d’urbanisation est repoussé à plus pendulaires de 30 km du centre des grandes métropoles, ce qui a pour effet d’augmenter les trajets entre le lieu de résidence et le lieu de travail. Enfin, la verticalisation des villes japonaises entraîne un déficit d’ensoleillement dans les îlots résidentiels aux constructions basses que la densification incontrôlée du bâti avait flanqués de tours.
C
Une insertion politique et économique problématique en Asie ᕡ L’absence d’une véritable vér itable cohésion économique
régionale Ñ
La formation d’un regroupement économique régional est un facteur important dans les dynamiques contemporaines de l’espace économique mondial et dans l’affirmation de pôles régionaux. Ce facteur explique en grande partie la réussite de l’Europe occidentale qui a entrepris cette démarche depuis les années 1950. Les Etats-Unis ont amorcé également cette
démarche de construction régionale régionale avec la création de l’ALENA en 1994 (Alliance de Libre-Echange Nord Atlantique). Le Japon ne s’est pas engagé dans un tel processus, et ce pour des raisons historiques et culturelles : – L’héritage de la Seconde Guerre mondiale qui est encore très vivace en Corée du Sud et en
Chine. – La tradition culturelle asiatique qui veut qu’un Etat évite d’intervenir dans les affaires de ses voisins. Ñ
La signature d’un traité bilatéral de libre-échange avec Singapour en 2001 a marqué la fin d’une période tournée au-delà de la région Asie-Pacifique. Asie-Pacifique. Mais sa mise en application a fait l’objet de très nombreuses réticences au Japon. Ces réserves à l’ouverture se retrouvent dans les accords qui ont été signés par le Japon : si le pays fait partie de l’APEC (Asia Pacific Economic Cooperation), il ne fait pas partie de l’ASEAN (Association of South-East Asian Nations) qui favorise le libre-échange. De plus, il n’existe pas de monnaie commune d’échange en Asie, hormis le dollar.
Enfin, le poids des Etats-Unis dans la vie économique et politique du Japon agit comme un obstacle à l’exercice des responsabilités responsabilité s géopolitiques réelles dans la région. En jouant le rôle de porte-parole des Etats-Unis en Asie, le Japon limite, aux yeux de ses voisins, sa capacité de leadership régional.
ᕢ Le poids du passé dans les relations actuelles :
l’exemple de la Chine Le Japon a décidé, depuis ces dernières années, de mener une politique de fermeté à l’égard de la Chine. Cela concerne le contentieux territorial des îles Senkaku, la tension dans le détroit de
Taiwan, l’attitude à l’égard du passé ou de l’énergie. Le Japon ne cesse de dénoncer l’importance et
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le manque de transparence des dépenses militaires chinoises. Il veille, sous la pression américaine, à limiter les accès de la marine chinoise à la haute mer. Le Premier ministre Koizumi (2001-2006) a décrit la Chine comme une réelle menace militaire , prenant pour preuve l’augmentation des forces dirigées contre Taiwan. La marque la plus visible de cette opposition est représentée par les visites de Koizumi au temple Yasukuni dans lequel est rendu hommage aux deux millions de soldats japonais « ayant donné leur vie au nom de l’empereur du Japon » de 1868 à 1945. Ce temple est le symbole aux yeux de ses voisins d’un certain révisionnisme historique japonais. japonais. Koizumi appartient à une génération de Japonais qui considère que le Japon a déjà fait à plusieurs reprises les excuses nécessaires aux atrocités de la guerre (massacre de Nankin ; « femmes de réconfort » sud-coréennes). Il reste que cette attitude d’opposition a, en particulier s’agissant du passé, entravé ses relations avec la Chine et la Corée du Sud. Cette situation dégénère en 2005 avec les émeutes anti-japonaises dans plusieurs
grandes villes chinoises chinoises..
ᕣ L’économie japonaise : une rampe de lancement
vers l’Asie ? Ñ
Le Japon assume depuis peu un engagement plus direct et un rôle moteur en Asie, au moyen d’une politique de construction économique régionale intégrée. Mais cela signifie
aussi un certain repli de la politique extérieure japonaise à l’échelle régionale, et non plus mondiale. mondiale. Les réévaluations massives du yen en 1985, et surtout en 1995, ainsi que les querelles commerciales avec les Etats-Unis incitent les grandes entreprises à délocaliser la production des biens destinés à l’exportation vers des pays d’Asie à plus bas coût de main d’œuvre. Les surplus de capitaux japonais sont ensuite recyclés dans la région au moyen de la politique d’aide au développement. Ñ
Les accords du Plaza en 1985 marquent un tournant dans la politique économique du Japon menée dans l’aire asiatique. Ces accords ont entraîné une hausse du yen et un accroissement de la concurrence internationale ; les entreprises japonaises ont délocalisé une part croissante de leurs activités. Presque tous les secteurs sont concernés : automobile, construction navale, électronique, optique, appareillage électronique. électronique. Près de 19 000 entreprises japonaises ont déjà délocalisé leurs activités dont 12% en Chine, 7% en Thaïlande, 6% à Hong-Kong et autant à Singapour.
Certains secteurs de l’industrie japonaise ont donc été affaiblis sur son territoire comme la fabrication des appareils optiques et photograph photographiques iques ou la quasi-fermeture des charbonnages.
Bilan Les concentrations humaines et économiques é conomiques provoquées par la mégalopolisation posent biens des problèmes environnementaux et sociétaux. De nombreuses crises ont marqué l’histoire de la mégalopole et ont remis en cause son mode de fonctionnement. D’autres défis sont encore à relever. Cependant, à l’heure de l’ouverture et de la conquête des marchés asiatiques, ces enjeux internes ne doivent pas freiner le développement de la mégalopole et son ouverture sur la sphère asiatique asiatique..
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onclusion La mégalopole japonaise peut être caractérisée comme une dualité géographique entre un Japon de l’envers et un Japon de l’endroit. C’est un objet géographique mythifié par d’autres civilisations et source d’interrogations d’interrogatio ns ou d’admiration. La concentration apparaît être le maître-mot de l’organisation spatiale de la mégalopole :
– la concentration de la population, comme vous avez pu le constater sur la figure f igure 2 ; – la concentration des agglomérations urbaines , notamment le long du littoral du Pacifique ; – l’extrême concentration des acteurs économiques et politiques dans la mégalopole ; – la concentration des fonctions de commandement ; – la concentration des activités. Ces concentrations entraînent un haut degré d’artificialisation des territoires qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement et sur la société japonaise . Néanmoins, la mégalopole est
la clef de la réussite économique japonaise et sa façade d’ouverture sur le monde. Ainsi, Ainsi, la mégalopole a pris toute sa place dans les dynamiques mondialisées des échanges de biens matériels et immatériels, territ oire qui a permis au Japon de s’insérer s’in sérer,, comme un acteur de personnes et de savoir sav oir.. C’est un territoire indispensable de l’économie mondialisée, dans dans l’espace mondial, et de s’affirmer comme un pôle de la Triade. n
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