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Accompagnateur des mouvements sociaux, le sociologue auteur de «la Misère du monde» est mort mercredi à 71 ans. PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
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Vendredi 25 janvier 2002
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HOBEIKA Un seigneur de guerre qui avait trop d'ennemis Israël dément toute implication «Il faut reconnaître que le crime profite à beaucoup de gens» Un hebdo teste la liberté de presse en Afghanistan Cinéma gore à New York «La seule issue à la crise argentine, c'est l'aéroport» Jours de colère A Assise, prière oecuménique pour la paix Bruxelles, influence française en déclin L'exemple était presque parfait Elections cambodgiennes: mort d'un huitième candidat Politiques
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Bernard Cassen Samedi 19 janvier 2002
Michel Chassang
Monde Attentats, l'heure des ripostes Israël-Palestine: l'embrasement
Vendredi 18 janvier 2002
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Cathy et David Guetta
Groland, présipauté maltraitée Lionel jugé à son étoffe Seillière, une crème de baron Les belles histoires... Lire les autres tribunes,, analyses, tribunes éditoriaux...
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LA MAISON CHIRAC A LE TRAC 1988-2002: les limites du plagiat Ce soir, Séguin ressort du placard «Cesser la course vers l'électorat centriste» Les socialistes se shootent à la droite qui doute Désaccord persistant entre PS et Verts Vade-mecum europhile pour la gauche Société L'OMBRE DE LAETITIA VENGEE PAR LA
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Le chercheur, auteur des «Héritiers» et de «la Misère du monde», a disparu avant-hier à l'âge de 71 ans. Retour Quotidien Accueil Les autres jours Lundi - Mardi Mercredi Jeudi - Vendredi -
PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Par Robert MAGGIORI Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT
Il était le sociologue (ou le philosophe) le plus cité dans le monde , on allait jusqu'à le comparer à Freud ou à Marx.
l aimait par-dessus tout citer le mot de Spinoza : «Ne pas rire, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre.» On le voyait d'abord dans son regard, dans son sourire à peine esquissé qui s'éclairait et éclatait comme une bombe de confettis lorsqu'il apprenait quelque chose de nouveau, le nom d'un joueur d'une équipe de rugby, les ingrédients d'une recette de cuisine, la gaffe d'un homme politique ou quelque commérage à son propos. On le voyait aussi à son pas. Ces derniers temps, il s'était ralenti. Pierre Bourdieu, mort mercredi soir d'un cancer à 71 ans, souffrait du dos et marchait un peu courbé, comme s'il voulait tendre l'oreille et se rapprocher encore de son interlocuteur, pour ne pas «en perdre une», une anecdote, une petite blague, une grande théorisation, une idée quelconque. Ses ennemis il en avait beaucoup le disaient dogmatique, métallique, tranchant, intriguant : il était la bonté même, toujours prêt à aider un étudiant à la réalisation d'un projet, charmant, charmeur, intrigué, curieux de tout, naïf comme un gosse parfois. Ce qui l'amusait mais il a fini par vouloir l'étudier et le comprendre , c'était l'académisme, les poses empesées devant les photographes de l'éternité, les traficotages de ceux qui brouillent être et paraître, qui «font les malins», «font les philosophes», «font les sociologues», comme il disait. Quand il parlait de ses enfants ou de ses parents, il s'émouvait tout de suite, et disait aussitôt une bêtise sur son boucher du Béarn ou l'un de ses copains tombé cul nu dans les orties en voulant faire le mur du lycée de Pau. Ses amis pouvaient aisément déceler de la timidité là où d'autres, de loin, voyaient de la raideur : de ses écrits même, Pierre Bourdieu a voulu arracher toute «subjectivité», jusqu'à sacrifier élégance et effets de manche aux démonstrations austères, préférant se montrer lourd dans le style plutôt qu'imprécis dans le concept, et cimenter le chemin escarpé qui guide vers la compréhension. Honni et adulé. Il n'a pas tout à fait réussi. Comme Zola, Sartre ou Foucault, comme tous les intellectuels qui tentent de «lier» leur travail littéraire ou philosophique aux événements qui informent et déforment le monde, Bourdieu a été tout à la fois le diable et l'eau bénite, honni jusqu'à l'exécration, souvent par ceux qui de son oeuvre n'avaient parcouru que quelques «digests», adulé jusqu'à l'idolâtrie par ceux qui épluchaient ses écrits pour y trouver des versets de Bible. La bibliographie de Pierre Bourdieu, de 1958 à aujourd'hui, ne comporte
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pas moins de 343 publications. Certains articles sont restés confidentiels, quelques livres, comme la Misère du monde, répertoriant les formes contemporaines de la misère sociale, ont connu un succès public que des ouvrages de sociologie atteignent rarement. Entre ces extrêmes, il y a une oeuvre qui, assurément, peut se passer de «célébration», tant sont évidentes sa centralité et son «activité». Elle s'est imposée telle un «paradigme», qui, comme l'a écrit Christiane Chauviré dans le numéro de Critique consacré à Bourdieu (1995), a interpellé historiens, ethnologues, linguistes, artistes, philosophes, hommes politiques et «formé depuis un bon tiers de siècle la pensée du social», mais, qui, profondément assimilée par l'époque, risque de devenir «invisible à force d'omniprésence».
Au pas d'un paysan. En rendre raison est évidemment impossible, mais peut se ramener à la tentative de répondre à une seule question, que Bourdieu lui-même formule ainsi: «Je peux dire que toute ma réflexion est partie de là : comment des conduites peuvent-elles être réglées sans être le produit de l'obéissance à des règles ?» Il ne s'est jamais départi d'un tel projet, qui aurait conduit à installer la sociologie au centre des sciences sociales et à en faire une science de l'économie générale des pratiques. Il l'a mené d'un pas de paysan, systématiquement, lentement «un chercheur ou un penseur, c'est comme un paquebot, les tournants, ça prend du temps» , en éliminant d'abord les réponses fausses, illusoires ou incomplètes apportées avant lui. Il ne congédie ni le marxisme ni le structuralisme, en ce que les notions d'idéologie ou de structure lui sont utiles pour comprendre comment des pratiques humaines peuvent être surdéterminées ou induites. Mais, en revanche, il rejette tout à fait l'alternative entre «subjectivisme» (dont il trouve chez Sartre l'expression emblématique) et «objectivisme», entre une anthropologie posant que l'individu seul donne sens et finalité au social, et une physique des faits sociaux dans laquelle l'individu n'est plus qu'un «épiphénomène» façonné par les structures sociales. Entre les structures sociales objectives et les structures mentales des agents sociaux, il y a interaction, passages, inductions réciproques. C'est ce «noeud» que va tenter de défaire Bourdieu. Pierre Bourdieu était né le 10 août 1930 à Denguin, dans les PyrénéesAtlantiques. Après ses études au lycée de Pau, puis au lycée Louis-leGrand à Paris, il entre à l'Ecole normale supérieure en 1951, obtient en 1954 son agrégation de philosophie, est nommé l'année suivante professeur au lycée de Moulins. Il fait son service militaire en Algérie et, entre 1958 et 1960, est assistant à la faculté de lettres d'Alger. C'est à ce pays qu'il consacre ses premiers livres (Sociologie en Algérie, 1958 ; Travail et travailleurs en Algérie, 1963) et ses premiers articles : sa description des rituels kabyles comme son analyse du sentiment d'honneur menées avec le plus grand souci méthodologique, l'enquête de terrain, l'usage des statistiques, l'analyse linguistique lui valent vite la notoriété. De retour en France, il est nommé assistant à la Sorbonne puis maître de conférences à la faculté de lettres de Lille. Directeur d'étude à l'Ecole pratique des hautes études (1964), directeur du Centre de sociologie de l'éducation et de la culture, laboratoire associé au CNRS (1968-1988), directeur de la revue Actes de la recherche en sciences sociales et de Liber, Bourdieu atteint le sommet de sa carrière en 1981, au moment où il devient titulaire de la chaire de sociologie du Collège de France. Son prestige, qu'il utilisera comme un glaive contre le pouvoir dominant et en défense des «damnés de la terre», sera dans les derniers vingt ans de plus en plus grand, partagé, si on peut dire, entre la «popularité» qui échoit généralement aux stars de cinéma et la «reconnaissance» internationale que l'on doit aux grands hommes de science : directeur du Centre de sociologie européenne, il est docteur honoris causa de la Freie Universität de Berlin et de l'université Goethe de Francfort, membre de l'Académie européenne et de l'American Academy of Arts and Sciences, médaille d'or http://www.liberation.com/quotidien/semaine/020125-000002195EVEN.html (2 sur 4) [25/01/2002 14:36:36]
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du CNRS (1993), et médaille Huxley, la plus haute distinction en anthropologie, remise par l'Institut royal de Grande-Bretagne et d'Irlande (2000).
L'éducation décortiquée. A son retour d'Algérie, Bourdieu se consacre à un autre thème brûlant dans le contexte des années 60 : l'éducation. Avec Jean-Claude Passeron, il publie un petit livre dont le succès est fulgurant : les Héritiers (1964), et, quelques années plus tard, toujours avec Passeron, la Reproduction (1970). Dans ces ouvrages est mise en évidence, par-delà l'influence des «inégalités économiques», le rôle de l'«héritage culturel», (un «capital» subtil fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire) dans la légitimation, la «reproduction» et la perpétuation des inégalités des chances à l'école. Il s'agissait là de la première «actualisation» du projet fondamental de Bourdieu. Saisir «la logique réelle de l'action», en tant que résultat objectivé de pratiques socialement codifiées ou de dispositions durables (habitus) qui, venues de l'incorporation des structures du monde social, n'excluent pas des conduites relativement imprévisibles et créatrices. Dès lors, la tâche de Bourdieu devient immense mais claire : il lui faut analyser les divers modes à travers lesquels se constituent les institutions sociales, les représentations «officielles» de la réalité, les formations idéologiques, les structures temporelles, les catégories de la perception artistique, les critères du goût et les styles de vie, les discours, les formes de langage, le champ littéraire, le champ journalistique, les hiérarchies sportives, sexuelles ou scolaires, les «positions» de la philosophie, de l'économie, de la science, de la sociologie elles-mêmes bref, de tout ce qui offre une «précondition» à l'action sociale, tout ce qui, par une douce et imperceptible violence symbolique, impose les structures mentales à travers lesquelles le sujet perçoit le monde social et culturel. Ses grands livres sont autant d'explorations des façons dont se dessinent ces «champs», dont s'élaborent les dispositions durables ou habitus, dont se constituent le capital économique et le capital symbolique : la Distinction prendra en examen les processus de définition des goûts selon la différenciation de classe. Homo academicus et la Noblesse d'Etat , en analysant les rapports entre les systèmes d'éducation supérieure et les dynamiques de pouvoir, établiront une «anthropologie globale» de la classe dirigeante française... D'une façon plus générale, Bourdieu s'attaque à tous les principes qui permettent de comprendre les valeurs, les comportements et les intérêts soit de groupes sociaux, avec par exemple ses travaux sur le patronat, l'épiscopat, les intellectuels (les Règles de l'art), soit d'une discipline particulière (les Structures sociales de l'économie) ou du discours ordinaire (Ce que parler veut dire), du discours politique, juridique ou philosophique (l'Ontologie politique de Martin Heidegger). Mais pour «soutenir» un tel projet, Bourdieu avait aussi besoin d'analyser le rôle et le statut de la sociologie elle-même, de la doter de la plus grande scientificité et d'interroger critiquement cette scientificité. A-t-il réussi à faire de la discipline qu'il a dominée une «science de l'économie générale des pratiques» ? Son projet, en tout cas, a mobilisé toute la pensée contemporaine. Il était le sociologue, ou le philosophe (ne voulait-il pas, au fond, dire ce qu'est l'homme ?) le plus cité dans le monde (7 000 pages sur le Web !), on allait jusqu'à le comparer à Freud ou à Marx ce dont il eût souri pour avoir fait dans la sociologie une «révolution» comparable à la leur. En prenant sa retraite du Collège de France, il avait été envahi par une profonde tristesse, comme s'il avait perdu «la maison du savoir», la maison où ensemble l'on cherche. Il lui restait tous les livres à lire, mille problèmes encore à résoudre, mille causes pour lesquelles s'enflammer. «Le travail scientifique, disait-il, ne se fait pas avec les bons sentiments, cela se fait avec des passions. Pour travailler, il faut être en http://www.liberation.com/quotidien/semaine/020125-000002195EVEN.html (3 sur 4) [25/01/2002 14:36:36]
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colère. Il faut aussi travailler pour contrôler la colère.».
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Jacques Chirac Le vendredi 25 janvier 2002
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e président de la République a salué «l'un des intellectuels les plus talentueux et les plus reconnus dans le monde», qui «restera comme un penseur militant et un militant de la pensée». «Pierre Bourdieu aura profondément marqué la sociologie de son temps en forgeant des concepts fondamentaux qui resteront opératoires pour des générations de chercheurs.»
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Lionel Jospin Le vendredi 25 janvier 2002
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e Premier ministre a fait part de sa «tristesse» et salué «un maître de la sociologie contemporaine et une grande figure de la vie intellectuelle de notre pays», qui «a personnellement vécu la dialectique entre la pensée et l'action», tout en construisant son oeuvre, «forte et féconde».
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La classe politique Le vendredi 25 janvier 2002
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our Jean-Pierre Chevènement, Pierre Bourdieu «a ajouté [à son oeuvre] un engagement personnel reposant sur un sens critique aigu mis au service d'une révolte salutaire contre les dérèglements de la mondialisation libérale.» Pour Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la Recherche, «Pierre Bourdieu était l'une des figures phares de la sociologie française», «son oeuvre a transformé notre compréhension de la société et notre regard sur des phénomènes sociaux jusque-là ignorés ou occultés». Le Parti socialiste salue «le théoricien fécond et l'intellectuel engagé aux côtés des exclus et des exploités». Au nom du PC, Robert Hue et Marie-George Buffet évoquent avec «respect et émotion» celui qui «a donné force à la nécessité d'inventer des pratiques politiques neuves». «Sartre était l'intellectuel du XXe siècle, Bourdieu est celui du XXIe, note Alain Krivine (LCR). Il a su réinventer la dialectique entre mouvement social et organisation politique.» Les Verts ont souligné le «soutien indéfectible aux sans-papiers, aux intellectuels algériens et à toutes celles et ceux qui à un moment donné de leur vie sont obligés de se lever pour protester contre les injustices et les dominations.»
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Les acteurs sociaux Le vendredi 25 janvier 2002
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UD-Rail a rappelé le rôle de Pierre Bourdieu lors des grèves et manifestations de novembre-décembre 1995: il «faisait partie de ceux qui défendaient l'autonomie du mouvement social, comme moyen de renforcer la dynamique des luttes, vers des changements profonds». José Bové a parlé sur France Inter du «sociologue engagé» qui «a mis en lumière la réalité de la société». Attac estime qu'il «avait su porter haut l'honneur des intellectuels français en s'inscrivant dans une tradition d'engagement généreux, solidaire, sans concession». «Le caractère de rébellion de Bourdieu a constamment contredit son pessimisme», estime l'ancien président de MSF Rony Brauman, qui retient «une exceptionnelle capacité de questionnement». A propos de la question humanitaire, Pierre Bourdieu l'a «amené à repenser les pressions que nous effectuons sur les gouvernements, ou à revoir les objectifs concrets de nos missions. Avant lui, les organismes humanitaires jouaient sur leur posture d'étrangers, disposant d'un capital symbolique et financier à part. Bourdieu nous a appris à nous voir comme des acteurs à part entière, c'est-à-dire une partie du problème. Ça change tout.» (AFP, service politique, Libération.fr)
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Militant scientifique Par Antoine DE GAUDEMAR
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a sociologie n'est pas de l'art pour l'art : c'était déjà ce que disait il y a un siècle Emile Durkheim, le fondateur de la sociologie moderne, dont le but, selon lui, était de constituer un savoir réflexif qui permette à la société d'intervenir sur elle-même. D'une certaine manière, Pierre Bourdieu n'a pas fait autre chose. De ses premiers travaux sur la Kabylie à ses derniers sur la Domination masculine en passant par ses ouvrages les plus savants, il n'a eu de cesse que d'utiliser cette science comme boîte à outils permettant de comprendre la société, d'en démonter les mécanismes et de tracer la voie à de possibles transformations. Cette volonté de faire de la sociologie une arme théorique ou, comme il le disait, un «sport de combat» s'est renforcée avec le temps, jusqu'à faire de lui, dans les dernières années de sa vie, la figure type, charismatique pour beaucoup, de l'intellectuel engagé. Depuis une dizaine d'années, Pierre Bourdieu redonnait vie au modèle que Sartre avait incarné dans les années 60 et 70 (et aussi, dans une moindre mesure, Michel Foucault), celui du philosophe éclairant la Cité depuis le ciel des idées, mais en le renouvelant à sa manière : finie la neutralité supposée de la science, place au «militantisme scientifique», dans lequel l'objectivité du chercheur nourrit et renforce la conviction du militant. Ce passage des Héritiers aux sans-papiers, de la Noblesse d'Etat à José Bové et de la Distinction à la télévision, a été spectaculaire : certains ont dénoncé ce militantisme d'autorité, trop personnalisé, exercé en réseau du haut d'une chaire du Collège de France, y voyant même une forme de «terrorisme sociologique». Pratiquant une politique de «contre-feu» tous azimuts, multipliant les charges contre le système médiatique ou l'horreur néolibérale, Bourdieu rêvait en tout cas, et sans doute non sans orgueil, d'un intellectuel d'intervention, critique et collectif, qui secoue les appareils politiques et accompagne les acteurs de la révolte sociale. De ce point de vue, mandarin devenu héraut des mouvements sociaux, il a joué un rôle clé pour une nouvelle génération arrivée à la politique dans les années 90. Qu'avait fait d'autre Sartre trente ans plus tôt ?
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Le champ sociologique. Ecole, réseau et reconnaissance Retour Quotidien Accueil
Des disciples et des ennemis Par Jean-Baptiste MARONGIU
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Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
On a évoqué un «système-Bourdieu», et une manière de fédérer les énergies, pour les faire tourner en machine de guerre.
ourquoi le sociologue de la domination symbolique est-il arrivé à occuper brièvement, autour de 1995, une position dominante dans le débat public? De quelle nature est le pouvoir (chaire au Collège de France, revue, collections dans l'édition, disciples...) d'un pourfendeur des pouvoirs? Comment quelqu'un qui n'aime pas les médias qui ne l'aiment pas non plus, arrive-t-il à se faire entendre par le plus grand nombre? On a évoqué un «système-Bourdieu», et une manière de fédérer les énergies, pour les faire tourner en machine de guerre. Et on a cité la fidélité à toute épreuve de ses quelques disciples: Patrick Champagne, théoricien des sondages, Loïc Wacquant, à cheval entre la France et les Etats-Unis, l'historien Christophe Charle ou l'anthropologue Louis Pinto, tous collaborateurs réguliers de la revue Actes de la Recherche en sciences sociales, où ils ont pris la relève des anciens cofondateurs de 1975, tous brouillés avec Pierre Bourdieu, plus ou moins violemment et depuis longtemps.
Séparations. Avant d'avoir des disciples et de faire école, Bourdieu a eu des collègues et des amis, des égaux en somme, avec qui le souci des avancées communes dans une discipline en pleine expansion a primé pour un temps sur les problèmes de transmission, d'héritage ou de préséance. Ce n'est qu'à partir d'une visibilité grandissante de l'oeuvre de Bourdieu que les problèmes ont commencé, avec une série impressionnante et douloureuse de déchirements, de séparations et de guerres intestines. En revanche les rapports entre le «bourdieusisme» et les autres écoles sociologiques françaises ayant pignon sur rue (celle de «l'acteur social» d'Alain Touraine, de «l'individualisme méthodologique» d'Alain Boudon ou celle se rapportant à l'oeuvre inclassable d'Edgar Morin) sont fondés sur une paix armée sinon sur un respect mutuel qui n'a pas donné lieux à des affrontements spectaculaires, les uns et les autres se contentant de ne pas discuter pour ne pas se disputer. Au commencement, Pierre Bourdieu n'est certes pas entouré de médiocres : dans le Centre de sociologie européenne qu'il a constitué, véritable creuset de son oeuvre mais aussi de toute une génération brillantissime de chercheurs, on retrouve Jean-Claude Passeron, Jean-Claude Chamboderon, Robert Castel, Luc Boltanski ou encore Claude Grignon. L'un après l'autre, ils prendront leurs distances et pas seulement pour se mettre à leur compte et voler de leurs propres ailes. L'attaque la plus violente viendra du livre d'une ancienne disciple, Le savant et la politique.
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Essai sur le terrorisme sociologique de Pierre Bourdieu de Jeannine Verdès-Leroux (Grasset, 1998). Dans cette histoire, il y a, sûrement, des différences théoriques qui émergent avec le temps, mais aussi comme une réaction à une tendance certaine de Bourdieu à tirer la couverture à lui, et à garder la clé de la maison. C'est Bourdieu qui fonde et dirige au début des années soixante la collection «Le sens commun» aux éditions de Minuit, d'où il partira pour le Seuil à la fin des années 1980. Et c'est lui aussi qui reste l'«héritier» de quelques ouvrages fondamentaux dont pourtant il n'est qu'un coauteur. La première rupture sera celle avec JeanClaude Passeron, avec qui il a formé un couple légendaire de chercheurs et signé notamment les Héritiers (Minuit, 1964) et la Reproduction (Minuit, 1970). Les démêlés avec Luc Boltanski semblent se placer sur un plan plus théorique, comme en témoigne l'originalité de son oeuvre par rapport à un certain déterminisme du patron bourdieusien. Aussi Robert Castel (à l'instar de Jean-Claude Passeron) peut-il prendre ses distances d'une manière beaucoup moins véhémente, pour poursuivre sur une voie de la sociologie qui laisse plus de place à l'histoire que ne l'entend Bourdieu. Boltanski, Castel et Chamboderon avaient signé ensemble Un art moyen (Minuit, 1965).
Un carré de proches. Directeur d'Etudes, en 1964, à l'Ecole pratiques des hautes études, Bourdieu est à 34 ans parmi les plus jeunes enseignants dans l'histoire de l'institution. Mais son statut universitaire est en deçà de sa célébrité, laquelle va croissant jusqu'en 1981, année où, présenté par Michel Foucault, il est nommé professeur au Collège de France. Pour ce fils d'un petit fonctionnaire béarnais des PTT, c'est la consécration et la constitution autour de la revue Actes de la Recherches en sciences sociales d'un réseau international de chercheurs, en Europe et aux Etats-Unis. La différence de génération et de statut font que les relations entre Bourdieu et ses collaborateurs évitent l'animosité d'autrefois. Pour la première fois, Bourdieu a une véritable école, qui forme un carré autour du maître et attaque et se défend en groupe. Une envie légitime de compter l'anime, et une sorte de conscience malheureuse et parfois paranoïaque de ne pas être reconnu à sa juste valeur. A la suite de la publication de la Misère du monde (Seuil, 1993), une nouvelle saison semble s'ouvrir pour la sociologie avec le sentiment de pouvoir à nouveau dire quelque chose, après avoir été tétanisée par la crise économique débutée en 1973. Inspirés par Bourdieu, Christophe Charle et Patrick Champagne créent l'Areser (Association de recherche sur l'enseignement supérieur et la recherche). A la fin des grèves de 1995, une trentaine de chercheurs proches de Bourdieu, fondent «Raisons d'agir», qui va entrer en synergie avec le Centre de sociologie de l'éducation et de la culture (créé par Bourdieu luimême). Il s'agit de petites structures, des plus normales dans le monde de la recherche et de l'enseignement. Mais c'est finalement la création de la branche éditoriale de Raisons d'agir auprès du Seuil, avec le succès que l'on sait, qui donnera l'impression que Bourdieu n'était plus un prophète désarmé.
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Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Par Olivier SEGURET
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Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
u printemps 1999, le cinéaste Jean-Claude Guiguet organisait les projections privées de son film les Passagers. Parmi les spectateurs se trouvait Jean-Luc Godard, enthousiaste : «C'est un film qu'il faut montrer à Bourdieu», dit-il en substance à Guiguet. Saisissant la balle au bond, Guiguet eut la bienveillance de demander à Libération de jouer les entremetteurs : une projection des Passagers fut organisée pour le sociologue puis un déjeuner Godard-Bourdieu eut lieu pour en débattre. Passionnante, difficile, souvent grinçante, la conversation n'a pas produit les effets escomptés : quoique l'entretien fût dense et original, les parties s'accordèrent pour ne pas le publier, essentiellement pour protéger le film de Guiguet, qui, contre toute attente, n'avait pas convaincu Bourdieu. «Engageons-nous ensemble ailleurs, sur d'autres terrains», suggérait Bourdieu. «Revenons sans cesse au cinéma, "les Passagers" sont les frères de "la Misère du monde"», insistait en résumé Godard. Pour ceux qui étaient présents autour de cette table, le face-à-face, un jeu matois d'approche curieuse et de coups de patte défensifs, n'en fut pas moins «historique». L'estime et le respect mutuels ne faisaient pas l'ombre d'un doute, mais la trouille réciproque d'être manipulé par l'autre était aussi manifeste. Dans les mois qui suivirent, Godard perpétua le dialogue, envoyant une série de messages politico-poétiques à Bourdieu comme à Libération. C'est une de ces lettres que Bourdieu reçoit dans son bureau du Collège de France au moment où Pierre Carles filme son portrait pour La sociologie est un sport de combat. Beaucoup s'interrogèrent sur le sens de cette scène, dont le montage semblait souligner la moue, entre ambiguïté et ironie, du destinataire. Le courrier des lecteurs des Cahiers du cinéma fut le théâtre de ces interrogations, jusqu'à ce que Pierre Carles lui-même vienne y mettre un terme par ses explications (1). Evénement clandestin mais bien réel, le choc pacifique des Titans a en effet eu lieu. Laissons-lui ses secrets. (1) Les Cahiers du cinéma n° 562.
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Le champ médiatique. De Daniel Schneidermann à Pierre Carles Retour Quotidien Accueil
Une fascination malheureuse
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Par Emmanuel PONCET Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
«La télévision ne peut pas critiquer la télévision.»
e te hais, moi non plus» : ainsi fut, à peu de choses près, la relation unissant Pierre Bourdieu et la télévision. Il a entretenu avec elle une détestation bruyamment manifestée, une aversion scientifiquement et littérairement étayée, mais aussi une fascination déçue, une relation passionnelle et fantasmatique, faite de manoeuvres d'approche, de clins d'oeil intéressés, de timides apparitions puis de claquements de porte tonitruants et de longues bouderies. Malaise. La saga «Bourdieu contre les médias» connaît une brutale accélération dans l'après-mouvement de décembre 1995. Cette tension engendrera une «galaxie» antimédiatique virulente, emmenée entre autres par le journaliste du Monde diplomatique Serge Halimi, auteur des Nouveaux Chiens de garde, et par le cinéaste Pierre Carles, réalisateur de Pas vu pas pris. L'exemple le plus symptomatique du «cas télévisuel Bourdieu» se déroule le 23 janvier 1996 à Arrêt sur images, l'émission de décryptage des médias de Daniel Schneidermann, sur La Cinquième. Le chercheur a été outré par la couverture du mouvement des cheminots par les médias, selon lui trop partiaux, inégalitaires et pro-Juppé. Sur le plateau, en face de Bourdieu, il y a Jean-Marie Cavada, qui représente France 3, et Guillaume Durand, chargé de défendre TF1. Le débat tourne au dialogue de sourds. A une question anodine de Pascale Clark, qui coanime alors l'émission, Bourdieu répond par un long silence, comme paralysé. «Je ne sais pas si je dois répondre...» Pour lui, les syndicalistes ou les grévistes qui interviennent en duplex, dans le froid et autour d'un brasero, partent avec un lourd handicap médiatique par rapport aux «professionnels de la parole», présents bien au chaud, bien habillés dans les studios. «Pour être égal, le présentateur devrait être inégal», affirme-til. Mais Bourdieu n'est pas à l'aise. Sur ce plateau comme à chacune de ses (rares) apparitions. Il n'est pas rompu à l'exercice des reparties tranchantes. Il finit par s'agacer du déroulement même d' Arrêt sur images «les conditions sont telles que je ne pourrai pas dire grand-chose» et conclut, désabusé : «De toute façon, je n'aurais jamais dû venir ici.» Quelque temps plus tard, il se venge dans le Monde diplomatique, où il clame que sa «confiance a été abusée» , et que «la télévision ne peut pas critiquer la télévision [...] parce qu'elle utilise les mêmes dispositifs». Là-dessus, Schneidermann lui répond violemment dans les colonnes du même mensuel : «Vous avez disposé de 20 minutes de temps de parole sur 52 minutes contre 8 minutes pour chacun de vos contradicteur s.»
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Dans Sur la télévision, il dénonce en détail les «conditions de production» des médias, lieux de «simplification démagogique», d'«amnésie structurale», de «circulation circulaire de l'information» et de «violence symbolique»... médiatiques qui, de Bernard-Henri Lévy à Alain Minc, squattent les plateaux de télévision en y répercutant une pensée essentiellement au service du marché. Le petit pavé rouge de Bourdieu agite vite le microcosme intello-médiatique. Pureté. L'essentiel des reproches (violents) adressés à Bourdieu tourne autour de sa démarche, qui serait polémique et non scientifique, un résumé de ses propres déboires télévisuels qui n'apporterait rien de nouveau. Certains soulignent l'ambiguïté du «plus médiatique des antimédiatiques» (formule du Nouvel Observateur ), sa fascination malheureuse pour cet objet d'étude qu'il ne comprend pas. De guerre lasse, Pierre Bourdieu finit par résoudre, avec quelques alliés, cette espèce d'impasse. Il cherche d'autres canaux d'expression, taillés pour lui. Le 15 mai 1996, Paris Première diffuse une conférence de deux fois 50 minutes consacrée à ses thèses sur la télévision. Un plan fixe, l'austère cadre de sa bibliothèque, et un monologue à peine interrompu par le vol d'une mouche. Cinq ans plus tard, le cinéaste Pierre Carles lui consacre un film, La sociologie est un sport de combat, sorti le 2 mai 2001, qui le montre au travail dans ses activités de chercheur et de militant. Dans les deux cas, la pureté est préservée, les thèses bien expliquées. Bourdieu est condamné à des formes audiovisuelles cheap, sèches, non contradictoires et monologuantes : voeu de pauvreté médiatique oblige.
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Le champ social. Soutien aux exclus, à Bové... Retour Quotidien Accueil
Penseur «anti», militant en marge Par Christian LOSSON,Vittorio FILIPPIS
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Le vendredi 25 janvier 2002
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BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
«Il n'était pas complaisant. Toujours critique, y compris sur le mouvement contestataire.» Une syndicaliste
l se voulait un «militant-chercheur». Il détestait l'étiquette d'intellectuel ou de philosophe, tolérait celle de «sociologue engagé». «Pour lui, la sociologie se voulait une discipline qui peut aider à comprendre la société, donc à la transformer», résume un proche du Collège de France. Un moyen et une raison d'agir, un outil critique pour donner de l'écho à la contestation de la mondialisation en général et des mouvements sociaux en particulier. C'est ainsi que l'auteur de la Misère du monde se dresse, ce 12 décembre 1995, au milieu d'un parterre de cheminots grévistes, à Paris. Il apporte alors son «soutien à tous ceux qui luttent contre la destruction d'une civilisation.» Il parle de chance «historique pour tous ceux qui refusent la nouvelle alternative : libéralisme ou barbarie». Il jette des ponts entre les acteurs d'un renouveau contestataire et les penseurs de la sphère intellectuelle. «Son apport fut décisif, note Pierre Khalfa, du syndicat SUD. Il a légitimé un combat contre l'économisme ambiant.» Il entrouvre une porte. «Il nous a inspirés pour notre "Appel des économistes pour sortir de la pensée unique" , explique ainsi l'inspirateur de ce manifeste, Hoang-Ngoc Liêm. Sans lui, la contestation ne se serait sans doute pas structurée de la même façon.» Hors d'Attac. C'est lui qui ré active en France les «Etats généraux des mouvements sociaux», en 1996.. qui s'éteignent l'année suivante. Mais Attac, initiée en 1998, s'en inspirera avec ses comités locaux. Bourdieu restera cependant en marge de l'association antimondialisation. Ses éditions Liber/Raisons d'agir sont membres fondateurs d'Attac, des fidèles y figurent au conseil d'administration. Mais «Bourdieu la jugeait trop réformiste, trop proche des pouvoirs, assure Annie Pourre, une proche. Il n'aimait pas le concept d'éducation populaire ; le savoir se passait par l'échange, non par la modélisation.» Surtout, l'homme aime l'autonomie, la décentralisation, les réseaux. Peutêtre que Bourdieu est, comme l'assure Annie Pourre, un « libertaire dans l'âme» ? Le sociologue s'échine à donner un visage aux mouvements des sans-droits, des exclus : les sans-papiers, les sans-logement, les sansemploi. En janvier 1998, à l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm, occupée par les chômeurs, il salue «un miracle social». Bien que «mort de trac», il multiplie les interventions publiques. Il est de ceux qui, en octobre 1998, mettent en échec l'AMI, l'Accord multilatéral sur
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l'investissement. En juin 2000, il se rend à Millau, où le procès de José Bové devient un de ces «lieux de convergences» qu'il défend.
Pairs agacés. Bourdieu, de fait, alimente la critique du néolibéralisme. Quitte à agacer des intellectuels qui brocardent «la fuite en avant du savant», au «discours populiste de la révolte». Ou à froisser des syndicats dont il dénonce «la passivité». «Il n'était pas un compagnon de route complaisant. Toujours critique, y compris sur le mouvement contestataire», dit une syndicaliste. On lui reproche parfois de ne pas descendre plus dans la rue ? «Il était tout sauf un mandarin, son antithèse : simple, timide, disponible», assure Agnès Bertrand, de l'Observatoire de la mondialisation. «On me dit dinosaure, un néoradical, confiait-il, parfois, à des amis. Je suis seulement fidèle à mes valeurs naturelles.» Au fur et à mesure que les mouvements sociaux s'internationalisent, Bourdieu continue à vouloir partager ses savoirs. Il envoie des textes aux contre-sommets, à Davos ou au Québec, mais met en garde, en privé, contre le «tourisme militant». «Il s'est toujours gardé de tout simplisme», dit un de ses fidèles. Pourfendeur de l'Europe financière et monétaire, mais en faveur d'une «régulation supra nationale» (il lance en mai 2000 les objectifs d'un «Mouvement social européen»). Dégommeur de la mondialisation «inégalitaire», mais pour un nouvel internationalisme de la «résistance». Procureur de la «troïka néolibérale Blair-Jospin-Schröder», mais désireux de restaurer la politique. Au fond, assure Annie Pourre, il collait à Gramsci (fondateur du Parti communiste italien) : «Allier le pessimisme de l'intelligence à l'optimisme de l'action». (1) Ce projet avorté accordait des pouvoirs considérables aux multinationales.
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Le champ politique. Elections présidentielle, européennes... Retour Quotidien Accueil
Coluche ou rien
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Par Didier HASSOUX Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
Pierre Bourdieu n'aimait pas les partis politiques. Il s'en méfiait autant qu'il aimait LA politique.
l n'aurait sans doute pas aimé. Unanimes ou presque, les responsables politiques ont rendu, hier, une série d'hommages vibrants à Pierre Bourdieu. Un flux dithyrambique de droite à gauche. Jacques Chirac a refait le coup de la «fracture sociale» en saluant le combat du «militant de la pensée» au service «de ceux que frappe la misère du monde». Lionel Jospin s'est rappelé à sa gauche en louant «un engagement fort contre la mondialisation libérale et ses dommages culturels et sociaux». Jean-Pierre Chevènement a tenté, une fois encore, de se distinguer de ses deux principaux rivaux à la présidentielle en remarquant que «dans le triste univers de la pensée unique, il aura incarné le souffle de la pensée critique».
Partis «caducs». Il n'aurait pas aimé parce qu'il n'aimait pas les partis politiques. Il s'en méfiait autant qu'il aimait la politique. Pour preuve : il participe activement à l'embryon de campagne présiden tielle de Coluche en 1981. Lorsque le comique remise ses plumes et son cul, le sociologue stigmatise les professionnels de la politique qui ont «refusé à ce casseur de jeu le droit d'entrée, que les profanes lui accordaient massivement». «Pierre ne croyait qu'à la société civile, analyse Annie Pourre, cofondatrice de Droit au logement (DAL) et proche de l'intellectuel. A l'époque, il voyait en Coluche son meilleur représentant. Il a toujours considéré que les partis politiques étaient caducs.» Ce qui ne l'a pas empêché de les fréquenter. Même sans le savoir. Durant l'hiver 1995, il devient, à la fois, le symbole et le théoricien des mouvements sociaux qui secouent le pays. Son nom apparaît en tête d'une pétition d'éminences de la société civile contre le «plan Sécu» d'Alain Juppé, alors Premier ministre. Deux personnes organisent la révolte de papier : Jacques Kergoat, membre de la LCR, et Didier Leschi, proche de Chevènement. Bourdieu n'y voit que «le champ du social» qui investit le «champ du politique». Et pas une mainmise de la gauche critique.
Refus. Dans la foulée, il or ganise des «Etats généraux du mouvement social» qui n'aboutiront pas politiquement. Même si, en 1999, d'aucuns poussent le sociologue à affronter les électeurs. Une liste «d'une gauche de gauche» aux Européennes est envisagée. Bourdieu refuse de la parrainer. Un scénario à l'identique s'était produit à l'occasion de la présidentielle de 1995. L'intellectuel apparaissait alors dans tous les combats des «sans». Il
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participe à la fondation d'Agir contre le chômage (AC!), s'engage aux côtés du DAL. Annie Pourre, Didier Leschi, Christophe Aguiton (AC et LCR) se souviennent que sa candidature à l'Elysée est alors envisagée. Mais Bourdieu décline. Ironie du sort, ses travaux sur La Misère du monde nourriront le discours d'un autre candidat à la présidentielle. Jacques Chirac lui doit beaucoup.
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Alain Touraine, sociologue, théoricien des mouvements sociaux: Retour Quotidien Accueil Les autres jours Lundi - Mardi Mercredi Jeudi - Vendredi -
«Il était une référence positive ou négative indispensable» Par Jose GARÇON Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN PIERRE BOURDIEU: MORT D'UN SOCIOLOGUE DE COMBAT Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
a mort est un choc, j'avais entendu une fois le mot «cancer», mais je ne savais pas... C'est un choc dans la mesure où notre univers intellectuel à tous, le mien particulièrement, est un monde qui s'organisait, non pas complètement mais en partie, par rapport à Bourdieu. Il était une référence positive ou négative indispensable. Il avait grossi comme un arbre qui pousse ses racines et ses feuilles et couvrait un domaine énorme de l'opinion. Le fait que mes orientations, mon travail ont toujours été et de plus en plus opposés aux siens, me donne la liberté de dire que son oeuvre est considérable. Comme tout vrai sociologue, il a toujours uni le travail de terrain, la connaissance, l'analyse des problèmes et la réflexion sur sa propre démarche. La sociologie de Bourdieu a réfléchi sur la sociologie, Bourdieu a réfléchi sur Bourdieu, c'est un monde qui s'efforce d'être conscient de lui-même. Avoir montré ce qui est caché je pense à son travail sur «la misère du monde», sur le «capital culturel» et savoir ce qu'on fait, être conscient de soi-même demeurent les deux caractéristiques de son oeuvre. Toute l'oeuvre de cet homme qui, ces dernières années, était plutôt connu pour des prises de position ou des écrits idéologiques, qui ne sont pas forcément ce qu'il a fait de meilleur a été une réflexion sur soi-même et la construction d'une démarche. Ses derniers écrits ne sont pas polémiques ou idéologiques, ils sont de la réflexion profonde. Pierre Bourdieu est avant tout un philosophe-sociologue, ou un sociologue-philosophe, qui s'est engagé comme l'avait fait Foucault au côté de mouvements qui n'ont pas toujours été importants ou qu'il n'a pas toujours bien interprétés, mais avec la volonté de pousser jusqu'à l'extrême la définition de base de sa théorie: la société est un système de domination. Il s'agissait donc de montrer, de faire comprendre, de définir ces dominations par des méthodes de terrain, des réflexions et en s'engageant auprès de ceux qui étaient les «sans voix»... Mais ce que je trouve le plus fort dans son oeuvre, demeure sa réflexion philosophique sur soi-même. Ses livres Questions de pratiques ou Les Méditations pascaliennes sont du grand Bourdieu. Comment ne pas être par ailleurs profondément sensible à un livre comme la Misère du monde qui fait émerger ce qui est caché? Bourdieu est une figure majeure et qui le restera de la sociologie de la deuxième moitié du XXe siècle, une grande figure intellectuelle.
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Quand je regarde ses positions au cours des années, rétrospectivement, je me sens d'accord avec 90 % d'entre elles, même si nous nous sommes heurtés sur la grève de 1995. Il est du côté des déterminismes sociaux, je suis du côté de la liberté, mais les deux faces de la sociologie ne peuvent vivre l'une sans l'autre. Et j'ai le sentiment qu'une partie importante de ma vie a été, sans parler, un dialogue avec lui, comme cela fut le cas avec les sociologues américains ou avec Althusser....
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Tous les vendredis, les nouvelles Tentations de «Libération»
UnDVDcultedekung-foot,Washingtonnidd’espions,lasélectionCD… Pages 35 à 47
C I L B U P L I
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CAHIERCENTRAL
Bourdieu,
les champs du partisan
Rouen, rives et risques
Depuis le drame de Toulouse, la capitale de la Haute-Normandie s’inquiète des industries polluantes qui l’entourent. Mais elle travaille aussi à valoriser son patrimoine historique et à aménager les bords de la Seine.
L’Elysée s’affole
Le mois de janvier se montre rude pour Jacques Chirac. Depuis quelques jours,son entourage multiplie les réunions pour définir une stratégiede contre-attaque.Objectif: pousser le Président à occuper le terrain. Pages 13 et 14
Prison pour les policiers violeurs
Accompagnateur des mouvements sociaux, le sociologue auteur de «la Misère du monde» est mort mercredi à 71 ans. Page 2
E R U T L U C A L E D E R E T S I N I
M . T E N I D U O B L E I N A D
Quatre fonctionnaires de police d’Albi (Tarn) accusés d’abus sexuels répétés sur une jeune marginale iront finalement en prison.En décembre,la réquisition d’un simple sursis par le procureur avait suscité une émotion considérable. Pages 16 et 17 www.liberation.com 1,20 (7,87 F)France métropoli taine Image PostScript disc_0/mac/hires/p
Antilles,Réunion-Guyane 1,60 Eur., Allemagne 1,80 Eur., Autriche 2,30 Eur., Belgique 1,20 Eur.,Cameroun 1100 CFA,Canada $ 3,25, Côte d’Ivoire 1100 CFA,Danemark 16 Kr,Espagne 1,70 Eur., Finlande 2,30 Eur., Gabon 1100 CFA, Grande-Bretagne 1,20 L, Grèce 1,70 Eur., Irlande 2,0 Eur., Israël 8,9 Ils,Italie 1,60 Eur., Luxembourg 1,20 Eur., Maroc 12 Dh,Norvège 22 Kr,Pays Bas 1,80 Eur., Portugal Cont 1,70 Eur.,Sénégal 1100 CFA, Suède 22 Kr,Suisse 2,5 F,USA $ 3 (N.Y.$ 2,50) P
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Libération - Quotidien
Samedi 26 janvier 2002 Evénement Les éditions des autres jours de la semaine Lundi Mardi Mercredi
Jeudi Vendredi Samedi Un article dans Quotidien
PEUT-IL REBONDIR ?
Bloqué à Ramallah par le gouvernement israélien, Yasser Arafat perd progressivement sa crédibilité. La solitude de Yasser Arafat, assiégé et discrédité Soldats pacifistes au coeur de Tsahal Washington aligné sur Jérusalem Le soutien impuissant des Européens Le défi
Philippe Jaffré Jeudi 24 janvier 2002
Jacques Maillot Bernard Cassen Samedi 19 janvier 2002
Michel Chassang Vendredi 18 janvier 2002
Khalil Bachir Jeudi 17 janvier 2002
Robert Pires Mercredi 16 janvier 2002
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Vendredi 25 janvier 2002
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BOURDI
Les dépêches de l'AFP
Jamie Oliver Samedi 26 janvier 2002
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Samedi 26 janvier 2002
MICMAC PRÉSIDENTIEL À MADAGASCAR Comment le «milkman» a fait son beurre La Convention sur l'avenir de l'Europe au régime sec Solana sur tous les fronts des Balkans La survie par les égouts L'Inde teste un nouveau missile Le milliardaire et la mort qui rôde «Les Syriens sont derrière l'attentat» Soupçons libanais contre Israël Le milliardaire et la mort qui rôde Politiques
SÉGUIN VEUT RENOUER LE «FIL BRISÉ» DE CHIRAC Accélération en rase campagne Les programmes très communs du RPR et du PS La droite mise sur la fiscalité Deux projets au banc d'essai Le MJS tape fort sur Chirac, «le maillon faible»
Mardi 15 janvier 2002
Paulette GuinchardKunstler Samedi 12 janvier 2002
Mathilde Laurent Vendredi 11 janvier 2002
Sarah Moon Jeudi 10 janvier 2002
Cathy et David Guetta
Que restera-t-il de Pierre Bourdieu ? Post electium animal triste La peur des régions Au-delà du volcan Plaie d'argent est-elle médicale? Lire les autres tribunes, analyses, éditoriaux...
Société
LES PROFS NE VEULENT PAS DU MERCREDI Un passage en force, sans les formes Samedi, jour des pères séparés «Peut-être la fin de l'amniocentèse» Plainte du recteur de la mosquée de Lyon Aussaresses paie pour son Algérie http://www.liberation.com/quotidien/index_sam.php3 (1 sur 2) [27/01/2002 14:25:44]
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Fanfaronnades de général Retour sur une médiation mortelle A Lyon, l'éditeur négationniste nargue ses juges Argent sale : le gouvernement au secours du Luxembourg La mutinerie de Poissy fait long feu Economie
LYCOS MARCHE SUR LA TÊTE Un X-Mines pris les doigts dans le Net BCE : fausses notes dans le jeu de chaises musicales L'euro chute L'ex-vice-président d'Enron se suicide Dans la famille G7, le champion est britannique Emploi: Berlin fait un pacte en arrière Internet
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«EXTINCTION», VISIONS «Je cherche ce que cherche Bernhard : l'être humain» «Je cherche ce que cherche Bernhard : l'être humain» Un Kanche passe Bedos daube sur tout ce qui bouge Le combat de Farida Muhammad Ali La vie cadrée comme un code-barres La Corse perd sa Rose
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Les internautes réagissent à la mort du sociologue sur liberation.fr.
Que restera-t-il de Pierre Bourdieu ?
Le samedi 26 janvier 2002
e militant, pas le sociologue «Il avait bien vu que Ah, adieu Pierre. Tu as bercé nos recherches ratées d'étudiants jusqu'en licence, l'égalité, pour jusqu'à ce qu'on comprenne que ta méthode ne rimait à rien, que ton déterminisme être une réalité, digne héritier de Durkheim et de Mauss ne nous permettait pas de comprendre les ne suffit pas dynamiques sociales, et que ta sociologie de la domination bien qu'elle fût séduisante se bornait souvent à un militantisme postmarxiste auquel on adhérait d'être pour des raisons morales mais avec lequel il était bien difficile de faire la moindre proclamée, enquête digne de ce nom. Grosse Fatigue mais qu'elle doit aussi se Le sociologue, pas le militant vérifier Il y a quand même deux Bourdieu: un scientifique incontestable, certes pas au goût empiriquement, de tous mais dont les outils et la méthode resteront; et puis le militant engagé qui dans la vraie sortait des mauvais livres vers la fin. Impossible de comparer la Distinction (1) ou la Noblesse d'Etat (2), des travaux d'une pertinence et d'une finesse inégalées, avec les vie, et alors petits opus publiés par Liber (3) sur les journalistes et la télévision, par exemple, là...» qui n'apprenaient rien à personne ou la Domination masculine (4). Alors, certes Bourdieu a permis de légitimer des mouvements sociaux, mais cela s'est fait au prix d'un appauvrissement certain de sa théorie. Personnellement, en tant que militant, je ne l'ai jamais vraiment trouvé crédible.Igor Le sociologue et le militant A ceux qui opposent à Bourdieu sa face sociologue et sa face militante, mon avis est qu'elles ne sont pas incompatibles. La création de Liber-Raisons d'agir n'est que l'accomplissement des recommandations que l'on pouvait tirer de son oeuvre: militer http://www.liberation.com/quotidien/debats/020126-110004125REBO.html (1 sur 5) [27/01/2002 14:26:08]
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pour éduquer. Tous ceux qui trouvent en l'oeuvre de Bourdieu un immobilisme inéluctable sont passés à côté de l'essentiel: la source de la domination n'est pas tant économique que culturelle, et la dernière phase de sa vie, consacrée à la médiatisation de ses idées, va dans le sens de ses recherches, quoi de plus cohérent! Stéphane B. La sociologie critique, un socle La mort de Pierre Bourdieu provoquera sans doute un retour des petites bassesses. Des réactions sentent déjà le lâche soulagement. Il faut reconnaître à Bourdieu d'être un des socles sur lesquels s'appuieront les sciences humaines dans les prochaines décennies. L'efficacité de sa sociologie a marqué l'ensemble des sciences humaines, en particulier l'histoire, la géographie, les sciences de l'éducation, comme elle a donné un autre sens à l'action politique. C'est la raison de son succès de par le monde, et particulièrement en Amérique latine. C'est par dizaines que ce comptent les travaux en cours inspirés, avec plus ou moins de distance, par ses recherches. Le voilà son héritage. Les libéraux aboient, la sociologie critique passe. Dufour Une tyrannie des ignorants Ce qui restera? Les bourdieuseries, malheureusement. J'entends par là le dogme, le credo, les propositions manifestement fausses, mais qui, parce qu'elles ont été avancées par le maître, font l'objet de croyances auxquelles se raccrochent ses sectateurs. Un exemple? Je ne pardonnerai jamais à Bourdieu l'idée selon laquelle «capital culturel» et capital financier, parce qu'ils sont parfois détenus par les mêmes personnes, sont essentiellement la même chose, et que donc les «détenteurs du savoir» méritent d'être en butte à une lutte des classes similaire à celle qui vise les propriétaires de la terre et des moyens de production. Résultat des courses (même s'il est vrai que d'autres phénomènes sont en jeu et que Bourdieu ne saurait porter l'entière responsabilité de cet état de choses): le savoir passe pour réac et oppresseur jusqu'au coeur des institutions chargées de le transmettre, sur lesquelles pèse maintenant une suspicion soigneusement entretenue, et, si la dictature du prolétariat a du plomb dans l'aile, s'installe en revanche dans l'espace public une tyrannie soft des ignorants, les «lofteurs» et autres «staracadémiciens» qui, il y a peu, auraient eu le bon goût de rester cachés dans leur anonymat minable. G.D. La dignité contre le dignitaire La dignité de Bourdieu est d'avoir porté le malaise jusque dans son écriture de professeur, d'avoir choisi la dignité contre le dignitaire et de l'avoir cherchée, non parmi ses étudiants mais parmi les sans-voix, les sans-école, les sans-boulot, les sansculottes, les sans-papiers, les exclus et les broyés de toutes sortes, qui font la matière vive des beaux discours servis à l'université... Freiheit
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Ses livres Eh oui, Pierre Bourdieu est de ceux qui peuvent aider à vivre. Comme les grands artistes, comme les gens simples, tous ces mortels avec qui on fait un bout de chemin. Franz Schubert, Alberto Giacometti, John Coltrane, Charles Juliet, mon pote Miguel. On avance comme on peut, avec chacun son improbable galaxie en tête. Pierre Bourdieu va me manquer. Je vais broyer du noir quelque temps; ensuite, je reprendrai ses livres et peut-être même le combat. Jean Le petit peuple de Bourdieu Le petit peuple de Bourdieu, ce n'était ni vraiment le quart-monde, ni tout à fait ceux votant à gauche, ni complètement les étudiants et professeurs cultivés des grandes villes. C'était les immigrés, leurs enfants, les chômeurs, les étudiants-futurs-emplois jeunes, les autodidactes, les artistes et les scientifiques révolutionnaires, les pigistes, les abonnés aux contrats aidés, précaires ou partiels-contraints, les thésards sans poste, la «main gauche de l'Etat», les oblats, les cadres de 50 ans au chômage, les médecins de campagne, les profs de ZEP, les populos au musée d'Art moderne, les indigènes colonisés, les bons élèves de condition modeste, les femmes, les chefs de rayon tyranniques qui s'y croient désespérément, les derniers Français des cités HLM qui votent FN, les homosexuels et tant d'autres. Tous ceux-là, qui sont, comme il l'a toujours été, le cul entre deux chaises, ont perdu quelqu'un qui les comprenait formidablement bien. Même si ce n'était pas toujours réciproque. D'aucuns le lui reprochent. C'est de ne pas comprendre qu'il s'est montré très exigeant avec la manière d'analyser la société, et finalement pour comprendre tous ces gens. Qui oserait soutenir ici qu'aucune étude sérieuse sur l'illettrisme ne devrait être écrite avec plus de cent mots, sous prétexte que les illettrés ne pourraient pas la lire? La recherche en sciences sociales et la vulgarisation scientifique sont deux choses différentes. Lui faire ce reproche, c'est ne pas saisir la singularité et la scientificité de la démarche sociologique. Mais il ne s'est jamais découragé pour autant. Il a toujours défendu son petit monde avec une passion parfois un peu parano et à la limite de la mauvaise foi scientifique. Mais une ferveur tellement forte, attachante, chaleureuse et sincère que ceux qui, comme moi, sont parvenus à lire ses ouvrages, touchés en plein coeur et de plein fouet, ne les oublieront jamais. M'sieu le professeur, j'espère que, de là où tu es, tu as pu entendre l'hommage que Chirac a fait de toi. Chirac te faire un hommage! C'est la dernière farce que tu nous laisses, c'est ça?Baldu Rien, et puis un chagrin Dire trop vite, trop de choses, à un moment ou trop de gens nous quittent trop vite, voilà confusément ce qui me vient à l'esprit. Jean-Toussaint Desanti et aujourd'hui Bourdieu. Moi, je ne garderai rien de Bourdieu si Bourdieu n'est qu'un sociologue de la «rupture» qui a transformé trop de «champs sociologiques» en «champs» de batailles dérisoires contre «l'ordre de l'exclusion», c'est-à-dire, quand l'époque avait moins de scrupules, l'idéologie «bourgeoise». Par contre, il m'est toujours difficile d'admettre la mort d'un combattant, rappelons-nous du consternant film La sociologie est un sport de combat (5), qui donnait tout son sens au débat intellectuel, même si hélas on sait à quel point l'école bourdivine de sociologie pouvait être fanatiquement obtuse. Le prince de la pensée radicale vient de mourir, j'en éprouve http://www.liberation.com/quotidien/debats/020126-110004125REBO.html (3 sur 5) [27/01/2002 14:26:08]
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du chagrin, car c'est une part de la «tradition» (illisible pour le coup à force de distinction...) sociologique française qui meurt.Soça Le démocrate! Ceux qui haïssaient Bourdieu le faisaient, nous disent-ils, au nom de la démocratie, en condamnant son «fameux déterminisme sociologique»! Mais les mêmes n'ont jamais compris (ou pris le temps de parcourir ses livres) que c'est justement parce que Bourdieu croyait en la liberté qu'il écrivait, qu'il critiquait, parce qu'il avait bien vu que l'«égalité», pour être une réalité, ne suffit pas d'être proclamée, mais qu'elle doit aussi se vérifier empiriquement, dans la vraie vie, et alors là... Longue vie à cette pensée fertile (proche d'ailleurs, comme le disait l'auteur lui-même, d'un certain Michel Foucault) et à ses continuateurs! N.P. L'imbu N'oublions jamais que Bourdieu a été élève de Raymond Aron, qui écrira dans ses Mémoires: «Bourdieu est devenu ce qu'il annonçait déjà quand il était étudiant à la Sorbonne: un des meilleurs de sa génération mais un chef de secte, imbu de sa personne et dogmatique.» Saint-Just
L'individu et le collectif N'est-il pas un peu tôt pour faire l'autopsie de Pierre Bourdieu? «Bourdieu» n'est du reste plus depuis longtemps le nom d'un individu, mais celui d'un collectif (de chercheurs, de militants), dont les membres se caractérisent par un certain nombre de traits communs (au-delà de nombreuses différences): notamment un certain optimisme épistémologique et une perspective radicalement historienne (deux qualités rarement combinées). Mais «Bourdieu» n'est que le nom provisoire de ce collectif, qui aurait tout aussi bien pu être désigné par celui d'«Elias» (si ce dernier n'était pas resté méconnu pendant de longues années en France) ou encore, pourquoi pas?, par celui de «Spinoza». Indubitablement, une des questions auxquelles Bourdieu (l'individu) et ses amis se sont efforcés de répondre est celle de savoir comment concrètement être spinoziste aujourd'hui. Réponse: en devenant praticien de la socio-histoire. Les Méditations pascaliennes de Bourdieu se seraient plus justement intitulées «Méditations spinozistes». On pourra certes dès maintenant dresser une liste de griefs contre Pierre Bourdieu: n'avoir pas été assez historien; avoir construit une théorie au pouvoir explicatif important, mais ne pas avoir eu le sens ni le goût des problèmes, autrement dit avoir été peu soucieux de repérer les points où sa théorie «déraille»; avoir insisté sur les formes de la domination sans jamais vraiment s'arrêter sur les processus d'émancipation à l'oeuvre dans le monde social; ou encore avoir eu une conception assez naïve et idéaliste du sociologue dans la cité. On pourra aussi relire avec intérêt les charges polémiques violentes d'un Jacques Rancière contre Bourdieu (charges qui sont d'une tout autre nature et d'un tout autre niveau que les attaques dont le sociologue a été l'objet ces dernières années). Mais rien n'y fera, nous qui lisons Bourdieu en louchant du côté de Balibar ou de Rancière, nous nous trouverons toujours en meilleure compagnie avec lui qu'avec les ombres de livres que publient la plupart de ses détracteurs. Sub specie aeternitatis, sub specie historiae. Jérôme Vidal
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Des armes Je suis abasourdi, décontenancé et mal à l'aise. Je ne sais comment résumer ce que Bourdieu représente pour moi. Je ne suis pas un sociologue ni un étudiant en sociologie. En fait, j'ai, comme beaucoup, suivi un cursus scolaire et universitaire sans avoir jamais eu de cours, de sensibilisation, à la sociologie. Cette problématique étant pourtant au centre de toutes nos relations avec la communauté des êtres humains (ce qui représente un nombre certain d'individus). Les livres de Bourdieu, les essais de la collection Liber, m'ont permis de réfléchir, de comparer, de me questionner sur des sujets nécessaires, vitaux pour tout citoyen. Merci à vous monsieur Bourdieu pour m'avoir ouvert l'esprit, pour m'avoir donné des armes, afin de défendre mes opinions. Djino (1) La Distinction, éd. de Minuit, 1979. (2) La Noblesse d'Etat, éd. de Minuit, 1989. (3) En 1996, Pierre Bourdieu avait fondé l'association Liber-Raisons d'agir, éditrice de livres militants. (4) La Domination masculine, Seuil, 1998. (5) La sociologie est un sport de combat, documentaire de Pierre Carles sur le travail de Pierre Bourdieu, 2001. http://forum.liberation.fr Rebond précédent - suivant Chercher un article rebonds par un mot ou une phrase: BOURDIEU
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Résultat de la recherche BOURDIEU. Nb de documents trouvés: 2
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Libération - Débats [34 occurrences] Les internautes réagissent à la mort du sociologue sur liberation.fr. Que restera-t-il de Pierre Bourdieu ? Le samedi 26 janvier 2002 «Il avait bien vu que l'égalité, pour être une réalité, ne suffit pas d'être proclamée, mais qu'elle [25/01/02] (20k) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020126-110004125REBO.html Libération - Débats [1 occurrence] MON JOURNAL DE LA SEMAINE Post electium animal triste Par Jean-Bernard POUY Le samedi 26 janvier 2002 J'ai tenu une semaine sans parler du 11 septembre. La classe. Ni de la défaite de Marseille. Ni de mes pauvres théories sur l'Education [25/01/02] (18k) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020126-110041023REBO.html Nb de documents trouvés: 2
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MON JOURNAL DE LA SEMAINE
Post electium animal triste Par Jean-Bernard POUY Le samedi 26 janvier 2002
J'ai tenu une semaine sans parler du 11 septembre. La classe. Ni de la défaite de Marseille. Ni de mes pauvres théories sur l'Education nationale.
amedi Sale gueule Eh bien voilà, presque un temps législatif pour reconnaître que les promesses (zélectorales) faites aux sans-papiers n'ont pas été tenues et que c'est une grave, très grave faute morale. D'ailleurs, la morale (l'éthique disent les culs-pincés), c'est ce qui nous manque le plus, et c'est la raison pour laquelle, partout, c'est toujours le bordel, l'horreur et la violence. Du coup, quand on a le réveil métaphysique, qu'on se regarde dans la glace et con se dit, la vache, le monde a une sale gueule, et comme je fais partie du monde, j'ai donc une sale gueule, et comme je ne fais pas grand-chose pour que ça s'améliore, donc je ne fais pas partie de grand-chose, sinon d'une couche vaguement sociétale que le hasard a installé dans le privilège, la journée est irrémédiablement foutue. La semaine dernière, dans ce même quotidien, Pialat disait (terriblement) qu'on est dans la merde du monde... Et ce n'est pas la lecture du journal qui va faire office de remontant. Regardez bien, aujourd'hui même, il n'y a rien qui puisse efficacement nous réjouir. Aucun progrès, aucune avancée. Partout, ça recule. Dans le manque, le malheur, la souffrance. On peut toujours, au chaud de nos appartements, se dire qu'on fait partie des exceptions. Dont cette fameuse exception culturelle française qui se comporte tout à fait à la Messier en renvoyant Diwan à ses chères études crêpières... J'ai été redemander une carte d'identité. La mienne. Que j'ai perdue la semaine dernière (un signe...). Mais je ne suis pas un sans-pap. A la mairie, ils m'ont promis que j'aurai la nouvelle dans dix jours. Je peux décemment croire à cette promesse. Ce n'est pas comme certains... C'est quoi, une cinquantaine de mille de personnes à régulariser? Pas grand-chose: quatre-cinq ans d'accidentés de la route. Relire Cioran.
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Dimanche La nature en pétard L'éruption du Nyiragongo ravage tout, une ville entière et peut-être une autre. La nature, ingénument, sans mauvaise volonté ni arrière-pensée, mais en sacré pétard, crée autant (presque) de douleur qu'une épuration ethnique ou qu'une mégaguerre tribale. Elle génère, à coup de laves en fusion, une masse tremblante de réfugiés frigorifiés, affamés et sans doute rançonnés. Force est de reconnaître qu'en général ça retombe toujours sur les mêmes. Les quatre éléments. Le feu, partout, au Congo, à Strasbourg, à Sydney. L'air, le trou sidérant dans l'ozone et les gens qui continuent à bagnoler à fond. L'eau. Soit elle manque et la vie disparaît peu à peu, soit elle réside suffisamment en abondance pour qu'on ait le temps de la polluer à mort. La terre. Certains veulent la leur. On le leur refuse impunément. Alors ils foutent le feu et se brûlent. Heureusement, il n'y a pas de volcan sur la terre de Palestine. Le volcan est néanmoins dans les têtes. Relire Malcolm Lowry. Lundi Hip Sauce Encore un sondage. Les sondages, j'ai toujours trouvé ça vaguement procto, genre lavement, pas du fondement, mais du cerveau. Un sondage dans les matières grasses, comme s'il fallait choisir le camembert qu'on allait bouffer pendant cinq ans. 48 ou 52%? Et ce Lundi, selon Hip Sauce, y'en a un des deux qui passe devant l'autre, alors que, la semaine dernière, c'était le contraire. Ça fatigue. D'ailleurs, va sonder des gens qui confondent OGM et ONG. Et va sonder des gens sur la différence entre Josmadepin et Chivènemenrac, quand les deux tiers de la planète cavalent après cent grammes de féculents. Il paraît que ça fait, exactement, aujourd'hui, trois mois avant les élections. On s'en tape. Car, pour l'instant, dans les programmes, aucune trouée dans le ciel noir du libéralo-réformisme. Rien. L'homo ça pionce. Et surtout aucune thèse, parole, analyse et même promesse qui puisse provoquer envie, espoir et sens du combat. Replâtrage tous azimuts, alors que le mur, en dessous, est pourri. Attac entame le pont du Gard avec une fourchette. C'est déjà ça. L'effacement de la dette des pays pauvres n'est encore qu'une promesse... Personne en haut lieu ne se risque à définir une révolution urbanistique, pourtant solution possible aux problèmes banlieusards. Non, question urbanisme, la seule chose qui intéresse, c'est le devenir de cette putain de grande roue de la Concorde qui fait de Paris une ville qui pourrait enfin ressembler à Vienne. Faut-il ressembler à Vienne? Relire Karl Kraus. Mardi Big Brother Le sida qui ravage la Chine fait moins de lignes que les atermoiements de Chirac à se présenter. Que se passe-t-il Valda? Quand on parle de mondialisation, parle-t-on de la http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020126-110041023REBO.html (2 sur 5) [27/01/2002 14:29:11]
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prise de conscience de l'humain terrestre? Non, on cause de restructuration capitaliste financière. J'ai toujours été vaguement choqué par la formule d'Huxley, Big Brother. C'est bien, un grand frère, quand il est bienveillant. Et pourquoi les grands frères riches ne s'occupent pas de leurs petits frères dans la mouise? Non, apparemment, les grands frères ne font que faire chier leurs petites soeurs. Et dire qu'on m'emmerde avec les soidisant récits à la noix de la collection du «Poulpe». Alors que, dans le désordre: Haider regonfle du torse, Stoiber pourrit le Danemark mieux qu'Hamlet, Chirac aurait encore menti, Pasqua fait le jobastre, Schuller se la coule tellement douce que son fils le dénonce, Dutroux fait de la télé, on prépare la deuxième saison de Loft Story, les Argentins se sont fait niquer à la base par la haute finance, Delon ne meurt même pas à la fin, le foot va bientôt nous retomber dessus à haute dose et on va déterrer Coppi. J'arrête. La Nausée. La première phrase du livre de Sartre: «Le mieux serait d'écrire les événements au jour le jour.» Sombre prémonition. Relire n'importe quel polar, n'en déplaise à Beigbeder ou à Viviant. Mercredi ça lave la tête Ce n'est pas le moment de tomber malade et de se choper une gastro-entérite. Au moins, avec une grève des transports, et un tant soit peu de stratégie diplomatique, on peut éviter d'aller bosser. Là, on risque de se retrouver directo dans un épisode d'Urgences. Plus rien, tiens, sur les vaches folles. La vache dont ces sondeurs de l'âme que sont les psychanalystes n'ont jamais vraiment dit que c'était notre deuxième maman... Je le dis depuis toujours, la vache sauvera le monde. Avec la patate. Et le rock'n'roll. Cette semaine, j'ai reçu le double live des Dogs, le dernier King Size et, bientôt, va m'arriver le dernier Little Bob. Le ciel s'éclaire. Du bleu zébré d'éclairs. La terre se remet à tourner un peu plus vite. Un petit tour en vitesse à Orsay. Je donne tout Van Gogh pour l'asperge de Manet et tout Renoir pour un petit Vuillard rose. Ça fait réfléchir. De temps en temps, penser à ce troc de l'impossible. Ça lave la tête. Faites comme moi, let's do the Jivaro. Vous verrez, c'est oxygénant. Tout Beaubourg pour un seul Morandi. Tous les films depuis trente ans pour Bande à part de Godard. Un seul dessin de Glen Baxter pour toute l'oeuvre d'Alain Minc et de Jacques Attali. Vous pouvez tenter des variantes: que préférer pour ce soir? Lire du Yann Moix ou boire un bon mercurey blanc? Ça n'a rien à voir, il paraît. Moi, je crois que si. Aujourd'hui, l'article sur Berlusconi fait plus de lignes que celui sur Oliveira. Je m'en fous, je ne vais plus au cinéma, qui est mort il y a déjà longtemps, allez, vas-y Skorecki, aie le courage de le dire nettement. Ah oui, Poutine, en plein autodafé didactique, conseille les bons et mauvais livres. Il fait ce qu'on attendait de lui, il déconseille les bons et promotionne les mauvais. On aimerait assez avoir la liste complète. Ce n'est pas drôle, ce mec a un doigt sur le bouton. Relire Karl Marx.
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Jeudi Anarchie Le journal tout en BD, pas de photos (sauf les pubs... c'est dommage), ça nous ramène au bon temps de l'Assiette au beurre, de Daumier ou de Gustave Doré. Au moins, le dessin dit ce que pense le dessinateur. La photo, ce n'est plus que rarement le cas. Souvent, elle illustre plus qu'elle questionne. De la prose grandiloquente, vicieuse et inopérante de M. Donnedieu de Vabres, député UDF, ce matin dans la page «Tribune» (1), où il tente de redéfinir un code démocratique, démocratique, il reste, in fine, que les soixante-huitards ont favorisé le sida, le retour de la délinquance, l'individualisme l'individualisme et «d'une certaine manière» (sic) (pouêt-pouêt) l'anarchie. Lâchez-nous une bonne fois la grappe, M. DdV, les individualistes ressemblent plus à Bill Gates ou à J.-M. Messier qu'à celui qui s'abstient aux élections, et l'anarchie n'est surtout pas le bordel, l'horreur et la violence. Relisez les actes de la Première Internationale, M. DdV, on y parle moins de «peuple» que vous. C'est dommage qu'on ne m'ait pas demandé d'illustrer votre saillie, je ne sais pas, moi, j'aurais dessiné une enclume, un fauteuil roulant ou un kit-perfusion. Je ne connais pas votre âge, mais je suppose que vos parents vous ont fabriqué en mai 68, après une manif. Votre prose est lacrymogène. De rire. Faire gaffe à la toponymie. Le pape oecumène à Assise (il aurait pu faire ça à Néant (Morbihan). Le prochain sommet qui nous intéresse se tient à Porto Alegre (une prémonition?). prémonition?). Et, cadeau bonus, une idée de promenade militante, pour cet été: aller de Plurien (Côtes-d'Armor) à Plumieux (Côtes-d'Armor)... (Côtes-d'Armor)... En Europe, dix-sept millions d'enfants pauvres. A Fontenay-sous-Bois, un maire courageux (ou plutôt, normal) est obligé de demander à la secrétaire d'Etat le droit de réquisitionner réquisitionner un immeuble pour améliorer les conditions de vie de huit familles maliennes. Tout ça parce que la préfecture, sourdingue sourdingue à mort, le lui refuse. Vas-y, Jean-François (Voguet PCF , ndlr), fais-le quand même, ça serait enfin une bonne nouvelle venant de nos édiles. Relire, bien sûr, Pierre Bourdieu. Vendredi Lire, lire, lire J'ai tenu une semaine sans parler du 11 septembre. La classe. Ni de la défaite de Marseille. Ni des fascistes en Italie. Ni de la Corse et de ses corsaires. Ni de mes pauvres théories sur l'Education nationale. Alors que c'est simple: lire, lire, lire. Messieurs les politiques, surtout pas de promesses! Et ne promettez surtout pas de régulariser les sans-papiers si vous êtes élus! Ne dites rien. Comme ça, on vous croira peut-être. (1) Tribune parue dans les pages Rebonds du 24 janvier et intitulée «Les maux du moi http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020126-110041023REBO.html http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020126-110041023R EBO.html (4 sur 5) [27/01/2002 14:29:11]
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de mai» (ndlr). Rebond précédent - suivant Chercher un article rebonds par un mot ou une phrase:
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Libération - Quotidien [10 occurrences] Evénement Alain Touraine, sociologue, théoricien des mouvements sociaux: «Il était une référence positive ou négative indispensable» Par Jose GARÇON Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres [25/01/02] (14k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000006206EVEN.html Libération - Quotidien [8 occurrences] Evénement Le champ politique. Elections présidentielle, européennes... Coluche ou rien Par Didier HASSOUX Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi [25/01/02] (14k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000006205EVEN.html Libération - Quotidien [13 occurrences] Evénement Le champ médiatique. De Daniel Schneidermann à Pierre Carles Une fascination malheureuse Par Emmanuel PONCET Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi [25/01/02] (16k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000005203EVEN.html Libération - Quotidien [10 occurrences] Evénement Bourdieu-Godard: Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Par Olivier SEGURET Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi Samedi [25/01/02] (13k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000005202EVEN.html Libération - Quotidien [8 occurrences] Evénement Le champ social. Soutien aux exclus, à Bové... Penseur «anti», militant en marge Par Christian LOSSON,Vittorio FILIPPIS Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours [25/01/02] (16k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000006204EVEN.html Libération - Quotidien [20 occurrences] Evénement Le champ sociologique. Ecole, réseau et reconnaissance Des disciples et des ennemis Par Jean-Baptiste MARONGIU Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi [25/01/02] (18k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000003201EVEN.html Libération - Quotidien [7 occurrences]
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Evénement Réactions Les acteurs sociaux Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi BOURDIEU, LES CHAMPS DU [25/01/02] (12k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000003199EVEN.html Libération - Quotidien [6 occurrences] Evénement Réactions La classe politique Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi BOURDIEU, LES CHAMPS DU [25/01/02] (12k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002198EVEN.html Libération - Quotidien [6 occurrences] Evénement Editorial Militant scientifique Par de Antoine Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi BOURDIEU, [25/01/02] (13k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000003200EVEN.html Libération - Quotidien [18 occurrences] Evénement Le chercheur, auteur des «Héritiers» et de «la Misère du monde», a disparu avanthier à l'âge de 71 ans. Pierre Bourdieu: mort d'un sociologue de combat Par Robert MAGGIORI Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien [25/01/02] (24k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002195EVEN.html Libération - Quotidien [4 occurrences] Evénement Réactions Jacques Chirac Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN [25/01/02] (11k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002196EVEN.html Libération - Quotidien [3 occurrences] Evénement Réactions Lionel Jospin Le vendredi 25 janvier 2002 Retour Quotidien - Accueil Les autres jours Lundi - Mardi - Mercredi Jeudi - Vendredi - Samedi BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN [25/01/02] (11k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002197EVEN.html Libération - Quotidien [2 occurrences] Livres Essais L'hôpital au scalpel Les relations médecin-malade, les hiérarchies internes, la construction du diagnostic hospitalier au crible d'un sociologue américain. Par Jean-Baptiste MARONGIU Le jeudi 17 janvier 2002 Retour Quotidien [17/01/02] (13k) http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020117-080009023LIVR.html Nb de documents trouvés: 13
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Evénement
Le chercheur, auteur des «Héritiers» et de «la Misère du monde», a disparu avant-hier à l'âge de 71 ans. Retour Quotidien Accueil Les autres jours Lundi - Mardi Mercredi Jeudi - Vendredi -
Pierre Bourdieu: mort d'un sociologue de combat Par Robert MAGGIORI Le vendredi 25 janvier 2002
Samedi
BOURDIEU, LES CHAMPS DU PARTISAN Pierre Bourdieu: mort d'un sociologue de combat Jacques Chirac Lionel Jospin La classe politique Les acteurs sociaux Militant scientifique Des disciples et des ennemis Bourdieu-Godard: le choc sans bruit Une fascination malheureuse Penseur «anti», militant en marge Coluche ou rien «Il était une référence positive ou négative indispensable»
Il était le sociologue (ou le philosophe) le plus cité dans le monde , on allait jusqu'à le comparer à Freud ou à Marx.
l aimait par-dessus tout citer le mot de Spinoza : «Ne pas rire, ne pas déplorer, ne pas détester, mais comprendre.» On le voyait d'abord dans son regard, dans son sourire à peine esquissé qui s'éclairait et éclatait comme une bombe de confettis lorsqu'il apprenait quelque chose de nouveau, le nom d'un joueur d'une équipe de rugby, les ingrédients d'une recette de cuisine, la gaffe d'un homme politique ou quelque commérage à son propos. On le voyait aussi à son pas. Ces derniers temps, il s'était ralenti. Pierre Bourdieu, mort mercredi soir d'un cancer à 71 ans, souffrait du dos et marchait un peu courbé, comme s'il voulait tendre l'oreille et se rapprocher encore de son interlocuteur, pour ne pas «en perdre une», une anecdote, une petite blague, une grande théorisation, une idée quelconque. Ses ennemis il en avait beaucoup le disaient dogmatique, métallique, tranchant, intriguant : il était la bonté même, toujours prêt à aider un étudiant à la réalisation d'un projet, charmant, charmeur, intrigué, curieux de tout, naïf comme un gosse parfois. Ce qui l'amusait mais il a fini par vouloir l'étudier et le comprendre , c'était l'académisme, les poses empesées devant les photographes de l'éternité, les traficotages de ceux qui brouillent être et paraître, qui «font les malins», «font les philosophes», «font les sociologues», comme il disait. Quand il parlait de ses enfants ou de ses parents, il s'émouvait tout de suite, et disait aussitôt une bêtise sur son boucher du Béarn ou l'un de ses copains tombé cul nu dans les orties en voulant faire le mur du lycée de Pau. Ses amis pouvaient aisément déceler de la timidité là où d'autres, de loin, voyaient de la raideur : de ses écrits même, Pierre Bourdieu a voulu arracher toute «subjectivité», jusqu'à sacrifier élégance et effets de manche aux démonstrations austères, préférant se montrer lourd dans le style plutôt qu'imprécis dans le concept, et cimenter le chemin escarpé qui guide vers la compréhension. Honni et adulé. Il n'a pas tout à fait réussi. Comme Zola, Sartre ou Foucault, comme tous les intellectuels qui tentent de «lier» leur travail littéraire ou philosophique aux événements qui informent et déforment le monde, Bourdieu a été tout à la fois le diable et l'eau bénite, honni jusqu'à l'exécration, souvent par ceux qui de son oeuvre n'avaient parcouru que quelques «digests», adulé jusqu'à l'idolâtrie par ceux qui épluchaient ses écrits pour y trouver des versets de Bible. La bibliographie de Pierre Bourdieu, de 1958 à aujourd'hui, ne comporte
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pas moins de 343 publications. Certains articles sont restés confidentiels, quelques livres, comme la Misère du monde, répertoriant les formes contemporaines de la misère sociale, ont connu un succès public que des ouvrages de sociologie atteignent rarement. Entre ces extrêmes, il y a une oeuvre qui, assurément, peut se passer de «célébration», tant sont évidentes sa centralité et son «activité». Elle s'est imposée telle un «paradigme», qui, comme l'a écrit Christiane Chauviré dans le numéro de Critique consacré à Bourdieu (1995), a interpellé historiens, ethnologues, linguistes, artistes, philosophes, hommes politiques et «formé depuis un bon tiers de siècle la pensée du social», mais, qui, profondément assimilée par l'époque, risque de devenir «invisible à force d'omniprésence».
Au pas d'un paysan. En rendre raison est évidemment impossible, mais peut se ramener à la tentative de répondre à une seule question, que Bourdieu lui-même formule ainsi: «Je peux dire que toute ma réflexion est partie de là : comment des conduites peuvent-elles être réglées sans être le produit de l'obéissance à des règles ?» Il ne s'est jamais départi d'un tel projet, qui aurait conduit à installer la sociologie au centre des sciences sociales et à en faire une science de l'économie générale des pratiques. Il l'a mené d'un pas de paysan, systématiquement, lentement «un chercheur ou un penseur, c'est comme un paquebot, les tournants, ça prend du temps» , en éliminant d'abord les réponses fausses, illusoires ou incomplètes apportées avant lui. Il ne congédie ni le marxisme ni le structuralisme, en ce que les notions d'idéologie ou de structure lui sont utiles pour comprendre comment des pratiques humaines peuvent être surdéterminées ou induites. Mais, en revanche, il rejette tout à fait l'alternative entre «subjectivisme» (dont il trouve chez Sartre l'expression emblématique) et «objectivisme», entre une anthropologie posant que l'individu seul donne sens et finalité au social, et une physique des faits sociaux dans laquelle l'individu n'est plus qu'un «épiphénomène» façonné par les structures sociales. Entre les structures sociales objectives et les structures mentales des agents sociaux, il y a interaction, passages, inductions réciproques. C'est ce «noeud» que va tenter de défaire Bourdieu. Pierre Bourdieu était né le 10 août 1930 à Denguin, dans les PyrénéesAtlantiques. Après ses études au lycée de Pau, puis au lycée Louis-leGrand à Paris, il entre à l'Ecole normale supérieure en 1951, obtient en 1954 son agrégation de philosophie, est nommé l'année suivante professeur au lycée de Moulins. Il fait son service militaire en Algérie et, entre 1958 et 1960, est assistant à la faculté de lettres d'Alger. C'est à ce pays qu'il consacre ses premiers livres (Sociologie en Algérie, 1958 ; Travail et travailleurs en Algérie, 1963) et ses premiers articles : sa description des rituels kabyles comme son analyse du sentiment d'honneur menées avec le plus grand souci méthodologique, l'enquête de terrain, l'usage des statistiques, l'analyse linguistique lui valent vite la notoriété. De retour en France, il est nommé assistant à la Sorbonne puis maître de conférences à la faculté de lettres de Lille. Directeur d'étude à l'Ecole pratique des hautes études (1964), directeur du Centre de sociologie de l'éducation et de la culture, laboratoire associé au CNRS (1968-1988), directeur de la revue Actes de la recherche en sciences sociales et de Liber, Bourdieu atteint le sommet de sa carrière en 1981, au moment où il devient titulaire de la chaire de sociologie du Collège de France. Son prestige, qu'il utilisera comme un glaive contre le pouvoir dominant et en défense des «damnés de la terre», sera dans les derniers vingt ans de plus en plus grand, partagé, si on peut dire, entre la «popularité» qui échoit généralement aux stars de cinéma et la «reconnaissance» internationale que l'on doit aux grands hommes de science : directeur du Centre de sociologie européenne, il est docteur honoris causa de la Freie Universität de Berlin et de l'université Goethe de Francfort, membre de l'Académie européenne et de l'American Academy of Arts and Sciences, médaille d'or http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002195EVEN.html (2 sur 4) [27/01/2002 14:32:04]
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du CNRS (1993), et médaille Huxley, la plus haute distinction en anthropologie, remise par l'Institut royal de Grande-Bretagne et d'Irlande (2000).
L'éducation décortiquée. A son retour d'Algérie, Bourdieu se consacre à un autre thème brûlant dans le contexte des années 60 : l'éducation. Avec Jean-Claude Passeron, il publie un petit livre dont le succès est fulgurant : les Héritiers (1964), et, quelques années plus tard, toujours avec Passeron, la Reproduction (1970). Dans ces ouvrages est mise en évidence, par-delà l'influence des «inégalités économiques», le rôle de l'«héritage culturel», (un «capital» subtil fait de savoirs, de savoir-faire et de savoir-dire) dans la légitimation, la «reproduction» et la perpétuation des inégalités des chances à l'école. Il s'agissait là de la première «actualisation» du projet fondamental de Bourdieu. Saisir «la logique réelle de l'action», en tant que résultat objectivé de pratiques socialement codifiées ou de dispositions durables (habitus) qui, venues de l'incorporation des structures du monde social, n'excluent pas des conduites relativement imprévisibles et créatrices. Dès lors, la tâche de Bourdieu devient immense mais claire : il lui faut analyser les divers modes à travers lesquels se constituent les institutions sociales, les représentations «officielles» de la réalité, les formations idéologiques, les structures temporelles, les catégories de la perception artistique, les critères du goût et les styles de vie, les discours, les formes de langage, le champ littéraire, le champ journalistique, les hiérarchies sportives, sexuelles ou scolaires, les «positions» de la philosophie, de l'économie, de la science, de la sociologie elles-mêmes bref, de tout ce qui offre une «précondition» à l'action sociale, tout ce qui, par une douce et imperceptible violence symbolique, impose les structures mentales à travers lesquelles le sujet perçoit le monde social et culturel. Ses grands livres sont autant d'explorations des façons dont se dessinent ces «champs», dont s'élaborent les dispositions durables ou habitus, dont se constituent le capital économique et le capital symbolique : la Distinction prendra en examen les processus de définition des goûts selon la différenciation de classe. Homo academicus et la Noblesse d'Etat , en analysant les rapports entre les systèmes d'éducation supérieure et les dynamiques de pouvoir, établiront une «anthropologie globale» de la classe dirigeante française... D'une façon plus générale, Bourdieu s'attaque à tous les principes qui permettent de comprendre les valeurs, les comportements et les intérêts soit de groupes sociaux, avec par exemple ses travaux sur le patronat, l'épiscopat, les intellectuels (les Règles de l'art), soit d'une discipline particulière (les Structures sociales de l'économie) ou du discours ordinaire (Ce que parler veut dire), du discours politique, juridique ou philosophique (l'Ontologie politique de Martin Heidegger). Mais pour «soutenir» un tel projet, Bourdieu avait aussi besoin d'analyser le rôle et le statut de la sociologie elle-même, de la doter de la plus grande scientificité et d'interroger critiquement cette scientificité. A-t-il réussi à faire de la discipline qu'il a dominée une «science de l'économie générale des pratiques» ? Son projet, en tout cas, a mobilisé toute la pensée contemporaine. Il était le sociologue, ou le philosophe (ne voulait-il pas, au fond, dire ce qu'est l'homme ?) le plus cité dans le monde (7 000 pages sur le Web !), on allait jusqu'à le comparer à Freud ou à Marx ce dont il eût souri pour avoir fait dans la sociologie une «révolution» comparable à la leur. En prenant sa retraite du Collège de France, il avait été envahi par une profonde tristesse, comme s'il avait perdu «la maison du savoir», la maison où ensemble l'on cherche. Il lui restait tous les livres à lire, mille problèmes encore à résoudre, mille causes pour lesquelles s'enflammer. «Le travail scientifique, disait-il, ne se fait pas avec les bons sentiments, cela se fait avec des passions. Pour travailler, il faut être en http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020125-000002195EVEN.html (3 sur 4) [27/01/2002 14:32:04]
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colère. Il faut aussi travailler pour contrôler la colère.».
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Les relations médecin-malade, les hiérarchies internes, la construction du diagnostic hospitalier au crible d'un sociologue américain.
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Par Jean-Baptiste MARONGIU
Samedi
Le jeudi 17 janvier 2002
Aaron V. cicourel Le Raisonnement médical. Une approche socio-cognitive Textes réunis et présentés par Pierre Bourdieu et Yves Winkin, Seuil «Liber», 236 pp., 20 E (131,19 F) . ociologue américain parmi les plus attachés à l'expérience de terrain, au contact humain, à l'enquête participante, Aaron Cicourel est aussi celui qui, dans le rendu de ses travaux, vise et réussit la plus grande objectivité voire le plus aride détachement. Autant l'enquêteur est à l'affût de la moindre bribe d'humanité qui pourrait expliquer les comportements d'un acteur social, autant le rédacteur met comme un point d'orgueil à s'effacer du contexte. Qu'on n'attende pas une quelconque mise en scène dans le propos de Cicourel, ni de clauses de style. Il est, en cela, l'opposé de son célèbre collègue Erving Goffman, dont le succès doit sûrement beaucoup à ses talents d'écrivain. De cette manière très littéraire de faire de la sociologie, Cicourel s'est détaché en prenant résolument le virage linguistique et cognitif, après une thèse sur la perte d'identité des vieilles personnes dans un club de troisième âge. Thèse qu'il ne mentionne pas dans son CV et qu'il s'est refusé à publier, en dépit des pressions amicales de Goffman lui-même, parce que cette expérience avait été pour lui atroce et, surtout, parce qu'il n'avait pas su pour la décrire éviter le pathos. Abstraction scientifique et rapport au monde concret se conjuguent donc dans les grands ouvrages (1) d'un sociologue qui, comme l'écrivent Pierre Bourdieu et Yves Winkin en préfaçant le Raisonnement médical, occupe «une position unique dans le champ de la discipline: à la fois exceptionnellement éminente il a des vrais disciples à peu près partout dans le monde et même aux Etats-Unis et périphérique, voire isolée et retirée». Né en 1928, Aaron Cicourel a fait ses études et accompli une bonne partie de sa carrière dans les universités de Californie: Riverside, Santa Barbara et, depuis 1970, San Diego. En cette ville, il investit les milieux hospitaliers universitaires en travaillant au sein de divers services de médecine interne, d'oncologie, de maladies infectieuses, de rhumatologie, de pédiatrie. Son but: étudier les échanges de parole entre patient et médecin, ainsi que leur importance dans l'établissement d'un diagnostic exact. Professeur à la fois au département de sociologie et à la faculté de médecine, où il donne des cours de conduite d'entretiens médicaux, il incarne, par ce double enseignement même, le croisement interdisciplinaire qui a orienté ses recherches au cours du dernier quart de siècle. De ce travail, le Raisonnement médical est une excellente illustration, car les articles qu'il recueille «participent d'un seul et même objectif: quel que soit le problème considéré, je me suis efforcé de définir, http://www.liberation.fr/quotidien/semaine/020117-080009023LIVR.html (1 sur 2) [27/01/2002 14:32:39]
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d'évaluer et d'analyser des phénomènes sociaux, comportementaux et linguistiques inhérents à des problèmes quotidiens». Qu'il s'agisse du face-à-face entre un spécialiste et son patient, de communication médiatisée par la présence d'un collègue, d'un médecin stagiaire, ou par le recours à un système expert informatisé, le diagnostic dépend toujours du contexte, auquel Cicourel donne souvent le nom d'écologie locale. Dans ce type de rapport verbal, comme dans tout échange nécessaire à la prise de décision routinière (par exemple, celle d'un policier, d'un juge, voire d'un particulier), les silences, les méprises, les préjugés, les interruptions sont aussi importants que les appréciations exprimées pour parvenir à un diagnostic médical exact. La manière dont le médecin exerce son pouvoir sur le malade s'en trouve singulièrement analysée mais aussi tous les flux d'autorité distribués dans l'espace social partagé par un chef de clinique, son assistant, le stagiaire, l'infirmière et... le patient lequel, confronté à un discours scientifique abstrait a tendance à se réfugier derrière ses propres croyances populaires de la maladie, avec souvent des conséquences sérieuses sur le diagnostic et le traitement. Le style de vie d'Aaron Cicourel est si ascétique qu'il implique une prose desséchée et sans concessions. De même, son régime alimentaire draconien et son jogging quotidien sont bien connus dans le campus et, désormais, en Europe où de Paris à Barcelone ou Malaga il passe de plus en plus de temps à travailler sur l'histoire de la communauté séfarade en Espagne et au Maroc. Ses ancêtres y vécurent et en furent chassés, avant d'arriver, après un long détour par la Méditerranée orientale, en Amérique. (1) Notamment: Method and Measurement in Sociology (1964), The Social Organization of Juvenile Justice (1968); Cognitive Sociology. Language and Meaning in Social Interaction (1973), traduit par les PUF en 1979 sous le titre la Sociologie cognitive.
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Libération :A l'école de Pierre Bourdieu
Loin du sectarisme, les analyses du sociologue sur l'intellectuel collectif s'enracinaient dans un travail commun de laboratoire, de séminaire et d'équipe.
A l'école de Pierre Bourdieu Par Olivier CHRISTIN Olivier Christin est historien et chercheur à l'Institut universitaire de France. Dernier ouvrage paru: «la Paix de religion», Seuil, 1997.
Le jeudi 31 janvier 2002
armi les critiques les plus infondées que l'on a pu entendre ou lire depuis la mort de Pierre Pierre Bourdieu revient, sous une forme ou une autre, l'accusation de terrorisme Bourdieu ne intellectuel ou de sectarisme politique. Cette triste antienne en dit, hélas, très long s'était retiré sur ceux qui l'entonnent et sur les profits qu'ils entendent tirer de l'importation cynique des catégories de l'affrontement politique dans le champ scientifique. Elle dit aussi ni dans la caverne de leur méconnaissance (volontaire?) du travail sociologique. Platon ni Il suffisait pourtant de lire les ouvrages et les articles dans lesquels Bourdieu dans les s'exprimait sur la question de l'intellectuel collectif et décrivait les conditions grottes d'Al- spécifiques du travail scientifique pour comprendre ce que de tels propos pouvaient avoir d'absurde. Qaeda: il s'était A diverses reprises, en effet, Pierre Bourdieu s'est précisément attaché à éclairer les simplement conditions théoriques et pratiques de l'autonomie nécessaire, et à ses yeux de plus en plus menacée, du champ scientifique, faisant de la reconquête et de la préservation de entouré d'élèves et de celle-ci une exigence collective qui s'imposait à l'ensemble des intellectuels. Dans les Règles de l'art , notamment, Bourdieu invitait l'ensemble des producteurs culturels à collaborateurs s'organiser dans un «corporatisme de l'universel» pour mettre la production culturelle nombreux et et les règles qui la régissent à l'abri des interventions et des captations économiques ou bureaucratiques, et rappelait que ce combat ne pouvait être le fait de quelques-uns: variés. «Ce n'est pas la vertu qui peut fonder un ordre intellectuel libre; c'est un ordre intellectuel libre qui peut fonder la vertu intellectuelle.» Dans ce qui se situe donc aux
antipodes de la posture d'un maître à penser s'autorisant de son prestige pour dire ce que devrait être le monde intellectuel et ce que chacun devrait impérativement y faire, Bourdieu invitait donc bien à une sorte de vigilance épistémologique individuelle, mais «sociologiquement armée» et, surtout, doublée d'une réflexivité constituée en «loi commune du champ» et incombant à l'ensemble des agents qui s'y trouvent engagés. http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020131-110008135REBO.html (1 sur 3) [11/02/2002 16:10:39]
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Il faut être un athlète de la mauvaise foi, comme auraient dit les Jésuites, pour ne pas voir qu'il y avait dans cette position l'une des critiques les plus radicales qui soient des deux figures opposées mais complémentaires du renoncement à l'autonomie du champ culturel (et donc des coups de force théoriques) que sont l'intellectuel organique et le mandarin «retiré de tout». Cette lutte collective des intellectuels pour la maîtrise des conditions d'existence et de fonctionnement de leur activité ne pouvait servir les intérêts particuliers d'un seul d'entre eux, mais, au contraire, les intérêts collectifs de leur communauté. L'enfer académique est pavé de bonnes intentions et les positions théoriques de Pierre Bourdieu auraient pu rester à l'état de ces voeux pieux ou de ces proclamations généreuses que l'on destine plus souvent aux autres qu'à soi-même. Qui n'a en mémoire les incantations en faveur de l'interdisciplinarité ou, plus récemment, du comparatisme et dont on attend toujours un peu qu'elles produisent ce qu'elles promettaient? Les analyses de Pierre Bourdieu sur l'intellectuel collectif sont cependant d'un tout autre ordre. Elles s'enracinaient, en effet, non seulement dans une réflexion sur l'histoire de la discipline depuis Durkheim et sur ses caractères spécifiques de science collective du collectif qui progresse aussi dans un travail commun de laboratoire, de séminaire, d'équipe, seul capable de produire des vastes enquêtes, comme celles consacrées à la maison individuelle en France ou à la misère du monde, mais aussi dans une pratique scientifique qui a marqué des générations de chercheurs. Pour beaucoup de chercheurs, d'étudiants, de militants, de lecteurs, Pierre Bourdieu fut d'abord, peut-être, un extraordinaire passeur et un découvreur irremplaçable. Comme il le disait lui-même, il a travaillé «à réunifier une science sociale fictivement morcelée» . Dans les collections qu'il dirigea successivement aux Editions de Minuit ou aux Editions du Seuil, il a traduit, accueilli, publié quelques-uns des textes qui font aujourd'hui partie du patrimoine commun des sciences sociales. Comment ne pas rappeler qu'en histoire de l'art il a traduit (et de fait réinventé) Panofsky dès 1967, fait découvrir Salvatore Settis ou Michael Baxandall au public français? qu'il a publié Ernst Cassirer, Edward Sapir, Erwin Goffman ou Quentin Skinner? qu'une partie de la sociologie américaine contemporaine (et par exemple l'oeuvre de Cicourel) nous est accessible en français grâce à lui? Comment ne pas évoquer aussi la diversité de ses échanges internationaux, qui le poussait à accepter les dialogues les plus risqués sur le plan méthodologique mais aussi les plus fructueux, comme à Berkeley ou lors d'une séance mémorable organisée avec les historiens du Max Planck Institut für Geschichte de Göttingen et notamment Rudolf Vierhaus? Comment, surtout, ne pas dire à ceux qui ne l'ont jamais fréquenté et en parlent avec d'autant plus d'autorité ce qu'était le séminaire de Pierre Bourdieu, un lieu de dialogue et de débat, de découverte où s'exprimaient pleinement sa générosité et sa curiosité? Il faudrait aussi évoquer l'importance des Actes de la recherche en sciences sociales qui ont su introduire dans le paysage des revues savantes internationales un souffle inédit, en bouleversant les formes convenues de la communication scientifique avec des notes de lecture, des entretiens, des rapports d'enquête, des matériaux commentés, mais aussi en s'attaquant avec des grands objectifs théoriques à des objets jusque-là jugés mineurs (le sport, la haute couture...). http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020131-110008135REBO.html (2 sur 3) [11/02/2002 16:10:39]
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Ce qui paraît irriter les justiciers d'amphithéâtre et les calomniateurs de vocation, c'est au fond que, dans ses positions théoriques comme dans sa pratique quotidienne du métier de sociologue, Pierre Bourdieu a renoué avec une notion pratiquement disparue du champ scientifique français depuis les durkheimiens: la notion d'école. Oui, Pierre Bourdieu était entouré de collaborateurs et de collègues, il avait des élèves, il inspirait de nombreux travaux et conduisait de vastes programmes européens de recherche, il dirigeait des collections et une revue qui avaient des lecteurs. C'était bien une école, c'est-à-dire un état d'organisation du travail intellectuel fort éloigné de l'émiettement féodal du monde académique, trop propice aux fausses audaces des demi-maîtres et aux vraies pesanteurs bureaucratiques dont la division en spécialités étroites n'est pas des moindres. Pour bien des chercheurs et des étudiants qui s'y reconnaissent, cette école était et demeure libératrice, qui leur permet d'échapper, justement, à la routine scientifique, de confronter leurs objets et leurs méthodes, de rencontrer d'autres chercheurs issus de traditions universitaires différentes, de nourrir leur réflexion d'apports qu'ils n'auraient pas connus autrement. Parler de dogmatisme pour une oeuvre qui a suscité tant de débats et tant de discussions dans le monde relève ainsi du mauvais paradoxe. Il faut décidément beaucoup douter de la vie intellectuelle pour confondre école de pensée et secte terroriste et pour prendre ainsi un plaisir amer à la désillusion morose sur le rôle social de l'intellectuel. N'en déplaise à l'étrange coalition qui dénonce aujourd'hui avec le courage des résistants du lendemain les «suiveurs autoproclamés» et le «terrorisme intellectuel» de Bourdieu, celui-ci ne s'était retiré ni dans la caverne de Platon, ni dans les grottes d'Al-Qaeda: il s'était simplement entouré d'élèves, de collaborateurs, d'interlocuteurs, incroyablement nombreux et variés mais qui partageaient tous avec lui l'ambition de se doter des moyens scientifiques de contribuer à penser collectivement le monde qui nous entoure. Chercher un article par un mot ou une phrase :
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Libération :«La névrose de classe» de Bourdieu
L'origine modeste et provinviale du sociologue peut expliquer sa solidarité avec toutes les exclusions.
«La névrose de classe» de Bourdieu Par Emmanuel PONCET Emmanuel Poncet est journaliste à «Libération».
Le jeudi 07 février 2002
Les cruels «jeux de cour» du lycée de Pau sont peu ou prou les mêmes que ceux du campus intellomédiatique parisien.
n ne fait pas l'analyse sauvage d'un mort. Ce serait indécent. En revanche, il est possible d'émettre une hypothèse, de mettre une étiquette sur le pot autour duquel semblent tourner certains commentateurs après la mort de Pierre Bourdieu. Une expression qui peut avoir valeur d'explication d'une partie de son travail et surtout de la haine qu'il a pu susciter. Cette expression, c'est celle de «névrose de classe». Forgée en 1987 par Vincent de Gaulejac, un sociologue clinicien, auteur du livre du même nom (1), elle désigne cette structure psychique particulière qui touche les individus dont la promotion sociale, à travers l'école notamment, a été vécue douloureusement. Un passage contrarié d'une classe sociale à l'autre, ressentie comme une trahison des parents, un éloignement du milieu d'origine, une «rupture d'identification» très fréquente chez les intellectuels dont Jean-Paul Sartre disait qu'ils étaient « des produits loupés des classes moyennes». Le Nouvel Observateur du 31 janvier-6 février nous en apprend un peu plus sur la «névrose de classe» propre à un Pierre Bourdieu dont on connaissait déjà les origines
modestes et provinciales. Le professeur s'était attelé à rédiger lui-même un récit autobiographique intitulé: «Esquisse d'une socio-analyse» (2). Il y raconte sur une soixantaine de pages sa vie de lycéen très tôt saisi par les différences sociales qu'il retrouvera décuplées dans l'ambiance bourgeoise d'une khâgne de la capitale. « La violence des interactions prenait souvent la forme d'un racisme de classe appuyé sur l'apparence physique ou le nom propre , écrit-il. Tel qui devint mon principal rival dans les classes terminales[...] me blessait souvent en prononçant mon nom à la manière des paysans du pays et en plaisantant sur le nom, symbole de toute l'arriération paysanne, de mon village.» La description de cette cruauté universelle des cours de récréations,
lieux de tension sociale dont les enjeux seraient aujourd'hui Nike ou Helly Hansen, ressemble à celle faite par Annie Ernaux dans la Place (3) où elle se souvient comment ses copines bourgeoises s'adressaient de façon condescendante à son père en lui demandant «alors comment ça va-ti?». Les extraits du manuscrit confié à l'écrivain et journaliste Didier Eribon éclairent la formation de cette «névrose» bourdieusienne dont la seule résolution possible semble http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020207-110005133REBO.html (1 sur 3) [11/02/2002 16:11:51]
Libération :«La névrose de classe» de Bourdieu
avoir été le surinvestissement dans le travail, l'écriture « Ecrire, c'est le dernier recours quand on a trahi», dit Annie Ernaux et la constitution en fin de compte d'une oeuvre immense en forme de pied de nez adressé aux élites oppressantes. Souvent «collé» dans son collège du Sud-Ouest, Bourdieu a fomenté dans cette solitude des génies fragiles sa future et éclatante révolte. « J'avais 11 ou 12 ans, et personne à qui me confier, et qui puisse simplement comprendre. Je passais souvent une partie de la nuit à préparer ma défense pour le lendemain.» Cette «honte sociale»
originelle l'a rendu solidaire de toutes les exclusions, de toutes les injures faites aux minorités. Des milliers de lecteurs en transit social, en bouleversement d'identité, s'y sont retrouvés, vengés par procuration, reconnus dans leur souffrance et intellectuellement armés pour se défendre. Toute son oeuvre peut être évoquée à l'aune de cette belle métaphore: «préparer sa défense»... et la faire partager à ceux qui en ont besoin, en produisant une sociologie de self-défense bien montrée par Pierre Carles (4). Mais celle-ci s'est aussi retournée contre son auteur, et ses disciples, justement parce que son origine était avant tout défensive. D'où les reproches incessants faits à son endroit de «terrorisme intellectuel»ou de «sectarisme dogmatique», là où comme l'écrit Jacques Bouveresse dans le monde du 31 janvier, il s'agissait tout simplement d'être «logique», de rétablir une vérité sociologique masquée et surtout de (se) protéger. Finalement, les cruels «jeux de cour» du lycée de Pau sont peu ou prou les mêmes que ceux du campus intellomédiatique parisien, où les clivages restent souvent les mêmes, où les logiques d'ascension ou de préservation sociales perdurent, s'accentuent, et dont les membres ne supportent pas d'être démasqués, objectivés, ramenés à leurs déterminations sociales... surtout lorsqu'ils sont en position de force. La réaction outrée de beaucoup d'intellectuels et journalistes aux objectivations bourdieusiennes ressemble aux souvenirs de l'écrivain Dominique Noguez, khâgneux en même temps que Bourdieu. « Bourdieu était un "provincial", moi un "Parisien". Sur tous les provinciaux, il tranchait, affichant sa provincialité avec une ostentation agressive. Gonflé déjà, malgré sa bouille toute ronde, de ressentiment contre les "bourgeois" (ou crus tels) que leur aisance de langage, de manières "distingue".»
(5)
La «névrose de classe» de Pierre Bourdieu avait les défauts de toutes les névroses dont on fait brillamment quelque chose: créatrice, productrice, libératrice mais aussi imposante, figeante, énervante. Son oeuvre a pu libérer autant que bloquer, faciliter les déplacements sociaux comme les inhiber. Sa mort, c'est finalement la disparition d'une superbe mauvaise conscience de classe de la société française. Et quand une mauvaise conscience collective disparaît, avec les problèmes qu'elle révélait, c'est toujours une forme de bonne nouvelle pour ceux qui restent. (1) La Névrose de classe de Vincent de Gaulejac, Hommes et Groupes Editeurs, 1987. (2) La famille de Pierre Bourdieu s'est indignée de la publication du manuscrit, lire Libération du 1er février 2002. (3) La Place d'Annie Ernaux, cité par Gaulejac. (4) La sociologie est un sport de combat , sorti le 2 mai 2001. http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020207-110005133REBO.html (2 sur 3) [11/02/2002 16:11:51]
Libération :«La névrose de classe» de Bourdieu
(5) Egalement dans le Nouvel Obervateur du 31 janvier-6 février 2002. Chercher un article par un mot ou une phrase :
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Le sociologue savait écouter et donner la parole.
Ce manque d'écoute que laisse Pierre Bourdieu Le samedi 02 février 2002
'ai appris la disparition de Pierre Bourdieu sur une île dans le sud de la Thaïlande. Cette triste brève diffusée sur TV5 Asie m'a fait sortir brutalement de ma léthargie tropicale. Ses détracteurs ne sont jamais arrivés à me convaincre, Pierre Bourdieu m'a toujours été sympathique. Il y a quelques années, alors que j'avais sollicité son parrainage pour un vague projet de mensuel autour du Web citoyen, il s'était donné la peine de me répondre personnellement, avec un intérêt sincère pour ledit projet et des mots encourageants pour mener à bien cette entreprise utopiste, qui n'a jamais vu le jour, mais m'a permis de reconsidérer mon jugement sur les mandarins universitaires. Et Bourdieu n'a jamais été un mandarin. Pour paraphraser Gilles Châtelet, autre penseur rare, disparu également, la mort de Bourdieu est une mauvaise nouvelle pour tous ceux qui n'ont jamais accepté de vivre et de penser comme des porcs. Je me souviens avoir assisté à l'une de ses conférences à Montréal en 1996, le sourire malicieux, remettant en question sa science (la sociologie) et lui-même. Subversif, un phrasé hésitant, méfiez-vous de vos professeurs lança -t-il en finale aux étudiants médusés. Comme l'a défini Edward Said, Bourdieu faisait partie de cette famille d'intellectuels (peu nombreux malheureusement) qui ne sont ni des pacificateurs, ni des bâtisseurs, mais des intellectuels qui s'engagent et risquent tout leur être sur la base d'un sens constamment critique, des intellectuels qui refusent quel qu'en soit le prix les formules faciles, les idées toutes faites, les confirmations complaisantes des propos et des actions des gens de pouvoir et autres esprits conventionnels. Il faut aller (re)voir La sociologie est un sport de combat, consacré à l'auteur de la Misère du monde. Pierre Carles a su capter l'essence même de cet honnête homme qu'était Bourdieu. Comme l'écrivait Georges Hyvernaud, l'université ne fournit pas de choses à dire, mais elle développe une aptitude à dire toutes les choses. Des hommes qui ont une réelle expérience à exprimer manquent de moyens d'expression. Ces hommes «en manque» que Pierre Bourdieu écoutait humblement et à qui il donnait la parole sont aujourd'hui orphelins. Qui d'autre prendra le relais de cet immense http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020202-110005120REBO.html (1 sur 2) [11/02/2002 16:12:10]
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«champ humaniste», plus que jamais nécessaire?
Jean-Luc Bitton, écrivai Chercher un article par un mot ou une phrase :
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C'est en Algérie que le sociologue, mort jeudi dernier, a dévoilé les mécanismes qui lui ont permis de comprendre la société française .
Bourdieu, l'Algérie fondatrice Par Yacine TASSADIT Tassadit Yacine est anthropologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et directrice de la revue «Awal».
Le mardi 29 janvier 2002
Avec la disparition de cette figure, le monde des défavorisés perd un de ses meilleurs soutiens.
l n'est ni superflu ni exagéré de dire que l'Algérie a constitué un moment important dans la conversion intellectuelle de Pierre Bourdieu qui est devenu par la force de l'objet un sociologue alors qu'il était initialement destiné à la philosophie. Ce changement drastique est le produit d'une histoire à la fois simple et complexe, riche et cruelle à l'origine d'une pensée fine, inquiète et toujours en mouvement. Très tôt, Pierre Bourdieu a réalisé qu'il ne pouvait appréhender la société algérienne qu'en se débarrassant de la vision ethnocentrique et ethnocentriste spécifique aux Européens. Cette affirmation «novatrice» s'effectue à partir des pratiques culturelles des colonisés déniées par le système colonial, par ses intellectuels et, plus tard, par l'élite algérienne victime de l'acculturation. Car le travail de colonisation s'est effectué sur la longue durée. L'attitude des dirigeants algériens, de l'élite, est de rejeter tout comme le colonisateur la culture d'origine, responsable à leurs yeux de leur infériorité supposée. Paysans au départ, les Algériens se sont «dépaysannés», c'est-à-dire réduits à la perte de leur identité. Cet ensemble de violences diverses et variées n'a pas manqué de conduire à une volonté irréversible d'en finir avec la guerre et le système colonial qui la porte et la supporte. D'autre part, comme aujourd'hui en Algérie, on peut voir comment ceux qui détiennent le pouvoir développent les mêmes facultés de domination et de résistance et comment la guerre peut constituer cette arme à double tranchant en ce qu'elle est à la fois un aveu de la politique du dominant mais aussi un voile qui permet sous couvert de violence de légitimer la violence, car la paix est synonyme dans ce cas de la fin du système. «La guerre fait éclater en pleine lumière le fondement réel de l'ordre colonial, à savoir le rapport de force par lequel la caste dominante tient en tutelle la caste dominée. Aussi comprend-on que la paix puisse constituer la pire menace aux yeux de certains des membres de la caste dominante. Sans l'exercice de la force, rien ne ferait plus
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contrepoids à la force dirigée contre la racine même de cet ordre, à savoir la révolte contre la situation inférieure», écrivait-il en 1960. C'est que le système colonial, en
tant que tel, ne saurait être détruit que par une mise en question radicale. Tout en étant résolument contre la politique coloniale, Pierre Bourdieu sentait par là même les dangers d'une révolution plaquée sur ce monde aux pratiques millénaires. Les idéologues du FLN après 1962, pour certains peu cultivés, pour d'autres aliénés, ne vont pas comprendre les réticences de l'auteur vis-à-vis de leur projet politique (réforme agraire, autogestion). Les résistances de l'auteur ne sont rien d'autres que celles ressenties par les paysans, les ouvriers, et qui se solderont par un échec patent de cette politique. Son sens aigu de l'observation a donné lieu à une analyse objective de l'avenir «incertain» d'une Algérie indépendante. La vision prémonitoire et prospective de Bourdieu n'a pas été démentie par les événements. Loin d'être datée, cette oeuvre est encore digne d'être analysée et méditée, car elle permet de mieux comprendre les problèmes de l'Algérie actuelle qui, en partie, découlent de ceux non résolus d'hier. Les mécanismes de domination dévoilés par l'auteur obéissent à une même logique, ce qui les distingue, ce sont les objectifs et non pas les moyens mis en oeuvre. Sinon comment expliquer que comme par le passé ce sont les jeunes (comme dans les camps palestiniens) qui servent de canaux d'expression à une société mutilée, déchirée par les différents protagonistes? «Ceci est vrai surtout des jeunes de 15 à 20 ans: formés dans la guerre, habités par le radicalisme propre à l'adolescence tourné vers l'avenir et ignorant tout d'un passé dans lequel les plus anciens, quoi qu'ils fassent, sont enracinés, ils sont souvent animés d'un esprit de révolte et d'un négativisme qui les séparent parfois de leurs aînés. Et le schisme psychologique entre les générations est souvent aggravé par la séparation de fait», déclare-t-il en 1960. La révolte des jeunes
conduit à un changement du contexte politique. Lorsque ce dernier évolue, le rapport entre les éléments dominants et les dominés de la société se modifie, écrit Bourdieu. La guerre par sa violence et par la mise à nu des rapports de force, a montré que la position dominante peut être mise en question, et avec cette dernière la position du dominé lui-même. Avec l'éclatement de la guerre, «la décolonisation a déjà commencé» dans la réalité mais aussi dans les cerveaux. Ainsi l'Algérie a permis à Bourdieu de découvrir en même temps que l'Algérie les fondements politiques du système français dans ce qu'il avait de plus profond. Le pouvoir central, par et grâce à la colonisation, représente une image grossie des rapports de force cristallisés pendant la guerre. La France coloniale a représenté pour le jeune sociologue le modèle achevé du cynisme, de la discrimination raciale et culturelle. Comprendre la société algérienne, ses structures, ses résistances, ses ruses, c'était aussi une manière de comprendre le système qui l'a conduite à cette situation et par-delà à rendre intelligibles ces mêmes mécanismes dans la société française. Sans l'Algérie, Bourdieu aurait perçu autrement les modes de fonctionnement du système français en France. Cette oeuvre mérite d'être étudiée de façon rigoureuse en ce qu'elle constitue une somme importante de données objectives et subjectives caractérisant un moment déterminant de l'histoire. Cependant, en comprendre le sens profond suppose qu'il faille transcender ce moment pour l'étendre à des modes de domination inscrits sur une grande échelle. Autrement dit, ce sont des relations dominant/dominé que tout système produit qui sont révélées au lecteur. Par-delà le malheur, la souffrance, le danger, la précarité, les années algériennes ont été propices à la maturation intellectuelle du jeune sociologue. Comment nier la présence de l'Algérie dans son oeuvre globale. Ainsi http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020129-110007089REBO.html (2 sur 3) [11/02/2002 16:12:42]
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depuis plus de quarante ans, Bourdieu est resté fidèle à ses convictions premières. La détermination politique de Pierre Bourdieu est liée au passé colonial de l'Algérie. Comme hier, Bourdieu continue de soutenir les dominés en Algérie, au Proche-Orient, en Europe. Avec la disparition de cette figure emblématique, le monde des défavorisés perd un de ses meilleurs soutiens. Le vide qu'il nous laissera sera désormais difficile à combler. Rebond précédent - suivant Chercher un article rebonds par un mot ou une phrase:
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Sondages: une abstinence ambiguë Denis BARBET Paru le 11/02/2002 Chaque jour, icimême, retrouvez les tribunes, analyses, éditoriaux et recensions de livres parus dans les pages «Rebonds». Jean-Michel Helvig et Gérard Dupuy, responsables des pages «Rebonds» Vos remarques, vos réactions, vos suggestions, vos réflexions sont les bienvenues.
L'euro sous conditions pour le Royaume-Uni Patrick ARTUS Paru le 11/02/2002 Le paradoxe de l'Amérique Salman RUSHDIE Paru le 11/02/2002 Petits jeux Pierre MARCELLE Paru le 11/02/2002 Chevènementistes et fiers de l'être Henri CAILLAVET,Michel DAHRY,Patrick KESSEL,Danièle SALLENAVE,Karim ZERIBI Paru le 11/02/2002 On pénalise ceux qui soignent Paru le 09/02/2002 Les langues, oui, mais les enfants ? Paru le 09/02/2002 Chine: dissidents jusqu'à la mort Paru le 08/02/2002
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Il est minuit dans la paix Paru le 08/02/2002 Le courage est belge A. WABERI Abdourahman Paru le 08/02/2002 Le «premier monde» doit sauver l'Argentine Thierry JADOT Paru le 08/02/2002 Armes biologiques: le jeu trouble des Etats-Unis Olivier LEPICK Paru le 07/02/2002 Che sera? Pierre MARCELLE Paru le 07/02/2002 Les juges de pierre de Hammami Taoufik BEN BRIK Paru le 07/02/2002 De jeunes auteurs déjà si vieux Alina REYES Paru le 07/02/2002 «La névrose de classe» de Bourdieu Emmanuel PONCET Paru le 07/02/2002 Sondages: la loi de l'absurde François WENZ-DUMAS Paru le 06/02/2002 Hollande est (un) rigolo Pierre MARCELLE Paru le 06/02/2002
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La République a plus d'une langue! Jean-Pierre CAVAILLE Paru le 06/02/2002 Gauchir le capitalisme Jean MATOUK Paru le 05/02/2002 Enron: la faillite de la confiance Marie CUILLERAI Paru le 05/02/2002 Brise marine Pierre MARCELLE Paru le 05/02/2002 Veillons à l'avenir de l'humanité Paru le 05/02/2002 Réglons son sort à l'arrêt Perruche Norbert WINER,Philippe DESCHAMPS Paru le 04/02/2002 Argentine, la voie dure Charles WYPLOSZ Paru le 04/02/2002 Les sondages électoraux ballottés François MIQUET-MARTY Paru le 04/02/2002 Les mandarins gourous Elisabeth ZUCKER-ROUVILLOIS Paru le 04/02/2002 Haute Ligue Maffieuse Pierre MARCELLE Paru le 04/02/2002 http://www.liberation.fr/quotidien/indexrebonds.php3 (3 sur 6) [11/02/2002 16:13:35]
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Les politiques faux en écriture Paru le 02/02/2002 Ce manque d'écoute que laisse Pierre Bourdieu Paru le 02/02/2002 Petite histoire vraie à propos des bretzels Paru le 02/02/2002 Le profil du futur Premier ministre Alain DUHAMEL Paru le 02/02/2002 Des machins à laver Gérard LEFORT Paru le 02/02/2002 22, v'là la sécurité Mathieu LINDON Paru le 02/02/2002 La société autoritaire a vécu Dominique BOULLIER Paru le 01/02/2002 La maison Pasqua visitée dans ses coins Fabrice TASSEL Paru le 01/02/2002 La France n'est pas une «free enterprise» Sylvia ULLMO Paru le 01/02/2002 Janus Jack Pierre MARCELLE Paru le 01/02/2002 http://www.liberation.fr/quotidien/indexrebonds.php3 (4 sur 6) [11/02/2002 16:13:35]
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Toulouse n'est pas Bogota David MANGIN Paru le 29/01/2002 En route vers la VIe République Arnaud MONTEBOURG Paru le 29/01/2002
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Avant le sommet de l'Organisation mondiale du commerce, la France veut les convaincre des bienfaits de l'exception culturelle.
Bourdieu bouscule 70 patrons des médias Ils dirigent Yahoo!, la BBC, la Fox... Ils étaient venus pour une réception, ils ont entendu un plaidoyer. Par Edouard LAUNET Le 13 octobre 1999 ls ont été reçus par Jacques Chirac et Lionel Jospin. Choyés par Hubert Védrine (Affaires Etrangères), Catherine Trautmann (Culture et Communication) et Dominique Strauss-Kahn (Economie). Conviés à de somptueux repas dans les palais de la République. Les quelque 70 grands patrons de l'audiovisuel invités lundi et mardi à Paris par Pierre Lescure (Canal +) se souviendront de leur séjour, du moins l'espère-t-on. Officiellement, il s'agissait de la réunion annuelle du Conseil international du musée de la Télévision et de la Radio (basé à New York), sorte de club informel des pontes des médias. Parmi les présents, Peter Chernin (président de la Fox), Conrad Black (Hollinger), Thomas Middelhoff (Bertelsmann), Greg Dyke (BBC), Fedele Confalonieri (Mediaset), Rémy Sautter (CLT-UFA), Tim Koogle (Yahoo!), etc., plus quelques éminents représentants des fonds de pension américains et du monde politique: Jacques Delors, Henry Kissinger, Viviane Reding (commissaire européenne à la culture). Officieusement, les maîtres de l'image se sont retrouvés «victimes» d'une spectaculaire opération de charme, visant à les sensibiliser à cette notion si française d'«exception culturelle». C'est que le temps presse. Le mois prochain démarre à Seattle un nouveau round de négociations commerciales sous l'égide de l'OMC (Organisation mondiale du commerce). Or la France veut «absolument» que l'audiovisuel soit exclu du champ des discussions: le spectre de l'AMI (Accord multilatéral sur l'investissement) rôde encore. «Nous revendiquons simplement le droit de soutenir notre production, a plaidé hier Lionel Jospin, car il y va pour nous d'un enjeu essentiel: celui de la diversité culturelle. Rien ne serait plus dangereux qu'un univers où mondialisation rimerait avec uniformisation.» L'affaire semble mal engagée. Lundi, à Luxembourg, les Quinze n'ont pas réussi à s'accorder sur une plate-forme commune pour aller groupés à Seattle. Et le dossier audiovisuel s'est trouvé être l'un des http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html (1 sur 6) [11/02/2002 16:14:52]
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principaux points de friction. Les patrons réunis à Paris ont-ils été sensibles, eux, à nos arguments? Pas sûr. Un poisson pilote de plusieurs fonds d'investissement américains confiait lundi à Libération: «L'exception culturelle est un combat d'arrière-garde. Mais pourquoi donc ne laissez-vous pas le téléspectateur choisir ce qu'il veut regarder?» En revanche, l'intervention du sociologue Pierre Bourdieu, qui a ouvert les débats (à huis clos), aurait suscité «une grande curiosité», aux dires de témoins. Nous publions ci-contre l'intégralité des «observations» que le professeur au Collège de France a livré à son prestigieux auditoire.
L'intervention de Pierre Bourdieu:
«Maîtres du monde, savez-vous ce que vous faites?» «Je ne vais pas me donner le ridicule de décrire l'état du monde médiatique devant des personnes qui le connaissent mieux que moi; des personnes qui sont parmi les plus puissantes du monde, de cette puissance qui n'est pas seulement celle de l'argent, mais celle que l'argent peut donner sur les esprits. Ce pouvoir symbolique qui, dans la plupart des sociétés, était distinct du pouvoir politique ou économique, est aujourd'hui réuni entre les mains des mêmes personnes, qui détiennent le contrôle des grands groupes de communication, c'est-à-dire de l'ensemble des instruments de production et de diffusion des biens culturels. Ces personnes très puissantes, j'aimerais pouvoir les soumettre à une interrogation du genre de celle que Socrate faisait subir aux puissants de son temps (dans tel dialogue, il demandait, avec beaucoup de patience et d'insistance, à un général célèbre pour son courage, ce que c'est que le courage; dans un autre, il demandait à un homme connu pour sa piété ce que c'est que la piété, et ainsi de suite; faisant apparaître, chaque fois, qu'ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils étaient). N'étant pas en mesure de procéder de la sorte, je voudrais poser un certain nombre de questions, que ces personnes ne se posent sans doute pas (notamment parce qu'elles n'en ont pas le temps) et qui se ramènent toute à une seule: maîtres du monde, avez-vous la maîtrise de votre maîtrise? Ou, plus simplement, savez-vous vraiment ce que vous faites, ce que vous êtes en train de faire, toutes les conséquences de ce que vous êtes en train de faire? Questions très embarrassantes auxquelles Platon répondait par la formule célèbre, qui s'applique sans doute aussi ici: «Nul n'est méchant volontairement.» On nous dit que la convergence
technologique et économique de l'audiovisuel, des télécommunications et de l'informatique et la confusion des réseaux qui en résulte rendent totalement inopérants et inutiles les protections juridiques de l'audiovisuel (par exemple les règles relatives aux quotas de diffusion d'œuvres européennes); on nous dit que la profusion technologique liée à la multiplication des chaînes thématiques numérisées répondra à la demande http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html (2 sur 6) [11/02/2002 16:14:52]
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potentielle des consommateurs les plus divers, que toutes les demandes recevront des offres adéquates, bref, que tous les goûts seront satisfaits. On nous dit que la concurrence, surtout lorsqu'elle est associée au progrès technologique, est synonyme de «création» (je pourrais assortir chacune de mes assertions de dizaines de références, et de citations, en définitive assez redondantes). Mais on nous dit aussi que la concurrence des nouveaux entrants, beaucoup plus puissants, qui viennent des télécoms et de l'informatique est telle que l'audiovisuel a de plus en plus de peine à résister; que les montants des droits, notamment en matière de sport, sont de plus en plus élevés; que tout ce que produisent et font circuler les nouveaux groupes de communication technologiquement et économiquement intégrés, c'est-à-dire aussi bien des messages télévisés que des livres, des films ou des jeux télévisés, bref, tout ce que l'on regroupe sous le nom «attrape-tout» (catch all) d'«information», doit être traité comme une marchandise comme les autres, à laquelle doivent être appliquées les mêmes règles qu'à n'importe quel produit; et que ce produit industriel standard doit donc obéir à la loi commune, la loi du profit, en dehors de toute exception culturelle sanctionnée par des limitations réglementaires (comme le prix unique du livre ou les quotas de diffusion). On nous dit enfin que la loi du profit, c'est-à-dire la loi du marché, est éminemment démocratique, puisqu'elle sanctionne le triomphe du produit qui est plébiscité par le plus grand nombre. A chacune de ces «idées» on pourrait opposer, non pas des idées, au risque d'apparaître comme un idéologue perdu dans les nuées, mais des faits: à l'idée de différenciation et de diversification extraordinaire de l'offre, on pourrait opposer l'extraordinaire uniformisation des programmes de télévision, le fait que les multiples réseaux de communication tendent de plus en plus à diffuser le même type de produits, jeux, soap operas, musique commerciale, romans sentimentaux du type telenovelas, séries policières qui ne gagnent rien, même au contraire, à être françaises, comme Navarro, ou allemandes, comme Derrick, autant de produits issus de la recherche des profits maximaux pour des coûts minimaux, ou, dans un tout autre domaine, l'homogénéisation croissante des journaux et surtout des hebdomadaires. La diffusion commande la production Autre exemple, aux «idées» de concurrence et de diversification, on pourrait opposer le fait de la concentration extraordinaire des groupes de communication, concentration qui, comme le montre la plus récente fusion, celle de Viacom et de CBS, c'est-à-dire d'un groupe orienté vers la production des contenus et d'un groupe orienté vers la diffusion, aboutit à une intégration verticale telle que la diffusion commande la production. Mais l'essentiel est que les préoccupations commerciales, et en particulier, la recherche du profit maximal à court terme s'imposent de plus en plus et de plus en plus largement à l'ensemble des productions culturelles. Ainsi, dans le domaine de l'édition de livres, que j'ai étudié de près, les stratégies des éditeurs, et spécialement des responsables des grands groupes, sont orientées sans équivoque vers le succès commercial. La logique de la vitesse n'est pas celle de la culture C'est là qu'il faudrait commencer à poser des questions. J'ai parlé à l'instant de productions culturelles. Est-il encore possible aujourd'hui, et sera-t-il encore longtemps possible de http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html (3 sur 6) [11/02/2002 16:14:52]
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parler de productions culturelles et de culture? Ceux qui font le nouveau monde de la communication et qui sont faits par lui aiment à évoquer le problème de la vitesse, des flux d'informations et des transactions qui deviennent de plus en plus rapides, et ils ont sans doute partiellement raison quand ils pensent à la circulation de l'information et à la rotation des produits. Cela dit, la logique de la vitesse et du profit qui se réunissent dans la poursuite du profit maximal à court terme (avec l'Audimat pour la télévision, le succès de vente pour le livre - et, bien évidemment, le journal -, le nombre d'années pour le film) me paraissent incompatibles avec l'idée de culture. Quand, comme disait Ernst Gombrich, les «conditions écologiques de l'art» sont détruites, l'art et la culture ne tardent pas à mourir. Pour preuve, je pourrais me contenter de mentionner ce qu'il est advenu du cinéma italien, qui fut un des meilleurs du monde et qui ne survit plus qu'à travers une petite poignée de cinéastes, ou du cinéma allemand, ou du cinéma d'Europe de l'Est. Ou la crise que connaît partout le cinéma d'auteurs, faute notamment de circuits de diffusion. Sans parler de la censure que les distributeurs de films peuvent imposer à certains films, le plus connu étant celui de Pierre Carles. Ou encore le destin de telle chaîne de radio culturelle, aujourd'hui livrée à la liquidation au nom de la modernité, de l'Audimat et des connivences médiatiques. Mais on ne peut comprendre vraiment ce que signifie la réduction de la culture à l'état de produit commercial que si l'on se rappelle comment se sont constitués les univers de production des œuvres que nous considérons comme universelles dans le domaine des arts plastiques, de la littérature ou du cinéma. Toutes ces œuvres qui sont exposées dans les musées, tous ces ouvrages de littérature devenus classiques, tous ces films conservés dans les cinémathèques, sont le produit d'univers sociaux qui se sont constitués peu à peu en s'affranchissant des lois du monde ordinaire, et en particulier de la logique du profit. Pour faire comprendre, un exemple: le peintre du Quattrocento a dû, - on le sait par la lecture des contrats - lutter contre les commanditaires pour que son œuvre cesse d'être traitée comme un simple produit, évalué à la surface peinte et au prix des couleurs employées; il a dû lutter pour obtenir le droit à la signature, c'est-à-dire le droit d'être traité comme un auteur, et aussi pour ce que l'on appelle, depuis une date assez récente, les droits d'auteur (Beethoven luttait encore pour ce droit); il a dû lutter pour la rareté, l'unicité, la qualité, il a dû lutter, avec la collaboration des critiques, des biographies des professeurs d'histoire de l'art, etc., pour s'imposer comme artiste, comme «créateur». De l'œuvre au produit, de l'auteur à l'ingénieur Or c'est tout cela qui se trouve menacé aujourd'hui à travers la réduction de l'œuvre à un produit et à une marchandise. Les luttes actuelles des cinéastes pour le «final cut» et contre la prétention du producteur à détenir le droit final sur l'œuvre, sont l'équivalent exact des luttes du peintre du Quattrocento. Il a fallu près de cinq siècles aux peintres pour conquérir le droit de choisir les couleurs employées, la manière de les employer, puis, tout à la fin, le droit de choisir le sujet, notamment en le faisant disparaître, avec l'art abstrait, au grand scandale du commanditaire bourgeois; de même, pour avoir un cinéma d'auteurs, il faut avoir tout un univers social, des petites salles et des cinémathèques http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html (4 sur 6) [11/02/2002 16:14:52]
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projetant des films classiques et fréquentées par les étudiants, des cinéclubs animés par des professeurs de philosophie cinéphiles formés par la fréquentation desdites salles, des critiques avertis qui écrivent dans les Cahiers du cinéma, des cinéastes qui ont appris leur métier en voyant des films dont ils rendaient compte dans ces Cahiers, bref tout un milieu social dans lequel un certain cinéma a de la valeur, est reconnu. Ce sont ces univers sociaux qui sont aujourd'hui menacés par l'irruption du cinéma commercial et la domination des grands diffuseurs, avec lesquels les producteurs, sauf quand ils sont eux-mêmes aujourd'hui dans un processus d'involution; ils sont le lieu d'un retour en arrière, de l'œuvre au produit, de l'auteur à l'ingénieur ou au technicien utilisant des ressources techniques, les fameux effets spéciaux, et de vedettes, les uns et les autres extrêmement coûteux, pour manipuler ou satisfaire les pulsions primaires du spectateur (souvent anticipées grâce aux recherches d'autres techniciens, les spécialistes en marketing). Réintroduire le règne du «commercial» dans des univers qui ont été construits, peu à peu, contre lui, c'est mettre en péril les œuvres les plus hautes de l'humanité, l'art, la littérature et même la science. Je ne pense pas que quelqu'un puisse réellement vouloir cela. C'est pourquoi, j'évoquais, en commençant la célèbre formule platonicienne ,«nul n'est méchant volontairement». S'il est vrai que les forces de la technologie alliées avec les forces de l'économie, la loi du profit et de la concurrence menacent la culture, que peut-on faire pour contrecarrer ce mouvement? Que peut-on faire pour renforcer les chances de ceux qui ne peuvent exister que dans le temps long, ceux qui, comme les peintres impressionnistes autrefois, travaillent pour un marché posthume? Je voudrais convaincre, mais il me faudrait sans doute beaucoup de temps, que rechercher le profit immédiat maximal, ce n'est pas nécessairement, quand il s'agit de livres, de films ou de peintres, obéir à la logique de l'intérêt bien compris: identifier la recherche du profit maximal à la recherche du public maximal, c'est s'exposer à perdre le public actuel sans en conquérir un autre, à perdre le public relativement restreint des gens qui lisent beaucoup, fréquentent beaucoup les musées, les théâtres et les cinémas, sans gagner pour autant de nouveaux lecteurs ou spectateurs occasionnels. Si l'on sait que, au moins dans tous les pays développés, la durée de la scolarisation ne cesse de croître, ainsi que le niveau d'instruction moyen, comme croissent du même coup toutes les pratiques fortement corrélées avec le niveau d'instruction (fréquentation des musées ou des théâtres, lecture, etc.), on peut penser qu'une politique d'investissement économique dans des producteurs et des produits dits «de qualité», peut, au moins à terme moyen, être rentable, même économiquement (à condition toutefois de pouvoir compter sur les services d'un système éducatif efficace). Le choix n'est pas entre mondialisation et nationalisme Ainsi le choix
n'est pas entre la «mondialisation», c'est-à-dire la soumission aux lois du commerce, donc au règne du «commercial», qui est toujours le contraire de ce que l'on entend à peu près universellement par culture, et la défense des cultures nationales ou telle ou telle forme de nationalisme ou localisme culturel. Les produits kitsch de la «mondialisation» http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html (5 sur 6) [11/02/2002 16:14:52]
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commerciale, celle du jean ou du Coca-Cola ou du soap opera, ou celle du film commercial à grand spectacle et à effets spéciaux, ou encore celle de la «world fiction», dont les auteurs peuvent être italiens ou anglais, s'opposent sous tous rapports aux produits de l'internationale littéraire, artistique et cinématographique, dont le centre est partout et nulle part, même s'il a été très longtemps et est peut-être encore à Paris, lieu d'une tradition nationale d'internationalisme artistique, en même temps qu'à Londres et à New York. De même que Joyce, Faulkner, Kafka, Beckett ou Gombrowicz, produits purs de l'Irlande, des Etats-Unis, de la Tchécoslovaquie ou de la Pologne, ont été faits à Paris, de même nombre de cinéastes contemporains comme Kaurismaki, Manuel de Oliveira, Satyajit Ray, Kieslowski, Woody Allen, Kiarostami, et tant d'autres, n'existeraient pas comme ils existent sans cette internationale littéraire, artistique et cinématographique dont le siège social est situé à Paris. Sans doute parce que c'est là que, pour des raisons strictement historiques, le microcosme de producteurs, de critiques et de récepteurs avertis qui est nécessaire à sa survie s'est constitué depuis longtemps et a réussi à survivre. L'internationale dénationalisée des créateurs Il faut, je le répète,
plusieurs siècles pour produire des producteurs produisant pour des marchés posthumes. C'est mal poser les problèmes que d'opposer, comme on le fait souvent, une «mondialisation» et un mondialisme qui seraient du côté de la puissance économique et commerciale, et aussi du progrès et de la modernité, à un nationalisme, attaché à des formes archaïque de conservation de la souveraineté. Il s'agit en fait d'une lutte entre une puissance commerciale visant à étendre à l'univers les intérêts particuliers du commerce et de ceux qui le dominent et une résistance culturelle, fondée sur la défense des œuvres universelles produites par l'internationale dénationalisée des créateurs. Je vais finir par une anecdote historique, qui a aussi rapport avec la vitesse, et qui dira bien ce que devraient être, selon moi, les relations qu'un art affranchi des pressions du commerce pourrait entretenir avec les pouvoirs temporels. On raconte que Michel-Ange mettait si peu de forme protocolaire dans ses rapports avec le pape Jules II, son commanditaire, que celui-ci était obligé de s'asseoir très vite pour éviter que Michel-Ange ne soit assis avant lui. En un sens, on pourrait dire que j'ai essayé de perpétuer ici, très modestement, mais très fidèlement, la tradition inaugurée par Michel-Ange, de distance à l'égard des pouvoirs, et, tout spécialement, de ces nouveaux pouvoirs que sont les puissances conjuguées de l'argent et des médias. (Les intertitres sont de la rédaction) Sommaire ©Libération
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J-4/ JOSÉ BOVÉ CONTRE MCDONALD'S
Le cahier des doléances En tournée, le «Josébové» incarne la lutte contre le désarroi ordinaire et rencontre une population en mal de résistance. Par FLORENCE AUBENAS Le lundi 26 juin 2000 Sud de la France, envoyée spéciale
Vendredi, José Bové passe en procès pour le «démontage» musclé du McDonald's de Millau, le12 août 1999. La Confédération paysanne veut faire de ce rendezvous une grande fête contre «la mondialisation libérale», avec forums et concert dans la ville. L'audience correctionnelle ellemême est prévue pour débuter le 30 juin à 14 heures et se clore le lendemain à midi, selon le président du tribunal de grande instance, François Mallet. Les témoins de la défense sont au nombre de seize, tels le fondateur polonais de Solidarité pour l'agriculture ou le porteparole du Syndicat de la magistrature. Après s'être d'abord constitué partie civile, le directeur du
l va venir. «Et peut-être qu'on va croire ce qu'il va nous dire. De toute façon, on est perdu.» Martine et André grimpent la Grand-Rue de Crest, 8 000 habitants dans l'arrière-pays de Valence (Drôme), au milieu d'une foule sérieuse comme en pèlerinage. Les policiers dévient les voitures. Trop de gens d'un coup. La veille, il y en avait autant à Toulon. Demain, il y en aura autant à Nice. En haut, à la librairie Chalamel, on distribue des tickets numérotés qui donnent le droit de piétiner devant une chaise vide. «Le voilà» , crie quelqu'un. Non, c'est la fanfare qui roule du tambour. «Et là-bas, c'est pas lui, en tee-shirt avec le téléphone portable dans l'oreille?» «Pas possible, il doit être contre les portables. En tout cas, moi, j'ai arrêté mon abonnement en pensant qu'il était contre.» Une femme fixe la silhouette, regard perdu. «Moi je le vois plus grand que ça, baraqué mais pas trop. Enfin, bien quoi, un mec.» L'homme au portable se retourne. On l'entend crier dans le combiné: «Allô, t'as l'air loin, là. T'es où? Avec les brebis?» Des grandes moustaches, une pipe. «C'est quoi le prénom de Josébové?» , demandent des gamins. Un retraité vient juste pour une question: «Où il va l'être humain?» Après vingt-sept ans sur le plateau du Larzac, des centaines d'occupations de terres, d'actions militantes, de manifestations, c'est le «démontage» d'un restaurant McDonald's l'été dernier avec quelques familles d'agriculteurs qui a transformé José Bové en «Josébové». Puis son combat à Seattle a métamorphosé un sommet sur l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en une première large contestation de ce même système. «Dégâts collatéraux du capitalisme». Et depuis deux mois, «Josébové»
s'est mis à arpenter les provinces, tenant meeting, sautant d'une conférence de presse à une manifestation, dédicaçant son livre ( 1), écrit avec François Dufour, de la Confédération paysanne, qu'on oublie toujours mais qui est toujours là. 75 000 exemplaires vendus, au moins 85 000 personnes déjà
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McDonald's vient de choisir de se désengager du procès par «souci d'apaisement». Et de fermer son restaurant le jour de l'audience. «Nous refusons de nous laisser entraîner dans un débat qui n'est pas le nôtre», explique le président de McDonald's France, Denis Hennequin. Des débats sur la mondialisation seront organisés avec le public vendredi après-midi dans le parc municipal de la Victoire, sur la place Emma-Calvé et sur l'esplanade du centre culturel. Cinq forums y seront animés par la Confédération paysanne, Greenpeace, le groupe Attac ou le sociologue Pierre Bourdieu. Le soir, Zebda et Francis Cabrel donneront un concert de soutien sur l'esplanade de la Maladrerie. Samedi après-midi, José Bové y tiendra un meeting de clôture avec les témoins du procès et le président de la Ligue des droits de l'homme. Pendant cinq jours, Libération propose une radiographie du mouvement Bové et de ses résonances. G.Lv.
venues les voir. Au-delà des chiffres, le plus incroyable reste tout de même que le visage d'un éleveur de brebis du Larzac et ses problèmes de surtaxe sur le roquefort soient devenus le miroir des préoccupations d'urbains comme de paysans, des gens de gauche, de droite (même s'ils sont minoritaires) ou de rien du tout, accrochés par un bout de phrase, un pan de discours parfois même détourné de son sens. Dans le sillage de Bové s'écrit le cahier des doléances d'une des France d'aujourd'hui, se dessine une géographie de plaies et de bosses, de désarrois et de résistances. A Crest, le premier McDo est à 17 km. Les chèvres, les coteaux, le petit pont. Ces paysages qu'affectionnent les conseils régionaux pour leurs affiches «spécial terroir». C'est là que Marianne, fonctionnaire, a rencontré la mondialisation, en sortant de l'épicerie, sous la forme familière d'un pot de sauce soja d'une grande marque française. Pourquoi a-t-elle lu l'étiquette, ce matin de janvier, elle qui ne le fait jamais,? «En tout cas, dedans, il y avait du transgénique.» Chez les Orteaux, grosse bâtisse en plein champ près de Valence, c'est d'un tuyau d'arrosage, au fond du potager, que s'est mise à couler la mondialisation. «Il est raccordé à la commune d'à côté qui a vendu sa régie à une multinationale. Alors, qu'estce qu'on fait? On réhabilite le puits?»
Mondialisation: c'est la première parole qu'on entend dans le sillage de Bové. On le lui glisse en mot de passe, on l'agite en épouvantail. Suivant les lieux et les publics, chacun à sa façon. A la faculté de Valence, une salle pleine et studieuse disserte du droit de détruire ou non un McDo. Lors d'un meeting associatif à Marseille, un militant de AC! (Action contre le chômage) tonne contre «le capitalisme et ses valets les Pokémon».
Mais selon cet instituteur de Valence, la révélation est là. «La mondialisation semblait loin de nous, inatteignable. Les "pour" comme les "contre" commençaient toujours leur démonstration par "attention, c'est complexe". Depuis Bové, ce qui paraissait incompréhensible a soudain pris la forme des objets les plus quotidiens.» A Avignon, un syndicaliste poursuit: «Face à un patron et son cigare, on voit bien comment se battre. Mais devant un cadre, qui a reçu un fax de Panama? Comment contester l'invisible? Bové a réussi à réincarner la lutte, non dans des hommes mais dans des objets.»
Et lorsqu'on demande ce qu'est la mondialisation aux gens qui attendent l'éleveur du Larzac, on frôle le ridicule. «Vous vous foutez de ma gueule?» se fâche un garagiste d'Aix. Comme autant de pièces à conviction, il brandit sa carte bancaire, tire sur son jean. «Calme-toi, Robert», dit sa femme. Aussitôt, elle l'excuse. «Votre question, il faut dire, elle est énervante. La mondialisation c'est quand on va à l'hypermarché et qu'on achète le produit à prix cassé. On sait bien qu'on gagne 2 francs aujourd'hui mais qu'on sera encore plus pauvre demain. Pourtant on est obligé parce qu'on est coincé par les sous. Alors on souffre à l'intérieur.»
Bové, c'est justement celui à qui on va dire tout ça. L'humiliation et http://www.liberation.fr/omc/actu/bove/20000626.html (2 sur 5) [11/02/2002 16:15:50]
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l'impuissance reviennent en boucle, murmurées comme à confesse ou hurlées dans la rue. A la fin de chaque meeting, on patiente pour lui glisser son «dossier», pétition contre l'ouverture d'une usine d'équarrissage, contre le tracé du TGV, la toute-puissance d'un notable, un catalogue des luttes minuscules, des batailles «comme la sienne, un petit contre les gros». Enfin, «faut pas minimiser: nous sommes tous des dégâts collatéraux du capitalisme», assène un petit commerçant, qui a sous le bras soixante pages manuscrites intitulées «Assassinat d'une boucherie par la société du tout-pognon». Une famille d'éleveurs de chiens parle départementale 534. «On sera exproprié. Ils nous ont dit "on vous appellera". Il faut des routes, c'est normal. Mais pourquoi nous traiter comme ça? Ils ont confisqué la vie.»
L'intime et le politique. Mais la contestation de Bové rend aussi visibles «ceux qui n'ont pas de problèmes mais un problème» : «J'ai du boulot, une vie normale, pas à me plaindre. Je suis un hyperintégré, explique ce professeur. Je viens de voir un opéra à la télévision, présenté comme du direct. En fait, c'était en différé de trois heures pour montrer le tennis. Nos vies sont rongées par toutes ces petites arnaques quotidiennes.» Un maçon dit: «Je construis des maisons en deux semaines pour lesquelles les gens se saignent alors qu'elles ne dureront pas jusqu'à leur retraite.» Librairie Charlemagne à Toulon, un homme raconte: «Je suis dans une branche que j'ai un peu honte, l'armement. J'y suis rentré après un petit apprentissage. C'est la fin d'une carrière triste: j'ai vu plus de copinage que de copains, j'ai bossé pour la guerre. Ma femme n'a pas voulu que je démissionne, j'ai peur du chômage. A 52 ans, j'attends qu'on me liquide, lâchement. Mais où ça va, tout ça?»
Dans ce désarroi, «Josébové» est sommé de donner des réponses sur tout. «Quel est l'avenir de notre civilisation?» Et très vite, cela débouche sur le personnel: Comment vivre, là, tout de suite, au quotidien? «J'ai entendu à la radio que vous étiez pour l'accouchement à la maison. Pourquoi?», demande une agrégée de philo à Nice. Un autre: «Quel camembert acheter?» Ou alors: «Que conseillez-vous comme système scolaire?»
S'opère sans cesse ce va-et-vient entre l'infiniment grand et l'infiniment petit, le privé et le public, l'intime et le politique, le concret et l'abstrait. Sans doute est-ce là une des forces du militant du Larzac qui «a eu le courage de choisir une existence conforme à ses convictions», estime un chômeur. «Il fait passer par son corps ce qu'il pense avec sa tête. Il est présent. Il fait. Il n'agite pas des opinions.» Ce côté physique du personnage donne sans doute une autre dimension au champ politique. «La plupart ressortent généralement d'un meeting en jurant qu'ils iront à la prochaine manif. Mais personne n'imagine changer quelque chose de concret dans sa vie, poursuit un responsable associatif. Là, c'est l'inverse.»
«Les gens ne savent plus où militer». Au pied de la tribune, on fait le serment «de ne plus mettre les pieds chez McDonald's» . «La télé, j'avais arrêté après la guerre du Golfe, dit une opticienne. Maintenant, je supprime le supermarché.» Un électricien renonce «à demander ce poste de chef parce qu'en fait, [il] méprise cette boîte». Pendant qu'on prépare la sono, à Avignon, une jeune femme provoque un attroupement. «Je vendais http://www.liberation.fr/omc/actu/bove/20000626.html (3 sur 5) [11/02/2002 16:15:50]
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des produits pharmaceutiques. Beaucoup de fric, une dame pour garder mes filles. Mais on fait des séminaires pour apprendre à mentir et planquer les effets secondaires. Je ne veux plus être coresponsable de ce système. J'ai démissionné.» On applaudit. «Quel courage! Et c'est vraiment dur, la vie après?» demande un médecin.
Personne n'a même l'idée de rallumer le discours classique sur une classe politique corrompue ou coupée du réel. Face à elle, on est ici passé au-delà de la critique, dans un ailleurs où on s'apitoie sur les élus. «Les pauvres, ils sont complètement dépassés.»
Certaines fois, comme à Marseille, les salles se remplissent essentiellement de militants de la gauche associative, AC!, Ras le front, les sans-papiers... Et Attac (2), bien sûr: via François Dufour, également un des responsables nationaux d'Attac, se sont tissés des liens. «Pendant longtemps, j'ai été à la CFDT et puis j'en ai eu ras le bol. Les cadres décident entre eux ce qui est bon pour la société et on applique. Moi, je pense que la volonté doit partir de la base et remonter au sommet» ,
explique un ancien d'Alcatel, devenu responsable d'Attac dans les Bouchesdu-Rhône. 1 300 adhérents en deux ans, 10 % de plus chaque mois. «On voit vraiment que les gens ne savent plus où militer. De nous, on attend tout: un parti, un syndicat, une ONG.» Une fonctionnaire «de gauche» se retrouve là ce soir parce qu'elle a «tout fait et tout raté: le PC, Amnesty, l'écologie. J'espère que Bové c'est le bon».
Dans le hall, une élève institutrice se fâche: «Et pourquoi il n'y a pas les gens des quartiers nord [cités populaires de Marseille, ndlr] ?» Son copain rigole. «Tu trouves qu'il y a toujours les mêmes, c'est ça? Un microcosme, des associatifs, des petits-bourgeois? Mais tu rêves. Ça commence toujours comme ça, les mouvements. » Un éducateur «de zone difficile» hausse les épaules. «Bové, c'est ni une marque de voiture, ni un club de foot, ni un milliardaire. Les beurs, ils sont à fond dans le système. D'accord c'est des exclus, mais des exclus capitalistes.» Un élu de gauche, planqué incognito dans la salle, raille un antimondialisation: «D'accord, vous avez du public, mais votre truc, c'est pas la révolution quand même.» L'autre ne cille même pas. «On était minoritaire. On le reste. Bové n'a pas inventé l'antimondialisation mais il l'a rendue crédible. La fatalité du système, on n'y croit plus.»
«Situations limites». A Six-Fours, 30 000 habitants près de La Seyne-sur-
Mer, une petite troupe zigzague entre les serviettes et l'huile solaire. Aujourd'hui, on manifeste contre l'implantation d'un McDonald's sur la plage même. Bové explique que la réponse ne peut être qu'internationale, surtout pas le repli identitaire. « Bravo, vive la France. Sinon ça va devenir Hong-kong», crie une retraitée. Une bijoutière applaudit. « Voilà quelqu'un qui défend son pays et qui ouvre sa gueule. Moi McDo, j'en veux pas. Ça va être la racaille ici. Vous imaginez le genre de clientèle... » Si on n'imagine pas, son mari précise: «Ti mi donnes un Big Mac, bwana?»
«Josébové» remonte en voiture. « Je ne me présente à aucune élection, je ne veux ratisser personne. Mais j'aime les situations limites. Jusqu'où tu http://www.liberation.fr/omc/actu/bove/20000626.html (4 sur 5) [11/02/2002 16:15:50]
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peux aller pour convaincre les gens sans te renier et en restant clair dans ta tête? Il faut prendre les gens au point où ils sont et puis faire confiance à la liberté de chacun.».
(1) Le monde n'est pas une marchandise, éditions La Découverte. (2) Association pour une taxation des transactions financières pour l'aide aux citoyens.
Sommaire ©Libération
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Lundi 11 février 2002
Chirac attaque Le président Jacques Chirac a déclaré lundi à Avignon, peu après 12h30, qu'il briguera un deuxième mandat, lors de l'élection présidentielle des 21 avril et 5 mai. Lire cet article mis en ligne à 13h45 Les réactions mis en ligne à 15h45 Heure par heure, la journée du président-candidat (14h15) L'Evénement de Libération
Etonnez-nous! 62 % des Français se désintéressent de la campagne.Les candidats partent à la pêche aux idées pour la réveiller. Les électeurs attendent l'étincelle La méthode Jospin: «Fais-moi une note» En cuisine, Chirac prépare ses «surprises» Promesses, l'éditorial de Jean-Michel Thénard Le référendum, presque tous votent pour
AFP (archives) Jacques Chirac: «Oui, je suis candidat», a-t-il répondu lundi midi au maire d'Avignon qui l'interrogeait.
Participez aux forums Posez vos questions aux candidats Sur la longue route de l'Elysée
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Télévision: faites votre programme Tous les programmes, sur toutes les chaînes, tout de suite ou plus
Traque au CV truqué S'inventer des diplômes, rallonger ses périodes d'activité: la triche est monnaie courante. En réaction, les entreprises multiplient les contrôles... sans éviter les dérapages. «Un passé trop carré, c'est suspect» La parano informatique Tout le cahier du lundi 11 février est en pages Emploi du Quotidien
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Libération tard, et votre sélection. A voir à la télé
Ski de fond, ski alpin, luge et patinage: six finales lundi Six finales au programme lundi, dont deux en biathlon, où Raphaël Poirée a une belle carte à jouer. L’austère lugeur allemand Georg Hackl tentera une inédite passe de quatre, après ses succès à Albertville (1992), Lillehammer (1994) et Nagano (1998). Lire l'article Notre dossier dossier spécial L'actualité en continu avec l'AFP
Economie
La partie est finie pour Kalisto Le concepteur bordelais de jeux vidéo a déposé son bilan . Lire cet article Le prince déchu de la nouvelle économie
Bill Gates en remet une couche
Malgré le procès antitrust en cours depuis trois ans, Microsoft persiste dans sa volonté de fusionner ses produits avec Windows. Lire cet article Lire aussi l'entretien avec Bill Gates, que «Libération» a rencontré à Paris
Le tunnel du Mont-Blanc, les OGM, Sangatte, la fin du franc, l'Islam, l'exception culturelle, Ben Laden, la dépénalisation des drogues douces, la délinquance, la mondialisation, la présidentielle 2002, Israël Participez aux forums
Quelle clé des clones? Une étude décrypte le rôle des cellules souches d'adulte. Lire cet article Toute l'actualité des Sciences
«Porto Alegre, utile contre les excès» Francis Mer, patron d'Arcelor, défend une gouvernance mondiale . Lire l'entretien
L'aide au développement divise le G7 La question de la dette figurait pour la première fois à l'ordre du jour des grands argentiers. Lire l'article Le dossier «Les batailles de la mondialisation»
Société
Ouverture du procès de Patrice Alègre Patrice Alègre comparaît à partir d'aujourd'hui devant les assises de Toulouse pour cinq assassinats avec viols. Retour sur la vie chaotique d'un homme fasciné par sa mère. Lire cet article
Les éthers de glycol s'incrustent
Un collectif demande leur interdiction complète. Lire cet article «On travaillait continuellement dans un brouillard de solvants»
(Opération spéciale)
Le 14 février, changez de l'ordinaire et passez une annonce dans Libération. Les trois plus beaux messages remporteront un miniséjour pour deux vers une destination romantique. Votre message
Internet
Ce petit pirate qui énerve Hollywood Un Norvégien auteur d'un logiciel de copie des films DVD écope d'un procès. Lire cet article Toute l'actualité de l'Internet Médias
Un «Métro» de retard
Le Livre CGT contraint le gratuit à repousser sa sortie, prévue ce matin. Lire cet article
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En France Paris
Dans le monde Choisir
Les prévisions dans 200 villes en France et 200 villes dans le monde. Toutes les villes, tous
les pays
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Sports
Indomptable Cameroun FOOTBALL. Les Sénégalais se sont inclinés aux tirs au buts. Ils laissent le Cameroun remporter sa quatrième Coupe d'Afrique des Nations. Lire cet article Bruno Metsu, une crinière à la tête des Lions
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Grosjean sur les cordes raides TENNIS. Il qualifie difficilement la France en Coupe Davis. Lire cet article Toute l'actualité des Sports
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Deneuve en super 8
La geste de Chamoiseau
Avec «8 Femmes» à la recherche de la meurtrière Patrick Chamoiseau de l’homme de la maison, publie une chronique François Ozon met en épique et folle d'un scène, dans une ambiance révolutionnaire antillais années 50, huit actrices qui n'a jamais existé. dont Catherine Deneuve. Rencontre. Lire cet article Dans un entretien à Il faut rendre à Césaire «Libération», celle-ci Toute l'actualité des Livres évoque ses doutes initiaux et les coulisses du tournage.
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La machine repart Si les marchés sont toujours secoués par la faillite d'Enron, l'optimisme revient en Californie, où la chaudière technologique carbure à plein. Revue des innovations qui activent les pistons.. Vu de la Silicon Valley par Jean-Louis Gassée
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Résultat de la recherche 'BOURDIEU'. Nb de documents trouvés: 13
Documents: 1 - 10
Libération :A l'école de Pierre Bourdieu du sociologue sur l'intellectuel collectif s'enracinaient dans un travail commun de laboratoire, de séminaire et d'équipe. A l'école de Pierre Bourdieu Par Olivier CHRISTIN Olivier Christin est historien et chercheur à l'Institut universitaire de France. Dernier ouvrage paru: «la Paix de religion», [06/02/2002] (15278 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020131110008135REBO.html .. .
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Libération :«La névrose de classe» de Bourdieu L'origine modeste et provinviale du sociologue peut expliquer sa solidarité avec toutes les exclusions. «La névrose de classe» de Bourdieu Par Emmanuel PONCET Emmanuel Poncet est journaliste à «Libération». Le jeudi 07 février 2002 Les cruels «jeux de cour» du lycée de Pau sont peu ou prou les mêmes [07/02/2002] (13029 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020207110005133REBO.html .. .
Libération :Ce manque d'écoute que laisse Pierre Bourdieu Le sociologue savait écouter et donner la parole. Ce manque d'écoute que laisse Pierre Bourdieu Le samedi 02 février 2002 'ai appris la disparition de Pierre Bourdieu sur une île dans le sud de la Thaïlande. Cette triste brève diffusée sur TV5 Asie m'a fait sortir brutalement de ma léthargie tropicale [07/02/2002] (8229 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020202110005120REBO.html .. .
Libération - Débats C'est en Algérie que le sociologue, mort jeudi dernier, a dévoilé les mécanismes qui lui ont permis de comprendre la société française . Bourdieu, l'Algérie fondatrice Par Yacine TASSADIT Tassadit Yacine est anthropologue à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et directrice de la revue «Awal [29/01/2002] (13892 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020129110007089REBO.html .. .
Libération: Débats de pierre de Hammami Taoufik BEN BRIK Paru le 07/02/2002 De jeunes auteurs déjà si vieux Alina REYES Paru le 07/02/2002 «La névrose de classe» de Bourdieu Emmanuel PONCET Paru le 07/02/2002 Sondages: la loi de l'absurde François WENZ-DUMAS Paru le 06/02/2002 Hollande est (un) rigolo Pierre MARCELLE [] (18861 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/indexrebonds.php3 .. .
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Libération - Page de recherche
Libération - Les batailles de la mondialisation Avant le sommet de l'Organisation mondiale du commerce, la France veut les convaincre des bienfaits de l'exception culturelle. Bourdieu bouscule 70 patrons des médias Ils dirigent Yahoo!, la BBC, la Fox... Ils étaient venus pour une réception, ils ont entendu un plaidoyer. Par Edouard LAUNET Le 13 [29/01/2002] (28372 octets) http://www.liberation.fr/omc/actu/991013.html .. .
Libération - Les batailles de la mondialisation , Montpellier, Chambéry, Reims, Rouen, Tarbes, Rennes, Caen, ou Tours. Des états généraux pour fédérer les contestataires A l'initiative de Pierre Bourdieu, un manifeste entend créer un mouvement social européen. Par VITTORIO DE FILIPPIS «Nous devons trouver le moyen de fédérer la contestation qui monte [29/01/2002] (17982 octets) http://www.liberation.fr/omc/actu/20000502marz2.html .. .
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Libération - Les batailles de la mondialisation sur l'esplanade du centre culturel. Cinq forums y seront animés par la Confédération paysanne, Greenpeace, le groupe Attac ou le sociologue Pierre Bourdieu. Le soir, Zebda et Francis Cabrel donneront un concert de soutien sur l'esplanade de la Maladrerie. Samedi aprèsmidi, José Bové y tiendra un meeting [29/01/2002] (23831 octets) http://www.liberation.fr/omc/actu/bove/20000626.html .. .
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Libération - Cahier Livres et essais. Le site du Centre d'études et de documentation borgesien à l'université de Aarhus (Danemark) - histoire du centre et chroniques. Bourdieu, Pierre Bourdieu, le sociologue énervant Bove, Emmanuel (1898-1945) Emmanuel Bove - Un site sur l'auteur de «Mes Amis», par Jean-Luc Bitton. Repères biographiques [29/01/2002] (33403 octets) http://www.liberation.fr/livres/sites/auteur/auteura.html .. .
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Libération :Che sera? j'y vois plus clair, grâce à l'accidentelle lecture, la semaine dernière, du Nouvel Observateur. Vous savez ce que c'est: on se dit que Julliard sur Bourdieu, ce doit valoir mille, on va y voir, (on n'est pas déçu), et, tandis qu'on y est, on hume des mots froids en feuilletant du papier glacé. Jusqu [07/02/2002] (7806 octets) http://www.liberation.fr/quotidien/debats/020207110004130REBO.html .. .
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Nb de documents trouvés: 13
Documents: 1 - 10
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Les résultats suivants
Libération - Les batailles de la mondialisation
Le muguet pousse sur l'après Seattle Fête, cortège et réveillon à Paris, sur fond d'antimondialisation. Par FRANÇOIS WENZ-DUMAS Le mardi 2 mai 2000
Le Crac 40 (Collectif pour un réveillon anticapitaliste) a organisé une fête dimanche soir place de la Bourse, avec une grande «décharge du capitalisme» afin d'y jeter tous les objets du siècle les plus inutiles à ses yeux.
ée à Chicago en 1886, la tradition du 1er Mai s'est perpétuée hier en France en regardant plutôt vers Seattle. Cette sensibilité nouvelle aux problèmes sociaux induits par la mondialisation a donné à la fête du Travail millésimée 2000 un coup de jeune que n'osaient plus RICHARD PAK espérer les syndicats. Elle a Un militant de la CNT devant la fanfare des renouvelé le style, plus mineurs gallois, hier à Paris. festif, et la thématique, résolument internationaliste, des manifestations. A Paris, les anarcho-syndicalistes de la CNT (Confédération nationale du travail) ont donné le ton en organisant, du 22 avril au 2 mai ( Libération du 25 avril), une quarantaine de manifestions culturelles sur ce thème. Hier, en clôture de cette semaine «pour un autre futur», quelque 1 500 manifestants rassemblés place des Fêtes par les organisations anarchistes sont descendus de Belleville derrière la fanfare des mineurs gallois pour se joindre place de la République au cortège unitaire CGT-CFDT-FSU-Unsa. Dérision. Autre manifestation originale, la fête organisée dimanche soir
place de la Bourse par le Crac 40 (Collectif pour un réveillon anticapitaliste). La principale association de ce collectif est Attac (Association pour la taxation des transactions financières pour l'aide au citoyens), qui milite en faveur du projet de taxe Tobin contre l'économie spéculative. Elle avait choisi la dérision pour défendre ses idées. Animateur de la soirée, l'humoriste Didier Porte ( «gates en anglais, comme Bill, mais au singulier»), a ainsi demandé d'avoir «une pensée forcément unique pour Jean-Claude Trichet», le gouverneur de la Banque de France mis en examen vendredi dans l'affaire du Crédit Lyonnais, «qui http://www.liberation.fr/omc/actu/20000502marz2.html (1 sur 4) [11/02/2002 16:17:48]
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vit des moments difficiles». Avant d'inviter le millier de militants et
curieux qui se sont relayés jusqu'à minuit à chercher, sur les stands des associations présentes, des tracts, des pétitions, des livres et «la photo dédicacée de José Bové marchant sur les eaux du Tarn» . Décharge. Sur le parvis du palais Brongniart avait aussi été tendue une toile destinée à servir de «décharge du capitalisme». Pêle-mêle, les
participants de la fête y ont jeté les objets du siècle les plus inutiles à leurs yeux: une bouteille de Coca-Cola au trois quarts pleine, un Big Mac, un nœud papillon, une chaussure Nike, une boîte de corn flakes, des CD-Rom permettant de se brancher sur Internet, un catalogue Ikea, un livre d'Alain Minc, un autre de Jean Cau, une photo déchirée de Lionel Jospin, un logiciel Window 98, des téléphones portables hors d'usage, un exemplaire du Livre des records 1995 et pas mal d'autres objets insolites. Lundi, le défilé unitaire, qui a rassemblé 15 000 à 20 000 personnes à Paris, n'a pas échappé à cette double tendance festive et internationaliste. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, au coude à coude avec Monique Vuaillat, responsable de la FSU (Fédération syndicale unitaire), et Alain Olive, de l'Unsa (Union des syndicats autonomes), s'est félicité de ce que, selon lui, «le 1er Mai et la revendication ne sont pas forcément signes de tristesse». Même l'absence de la CFTC, qui défilait séparément, et surtout de Force ouvrière qui s'en est tenu au traditionnel dépôt de gerbe sur la tombe de son fondateur, Léon Jouhaux, tandis que son secrétaire général Marc Blondel était à Casablanca (Maroc) pour soutenir l'Union marocaine du travail (UMT), n'a donné lieu à aucune petite phrase vengeresse. «C'est bien ainsi, a jugé Nicole Notat. La liberté est une valeur qui anime le mouvement syndical, la tolérance aussi.»
Syndicalisme mondial. La secrétaire générale de la CFDT a aussi estimé qu'il fallait que «le syndicalisme international trouve les voies et moyens d'une action efficace positive pour donner à la mondialisation son caractère humain, social». De son côté, Bernard Thibault (lire aussi sa tribune en page «Rebonds») a indiqué que la CGT était préoccupée «par la tournure que prennent les échanges à l'échelle internationale, de manière très déréglementée». «Il est absolument nécessaire qu'il y ait d'autres références sociales, d'autres droits sociaux fondamentaux qui soient reconnus dans les échanges», a-t-il ajouté. Un 1er mai 2000
décidément placé dans le sillage des manifestations de l'automne dernier à Seattle. (1) Les défilés dans les principales villes de France ont réuni 1 500 personnes à Toulouse, Bordeaux, Grenoble ou Lyon, 2 000 à Strasbourg, 7 000 à Marseille et plusieurs centaines à Nice, Montpellier, Chambéry, Reims, Rouen, Tarbes, Rennes, Caen, ou Tours.
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Des états généraux pour fédérer les contestataires A l'initiative de Pierre Bourdieu, un manifeste entend créer un mouvement social européen. Par VITTORIO DE FILIPPIS
«Nous devons trouver le moyen de fédérer la contestation qui monte un peu partout.» Annick Coupé (SUD)
lusieurs centaines d'intellectuels, de syndicalistes ou de responsables associatifs de divers pays européens ont lancé un manifeste pour des «états généraux du mouvement social européen» et pour une «alternative» à «la politique néolibérale qui tend à s'imposer dans tous les pays». Ce manifeste a été publié hier à l'occasion de la fête du Travail dans divers journaux européens, notamment allemand, anglais, espagnol, grec, italien, mais aussi argentin, bolivien, coréen, Japonais... Devenu le gourou de la nouvelle ultragauche depuis la grève des cheminots en décembre 1995, le sociologue Pierre Bourdieu est l'un des initiateurs de ce manifeste... Qui a déjà un précédent: en 1996, le sociologue avait organisé les «états généraux du mouvement social» en France. Le nouveau manifeste propose de réitérer l'opération, mais cette fois au niveau européen, pour «élaborer une charte du mouvement social et poser les fondements d'une structure internationale» . Se voulant «indépendant» des partis et des gouvernements, Pierre Bourdieu entend rassembler ceux qui n'ont pas renoncé à changer le monde. Parmi eux, on retrouve la plupart des acteurs et des théoriciens du mouvement social qui, des actions des chômeurs aux luttes de la Confédération paysanne en passant par celle des sans-papiers. «Nous sommes toujours dans ce combat qui consiste à faire en sorte de donner plus de force sociale et politique aux travaux, aux recherches, aux réflexions qui contredisent le discours dominant. Des discours qui affirment, au nom de la science, l'inéluctabilité des lois d'airain de l'économie, de la mondialisation néolibérale, de la flexibilisation du travail», précise Gérard Mauger, sociologue et membre
du collectif Raisons d'agir créé autour de Pierre Bourdieu peu après les mouvements sociaux. Collectif sur le Net. Depuis plusieurs jours, ceux qui veulent s'engager
dans ce projet peuvent envoyer leur signature sur le site de ce collectif (1). Parmi les premiers signataires figurent José Bové, le porte-parole de la Confédération paysanne, des représentants du syndicat allemand IGMetall, des membres de l'association pour un contrôle citoyen de l'OMC (CCCOMC), des syndicalistes français de SUD et de la CGT, et italiens de la CGIL, des associations de chômeurs, des universitaires britanniques ou grecs. «Face à l'espace politique libérale qui se construit en Europe, nous devons trouver le moyen de fédérer la contestation qui monte un peu partout [sur le continent]», explique Annick Coupé, ancienne secrétaire
générale de SUD-PTT. Nombre des détracteurs de Pierre Bourdieu feront remarquer qu'en 1996 http://www.liberation.fr/omc/actu/20000502marz2.html (3 sur 4) [11/02/2002 16:17:48]
Libération - Les batailles de la mondialisation
les états généraux du mouvement social n'ont été suivis de pratiquement aucun effet concret. Mais, cette fois, les contestataires se sentent requinqués, notamment depuis les manifestations anti-OMC à Seattle, à la fin du mois de novembre 1999. «Seattle nous a prouvé que nous pouvions, au niveau international, mettre en échec un rendez-vous comme celui de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)», ajoute Annick Coupé. Pierre Bourdieu suggère d'ailleurs des «formes d'actions diversifiées»,
comme à Seattle. (1) www.raisons.org
Sommaire ©Libération
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Libération - Cahier Livres
Auteurs de A à Z
Sélection réalisée par Anne Leveneur
A BCD E F G H I J K L M N O P Q R S TVWYZ Apollinaire, Guillaume (1880-1918)
Site officiel de l'Association des Amis de Guillaume Apollinaire, qui regroupe des universitaires français et américains. Outre une biographie et une bibliographie consacrées à l'auteur du «Pont Mirabeau», ce site propose une promenade virtuelle et littéraire dans «le Paris d'Apollinaire» et des extraits de la voix de l'auteur enregistrés en 1914. Aragon, Louis (1897-1982)
Extrait du site de l'Espace culturel sur Aragon.
Le site de Jean-Pierre Rosnay sur Aragon Le site de l'Espace culturel des Affaires étrangères propose un dossier complet sur Louis Aragon, présenté par Philippe Olivera. Biographie (le poète militant, l'écrivain «engagé», le groupe surréaliste) et bibliographie sélective. Andrevon, Jean-Pierre
Le site de l'écrivain de science fiction français. Artaud, Antonin (1896-1948)
Biographie, bibliographie et extraits du «Pèse-Nerfs». Audiberti, Jacques (1899-1965) L'émission Un siècle d'écrivains sur Jacques Audiberti, diffusée le 8 avril 1998.
http://www.liberation.fr/livres/sites/auteur/auteura.html (1 sur 6) [11/02/2002 16:18:16]
Libération - Cahier Livres
Aymé, Marcel (1902-1967)
La table de travail de Balzac. © DR
L'émission Un Siècle d'écrivains sur Marcel Aymé diffusée le 28 août 1996. La société des amis de Marcel Aymé - Bibliographie et activités de l'association. Derrière chez Marcel - Son apport au cinéma et à la télévision comme dialoguiste. Balzac, Honoré de (1799-1850) Textes en version intégrale d'Honoré de Balzac sur le site d'ABU, d'ABU, notamment «Le Colonel Chabert». 1799-1999: les deux cent ans de Balzac - Page réalisée par François Bon. La page du bicentenaire de Balzac sur le site de l'université de Liverpool - Colloques, liens. Concordance de Balzac - Recherche hypertextuelle dans «La Comédie Humaine», avec illustrations. Barbey d'Aurevilly, Jules (1808-1889)
Visite virtuelle du musée de Barbey d'Aurevilly (Saint-Sauveur-leVicomte, Manche), biographie, liens sur tous les coins aurevilliens de la Toile. Baricco, Alessandro
Le site de l'auteur italien lancé pour la parution de son dernier roman «City» (avril 2000). Un forum recueille r ecueille les avis. (italien et anglais) Barjavel, René (1911-1985)
Page personnelle consacrée à la vie et à l'œuvre de l'écrivain . Bataille, Georges (1897-1962)
Dossier complet sur Georges Bataille et son œuvre dans l'Espace culturel.. culturel L'émission Un siècle d'écrivains consacrée à Georges Bataille (diffusée le 30/4/97). Baudelaire, Charles (1821-1867) «Baudelaire est le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu...» Arthur Rimbaud
«Les Fleurs du mal», mal», «Le Spleen de Paris» et autres œuvres de Baudelaire en texte intégral. Bibliographie, groupe de discussion, moteur de recherche.
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Libération - Cahier Livres
Beckett, Samuel (1906-1989)
L'émission Un siècle d'écrivains consacrée à Beckett (diffusée le 16/10/1996). Beckett, un écrivain devant Dieu - Ouvrage sur l'écrivain de Jean Onimus, publié aux éditions Desclée de Brouwer en 1967 et épuisé (université de Nice). Dossier de la BU de Paris III sur Beckett - Bibliographie et liens. Beigbeder, Frédéric
le "site un peu officiel de Frédéric Beigbeder"- Biographie, bibliographie, galerie de photos et "petits plus". Belletto, René
Page perso par un amoureux de l'écrivain lyonnais - Biographie, bibliographie. Bernanos, Georges (1888-1948)
Dossier de l'Espace culturel sur Bernanos. Bernhard, Thomas (1931-1989)
L'émission Un siècle d'écrivains consacrée à Thomas Bernhard (25/11/98) - Repères biographiques, extraits d'entretiens, d'études sur l'œuvre et bibliographie. Blanchot, Maurice
L'émission Un siècle d'écrivains consacrée à Maurice Blanchot (diffusée le 30/9/1998) - Analyse de l'œuvre, bibliographie. Biographie, analyse de son œuvre. Bobin, Christian Emmanuel Bove dans les années 30. (Extrait du site de Jean-Luc Bitton)
Un entretien avec Christian Bobin et une bibliographie. Boisrouvray, Fernand du (-1996)
Boisrouvray, chasseur de mots - Site sur le fondateur de la revue «Tel Quel» aux côtés de Philippe Sollers et de Jean-Edern Hallier, puis journaliste et écrivain cynégétique. Inédits, repères biobibliographiques. Bon, François
Le site de François Bon. Littérature contemporaine, bibliographie, textes, études, théâtre et bicentenaire de Balzac à Tours. Borges, Jorge Luis (1899-1986) The Garden of Forking Paths (en anglais) Site américain encyclopédique sur l'œuvre de Jorge Luis Borges. Biographie, bibliographie, mythologies, citations, images, influences et essais. Le site du Centre d'études et de documentation borgesien à l'université de Aarhus (Danemark) - histoire du centre et chroniques.
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Libération - Cahier Livres
Bourdieu, Pierre
Bourdieu, le sociologue énervant Bove, Emmanuel (1898-1945) Emmanuel Bove - Un site sur l'auteur de «Mes Amis», par Jean-Luc Bitton. Repères biographiques, bibliographie et extraits de textes. Recherches sur Emmanuel Bove. Listes bibliographiques et informations sur l'actualité bovienne, pour aider et mettre en contact les chercheurs. L'émission Un siècle d'écrivains sur Emmanuel Bove (diffusée le 8/1/1997). Brautigan, Richard (1935-1984)
The Brautigan Pages (anglais) - Site américain sur la vie et l'œuvre de Richard Brautigan. Bertold, Brecht
L'opéra de quat'sous - Une étude de la biographie du dramaturge allemand Bertolt Brecht et étude thématique de «L'opéra de quat'sous». Breton André
Un dossier sur André Breton à l'Espace culturel - Sa vie, son oeuvre narrative et poétique («Nadja», «L'Amour fou»). «Le Verbe Ëtre», texte intégral d'André Breton. Bukowski, Charles (1920-1994)
Folie ordinaire - Bibliographie et biographie de «Buk» à l'usage du débutant et de l'amateur plus éclairé. Caillois Roger (1913-1978) L'émission Un siècle d'écrivains sur Roger Caillois (diffusé le 9/6/99). Calvino, Italo
«Je tire ainsi de l'absurde trois conséquences qui sont ma révolte, ma liberté et ma passion.» Albert Camus, («Le Mythe de Sisyphe)
Un site consacré à l'écrivain italien (anglais)- Biographie, bibliographie complètes, et extraits de ses œuvres. Le site propose aussi de nombreux liens vers des articles de critiques et des sites. Camus, Albert (1913-1960) Albert Camus : une conscience - Fiches sur certaines de ses œuvres («le Mythe de Sisyphe», «l'Homme révolté», «La Peste», «Le Premier homme») et forum de discussion. La pensée camusienne - Page perso philosophique sur Albert Camus.
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Carver, Raymond (1938-1988)
Raymond Carver- biographie, biblio, liens... Essai bibliographique de William L. Stull, professeur de rhétorique à l'université de Hartford, sur Raymond Carver. The Raymond Carver Web Site -biographie, biblio, galerie d'images extraites de l'album photo de Tess Gallagher... Assez complet, mais malheureusement en sommeil depuis trois ans... Céline, Louis-Ferdinand (1894-1961) Un site perso sur Céline - Œuvres, commentaires, ressources céliniennes, liens. Rendez-vous avec Céline, l'écrivain et l'homme. Son travail et les polémiques qu'il a suscitées, par Eric Petit. Cendrars, Blaise (1887-1961)
Biographie et bibliographie de Blaise Cendrars par Jean-Pierre Rosnay. Cerf, Muriel
Site personnel de l'écrivain. Césaire, Aimé
Pour regarder le siècle en face. Exposition rendant hommage au poète Aimé Césaire, «le plus connu des chantres de la négritude». Châteaubriand, François René (1768-1848)
Un dossier complet consacré à Chateaubriand à L'Espace culturel Vie et œuvre de l'auteur des «Mémoires d'outre-tombe». Chedid, Andrée
L'émission Un siècle d'écrivains consacrée à Andrée Chedid (28/10/98) - Interview de l'auteur, références bibliographiques et analyses de l'œuvre. Clancy, Tom
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Le Centre d'Information Tom Clancy - Présentation de ses romans, les résumés, les rôles de ses personnages, lexique... Tom Clancy et son univers - Titres, personnages et cartes, par Samuel Rosset. Cocteau, Jean (1889-1963) Le monde de Cocteau - Colloque organisé par l'Institut des arts et lettres de l'Université de Pennsylvanie en mars 2000. Programme, biographie et bulletin. La génèse du «surréaliste» - Biographie et bibliographie. Entrez chez Jean Cocteau... - Textes et images, sur le site perso de Marylène. Colette (1873-1954)
Un site perso sur l'auteur du «Blé en herbe» - Les épisodes marquants de sa vie, son œuvre. http://www.liberation.fr/livres/sites/auteur/auteura.html (5 sur 6) [11/02/2002 16:18:16]
Libération - Cahier Livres
Combaz, Christian
Site de l'écrivain : extrait de ses œuvres et galerie de dessins. Corbière Tristan (1845-1875) Un site personnel consacré à Tristan Corbière - Biographie, bibliographie, poèmes du poète breton, considéré comme un «maudit». Cornwell, Patricia
Le site officiel de l'auteur. Bibliographie, événements, album photo, biographie, liens... Un site français consacré au dernier polar de Patricia Cornwell, «Cadavre X».Histoire, extraits, carnet de bord.
[haut de la page] [cahier livres] © Libération
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Libération :Che sera?
Quotidienne
Che sera? Par Pierre MARCELLE Le jeudi 07 février 2002
es raisons de peu de raison, sondagières pour la plupart, en sont sans doute la cause, mais le fait est que Chevènement, par ces temps, nous encombre le zinc. Au point que les bavardages obligés relatifs au destin électoral du Lion superbe et belfortin ont fini par me faire à moi-même poser la question: Qu'est-ce qui fait que, lorsque l'on m'en parle, je rigole, je méprise et je balaie? Sans plaider, et sans même songer à plaider: la seule hypothèse d'un bulletin à lui dédié me fait hennir de rire, et ce hennissement me tient lieu d'argument. C'est vrai, c'est court... Pourtant, depuis trois jours, j'y vois plus clair, grâce à l'accidentelle lecture, la semaine dernière, du Nouvel Observateur . Vous savez ce que c'est: on se dit que Julliard sur Bourdieu, ce doit valoir mille, on va y voir, (on n'est pas déçu), et, tandis qu'on y est, on hume des mots froids en feuilletant du papier glacé. Jusqu'à cet article signé Aude Lancelin (connais pas) et Fabrice Pliskin (non plus), intitulé «Les intellos du Che». Le général Chevènement en grand fédérateur de tous et de n'importe quoi, j'en avais ouï dire, comme tout le monde; mais là, le salubre et quasi exhaustif recensement de tous ses souteneurs m'a dessillé. Ce mec-là, constatai-je dans un effarement, serait susceptible de me faire trouver Sollers sympathique c'est dire!... pour l'unique raison qu'il ne fait pas partie de la bande. Des arguments contre le melting pot chevènementiste, je croyais n'en avoir pas à force d'en avoir trop, mais pas que ce rien pût faire un tout. Car à considérer ce qui, par cent détours obscurs, peut faire cohabiter Houellebecq et Taguieff, Jean Clair et Régis Debray ou Technikart avec le Figaro Magazine, on identifie bientôt le dénominateur commun d'une propension pâmée au culte du gourou, dans la culture délétère de la secte. Lorsque le programme d'icelle s'ose dans l'audacieux oxymoron d'une «révolte conservatrice», on se demande combien de pigeons seront susceptibles de prendre cette bouillie pour une république. On rerit, alors, parce que la première impression, c'est toujours la bonne.
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