SOMMAIRE
CETTE SEMAINE, RETROUVEZ � VOL AU�DESSUS DE LA FRANCE�
9. LES ÉGLISES ET LES CATHÉDRALES
Au prix de 11,90 € en plus de votre magazine
Cinéma Jean-Michel Ribes, un homme très à musées Dans le bureau de… Thomas Langmann Musique Lever de Dido
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Dans les coulisses de… la tournée de Raphael
La chronique de Gilles Martin-Chauffier Livres Bonne nouvelle : les enfants lisent ! Sur les traces d’Apollinaire Architecture Musées ? Non, hôtels !
Agenda
LA NOUVELLE VAGUE DU CINÉMA ILS ONT ENTRE �� ET 2� ANS ET ON LEUR PROMET UNE GRANDE CARRIÈRE
Qui est-ce ? Une star et son homme pris la 41 Victoria’s Secret. Les anges se déchaînent42 Nicole Kidman. L’actrice présente sa fille 44 Soirée Cartier. Les trésors cachés des maharajahs 46 Marrakech. Les plus belles filles du festival 48
ANOUCHKA DELON
tête dans le sac…
Tendance Délices loufoques Zen Des cocons qui font du bien Auto Volkswagen Golf VI : touche pas à mon icône Voyage Croisières : les 5 contrevérités Santé Les cancers avancés
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qui deviennent maladie chronique
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MODE : CANON COMME KATE MOSS LA TOP MODEL NOUS DÉVOILE TOUS LES TRUCS QUI FONT D’ELLE LA FILLE LA PLUS �TRENDY� DE LA DÉCENNIE p. 119
p. 11
page 51
A �� ANS, ELLE RELÈVE LE DÉFI DU BAL DES DEBS p. 64
�� PAGES DE REPORTAGES, DE PHOTOS, D’ENQUÊTES, DE DÉCOUVERTES
N°3105 du 20 au 26 novembre 2008
POLITIQUE, ÉCONOMIE, ARGENT LES CONFIDENTIELS DE MATCH
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DOUCH, TORTIONNAIRE KHMER JEUX
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Passe-temps par Chantal de Séréville Super fléché de Michel Duguet Echecs et sudoku Mots croisés de Scipion
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C’ÉTAIT DANS MATCH LE JOUR OÙ... ... la mort n’a pas voulu de moi. Par Marc Thiercelin
parismatch.com
page 26 MUSIQUE
Nous avons assisté à Nantes au premier concert de la tournée de Raphael. Reportage
11 De g. à dr. : Nicolas Gob, François Civil, Théo Frilet, Johan Libéreau, Raphaël Personnaz, Clément Allanic et, assis, Adrien Jolivet.
Après les révélations féminines, voici sept jeunes premiers. Ils ont entre 18 et 27 ans et on leur promet une grande carrière.
Ils vont faire
PHOTOS LISA ROZE
MAIN BASSE SUR LE CINÉMA parismatch.com
12 PAR AURÉLIE RAYA ET JULIEN PFYFFER
JOHAN LIBÉREAU
24 ans, l’homme à tout faire Il débarque tout juste de deux mois de montagne, où il a crapahuté pour les besoins de « Ferrata », un film physique réalisé par Abel Ferry. « J’ai pris du muscle à force d’escalader. C’est fou d’être acteur, cela permet de sortir du quotidien, parfait pour moi », dit l’ancien chaudronnier, qui fut également apprenti pâtissier, en prévenant: « C’est un film d’auteur, on a tous été sous-payés. » Il est venu à la profession par le hasard d’un voyage en train de banlieue. Johan réconfortait une fille en pleurs. Un agent artistique se trouvait dans le wagon, il l’a suivi. Et lui a proposé, avec sa gueule de petite frappe sympa, de jouer. D’accord. Johan réussit le casting de «Tais-toi ! » avec Gérard Depardieu. Et après des cours et quelques courts, des séries télé type « Julie Lescaut», « Madame le proviseur », il figure dans « Douches froides» d’Antony Cordier. Bonne pioche. Ce rôle de judoka ambigu plaît à André Téchiné. Il sera son homosexuel atteint du sida dans «Les témoins», sorti en 2007. « Ma mère était super fière. » Elle a raison. Il est nommé meilleur espoir masculin aux César. Ce dingue de percussions est aujourd’hui à l’affiche de «Stella», avec son copain Guillaume Depardieu, et prochainement de « Je te mangerais», avec Isild Le Besco. Il suit son chemin, entre assurance tranquille et... ambition. « Je vais me mettre à l’anglais, je rêve d’une carrière internationale, de personnages à la Nicholson.» A.R.
ADRIEN JOLIVET
26 ans, l’enfant de la balle Adrien a été repéré. Pas par son père, le réalisateur Pierre, mais par un agent à la sortie de son lycée. « Je ne pensais pas que ma gueule plairait, mais j’ai accepté. » Quoi ? Des pubs, pour Coca, TPS Star... Des cours de théâtre entérinent sa vocation. Pourtant, Jolivet junior se place d’abord derrière la caméra, en tant qu’assistant metteur en scène sur des courtsmétrages. « Je me trouvais trop jeune pour réaliser. » Il retourne à la cas e acteur. Après quelques téléfilms, il bouge sur grand écran en 2004 dans « La première fois que j’ai eu 20 ans », de Lorraine Levy. « Mon père
m’a donné mon premier vrai rôle dans “Zim and co”, en 2005. Je refuse pas mal de trucs », dit celui qui a incarné le fils de Deneuve dans « Après lui » de Gaël Morel. En ce moment, il est à nouveau à l’affiche du cinéma de papa, dans « La très très grande entreprise », avant « L’armée du crime » de Robert Guédiguian. « Le cinéma n’est pas toujours facile, peu de films se font et nous sommes nombreux. » Aussi, Adrien joue de la musique. Il écrit, compose au sein de Jolijo. « J’ai produit un disque. Actuellement, cette activité m’occupe même davantage que le cinéma.» A.R.
CLÉMENT ALLANIC
27 ans, le persévérant Il n’a pas du tout la vocation. Mas il a aimé les cours d’improvisation d’Alexis Tikovoï, alors pourquoi pas ? Problème : « Cela ne marchait pas du tout. » Il a quand même joué il y a quatre ans dans une série pour M6, « Ma terminale», qui n’a duré qu’une saison. « Elle a eu de bonnes critiques dans “Libé”, “Télérama”... C’est pour ça qu’elle n’a pas fonctionné », rigole-t-il. Après, rien. Donc, pendant trois ans, il peint beaucoup et participe un peu à des spectacles de danse contemporaine. Avant de changer d’agent, heureusement. Il décroche le premier rôle dans le très bon court « Attractions désastre » de Christophe Charrier, qui, si tout roule, se transformera en long-métrage en 2009. A.R. P A R I S M A T C H D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB R E 2 0 0 8
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RAPHAËL PERSONNAZ
27 ans, le sosie de Delon FRANÇOIS CIVIL
18 ans, le plus jeune Paris Match. Comment avez-vous débuté?
François Civil. En juin 2004, je faisais du théâtre avec
mon collège. La fille d’une directrice de casting jouait dans la pièce. Elle m’a proposé de faire un essai pour une apparition dans “Le cactus” de Gérard Bitton, en 2005. Ça m’a beaucoup plu. On m’a dit qu’il fallait que je trouve un agent... C’était parti.
Avez-vous l’impression que la concurrence est rude ? Bien sûr, il n’y a qu’à voir les castings. Mais ceux qui réussissent se détachent rapidement. C’est comme un cercle vertueux. Au fur et à mesure des films, on est de plus en plus sollicité.
Votre meilleur souvenir de cinéma?
Pour l’instant, c’est le film de Laurence Ferreira Barbosa, “Soit je meurs, soit je vais mieux”. J’y joue le premier rôle: un enfant qui a du mal à s’intégrer à son nouvel environnement suite au départ de s on père. Le rôle était un défi à plein d’égards, avec une scène d’amour et des situations cocasses.
Des projets pour l’avenir?
Je suis en train de tourner une série en trois épisodes, produite par Canal+, qui s’appelle “Sweet Dreams”. J.P.
THÉO FRILET
21 ans, le mauvais élève «Lors d’une manif contre les lois Fillon, je me suis fait repérer par une directrice de casting. Je tenais un mégaphone dans les mains ! » Il décroche alors son premier rôle, un jeune garçon qui se fait tuer durant un match de football. Mais, loin d’y croire, Théo commence la fac. Au bout d’un an, il revient dans la jungle des castings et s’en sort à merveille «Mes prestations plaisaient. J’étais pris. Sur les tournages, je n’apprenais pas très bien mes textes, je faisais ça un peu en dilettante.» Jusqu’à ce rôle d’adolescent rebelle qui sèche les cours dans « Nos 18 ans» ! Théo découvre ensuite les immanquables nouvelles expériences des jeunes acteurs : « On m’a demandé de jouer des scènes d’homosexualité... Il a fallu passer la barrière de la pudibonderie.» Mais le rôle de sa jeune carrière est son interprétation d’un héros de notre temps, « Guy Môquet », pour France 2. J.P.
Attention, Alain Delon est là. Raphaël incarnera sa majesté dans le biopic consacré à Romy Schneider. « Je ne l’ai pas rencontré, bien sûr que j’ai le trac. » Delon n’aime pas le projet, mais il apprécierait la ressemblance. Bien fait de sa personne donc, Personnaz a eu la vocation petit. « C’est cliché, mais c’est vrai.» Après l’option théâtre au lycée, il décroche des petits rôles, dont un aux côtés de Richard Bohringer, « dans un truc oubliable ». Depuis deux ans, celui qui fut le séducteur sale type dans «La première fois que j’ai eu 20 ans» est moins oubliable. Beaucoup de téléfilms: « Ah, c’était ça la vie ! », d’après Jorge Semprun, « La maison du chat qui pelote», tiré d’une nouvelle de Balzac, sera diffusé l’an prochain sur France 2. Gérard Jugnot a su voir cette belle plastique, puisqu’il l’a engagé pour jouer son mignon dans « Rose et Noir », une adaptation très libre du roman de Stendhal. A.R.
NICOLAS GOB
26 ans, le sportif Il se destinait à être tennisman. «J’ai arrêté le sport-études à 15 ans, j’en ai eu marre des entraînements.» Belge de naissance, il s’oriente vers d’autres cours, de comédie, à Paris, et trouve rapidement du boulot. Son physique costaud s’impose à la télévision. Son personnage de Kevin, flic homo dans la série policière de M6 «Les bleus», lui offre une visibilité. Il a mis en boîte la saison 2, avant de continuer sur petit écran, pour M6, dans «Merci, les enfants vont bien!» et France 3 avec «Un village français». Le cinéma ne lui offre pas encore des rôles à la hauteur de son gabarit. « En France, les acteurs plus fluets ont la cote. J’aimerais bien faire des films d’action à la Van Damme. Je sais que cela peut sembler ridicule, mais il était incroyable dans “JCVD”, comme dans ses premiers films.» En attendant, il a convaincu le réalisateur du téléfilm «Sa raison d’être»: «Il ne voulait pas de moi, me jugeant trop baraqué. J’ai perdu 15 kilos.» Bingo, De Niro made in Belgique a reçu le prix d’interprétation au Festival du film de Luchon. A.R.
parismatch.com
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i n t e r v i e w A All a i n
Spira
En adaptant sa pièce à succès « Musée haut musée bas », le directeur du Théâtre du Rond-Point signe une comédie culturelle iconoclaste où l’art s’impose dans un rôle comique. Suivez le guide...
JEAN�MICHEL RIBES
UN HOMME TRES À MUSEES
Paris Match. C’est un drôle de titre, «Musée haut musée bas». Est-ce une référence à la France du haut et du bas bas ? Jean-Michel Ribes. Ça m’est venu comme ça, mais c’est vrai que cela fait référence à la culture du haut et à celle du bas. Aujourd’hui, tout se mélange, on expose aussi bien un nounours en peluche que “La Joconde”. Les vrais chefsd’œuvre, ce sont les gens qui regardent les chefs-d’œuvre.
Almaniaque
Quel genre de visiteur de musée êtes-vous?
Au fond, que sait-on des mois, à part qu’ils vont comme les huîtres, par douzaine douzaine?? Grâce au gai savoir calendaire de JeanMichel Ribes, vous apprendrez que janvier est le mois idéal pour faire connaissance avec un insecte, que février est bisexuel, qu’en mars, printemps oblige, les avocats raccourc raccourcissent issent leur robe, que le dentier comestible fut inventé en avril... Dans son almanach invérifiable, Ribes laisse son humour faire des choses inavouables avec son imagination. Le résultat est aussi délirant que du Pierre Dac et aussi drôlement érudit que du Bruno Léandri. En novembre, la mort dans l’âme étant une des maladies qui vous guette, vaccinez-v vaccinez-vous ous avec cet hilarant petit livre rouge. A.S. « Mois par par moi», de Jean-Michel Ribes, éd. Actes Sud, 15euros. 15 euros.
Un très bon. Pour moi, c’est une thal assothérapie. M’immerger dans la folie créatrice de tous ces génies, ça me régénère, ça me donne envie de vivre, de faire des choses magnifiques. L’art art est notre ultime porte de sortie. L’environnement qu’il faut protéger, c’est l’art. Une balade en forêt, je veux bien, mais il y a des amanites phalloïdes, des bêtes dangereuses et, pire, des scouts qui chantent !
Dans votre film, la nature finit par tout détruire...
Oui, car je pense que la nature est un ennemi. Je ne suis pas pour la pollution, mais toute cette messe écologique dans laquelle on vit, le manger bio, tout ça, ça me sort par les trous de nez. Tous Tous les politiciens s’y mettent, c’est une sorte de Medef de la bonne conscience.
Vous V ous ne pouvez pouvez pas nier nier que la planète planète est en danger? On aura qu'à aller sur une autre! Les dinosaures ont disparu, eh bien, à moi, ils ne me manquent pas ! On passe notre temps à lutter contre la nature. Regardez les médecins ! Pourtant le cancer, cancer, il n’y a rien de plus naturel... Pour diriger Michel Blanc (à droite), le directeur de s on musée, Jean-Michel Ribes n’hésite pas à mettre le doigt à la patte. Le cerf est anonyme !
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Jean-Michel Ribes devant devant une affiche affiche dessinée par son s on ami Roland Topor.
Mais la nature, c’est aussi la beauté, non? C’est l’art qui a permis de voir que la nature était belle. Les arbres étaient-ils beaux avant qu’on ne les peigne ? Je ne crois pas. L’espace de la culture diminue de jour en jour. Celle-ci n’est pas uniquement dans les musées, les cinémas et les théâtres, t héâtres, elle est aussi une façon d’être, de se parler, qui se rétrécit dans des rapports d’efficacité, d’argent. argent.
Vous mettez en scène une horde de Vierges Marie Vous délurées.. Ne craignez délurées craignez-vous -vous pas une fatwa du Vatican Vatican ? J’ai déjà eu des fatwas, j’ai déjà été excommunié lorsque, dans “Merci Bernard”, j’avais j’avais organisé les JO du Vatican, avec un 4 fois 100 mètres en eau bénite. Il y avait même Ingrid Betancourt Betancourt qui jouait dedans !
Votre V otre film, c’est c’est un peu « brèves de musée»... musée »...
Oui, comme “Palace”, il s’agit d’un lieu unique où l ’on fait entrer la comédie humaine et où une dizaine d’histoires se croisent. J’aime cet entrechoquement, ce mélange des genres que l’on trouve dans un musée où l’on passe de Michel-Ange à la cafétéria, des impressionnistes aux chiottes. Aujourd’hui, regardez, des gens conduisent des Citroën Picasso qu’ils garent dans des parkings Vinci.
Comment avez-vous pu vous payer cet incroyable castingg de vedet castin vedettes tes ?
Ce sont elles qui m’ont sollicité pour jouer dans le film. J’ai dû refuser du monde ! Tourner Tourner dans six musées avec tant d’acteurs, je ne vous raconte pas...
Si, justement, racontez!
Imaginez ce que c’est de téléphoner au Louvre pour leur demander de fermer le jeudi au lieu du mardi parce qu’une des actrices n’est libre que ce jour-là. Les conservateurs ont été formidables. Gilles Chazal, le directeur du Petit Palais, nous a même autorisés à tourner les jours d’ouverture d’ouver ture en déroutant les visiteurs vers d’autr d’autres es salles.
Au fait, est-ce bien vous qui avez réalisé les pubs télé de la Maaf qui s’inspire s’inspirent nt de «Pala « Palace ce » ? Je ne voulais plus faire de spots publicitaires, mais ils ont tant insisté que j’ai fini par dire oui. Avec Topor, par provoc, on rêvait de devenir cultes au point d’en faire une pub. Eh bien, je l’ai fait et avec amusement, en plus ! Lire aussi notre critique p. 16.
E T S S C R I D I N
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LA CRITIQUE
Castration!
D’ALAIN SPIRA Michel Blanc.
UNE COMEDIE QUI ART OSE Capturées dans les lofts d’artistes des jungles urbaines, mises en état d’arrestation par des commissairespriseurs prisés, arrachées à des collections particulières pour le bien général, les œuvres d’art sont parquées dans d’immenses réserves culturelles. Surveillés par des gardiens armés d’une chaise à dormir pendant les heures de service, ces trésors du génie humain, qui vont de l’urinoir de Duchamp au sourire niais de «La Jocond Jocondee », sont parcouparcourus par des hordes d’obscurs amateurs rarement éclairés. C’est à cette invasion des uns et des autres que nous convie Jean-Michel Ribes dans un chaos organisé où les destins se croisent, les pas se perdent et les pieds enflent. Passagers de ce majestueux paquebot du beau, ils n’ont pas conscience du combat que livre le conservateur en chef pour empêcher la nature chlorophyllée de reprendre ses droits en sapant, de ses tentacules végétaux, ce « Titanic» de la culture. culture. Mais heureusement, pendant le naufrage, la cafétéria reste ouverte... Transposant de la scène à l’écran sa pièce à succès, le
directeur comblé du Théâtre du Rond-Point nous offre la première comédie culturelle accessible au plus grand nombre et aux handicapés. Vu la quantité d’acteurs et d’actrices présents au générique, un tarif de groupe a été consenti. Ce film d’art et d’essais transformés en gags nous propose une exposition temporaire et
Isabelle Carré, Gérard Jugnot, Pierre Arditi, Chantal Neuwirth, Laurent Gamelon.
Musée haut musée bas De Jean-Michel Ribes Avecc Philipp Ave Philippee Khorsand, Khorsand, Fabric Fabricee Luchini, Luchini, Josiane Josia ne Balasko, Balasko, Miche Michell Blanc, Blanc, Gérard Gérard Jugnot,, André Dussoll Jugnot Dussollier ier,, Isabelle Isabelle Carré, Victoria Abril, Valérie Valérie Lemercier ... . ..
kaléidoscopique de visiteurs déboussolés. Jugnot, égaré, ne sait plus s’il a garé sa Picasso au niveau Rembrandt ou Dali. Arditi, en ministre rose, est complètement paumé au milieu des dizaines de sexes de tous calibres qui le fixent lors d’une exposition de photos. Muriel Robin, larguée, est en pleine recherche des Kandinski perdus. Et pendant que Balasko, en mère dantesque, se fait performer à mort par son fils excédé (Micha Lescot), dans les sous-sols, un troupeau de Vierges Vierg es Marie est tout exci excité té à l’idée de s’aérer l’auréole en contemplant du cubisme... Reprenant le principe loufoque de « Palace», son émission culte, Ribes, Ribes, avec son humour d’esthète brûlé, sème, une bonne fois pour toutes, le bazar dans les beaux-arts. N’attendez pas le déluge pour grimper sur cette arche de Noé que ce généreux déconoclaste a construite avec les planches du théâtre et les clous du spectacle. En y accueill accueillant ant la culture culture,, cette cette espèce en voie de disparition, il nous emporte sur de belles vagues de rire, au large de la médiocrité...
Nicole Kidman va produire et interpréter «The Danish Girl». Le film racontera l’histoire vraie du peintre Einar Wegener, le premier transsexuel, opéré en 1931, devenu femme sous le nom de Lili Elbe, et de son épouse Greta, jouée par Charlize Charlize Theron.
Frustration Mickey Rourke a révélé qu’il avait, pendant les jours les plus noirs de son existence, décidé de tuer un homme qui avait violé la femme qu’il aimait. La victime s’était suicidée. C’est un prêtre newyorkais qui a dissuadé l’acteur, âgé aujourd’hui de 52 ans, de mettre son plan à exécution.
Prix d’excellence Mention bien Passable Blâme
COFFRET DOUGLAS SIRK, PARTIE 2 Amateurs des beaux mélodrames hollywoodiens des années 50, ce nouveau coffret consacré à Douglas Sirk vous donne l’occasion de revisiter ou de découvrir quatre de ses films, additionnés d’un commentaire de JeanLoup Bourget et Pierre Berthomieu. Dans « All I Desire» Desire» (1953), Barbara Stanwyck incarne une actrice sur le déclin décli n qui revient dans sa ville natale. Bonus: « Le jeu naturel», naturel», une interview de l’acteur Billy Gray (25 min), et «Quelques jours avec Sirk» de Pascal Thomas (60 min). On retrouve de nouveau Demainn est un Barbara Stanwyck dans « Demai P A R I S M A T C H D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB MB R E 2 0 0 8
autre jour jour » (1956) qui nous raconte la déliquescence d’un couple. Bonus: «Tant d’années après» (23 min), un entretien avec Pat Crowley et Gigi Perreau; Perreau; « Perspectives sur la famille américaine » d’Allison Anders amants de (25 min). Avec « Les amants Salzbourg» (1957), le cinéaste retourne à Berlin qu’il avait quitté pour fuir le l e nazisme. Bonus: « Meurs et deviens», une analyse de Jean Douchet (24 min) min) ; «Au-delà « Au-delà du mélodrame» de Kathryn Bigelow (13 min); « Veillée d’amour» d’am our» (88 min) de John M. Stahl, une première version du film datant de 1939. Ultime
collaboration de Sirk avec Rock Hudson, « La ronde de l’aube» aube» (1957) nous fait suivre le destin de pilotes acrobatiques et d’un reporter alcoolique. Bonus: «Faulkner/Sirk. La défaulknérisation de “Pylône” (25min) par Marguerite Chabrol; «Le cercle infernal» (29 min) par Bill Krohn; Krohn; « Par Parlons lons du spectacle » (18 min), un entretien avec l’acteur acteur William Schallert; «Jouer pour Douglas Sirk» (22 min), souvenirs de tournage de Douglas Sirk, Rock Hudson, Robert Stark, Dorothy Malone et le producteur Albert Zugsmith. A.S. Edité par Carlotta Films, 8 DVD, 70 70 €.
18 BEAUX LIVRES L’ŒUVRE AU NOIR Un détective, un voyou, une jolie pépée: tels furent, jusque dans les années 1950, les ingrédients de tout film noir hollywoodien. Le paradoxe de ce genre est d’être resté le plus vivace du cinéma américain, tout en voyant ses codes profondément changés. Du «Coup de l’escalier», de Robert Wise, en 1959, à «Mystic River», de Clint Eastwood, en 2002, le livre de Patrick Brion retrace, en 72 films, les étapes de cette transformation. A coups d’anecdotes et d’analyses passionnantes, il décrypte ces mutations, montre comment un genre mineur a fini par imposer ses thématiques et son esthétique à l’essentiel de la production américaine. Sans oublier, au passage, de faire émerger d’immenses talents.
John C. Reilly, Will Ferrell.
Frangins malgré eux
D’Adam McKay Avec Will Ferrell, John C. Reilly, Richard Jenkins...
Deux quadragénaires immatures (Will Ferrell, John C. Reilly) s’affrontent dans des querelles infantiles lorsque le mariage de la mère de l’un (Mary Steenburgen) avec le père de l’autre (Richard Jenkins) les réunit sous le même toit. Tout en magnétisant le talent comique de ses comédiens, Adam McKay pose un regard doux-amer sur ces inadaptés incapables d’intégrer le monde de la réalité et qui se réfugient dans le cocon de l’adolescence. En contrepoint, un connard absolu (Adam Scott) ouvre la porte à une interrogation astucieuse sur la réussite. L’esprit potache et régressif qui est l’image de marque du producteur-réalisateur Judd Apatow («En cloque mode d’emploi») s’appuie sur un vécu authentique plein d’humanité. Souvent hilarantes, certaines scènes poussent le Christine HAAS bouchon un peu loin.
Home Sweet Home
De Didier Le Pêcheur Avec Judith Godrèche, Patrick Chesnay, Daniel Prévost, Alexandre Astier... Il y a trente ans, au décès de la femme d’Albert (Daniel Prévost), Gédéon (Patrick Chesnay), son meilleur ami, est venu vivre avec lui pour l’aider à élever sa fille Claire (Judith Godrèche). La jeune femme, qui a fait sa vie ailleurs, revient voir les deux hommes après une longue absence. Son retour coïncide avec la mort suspecte du photographe local et l’arrivée d’un étrange flic (Alexandre Astier)... Didier Le Pêcheur sait instaurer, avec humour, une ambiance intrigante dont la clé de voûte est l’irrésistible duo ChesnayPrévost en vieux garçons. Astier s’impose en charmeur mélancolique auprès de la séduisante Judith Godrèche. Un maître chanteur minable, des pères peinards malmenés, un secret de famille explosif, voilà les ingrédients d’une agréable comédie policière à la saveur loufoque et à A.S. l’arrière-goût chabrolien.
Raphaëlle LEYRIS
«L’héritage du film noir», de Patrick Brion, éd. de La Martinière, 360 pages, 49 euros.
Patrick Chesnay, Daniel Prévost.
GROS PLAN SUR… OLIVIER GOURMET
Gwyneth Paltrow, Joaquin Phoenix.
Two lovers
De James Gray Avec Joaquin Phoenix, Gwyneth Paltrow, Vinessa Shaw…
Un héros à fleur de peau (Joaquin Phoenix), meurtri par une précédente déception sentimentale, n’arrive pas à s’engager auprès de la délicieuse Sandra (Vinessa Shaw), vers laquelle ses parents le poussent, ni à se dégager de son obsession pour l’inconstante et magnétique Michelle (Gwyneth Paltrow). Entre raison et passion, les personnages de James Gray poursuivent un fantasme de bonheur impossible mais n’échappent pas à leur destin. L’intensité des comédiens et l’esthétique stylisée de son univers tragique s’adaptent aux codes du triangle amoureux. La violence physique des précédents thrillers mafieux bascule vers une douleur intériorisée. Sincère et profond, le cinéaste renvoie le spectateur à ses propres rêves déçus. En parlant d’amour sans frivolité, il saisit C.H. une vérité foudroyante.
i n t e r v i e w A l a i n S p i ra
Mesrine, l’ennemi public n°1, de Jean-François Richet Après avoir été père d’une famille « autoroutière » dans « Home», d’Ursula Meier, l’acteur belge prend du galon en incarnant le commissaire Broussard dans « Mesrine, l’ennemi public n° 1 », le second volet du film de Richet, aussi réussi que le premier. Paris Match. Mesrine est-il aussi célèbre en Belgique qu’en France ? Olivier Gourmet. On est imprégné de culture française. Faut pas oublier que nous étions français jusqu’en 1830. Mais vos ennemis publics ne sont pas forcément les nôtres. Nous avons plus de distance que vous avec Dutroux, par exemple... P A R I S M A T C H D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB R E 2 0 0 8
Vous tenez toujours votre hôtel familial ? Ce sont toujours les femmes de la famille qui se sont occupées de l’hôtel. Mon arrière-grand-mère, ma mère et, aujourd’hui, mon épouse. Comme ça, les hommes ne les avaient pas dans les pattes... Est-ce la première fois que vous interprétez un personnage réel ? J’ai fait tellement de films que je ne sais plus très bien, mais je crois bien, oui. Pour Broussard, je me suis inspiré de son physique et j’ai beaucoup lu. Dans le film, ce personnage est réduit à sa fonction, il n’a pas vraiment d’épais-
seur psychologique, à part que c’est un flic qui monte au créneau. Un de ses anciens collègues m’a parlé en bien de lui, comme d’un chef proche de ses hommes, à leur écoute. En tout cas, je ne l’ai pas joué comme un gars qui a pris du plaisir à la mort de Mesrine. Et comme acteur, vous vous préférez flic ou voyou ? Ho là ! Si on m’avait proposé le rôle de Mesrine, je l’aurais fait. J’aime bien les personnages qui ont une densité, des paradoxes. Alors, que ce soit flic ou voyou... Remarquez, j’aimerais bien faire un flic pourri comme dans “Bad Lieutenant”. Ça, ça doit le faire...
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DANS LE BUREAU DE... THOMAS LANGMANN C’est dans cette pièce de son appartement de la plaine Monceau qu’il met en chantier ses films. Sa société de production, La Petite Reine – en référence à celle de son père, Claude Berri, Renn Productions –, vient de mettre à l’écran «L’instinct de mort» et « L’ennemi public n°1», deux longs-métrages consacrés à Mesrine. pa r M a r i e A d a m - A f f o r t i t
LA PHOTO DE SA MÈRE «Elle me suit partout depuis 1997, date de sa disparition. Dès que je quitte mon appartement pour le week-end, des vacances ou un tournage, je l’emporte dans mes bagages. Femme de mon père Claude Berri et mère de mon frère Julien, Anne-Marie Rassam était une grande dame qui, comme bien des êtres exceptionnels, a connu une fin tragique. C’est elle qui m’a fait ce que je suis aujourd’hui. Je me sens à 90% Rassam.»
LE DESSIN D’ASTÉRIX «Cette planche originale d’Uderzo et Goscinny accrochée au mur est une grande fierté pour moi. L’idée d’adapter Astérix à l’écran venait de moi. D’abord contre, mon père a finalement produit “Astérix et Obélix contre César”, qui a été un grand succès. Uderzo a alors eu la générosité de m’offrir ce dessin si rare annoté de cette dédicace tout aussi précieuse: “Pour Thomas Langmann sans qui la grande aventure cinématographique n’aurait pas eu lieu”. C’est un cadeau inestimable. »
L’OSCAR «C’est celui que mon père a reçu en 1966 pour son premier courtmétrage, “The Chicken”. Il avait appris la nouvelle par la radio et, n’ayant pas le moindre sou pour aller chercher sa récompense à Los Angeles, il l’avait finalement reçue par la poste. Quand il m’a offert son trophée, il y a une dizaine d’années, j’ai été touché par ce geste plein de tendresse.»
LE LIVRE DE MESRINE «C’est sans doute cette couverture rouge qui m’a attiré, dans la bibliothèque de mes parents, alors que j’avais 12 ans. “L’instinct de mort” a été un véritable choc, au point de devenir mon livre de chevet. Au fond de moi, je savais que Mesrine serait adapté au cinéma. Quand je suis devenu producteur, et après l’acquisition des droits, il y a huit ans, je n’ai eu de cesse de penser à son adaptation. Mais le parcours du combattant a été rude!»
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LE COFFRET DES FILMS DE SON PÈRE «J’ai toujours un plaisir infini à faire découvrir l’intégrale de l’œuvre de Claude Berri à ceux que j’aime. A 6 ans, ma fille Lou adore “Le maître d’école”, et je suis impatient de lui montrer “Le vieil homme et l’enfant” qui retrace l’histoire de son grand-père. Avec “Le cinéma de papa”, ce merveilleux film est sans doute l’un de mes préférés. Le portrait de mon père dressé par Bernard Rapp en bonus dans la collection “Les feux de la rampe” est probablement celui qui lui ressemble le plus.»
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LEVER DE DIDO Cinq ans après le triomphal «Life for Rent», l’Anglaise Dido Armstrong vient de sortir « Safe Trip Home». Un retour mélancolique et touchant. interview Benjamin Locoge
Paris Match. Avec 28 millions d’albums vendus, votre maison de disques devait attendre ce nouvel album avec impatience. Dido. Les gens de mon label ont été compréhensifs et n'ont jamais exigé quoi que ce soit. J'étais prête dès l'an passé mais j'ai continué à écrire. Je me suis retrouvée avec énormément de chansons : j'ai deux disques d'avance ! Et j'ai eu le temps de décider ce que je voulais vraiment. Pourquoi évoquez-vous vos déboires sentimentaux ? Mes textes sont le fruit d'un travail commun avec mon frère. Nous évoquons forcément des choses personnelles, mais ce n'est pas mon journal intime. Quand j'écris, je d'expression... Depuis lors, je me suis toujours créé mon cherche à faire émerger des sensations qui ne sont pas les propre monde. miennes. Si je vis un moment triste, je peux très bien écrire Comment vivez-vous la célébrité? une chanson joyeuse. Et inversement. Au quotidien, Je ne la vis pas car je ne me sens pas célèbre. Si l'on j'écoute et je regarde ce qui se passe autour de moi. m'aborde dix fois par an dans la rue, à Londres, c'est le C'est aussi le meilleur moyen de ne rien dire sur soi. maximum ! Les gens connaissent mes chansons, mais ne Je ne veux pas que l'on recherche dans mes paroles une m'identifient pas. C'est plutôt ch ouette. signification liée à ma vie privée. Moins on sait de choses sur Dans la vie, êtes-vous triste et mélancolique ? moi, plus je suis libre dans mon écriture. Et plus vous vous Je suis la personne la plus optimiste au monde, joyeuse faites une interprétation personnelle de la chanson. C'est le et forte ! Mais, une fois encore, je ressens bien les choses. plus important. Si l'on vous dicte ce que je rencontre quelqu'un, je me « Eminem n’est pas mon ami! » Quand vous devez entendre ou ressentir, cela forge très vite une impression sur la ne marche pas. Et puis, il n'y a rien dans ma vie privée qui soit personne. Et je me trompe rarement... assez passionnant pour être raconté. Avez-vous des nouvelles d'Eminem? Vous avez tellement de secrets à cacher ? Nous n'avons jamais été proches, ni même amis ! J'ai A mes débuts, je donnais des clés pour qu’on comprenne appris qu'il sortait un nouvel album... Je sais ce que je lui mes textes. Mais cela a fait du mal aux gens autour de moi. dois : le fait d'être passée en un mois de rien à tout. Donc, je préfère ne plus rien dire. Et franchement, je ne crois Que faites-vous de votre argent ? pas à l'aspect thérapeutique de l'écriture. J'en ai plus que ce dont j'ai besoin. J'ai aidé ma famille, Vous dites souvent que vos parents ont beaucoup des associations... Garnir mon compte en banque n’a jamais compté dans votre culture musicale. été mon but. D’ailleurs, au départ, je voulais que mon Ils n'étaient pas musiciens, mais ils ont tout fait pour nouveau disque soit téléchargeable développer notre imagination. Dans cet esprit, ils ont gratuitement sur mon site. Mais ma maison de toujours refusé que nous ayons la télévision. Du coup, à disques n'a pas estimé cette idée heureuse. 13 ans, mon frère écrivait des nouvelles qu'il me lisait le soir... Dommage... Toute notre vie tournait autour de l'écriture, de la liberté « Safe Trip Home » (RCA/SonyBMG).
VIVE LES KATERINETTES ! Les huit Vedettes n’avaient pas prévu de chanter. Philippe Katerine les a kidnappées en studio!
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'est la nouvelle blague de Philippe Katerine: produire l'album d'une troupe de «fausses» majorettes belges! «On ne s'attendait pas à ce que l'aventure se termine en studio, raconte Agathe, majorette en chef. Au départ, nous avions simplement dansé sur scène avec lui lors de l'un de ses
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concerts bruxellois. Après il nous a écrit un disque.» La griffe comico-absurde du chanteur s'entend dans des chansons comme « Ta vie est pourrie» ou « Joey Starr». Ce «Disque n° 1» risque de propulser les Vedettes en haut de l'affiche. Ce serait un comble... «Disque n° 1 » (Wagram)
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DANS LES COULISSES DE... LA TOURNÉE DE
RAPHAEL
pa r B e n j a m i n L o c o g e
Nous étions à Nantes pour le premier concert du chanteur dont la « Caravane» s’arrêtera à Paris le 12 décembre.
17 heures Vendredi 7 novembre, Zénith de Nantes. Raphael et ses six musiciens règlent les derniers détails d'un spectacle dont la première a lieu ce soir. Depuis deux ans, le chanteur ne s'est pas produit sur une scène française. Raphael, plus souriant qu'à l'accoutumée, n'a pas l'air angoissé. 18 heures Le sound check terminé, Raphael vient regarder les tee-shirts à son effigie. Son profil doré lui plaît bien. «Ça fait très Lou Reed.» Derrière les portes de la salle, les fans patientent. «J'ai envie d'en profiter un maximum. Il n'y a que vingt concerts cette fois-ci, car nous avons fait le pari de jouer dans des grandes salles. Pour “Caravane”, j'ai fait 150 dates, mais dans des endroits plus intimes... Ce soir, il faut que ce soit intense. » 18h30 Dans le couloir qui mène aux loges, Jean-Marc Besson, son tour manager, et Caroline Manset, sa manageuse, le conseillent. « Tu joues beaucoup de titres récents en début de concert, tu devrais peut-être chanter les tubes plus tôt dans le spectacle. » L'artiste ne change pas d'avis, reléguant « Sur la route» ou P A R I S M A T C H D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB R E 2 0 0 8
« Caravane» à la fin du concert. Trois nouveaux musiciens ont fait leur apparition à ses côtés: la violoniste Karen Brunon, le batteur Zack Alford et le multi-instrumentiste Robert Aaron, les deux derniers étant d'anciens accompagnateurs de David Bowie, l'idole de Raphael. « Voir Robert à mes côtés est déjà un plaisir en soi», confie-t-il. 19h30 Sur un portant, trois blousons, trois vestes, deux chemises et un blazer Yves Saint Laurent. Sur la table, un flacon de parfum, un iPhone, un BlackBerry et un livre, « Lettres » de Malcolm Lowry. Dans une heure et quart, le chanteur doit être sur scène. « Je n'ai pas de petits rituels. Je mets un peu de poudre sur mon visage, et puis c'est tout. » Il parle de sa collaboration avec Alain Bashung, l'an passé. «Je suis parti une semaine en tournée avec lui, je l'accompagnais sur trois titres. C'est un peu notre Dylan à nous. » 20 heures Thierry Suc, le producteur de la tournée, arrive en compagnie de Christophe Palatre, le patron de sa maison de disques, et de trois invités: les parents de Raphael et, plus étonnant, sa compagne, la comédienne Mélanie Thierry. Seul Roman, leur fils de 6 mois, manque à l'appel. «Il n'est pas loin, sourit l'artiste. Mélanie tourne en ce moment. Du coup, j'ai la joie d'être avec lui tous les matins.» Le relatif insuccès de son dernier disque (150000 exemplaires vendus) ne l'atteint pas. Les gens connaissent au moins une chanson. J'étais conscient que le succès de “Caravane” était unique.»
20h40 Raphael fait des vocalises dignes d'un chanteur d'opéra. Les musiciens, l'attendent, prêts à démarrer. 20h45 «C'est cool, quand même. On est au Zénith ! » Caroline Manset félicite son ami d'enfance. L'équipe trinque, une coupe de champagne ou une cigarette à la main. Doudou, le régisseur, donne le top départ. Les lumières de la salle s'éteignent et les 5000 personnes présentes (ouf...) rugissent. 20h50 « Je sais que la terre est plate » ouvre le concert. Il sera, ce soir, plus question de rock que de chanson française. 22h30 L'hymne « Caravane» clôture le concert. Les spectateurs peuvent enfin chanter et frapper dans leurs mains. Pendant une heure et quarante minutes, ils ont paru surpris par la radicalité du show. Raphael s'offre alors un dernier titre. Ce soir, il fête ses 33 ans et, pour son anniversaire, il tient à interpréter « Le galérien», une berceuse de Mouloudji qui se transmet de mère en fils. «Cette chanson est à la fois jolie et mélancolique, elle explique beaucoup de choses sur moi. » «Je sais que la terre est plate» (Capitol / Emi). En tournée actuellement, à Paris-Bercy le 12 décembre. Ultime salut le jour de ses 33 ans.
E T S S C R I D I N
30 LA CHRONIQUE DE GILLES MARTIN-CHAUFFIER
Le romancier C.J. Sansom nous projette dans le Madrid de Franco, en 1940. Amours, espions et trahisons. Vif comme Alexandre Dumas. Avec un nuage d’élégance british.
C’est le genre de roman que vous vous engagez à rembourser à vos amis s’ils ne l’aiment pas. Tout ce qu’on cherche dans les livres s’y trouve: de la grande Histoire, de l’aventure, du sexe et de l’amour.
Des « Trois mousquetaires» à « Autant en emporte le vent » en passant par « Guerre et paix», ce cocktail est le secret de nos lectures inoubliables. Là, ça se passe en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1940, chez les fascistes. Côté suspense, on se croirait chez John Le Carré. Politiquement, on se retrouve chez Hemingway à l’heure de la guerre d’Espagne. Donc nous sommes en 1940 avec un jeune universitaire anglais qui, quelques mois plus tôt, à Dunkerque, a survécu à l’explosion d’une bombe qui a massacré ses tympans – et tous ses camarades de compagnie. Inapte au service, il est
engagé par l’Intelligence Service, qui l’expédie à Madrid pour espionner un ancien camarade de Cambridge lié au nouveau régime franquiste. Churchill veut savoir si Franco va se joindre aux forces de l’Axe. L’Espagne est ruinée, les gens meurent de faim dans la capitale, toute vie a disparu des rues mais même un petit oiseau a des plumes et l’Empire britannique ne veut à aucun prix d’un adversaire supplé-
mentaire. Seulement, deviner les projets de Franco est un cauchemar. Dès qu’un problème frappe à la porte, le Caudillo file par la fenêtre. A présent qu’il digère sa victoire, plus question de sortir ses griffes. Il préfère arracher des promesses aux deux camps. Il arriverait à se lécher le coude si cela pouvait le débarrasser des menaces allemandes et anglaises. Harry, le jeune diplomate, n’est pas à la hauteur pour deviner les arrière-pensées du dictateur : autant chercher le centre de gravité d’un nuage. Seul dans cette capitale
désolée, il mène une vie quasi cistercienne. Heureusement, les semaines passent, et il rencontre deux femmes: une Espagnole républicaine, dont il tombe amoureux, et une Anglaise de la haute société qui veut à tout prix arracher son ancien amant, un communiste des Brigades internationales, aux tra vaux forcés. Dès que la passion s’en mêle, on sait que la raison devient une denrée rare. Comme disait Hitler, «un peu de sentiment et un ver de terre se transforme en dragon». Harry, le jeune Anglais bien élevé, va se révéler beaucoup plus proche de James Bond que des vieux diplômés qui sirotent Homère avec un doigt de porto. C’est fascinant: plus le livre avance, plus on devient incollable sur le franquisme et ses coteries phalangistes (pro-allemandes)
ou monarchistes (pro-anglaises) et plus on est emporté par le suspense. On se met à tuer, on organise des évasions, on aperçoit le vrai visage des héros communistes, mais jamais l’intrigue policière ne tue l’analyse historique. Le suspense est comme la chantilly qui noie le chocolat sans en corrompre le goût. A l’arrivée, quelques personnages s’en sortent, d’autres perdent tout et personne n’a plus de scrupules. C’est la vie, belle comme une rose, et, comme elle, pleine d’épines.
Kerouac inédit Les éditeurs britanniques Penguin publient une collaboration entre les deux plus célèbres figures de la Beat generation, Jack Kerouac et William
Burroughs. «And The Hippos Were Boiled in Their Tanks » (Quand les hippopotames bouillaient dans leurs bassins...) a été écrit en 1945. Ce titre énigmatique fait référence à l’incendie du zoo de Saint Louis.
La fête est finie Selon le site Artprice, la contagion de la crise financière au marché de l’art est acquise. Résultat : une correction violente des prix et un taux important d’invendus. Moral en berne du côté des ventes aux enchères.
15 mai 1939 : franquistes et nazis paradent à Barajas.
« Un hiver à Madrid » De C.J. Sansom, éd. Belfond, 516 pages, 22,50 euros.
extrait
« Harry s’était attendu à voir un homme dégageant une certaine prestance, mais Franco en était totalement dénué. Avec son crâne dégarni, son double menton et sa petite moustache grise, il ressemblait à un directeur de banque [...]. Et il était petit, minuscule même. Baissant les yeux comme il en avait reçu l’ordre, Harry découvrit qu’El Generalisimo portait des chaussures à semelles compensées. » PARIS MATCH
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La littérature jeunesse se porte bien, avec plus de 20 millions de volumes vendus l’année dernière. A l’occasion du Salon du livre de Montreuil, analyse d’un secteur en pleine ébullition.
BONNE NOUVELLE : LES ENFANTS LISENT ! par
Mariana Grépinet
A
vec plus de 6000 nouveautés chaque année, le livre trône tou jours en première place du marché des biens culturels pour ados, devant les vidéos et la musique. La petite enfance – albums à lire ou à colorier, livres d’éveil – représente 50 % des ventes. Génération après génération, on lit encore «Petit Ours Brun» ou «Babar», et les héros, comme Dora, T’choupi ou Kirikou, qu’on retrouve à la télévision, cartonnent. « Ce secteur est le plus ouvert à la création artistique », s’enthousiasme Sylvie Vassallo, directrice du Salon et du Centre de promotion du livre de jeunesse de Seine-Saint-Denis. De grands illustrateurs, comme Leo Lionni, Claude Ponti, Grégoire Solotareff, Tomi Ungerer, François Place, Elzbieta, Henri Galeron, ont
DES ANIMAUX
POUR LES APPÂ TER A PARTIR DE � AN
Dans ce livre grand format tout en carton, on déplie, on replie, on soulève... Chaque double page propose une activité ludique. Autour des ombres, des fourrures, des empreintes ou des queues, on doit identifier la bestiole. La panthère et l’okapi, la taupe et l’éléphant, le cerf et l’ornithorynque n’auront plus de secrets pour vous. « Axinamu», de Pittau et Gervais, éd. du Panama, 10 pages, 19,50 euros. A PARTIR DE � ANS
Ses yeux cherchent toujours des oiseaux dans le ciel. Et sa main s’applique à les dessiner sur les pages de ses cahiers. Martin rêve d’aller à la rencontre de tous les oiseaux du monde. Il embarque à bord du voilier «La Coquille » pour le Brésil, avec le naturaliste René-Primevère Lesson. Le gamin est un héros imaginaire, mais tout, autour de lui, est véridique. Le bateau sur lequel il part à la découverte du monde, le savant Lesson qui l’initie à l’observation, les colibris qui PARIS MATCH D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB R E 2 0 0 8
l’émerveillent... Jusqu’aux dessins d’oiseaux qu’il réalise, largement inspirés des planches que le vrai Lesson a effectuées. Ses croquis griffonnés avec son petit «fusil en bois » (son crayon) sont imprimés sur un papier calque. Au cœur du livre, 8 pages sur papier brut à grain sont réservées au «Grand cahier des colibris» avec une cinquantained’oiseaux multicolores. Un régal pour les yeux. «Martin des colibris», d’Alain Serres et Judith Gueyfier, éd. Rue du monde, 47 pages, 22,50 euros.
inventé des genres, des univers. Pour le plus grand profit des quelque 1 000 éditeurs, même si les leaders, Gallimard, Hachette et Bayard, concentrent à eux trois 26 % du chiffre d’affaires jeunesse. Evidemment, le « phénomène» Harry Potter a bouleversé le paysage. « Personne ne s’attendait à ce que des enfants dès 8 ans lisent des pavés de 800, voire 1 000 pages, reconnaît Hedwige Pasquet, directrice de Gallimard Jeunesse. Quand ils aiment un livre, peu importe sa longueur ou sa complexité... » Depuis lors, la plupart des éditeurs proposent des «grands formats » dont le prix moyen avoisine les 15 euros. Hachette avec la série « Fascination » de Stéphanie Meyer, Michel Lafon avec «Les chevaliers d’Emeraude » de la Québécoise Anne Robillard ou Bayard avec « L’apprenti épouvanteur » de Joseph Delaney. En deux ans, le nombre de nouveautés a progressé de 30%, et la section littérature (qui compte les grands formats et les livres de poche) contribue désormais à hauteur de 40% au chiffre d’affaires de la jeunesse. A quelques exceptions près, comme « Tobie Lolness » de Timothée de Fombelle (Gallimard Jeunesse), « Le pacte des MarchOmbres» de Pierre Bottero (Rageot) ou « Tara Duncan» de Sophie Audouin-Mamikonian (Flammarion puis XO), ces séries (fantastiques dans 65 % des ventes) sont rachetées aux éditeurs anglais et américains. Dernier secteur du pôle jeunesse, le documentaire (environ 10 %) voit ses thèmes se renouveler et se moderniser. Les animaux cèdent la place aux encyclopédies (pour filles et pour garçons) et aux ouvrages sur la nature, l’environnement ou la religion. Preuve que les préoccupations des plus jeunes s’adaptent au monde dans lequel ils évoluent. Salon du livre et de la presse jeunesse, du 26 novembre au 1 er décembre, Montreuil sous-Bois. Tél: 01 5586 86 55.
34 L’auteur d’«Alcools» illustrait ses manuscrits de dessins inspirés. Christian Giudicelli a savouré un album qui dévoile sa créativité. «
es poètes et les artistes déterminent de concert la figure de leur époque et docilement l’avenir se range à leur avis», écrit Apollinaire dans ses «Méditations esthétiques». Attentif aux peintres de son temps, aux cubistes, il ne s’est guère trompé sur leur valeur, louant Picasso, Braque, Derain, Juan Gris, saluant Marcel Duchamp, signalant Larionov et Gontcharova, parmi cent autres qui allaient symboliser la modernité du XXe siècle. Si l’on peut juger, avec le recul, quelques analyses superficielles, on admirera qu’il ait su repérer tous ces talents dans leur jeunesse au moment où leur destin n’était pas assuré. Il commit moins d’erreurs que ses devanciers, Diderot et Baudelaire, fanatiques aussi des salons et des expositions. Les rapports de l’écriture et de l’image sont passionnants à examiner. Des auteurs ont pleinement réussi une œuvre plastique: les lavis ténébreux de Victor Hugo touchent au génie autant que les huiles visionnaires de Strindberg. Et que dire d’un William Blake, d’un Alberto Savinio ou même d’un Cocteau qui manient avec une réussite égale le stylo et le pinceau? Apollinaire, lui, fait partie de ceux qui griffonnent en marge de leurs manuscrits. Dans l’album qu’ils lui consacrent, Claude Debon et Peter Read en présentent de séduisants exemples. Dès son adolescence monégasque, «l’enchanteur» – ainsi que l’appelait Léautaud – peuple de silhouettes caricaturales ses notes de lecture. Durant un séjour dans les Ardennes belges, il mêle sur un carnet des ébauches de textes et des séries de visages que l’on croirait sortis d’un rêve, drolatiques et hallucinés. Arrivé à Paris juste après sa vingtième année, il s’abandonne à une effervescence créatrice qui ne se tarira qu’à la fin de sa courte vie. On s’étonne alors de la variété des croquis dont il encadre les premiers jets de ses poèmes ou qu’il insère dans les lettres à ses maîtresses: personnages en proie à une danse frénétique, nus féminins, profils d’amis (Max Jacob, Blaise Cendrars) et
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SUR LES TRACES D’APOLLINAIRE
PARIS MATCH
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précieux autoportraits en costume militaire, l’un étant légendé: «Mon autoportrait approximatif avec mon étui à revolver, mon sabre, mon fouet, mon cheval et un canon». On mettra à part ses dernières aquarelles réalisées à l’hôpital où l’on essayait de soigner sa blessure de guerre. Il s’y montre un coloriste raffiné, privilégiant les tons vifs qui conviennent à l’érotisme des chairs, à la fantaisie vestimentaire d’un marchand d’oranges sous le soleil algérien autant qu’à ces Arlequin et Polichinelle qui apparaissent ici comme des frères ludiques, des anges consolateurs. Evitons de comparer, malgré les influences qu’elle a subies, une si émouvante floraison à celle d’un Léger ou d’un Picabia. Les esquisses d’animaux, dont il parsème les pages de son «Bestiaire», si elles possèdent une savoureuse fraîcheur, sont loin d’égaler les superbes bois gravés
Le poète en 1909. En ht à g.: en 1916, il représente son ami Blaise Cendrars en caporal de la Légion. La même année (à dr.), il peint «Le pas de l’Embusqué». Au centre: vingt ans plus tôt, il avait croqué Napoléon.
de Dufy qui l’ont illustré pour l’édition. Chacun son métier, d’un côté le grand poète, de l’autre le vrai peintre. Résultat : un chef-d’œuvre à quatre mains. En revanche, l’élaboration de ses fameux «Calligrammes» – où les vers forment le dessin du sujet qu’ils expriment – est due au seul Guillaume et aboutit à une réussite inégalable, fascinant l’œil et l’esprit. On se trouve là devant un objet magique, tout simple dans sa nouveauté, presque naïf. « Il faut, conseillait Stevenson, pratiquer l’art avec le sérieux d’un enfant qui joue. » Apollinaire aura été cet enfant qui ne vieillira pas.
«Les dessins de Guillaume Apollinaire», choix et présentation de Claude Debon et Peter Read, éd. Buchet-Chastel, 160 pages, 39,50 euros.
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MUSÉES ? NON
HÔTELS!
Fini, les établissements impersonnels et standards. Les clients recherchent désormais des lieux d’histoire et une architecture protégée.
ZARZIS
ARRÊTE LE TEMPS ’est un club de vacances comme il en existe
Cdes centaines au bord de la Méditerranée.
Sauf que, en plus de la vaste piscine, de la plage interminable et de la formule tout compris, Hosni Djemmali, son concepteur, a eu l’idée de s’inspirer de l’architecture de la casbah de Monastir, où il jouait enfant. «J’étais persuadé que les gens ne venaient pas en vacances pour voir des buildings ou se serrer dans des ascenseurs.» C’était il y a trente ans. Lorsque le club Sangho de Zarzis sort de terre, le tourisme espagnol est le modèle en vogue. «J’ai pris l’exact contre-pied», se souvient-il. Résultat : son hôtel peut certes accueillir 700 clients, mais il s’étend sur 14 hectares. Depuis les origines, rien n’a été ajouté ni retranché afin de ne pas rompre l’harmonie qui se dégage de l’ensemble. Ici, on ne voit ni métal ni paroi de verre, juste une succession de maisonnettes blanchies à la chaux et entourées de verdure. Et l’on sait déjà que dans trente ans on retrouvera le même équilibre que rien ni personne n’aura rompu ou démodé. Un exemple à montrer dans toutes les écoles d’architecture. Jérôme BÉGLÉ Sangho Club Zarzis, BP 18, 4170 Zarzis, Tunisie, tél.: (216) 75 705 124.
BÂLE ROYAL e Bonaparte à la reine Elisabeth II, du dalaï-
Dlama à Picasso, tous ont séjourné aux Trois
Rois, à Bâle. Ses premières traces remontent à 1681. « Le plus vieil hôtel de Suisse, peut-être même d’Europe», s’enorgueillit la directrice. L’auberge Drei Könige fait référence aux Rois mages. Les siècles passent, l’auberge est agrandie, détruite puis reconstruite. Seuls témoins, les trois figurines en bois de 2 mètres qui surplombent l’entrée. En 2004, Thomas Straumann, passionné d’art et d’histoire, rachète l’édifice. Il entreprend des travaux titanesques, choisit chaque meuble et œuvre d’art et fait repeindre le bâtiment entièrement à la main ! Il achète l’immeuble voisin, en fait une aile Art déco abritant la suite Les Trois Rois, un duplex de 250 mètres carrés! « Nous aurions bien voulu vous la faire visiter, mais l’enfant du pays est là...» Roger Federer peut donc jouir du Jacuzzi situé sur le toit... Heureusement, la bibliothèque, le bar anglais ou encore le restaurant gastronomique noté 18/20 au « GaultMillau», sont accessibles. Tout semble ici mesuré, réglé comme une horloge suisse. Une vraie Julien PFYFFER réussite à l’épreuve du temps. Les Trois Rois, Blumenrain 8, Bâle, S uisse, tél.: (0041) 61 260 50 50.
QUÉBEC PREND UN AIR DE CHAMBORD Sur les vestiges de la forteresse qui abrita Samuel de Champlain, le fondateur de Québec, et ses hommes, la compagnie des chemins de fer Canadien Pacifique construisit un bâtiment monumental. Son architecte s’inspira des châteaux de Saint-Germain-en-Laye et de Chambord. Désormais propriété de la chaîne Fairmont, le château Frontenac est l’hôtel le plus photographié au monde. Ses 618 chambres ont accueilli les rencontres préparatoires au débarquement des Alliés en 1944, le sommet des Amériques de 2001 et celui de la Francophonie le mois dernier. Comme le reste du vieux Québec, il est désormais inscrit par l’Unesco au patrimoine J.B. mondial de l’humanité. 1, rue des Carrières, Québec, Canada, tél.: (888) 610 75 75.
MONACO TOUJOURS EN SELLE Le hall de l’Hôtel de Paris est intimidant comme une cathédrale. A droite, on pénètre au Louis XV, le restaurant de Ducasse, mais c’est une statue équestre en bronze de Louis XIV qui vous accueille. L’original de Girardon, achevé en 1883, PARIS MATC H D U 2 0 A U 2 6 N O V E M B R E 2 0 0 8
devait trôner place Vendôme à Paris. Le projet a avorté. Cette copie est censée porter chance aux joueurs qui lui touchent le genou droit avant J.P. de s’engouffrer dans le casino situé en face. Place du Casino, tél.: (377) 98 06 63 60.
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L’AGENDA
p a r Marie Adam-Affortit
RESTAURANT 20 novembre
Monsieur Eddy (Mitchell) ne connaît pas que la chanson et la route de Memphis. Il vient de s’associer à l’un des plus créatifs chefs thaïlandais de Paris, Oth Sombath. Trois semaines après son ouverture, LE SOMBATH tient ses promesses. Il n’y a pas que le travers de porc sauce barbecue dans la vie. Il y a aussi les langoustines vapeur sauce basilic thaïe. 184, rue du FaubourgSaint-Honoré, Paris VIII e , 0142565555.
CINEMA 26 novembre Dans � AIDE�TOI LE CIEL T’AIDERA �, un octogénaire
(Claude Rich) aide sa jolie voisine noire (Félicité Wouassi) à organiser le mariage de sa fille. Une comédie au cœur des cités pour François Dupeyron, dont c’est le 14 e film.
VENTE AUX ENCHERES 26 novembre
Un élément de LA TOUR EIFFEL en vente chez Sotheby’s. Seize marches de 3,60 mètres de hauteur pour 750 kilos, cette partie d’escalier de la dame de fer est estimée entre 40 000 et 60000 euros. Lot 83, salle Charpentier à 14h 30, chez Sotheby’s, Paris VIII e.
THEATRE 21 novembre
Première représentation de l’ultime tragédie de Shakespeare, qui suit le parcours de CORIOLAN, chef de guerre et orgueilleux patricien, dans une Rome républicaine balbutiante. Mise en scène de Christian Schiaretti. « Coriolan » au Théâtre Nanterre Amandiers jusqu’au 19 décembre. Location : 01 46 14 70 00.
CONCERT 22 novembre HELENE SEGARA,
qui nous fait voyager avec son nouvel album, «Mon pays c’est la terre », fera chanter un public fidèle à l’Olympia. Dix ans d’une carrière sans bémol pour la belle Hélène... Le 22 et le 23 novembre, à l’Olympia, Paris IX e.
DVD
24 novembre
TELEVISION 27 novembre
Dans son ouvrage, CHARLOTTE VALANDREY évoquait son envie de vivre avec son nouveau cœur. Adapté pour la télévision, « L’amour dans le sang » retrace l’histoire d’une renaissance liée à une poignante leçon d’amour et de vie. Sur France 3, 20h 50.
Presque dix ans que le père de Madame Sarfati nous a quittés. L’occasion pour Warner d’éditer un coffret collector qui propose l’intégrale d’ELIE KAKOU : sept heures de programmes et un livre hommage qui rassemble l’ensemble de ses sketches dans un coffret façon peau de panthère. Top classe. 75 euros.
page 44 Nicole Kidman
Elue femme de l’année par le magazine « Glamour », l’actrice a enfin présenté une photo de sa fille, la petite Sunday Rose, 4 mois.
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M. et Mme Cabas Pratique, le camouflage chic.
QUI A LA TÊTE DANS LE SAC? Mais qui se cache derrière l’homme à la tête de fourre-tout et sa douce amie tout cuir ? A vous de le deviner... Mort... de rire à Venise. Ces amoureux ont plus d’un tour dans leur sac: quand arrivent les photographes, hop, ils avancent masqués! Habituellement, madame a la tête dans le petit écran. A 42 ans, elle file le parfait amour avec un violoniste virtuose de dix ans son cadet. Un Savoyard, comme elle. Son succès, il l’a écrit à quatre mains, avec son frère, Gautier, violoncelliste. Notre amant mystère vit son rêve d’enfant allegretto: «Quand je joue devant le public, je vole, je ne touche plus terre», dit-il. Brillant mais pas bling-bling, il avait tout pour plaire à sa chère bombe cathodique. Qui se serait remise au piano... Vous les avez démasqués? Tournez la page si vous séchez! E.S.
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Et la réponse est:
LAURENCE FERRARI ET RENAUD CAPUÇON La présentatrice-vedette et son beau brun aux yeux clairs n’ont qu’une chose à dire aux paparazzi: « Parle à mon sac ! » E.S.
ET ÇA, VOUS LE SAVIEZ?
QUATRE AMIES À MIAMI Un bataillon de super tops a envahi Miami Beach, pour le défilé le plus coquin de l’année, celui de la ligne de lingerie Victoria’s Secret. Des filles de rêve, les autochtones ont l’habitude d’en voir. Mais en découvrant Doutzen Kroes, Karolina Kurkova, Miranda Kerr et Alessandra Ambrosio, alignées en bikini sur leur plage la veille du grand show, ils ont cru que Dieu avait ouvert chez eux une nouvelle agence de casting... spécialisée dans les anges. J.P.C.
Bébé en vue
Alice Taglioni peut sortir le rose layette: l’actrice vient de nous révéler qu’elle attend une fille! Elle et son compagnon depuis bientôt sept ans, Jocelyn Quivrin, accueilleront le trésor en février.
FRANCK DUBOSC
DYSNEY, TRÈS TENDANCE Pour faire plaisir à Danièle, la jolie Libanaise qui partage sa vie depuis trois ans, Franck Dubosc l’a emmenée chez Disney voir les illuminations de fin d’année. Interrogé sur son plus beau Noël, l’homme au slip de « Camping» a répondu: «Celui où j’aurai un bébé.» Entre le nouveau-né et sa très jeune maman, Franck ne serait pas dépaysé: à 45 ans, il a su rester un grand enfant.
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NICOLE A FAIT UN KID À SON MAN …
A 41 ans, l’actrice australienne n’a jamais été aussi heureuse. Son petit mari, le chanteur folk Keith Urban, vient de fêter ses deux ans de sobriété. Adieu triste bouteille. Ensuite, et surtout, elle vit un moment de grâce avec leur fille, Sunday Rose. Un bonheur simple comme une image, montrée par la star à la papesse de la télé US, Oprah Winfrey. On y voit pour la première fois le visage de la fillette. Elle l’appelle «mon petit miracle»: l’ex de Tom Cruise a longtemps cru qu’elle ne pourrait pas tomber enceinte, après une fausse couche. Au jourd’hui, maman comblée, elle est couronnée «Femme de l’année 2008» par le magazine «Glamour», pour son action en faveur de la cause féminine à travers le monde. Pour recevoir ce trophée, elle s’est glissée dans une robe immaculée dessinée par L’Wren Scott, la compagne de Mick Jagger. Elle était divine. Tout simplement. E.S.
C’est elle, la femme de l’année: généreuse, épanouie, et canon, quatre mois seulement après la naissance de sa fille, dont elle vient de montrer la première photo, à la télévision (à dr.).
Beau, oui, comme Bowie
ROD STEWART : AU PIED ! On se perd en conjectures: soit le rocker écossais, sa femme et sa fille avaient trop arrosé leur dîner, soit Penny a voulu expliquer à son mari la dernière tendance en PARIS MATCH
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
matière de shoes à semelles compensées. En se jetant dans la limo, le couple s’est retrouvé emmêlé... «La prochaine fois, tu mettras des ballerines», a dit Rod, lassé de se faire marcher dessus. J.P.C.
Longtemps qu’on ne les avait pas vus ensemble. Au gala «Aidez un enfant à rester en vie», David et Iman Bowie, 61 et 53 ans, ont prouvé qu’après seize ans de mariage, ils méritaient toujours leur titre de beautiful people. On attend l’arrivée dans les soirées jetset de leur fille Alexandria Zahra, 8 ans, pour une reprise destroy du hit paternel «Let’s Dance»...
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LES TRÉSORS DES MAHARADJAHS pa r R o m a i n C l e r g e a t – p h o t o s Al i n e C oq u e ll e
Y a s mi n Le B on , ac co m pag né e d e s a f il l e Amber .
Bernard F orna s , le P-DG de Car tier , dev an t la gagnan te du concour s. Une Delaha y e 1 35MS de 19 39 a p par tenan t au maharad jah de Jodh pur. C l i o G ol d sm i th e t s l a f em m e d u m a f il l e , i ni s i nd i e n d e l A ’ v ia ti o n tr e e d e F ür s t e t I ra nb e r g .
Imr an Kh an, l a u légende d , t e k cric t y a l p -bo y e a dé sorm i s homme poli tique p aki s t an ai s.
L’Inde en a sous le capot. Elle le prouve en organisant à Bombay avec Cartier le premier concours d’élégance automobile international. Soixante voitures de collection encore jamais montrées. Des pièces ayant appartenu aux plus grands maharadjahs réunies grâce à l’opiniâtreté de Mark Shand, beau-frère du prince Charles et époux de Clio Goldsmith, l’une des plus belles actrices des années 80. Côté people, ce sont Imran Khan, l’ancienne star du cricket pakistanais, et Yasmin Le Bon, la top model mariée au chanteur du groupe Duran Duran, qui affolèrent les allées du Royal Western India Turf Club, où s’exposaient ces bijoux.
Le p ri n c e M e t f ou d e i ch a el d e K e nt , c o v oi t u r e s a u nc i en n e s , s in d e l a r e in e d A r é al i sé e p ’ n gl et e r d ou r s on g ev a n re ra nd - p èr e , l e r t u ne D a im l e r 1 93 6 oi G eo r g e V . P A R I S M A T C H DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
n t d aipur, do ! ), ’U d h a j d ( a Le m ah ar kilomè tre de long fil s. e sure 1,5 vec s a fille e t son a le p al ai s m
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REPORTAGE
MARIE ADAM AFFORTIT PHOTOS HENRI TULLIO
« Good Morning Maroc Maroc!! » aurait pu s’écrier écrier Barry Levinson, président du 8e Festival international international du film de Marrakech, en référence à son « Good Morning, Vietnam Vietnam!! » Le 14 novembre, il présentait en ouverture ouverture «What « What Justt Happened? Jus Happened? », avec «Bob» «Bob » De Niro et Bruce Willis. Autour de lui, un jury composé composé,, entre entre autres autres,, de l’a l’actrice ctrice Natacha Régnier, Régnier, Hugh Hudson, Hudson, réalisateur oscarisé oscarisé des «Chariots de feu », Caterina Murino qui devront récompenser l’un des 15 films en compétition... Après la présentation par la directrice du festival, Mélita TosSculpturale can du Plantier, des invités d’honneur à Son Altesse Royale le prince Dans la Villa Moulay Rachid, un dîner d’apparat a favorite du Palace réuni huit cents convives. Charlotte Es Saadi, Rampling retrouve la ville ocre, SiSigourney Weaver gourney Weaver est «fasciné « fascinéee par la en robe crêpe et culture du prince», Lolita Chammah, satin ivoire fille d’Isabelle Huppert, tombe sous rebrodée Dior. le charme de la ville. vill e. Durant une semaine, sous les étoiles, les stars auront brillé de tous leurs feux.
Mutine Invitée de Mélita Toscan du Plantier, Lolita Chammah en Miu Miu et étole Dior.
Joyeuse rencontre A l’entrée de l’hôtel, le DJ Claude Challe et Roman Polanski, un habitué du festival qu’il présida en 2006.
PLUIE D’ÉTOILES SUR MARRAKECH Fan de... ... Sigourney Weaver, Rachid Bouchareb, réalisateur d’«Indigènes».
Amoure Amo ureux ux Membre du jury, le réalisateur anglais Hugh Hudson au bras de son épouse, l’ex-James Bond girl Maryam d’Abo.
Jury de charme Caterina Murino en Dolce & Gabbana et l’actrice belge Natacha Régnier en Elie Saab.
En solitaire Jean-Paul Rouve, élégant «Spaggiari», convié au somptueux dîner royal.
Escapade Dépaysement marocain pour Mélanie Laurent en Vuitton, entre deux scènes du tournage à Berlin du film de Tarantino.
Toujours chic La très distinguée Charlotte Rampling, présidente de la première édition.
Protocole Mélita Toscan du Plantier, heureuse de présenter les invités du festival au prince Moulay Rachid.
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– Couché !
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du 20 au 26 novembre 2008
G��: LES GRANDES PUISSANCES AU CHEVET DU MONDE
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Face aux dérives financières, les pays les plus influents se sont réunis à Washington pour inventer un nouvel ordre économique Par Jacques Attali
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CALIFORNIE, LA GUERRE DU FEU Les vents puissants et la chaleur accablante ont servi de détonateurs à un épouvantable film catastrophe
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DELON OUVRE LE BAL AVEC ANOUCHKA L’acteur sera le maître de cérémonie de la grande soirée annuelle de présentation des « Débutantes» Par Catherine Schwaab
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RAMA YADE SANS PROTOCOLE La secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme nous a reçus dans son appartement parisien. Et nous parle à cœur ouvert Par Elisabeth Chavelet
TARNAC LES BABAS DE LA FERME N’ÉTAIENT PAS SI COOL La police les soupçonne d’être les saboteurs de la SNCF
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Par Mariana Grépinet, François Labrouillère et Grégory Peytavin
CRIME PASSIONNEL, LE DÉPUTÉ FOU D’AMOUR Jean-Marie Demange s’est suicidé après avoir abattu la femme qu’il aimait
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Par François Labrouillère et Grégory Peytavin
CHAVEZ, L’HOMME FORT DE CARACAS N’EST PAS MAÎTRE CHEZ LUI Marisabel, l’ancienne épouse du président vénézuélien, se présente aux élections. Contre lui
Pour la première valse, il a choisi la plus jolie, sa fille
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De notre envoyé spécial Michel Peyrard
LA MARÉE ÉTAIT EN ROSE Tous les flamants d'Afrique se retrouvent dans le nord de la Tanzanie
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Par Ghislain Loustalot
ROBERTO SAVIANO EN LIGNE DE MIRE Depuis la publication de son roman « Gomorra », la tête de l’écrivain est mise à prix. Rencontre avec un homme traqué
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Interview David Le Bailly
VANESSA PARADIS ET MAINTENANT L’ALBUM… PHOTOS PORTRAIT : MATHIEU AMALRIC Par Jean-Philippe Chatrier
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GUANTANAMO Alors que Barack Obama a réaffirmé son désir de fermer la prison de Guantanamo, retour en images sur la base militaire la plus célèbre et la plus surveillee des Etats-Unis
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Une assemblée au carré Samedi 15 novembre, réunion du G20 dans le grand hall du musée national de la Construction. La salle a été choisie pour ses dimensions démesurées : 96 mètres de longueur sur 35 de largeur, avec des colonnes hautes de 23 mètres.
Face aux dérives financières, les pays les plus influents se sont réunis à Washington pour inventer un nouvel ordre économique Ce sommet écrit une page d’Histoire. D’abord, parce que devant l’ampleur de la crise, les décisions ne se prennent plus en petit comité. Des pays émergents, tels l’Inde et le Brésil, sont présents, ainsi que des nations riches en matières premières, comme l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud. Mais surtout pour la première fois, tous les dirigeants se sont accordés sur des axes d’action : une relance économique coordonnée, une régulation des marchés, le refus du protectionnisme... Pour Paris Match, Jacques Attali dresse le bilan: un succès – qui tournera à l’échec s’il n’est pas très vite suivi de vraies réformes.
LES GRANDES PUISSANCES AU CHEVET DU MONDE PHOTO RAINER JENSEN
Entente cordiale Le président français et la chancelière allemande, à l’issue de la réunion. «Il y a une grande volonté commune pour qu’une telle crise ne se répète pas », a dit Angela Merkel.
«Fantastique», «passionnant», «historique»: Nicolas Sarkozy ne cache pas sa satisfaction sur le déroulement du G20 à Washington. Les tensions répétées de ces derniers mois entre le président français et la chancelière Angela Merkel semblent soudain oubliées. Nicolas Sarkozy distribue les bons points : « Le Premier ministre indien a été très coopératif, le président chinois n’a rien bloqué, le Coréen du Sud a été très moteur, le Japon, suiviste.» Même George W. Bush s’est montré « pas toujours facile mais loyal». Nicolas Sarkozy avait été un des premiers à demander la réunion d’un sommet international sur la crise, dès le mois de septembre. Il appelle à la refonte du capitalisme financier. Même si le G20 n’est pas allé aussi loin, Nicolas Sarkozy veut y voir l’amorce d’une régulation économique mondiale. Pour lui, l’année 2008 marque tout simplement « l’entrée dans le XXIe siècle».
BRAS DESSUS BRAS DESSOUS, ANGELA ET NICOLAS MONTRENT QUE LE COUPLE FRANCO-ALLEMAND PHOTOS ÉLODIE GRÉGOIRE NE VA PAS SI MAL
Apartés au sommet En marge de la réunion, Nicolas Sarkozy s’entretient, avant le déjeuner, avec Dominique Strauss-Kahn, patron du FMI (en ht). Au milieu: avec José Manuel Barroso (de profil), George W. Bush (de dos) et Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’Onu. En bas: avec José Manuel Barroso et Ibrahim Abdulaziz Al-Assaf, ministre des Finances d’Arabie saoudite.
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SI ELLE NE MAÎTRISE PAS LE GOLEM DES MARCHÉS QU’ELLE A CONTRIBUÉ À CRÉER, LA DÉMOCRATIE ELLE MÊME SERA MISE EN CAUSE �
PAR
JACQUES ATTALI
M
usée national de la Construction, Washington. Une grande salle aménagée à la hâte. Vingt chefs d’Etat ou de gouvernement et leurs ministres des Finances. Pour une photo. Pour quelques heures. C’est la certitude d’un échec, si rien n’est préparé à l’avance, si les discussions n’ont pas commencé, des semaines ou même des mois avant, sur un texte, entre des négociateurs représentant les chefs d’Etat. Et si, au moment où la réunion commence, on n’a pas la certitude que les derniers désaccords peuvent être levés: à grands traits par les chefs de délégation; en détail par les négociateurs. C’est donc toujours un formidable pari que de convoquer une telle réunion. Rien n’est pire qu’un échec public. Dans ce cas, on savait à l’avance qu’un compromis était possible, sur la base d’un premier texte issu de la réunion de Camp David entre Bush, Barroso et Sarkozy à la mi-octobre. La gravité de la situation a fait le reste: personne ne pouvait porter, aux yeux de l’Histoire, la responsabilité d’avoir fait échouer un tel accord. Qui aurait cru, il y a six mois, celui qui aurait osé prédire la faillite d’une des plus grandes banques américaines, la mise sous tutelle de beaucoup d’autres, la nationalisation du plus grand assureur du monde, le licenciement de dizaines de milliers de financiers à Wall Street et à la City de Londres, l’effondrement des industries automobiles et du logement, la faillite de plusieurs pays, l’arrêt du crédit interbancaire, la di vision par trois ou quatre de tous les cours de toutes les Bourses du monde, et la réunion en urgence, le 15 novembre, des 20 plus importants chefs d’Etat du monde? Comment en est-on arrivé là? En laissant les Américains vivre audessus de leurs moyens. Et d’abord, en ne donnant pas aux plus pauvres PARIS MATC H
d’entre eux d’autres moyens que d’emprunter pour manger, se transporter et se loger. Et, plus généralement, en laissant tout le système économique mondial vivre à crédit, au-delà de ce qui était raisonnable, pour le plus grand bénéfice des banques et des fonds; sans que nul ne les contrôle, sans que nul ne veuille écouter les messages alarmistes envoyés depuis des années par les plus lucides des observateurs. Et pourtant, il n’était pas difficile de voir que tout se mettait en place pour le pire: une distribution des re venus de plus en plus inégalitaire (5% des Américains monopolisent cette année 38% des revenus); les plus pauvres croyant faire fortune en empruntant (sous le nom de prêts dits «subprimes», pour désigner justement les prêts «sous la première catégorie») sur la valeur virtuelle de
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Dans l'avion du retour De g. à dr.: Christine Lagarde, Jean-David Levitte, Bernard Delpit, Franck Louvrier, Emmanuel Moulin, Xavier Musca, Henri Guaino, Emmanuel Mignon et François Pérol.
CHRISTINE LAGARDE COMMENTE SES PHOTOS «Dans la grande salle, je suis assise à côté de Pedro Solbes, ministre des Finances espagnol, lui-même près de son Premier ministre, José Luis Zapatero. Je lui ai promis de lui envoyer cette photo. Sur ma gauche, les Etats-Unis (dont le président Bush et Henry ), le Japon, puis la Turquie, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international avec son président, DSK. Aux côtés des Pays-Bas (on aperçoit les dossiers du président Sarkozy), les représentants de la Commission européenne: le président Barroso et le commissaire Almunia. Ici sont représentées 90% des richesses produites dans le monde.»
leur maison. Les prêteurs, eux, s’empressant de revendre ces prêts à d’autres banques ou hedge funds, qui les revendent à travers le monde par des mécanismes de titrisation en se couvrant par des mécanismes d’assurance très complexes (tels le CDS ou les rehausseurs de crédits). Et tout cela sans contrôle: des banques centrales incestueuses (puisque contrôlées, en particulier aux Etats-Unis, par certaines des banques qu’elles sont supposées sur veiller), baissant leurs taux d’intérêt, pour faciliter cet endettement. Et des agences de notation rémunérées grassement par des banques et des entreprises qu’elles notent sans jamais dénoncer leurs folies. Au total, sans que le FMI n’ait rien dit, sans même que le G8 n’en ait jamais parlé, les produits dérivés enflent jusqu’à dépasser très largement la
production annuelle mondiale de richesses; et l’endettement américain, tous acteurs confondus, dépasse aujourd’hui trois fois le PIB du pays, soit bien plus qu’à la veille de la crise de 1929. A partir de l’hiver 2006, certains ménages américains se révèlent incapables de payer leurs échéances. De semonce en semonce, tout le système s’affole. Des banques américaines, puis suisses, puis de nouveau américaines, puis anglaises et françaises découvrent, affolées, qu’elles ont des actifs titrisés dans leurs bilans. Les agences fédérales en charge du logement, puis les compagnies d’assurances paniquent. Les épargnants sortent leurs capitaux de nombreuses firmes, de nombreux pays. Chacun se protège, en refusant de prendre des risques. Au début de septembre 2008, on passe de l’économie de la confiance à la panique. Le 3 octobre 2008, après la faillite de Lehman et celle, évitée de justesse, d’AIG, le système financier mondial passe juste à côté de l’effondrement. Le 13 du même mois, les gouvernements annoncent leur intention de fournir à leurs banques des ressources dont, d’ailleurs, ils ne disposent pas. près un formidable carambolage idéologique, les principales banques sont sauvées par des nationalisations et la promesse d’un argent public inexistant. La dette privée devient une dette publique. La réunion du G20 arrive à point nommé pour stopper cette mécanique infernale. Elle est un succès: d’abord parce qu’elle s’est tenue; ensuite parce qu’on ne s’y est pas disputé; et enfin parce qu’y ont été prises quelques décisions de principe: pour relancer la croissance, mieux contrôler les agences de notation, donner plus de moyens au FMI, et mieux y répartir les pouvoirs. Mais les mesures ainsi annoncées ne
seront vraiment prises qu’une fois le président Obama entré en fonction, et rien de concret n’est à attendre avant la date limite mise par le sommet, le 31 mars, et même avant la prochaine réunion du G20, le 30 avril, à Londres. Cela suffira-t-il? Difficile à croire: de fait, tout annonce que, sans une action très rapide, la crise devrait s’aggraver: de très nombreux
LE MÉTIER DE BANQUIER DOIT REDEVENIR TRÈS ENNUYEUX secteurs de l’économie annoncent des baisses de 15 à 30% de leur activité en 2009. Des abandons de créances de l’ordre de 2000 milliards de dollars, seulement aux Etats-Unis, conduisent à prévoir une industrie bancaire sinistrée, une industrie du logement presque à l’arrêt; une industrie automobile au bord de l’asphyxie, avec en France, par exemple, plus de 700000 véhicules en stock; des soustraitants étranglés; une baisse supplémentaire des marchés boursiers de 20 à 40%; des pays au bord de la faillite, comme le furent récemment l’Islande et la Hongrie; et un taux d’intérêt nul, qui fait que personne n’a plus de raison de financer les déficits budgétaires. Quand, en particulier la Chine, qui permet depuis des années aux Etats-Unis de payer leurs fins de mois, rapatriera progressivement son épargne, les Etats-Unis ne trouveront alors plus personne pour financer leurs dettes et leur déficit extérieur, sinon par un moratoire ou par l’inflation, qui ruineront l’un et l’autre tous ceux qui détiennent un patrimoine. Des gourous particulièrement écoutés aux Etats-Unis, comme Nouriel Roubini, annoncent déjà qu’il faut s’attendre non à une récession mais à une dépression. Deux, sinon cinq ou même dix ans de
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dépression menacent, le temps nécessaire pour réduire à néant les dettes des principaux pays occidentaux. Si cela a lieu, cette dépression entraînerait une baisse massive des prix, que même une grande relance par les dépenses publiques ne suffirait plus alors à ralentir. La crise financière mondiale, devenue économique, basculerait alors dans une crise sociale et politique majeure; des dizaines de millions de gens seraient menacés de chômage; la démocratie elle-même serait critiquée, rejetée, comme incapable de maîtriser le golem des marchés, qu’elle a contribué à créer. Toute l’idéologie de nos sociétés individualistes et déloyales serait remise en cause. Et la démocratie avec elle. Si l’on veut éviter que l’Histoire prenne ce tour terrible, il est temps de comprendre que tout cela trouve sa source dans le déséquilibre entre le marché et l’Etat de droit, qui réduit la demande, la transfère sur la dette et crée des rentes financières, majeures, légales, alégales et criminelles. Il est temps de comprendre que nous disposons des moyens humains, financiers et technologiques pour que cette crise ne soit qu’un accident de parcours ; qu’on n’en sortira vraiment que si l’information est équitablement répartie et disponible pour tous et en même temps; que si les marchés financiers, mondiaux par nature, sont équilibrés par un Etat de droit planétaire; que si le métier de banquier redevient ennuyeux, ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être; que si l’on peut imposer un meilleur contrôle des risques, des exigences de liquidité, une révision des systèmes de rémunération, une séparation entre activités de marchés et bancaires, une obligation pour celui qui fait courir un risque à d’autres d’en prendre sa propre part; que si on sait mettre en place, à l’échelle de la planète, des grands travaux écologiquement durables, comme l’ont décidé certains pays. Si cela est fait, la crise des subprimes, première véritable crise de la mondialisation, pourrait déboucher sur trente ans d’abondance planétaire. Il faut agir très vite: on peut encore prévenir l’avalanche. Mais, si elle se déclenche, nul ne pourra plus l’arrêter. «La crise, et après? » de Jacques Attali, éd. Fayard.
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PHOTO CHRIS CARLSON
Le rêve américain flambe Samedi 15 novembre, la loterie terrible des flammes sévit à Yorba Linda: certaines maisons brûlent, tandis que leurs voisines sont épargnées. Les feux de la zone constituée par Yorba Linda, Diamond Bar et Corona ont ravagé près de 12000 hectares et plus d’une centaine de maisons.
Californie LES VENTS PUISSANTS ET LA CHA� LEUR ACCABLANTE ONT SERVI DE DÉTONATEURS À UN ÉPOUVANTA� BLE FILM CATASTROPHE. DÉJÀ DES CENTAINES DE MAISONS DÉTRUITES. Le paradis transformé en enfer de flammes, de fumée et de cendres, ravagé en quelques minutes. A 60 kilomètres de Los Angeles, la très chic ville de Yorba Linda était considérée comme l’un des lieux de vie les plus agréables de tous les Etats-Unis. C’est désormais un territoire de désolation, jonché des décombres de maisons fabuleuses. Comme tout le sud de la Californie : entre le jeudi 14 et le lundi 17 novembre, trois incendies distincts ont fait disparaître 16 000 hectares et un millier d’habitations, et 50 000 personnes ont été évacuées. A l’origine de ce drame qui a touché indifféremment résidences de luxe, demeures modestes et mobile homes, une sécheresse atmosphérique inouïe, des températures supérieures à 30 °C et des vents violents. Sans oublier l’urbanisation galopante qui sévit autour de la Cité des anges, où tant de gens s’installent, des fantasmes de gloire et de beauté plein la tête, et finissent par se retrouver dans une zone en état d’urgence, à la merci d’une nature traître comme le ciel californien perpétuellement bleu.
LA GUERRE
DU FEU
Une lutte inégale, gagnée au courage En haut, de gauche à droite : le 14 novembre, sur les hauteurs de Santa Barbara, l’explosion d’une conduite de gaz menace les œuvres d’art du jardin d’une luxueuse résidence. Le 15 novembre, à Sylmar, à 40 kilomètres au nord-ouest de Los Angeles, les flammes ont dévasté 4000 hectares. En bas, de gauche à droite: Craig Smith, de Sylmar, tente de sauver sa maison à l’aide d’un simple tuyau d’arrosage, en attendant l’aide des pompiers. A Yorba Linda, des habitant s protégés de la fumée par des masques regardent les flammes gagner inexorablement du terrain. Les vents renvoient des braises et des cendres vers les pompiers qui combattent l’incendie d’Oakridge Mobile Home Park, une communauté de 600 pavillons préfabriqués de luxe.
Tandis que des particuliers se démènent pour tenter de ralentir la progression du feu et de sauver ce qui peut l’être, les pompiers luttent jour et nuit, sans relâche. Dans les premiers jours, ils ont été près de 4 000 à se battre, appuyés par des hélicoptères et des bulldozers. Ils n’auront commencé à circonscrire les incendies qu’après cinq jours de travail au cœur d’une chaleur infernale, dans des régions balayées par des vents allant jusqu’à 130 km/h. Ils craignent plus que tout une reprise d’incendie. « Avant, dit le chef des soldats du feu de Californie, un pompier n’affrontait pareil incendie qu’une fois dans sa carrière. Aujourd’hui, c’est presque tous les ans. » A l’automne dernier, une série d’embrasements dans la région avait tué 8 personnes, détruit 2 000 maisons, et provoqué l’évacuation de 640000 habitants.
DES ARMES DÉRISOIRES POUR COMBATTRE DES MURAILLES DE FLAMMES EN MARCHE
Un champ de bataille sans victimes heureusement A Oakridge Mobile Home Park, dans une aire réservée à de luxueuses caravanes, des policiers fouillent les décombres. Les habitants, tous sains et saufs, ont eu la chance de pouvoir fuir à temps.
Montecito était une enclave de millionnaires, créée par Charlie Chaplin. Ce n’est plus qu’un tas de cendres. Entre les deux, « une scène digne de l’Armaggeddon », rapporte un célèbre habitant, Rob Lowe, l’un des héros de la série « A la Maison Blanche ». Le 14 novembre, dans l’aprèsmidi, il a fui sa maison avec son fils: « Nous avions des braises dans les cheveux, jusque dans nos chemises, quand nous avons réussi à monter dans ma voiture. La colline derrière nous était entièrement en flammes. » Dans sa course, l’acteur s’arrête pour voir s’il peut aider des amis. « Ils étaient coincés derrière leur porte. » Avec un voisin, Rob Lowe réussit à les libérer, malgré le risque d’un retour de flammes. Sa résidence est intacte, contrairement à 200 somptueuses demeures de Montecito, et à la fierté patrimoniale de l’endroit, le monastère bénédictin de Mount Cavalry. Il n’y a pas eu de miracle.
PAS DE MIRACLE AU PARADIS TRANSFORMÉ EN DÉCOMBRES
L’acteur sera le maître de cérémonie de la grande soirée annuelle des « D éb u ta n te s » . Pour la première valse, il a choisi la plus jolie, sa fille. Il y a un an, il nous disait: «Anouchka va avoir 17 ans. Je me fais du souci. Pas pour elle, mais pour moi. Je me demande comment je vais pouvoir tenir. » Alain ne se le demande plus, il le découvre: sa fille a eu 18 ans, elle passera son bac en juin, et fera son entrée officielle dans le monde à la fin du mois. Vingt-trois autres jeunes filles partageront avec elle l’affiche du Bal des debs, au Crillon. Elles sont les princesses des temps modernes: filles de stars ou de géants des affaires, elles portent de grands noms de la politique ou de l’aristocratie, viennent des Etats-Unis, de GrandeBretagne, de Russie ou de Chine... Toutes ont appris à danser la valse, porteront une robe de couturier et des bijoux Adler. Un défi pour Anouchka qui se sépare rarement de ses jeans. Mais Papa ne cache pas sa fierté. Sa fille est belle, et il lui offrira son bras pour ses premiers pas dans le gotha.
DELON
PHOTOS MICHEL MARIZY
OUVRE LE BAL AVEC
ANOUCH
La femme de sa vie Elle règne déjà sur le cœur d’Alain. Anouchka triomphera le 29 novembre au Bal des débutantes, donné au profit de la Fondation Melita Bern-Schlanger, pour la recherche sur le diabète. A g., à 4 ans, pour Alain, c’est elle la star.
KA
« Mes plus belles images » Il a tourné avec les plus grands mais ses souvenirs de paradis, il les partage avec ses enfants. En haut, avec Anouchka, 1 an, à Douchy. En bas, pour ses 2 ans, à Genève.
PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
DEPUIS DIX-HUIT ANS, Ce fut d’abord deux IL A UNE grands yeux ronds sous le regard ébloui PASSION POUR d’un père dans la SA POUPÉE cinquantaine.. Aujour cinquantaine Aujour-d’hui, sa fille porte PRÉFÉRÉE une robe de conte de fées, la magie continue. «Elle est beaucoup plus forte que moi. Elle me roule dans la farine, répète Alain. Manipulatrice pu latrice et charmeuse charmeuse à la fois.» fois. » De la graine d’actrice. Alain en est convaincu depuis qu’il lui a fait gravir les marches du Festival de Cannes,, en 2007: Cannes 2007 : « On aurait aurait dit qu’elle elle avait fait fait ça toute sa vie ! » Son rêve est de voir ses enfants reprendre repr endre son son flambeau: « Le métier mé tier d’acteur est le plus beau au monde. Et puis, j’aime le côté dynastie. » Anthony est acteur, acteur, Alain-Fabien semble décidé à suivre la même voie, et AnouAnouchka a partagé l’affiche du « Lion » avec son père. Elle Elle s’est s’est inscrite au Cours Simon et Alain lui a promis de lui faire découvrir la scène à la rentrée prochaine. Un projet qui lui tient à cœur.
Taffetas, soie et mousseline Anouchka et Alain pendant les essayages chez le couturier Elie Saab.
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ALAIN DELON DELON
�DANS L’ENFANCE D’ANTHONY, J’ÉTAIS AUTORITAIRE, INTRANSIGEANT, ÉGOCENTRÉ.. ARRIVE UN MOMENT ÉGOCENTRÉ OÙ ON RÉFLÉCHIT�
S
PAR CATHERINE SCHWAAB
amedi 15 novembre, restaurant Le Berkeley. Berk eley. Il n’a pas faim. Il attend le moment. «Aujourd’hui, on joue deux fois.» Il commande un potage au potiron, boit de l’eau, se laisse tenter par le mille-feuille maison que son «cher Christophe » a fait préparer pour lui seul. Est-ce la lumière savamment dosée? Ses cheveux drus? Ses yeux bleu-bleu, sans lunettes? Il a rajeuni. « Je sais, je suis en forme... J’ai perdu deux kilos kilos.. Pas Pas volontaireme volont airement nt!! On On me me demand demandee comment je fais. J’en sais rien... Plus je vieill vieillis, is, plus on me trouve jeune jeune,, ça devrait m’inquiéter m’inquiéter ! » Il n’y n’y a pas si longtemps, longtemps, il se désolait désolait:: « Plus je suis dépressif, plus on me trouve en forme... » Fini tout ça. Dans cent
Le clan Delon Pour l’anniversaire d’Alain, qui jouait « Love letters» etters» avec Anouk Aimée mée au théâtre jusqu’à 20h30, ses enfants enfants et petitsenfants lui avaient préparé un dîner dîner avec avec gâteau au chocolat et bougies. Autour de l’acteur qui fêtait ses 73 ans, de g. à dr., Loup, Anouchka, Anouchka, Alain-Fabien, Alain-F abien, Anthony (barbu pour un tournage tournage)) et Liv. C’est Sophie, la femme d’Anthony d’Anthony,, qui a pris la photo.
pas. J’étais amoureux de Brigitte Auber, de Michèle Cordoue... Elles avaient quinze, vingt ans de plus que moi... Elles étaient l’essence même de la féminité féminité ! » Aujourd’hui, il rêve de la rencontrer, cette femme-femme qui lui donnera envie de s’abandonner. Avec Rosalie, maintenant divorcée d’Alain d’ Alain Afflelou, les relations re lations se sont apaisées. Sans plus. Les observateurs se sont interrogés un temps sur quelques créatures à son bras, d’autres qu’il a embrassées, Estelle Lefébure, entre autres. « Estelle? Je serais ravi ravi!! Mais non, détrompez-vous!» Pour l’instant, la seule femme de sa vie a 18 ans, c’est sa fille, Anouchka. « Elle fait ce qu’elle qu’elle veut de moi. Quand elle me téléphone, je sais, sais, rien qu qu’à ’à son son intonation, intonation, qu’elle qu’ elle va me demander quelque chose:: “Ça va, chose SON RÊVE : S’ABANDONNER S’ABANDONNER papa?… papa ?… Tu sais, sais, on voulait aller AVEC A VEC UNE FEMME FEMME�FEM �FEMME… ME… en boîte...” Et quatre-vingts minutes, à 16 heures c’est c’e st parti, je l’ai dans dans le baba! baba ! » Il précises, puis encore une fois à l’avoue: « Avec les les deux petits, je ne 19heures, 19 heures, il sera sur la scène du suis plus le même qu’autrefois avec Théâtre de la Madeleine. En Anthony. Je les ai eus quand ma costume gris identique à celui qu qu’il ’il carrière était faite; tandis qu’à la porte maintenant, à côté d’une très naissance d’Anthony, je me piquante Anouk Aimée en robe fabriquais, j’étais obligé d’être rouge, il lui répondra, d’une «Love nombriliste.» Bien sûr qu’il a lu Letter» à l’aut l’autre re:: une vie entière entière à se l’émouvante autobiographie de ce croiser, à se déclarer, à se fils mal aimé. « Ça m’a m’a bouleversé. Il poursuivre, à ne pas oser, et à se m’a ensuite expliqué par quoi il est rater. L’affaire finit mal, Delon est passé. Il a traversé des enfers, il a en larmes. La salle aussi, qui failli se perdre...» Alain Delon ne applaudit debout. Parfois, une fille fait pas allusion à la grosse saute sur scène, jette ses bras rébellion de son fils, beau gosse qui autour de son cou... Anouk s’écarte, picolait, piquait les calibres et sourit, perplexe... «Avec « Avec Anouk, on collectionnait les filles. Anthony se connaît depuis cinquante ans, on avait claqué la porte port e à 17 ans et est comme frère et sœur...» Non, ils jouait les durs pour faire comme n’ont n’ ont jamais eu d’histoire d’amour. papa dans ses films. Mais c’est en « A l’époque, seules les les femmes 2003, à la mort de Loulou, sa mûres m’intéressaient. Les filles de marraine, sa nourrice, qu’il craque. mon âge, je ne les regardais même Et commence à fendre l’armure.
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PENDANT LES ESSAYAGES, DELON, PÈRE SOURCILLEUX, MONTE LA GARDE: � PAS TROP D’OMBRE À PAUPIÈRES. ET PAS DE ROUGE À LÈVRES �
Pleurer des rivières. Revivre les crève-cœur, analyser et se reconstruire... Delon, admiratif : « Aujourd’hui, il m’apparaît d’airain. » Il se revoit lui-même il y a quarante ans, acteur-vedette en devenir, père immature... Pour la première fois, il admet : « Oui, j’étais autoritaire, intransigeant, égocentré. Heureusement, il arrive un moment où l’on réfléchit ; et on comprend...»
Alain-Fabien, 14 ans, c’est déjà gagné: depuis l’âge de 7 ans – quand il a joué avec papa dans « Fabio Montale» –, il se rêve en haut de l’affiche ! Sa sœur commence à découvrir le monde de l’angoisse. Le Cours Simon a épanoui cette grande timide, mais rien que l’idée d’ouvrir le Bal des débutantes, même dans les bras de son père, elle en fait des cauchemars de cheville tordue et � DELON EST PARFOIS de mousselines déchirées ! Quant DÉPASSÉ PAR DELON � aux flashes des Dans la dynastie Delon, tel photographes... elle en a pris un grand cru, on se bonifie en l’habitude : le soir où elle est venue vieillissant. « Anthony me rappelle applaudir son père au théâtre, ce que j’étais... » A 44 ans, Anthony mademoiselle Delon signait des intéresse les cinéastes modernes: autographes sous les lumières des il va tourner pour Steve Suissa téléphones portables ! Si papa («L’envol»). Et voudrait jouer avec avait vu ça... son père. Là, c’est plus risqué. Le jour de la photo pour Paris Alain : « Il faut qu’on trouve un bon Match chez le couturier Elie Saab, scénario. Le problème, c’est justement, Anouchka, au qu’avec nous deux sur l’affiche, les maquillage, jonglait entre ses producteurs veulent juste faire un coup. Moi, je cherche une densité... Sur scène, Anthony est comme moi : même charisme, même détermination. » Un magnétisme plus tendre, quoi qu’il en dise. D’ailleurs, Alain le Terrible va bientôt se mesurer à un samouraï : Takeshi Kitano! Kitano, c’est l’interprète fétiche des yakuzas – la mafia japonaise –, l’acteur au masque de fer, vaguement inquiétant, très humour noir... Pour l’instant, c’est une fois encore Anouchka qui l’occupe : « Eric Assous nous a écrit une pièce sur mesure, “Une journée importante”, sur les rapports pèrefille. Elle a commencé à travailler. On va répéter ensemble, elle a ça dans le sang...» Et dire qu’elle voulait être journaliste comme Rosalie, sa maman hollandaise! Alain, lui, rêve d’une descendance d’acteurs « à la Douglas»... Pour …
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envies de briller et les consignes paternelles: «Il a dit : “Pas trop d’ombre à paupières! Et pas de rouge à lèvres!” » Quand, ultra ponctuel, le Fauve est arrivé, la petite avait réussi à paniquer tout le bureau, le coiffeur, le maquilleur, l’habilleuse... Alain, impatient, nerveux, a fait son tour de piste, découvert sa fille, virginale et radieuse en robe de princesse pourpre... Et il a fondu. En trente minutes chrono, la photo était bouclée, toute la maison conquise par «Monsieur Delon»! Même les stagiaires ont eu leur cliché avec la star sur leur téléphone portable! Et lui, grand seigneur, chaleureux, rieur, posait, signait, plaisantait. Retour au Berkeley. Il a dévoré son mille-feuille... Surveille, mine de rien, les va-et-vient dans ce resto mondain. Clin d’œil à Michou... «Delon est parfois dépassé par Delon », soupire-t-il, pas dupe.
Avec Elie Saab A 44 ans, le couturier libanais invente des robes qui font rêver les stars…
LA SCÈNE DANS LE SANG INTERVIEW
CATHERINE SCHWAAB
Paris Match. Déjà une année de Cours Simon, c’est pas mal pour quelqu’un qui ne voulait pas être actrice! Anouchka. Je n’y vais que quatre heures par semaine, et je sais bien que la priorité c’est le bac, je suis en section littéraire. Mais les études, ça n’est pas mon genre !
Ces cours d’art dramatique vous ont-ils transformée?
Enormément ! J’étais hyper timide, je suis devenue plus extravertie, plus drôle aussi, et j’apprends la concentration, j’apprends à articuler, à respirer. On répète des classiques, Ionesco, Bernard Shaw, du théâtre moderne. Je découvre qu’il m’est beaucoup plus facile de faire rire que de me mettre en situation tragique. Pleurer, je n’y arrive pas ! Quand je vois papa réussir à faire couler ses larmes... je ne sais pas comment il fait!
Il vous a poussée à entrer au cours Simon?
Pas vraiment, car il m’a beaucoup répété : “Tu as ça dans le sang”, m’assurant que je n’avais pas besoin de cours. Moi, je lui explique que les temps ont changé, qu’il est beaucoup plus dur d’entrer dans le métier. Et on a d’anciens acteurs de théâtre qui viennent nous donner des cours, c’est passionnant.
Vous avez découvert l’angoisse des trois coups?
Terrible ! Lors du premier spectacle que nous avons donné, j’avais des larmes de stress ; j’ai beau connaître mon texte au cordeau, je l’oublie à cause de la tension. Mais voir le public qui participe, qui rit, c’est tellement génial, ça donne envie d’y retourner tout de suite! Et puis j’ai Anthony : il est de si bon conseil! Je lui demande plein de choses, je sais qu’il sera toujours là pour me rassurer.
Le fait de vous appeler Delon vous a posé problème?
Un peu, à l’école. J’ai cru avoir des amis proches qui m’aimaient pour moi, et finalement non... Au début, je n’arrivais pas à le croire !
On vous a fait des réflexions ?
Oui, du genre “Tu viens à l’école en jet privé ?” ou “Tu as de bonnes notes à cause de ton père...”. Moi, je sais que je travaille bien et que mes notes, je les mérite. Je ne suis pas la seule : j’ai des camarades qui se font juger par rapport à l’argent de leurs parents.
Avez-vous gardé des amis d’enfance?
Non, j’ai tellement déménagé, j’ai habité en Hollande...
Vous sentez-vous plutôt française?
Je me sens française quand je suis en Hollande, et hollandaise ici ! Et bien obligée de constater que les Hollandais sont plus sympas, et les Français tellement coincés!
Un certain sourire Aujourd’hui divorcée, Rosalie vit à Paris avec ses enfants, Anouchka et Alain-Fabien. Au Bal des debs, sa fille ne portera pas cette robe à nœud-nœud.
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En noir et blanc Comme les rideaux, comme la veste, et aussi comme le couple qu’elle forme depuis trois ans avec Joseph Zimet, conseiller au cabinet de Jean-Marie Bockel.
PHOTOS THIERRY ESCH
RAMA YADE
SANS PROTOCOLE La secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme nous a reçus dans son appartement parisien. Et nous parle à cœur ouvert. C’est dans le très coloré XVIIIe
que Rama Yade a posé ses valises il y a un an. Depuis, elle les a à peine déballées, se contentant de sortir ici ou là quelques souvenirs de voyage : sur la cheminée, une photo avec Nelson Mandela. Ou des dessins d’artistes de rues sénégalais. Dans un de nos récents sondages, Rama Yade récoltait 73 % de bonnes opinions, un résultat qui pourrait l’inciter à accepter la proposition du président Sarkozy de se présenter au suffrage universel à l’occasion des élections européennes. Effet Obama ? Sûrement pas. Selon elle, on n’est pas élu parce qu’on est noir, mais parce qu’on est le meilleur. Le genre de défi auquel elle n’a jamais été insensible.
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� LA NUIT DE L’ÉLECTION D’OBAMA, JE ME SUIS COUCHÉE DE BONNE HEURE. IL EST TOUJOURS TEMPS D’APPRENDRE LES CHOSES. JOSEPH, MON MARI DIT
QUE C’EST MA “BOB MARLEY ATTITUDE” � PAR ELISABETH CHAVELET
e 4 novembre, la France vit intensément la nuit américaine. Et pendant que les Etats-Unis votent, que le monde entier est en haleine, que fait Rama Yade ? Incroyable : madame dort paisiblement. Elle, la fille de parents sénégalais, naturalisée française à 18 ans, n’est pas du genre à passer des nuits blanches, pas même électorales. « Le dimanche où Nicolas Sarkozy a été élu président de la République, je suis restée couchée jusqu’à 18 heures. » C’est quoi, ce trip ? Elle répond avec une nonchalance très contrôlée : « C’est un art de vivre. Mon mari, Joseph, moque ma “Bob Marley attitude”. Je pense que les choses arrivent quand elles arrivent. Il est toujours temps de les apprendre. » Peutêtre est-ce alors une « Africa fataliste attitude » ? Celle d’une sage malgré ses 31 printemps. Et lorsque dans son sommeil, à 5 heures du matin, la belle endormie reçoit sur son portable une rafale de SMS amicaux, « Victoire ! », « Yes, he did ! », elle se retourne tranquillement vers son mari : « Ça y est, il l’a fait. » Et là, dit-elle, « nous nous rendormons ». Elle a été incrédule jusqu’au bout, Rama Yade. Contrairement à ses trois sœurs cadettes, qui habitent toujours Colombes, où elles ont grandi avec leur mère. Binta a 28 ans et travaille. Seynabou, 21 ans, est à l’université. Et Aminata, qui rêve d’être chanteuse ou actrice comme toutes les filles de 18 ans, est au lycée. Rama a été étonnée par leur engouement. « Aucune n’est intéressée par la politique. Pour la première fois, je les ai vues s’enthousiasmer. Elles me bombardaient de SMS. » C’était malheureusement pour commenter la victoire d’Obama en des termes négatifs pour la France. Du style : “C’est donc possible”, ou “Super ! on va aller en Amérique”. » Quant à son père, qui, lorsqu’elles étaient petites, est reparti au Sénégal pour prendre sa retraite – modeste, selon elle – de secrétaire du président Léopold Sédar Senghor, il l’a touchée en prononçant cette simple phrase : « Enfin l’un de nos enfants a été élu président des Etats-Unis. » Pour Rama Yade, dont le livre « Les droits de l’homme expliqués aux enfants de 7 à 77 ans » (éd. du Seuil) est opportunément sorti le 23 octobre, l’effet Obama a été étourdissant. Une cinquantaine d’émissions de radio et de télé non-stop, y compris sur CNN, plus 37 % d’Audimat chez Laurent Ruquier ou à « Ripostes »..., on la voit, on l’entend partout. Et pourtant, ce tapage médiatique la laisse frustrée. « On me pose toujours les mêmes questions. » Cette fille d’une professeure d’histoire, qui a dû faire des petits boulots pour élever seule ses quatre enfants a envie de donner à ses réponses un éclairage historique. Le sien. Celui d’une jeune fille qui, entre 14 et 17 ans, s’est PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Une enfance à Dakar Rama et sa grand-mère maternelle, Aminata, qui l’a élevée, au Sénégal, jusqu’à l’âge de 8 ans. Sa mère, Aminata, est professeure d’histoire. Son père, diplomate et enseignant, fut le secrétaire du président socialiste Léopold Sédar Senghor. Rama et deux de ses sœurs il y a environ vingt ans : Binta (à gauche) est aujourd’hui âgée de 28 ans, et Seynabou, de 21 ans.
souvent révoltée contre sa condition. Tantôt d’humeur belliqueuse, accrochant au-dessus de son lit un poster de Malcolm X, le chef des Black Muslims, tantôt rêveuse, lui préférant alors la photo de Martin Luther King. Elle se souvient : « Je me suis réfugiée dans l’histoire américaine de la ségrégation raciale. Celle, notamment, de cette femme, cette couturière du Sud, Rosa Parks, qui, en refusant de céder sa place à un Blanc dans un bus, a déclenché la bataille des Noirs pour leurs droits civiques. C’était en 1955. » Un demi-siècle seulement plus tard, elle jubile de la victoire d’Obama : « Non pas parce qu’il est noir mais parce qu’il est le meilleur. » Pour la secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, cela signifie que « l’ordre du monde a changé. Personnellement, je n’ai jamais eu le moindre doute sur nos capacités, identiques à celles de n’importe quel autre humain, mais d’autres en doutent. Et, tout d’un coup, les yeux s’ouvrent, les barrières tombent. Pour les minorités, c’est le droit au rêve, celui de n’être plus condamnés à devenir soit des détenus, soit des footballeurs. Voilà le miracle Obama ». Alors, si l’Amérique l’a fait, la France devrait pouvoir le faire. Sauf que ce n’est pas demain la veille que l’on verra un Obama à l’Elysée. « Quand les élites africaines veulent réussir, elles pensent d’abord Etats-Unis, Grande-Bretagne et Canada. C’est dommage. Il devrait y avoir aussi un rêve français », regrette cette diplômée de Sciences po, administratrice du Sénat. Elle, ce pur exemple de l’ascenseur social
Naturalisée française et Parisienne Secrétaire d’Etat d’un nouveau type, Rama Yade porte une veste de smoking sur un jean. Diplômée de Sciences po, elle a été administratrice du Sénat. Dans sa bibliothèque, le livre d’un autre phénomène : Rougui Dia, la chef sénégalaise du restaurant Petrossian. Et sur un rayonnage, la photo que la reine d’Angleterre a offerte aux membres de la délégation française en mars d ernier.
républicain, qui dit avoir été encouragée à « ne jamais mettre le genou à terre » par des « grands Français, des anonymes de l’Education nationale ». Mais parce que c’étaient eux, et surtout parce que c’est elle. Une denrée rare, assez exceptionnelle pour que Nicolas Sarkozy, qui l’avait remarquée à l’UMP, l’ait appelée dans son gouvernement au nom de la diversité, à l’instar de Fadela et de Rachida. Elle observe : « Nicolas Sarkozy a fait son travail en termes de nominations. » Malheureusement, l’intendance, comme disait le général de Gaulle, n’a pas suivi. Rama est sévère : « Celui qui a traduit le terme d’“affirmative action”, c’est-à-dire la politique menée avec succès aux Etats-Unis, par “discrimination positive”, voulait vraiment qu’elle ne réussisse pas en France. D’ailleurs, on s’est ensablés depuis dans une querelle de mots. » A cet égard, elle met tous les politiques dans le même panier : « Le problème n°1 en France, ce sont les partis très conservateurs, à droite et à gauche, envers les minorités, les Noirs, les Arabes, mais aussi les femmes et les jeunes. » Elle ne manque pas d’idées décapantes. D’abord, parler désormais d’« Action positive ». Ensuite, réunir un « Grenelle de la diversité » et, dans la foulée, afficher un plan national d’action pluriannuel avec une évaluation périodique menée par des organismes indépendants, assorti de sanctions s’il le faut. En attendant cette révolution, qui pourrait être accélérée par l’élection d’Obama, Rama Yade fait figure d’exception autant que de modèle. « Le fil rouge de ma vie, c’est d’être là où on ne m’attend pas », confie-t-elle en arborant son grand sourire espiègle. On l’attend à gauche, elle est à droite. Son « métier », comme elle insiste, d’administratrice du S énat, elle l’a choisi dans l’institution réputée la plus conservatrice. Enfin, son mari : « L’homme que j’ai épousé n’est pas sénégalais musulman. » Non, il s’appelle Joseph
Zimet, juif non pratiquant – « mais errant comme moi ! » –, fils d’un chanteur yiddish mondialement connu, qui plus est, socialiste. Rama, encore imprégnée de ses études grecques et latines, possède l’art des mots. « J’ai toujours été en recherche de la différence. C’est dans l’altérité la plus radicale que je trouve ce qui me ressemble le plus. » Joseph et Rama, en harmonie sur les valeurs laïques et républicaines, songent à leur descendance. Elle : « Je rêve d’avoir plein d’enfants. Dont des jumeaux que j’habillerais pareils, comme moi et mes sœurs quand nous étions petites. Ainsi, on ne se sent pas seul. » Et son avenir professionnel ? « J’ai hâte de le vivre car je sens que plein de surprises m’attendent. » Surviendront-elles dans l’arène politique ? Ira-t-elle, comme Nicolas Sarkozy lui a demandé d’y réfléchir, se présenter comme tête de liste en Ilede-France aux européennes de juin ? Elle n’a pas décidé. Et hésite même beaucoup : « Il faut que cela me corresponde et, surtout, que j’y aille en étant heureuse. » Elle affiche quelques certitudes : « Si j’y vais, ce ne sera pas pour démissionner le lendemain afin de rester au gouvernement. » Et puis encore : « Même si la politique me passionne et si j’adore le combat électoral, je peux faire plein de choses dans la vie. J’aime l’écriture, j’ai travaillé dans les médias, je peux aller dans une entreprise ou une fondation. » Elle veut pouvoir choisir. Son credo est invariable : « Je suis une femme libre. » Toute fière, elle qui était inconnue voici dix-huit mois, de figur er dans le Top 10 et même parfois dans le Top 5 des personnalités politiques adoubées par les Français.
� LE FIL ROUGE DE MA VIE, C’EST D’ÊTRE LÀ OÙ ON NE M’ATTEND PAS �
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Ils avaient remis au goût du jour les rêves de 68 et réveillé un village de Corrèze. La police les soupçonne d’être les saboteurs de la SNCF. Un paquet de tabac à rouler, une théière, un sac de noix et deux boîtes de pâté pour chat. Pas vraiment le genre d’objets qui permettent d’identifier « la base arrière» d’un groupe « anarcho-autonome ». Mais la trouvaille, lors de la perquisition du 11 novembre, de pinces de forge, de coupe-boulons, de cartes du réseau ferré, d’un manuel sur le comportement à adopter lors d’une g arde à vue, de la recette du cocktail Molotov et d’un livre appelant à l’action violente a conforté l’accusation. Samedi, 9 des 10 membres de la « cellule invisible» de Tarnac ont été mis en examen et 5 ont été écroués. Parmi eux, Julien Coupat, un intello bourgeois de 34 ans, et sa compagne, Yldune Lévy, surveillés par la police depuis janvier 2008 en raison de leur activisme lib ertaire. Si leur culpabilité est prouvée, ils risquent vingt ans de réclusion.
TARNAC
LES BABAS DE LA FERME N’ETAIENT PAS SI COOL
Leur QG sur le plateau de Millevaches Photographié à travers une vitre, l’intérieur de la demeure achetée par Julien Coupat en 2004, au lieu-dit Le Goutailloux. Très vite, une communauté alternative s’y forme et s’intègre à la vie du village.
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UN CORPS DE FERME, UNE GRANGE, UN ÉTANG ET �� HECTARES DE TERRAIN. UN
VRAI PETIT PARADIS SPARTIATE. DÉRANGÉ, UN BEAU MATIN, PAR LA POLICE PAR MARIANA GRÉPINET, FRANÇOIS LABROUILLÈRE ET GRÉGORY PEYTAVIN
ans sa 206 break bleue, il est arrivé le premier. Grand brun au teint mat, petites lunettes posées sur le nez, Julien Coupat a tout juste 30 ans en 2004. Pour fuir Paris et vivre en communauté, il cherche une «base », une ferme à acheter et à restaurer. Au cœur du plateau de Millevaches, en Corrèze, le maire de Tarnac, 350 habitants, lui dégote une vieille bâtisse, au lieu-dit Le Goutailloux. Un corps de ferme, une grange, un étang et surtout 40 hectares de terrain. Un petit paradis. Julien s’installe avec ses premiers camarades, rapidement suivis par d’autres. Au contact de cette terre rude et isolée, ils doi vent tout apprendre. A cultiver de quoi subvenir à leurs besoins, à élever leurs 60 moutons et chèvres, à utiliser les engins agricoles. En bon voisin, le maire Jean Plazanet leur donne un coup de main. La communauté s’élargit et investit deux appartements, des F4, audessus de la mairie. Un dernier, près de la salle des fêtes, est loué à une fille du groupe, Aria Thomas, jeune actrice d’origine suisse. Le maire leur fait promettre de repeupler sa commune vieillissante. Ce sera chose faite. En juillet 2005, Gabrielle Hallez, la présidente de l’association Gouttes de soleil, dont Julien est le trésorier, propriétaire de la ferme via une société civile immobilière (SCI), donne naissance à une petite Nadja, mise au monde avec l’aide d’une amie sage-femme. La fillette est inscrite dans la commune mais le nom de son père ne figure pas sur son état civil. Une volonté politique, dit-on ici, pour que les enfants soient pris en charge par la
collectivité et non pas seulement par leurs parents. Les nouveaux habitants du Goutailloux veulent réinventer les rapports sociaux. Tous se relaient pour les travaux de la ferme. Et pour ramener un peu d’argent, ils cumulent les petits boulots. Gérant de leur SCI, Benjamin Rosoux, un Français né à Seraing, en Belgique, fils de médecin et militant à la Fédération des jeunes écologistes européens, anime des colonies de vacances, l’été, en Bretagne. Il y a aussi des artisans, des musiciens et des enseignants parmi eux. Ils aiment voyager, quittent de temps en temps la communauté, comme Gabrielle Hallez qui explore pendant trois mois le nord de la Sibérie. Ou Yldune Lévy, la nouvelle compagne de Julien, étudiante en master d’archéologie à la Sorbonne. L’intérieur de la ferme est spartiate mais bien aménagé. La bande a récupéré un piano et refuse la télé. A l’étage, quatre chambres où les matelas sont posés à même le sol. Des caravanes et des roulottes sont garées à l’arrière du bâtiment. L’été, les amis arrivent de l’Europe pour les vacances. Ils sont parfois plus d’une cinquantaine. En octobre 2007, Gaëtan, Benjamin et Paul, un ancien douanier suisse qui fut également prof de philo, rachètent l’épicerie du village, dont le gérant prend sa
ILS VOULAIENT RÉINVENTER LES RAPPORTS SOCIAUX retraite. Les habitants les remercient. « Grâce à eux, le cœur de Tarnac continue de battre », se ré jouit Gérard, un habitué. Le midi, dans le bar-restaurant attenant au « magasin général», comme ils l’ont baptisé, ils servent un repas ou vrier à 12 euros, vin et café compris. Ils y organisent des soirées,
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Logés dans la mairie En promettant au maire de Tarnac de redonner vie au village, des membres de la communauté ont obtenu l’autorisation de louer deux appartements situés au-dessus des locaux communaux.
jouent de la musique ou projettent des films engagés et des documentaires sur l’Argentine ou la prise d’Alger. Tout le monde sait qu’ils sont «de gauche», mais jamais ils n’ont organisé de meeting ou de débat à caractère politique. Ils n’aiment pas les médias, rechignant même à répondre à un journaliste local qui souhaite signaler la reprise de l’épicerie. Le chef incontesté du groupe est Julien Coupat. Cet intello évolue depuis une dizaine d’années dans la mouvance de l’«ultra-gauche » française. Il a pourtant passé sa jeunesse dans une enclave pour ultra-riches, le parc du château de Rueil-Malmaison, dans l’Ouest parisien. Ses parents, anciens cadres dirigeants du géant de la pharmacie Sanofi Aventis, y habitent une superbe demeure. Après des études à l’Essec (promotion 1996), l’une des meilleures «business schools» françaises, tout prédispose ce fils unique à devenir lui aussi « cadre sup » dans une multinationale. Mais Julien préfère changer de cap et entre à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), où il prépare pendant deux ans un doctorat en histoire, jamais achevé.
et, en 2003, servent de trame au film « Get Rid of Yourself », avec l’actrice américaine Chloë Sevigny, où sont relatées les émeutes du G8 de Gênes deux ans plus tôt. En mars 2007, la prose de Julien Coupat et de certains anciens de Tiqqun resurgit dans le livre « L’insurrection qui vient» (éd. La Fabrique), signé par un mystérieux « Comité invisible ». Cette fois, les appels à la révolution n’ont plus rien de poétique ni de métaphorique. Ils donnent lieu à des conseils très concrets. « Pour la méthode, écrivent les “Invisibles” page 100, retenons du sabotage le principe suivant: un minimum de risque dans l’action, un minimum de temps, un maximum de dommages. » A la page 101, ils désignent directement les trains à grande vitesse: « Saboter avec quelque conséquence la machine sociale implique aujourd’hui de reconquérir et réinventer les moyens d’interrompre ses réseaux. Comment rendre inutilisable LEUR RÉVOLUTION : UN une ligne de TGV, réseau élecMAXIMUM DE DOMMAGES un trique? Comment septembre 2008. «C’étaient des trouver les points faibles des jeunes un peu fleur bleue, qui réseaux informatiques ? » Les s’étaient mis en tête de changer le dernières lignes de l’ouvrage monde », raconte un voisin. Dans le – dont un exemplaire a été retrouvé quartier, les gens se souviennent au domicile d’un membre du d’occupants parfois remuants, un groupe – sont le rêve de la révolubrin paranos, et surtout d’un intion triomphante. Le « Comité cessant va-et-vient de jeunes et de invisible» décrit un lieu ressemmarginaux venus de toute l’Eublant fort à Tarnac : « Dans l’anrope. Le maître des lieux n’a pas cienne épicerie-bar du village, on trop de problèmes d’argent. En apporte l’excédent que l’on pro2001, ses parents le nomment duit et l’on se procure ce qui nous «gérant», pour 925 euros nets par manque. On s’y réunit aussi pour mois, de la société JC Sarl, propriédiscuter de la situation générale et taire d’un appartement de vadu matériel nécessaire pour l’atecances à Arcachon et de six autres lier mécanique. La radio tient les logements à Paris et Rueilinsurgés informés du recul des Malmaison. Tout récemment, forces gouvernementales. Une roen mars 2008, son père lui achète quette vient d’éventrer l’enceinte aussi deux ateliers alors squattés, de la prison de Clairvaux. Impossirue Orfila, dans le XX e arrondisseble de dire si c’est un mois ou des ment, qui deviendront le loft où il années qui se sont écoulés depuis va emménager avec sa compagne que les “événements ont comYldune. Pendant toutes ces années, mencé”. Le Premier ministre a l’air les textes néosituationnistes du bien seul avec ses appels au groupe Tiqqun, dissous en 2001, calme.» Le mardi 11novembre, à deviennent « cultes» chez les l’aube, quand des dizaines de poli jeunes altermondialistes des ciers cagoulés ont investi le village « black blocs», qui s’opposent vioet la ferme du Goutailloux, la réalemment aux forces de l’ordre lors lité a brutalement rattrapé les révodes différents sommets du G8. Ils lutionnaires en herbe de Tarnac. Enquête Daphné MONGIBEAUX sont traduits en plusieurs langues
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Nous sommes en 1999. Julien lance avec un groupe d’amis la revue « Tiqqun» (« Amender le monde» en hébreu), «organe conscient du Parti imaginaire», dont le n°1 débute par ces mots d’ordre définitifs : « Anéantir le néant », « Eh bien la guerre! » Le jeune homme se voue corps et âme à cette aventure littéraire et philosophique. La revue est domiciliée rue Mouffetard, dans le petit appartement que lui ont acheté ses parents quand il préparait l’Essec. Il est aussi le président de l’association Tiqqun, « pour la promotion des recherches métaphysiques ». Déclarée le 29 janvier 1999 à la préfecture de Paris, elle a pour siège une autre propriété de la famille Coupat : l’ancien restaurant Le Vouvray, rue Saint-Ambroise, dans le XI e arrondissement, dont Julien fait à la fois son nouveau domicile, le centre culturel de son mouvement et, à la cave, l’atelier d’impression de ses publications. Il l’occupera jusqu’en
Le leader Ex-étudiant de l’Essec puis de l’EHESS, Julien Coupat lance en 1999 la revue altermondialiste radicale « Tiqqun». La police soupçonne ce militant d’«ultragauche» d’avoir inspiré les thèses du livre « L’insurrection qui vient», qui promeut, entre autres, le sabotage de TGV.
Le «magasin général» C’est le surnom de la petite épicerie du centre de Tarnac que Benjamin Rosoux (au centre), ici avec des clientes, rachète en octobre 2007 avec deux autres membres de la communauté. Ils y org anisent des soirées où ils projettent des films engagés.
Les dépendances Très vite, la ferme n’est plus assez grande pour accueillir tous les jeunes gens. Ils emménagent alors dans des roulottes installées dans le jardin et dans trois appartements, situés au cœur du village.
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Crime passionnel
Sous l’image du notable triomphant se cache un homme fragile qui ne supportera pas les défaites. JeanMarie Demange, 65 ans, médecin, était député (UMP) de la 9e circonscription de la Moselle depuis plus de vingt ans. Mais, pour une quarantaine de voix, il avait perdu, en mars, la mairie de Thionville qu’il occupait depuis 1995. Les voisins ont eu du mal à le reconnaître sous les traits du forcené qui poursuivait une femme jusque sur son balcon. Karine Albert avait 43 ans, elle était mère d’une fille de 13 ans et d’un garçon de 15 ans et avait entretenu pendant six ans une liaison avec cet homme politique, marié, père d’un enfant. Mais elle voulait refaire sa vie. La police l’a trouvée gisant dans une mare de sang, assassinée d’une balle de 7,65. Le député avait déjà mis fin à ses jours. Quelque 350 personnes sont, chaque année, victimes de crimes passionnels en France; 80 % d’entre elles sont des femmes. PHOTO JEAN�PIERRE BARON
Le député fou
d’amour
REJETÉ PAR SA VILLE ET QUITTÉ PAR SA MAÎTRESSE, JEAN�MARIE DEMANGE, L’ANCIEN MAIRE DE THIONVILLE, S’EST SUICIDÉ, APRÈS AVOIR ABATTU LA FEMME QU’IL AIMAIT.
Le jour de gloire Dans la cour d’honneur de l’Assemblée nationale, en juin 2007, Jean-Marie Demange savoure sa victoire. Il vient d’être réélu avec 56 % des voix. Un an plus tard, il attribuera sa défaite aux municipales à un excès de confiance en soi.
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A NOËL, LE MAIRE ILLUMINAIT LA PLACE PRÈS DU RESTAURANT DE KARINE, SA MAÎTRESSE FRANÇOIS LABROUILLÈRE ET GRÉGORY PEYTAVIN PAR
PARIS MATCH
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près avoir garé sa voiture, il a fait les cent pas sur le trottoir. Il a mis un quart d’heure à se décider à monter. Vers 9 h 30, il a fini par s’engouffrer dans l’immeuble de sa maîtresse. Deux heures et demie plus tard, quand le fils aîné de la jeune femme, âgé de 15 ans, rentre du lycée, ce sont des policiers qui l’accueillent. Avec autant de tact que possible, ils lui annoncent le pire. Sa mère a été tuée par son amant, une figure respectée de tous à Thionville: Jean-Marie Demange, le député de la circonscription, l’ancien maire de la ville. Cela s’est passé aux yeux de tous ou presque, en plein jour, lundi 17 novembre au matin. A 11h 30, rue des Pyramides, un alignement de petites maisons et d’immeubles HLM, des cris retentissent. Karine Albert surgit sur le balcon de son appartement du deuxième étage. Elle pousse des hurlements effroyables. Un homme aux cheveux blancs la poursuit. Il la frappe sans retenue à coups de pied et de poing, au corps et au visage. Il tente d’arracher des mains de la jeune femme une veste kaki qui lui échappe des mains et tombe sur le balcon inférieur. Il la force à rentrer à l’intérieur, elle réussit à ressortir pour appeler à l’aide. Il ne cesse pas de la frapper. Terrorisés, les voisins alertent la police. Et finissent par reconnaître dans cet agresseur enragé leur ex-maire. Les coups pleuvent, de plus en plus violents. Karine s’effondre au sol. Ivre de fureur, Jean-Marie Demange se tient debout face à elle.
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Il ne fait même pas attention aux cris des voisins qui lui disent que les forces de l’ordre arrivent. De sa poche, il sort une arme à feu, un pistolet automatique. Ils lui hurlent à nouveau d’arrêter. En vain. Encore sous le choc, l’un des témoins, un ancien policier, revit devant nous le drame et mime le geste fatal: « Demange se penche vers la femme et l’empoigne par le col. Il lui appuie
LA SEMAINE DERNIÈRE, IL AVAIT CREVÉ LES PNEUS DE SA VOITURE son pistolet contre le visage. Puis il tire, à bout portant.» Quelques secondes s’écoulent. Le député UMP se relève, regarde les voisins de l’immeuble d’en face, comprend qu’ils ont tout vu. Pétrifiés sur leurs balcons, les témoins ont cessé de crier. Ils se baissent par réflexe, craignant que le forcené ne leur tire dessus. Lentement, Jean-Marie Demange
lève alors son bras droit. Porte le canon de son arme à sa tempe, fait un pas en arrière et disparaît derrière la baie vitrée de l’appartement. « J’ai entendu un claquement sourd, dit, tremblant d’émotion, René Rio. Puis plus rien. C’était fini.» Il est 11h 50. Le corps inerte de Karine gît dans une mare de sang qui inonde le balcon. A cet instant, une patrouille de police arrive au pied de l’immeuble. Trop tard. Dans ce quartier de la Briqueterie, Jean-Marie Demange était une figure connue, pas seulement pour ses mandats. Ces dernières semaines, on l’avait beaucoup vu dans le coin. Il venait voir sa maîtresse Karine Albert, divorcée et mère de deux adolescents. Des tête-à-tête souvent émaillés d’éclats de voix, surtout depuis que Demange, 65 ans, avait perdu la mairie. « Il la harcelait, affirme un riverain. La semaine dernière, il a même crevé les pneus de sa voiture.» Jean-Marie Demange et Karine s’étaient connus il y a environ six ans, à « La villa Médicis», le restaurant du centre-ville qu’elle tenait et dont le maire de l’époque avait fait l’une de ses cantines. Originaire de Metz, à une trentaine de kilomètres, la jeune femme avait d’abord tenu des petits commerces avec son ancien mari, Alexandre, avant de se lancer dans la restauration, et de cumuler les déboires financiers. « Elle a rencontré M. Demange un an après son divorce, confie sa mère, effondrée. C’était une femme seule. Depuis près d’un an, il l’employait pour des travaux de secrétariat. » A l’époque où il était maire, Jean-Marie Demange s’affichait peu
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Un destin qui bascule Jean-Marie Demange est deuxième sur la liste UMP de Gérard Longuet (à droite) pour les élections régionales de 2004. Le 28 février, Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, leur apporte son soutien en meeting. En avril, le conseil régional de Lorraine passe à gauche. Ci-contre, le balcon de l’appartement sur lequel le député a assassiné Karine Albert, au deuxième étage d’un immeuble de la rue des Pyramides, à Thionville. Quelques heures après le drame, le lieu du crime a été recouvert d’une bâche par la police scientifique. Sur le balcon du dessous, les traces du sang de la victime.
en ville avec Karine, d’une vingtaine d’années sa cadette, mais il était reçu dans sa famille. «Il venait sou vent déjeuner chez nous, toujours accompagné de collaborateurs, jamais d’une femme seule», se sou vient la responsable d’un restaurant cossu du centre. Mais quand il présidait aux destinées de Thionville, l’ancien maire avait des attentions discrètes pour sa nouvelle compagne. «A Noël, les services municipaux soignaient particulièrement les illuminations de la place du Général-Patton, où se trouvait le restaurant de Karine, glisse un opposant politique. Aux beaux jours, lors des défilés, la fanfare devait passer par cette même place.» Depuis la chute de Jean-Marie Demange aux dernières municipales, quelque chose s’était détraqué dans le couple. « Alors qu’avant il était affable, très charmeur et amoureux, tout a changé, dit la mère de Karine. Il la traitait comme sa chose, se comportait comme un dictateur. Et depuis leur rupture, il me harcelait aussi.» L’ancien maire, très affecté par sa défaite électorale, était également en instance de di vorce. «Il voulait refaire sa vie avec Karine. C’était sa perspective», nous assure un de ses proches à l’Assemblée nationale. De son côté, Karine ne voulait pas s’engager avec cet homme de plus en plus fragile, et violent. «Il criait souvent et l’avait menacée à plusieurs reprises », assure sa mère. Un autre membre de la famille raconte : «Elle avait rompu. Elle voulait maintenant quitter son appartement, loué au nom de Demange, et lui avait envoyé une lettre pour
démissionner de son travail de secrétaire. » A Thionville, pourtant, personne n’imaginait une telle issue. « Je l’ai croisé la dernière fois le 11 novembre, lors des cérémonies de l’Armistice, déclare Bertrand Mertz, le nouveau maire socialiste. Nous avons eu une conversation très courtoise. Il m’a dit avoir été blessé par sa défaite. Mais je ne l’ai pas senti particulièrement perturbé.» Rien qui ne nécessite plus qu’un de ces séjours qu’il aimait faire pour se ressourcer dans sa maison proche de Maizières-lès-Metz, le fief de son père, à pêcher seul au bord d’un étang, des journées entières.
IL ÉVOQUAIT SOUVENT LA MORT DE SA MÈRE DANS SON ENFANCE Dans son entourage, on connaissait et on craignait depuis longtemps le caractère ombrageux du Dr Demange, médecin angiologue. Gaulliste convaincu, il s’était fait élire député en 1986 avant de ra vir Thionville à l’extrême gauche en 1995. «Chirac l’aimait beaucoup», relate son ami François Grosdidier, président de l’UMP départementale et lui-même député de Moselle. Et Jean-Marie avait souvent emmené Karine à la Garden Party de l’Elysées. Les deux hommes ont souvent passé leurs vacances ensemble. Un été, Grosdidier veut l’initier à la voile et l’emmène en Corse. « Il était bon camarade, mais avait du mal à tenir dans un espace clos et à accepter la domination des éléments», commente-t-il, ajoutant: « Il pouvait
être excessif, mais ensuite il oubliait.» Au cours de cette croisière, Demange évoque sa plus profonde blessure : la mort de sa mère dans son enfance. Les habitants de Thionville gardent l’image d’une grande gueule au parler parfois brutal. Un potentat raillé pour sa petite taille, mais qui ne lâchait rien. «En 2004, pendant la campagne pour les élections régionales, Nicolas Sarkozy est venu animer un meeting à Thionville. Jean-Marie Demange voulait être présent partout, être la puissance invitante, quitte à voler la vedette au préfet», se souvient un témoin. Au conseil régional de Lorraine, il est l’adjoint de Gérard Longuet, le président. «C’était un fonceur, se rappelle le sénateur de la Meuse. Il avait un caractère entier et pouvait avoir des passions exclusives.» Si, contre toute attente, JeanMarie Demange est abandonné par ses électeurs en mai dernier, c’est parce qu’il donne l’impression de « ne s’intéresser qu’aux gens de la haute et de délaisser les couches populaires», indiquent ses opposants. Des rumeurs d’affairisme ont aussi circulé au moment des élections. Certains parlent de terrains achetés par la mairie et revendus à « prix d’amis» à des proches. Aucune enquête judiciaire ne l’a pour autant mis en cause. Qualifié par ses pairs de «gentil et sympathique », le député de la Moselle n’a pas supporté de voir lui échapper coup sur coup la ville sur laquelle il régnait sans partage depuis treize ans et la maîtresse qu’il pensait posséder. Enquête Delphine Byrka, François de Labarre
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MARISABEL, L’EX-ÉPOUSE DU PRÉSIDENT VÉNÉZUÉLIEN,
SE PRÉSENTE AUX ELECTIONS. CONTRE LUI
Sa villa s’appelle «Espérance» Marisabel Rodriguez, 44 ans, ex-épouse de Chavez, a reçu Paris Match dans sa propriété, à quinze minutes de sa ville natale de Barquisimeto. A ses côtés, son fils Raul, 17 ans, né d’un premier mariage avec un footballeur, sa mère Carmen, 71 ans, et Rosines, 10 ans, la fille qu’elle a eue avec le président Chavez, qui est constamment veillée par quatre gardes du corps du service de protection de la présidence. PHOTO JORGE VELASQUEZ
CHAVEZ
L’homme fort de Caracas n’est pas maître chez lui
En 1999, après deux coups d’Etat avortés et deux ans de prison, Hugo Chavez parvient à la présidence de la République vénézuélienne, qu’il baptisera bolivarienne, en référence au leader des luttes d’indépendance contre les Espagnols du XIX e siècle. A ses côtés, Marisabel au temps du bonheur.
Elle est l’espoir de la réconciliation nationale au Venezuela. L’exfemme d’Hugo Chavez, le turbulent président latino auquel elle a donné une fille, Marisabel Rodriguez se présente aux municipales du 23 novembre à Barquisimeto, la quatrième ville nouvelle la république bolivarienne aux colossaux revenus pétroliers. Marisabel, animatrice radio et publicitaire, a partagé cinq fabuleuses années avec le leader tiers-mondiste vénézuélien, elle a même sérieusement participé à son sauvetage politique lors du coup d’Etat de l’opposition en 2002. Mais comme beaucoup de ses concitoyens, elle n’a pu se résoudre à accepter les dérives narcissiques et paranoïaques de son époux dont elle a divorcé en 2004. Marisabel milite sous les couleurs du parti Podemos (Nous pouvons), une ancienne formation proche du gouvernement qui voudrait constituer une alternative réelle au chavisme.
Les vainqueurs d’hier Octobre 1998, les époux Chavez sont en campagne pour les L’image d’un couple heureux Rosines vient de naître, son père législatives d’octobre et la présidentielle de l’année suivante. Ils les gag neront.
Chavez n’est plus son homme, encore moins son héros, comme elle l’avait cru aux premières heures de la révolution bolivarienne. Marisabel Rodriguez ose aujourd’hui défier le pouvoir autoritaire du président vénézuélien. Quitte à passer pour une « traître» puisque c’est le sort obligatoire de tous ceux qui tentent de le critiquer. Dans un premier temps, Chavez, vexé qu’elle le quitte, a tenté de prendre leur fille en otage, l’accusant de ne pas la lui laisser voir. Il aurait même porté plainte devant la justice civile, avant de se rétracter. Inconnue du grand public, Marisabel a créé la surprise l’an dernier en appelant à voter « non» au référendum qui aurait dû prolonger ad vitam aeternam le mandat de son ancien époux. Les « milices bolivariennes » menacent aujourd’hui de mettre un terme violent à sa carrière politique.
est le nouveau président vénézuélien, sa mère, Marisabel, rayonne.
AVANT LEUR DIVORCE, ELLE ÉTAIT LA PLUS DYNAMIQUE DE SES �COMPANERAS�. A SES La gloire près de Castro Chavez accompagné de Marisabel reçoit au palais de la Révolution le leader cubain et le président colombien Andrés Pastrana avec sa femme.
CÔTÉS, ELLE A APPRIS À MENER CAMPAGNE
Déjà le « V » de la victoire Lundi 10 novembre, sur fond d’affiche géante du candidat de la présidence, Marisabel Rodriguez et son assistante parcourent les quartiers défavorisés de Barquisimeto, sa ville natale, devenue le symbole de la résistance au régime socialiste de Chavez, son ancien mari.
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MARISABEL CHAVEZ “EN PRÉTENDANT QUE JE NE LE LAISSE PAS VOIR SA FILLE,
CHAVEZ ME DÉSIGNE À LA VINDICTE DES HORDES DE SES PARTISANS” DE NOTRE ENVOYÉ SPÉCIAL À BARQUISIMETO MICHEL PEYRARD
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enoncer, ce n’est pas son genre. Un an après avoir subi sa première défaite lors du référendum qui visait à perpétuer son pouvoir, Hugo Chavez ne fait pas mystère de vouloir conduire un nouveau scrutin l’an prochain pour repousser le terme légal de son mandat, en 2012. Pour cela, il lui faut absolument gagner les élections régionales du 23novembre, promues « enjeu stratégique». L’autoproclamé «guide révolutionnaire du XXIe siècle» mène campagne selon des méthodes éprouvées: insultes, menaces, candidats non chavistes régulièrement «tabassés» par ses milices «bolivariennes»... Au Venezuela, ne pas être avec Chavez, c’est être contre lui. Pour la plupart des observateurs, c’est dans la dissidence d’anciens alliés, ulcérés par la dérive autoritaire du président, que réside la meilleure chance d’alternative à son régime. Chavez ne l’ignore pas, qui traque sans répit ces «traîtres». Le général Baduel, son ancien ministre de la Défense, un des premiers inconditionnels à avoir pris ses distances, a été arrêté le 3 octobre par les ser vices de renseignements de l’armée, et inculpé pour corruption. Aujourd’hui, c’est une femme qui ose défier ouvertement Hugo Chavez. Et pas n’importe laquelle, puisque Marisabel Rodriguez a partagé sa vie pendant cinqans. De leur mariage est née une petite fille, Rosines, aujourd’hui âgée de 11 ans. Pas n’importe laquelle, non plus, parce que Hugo Chavez lui doit sans doute la vie: lors du putsch mené contre lui en avril 2002, c’est l’intervention de sa femme sur CNN qui modifia la donne et permit son retour au pouvoir.
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Marisabel Rodriguez a longtemps observé un silence prudent sur son ex-époux. « Après ma séparation, passé le deuil naturel d’une femme qui voit son mariage se déliter, mon seul souci a été de protéger mes enfants. Cela m’a obligée à adopter un profil bas.» Pour elle, le temps de la peur est révolu. Rencontre avec celle qui, en se présentant sous la bannière du parti dissident Podemos à la mairie de Barquisimeto, quatrième ville du pays, est devenue le symbole de l’insoumission au «maître de Miraflores».
Paris Match. Avez-vous été une épouse heureuse? Marisabel Rodriguez. Cela dépend de ce qu’on entend par là. Pour moi, le bonheur ne consiste pas à servir un homme. Je peux aimer, bien sûr, mais il n’y a que Dieu que je sers. J’ai été heureuse de participer à un moment de la transformation d’une société, notamment en aidant à l’élaboration d’une nouvelle Constitution. Mais lorsque j’ai senti que le président m’utilisait –comme il le fait avec tout son entourage– non pour servir le bien commun mais à seule fin d’asseoir son projet hégémonique, j’ai rompu les rangs. J’ai attendu que les enfants terminent leur année scolaire, et en juillet2002 j’ai quitté la Casona [la résidence présidentielle].
La dérive autoritaire de Chavez était-elle prévisible quand vous l’avez rencontré, deux ans avant son élection? Non. A l’époque, nous ne parlions même pas de socialisme. Nous rêvions d’une révolution pacifique, démocratique, sur le modèle de la “révolution des œillets” au Portugal. Tout a changé après la tentative de coup d’Etat menée
contre lui par l’opposition, en2002. Chavez s’est subitement transformé. Son obsession à incarner seul le changement est devenue évidente. Il n’y a rien que Chavez haïsse tant que la trahison. Surtout quand elle vient de son entourage. Il a été blessé parce qu’il s’est senti ridiculisé. Peu après le coup d’Etat, il a commencé à évoquer son “socialisme du XXIe siècle”. Les Vénézuéliens peuvent accepter un gouvernement socialiste mais en aucun cas un Etat socialiste, contraire à notre Constitution. La mission de Chavez aujourd’hui, ce n’est pas de sortir les Vénézuéliens du sous-développement et de leur apathie. Il consacre toute son énergie à priver l’opposition d’une nouvelle chance d’accéder au pou voir. Pour la punir du coup d’Etat d’avril2002.
N’était-ce pas la même forme de punition qu’il recherchait quand, en début d’année, il a porté plainte contre vous pour “non-présentation d’enfant”, en l’occurrence Rosines, la fille que vous avez eue ensemble? C’était quelques mois après que vous avez publiquement appelé à voter “non” au référendum de décembre dernier, qui visait à perpétuer son pouvoir.
Je pense surtout qu’il cherchait à passer pour un martyr aux yeux de ses supporters. S’afficher en victime est une stratégie constante de Chavez, une manière de sensibiliser le peuple, de séduire davantage encore cette société, de flatter son ego. Il a utilisé la même méthode, il y a quelques jours, en annonçant qu’il retirait sa plainte. En utilisant la métaphore du jugement de Salomon, il voulait apparaître comme un être magnanime. Sans réaliser que celle qui a le plus souffert de l’imbroglio qu’il a luimême créé, c’est Rosines. En citant
Déclaration Après sa sortie de prison en 1994, Hugo Chavez dédicace une photo à sa future femme: «A Marisabel, avec tout mon amour.»
Au top de sa célébrité Marisabel, la Première dame vénézuélienne, se la joue blonde et star.
régulièrement la petite, il ne fait que l’exposer inutilement. Lorsqu’il annonce à la télévision que je ne le laisse pas voir sa fille, ce qui est faux, il me désigne à la vindicte des hordes de ses partisans chavistes. Il devrait réfléchir avant de lancer ses anathèmes. Et pas seulement à mon encontre. Quand il qualifie de “traître” José Miguel Vivanco [directeur Amérique de l’ONG Human Right Watch, expulsé le 18septembre peu après une conférence de presse où il dénonçait les atteintes aux libertés du régime], il est évident qu’il l’expose physiquement à la colère des chavistes. Ils auraient pu le lyncher à l’aéroport. Comment qualifieriez-vous la perception qu’ont aujourd’hui les Vénézuéliens de leur président? Ce qui se passe entre Chavez et le peuple, c’est ce qui arrive
lorsqu’une femme a un mari qui la maltraite, l’insulte, lui ment ou l’ignore. Vient le moment où elle se lasse, cesse de croire en lui et l’abandonne. Chavez nous a promis un gouvernement démocratique, participatif. Aujourd’hui, il veut concentrer tous les pouvoirs et que nous obéissions à sa seule volonté. Les gens sentent qu’ils perdent peu à peu le droit de choisir: ce qu’ils veulent manger, les vêtements qu’ils désirent porter, les endroits qu’ils entendent fréquenter... Cela ne leur plaît pas. Une société incarnée par un seul homme court de grands dangers. Tant d’erreurs ont été commises au cours de cette révolution pacifique, dans l’utilisation des ressources comme dans la lutte contre la corruption et l’impunité, que le scénario en a été dénaturé. Chavez est aujourd’hui dans le pétrin. Bien sûr, on ne peut nier qu’une partie de la population, celle qui vit dans la misère, celle qu’on n’a jamais prise en compte, continue de croire en lui. Ils n’ont jamais rien possédé et pensent que leur tour finira par arriver. Ce que je leur répète au cours de ma campagne, c’est que la solution ne viendra pas d’un messie. Elle est entre nos mains à tous. La métaphore de la femme battue que vous avez utilisée est troublante de la part de l’ex-épouse d’un homme souvent taxé de brutalité... Il faudrait demander aux autres, mais en ce qui me concerne, il n’a jamais levé le petit doigt sur moi. Sinon, je l’aurais fait incarcérer. Dans ce pays, il y a des lois qui condamnent les maris violents. Mais il n’y a pas que la violence physique. La violence psychologique, celle des mots, est elle aussi détestable. Il utilise volontiers un vocabulaire très scatologique. En une occasion, il s’est même montré particulièrement vulgaire à mon égard [Chavez avait peu élégamment conclu un discours de la Saint-Valentin par une allusion salace à sa femme]. Ce qui lui a valu que je ne lui parle plus pendant quelques jours. Ses débordements verbaux, quand il traite par exemple Bush d’alcoolique, vous gênent-ils ? Cela me gêne et me déçoit
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qu’un être humain se rabaisse. Il avait tous les atouts pour constituer le meilleur gouvernement d’Amérique latine : la richesse du pays, la manne pétrolière, une nouvelle Constitution... Et il a tout gâché. Il est ainsi: il lui faut toujours un ennemi. Il a divisé la société vénézuélienne comme jamais auparavant. Un bon boxeur peut avoir une excellente frappe mais ne peut se battre contre son ombre. Si Chavez polarise ainsi les Vénézuéliens, c’est pour avoir un adversaire sur lequel cogner. A l’étranger, il vient de perdre avec Bush son ennemi le plus cher. Il faut souhaiter qu’Obama ne rentre pas dans son jeu. Sans doute le nouveau président américain
gérera-t-il Chavez avec plus d’intelligence, sans focaliser sur lui. Parce que c’est, précisément, ce qu’il ne faut pas faire. Selon vous, quelle sera la première urgence de l’après-Chavez, si tant est que le changement se produise un jour? S’asseoir autour d’une table pour entamer une réconciliation, sur le modèle de ce qui a été fait en Afrique du Sud. Parce que l’agressivité du discours politique a généré dans ce pays un apartheid aussi grave que l’apartheid racial. Ici, il ne s’agit pas de Blancs et de Noirs, mais de rouges et de non-rouges. Les gens se divisent désormais en chavistes et anti-chavistes, y compris au sein d’une même famille. Au mieux, ils s’ignorent. Souvent, ils se haïssent.
Sur le terrain Marisabel, pendant la campagne électorale de 2008, tente de convaincre en vain un des partisans de son ancien mari, Hugo Chavez, qui arbore un tee-shirt à l’effigie du président vénézuélien.
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LA MARÉE ÉTAIT
Tous les flamants d’Afrique se retrouvent chaque année dans le nord de la Tanzanie.
EN ROSE Pour donner naissance à 750 000 petits
La plus grande nursery du monde Voici quelques-uns des «bébés» de l’année 2008. Chaque couple ne donne qu’un œuf, mais, certaines années, pour des raisons encore inconnues, les femelles ne sont pas fécondées.
C’est la plus fantastique colonie du règne animal. Une concentration qui dépasse l’imagination, sur les rives du lac Natron, encore plus salé que la mer Morte. Nichée dans un endroit si reculé et si inhospitalier que le premier ornithologue européen ne découvrit cette étendue méphitique qu’en 1959. Si bien que ces flamants roses nains appartiennent à la moins connue des six espèces recensées, la plus petite mais la plus colorée. Dans cette ambiance extraterrestre, il a fallu des semaines de patience aux spécialistes pour pouvoir s’approcher à moins de 8 mètres, car les flamants n’avaient aucune raison de supporter les intrus. Quinze heures de planque par 40 °C, chaque jour, dissimulés dans des cachettes bricolées avec des stores. Douze mois de tournage: une heure quinze de bonheur pour ceux qui verront « Les ailes pourpres», dès le 17 décembre, le film réalisé par Matthew Aeberhard pour Disneynature, qui décrypte le mystère des flamants. Après le triomphe de films phénomènes comme «Microcosmos» ou «La marche de l’empereur», les étonnants flamants deviennent enfin des vedettes: la nature triomphe.
Demain je vole Le poussin a encore son duvet, d’abord roussâtre puis marron terne. Il devra se gaver d’algues bleues et roses pour obtenir ce pourpre si rare. Chaque matin, l’armada des poussins quitte les îlots de sel pour gagner la terre ferme.
A table ! La becquée, c’est toute la journée. L’adulte régurgite un liquide nutritif directement dans le bec du petit. Chaque adulte consomme 60 grammes d’algue rouge par jour, mais comme ils sont 1,5 million sur le site, cela fait un repas quotidien de 90 tonnes, sans compter la nichée: ils ne peuvent donc pas rester toute l’année... Il faut changer de garde-manger.
Les deux instants essentiels de la vie d’un poussin sur les bords du lac Natron. Les repas quotidiens servis indifféremment par papa ou maman. Et la découverte de l’autonomie. Si la plume est rare – les ailes sont encore des moignons – la patte est déjà solidement palmée. Le jeune a quitté le nid au bout de dix jours, mais il ne volera qu’à 10 ou 11 semaines. En attendant de décoller comme un grand et de pouvoir migrer à la vitesse de 60 km/h, il re joint une garderie qui regroupe des milDU BEC liers de jeunes sous la protection d’adultes DES MÈRES qui se relaient. Mais il n’aura sa belle couCOULE UN leur intense qu’au bout de trois mois.
LIQUIDE ROUGI PAR LES ALGUES DU LAC ET PAR LE SANG DES PARENTS : OFFRANDE SUPRÊME
PEU DE PRÉDATEURS TOURMENTENT Le réalisateur guettait depuis des jours l’attaque d’un pygargue vocifère, LA COLONIE, l’aigle pêcheur, mais c’est une hyène qui survint! Au royaume du sel, si les MAIS LA HYÈNE EST oiseaux sont rois, la vie d’un bébé flamant n’est pas toujours rose. Et son pire IMPITOYABLE ennemi n’est pas ce tueur au rire repoussant, mais le marabout, le plus constant des prédateurs. Cet immense volatile tue pour le plaisir: une quinzaine de poussins ont été massacrés en une seule attaque par un seul oiseau, sous les yeux du photographe; et il ne les mange même pas tous ! Comme la hyène, le marabout a le physique de l’emploi: une gueule de tueur. Un bec comme une pince coupante, des pattes comme des échasses, une nichée à nourrir. Mais le poussin doit redouter aussi le chacal, qui croque les petits quand ils sont encore bruns et maladroits. Même la mangouste consomme du jeune flamant. Un prédateur est dangereux par sa simple présence: les parents, effrayés, ne retrouvent plus leur petit, qui va donc mourir de faim.
L’attaque La hyène tachetée, machine à broyer les os, est la seule qui s’attaque aux adultes. En dépit d’un terrain difficile, elle patauge mais ne renonce jamais. Et ses mâchoires sont les plus puissantes des mammifères : elles exercent une pression de 3 tonnes par centimètre carré.
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� L’EAU PEUT ATTEINDRE �� °C. EN QUELQUES HEURES,
ON EST COUVERT DE SEL DE LA TÊTE AUX PIEDS, LES CRISTAUX RÂPENT COMME DU PAPIER DE VERRE. AUCUN ANIMAL NE POURRAIT SURVIVRE. SAUF LE FLAMANT. ET NOUS ! � PAR GHISLAIN LOUSTALOT
C’est la saison des pluies dans le nord de la Tanzanie. Les eaux du lac Natron, sanctuaire naturel long de 60 kilomètres, montent de quelques centimètres. Surtout, les précipitations favorisent l’expansion d’une algue rouge qui donne au Natron son surnom de «lac de feu». La nature, ici comme ailleurs, ne fait rien au hasard. Elle prépare le terrain, déroule son tapis liquide écarlate; elle attend ses stars. Et chaque année, les vedettes arrivent en masse. D’où viennent-elles? Où iront-elles ensuite? Combien de temps vont-elles rester? Personne ne le sait. N’empêche, à l’heure dite, un million et demi de flamants convergent vers l’endroit. Certains auront parcouru quelques kilomètres, d’autres des centaines ou des milliers, mais ils sont tous là pour ce festival de canes pourpres, un grand raout essentiel à leur vie puisqu’il s’agit de procréation : tous les flamants d’Afrique naissent ici. Filmer, durant une année, ce rassemblement exubérant, la nidification et la vie en communauté de cette multitude d’oiseaux, relevait de la prouesse totale. Jean-François Camilleri, patron de Disneynature, l’a voulu ainsi, comme un voyage hors du temps, une façon de raconter une histoire planante. Matthew Aeberhard, le réalisateur, résume l’exploit en une phrase plus crue et plus définitive: «Il y a plus de gens qui ont marché sur la Lune que sur les langues de terre du lac Natron où les flamants viennent nicher.» Le territoire est totalement hostile, invivable. Leander Ward, coréalisateur, raconte: «Il y a des parties du lac où l’eau est à 60°C. Au bout de quelques heures, vous êtes tout blanc, couvert de sel de la tête au pied. L’alcalinité peut atteindre un pH de 10, ce qui rend cette eau PARIS MATCH
Pour la première fois, une caméra Le réalisateur Matthew Aeberhard (en haut à dr.) se protège des regards derrière une palissade. Sa femme, Mélanie, qui parle couramment le swahili, lui a servi d'interprète; les Masai l'appellent «Mama Kali», la femme rusée.
Au pied de la montagne sacrée
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Le mont Lengaï se reflète dans les eaux changeantes du lac, qui double de volume après la saison des pluies et peut franchir la frontière kényane.
fétide pratiquement aussi caustique que de l’ammoniaque. Les cristaux de sel agissent comme du papier de verre. Aucun animal ne peut survi vre ici, dans ces conditions, excepté le flamant. Et nous.» La courte saison des pluies achevée, la sécheresse reprend en effet ses droits. L’eau du lac s’évapore à une telle allure qu’une croûte de sel se forme immédiatement à la surface. Les croûtes deviennent des icebergs salins qui, poussés par le vent, finissent par former une banquise de 20 kilomètres en plein centre du lac. C’est là que les flamants vont nidifier et, après un mois de couvade, donner naissance à quelque 750000 petits, sous une chaleur qui descend rarement en dessous des 40°C. Mais, avant tout, il faut trouver l’âme sœur. Flamant cherche partenaire, saison des amours oblige. Mais le marché est vaste comme un gigantesque salon du célibataire rose Meetic. Comment rencontrer l’heureux élu ou celle qui deviendra la partenaire idéale pour cette saison? La parade du désir est organisée pour cela. Par petits groupes d’une centaine d’individus, les flamants se pavanent,
vont et viennent sur quelques centaines de mètres. Garçons et filles mélangés, ils composent une danse contemporaine, faite de demi-tours brutaux, de déhanchements, d’ondulations du cou et de la tête. Ça mate dans tous les sens et ça marche puisque, très vite, les couples se forment et s’accouplent briè vement. Quand il naît, le petit flamant est assez disgracieux, marronnasse, mal proportionné. Ses pattes sont encore atrophiées, ses ailes griffues, son allure gauche. Après trois mois seulement, il se transformera en dandy rose et pourpre, fin, élégant, racé: métamorphose sidérante. Ses premiers biberons y sont-ils pour quelque chose? Du bec de la maman coule un liquide rougi par les algues du lac, mais aussi par le sang des parents, offrande suprême pour que la vie et les gènes se transmettent. Après deux semaines, les poussins, qui aiment par-dessus tout jouer entre eux, sont rassemblés dans des crèches géantes, comptant chacune plusieurs centaines de milliers de petits gardés par quelques adultes toujours sur le qui-vive. Prêts pour
97 Les mâles font les beaux Lors de la parade amoureuse, ils se pavanent pour se faire remarquer. Le si bel oiseau, qui peut vivre quarante ans, n'est pas fidèle et change de partenaire chaque année.
la grande randonnée? Il s’agit de parcourir les 20 kilomètres qui séparent la banquise de sel des bords du lac où l’eau pure et nourricière les attend. Ils avancent en rangs serrés, pataugent, maraudent, se font rappeler à l’ordre. D’autres ne connaîtront jamais les joies de l’excursion. Des gangues de sel, agglutinées autour des pattes de certains petits, sont autant de chapes de plomb qui scelleront leur destin. Ils traînent, loin derrière. La colonie ne peut pas attendre tout le monde, la sélection naturelle s’opère. Et les prédateurs rôdent. Les flamants, êtres inoffensifs, ont besoin d’être en nombre pour se garantir une relative sécurité, mais celle-ci n’est jamais assumée. Les marabouts tuent des poussins par milliers, juste pour le plaisir. Ils les frappent de leur long bec pointu et les laissent mourir sans les manger. Les mangoustes viennent attraper quelques petits pour améliorer leur quotidien. Les hyènes attaquent plutôt les adultes, question d’appétit. Mais rien, rien n’empêche la cohorte d’avancer vers son destin. Là-bas, les jeunes flamants s’épanouiront et découvriront le plaisir du vol, la possibilité d’horizons lointains. Sur un seul claquement d’ailes, ils seront des milliers à s’envoler, à changer brusquement d’avis, sans prévenir, sans que quiconque puisse deviner pourquoi. Le mystère des flamants ne sera jamais dévoilé. Mais ils reviendront l’année prochaine filer le parfait amour sur les eaux du lac Natron, un lieu sublime et invivable où, selon les mots de la scénariste Mélanie Finn, «furent peut-être inventées les notions de paradis et de vie après la mort». Pourvu qu’aucune route n’y mène jamais...
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ROBERTO SAVIANO
EN LIGNE DE MI Depuis la publication de son livre � Gomorra �, la tête de l’écrivain est mise à prix par la mafia napolitaine. Rencontre avec un homme traqué. Il sort très
rarement, et jamais sans gardes du corps. Roberto Saviano dort dans les casernes de la police italienne. La peur a éloigné ses amis et sa famille. Depuis deux ans, la Camorra veut la peau de ce journaliste qui a brisé l’omerta et décrit ses structures et ses pratiqu es. Le succès international de l’ouvrage et du film le fragilise encore plus. A 29 ans, Roberto Saviano refuse de rester prisonnier des menaces et de devenir un symbole. Il sera le 21 novembre à Paris pour un colloque sur l’argent de la drogue, et le 25 novembre à Stockholm, où il est invité par l’Académie des Nobel. Et, d’ici à un an, il aura quitté son pays, l’Italie. Mais Saviano sait déjà que, où qu’il aille, il ne retrouvera jamais une vie normale. Interview exclusive de l’homme le plus protégé d’Europe.
RE Une pose entre deux portes Roberto Saviano est arrivé avec cinq gardes du corps et deux voitures blindées chez son éditeur, Mondadori, à Rome. Pour des raisons de sécurité, il n’a pu être photographié que dans ce couloir anonyme. A l’arrière-plan, un des policiers chargés de sa protection. PHOTO ENRICO DAGNINO
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�JE N’AI PAS PEUR DE MOURIR, MAIS DE UN ÉCRIVAIN EN CAGE N’EST PLUS UN É INTERVIEW DAVID LE BAILLY
’homme que nous rencontrons dans les bureaux romains de Mondadori, son éditeur, ne se déplace plus qu’en voiture blindée, entouré de cinq gardes du corps. Mais Roberto Saviano parle d’une voix calme. Comme si l’auteur de « Gomorra » s’était habitué à l’insupportable, comme si sa décision de quitter l’Italie et Naples, sa vi lle natale, l’avait libéré d’un poids énorme.
Paris Match. Après les terribles menaces qui ont pesé contre vous, quelle est votre situation? Roberto Saviano. Je sors d’une phase difficile. Un repenti ayant révélé que la Camorra avait prévu de m’assassiner avant Noël, j’ai beaucoup été déplacé. Il y a quelques jours, le parquet antimafia de Naples a eu la preuve que le clan des Casalesi s’était procuré 50kilos d’explosif. On ne sait pas comment ils voulaient s’en servir, mais ils avaient établi une liste d’au moins cinq personnes à éliminer: des entrepreneurs, des magistrats. Et moi.
Vous envisagiez de quitter l’Italie. Avez-vous pris une décision définitive? Je ne peux pas continuer à écrire en restant en Italie. Un écrivain en cage n’est plus un écrivain. Dès que j’en aurai la possibilité, sans doute l’an prochain, je m’en irai. Probablement aux Etats-Unis.
Pensez-vous que vous réussirez à y mener une vie différente? Je veux vivre libre. De nombreux pays ne me le permettraient pas. J’étais ce weekend à Séville: j’avais cinq gardes du corps, des chiens, des protections anti-bombes. Je ne m’attendais pas à une telle pression. Le problème, c’est que je suis devenu un symbole. Tous les gouvernements craignent qu’il y ait sur leur territoire une attaque PARIS MATCH
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contre ce symbole, et cela me rend la vie encore plus difficile.
Avez-vous peur ?
De mourir, non. De continuer à vivre ainsi, oui. C’est très étrange.
constatait qu’Auschwitz n’avait rendu personne meilleur. Les gens qui tenaient à moi auraient dû comprendre que je suis devenu ainsi malgré moi.
Avez-vous reçu des menaces directes?
Avez-vous encore des amis, une amoureuse?
Non, les menaces me parvenaient surtout par des témoignages de repentis. Ce que je sais, je l’ai appris par mes gardes du corps, par les carabiniers.
Mon passé a été effacé en quelques mois. Personne ne m’a plus appelé, personne n’a plus voulu me voir. Aujourd’hui, j’essaie de me reconstruire une existence avec de nouveaux amis. Mes gardes du corps, par exemple.
Ne craignez-vous pas que la Camorra finisse tôt ou tard par vous éliminer ?
Ils réussiront à se venger d’une façon ou d’une autre, d’abord en détruisant mon image. Ils procèdent toujours comme cela : après s’en être pris à l’image de quelqu’un, ils lui portent le coup fatal.
Pourquoi n’êtes-vous pas déjà parti?
Je me pose la question depuis longtemps! Peut-être ne voulais-je pas fuir avant de l’avoir vraiment décidé... Et puis j’espérais pouvoir garder des liens d’amitié en Italie. Ça n’a pas été possible.
C’est-à-dire?
J’ai perdu tous mes amis. On pourrait croire que c’était prévisible, mais je ne m’y attendais pas.
Comment se déroule la vie de tous les jours?
A Naples, je passe beaucoup de temps chez les carabiniers à élaborer des stratégies pour contrer la Camorra. L’après-midi, il m’arrive encore, quoique de moins en moins souvent, de fréquenter une salle de sport. Je pratique la boxe avec mes gardes du corps. Mais cela fait deux ans et demi que je ne vais plus au cinéma, ni dans les soirées, et que je ne m’assois plus aux terrasses des cafés.
Qu’est-ce qui vous manque le plus? Pouvoir marcher seul !
Comment s’organisent vos déplacements? Je dois toujours tout planifier au moins deux jours à l’avance. Sinon, rien ne peut se faire.
Votre famille est également sous protection?
E QUI ME MANQUE LE PLUS : POUVOIR MARCHER SEUL”
Non, mais elle a dû déménager dans un endroit sûr, au nord de l’Italie.
Que vous ont-ils reproché?
A-t-elle reçu des menaces?
Essentiellement deux choses. D’abord, je remettais en cause leur silence, leur tranquillité. Ils me disaient : “Pour qui te prends-tu ? Que crois-tu avoir fait ? Tu as seulement émis des hypothèses.” Ensuite, ils n’ont pas voulu comprendre ce que signifiait l’obligation de vivre ainsi. On devient méfiant, envieux, plein de rage. Cela fait de vous quelqu’un de pire qu’avant. Primo Levi
Aucune. La Camorra ne s’en prend qu’aux parents et aux proches des Camorristes euxmêmes, car, dans ce cas, leur sang est celui de l’ennemi. Pour les autres, les magistrats, les journalistes, ça n’en vaut pas la peine. Leur problème, c’est moi et moi seul. S’ils attaquent mon frère, je deviens encore plus fort, plus écouté. C’est donc moi qu’ils doivent abattre, pas ma famille.
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ONTINUER À VIVRE AINSI. RIVAIN� Que disent vos parents ? Au début, ils se demandaient pourquoi j’avais écrit ce livre. Pour eux, s’occuper d’un tel sujet signifiait avoir tout à perdre et rien à gagner. Je suis très proche de ma mère. Les rapports sont plus difficiles avec mon père, car il est davantage plongé dans la réalité complexe de ce Naples où, en deux ans et demi, personne n’a accepté de me louer un appartement.
Où vivez-vous?
A Naples, dans les casernes des carabiniers. A Rome, j’ai pu trouver un logement.
Au fond, l’écrivain a plus de poids que les hommes politiques.
Votre livre* a-t-il changé les choses?
Très peu sur le plan politique. Mais les projecteurs se sont tournés vers la réalité de la Camorra. Il reste encore beaucoup à faire : changer l’économie italienne, intercepter les capitaux de la Camorra. Arrêter des gens, cela ne résout rien.
Le film adapté de votre livre vous a-t-il plu?
Oui. Il est très différent du livre, mais il n’en trahit pas l’esprit. Je suis obsédé par le business, par l’argent, alors que Matteo Garrone, le réalisateur, l’est par les visages, par la dimension anthropologique, par la chair.
USSI LONGTEMPS QU’ON ME LIRA JE RESTERAI EN VIE” Qu’est-ce qui vous aide à tenir ? Les moments de découragement sont nombreux et intenses. Mais je vais de l’avant parce que je sais que beaucoup de gens sont de mon côté et écoutent ce que je dis. Quand il y a eu l’appel des six Prix Nobel, j’ai compris que mes paroles et mes écrits avaient eu une grande portée et que je ne m’étais pas complètement trompé.
Qu’est-ce qui vous apporte du réconfort? Avez-vous un livre de chevet, une musique préférée?
J’écoute beaucoup de musique. J’adore Massive Attack. Nous avons d’ailleurs correspondu et un des membres du groupe, Robert Del Naja, a composé spontanément un morceau pour le film.
Que pensez-vous de la pétition en votre faveur, des concerts de soutien, de tout cet élan d’enthousiasme? Je crois que pour les gens, surtout les plus jeunes, cet élan vient du besoin de comprendre comment fonctionnent les choses.
Croyez-vous que vous retrouverez un jour une vie normale?
Cela ne sera plus jamais possible. Disons que je fais tout ce que je peux pour avoir une vie différente de celle d’aujourd’hui.
Donner des interviews, participer à des colloques, est-ce un moyen de vous protéger?
Je resterai en vie aussi longtemps qu’on continuera à me lire, à m’écouter. Le jour où tout ça finira... [Par un signe, il fait comprendre qu’alors il sera mort.] L’écriture est ma plus grande protection.
Pourquoi continuer ce combat contre la Camorra? Qu’est-ce qui vous anime?
Après tout ce qu’ils m’ont fait, c’est devenu une affaire personnelle entre eux et moi. Mais je veux en sortir.
Comment y arriverez-vous?
En écrivant autre chose. En me faisant un nouvel ennemi !
Vous écrivez un nouveau livre ? Oui.
Sur la Camorra? Non ! Le propos sera international.
Que faites-vous de l’argent que
vous avez gagné grâce à “Gomorra”? J’en ai gagné moins qu’on ne pourrait le croire, et la Camorra s’efforce de tout prendre. C’est sa stratégie. Par exemple, chaque fois que je dis quelque chose, on porte plainte contre moi pour diffamation. Les avocats des clans sont présents à toutes les rencontres publiques auxquelles je participe. Jusqu’ici, je n’ai jamais été condamné. Ils veulent me briser financièrement.
Pourquoi votre livre est-il devenu un tel phénomène?
Le chef du clan En 1998, Francesco Schiavone est arrêté près de Naples. « Parrain» du clan des Casalesi, décrit par Saviano dans son livre, il a été condamné à la réclusion à perpétuité en juin dernier. Il serait à l’origine du contrat placé sur la tête de l’écrivain.
Il y a trois éléments. Le premier: il s’agit d’un livre écrit comme un roman, mais qui raconte la vérité. Le deuxième: ma génération n’avait pas encore parlé de la Mafia publiquement. Ça a éveillé beaucoup de curiosité. Et le troisième, qui explique le succès international: la Mafia est un sujet glamour. Il faut le reconnaître. Quand je vais au Canada, en Estonie, en Israël, au Vietnam, des milliers de personnes viennent me voir parce que je parle de la Mafia italienne, la mère de toutes les mafias du monde. Aujourd’hui, comprendre la Mafia, c’est comprendre comment va le monde. A Helsinki, j’étais invité dans une librairie. On m’a présenté comme “Roberto Soprano”. J’ai dit: “Saviano, pas Soprano.” J’ai compris qu’ils étaient tous là parce qu’ils adorent “Les Sopranos”. Pour eux, “Gomorra” est la version réelle des “Sopranos”.
Il y a un an, vous nous disiez: “Si c’était à refaire, je ne le referais pas.” Et maintenant?
Je vous redirais la même chose. Je ne regrette rien, mais je n’aime pas mon livre. Je n’ai pas de sympathie pour lui. Il m’a mis dans une situation infernale. Et même comme écrivain, il m’a fait du tort. * « Gomorra. Dans l’empire de la Camorra», éd. Gallimard.
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VANESSA PARADIS Zoom sur un ois eau rare. Vanessa Paradis a signé un retour flamboyant à l’automne 2007 avec un nouvel album, « Divinidylle ». Réalisé avec Mathieu Chedid (M), vendu à 600 000 exemplaires, il lui a valu une Victoire de la musique. D’octobre à décembre 2007, la chanteuse est partie pour une trentaine de concerts en France, en Suisse et en Belgique. Le photographe, qui la connaît depuis 1993, s’est glissé dans les coulisses : «En témoin privilégié, j’ai vécu tous les moments de création, de doute et d’enthousiasme.» Un an après, il publie « Vanessa Paradis, DivinidylleTour » (éd. Anne Carrière).
ET MAINTENANT L’ALBUM... PHOTOS Pendant la tournée de « Divinidylle », Claude Gassian et ses objectifs n’ont pas quitté des yeux la chanteuse PHOTOS CLAUDE GASSIAN
Avec M, dans une cabine-son En banlieue parisienne, juste avant le début de la tournée, ils décident de l’ordre des morceaux pour le premier concert. A g., assis, Olivier Lude, l’ingénieur du son, et François Lasserre, le guitariste.
Exercices de souffle chez son professeur de chant, à Paris Respiration, détente musculaire, assouplissement... Vanessa se sert de tout son corps comme d’un instrument. Six mois avant la tournée, elle a arrêté de fumer. Depuis, elle a noté «une énorme différence sur la qualité de la voix».
Sortie de scène au Forest National de Bruxelles Avec, en chemise blanche, Albin de la Simone (aux claviers) et, en pantalon noir et veste grise, François Lasserre (guitariste). Vanessa ne tarit pas d’éloges sur les musiciens qui l’accompagnent, affirmant qu’elle «ne peut rêver mieux ».
Avant chaque concert, beauté, souplesse et respiration Son entrée en scène est précédée de petits rituels. Frédéric s’occupe de son maquillage et peaufine les ondulations de sa chevelure. Auparavant, elle s’est longuement étirée, debout et au sol.
POUR LE SPECTACLE, ELLE MUSCLE SA VOIX ET SON CORPS COMME UNE SPORTIVE DE HAUT NIVEAU
Le temps n’a guère de prise sur cette maman aux allures de jeune fille. Vingt ans après «Joe le taxi», la voix a mûri mais la silhouette reste juvénile. Dans ces images « backstage», on sent la Frenchy heureuse d’être « back home ». Si elle aime l’Amérique, son cœur reste en France. D’autant plus épanouie que, pour ces retrouvailles musicales, elle s’est entourée d’Alain Chamfort, Brigitte Fontaine, Thomas Fersen... Quant au travail avec M, elle ne s’est « jamais sentie aussi libre d’expérimenter de nouvelles choses». Et elle a osé mettre ses mots, signant cinq titres sur les onze de l’album, dont « Jackadi », où elle s’adresse à son fils. Comme un trait d’union avec son cocon. Créer, c’est un « besoin». «Mais élever ses enfants, il n’y a pas plus beau.»
Retrouvailles avec « son » Johnny Le 18 décembre 2007, le pirate des Caraïbes rejoint sa belle sirène dans les coulisses de l’Elysée Montmartre, à Paris. Le lendemain, à Bercy, elle chantera face à une marée humaine.
UN CHAPEAU QU’ON APERÇOIT, UNE Un pull, un jean et les cheveux SILHOUETTE QU’ON défaits... « Elle a accepté que je ENTREVOIT, SON la photographie sans maquil“HOMME” N’EST lage, confie Claude Gassian. Au JAMAIS TRÈS LOIN fil du temps, elle n’a rien perdu de sa cool attitude.» Simple et sans chichis, certes, mais Vanessa Paradis a toujours eu beaucoup de tenue : pas question de livrer la moindre confidence sur sa vie privée, qu’elle protège jalousement. Pour évoquer Johnny Depp, avec qui elle vit depuis 1998, et père de ses deux enfants, elle se contente de glisser: « L’homme de ma vie.» Tout juste apprendra-t-on qu’il l’encourage dans son art. Et quand il vient lui rendre visite sur la tournée, aucun fan ne le saura. Ces deux étoiles ont appris à s’éclipser ensemble. Pour rayonner longtemps.
Sans les siens, son regard passe de la soul au blues Début décembre, sur la route de Lille, la chanteuse s’offre quelques instants de repos. Cette cabine confortable, équipée d’un vrai lit, lui est réservée dans le bus de la tournée.
PORTRAIT Par Jean-Philippe Chatrier – Photo Nicolas Guérin
Mathieu
A A RC M
L
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are destin que celui de Mathieu Amalric, acteur typiquement « cinéma d’auteur » hexagonal, devenu la nouvelle incarnation du « méchant» dans ce que le cinéma anglo-saxon a de plus commercial : les James Bond. Pourquoi les producteurs de « Quantum of Solace» ont-ils choisi ce « little French guy » au physique passe-partout ? Posez-leur la question, ils vous répondront: « Rien que pour ses yeux.» Deux billes noires auxquelles Mathieu Amalric est capable de donner la fixité minérale d’un regard de squale. Même avec un œil, il est capable de nous en mettre plein la vue. Il l’a prouvé dans « Le scaphandre et le papillon », où sa performance en Jean-Do Bauby atteint du locked-in syndrome lui a valu un César pour la troisième fois. « Plus le handicap est lourd, plus tu as de chances de décrocher la statuette », dit-on à Holly wood. Pourtant, Amalric attribue tout le mérite à son metteur en scène et à ses partenaires. Modeste et discret. Tout un style. Désormais incontournable, unanimement considéré comme l’un des plus grands de sa génération, il ne se trouve pas terrible. C’est lui qui le dit. Ceux qui croient à une poussée de coquetterie ont tort de se moquer. Mathieu Amalric trimballe une confusion intérieure qui le culpabilise et fait la fortune de son psy: on le voit comme un comédien, alors qu’il s’est toujours considéré comme un réalisateur à qui il arrive de passer devant la caméra. A 19 ans, déjà, il n’avait accepté de faire ses débuts dans « Les favoris de la lune », d’Otar Iosseliani, que pour apprendre les ficelles de la mise en scène. Il est ensuite accessoiriste, régisseur, cantinier, assistant réalisateur (sur «Au revoir les enfants », de Louis Malle)... Tout plutôt que de faire le cake sous les projos. Cet homme du « Monde » (ses parents y étaient journalistes), livré à une agitation mentale permanente, cet ancien rat de cinémathèque et critique amateur, ne peut se contenter d’être un simple interprète. Avant même qu’on le connaisse, il se définit comme un auteur. Des œuvres aussi personnelles que « Le stade de Wimbledon» ou « La chose publique », à défaut de battre des records d’entrées, lui vaudront le respect des « professionnels de la profession», comme dirait Godard, qui le complimente pour son burlesque « Mange ta soupe». Entre-temps, les caméras l’ont happé, presque malgré lui. Arnaud Desplechin en fait le prof de fac
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maladroit de son « Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle)». Il y gagne le César du meilleur espoir 1997 et l’attachement indéfectible d’une nouvelle Nouvelle Vague qui voit en lui la réincarnation du Antoine Doinel de Truffaut, un Jean-Pierre Léaud qui aurait continué à être bon après la puberté. Film après film, Amalric promène sa silhouette fragile, ses hésitations de jeune homme pas fini, qui se cherche et semble toujours être ailleurs, en proie à une réflexion sur la géopolitique du Far East, l’évolution des salles multiplexes ou la meilleure stratégie pour mettre Martine dans son lit. C’est cette dualité permanente, ce côté décalé de la vie qui font de lui le « double » à l’écran des Desplechin, Assayas, Téchiné, qui l’ont tout de suite reconnu comme un des leurs. Ses personnages: un homme qui s’enrôle dans une secte ; un autre interné par erreur... Pourquoi faire simple quand on peut faire torturé ? En quelques rôles, Mathieu Amalric ajoute au répertoire un nouveau profil: le cérébral introspectif, sorte de cousin taiseux de Luchini. Ce n’est pas lui qui «jouerait» chez Ardisson le texte idiot d’un tube des sixties, « Arrête, arrête, ne me touche pas », ou qui partirait dans d’hilarants délires sur le plateau de Ruquier.
UN INTELLO DE PASSAGE CHEZ JAMES BOND
PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Comment un garçon comme lui aurait-il pu s’enticher d’une bimbo au QI de Pussycat Doll ? En 1996, il retrouve Jeanne Balibar, croisée quatre ans plus tôt. Brune longiligne à la voix délicieusement grave, pensionnaire de la Comédie-Française, égérie des nou veaux réalisateurs, fille d’un philosophe et d’une physicienne, Jeanne est une artiste multicarte et une intellectuelle engagée. Leur coup de foudre fait des étincelles de neurones. Elle est sa sœur de cinéma, son reflet féminin. Elle devient la femme de sa vie, et l’actrice qui traduit le mieux ses sensations de cinéaste. Ils feront deux enfants, Antoine et Pierre, deux films, et seront réunis à l’affiche de cinq autres, avant de choisir des itinéraires séparés. Il n’y a pas si longtemps, un parcours comme le sien l’aurait cantonné aux films d’art et d’essai d’un Jean Eustache ou d’un Robbe-Grillet, avec parfois une escapade chez Rivette ou Duras. En 2005, Spielberg le fait tourner dans «Munich» et sa carrière prend une stature internationale. Sans qu’il ait besoin d’en faire des tonnes. Quand, dans un accès d’espièglerie, il a voulu se raser la tête et s’affubler d’une cicatrice sanguinolente pour affronter Bond, le réalisateur Marc Forster lui a répondu : «Non, ton regard suffira.» Et son talent, aussi.
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UN DOSSIER CONSACRÉ EXCLUSIVEMENT, CETTE SEMAINE, AU RETOUR DES VALEURS SÛRES. EN POLITIQUE, EN RELIGION, EN ÉCONOMIE, EN CULTURE, EN MODE,
ELECTION AU PS
Benoît Hamon, le joker qui trouble le jeu de dames Quarante et un ans, une compagne, Gabrielle, mi-danoise, mi-catalane et une petite Liv de bientôt un an... Benoît Hamon est passé en moins de deux ans du statut de nouvelle coqueluche socialiste à celui de plausible premier secrétaire. DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À REIMS SYLVIE SANTINI
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toile filante ou pilier d’une refondation ? Le vote des 20 et 21 novembre aura apporté la réponse, mais ce jeune leader potentiel émerge à un tournant historique du vieux parti d’Epinay. A un moment, aussi, où le monde entier plébiscite le choix américain d’un président «hors sol ». Déjà, le surnom d’Obamon lui colle à la peau. « Obamon contre Tartine et La Madone ! » Ainsi se gaussent dirigeants et militants, qui ont plus que jamais besoin d’humour pour encaisser l’opprobre de leur désunion de Reims. Que de «premières fois », au demeurant, dans ce vote, décidément historique ! Deux femmes en lice pour occuper un poste de toute éternité dévolu à la gent masculine. Même s’il échouait au premier tour, Benoît Hamon resterait, dans la légende dorée du PS, comme le challenger du premier duel de dames de son histoire. Le joker des reines est de surcroît le seul des trois à ne pas être énarque. Breton obstiné, enragé de rugby et issu d’un milieu modeste, ce représentant de l’aile gauche du PS paraphrase volontiers Gramsci – «De ce clair-obscur peut naître un monstre » – et cite régulièrement l’antienne bourdieusienne des
«héritiers»: «Un fils d’employé a toutes les chances de devenir employé à son tour. » Plus qu’aucun autre au PS, il se fait le chantre de la diversité, soulignant dans son discours de Reims que « l’élection d’un Obama en France serait impossible, sauf à le vieillir de quinze ans et à lui faire perdre au moins deux scrutins importants avant son élection ». Hamon, le péril gauche? Ses détracteurs le voient comme un « Be-
Il n’a pas eu le temps de se faire autant d’ennemis que ses deux rivales sancenot light ». Mais le chœur des socialistes ne s’accordait-il pas à dire que le vote des militants, le 6 novembre, exprimait, outre l’aspiration au renouvellement, « un besoin de gauche » ? «Hamon est la créature d’Emmanuelli comme Besancenot est celle de Krivine », assène un ségoliste. Certes, Henri Emmanuelli est omniprésent dans le dispositif de sa motion. Mais Hamon, comme nombre de ses cama-
IMPAIR ET SAC Au dernier conseil politique de la motion D, mercredi 12 novembre, Martine Aubry présente à ses amis son nouveau sac à main: « C’est un cadeau des commerçants de Lille, s’esclaffe-t-elle, un Sonia Rykiel... Voyez ma joie, il est siglé SR! » Même avant le duel du 20 novembre, porter les initiales de sa rivale ne pouvait en effet que l’enchanter!
rades, a eu des fidélités successives : formé à l’école du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), dont Razzye Hammadi, son précédent dirigeant, est aujourd’hui l’un de ses plus efficaces supporters, il a été rocardien – en même temps que Manuel Valls –, a travaillé au cabinet d’Aubry, a cofondé en 2002 le Nouveau Parti socialiste (NPS) avec Peillon, Dray, Montebourg, avant de faire le choix de Fabius dans les primaires de 2006 puis d’être considéré, pendant la présidentielle, comme le suppôt de Hollande. Autant dire qu’il a des antennes partout ! Et n’a guère eu le temps, faute de responsabilité de premier plan – et malgré un caractère ombrageux –, de se faire autant d’ennemis que ses rivales. Ses idées, en revanche, depuis qu’on les entend, manifestent une certaine constance: ce farouche opposant à toute alliance avec le MoDem évoquait déjà en 2007 l’idée d’un vaste «parti de la gauche», loin toutefois des trotskistes ou des altermondialistes. «Le choix de Benoît, soutient Hammadi, est celui de la responsabilité, car si l’une ou l’autre des deux femmes remportait le PS, les règlements de compte continueraient jusqu’en 2012.» Les amis de Hamon rêvaient déjà avant le vote d’une victoire à la Zapatero, rappelant que l’actuel Premier ministre espagnol n’était qu’un obscur parlementaire de 39 ans lorsqu’il a été choisi comme secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) en 2000... Si les 20 et 21 novembre, le PS lui préfère une Zapatera, le député européen de 41 ans n’en sera pas moins un élément clé d’un parti à réinventer.
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lesrévélationsdelasemaine
ALAIN JUPPÉ, CHANTRE DE L’ORDRE ET DE LA MESURE
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VALEURS SÛRES
Les valeurs du maire de Bordeaux? L’écologie et le retour à la régulation.
PROPOS RECUEILLIS PAR
FRANÇOIS DE LABARRE
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epuis mon retour du Québec, j’ai une voiture hybride. Quand je “magasine” [faire les courses], comme disent les Québécois, il m’arrive de me demander si j’ai vraiment besoin de ce que je vais acheter, et d’acheter moins. A Bordeaux, nous économisons l’énergie. En 2003, pour entretenir les parcs et jardins de la ville, il nous fallait 1,1 million de mètres cubes d’eau. Aujourd’hui, nous utilisons 150000 mètres cubes pour le même résultat. Nous atténuons l’intensité lumineuse de l’éclairage public, nous renégocions les contrats de
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chaufferie, etc. Aux Etats-Unis, certains parlent de “bulle verte” et prédisent son explosion. Relâcher nos efforts pour le développement durable serait une grave erreur. La révolution écologique va nous amener à des changements importants. Ce n’est pas la décroissance ni un retour à la diligence. Les technologies vertes sont très prometteuses et sources d’emploi, notamment dans la filière bois et la performance énergétique du bâtiment. J’ai visité récemment une usine d’éthanol nouvelle génération. On reprochait au biocarburant d’utiliser des matières premières alimentaires ; ce ne sera plus le cas puisqu’on pourra désormais utiliser de la paille.» « Je rentre du Canada: la région de Toronto dont l’activité est liée à l’industrie automobile américaine souffre beaucoup. La France est aussi frappée; je pense à l’usine Ford près de Bordeaux. La crise financière et économique bouleverse bien des équilibres. Nous venons de subir l’explosion de la machine infernale construite par les apprentis sorciers qu’ont été les “golden boys”.
L’Etat doit retrouver son rôle de régulateur. Il n’est pas question de remettre en cause la liberté d’entreprise, mais de refuser la jungle sans régulation. En période de crise, l’exigence de justice et de solidarité est plus que jamais prioritaire. Je suis choqué par les rémunérations excessives, ou parachutes dorés des grands dirigeants. Il faut remettre de l’ordre et de la mesure là aussi. Cela devrait faire l’objet d’une discussion au G20. Vous voyez qu’on ne parle plus de G7 ni de G8, mais de G20. Le monde est devenu multipolaire; ça aussi, c’est un bouleversement. L’Occident n’est plus tout seul, même si les Etats-Unis vont rester une puissance dominante. L’Europe doit s’affirmer et être capable de définir une position commune. Elle doit mieux montrer ce qu’elle peut apporter concrètement aux citoyens et combler ainsi le manque d’adhésion dont elle souffre. Elle a pu le faire en réaction à la crise financière. Il faudra aussi combattre pour montrer que les droits de l’homme, tels qu’ils sont inscrits dans la Charte des Nations unies, ont une portée universelle. »
JEAN�LUC MÉLENCHON, DÉMISSIONNAIRE 2 DU PS, VEUT INCARNER LA VRAIE GAUCHE
Le sénateur des Yvelines n’oublie pas non plus l’environnement. PROPOS RECUEILLIS PAR
MARIANA GRÉPINET
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es “valeurs” ? C’est de la carabistouille métaphysique. Rappelons le but : l’émancipation des êtres humains. Comment ? Il faut donc revenir aux principes de base du socialisme. Le premier, c’est le partage des richesses. Evidemment, il ne se fait jamais de bon gré dans la société. D’où la nécessité de construire et modifier le rapport de forces. Le deuxième, c’est l’intérêt général qui doit se placer audessus des intérêts particuliers. Longtemps, à gauche, on s’est posé la question : ne se confond-il pas avec celui du capital ? La crise prouve que non. Il existe bel et bien un intérêt général
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propre à la communauté humaine. Qui peut le définir sinon le peuple tout entier? Autre principe essentiel: l’égalité et, avec elle, la laïcité. Les êtres humains sont égaux en droits. Nous devons passer de l’égalité rêvée à l’égalité réelle. Intégrons dorénavant le refus du productivisme. Il s’agit là d’une contradiction de la société capitaliste que les premiers socialistes n’avaient pas vue. On ne peut plus se contenter de produire toujours davantage sans se soucier des dégâts sur l’environnement. Nous sommes à un moment décisif de l’histoire des hommes. On peut encore penser intervenir pour inverser la pente. Mais, d’ici à quelque temps, par exemple, la mer montera, et il ne s’agira plus d’écoper. Voilà la gauche, la vraie gauche, celle que je veux représenter. »
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FRANÇOIS BAYROU : MES QUATRE PILIERS POUR LA FRANCE
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Le président du MoDem veut privilégier l’authenticité.
PROPOS RECUEILLIS PAR
CAROLINE FONTAINE
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a crise, c’est un ébranlement. Et tout ébranlement entraîne une exigence de retour aux fondamentaux. Le pilier le plus certain pour un pays comme la France, c’est l’éducation des enfants. C’est là que se joue le destin de chacun, c’est là que se joue la devise “liberté, égalité, fraternité”. Le deuxième pilier de la nation, c’est la laïcité. Cela ne m’empêche pas d’être un croyant. Mais je connais le danger des affrontements religieux. Le pacte de laïcité qui nous réunit permet de donner à la religion attention et compréhension et de se prémunir des dérives que parfois elle porte. Le troisième pilier, c’est la maison, la famille dans ses différentes formes, l’endroit où l’on peut se protéger des agressions de la crise, de la loi de l’argent. Il y existe une qua-
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trième valeur sûre : la “boîte” au sens de l’entreprise, le lieu où l’on travaille, où l’on peut accomplir une partie de sa vie. Reste un grand changement, plus criant avec la crise : la place à accorder à ce patrimoine commun de l’humanité qui est l’environnement, l’air que l’on respire, la terre qui n’est pas bien protégée, l’eau qui n’est pas sauvegardée et si mal répartie. Enfin, l’inquiétude de la crise entraîne une inquiétude sur ce qui nous fait vivre: les identités, le pays dans lequel on vit, sa mémoire. Dans ma vie politique, j’ai choisi de privilégier l’authenticité, de ne pas raconter d’histoires sur ma vie, de vivre ce que je pense, même si parfois cela exige des combats, de refuser les moules habituels. Je ne peux pas vivre sans rentrer au moins trois jours par semaine dans mon pays [les PyrénéesAtlantiques], sans aller dans les champs, sans regarder la montagne, sans parler avec mes enfants quasiment tous les jours, sans voir mes amis – ce cercle amical, fidèle et assidu depuis longtemps.»
UN NATIONALISTE CORSE CHEZ OLIVIER BESANCENOT
L’ancien candidat trotskiste à la présidentielle a choisi un défenseur de l’identité insulaire. PAR DELPHINE BYRKA
le ferry de Marseille pour le ramener « symboliquement » à Bastia. L’action s’était soldée par l’arraisonnement du ferry par le GIGN et les commandos Hubert. Difficile de ne pas faire un rapprochement avec l’annonce, la semaine dernière, du fonds d’investissement Butler Capital de la cession de sa participation de 38 % dans la SNCM à Veolia Transport qui détenait déjà 28 %. Alors que les nationalistes radicaux mènent campagne contre la «tentative de mainmise » de Veolia sur de nombreux secteurs économiques de l’île...
e porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire a proposé à une figure emblématique du nationalisme corse, Alain Mosconi, de figurer en position éligible sur la liste du Nouveau Parti anticapitaliste pour les prochaines européennes de juin 2009 pour la circonscription du Sud-Est (Paca – Corse – Rhône-Alpes). Un choix symbolique fort qui devrait faire du bruit : Mosconi, secrétaire national pour la section STC Marins, avait pris la tête de la mutinerie du ferry «Pascal Paoli» pour s’opposer à la privatisation de la SNCM. Le 27 septemOlivier Besancenot (LCR). bre 2005, le militant corse et Le nationaliste Alain Mosconi. 30 hommes avaient détourné
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LE JOURNAL DE LA TAUPE PAR LAURENT VALDIGUIÉ
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e congrès du PS s’est vraiment joué dimanche vers 1 heure du matin lors d’une réunion secrète des anti-Royal. Ils étaient neuf, représentant les trois autres motions en lice. Juste après le départ de Ségolène de la commission des résolutions, ces neuf se sont réunis dans une salle du premier étage du Palais des Congrès, sans chaise ni table. « Il a d’abord fallu aller à la pêche aux chaises», raconte un participant. Dans la pièce, François Hollande, Bertrand Delanoë, Pierre Moscovici et Harlem Désir, pour la motion du maire de Paris ; Martine Aubry, accompagnée du fabiusien Claude Bartolone et du strauss-kahnien Jean-Christophe Cambadélis ; et enfin Benoît Hamon, flanqué d’Henri Emmanuelli pour la gauche du parti.
« CES MYSTÈRES NOUS DÉPASSENT... » « Hollande a commencé d’un ton assez neutre, disant qu’il fallait trouver une solution entre les trois motions et proposer un candidat au poste de Premier secrétaire. » Les hommes de Delanoë ont plaidé pour un membre de leur courant, Harlem Désir ou Pierre Moscovici. Hamon et Emmanuelli étaient contre. Martine Aubry a proposé de se mettre d’accord derrière Hamon. Delanoë, cette fois-ci, était contre. « Elle a même proposé de soutenir Delanoë, c’est dire si elle veut faire barrage à Royal », raconte un des hommes dans la pièce. Une heure plus tard, personne n’avait bougé. Pourtant, dans une salle voisine, au même moment, des seconds couteaux de ces trois motions avaient bel et bien rédigé un texte de synthèse préparant le soutien de l’heureux élu... qui n’est jamais venu. « Au final, c’est un scénario parfait, commente, de retour de Reims, un partisan de la maire de Lille. Que Hamon et Aubr y soient candidats tous les deux ne donne pas l’impression d’un front anti-Royal, ce qui lui aurait permis de se victimiser davantage. Entre Hamon et Aubry, il n’y aura pas d’hésitation. Celui des deux qui sera éliminé au premier tour fera voter pour l’autre au second... Et la majorité se trouvera au finish. » Mitterrand, paraphrasant Cocteau, affirmait : « Ces mystères nous dépassent ; feignons d’en être les organisateurs. » Une phrase parfaite pour ce congrès de Reims.
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lasemainereligion DEVOIR D’INSOLENCE PAR JEAN-MARIE ROUART DE L’ACADÉMIE FRANÇ AISE
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égolène est beaucoup plus qu’une femme politique. C’est un phénomène ; un mystère, une énigme, une quadrature du cercle, une pomme de discorde. Dans notre univers platement consensuel, robotisé, peuplé d’individus grisâtres et de personnalités fadasses, elle sort du lot avec flamboyance. Elle suscite l’admiration la plus fervente ou les controverses les plus basses. On la critique ou on la loue sans modération. Avec elle, pas de demi-mesure. Elle évolue dans le monde épique et sans nuances de l’exagération. C’est son destin et sa chance depuis le début: réveiller les passions. Elle excite les socialistes comme la cape rouge du matador. Elle remue leur bile, aigrit leur humeur, contrarie leur digestion. Mais que deviendraient-ils sans sa personnalité électrique? N’a-t-elle pas réussi le tour de force d’obliger tout un congrès socialiste à faire fi de toute question idéologique pour se concentrer sur une seule et irritante interrogation: que faire de Ségolène? Oubliés la crise, la social-démocratie, l’alliance au centre, Sarkozy. Une seule question ontologique qui engage l’existence et l’essence : to be or not to be with Ségolène ?
SÉGOLÈNE, SAINTE OU MARTYRE ? Evidemment, ce n’est pas un hasard si ce congrès a eu lieu à Reims, lieu historique au plus haut degré puisque c’est dans cette ville que commence l’histoire de France. Dans la mystique devenue politique avec le sacre de Clovis. Et Ségolène, elle aussi, est regardée comme une personnalité qui trouve sa source dans le charismatique et le religieux. N’a-t-on pas parlé de « dérive sectaire» à son propos? On l’a comparée à Jeanne d’Arc, image qu’accréditent autant la bravoure, le cran, l’obstination qu’elle met au service de sa mission que les multiples procès qu’on lui intente. Ses avanies, les flèches qu’on lui décoche, les obstacles qu’on place sur sa route sculptent sa figure de sainte qu’on veut immoler car elle brise les vieilles idoles. Le Parti socialiste est trop obnubilé par elle pour s’en débarrasser sans de graves dommages. On comprend son dilemme: couronner sinon une sainte du moins une légende difficile à vivre ou cohabiter avec une martyre qui prendra l’opinion à témoin de son injuste sacrifice. PARIS MATCH
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Le grand retour du religieux en politique Michel Wieviorka, sociologue à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et auteur de «La diversité» (éd. Robert Laffont), analyse pour Paris Match le retour des Français aux valeurs sûres. INTERVIEW ELISABETH
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Paris Match. Quel est votre constat sur ce grand retour? Michel Wieviorka. J’observe deux phénomènes. Le premier participe d’un retour plus ou moins nostalgique au passé, en résistance à la modernité ou pour faire face à des changements qui inquiètent. J’en vois une illustration dans le catholicisme actuel, avec un pape qui revient à des valeurs extrêmement traditionnelles. J’en perçois d’autres dans la sphère culturelle, politique et économique avec des tendances au repli communautaire et des appels à la tradition par exemple nationale. Mais j’enregistre une autre tendance, plus positive, qui ne s’enferme pas dans le passé. Jusque dans les années 70, la modernité se réduisait souvent au triomphe des valeurs universelles du droit et de la raison, et à la confiance dans la science contre les traditions, à commencer par la religion.
Michel Wieviorka est directeur d'études à l’EHESS.
mique...) ou la religion avec la modernité la plus avancée, y compris en matière technologique. Comme au Japon, les valeurs d’aujourd’hui peuvent déboucher sur une synthèse de tradition et de modernité.
Et qui l’incarne le mieux en France et en Europe?
Les nouvelles générations, sans aucun doute. Les jeunes sont capables de se brancher sur toutes les nouvelles formes d’innovation, et en même temps d’être catholiques, juifs ou musulmans; de se passionner pour les technologies de pointe et d’aimer la langue bretonne !
La crise financière peut être aussi l’occasion d’une mutation
Selon vous, la religion revient en force dans le discours politique?
C’est évident. Ecoutez les leaders politiques. Nicolas Sarkozy le premier, Valérie Pécresse ou Xavier Darcos. Tout en prenant soin de séparer sphère publique et vie privée, ils ne sont pas gênés de dire qu’ils sont catholiques. Ou Ségolène Royal, avec ses propos et ses postures de type évangéliste au Zénith ou au congrès de Reims. Voilà des acteurs importants de la vie politique qui sont en même temps modernes, favorables aux réformes et même aux ruptures. Ils incarnent un nouveau modèle qui allie les traditions culturelles (vestimentaire, gastrono-
La crise financière peut-elle accélérer ce mouvement?
Une crise peut déclencher la catastrophe ; commencer par la crise financière et finir avec Hitler. Mais elle peut aussi être l’occasion d’une mutation : à travers des souffrances, des drames, une immense pauvreté, peutêtre même des violences et des émeutes, la société invente, crée et produit alors toutes sortes de nouveautés. Les comportements, les modes de consommation se transforment, le rapport à l’avenir se modifie.
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lasemaine économie
Le capitalisme à la papa de BNP Paribas gagne contre les aventuriers de l’Ecureuil Le prudent Baudouin Prot (BNP Paribas).
ECONOCLASTE PAR AXEL DE TARLÉ
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t si la « refondation du capitalisme mondial » prenait pour modèle l’homme le plus riche de la planète ? A 78 ans, Warren Buffett, doté d’une fortune personnelle de 62 milliards de dollars, dénonce depuis des années les travers du capitalisme financier. Sa première cible, les parachutes dorés : «Etre viré peut être un fantastique jour de paie pour un grand patron. En une journée, il peut toucher autant d’argent en nettoyant son bureau que ce qu’un travailleur américain gagnera toute sa vie en nettoyant des toilettes ! » Cela fait des années aussi que Warren Buffett met en garde contre le caractère explosif des produits
BUFFETT, MILLIARDAIRE ET MORAL À LA FOIS dérivés qu’il a rebaptisés « les armes financières de destruction massive ». Il dénonce aussi l’opacité et la complexité de la finance moderne. Son principe : « Ne jamais investir dans quelque chose qu’on ne comprend pas. » Mais, surtout, l’homme prône un capitalisme généreux. Démocrate convaincu, le milliardaire trouve qu’il ne paie pas assez d’impôts! Du coup, il a fait don de 85% de sa fortune à la fondation humanitaire de Bill et Melinda Gates, c’est la plus grande donation de l’histoire de l’humanité. En guise d’héritage, il promet de laisser à ses enfants «assez pour qu’ils fassent ce qu’ils veulent, mais pas assez pour qu’ils ne fassent rien» ! Alors Warren au gouvernement? Pendant la campagne, Barack Obama et John McCain (!) ont tous deux reconnu qu’il ferait un excellent secrétaire américain au Trésor. PARIS MATCH
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Des populaires et locales Caisses d’épargne à la parisienne et sophistiquée BNP Paribas, les Français auraient probablement, en cas de panique aiguë, plébiscité les premières. Du moins jusqu’à il y a quelques semaines... PAR
MARIE-PIERRE GRÖNDAHL
ymbolisé par un gentil écureuil, propriétaire ( jusqu’au début de l’année prochaine) du sacro-saint petit livre rouge – le Livret A –, cet établissement mutualiste créé dès 1818 n’a même pas eu le statut d’une « vraie » banque pendant très longtemps. Mais « l’Ami financier » (son ancien slogan) incarnait le refuge idéal pour les économies tricolores. En face, la puissante BNP, née en 1848 sous le nom de « Comptoir national d’escompte de Paris », qui a racheté l’aristocratique banque d’affaires Paribas en 2000, puis l’italienne BNL en 2006, semblait à l’inverse éloignée des préoccupations des petits épargnants. Depuis la crise des subprimes, entamée dès l’été 2007, les masques sont tombés. « Comme une sorte de “Monsieur le Trouhadec saisi par la débauche”, les Caisses d’épargne avaient succombé aux vertiges de la haute finance, stigmatise un banquier français. Sans en avoir les moyens, ni en hommes ni en financement.» Surnommé le «Napoléon de la finance», le Sétois Charles Milhaud, 65 ans, patron charismatique des Caisses, y a fait toute sa carrière depuis l’âge de 21 ans. Elu à la tête des Caisses nationales (CNCE) en 1999, ce diplômé de ph ysique, homme de réseaux, n’a ensuite eu de cesse de multiplier les opérations financières risquées. Affranchissement de la «tutelle » de la Caisse des dépôts, moyennant 6,8 milliards d’euros, rachats très onéreux de banques au Maghreb, de la banque Sanpaolo, du site Internet meilleurtaux.com, prise de participation majoritaire chez le promoteur Nexity au plus haut du cycle immobilier, et surtout création de Natixis en tandem avec les Banques populaires – une erreur stratégique magistrale. Cette banque, introduite en
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Bourse à 19,55 euros en 2006, a sombré à... 1,60 euro le 17 novembre dernier! Une folie des grandeurs qui se traduit, selon les initiés, par les fastes d’un siège social tape-à-l’œil. Côté BNP, où deux inspecteurs des finances, Michel Pébereau et son dauphin Baudouin Prot, aux antipodes du «show off », se partagent le commandement, on aurait pu craindre des débordements façon Crédit lyonnais. Ce fut le contraire : gestion ultraprudente, construction réfléchie, austérité apparente. « C’est comme si la courbe de la sagesse s’était inversée entre les deux établissements à partir de 2000, note un analyste. Les experts de la haute banque ont géré leur développement en pères de famille quand les mutualistes spécialistes de la proximité se sont aventurés dans la jungle.» BNP Paribas a misé à fond sur son réseau, ses agences, la banque de détail et l’amélioration de son service client. Pas très fun, peutêtre, mais peu risqué et très rentable. Le groupe est au jourd’hui la deu xième banque de la zone euro (après L’imprudent Charles son rachat du belge Milhaud (L’Ecureuil). Fortis). Et la seule à n’avoir publié aucune perte depuis les débuts de la crise financière. C’est aussi l’une de celles qui a le moins baissé en Bourse. « Les mutualistes comme la Caisse d’épargne ont décidé, il y a quelques années, que ce qui leur manquait, c’était ce que nous étions, analyse un vétéran de BNP Paribas. Sans réaliser que, justement, chez nous, la prudence dominait. » Le capitalisme « à la papa » s’est finalement incarné dans deux produits des élites françaises, des « intellos» cultivés, à la fibre commerciale, plutôt que dans un provincial ambitieux, à tendance autocratique. Les clients ne s’y trompent pas : au troisième trimestre, BNP Paribas a gagné 50000 comptes supplémentaires. L’ami financier n’était pas celui que l’on croyait.
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Le grand retour de l’or, du Livret A et des notaires Il est encore possible de mettre son argent à l’abri... avec un mot d’ordre: di-ver-si-fier! PAR FLORE THOMASSET
remière et classique option : l’immobilier. Malgré le tassement du marché, le secteur reste solide et attrayant. « Une de mes clientes a même relevé son offre (d’achat) pour pouvoir retirer au plus vite son argent placé en Bourse», raconte Aymard de Freslon, directeur du Kiosque de l’immobilier, une agence parisienne. Pour certains professionnels, plus optimistes que d’autres, la baisse des prix ne sera que passagère. « L’immobilier est un secteur de besoin qui ne peut donc pas s’effondrer. Même avec une baisse de 15 % à la fin 2009, on résiste mieux que les valeurs boursières! » analyse, comme pour s’en convaincre, Henry Buzy-Cazeaux, délégué général de la Fnaim . La crise a cependant tourné
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une page : finies, les transactions à l’aveuglette, aujourd’hui il s’agit d’investir avec prudence. Quartier, étage, standing, consommation énergétique, travaux à prévoir, projection dans l’avenir : l’acquisition d’un appartement doit être un investissement sur huit à quinze ans. Les acheteurs se tournent vers les notaires, ravis d’être à nouveau dans le cœur des Français : « Un vendeur m’a même demandé de garder l’argent après la signature de sa vente, car nous le déposons à la Caisse des dépôts et consignations, un placement garanti par l’Etat», assure Sylviane Plantelin, notaire à Saint-Germain-en-Laye. Autre rescapé de la crise bancaire qui s’est muée en crise de confiance : le sacro-saint Livret A. Quarante-six millions de Français ont déjà craqué pour ce placement sécurisé (taux garanti par l’Etat), et l’engouement s’accélère: selon la Caisse des dépôts et consignations, la collecte devrait augmenter de 15 mil-
DOUCE FRANCE! Partir moins loin, c’est voyager moins cher. Les Français l’ont compris en ces temps de crise et, pour leurs vacances, la France reste la valeur sûre. PAR PAULINE
DELASSUS
elon les chiffres de Xavier Rousselou, responsable de la communication chez Opodo , pour les congés de la Toussaint, un vol sur quatre était domestique cette année, contre un sur cinq en 2007. « Les réservations pour le mois de février concernent les sports d’hiver, aux dépens des séjours sous les tropiques. Sont privilégiées les stations familiales de basse et moyenne altitudes, plus petites et moins chères, souvent situées dans les Pyrénées, telles que Loudenvielle, une de nos meilleures ventes. Les clients partent moins longtemps par souci d’économie, et la France représente pour eux une sécurité », observe Xavier Rousselou. Pour Jean-Pierre Pinelli, propriétaire de l’hôtel La Villa à Cal vi et administrateur de Relais & Châteaux, les vacanciers privilégient des sé jours à l’hôtel et sont attentifs au rapport qualité/prix : «Les clients sont plus exigeants, mais les réservations ne diminuent pas. Il leur importe surtout de consommer plus sainement, ils retournent aux produits bio, aux repas équiliEn famille dans les Pyrénées. brés et au sport.»
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liards en 2008, au lieu de 3 milliards par an en moyenne. Les épargnants y déposent en moyenne 2000 à 3 000 euros, débloqués pour l’achat d’une voiture ou le paiement des impôts. Mais attention, le taux de ce livret sera probablement revu à la baisse en février. Il tomberait de 4,5% à 3,5 %, voire à 3%. Enfin, l’or, « ce placement de vieux », de l’aveu même de Guy Cottin, directeur du CPR Or, un organisme qui gère les cours du métal jaune, revient à la mode. « Des conseillers en gestion nous appellent depuis quelques semaines, car leurs clients veulent acheter de l’or, 100000 euros par-ci, 200 000 euros par-là », s’amuse Guy Cottin. Le napoléon, qui valait environ 120 euros avant la crise, est monté à 190 euros mi-septembre, et ces anciennes pièces valent encore 10 à 15 % de plus que leur poids en or. Une valeur sûre, à la progression constante mais pas vertigineuse. Bref, le nouvel eldorado !
Le grand standing résiste mieux que les valeurs boursières.
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Salut les copains, adieu la « Star Ac » Les artistes établis valent de l’or et font salle comble. PAR BENJAMIN
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uatre-vingt-dix minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Mylène Farmer en avril dernier pour vendre les 160 000 billets de ses concerts prévus au Stade de France en septembre 2009. Sting et ses compères de Police avaient eu besoin de cent quarante minutes pour remplir l’immense arène un an plus tôt. AC/DC, qui se contente du Palais omnisports de Paris-Bercy (18000 places), a vu ses tickets s’envoler en vingt minutes. Plus que jamais, l’industrie des concerts se porte bien! « Les grands noms ont la cote, admet Jackie Lombard, la productrice de Madonna, des Rolling Stones ou de Lionel Richie. Les gens se réfugient sur des valeurs sûres. Quand on achète une place pour Madonna, on sait que l’on assistera à un sacré show. Si on débourse plus de 100 euros pour voir les Rolling Stones, c’est parce qu’ils sont bien les seuls à tenir la scène depuis aussi longtemps.» Avec l’effondrement du marché du
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disque, les amateurs de musique se sont logiquement repliés sur les concerts. Charles Aznavour, Johnny Hallyday, Paul McCartney, les Who, les Rolling Stones n’ont jamais joué devant autant de monde en France que ces cinq dernières années. «Les artistes établis attirent toutes les générations. Les parents emmènent leurs e nfants, leur font découvrir les chanteurs qu’ils appréciaient dans leur jeunesse », reconnaît un patron de maisons de disques. Contrecoup logique, les artistes émergents ont plus de mal à remplir les salles. « Aujourd’hui, reprend Jackie Lombard, les gens vont plus facilement vers un Michel Polnareff ou un Johnny Hallyday, car ils savent à quoi s’attendre. La découverte de nouveaux talents passe au second plan.» Même constat du côté des ventes de disques. L’année 2008 sera un bon cru pour Francis Cabrel (500000 ventes déjà!), Johnny Hallyday (encore...), Mylène Farmer ou Alain Bashung. Des talents reconnus depuis plusieurs décennies, qui ne viennent pas de publier leur premier album... Les nouvelles têtes ( Zaza Fournier,
Loane...) ont en revanche plus de mal à dépasser les 10000 ventes. « Le marché du disque est très versatile, analyse-t-on chez Sony BMG. L’an passé, les gens se sont rués sur Mika et Renan Luce, deux inconnus. Cette année, on est dans une période plus sombre, où l’on privilégie la qualité immédiate à la surprise. » Avis à tous ceux qui rêvent de devenir chanteurs...
Mylène Farmer.
CINQ MEILLEURES VENTES D’ALBUMS FRANÇAIS SUR ���� 1. Francis Cabrel, «Des roses et des orties» (Columbia/Sony BMG), 500 000 exemplaires, album sorti en mars 2. Mylène Farmer, «Point de suture» (Polydor Universal), 300 000 exemplaires, album sorti en août 3. Julien Clerc, « Où s’en vont les avions? » (Virgin/ENI), 250 000 exemplaires, album sorti en septembre 4. Alain Bashung, « Bleu pétrole» (Barclay Universal), 200 000 exemplaires, album sorti en mars 5. Johnny Hallyday, « Ça ne finira jamais» ( Warner), 150 000 exemplaires, album sorti en octobre B.L.
Le grand art recherché à moindre prix Les prix baissent, et les acheteurs français visent des artistes tricolores proches de 100000 euros. PAR ELISABETH
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CHAVELET
e glorieux mois de mai dernier où les deux grandes maisons Sotheby’s et Christie’s réalisaient ensemble des ventes record de 718 millions de dollars est loin », « Les spectres de l’Hospice Comtesse » écrivait la semaine der(Annette Messager). nière Souren Melikian, critique d’art vedette du « Herald Tribune ». Même écho plaintif de la part d’Evrard Didier, à la fois président de l’Ecole des beaux-arts et associé chez Lloyd George Management. « A Paris, chez Artcurial PARIS MATCH
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et Cornette de Saint-Cyr, beaucoup de lots viennent d’être ravalés. Chez Sotheby’s et Christie’s, la semaine dernière, le taux d’invendus oscillait entre 33 et 35 % en nombre de tableaux, mais entre 40 et 50% en valeur. » Les experts constatent trois phénomènes. Tout d’abord, les peintres consacrés continuent à s’envoler. Ainsi, début novembre, chez Sotheby’s, un Malevitch, « Composition suprématiste », a été ad jugé à un prix record de 60 millions de dollars (parmi les cédants de cette vente prestigieuse, on remarquait la femme de l’ex-patron déchu de Lehman Brothers, Richard Fuld ! ). Chez Christie’s, un Jean-Michel Basquiat culminait à 13 millions de dollars, et la « Pharmacy» de Joseph Cornwell partait à un prix « énorme » de 3,4 millions de dollars... pour de simples boîtes !
Autre observation: bien qu’incontestés, certains peintres ont atteint, ces dernières années, des valeurs jugées spéculatives ou même « paillettes », notamment à cause des achats des riches néophytes russes ou chinois. Trop chers, ils sont boudés par ces temps de crise : ainsi, le 12 novembre, chez Christie’s, d’un Francis Bacon ou encore des Joan Mitchell, Peter Doig et même Andy Warhol. Enfin, comme le constate Evrard Didier, les collectionneurs devraient revenir vers des artistes à la fois tricolores et reconnus, et à des prix abordables (proches de 100 000 euros). Il cite Daniel Buren, Christian Boltanski, Annette Messager, Bernard Frize ou Jacques Villeglé, 82 ans, actuellement exposé au Centre Pompidou. La gloire, pour les valeurs sûres, attend souvent le nombre des années.
Les leçons de vie cartonnent dans l'édition En pleine période de crise, les Français rognent sur le budget alimentation mais achètent des livres par milliers. Le CD s'effondre, et le bouquin grimpe. Voilà qui fait la joie des éditeurs. PAR VALÉRIE TRIERWEILER
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a littérature est une valeur refug e, elle ne se dévalorise pas, ça n'est pas un produit jetable», explique JeanMarc Roberts, patron de Stock. Bernard Fixot, de XO Editions, va plus loin: « La profession pourrait bénéficier de la crise. On n'achète pas de bêtises, alors ce devrait être un cadeau de Noël.» Pour Bernard Comment, du Seuil: «Le livre est un produit d'avenir.» Les éditeurs ont noté que les Français se ruaient sur les valeurs sûres. Evidemment les Nothomb, Gavalda, Levy et Musso raflent les suffrages, mais, au-delà de ce phénomène, Manuel Carcassonne, de chez Grasset, remarque que «les gens vont vers des livres sur lesquels ils sont sûrs de ne pas se tromper». D'accord pour dépenser une vingtaine d'euros, à condition que ce soit un investissement. «Chez les libraires, il est plus facile de vendre du Jean d'Ormesson (200000 ex.) et du Benoîte Groult avec “Mon évasion”, qui a déjà atteint les 100000 exemplaires.» Et aussi du Stefan Zweig, dont l'inédit fait un tabac. Même
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Benoîte Groult s’évade avec 100000 exemplaires.
constat pour Le Clézio, presque un classique. Il est moins évident d'aller tester de nouveaux auteurs. Les lecteurs cherchent des repères, des expériences, des leçons de vie. «Des livres qui leur parlent d'eux», ajoute Bernard Fixot. Les lecteurs veulent comprendre. Il y a eu la folie des ouvrages sur Sarkozy, et maintenant il suffit d'écrire « subprime» en quatrième de couv pour que ça se vende! Mais revenons aux leçons de vie. La palme revient à Simone Veil avec 560 000 exemplaires vendus avant son élection à l'Académie française. Un record! Et plus un livre se vend et plus... il se vend. «Les gens n'ont plus peur d'acheter ceux qui marchent, ils se disent que c'est sûrement bien», reconnaît Fixot. Mais il note aussi que «certains auteurs de référence, comme Higgins Clark ou Werber, baissent ». Se rassurer, s'imprégner de l'expérience des autres, recevoir une transmission, tel est le moteur de la lecture. Ainsi s'explique le succès du magnifique «Où on va, papa? », de JeanLouis Fournier, chez Stock, 125000 exemplaires avant le prix Femina. «Le livre de ma vie, même si je n'avais jamais pensé qu'il ferait ce score», s'exclame Jean-Marc Roberts. Que cherchent donc les lecteurs : prendre un peu de la force de ce père de deux enfants lourdement handicapés? Et dans le même temps, le besoin de compréhension de soi et des autres stimule les ventes des essais de psychologie. Il n'y a qu'à voir le succès de Boris Cyrulnik, qui a reçu le Renaudot essai pour « Eduquer ses enfants. L'urgence au jourd'hui», ou celui d'Aldo Naouri pour « L'autorité expliquée aux parents ». Leur éditrice, Odile Jacob, avance : « Les gens veulent de la substance. Ils distinguent le vrai du faux, le bon du mauvais. » Plus de 100 000 exemplaires chacun, un exploit que Naouri explique ainsi: « Mes ouvrages parlent de choses essentielles, papa, maman, famille, affectivité, sexe, en faisant appel à l'émotion profonde. » Tout est dit.
ADIEU LE TARTARE D�HUÎTRE DANS UN DÉ À COUDRE!
Simone Veil: records de vente pour « Une vie », (éd. Stock) son recueil de souvenirs.
« Où on va papa? » 125000 exemplaires avant le prix Femina
Le point commun entre Le repaire de Cartouche, Le Baratin, et Le comptoir du relais ? Ces bistrots parisiens font le plein. PAR MARIANA GRÉPINET
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es clients sont à la recherche d'une cuisine française traditionnelle mais moderne dans son approche», analyse Yves Camdeborde, patron du Comptoir. Un œuf mayonnaise, un lièvre à la royale et un paris-brest à la crème de marron, le tout pour 20 euros à l'heure du déjeuner, voilà ce qui fonctionne. «C'est aussi pour nos prix que nous affichons complet», insiste-t-il. Dans son essai, « Pique-assiette. La fin d'une gastronomie française» (éd. Grasset, 2008), le critique François Simon dresse le même constat: «La cuisine de demain est en place, brute, naïve, naturelle, saine, à l'ancienne. En voulant rejoindre les dieux, la haute gastronomie nous a quittés. Qu'ils oublient les éraflures d'épice sur les assiettes. Ça fait sale.» Il s'attaque à ces «salades d’un centimètre», ces «tartares d'huître dans un dé à coudre...» qui ne laissent pas le temps de savourer. Et dénonce « l'excellence jusqu'à l'absurde» dans ces grands restaurants qui ont «dixhuit sortes de pain, vingt-sept catégories de café et quatre serveurs pour un ramequin». «La cuisine, c'est d'abord fait pour se nourrir», confirme Jean-Marie Amat, une étoile au Michelin pour son Château du Prince noir, à Lormont, en Gironde. Il plaide pour un retour aux produits, et au respect des saisons. Loin des grands guides, c'est sur Internet que s'échangent ces adresses chaleureuses où des chefs pratiquent une gastronomie du cœur où l'on se sent dans notre assiette.
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Moncler, super-doudounes depuis 50 ans Ces vêtements anti-froid créés pour la montagne font fureur à Saint-Moritz, Courchevel et Cortina. Mais certains se portent désormais en vestes du soir. PAR CATHERINE SCHWAAB
e drôle de nom, pas très vendeur, est la contraction de Monestierde-Clermont, une petite ville près de Grenoble plus taillée pour les tentes de camping et les raquettes à neige que pour la mode. Dans les années 50, René Ramillon et André Vincent, d'ingénieux Grenoblois, véritables Géo Trouvetou du mond e des pistes, inventèrent entre autres une fixation pour les skis de l'armée française. Leurs tentes astucieuses et robustes devinrent les indispensables des alpinistes – on les appelait les «Ramy» à cause de Ramillon ! – tandis que leurs cagoules rembourrées de duvet s'assortissaient coquettement à leurs sacs de couchage. Quant à la doudoune, c'est le champion de ski Lionel Terray qui va tester la première, fourrée de plumes d'oie, lors d'une expédition au Canada par moins 20°C ; emballé, il devient le conseiller technique de « Moncler». Il faut dire que ce cassecou des cimes, qui a gravi l'Annapurna en y perdant plusieurs de ses orteils et de ses doigts, est incollable sur les chauffe- poignées de bâtons, les protège-pieds et les toiles de parois... Comme Terray, Moncler s'attaque à l'impossible. Résultat : la marque réchauffe l'expédition italienne du Karakorum en 1954. Puis ce sera l'Alaska en 1964 et les JO de Grenoble en 1968. Quarante ans plus tard, ces bonnes vieilles Moncler sont deve nues les « it-jackets » à arborer cet hiver à Saint-Moritz, Courchevel et Cortina. Et pas seulement les créations exclusives de l'Italien Giambattista Valli (appelé par son compatriote, le nouveau P-DG, Remo Ruffini): les doudounes de sa «Gamme rouge» sont tellement chics qu'on peut les porter en vestes du soir (cicontre)... entre 3 796 et 4680 euros, tout
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de même. Le prix d'un vison... Ces babioles sont d'ailleurs vendues chez Colette, pas à la boutique Moncler ! Mais c'est le cœur de la maison qui constitue l'essentiel du chiffre d'affaires : des modèles chauds-chaudschauds (dix fois moins chers) et aériens. Certains ne pèsent pas plus de 160grammes, moins qu'un téléphone portable, et font grimper la température au nirvana. La veste Lansing (ci-contre en noir), injectée de duvet d'oie, est en Nylon du Japon, et tient pliée dans la main dans une petite pochette. Le toucher frôle l'impalpabilité, l'épaisseur ne dépasse pas 3 millimètres. On est loin des anoraks d'autrefois qui occupaient la moitié d'une malle-cabine. Cette merveille technologique coûte entre 400 et 500 euros. Le savoir-faire d'une tradition qui ne s'est pas endormie au coin du feu.
LES SECRETS DE FABRICATION
• Le duvet provient essentiellement d'oies et de canards élevés dans le Périgord et en Bretagne-Sud dont les climats produisent un duvet particulièrement riche. • Flocons et barbules sont prélevés sur le ventre et sous les ailes, il y a aussi les plumettes, plus petites et plus douces. Du juste dosage des trois dépendent le pouvoir gonflant et les qualités d'isolation thermique. • Pour un blouson, il faut en moyenne 300 grammes de duvet. • Pour laver 1 kilo brut de duvet, il faut de 700 à 800 litres d'eau. • Centrifugation et séchage des plumes se font dans un four à 100 °C. • Une machine à air comprimé insuffle le duvet dans la veste déjà coupée qui sera ensuite surpiquée pour enfermer et stabiliser les plumes.
Le rétro revient en force Les marques du luxe rééditent leurs classiques et les consommateurs se ruent en masse sur les spectacles et les produits d'autrefois.
n période de crise, c'est connu, on se replie sur les valeurs de base ; le patrimoine, lui, ne vacille pas sur ses racines. Les grandes marques comme Hermès, Cartier, Rolex ou Cardin rééditent foulards, bijoux, montres et robes d'il y a cinquante ans. Les maisons plus récentes se rabattent sur l'artisanat : Prada, par exemple, fait un malheur cet hiver avec sa collection tout en dentelle rebrodée, terriblement fellinienne ; Guess se la joue veuve noire coquine, tandis que, sur nos robes de l'été prochain comme sur les papiers peints, on voit partout refleurir des bouquets champêtres, entre Bruegel et hippies,
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Le très branché mensuel «Stiletto» ne jure plus que par la dentelle Prada, avec une aguicheuse Laetitia Casta.
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sans parler des lyres d orées et des lys impériaux à la Joséphine, quand ça n'est pas la toile de Jouy qui se la joue psychédélique! Côté spectacles, c'est la même chose: Aznavour en comédie musicale, Piaf, «Les aventures de Rabbi Jacob »... le public afflue en rangs serrés aux revivals de ces icônes. « La java des mémoires» s'installe pour les fêtes au Théâtre Silvia Monfort à Paris, tandis que Birkin, Adamo, nos « vieux » chanteurs romantiques, font maintenant des étincelles en duo avec les Mickey 3D (Birkin), Adrienne Pauly, Olivia Ruiz, Bénabar (Adamo)... Enfin, il y a le terroir dans nos assiettes et de la nostalgie dans nos panoplies culinaires: écumoires en fer-blanc, tirebouchons à l'ancienne, verres en Pyrex des cantines d'autrefois... Pour finir, on notera, au chapitre des pires nuisances, la stridente sonnerie de nos téléphones d'antan – drrrriiiingdrrrriiing... – téléchargée en masse sur les portables dernier cri. C.S.
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LAGARDÈRE ACTIVE SOUTIENT LES HANDICAPÉS
LES �� ANS DE � POLITIQUE INTERNATIONALE�
a Semaine nationale pour l'emploi des personnes handi-
Lcapées organisée par l'Arpejeh et soutenue par Lagardère
Active, propriétaire de Paris Match, se tient du 17 au 22 novembre. Pour l'association, « la mobilisation de 12 entreprises donne l’espoir qu'une action conjointe des acteurs économiques et des pouvoirs publics favorise l'égalité des chances » pour les personnes handicapées.
LE MONDE CHANGE, LE �JDD� AUSSI ouvelles rubriques pour un « Journal du Dimanche »
Nrelooké: « Le “JDD” doit être le lieu où l'on s'arrête pour
s'informer, réfléchir et se distraire. Nous voulons revenir sur les événements importants de la semaine passée et donner les clés pour permettre à nos lecteurs de comprendre la semaine à venir », explique Christian de Villeneuve, le directeur de la rédaction. L'objectif de ces nouvelles rubriques (« Rencontre», «Le regard de» ou «A suivre cette semaine») est « de permettre à chacun de se faire sa propre réflexion », poursuit-il. Les pages « Styles de vie », ainsi que les sujets sportifs et culturels du journal, offriront également un moment d'évasion.
Nicolas Sarkozy (à dr.) lors de la remise du prix du courage politique par Patrick Wajsman.
our les 30 ans de sa revue, Patrick Wajsman, directeur de
P« Politique internationale », a remis le 13 novembre à l'Elysée son traditionnel Prix du courage politiq ue à Nicolas Sarkozy. Le chef d'Etat est le premier Français à avoir reçu cette distinction. Ce trophée récompense des personnalités politiques pour le courage dont elles ont fait preuve par la pensée et par l'action. Seuls trois autres lauréats l’ont reçu avant le président de la République : le chef d'Etat égyptien Anouar El-Sadate en 1981, le président sud-africain Frederik de Klerk en 1992 et le pape Jean-Paul II en 2004.
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LILIANE GALLIFET
Couples Qui paie les dettes ?
Quand le conjoint dépose son bilan, peut-on saisir les biens du couple marié en communauté? S.P. Oui. Toutefois, le statut de so-
Des mois difficiles s’annoncent pour les ménages. Mieux vaut prendre ses précautions, pour que la défaillance de l’un n’engloutisse pas le patrimoine de l’autre.
Paris Match. Que se passe-t-il quand l’un des deux ne peut plus rembourser sa part d’un prêt? Sylviane Plantelin. Lorsqu’on emprunte à deux, mariés ou non, que ce soit pour acheter un logement, un canapé ou une voiture, on est solidaire pour le remboursement. Peu importe que la défaillance de l’un des coemprunteurs soit due à un licenciement ou SYLVIANE PLANTELIN notaire*
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En cas de difficultés, prenez les devants
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CONSEIL D’EXPERT
à une séparation. C’est vers l’autre que la banque va se retourner. Le conjoint, le concubin ou le partenaire de pacs sera responsable solidairement, aussi bien sur ses revenus que sur ses biens personnels. D’où l’intérêt de prendre une assurance chômage, surtout quand on souscrit un crédit immobilier.
Est-ce la même chose si l’un ne peut plus payer la moitié du loyer? S.P. Un couple marié cotitulaire d’un bail sera solidaire pour une dette de loyer, quel que soit son régime matrimonial. Ce sera aussi le cas d’un couple pacsé en indivision. En revanche, un couple en union libre ou pacsé en séparation de biens ne sera pas tenu de payer le loyer, si un seul est titulaire du bail.
Et les dettes fiscales sont-elles forcément communes? S.P. La solidarité est automatique et
totale pour les couples mariés ou pacsés, face à l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation et l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Il faut savoir qu’en cas de séparation, il existe «un droit à décharge de responsabilité solidaire». Il est accordé si les obligations fiscales, depuis la rupture du couple, ont été remplies et s’il y a une «disproportion marquée» entre le montant de la dette fiscale et la situation financière du contribuable qui fait la demande.
Et pour les couples en union libre? S.P. Les concubins ne sont pas soli-
daires au regard de l’impôt sur le revenu et de la taxe d’habitation, mais ils peuvent l’être pour l’ISF.
ciété permet d’échapper théoriquement à cette solidarité, mais, dans la pratique, les banques obligent le conjoint à se porter caution solidaire, ce qui l’engage aussi. En revanche, quand un couple est marié ou pacsé en séparation de biens, celui qui n’est pas exploitant n’est pas solidaire des dettes. Sauf s’il a dû se porter caution.
Que conseillez-vous aux couples qui s’inquiètent pour leur avenir? S.P. Si vous prévoyez des difficultés,
prenez les devants. L’important est d’anticiper. Dès lors que l’un de vous exerce une profession à risques, vérifiez votre régime matrimonial. Le mieux est d’être en séparation de biens. A défaut, quelques clauses peuvent protéger l’autre d’une éventuelle défaillance. Pensez, si vous avez le statut d’entrepreneur en nom personnel, à protéger votre résidence principale de vos créanciers en la rendant «insaisissable». Une déclaration devant notaire publiée au bureau des hypothèques suffit (coût : 300 € environ au total). Cette protection peut être étendue à tout bien foncier qui n’est pas à usage professionnel (résidence secondaire, terrain...). * Chargée de communication des 29 es Rencontres notariales de Maillot (consultations anonymes et gratuites) le 6 décembre, à Paris et en province, sur le thème « Vivre en couple, des choix sur mesure». Renseignements: www.notaires.fr.
EN LIGNE Un service de plaintes par Internet est expé rimenté dans les Yvelines et en CharenteMaritime. Pour gagner du temps, la victime d’un vol ou d’ une escroquerie dont elle ne connaît pas l’auteur peut faire une déclaration préalable sur www.pre-plainte-en-ligne-gouv.fr/ avant de la signer dans un commissariat.
SOUTRE�MER L’AVANTAGE FISCAL PLAFONNÉ O FUn investissement productif dans un département d’outre-mer (loi Girardin) donnera droit l’an prochain N I à une réduction d’impôt plafonnée, soit à 40 000 € H(net de la rétrocession faite à l’exploitant du bien) par Sfoyer fiscal, soit à 15% du revenu (brut de rétroces Asion) du contribuable. L FBUDGET ���� MARCHE ARRIÈRE Finalement, les cures thermales continueront à être remboursées à 65 %. Le gouvernement renonce aussi à baisser les allégements de charges pour les particuliers qui emploient un salarié à domicile et le déclarent sur la base du salaire réel. PARIS MATCH D U 2 0 A U 2 6 N O V EM B R E 2 0 0 8
POINT DE REPÈRE RETRAITE Travailler jusqu’à �� ans ?
L’âge de mise à la retraite d’office devrait être reporté de 65 à 70 ans à partir du 1er janvier 2010. Un employeur devra donc attendre que son salarié ait atteint 70 ans avant de pouvoir le mettre à la retraite contre son gré. Ce seuil n’empêche pas de partir à 60 ans (âge légal de la retraite) en touchant sa retraite à taux plein, si l’on a tous ses trimestres. Si l’on n’a pas assez cotisé, c’est à compter de 65 ans que l’on peut prendre sa retraite sans que la pension ne subisse de décote.
A LA LOUPE PRÊT GARANTI L’Etat garantit désormais le prêt d’accession sociale (PAS) à hauteur de 60%. Les ressources à ne pas dépasser pour y avoir droit ont été relevées au niveau du prêt à taux zéro: le plafond est de 3750 € net par mois (revenu fiscal de référence) pour un couple avec deux enfants qui habite en province (zones B et C). Un emprunteur peut bénéficier d’un PAS si le logement constitue sa résidence principale. Ce prêt ouvre droit à l’allocation personnalisée au logement (APL) et à un dispositif de sécurisation en cas de difficultés de remboursement. Son taux va de 6,40% (prêt d’une durée inférieure à douze ans) à 6,85% (prêt de plus de vingt-cinq ans). Il peut être complété par un prêt à 0%. La demande est à déposer auprès de l’établissement de crédit de son choix.
A la loupe
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CROISIÈRES E N PAQUEBOT Vous hésitez à embarquer ? Gare aux idées reçues
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N O N A C M M E C O E
T A K
p h o t o s M e r t & M a r c u s pour Topshop
Comment Kate Moss se prépare-t-elle avec ses copines avant une soirée? Pourquoi improvise-t-elle toujours ses tenues? Quel est le pouvoir du « smoky eye » ? A l’occasion de la sortie de sa collection de vêtements de fête pour la chaîne de magasins anglaise Topshop, la plus fêtarde des top models dévoile tous les trucs qui font d’elle la fille la plus « trendy» de la décennie. Robe d’inspiration autrichienne, 65 £ (78 €).
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� POUR DANSER, JE PORTE LES TALONS LES PLUS HAUTS POSSIBLE � Paris Match. Comment vous préparez-vous avant de sortir ? Kate Moss. Je réunis mes copines, mets de la musique et bois un verre pour me mettre dans l’ambiance. La tenue la plus sûre pour une fête ? Une petite robe noire, bien sûr ! Si je sors danser, je porte les talons les plus hauts possible avec ma robe la plus courte. Votre sortie idéale ? Avec beaucoup d’amis, forcément. J’adore aussi les concerts. A Londres en ce moment, j’aime beaucoup aller le jeudi au Punk, avec Queens of Noize, ils ont une programmation hyper éclectique. J’ai toujours passé des soirées géniales – probablement les meilleures de ma vie – pour mes anniversaires, je pense en particulier à la fête donnée pour mes 30 ans. J’ai découvert plus tard que la robe que j’ai mise ce soir-là avait appartenu à Britt Ekland (une ex-James Bond girl suédoise) et quelle l’avait portée pour la première fois dans “L’homme au pistolet d’or”. Je l’aime tellement qu’elle m’a inspiré une robe de ma collection Topshop Christmas. Comme elle est entièrement couverte de sequins bleu nuit, nous n’avons produit que dix exemplaires de la robe longue. La version courte, plus accessible, sera parfaite pour les fêtes de Noël, et se porte encore mieux avec les cheveux décoiffés et des low boots. J’ai passé un autre anniversaire merveilleux à un concert des Rolling Stones qui, comme d’habitude, étaient ahurissants. Inoubliable ! Que doit mettre une fille dans son sac à main pour sortir ? Un eye-liner noir, des clés et de l’argent. Votre boisson favorite du moment? La vodka tonic. Sur quoi aimez-vous danser? Du rock’n’roll et de la house s ui te pa ge 1 28 joyeuse. PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Tee-shirt Love, 25 £ (30€) et pantalon, 50 £ (60€).
LA FOLIE TOPSHOP « Yes we can ! » Depuis septembre, on peut acheter des robes blouses et des tee-shirts vintage du shop le plus fashion de Londres. Les Françaises n’ont plus à forcer mamie à leur payer un billet Eurostar pour se rendre dans l’immense boutique d’Oxford Street. Elles peuvent acheter sur Internet. Thank god, ou plutôt thank Kate : son pull au motif léopard de la dernière collection hivernale s’est arraché en quinze minutes sur la Toile ! Et il n’y aura pas de réassort. Le grand principe de la marque née dans les années 60 : innovation, inspiration de la rue, avec chaque semaine près de 300 nouvelles pièces que l’on ne retrouve plus après écoulement. Car il faut susciter le désir afin de rendre la cliente accro. Dans les années 80, c’était trop ringard. Depuis mai 2007 et qu’une certaine Kate Moss dessine des collections, c’est un suicide social de ne pas posséder une pièce dans sa garde-robe. www.topshop.com Aurélie RAYA
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� JE COLLECTIONNE DES PIÈCES VINTAGE DU MONDE ENTIER� Avec qui aimez-vous danser ? Avec mes copines, et les hommes qui savent danser! Quel parfum porter pour sortir ? Kate Moss Velvet Hour. Le premier parfum que j’ai porté était Anaïs Anaïs, et le premier que j’ai aimé, Chanel N° 5 Que portiez-vous quand vous avez commencé à sortir ? Des baskets montantes et une veste en faux cuir noir à col en fourrure. Où trouvez-vous vos idées de stylisme ? Grâce à mon métier, j’ai parcouru le monde entier et, en chemin, je me suis constitué une immense collection de pièces vintage et d’occasion. Elles ont toutes une histoire, et je leur suis très attachée. Les styles rétro et le vintage me donnent énormément d’idées. A 17 ans, sur un marché aux puces de New York, j’ai trouvé une robe avec un motif panthère similaire à celle que j’ai créée pour la collection – je l’ai toujours. J’ai coupé le bas et je m’en suis inspirée pour ce modèle. La plus vieille pièce de votre armoire ? Quand j’avais 14 ans, j’ai travaillé pour John Galliano, et il m’a payée en vêtements. J’ai toujours ses robes coupées en biais. Que tenez-vous le plus à transmettre à votre fille? Toutes mes robes couture, surtout ma robe “shampooing” à sequins, que m’avait fabriquée Johnny Depp pour mes 21 ans. [NDLR : c’était une robe en satin rouge. Johnny, son petit ami de l’époque, lui avait dit qu’ils sortaient dîner. Alors qu’ils se dirigeaient vers la porte, il a pris une paire de ciseaux et a complètement raccourci la robe. Il a ensuite emmené Kate à son club, le Viper Room de Los Angeles, où attendaient, cachés derrière un rideau, tous ses amis venus en avion pour l’occasion. John Galliano, Michael Hutchence d’INXS, Christy Turlington et Helena Christiensen faisaient partie des personnalités
LES PETITS TRUCS DE KATE N’ayez jamais l’air de vous être trop appliquée – ou, mieux, ne vous appliquez jamais trop. Des effets décalés peuvent ajouter une touche personnelle à une tenue.
Soyez courageuse, tentez une nouvelle coiffure! Cela peut complètement changer votre look pour une seule soirée, et modifier la manière dont vous envisagez votre garde-robe.
Ne reproduisez pas le look des podiums de la tête aux pieds. Mélangez le nouveau et l’ancien, les fringues de marque et celles de la rue – les options sont infinies, et c’est important de s’approprier les choses. Par exemple, pour le mariage d’une amie, j’ai porté une magnifique robe longue Chanel avec une cape en velours bleu des années 30 et des boucles d’oreilles turques, qui ont complètement changé le look de la robe.
Quand vous achetez une pièce d’occasion, ne la prenez pas pour argent comptant: il y a plein de manières de la modifier. J’ai très souvent raccourci l’ourlet d’une robe longue ou agrandi un décolleté. Avoir une très bonne couturière est utile, mais si ça n’est pas le cas, lancez-vous toute seule.
Si vous sortez le soir,
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PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
réfléchissez autant à ce que vous porterez au-dessus qu’à votre tenue proprement dite. Je le redis, le décalage peut très bien fonctionner, et donner un petit côté négligé. Par exemple, n’ayez pas peur de porter une veste en cuir usée avec une robe longue, ou une magnifique veste brodée avec un vieux jean et un tee-shirt. Robe noir et or à manches longues 65 £ (78€).
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� AU LIEU DE SUIVRE LA TENDANCE, CRÉEZ VOTRE PROPRE STYLE� Robe blanche, 100£ (120 €).
présentes ce soir-là, et Gloria Gaynor a chanté “Happy Birthday”.] Des cuissardes et des minijupes... Jusqu’à quel âge peut-on sortir comme ça ? Jusqu’à la trentaine, cela ne pose aucun problème. A la quarantaine, Robe longue en satin, 120£ (144€) une femme peut porter des bottes et des minis avec des collants noirs opaques le soir. Il suffit de ne pas oublier que s’habiller est toujours une question d’attitude, de confort et de confiance en soi. Jusqu’à aujourd’hui, quelle robe dessinée par vous s’est le mieux vendue ? Mes robes imprimées sont tou jours un grand succès, et dans ma colTop brodé, 50 £ (60 €). lection de printemps, la robe rouge à motifs de pensées a été la mieux vendue. Le décolleté convenait à toutes belles jambes, montrez-les, avec une les silhouettes, et la couleur était gérobe courte et des talons ou un jean niale pour l’été. Elle était parfaite pour skinny. Si vous avez une poitrine la journée avec des sandales, mais imposante, évitez les trop grands convenait aussi très bien pour le soir décolletés. Apprenez quels sont vos avec des collants et des talons. meilleurs atouts et éloignez les La veste en cuir parfaite existeregards des détails dont vous êtes le t-elle? moins fan. Portez ce qui vous Oui. C’est une pièce va le mieux. Au lieu de suivre que vous pouvez jeter sur la tendance, créez votre vos épaules tous les jours et propre style. En matière de qui embellit avec le temps. Je vêtements, je suis mon instinct et viens juste d’acheter une veste je m’habille, tout simplement. biker Balenciaga – elle est suPour moi, il ne s’agit pas forcéblime! ment d’être à la mode ou d’inQuels types de bijoux porterpréter les looks des podiums. tez-vous pour une soirée? Cette manière d’intellectualiJ’adore les diamants ser les choses est très loin de d’époque. moi. Je me cale sur un sentiLa robe de Kate vendue ment, une émotion, et je ne Et le maquillage ? à 6 500 exem plaires fais pas forcément de plans Vous avez besoin d’un le printemps dernier. – à moins qu’il ne s’agisse maquillage à “impact”. Les smoky eyes donnent toujours, d’une occasion très spéciale toujours, un bon look. ou que je vienne d’acheter un vêtement que j’aime et que je crève Quels autres conseils donneriezd’envie de porter, comme ma veste vous pour bien s’habiller ? Je ne pense pas aux vêtements biker Balenciaga. Je peux aussi en termes de “tenues”. Je mélange ce m’inspirer des films, ou de looks que je pense être bien pour une soiaperçus sur des vieilles couvertures rée. Tirez toujours le meilleur parti de d’albums ou de livres. © Sunday Times Style. Traduction Raphaëlle Leyris. votre silhouette : si vous avez de PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Robe à détails zig-zag, 100£ (120€).
Robe longue, 120£ (144€).
Tee-shirt à sequins, 35 £ (42€).
Cape, 80 £ (96€).
Cette robe est inspirée d’un modèle ayant appartenu à la James Bond girl Britt Ekland («L’homme au pistolet d’or»). Portée par Kate le soir de son 30e anniversaire, elle existe désormais en deux versions griffée Topshop : courte et longue.
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GRAND AIR
JOGGING 5 ÉTOILES
CHIC GASTRONOMIQUE
C’est le iPod le plus hype du moment: celui gracieusement fourni aux clients de l’hôtel Meurice à Paris, désireux de faire leur jogging en musique dans les jardins des Tuileries. Bleu-vert aux couleurs du palace, ce Shuffle contient une playlist exclusive où se succèdent, à des rythmes adaptés à la course, des morceaux soul, funk, pop et house signés Martin Solveig ou Sébastien Tellier. Ça c’est Palace! C.T.
DÉLICES
S E U Q O F U LO
DE PIED EN CAP
PREMIER DE CORDÉE taien t enEn 1960, les soupières e xis n rigoler. core e t les che fs aimaien t bie es au toil Non con ten t d ’ê tre trois é ver régalai t Grand Vé four, Ra ymond Oli élé vision tou te une généra tion à la t s « Ar t e t dan is a vec Ca therine Langea une te magie de la cuisine ». Tou il l’emépoque… Le res te du temps, e xcenplo yai t à in ven ter des livres se, qui, Mo ur triques a vec le dessina te les « de son propre a veu, a va it mis de dessiner doig ts dans la prise » a van t vé puis ce recueil de rece t tes. Re trou nnée, sio pas réédi té par une édi trice morceau Sabine Bucque t-Grene t, ce t se déde bra voure tendre à souhai On peu t . vre li u gus te comme un bea pour vu ts aussi réaliser chez soi les pla ahouè tes, que l’on aime le singe au x cac eau de la soupe à la tor tue ou le gâ t que pour rien jonquille... Tou t de sui te, Pour e. vous, la langous te en chemis er ce li vre, plus de plaisir, courez cherch vo tre ce sera sans dou te le seul de barbe. sse fau biblio thèque orné d ’une
Caroline TOSSAN ond Oliv er « C uisine in solite » , par Ra ym euro s. et Mo se , éd. de l’E pure , 50
Jamais sans mes semelles crantées ! C’est le conseil à appliquer d’urgence pour éviter le fashion faux pas lors des crapahutages en ville. Isabelle DUPONT
ESCARPIN À TALON
10,5 cm, en cuir verni noir et semelle en gomme dorée, Yves Saint Laurent, 495 €. Tél. : 01 42 65 74 59.
BOTTINE
en cuir marron lisse et crispé sur la tige, lacet en coton chiné, Castaner, 250 €. Tél.: 0140 5000 51.
PARIS MATCH
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
RICHELIEU
compensé en nubuck noir et lacet en cuir glacé, talon de 10,5 cm. Barbara Bui, 430 €. Tél.: 0153018801 .
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Descocons
QUI FONT DU BIEN Se retirer dans une bulle pour faire le vide et recevoir toutes sortes de soins et de bienfaits. C’est le principe du caisson, dont de multiples déclinaisons par illustration éclosent dans les centres de bien-être. Emilie Blachère –
Lotie
Iyashi Dôme Pour éliminer les toxines
LE PRINCIPE : entièrement nu, on se glisse jusqu’aux épaules dans un caisson de céramique aux allures futuristes. En cinq minutes, les infrarouges, qui pénètrent à 40 mm sous la peau, augmentent la température cutanée de 2 °C. Inventé au Japon, le Iyashi Dôme permet une sudation intense et reproduit ainsi une chaleur organique purifiante. LES BÉNÉFICES: en trente minutes, on élimine jusqu’à 1,2litre d’eau, soit l’équivalent en transpiration d’une course à pied de 20 kilomètres... Les métaux lourds et les graisses accumulées s’évacuent. Autre bénéfice : la perte de 600 calories. Idéal pour s’affiner, réduire la cellulite, retrouver une peau jeune, douce et régénérée. A partir de 60 euros la séance. A Paris, Appartement 217, rue Saint-Honoré, Paris I er . Tél.: 0142960096. En province: renseignements sur www.iyashidome.com ou www.infrarouges-longs.com (200 centres en France).
L’Energy Sphère Pour planer
LE PRINCIPE : installé les yeux clos dans un fauteuil acoustique, étrange mélange entre un siège «Egg » de Jacobsen et un «œuf suspendu» de Franco Bentelli, on se relaxe au son de voix douces hypnotisantes. En parallèle, des bruits de moineaux et de vagues accompagnent les vocalises humaines, auxquels se mêlent des flashs lumineux très puissants: 100% détente. LES BÉNÉFICES: trente minutes suffisent pour s’envoler, direction le subconscient. Embarquement pour un voyage original à la découverte de la partie inconsciente de notre cerveau. PARIS MATCH
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
Des souvenirs d’enfance ou des moments marquants refont surface. Une fois l’état de relaxation intense atteint, on s’échappe du quotidien, pour au final voir notre vie avec recul et sérénité. Très efficace pour diminuer l’anxiété, oublier les petits soucis et apaiser l’esprit. 40 euros la séance. Kiétud, 5 bis, passage Doisy, Paris XVII e. www.kietud.com
Le SpaJet2G Pour mincir et se relaxer
LE PRINCIPE: multifonctionnelle, cette bulle épurée translucide allie minceur et relaxation. Le SpaJet 2G combine
L’AVIS DU SPÉCIALISTE Gil Amsallem, kinésithérapeute et consultant chez Sybaritic, fabricant de caissons cocons « Les soins cocons sont des Kärcher cellulaires. Ils favorisent la détoxication à tous les niveaux en nettoyant les zones sales de notre organisme. Les effets sont immédiats: le corps s’oxygène, certaines protéines comme le collagène ou l’élastine sont stimulées. Résultat : on constate une meilleure élasticité de la peau, des tissus mieux nourris, et même un système immunitaire plus efficace. C’est un outil complet qui satisfait à la fois le corps et l’esprit.»
l’aromathérapie, la luminothérapie et le principe de l’hydrofusion. Ce concept unique diffuse infrarouges longs et vapeur hammam pour un résultat 100% thalasso. Alors que les infrarouges éliminent les toxines et agissent sur l’amincissement en déclenchant la transpiration, les arômes d’eucalyptus, les flashs lumineux acidulés et les stimulations musicales orientales procurent plaisir et bien-être. En prime, les cinq sens sont stimulés, voire chatouillés par les dizaines de jets d’eau qui vous arrosent le corps. Envoûtant! LES BÉNÉFICES: les effets sont quadruplés ! En plus de se sentir bien, on élimine par la même occasion quelques kilos en trop. Jusqu’à 5,5 kilos en un mois grâce à une importante sudation cutanée. Au bout d’une demi-heure de somnolence, on est fatiguée mais détoxiquée de toute pollution. La peau respire de nouveau. 55 euros la séance. A Paris, Spa Renaissens, 16, rue Saint-Marc, Paris II e. Tél.: 01 4236 03 30. En province, renseignements sur www.sybaritic-europe.fr
Le Floataway Pour récupérer LE PRINCIPE: c’est une baignoire
géante, remplie d’eau surchargée en sulfate de magnésium. Lorsqu’on y pénètre, la capsule se ferme, nous immergeant dans le noir total pour optimiser cette isolation sensorielle. Comme dans la mer Morte, le corps flotte, et les effets de l’apesanteur sont reproduits. Le plus ? Les claustrophobes peuvent aussi en profiter car il s’utilise la capote ouverte. LES BÉNÉFICES: surprenant et immédiat. Cet état de flottaison nous plonge en dix minutes dans un sommeil profond. Une heure de floataway équivaut à quatre heures de sommeil. C’est idéal pour lutter contre les effets du décalage horaire ou pour se reposer après des journées harassantes. Autre avantage : à l’inverse du sel, le sulfate de magnésium adoucit la peau et pénètre en profondeur. 80 euros la séance. A Paris, Kiétud, 5 bis, passage Doisy, Paris XVII e. www.kietud.com. Renseignements sur www.floataway.com/Francais.html
135 UNE BOUFFÉE D’AIR FRAIS ! Emprisonné dans une bulle, on respire un air pur à 99,99%, allongé sur une table de massage shiatsu... Encore mieux qu’un séjour en altitude! Le corps s’oxygène tandis que les muscles se relâchent sous l’effet de pierres de Jade. Un vrai moment de décontraction. 25 euros les 40minutes. Institut Thera Ch’i, 52, rue des Dames, Paris XVII e. Tél.: 0177321516.
L’ICE LOUNGE S’EXPOSE! Imaginé par le designer Claudio Colucci, l’Ice Lounge permet de déguster des glaces Mövenpick dans des conditions inédites. Isolés du reste du monde par une stimulation musicale et visuelle, les occupants de ce duo de sièges en forme de boule peuvent s’y délecter de parfums originaux. Exposé au Swiss Lounge, ce caisson de gourmandise accueille les fines bouches jusqu’au 29 novembre. Swiss Lounge, 38,rueQuincampoix,Par is I V e. www.barafromagesdesuisse.com
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Volkswagen Golf VI
TOUCHE PAS À MON ICÔNE Pour sa sixième génération, le best-seller de la firme allemande a tout changé sans rien changer. Chronique d’un succès annoncé.
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Lionel Robert photos Laurent Lacoste
ON A AIMÉ La Golf est aux berlines compactes ce que la Porsche 911 est aux sportives: une icône indémodable. La comparaison est flatteuse mais méritée. Génération après génération, la petite familiale de Wolfsburg se bonifie sans révolutionner le concept initial qui a fait son succès. Véritable écrin de polyvalence, la Golf VI brille par son confort de conduite, sa sécurité active et son insonorisation aux petits oignons. Comme à son habitude, la rivale de la Mégane et de la 308 séduit par son ergonomie et le sérieux de sa fabrication. L’habitacle se révèle plus hermétique que jamais, les plastiques n’ont jamais été aussi valorisants et les ajustements rappellent ceux d’une Audi. Il y a pire référence. Pas franchement plus habitable ni plus fonctionnelle que la précédente mouture, la nouvelle Golf hérite, en revanche, des ultimes raffinements technologiques du moment, telles la suspension pilotée DCC (1080 €) ou la boîte robotisée DSG à 7 rapports (1 400 €). Elle propose même quelques équipements hightech comme le Park Assist (922 €) qui vous simplifie les créneaux ou le système de navigation à écran tactile (2 429 €), simple et convivial. En abandonnant les injecteurs pompes au profit d’un système par rampe commune, les moteurs TDI se révèlent encore plus souples et surtout plus discrets que par le passé. Sobre et performante, la version diesel 140 ch devrait séduire les gros rouleurs. Mais le 1.4 litre turbo essence (122 ch) ne mérite que des éloges. A noter qu’une Golf 1.6 TDI 105 ch, dotée d’un bonus écologique de 1 000 €, sera disponible à l’été 2009. A partir de 25 050 € (2.0 TDI Confortline 5 places), 140 ch, 209 km/h, 4,9l/100 km, CO2 : 129 g/km (bonus: 200 €).
Ç A NOUS A DÉPLU Un peu de coupé Scirocco par-ci, un soupçon de 4 x 4 Touareg par-là, quelques arêtes plus saillantes, et le tour est joué... A l’évidence, les designers de Volkswagen n’ont pas forcé leur talent pour concevoir la nouvelle Golf. Les non-initiés n’y verront que du feu et les fidèles devront s’en contenter. Les tarifs non plus n’évoluent guère. C’est une très bonne nouvelle mais, avec quelques options bienvenues, la note peut vite devenir salée. Ça s’appelle du marketing. Et en la matière, la Golf s’y connaît. Plus concrètement, on peut aussi lui reprocher un rebord de coffre élevé, qui entrave l’accès à la malle, et une rétrovision altérée par les épais montants de custode.
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TROIS QUESTIONS À... Olivier Bizot, directeur marketing de Volkswagen France
Paris Match. Pourquoi la nouvelle Golf est-elle esthétiquement si proche de celle qu’elle remplace? Olivier Bizot. Nous ne voulions pas rompre avec l’héritage des cinq premières générations, les fidèles de la Golf ne l’auraient pas compris. Quant aux nouveaux clients, ils viennent justement en concession pour acheter une Golf, et pas autre chose. Mais je vous rassure, en dehors du toit, toutes les pièces sont nouvelles.
Sur quels critères a-t-elle progressé, selon vous?
Son insonorisation est exceptionnelle. La qualité de la finition s’est améliorée grâce à l’apport de nouveaux matériaux. Ses motorisations sont plus sobres et son rapport prix-équipement est équivalent à celui de l’ancienne génération. Filtre à particules (pour les diesels) et airbag de genoux conducteur, par exemple, sont livrés en série.
La Golf a-t-elle de l’avenir?
Le segment de la berline classique demeure un marché très porteur. Les jeunes couples ou les petites familles auront toujours besoin de ce genre de voitures. La preuve: malgré la déclinaison de la gamme, il continue de se vendre trois fois plus de berlines Golf que de Golf Plus et de Golf SW (break) réunis.
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PAR ANNE�LAURE LE GALL
CROISIERES LES � CONTREVÉRITÉS Après les Etats-Unis, c’est la nouvelle folie en Europe: des paquebots, toujours plus grands, sont lancés à un rythme effréné. Vous hésitez à embarquer? Gare aux idées reçues! es aménagements et une décoration luxueux, des
Dcabines ultra-confortables avec vue sur la mer, un roomservice 24 heures 24, un personnel stylé digne d’un quatre-étoiles... et des prix au diapason? Certes, la croisière n’a jamais eu la réputation d’être bon marché, mais l’arrivée de très LA CROISIÈRE T S grands paquebots a radicalement C ’E modifié la donne. MSC et Costa, TROP CHER les deux principaux croisiéristes européens, pratiquent à fond le «early booking»: plus vous réservez tôt, moins cher vous payez votre voyage. Baptisés Prima chez Costa et Presto chez MSC, ces tarifs permettent de bénéficier d’importantes réductions par rapport au prix brochure. De plus, chez les deux croisiéristes, les enfants de moins de 18 ans voyagent gratuitement (à condition de partager la cabine de deux adultes payants). Reste à régler à bord les suppléments classiques (pourboires, excursions, bar...).
peut alors choisir une excursion organisée par le bateau ou bien S E É N à la découverte des villes et JOUR S partir E U G N O L T N des sites en toute liberté. Si vous O S restez à bord, aucune chance de vous ennuyer. Le pont supérieur comprend une ou plusieurs piscines avec quantité de transats, des animations ponctuent les journées, et sur les navires les plus récents de somptueux spas ont été aménagés. Le soir, quand le bateau appareille, vient l’heure de l’ouverture du casino et des boutiques duty free. Pour le dîner, chacun se met sur son trente et un, avant d’assister au spectacle qui se tient dans des théâtres dignes de Las Vegas! Et à minuit, buffet surprise dans les salons.
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«
n dix ans, les croisiéristes ont perdu dix ans d’âge! » Georges Azouze, P-DG de Costa croisières France, démonte l’argument en un clin d’œil. Le temps des croisières guindées semble bien révolu quand on embarque sur les bateaux les plus récents: ils ont tout du club de vacances flottant. A bord, ça bouge, et pas forcément parce que la mer est agitée. Les Européens de tous les S A P T S âges s’y côtoient, en fonction des C ’E vacances scolaires, et les Italiens y POUR S E N U E J S viennent en voyage de noces ou en E L
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PARIS MATCH
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Avant d’embarquer pour ma première croisière sur un «mégaship», le «MSC Orchestra» et ses 2000passagers, je craignais avant tout le manque de contact avec la mer, la sensation
extérieures sont désormais les plus nombreuses, très
Ci-dessus, la cheminée du «MSC Orchestra» et les balcons des cabines. Ci-contre, vue extérieure d’une suite chez Costa. En ht à g., le «Costa Serena».
spacieuses (une vingtaine de mètres carrés), avec lit king size, canapé (pouvant accueillir deux enfants) et surtout avec baie vitrée ouvrant sur un balcon privé. L’arrivée
famille, sur trois générations. La gratuité pour les enfants (voir 1) et l’offre de loisirs ont radicalement fait évoluer la clientèle.
chaque matin dans un port différent se vit intensément et en toute intimité
’il s’agit de votre première croisière, rendez-vous dans votre agence de voyages pour vous procurer les brochures, à feuilleter attentivement chez vous. Face à une infinité de possibilités, on peut soit privilégier un bateau pour ses atouts (confort, capacité, port d’embarquement...), soit détermiC ’ES T UN À E ner d’abord un itinéraire pour T Ê CASSE� T R l’intérêt de ses escales. A noter: les ORG A NISE navires sont positionnés alternativement en Europe, en Afrique, en Asie ou aux Caraïbes, en fonction des saisons.
à l’heure du petit déjeuner, servi sur votre balcon : vous
ormis les rares jours de navigation, le paquebot est en
A BORD, LES
LA CABINE AVEC BALCON SUR LE �MSC ORCHESTRA�
d’enfermement. Mais ce qui n’était réservé qu’à des privilégiés occupant les quelques suites devient la norme sur les nouveaux paquebots. Les cabines
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Hescale et la plupart des passagers descendent à terre. On
J’AI TESTÉ
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assurez-vous, de très gros efforts sont entrepris par les
Rcroisiéristes pour former le personnel à l’accueil de toutes les nationalités. La France, qui reste un marché à conquérir, fait l’objet de toutes les attentions. Vous serez en contact avec une femme de chambre parlant un peu français et, au restaurant, les serveurs ON NE prennent la commande dans votre P A RLE P A S langue natale. Les menus et le journal S I A FR A NÇ de bord sont rédigés en français pour les passagers français. Les annonces diffusées par hautparleurs se font en quatre langues, dont le français. Renseignements en agence d e voyages, sur www.costacroisieres.fr et www.msccroisieres.fr.
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découvrez la baie de Naples, celle de Palerme ou encore les côtes espagnoles à votre rythme, nez au vent. Dans la journée, si l’on n’est pas à terre, on vient bouquiner au soleil dans les fauteuils extérieurs, boire un verre, au calme. Et le soir, on s’endort, fenêtreentrouverte, dans le bruissement du bateau glissant sur les flots vers une nouvelle escale. A.-L. Le G.
X M I E U V A U T N I R E P R É V
140 PAR SABINE DE LA BROSSE
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LES CANCERS AVANCÉS QUI DEVIENNENT MALADIE CHRONIQUE Le Pr David Khayat explique les nouveaux traitements ciblés qui arrêtent l’évolution de nombreux cancers, il est aussi l’auteur des « Mots sur les maux du cancer », éd. Mango. Paris Match. Aujourd’hui, quels sont les taux de guérison des tumeurs les plus fréquentes? Pr David Khayat. En ce qui concerne le cancer du sein, plus de 80 % des femmes traitées actuellement en guériront. On aura un taux de guérison assez proche pour les cancers de la prostate (75 %) et pour ceux du côlon (70 %). Avec les thérapies actuelles, il existe aussi un taux très élevé de guérisons chez les personnes atteintes de certains cancers des ganglions et du testicule. Les cancers de l’enfant bénéficient aussi largement des avancées. Quel est le mode d’action des tout derniers traitements ciblés? Pr D.K. Les pronostics de certaines tumeurs ont bénéficié d’une amélioration spectaculaire grâce à ces nouvelles armes ciblées ! Au lieu de bombarder l’ensemble des cellules de l’organisme avec des drogues de chimiothérapie, on cherche à attaquer uniquement les mécanismes moléculaires qu’utilisent les cellules cancéreuses pour être aussi redoutables. P A R I S M A T C H D U 2 0 A U 2 6 N O V E MB R E 2 0 0 8
Avec ces nouveaux traitements, on vise spécifiquement les molécules à l’origine de ces mécanismes néfastes pour bloquer ou tuer les cellules cancéreuses, tout en préservant les cellules saines. Quels cancers ont bénéficié de ces nouvelles thérapies? Pr D.K. Ceux du sein avec deux médicaments totalement novateurs. Le premier, le trastuzamab, vise spécifiquement les cellules cancéreuses d’un sous-groupe de tumeurs (20 %) porteuses d’une substance spécifique, le HER 2. Là, le taux de guérison augmente de plus de 40%! Le deuxième médicament, le bevacizumab, cible les vaisseaux qui alimentent la tumeur, la privant ainsi de l’apport d’énergie nécessaire à sa croissance. Utilisé cette fois dans les phases métastasées, il augmente de 40 % l’efficacité des chimiothérapies traditionnelles. Les cancers du côlon métastasés ont eux aussi bénéficié du bevacizumab : associé à une chimiothérapie, il accroît d’environ 30 % les taux de rémission. Un autre nouveau médicament,
le cetuximab, administré pour traiter certains cancers du côlon, parvient à bloquer avec une grande spécificité les récepteurs situés sur les cellules cancéreuses leur permettant de croître et de proliférer. Là, l’association de cette molécule avec la chimiothérapie augmente, dans les mêmes proportions, les espoirs de longue rémission. Peut-on aussi traiter de façon ciblée certaines tumeurs du poumon? Pr D.K. Pour les cancers pulmonaires qui ne sont pas “à petites cellules”, il y a eu une grande avancée avec l’arrivée d’un traitement ciblé, l’erlotinib, qui s’administre non plus en intraveineux mais par voie orale. Ce médicament vise un récepteur spécifique présent sur la plupart des tumeurs pulmonaires. Il a l’avantage d’être efficace seul, sans chimiothérapie. Tous ces traitements ciblés n’entraînent ni chute de cheveux ni nausées. Mais ils peuvent induire d’autres effets secondaires, tels que poussées d’acné, hypertension... Quelles ont été les autres avancées ? Pr D.K. A mon avis, le plus grand progrès observé tient au fait que, lorsqu’un malade rechute avec l’apparition d’une métastase, nous avons aujourd’hui les moyens de le guérir dans un nombre de cas non négligeable. Cela est une véritable révolution ! Médicale, certes, mais aussi dans la conception de cette maladie. Les résultats positifs sont dus non seulement aux traitements ciblés, mais aussi à de nouvelles chimiothérapies, de nouveaux traitements anti-hormonaux, certains biphosphonates, tel l’acide zolédronique. Il faut aussi parler de la chirurgie, qui, de nos jours, permet d’enlever une et même plusieurs métastases. Autre avancée ma jeure: le vaccin contre le papillomavirus, agent infectieux induisant un cancer du col de l’utérus. Votre nouveau livre répond-il aux questions que l’on vous pose ? Pr D.K. Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui passent par l’épreuve du cancer et doivent en gérer les effets secondaires médicaux, psychologiques ou sociaux. Il s’agit d’un livre de conseils pour les patients et leur entourage. ■
Sclérose en plaques : nouvel espoir de traitement Un pas important vient d’être franchi par des chercheurs britanniques qui ont utilisé un médicament destiné habituellement à traiter certaines formes de leucémie lymphoïde (un cancer du sang touchant surtout les personnes âgées). L’alenmtuzumab est un anticorps monoclonal dirigé contre les globules blancs. La sclérose en plaques touche près de 3 millions de personnes dans le monde, et se caractérise par une destruction progressive de la myéline, l’enveloppe protectrice des nerfs, par le système immunitaire du sujet. Jusqu’à présent, le traitement de fond a été assuré par les interférons bêta, qui permettent d’espacer la survenue des poussées. Une étude, réalisée chez 334 patients âgés de 20 à 30 ans durant trois ans, a comparé l’alenmtuzumab aux interférons et montré des résultats supérieurs avec le premier: réduction de 74% du nombre des poussées et de 71% du risque de voir apparaître un handicap aggravant. Un bémol cependant: les effets secondaires de l’alenmtuzumab sont fréquents et non négligeables: baisse importante des globules blancs et des plaquettes, risque d’hyperthyroïdie...
UNE FONDATION POUR APPRENDRE À BIEN S’ALIMENTER La progression de l’obésité en France se confirme à travers une série d’études concordantes chez l’enfant comme chez l’adulte. Selon le Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Crédoc), on assiste notamment à une forte augmentation des achats de sucreries et à une perte des habitudes de repas à heures fixes. Pour aider les familles à adopter des comportements alimentaires béné-
fiques, la société Nestlé a créé la Fondation d’entreprise Nestlé France. Parmi les diverses actions engagées : la mise en place d’ateliers culinaires, d’une Maison de la nutrition ouverte au grand public, d’Espaces bébé-maman en partenariat avec la CroixRouge (destinés aux mères en situation de précarité). Cette fondation s’est aussi engagée à cofinancer des projets de recherche. Pour plus de renseignements: www.fondation.nestle.fr.
LA VITAMINE B�: UN EFFET ANTI-ALZHEIMER?
Selon les résultats d’une étude américaine conduite chez la souris (génétiquement modifiée pour développer la maladie d’Alzheimer), la vitamine B3, ou acide nicotinique, très présente dans le lait, les œufs et les légumes feuillus, permettrait de réduire l’accumulation cérébrale de neurofibrilles « Tau» qui caractérisent en partie l’Alzheimer. Les résultats font apparaître une préservation de la mémoire chez les animaux traités.
142
PAR
Q.I
La forme du mois Q.E
KAKURO Complétez la grille en plaçant un chiffre dans chaque case. Les nombres dans les flèches indiquent la somme de tous l es chiffres de l’alignement correspondant. Chaque alignement ne comporte que des chiffres différents de 1 à 9 et pas de zéro. Pour vous mettre sur la voie un chiffre est déjà placé.
Testez votre forme intellectuelle (Q.I.) et émotionnelle (Q.E.) du mois à l’aide des questions ci-dessous. Répondez à toutes les questions et reportez vous au tableau de la page149 pour une évaluation de votre forme mentale.
A
Combien y a-t-il de signes différents ?
6 1
7 2
8 3
8
25 15
3
6
1
25 12
7 24
17
11
Quelle histoire vous fait le plus vibrer ? 1 2 3 4
C
12
18
9 4 15
B
CHANTAL DE SÉREVILLE
5
27
Roméo et Juliette La Disparition de l’Atlantide L’Épopée d’Alexandre le grand Frankenstein
23
6
11
19 17
15
I
2
3
4 10
9 25
1
D
2
3
7
17 1
1
28
3
4
9
8
E
7
T
6
R
5
V
4
F
3
N
2
I
S
Qu’est-ce qui vous fait rêver ? I 3
G
21
2
29
MATCH POINTS A partir des huit lettres données, utilisées chacune au moins une fois, et en tenant compte de leurs valeurs respectives, formez des mots de trois à six lettres dans cette grille, horizontalement et verticalement, de manière à obtenir le meilleur score possible. Les noms propres et les verbes conjugués ne sont pas admis ainsi que les participes passés et les pluriels. Calculez les totaux des mots composés horizontalement et verticalement. Notre score est de 336 points. A vous de le battre!
4
14 16
7
4
Tous les jetons peuvent être groupés par paires ayant une somme identique sauf un : lequel ?
18
F
3
Choisissez une de ces monuments pour mettre au centre de votre “ville idéale”.
1
E
2
4
21
12 18
Quelle figure numérotée continue la série ?
20
Conquête Passion
2 4
Découverte Aventure
On peut former 3 mots ayant un sens semblable avec chaque groupe sauf un : lequel ?
I SE C H M E
H
L O I
2 A E N P
P 3 B U E S O L
R A E
4 G S C
O
Choisissez un titre pour ce dessin Vers l’écologie Variété Solidarité Bataillon
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SOLUTIONS PAGE 14� PARIS MATCH
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
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TRENTE ANS APRÈS, LE MONSTRE EST ENFIN JUGÉ
Douch �5 ANS PAR ROMAIN CLERGEAT
TORTIONNAIRE KHMER L
e Cambodge des Khmers rouges a battu tous les records en matière de tortures et d’exécutions. Sous le règne de Pol Pot – mort en 1998 –, ce régime qui
ne dura que quatre ans, de 1975 à 1979, extermina entre 2 et 3 millions de Cambodgiens, soit plus d’un tiers de la population. Un véritable autogénocide assorti d’un impitoyable système d’oppression. L’un de ces tyrans froids, Douch, a été démasqué alors qu’il travaillait dans une ONG. Converti au christianisme et rongé par le remords, il a tout révélé: de l’application méthodique des pires atrocités aux assassinats de familles entières. Son procès va bientôt s’ouvrir à Phnom Penh sous l’égide de l’Onu. Notre reporter a rencontré son juge, son avocat, et l’un des rares survivants. Suffocant d’horreur.
Douch à son procès, avec l’un de ses avocats, Kar Savuth.
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Khmers rouges: Un siège à l’ONU pendant dix ans ! MARCEL LEMONDE, JUGE D’INSTRUCTION INTERNATIONAL DU TRIBUNAL SPÉCIAL Paris Match. Quelles sont vos méthodes d’investigation pour juger des faits commis il y a plus de trente ans? Marcel Lemonde. Il y a un gros travail de synthèse, car on parle de faits innombrables. L’avantage, c’est qu’on s’appuie sur les travaux déjà effectués par les chercheurs. Le risque, c’est d’être noyé sous la masse. De plus, les enquêtes, certes minutieuses, ne l’ont pas été dans une optique judiciaire. Quand on lit un long témoignage sur des souffrances, des émotions qui remontent, c’est important, mais ça n’a aucune utilité juridique. Nous ne sommes pas là pour écrire l’Histoire mais pour faire un procès. Et puis il y a tous les documents qui viennent du centre de torture de Tuol Sleng ou S21 : ils sont d’une utilité capitale.
Pourquoi y a-t-il seulement cinq inculpés?
Ceux-là étaient les premiers auxquels on pouvait s’intéresser. Cela ne veut pas dire qu’il n’y en aura pas d’autres.
S2� TORTURE ET EXTERMINATION 21 était un centre de sécurité secret pour la détention, l’interrogatoire, la torture et l’extermination des prisonniers. Parmi les douze mille personnes qui y ont séjourné, sept en sont ressorties vivantes. Les bâtiments sur trois étages de cet ancien lycée français (photo) furent transformés en salles d’interrogatoire et de torture. La plupart des détenus y étaient accusés de «trahison au parti », un terme aux implications floues. Casser sa bêche en travaillant dans un champ était considéré comme du sabotage. Tout comme se reposer un instant ou ramasser une miette de pain. A l’intérieur même de la prison, ceux qui étaient commis aux interrogatoires pouvaient passer régulièrement de l’état de bourreau à celui de victime si l’encre du stylo avec lequel ils prenaient les dépositions venait à manquer. A leur tour alors, ils subissaient des sévices pour leur faire avouer les complots qu’ils fomentaient forcément. A S21, on ne venait pas suspect pour finir coupable. On arrivait coupable puisque suspect. A la tête de ce système, un homme: Douch. Cet ancien professeur de mathématiques édicte une méthode de travail pour les interrogatoires. Il en supervise beaucoup, annote à l’encre rouge les confessions, réclame des précisions. Sa logique sécuritaire est sans limites: il torture lui-même deux de ses beaux-frères. Il enseigne à ses subordonnés la cruauté sans passion, la violence comme instrument, rappelant aux tortionnaires qui l’assistent des principes de base: « Vous ne devez pas battre les prisonniers quand ils sont en colère, car alors les battre ne leur fait pas mal. » Au moment de l’intervention vietnamienne en 1979 qui met un terme à la folie du régime des Khmers rouges, douze mille prisonniers, passés entre ses mains, ont été exécutés. A la chute du régime, Douch parvient à s’enfuir. Il se convertit au christianisme et travaille pour une ONG américaine. Par hasard, en 1999, un journaliste américain en reportage, Nic Dunlop, le reconnaît. Il nie un instant avant d’avouer dans un flot verbal tous les crimes devenus trop lourds à porter pour sa conscience.
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PARIS MATCH D U 2 0 A U 2 6 N O V E M B R E 2 0 0 8
La compétence du tribunal s’étend aux dirigeants du Kampuchéa démocratique (en gros ils sont là), puis aux responsables des crimes les plus graves. C’est-à-dire Douch, et éventuellement d’autres qui sont à déterminer par les procureurs et par nous. Cela dit, l’accord de 2003 est assez clair: notre rôle est de juger les plus hauts responsables. Notre tribunal est conçu comme celui de Nuremberg plutôt que comme celui de La Haye, où on juge des exécutants.
Il existait environ 140 centres de torture à l’époque des Khmers rouges. Pourquoi Douch est-il le seul inculpé?
Dans les autres centres d’interrogation, il n’y avait pas forcément la même masse d’informations qu’à Tuol Sleng. S21 occupait une place particulière dans le système. C’est là que se passaient les choses les plus importantes. Toutes proportions gardées, c’est comme si on disait Auschwitz et Bergen-Belsen, c’est pareil.
Douch a été emprisonné ces huit dernières années sans aucune base juridique. Comment avez-vous réglé ce problème?
On s’est penché sur la question, car effectivement il a été détenu pendant huit ans dans des conditions discutables, problématiques avons-nous dit. On a considéré que ce qui avait été décidé par la cour militaire cambodgienne à l’époque n’avait aucune incidence sur ce tribunal et sur notre procédure. Il y a eu des précédents, avec Eichmann par exemple, enlevé au mépris du droit, mais la Cour suprême israélienne avait statué là-dessus. Le cas de Barbie était similaire aussi.
Comment vous apparaît Douch?
Ce n’est pas un monstre, mais un être humain qui a manifestement ses qualités et ses défauts. C’est étrange, bien sûr, quand on pense à ce qui lui est reproché. On s’attend à trouver quelqu’un qui ne soit pas un homme. Mais c’est aussi pour cela qu’il peut être jugé. Parce que c’est un homme justement.
Il semble avoir gardé une mémoire très précise de faits qui remontent à plus de trente ans. N’est-ce pas étonnant? Je me suis posé la question, mais finalement on se souvient très bien de ce qui s’est passé il y a trente ans. Surtout si ce sont des événements marquants. Il y a des inconvénients à juger trente ans après, car des témoins sont morts ou ne se souviennent plus, mais il y a aussi des avantages : des choses peuvent sortir aujourd’hui, qui n’auraient pu émerger dans les dix ans qui ont suivi.
Les autres inculpés semblent moins coopératifs que lui, n’est-ce pas?
Un certain nombre utilisent leur droit au silence en effet. Mais une instruction, ce ne sont pas que des interrogatoires. Si un inculpé refuse de répondre, on abandonne la partie interrogatoire et on se penche sur les documents à analyser, les témoins à entendre, etc. On a plutôt trop de documents pour l’instruction que pas assez.
Comment se déroule le procès de Douch?
On parle de milliers de morts. Il prendra sans doute plusieurs mois. Ce procès est le premier. Il faut régler les
145 problèmes de traduction. Il y a trois juges cambodgiens qui ne parlent ni anglais ni français, un juge français qui parle anglais mais tient à travailler en français, et un juge anglophone qui ne parle ni français ni cambodgien. Ça n’est pas simple à faire fonctionner. On le voit déjà lors de l’audition de témoins. Pour rédiger trois pages de procès-verbal, ce qui prendrait d’ordinaire deux heures, il nous faut toute une journée. Mais on y arrive. L’une des clés de l’inculpation de Douch ne résidet-elle pas dans la question : a-t-il lui-même tué ? Cela fait partie de l’instruction de déterminer quel a été son rôle. Est-ce une responsabilité de supérieur hiérarchique ? De complice ? D’auteur principal qui participait à la torture et aux exécutions? Il faudra déterminer s’il participait à une entreprise criminelle commune ou individuelle. La Chine fut le seul pays à soutenir le Kampuchéa démocratique. Allez-vous les mettre en accusation ? Nous sommes là pour juger les actes commis entre le 17 avril 1975 et le 6 janvier 1979 dans le cadre du régime et par les principaux responsables. On n’a pas compétence pour juger Henry Kissinger, qui ordonnait les bombardements du Cambodge. Mais ce n’est pas parce qu’il ne pourra pas être jugé par ce tribunal qu’on ne parlera pas du problème. Certains mettront en cause la Chine pour avoir soutenu le régime, d’autres mettront en cause l’Onu pour avoir maintenu un siège aux Khmers rouges pendant dix ans alors qu’on savait ce qui s’était passé. Les avocats de la défense ne se priveront pas d’invoquer ce scandale. N’est-ce pas une difficulté d’avoir des témoins souvent illettrés ? Les survivants de Tuol Sleng savent très bien ce qu’ils disent. Et ce n’est pas parce que quelqu’un est analphabète qu’il est un mauvais témoin. Avez-vous interrogé le chercheur François Bizot, qui a connu Douch en 1971 ? C’est fait. Son témoignage éclaire la personnalité de Douch puisqu’il a passé trois mois avec lui. Il avait établi une relation qui a conduit à sa libération. C’est extraordinaire. En outre, il a été au cœur de l’ambassade de France lors de l’entrée des Khmers rouges. Il a assisté à l’évacuation de Phnom Penh. Un fait qui peut être considéré comme un crime contre l’humanité. Avez-vous convoqué l’ancien roi Sihanouk, 86 ans ? Pas encore, mais ce n’est pas exclu. C’est envisageable. Beaucoup de Cambodgiens souhaitent entendre le repentir des accusés et sont prêts à accepter leur libération si tel était le cas. En tiendrez-vous compte dans votre jugement final? Il faut tenir compte du caractère culturel particulier, qui n’est pas celui de l’Occident. Si ce procès était organisé à La Haye par exemple, il n’aurait aucun sens pour l es Cambodgiens. Il faut fonctionner en juge classique tout en
IL A PERDU SA FEMME ET SES SEPT ENFANTS CHUM MEY, UN SURVIVANT «
uand je suis arrivé lors de la reconstitution, j’ai vu Douch devant l’entrée de Tuol Sleng. Il se tenait les mains jointes au-dessus de la tête et il pleurait en disant: “Pardonnez-moi, pardonnez-moi.” Il s’est excusé, a dit qu’il était éduqué maintenant et qu’il n’aurait jamais dû se laisser influencer par ceux qui lui ont ordonné de commettre des crimes horribles. Lors de la reconstitution, Douch ne m’a pas reconnu, mais il a reconnu Van Nath et Bou Meng. Ils lui ont demandé s’il se souvenait qu’il les regardait peindre tout en donnant des ordres pour torturer ou tuer un prisonnier. Il a répondu oui. Depuis S21, j’ai un sentiment de colère. C’est ce qui m’a permis de vivre, de tenir face à la mort de ma femme et de mes sept enfants. Dès que je l’ai revu, tout m’est revenu. Je me sens mieux depuis cette confrontation avec Douch. Auparavant, dès que quelque chose avait trait à S21, je m’effondrais en larmes. Depuis cette visite, c’est fini. Je ne sais pas pourquoi. Je croyais qu’aucun tribunal ne verrait jamais le jour. Désormais, je suis plus confiant. A S21, je pourrais presque dire que je n’ai jamais vu Douch, car il me faisait tellement peur que je n’osais pas le regarder, même par en dessous. J’étais mécanicien, je réparais les camions qui amenaient les gens pour la torture et qui les emmenaient à la mort. Pourquoi ai-je été épargné? A ce jour, je me le demande encore. Les gardes khmers rouges ont failli me tuer dix fois. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait alors qu’ils se débarrassaient tous les jours de n’importe qui pour n’importe quelle raison, je ne sais pas. Les Cambodgiens et moi, nous plaçons beaucoup d’espoir dans ce tribunal. J’attends la vérité et un procès juste. Je sais que Douch a exécuté des ordres. Nun Chea, le numéro deux du régime, a pour sa part nié les crimes. Il a dit que les 2 millions de victimes étaient mortes à cause de la guerre. Quelle guerre? Nun Chea répète qu’il aime son peuple et il l’a tué. Je veux une sentence juste. Je suis contre la peine de mort. S’ils avouent, demandent pardon, je suis même prêt à ce qu’on les remette en liberté. Ils sont vieux de toute façon. Que signifierait une peine à vie? Dans le cœur d’un Khmer, si tu admets ta faute, tu es pardonné. A quo i cela sertil de mordre un chien qui vous a mordu? »
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prenant en considération les particularités l ocales. En justice internationale, on est toujours à la frontière entre justice et politique. Ce qu’on essaie de faire ici, c’est de combiner justice locale et droit international. Et cela peut sauver la justice internationale. Car quand on considère la procédure anglo-saxonne, comme dans le cas du procès Milosevic, elle apparaît inadaptée pour ce genre de crimes : l’instruction “à l’anglaise” est faite par les parties, et l’intérêt de la défense n’est pas que le tribunal soit saisi le plus vite possible des faits les plus simples. C’est de multiplier les problèmes à résoudre de façon que cela devienne tellement compliqué qu’il n’y ait plus d’avancement. Résultat : au bout de quatre ans et demi d’instruction, su it e pa ge 14 6 Milosevic est mort.
Ces peintures signées d’un ancien détenu, Van Nath, sont de vrais documents journalistiques.
parismatch.com
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«Douch ne s’est pas “éclaté” dans sa fonction» FRANÇOIS ROUX, AVOCAT FRANÇAIS DU BOURREAU
En haut, Douch aujourd’hui et, en bas, en 1978, avec sa femme et sa fille, quand il dirigeait S21.
Paris Match. Pourquoi avez-vous décidé de défendre Douch? François Roux. J’ai été commis d’office et j’étais plutôt satisfait que ce soit pour Douch. C’est une personnalité intéressante: cet homme s’est converti au christianisme et a exprimé des regrets lorsqu’il a été arrêté. Comme le dit un chercheur australien: si vous voulez comprendre comment Douch a pu devenir ce qu’il a été, ne cherchez pas plus loin qu’à l’intérieur de vous-même. L’axe de défense de Douch a été de dire : “Je reconnais tout, mais je veux qu’on montre que j’étais un rouage d’un système décidé par d’autres.” N’est-ce pas le même argument que celui qui fut utilisé par certains nazis à Nuremberg? Depuis Nuremberg justement, l’obéissance à un ordre illégitime ne peut en aucun cas être avancée comme système de défense ou comme argument derrière lequel s’abriter pour se justifier. Y compris dans le droit français. Récemment encore, la cour d’appel de Paris a rappelé que même un ordre illégitime du président de la République française ne devait pas être suivi. Dans un régime de terreur, l’obéissance peut constituer une circonstance atténuante mais en aucun cas une cause exonératoire. Quels sont alors vos axes de défense? Depuis trente ans, beaucoup a été écrit sur S21. Jamais le protagoniste principal, son commandant, n’avait eu sa version des faits. On a donc pu judiciairement confronter ce qui avait été dit, ce qui était de l’ordre de la muséographie par exemple, avec la réalité exprimée par les victimes et leur bourreau. Face à face. Cela a permis aussi de confronter Douch à son passé. Trente ans après, ce n’était pas rien. Il l’a souhaité. Ce fut un moment intense. Douch se souvient très bien de ce qu’il a fait. Dans le livre de Van Nath, l’un des rares survivants de Tuol Sleng, Douch est décrit comme un froid ordonnateur sans sadisme. Douch n’était pas un pervers, et il ne s’est pas “éclaté” dans sa fonction. Cela résulte du phénomène de la terreur. Ils étaient tous dans des processus de terreur. Y compris lui.
KHMERS ROUGES UN SYSTÈME SÉCURITAIRE
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ès son installation au pouvoir, en 1975, le régime khmer rouge contient, en son germe, la logique d’un système sécuritaire. En premier lieu, puisque c’est l’année zéro, il faut traquer et éradiquer toutes les mauvaises herbes de l’ancien régime de Lon Nol. Parallèlement, et hormis un soutien tacite mais discret de la Chine, les Khmers rouges se savent seuls au monde et vont pousser la logique jusqu’à l’absurde en décidant une autarcie totale. Dès lors, tout et tous ceux qui tentent de déstabiliser le régime doivent être éliminés. A partir de ce postulat, un système sécuritaire impitoyable se met aussit ôt en place. Le pays est transformé en goulag. Sous le régime khmer rouge, on ne parle pas de prison mais de centre de sécurité. Il y en a deux cents, répartis dans tout le Cambodge. Ils sont classés en trois catégories : régional, de zone et le centre de sécurité central à Phnom Penh, plus connu sous le nom de S21. PARIS MATCH DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
L’un des points clés de son accusation réside-t-il dans le fait de savoir si Douch a lui-même tué ou pas? Certains tentent d’orienter l’accusation dans ce sens, mais cela ne suffit pas. Donner des ordres ou les commettre, au niveau de la peine, cela peut jouer, on l’a vu en Yougoslavie. Mesure-t-il l’aveuglement idéologique qui le conduisait à torturer toute personne qui lui était amenée, même une femme ou un enfant? Il faut se souvenir que très vite S21 a été une prison de purge intérieure du régime. L’ancien directeur de S21 lui-même est devenu une victime du système. Combien d’interrogateurs sont eux-mêmes devenus des victimes? Et plus le temps passait, plus cela touchait le sommet de l’Etat. Douch lui-même était persuadé qu’il serait le prochain sur la liste. Lors de la reconstitution à Choeung Ek, il s’est effondré en pleurs devant les fosses des enfants. C’est un des points d’incompréhension totale et un des points ultimes du système. Le procès devrait débuter début mars. Douch est-il impatient qu’il commence? Impatient est sans doute un mot inapproprié, mais il a hâte, oui, de pouvoir s’expliquer, d’adresser des excuses et des demandes de pardon. Entre le début de l’instruction et aujourd’hui, on sent qu’il a effectué un processus intérieur immense. Il y a peu, il niait sa responsabilité sur certains “points de détail” alors qu’il reconnaissait pourtant l’essentiel. Ce n’est plus le cas. Le fait d’avoir eu accès à des documents, comme le film de Rithy Panh, “S21”, qu’on lui a projeté en prison, lui a permis de mesurer le regard extérieur qu’on portait sur lui. Je crois que, aujourd’hui, il est plus en cohérence avec lui-même et par rapport aux victimes que lorsque je l’ai rencontré la première fois. Qu’attend-il de ce procès? Beaucoup. Il souhaite que toute la vérité soit exprimée pour qu’on comprenne mieux son rôle. Il expliquera comment lui, un individu que rien ne prédestinait à cela, s’est trouvé embarqué “là-dedans”. Comment il l’a géré, comment il le gère maintenant. Et quel est son destin à lui. Quel est le destin d’un bourreau repenti? Le mettre en prison et jeter la clé? C’est un peu court. Nous allons très vite, puisque l’instruction a été terminée en à peine un an. Pour Barbie et Papon, cela a pris presque dix ans. Le procès sera court, quelques mois. Douch a été arrêté, et il est détenu depuis huit ans. Sur quelle base? Un juge militaire avait ordonné sa détention par bail de trois ans, arguant qu’un tribunal international serait bientôt créé. Nous avons fait appel. On ne proposait pas de le remettre en liberté mais de trouver un système de compensation sur les années de prison pour lesquelles il pourrait être condamné. Et s’il est acquitté, une compensation financière. Avez-vous ensemble des conversations au-delà de sa défense? Bien sûr. Il me parle de son amour de la poésie française, de Rimbaud, de Verlaine, que son professeur de français lui avait enseignés. Il connaît certains poèmes par cœur. Au bac, il avait demandé à changer de sujet initial pour parler de la poésie française. Cela avait été accepté et il avait eu une bonne note. Il a dû être un élève brillant. Interviews Romain CLERGEAT
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PAR MICHEL DUGUET
PROBLÈME N° 3105 OÙ DROITE ET GAUCHE SE CÔTOIENT
CONSOMMABLE PAR DES MUSULMANS
IL TOMBE DE HAUT
HACHE DE GUERRE
MET FIN À LA CORRIDA
DÉBLAYER LE TERRAIN
COURT MOMENT DE RIGOLADE
IVRE
INTERJECTION ALIMENTAIRE
IL EST AU PLACARD
MEUTES OU GUENILLES
TRÈS COURT
FÊLANT UNE VITRE
ABASOURDIE COMPOSANT DE LA POMME DE TERRE
REMORQUER
INOUÏ
CELLE DU NIL N’EST PAS À L’ŒIL
MÉMENTO ON Y A LES CARTES EN MAIN SORT LA TÊTE DE L’EAU
NOMBREUX LE 14 JUILLET
PARVIENT (À)
PARTICIPE JOYEUX
HÉROS CHAPLINESQUE
SÉLECTIONNÉ
NOM D’UN DROMADAIRE
ENCHIFRENÉ
COURRIEL
IL PRÉSENTE UN CERTAIN INTÉRÊT
CHASSEUR DE CASQUETTES
SUCRERIE ESPAGNOLE
AGILE
MOIS PRINTANIER
DRÔLES D’ANIMAUX
HYBRIDE FÉLIN
LU AVEC DIFFICULTÉ
IMPLIQUER
SOUFFLE BRUYANT
LA CALLAS PAR EXEMPLE
FUTUR LIEUTENANT
SOUVENT ENTENDU
IL SE PORTE CAUTION
MÉCHANT COUP DE PATTE
PERMETTENT DES ROTATIONS
IL MÈNE SES OUAILLES À LA BAGUETTE
SOUS LE MATELAS
PILE RECHARGEABLE VÊTEMENTS USÉS
SORTENT DU PÉTRIN
IL A DU MAL À OBTENIR DE L’AVANCEMENT
(A) SUCCOMBÉ FAIRE LE MUR
DRAME POUR TOUT UN PAYS
CRITÈRE
EXERCE UN MÉTIER
ADAPTÉ À INTERJECTION L’HEXAGONE PEU ENTHOUSIASTE LAISSÉ DE CÔTÉ
DE MÊME STYLE DE COIFFURE SERRÉ
FEMME DE RAJAH
PHÉNOMÈNE DE SOCIÉTÉ
IL NE REVIENT JAMAIS
BÉNÉFICIAIRE DE PROMOTIONS EMBONPOINT
CE N’EST PAS BEAUCOUP
TOUT UN ART
VOILE TRIANGULAIRE
NOTE
LAISSE LE CHOIX
PARFUM QUI ÉVOQUE LES BOIS
ELLE EST DU MATIN
TRAVAILLE QUAND LA VILLE DORT
NON ACCOMPAGNÉ
SOLUTION DU N°3104 PAR NICOLAS MARCEAU HORIZONTALEMENT
1. Imagination - Bressane. 2. Légiférer - Amoureuses. 3. Lie - Set - Ienissei - Onc. 4. Elne Lhassa - Sting - Ni. 5. Tl - Ri - Urètre - Inertie. 6. Teinturiers - TNT - Eh. 7. Rusées - Osa Nuées - Apt. 8. Ers - Mûrs - Déon - Salie.9. Esus Rhône - Tic - Lee. 10. Etaie - Sésames - An. PARIS MATCH
11.Omettrai - Itou - GRS. 12. Mayr - Regrimper Scène. 13. Aléas - Uvée - Anodes - Op. 14. Jouxter - Pt - Ur - Ah. 15. Ors - OM - Isba Oxer - Air. 16. Riesling - Drop - Sac - Va. 17. Es - Eosine - Entes - Snob. 18. Tarin Xérès - Aveu - Sil. 19. Tian - Béer - Scieurs Ré. 20. Etisie - Semées - Restes.
DU 20 AU 26 NOVEMBRE 2008
VERTICALEMENT
A. Illettrées - Majorette. B. Meilleurs - Valorisait. C. Agen - Issue - Yeuse - Rai. D. G.I. - Erne Storax - Seins. E. Ifs - Item - AM - Stolon. F. Née - Usurier - Emis - Be. G.Arthur - Rhéteur Nixe. H. Té - Arioso - TGV - Ignées. I. Irisées Narrées - Erre. J.Estrade - Aïe - BD. K. Nanars -
Sim - Paresse. L. Mi - Note - Pat - On - Ce. M.Boss - Tunisien - Optais. N.Rustine - Catroux Eve. O. Ereintés - Mo - Dresseur. P. Seine Saleuse - Râ - Ure. Q. Su - Gré - Lès CSA - Cs - SS. R. Aso - Thaïe - Gê - Ha N.-S. S. Nenni - Pé - Arno - Ivoire. T. Escient Inséparables.
SOLUTIONS DE LA PAGE 1��
LA FORME DU MOIS Le tableau « Vos points » ci-dessous, indique le nombre de points Q.I. (dans des carrés) et de points Q.E. (dans des ronds) rapportés par chaque réponse. Faites le total de chaque sorte de points et reportez-vous au tableau à côté pour l'évaluation de votre forme intellectuelle et émotionnelle. VOS POINTS
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Q.E.
15 Points Q.I. ou plus Bonne logique, bon raisonnement, bref, tout va bien !
15 Points Q.E. ou plus V ous êtes à la fois audacieux(se) et décontracté(e) face au quotidien.
De 10 à 14 Points Q.I. V otre intelligence n'est pas en cause, mais votre attention vagabonde …
De 10 à 14 Points Q.E. Tout en prenant vos responsabilités, vous savez rester zen.
9 Points Q.I. ou moins V otre esprit est ailleurs. S'agit-il d'un coup de vide passager ?
9 Points Q.E. ou moins Période de réflexion plus tournée vers le passée que vers l’innovation.
SOLUTION QI
A 3. Huit formes différentes. C 3. Il y a deux mouvements circulaires, l’un dans les quatre cases du haut dans le sens des aiguilles d’une montre, l’autre dans les quatre cases du bas en sens inverse.
E 2. 16 est en trop. 18+17 = 7 + 28 = 14 + 21 = 35. G 2.1 chemise, 2 panoplie, 3 blouse (la solution “boules” ne permet pas d’avoir 3 mots semblables), 4 corsage.
MATCH POINTS E
E
F
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E N T
E
R
T
T
E V E
R
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E
E R
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I
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KAKURO 1
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TOTAL
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Solution des Anacroisés n° 724 HORIZONTALEMENT: 1. Chromes - 2. Ergatif - 3. Tchadien (chiadent, dénichât) - 4. Lau-
réat - 5. Kiffera - 6. Majeur - 7. Annelure - 8. Myriade - 9. Andalou - 10. Aimantez (mazaient) - 11. Citèrent (récitent, réticent, rincette, tiercent) - 12. Tissus - 13. Cétanes (cantées, sécante, tancées, tenaces) - 14. Etamons (notâmes) - 15. Serdabs - 16. Odelette - 17. Soyeuse - 18. Hématome - 19. Orienter - 20. Utérine - 21. Prouver - 22. Obstacle (clabotes, cotables) - 23. Stop per - 24. Laudatif - 25. Idiome - 26. Bagout (boguât) - 27. Sicaire (écriais, scierai) -28. Enoncée - 29. Frimeuse (fumeries) - 30. Tuyauter - 31. Roberval - 32. Usagées (gaussée, guéasse) - 33. Musclée - 34. Antijeu ( jeûnait) - 35. Réputée - 36. Isolants - 37. Poussif - 38. Refumer 39. Aberrant - 40. Eusses - 41. Aréneuse- 42. Oraison - 43. Ferrite - 44. Cryptage - 45. Agilité - 46. Ravagées - 47. Estivale (télévisa) - 48. Enucléa (canulée) - 49. Voilent (ventilo, violent) - 50. Réélit (litrée) - 51. Nudité (enduit) - 52. Gêneuse - 53. Hantise - 54. Requête - 55. Tendon - 56. Briefée - 57. Arménien - 58. Etésien - 59. Reboisés - 60. Sinusaux - 61. Agioté - 62. Spadassin - 63. Enroula - 64. Espérance (préséance) - 65. Etincelé - 66. Crampes. VERTICALEMENT : 67. Clauses (casuels, culasse, éclusas) - 68. Disculpe - 69. Facturée (cafeteur) - 70. Hanneton - 71. Saoula - 72. Artels (rastel, ratels) - 73. Abusifs - 74. Meubla 75. Gosses - 76. Nabote - 77. Toussai - 78. Insaturée (estuarien, éternuais, instaurée, ratineuse, sueraient,traîneuse, useraient)- 79. Islandais - 80. Stressé (tresses) - 81. Adessif - 82. Guipée - 83. Fictifs - 84. Ausculté - 85. Mortelle - 86. Remisé (émeris, merise, mirées, misère, réémis, rimées) - 87. Teinture - 88. Fartage (frégata) - 89. Raiders (radiers, rediras, rideras) - 90. Nycturie - 91. Equidé - 92. Infamie - 93. Calumet - 94. Banlieue - 95. Enervée (vénérée) - 96. Fidéiste - 97. Déterré - 98. Aoûtasse (ouatasse) - 99. Viserait (étrivais, révisait, revisita, rivetais, sévirait, vêtirais, visitera) - 100. Comptoir - 101. Pascale(capelas, palaces) - 102.Cédérom - 103. Auberge - 104.Traite (attier,attiré, étirât, itérât, ratite) - 105. Opérante - 106. Cantaloup - 107. Pétunia (pétunai, puaient) - 108. Dénervés (revendes) - 109. Fiérots - 110. Arêtière - 111. Thonine - 112. Délester - 113. Freinage - 114. Rousties (sourîtes, soutiers, soutirés) - 115. Toubib - 116. Traiteur - 117. Inentamé (anémient, menaient) - 118. Laotienne (laitonnée) - 119. Jambart - 120. Germain (gaminer, marginé) - 121. Rebues (beures, erbues, rebeus, rebuse) - 122. Mouvant 123. Salifié - 124. Aubère - 125. Causait (sauçait) - 126. Balisée (abélies, ébisela, labiées) - 127. Bretessé - 128. Téléski - 129. Eternels (lésèrent).
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PAR
ETIENNE BACROT
PROBLÈME N° 592
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ZOUAGHI - HUESMANN
Belgique 2008
Les noirs matent en deux coups
Solution : . ) # 2 f T 1 g x C . 2 + 1 g T . . . 1 ( . t a m t e c e h c é , 2 f n e e u o j 2 d r u o T . 1 g r u o t d n e r p 2 e r e i l a v a C . 1 g n e c e h c é e n n o d 8 g r u o T
SUDOKU CHALLENGE
COMPLÉTEZ LA GRILLE AVEC LES CHIFFRES DE 1 A 9 DE FAÇON À CE QU’ILS N’APPARAISSENT QU’UNE SEULE FOIS DANS CHAQUE RANGÉE, CHAQUE COLONNE ET CHAQUE CARRÉ DE NEUF CASES. COUP DE POUCE 2 1 8 7 L’absence de 6 et l’unique 5 du 7 3 1 départ rendent 9 les premiers pas un peu difficile, 3 4 2 8 7 mais des problèmes 8 4 9 plus ardus viennent plus tard, 3 où le recours à 5 7 des hypothèses permet de gagner 3 1 8 du temps. 9 4 2 Niveau : moyen Solution de cette grille dans notre prochain numéro
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
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par ROBERT SCIPION
Plongez au cœur de l’actualité chaque semaine…
PROBLÈME N° 1967 1
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I II III IV V VI
Abonnez-vous !
VII VIII IX
Horizontalement : I.
Transporte les foules ou se borne à les
sermonner. II. Truc à plumes. A eu le dessous dans son affrontement avec la Montagne. III. Avec du maïs à Noël. Ont les fois. IV. Sans doute allergique à la poule au pot. Une fleur aux trois quarts à l’œil… V. Succède à Charles le Téméraire. Possédée. Quels brouillons ! VI. Déclenche un fléau. Cousine germaine. VII.
Conjonction. Respire le vice. VIII. Lire à tort et à travers.
Dans la chaleur ou dans le froid. En verre ou en carton. IX. Font du feu. Verticalement : 1. Rêve colonial. 2. Ils ont une conduite renver-
sante. 3. Trier entre cousins germains. Conjonction. 4. Fit des vers… à l’envers. Font des vers… sans le vert. 5. Proposaient une place. 6. Participe. Roi aux USA, révolutionnaire en Europe. 7. En voie de voix. Retourné à la terre. 8. Faisaient divinement bien les œufs. C’est demain la vieille. 9. Impératif de faire un peu de gratte. 10.
Les grandes filles modèles. Familial en Amérique du Nord ou
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familial en France du Sud, selon le sens. 11. On ne peut pas dire que c’est un boulot peu reluisant ! 12. Particulièrement Vienne en 38.
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Monte ou descend avec le journal. 13. Tout en parlant font une fausse sortie.
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Horizontalement : I. III.
Tomaison. Deb.
IV.
Perquisition.
II.
Amours. Nanti.
Ruer. Uretère. V. Il. Tien. Emol. VI. Aubin.
Eton. VII. Relève. Eon. VIII. Aridité. Rg.
IX.
Ami. Témoigne.
X. Terre-Neuvien.
Verticalement : 1. Patriarcat. 2. Emoulue. Me. 3. Rome. Blair. 4. Quartier. 5. Uri. Invité. 6. Issue. Eden. 7. Orne. Ime. 8. Inné. Tatou. 9. Ta. Téo. Eiv. 10. Indemne. Gi. 11. Otero. Orne. 12. Nibelungen. Cette grille a été publiée pour la première fois le 29 mai 1997.
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152 pa r S a b i n e C a y r o l
PRÉSIDENTD’HONNEUR
Novembre 1958
Daniel Filipacchi
LAGARDÈRE ACTIVE
PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE Didier Quillot DIRECTEUR GÉNÉRAL DES RÉDACTIONS Christian de Villeneuve
Somerset Maugham dans la chambre de la suite de trois pièces qu’il loue à l’année au quatrième étage de l’hôtel Dorchester, le palace londonien.
84 ans, l’écrivain prend sa retraite. Dans son œuvre, il a criblé les femmes de coups d’épingle. Mais ce sont elles, en achetant ses livres, qui ont fait de lui un des très rares milliardaires de la littérature. Depuis le début du mois, toutes les vitrines des libraires du Royaume-Uni présentent «Points de vue», le nou veau recueil de Somerset Maugham. Cinq essais qui ne seront pas traduits en français, dit l’auteur, « parce que ça n’intéresserait personne ». C’est le dernier livre du grand écrivain. Il nous reçoit dans sa suite de l’hôtel Dorchester à Londres mais refuse de rencontrer les journalistes de la radio et de la télévision. Son secré-
A
Somerset Maugham DÉCIDE DE SE TAIRE À JAMAIS taire prend leurs appels et se confond en excuses. Somerset Maugham ne peut, même pour un adieu, s’exprimer sans se sentir humilié devant un micro. Il n’a jamais pu corriger son infirmité. Depuis toujours, il bégaie. C’est donc avec une économie de mots que l’écrivain le plus riche d’Angleterre – 60 millions d’exemplaires vendus ont fait de lui un milliardaire – nous parle de ses projets. «Après une escapade en Italie, je reviendrai passer la fin de l’hiver chez moi, sur la Côte d’Azur. Puis je m’embarquerai à Marseille pour Yokohama, un nom qui me fait rêver. J’ai enfin le droit de vivre mes rêves puisque je ferme la boutique. » Parmi ses millions de lecteurs, ce sont surtout les femmes, les plus assidues à suivre ses « courtes histoires », qui sont le plus éprouvées par cette décision.
DIRECTEUR DE LA RÉDACTION Olivier Royant RÉDACTEURS EN CHEF Anne-Marie Corre, Gilles Martin-Chauffier Guillaume Clavières (photo), Marc Sich (textes), Laurent Valdiguié (news, investigation), Catherine Schwaab (document) RÉDACTEURS EN CHEF ADJOINTS Elisabeth Chavelet (économie, politique), Marc Brincourt (photo), Marion Mertens (news, investigation), Romain Clergeat (grands dossiers), Catherine Tabouis (personnalités) SECRÉTAIRE GÉNÉRALE DE LA R ÉDACTION Sandrine Boussemart DIRECTEUR ARTISTIQUE Michel Maïquez CHEF D’ÉDITION: Edith Serero. CHEFS DES SERVICES Secrétariat de rédaction: Tania Gaster. Vivre Match: Caroline Tossan. Culture Match: Jérôme Béglé. Economie: Marie-Pierre Gröndahl. Argent: Liliane Gallifet. Santé: Sabine de la Brosse. GRANDS REPORTERS: Arnaud Bizot, Delphine Byrka, Patrick Forestier, Agathe Godard, Dany Jucaud, Ghislain Loustalot, Caroline Mangez, Michel Peyrard, Caroline Pigozzi, Sylvie Santini, Valérie Trierweiler. Investigation: FrançoisLabrouillère. REPORTERSPHOTOGRAPHES Patrick Bruchet, Alvaro Canovas, Thierry Esch, Hubert Fanthomme, Benoit Gysembergh, Jacques Lange, Philippe Petit, Kasia Wandycz, Bernard Wis. REPORTERS: Marie Affortit, Isabelle Dupont, Pépita Dupont, François de Labarre, David Le Bailly, Anne-Laure Le Gall (voyage), Isabelle Léouffre, François Lestavel (culture), Benjamin Locoge, Olivier O’Mahony, Grégory Peytavin, Florence Saugues, Alain Spira (cinéma). ECRIVAINS: Sabine Cayrol, Irène Frain, Jean-Marie Rouart. SERVICE PHOTO Marc Brincourt (rédacteur en chef adjoint), Romain Lacroix (adjoint), Jérôme Huffer. SECRÉTARIAT DERÉDACTION Laurence Cabaut, Séverine Fédélich, Cécile Mouchel, Philippe Semblat, Georges Stril. Révision: Monique Guijarro, Alexandra Peretz.
SERVICE ARTISTIQUE Sylvain Maupu (directeur artistique adjoint), Cyril Clément, Gwenaël Guezennec (1ers maquettistes), Ludovic Bourgeois, Marie-Cécile Fernandez, Linda Garet, Caroline Huertas-Rembaux, Valérie Livolsi, Michel Narce, Paola Sampaio-Vaurs, Fleur Sorano, Franck Vieillefond. STÉNOGRAPHES�RÉDACTEURS DE PRESSE Vanessa Boy-Landry. BUREAU DE NEW YORK Régis Le Sommier (chef du bureau), Gisèle Galante Broida. DESSINATEURS: Sempé, Wolinski, Benoît. ARCHIVES PHOTO Fernande Ricordeau (chef de service), Ivo Chorne (adjoint), Françoise Ansart, Claude Barthe, Pascal Beno, Catherine Fonquerne. DOCUMENTATION Chantal Blatter (chef de service). SECRÉTARIATS Karyn Bauer, Fousia Ganibardi, Nadia Frapin, Elisabeth Labergerie, Pascale Meynial-Brillant, Fanny Payet. SERVICES GÉNÉRAUX WilliamsChapotelle. REVENTE PHOTOS SCOOP Tél.: 0141346446, Sylviane Giraldon. Tél.: 0141346528. Fax: 0141346462. PROMOTION Philippe Legrand (directeur), Anabel Echevarria (assistante). JURIDIQUE PRESSE: Patrick Sergeant. FABRICATION: Philippe Redon, Nicolas Bourel.
HACHETTEFILIPACCHIASSOCIÉS DIRECTEUR GÉNÉRAL DES PUBLICATIONS Bruno Lesouëf. EDITEUR: FranckEspiasse-Cabau. DIRECTRICE DÉLÉGUÉE ADJOINTE: Agnès Vergez. DIFFUSION Marketing direct: Faïza Boufroura (73 02). Diffusion-ventes: Jean-Marc Gauthier (64 78). Abonnements. 1 an (52 numéros): 103 euros. Paris Match BP 50002, 59718 Lille Cedex 9. Tél.: 01 45 36 77 62. LAGARDÈRE PUBLICITÉ 31, rue du Colisée, 75008 Paris. Présidente: Constance Benqué. Directeur général: Philippe Pignol.
Maria-Isabelle de Saint-Bauzel. Directrice de la publicité: Agnès Peron-Levivier. Equipe commerciale: Fabienne Blot, Stéphanie Dupin, Béatrice Galland, Valérie Masson, Katia Mucha. Assistés de: Candy Croquette, Aurélie Marreau. Tél.: 0153 963481 ou 82. PUBLICITÉINTERNATIONALE Lagardère Global Advertising Tél.: 0141348309 et 0141348349. PUBLICITÉ RÉGIONALE Lagardère Publicité Métropoles Tél.: 0141346541. Publicité littéraire. Tél.: 0141347766.
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PARIS MATCH 149, rue Anatole-France, 92534 Levallois-Perret Cedex Tél. standard: 0141 346000 - Fax: 01 4134 7123. Site Internet : www.parismatch.com MATCH AUX ETATS�UNIS : 1633 Broadway, 45th f loor, New York, NY 10019 Tél. : 00 1212767 63 28 - Fax: 00 1212489 56 20 PARIS MATCH BELGIQUE: Paris Match Belgique, rue des Francs 79, 1040 Bruxelles Rédaction tél.: 0032 2 211 31 48 - Fax : 00 32 2 211 29 60 - E-mail:
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Paris Match, ISSN 0750-3628, is published weekly, 52 times per year by HACHETTE FILIPACCHI ASSOCIES, c/o USACAN Media Dist. Srv. Corp. at 26 Power Dam Way Suite S1-S3, Plattsburgh, NY 12901. Periodicals Postage paid at Platt sburgh, NY. POSTMASTER : send address changes to PARIS MATCH c/o Express Mag, P.O. box 2769, Plattsburgh, NY 12901-0239. Encarts: 8 p. Provence-Côte d’Azur-Corse-Languedoc-Roussillon ; 12 p. Aquitaine ; 12 p. Limousin-Poitou-Charentes - 12 p. BretagnePays de la Loire ; 8 p. Ile-de-France entre les pages 38-39 et 118-119 ; 32 p. supplément Spécial cadeaux au centre du numéro.
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LA MORT N’A PAS VOULU DE MOI
par Marc Thiercelin J’étais l’«entraîneur» d’un groupe
d’étudiants dans une régate de l’Edhec à La Rochelle, une course tranquille qui m’a jeté à la mer le 15 avril 1990. Heureusement, j’avais embarqué deux copains, Daniel et Michel...
L
e vent est très fort ce jour-là sur La Rochelle. Il fait beau et froid, il est environ 15 heures. C’est la fin de la course de l’Edhec que je dispute avec des étudiants sur un vieux bateau à grande voilure : un « Cirrus III». Avec mon gros pull et ma salopette en ciré rouge, je me tiens près du mât. Les autres sont répartis tout au long du bateau. C’est la dernière image que j’ai de moi. Tout de suite après, c’est l’accident. Voici ce qu’on m’a raconté. Sans que je la voie venir, la bôme a brutalement changé de bord à 180 degrés, balayant tout sur son passage. Elle est arrivée par-derrière et, sans que je me rende compte de rien, m’a frappé à la nuque et projeté dans l’eau, à une vingtaine de mètres. J’étais inconscient, gisant dans l’eau glacée, tout habillé. Sur le bateau qui, lui, continue d’avancer, certains étudiants sont en larmes, d’autres font une crise de nerfs, se sentant complètement impuissants. Michel et Daniel commencent à réduire les voiles pour que le bateau puisse faire demi-tour. Comme la plupart des
p r o p o s r e c u e i l l i s p a r Caroline Rochman
«C’est grâce à mon ciré rouge que j’ai été localisé dans l’eau. Il m’a sauvé la vie»
� JE SUIS CYANOSÉ, LE VISAGE BLEU MARINE. MON CŒUR S’ARRÊTE DE BATTRE � étudiants des 300 bateaux de la compétition chahutent entre eux sur la radio, mes amis mettent un temps fou pour obtenir le silence et demander au comité de course d’appeler les secours. Le bateau a réussi à revenir sur le lieu de l’accident mais on ne me retrouve pas. L’équipage sait que chaque minute perdue met un peu plus ma vie en péril. On finit par me localiser grâce à mon ciré rouge, qui a fait une poche d’air et flotte au-dessus de l’eau, le reste de mon corps étant immergé. Comme je suis PARIS MATCH D U 2 0 AU 2 6 N O V E M B R E 2 0 0 8
inanimé, Michel saute dans l’eau et me retourne pour voir si je suis mort ou vivant. Je suis cyanosé, le visage bleu marine et les lèvres violettes. Pendant ce temps, Daniel, aidé de quelques étudiants, essaie de me remettre à bord, mais la tâche n’est pas facile. Moi qui pèse dans les 75 kilos, avec les vêtements mouillés j’en pèse plus de 100. L’hélico arrive pour m’hélitreuiller, mais, à cause du vent, il a peur de s’empaler sur le mât et demande qu’on me remette à l’eau. Michel et Daniel disent que cela va me tuer. On finit par faire venir un Zodiac dans lequel on me dépose pour que l’hélico puisse m’attraper. Dans l’hélico, on découvre que j’ai plein d’eau dans les poumons et que ma température est descendue à 33 degrés. Le pronostic vital est réservé. Mon cœur s’arrête de battre quelques instants. Je suis en état de mort clinique. Le scanner de La Rochelle en panne, je suis transféré à Niort. Je reste dix
heures dans le coma. Je me réveille dans le scanner, les mains attachées et la gorge en feu. Je me dis : «Je dois être mort.» J’essaie de remuer les doigts. J’entends une voix féminine me dire : «Ne bougez pas. » Je m’évanouis pour me réveiller en soins intensifs. Pendant toute la nuit, on me fait recracher l’eau de mer. J’éprouve une sensation de brûlure intense, je crève de soif, mais on m’interdit de boire. J’ai une double fracture du rocher gauche et j’ai perdu l’usage d’une oreille. J’entends un médecin dire : « Il est sourd.» J’en pleure sur le brancard. Je passe ensuite un mois à La Salpêtrière car j’ai aussi perdu l’équilibre. Je tombe tout le temps. Je ne peux plus traverser la rue seul ni descendre un escalier. Les médecins me disent que je ne pourrai plus jamais naviguer. C’était compter sans mon énergie. J’ai mis des années à m’en remettre. J’ai conservé une oreille sourde et un acouphène, mais j’ai appris à remarcher droit, à faire du ski, à vivre comme avant et plus encore. Depuis, je considère mon existence comme du bonus. C’est comme si la vie m’avait donné une seconde chance. Ma carrière sportive s’est envolée, j’ai enchaîné vingt transats et quatre tours du monde. BIO EXPRESS
1960 naissance à Saâcy-sur-Marne. 1980 élève à l’école Boulle, puis illustrateur pour Kenzo et Cerutti. 1996-1997 arrive 2 du Vendée Globe. 1998-1999 arrive 2 d’Around Alone. 9 novembre 2008 départ du e
e
4e Vendée Globe sur son monocoque tout neuf «DCNS ». Avec, hélas, un retour au port pour démâtage après douze heures de course. Il a pour projet de transmettre son savoir à travers les filières du talent du DCNS. Le skipper victorieux barrera le bateau à sa place dans la Route du rhum 2010.