L’Asie orientale : > une aire de puissance en expansion Cette séquence est destinée aux séries L, ES et S.
Séquence 7-HG00
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Introduction Chapitre 1
> Une nouvelle aire de puissance mondiale originale
Chapitre 2
Chapitre 3
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A
Une aire de puissance littoralisée
B
Une aire structurée par des métropoles puissantes
C
Une aire de puissance très hétérogène
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> Une aire de puissance récente et dynamique A
Un exemple pour l’Asie : le précurseur japonais
B
Une croissance et un développement exceptionnels exceptionnels
C
Le développement industriel, moteur de la « croissance mondiale »
> Une aire de coprospérité encore fragile A
Une aire de coprospéri coprospérité té asiatique
B
Un modèle économique fragile ?
C
Le poids de l’histoire et les nouveaux défis
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Conclusion Se reporter à la carte n°9 de l’annexe.
Sommaire séquence 7-HG00
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ntroduction Davantage encore que la fin de la guerre froide, la mondialisation et le décollage rapide de la Chine sont en train de bouleverser les équilibres établis. Les Etats-Unis sont toujours la première puissance militaire de la région, les flux commerciaux sont principalement principaleme nt dirigés vers l’Amérique du Nord et les alliances bilatérales restent au cœur des accords entre pays et firmes. Les relations entre pays ne sont pas encore gérées par des accords d’ensemble. Même si l’ASEAN (Association des pays de l’Asie du Sud-Est) coordonne les activités économiques ou commerciales, elle ne regroupe qu’une partie des pays de cette aire de puissance. « L’Asie Orientale : une aire de puissance en expansion » est abordée par le biais de ses 6 acteurs clés : le Japon, la Chine, la Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong et Singapour . Un autre acteur d’importance retiendra notre attention, les Etats-Unis, du fait du rôle économique et politique qu’il exerce sur cette région.
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Une nouvelle aire de puissance mondiale originale A
Une aire de puissance littoralisée ᕡ Une concentration de population essentiellement
littorale Ñ
Les différents pays qui organisent l’aire de puissance de l’Asie orientale regroupent plus de 1500 millions d’habitants, soit près de 24% de la population mondiale. Cependant, les disparités internes sont énormes :
– La Chine représente à elle seule 86 % de la population totale de la région (Japon, Chine, Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong et Singapour). Les cités-états de Singapour et de Hong-Kon Hong-Kong g contrastent fortement avec ce géant , comptant respectivement 4,2 et 6,8 millions d’habitants. – Les projections démographiques à l’horizon 2025 mettent en évidence une opposition entre les pays où la croissance démographique ne sera pas suffisante pour éviter une diminution de la population (Japon), les pays où l’augmentation de la population restera modérée (Corée du Sud, Singapour et Taiwan) et les pays où la population va continuer d’augmenter de manière notable (Hong-Kong et Chine). Dans le dernier cas, c’est une augmentation de masse qui est à noter, mais également un exode rural difficilement contrôlable. Ñ
De ce fait, les densités moyennes de population sont très fortes, de l’ordre de plus de 100 hab./km², notamment notamment à l’intérieur des très nombreuses métropoles et sur les littoraux . Une grande partie du territoire de la Chine est caractérisée par des densités assez faibles, notamment à l’intérieur du pays. Cela est dû à des facteurs d’origine physique, comme la répartition des reliefs (chaîne de l’Himalaya) ou la présence de grands déserts (désert de Gobi). Il s’agit du seul pays de l’aire asiatique orientale à posséder une répartition aussi dichotomique de sa population. La Chine, bien que très continentalisée, est donc caractérisée par le regroupement de 91 % de sa population sur 41 % du territoire. Il s’agit de la « Chine pleine », soit la bande littorale qui va de Beijing à Hong-Kong, en passant par Shanghai.
Au Japon, la mégalopole de Tokaido regroupe 75 % de la population sur 20 % du territoire. En Corée du Sud, le littoral accueille près de 75 % de la population totale du pays ; ce pourcentage est encore plus élevé à Taiwan. Dans les cités-états de Hong-Kong et de Singapour, la population est forcément littorale.
portuaire du monde ᕢ La plus forte concentration portuaire L’Asie orientale est constituée de cités-états portuaires (Hong-Kong et Singapour), d’une île (Taiwan), d’un archipel (Japon), d’une péninsule (Corée du Sud) et d’un pays continent (la Chine). Ces puissances sont toutes caractérisées par une dimension littorale très importante, elles sont très ouvertes sur l’extérieur (par exemple, les cités-états possèdent un marché intérieur réduit, ce qui provoque une externalisation de l’économie importante, comme pour les Pay Pays-Bas s-Bas en Europe). Dans ce contexte, les plus importantes métropoles chinoises sont littorales. Avec ces caractéristiques, nous sommes au cœur d’une des dynamiques essentielles de la mondialisation : l’importance de la localisation littorale. Les activités portuaires sont indispensable indispensabless pour l’échange de marchandises à l’échelle mondiale, des lieux de production aux lieux de consommation. L’Asie L’Asie orientale est la première région mondiale pour les activités portuaires (importations/exportations) (importations/exportation s) ; elle compte 19 des 25 premiers ports mondiaux en 2007 ! Cette importante activité portuaire soutient une des plus grandes routes maritimes du monde. Séquence 7-HG00
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Ces ports sont majoritairement très modernes et comptent parmi les plus grands ports de conteneurs du monde (13 des 25 premiers ports pour le trafic de conteneurs en 2007). Par exemple, le port de Shanghai a fait l’objet d’investissements pharaoniques depuis les années 2000 afin d’en faire la plate-forme indispensable à l’ouverture de la Chine sur le monde ; tout a été mis en œuvre pour faire de cette métropole le plus grand port du monde ( 1er port mondial en terme de volume total de marchandises et 3e port mondial pour le trafic conteneurisé).
ᕣ La concentration littorale des richesses La très forte littoralisation des hommes et la présence de très nombreux ports d’importance internationale dans la région ont conduit à une concentration importante des richesses sur les espaces littoraux. Ces ports ont été à la base de la formation de véritables complexes industrialoportuaires qui ont favorisé la concentration littorale des acteurs de l’économie.
Document 1 L’Asie orientale, une aire de puissance littoralisée
Les supports de la puissance littorale
Nord
Dalian Beijing Tianjin Qingdao
Nagoya Osaka Pusan
Inchon
Kwangju
Tokyo Chiba Yokohama Kawasaki
Trafic conteneurisé (en milliers de TEUs)
Shanghai Ningbo Chengdu
Volume de trafic des principaux ports (en millions de tonnes) 550 250 100
18 000 à 25 000 10 000 à 17 999
Taipei / Keelung
5 000 à 9 999
Xiamen Kaohsiung Guangzhou Hong-Kong
2 100 à 4 999
Shenzhen Manille
Bangkok
Les sièges de la puissance littorale Pôles majeurs de l'aire de puissance
Davao
Hô Chi Minh Ville
Les vecteurs de la puissance littorale Routes maritimes principales d l a w z s O n a h o J : n o i t a s i l a é R
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Routes maritimes secondaires
Port Kelang Singapour Tanjung
Jakarta
0
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500
1000 km
B
Une aire structurée par des métropoles m étropoles puissantes métropolitaine ᕡ Une très forte concentration métropolitaine En 2006, 53 villes de l’aire de l’Asie orientale comptent plus de deux millions mil lions d’habitants, dont 48 sont localisées sur les marges littorales ! 21 villes de plus de deux millions d’habitants se trouvent en Chine . L’aire de l’Asie orientale compte 8 des 45 premières métropoles mondiales en termes de PIB. Tous les acteurs régionaux sont représentés au sein de ce classement.
Le Japon vient nettement en tête de ce classement : 2 villes sont dans les 10 premières, Tokyo et Osaka/Kobe. Tokyo occupe doublement la première place de ce classement, que ce soit en terme de PIB mondial ou de PIB/hab. La Chine possède également 2 villes dans les 45 premières métropoles mondiales avec Shanghai (32e) et Beijing (44 e). Hong-Kong occupe la 14 e place du classement et Séoul, en Corée du Sud, occupe la 20 e place, Taipei Taipei la e e 23 place (Taiwan) et Singapour la 36 place. Le réseau urbain est donc important quantitativement, mais aussi dense spatialement. En effet, ce sont bien les espaces littoraux qui sont le lieu de la puissance de cette aire en plein boom économique. De plus, les migrations de populations, notamment en Chine et au Japon, renforcent la métropolisation littorale.
ᕢ Une hiérarchisation urbaine structurant le territoire Ce semis urbain ne doit pas masquer une certaine hiérarchie et une différenciation très forte entre les pays composant l’aire de l’Asie orientale mais aussi à l’intérieur de chaque pays. Par exemple, le PIB de Tokyo est 6 fois supérieur s upérieur à celui de Séoul et 9 fois supérieur s upérieur à celui de Shanghai, pourtant première ville de Chine en terme de PIB. Ces écarts se retrouvent dans les fonctions de commandement des différentes villes. De plus, les aires mégalopolitaines renforcent la position dominante de certaines métropoles. Ainsi, Tokyo, déjà dominante en termes de PIB urbain, voit sa position de première métropole mondiale renforcée par sa situation à la tête de la mégalopole de Tokaido. En terme de commandement économique et financier, la métropole de Tokyo est bien un centre de commandement à l’échelle asiatique et mondiale (cf. séquence 8).
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Document 2 Une aire fortement peuplée autour d’un réseau dense de métropoles
Nord
Sapporo
Tokyo Pyongyang Shenyang Beijing Séoul Osaka - Kobe Dalian Tianjin Pusan Shijiazhuang Zibo Qingdao Kwangju Taiyuan Jinan Zhengzhou Nankin
Xi'an
Shanghai Hangzhou
Wuhan
Chengdu
Taipei
Fuzhou
Chongqing
Kaohsiung Kunming
Mandalay
Guangzhou
Hong-Kong
Hanoi Manille
Iloilo
Rangoon Bangkok
Davao
Phnom Penh Hô Chi Minh Ville
Medan
Cebu
Kuala Lumpur Singapour
Jakarta
d l a w z s O n a h o J : n o i t a s i l a é R
Surabaya
Bandung 0
500
1000 km
Villes millionnaires (nombre d'habitants) 35 000 000 15 000 000 10 000 000 5 000 000 1 000 000
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Limites de l'Asie orientale définies dans le programme.
ᕣ Des métropoles fortement
verticalisées
Les principales métropoles composant l’aire de l’Asie orientale présentent de fortes similitudes en termes de paysage urbain. Les villes ont privilégié la construction de quartiers fortement verticalisés, entrecoupés de parcs urbains et d’un réseau routier rout ier métropolitain très dense . Dans les centres d’affaires (CBD), le paysage urbain marque un acharnement à ériger des gratte-ciel de plus en plus hauts (cf. document 3). Cette verticalisation verticalisatio n traduit la volonté d’affirmer une un e puissance en émergence et à asseoir la ville comme un laboratoire de la modernisation et de la toute-puissance économique. économique.
Document 3 Photographies Photograph ies de Tokyo (en haut) et de Shanghai (en bas), source : Johan Oszwald.
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C
Une aire de puissance très hétérogène ᕡ Des structures culturelles et politiques plurielles L’appartenance à une même région du monde et l’influence de la philosophie confucéenne d’origine chinoise ne suffisent pas à affirmer l’existence d’une unité culturelle dans cet espace géographique. Ñ
Quatre religions se partagent majoritairement ce territoire . Le bouddhisme est la religion la plus répandue, de l’Asie du Sud-Est au Japon. Le confucianisme , comme le taoïsme, sont circonscrits à la Chine littorale. Le shintoïsme est l’ancienne religion d’Etat du Japon, sous l’ère Meiji. S’y ajoutent : le christianisme, présent aux Philippines, et l’Islam en Indonésie, en Malaisie ou en Chine.
Si la majorité des Etats de l’Asie orientale présente p résente des caractéristiques ethniques homogènes, la Chine est un cas à part. En effet, la Chine est constituée de 56 ethnies différentes, même si les Hans représentent près de 92 % de la population. Cela peut être un facteur de fragilité dans un contexte de volonté d’indépendance de certaines ethnies, comme l’ethnie tibétaine ou ouïgour. Ñ
Les structures politiques sont aussi hétérogènes, et sources de tensions. Parmi les pays de la sphère asiatique orientale, Hong-Kong faisait partie du Commonwealth et était, de ce fait, gouverné par la Reine d’Angleterre. Cependant, le rattachement de la ville à la Chine en 1997 en a fait une région administrative spéciale, perdant son rattachement au Commonwealth. La Chine est une république populaire définie par la Constitution comme « un Etat socialiste de dictature démocratique populaire dirigé par la classe ouvrière et fondé sur l’alliance l’alli ance entre ouvriers et paysans ». La Corée du Sud, Taiwan et Singapour sont des Républiques et le Japon est une monarchie constitutionnelle dirigée par l’Empereur.
ᕢ Un entrelacs d’accords bilatéraux sans cohésion d’ensemble La plupart des pays asiatiques dépendent fortement du commerce extérieur pour assurer leur expansion économique . Ils ont multiplié, ces dernières années, les accords de libre-échange bilatéraux, des partenariats et des arrangements institutionnels de tous ordres. L’entrelacement de ces accords inquiète les milieux d’affaires, car c’est un frein au développement économique et à la transparence. Une étude datant de 2007, réalisée par la Banque Asiatique de Développement, estime que le nombre d’accords commerciaux conclus en Asie orientale est de 102. En 2000, ce chiffre était de 7 ! En quelques années seulement, la coopération intergouvernementale s’est développée rapidement, notamment dans le domaine commercial. Les économies émergentes de la région se disent favorables à une libéralisation des échanges mondiaux, mais uniquement à condition que les pays riches réduisent fortement leurs subventions aux paysans afin de déverrouiller l’accès à leurs marchés agricoles. En échange, les pays développés souhaitent un meilleur accès de leurs produits industriels dans les économies émergentes.
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Une aire de puissance récente et dynamique A
Un exemple pour l’Asie : le précurseur japonais (1950-1990) A partir des années 1950, l’aire asiatique devient l’un des théâtres mondiaux des enjeux de la guerre froide. La révolution chinoise de 1949, la guerre de Corée (1950-1953), la guerre d’Indochine (1946-1954) et la guerre du Vietnam Vietnam (1965-1975) font de cette région un enjeu géostratégique géostratégique majeur pour les Etats-Unis, et une zone où la menace communiste est la plus dangereuse. C’est ainsi que la démocratie américaine va rapidement mettre en œuvre des politiques successives d’aide au développement économique en fonction de l’évolution du contexte géopolitique. Le Japon en sera le premier bénéficiaire, base avancée de l’influence américaine, puis la Corée du Sud et Taiwan (cf. la séquence 8 « La mégalopole japonaise » - Chapitre 2-A- 2).
ᕡ Les bases de la puissance nippone Le modèle de croissance japonais associe le soutien géopolitique et financier des Etats-Unis à un Etat central entrepreneur. Cet essor repose aussi sur toute une série de facteurs : – une adhésion forte des salariés au modèle de développement ; – des conglomérats puissants et expansionnistes ;
– des liens étroits entre les milieux politiques et économiques ; – une organisation du travail permettant de remédier à l’inertie et aux lourdeurs du fordisme ; – des exigences de qualité, devenant plus tard un modèle mondial, avec le développement des normes des « cinq zéros » ; – une ouverture différenciée : protectionnisme culturel et conquête des marchés économiques mondiaux. Le développement de la puissance japonaise repose exclusivement sur une industrie nationale qui donne naissance à de gigantesques foyers industriels, notamment dans les pôles urbains et portuaires.
ᕢ La diffusion du modèle aux « quatre dragons » asiatiques Ñ
Ñ
Après les années 1950, les « quatre dragons » , aussi connus sous le nom de nouveaux pays industrialisés industrialis és (NPI) : la république de Singapour, la Corée du Sud, Taiwan et Hong-Kong élaborent une stratégie économique visant à une sortie rapide du sous-développement. Leur politique s’appuie sur le libre-échange et l’insertion dans le système économique mondial. Les quatre dragons s’inspirent du modèle japonais, mais en tenant compte des spécificités nationales et locales. Les transformations économiques de ces pays s’effectuent grâce à une forte implication et un dirigisme de l’Etat (autoritarisme et interventionnisme économique). Cependant, afin de stimuler le développement économique, une place croissante est laissée aux initiatives privées et au libre marché. Ces pays étaient confrontés à certaines difficultés de développement : un fort taux d’analphabétisme, des structures économiques inadaptées, une population essentiellement rurale…
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Dans un premier temps, le décollage industriel s’appuie sur des réformes agraires favorisant l’exode rural et la constitution d’une classe moyenne pour stimuler le marché intérieur. Ensuite, pour favoriser le développement économique, le pays s’appuie sur un modèle économique de substitution aux importations importations,, qui consiste à « s’affranchir » de la dépendance extérieure avant de développer une ouverture plus importante sur les exportations. Enfin, ces pays favorisent nettement une forte scolarisation et un taux d’alphabétisation élevé, avec deux effets moteurs du développement économique : la formation d’une main d’œuvre qualifiée et la diminution du taux de fécondité .
B
Une croissance et un développement exceptionnels ᕡ Des taux de croissance souvent à deux chiffres Dès les débuts des cycles économiques des nouvelles puissances asiatiques, asiat iques, les taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) ont été supérieurs à 10 %. Pendant la période de « Haute Croissance » du Japon sous l’ère Meiji (1955-1973), (1955 -1973), le PIB dépasse, durant sept années, la barre des 10 %, notamment des années 1967 à 1970.
Document 4 Moyennes quinquennales quinquennales de la croissance annuelle du PIB par pays de l’Asie orientale 12 10 8 6 4 2 0
Japon Chine Taïwan Singapour Hong-Kong Corée du Sud
1960 19 60 - 196 19644 19 1965 65 - 196 19699 19 1970 70 - 197 19744 19 1975 75 - 197 19799 19 1980 80 - 198 19844 19 1985 85 - 198 19899 19 1990 90 - 199 19944 19 1995 95 - 199 19999 20 2000 00 - 20 2004 04 20 2005 05 - 200 20099
Le document 4 montre bien le décalage des phases de croissance à partir de la représentation graphique de la moyenne quinquennale du PIB.
Les pays en fin de cycle, comme le Japon , ont connu les plus forts taux de croissance avant les années 1970. Ensuite, l’évolution des taux de croissance est similaire à celle des pays du G7. Les quatre dragons connaissent leur phase de croissance maximum au cours des années 1970. La Chine présente des caractéristiques propres : les maxima sont plus récents, après les années 1980, et ils semblent perdurer sur une période plus longue. Cela est lié en partie à l’ouverture récente de la Chine, à partir de 1978 avec deux zones spéciales, puis l’ouverture des banques aux capitaux étrangers dans les années 1980.
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ᕢ Des espaces en développement Document 5 La Corée du Sud et la Côte d’Ivoire, des espaces en développement Période
PIB en $/hab. en Corée du Sud
PIB en $/hab. en Côte d’Ivoire
1950
770
1041
1973
2841
1899
1998
13317
1373
L’observation du tableau 5 montre la trajectoire de développement économique de la Corée du Sud par rapport à un pays économiquement développé de l’Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire.
Les théories économiques des années 1950 prédisaient pour la plupart que l’aire asiatique était vouée au sous-développement, contrairement contrairement à l’Afrique l’Afrique,, nouvel eldorado économique de la seconde moitié du vingtième siècle. L’évolution de l’Indice de Développement Humain (IDH) illustre bien ce processus de développement régional, il passe de 0,32 à 0,74 entre 1950 et 2000 en Corée du Sud. L’aire de l’Asie Orientale est l’une des seules régions du monde où des pays sont passés, du groupe des pays du Sud au Nord. Malgré tout, en tenant compte de l’IDH, la Chine est encore un pays du Sud, en dépit d’une évolution très rapide de sa situation. Enfin, alors que les inégalités de revenus s’accentuent à l’échelle du monde, l’aire de l’Asie orientale est, notamment grâce à la forte croissance chinoise, la la seule région du monde où le nombre d’individus vivant dans une extrême pauvreté a diminué significativement dans les années 1990.
ᕣ Des flux intenses et multiples renforcés par les marges littorales Entre 1994 et 2001, la part des pays de l’Asie orientale dans le PIB mondial est passée de 9,3 % à 11,6 %. L’Asie L’Asie orientale est la deuxième zone de commerce mondial avec 18,6 % du commerce mondial, derrière l’Union européenne. Les industries manufacturières représent ent 85 % de ces exportations exportations.. L’exemple de la Chine est assez révélateur de ces dynamiques. La Chine, toujours adepte politiquement d’un communisme autoritaire, a opéré un retournement économique spectaculaire à partir de la fin des années 1970 et opté pour un socialisme de marché. La faiblesse des coûts salariaux, comme aux temps de la montée en puissance des quatre dragons, explique l’importance des implantations industrielles étrangères. De même, l’importance potentielle du marché intérieur chinois est aussi une deuxième motivation. L’ouverture extérieure vers le monde capitaliste est favorisée par : - un appel aux investissements directs à l’étranger (IDE) – 105 milliards de dollars en 2008 ; - une littoralisation intensive avec le développement des zones économiques spéciales (ZES) et l’ouverture progressive des ports, définitive en 1988 ; - une adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC – entrée en vigueur en 20042005).
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C
Le développement industriel, moteur de la « croissance mondiale » ᕡ La Chine, l’atelier du monde Le dynamisme actuel de la Chine a des répercussions mondiales. Il entraîne une forte pression sur les matières premières (exemple des importations importantes d’acier), il conduit même à faire redémarrer des activités en Europe comme dans les cokes de Carling en Lorraine. Ce dynamisme est surtout influencé par un moteur essentiel de l’économie, l’implantation d’entreprises étrangères en Chine, ce qui fait de ce pays l’atelier du monde. La balance commerciale de la Chine en 2008 démontre bien l’importance de ces exportations dans l’économie chinoise ; elle est excédentaire de près de 367 milliards de dollars. Le développement de cet atelier du monde est soutenu par un apport constant et important d’IDE : 669 milliards de dollars cumulés entre 2000 et 2008 ! Ces exportations sont le fait d’un chapelet d’entreprises qui se concentrent le long du littoral chinois : ce sont les zones économiques spéciales qui sont développées en Chine depuis les années 1980. Ainsi, la Chine est devenue l’un des fournisseurs privilégiés des pays développés. Elle est le premier fournisseur mondial de TV, de jouets, de chaussures, de « produits blancs » (réfrigérateur, lave-linge, lave-vaisselle…)
ᕢ Des montées en puissance par paliers : moteurs et reflets de la mondialisation L’émergence de l’aire de l’Asie orientale est à la fois produit et moteur de la mondialisation. L’affirmation du Japon dans les décennies 1980 et 1990 a participé à la mise en place du système tripolaire de la Triade. Parallèlement, l’émergence des quatre Dragons a contribué à l’avènement d’un espace industriel mondial grâce à la multiplication des IDE et des délocalisations. Ce processus est parachevé de manière spectaculaire par l’ouverture et le dynamisme de la Chine qui a renforcé les interdépendances entre les différentes régions du monde. Ñ
Les membres de la Triade réalisent entre eux environ 80 % du commerce mondial (70% de la production mondiale, 90% des opérations financières et 80 % de la production des nouveaux savoirs scientifiques). L’Asie orientale représente, quant à elle, près de 20 % des échanges mondiaux. Les principaux partenaires commerciaux sont les Etats-Unis (30% des exportations japonaises) et l’Union européenne. Ñ
ᕣ Un espace capable de générer tous les types de produits L’Asie orientale est une sphère régionale qui s’est développée sur de multiples facteurs, notamment : - une main d’œuvre nombreuse, souvent à faible coût ; - un marché potentiel important ; - une émigration importante, avec par exemple, la « diaspora chinoise ». Ñ
La production industrielle de la région représente 25% de la production industrielle mondiale. La Chine fabrique 75% des jouets du monde et elle est le premier producteur de textile. La Chine est aussi au premier rang pour la production d’ acier, au troisième rang pour la construction de navires et pour les produits de haute technologie. Le Japon possède une suprématie pour les composants informatiques (Toshiba, NEC, Hitachi) et il est le seul pays à pouvoir rivaliser avec les USA dans le domaine de l’industrie automobile automobile.. Taiwan est un grand producteur de textiles et le premier fabriquant mondial d’ordinateurs portables. Ñ
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Séquence 7-HG00
Une aire de coprospérité encore fragile A
Une sphère de coprospérité asiatique ᕡ Une intégration commerciale et industrielle Document 6 Part de l’Asie dans le commerce extérieur des pays de l’Asie orientale (en pourcentage) pourcentag e) 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0
g n o K g n o H
r u o p a g n i S
d u S
e n i h C
u d e é r o C
n o p a J
n a w ï a T
Le document 6 montre que les pays d’Asie orientale commercent avant tout entre eux. La Chine est ainsi devenue le premier partenaire commercial du Japon, au détriment des Etats-Unis. Dans le domaine industriel, l’intégration se fait par la division du travail entre les différents pays de l’Asie orientale. orientale . La Chine, l’atelier l’atelier du monde, est devenue une plate forme d’assemblage pour les autres pays. Ainsi, Ainsi,les les échanges commerciaux au sein de la zone Asie sont principalement le fait des échanges de marchandises entre sites de production, d’assemblage et maisons mères.
ᕢ Le Japon et les Dragons : moteurs de l’intégration Le Japon, pays initiateur de l’essor de l’Asie orientale sur le plan international, est exemplaire dans le domaine de la division régionale du travail, comme l’illustre le cas de l’industrie automobile japonaise. Les IDE japonais traduisent le rôle moteur du Japon dans la sous-région, mais ils ne se limitent pas uniquement au secteur de l’automobile. De plus , la Chine mobilise une part de plus en plus importante des joint-ventures (joint-venture : IDE sous forme d’une entreprise créée en association avec l’Etat chinois ou une firme chinoise ; c’est une prise de participation à 50 /50 entre deux entreprises). Ñ L’Asie orientale représente 15% des IDE, derrière les Etats-Unis avec 25% et l’Union européenne avec 49%. Les Japonais sont toujours dominants, avec des marques comme Sony, Toyota, Honda ou NEC. Les autres pays commencent aussi à s’affirmer. Les flux financiers proviennent soit des banques, soit des fonds de pension japonais (qui investissent dans le monde entier et détiennent Ñ
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une part non négligeable du capital des grands groupes mondiaux), soit de l’épargne japonaise qui représente près du tiers de l’économie mondiale. Ñ Un régionalisme panasiatique est-il en train de se mettre en place ? Le Japon semble vouloir forcer cet avenir en favorisant l’apparition d’une nouvelle ère Meiji, mais cette fois, à l’échelle de l’Asie,, de façon à mieux concrétiser le processus de continentalisation. Cette volonté est maintenue par l’Asie les systèmes bancaires. bancai res. Le Kabutocho (indice Nikkei), la bourse de Tokyo, Tokyo, est la troisième bourse mondiale après New York et Londres. Les banques japonaises et hongkongaises occupent les premières places mondiales en raison de marques de renom (Daïïchi-Sankyo, Sumimoto, Fuji, Mitsubishi ...). De plus, à la fin de l’année 2003, les gouvernements chinois, japonais et sud-coréen ont déclaré déclar é vouloir bâtir ensemble un système d’exploitation alternatif à Windows, s’inspirant fortement des systèmes Linux.
ᕣ La Chine et la diaspora La diaspora chinoise a un rôle relationnel majeur à l’échelle de l’Asie de l’Est, mais aussi à l’échelle de l’Asie orientale. La Chine est la base d’une mobilité intense vers les autres pays de la sphère asiatique orientale, notamment Singapour, Hong-Kong (avant son rattachement à la Chine) ou le Japon. Le cas de Taiwan est particulier, notamment à cause des tensions militaires et politiques avec la Chine. Ces flux de population chinoise dans les Dragons asiatiques et au Japon influencent la distribution des IDE dans la sous-région. Ainsi, Hong-Kong Hong-Kong est devenue une plaque tournante pour les IDE en Chine dans les années 2000. La diaspora chinoise est aussi la base de l’organisation des relations commerciales commerciales et d’IDE stratégiquee entre Taiwan et la Chine, comme le montre l’intensité des flux qui traversent cette zone stratégiqu particulièrement sensible du détroit de Formose.
B
Un modèle économique fragile ? ᕡ Une série de crises remet le modèle en question La dépendance vis-à-vis des apports financiers extérieurs est réelle en Asie orientale, surtout pour la Chine. Cette dépendance est notamment le fait des IDE extérieurs à la zone et des joint-ventures.
La crise financière de 1997 a mis en évidence la fragilité financière de cette région du monde , mais aussi la volonté des Etats-Unis de forcer des pays comme la Corée du Sud à s’ouvrir entièrement entièrement aux flux internationaux de toute nature.
Document 7 Taux de croissance annuel annuel du PIB en Chine entre 1992 et 2010 - les données de 2009 et de 2010 sont l’objet de prospectives économiques 14
Crise de 1997
Crise de 2008
12 10 8 6 4 2 0 1992 86
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1996
2000
2004
2008
Le document montre les effets de la crise asiatique de 1997 et ceux de la crise mondiale de 2008. Le taux de croissance annuel du PIB connaît une dynamique générale positive. Le dynamisme du marché chinois porte la croissance croiss ance économique du pays, ce qui minimise l’impact l’impac t de ces deux crises. Cependant, la courbe montre bien la fragilité du pays face aux crises financières, qu’elles soient régionale (bulle immobilière japonaise) ou mondiale. En fait, la Chine est fortement dépendante pour l’instant de la santé économique de ses principaux partenaires, notamment le Japon et les Etats-Unis.
ᕢ L’intégration est incomplète Cette zone ne comprend pas de regroupement économique régional propre, même s’il s’agit de l’un des objectifs de l’ASEAN à laquelle ni le Japon ni la Chine n’appartiennent. Ñ
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Alors que l’UE s’est dotée de l’euro, que l’ALENA commerce sur la base du dollar, la région souffre de l’absence de l’unité monétaire. Il n’existe pas encore de zone yen ou yuan. Le commerce à l’intérieur de la zone se réalise généralement en dollars. La Chine a d’ailleurs aligné le yuan sur le cours du dollar, ce qui lui permet de commercer sans problème avec les Etats-Unis.
L’ASEAN a été créée par l’Indonésie, la Malaisie, la Thaïlande et les Philippines dans le but de constituer un point d’ancrage de régionalisme en Asie. L’objectif principal est de favoriser à terme l’émergence d’une zone de libre-échange. Cependant, l’ASEAN est d’un poids économique et politique négligeable si sa vision du régionalisme n’inclut pas la Chine, la Corée du Sud ou le Japon (ASEAN +3). Cependant, une adhésion de la Chine à l’ASEAN risque d’entraîner une recomposition des réseaux autour de la Chine, son poids économique et commercial étant trop important. De plus, certains soulèvent, notamment les Etats-Unis, la possibilité de la création d’une zone de libre-échange Asie-Pacifique Asie-Pacifique .
ᕣ Le déséquilibre croissant croissant : Asie littorale/Asie intérieure i ntérieure L’insertion de l’Asie orientale dans les processus de la mondialisation a contribué au développement des littoraux, au détriment des territoires intérieurs. Le Japon et la Chine en sont de bons exemples : – Dans le cas du Japon , le processus de renforcement du littoral s’est nettement développé durant la période de Haute Croissance, ce qui a participé à l’apparition de la mégalopole de Tokaïdo. – Dans le cas de la Chine , le décalage entre le littoral et le pays intérieur a été brusque. Il a contribué à déstabiliser l’architecture l’architecture du pays en accélérant l’exode rural et la croissance urbaine qui ne peut pas toujours être maîtrisée.
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Document 8
Les espaces maritimes et littoraux, siège de la puissance de l’Asie orientale
Nord
Sapporo
JAPON Tokyo Beijing
Séoul CORÉE DU SUD
Xi'an
Shanghai
CHINE
Chengdu
Taipei TAÏWAN
Océan Pacifique
Hong-Kong
MYANMAR
LAOS
Manille VIÊT-NAM
THAÏLANDE
Rangoon
PHILIPPINES
Davao
Bangkok CAMBODGE
Cebu
Hô Chi Minh Ville Brunéi MALAISIE
Kuala Lumpur Singapour
Océan Indien
INDONÉSIE Jakarta
0
500
1000 km
Les territoires de la puissance de l'aire asiatique orientale
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d l a w z s O n a h o J : n o i t a s i l a é R
Les dynamiques spatiales régionales Les grandes migrations intérieures
Littoral de la mégalopole japonaise
Flux migratoires fortement négatifs dans la région
NPI de première génération
Pays fondateurs de l'ASEAN
Chine littorale, atelier de la planète
Adhésion récente à l'ASEAN +3 et +6
C
Le poids de l’histoire et les nouveaux défis ᕡ L’environnement politique reste tendu Ñ
La plupart des pays de l’Asie orientale ont connu une brutale domination japonaise avant la Seconde Guerre mondiale, ce qui a laissé de nombreuses séquelles dans les relations diplomatiques bilatérales que peut entretenir le Japon avec ses voisins. Pourtant, les livres d’histoire japonais refusent toujours de reconnaître les déviances de l’armée nippone et ne parlent souvent pas des massacres qui ont été perpétrés durant et après les invasions (par exemple le massacre de Nankin en 1937). La marque la plus visible de ce refus de prendre en considération considération l’outrage ressenti par ses voisins est représentée par les visites que le Premier ministre Koizumi a rendues au temple Yasukuni à la fin des années 1990.
Document Le mémorial aux victimes des massacres de Nankin Nankin (Source (Source : Johan Oszwald)
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Le deuxième facteur de tension réside dans le comportement belligérant et provocateur de la Corée du Nord face à la communauté internationale, internationale, notamment contre la Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis. Etats-Uni s. La Corée du Nord est gouvernée par le dernier régime stalinien qui existe sur la planète, planèt e, et ses frontières sont totalement tot alement fermées. Depuis quelques années, année s, le régime de Pyongyang ne se limite plus à quelques incursions dans le no man’s land séparant les deux Corées : les prétentions militaires de ce régime autoritaire sont désormais nucléaires. C’est le dernier pays à s’être doté de l’arme atomique et il menace de l’utiliser contre ses voisins, et ce malgré les tentatives de négociations de l’ONU. Les lancements d’essai de fusées se sont accélérés ces dernières années, ce qui augmente très largement les tensions diplomatiques, notamment avec la Corée du Sud.
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Le troisième facteur de tension dans la région est la montée en puissance militaire de la Chine. L’impérialisme affiché de l’Empire du Milieu laisse craindre à ses voisins une montée militaire trop importante. Si Pékin est parvenu à régler à l’amiable la plupart de ses contentieux terrestres avec ses voisins, « les 14 500 kilomètres de limites maritimes maritimes sont autant de zones de crises poten- tielles et de frictions. Les contentieux y sont profonds et non résolus » selon Loïc Frouart, délégué
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aux affaires stratégiques du ministère français de la défense défense.. Pékin réclame donc la souveraineté pleine et entière sur quatre millions de km² de zone maritime et voit d’un d’un très mauvais œil la présence de nombreuses bases militaires américaines au Japon et en Corée, et dans les autres pays qui sont alliés avec les Etats-Unis.
ᕢ Les conflits territoriaux et les litiges frontaliers restent des sources de tensions L’Asie orientale est marquée par de nombreux conflits maritimes ou territoriaux comme le cas des îles Kouriles, entre le Japon et la Russie, celui des îles Senkaku, entre le Japon et la Chine, le cas de Taiwan, celui du détroit de Malacca . Ces contentieux minent les relations diplomatiques dans la sous-région. Ñ
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Le conflit des îles Kouriles est assez révélateur des tensions qui peuvent exister, et qui prennent souvent leurs origines dans la Seconde Guerre mondiale. Ces îles ont été découvertes par la Russie, mais sont revendiquées par le Japon, car elles sont considérées comme une continuité de l’archipel nippon. Après la défaite du Japon en 1945, ces îles reviennent à la Russie. Depuis lors, cette situation est un sujet de discorde entre ces deux puissances pu issances ; à tel point que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien que les hostilités aient cessé, les deux nations n’ont jamais officialisé leurs relations par un traité de paix. Elles sont donc techniquement toujours en guerre. De même, la Chine revendique l’île de Taiwan comme une partie intégrante de son territoire. De ce fait, Taiwan est isolée ; sur le plan diplomatique ; par la Chine, qui l’empêche d’avoir des relations avec la plupart des autres pays. De plus, la pression militaire augmente, la Chine pointant actuellement plus de 600 missiles sur l’île. Les capacités aériennes et navales de la Chine sont de plus en plus performantes et pourraient permettre, à terme, de neutraliser l’aviation taiwanaise ou d’imposer un blocus naval. Toutefois, les relations commerciales et des IDE taiwanais jouent un rôle modérateur, sans être une garantie de paix. Le caractère passionnel de la question taiwanaise pour les Chinois, les enjeux stratégiques de la récupération de Taiwan par la Chine, la volonté de Taiwan de continuer de favoriser la séparation font de cette question l’une des plus problématiques du XXI e siècle pour l’Asie orientale. L’ensemble de ces facteurs idéologiques est difficilement maîtrisable et peut alimenter le risque d’un conflit tripartite (Chine, Taiwan, Etats-Unis).
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De plus, le chapelet d’îles, les îles Senkaku, appartenant au Japon et situées au sud de l’île de Kyushu, entre le Japon et Taiwan, forme une sorte de barrière d’eaux territoriales qui empêche la Chine d’avoir un accès privilégié à la haute mer. De ce fait, cet espace, avec Taiwan, fait l’objet de revendications chinoises. Ces prétentions sont de première importance puisque le libre accès à l’océan Pacifique, mais aussi aux couloirs couloi rs maritimes du sud-est asiatique, asiat ique, en dépend. Ces enjeux géostratégiques sont renforcés par le souhait de la Chine de protéger les voies maritimes d’approvisionnement en hydrocarbures (deuxième importateur mondial). L’enjeu annexe de ce conflit est un gisement gazier sous-marin qui pourrait abriter jusqu’à 200 milliards de m 3 de gaz dans les eaux territoriales appartenant au Japon et contestées par la Chine.
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Enfin, le dernier enjeu pour la Chine est le détroit de Malacca. Principal goulet d’étranglement des importations d’hydrocarbures, Malacca voit passer près de 80 % des importations de pétrole chinois. Cette dépendance géostratégique est inquiétante, en cas de conflit, pour le pouvoir chinois.
ᕣ L’environnement est le nouveau défi de l’Asie orientale En 2007, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) présentait à la Chine son rapport environnemental dans lequel elle invite la Chine à redoubler d’efforts pour lutter contre la pollution. En effet, la croissance de l’Asie orientale, et notamment de la Chine, s’effectue au prix de quelques désastres écologiques. Même si le pouvoir actuel a l’air de modérer les projets pharaoniques du type « barrage des trois Gorges », désastre écologique annoncé. Si la Chine est aujourd’hui la deuxième puissance économique mondiale, elle est devenue aussi la première puissance polluante. pollua nte. Une pollution qui coûte à la Chine, officielle officiellement, ment, 64 milliards de dollars, soit 3 % de son PIB. 90
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17 des 20 plus grandes villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine, un tiers des cours d’eau sont gravement pollués. La pollution de l’air causerait près de 460 000 décès prématurés par an. Dans son rapport, l’OCDE pointe l’inefficacité l’inefficac ité de la politique environnementale chinoise : « Le problème ne se pose pas au niveau des lois en elles-mêmes mais de leur application. C’est à l’échelon local que la mise en oeuvre de la politique de l’environne l’environnement ment rencontre le plus d’obstacles car les gouvernements locaux sont jugés sur leurs performances économiques uniquement ».
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onclusion L’Asie orientale orienta le a su négocier une émergence spectaculair spectaculairee qui a démenti les prévisions du théoricien capitaliste Max Weber. Selon lui, la civilisation asiatique apparaissait incompatible avec la réussite de l’implantation du capitalisme, à la différence de la civilisation européenne. Une affirmation qui s’inscrit dans la thèse du basculement du centre de gravité économique mondial vers le Pacifique. Cependant, l’organisation du monde ressemble de plus en plus à un archipel, dominé par un pays qui relie les deux rives des deux grands océans, l’hyperpuissance américaine. Quoi qu’il en soit, il est incontestable que l’aire de l’Asie orientale peut être définie , au prix de dynamiques et de caractères propres à chacune des entités spatiales qui la composent, comme un des grands laboratoires des dynamiques actuelles du monde globalisé, même si de nombreuses limites apparaissent, comme les conditions de la montée en puissance ou l’incapacité d’affirmer des regroupements économiques régionaux. Dans le monde globalisé de la seconde décennie du XXI e siècle, l’Asie orientale s’impose comme la puissance faisant la course en tête. L’avalanche des records dans les domaines économiques et la dynamique de cet espace immense ne doivent pas faire oublier les faiblesses actuelles de l’Asie Orientale Orientale.. L’incapacité à affirmer des regroupements économiques régionaux, l’hégémonisme chinois, les conflits régionaux, les problèmes de pauvreté et d’environnement sont les défis à relever pour la nouvelle décennie. n
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