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LE VOYAGEUR SANS VISAGE par Paul-Jacques Paul-Jacques BONZON BONZON *
«AH ! Si seulement je pouvais être invisible!» C'est ce que l'on souhaite bien souvent. Pour le jeune lycéen Sylvain, ce souhait s'est réalisé : sur sur sa demande, un savant le rend bel et bien transparent. Mais, au même instant, un accident de laboratoire provoque provoque la mort du moderne alchimiste... qui emporte avec lui dans la tombe le secret de l'opération inverse ! Et vo voilà ilà Sylvai Sylvain, n, désor désorma mais is invisi invisible ble,, en entra traîné îné dans da ns mill millee av aven entu ture res, s, de dess plus plus co coca cass sses es au auxx plus plus dramatiques. Comment tout cela finira-t-il ? On est litt littér éral alem emen entt empo emport rtéé pa parr ce réci récitt palpi alpita tant nt,, et si vraisemblable qu'on en vient à se demander si, après tout, l'homme invisible n'existe pas réellement !
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Paul-Jacques BONZON
LE VOYAGEUR SANS VISAGE ILLUSTRATIONS D'ALBERT CHAZELLE
HACHETTE
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A mon fils Jacques.
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TABLE
I. II. II. III. III. IV. V. VI. VII. VII. VIII. VIII. IX.
LE SECRET SECRET DE PIERHE PIERHEFIT FITTE TE DISPAR SPARU U! L'AUT L'AUTRE RE LABORA LABORATOI TOIRE RE PANIQU PANIQUE E SUR LE BOUL' BOUL'MIC MICH’ H’ A BORD BORD DU « TRAS-O TRAS-OS-M S-MONT ONTES ES » COMMEN COMMENT T ATTEI ATTEINDR NDRE E SANTOS SANTOS?? UNE CURIEU CURIEUSE SE BOUTIQ BOUTIQUE UE UN PAPIER PAPIER SUR UN LAMPAD LAMPADAIR AIRE E RODRIG RODRIGUES UES REUSSI REUSSIRARA-TT-IL? IL? EPILOGUE
8 28 44 63 82 1055 10 1222 12 1455 14 1599 15 188
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CHAPITRE PREMIER
LE SECRET DE PIERREFITTE EN RENTRANT du collège,
Sylvain jeta sa serviette sur sur un un coin coin du buffet buffet,, prit prit le journa journall et et s'assi s'assit.t. En première page s'étalait un gros titre : Le chimiste Pierrefitte aurait aurait réalisé l'idée extraordinaire de l'écrivain H. G. Wells : l'homme invisible.
Suivait un article assez long mais plutôt
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vague qui voulait être sensationnel sans cependant donner aucune précision. « C'est donc si intéressant ce que tu lis? demanda sa sœur Jacqueline en se mettant à table. — Formidable! Tiens... » II lui montra le gros titre. Jacqueline eut une petite moue ironique : « Mon pauvre Sylvain, on ne te changera pas; toujours aussi naïf! Tu ne vois donc pas que c'est encore un truc du journal pour augmenter son tirage. Je parierais que tous les autres journaux en parlent aussi. - C'est bien simple, pour toi, Jacqueline, tout ce qui est nouveau n'existe pas. Tu es comme saint Thomas, il faut que tu touches pour croire. — Ah! pour ça, oui... et maman est comme moi... N'est-ce pas, maman? » Mme Rambaud qui entrait dans la cuisine, apportant les hors-d'œuvre, hocha la tête : « Allons, vous n'allez pas encore vous chicaner! Commencez donc de manger au lieu de discuter. Quand on a le ventre creux, on ne dit que des bêtises. » Jacqueline prit l'assiette de son frère et y déposa deux sardines. Il y eut un silence, qui ne dura pas, car Sylvain reprit : « Et aux autre utress décou écouve vert rtes es de Pierr ierref efit itte te,, y crois-tu, Jacqueline? Par exemple, sa double décomposition du phosphore, considéré jusqu'à 9
présent comme un corps simple, ce n'est pas une illusion! - Oh! moi, tu sais, sais, les les savants... savants... — Evidemment, tu te méfies de Pierrefitte. Pour toi, un savant est un type extraordinaire, une sorte de phénomène qui ne ressemble à personne. Tu ne croi croiss pa pass au auxx inve invent ntio ions ns de Pier Pierre refi fitt ttee tout simplement simplement parce parce que le bonh bonhomme omme hab abit itee la la mê même rue rue que que no nouus dan danss une une mais maison on ordinaire. ordinaire. Tu trouves trouves anormal anormal qu'u qu'unn savant savant porte un veston fatigué et des chaussures mal cirées; je le reconnais, Pierrefit fitte n'a rien d'un gentleman... — Pour ça, coupa Mme Rambaud, ton Pierrefitte est un drôle de bonhomme. Il suffit de le voir marcher dans la rue, tête baissée, le nez par terre. Pas plus plus tard tard qu' qu'ava avantnt-hie hier, r, comme comme je rentra rentrais is de faire mes commissions, commissions, il m'a bousculée bousculée sur le trottoir... et sans s'excuser, bien entendu. - Et puis, puis, pours poursuiv uivit it Jacque Jacquelin line, e, je croya croyais is que les les sava savant ntss viva ivaien ient tou toujou jours co conf nfin inés és da dans ns leur leur laboratoire; lui, on le rencontre toujours dehors. - Si tu lisais lisais plus souvent souvent les journaux, journaux, affirma Sylvain, tu saurais que tu rencontres souvent Pierrefitte, parce que, précisément, il a deux laboratoi laboratoires, res, un ici, l'autre l'autre en banlieue banlieue pour ses expériences dangereuses. » Jacqueline eut un sourire : « Evidemment, lui 10
aussi fait des expériences dangereuses, des bombes atomiques, sans doute. Ne nous étonnons pas si un jour il fait sauter tout le quartier. » Le retour à table de Mme Rambaud qui apportait un autre plat mit fin à la discussion. Pendant tout le reste du repas, Sylvain pensa à l'article du journal. Le corps humain invisible! Quelle extraordinaire invention! Devenir insaisissable, posséder la toute puissance d'échapper d'échapper à l'univers, d'agir d'agir à sa guise! Le repas terminé, il monta dans sa chambre pour retrouver le fameux roman de Wells qui, deux ans plus tôt, l'avait passionné. Il fouilla en vain les étagères et le placard. Il avait dû prêter le livre à un camarade qui avait oublié de le lui rendre. Déçu, il redescendit dans la cuisine où Jacqueline aidait sa mère à faire la vaisselle. « Dis donc, Sylvain, ton père Pierrefitte te fait oublier que nous n'avons pas de cours cet après-midi. Si tu m'emmenai m'emmenaiss au cinéma? On joue au Familia un film d'aventures : Les Deux Panthères. Régine l'a vu; il paraît que c'est bien. - Je me méfie un peu des goûts de Régine, mais si ça te fait plaisir... Passe-moi un torchon, je vous aide à finir la vaisselle. » A deux heures sonnantes, ils quittaient la maison. On était en janvier. Un ciel bas et lourd pesait sur Paris. Dans les rues courait un petit
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vent acide qui faisait grimacer les passants. Ils marchèrent d'un bon pas. En dépit des petites disputes quotidiennes à propos de tout et de rien, le frère et la sœur s'entendaient bien. Ils avaient à peu près le même âge, elle seize ans, lui quinze. La mort de leur père, trois ans plus tôt, en endeuillant le foyer et réduisant ses ressources, les avait encore rapprochés. Grâce à des miracles d'économie, Mme Rambaud avait pu les laisser au collège, et ils n'abusaient pas de la tendresse que la pauvre femme reportait sur eux. Comme ils arrivaient à un carrefour, Sylvain ne put s'empêcher de lever les yeux vers une des maisons d'angle. Jacqueline comprit et sourit : « Ça te travaille toujours, mon petit Sylvain! Tu vois, je ne suis pas méchante, je voudrais qu'un jour l'occasion se présente pour toi de voir le père Pierrefitte de près, de lui parler..., mais je te préviens, tu seras déçu. — Pourquoi? — Parce que l'homme invisible n'existe pas et n'existera jamais... du moins le véritable homme homme invisi invisible ble,, celui celui qui pourr pourrait ait descen descendre dre les les Champs amps-E -Ely lysé séees san sans être tre vu de pe pers rson onne ne,, qu quii entr en trer erai aitt ch chez ez vo vous us,, subt subtil ilis iser erai aitt vo votr tree po port rtefe efeui uill llee sans qu'on s'en aperçoive. Ça, mon petit Sylvain, je ne le croirai jamais. Il faudrait être folle... Avoue que toi aussi...
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— Je reconnais que c'est ahurissant, formidable, affolant..., mais j'y crois quand même. » Ils arrivaient arrivaient devant devant le cinéma. Ils traversèrent traversèrent le hall sans même jeter un coup d'œil aux affiches. La séance commençait par un documentaire sur la pêche sous-marine à grande profondeur qui intéressa Sylv ylvain ain. Qu Quan antt au film film d' d'aave vent ntuures, res, il lui lui dép éplu lutt franchement. Depuis quelque temps il aimait moins ces poursuites échevelées, ces embuscades d'où on était sûr de voir le héros sortir triomphant. A quinze ans, il commençait à philosopher sur la vie, et la vie était sûrement autre chose que ces fantaisies. « Tu vois, dit-il à sa sœur, pendant l'entracte, ces films-là, je ne les aime plus; ils sonnent faux. Toi, bien sûr, comme toutes les filles, tu ne vois que le côté cô té sent sentim imen enta tal. l..... moi, moi, j'ai j'aime me la vé véri rité té,, la vé véri rité té scientifique. » Quand, le spectacle terminé, ils se retrouvèrent dehors, la nuit était venue. Ils rentrèrent tranquillement^ marchant côte à côte en discutant. Ils venaient de dépasser une bouche de métro, quand Sylvain s'écarta et se baissa pour ramasser quelque chose. « Laisse donc cette saleté! » dit Jacqueline. Sylvain n'écouta pas. Il s'approcha d'une vitrine pour regarder de près près sa trouvaille. « Jette ça, fit encore Jacqueline, qui reconnut un de ces petits carnets où les ménagères notent 13
leurs commissions. — Juste une minute, Jacqueline! File devant, je te rattrape. » Jacqueline hésita. Quand elle sortait avec son frère, elle n'aimait pas rentrer seule. Mais, ce soir-là, elle se sentait un peu fiévreuse. Peut-être couvait-elle cette ette mau auvvaise aise grip grippe pe qui de depu puis is que uelq lque ue tem temps ornait de trois millions de mouchoirs les trois milli illion onss de ne nezz paris arisie iens ns.. Elle lle fit fit qu queelqu lques pa pas, s, s'arrêta encore, se retourna et, finalement, se décida à rentrer. Pendant ce temps, les doigts tremblants de froid, Sylvain continuait d'examiner sa trouvaille. Le carnet était couvert d'inscriptions bizarres, de cascades de chiffres, d'équations. Il pensa d'abord à un carnet de notes d'étudiant. Pourtant non, ce n'était pas ça. Vers les dernières pages, des croquis d'appareils l'intriguèrent. Et tout à coup sur le verso de la couverture verte il lut : « 57, rue Laura-Ancin, deuxième étage, à droite. » Son sang ne fit qu'un tour. Le 57 de la rue LauraAncin était précisément la maison de Pierrefitte. Tout s'éc s'écla lair iraa da dans ns l'es l'espr prit it du jeun jeunee ga garç rçon on.. Le carn carnet et appartenait au savant; il tenait entre ses mains les formules de ses expériences secrètes, qui sait? le secret de l'homme invisible! Il fourra vivement le précieux carnet dans sa poche et repartit en pressant le pas. Arrivé devant devant 14
le numéro 57, il s'arrêta, indécis, regarda longuement la maison, une maison comme les autres, sans style, sans fioritures. Au deuxième étage les stores baissés de deux fenêtres laissaient filtrer la lumière. Etait-ce là que vivait le chimiste Pierrefitte? Il hésita. Chez lui on allait l'attendre puisque Jacqueline était déjà rentrée... Mais le chimiste, sans dout do utee na navr vréé d' d'av avoi oirr pe perd rduu ce carn carnet et,, le ch cher erch chai aitt partout... Et puis, oh! oui, surtout, il tenait la chance de voir de près le savant, de lui parler. C'était le moment puisque celui-ci était chez lui. « Bah! fit-il, maman sait que je ne suis plus un gamin. Elle attendra bien dix minutes... » * ** II pénétra dans le couloir. La loge du concierge était vide. Il ne s'attarda pas. L'immeuble ne possédait pas d'ascenseur; il arriva au deuxième, essoufflé autant par l'émotion que par la grimpée. Trois portes sur le palier. Celle de droite ne portait aucune indication. Sylvain la regarda un moment avant de sonner. Enfin il s'enhardit à appuyer sur le bouton. L'attente lui parut interminable. On aurait dit qu'il n'y avait personne à l'intérieur. Il allait sonner une seconde fois quand une vieille, très vieille dame vint ouvrir, discrètement, maintenant la porte 15
entrebâillée. Croyant avoir affaire à un représentant de commerce, elle demanda : « Que désirez-vous? » Mais soudain elle aperçut le carnet dans la main de Sylvain. « Ah! fit-elle, le carnet... Attendez un instant. » La porte se referma. Sylvain perçut le bruit d'un verrou qu'on tire et un trottinement de pas. Plusieurs minutes s'écoulèrent. Enfin la porte se rouvrit. Un homme apparut que Sylvain reconnut aussitôt. Il était petit avec une barbiche. Ses yeux étaient cachés par les lunettes aux verres très épais, des verres de myope sans sans dou oute te;; cep epen enda dant nt,, on dev evin inaait, it, derri errièère, re, un regard très aigu. « J'ai trouvé ce carnet, par terre, à une sortie de métro, déclara Sylvain. L'adresse était dessus, je le rapportais. — Ah! bien, bien, fit le savant, depuis deux heures je le cherche partout. Comment te remercier?... » II porta la main à la poche de son veston, sans doute pour y chercher un un billet. « Oh! non, protesta Sylvain, pas d'argent, je suis trop heureux de vous avoir rendu service, monsieur Pierrefitte. » En entendant prononcer son nom, le chimiste eut un mouvement de surprise et fronça les
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sourcils : « Mon nom?... Tu sais mon nom?... Il n'était pourtant pas sur le carnet. » Sylvain se troubla un peu : « C'est que je vous croise souvent sur le trottoir, j'habite la même rue, tout au bout... et je connais toutes vos découvertes... » Son portefeuille à la main, le chimiste regardait curieusement, derrière ses gros verres de lunettes, ce grand garçon qui paraissait si ému et semblait attendre on ne sait quoi. « Oh! monsieur, reprit Sylvain, emporté par son enthousiasme, je suis si heureux de vous voir de près, de vous parler, c'est formidable tout ce que vous avez fait... » Le bonhomme sourit faiblement et hocha la tête. « J'ai suivi dans les journaux toutes vos découvertes... » Le chimiste fronça les sourcils, agacé. « Ah! les journaux, mon petit ami, les journaux sont des bavards capables d'inventer n'importe quoi quand ils ne savent rien. Il leur faudrait à tous de bonnes muselières. muselières. » L'air navré, Sylvain s'excusa, s'attendant à voir le chimiste lui fermer la porte au nez. Mais, après un mouvement d'humeur, le bonhomme regarda encore le collégien. « Entre », dit-il. Sylvain se demanda s'il avait bien entendu. Il hésita cependant, comme à l'entrée d'un 17
endroit mystérieux. Etait-il possible qu'un savant comme Pierrefitte, qui travaillait nuit et jour à ses recherches, eût du temps à perdre avec un garçon comme lui? « Oh! monsieur, protesta-t-il, je ne veux pas vous déranger. » Le bonhomme hocha encore la tête : « Bien sûr, une heure est une heure et une minute est une minute, mais tu viens de me rendre service... Et puis, mon garçon, ta physionomie est sympathique, tu me rappelles le garçon que j'étais à quinze ans, plein d'enthousiasme, de curiosité... Ça change tellement des journalistes. Ah! ceux-là... » En parlant, il poussait lentement Sylvain le long d'un couloir. Il l'introduisit dans une petite salle à manger, une salle tout ordinaire de petit bourgeois parisien dont Jacqueline Jacqueline aurait certainement souri. « C'est vrai, reprit encore le chimiste, je n'ai pas souvent l'occasion de bavarder avec des garçons de ton âge et ça me fait plaisir. Ainsi, c'est près d'une bouche de métro que tu as retrouvé mon carnet? J'ai dû le perdre en tirant mon mouchoir. J'étais, jusqu'à hier, le seul Parisien à n'avoir pas la grippe, mais cette fois elle me tient. » Il paraissait fatigué, et s'interrompait de temps en temps pour tousser : « Ainsi, mes recherches t'intéressent?...
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— Beaucoup... Surtout la dernière, celle dont les journaux parlent : l'homme l'homme invisible. — Les journaux ne savent rien, mon garçon, du moins pas encore. Et tout ce qu'ils ont pu raconter n'est qu'invention de leur part. La race des journalistes est une race race odieuse. odieuse. Ce sont eux eux qui m'ont m'ont rendu rendu bourru bourru et ont fait de moi un ours. » Sylvain ne sut que répondre. Les journaux avaient donc menti, l'homme invisible n'existait pas?... Il y eut un silence gêné. Soudain, le bonhomme, qui s'était assis dans un fauteuil, se leva. Sylvain pensa qu'il allait le congédier. « Ecoute, mon garçon, fit-il, je ne sais pas si tu comprendras ce que je vais te dire; j'aime la recherche scientifique pour elle-même, bien sûr, mais je ne suis pas étranger au côté humain des choses. Tu m'es sympathique et je sens que je peux compter sur toi, sur ta discrétion, je le vois sur ton visage. Est-ce vrai? — Oh! oui, dit Sylvain, je vous admire, admire, tant! — Alors, disons que c'est la Providence qui, ce soir, t'a fait frapper à ma porte... » II s'a s'arrêta encore, comme s'il hésit sitait, puis, brusquement : « Voilà... l'homme invisible... ou plutôt, l'homme tran transpa spare rent nt,, est est pa parf rfai aite teme ment nt au po poin int. t..... Seul Seulem emen ent, t, avant de rendre publique cette découverte, j'aimerais prévoir ses conséquences, je veux dire ses conséquences psychologiques; pour
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être plus clair : savoir les réactions que pourraient entraîner le spectacle, si on peut dire, d'un homme invisible. invisible..... Jusqu'à Jusqu'à ce jour, l'expérience l'expérience n'a été réalisée réalisée que sur une seule personne, sur moi-même. J'aimerais, puisque tu es là, et que tu me promets la discrétion, répéter cette expérience pour suivre tes réactions. Estce que cela ne t'effraie pas? — Oh! monsieur, au contraire. Voir le premier la réalisation de l'homme invisible! — Je te préviens, c'est plus impressionnant que tu ne l'imagines. — Je vous assure, je n'ai pas peur. — Alors, suis-moi... Mais je te le. répète, je te fais confiance, pas un mot de ce que tu auras vu..., du moins pendant quelque temps encore. - Je vous le promets. » Le chimiste quitta la petite salle à manger et tourna une clef. Ils se trouvèrent alors dans une salle encombrée d'une foule d'objets, d'appareils, de flacons, de réchauds disposés sur deux longues tables. En guise de siège, le chimiste indiqua à Sylvain une caisse. « La réalisation de l'homme transparent est certainement impressionnante, reprit-il, même lorsqu'on est prévenu. » II se dirigea vers une armoire, manipula des flacons, des seringues, effectua des dosages, emplit des tubes dont il examina la transparence en les plaçant devant des ampoules de couleur
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rouge orangé, se référant à chaque instant à des indications portées sur des fiches qu'il avait retirées d'un tiroir fermé à clef. « Evidemment, dit-il, je ne t'explique pas ce que je fais en ce moment, d'abord tu n'y comprendrais pas grand-chose... et je suppose que ce n'est pas ça qui t'intéresse.» Sylvain sourit, sans répondre, déjà très ému. Les préparatifs étaient extrêmement compliqués. Le savant recommençait ses dosages avec une minutie scrupuleuse, enlevant parfois ses lunettes pour coller son œil contre les tubes à essai. Cependant, à plusieurs reprises, secoué par des quintes de toux, il dut s'interrompre. Tous ces préparatifs paraissaient interminables. Enfin, le chimiste se redressa : « Voilà, c'est fini... Tu vas avoir devant toi un homme transparent, je dis bien transparent et non invisible, selon le mot de Wells, qui est un romancier et non un chimiste. Mon corps, formé de cellules viva vivant ntes es,, va do donc nc de deve veni nirr tran transp spar aren ent, t, seul seulss mes mes vêtements demeureront visibles. — Et les os? » demanda demanda Sylvain. Le savant sourit : « Ah ! oui, tu penses aux rayons X... Non, mon garçon, aucun rapport avec les rayons X basés sur les densités différentes des corps. Je te fais remarquer que, si la matière osseuse est dotée d'une vie plus discrète que les autres parties dû 21
corps, elle vit tout de môme. De plus, les radiations émises par les liquides injectés se dispersent en profondeur et se communiquent à tout le corps. Ainsi les éléments étrangers, par exemple un caill aillou ou qu quee tu ava vale lera raiis de devi vien endr draait absol bsolum umeent invisible dans ton estomac. - Et à l'extérieur? demanda Sylvain. — Tu veux parler des vêtements, je suppose... Eh bien, à l'extérieur, l'effet des radiations est si faib faible le qu qu'i'ill ne dé dépa pass ssee pas qu quel elqu ques es dixi dixièm èmes es de millimètres. Je vais m'inoculer sous tes yeux, dans cette veine de l'avant-bras, ce liquide préparé devant toi. toi. Au bo bout d'u 'une ne ving vingta tain inee ddee sec secoond ndes es mon corps corps cesser cesseraa d'ê d'être tre une réalit réalitéé visibl visible. e. Les Les chairs chairs disparaîtr disparaîtront ont les premières premières,, puis les organes organes comme le cœur, les reins, ensuite les cartilages, enfin les os. » Tout en parlant, le savant jetait de petits coups d'œil vers Sylvain, cherchant à deviner son émotion. « Vraiment, cette expérience ne t'effraie pas? — Oh ! non... je ne ne crois pas. » Pour Pour mont montre rerr qu qu'a 'auu co cont ntra rair iree elle elle l'in l'inté tére ress ssai aitt passionnément, il posa encore une question : « Et combien de temps durera la disparition? - Aussi longtemps que que je ne me serai pas pas injecté les contre-éléments, ceux-ci, qui sont tout prêts, et qui doivent annuler l'effet des précédents, » De plus en plus troublé, mais s'efforçant de 22
n'en rien laisser paraître, Sylvain demanda ce que le savant allait éprouver. Celui-ci expliqua : « J'attendais ta question. Tu voudrais savoir ce que je vais ressentir?... Eh bien, rien, absolument rien. Je n'éprouverai aucun malaise, ne perdrai pas une seule seconde le contrôle de mes pensées. Puisque la comparaison avec les rayons X te plaît, je ne serai pas plus incommodé que pour un examen radioscopique. La transformation n'amène aucun changement dans la circulation, la composition du sang, auc ucuune perturbation dans la vie organique.» organique.» Sylvain, Sylvain, malgré tous ses efforts, sentait son calme l'abandonner. Il pensa à Jacqueline. Il aurait donné cher pour qu'elle fût là. Debout, devant une table, le chimiste emplissait minutieusement une seringue. Ses mains ne tremblaien tremblaientt pas, mais une nouvelle nouvelle quinte de toux l'interrompit. Enfin, l'instant décisif fut là. « Attention! Je commence... » II prit la seringue, tâta la veine de l'avant-bras, donna un petit coup sec pour enfoncer l'aiguille et commença l'injection. Sylvain suivait attentivement la main qui poussait le piston. Tout à coup il eut l'impression que les doigts se décharnaient. Durant quelques secondes il distingua encore l'ombre grisâtre des phalanges, puis plus rien que la seringue suspendue dans le vide. Alors il leva les yeux et retint un cri. Le veston du chimiste flottait dans le vide, comme
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suspe uspenndu à un inv invisi isible ble porte ortem man ante teaau, et les les lunettes se promenaient dans l'espace. Sylvain frissonna de la tête aux pieds et dut s'appuyer au mur, pris d'une sorte de vertige. vertige. « Mon Dieu », fit la voix du chimiste, une voix toute naturelle mais qui parut à Sylvain déformée, « tu te sens mal? » II se raidit et sourit. Oh! non, jamais il n'aurait pensé que la vue d'un être transparent pût être aussi impressionnante : « Non, ce n'est rien », dit-il. Pour le rassur surer, le vieux Pierrefitte tte se mit à plaisanter. « Tu es blême comme si tu avais devant toi un revenant et pourtant tu ne vois rien... Tiens, prends cette glace et regarde-toi! » Très pâle, Sylvain recula devant le miroir qui 24
s'approchait de lui au bout d'une manche vide. En voulant prendre la glace, il effleura la main invisible. Ce contact lui causa une telle impression qu'il lâcha le miroir. Il eut envie de prendre la fuite. Non, il voulait être crâne. « Tu constates que mes mains et ma tête sont parfaitement transparents, fit remarquer le savant. Si je ne couvais pas cette mauvaise grippe, je me dévêtirai dévêtiraiss complèteme complètement, nt, et tu constatera constaterais is ainsi qu'il ne reste absolument rien de moi... Et cependant je te vois parfaitement; j'observe toutes tes réactions. Je regarde ta main gauche qui tremble, et la droite crispée comme si elle serrait un bouton de porte, la porte par où tu voulais voulais fuir, il y a un instant; instant; c'est bien cela, n'est-ce pas?... Mais le choc est passé! Donnemoi ta main, tu réaliseras mieux que tu n'es pas en face d'un revenant. » Sylvain obéit et tressaillit au contact de cette main invisible qui pressait la sienne. « Ainsi, ajouta le chimiste, je pourrais rester éternellement dans cet état; mais la plaisanterie — j'imagine que tu considères cette découverte un peu comme une plaisanterie -— a assez duré. Regarde cette autre seringue que j'ai préparée tout à l'heure, c'est elle qui va me rendre à mon état normal. Suis bien l'opération. » Après avoir erré dans le vide, l'aiguille s'im s'immo mobi bili lisa sa.. Le pist piston on pa paru rutt s'en s'enfo fonc ncer er tout tout seul seul 25
dans la seringue. Il y eut quelques secondes d'attente un peu anxieuse pour Sylvain. Puis les os, les chairs du savant sortirent du néant. La réincarnation totale et parfaite de Pierrefitte rass rassuura Sylva lvain. in. Il pou ouss ssaa un soup soupir ir,, co comm mmee s'il 'il sortait d'un cauchemar. Vraiment, cette découverte lui paraissait extraordinaire. Il ne sut comment remercier celui qui, pour la première fois, venait de faire une démonstration en public. « Ainsi, fit-il émerveillé, vous pourriez rendre transparent n'importe qui? - L'expérience réussirait de la même façon. Et elle réussirait aussi sur des animaux, sauf sur les animaux dits à sang froid, la température ayant un rôle important dans l'action des éléments que je me suis inoculés. Pour en revenir aux hommes, je me suis assuré que les groupes sanguins, par exemple, ne doiv do iven entt pa pass ap appo port rter er de co cont ntre re-i -ind ndic icat atio ion. n. Seul Seul le refroidissement total, le refroidissement de la mort, devrait détruire la transparence. » Entraîné par son propre enthousiasme, le vieux savant parlait à Sylvain comme il aurait parlé à un autre homme de science. « C'est formidable, répétait Sylvain, formidable!» Son émotion avait complètement disparu, il lui restait seulement la joie immense d'avoir été le premier à voir la réalisation réalisation extraordinaire
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du chimiste. chimiste. C'est C'est alors qu'u qu'une ne idée folle lui passa par la tête. « Ainsi, fit-il, par exemple, sur moi, vous pourriez... - Evidemment! » II y eut un silence. Sylvain hésitait, mais son idée se faisait pressante. « Oh! monsieur, s'écria-t-il, puisque... puisque vous pourriez... j'aimerais... sur moi... » Le visage du savant se rembrunit aussitôt. « Non, mon garçon, pas sur toi, je ne peux pas, je n'ai pas le droit. — Je vous jure que que je n'ai pas peur. - Il ne s'agit pas de ça. Je pense à ma responsabilité. - Puisque Puisque vous avez plusieurs plusieurs fois répété répété l'expérience sur vous-même... - Ce n'est n'est pas pas la même même chose, chose, n'insiste n'insiste pas... pas... Un Un jour, peut-être, mais plus tard... sur quelqu’un qui acceptera, sachant à quoi il se soumet; mais pas un garç arçon dé ton ton âg âgee. Que dira diraie ient nt tes pa pare rent ntss s'ils 'ils apprenaient... - J'ai confiance, je sais qu'il ne m'arrivera rien... et je po pour urra rais is dire dire qu quee j'ai j'ai été été le premi premier er...... Oh Oh!! monsieur, vous ne savez pas ce que cela représenterait pour moi... »
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CHAPITRE II
DISPARU!... QUE T'AVAIT DIT exa xact cteemen ment ton ton frèr frèree en te quittant? — Je te le répète, maman, il avait trouvé sur le trottoir un petit carnet; il s'était mis à le feuilleter devant une vitrine éclairée. Il faisait froid, je suis vite rentrée. Il aurait dû arriver quelques instants après moi. — Tu te rends compte, Jacqueline, il est maintenan maintenantt huit heures et demie. demie. Si, avant de rentrer, il avait rencontré un camarade, il serait venu nous prévenir. 28
Le carnet qu'il a trouvé contenait peut-être l'adresse de son propriétaire, il aura voulu le rapporter. - Il aura aurait it pu l'env l'envoy oyer er par par la post poste. e..... ou tout tout bonnement le déposer au commissariat, comme on fait d'ordinaire. - Evid Evidem emme ment nt.....,., mais mais tu conna connais is Sylva Sylvain in,, il aime à rendre rendre service. Qui sait, il y avait peut-être de l'argent dans ce carnet. Il a voulu le redonner tout de suite... En tout cas, s'il lui était arrivé un accident, nous le saurions déjà, il a toujours son adresse dans son portefeuille, il y a même le numéro de téléphone de notre notre voisin, voisin, le marchand de charbon. charbon. — Ah! Jacqueline, Jacqueline, puisses-tu dire vrai! » Mme Rambaud se tamponna les yeux avec son mouchoir. Dans la cuisine, le repas attendait depuis longtemps. Ni l'une ni l'autre ne pouvaient se décider à se mettre à table sans Sylvain. Elles faisaient la navette entre la cuisine et la fenêtre qui donnait sur la rue. Tout à coup, Mme Rambaud sursauta. Une voiture venait de klaxonner sur deux tons. « Mon Dieu! une ambulance! » Plus vive que sa mère, Jacqueline s'était déjà précipitée à la fenêtre qu'elle qu'elle ouvrit vivement. « Non, maman, pas une ambulance, les pompiers! - Les pomp ompiers iers se dépl déplaacent cent auss aussii po pour ur les les accidents... Il s'est peut-être noyé... » -
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Elles étaient restées à la fenêtre. Une autre voiture rouge passa. « Tu vois, fit Jacqueline, c'est bien un incendie... Et notre Sylvain est tout bonnement en train de regarder brûler la maison. » Elle referma la fenêtre qui laissait pénétrer un froid vif. La mère et la fille revinrent à la cuisine sans cependant se décider à s'asseoir. Au bout d'un moment, elles retournèrent à la fenêtre. En bas, la rue paraissait plus animée que que d'ordinaire. « Le feu! Le feu, au bout de la rue! » Des gens passaient en courant pour aller voir, sans doute. « Ne t'inquiète plus, maman, Sylvain est là, c'est tout près de l'endroit où je l'ai laissé. — Allons vite là-bas! Elle lles desc escen enddiren irentt dan anss la rue rue. Comme omme elle elless arri arriva vaie ient nt sur sur le trot trotto toir ir,, un unee no nouv uvel elle le vo voit itur uree de pompiers passa. Ce n'était n'était certainement pas un simple feu de cheminée. D'ailleurs, on sentait déjà la fumée acre que le vent rabattait. Tout à coup, Jacqueline s'arrêta. « Qu'y a-t-il? demanda vivement Mme Rambaud. — Oh! rien. » Jacqueline venait de s'apercevoir que la maison qui brûlait était celle où habitait Pierrefitte. Cette constatation lui causa un choc. Elle eut comme un pressentiment. Malgré elle, elle, un rapprochement rapprochement se fit 30
entre le chimiste et Sylvain, et elle se reprocha de ne pas avoir attendu son frère. L'immeuble d'angle disparaissait presque entièrement dans la fumée. Elles s'approchèrent du cordon de police qui retenait les nombreux badauds. Se haussant sur la pointe des pieds, Mme Rambaud cherchait à reconnaître le manteau mastic de son fils, mais dans la nuit, et avec cette fumée, c'était impossible. Près d'elles, une femme expliquait : « Moi j'étais là quand le feu a pris, je me trouvais sur le trottoir. J'ai entendu une explosion, les fenêtres du deuxième étage ont sauté, et presque aussitôt j'ai vu sortir des flammes. Il paraît que c'est le chimiste Pierrefitte qui habitait là, vous savez, celui qui fait toutes sortes d'inventions. Ces gens-là, on ne devrait rien leur laisser dans les mains! Ils seraient capables de « bouziller » tout Paris! - EstEst-ce ce qu quee qu quel elqu qu'u 'unn a été été bles blessé sé?? demanda Mme Rambuad. - Seulem Seulement ent le père père Pierre Pierrefit fitte, te, on l'a emmené emmené tout à l'heure en ambulance, paraît qu'il avait des brûlures aux mains... Je ne suis pas méchante, mais si ça pouvait l'empêcher de recommencer... » A demi rassurée, Mme Rambaud entraîna sa fille de l'autre côté, ayant tout à coup cru reconnaître certain pardessus clair. Hélas! ce n'était pas celui de Sylvain. Pendant ce temps, les pompiers luttaient de toutes leurs lances contre le feu 31
qui semblait perdre de sa violence, mais déga dé gage geai aitt touj toujou ours rs la même même fumé fuméee acre acre.. Da Dans ns sa précipitation, Mme Rambaud n'avait pas pris son manteau; elle grelottait. « Rentrons, dit Jacqueline, tu vas prendre froid et je parie que nous allons trouver Sylvain devant la porte puisqu'il n'a pas la clef. » Mme Rambaud hésita, puis se laissa convaincre, se raccrochant à cet espoir. Hélas! Sylvain n'était pas devant la porte. Sitôt chez elle, la pauvre femme s'écroula sur une chaise. « Un malheur est arrivé, Jacqueline, j'en ai le pressentiment... Va téléphoner! » Jacqueline descendit chez leur voisin, marchand de charbon. Le bougnat, complaisant, permettait de téléphoner chaque fois que les Rambaud en avaient besoin. Mais le téléphone ne marchait pas. La ligne avait peut-être été coupée par l'incendie. « Va jusq jusqu' u'au au co comm mmis issa sari riat at », supp suppli liaa Mme Mme Rambaud. Jacqueline prit son manteau et partit en courant. Elle revint au bout d'un quart d'heure. Aucun renseignement sur Sylvain. Une seule personne avait été été bles blessé séee da dans ns l'in l'ince cend ndie ie,, M. Pier Pierre refi fitt tte. e. A tout tout hasard, Jacqueline avait donné le numéro de téléphone du marchand de charbon pour qu'on puisse les prévenir.
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Alors commença une attente anxieuse. Tressaillant au moindre bruit dans la rue, au moindre tintement de timbre de 'vélo qui pût passer pour une sonnerie, Mme Rambaud refusa de dîner et de s'étendre. Inquiète, elle aussi, Jacqueline avait peine à cacher ses propres larmes. « C'est ma faute, se redisait-elle. J'aurais dû l'attendre. » Dix heures, puis onze heures sonnèrent. Jacqueline redescendit chez le marchand de charbon qui avait prêté la clef de son petit bureau où se trou trouva vait it le télé téléph phon one. e. Les Les co comm mmun unic icat atio ions ns étai étaien entt rétablies, mais le commissariat n'avait toujours rien à sign signal aler er,, au aucu cunn acci accide dent nt de la circ circul ulat atio ionn do dont nt la victime pût correspondre au signalement de Sylvain. « Tu vois, dit Jacqueline pour rassurer sa mère, s'il lui était arrivé quelque chose, nous le saurions certainement. - Et s'il se trouvait dans la maison qui brûlé? — Qu'y serait-il allé faire? — Tu le sais aussi bien que moi : voir Pierrefitte. Depuis le temps qu'il désirait le connaître, le voir de près. — Puisque personne n'a péri dans l'incendie. On a retrouvé le chimiste, on aurait aussi retr etrouvé Sylvain. » Epuisée par cette attente, Mme Rambaud, qui avait toujours été de santé délicate, eut une
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défaillance. Jacqueline l'aida à gagner sa chambre et l'étendit sur le lit. « Jacqueline, reste près de la fenêtre. Si tu entends quelque chose, appelle-moi. » Une he heuure pa pass ssa. a. Où éta était Sylv Sylvai ainn? Pou ourq rquo uoii n'était-il pas rentré? Jacqueline, pour sa mère et pour elle elle-m -mêm ême, e, essa essaya yait it d' d'éc écha hafa faud uder er tout toutes es sort sortes es de suppositions raisonnables. Sylvain était parti porter le carnet trouvé, il s'était attardé, on l'avait retenu à dîner... Mais non, c'était impossible. Minuit sonna, puis une heure. Il était trop tard, à présent; plus d'autobus, plus de métro, il ne fallait plus l'attendre avant le matin. A bout de nerfs, Mme Rambaud finit par consentir à prendre un calmant que sa fille lui prépara dans un verre d'eau. Au bout d'un moment, elle devint somnolente et finit par sombrer dans un sommeil lourd. Alors Jacqueline alla dans sa propre chambre qui donnait sur la rue et se colla le nez contre la vitre. Tout était redevenu calme. En face, le lampadaire éclairait le trottoir tout luisant d'une petite pluie fine qui devait être glacée. Elle imagina son frère errant dans Paris, transi. « Sylvain, murmura-t-elle, où es-tu? » Elle resta ainsi longtemps, allant de temps à autre jeter un coup d'œil dans la chambre de sa mère, puis revenant vite monter la garde devant la vitre.
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Tout à coup, elle tressaillit. Un petit bruit sec tinta contre la vitre comme si quelqu'un, du dehors, avait lancé un caillou. Instinctivement elle recula, puis se rapprocha. Personne dans la rue. Au même moment, le petit bruit contre le carreau se répéta. Si elle n'avait pas été sûre que personne ne passait dans la rue, elle aurait cru à la stupide plaisanterie d'un noctambule. Mais peut-être celui-ci se cachait-il juste au-dessous, sur le trottoir. Elle ouvrit brusquement la fenêtre pour le surprendre. La rue était vide. Comme elle se penchait, il lui sembla tout à coup entendre appeler. « Jacqueline! » Avait-elle bien entendu? Elle ne répondit pas et resta, l'oreille tendue. La voix reprit : « Jacqueline, c'est moi, n'aie pas peur! » C'était bien la voix de son frère... Mais d'où lui parlait-il? « Sylvain, où es-tu? Je ne te vois pas. — Est-ce que maman est est là? — Dans sa chambre, elle dort... Mais où es-tu, Sylvain, je n'arrive pas à te voir? Qu'est-il arrivé ? - De Desc scen ends ds sans sans brui bruitt jusq jusqu' u'àà la po port rte, e, je t'expliquerai... Mais n'ouvre pas. » Oui, c'était bien la voix de Sylvain, mais une voix inquiète. Hébétée, elle se pencha encore pour apercevoir son frère, pensant qu'il parlait peut-être à 36
travers le soupirail de la cave. Une peur Une peur indicible s'empara d'elle. Si quelqu'un imitait la voix de son frère? Avant de descendre elle jeta un coup d'œil dans la chambre de sa mère qui, épuisée, dormait toujours. Alors elle descendit jusqu'au vestibule. Comme elle arrivait devant la porte, elle entendit : « Jacqueline, c'est toi? — Je suis là. — N'ouvre pas encore, encore, écoute. » Cette fois, plus de doute, c'était bien Sylvain... Mais quelle voix altérée! « Jacqueline, il m'est arrivé quelque chose d'e 'eff ffro roya yabl blee; je sui suis allé llé ch chez ez Pie Pierref rrefit itte te,, je suis suis devenu invisible! Tu entends, Jacqueline, invisible ! - Oh! Sylvain! - Surto Surtout, ut, en ouvra ouvrant, nt, n'aie n'aie pas pas peur, peur, il ne faut faut pas que maman s'éveille, elle serait effrayée. Maintenant tu peux ouvrir, je suis nu, je grelotte. » Les doigts crispés de Jacqueline n'arrivaient pas à tourner la poignée. Dans l'encadrement de la porte, elle ne vit rien que la rue déserte et la lueur du lampadaire en face, sur laquelle passaient les petites hachures brillantes de la pluie. « Efface-toi, murmura Sylvain, je ne veux pas te frôler, tu crierais de peur. » La jeune fille, debout contre le mur, n'osait faire un mouvement. Tout à coup elle ressentit
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un léger courant d'air, comme le sillage d'un passant qu'on croise. Elle porta sa main à la bouche pour réprimer sa stupeur quand elle vit la porte se refermer seule et la clef tourner d'elle-même dans la serrure. « Je suis là, Jacqueline, je te vois, je suis transi et je vais monter me coucher; n'éveillons pas maman, il faudra la préparer... » Jacqueline n'eut pas la force de répondre. Au léger craquement des marches, elle comprit que son frère montait l'escalier. Elle rassembla son courage pour le suivre, et vit la porte d'une chambre s'ouvrir comme par magie. Avant d'entrer dans la chambre de Sylvain, elle pénétra à pas feutrés dans celle de sa mère. La pauvre femme dormait d'un sommeil agité. Elle prépara un nouveau calmant au cas où elle s'éveillerait et revint chez son frère. Le lit était vide, aucune tête sur l'oreiller qui pourtant en son milieu accusait un creux comme l'empreinte de la tête d'un dormeur. Les couvertures faisaient un renflement et bougeaient légèrement. C'était absolument effarant. Elle ne pouvait s'imaginer que son frère était là, qu'il vivait, qu'il la voyait. « Entre! Je suis invisible, mais vivant; n'aie pas peur. » La voix ne parvenait pas à la rassurer. Elle s'avança en hésitant. « Donne ta main que je la prenne, reprit la 38
voix sans lèvres, tu verras que c'est bien la mienne. » Elle tendit sa main, un peu au hasard, vers le lit. Le contact chaud des doigts de son frère faillit encore lui arracher un cri. « Prends une chaise, assieds-toi près de moi, ferme les yeux pour croire que je suis comme avant. - Oh! Sylvain, Sylvain, comment comment est-ce est-ce arrivé? arrivé? Dis-moi Dis-moi vite. - C'e 'est st ma faute faute,, Jac Jacqu queeline line,, ma fau faute et la fatalité... Ah toi qui ne croyais pas à l'invention de Pierrefitt Pierrefitte!... e!... J'aura J'aurais is dû t'écou t'écouter ter quand quand tu m'as m'as dit de jeter le carnet que je venais de trouver... » II parlait péniblement, la voix brisée. Malgré la chaleur du lit, il claquait des dents :
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« Ce carnet appartenait au chimiste. Tu venais juste de me quitter quand j'ai trouvé l'adresse sur la cou ouve vert rtur ure. e. Tu sais ais comme omme j'a j'ava vais is en envi viee de vo voir ir Pierrefitte. J'ai grimpé chez lui. Je ne pensais pas qu'il me ferait entrer. Mais il était si content de retrouver son carnet.. et puis ma tête lui plaisait. Il m'a parlé de ses expériences. Il avait envie de voir l'effet que pouvait produire l'homme transparent. Bref, devant moi, il s'est rendu invisible. - Mais toi, Sylvain? — Son expérience finie, j'étais tellement emballé que je lui ai demandé de me rendre, moi auss au ssi, i, tran transp spar aren ent, t, just justee qu quel elqu ques es inst instan ants ts,, po pour ur le plaisir d'avoir été le premier. premier. — Et il a accepté?... C'est C'est odieux! — Ne l'accuse pas, Jacqueline, c'est ma faute. Il ne voulait pas, sa découverte n'était peut-être pas tout à fait au point, il n'avait pas le droit d'abuser de ma confiance. Il a longtemps hésité, je t'assure, et pourtant je sentais qu'il en brûlait d'envie. Tu comprends comprends,, pour lui aussi c'était c'était quelque quelque chose de décisif. décisif. Après Après cela, dès demain, il pouv pouvait ait rendre rendre publique sa découverte... Bref, il a consenti... Il m'a fait une piqûre au bras; presque aussitôt je suis dev even enuu tra transp nsparen arent. t. Je suis suis rest restéé ainsi insi plusi lusieeurs urs minute minutes, s, pas du tout tout effray effrayé. é. Pierre Pierrefit fitte te l'était l'était plus plus que moi; je sentais qu'il avait hâte de me rendre à mon état normal. C'est alors que la fatalité...
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— Explique-toi vite, Sylvain! Sylvain! — Je me regardais dans une glace, quand tout à coup, derrière moi, le savant a été pris d'une violente quinte de toux; ses lunettes sont tombées sur le plancher; il a voulu se baisser pour les ramasser. Comme il est très myope, il s'est heurté à une table; un flacon flacon s'est renversé, renversé, un flacon flacon d'alcool, d'alcool, et au même moment une grande flamme a jailli. Tout cela s'est passé si vite que je n'avais pas eu le temps d'interve d'intervenir. nir. « Sauve-toi! Sauve-toi! Sauve-toi! Sauve-toi! » m'a crié Pierrefitt Pierrefitte. e. J'ai voulu l'aider l'aider à éteind éteindre re le feu; feu; presque aussitôt une formidable explosion s'est produite qui a défoncé les fenêtres. Nous nous somm sommes es retr retrou ouvé véss pa parr terr terre, e, mais mais sans sans mal. mal. « Sauve-toi! » m'a encore crié Pierrefitte. La fumée nous prenait à la gorge, je me suis sauvé. J'ai cru que le ch chim imis iste te me suiv suivaait. it. Dan anss l'es l'esccalie alierr de dess ge gens ns criaient, affolés. Quelqu'un me frôla, qui hurla de peur. Sur le coup, je ne pensai pas que c'était moi qui l'épouvantais. Je le compris seulement quand je me retrouvai sur le trottoir et que je vis des gens ouvrir des yeux affolés en me regardant. — Oh! Sylvain! — Alors la peur m'a pris à mon tour. Je me suis mis mis à co cour urir ir co comm mmee un fou fou po pour ur m'engo m'engouf uffr frer er dans la première impasse venue. Il me semblait que je perdais la raison. J'ai cru que tout Paris me poursuivait. Malgré le froid, je 41
me suis déshabillé et j'ai jeté mes vêtements dans un trou d'égout pour être tout à fait invisible. » La voix s'arrêta un instant, comme si celui qui parlait revivait ces moments effarants. La tête dans les mains, les yeux fermés, Jacqueline soupira longuement. Son frère reprit : « J'étais transi. Une seule idée me hantait : rentrer chez nous. L'émotion, le froid me coupaient les jambes. En quittant l'impasse j'ai dû m'appuyer contre un mur avant de retrouver assez de forces. Pourtant je ne voulais pas mourir là, sur place. J'ai marché, en longeant les murs, grelottant. Une bouche de cave s'ouvrait au ras du sol; j'ai réussi à me glisser dedans. Il faisait bon; la chaleur du chauffage central m'a ranimé. - Pauvre Sylvain! - Je suis suis resté resté là une une heure heure,, deux deux heures heures,, je ne sais plus. Ah! Jacqueline, au moindre bruit, dans la rue, je me mettais mettais à trembler; trembler; il me semblait semblait qu'on me pourch pourchass assait ait.. Et puis, dehor dehors, s, les bruits bruits se sont sont espacés; espacés; il devait devait être très tard. Quan Quandd je n'ai plus rien entendu, je suis sorti de ma cave. J'ai marché longuement dans le froid, avant de retrouver la maison. » II se tut. Les yeux maintenant fixés sur le creux de l'oreiller qui marquait la place de la tête, Jacqueline avait écouté ce long récit sans en perdre un mot. 42
« Et Pierrefitte, demanda Sylvain tout à coup, qu'est-il devenu? Il ne lui est rien arrivé? » Jacqueline soupira, hésitante. « Jacqueline, il n'a pas été blessé?... Et sa maison n'a pas brûlé tout entière? Son laboratoire n'a pas disparu?... » La jeune fille répondit : « Hélas! je crois qu'il ne reste pas grand-chose du laboratoire. Avec maman, nous avons vu l'incendie; nou ouss som sommes mes allée lléess là-b là-bas as,, croy royan antt t'y t'y trou trouve ver; r; presque tout l'étage a brûlé... Quant au chimiste, on nous a dit qu'il était blessé, brûlé aux mains. On l'a emmené à l'hôpital. — Blessé? répéta Sylvain... Mais ce n'est rien, dis-moi que ce n'est rien! Il ne va pas me laisser comme ça, invisible? Ce serait épouvantable! Ce n'est pas possible, pas possible... possible... »
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CHAPITRE III
L'AUTRE LABORATOIRE EN RENTRANT du collège où il retournait pour la première fois depuis sa grippe, Robert Guénec déclara : « Maman, tu sais, Sylvain Rambaud... depuis quinze jours on ne l'a pas revu. — Pourquoi n'aurait-il pas été malade comme tout le monde? — Il y a autre chose. En rentrant, j'ai fait un détour détour pour pour pass passer er chez chez lui. lui. Tous Tous les volet voletss étaient fermés. 44
— Les Rambaud ont peut-être eu un deuil qui les a obligés à s'absenter. — C'est ce que j'ai pensé, moi aussi. Pour le savoir, je suis entré chez le marchand de charbon, leur voisin. Le bougnat me connaît, il m'a vu souvent venir chez eux. Sa réponse m'a suffo ffoqué. Les Rambaud auraient déménagé brusquement, il y a une diza izaine ine de jou jours. rs. Quan antt à savo savoir ir pou ourr aller ller où... ... bernique! le bougnat n'a rien voulu dire; il avait même l'air si embarrassé que cela m'a paru louche. Et je n'ai rien pu apprendre de plus. Jamais Sylvain ne m'avait parlé d'un déménagement. — C'est curieux, en effet. effet. — Sylvain est un de mes meilleurs amis. Pour quel qu elle le rais raison on m'au m'aura rait it-i -ill cach cachéé ça? ça? Ce dé dépa part rt brusqué m'inquiète. m'inquiète. » Mme Guénec sourit, essayant de le tranquilliser. « Veux-tu que je te dise, Robert, tu lis trop de romans policiers, tu finis par voir des affaires louches partout. — Non, maman, je t'assure que c'est sérieux. Je l'ai l'ai tout tout de suit suitee com compr pris is à la la têt têtee du du bboug ougna nat. t. Il doit être au courant. courant. Pourquoi Pourquoi ne m'a-t-il m'a-t-il pas donné l'adresse?... Tiens, un autre petit détail. Sylvain m'avait emprunté un bouquin auquel il savait que je tenais, un bouquin de sciences, il ne serait pas parti sans me le rendre..., ou il me l'aurait renvoyé.
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Tu sais, sans être négligent, il est possible que Sylvain... - Non, maman, il est arrivé quelque chose chez les Rambaud, quelque chose de très grave. » Tout le reste de la soirée, Robert ne pensa qu'à son camarade. Le lendemain, au collège, il questionna ses camarades. Personne ne savait rien de Sylv Sylvai ain, n, sino sinonn qu qu'i'ill av avai aitt lais laissé sé ses ses affa affair ires es sans sans même les faire prendre par quelqu'un. A tout hasard, il passa encore dans la rue Laura-Ancin pour que uest stio ionnne nerr le bo boug ugna nat. t. Celuilui-ci ci le rab rabroua roua,, lui lui enlevant toute envie d'insister. Deux De ux jour jourss pa pass ssèr èren ent. t. Ro Robe bert rt espé espéra rait it,, ch chaq aque ue soir, trouver un mot de Sylvain. Rien. Le dimanche suivant il s'apprêtait à sortir, quand on sonna à la porte. « Va ouvrir », dit Mme Guénec. Robe Ro bert rt trav traver ersa sa le ve vest stib ibul ulee en pe pest stan antt co cont ntre re cette visite qui allait peut-être lui faire manquer son match de football. La porte à peine entrouverte, il resta saisi. Sur le coup, il reconnut à peine la sœur de Sylvain. En trois semaines son visage s'était fripé, creusé, et son regard, naguère si calme, avait quelque chose d'inquiet. « Jacqueline! s'écria Robert. Qu'est-il arrivé? » Il pensa tout de suite à un deuil, Sylvain était mort peut-être? Mais elle n'était pas vêtue de noir.
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« Entre, Jacqueline. » Mme Guénec, qui s'était avancée, ne put s'empêcher, elle aussi, de montrer sa surprise. « Mon Dieu, Jacqueline, un malheur?... un accident?... » La jeune fille se laissa lourdement tomber dans le fauteuil qu'on lui avançait et sortit son mouchoir pour s'essuyer les yeux. « Un accident! — Sylvain? — Oui! » Mme Guénec et Robert se regardèrent, n'osant poser d'autres questions. Effondrée dans son fauteuil, Jacqueline regardait autour d'elle, craintive, comme si elle avait peur d'être entendue par des oreilles indiscrètes. « Oui, Sylvain, reprit-elle. Ah! si vous saviez... » D'une voix douloureuse, elle raconta l'incroyables aventure de son frère. « Epouvantable ! reprit-elle. Quand Sylvain est rentré ce soir-là, j'ai cru mourir de frayeur, et le lendemain, à son réveil, maman a failli perdre la raison. Pendant deux jours, elle n'a plus su ce qu'elle faisait. Ah! Robert, si tu voyais Sylvain, si tu sentais près de toi cette présence invisible, c'est effrayant. Ce veston sans tête, ces manches sans mains font de mon frère un fantôme. Depuis trois semaines nous vivons tous dans un affreux cauchemar. 47
Mais il ne va pas rester ainsi! Ce n'est pas possible! » Jacqueline secoua tristement la tête. « Si tu as lu les journaux, tu as appris que le chim himiste iste Pie Pierref rrefit itte te est est mort! ort! Pen enda dant nt que uelq lque uess heures, nous avons vécu dans l'espoir qu'il n'était que légèrement blessé, qu'il pourrait rendre Sylvain à son état normal. Hélas! il est mort à son arrivée à l'hô l'hôpi pita tal. l. Il pa para raît ît qu qu'o 'onn n' n'av avai aitt pu l'em l'empê pêch cher er de revenir dans son laboratoire en flammes pour sauver ses découvertes. Et maintenant il ne reste absolument aucune trace de ses inventions. C'est affreux! » La jeune fille passa une main sur son front et se remit à pleurer. « Ma pauvre Jacqueline! » soupira Mme Guénec, bouleversée, en lui lui prenant la main. « Pierrefitte est mort, reprit Robert, mais il existe à Paris d'autres chimistes, d'autres savants... — Pierrefitte n'était pas un homme comme les autres, il vivait en sauvage, ne voyait pour ainsi dire personne et ne communiquait ses travaux que lors lorsqu quee les les ex expé péri rien ence cess étai étaien entt dé défi fini niti tive veme ment nt au point. - Personne Personne ne conn connaît aît ses recherches recherches sur l'homme invisible? — Sylvain en est persuadé, et moi aussi, hélas ! -
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— Oh! Jacqueline, pourquoi n'être pas venue nous trouver plus tôt? — Sylvain ne l'a pas voulu. En apprenant la mort de Pierrefitte, il a eu un tel choc qu'il n'a voulu voir personne. — Même pas un médecin? médecin? — Par l'intermédiaire du marchand de charbon, notre voisin, dont le frère est concierge à l'hôpital Necker, nous avons avons pu faire venir un savant, savant, un grand savant, paraît-il, qui s'occupe de biologie. Sylvain a consenti à se laisser examiner. examiner. Ce médecin médecin ne nous a pas caché qu'à l'heure actuelle, il n'était pas possible de tenter quelque chose. Tout ce qu'il a pu nous promettre, c'est de se documenter auprès de ses confrères, spécialistes en histologie... et de respecter notre désir d'év d'éviter iter toute indiscréti indiscrétion on pour fuir les les jour journa nali list stes es.. Hé Héla las! s! il faut faut croi croire re qu quee ceux ceux-c -cii avaient eu vent de quelque chose; peut-être avait-on aperçu Sylvain lors de l'incendie? Des curieux sont venus rôder devant la maison, ont sonné. Nous n'av n' avon onss jama jamais is ou ouve vert rt.. Cela Cela de deve vena nait it inte intena nabl ble. e..... Alors maman a décidé de partir. Tu sais, Robert, que nous avons une petite maison de campagne dans la banlieue, tout près de Villebou, une maison iso isolée lée. Le marc archa hannd de char charbo bonn no nous us a aid aidés à déménage déménagerr l'essentie l'essentiel.l. Il s'est montré montré très bon avec nous. Je le crois aussi discret. — Très discret, reprit Robert. Robert. Il m'aurait plutôt 49
roué de coups de bâton que de me donner votre adresse... » Jacqueline sourit faiblement. Tout à coup, elle sursauta. Quelqu'un venait d'entrer dans l'appartement. C'était M. Guénec. Tandis que Jacqueline, son récit terminé, se reprenait à pleurer, Robert raconta vivement à son père le terrible évé véne neme ment nt.. Celu elui-c i-ci fut fut aussi ussi bou oule leve vers rséé que sa femme et son fils. « Comment, s'étonna-t-il, vous n'avez pas songé à nous, à notre aide? Evidemment, nous ne conn co nnai aiss sson onss pe pers rson onne ne da dans ns les les mili milieu euxx médi médica caux ux,, mais qui sait?... — Sylvain ne voulait pas, répéta Jacqueline. Si vous saviez comme il a changé! Il passe par de somb sombre ress mome moment ntss de dépr dépres essi sion on.. C'es C' estt en cachette de lui que je suis venue. » II y eut un long et pénible silence. « Mais alors, demanda M. Guénec, qu'envisagez-vous maintenant? — Nous n'osons plus plus espérer. — Avez-vous cherché à vous renseigner sur les relations de Pierrefitte? - C'était un vieux sauvage. - Peut-ê Peut-être tre pas tant tant que ça. La preuve preuve,, il s'était plu en la compagnie de Sylvain au point de lui révéler sa découverte. — En tout cas, il n'avait pour ainsi dire aucune relation avec les gens de science; le biologiste qui a 50
examiné Sylvain l'a lui-même affirmé. — Les journaux n'ont-ils pas dit qu'il possédait une sorte de laboratoire en banlieue? - A Verrières, Verrières, pas très loin de Villebon. Villebon. On nous a dit qu'on ne trouverait trouverait là-bas là-bas aucune aucune trace de ses expériences sur l'homme transparent. - Ce n'est n'est pas pas sûr. En En tout cas, cas, s'il s'il est possi possible ble que, dans les milieux scientifiques, les recherches ne puissent aboutir, il n'est pas dit que par ailleurs... » Puis, se tournant vers son fils : « Qu'en penses-tu, Robert? - Je pense qu'il faut sauver Sylvain Sylvain et que nous y parviendrons. Nous Nous frapperons à toutes toutes les portes. » Le ton du jeune garçon était si convaincu que Jacqueline sourit pour le remercier. « Pour moi, reprit M. Guénec, un homme comme Pierrefitte, si bizarre qu'il fût, n'était pas sans relations. Un savant prend toujours ses précautions pour assurer la survie de ses découvertes. Je suis convaincu que les précieuses formules qui permettent de rendre le corps humain transparent existent encore quelque part. - Moi aussi, aussi, assura assura Robert Robert avec avec force. force. Oh ! puissiez-vous dire vrai, soupira Jacqueline. Il me semble être plongée dans un cauchemar qui ne finira jamais... — Qui finira, Jacqueline, Jacqueline, fit Robert en lui 51
prenant la main. Dis à Sylvain que nous ne l'abandonnerons jamais... » * ** On était en février. Le froid demeurait vif. La voiture de l'architecte Guénec roulait à travers de petites villes de banlieue que l'aigre bise semblait paralyser. De temps à autre, des flocons de neige venaient se coller contre le pare-brise. D'un œil indifférent, Jacqueline regardait défiler ces paysages semi-campagnards. Il y avait un mois maintenant que « l'accident » était arrivé, et rien encore, absolument rien, ne pouvait laisser espérer que Sylvain retrouverait un jour son état normal. Pourtant M. Guénec n'était pas resté inactif. Dès le lendemain de la visite de Jacqueline il avait prospecté ses relations, avec beaucoup de discrétion. Hélas! un des pro profes fesseu seurs les les plus lus émin émineents nts de la capi capita tale le,, chimiste réputé, avait déclaré qu'en effet, à l'heure actuelle, en France tout au moins, personne n'était capable de réaliser la transparence du corps humain. La seule chance était donc de chercher si Pierrefitte avait livré son secret à quelqu'un d'autre avant de mourir. C'est pour cela que l'architecte avait organisé cette petite expédition à Verrières.
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Assis près de Jacqueline, à l'arrière, Robert jetait de temps à autre un regard vers la jeune fille dont le décou écoura rage geme ment nt fais faisai aitt pe pein inee à voir. oir. « Tu ve verr rras as,, disait-il, mon père a raison, c'est par là que nous aurions dû commencer. >> Le traj trajet et pa para rais issa sait it inte interm rmin inab able le.. A Ve Verr rriè ière res, s, l'ar l'arcchite hitect ctee dut s'ar s'arrê rête terr plusi lusieeurs urs fois fois ava vant nt de dénicher le fameux laboratoire du chimiste. « Sur la route d'Igny, à la, lisière du bois », leur indiqua-t-on. Ils finirent par découvrir un pavillon en briques, près duquel s'élevait une sorte de hangar à toiture vitrée qui pouvait être un ancien atelier de mécanique ou une filature. En bordure du terrain, une pancarte portait l'indication : A VENDRE. VENDRE. M. Guénec frappa à la porte du pavillon. Le bonhomme qui ouvrit regarda les arrivants d'un air un peu soupçonneux soupçonneux et fronça les sourcils. « Vous ne savez donc pas que M. Pierrefitte est mort? — Il travaillait ici, n'est-ce pas? - Puisque je vous dis qu'il est mort... D'ailleurs, il n'y a rien d'intéressant... Est-ce que vous êtes de la police? Vous venez venez pour enquêter? » M. Guénec paya d'audace. « Non, pas de la police, dit-il en souriant. C'est ce terrain à vendre qui m'intéresse. — Ah! le terrain? » 53
Le bonhomme changea d'attitude. La méfiance fit place à la curiosité. « Est-ce vous le propriétaire? demanda M. Guénec. — Non, pas moi, je suis locataire du pavillon et du hangar que j'avais transformé autrefois en en atelier. atelier. Le terrain appartient à une dame qui habite Paris. Vous avez peut-être l'intention de faire construire? - Sans doute..., mais pas tout de suite. » M. Guénec fit mine d'examiner le terrain comme si cette affa affair iree l'in l'inté tére ress ssai aitt réel réelle leme ment nt.. Le bo bonh nhom omme me,, qu quii avait certainement reçu de la propriétaire la mission de servir d'intermédiaire, tout au moins pour faire visi visite terr les les lieu lieux, x, se mont montra rait it main mainte tena nant nt pres presqu quee empre mpress sséé. M. Guén éneec en pro profita fita pou ourr amen amener er la conversation sur le chimiste. — Ah! oui, dit le bonhomme, ce pauvre M. Pierrefitte a eu une bien triste fin. Nous lui avions sous-loué ce hangar, il y a huit ans. Tout le monde, dans le voisinage, disait qu'un jour il ferait sauter la baraque, mais ma femme et moi nous n'avions pas peur. M. Pierrefitte n'était pas dangereux. Je crois qu'il venait surtout ici pour être plus tranquille. Au moins ce n'est pas la place qui lui manquait. Il y passait des jours entiers à faire des calculs et des expériences. De temps en temps on le voyait sortir pour fumer une pipe. Tout le monde prétendait que c'était 54
un ours; peut-être, mais pas avec nous. En tout cas, il nous payait toujours son loyer bien régulièrement. - Il avait beaucoup d'appareils? - Ah! monsieur, monsieur, s'il en avait! avait! Tenez Tenez,, si ça vous amuse, venez jeter un coup d'œil. Ah! on ne peut pas dire dire que le pauvr pauvree homme homme avait avait beaucou beaucoupp d'o d'ordr rdre. e. Une ch chatte n' n'y re retrouverait pa pas ses petits. Naturellement, après sa mort, personne n'est venu chercher tout ça. Qui voulez-vous que ça intéresse? » Les visiteurs, à la suite du bonhomme, entrèrent dans le hangar où régnait, en effet, un beau désordre. « Ce n'est pas moi qui l'ai mis dans cet état, dit le bonhomme en manière d'excuse, c'était toujours comme ça, et il défendait à ma femme de donner un coup de balai. » Pour faire le tour du local ils durent enjamber des bidons, des caisses, des bacs de verre, des cornues, des paquets de tubes à essais. M. Guénec regardait d'un œil apparemment négligent ce matériel hétéroclite quand, tout à coup, apercevant une sorte de placard contre le mur, il demanda : « Il rangeait sans doute ses papiers là-dedans? — Des papiers sans importance, car pour ce qui est de ses recherches, vous pouvez croire qu'il ne laissait rien traîner. Il arrivait et repartait toujours avec sa grosse serviette de cuir bourrée à craquer. »
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Pour Pour prouv rouver er ce qu qu'i'ill av avan ança çait it,, le bo bonh nhom omme me ouvrit le meuble de bois blanc. Il contenait des fioles et quelques éprouvettes. Sur les étiquettes des flacons, on ne pouvait lire que des chiffres. Au bas du placard s'ouvrait un tiroir. Il ne renfermait que de vieilles factures, des quittances, et trois ou quatre enveloppes à moitié déchirées, vides de leur contenu. Deux d'entre elles portaient un timbre étranger. « Des timbres brésiliens, remarqua tout de suite Robert qui faisait une collection. — Tu peux les prendre, fit le bonhomme, si ça t'intéresse... » Robert fourra les morceaux d'enveloppes dans sa poche. Il n'y avait plus rien à voir dans ce hangar où il faisait très froid. En refermant la porte, l'homme se tourna vers M. Guénec : « Vous connaissiez M Pierrefitte? — J'en ai beaucoup entendu parler; je m'occupe de travaux scientifiques, moi aussi. Vous m'avez dit qu'il bavardait quelquefois avec vous... Parlait-il de ses découvertes? - Oh! Oh! no non, n, jam jamai ais, s, surt surtou outt pas pas de ses ses recherches. - Recevait-il des amis, ici, à Verrières? — Non. — Connaissiez-vous sa mère qui vivait avec lui, à Paris, et tenait son ménage?
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— Je l'ai vue une fois seulement. Je ne sais ce qu'elle est devenue depuis la catastrophe. — Il n'avait plus personne de sa famille? — Je ne pense pas... ou plutôt si, un neveu... C'est vrai, je me souviens, un drôle de bonhomme qui est venu ici une fois, dans les premiers temps; je crois bien qu'il voulait soutirer de l'argent à ce pauvre M. Pierrefitte. — Et vous sauriez où il habitait, ce neveu? » Le bonhomme se gratta la tête : « M. Pierrefitte m'en avait parlé un jour... Attendez, je crois que c'était du côté de Montmartre, rue... Jean-Samuel ou un nom comme ça... » S'étonnant soudain de ces questions, l'homme se redressa : « Mais pourquoi tout cela vous intéresse-t-il? » Comprenant qu'il n'en tirerait plus grand-chose, M. Guénec se remit à parler du terrain à vendre, remercia le bonhomme en le traitant aimablement de futur voisin, et les trois visiteurs regagnèrent l'auto. A peine dans la voiture, Jacqueline Jacqueline soupira et dit : « Vous voyez, monsieur, vous avez perdu votre temps pour rien... - Pour rien? reprit vivement vivement Robert. Robert. Nous Nous avons avons l'adresse du neveu de Pierrefitte! - Un ne neve veuu qu qu'i'ill ne fréq réque uent ntai aitt plu plus de depu puis is longtemps, tu as entendu ce que le bonhomme a dit. — Mais que nous pourrons tout de même 57
rechercher et qui saura peut-être nous dire où se trouve la mère du chimiste, puisque personne, rue Laura-Ancin, n'a su nous renseigner... Et puis ces enveloppes qui viennent du Brésil... » Jacqueline sourit, sceptique : « Du Brésil ! fit-elle. — Qui sait, reprit M. Guénec, il faut s'accrocher à tout, Jacqueline, quand on veut réussir. » Soudain, s'arrêtant au bord de la route, il dit à son fils : « Robert, montre-moi ces morceaux d'enveloppes. » Tous trois se penchèrent sur les papiers jaunis et abîmés. Ces deux lettres avaient bien été adressées au chimiste, à son domicile de la rue Ancin. Malheureusement les cachets de la poste brésilienne étaient à peu près illisibles. Impossible de déchiffrer le lieu de départ qui devait commencer par un s, la deuxième lettre étant peut-être un a. En revanche, à l'aide de la loupe qu'il avait toujours dans sa poche, Robert put comprendre qu'une des lettres était datée du 12 juin et l'autre du 27 du même mois. « Deux lettres de même provenance, aussi rapprochées, tu ne trouves pas ça curieux? dit-il à son père. La personne qui écrivait à Pierrefitte n'était pas une personne quelconque, plutôt une sorte de correspondant. Les timbres ne sont pas ceux d'un affranchissement ordinaire. Ils sont 58
de trois cruzeiros; les lettres devaient être lourdes. D'ailleurs, ça se voit, les enveloppes sont restées un peu déformées. » M. Guénec ne put s'empêcher de sourire devant l'assurance de son fils. « Tu sais, Jacqueline, dit Robert soudain enthousiaste, dans les romans policiers c'est toujours comme ça. On trouve par hasard un petit bout de fil et puis un beau jour, crac! on découvre le peloton. » Ils reprirent leur route en direction de Ville-bon où l'ar l'arch chit itec ecte te de deva vait it dé dépo pose serr Jacq Jacque ueli line ne av avan antt de rentrer à Paris. Après la sortie de la petite ville, la jeune fille demanda à M. Guénec de stopper. « Excuse-moi, Robert, dit-elle, j'aurais voulu que tu voie oies mon mon frè frère. re. Il ne veu eutt rec recev evoi oirr pe pers rson onnne... e...,, même pas toi. Et pourtant, 59
tu es son meilleur camarade. Il faut lui pardonner, il a tellement tellement changé. » Robert ne répondit pas. Les larmes aux yeux, Jacqueline remercia encore M. Guénec et descendit de voiture. La nuit tombait, une nuit froide de fin d'hiver, grise et humide. La jeune fille se dirigea en se hâtant vers une petite maison très modeste, située à deux cents mètres de là, au bout d'un jardinet. « Tant pis, dit brusquement Robert, Sylvain ne veut voir personne, mais moi je veux lui dire que tout n'est pas perdu. » II s'él s'élan ança ça sur sur la rout routee et ratt rattra rapa pa Jacq Jacque ueli line ne comme elle arrivait devant le jardinet. « Mon Dieu! s'écria-t-elle en sursautant. - Je sais, sais, dit Robert, Robert, il ne ne veut pas. pas. Mais Mais alors, alors, à quoi servirait un ami? » Et il entra avec elle. Ce fut Mme Rambaud qui les reçut, avec un mouvement de surprise en apercevant Robert. « Où est Sylvain? demanda Jacqueline. — Il a passé toute la journée dans la salle à manger. - Comment est-il? — Toujours déprimé. » Embarrassée, Mme Rambaud se demandait ce qu'elle devait faire, quand tout à coup on entendit tirer un verrou, une porte s'ouvrit. Pourtant averti, 60
Robert Robe rt serr serraa les les mâch mâchoi oire ress po pour ur co cont nten enir ir son son émotion à la vue de cette sorte de mannequin sans tête qui s'avançait vers lui. Maladroitement, il dit, la voix tremblante : « Sylvain, tu me reconnais? Je suis Robert Guénec, ton camarade de classe... » Un petit rire forcé secoua les épaules du mannequin : « Ah! toi aussi tu t'imagines que je suis devenu fou, que j'ai perdu la mémoire et que je ne te vois pas!... Rassure-toi, je constate que, malgré le froid, tu as une excellente mine... et que tu portes une cravate neuve, cadeau d'anniversaire, sans doute? •» Le ton ironique fit mal à Robert qui avait reculé d'un pas. « Tu vois, pourquoi es-tu venu puisque je te fais peur? Tu n'oses n'oses même pas me serrer la main! » Le jeune Guénec hésita devant la manche droite du man annneq equi uinn qu quii se soul souleeva vait it et s'a s'ava vannçait çait.. Le contact de la main invisible lui fit passer un frisson à travers le corps. « Eh bien, mon vieux, il fait si froid que ça dehors, pour que tu trembles de la sorte? » Robert se sentit un instant désemparé. Dire que Sylvain était autrefois un si chic camarade! Se reprenant, il pensa soudain qu'à l'ironie mieux valait répondre par l'ironie. Il eut le courage de plaisanter, assurant à Sylvain qu'il avait une tache sur la joue 61
droite, sérieusement besoin de passer chez le coiffeur et de se couper les ongles. « Vraiment, insista-t-il, toi non plus tu n'as pas changé... Seulement je te préviens, quand tu souris, on voit ta dent qui se gâte; il faudra aussi passer chez le dentiste. » Surpris à son tour, Sylvain se tut, puis soudain se mit à rire pour la première fois depuis un mois. Robert sentit une main se poser sur son épaule et le pousser vers la petite salle à manger où brûlait un feu de bois. « Ah! soupira Sylvain, dire que personne ne croyait à l'invention de Pierrefitte! » Et pour son camarade, il reprit le récit de son étrange aventure. Peu à peu Robert s'habituait à cette voix qui semblait sortir du vide, une voix qui paraissait presque différente, tant on est habitué à lier les mouvements du visage, l'éclat du regard, aux paroles sorties des lèvres. Et à mesure que Sylvain parlait, il éprouvait de plus en plus le sentiment que tout n'était pas fini, que le secret de Pierrefitte n'était pas perdu pour toujours, qu'un jour Sylvain redeviendrait le joyeux camarade qu'il avait connu et qu'il aimait. « Sylvain, dit-il, moi, j'ai confiance. Ta sœur et moi nous avons juré de réussir... et nous te sauverons... »
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CHAPITRE IV
PANIQUE SUR LE BOUL' MICH' « Tu SAIS, papa, tu te moques de moi avec mes enveloppes, mais je suis presque sûr que, si un jour nous trouvons quelque chose, ce sera de ce côté-là. - A condition de savoir qui les a adressées à Pierrefitte. — Nous le trouverons. trouverons. — En attendant nous n'avons pas encore pu mettre la main sur le neveu du chimiste qui, lui, habite pourtant beaucoup moins loin. - Il n'y a que deux jours que nous sommes allés à 63
Verrières..., mais j'ai eu une idée. Cet après-midi, j'ai demandé à un agent où se trouvait la rue JeanSamuel. - Et il ne l'a pas trouvée, trouvée, lui non plus? plus? - Non... Mais dans le XVIIIe arrondissement, il y a une rue Jean-Savel. Notre bonhomme de Verrières a pu se trompe tromper; r; en les les prononç prononçant ant un peu peu vite, vite, les deux noms se ressemblent. » L'architecte regarda son fils en souriant : « Ma parole, tu ferais un bon bon détective. - Le plus plus ennuyeux, ennuyeux, reprit Robert, c'est c'est que cette rue est assez longue : une centaine de numéros nu méros ! Tant pis, nous frapperons à toutes les portes s'il le faut. » Dès le lendemain, ils se mirent en campagne. Cette rue Jean-Savel était une sorte de longue ruelle tortueuse serpentant derrière la Butte, dans un quartier totalement inconnu des Guénec. Comment y retr retrou ouve verr qu quel elqu qu'u 'unn do dont nt ils ils ne co conn nnai aiss ssai aien entt pa pass même le nom? Car il n'était pas certain que le neveu s'appelât Pierrefitte, comme l'oncle. Sans être mal famée, la rue Jean-Savel n'avait rien d'attrayant. Elle n'était qu'un fouillis de vieilles maisons au bout de couloirs sans fin, au fond de cours sombres comme des caves. Le premier soir, le père et le fils rentrèrent exténués après avoir grimpé combien d'escaliers branlants, frappé à combien de portes, pour 64
s'entendre chaque fois répondre : « Pas de Pierrefitte ici. » Mais Robert ne se décourageait pas. Le surl surlen ende dema main in,, ils ils ve vena naie ient nt de visi visite terr en va vain in un unee douzaine de maisons, pour la plupart dépourvues de concierge, quand au quatrième étage d'un vieil imme immeub uble le,, ils ils tomb tombèr èren entt sur sur un pe peti titt bo bonh nhom omme me chauve, d'une cinquantaine d'années, qui, en entendant prononcer le nom de Pierrefitte, fronça les sourcils. « Le neveu de Pierrefitte, oui, c'est moi. Que lui voulez-vous? » II faillit leur fermer la porte au nez puis, se ravisant, déclara : « Des renseignements sur le chimiste? Vous tombez mal. Pour tout dire, je ne le voyais pas, je n'étais pas avec lui. » M. Gué uéne necc s'em s'empr pres essa sa de dire dire qu qu'i'ill ch cher erch chai aitt l'adresse de la mère du savant. « Ah! sa mère... Ma foi, je sais qu'après l'incendie elle a dû être hospitalisée quelques jours; depuis, je ne sais pas... — Où pourrait-elle être? — Je vous répète que je ne sais rien. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'elle a une cousine ou une nièce en Normandie... à Villeneuve-en-Bray, ce doit être du côté de Rouen. » Le bonhomme se tenait toujours dans l'entrebâillement de la porte. M. Guénec tenta encore 65
de lui demander s'il connaisssait les relations de son oncle avec des chimistes français ou étrangers, mais l'autre secoua la tête et, excédé, refe eferma brutalement la porte. Robert et son père rentrèrent à la maison, déçus. Sans doute possédaient-ils une nouvelle adresse, mais il était probable que la vieille femme, s'ils la retr retrou ouva vaie ient nt,, ne sava savait it pa pass gran grandd-ch chos ose. e. D' D'ap aprè rèss Sylvain, elle avait au moins quatre-vingts ans et elle devait commencer à radoter. « Tant pis, déclara Robert, nous irons là-bas. » Le dimanche suivant, M. Guénec et son fils prenaient la route pour Villeneuve-en-Bray, Villeneuve-en-Bray, minuscule village enfoui au milieu des pommiers. « Ah ! oui, leur dit-on dans l'auberge où ils s'adressèrent, la mère du vieux fou qui a fait sauter sa baraque!... Vous la trouverez au hameau des Feuillus, au bord de la rivière. » Après avoir manqué deux fois de s'enliser dans un chemin bourbeux, ils découvrirent enfin la ferme. Une vieille petite femme tout en noir prenait le soleil sur le pas de la porte. Ils s'approchèrent. La vieille les regarda d'un mauvais œil. « Non, non, pas de journalistes! » s'écria-t-elle en agitant la main. M. Guénec, pour la mettre en confiance, comme ommenç nçaa pa parr s'e 'ext xtaasier sier sur sur les les gé géra rannium iums déjà éjà fleuris, au rebord d'une fenêtre. Puis, de fil en 66
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aiguille, arriva à la catastrophe de la rue LauraAncin. « Ah! ne m'en parlez pas, soupira-t-elle, je me demande comment je ne suis pas morte d'émotion. » L'ar L'arch chit itec ecte te la rass rassvi vira ra.. L'en L'entr traî aîna nant nt un pe peuu à l'écart de la maison, il lui demanda si elle se souvenait du jeune garçon qui, le soir de l'incendie, était venu frapper à la porte du chimiste. La petite vieille rassembla ses souvenirs : « Oui, je me rappelle, mon fils l'avait fait entrer; il rapp rappor orta tait it un carn carneet. Ils Ils son ontt rest restés és long longte tem mps ensemble dans le laboratoire... — Justement, votre fils a voulu tenter sur lui son expérience sur la transparence du corps..., et c'est à ce moment-là que l'incendie a éclaté. Le corps de ce jeune garçon est resté invisible. » La petite vieille ne parut pas se rendre compte de ce que cela signifiait. Puis regardant Robert : « Pourtant, je vois... - Non, ce jeune homme est mon fils. Il s'agit s'agit d'un de ses camarades. — Invisible? reprit-elle. Vous dites qu'il est resté invisible? Mon Dieu! est-ce possible? - C'est C'est pour cela, cela, pour pour essayer essayer de le le sauver, sauver, que que nous sommes sommes venu venus. s. Peut-être Peut-être votre fils vous tenait-il au courant? — Il ne me parlait de rien.
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— Mais il avait des relations? » La bonne vieille secoua la tête; « II ne voyait personne, pour ainsi dire. — Il n'avait pas d'amis? d'amis? — Je ne lui en ai guère connu qu'un seul. Il l'avait l'avait rencontré rencontré autrefois, autrefois, pend pendant ant la guerre guerre d'e 14. — Un chimiste, comme lui? - Je crois. - Où habite-t-il? » La petite vieille eut un geste évasif : « Oh! très loin, monsieur, pour ainsi dire au bout du monde! » Robert ne put retenir son émotion. Il pensa aussitôt aux enveloppes. « Au Brésil, peut-être? — Justement, au Brésil... Mais comment le savez-vous? » Robert se mordit la langue. Heureusement, la vieille femme n'insista pas. « Et vous le connaissez? demanda vivement M. Guénec. - Il a vécu vécu plusieu plusieurs rs années années en Fran France, ce, après après la guerre. Il venait parfois , chez nous; un homme charmant, d'ailleurs. Il s'appelait Antonio Rodrigues. - Et au Brési Brésil,l, vous vous connais connaissez sez son son adress adresse? e? Il habite à Rio? - Non Non,, pas à Rio, à Santos. Santos. Voyez Voyez si j'ai j'ai encore bonne mémoire, malgré malgré mes quatre-vingt-un ans ans ! Je 69
peux même vous dire l'adresse : avenue Marajo, numéro 16. » L'architecte nota aussitôt cette adresse et demanda encore : « Savez-vous s'ils étaient toujours en relation? - Hélas! je ne pourrais vous dire; autrefois, c'était moi qui portais le courrier à la poste, mais depuis que uelq lquues an annnées, ées, à caus causee de mes mes jamb jambes es...... Non, vraiment, je ne sais pas. Mais vous pouvez écrire. Vous direz que c'est de ma part, il se souviendra certainement de moi. Ah! s'il pouvait vous aider... Voyez-vous, mon fils passait pour un sauvage, mais si dans sa tombe il savait ce qui est arrivé à ce jeune garçon, il en serait très malheureux. » Quand ils quittèrent la vieille femme, Robert lui aurait volontiers sauté au cou. « Tu vois, dit-il triomphalement à son père en remo remont ntan antt en vo voit itur ure, e, les les timb timbre ress av avai aien entt rais raison on!! C'était le petit bout de fil qui nous fera trouver le peloton. » Ils rentrèrent trop tard à Paris pour aller le soirmême jusqu'à Verrières; mais dès le lendemain matin, tant pis pour le collège, Robert fila jusque là bas pour annoncer annoncer la nouvelle. Hélas! il trouva la petite maison de Villebon en émoi. La veille, alertés par on ne sait quelle indiscrétion, des journalistes avaient rôdé autour de la maisonnette, mettant Sylvain au 70
comble de la fureur. L'un d'eux s'était même montré presque insolent envers Jacqueline qui essayait essayait de réconduire réconduire.. Un autre s'était s'était introduit introduit dans le jardin et avait photographié la maison sous tous ses angles. « Je te remercie, Robert, soupira Mme Rambaud. Je veux, comme toi, me raccrocher à cet espoir, mais en attendant, d'ici quelques jours, la vie ne sera plus tenable ici. » Mis au courant au retour de Robert, M. Guénec décid écidaa, po pour ur dé déro rouuter ter les curie urieux ux,, de fair fairee ven enir ir Sylvain à Paris, chez lui. « Bonne idée, déclara Robert, je me charge de le distraire. re. Et s'il veut travailler, en attendant de retrouver son visage, je lui passerai mes cours. » Ainsi fut fait. Une nuit, M. Guénec alla chercher Sylvain. On l'installa dans une chambre qui ne donnait pas sur le vestibule et où personne ne pouvait pénétrer à l'improviste. l'improviste. * ** Expédiée par avion, la lettre mettrait bien deux ou trois jours pour atteindre le Brésil. Même si l'ami de Pierrefitte répondait par retour du courrier, il ne fallait pas espérer la réponse avant une bonne semaine. 71
Cette attente parut à tous effroyablement longue. Chaque jour, Jacqueline venait aux nouvelles. Enfin, un matin, le facteur apporta une lettre reco recomm mman andé déee, orné rnée de tim timbre bres étran trange gers rs.. Mme Mme Guénec était seule à la maison, seule avec Sylvain qui, dans sa chambre fermée à clef comme d'habitude, n'avait sans doute pas entendu ouvrir. La femme de l'architecte examina longuement l'enveloppe avant d'oser l'ouvrir. Pourtant, le fait que la lettre arrivait dix jours seulement après l'expédition de celle de son mari, le fait aussi qu'elle était recommandée, lui parurent favorables. Elle se décida à la décacheter. Elle était libellée en français, et même en excellent français. Une fine écriture serrée couvrait toute une page. Monsieur,
La nouvelle de la mort de mon vieil ami Pierrefitte me touche profondément. Je n'avais rien reçu de lui depuis trois mois, mais je ne supposais pas qu'il n'était plus. L'autre nouvelle, V « accident » survenu à ce jeune garçon, me bouleverse également. Sous le sceau du secret, je puis vous dire que je suis au courant des recherches d'Etienne Pierrefitte sur l'homme transparent. Il me les a communiquées il y a environ six mois, alors que ses essais sur des souris et des cobayes se révélaient concluants. Il me disait 72
alors ses hésitations à lés répéter sur l'homme. Il m'avait fait promettre de ne pas divulguer ses expé expéri rien ence ces, s, mais mais je conn connai aiss asse assezz les les sent sentim imen ents ts humains de mon vieil ami pour penser que, dans un cas semblable, il m'autorise iserait à utiliser ses recherches. J'ai donc étudié ses notes. Malgré mon grand désir de vous venir en aide, je ne vous cache pas les difficultés de tous ordres qui me rendront difficile la réalisation des expériences de Pierrefitte. Certains sels et surtout certain alcaloïde, provenant d'une plante extrêmement rare, seront difficiles à trouver. Mais le salut d'un homme est en jeu. Je ferai tout mon possible pour réussir.
Antonio RODRIGUES. Mme Guénec relut deux fois la lettre. Puis elle courut frapper chez Sylvain : « Sylvain!... « II » a répondu! » Elle lle ten tendit dit la feui feuillle qu quee sais saisiirent rent des do doig igts ts invisibles. Elle vit le papier rester immobile dans le vide, puis se mettre à trembler. Et tout à coup des sang sanglo lots ts empl emplir iren entt la ch cham ambr bre. e. Sylv Sylvai ainn pleu pleura rait it,, terrassé par cet espoir soudain, par cette luexir de réconfort qui venait de si loin. Quand, en rentrant du collège, Robert apprit la nouvelle, il sauta de joie. 73
« Ça y est, Sylvain, le cauchemar va finir! Mes timbres avaient raison! Je prends ma bicyclette et je vole à Villebon prévenir Jacqueline. » Pen enda dant nt plu plusieu sieurs rs jour jourss, tous tous vécur écureent da dans ns l'optimisme. Ce n'était plus qu'une question de temps, de que uelq lque uess sem semain aines, es, et Sylva ylvain in ou oubblier lieraait son son cauchemar. Hélas! cette flamme ne dura pas. A force de réfléchir, Sylvain ne songea plus qu'aux difficultés, à tout ce qui pourrait empêcher le savant brésilien de renouveler l'expérience de Pierrefitte... Et qui sait si cet Antonio Rodrigues qui, certainement, n'était plus très jeune, n'allait pas, lui aussi, disparaître avant l'heure du salut? Il en perdit l'appétit et le sommeil. Depuis bientôt deux mois qu'il vivait en reclus, il s'anémiait. Peu à peu, la vie bruyante de Paris lui devenait étrangère. Pourtant, tandis qu'il rumina inait toutes sortes de pensées dans son fauteuil, dehors, à mille petits riens, au pépiement des oiseaux sur les branches encore nues, au visage moins crispé des passants, on devinait l'approche du printemps. « Mon vieux Sylvain, déclara Robert un jour, tu ne peux pas toujours rester là à broyer du noir. Tiens, je me souviens de l'histoire d'un petit noir qui se lamentait de n'être pas blanc comme tout le monde et qui avait trouvé le moyen de le devenir, pour un jour. — Que racontes-tu? racontes-tu? 74
— C'est demain demain Mardi gras, Sylvain, les les masques vont déambuler dans les rues. L'occasion est unique. Nous nous déguisons et je t'emmène sur les boulevards I » Sylv Sylvai ainn co comm mmen ença ça pa parr prot protes este ter; r; les les rega regard rdss braqués sur lui rappelleraient de trop mauvais souvenirs. D'ailleurs, Paris lui était devenu indifférent. Robert ne l'écouta pas. Il rapporta deux masques et, le lendemain, déguisés de la tête aux pieds, les deux amis amis sortirent dans Paris. On était aux premiers jours de mars. Il faisait presque beau. Aux nuages gris se mêlaient des lambeaux de ciel bleu. L'air était tiède, léger à respirer. Tout d'abord, à la rencontre des premiers passants, Sylvain se sentit gêné. On allait reconnaître l'artifice, les gens allaient fuir épouvantés. Mais non, au co conntrai traire re,, les les Pari Parisi sieens sou ouri riai aieent de deva vant nt ces ces masques grotesques. Alors, ils déambulèrent dans les rues. Peu à peu, Sylvain oubliait qu'il n'était plus comme les autres. Avec son masque, son chapeau, ses gants, rien ne pouvait lé trahir. Et il pensait au temps heureux où il revenait du collège, avec Robert, en chahutant. Paris, qu' u'il il cro croya yait it main mainte tena nant nt dé déte test steer, retr retroouv uvai aitt son son aimable visage. « Si nous allions faire un tour près de la Seine? » C'était lui, maintenant, qui dirigeait la balade, entraînait Robert. Ils suivirent les quais, 75
s'arrêtèrent devant les bouquinistes, cherchant même, pour s'amuser, une édition de L'Homme invisible, de Wells. De là ils remontèrent le boulevard Saint-Michel, dont Sylvain avait oublié l'animation. La balade était longue. Sylvain avait un peu trop présumé de ses forces. Depuis si longtemps il ne marchait plus. Arrivés près du jardin du Luxembourg, il proposa : « Si nous nous asseyions un peu? » Ils entrèrent dans un café où personne ne parut surpris de leur accoutrement. « Ton idée était fameuse, Robert. Cette petite escapade me fait du bien; elle me donnera du courage pour attendre. » Ils bavardaient tranquillement depuis un moment, devant une tasse de café, quand tout à coup, à travers les vitres embuées, Sylvain crut remarquer, dehors, une animation anormale. « Que se passe-t-il? — Un défilé de masques, masques, sans doute. — Non, autre chose... chose... Regarde... Des Des agents? — Peut-être un accident, le carrefour est assez dangereux. » Mais Robert avait à peine achevé que des agents pénétraient dans le café, laissant l'un d'entre eux monter la garde près de la porte. « Une descente de police, murmura quelqu'un près d'eux. Un voleur vient sans doute doute d'opérer dans 76
le quartier et il s'est caché dans un café. » Sylvain se sentit pâlir sous son masque. Une descente de police, cela voulait dire : vérifications d'identité. , Rapidement, les agents s'étaient répandus dans la salle presque comble et, naturellement, tous les regards convergeaient vers Robert et Sylvain que leur déguisement rendait suspects. « Ne t'inquiète pas, dit Sylvain à voix basse, s'il m'arrive quelque chose je tâcherai de me débrouiller. Ne t'occupe pas pas de moi. » Des agents s'approchèrent de leur table. « Enlevez ce masque », firent-ils en s'adressant à Robert. Robert s'exécuta et montra sa carte d'identité dont l'agent releva le numéro sur un carnet. « Et vous? » Sylvain hésita : « Je ne peux pas... J'ai une blessure au visage... visage... Je suis défiguré. » L'agent insista, brutalement : « Pas d'histoire! Enlevez-moi ça! » Sylvain comprit que toute nouvelle protestation était tait inut inutil ilee. Alors lors,, d'u 'unn ge gest stee vif, vif, il arra arrach chaa son son masque. Des cris de stupeur partirent dans la salle. L'agent lui-même, complètement ahuri, avait reculé d'un pas. Le policier qui se tenait près de lui, voulant se montrer crâne, étendit la main pour se rendre compte de l'existence réelle d'une tète au-dessus des 77
épaules. Il heurta le front de Sylvain et recula à son tour en lâchant un juron. Après une seconde d'hésitation, Sylvain comprit que c'était le moment de payer d'audace. S'étant prestement débarrassé de ses gants, il agita les bras. Les manches vides produisirent immédiatement un effet extraordinaire. De nouveaux cris partirent, des cris de femme surtout. Comme un troisième agent arrivait en renfort, Sylvain, utilisant sa tête comme invisible boutoir, le bouscula rudement. Le désarroi fut général. Profitant de ce trouble, Sylvain se glissa derrière le comptoir où il se dévêtit complètement; et tout à coup, on vit apparaître un balai brandi dans le vide, faisant des moulinets au-dessus des têtes. La panique atteignit son comble. Des hurlements jaillirent, dans tous les coins du café. Les consommateurs se ruèrent vers la sortie. Sans se rendre compte 78
de ce qu'elle faisait, une femme se jeta contre une vitre pour gagner la rue au plus vite. En tombant, la glace se fracassa dans un bruit infernal. En un clin d'œil le café fut vide. Les agents eux-mêmes, complètement débordés, avaient pris le large. Dans le carrefour, le désordre était indescriptible. Toute la circulation, si intense à cet endroit du Boul’ Mich', se trouvait paralysée. Beaucoup de gens, ignorant ce qui s'était passé, parlaient d'une émeute. Robert, qui avait fui, ou plutôt fait semblant de fuir comme tout le monde, commençait à s'inquiéter pour Sylvain. A l'écart, le long des grilles du Luxembourg, il arpentait le trottoir, se demandant ce qu'il devait faire. A tout hasard, pensant que son camarade songerait peut-être à le retrouver là, il entra dans le jardin où la foule était moins dense. Tout à coup, il sursauta au contact d'une main sur son épaule et se retourna : « Ro Robe bert rt,, c' c'es estt moi! moi!...... Vite Vite,, sauv sauvon onss-no nous us,, je crève de froid... Appelle un taxi! » Ils durent attendre un bon quart d'heure avant de trouver une voiture. Enfin un chauffeur s'arrêta au signe de Robert qui ouvrit la portière et fit entrer d'abord Sylvain. Durant tout le trajet, ils ne soufflèrent mot. Jamais le chauffeur ne saurait qu'il véhiculait l'homme invisible de Wells. Une demiheure plus tard les deux copains se retrouvaient dans la chambre 79
de Sylvain. Alors, Robert explosa : « Formidable, Sylvain! Tu as été formidable!... Jamais je n'aurais cru!... Je t'assure, quand j'ai vu les agents entre ntrer, r, je me deman emanda daiis comme omment nt no nouus no nouus en sortirions... J'ai l'impression que ta petite balade dans le Quartier latin va faire du bruit. » Du bruit, certes, elle en fit ! Le lendemain matin de gros titres paraissaient sur tous les journaux, aussi variés, aussi extravagants les uns que les autres : L'homme invisible existe réellement! réellement!
ou : Un monstre invisible sème la panique dans le Quartier latin!
ou encore : Un balai hanté provoque un embouteillage monstre sur le boulevard Saint-Michel!
Dans les les artic rticle less qui sui suiva vaiien ent, t, il étai tait tant tantôôt question d'une agression, tantôt d'un formidable « canular », tantôt d'une angoissante réalité. Et les mots « monstre invisible » revenaient à chaque instant sous la plume inquiète des journalistes. 80
Dans plusieurs de ces journaux on pouvait voir des photos montrant la devanture saccagée du café, le balai hanté, ou même les vêtements du « monstre » retrouvés derrière le comptoir. Et presque tous les articles, afin de rassurer les Parisiens, se terminaient ainsi : « Si réellement ce monstre existe, il faudra bien le retrouver. » « Pour me retrouver, fit Sylvain en riant, ce sera plutôt difficile. C'est une chance, je n'avais aucun papier sur moi. » En somme, cette aventure, qui aurait pu finir tragiquement, avait eu pour conséquence de redonner confiance à Sylvain. Ses nerfs étaient plus solides qu'il l'imaginait. Il s'habituait à la peur des autres. Si vraiment un jour il redevenait normal, il repenserait longtemps à cette extraordinaire balade sur le boulevard!
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CHAPITRE V
A BORD DU « TRAS-OS-MONTES » Santos, 18 mars. JE VIENS vous mettre au courant des travaux que je poursuis. Les formules de mon ami français m'ont permis de réaliser, hier, la transparence de la cellule vivante. Deux cobayes et une souris sont devenus parfaitement invisibles. En revanche, l'opération inverse n'est pas au point. Plusieurs sels obtenus en partant de l'acide paritique présentent une extrême instabilité. De son côté, l'alcaloïde appelé termigane, extrait d'une plante rare en Amérique du Sud, se
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décompose avec une très grande rapidité. Dès que la contre-expérience sera au point, je vous le ferai savoir. Antonio RODRIGUES. Santos, 3 avril. A mon grand regret, je ne puis apaiser votre inquiétude. L'instabilité du termigane est telle que les contre-expériences n'ont pu réussir parfaitement. Les deux cobayes et la souris n'ont repris qu'imparfaitement leur aspect normal. Seuls les os et certains tissus cartilagineux ont retrouvé leur aspect primitif. Je vais renouveler les expériences sur d'autres animaux.
Antonio RODRIGUES. Santos, 30 avril. La contre-expérience a, cette fois, parfaitement réussi. D'ores et déjà, je crois pouvoir affirmer qu'elle est valable pour l'homme, sans aucun risque. Cependant, l'instabilité que je vous ai signalée précédemment me parait être un obstacle important sinon capital. De même pour le composé obtenu au départ du bichl-rure d'éthyle, lequel est sensible à la lumière et surtout aux trépidations. Il n'est donc pas possible de les faire parvenir en France, même par 83
avion. Il faut envisager de faire préparer tous ces éléments, sur place, par un chimiste français, ce qui, malheureusement, demandera du temps et aussi, bien entendu, une compétence sûre, étant donné la délicatesse de certains dosages. A mon avis, le mieux serait de m'amener ici, à Santos, votre jeune et infortuné protégé. S'il acceptait de se rendre au Brésil, vous devriez me faire connaître la date exacte de son arrivée, afin que tout soit prêt en temps voulu, car ainsi que je vous l'ai peut-être signalé, la stabilité du termigane n'excède pas une dizaine de jours. J'attends votre décision.
Antonio RODRIGUES. Cette dernière lettre, après la lourde inquiétude laissée par les deux autres, arracha un cri de triomphe à Robert. Il se précipita dans la chambre de son son camarade en criant : « Sauvé! Tu es sauvé!... Tiens, lis! » Sylvain saisit vivement la lettre et lut d'un trait les lignes serrées du Brésilien. Puis sa main retomba, et le papier glissa sur le plancher. « En Amérique?... Tu es fou! — Pourquoi pas? — Mon pauvre Robert, tu n'y penses pas! En Amérique, moi qui n'ai même pas pu me balader dans Paris sans faire scandale... Et d'abord, 84
où trouver l'argent? Non, mon vieux, c'est insensé. Il faudra chercher quelqu'un en France. - Tu as vu ce que dit Rodrigues? Ce serait hasardeux. On ne joue pas avec ces choses-là... » Le soir même, dès que Sylvain se fut retiré dans sa chambre, une grande discussion eut lieu entre les Guénec. Ce fut le bouillant Robert qui l'amorça. « Voyons, maman, que penses-tu de tout ça? - Qu'il faut agir... agir... et au plus plus vite. vite. - Evidemme Evidemment, nt, fit l'arch l'architec itecte, te, agir au plus plus vite, vite, par conséquent envoyer Sylvain là-bas. A première vue, cela paraît difficilement réalisable, et pourtant... Dès demain, j'irai voir Mme Ram-baud et Jacqueline. — Hélas! tu connais leur situation matérielle, elle elle n' n'es estt pa pass bril brilla lant nte. e. Au Auro ront nt-e -ell lles es les les moye moyens ns?? Naturellement, Sylvain ne pourrait faire seul la traver traversée sée,, il faudra faudrait it l'acco l'accompa mpagne gner. r. Co Combi mbien en peuvent coûter deux traversées aller et retour pour le. Brésil? — Cher, évidemment... évidemment... Mais je pense... — Bien sûr, moi aussi je pense que nous pouvons les aider. aider. — Et moi aussi, dit vivement Robert. Je me faisais une cagnotte pour les vacances, je l'abandonne. — Reste à savoir si Mme Rambaud acceptera, dit Mme Guénec. Je la connais, elle est tellement scrupuleuse. 85
— Ah! coupa son mari, il s'agit de la santé, de la vie de Sylvain, elle ne peut pas s'y opposer. Ce n'est d'a 'ail ille leuurs pas elle elle qu quii m'in m'inqu quiè iète te,, mais mais Sylv ylvain ain. Voudra-t-il accepter? - S'il ne veut pas, assura assura Robert, Robert, je me charge de lui. — Mais qui l'accompagnera? demanda Mme Guénec. Certainement pas sa mère, la pauvre femme est trop fragile et, d'un autre côté, Jacqueline me paraît bien jeune. » L'architecte ne répondit pas. Il se frotta le menton, puis, au bout de quelques instants : « J'ai beaucoup de travail en ce moment, surtout avec ces nouveaux projets de groupe scola olaire à Aube Au berv rvil illie liers rs,, mais mais tout tout pe peut ut s'ar s'arra rang nger er;; j'en j'en sera seraii quitte pour prendre mes vacances maintenant et je me rattraperai au mois d'août. Qu'en pensez-vous? — Bien sûr, papa, il n'y n'y a pas d'autre solution. solution. » — Le lendemain matin, de bonne heure, l'architecte partait pour Villebon. Mme Rambaud, le voyant arriver de si bonne heure, s'imagina qu'un accident était arrivé à Sylvain. Sur le coup, la lettre la remplit d'espoir, mais quand M. Guénec expliqua ce qu'il avait projeté avec sa femme, elle s'affola. « Non, dit-elle, je ne peux pas, je ne peux pas vous demander pareil service. Vous avez déjà tant fait pour Sylvain... »
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Avec beaucoup d'autorité et de douceur, l'architecte lui fit admettre qu'il n'était pas question de discuter l'opportunité d'un départ pour le Brésil et que, par conséquent, toute objection riait superflue. Plus tard, quand Sylvain serait guéri, on reparlerait des questions d'argent. Ainsi, malgré quelques protestations de Sylvain, le voyage fut décidé. Il se ferait par bateau. Sylvain, en effet, ne voulait pas entendre parler de l'avion; d'abord à cause du prix de la traversée, ensuite parce qu'à bord d'un avion il lui serait absolument impossible de ne pas rév évééler son « infirmité », comme il disait. Pour rien au monde il ne voulait être la proie des journalistes auxquels, depuis lès incidents de Villebon, il avait voué une haine terrible. « Mon vieux, blaguait Robert, une croisière au Brésil! Monsieur ne se refuse rien! Dommage que Pierrefitte ne m'ait pas rendu invisible, moi aussi! Quell chic voyage nous aurions fait ensemble! Tu vas Que me donner des regrets! » En attendant, il fallait songer aux préparatifs. Retenu dans ses bureaux et sur les chantiers pour régl régleer tout toutees sort sortees d' d'aaffai ffaire ress av avan antt cet cette long longue ue absence, M. Guénec ne pouvait guère s'en occuper. Ce fut Robert qui s'en chargea. Au sortir du collège, il se précipitait dans les agences de voyages, s'informant des prochains départs pour l'Amérique du Sud. Ce n'était pas aussi facile qu'il l'imaginait, peu 87
de navires faisant direc recteme ement la traversée France-Brésil. On finit par lui indiquer un bateau portugais, un paquebot de 25 000 tonnes qui, partant de Hambourg le 18 mai, ferait escale au Havre le 19, et de là filerait sur Rio après de brèves escales à Lisbonne et Dakar. Chaque soir, Sylvain et Robert se penchaient sur des cartes, suivaient l'itinéraire du navire, regardaient des vues du Brésil, des photos de Rio de Janeiro, trouvées dans des revues. « C'est vrai, répétait Robert, j'accepterais de bon cœur de devenir invisible pour aller avec toi là-bas. » Quant à Mme Rambaud et Jacqueline, elles ne sava savaie ient nt qu quee croi croire re.. A l'im l'imme mens nsee soul soulag agem emen entt de penser que Sylvain allait retrouver son état normal, se mêlait l'incertitude de ce long voyage au bout du monde. Mais tout était si bien arrangé. Et que risquait Sylvain avec M. Guénec? Hélas! Justement, tout était trop bien combiné. Le 14 mai, l'architecte, qui était parti visiter des chantiers à Saint-Ma -Mandé, rentra très fatigué, se plaignant d'avoir ressenti toute la journée de violentes douleurs au côté droit. « Bah! ce n'est sans doute rien, fit-il. Demain, après une bonne nuit, il n'y paraîtra plus. Mais le lendemain il ne put se lever. Les douleurs s'étaient accrues, accompagnées de fièvre. Un médecin diagnostiqua une crise aiguë
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d'appe d'ap pend ndic icit ite. e. Le soir soir même même,, l'ar l'arch chit itec ecte te étai étaitt transporté dans une clinique et opéré. La vive émotion dissipée — l'opération s'était passée sans incident —, on se demanda avec non moins d'inquiétude ce qu'il adviendrait de Sylvain. Même si M. Guénec se rétablissait rapidement, il ne pourrait supporter les fatigues d'une longue traversée avant un bon mois. D'autre part, les places étaient retenues sur le bateau, et de son côté le chimiste Rodrigues se tenait prêt pour l'arrivée du paquebot. On en envi visa sage geaa tout toutes es les les solu soluti tion onss po poss ssib ible les. s. Qu Quii pourrait remplacer M. Guénec? Sa femme? Il n'y fallait pas songer, elle ne supportait pas la mer; au cours de deux traversées pour aller en Angleterre, Angle terre, elle avait été malade à en mourir. Mme Rambaud? La pauvre femme aurait été d'un faible secours pour son fils et, n'ayant jamais fait de traversée, elle pouvait, comme Mme Guénec, être sujette au mal de mer. Alors, Robert déclara tout net : « Pourquoi pas moi? » Mme Guénec s'insurgea : « Tu n'y penses pas! D'ailleurs, ton père ne le permettrait pas, et Mme Rambaud n'aurait pas assez confiance. — Qui, alors? — Je ne sais pas, mais nous trouverons quelqu'un. —- Sylvain ne voudra voudra pas et il aura raison. raison. » 89
Le lendemain, la mère et le fils se trouvaient réunis à la clinique dans la chambre de l'opéré qui, déjà, allait beaucoup mieux. « Tout de même, s'écria Robert, je ne suis plus un gosse et je ne crains pas le mal de mer, moi! J'ai mon passeport de l'an dernier que j'avais demandé pour aller en Autriche, aux vacances de Noël. Je n'ai qu'à courir à l'ambassade du Brésil pour avoir mon visa... et puis, je connais un peu l'espagnol, c'est le cousin germain du portugais qu'on parle là-bas. » II parlait avec tant de véhémence que son père ne put s'empêcher de sourire. « Et puis, ajouta Robert, Sylvain était déjà mon meilleur copain; depuis son accident, il est devenu plus qu'un camarade. Je serais si heureux de l'aider jusqu'au bout! » II y eut un long silence. Robert, anxieux, regardait tour à tour son père et sa mère. Enfin l'architecte déclara en • se tournant vers sa femme : « Evidemment, je te comprends; comme toutes les mères, tu ne vois pas ton fils grandir, tu ne le crois pas encore capable de se conduire en homme... Eh bien, je lui fais confiance. Qu'il accompagne Sylvain à ma place. Je t'en demande pour lui la permission. » Bouleversé, Robert ne put retenir des larmes de joie. Il se pencha sur sur le lit et embrassa son père. père.
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« Merci, papa, je te promets de ramener Sylvain sain et sauf... et j'avais tant envie d'aller au Brésil! » Et le jour du départ arriva. Tout avait été soig soigne neus usem emen entt prév prévu. u. Sylv Sylvai ainn vo voya yage gera rait it av avec ec un masque que Jacqueline avait fini par dénicher dans un magasin et qui imitait d'assez près un visage naturel. Une paire de lunettes noires cacherait les tro trous de dess ye yeux ux.. Sou ouss auc ucun un pré prétex texte Syl Sylva vaiin ne quitterait ses gants, mais pourra rrait enlever son chapeau puisqu'il porterait aussi une perruque. Cet accou ccoutr trem emen entt dev evaait, it, au dép épaart, rt, lui lui pe perm rmeettre ttre de gagner sans encombre la cabine du bateau. On partit de Paris au début de l'après-midi dans la voiture de l'architecte que pilotait Mme Guénec. Jacqueline et Mme Rambaud étaient du voyage. Au Havre, on apprit que le Tras-Os-Montes, en retard sur son horaire, n'entrerait en rade que dans la soirée. Sylvain, que son déguisement gênait beaucoup, fut sati satisf sfaait de ce con ontr treetem temps. ps. Faut Fautee de pou ouvo voir ir se promener en ville, les voyageurs passèrent ensemble les dernières heures dans la voiture garée près du port, dans une petite rue. Mme Rambaud contenait mal son inquiétude. « Mon Dieu! soupirait-elle. Partir si loin!... » Elle ne cessait de regarder son fils. Elle s'était presque habituée à ne plus voir ses traits. Ce masque immobile, sans vie, lui faisait peur.
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Jacqueline, elle aussi, cachait mal son émotion. « Sylvain, murmura-t-elle, je te demande d'être prudent. Cette nuit, j'ai fait un rêve affreux. Il t'arrivait malheur, là-bas. Tu mourais de faim dans un trou. — Bah! dit Sylvain en s'efforçant de plaisanter, tu ne sais donc pas que l'homme invisible a tous les pouvoirs,.., même celui de voler des pommes aux étalages sans être vu! » II faisait nuit quand le navire entra dans le port. L'obscurité rassura Sylvain. « Et surtout, ne vous inquiétez pas! lança Robert en grimpant sur la passerelle. Dans deux mois je vous le ramène sain et sauf, bronzé par le soleil des tropiques... »
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* ** Après une escale de douze heures dans la magnifique rade de Lisbonne, le paquebot avait repris la mer. er. La tem tempé péra ratu ture re,, très rès fra fraîche îche jusqu usqu'a 'alo lors rs,, mon onta tait it gra gradu duel elle lem men ent. t. Les troi troiss premi remier erss jour jourss Sylv ylvain ain n' n'av avai aitt pa pass qu quit itté té sa cab abin ine, e, une cabi cabinne d'a 'ail ille leuurs con onfo fort rtab able le,, presq resque ue luxu luxueeuse use, à de deux ux couchettes seulement. Jusqu'à présent, tout s'était bien passé. Aucun incident au moment de l'embarquement; l'obscurité avait permis à Sylvain de passer inaperçu, même à la douane : au contrôle des passeports, les inspecteurs, pressés, ne s'étaient pas donné la peine de lever les yeux sur lui. Les premiers jours, donc," Sylvain s'était trouvé bien dans sa cabine où il passait de longues heures à bavarder avec Robert. C'était presque une croisière d'ag d' agré réme ment nt qu qu'i'ils ls en entr trep epre rena naie ient nt.. Mais Mais bien bientô tôtt ils ils commencèrent de s'ennuyer, Sylvain surtout qui ne prenait jamais l'air, ne voulant pas se montrer dans son déguisement de carnaval. Le regard inquiet de la femme de chambre et du serveur qui apportait ses repas lui suffisait. La chaleur aussi ..commençait à l'incommoder... et elle ne ferait que croître. « Pourquoi ne reviendrais-tu pas l'homme transparent? proposa Robert... Tu pourrais monter sur 93
le pont en toute tranquillité. Si tu savais comme il y fait bon! » Pourquoi pas, en effet? Un après-midi, complètement dévêtu, il se décida à quitter sa cabine devenue une étuve, en compagnie de Robert. De confortables chaises longues étaient à la disposition des voy oyag ageu eurs rs da dans ns les les cou ours rsiv ivees et sur sur le po pont nt.. Libéré de ses vêtements, de son masque et de ses gants, Sylvain respirait enfin. La vitesse du navire apportait un petit vent léger, délicieux à sentir glisser sur la peau. Ils s'installèrent côte à côte, sur deux chaises longues, pour discuter à voix basse sans être remarqués. « Avoue que tu n'as plus de raison de broyer du noir, dit Robert. Dans un mois tu seras redevenu comme tout le monde et nous ferons un voyage de retour merveilleux... Bah! pourquoi penser encore à ces questions d'argent qui te tracassent... puisque mon père peut t'aider... t'aider... — Justement, Robert, c'est c'est difficile à accepter. — Tiens, puisque nous parlons d'argent, la nuit dernière j'ai fait un drôle de rêve; de l'argent, nous en gagnions plein nos poches, grâce à toi, l'homme transparent. — Comment? — Impossible de me souvenir, mais c'était épatant. » Sylvain sourit, de son sourire invisible. Ils étaient 94
là depuis un moment quand une vieille dame s'avança dans leur direction, sans doute pour prendre la chaise longue apparemment vide qui se trouvait à côté de Robert. « Pardon, intervint Robert, ce siège est celui de quelqu'un... de quelqu'un qui va revenir. » La vieille dame s'indigna : « Comment! je suis sur le pont depuis une demi-heure, je n'ai vu personne près de vous! » Craignant un incident, Sylvain allait se lever sans bruit et s'esquiver quand Robert dit vivement à la passagère : « Après tout, prenez-la, mais je vous préviens, c'est une chaise étrange, elle ne cesse de se déplacer dès qu'on la touche... Vous n'avez pas remarqué? - Je n'ai rien remarqué; vous êtes un grossier personnage! » Furieuse, la vieille dame saisit la chaise par un montant, mais celle-ci résista, puis se mit à balancer à droite, à gauche, et à glisser sur le pont. La passagère sursauta, poussa un cri et s'enfuit en levant les bras. « Hein! fit Robert en éclatant de rire, tu ne trouves pas amusantes de petites scènes comme cellelà? Et j'ai l'impression que tu pourrais faire encore beaucoup mieux si si tu voulais! » La vie à bord, dans une longue traversée, devient vite monotone. Pour distraire ses passagers, le TrasOs-Montes organisait chaque soir, 95
dans le grand salon, des séances de cinéma, des con onfé fére renc ncees et des sau autterie eries. s. Mais Mais la po popu pula lati tioon cosm co smop opol olit itee du na navi vire re ne po pouv uvai aitt s'in s'inté tére ress sser er au auxx film filmss et co conf nfér éren ence ces, s, pres presqu quee touj toujou ours rs en lang langue ue espagnole ou portugaise. Un soir, en rentrant de voir un mauvais film, Robert déclara à Sylvain qui ne dormait pas encore, énervé par un coup de soleil pris sur le pont : « Mon vieux Sylvain, les passagers de ce bateau s'ennuient comme des rats morts, il faut faire quelque chose pour les distraire... et nous distraire en même temps. — Qu'as-tu trouvé? trouvé? - Quelque chose de formidable... Ecoute plutôt...» II s'assit au pied de la couchette de son camarade et expliqua ce qui lui était passé par la tête. Le lendemain, le jeune Guénec se mettait à la recherche du commissaire du bord, qu'il trouva dans une coursive. Aimable par profession, le commissaire souleva sa casquette galonnée. « Monsieur, fit Robert avec aplomb, vous avez dû remarquer que vos passagers ne s'amusent pas follement à vos soirées? » Le commissaire hocha la tête : « Que voulez-vous, senhor, un bateau n'est pas une station de jeux. — Je me fais fort de distraire vos hôtes : je 96
suis illusionniste. » L'ho L'homm mmee co cons nsid idér éraa av avec ec cu curi rios osit itéé ce jeun jeunee garçon inconnu et eut, malgré lui, une petite moue. « Je ne doute pas de vos talents, senhor, mais je vous avoue que les passagers de cette ligne sont plutôt blasés sur ce genre genre de spectacle. — Me permettez-vous tout de même une petite démonstration, là, devant vous? » L'assurance de Robert impressionna le commissaire qui acquiesça en souriant : « Je vous en prie, senhor. — Alors, ne bougez plus. Je fais un pas en arrière et j'enfonce les mains dans mes poches pour que vous ne soupçonniez aucun truquage. » Le commissaire attendit, les yeux ronds. Soudain, il porta vivement la main à sa casquette. Trop tard! Celle-ci venait de quitter sa tête et se promenait dans l'air, décrivant de savantes arabesques. « Ah! par exemple! » Après une longue promenade aérienne, la casquette s'était délicatement posée sur le pont. Ahuri, le bonhomme contemplait son couvre-chef, se demandant ce qu'il devait faire. « Attendez, fit Robert, ne vous donnez pas la peine de vous vous baisser, elle va revenir revenir toute seule! » Et la casquette, cabriolant de nouveau en l'air, 97
pirouettant, montant, descendant, faisant semblant de sauter par-dessus bord, revient finalement se poser sur la tête de de son propriétaire. « Et voilà! fait tranquillement Robert. Peu de chose, comme vous voyez! Ça fait tout de même de l'effet! Qu'en pensez-vous? » Complètement éb ébeerlué, l'homme lâche un juron et déclare en roulant terriblement les « r » : « Vous être vrrraiment trrrès forrrt ! Voudriez-vous présenter un numéro numéro à nos passagers? passagers? » C'est ainsi que le soir même, l'illusionniste prestidigitateur Robert Guénec faisait ses débuts dans le grand salon du Tras-Os-Montes. Dans la journée, le commissaire avait conté à qui voulait l'entendre l'extraordinaire aventure de sa casquette, et vanté avec une telle chaleur le prodigieux 98
talent du jeune Français que tous les passagers du paquebot se pressaient pressaient dans la salle. A neuf heures précises, le rideau de velours de la scène s'écartait devant un grand garçon mince, un peu gauche et intimidé, qui commençait par s'excuser de bien mal parler l'espagnol. l'espagnol. « Mesdames et messieurs, je vais cependant me permettre de vous présenter quelques tours très simp simple les. s..... qu quee je n' n'ex exéc écut uter erai ai d' d'ai aill lleu eurs rs pa pass moimoimême, car je ne possède aucun pouvoir magique... Je ferai appel à travers les quatre mille kilomètres qui me séparent de mon pays à mon ami l'esprit tran transp spar aren ent.t..... Espr Esprit it tran transp spar aren ent, t, es-t es-tuu là?. là?..... Espr Esprit it transparent, es-tu là?... » Quelques secondes d'attente, et une voix invisible répond soudain : « Ton ami l'esprit transparent est là!» Et Robert, de prendre la salle à témoin : « Vous avez entendu? L'esprit transparent est parmi nous... Mais il fait bien chaud dans cette salle pour travailler commodément. Voyons, esprit transparent, voudrais-tu m'enlever mon chapeau? » Comme par enchantement, le chapeau du prestidigitateur se soulève, traverse la scène, virevolte pour venir finalement s'accrocher à un clou au bout de la scène. Merci, esprit transparent. Voudrais-tu maintenant me débarrasser de mon veston, afin que 99
l'aimable société ne pense pas à quelque truquage des manches? » Sans que Robert fasse un seul geste, un seul mouvement, on voit son veston se soulever, descendre en arrière, rester un instant suspendu dans le vide comme à un invisible portemanteau, et finalement rejoindre le chapeau qui se soulève pour laisser la place au vêtement, avant de revenir se poser dessus. Un murmure d'étonnement parcourt la salle. Mais ce n'est pas fini. « Je vais demander encore à l'esprit transparent d'enlever aussi ma cravate, car vous n'ignorez pas, mesdames et messieurs, que nombre de prestidigitateurs utilisent leur cravate dans leurs tours. » Un nouveau murmure court de fauteuil en fauteuil. Pour le chapeau et le veston on pouvait penser à une invisible ficelle habilement manœuvrée de la coulisse, mais dénouer une cravate... Or voilà quee cell qu cellee-ci ci se de dess sser erre re,, se dé déno noue ue co corr rrec ecte teme ment nt,, quitte le col de la chemise, folâtre comme un serpentin de carnaval, avant de rejoindre chapeau et vesto eston. n. Les ap appl plaaud udis isse sem men ents ts cré crépit piten ent. t. Robe bert rt s'incline, souriant, en vrai professionnel. Encouragé, il annonce : « Puisque vous êtes assurés de la présence réelle de mon ami l'esprit transparent, je vais vous prouver que celui-ci est également devin. 100
Il est parfaitement capable de dévoiler l'âge de n'im n' impo port rtee qu quel elle le pe pers rson onne ne de la sall salle. e..... Mais Mais,, pa par r gala alante nterie, rie, il s'a 'abs bsti tieend ndra ra de dé déco couv uvri rirr celu celuii de dess aimables dames ici présentes ! Lequel, parmi ces messieurs, veut tenter l'expérience? » Doué d'une excellente mémoire, Robert a, dans l'ap l'aprè rèss-mi midi di,, av avec ec l'au l'auto tori risa sati tion on du co comm mmis issa sair ire, e, feuilleté le registre des passagers et retenu une vingtaine de noms et d'âges. Des mains se lèvent. Robert reconnaît quatre ou cinq de ses personnages. Il en désigne un. « Monsieur, mon ami, l'esprit transparent, va, à l'instant même, avec votre permission, dévoiler votre âge. » II se tourne vers le fond de la scène : « Espr Esprit it tran transp spar aren ent, t, vo voud udra rais is-t -tuu de dema mand nder er à cette petite table de venir jusqu'ici? » Un guéridon qui se trouvait au fond de la scène se soulève et, sans aucune intervention apparente, vient se placer devant les feux de la rampe. « Esprit transparent, quel est l'âge de cet honorable monsieur? » Un grand silence emplit la salle. Que va-t-il se passer? Tout à coup, se lèvent du guéridon deux cartons portant des chiffres. « Trente-sept... Est-ce bien exact? — Exact », répond le passager. On applaudit. Robert salue et, s'adressant encore 101
au passager : « Autorisez-vous aussi mon ami, l'esprit transparent, à continuer cette petite expérience en indiquant votre nom? » Après les chiffres, ce sont des lettres qui se lèvent et se rangent soigneusement, en éventail, audessus du guéridon : ALVARÈS. C'est bien le nom du passager. Le tour amuse tellement l'assistance que Robe bert rt le reco recom mmenc mencee deu euxx fois fois.. Puis uis vie vienn nnen entt d'autres expériences, plus ahurissantes les unes que les autres. La salle exulte. Par quels artifices ce jeune garçon arrive-t-il à les réaliser? Cependant, au fond du grand salon, où se tiennent debout des émigrants espagnols et portugais, une voix s'élève : « Truquage!... Bluff !... Nous voulons voir de près!... » Robert sourit : « Volontiers... Approchez, monsieur. » Les spectateurs regardent, l'air amusé, celui qui s'avance entre les rangs de fauteuils. C'est un grand garçon à l'air faraud. Il grimpe vivement sur la scène. « Merci d'être venu, monsieur... Mais avez-vous une excellente vue? — Très bonne. - Alors, examinez la scène, cherchez bien les ficelles... Il y a forcément des ficelles, vous pensez bien! » Le garçon, après une hésitation, traverse la scène, 102
écarquille les yeux, inspecte le plafond, s'avance même vers les coulisses d'où il ressort sans avoir rien découvert. « Comment? Vous n'avez rien vu? Ah! je comprends, il vous manque des lunettes! Tenez, voici les miennes, elles sont excellentes! » Et voilà les lunettes, dont Robert s'est affublé pour la circonstance, qui quittent son nez pour aller, toutes seules, se poser sur le nez du témoin. Un éclat de rire secoue la salle. L'homme rit aussi, mais d'un rire plutôt gêné. Otant les lunettes, il les jette sur le guéridon d'où, chose incroyable, elles reviennent se poser devant les yeux yeux de Robert. « Puisq uisque ue vo vous us préfé référe rezz vo vous us en pa passser, ser, fait fait nég égli lige gemm mmen entt le prest restid idig igit itat ateeur, ur, ou ouvr vreez l'œ l'œil.. il.... Tenez, voyez, ce fil qui traverse la scène, là, un peu plus haut... Vous Vous ne distinguez rien? » L'homme secoue la tête. « Alors, prenez cette chaise et montez dessus. » Le garçon hésite, pressentant quelque diablerie. Au moment où il pose le pied sur le siège, ce dernier se dérobe. Le malheureux roule sur le plancher. Une explosion de rires salue la chute. Vexé, le garçon se relève vivement et, rageusement, veut s'emparer de la chaise qui se met à reculer devant lui à mesure qu'il avance, semblant le narguer. Pendant quelques instants c'est une poursuite^ effrénée autour de la scène, jusqu'à ce que le siège, s'immobilisant soudain 103
à terre, l'homme, entraîné par son élan, passe pardessus. Dans la salle, c'est du délire. Après s'être frotté, épousseté, le malheureux garçon ne demande pas son reste; il dégringole dans la salle et disparaît. Cette pantomime est le clou de de la soirée. Le rideau à peine tiré, le commissaire se précipite vers ve rs Ro Robe bert rt,, le reme remerc rcie ie ch chal aleu eure reus usem emen entt et ve veut ut l'emmener dans sa cabine prendre des rafraîchissements. « Merci, senhor, ces sortes de séances sont très fatigantes pour moi... et l'esprit transparent. J'ai hâte de me reposer. — Alors je vous reverrai demain, n'est-ce pas ? Vous nous accorderez bien encore quelques séances?» Suivi de l'esprit transparent,, Robert gagne sa cabine. « Hein! Sylvain, quelle soirée!... Ah! tu la tiens, ta revanche! Nous nous souviendrons longtemps de cette traversée! »
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CHAPITRE VI
COMMENT ATTEINDRE SANTOS? app ppro roch chai aitt de Rio. io. Dan anss vingt-quatre heures, les passagers verraient se dresser vers le ciel le fameux Pain de Sucre qui domine la rade de sa masse prodigieuse. Sur le pont, Robert et son invisible compagnon devisaient à voix basse, très à l'écart. Ils devaient prendre beaucoup de précautions. Depuis leurs expériences ébouriffantes, Robert était très observé. Pour éviter tout nouvel incident de LE Tras-Os-Montes
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chaise longue, Sylvain s'allongeait tout simplement sur le pont tout contre celle de Robert. « Dans deux jours, nous serons à Santés, Sylvain. Dans deux jours, l'esprit transparent sera redevenu mon bon camarade Sylvain. Avoue que cette traversée n'aura pas été tellement pénible avec nos petites séances... Et sais-tu qu'elles qu'elles nous auront fourni l'argent de poche pour le retour? - Grâce à toi, Robert. - Grâce Grâce à l'espr l'esprit it transp transpare arent; nt; nou nouss avo avons ns manqué notre vocation. A nous deux, nous pouvions faire fortune. » Sylvain soupira : « Fortune, oui, peut-être, mais pour l'instant je ne pense qu'au moment où je pourrai revoir mon visage dans une glace. Nous ne sommes pas encore à Santos, Santos, Robert. » Ils demeur demeurère èrent nt silenc silencieu ieux. x. Ro Rober bert,t, promen promenant ant son regard à l'horizon, retint un cri : « La côte, Sylvain! » Le jeune Rambaud se leva et se pencha sur le bastingage. A l'horizon, s'étendait une longue bande bleue irrégulière. « La côte du Brésil, Sylvain, nous approchons. » Sylv Sylvai ainn ne répo répond ndit it pa pas, s, mais mais rega regard rdaa dé défi file ler r cette terre inconnue où il devait se libérer à tout jamais de son cauchemar. cauchemar. Il murmura : « J'ai peur, Robert. Je viens de penser tout à coup aux pressentiments de Jacqueline. Mon 106
cœur se serr cœur serree d' d'un unee pe peur ur pa pare reil ille le à cell cellee de dess oiseaux à l'approche d'un cataclysme. - Allon Allons, s, fit fit Rober Robert, t, tu n'es n'es tout tout de même même pas pas superstitieux? » Le lendemain, peu avant midi, l'étrave blanche du Tras-Os-Montes fendait les eaux de la plus belle rade du monde. L'un près de l'autre, Robert et Sylvain restaient à l'écart des passagers pressés de mettre pied à terre. Pour la première fois depuis Lisbonne, Sylvain avait repris son allure de mannequin. Avec son chapeau, ses gants, son cache-nez, il étouffait. Son masque surtout le gênait. Sous le soleil des tropiques, il transpirait à grosses gouttes. De loin, les passagers regardaient ce personnage ridicule qu'on n'avait jamais vu de toute la traversée. « Robert, murmura-t-il, je crains que nous n'ayons des difficultés à la douane ou au contrôle des passeports. Tout n'ira peut-être pas aussi bien qu'au Havre. — Toujours tes pressentiments! pressentiments! — Ecoute, Robert, il faut tout prévoir. Te souviens-tu de notre aventure du boulevard Saint-Michel, nous avions failli ne pas nous retr retrou ouve ver. r. Tu vois ois ce grat grattte-c e-ciel iel jau aunne, là-b là-baas, à gauche du débarcadère? Si nous nous perdions de vue dans cette grande grande ville, ville, donn donnons-n ons-nous ous rendez-vo rendez-vous us au pied de ce gratte-ciel. — Entendu... Mais quelle quelle idée, Sylvain, il ne 107
t'arrivera rien. » Le flot des passagers s'écoulait. Ils prirent leurs valises et franchirent la passerelle. Les bâtiments de la gare maritime étaient au bout du quai. Ils se trouvèrent dans une grande salle moderne où avaient lieu à la fois la douane et le contrôle. Le contrôle paraissait sérieux. Les passagers passagers passaient un à un, un tour tourni niqu quet et méta métall lliq ique ue ga gard rdéé pa parr de deux ux offi offici cier erss de police. Sylvain remarqua qu'ils examinaient avec soin les visages, faisant même enlever leur coiffure à ceux qui en portaient pour comparer avec la photo du passeport. « Impossible, murmura-t-il à Robert. Je vais faire scandale et nous ne sommes plus en France. » Il resta en arrière, puis glissa à son camarade : « Tant pis, avec cette chaleur je ne risque rien. Garde ma valise, je vais me déshabiller dans un de ces lavabos, là-bas; et je passerai le contrôle sans être vu... ou plutôt j'escaladerai la barrière au bout du quai; nous nous retrouverons dans la rue. — Et les vêtements? — C'est vrai, mes vêtements! Viens avec moi devant dev ant la porte porte du lavabo lavabo;; qua quand nd je sortir sortirai, ai, tu les glisseras dans une valise. » Ainsi décidé, ainsi réalisé. Une demi-heure plus tard (les formalités avaient été longues et minutieuses), les deux camarades se retrouvaient sur
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un large boulevard au pied de l'immense gratteciel jaune. « Tu avais raison, approuva Robert, tu aurais eu des ennuis. Ton pressentiment nous a servis. Maintenant un taxi pour Santos. » Pen enda dant nt les les long longss lois loisir irss de la trave ravers rsée ée,, ils ils avaient eu le temps de réfléchir à cette dernière partie du vo voya yage ge.. Pour Pour un unee rais raison on d' d'éc écon onom omie ie,, Sylv Sylvai ainn aurait préféré faire le trajet Rio-Santos par le train, Robert pensait préférable de prendre tout simplement un taxi. Evidemment trois cents kilomètres, c'est une distance, mais ils avaient gagné un peu d'argent avec leurs séances. Finalement, malgré la dépense, pour éviter un changement de train à Sao Paulo, ils avaient opté pour le taxi. Ils se postèrent au bord du boulevard ou régnait une intense circulation. De luxueuses voitu itures passaient, étincelantes, silencieuses. D'un seul coup ils étaient entrés, après le calme de leur longue traversée, dans le mouvement d'une grande capitale. « Jamais je n'aurais cru qu'il fasse aussi chaud! dit Robert. Pourtant, c'est maintenant l'hiver ici. Tu as bien fait de te mettre en costume d'Adam. » Ils guettaient les taxis et n'en voyaient pas. « Ça n'existe peut-être pas au Brésil? » dit Robert en riant. Mais au même moment, une belle voiture obliqua de leur côté et freina : « Taxi, senhor? » Ils 109
hésitè hési tère rent nt.. La vo voit itur uree leur leur pa para rais issa sait it vraim vraimen entt trop belle pour un taxi. Mais toutes les autos étaient luxueuses à Rio. « Je voudrais me rendre à Santos », déclara Robert. Le chauffeur fronça les sourcils. Il expliqua que lui-même effectuait un service urbain, maïs que les taxis ayant la licence pour la province se trouvaient à la gare centrale, où il pouvait le conduire. L'homme parlait vite; cependant Robert, qui avait mis à profit la traversée pour" se familiariser avec la langue, avait compris. « Alors, à la gare centrale! » Le chauffeur chargea les deux valises. Sylvain se glissa habilement dans la voiture derrière Robert, juste à temps pour ne pas se faire coincer un bras par la portière que l'homme refermait trop rapidement. Ils trav traver ersè sère rent nt de dess rues rues et de dess av aven enue uess grou grouil illa lant ntes es,, bordées de rares arbres, inconnus des deux jeunes Français. La place de la gare centrale était aussi animée que celle de l'Opéra, à Paris, vers cinq heures du soir. Après le silence de la traversée, ils en étaient comme ivres." Le chauffeur, dans cette foule vraiment extraordinaire, ne trouva pas une place pour garer sa voiture. Finalement il stoppa dans un angle de la place, face à la gare. Puis, descendant de son siège, expliqua à Robert qu'il ne pouvait le conduire jusqu'à 110
l'emplacement des taxis de province à cause des départs pour les fêtes de Sao Paulo. Rob obeert ne comprit pas très bien ce qu'il voulait dire, sinon qu'il leur faudrait faire à pied la traversée de la place pour aller jusqu'au stationnement. « Jamais je n'arriverai à traverser cette cohue sans éviter la bousculade », s'inquiéta Sylvain. Ils se trouvaient au pied d'un haut lampadaire. Robert, les valises à ses pieds, examinait le mouvement autour de la gare. « Ecoute, proposa-t-il, je vais aller me renseigner. Reste ici, ne t'éloigne pas de ce lampadaire; c'est notre point de repère. Cinq minutes et je suis de retour. » Il empoigna les deux valises qui ne pouvaient évidemment rester à la garde d'un fantôme. Sylvain le suivit des yeux un moment, mais très vite il se perdit dans la foule bariolée. Quelques instants plus tard, il était de retour. « Il y a de grandes fêtes demain à Sao Paulo, tout toutees les vo voit itur urees sont sont pris prisees d' d'aassau ssaut. t. Mais ais j'ai j'ai réussi à me faire indiquer un autre stationnement un peu plus loin. Attends-moi, Attends-moi, je retourne voir. voir. » Sylvain ouvrit la bouche pour lui demander de ne pas insister; il le laissa cependant cependant partir. Toujours traînant ses bagages, transpirant à
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gros grosse sess go gout utte tes, s, zigz zigzag agua uant nt même même,, co comm mmee en souvenir des mouvements du bateau, Robert se noya de nouveau dans la foule toujours aussi dense. Cinq minutes s'écoulèrent..., puis dix... « Pauvre Robert, se dit Sylvain, il est exténué. Dire que je ne peux même pas garder les bagages! » Dix minutes encore, puis dix autres... Une inquiétude traversa Sylvain. Si Robert s'était perdu? S'il n'arrivait plus à retrouver l'angle de la place? Non, Robert n'est pas né de la dernière pluie. Un Parisien se débrouille n'importe où. Il n'a peut-être pas trouvé le lieu de stationnement des voitures; il est empêtré dans ses bagages. Mais tout cela n'est que suppositions. Avec le temps qui fuit. L'inquiétude se précise, devient de l'angoisse. Une heure maintenant... Une heure et demie... A force de regarder dans la direction de la grande porte de la gare, Sylvain sent brûler ses yeux. Le soleil commence à décliner. Un grand pan d'ombre s'allonge sur le trottoir, lé froid le pénètre. Deux heures... Une terrible envie lui vient de traverser la place. Mais que ferait Robert, si, accourant sous le lampadaire, il ne sentait plus la main invisible se poser sur son épaule? Une demi-heure encore... La nuit tombe vite sous les les tro tropiq pique ues. s. Un malh alheu eurr est sûre sûreme ment nt arriv rrivéé à Robert. Un malaise?... un accident?... ou bien, dans
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cette grande ville cosmopolite, a-t-il été victime d'un aigrefin qui, voyant ce jeune étranger passablement désemparé avec ses deux lourdes valises, l'a entraîné on ne sait où?... Non, Robert n'est pas un naïf... Alors? Le malaise, malaise, l'accident?... Appuyé Appuyé contre le lampadaire qui vient de s'allumer et jette une lumière crue au néon, il se sent défaillir. Ses jambes tremblent, il a froid. Des larmes brouillent sa vue; à travers ce brouillard, il croit vingt fois reconnaître la silhouette de Robert. La place, tout à l'heure si remuante, s'apaise. Il n'y tient plus. Esquivant les passants par d'habiles crochets, il traverse le grand espace libre, pénètre dans le hall de la gare, erre d'un guichet à l'autre. Sur le bateau, il a appris quelques bribes de portugais, les mots les plus courants, indispensables pour se tirer d'affaire. Les panneaux indicateurs indicateurs ne lui apportent aucun renseignement. Alors, il repart en courant, manque de se faire écraser par une camionnette de glacier qui, naturellement, ne l'a pas vu. Il arrive, haletant, sous le lampadaire. Pas de Robert! Cependant, au pied du poteau, il aperçoit soudain un bout de papier. Un mess messag agee de son son cama camara rade de?. ?..... Sans Sans réfl réfléc échi hir, r, il se baisse pour le ramasser. Un vieux Noir qui passe s'arrête, étonné par ce papier qui se déplie tout seul en l'air. Sylvain tressaille et rejette vivement sa trouvaille, un simple prospectus, d'ailleurs. 113
Alors, il attend encore. Au bout d'un moment, une jeune femme au teint basané, qui sort de la gare, un mouchoir à la main, vient s'adosser au lampadaire, tout près de lui, et se met à pleurer; une pauvre femme qui vient sans doute d'accompagner au train un être cher. Comme Sylvain, elle est seule... non, moin oins seul seulee. En rent rentra rant nt che hezz elle, lle, elle elle tro trouv uveera quelqu'un pour apaiser son chagrin et, si elle n'a pas de famille, la vue de sa peine attirera tout de même la sympathie. La grande cité qui, du bateau, lui avait paru accu accuei eill llan ante te,, av avec ec ses ses larg larges es av aven enue ues, s, ses ses gran grands ds édifices aux couleurs claires, l'effraie. Au moment où la femme s'éloigne, il a envie de la rattraper, de crier son angoisse, d'implorer une aide. Mais au premier mot, il ne soulèverait que la stupeur et l'effroi. Seul! Il est seul! Il a faim, il a soif, il a froid. Il ne peut rester là toute la nuit. Robert ne viendra plus. Alors il s'éloigne, s'engage dans une rue marchande. Ville tropicale, Rio de Janeiro garde fort tard dans la nuit nu it son son an anim imat atio ion, n, son son acti activi vité té,, malg malgré ré la de dens nsee obsc bscurit uritéé. La marc arche fou fouette ette son san angg en endo dorm rmi. i. L'allure nonchalante des passants lui évite les heurts redoutés... Mais où va-t-il? « Sylvain, se dit-il, ne t'inquiète pas. Robert n'est pas perdu, ce serait serait trop affreux. » Et soudain, il pense au port, au grand gratte-ciel jaune près des quais. quais. Comment n'y a-t-il pas pas songé?... 114
C'est là-bas que Robert l'attend... *
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Troi Troiss jour jourss on ontt pa pass ssé. é..... Troi Troiss jour jourss lumi lumine neux ux,, pétris de soleil, trois jours d'angoisse pour Sylvain. Ni sous le lampadaire de la gare, ni auprès du gratteciel jaune, Robert n'a reparu. Plusieurs fois par jour, Sylvain a fait la navette entre ces deux points de ralliement. Chaque fois la même déception l'a désespéré. Ceux qui s'imaginent l'homme invisible doué de la tou oute te-p -pui uiss ssaanc ncee se trom trompe pennt. S'il 'il pe peut ut fuir fuir,, se cacher, commettre mille actes pour lesquels il ne sera pas soupçonné, en revanche il n'a pas le droit de révéler sa présence qui déch échaînerait aussitôt la frayeur. Et rien n'est plus terrible que la frayeur des hommes. La moindre négligence peut être fatale à l'être invisible. Tout cela, Sylvain le sait. Depuis trois jours, il se bat avec toutes sortes de problèmes. Le premier a été celui de la nourriture. Aussi étrange que cela paraisse, il lui est moins facile qu'à un vagabond de chaparder quelque nourriture à un étalage. Si pauvre soit-il, le vagabond possè ssède tout de même des poches. Il peut étendre étendre
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le bras pour voler un sandwich et le faire disp dispar araî aîtr tree au auss ssit itôt ôt.. Son Son larc larcin in acco accomp mpli li,, il pe peut ut,, quelques pas plus loin, dévorer ce même sandwich tran tranqu quil ille leme ment nt sans sans être être soup soupço çonn nné. é..... Mais Mais qu quel elle le serait la réaction du passant voyant un petit pain se baladant tout seul dans dans la rue? La première nuit, Sylvain l'a passée le ventre creux. Le lendemain, il a pu pénétrer dans une boutique et se fourrer dans un recoin où il a trouvé des biscuits. Pour dormir, la deuxième nuit, il s'est laissé enfermer dans une épicerie ; sitôt le magasin désert, il a fouillé sur les rayons. Du pain d'épice (un pain d'épice étrange, beaucoup plus parfumé et relevé que celui qu'on mange en France), du fromage et surtout des pamplemousses, l'ont nourri et rafraîchi. Rassasié, il s'est endormi d'un sommeil de plomb et le matin, matin, à l'ouvertur l'ouverturee du magasin, magasin, tandis tandis qu'un homme sortait des paniers de fruits sur le trottoir, il s'est éclipsé. Raga Ragail illa lard rdi, i, rede redeve venu nu pres presqu quee op opti timi mist ste, e, il est est alors vite retourné à la gare, puis sur les quais du port. Hélas! Robert demeure introuvable. Il lui est sûre sûreme ment nt arri arrivé vé un acci accide dent nt,, un de ces ces acci accide dent ntss stupides comme on en voit des dizaines chaque jour dans une grande cité. Pour n'importe qui, même pour un étranger parlant mal la langue, se renseigner serait facile; pour Sylvain, tout est difficile. Trois jours jours déjà que que Robert Robert a disparu. Las Las 116
d'errer dans la ville, il s'est accoté à un arbre (chaque fois qu'il s'arrête, c'est contre un poteau, une borne, un arbre, pour éviter les heurts des passants). Il réfléchit. Attendre plus longtemps est inutile. Il doit maintenant, par tous les moyens, savoir ce qu'est devenu son camarade ou se débrouiller pour arriver seul jusqu'à Santos. Il se décide d'abord à rechercher Robert. Une idée lui vient : le téléphone. Les cabines publiques ne manquent pas. Mais comment se procurer l'argent? A tout hasard il descend vers le port, pénètre dans le hall de la gare maritime, rôde autour des cabines. A force de chercher, il découvre à terre trois pièces de un cruzeiro tombées d'une poche.' Discrètement, chaque fois que personne ne regarde de ce côté, il les pousse du pied vers la cabine où, s'étant encore assuré qu'il ne sera pas vu, il s'introduit rapidement. Une main sur la poignée de la porte, au cas où quel qu elqu qu'u 'unn ch cher erch cher erai aitt à en entr trer er,, l'au l'autr tree feui feuille lleta tant nt l'annuaire, il cherche les hôpitaux de la ville. Il y en a sept ou huit, sans compter les nombreuses cliniques. Pour Pour co comm mmen ence cerr il ch choi oisi sitt l'ét l'étab abli liss ssem emen entt qu quii lui lui paraît le plus important, à cause de ses trois lignes d'ap d' appe pel. l. Le cœ cœur ur ba batt ttan ant, t, il intr introd odui uitt sa prem premiè ière re pièce. Un déclic, un grésillement. Une femme répond; elle parle horriblement vite et il ne comprend rien. Il ré117
pète plusieurs fois : Robert Guénec... Puis, ne trouvant pas ses mots, s'explique en français. Nouveau déclic; il croit qu'on vient de le brancher bran cher sur un autre service où un interprète va lui répondre. Vaine attente : la téléphoniste a raccroché. Alors il jette vivement un coup d'œil à l'extérieur : personne. Hâtivement, il forme un autre numéro. La nouvelle téléphoniste, plus aimable que l'autre, parle aussi vite. Il demande Robert Guénec, croit qu'on l'invite à attendre. Un espoir fou lui fait battre le cœur. Hélas! pas de Robert Guénec dans cet hôpital. Il ne lui reste plus qu'une pièce. Il vient de l'introduire dans l'appareil quand la porte, dont il avait imprud udeemment lâché la poignée, s'ouvre brusquement.
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Bousculant l'homme qui cherche à entrer et ne comprend pas ce qui lui arrive, il s'enfuit. C'en est fini de l'espoir de retrouver Robert par le téléphone. Il envisage alors de partir pour Santos; mais mais il faud faudra rait it d' d'ab abor ordd télé téléph phone onerr au prof profes esse seur ur Rodrigues. Celui-ci -ci pourrait peut-être venir le chercher jusqu'à Rio. Fallait-il être stupide pour n'y avoir pas pensé! Malgré l'incident de la cabine, il se remet en quête d'une pièce. Cette fois il a beau chercher partout, rien. A tout hasard il pénètre dans une cabine, feuillette l'annuaire. Les Rodrigues sont nombreux à Santos, mais aucun chimiste ou professeur. L'un d'eux est médecin mais ne se prénomme pas Antonio. Sylvain conclut que le savant n'a pas le téléphone. Inutile de chercher plus longtemps une pièce. Alors il sort du hall et réfléchit encore, appuyé contre un mur. Partir pour Santos par ses propres moyens lui paraît impossible. Comment monter dans un train, dans un car, en évitant tout contact? A force de se creuser la tête, il en arrive à cette dernière possibilité : écrire à Rodrigues, expliquer sa situation, lui demand ndeer de venir, comme il l'aurait dit au téléphone, lui fixer un rendez-vous près du gratteciel, par exemple, et le prier en même temps d'avertir la police pour retrouver Robert. C'est bien, en effet, sa seule chance. Mais comment écrire une lettre et la poster sans être vu ? 119
Cette idée en tête, il remonte vers la ville, erre dans les rues. Soudain, comme il vient de s'engager dans une petite rue peu fréquentée, il avise une boîte aux lettres fixée contre un mur, à quelques pas seulement d'une librairie. C'est une boutique modeste, offrant au regard des livres d'art, des gravures, des articles de piété, un petit magasin comme il en existe tant dans toutes les petites villes de France. Alors il se met à surveiller les allées et vernies des clients, assez rares d'ailleurs. La boutique paraît étroite, tout en profondeur. Elle est tenue par une femme. Il patiente longtemps avant d'entrer et attend l'heure de la fermeture. Dès qu'il aperçoit la boutiquière en train de rentrer les revues exposées exposées audeh ehor orss, il se glis glisse se à l'in l'inté téri rieu eur. r. La bo bouutiqu tiquee est encore plus étroite qu'il ne l'a cru. Un long étalage central réduit singulièrement l'espace libre à deux petites allées où il n'est pas possible possible de se croiser sans se toucher. Tandis que la libraire termine ses rangements, il se glisse jusqu'au fond où s'ouvre une arrière boutique obscure, encombrée de piles de livres et de caisses. Il avance jusqu'au fond où il se trouve à l'aise, sans grand risque d'être inquiété. Sa boutique fermée, la marchande reste un long moment en bas, puis il l'entend monter un escalier. Par précaution, il attend encore; enfin,
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certain que le magasin restera désormais plongé dans le sommeil des livres jusqu'au lendemain matin, il quitte sa cachette. A tâtons, il cherche les rayons. Dans la journée il a, du dehors, repéré celui des articles de papeterie. Il sait aussi où se trouvent les timbres. Pour écrire, il s'approche de l'entrée de la boutique. La porte joint mal, un peu de lumière venue du dehors filtre dessous. Etendu sur le plancher, il pose sa feuille à plat, tout contre la porte. Il écrit, cachette l'enveloppe, colle un timbre; la lettre est prête. Il la cache soigneusement sous une pile de livres, tout près de l'entrée. Demain matin, il n'aura qu'à la saisir et courir la jeter dans la boîte toute proche. Ainsi qu'il l'a lu dans l'après-midi, la première levée a lieu à neuf heures. Le chimiste Rodrigues pourra donc avoir cette lettre le soir même. Avec un peu de chance, dans quarante-huit heures, le cauchemar sera terminé. Vraiment, c'était la seule solution. Fatigué par son épuisante journée d'inquiétude et de pérégrinations, il revient dans l'arrière-boutique et s'allonge sous une étagère encombrée de livres. Alors ses pensées vont vers Robert. Où est-il? Que fait-il? Dès sa lettre postée, le matin, il ira encore faire la navette entre la gare et le port. Enfin, malgré l'inconfort de l'endroit, il finit par s'endormir...
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CHAPITRE VII
UNE CURIEUSE BOUTIQUE depuis un bon moment quand des bruits étranges le tirent de son sommeil. Des rats, sans doute! Tous les rats du monde, même les rats brésiliens, doivent aimer la poussière et les vieux livres. Il se dresse sur un coude. Non, ce ne sont pas des rats. Le bruit vient de la porte d'entrée. On dirait que quelqu'un cherche à introduire une clef dans la serr serrur uree. De Dess camb cambri riol oleeurs? urs? Qui sait sait,, cett cettee pe peti tite te boutique renferme peut-être peut-être des éditions rares? TL DORT
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Un grinc rincem emeent, nt, la po port rtee s'o s'ouv uvre re,, laiss aissaant un instant pénétrer la lumière du dehors, puis se referme. Sylvain perçoit un nouveau bruit de serrure, puis de verrous. Des pas glissent sur le carrelage. Le cœur battant, Sylvain ne sait que penser. Des cambrioleurs ne seraient pas entrés avec cette aisance et ils marcheraient avec plus de précaution. Il aperçoit les intrus, deux hommes qui s'arrêtent à l'entrée de l'arrière-boutique en discutant à mi-voix. L'un d'eux tourne un commutateur. Les deux hommes apparaissent nettement à Sylvain. Ils n'ont rien de camb cambri riol oleu eurs rs dé dépe pena nail illé lés, s, bien bien au co cont ntra rair ire. e. Très Très correctement vêtus, ils semblent revenir d'une soirée ou d'un spectacle. « Je me suis trompé, pense-t-il, ce sont les habitants de cette maison qui rentrent tout simplement chez eux. » Mais au lieu de monter se coucher, les deux inconnus continuent de parler. A plusieurs reprises, Sylvain distingue un nom : senhora Carlota... Peutêtre celui d'une actrice dont ils viennent d'apprécier le jeu au théâtre? Pourtant leur attitude est étrange. Pourquoi cet air de méfiance et de mystère? Pourquoi ces brusques regards vers la porte, comme s'ils n'étaient pas tranquilles? « Ah! pense encore Sylvain, si je connaissais leur langue! » .
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Tout à coup ils tournent la tête vers l'autre bout de l'arrière-boutique. Une femme vient d'apparaître au bas de l'escalier : la boutiquière! L'un des deux hommes, celui qui porte une petite moustache noire et des « pattes de lapin », lui fait signe d'approcher. Elle sourit en voyant l'autre homme désigner, du doigt, la poche de son veston. Alors l'inconnu fouille cette poche qui s'ouvre d'ailleurs à l'intérieur et en sort avec précaution un tout petit paquet enveloppé d'un simple journal. La femme prend le paquet, l'ouvre. Sylvain voit tout à coup scintiller sous la lampe les brillants d'une bague et d'une broche. Puis elle soupèse les deux joyaux et fait entendre un petit sifflement d'admiration. Sylvain a compris. Ces deux hommes ne sont pas venus cambrioler cette modeste boutique qui est au contraire leur repaire. Ils rentrent d'une fructueuse affaire. Il ne s'y connaît pas en matière de bijoux, cependant à en juger par la taille des brillants, par la mine des trois personnages, ces joyaux doivent avoir une grosse valeur. Quel hasard l'a conduit dans cette maison? Il en frémit. Sous son étagère il se trouve à trois pas des mala maland ndri rins ns.. Un éter éternu nuem emen ent, t, un faux faux mouve mouveme ment nt peuvent le trahir. Ces Ces hommes sont
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certainement armés; à la moindre alerte ils bondiraient. Il souhaite ardemment que le trio disparaisse au plus tôt pour soupirer d'aise. Mais les deux hommes ne paraissent pas pressés. Le plus petit, qu'il entend appeler Manoel, se baisse et, dans le mur opposé à celui contre lequel Sylvain est allongé, ouvre un placard. Il en sort un appareil bizarre qui ressemble à un microscope ou à un sextant de marine. Il dépose l'appareil sur une petite tabl tablee tand tandis is qu quee la femm femmee ab abai aiss ssee l'a l'aba batt-jo jouur. Il examine alors attentivement les bijoux, les tourne et retourne longuement devant l'oculaire sous le regard silencieux des deux autres. Puis, négligemment, il jette : « Un million! » Sylvain a bien entendu le mot qui se dit en brésilien comme en français. Un million de cruzeiros, sans doute, c'est-à-dire une somme énorme. Les bijoux repassent de nouveau de main en main. Enfin le plus petit des deux hommes les reprend et les remet dans le morceau de journal. Que vont-ils en faire? C'est alors que tout se précipite. Sylvain voit tout à coup les yeux de l'homme fixés dans sa direction comme si, brusquement, il avait cessé essé d'ê 'êtr tree invi invisi sibble. le. Le mala aland ndri rinn fai fait un pa pas, s, exactement comme s'il voulait l'atteindre. Sylvain n'a que le temps de s'écarter pour libérer l'endroit fixé par l'homme 125
où se trouve peut-être une autre cachette. Mais dans son mouvement précipité, té, Sylvain heurte l'étagère au-dessus de sa tête. Deux livres tombent. L'homme se redresse vivement et reste immobile. La resp respir irat atio ionn susp suspen endu due, e, Sylv Sylvai ainn atte attend nd.. Ap Aprè rèss quelques secondes d'inquiétude, les deux hommes se regardent et échangent un sourire de soulagement. Mais Sylvain n'a pas suffisamment dégagé la cachette supposée, il veut s'écarter encore. Mal lui en prend. Son talon fait basculer une dalle mal scellée du carr carrel elaage ge.. Les troi troiss co comp mpli lice cess surs sursaaute utent, nt, la femme étouffe un cri. Ne sachant exactement d'où le bruit est venu, les deux hommes portent la main à leur poche et braquent leur revolver, à tout hasard, l'un vers l'entrée du magasin, l'autre vers le fond de l'arrière-boutique. Paralysé car un des canons, sans que l'homme ait cru si bien viser, est pointé vers lui — Sylvain n'ose plus respirer. L'attente lui paraît durer des heures. Au moindre bruit nouveau les balles peuvent partir. Il faut fuir, fuir vite... Mais la porte d'entrée est solidement verrouillée et le magasin, trop étroit, n'offre aucune cachette. Reste l'escalier par où la femme est descendue. Profi rofita tant nt de dess qu queelqu lques seco second ndes es de désa ésarroi rroi pendant lequel les deux deux hommes restent dans dans
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l'expectative, il se glisse silencieusement entre eux et atteint l'escalier... C'est un escalier en bois. Une marche grince, les revolvers se tournent immédiatement de ce côté. Ne dist distin ingu guan antt rien rien,, les les de deux ux ho homm mmes es rest resten entt en enco core re dans l'attente. S'efforçant de ne plus faire criçr le bois, Sylvain monte lentement. Les hommes se sont avancés, l'arme au poing, jusqu'au bas des marches. Parvenu au sommet de l'escalier, Sylvain découvre l'entrée d'une pièce qui doit se situer juste au-dessus de la boutique et, par conséquent, donne sur la rue. Jouant le tout pour le tout il bondit, se heurte à une table qui se renverse à grand bruit. Au moment où il tâtonne pour trouver la poignée de la fenêtre, une cavalcade effrénée emplit l'escalier. Il a tout de même eu le temps d'ouvrir, de soulever le store de bois et de sauter sur le trottoir. Le choc a été rude, mais il ne s'est pas blessé. En se relevant, il aperçoit trois visages penchés sur la rue et qui observent prudemment les alentours. Retrouvant ses forces Sylvain s'enfuit, mais cent mètres plus loin il s'arrête. Son émotion passée, il pense soudain à cet extraordinaire hasard qui l'a jeté dans un repaire de malfaiteurs. Il ne faut pas les laisser filer. Au moins, que sa transparence serve à quelque chose! Il rebrousse chemin, revient près de la boutique.
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Au premier, la fenêtre s'est refermée. Aucun bruit ne transpire à l'extérieur. Il imagine les malandrins toujours en alerte, revolver au poing. Il fait les cent pas devant le petit magasin d'allure si paisible. L'air est frais; les nuits tropicales deviennent relativement froides vers le matin. Il lève les yeux vers la fenêtre dont le store n'a pas .été rabattu. On dirait que quelqu'un observe la rue derrière les rideaux. Enfin la porte du magasin s'entrebâille prudemment. Une tête apparaît. Après une longue hésitation une ombre sort sur le trottoir, se retourne pour examiner la maison maison puis rentre. Un quart quart d'heure passe. Sylvain se demande ce qu'il doit doit faire, quand la porte s'ouvre de nouveau avec précaution. Les deux hommes sortent, jetant vers les deux bouts de la rue des regards inquiets. D'un air apparemment dési dé sinv nvol olte te ils ils s'él s'éloi oign gnen ent, t, se reto retour urna nant nt cepe cepend ndan antt plusieurs fois vers la librairie. Arrivés au carrefour, ils obliquent brusquement à droite et allongent le pas. Sylvain court pour les rattraper et les suit à courte distance. Les deux compères marchent vite. Sylvain les les Vo Voit it accu accuse serr une légè légère re hésit ésitaatio tion lors lorsqu qu'i'ils ls croisent un agent de police qui, casque blanc déjà sur la tête, bien que le soleil ne soit pas encore levé, part prendre son service en en ville. Enfin fin les les deu euxx homme ommess s'a s'arrêt rrêten entt dev evan antt un garage, secouent le gardien noir qui sommeille 128
sur une chaise. Sans hésiter, Sylvain entre aussi; il ne risque pas grand-chose. Alors les malandrins se mettent en devoir de sort sortir ir un unee gros grosse se vo voit itur uree amér améric icai aine ne.. Au Auss ssit itôt ôt le moteur en marche, Sylvain saute sur le pare-chocs arrière... un peu trop vivement, car s'il est invisible, ses cinquante-huit kilos sont bien réels. La secousse ne passe pas inaperçue; les deux hommes se retournent mais pensent sans doute que le gardien, d'une pression de la main, vient d'essayer les amortisseurs. La voiture démarre rapidement. Sylvain se cram rampo ponn nnee comme omme il pe peut ut.. En pass assan antt de devvan antt la librairie la voiture ralentit légèrement, le temps d'un signe discret à la femme pour dire que tout va bien puis, à vive allure, elle elle traverse la
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ville encore déserte. Fouetté par le vent, Sylvain claque des dents. Où donc vont les cambrioleurs ? La voiture rejoint le bord de la mer et suit un magnifique boulevard, véritable autostrade. La route épo pous usee parfa arfait item emen entt la baie aie de Rio en enccore ore tout toutee pleine de nuit, mais que jalonnent les innombrables lumières riveraines. L'auto roule toujours, sans ralentir. Transi, Sylvain commence à s'inquiéter. Enfin apparaissent les premières villas d'une ville. Dans le petit jour naissant il lit un panneau : OLARIA. avec Robert il a vu ce nom de ville, au bout de la baie. Des places, des carrefours, une grande rue bordée d'arbres étranges qui sont peut-être des mimosas, une autre avenue, et la voiture stoppe dans une rue secondaire. Les deux hommes descendent, examinent les lieux comme s'ils ne les connaissaient pas puis, brusquement, pénètrent dans un immeuble. Sylvain les suit. Les deux compères poussent la porte d'un ascenseur. Pourvu qu'ils ne montent pas trop haut! L'esprit transparent s'élance dans l'escalier. Deuxième, troisième, quatrième étage. La grille de l'ascenseur s'ouvre. Essoufflé, Sylvain arrive sur le palier en même temps qu'eux. qu'eux. Cette fois, plus d'hésitations. Trois petits coups rapides à une porte, puis trois autres. « Que faire? se dit Sylvain. Entrer? Ce n'est guère prudent, qui peut sauter sans trop de mal 130
d'un premier, mais d'un quatrième?... Et qu'apprendrai-je? je connais trop mal la langue du pays! » Les hommes disparaissent derrière la porte. Il attend un moment, l'oreille tendue. A l'intérieur, on parle à mots couverts. Tant pis, l'essentiel est de se rappeler l'adresse, car, évidemment, c'est le produit de leur vol que les deux malandrins sont venus cacher là. Il redescend dans la rue. Il fait maintenant grand jour. Si la nuit tombe vite sous les tropiques, le jour surgit avec la même rapidité. Pourtant la ville est encore endormie. Tout le temp tempss qu qu'a 'a du duré ré cett cettee extra xtraor ordi dinnaire aire aventure Sylvain n'a pensé à rien, tenu en haleine par les événements. La réalité lui apparaît brutalement. Il s'est éloigné dé Santos, de Rio, de Robert, et surtout de sa lettre restée sous la pile de livres près de la porte de la librairie. Dès lors, une seule pensée le hante : repartir au plus vite pour Rio, rentrer en possession de sa lettre pour la poster. Le temps si clair avant le lever du jour se co couuvre vre main mainte tena nant nt de lour lourds ds nu nuag ages es ve venu nuss du large. Il descend vers la basse ville, marchant d'un bon pas pour se réchauffer, mais il s'arrête plusieurs fois, le souffle court. Tant d'émotions, de fatigue ont anéanti ses forces. Il n'a rien mangé depuis longtemps et si peu dormi. Près du port, il découvre une grande 131
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place où stat statio ionn nnen entt de dess au auto toca cars rs.. L'un L'un d' d'eu euxx porte une pancarte : « Rio ». Il est déjà plein et prêt et prêt à partir. Sylvain s'accroche à l'échelle arrière qui sert à hisser les hisser les bagages bagages sur l'impériale. Ainsi, en sens inverse, il refait le chemin de la nuit... mais beaucoup moins vite. Sans son inquiétude il pourrait"^ il pourrait"^ à loisir admirer loisir admirer la fastueuse baie de Rio dominée, tout là-bas, par le Pain de Sucre géant. D'ailleurs la baie, ce matin, n'est pas lumineuse. Les nuages courent bas; poussés par le vent, ils vont s'entasser sur le flanc de la sierra Dos Orgâos dont les sommets ont disparu. Il souffre du froid. L'autobus qui l'emporte s'arrête souvent pour prendre des groupes d'ouvriers. Le temps fraîchit de plus en plus. De larges gouttes perdues s'écrasent sur sa peau hérissée en chair de poule. Enfin, voici les faubourgs de Rio. Sylvain essaie de se reconnaître pour descendre le plus près possible de la librairie. Soudain, comme il se se penche penche pour lire un nom de rue, le car prend un brusque virage du côté opposé. Il se cramponne de toutes ses forces à l'échelle; ses doigts gourds le trahissent. II lâche prise et roule sur la chaussée. Heureusement, l'allure du car était très réduite. Aprè près qu quel elqque uess ton tonne neau aux, x, Sylva ylvain in s'im s'imm mob obiilise lise contre un trottoir. Il est tombé en souplesse et n'a pas perdu conscience conscience du danger.
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II se relève et, titubant, grimpe sur le trottoir juste au moment où passe en trombe une grosse voiture de laitier. Sur le coup, en roulant à terre, il n'a rien ressenti, mais ais une soud soudaaine ine dou oule leur ur para aralyse lyse sa ch cheevill villee droite. Il a dû se fouler le pied. Le ciel, tout à l'heure seulement menaçant, se déchire. Des gouttes énormes marquent l'asphalte de taches sombres. Une pluie torrentielle s'abat sur la ville. C'est la débandade; les rues se vident comme par enchantement. Ruisselant, trempé jusqu'aux os, Sylvain essaie de gagner un abri. Mais ses forces l'abandonnent. Il s'agrippe à un poteau et, aveuglé, se laisse fouetter par l'orage. Une silhouette qui passe, enveloppée d'un imperméable, s'arrête, regarde dans sa direction, étend la main comme pour le toucher. Sylvain s'écarte. La pluie l'aurait-elle rendu visible?... Ah! non, il comprend; les gouttes, rebondissant sur son dos et sa tête, doivent se voir. Et la pluie tombe toujours. * * *
Pour l'étranger simplement de passage à Rio, la capitale du Brésil est une belle ville moderne où la vie doit être facile. Ce n'est pas tout à fait exact. Rio, qui voit oit po pouusser sser sou sous son son ciel iel trop tropic icaal de be beau auxx arbres, de si belles fleurs, où les hommes ont élevé de 134
si beaux édifices, n'abrite pas que des heureux. Les pauvres gens sont nombreux. Le luxe insolent côtoie la misère la plus triste. Au septième étage d'un grand immeuble de l'avenue de Pétropolis vivait un riche banquier carioque (c'est le nom des habitants de Rio). Ce banquier, le senhor Ferreira, avait à son service un très vieux Noir et une jeune fille, presque une enfant enc ncor oree, pu puis isqu qu''elle elle n'a 'avvait ait qu quee quin uinze an ans. s. Elle lle s'appelait Maria Luisa. Maria Luisa avait passé toute son enfance sur le plateau brésilien, là-bas derrière la sierra da Mantiqueira, où s'étendent, à perte de vue, les champs de caféiers. Son père, d'origine espagnole, était venu se fixer au Brésil après la triste et sombre guerre d'Espagne et un séjour de deux ans en France. Comme beaucoup de ses compatriotes, il avait cru pouvoir faire fortune dans ce pays qu'on disait si riche... et comme tant d'autres il avait végété, simple ouvrier agricole, dans une plantation de caféiers. Puis un jour, pris par la sournoise « fièvre du plateau », comme on l'appelle, il était mort sur cette terre brûlante, laissant une veuve et quatre enfants. C'est ainsi que Maria Luisa, dès qu'elle avait eu l'âge de travailler, était venue à Rio où les salaires étaient moins misérables que sur le plateau. L'été dernier, en décembre, elle était entrée au service du senhor Ferreira. Elle faisait la 135
vaisselle, la lessive, le ménage, aidée par le vieux domestique noir qui, à cause de son ancienneté dans la maison, s'octroyait le droit de la commander. Puis sa patronne, la trouvant vive et intelligente, avait entrepris de la dresser pour le service. Ce soir-là, précisément, il y avait réception. « Luisa, commanda le banquier, descends à la cave. cave. Je t'ai t'ai fait une une liste liste des bouteil bouteilles les à remonter; remonter; ne te trompe pas. - Bien, senhor! — Et tu regarderas en même temps si l'ouvrier que j'avais commandé est venu réparer la serrure. — Bien, senhor! » Chargée de deux paniers à bouteilles, elle sortit. En descendant, dans l'ascenseur, elle pensa : « Je voudrais que la pluie redouble; les invités ne viendraient peut-être pas, je pourrais me coucher plus tôt. » L'as L'asce cens nseu eurr de ce gran grandd imme immeub uble le de desc scen enda dait it jusqu'au niveau des caves qui, par ailleurs, communiquaient avec le couloir ouvrant sur la rue par un long corridor. La cave du banquier était la cinquième à gauche. En arrivant devant la porte, Maria Luisa pensa à vérifier si la serrure avait été répa réparé rée. e. L'ou L'ouvr vrie ierr n' n'ét étai aitt pa pass ve venu nu.. La po port rtee étai étaitt simplement poussée. Elle donna la lumière et s'avança vers les casiers de bouteilles. « Voyons, trois bouteilles de « Unico-Gatâo », deux de « Précioso », une de whisky, trois de 136
Champagne... Ah! oui, le Champagne. Papa en avait bu en France, il disait que c'était si bon... » Elle s'approcha de la lampe pour jeter un coup d'œil sur sa liste. Il lui sembla entendre tout à coup un gémissement. Elle sursauta, recula vers la porte et tend tendit it l'or l'orei eill lle. e. C' C'ét étai aien entt bien bien de dess gé gémi miss ssem emen ents ts,, comme ceux d'un malade endormi. Elle écouta encore, le bruit cessa. Se ressaisissant, elle jeta un coup d'œil autour de la cave : rien d'anormal. Elle avait dû se tromper, le bruit venait de la rue. Elle se hâta de chercher les deux dernières bouteilles et se retira sur la pointe des pieds; mais juste au moment où elle tirait la porte, un nouveau gémissement, plus distinct, la fit encore tressaillir.
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La lumière était éteinte. Elle resta un instant en suspens, partagée entre la peur et la curiosité. La peur l'emporta. « Mon Dieu, qu'as-tu? » demanda sa patronne en la voyant revenir, le visage défait, s«.-s paniers à bouteilles à bout de bras. bras. Elle eut envie d'avouer sa frayeur, mais on se serait encore moqué d'elle : « Senhora, je suis seulement un peu fatiguée. » L'arrivée des invités amena une diversion. Elle oublia son émotion. Cependant, vers minuit, quand, le repas terminé, elle se mit à la vaisselle, elle pensa de nouveau à ces gémissements. « Luisa, se dit-elle, tu n'es tout de même plus une petite fille, tu aurais dû regarder avant de te sauver. Si quelqu'un était malade, en bas, dans cette cave? » Elle eut encore l'idée d'en parler à ses patrons; ceux-ci, enfoncés dans les fauteuils du fumoir, .bavardaient joyeusement avec leurs invités. Elle ne dit rien, mais, une heure plus tard, quand les invités partis, sa vaisselle rangée, elle se retira dans sa chambre, au lieu de se coucher tout de suite, elle s'étendit sur son lit. Ces gémissements la hantaient, ils lui rappelaient toutes sortes de tristes souvenirs : la mort de son père, celle de son petit frère, qui, justement, avait tant gémi, les derniers jours.
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Alors, ce fut plus fort qu'elle. Elle se leva. « Il faut que j'en aie le cœur net, jamais je ne pourrais m'endormir. m'endormir. » Tout reposait dans l'appartement. Elle prit une clef et sortit. Avant d'appuyer sur le bouto uton de l'ascenseur, une longue hésitation la retint encore. Elle avait grande envie d'aller voir pour s'assurer qu'il n'y avait rien, qu'elle avait rêvé, mais la peur lui serrait la gorge. « Tant pis, Luisa, descends! » L'ascenseur s'ébranla. La porte de la cave était telle qu'elle l'avait laissée. Elle l'entreb ebââilla légèrement sans donner la lumière et écouta. N'entendant rien, rien, elle appela à voix basse basse : « Qui est là? » Elle attendit, le cœur battant, souhaitant de toutes ses forces ne rien entendre. A demi rassurée par le silence, elle répéta : « Qui est là? » Alors, du fond de la cave, une voix répondit à la sienne : « Quelqu'un ! Malade ! » La jeune fille tressaillit. Son visage et ses mains se glacèrent. La peur la cloua sur place. « Malade... malade... », reprit la voix. Ce n'était pas une voix rauque d'homme aviné ni celle d'un vieillard, plutôt le souffle d'un homme épuisé. Plus morte que vive, elle entendit encore : 139
« Vous... pas peur... pas peur... »
Les mots étaient hésitants... On aurait dit que la bouche qui les prononçait ne parlait pas couramment le portugais. « Pas peur!... Malade!... » Sa frayeur un peu dissipée par le ton de la voix, Maria Luisa retrouva ses esprits et sortit pour avertir ses patrons que quelqu'un se trouvait dans la cave; parvenue devant la porte, elle hésita, encore. Ses patrons dormaient, jamais elle n'oserait les réveiller. Il faudrait attendre le lendemain... Mais le lendemain, ne serait-il pas trop tard? Héroïquement, elle revint vers la cave, poussa légèrement la porte, sans allumer, et demanda : « Qui êtes-vous? Où êtes-vous? » II y eut un silence. Puis la voix reprit : « N'allumez pas... Ecoutez!... » Ne pas allumer! Qu'est-ce que cela voulait dire? Etait-ce un piège qu'on lui tendait dans l'obscurité? Mais la voix reprit encore : « Vous, aucun mal... malade... entrez... écoutez... Je suis au fond de la cave, derrière des caisses, sous de vieux sacs. » Elle eut le courage d'entrer; la voix était si dépr dé prim imée ée,, si ha hale leta tant nte, e, qu quee sa fray frayeu eurr s'en s'en alla allait it.. Brusquement elle donna la lumière. Ses yeux fouillèrent le fond de la cave. Derrière deux caisses, elle distingua un amas de sacs. 140
« Je ne vous vois pas. — Vous ne pouvez pouvez pas me voir. — Où est votre tête? — Je suis invisible! » Elle répéta le mot plusieurs fois : « Invisible ! » Elle se demanda si elle ne vivait pas un cauchemar. « Un accident, fit la voix, je suis devenu... devenu... transparent. Pourtant, là, derrière les sacs, je vous vois... Vous êtes une jeune fille... » Ces dernières phrases n'avaient pas été prononcées en portugais. portugais. « Ah! vous parlez français, fit Maria Luisa. Je connais un peu cette langue. — Alors, approchez, je vous expliquerai, vous comprendrez. Approchez. » Elle fit un pas, s'arrêta, s'avança, puis dit encore : « Je ne vous vois pas. - Ne craignez rien. Voyez-vous bouger les sacs? Ils enveloppent mon corps; j'ai froid, je suis malade...» Maria Luisa sentit une sueur froide couvrir son visage. Elle se tenait toujours prête à fuir et cependant une force irrésistible la retenait. « Tendez votre main, murmura la voix, je la prendrai, la presserai doucement. Vous verrez que je suis un être humain comme les autres. » Elle ne répondit pas, ne fit pas un mouvement. La voix insistait. 141
« Je suis folle! fit Maria Luisa. Je suis en train de devenir folle! - Non, pas folle; à votre place, j'aurais la même frayeur. Surmontez votre crainte, avancez votre main, vous ne risquez rien. » Lentement, elle tendit sa main en avant. Des doigts effleurèrent les siens. Elle poussa un cri. Tout son corps fut secoué d'un frisson. Cependant sa main n'était pas restée prisonnière d'un étau. Son envie de fuir céda. Elle comprit que c'était bien un être réel qui était là, un être qui souffrait. « Vous avez de la fièvre, dit-elle. — La pluie m'a traversé jusqu'aux os, je me suis foulé un pied. J'ai froid, pouvez-vous quelque chose pour moi?... Mais je voudrais que personne ne sache, personne. 142
— Pourquoi? » La voix soupira longuement : « Ecoutez... "» Et la voix se mit à parler, lente, fatiguée, à conter l'aventure extraordinaire d'un jeune Français perdu dans Rio. Quand elle se tut, la jeune fille se sauva dans le couloir et bondit vers l'ascenseur. Aussitôt dans sa chambre, elle se précipita devant la glace. Sa pâleur, ses yeux dilatés l'effrayèrent. La sueur inondait son visage. Elle se passa une serviette mouillée sur le front. « C'est bien vrai, je deviens folle! » A présent qu'elle avait quitté la cave, la voix lui paraissait plus hallucinante encore. Avait-elle rêvé? Pourtant, cette main brûlante de fièvre, elle l'avait bien touchée; ce n'était pas celle d'un esprit de la sierra. Elle s'effondra sur son lit, à bout de nerfs. Mais la voix inconnue la poursuivait : « Je suis malade; j'ai froid, j'ai faim... » Alors elle se releva, se passa encore de l'eau froide sur le front, se glissa dans la cuisine déserte, prit des fruits, une grosse tranche de ce pain d'épice parfumé, spécialité de Rio, revint dans sa chambre où elle lle arra arrach chaa un unee co couv uver ertu ture re à son lit. lit. L'a 'att tten enti tioon qu'elle porta à ces gestes l'apaisèrent. Elle retrouva encore une fois le courage de redescendre à la cave, 143
presque surprise de ne pas trembler davantage. davantage. « Oh! une couverture, murmura avec reconnaissance la voix inconnue. J'ai si froid! » Une main ain invi invisi sibble la lui lui en enle levva do douuceme cement nt.. Maria Luisa eut encore un sursaut quand elle la vit se déployer toute seule et remplacer les vieux sacs sur le corps invisible. Mais peu à peu elle s'habituait. « Voulez-vous manger? demanda-t-elle. - J'ai très soif... » Elle tendit dans le vide un bol de jus de fruits qu'elle avait apporté. Le bol quitta ses mains doucement. Elle devina la place où était la tête de l'être invisible, reconnut, à l'inclinaison grandissante du bol, le mouvement familier de quelqu'un qui boit. Ce geste, plus que tout autre, la rassura. « Merci », murmura la voix tandis que la main invisible redonnait le bol vide, « je me sens mieux, et cette couverture me tient chaud... Vous me sauvez la vie... Dites-moi que vous n'avez plus peur... »
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CHAPITRE VIII
UN PAPIER SUR UN LAMPADAIRE long longuue sall sallee bla blanc nche he perc ercée de gra grand ndes es ouvertures qui donnent sur la baie, la baie hier encore hérissée de vagues gigantesques, aujo ujourd'hui redevenue d'un éclatant bleu turquoise. Dans la salle, deux longues files de lits d'où émergent toutes sortes de visages. Assis sur son lit, Robert regarde tous ces malheureux et se passe la main sur le front et réfléchit : « Quel stupide accident! Pourquoi a-t-il fallu que je trébuche juste au moment où passait ce camion? Je UNE
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me demande encore comment c'est arrivé... La fati fatigu gue, e, sans sans dou oute te...... Le po poid idss des valis alisees. Dieu ieu merci, c'est fini. Non, vraiment, ,. depuis hier je ne ressens plus rien, absolument rien. » Soudain vient d'entrer un docteur métis qui passe d'un air désabusé dans les allées, jette un bref coup d'œil sur les feuilles de température fixées au pied de chaque-lit, bredouille quelque chose et s'en va plus loin. « Mais enfin, senhor, pourquoi me laisse-t-on v ici? Je ne suis plus malade. Je veux partir. » Le métis hausse les épaules, d'un air de dire : « Vous savez bien que ça ne me regarde pas! » « Attendez le médecin-chef! - On ne le voit jamais! - Attendez! » C'en est trop! On n'a pas le droit de laisser les gens croupir dans un lit quand ils n'ont plus rien. Le métis à peine disparu, Robert rejette ses couvertures, se lève et s'habille. Il se sent tout à fait d'aplomb. Au bout de la salle s'étire un long couloir. Avisant une infi infirm rmiè ière re qu' u'hheu eure reuusem semen entt il ne co conn nnaî aîtt pas, as, il demande : « Le médecin-chef? — Que voulez-vous? — Lui parler, c'est urgent. » L'infirmière le regarde un peu soupçonneuse, puis le prenant pour un visiteur en quête d'un 146
renseignement : « Alors, attendez là. » Elle le pousse vers une salle où plusieurs personnes attendent sur des bancs, de pauvres gens pour la plupart, car Robert a échoué dans une sorte d'hôpital-hospice où se retrouvent les malheureux. Il s'assied comme les autres sur un banc et s'interroge encore sur Sylvain. Il y aura cinq jours ce soir. Cinq jours!... Qu'est devenu Sylvain? A-t-il pu atteindre Santos? Ce n'est pas certain. Il faudra tout de suite téléphoner là-bas. Le temps passe. Robert bout d'impatience. S'il ne tenait qu'à lui, il s'éclipserait sans demander l'avis des médecins, mais ses deux valises ont été déposées quelque part dans l'établissement et il ne pourra les récupérer qu'en montrant un bulletin de sortie. Il se trouve assis entre une grosse femme noir qui attend placidement en soufflant comme un cachalot et une jeune fille qui s'impatiente comme lui et ne cesse de regarder l'heure à la pendule au-dessus de la porte. « C'est long! murmure-t-elle en regardant Robert. — Très long!... » Ils se sourient. La jeune fille a un petit air fatigué et plutôt triste. A tout hasard, histoire de dire quelque chose, il demande : « Vous venez voir un parent malade? — Oh! non. »
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Elle paraît embarrassée, tourne la tête pour couper court à la conversation. Timidité? Discrétion? Robert n'insiste pas. D'ailleurs il vient d'entrevoir la blouse blanche du « chefe » qui reconduit quelqu'un dans le couloir. Il sort vivement : « Senhor medico! » Le médecin-chef se retourne, regarde pardessus ses lunettes celui qui l'interpelle ainsi. Il reconnaît Robert : « Comment? Debout? » Le médecin fronce les sourcils, commence par s'emporter. « Excusez-moi, coupe Robert, c'est grave et très urgent. » Le médecin le regarde encore en grimaçant et, bougonnant, le pousse pousse vers son bureau. bureau. « II faut que je parte, senhor, c'est absolument indispensable! J'étais venu au Brésil pour me rendre à Santos y régler une affaire importante. La vie de quelqu'un en dépend. Je vous assure que je n'éprouve plus aucune douleur à la tête, aucun vertige, absolument rien. Plus de troubles de mémoire non plus, et ma vue est redevenue normale... Ainsi, je peux lire parfaitement les petites lettres de cette affiche. » Le médecin-ch -chef l'écoute en continuant de maugréer. Robert insiste : « Laissez-moi partir, je vous en supplie! Je vous 148
promets de revenir au au moindre malaise. » II est bien évident que, pour montrer pareille énergie, le malade a retrouvé son équilibre. Le médecin-chef paraît indécis; après tout, ce garçon est un étranger; s'il tient absolument à se refourrer sous une auto, eh bien, tant pis ! Il gribouille quelques mots sur une feuille de bloc-notes et tend le papier. C'est la « levée d'écrou d'écrou ». Robert sort du bureau, passe devant la salle d'attente où la jeune fille attend toujours sur le banc, et court vers le bureau des entrées et sorties. Un quart d'heure plus tard il s'éloigne, sur le trottoir, ses deux valises à bout de bras. « Taxi! » II se fait déposer au plus vite près du port, au pied du gratte-ciel jaune, demande au chauffeur de l'attendre et se met à faire les cent pas sur le trottoir, espérant follement sentir tout à coup une main se poser sur son épaule. Hélas! Sylvain n'est pas là. A vrai dire, il n'y comptait guère. Après cinq jours, pareille rencontre eût été un miracle. Aucun signe non plus du passage de son camarade. « Chauffeur, à la gare centrale! » L'auto remonte vers la ville à travers la foule bariolée. Il se fait arrêter à l'angle de la place, près du lamp lampad adai aire re.. Qu Quel el drôle rôle de clien lient, t, do doit it pen ense serr le chauffeur, qui ne sait s'il doit prendre le train ou le bateau. 149
Dix fois, vingt fois encore, Robert arpente le trottoir sous le lampadaire où ils se sont séparés. Sylvain n'a laissé aucun signe; il a donc pu atteindre Santos. Vite, le téléphone. Il pénètre dans une cabine de la gare, feuillette l'annuaire. Comme Sylvain, il relève de nombreux Rodrigues. Aucun ne lui semble le bon. Le seul qui porte le prénom d'Antonio le tente. Il appelle; ce n'est pas lui. Que faire? Il lui paraît impossible que le chimiste n'ait pas le téléphone. Tant pis, essayons d'autres noms. Un de ces Rodrig drigue uess est men enti tion onnné san sans indi indiccatio ationn de profession. Il forme son son numéro. « Le professeur Antonio Rodrigues, le chimiste? - C'est ici! Qui le demande? » Robert retient un cri de joie. Enfin il va savoir, être tre rass rassur uréé. Dans qu queelqu lques he heur urees il va voler oler à Santos et retrouver Sylvain en chair et en os, comme autrefois. « Allô... C'est Robert Guénec,. l'ami de Sylvain Rambaud.. Rambaud.... Je vous téléphone téléphone de Rio... Rio... Sylvain Sylvain est-il chez vous? » Le cœur battant à tout rompre, il attend. Une voix d'homme, très lente, répond. Les doigts de Robert se crispent sur l'appareil. Il pâlit. Sylvain n'est pas à Santos et le professeur s'en étonne puisque le TrasOs-Montes a touché Rio cinq jours plus tôt. Robert explique comment il a perdu son camarade; et, désespéré, raccroche. 150
Il s'effondre sur le strapontin de la cabine, en proie à un violent désespoir. Que faire? Attendre?... Mais qu'apportera cette attente? Sylvain ne reviendra pas. Si le malheureux n'a pu atteindre Santos, c'est qu'un malheur est arrivé. « C'est ma faute, se dit-il, je n'aurais pas dû le quitter un seul instant. Il avait le pressentiment que nous nous perdrions. Oh! moi qui avais tant promis à Jacqueline et à sa mère de le ramener sain et sauf! C'est ma faute... Et maintenant, où est-il? Mon pauvre Sylvain, es-tu en train de mourir dans un coin, ignoré de tout le monde...? » Une voix en colère le tire de son cauchemar. C'est un Carioque qui veut occuper la cabine. Robert sort, tramant lamentablement ses valises. Quelques pas plus loin, il s'assied et se plonge la tête dans les mains pour réfléchir. A quoi servirait de prévenir la police? Tout simplement on le jugerait fou. Pourraiton croire, à Rio, à l'existence de l'homme transparent? D'ailleurs, comment retrouver la trace de quelqu’un qu'on ne voit pas? Non, aucune solution; il ne lui reste plus qu'à télégraphier en France pour ann nnon onccer la terr terrib ible le no nouv uvel elle le.. Il se repr représ éseente nte la douleur de Mme Rambaud et de Jacqueline à sa réception. Jamais plus, lui, Robert, n'osera paraître devant elles. Il avait tant insisté pour accompagner Sylvain!
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Cependant, ce télégramme, il ne peut se décider à l'envoyer tout de suite. II attendra encore un jour... Peut-être que d'ici là?... Toujours assis sur sa valise, dans un coin du hall de la gare, il ne prête aucune attention à la foule bigarrée qui le côtoie. « Un jour, répète-t-il, je me donne encore un jour... » Un peu soulagé par le délai qu'il s'accorde, il se lève, reprend ses valises et, passant devant un kiosque, s'arrête pour acheter un journal, n'importe lequel. Qui sait? Il jette un coup d'œil sur les gros titres. La découverte dans les rues de Rio d'un homme transparent ferait du bruit. On en parlerait pendant plusieurs jours. A la première page, rien, sinon, en manchette, un cambriolage sensationnel à l'ambassade du Mexique. Rien non plus aux pages suivantes qui ait un rapport avec Sylvain. Par acquit de conscience, il jette un coup d'œil à la rubrique des décès. Hélas! sans doute, après la mort, la transp transpare arence nce doit-el doit-elle le dispar disparaît aître. re..... Mais Mais commen commentt identifier un cadavre nu? Il jette le journal dans une corbeille, reprend ses valises et s'éloigne. A la sortie de la gare il s'arrête, épuisé. épuisé. Sa tête, qu'il croyait redevenue redevenue solide, solide, lui fait mal. Les vertiges vont-ils le reprendre? « Un jour, répète-t-il, il ne me reste qu'un jour! » Malgré tout, il veut croire qu'il finira par retrouver Sylvain près du gratte-ciel. Trop fatigué 152
pour faire le trajet à pied, il prend un trolleybus qui l'amène près du port. Sur le boulevard qui longe la mer, presque face au gratte-ciel, il découvre un hôtel d'apparence modeste qui conviendra à sa bourse. Il entre, demande une chambre. Il s'étend sur le lit, se relève pour faire u*n peu de toilette et chasser cette détestable odeur d'hôpital qu'il traîne avec lui. L'eau fraîche l'apaise. Après les pluies torrentielles la chaleur est revenue, lourde, pénible. Il s'étend de nouveau, revient se pencher à la fenêtre. « Suis-je stupide! fait-il tout haut. Je cherche Sylvain comme si je pouvais le voir! » Au bord du trottoir, juste devant le gratte-ciel, s'élève un lampadaire semblable à celui de la gare. Soudain, une idée lui vient. Oh! comment n'y a-t-il pas pensé plus tôt ! A la hâte il déchire une feuille de carnet et griffonne ces mots : « Sylvain, attends-moi ici. » Il dégringole sur le boulevard, avec du papier collant fixe le billet sur le poteau métallique, souhaitant que personne ne le déchire. Apaisé, il remonte dans sa chambre, cherche un repos bien difficile à trouver. « Mon vieux Sylvain, où es-tu?... Où es-tu? » Il décide de descendre devant le gratte-ciel toutes les heures et même de se relever plusieurs fois dans la nuit. Entre chaque visite au 153
lampadaire il voudrait se distraire, penser à autre chose qu'à son inquiétude, mais à chaque instant ses yeux se fixent sur le cadran de sa montre. Que c'est long, une heure! Selon ses moments d'espoir ou de désespoir, les aiguilles vont vite ou trop lentement. Entre-temps il se relève pour courir à la fenêtre voir si personne n'a enlevé le papier. Cinq heures viennent de sonner. Le soleil baisse rapidement au-dessus du Moro de Cas-telo, la haute colline de la vieille ville. Dans deux heures la nuit tropicale tombera, épaisse, brutale, et pendant treize heures tiendra la ville dans l'obscurité la plus dense. Avant de descendre pour la quatrième fois, il se penche encore à la baie. Personne sur le trottoir, trot toir, sauf une femme dont la tête disparaît sous le traditionnel chapeau brésilien en paille tressée. Machinalement il la regarde arpenter le trottoir, attendant le passage d'un autobus. Justement en voici un qui arrive. Des voyageurs descendent, d'autres montent; la femme au chapeau de paille reste sur le trottoir. Sans doute attend-elle le véhicule qui viendra dans l'autre sens. -Quelques minutes s'écoulent, un autobus passe, elle ne le prend pas. Tiens, la voilà qui s'arrête devant le lampadaire et regarde le petit papier. Pourvu qu'elle n'ait pas la stupide idée de l'enlever! Intrigué, il quitte sa chambre, traverse le boulevard. La femme au chapeau de paille est toujours là; contrairement à ce qu'il croyait, c'est une 154
jeune fille. Il a même l'impression d'avoir déjà vu ce visage, mais toutes les Carioques ne se ress resseemble mblennt-e t-elle lles pas av avec ec leur leur tein teintt hâlé âlé, leu eurs rs cheveux noirs? Sans plus prêter attention à elle il se met à marcher. Tout à coup de petits pas trottinent derrière lui. « Senhor! N'êtes-vous pas Robert Guénec?... Je vous reconnais, je vous ai vu ce matin à l'hôpital Caritas. J'avais déjà fait trois hôpitaux. Quelle malchance! Oh! si j'avais su que c'était vous, près de moi, dans la salle d'attente! » Robert reste abasourdi. Lui aussi la reconnaît. Mais comment a-t-elle su son nom? « Qui êtes-vous? - J'ai lu ce papier fixé au poteau, je vous attendais. C'est votre ami Sylvain qui m'envoie. - Sylvain...? » Le choc est trop brutal; il vacille, se passe la main devant les yeux. « Sylvain! Vous savez où il est?... Vous l'avez vu?... — Il vous attend! — Où? — Venez avec moi. moi. » Le pauvre Robert n'ose en croire ses oreilles. Sylvain Sylvain n'est pas mort, il va le revoir. revoir. « Que lui est-il arrivé ? — Il est malade... » 155
Robert hèle le premier taxi qui passe. « Senhorita, demanda-t-il vivement, je ne comprends pas! Comment l'avez-vous trouvé? Dans quel état est-il? - Il a pris pris froid froid sous sous la plui pluiee batta battant ntee et s'es s'estt foulé la la ch cheville en en to tombant d' d'un autobus en marche... Ce n'est pas grave, il avait surtout froid et faim. - Mais Mais vous vous,, senhor senhorit ita, a, comm commen entt l'avez l'avez-v -vou ouss découvert, puisqu'il est invisible? - Il gémissa gémissait it dans dans une cave cave où où il s'étai s'étaitt réfugié. J'ai cru mourir de frayeur et je me suis sauvée... Heureusement, j'ai eu le courage de revenir voir. » Robert se tourne vers la jeune fille pour voir son visage. Elle paraît si frêle, si timide. Comment, en effet, n'est-elle pas morte de frayeur? « Vous l'avez sauvé », murmure-t-il. La jeune fille rougit de confusion. « Ah! si j'avais su que c'était vous, assis près de moi à l'hôpital, nous n'aurions pas perdu de temps. Votre ami Sylvain m'a envoyé ici, à tout hasard, après m'avoir fait visiter plusieurs hôpitaux. Une chance, c'était aujourd'hui mon jour de congé, j'ai pu faire tout cela. » Robert regarde encore avec admiration la jeune fill fillee tout toutee timi timidde qui a po pouurtan rtantt fait fait preu preuve ve d' d'uun courage extraordinaire. Après une longue course en ville, l'auto débouche sur l'avenue de Pétropolis. 156
« Excusez-moi, fait Maria Luisa, il vaut mieux arrêter la voiture avant la maison. » Robert fait signe au chauffeur. Ils font à pied le reste du chemin. « Cinquième porte à droite, indique la jeune fille. Moi, il faut vite que je rentre, je suis déjà en retard; je vais me faire gronder... Je reviendrai cette nuit et je m'arrangerai pour que le vieux domestique ne descende pas. » Elle s'esquive, peut-être autant par discrétion que par la peur d'une réprimande. Le cœur battant, Robert suit suit le co coul uloi oirr sout souter erra rain in.. La cinq cinqui uièm èmee po port rtee est est semb sembla labl blee au auxx au autr tres es,, simp simple leme ment nt po pour urvu vuee d' d'un unee serrure neuve. Il la pousse lentement. « Sylvain! — Robert! » Le jeune Guénec se précipite vers le fond de la cave d'où est venue la voix. Il reconnaît, sous une couverture, la forme d'un corps étendu. Les deux amis s'étreignent. Tous deux pleurent de joie, incapables de dire un mot. Ils restent ainsi un long moment, se tenant les mains pour bien se persuader qu'ils se sont retrouvés. « Ah! Sylvain, j'ai cru que tu étais mort... Où souffres-tu? Est-ce grave? — Maria Luisa ne t'a rien rien dit? — Si... J'avais peur tout de même. __ Ah! Robert, quelle aventure! Sans cette 157
fille envoyée par la Providence, j'étais perdu. Je lui dois une fière chandelle... Mais toi, Robert, tu es tout pâle et amaigri... - Un stupide accident, juste au moment où j'allais te rejoindre sous le lampadaire. Te souviens-tu, nous étions encore ivres de roulis et de tangage, j'ai bêtement trébuché sur une de mes valises. Un camion arrivait. Dieu merci, je ne suis pas passé dessous, mais ma tête a heurté un boulon de roue, j'ai perdu connaissance. Quand je me suis éveillé, j'étais sur un lit d'hôpital. J'ai mis trois jours à retrouver mes sens. J'ai fait des pieds et des mains pour partir... Me voici... Et toi, Sylvain, si tu n'es pas trop épuisé, raconte-moi... » A voix basse, Sylvain fait le récit de ces cinq jours d'angoisse. « Sans cette jeune Brésilienne, soupire-t-il encore, je mourais de froid et de faim; je ne sais si j'aurais eu la force de sortir de ce trou pour pour chercher à man ange ger. r. Elle lle m'a ap appo port rtéé cette ette cou ouve vert rtur uree, de la nourriture en cachette, des boissons chaudes et m'a même collé un sinapisme! Et pourtant, tu peux croire qu'elle mourait de frayeur! Je lui dois la vie, Robert, je ne l'oublierai jamais... jamais... »
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CHAPITRE IX
RODRIGUES REUSSIRA-T-IL? route sinueuse, longeant une côte découpée où de dess roc roche hers rs ab abru rupt ptss plo plong ngen entt leur leurss rac racines ines de pierre dans des flots profonds. De temps à autre, au large, de petites îles perdues, rocailleuses et désertes. La voiture file à belle allure sur cette voie toute neuve, tantôt taillée à vif dans le roc, tantôt enjambant des précipices. Robert jette un coup d'œil sur sa montre : « Encore deux heures et nous serons à Santos. » UNE
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Sylvain ne répond pas. Ce matin, en quittant Rio il étai étaitt co conf nfia iant nt,, pres presqu quee joye joyeux ux.. A mesu mesure re qu qu'i'ils ls approchent, le doute l'effleure. « Tu ne vas tout de même pas, mon vieux Sylvain, continuer à te faire des cheveux blancs alors que nous touchons au but? - Il m'est m'est déjà déjà arrivé arrivé tant tant d'avent d'aventure ures.. s.... et puis, puis, souviens-toi de ce que nous a dit Rodrigues quand nous lui avons téléphoné. - Evidemment, il avait tout prévu pour le lendemain de notre arrivée et nous avons huit jours de retard..., mais que risques-tu? Tout au plus un nouveau retard pour les préparations à refaire, ce qui n'est d'ailleurs pas certain. Et puis... » II n'achève pas. Le chauffeur noir vient de se retourner pour la troisième fois, ahuri d'entendre son voyageur parler tout seul tantôt sur un ton, tantôt sur l'autre, exactement comme un ventriloque. Alors les deux amis se taisent et se contentent de regarder le paysage sauvage et grandiose qui défile. Les kilomètres succèdent aux kilomètres. Les autos roul rouleent vite ite au Bré Brésil. sil. Le temp tempss pa para raît ît po pouurtan rtantt horriblement long. Sylvain pense à sa mère, à Jacq Jacque ueli line ne,, qu quii doiv oiven entt vivre ivre da dans ns un unee morte ortell llee inquiétude, attendant des nouvelles, car elles n'ont peut-être pas encore reçu le télégramme disant simplement, sans autres explications, que la visite à Santos avait été retardée. 160
Il pense aussi à tout cet argent dépensé pour lui et, malgré lui, il jette un coup d'œil au compteur du taxi qui marque déjà une somme énorme." Pendant un long moment les deux camarades rest resten entt sile silenc ncie ieux ux.. Puis Puis,, tout tout à co coup up,, un pa pann nnea eauu annonce, en grosses lettres : SANTOS. Dans le lointain se dessinent les masses claires d'une grande ville. Et voici déjà les premiers faubourgs, moins riants que ceux de Rio; voici les quais, les docks, le grand port du Sud d'où partent vers les quatre coins du monde des montagnes de café. Car Santos est avant tout le port du café. On est presque surpris de n'en pas sentir l'arôme. « Quelle rue? demande le chauffeur. — 16, avenue Marajó. » Le chauffeur ne connaît pas la ville. Il s'adresse à un agent qui porte un casque blanc comme à Rio. Quelques zigzags à travers la ville et voici l'avenue Marajó. Avant de descendre de voiture, Robert se penche vers Sylvain : « Mon vieux, dans quelques heures tu vas redevenir redevenir un homme homme comme comme tout le monde. monde. Il faut quee qu ton ton extr ex trao aord rdin inai aire re aven av entu ture re fini finiss ssee joyeusement! - Comment? Comment? __ Prends mon portefeuille dans ma poche et règle toi-même le bonhomme! — Tu es fou ! 161
— Une bonne petite blague inoffensive..., la dernière, Sylvain. » Sylvain hésite, niais Robert paraît si heureux! La voiture vient de stopper contre le trottoir. Ils desc escen ende dent nt.. Rob ober ertt s'a s'app ppro roch chee du ch chau auff ffeeur qu quii décharge les bagages : « Combien, s'il vous plaît? - Cinq Cinq mille mille deux cent centss cruzeir cruzeiros. os. » L'ho L'homme mme attend attend poliment, poliment, sa casquette casquette à la main, main, et son regard regard se fixe sur la poche de Robert où se trouve sans doute le portefeuille. Mais voilà que, sans un seul mouvement de la part de Robert, le portefeuille sort tout seul de la poche, comme par enchantement, qu'il s'ouvre de lui-même... et que les billets s'échappent, se déplient et se réunissent en une petite liasse. « Voilà! fait Robert négligemment. C'est bien le compte, n'est-ce pas? » Mais le bonhomme n'a pas entendu. Il est d'abord devenu verdâtre, puis affolé, a pris les jambes à son cou comme si on avait voulu l'assassiner. Robert lui court après pour lui démontrer que l'argent n'est pas ensorcelé. Le pauvre Noir revient en hésitant vers sa voit vo itur uree av avec ec l'ai l'airr de crai craind ndre re qu qu'e 'ell llee ne s'en s'envo vole le,, comme les billets. La scène a été si drôle que Sylvain rit de bon cœur, se souvenant de l'aventure du boulevard Saint-Michel. Saint-Michel. Alors ils se dirigent vers l'immeuble, une vieille maison assez décrépie. Tous les savants du 162
monde ont donc une prédilection pour les vieux logis?... Cependant, au bout du couloir, s'ouvre un large patio comme ceux des vieilles demeures espagnoles. Une femme, qui rentre les bras chargés de sa lessive sèche, leur indique que le senhor Rodrig drigue uess ha habi bite te au premi remier er.. Quelqu elques es marc marche hess seulement. C'est beaucoup pour Sylvain à qui l'émotion coupe les jambes. Il s'arrête à mi-chemin pour reprendre haleine. haleine. « Robert, est-il possible que ce long cauchemar soit sur le point de s'achever? » Sur la popte, une petite plaque, avec simplement les initiales : « A. R. » C'est là. Un coup de sonnette. L'attente se prolonge. Une serv servan ante te méti métiss ssee vien vientt ou ouvr vrir ir,, la tête tête en enve velo lopp ppée ée d'une sorte de madras qui fait ressortir son teint sombre de vieux bois d'Amazonie. « Le professeur Rodrigues? — Le senhor Rodrigues n'est pas dans sa casa. » Robert insiste : « Allez tout de suite lui dire que la personne qu'il attend est là. — Bien, senhor! » Oubliant ce qu'elle vient de répondre, la métisse tourne les talons et, se dandinant dans ses savates de paille, disparaît au bout d'un d'un interminable couloir
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carrelé. Quelques minutes plus tard, débouche au fond de ce même couloir un petit homme maigrichon, qui boite assez bas. Derrière ses lunettes à monture d'or brillent •cependant des yeux perçants. « Ah! mon ami!... Mes amis, vous voilà enfin! » Le ton est cordial, le français absolument correct. A côté de Robert, le savant paraît presque nain. Il tend au jeune Guénec ses deux mains et, tout de suite, posant un doigt sur ses lèvres : « Chut! Entrez discrètement... » Puis s'adressant à Sylvain qu'il suppose se tenant derrière son camarade : « Vous, monsieur Rambaud, ne parlez pas, ma domestique a une peur terrible des esprits! » Ils pénètrent dans l'appartement, plus sympathique que l'extérieur et, contrairement à ce qu'ils pensaient, très bien tenu. Le savant les introduit dans da ns un va vast stee bu bure reau au-b -bib ibli liot othè hèqu que. e. Sur Sur un unee tabl tablee s'entassent pêle-mêle de gros ouvrages scientifiques, des brochures, des manuscrits. Le chimiste referme vivement la porte derrière eux. « Maintenant, Sylvain Rambaud, vous pouvez parler. Que vous est-il donc arrivé, racontez-moi? Je m'inquiétais sérieusement. Tout était prêt pour l'arrivée du bateau. Ce contretemps est fâcheux, très fâcheux! » Sylvain narra son aventure d'une voix qui trahit son angoisse. Puis, hésitant : 164
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« Senhor, il n'est pas trop tard? — Je l'espère... Mais vous venez de toussoter à plusieurs reprises, êtes-vous en excellente santé? — J'ai pris un refroidissement, sous la pluie, à Rio. » , Le chi chim miste iste aux ye yeux ux vifs vifs ho hoccha la tête tête.. Sylvain demande, de plus en plus inquiet t « Serait-ce un obstacle? — Je ne sais pas si mon confrère français l'avait remarqué comme moi, l'état fébrile qui, comme vous le savez, amène des modifications dans l'organisme, trouble parfois les expériences biologiques... — Vous voulez dire, interrompt Robert, que Sylvain n'est pas sûr de retrouver son état normal? nor mal? - Si la fièv fièvre re est est trop trop fort forte. e..... Mais Mais vo voyo yons ns plutôt. » Le professeur se lève, se dirige vers le fauteuil apparemment vide où est assis Sylvain. - Do Donn nnez ez votr votree poign poignet et...... Hum! um! le poul poulss est plutôt rapide et irrégulier... irrégulier... et vous tremblez. - C'est l'émotion, senhor. » Sylvain cherche à lire dans les yeux du chimiste; tout à coup, il éclate : « Senhor, quoi qu'il arrive, n'attendez pas davantage! Je vous assure que je me sens très bien. Je n'ai pas de fièvre! » L'homme sourit :
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« Je comprends votre impatience. Hélas! cela ne dépend pas tout à fait de moi. Je l'ai écrit à M. Gué uéne nec, c, cert certai ains ns co cont ntre re-é -élé léme ment ntss prés présen ente tent nt un unee grande instabilité. Tout était prêt pour la semaine dernière à l'arrivée du bateau, aujourd'hui... - Trop tard? — C'est-à-dire que je suis obligé de recommencer certaines préparations. Heureuse Heureusement, ment, j'avais j'avais prévu que le bateau pouvait avoir du avoir du retard; j'ai conservé un peu un peu de cet alcaloïde, le termigane, qui sert de base à l'anti-é -éllément principal. Mais c' c'es estt un pr prod odui uitt di diff ffic icil ilee à se procurer, je crain crainss seule seulement ment que la quan quantité tité soit un peu faible... Je n'ai rien voulu entreprendre avant que vous soyez là; la prép préparati aration on me dema demandera ndera plusieurs heures, nous ferons la piqûre demain matin. — Demain seulement », soupire Sylvain. Ces quelques heures, juste au moment de toucher le but, lui paraissent lui paraissent un siècle. « Rassurez-vous, reprend le chimiste d'une voix paternelle, je ne vous laisserai pas sortir en ville; je vous garde; vous êtes mes hôtes, vous coucherez ici.» Cette hospitalité toute si simp mple le ém émeu eutt le less de deux ux camarades et rassure Sylvain. Mais demain est tout de même ême lo loin in.. To Tout utee un unee lo long ngue ue nu nuit it d' d'an ango gois isse se encore, avec beaucoup d'incertitude quant au résultat final. 167
Lorsque les deux camarades se retrouvent dans la petite chambre que la servante métisse leur a préparée... ou plutôt, a préparée à Robert, Sylvain ne cache pas ses craintes. La fièvre va tout gâcher, sans parler de ce fameux termigane dont la quantité sera insu insuff ffis isan ante te.. Il restera infi infirm rme, e, d' d'un unee infi infirm rmit itéé épouvantable; il deviendra à moitié transparent, on ne verra que son squelette. Il n'arrive pas à s'endormir et rumine toutes sortes d'extravagances. d'extravagances. Enfin, le lendemain est devenu aujourd'hui. Le petit jour filtre à travers les stores de bambou. Quelqu'un frappe à la porte : « Le senhor Rodrigues vous attend. » Sylvain se lève. Il se sent fiévreux. Ce réveil brutal alors qu'il venait à peine de s'endormir lui fait penser à l'aube d'un condamné à mort. Tout souriant, le petit bonhomme les attend dans son cabinet de travail, aussi encombré que la veille. Il les fait passer dans son laboratoire. Contrastant avec le bureau, cette salle est très ordonnée. Deux longues tables au centre. Aux murs, deux grandes vitrines ripolinées. On se dirait plutôt dans une salle d'opération au moment d'une grave intervention chirurgicale... Et ne s'agit-il pas de cela, en effet? Sylvain sent son sœur battre la breloque. Il pense soudain que sa vie est entre les mains de ce petit bonhomme. Jamais, depuis le soir de l'incendie, il n'a eu aussi peur. Ses mâchoires 168
se contractent, ses ongles s'enfoncent dans ses paumes. « Vite, senhor, que se soit fini!... Même si je dois rester à tout jamais ce que je suis! » Mais tout bas, il pense : « Oh! non, ce n'est pas possible! » Le professeur vient d'ouvrir ses vitrines. Il en sort tout to utes es so sort rtes es de fl flac acon ons, s, de dess tu tube bes, s, de dess appareils inconnus. Ses gestes sont précis, mesurés; son calme impressionne plus encore que ses gestes. « Vous m'excuserez, dit-il, tout ce que je suis en train de faire sous vos yeux ne pouvait être préparé plus tôt... Mais ce ne ne sera pas long. » Tandis qu'il s'affaire, Robert avise soudain, au fond du laboratoire, une grande glace où on peut se voir en pied et qui, assurément, ne fait pas partie d'un matériel scientifique. « Ah! oui, fait le chimiste, cela vous intrigue! J'ai pensé à l'impatience et à la joie de votre camarade au moment où il pourra enfin se regarder, se voir. » Cette attention de la part du savant bouleversé Sylvain, lui fait toucher du doigt l'imminente réalité. Vraiment, tout à l'heure, il pourra... Il regarde longuement la glace et essuie une larme sur sa joue. Le chimiste poursuit ses préparatifs, opère encore des transvasements, pèse des liquides au densimètre, fait chauffer un tube à essai, en observe la teinte, hoche la tête en y découvrant un léger trouble,
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rega regard rdee en enco core re dev evaant une lam lampe de cou oule leur ur roug rougee oran orangé gé.. Toutes utes ces ces opé péra rati tioons, ns, Sylv ylvain ain se souvient les avoir vu faire à Pierrefitte, mais il n'éprouvait alors que de la curiosité. Aujourd'hui, le moindre geste prend une tout autre signification. Et tout à coup, il pense : « II est si frêle, cet homme! Si tout tout à co coup up il s'ef s'effo fond ndra rait it,, terr terraassé ssé pa parr un unee cris crisee cardiaque! » Encore un dosage, un mélange. Enfin voici la seri sering ngue ue,, l'ai l'aigu guil ille le.. Ah Ah!! cett cettee aigu aiguil ille le,, av avec ec qu quel elss yeux il la regarde! « Tout est prêt, asseyez-vous sur ce tabouret... Où est votre bras? » Robert est resté debout. Il tient l'autre main de Sylvain, cette main qui, dans quelques instants, doit redevenir visible. Les doigts du savant semblent se promener dans le vide comme des doigts distraits qui pianotent. « Ne bougez plus, je sens votre veine. » Minute terrible. Est-il possible que sur ce tabouret qui semble posé là, on ne sait pourquoi, un corps humain, tout à coup, va- prendre forme? « Vite, senhor, je n'en puis plus d'attendre! » Un petit coup sec. L'aiguille vient de traverser la peau, elle pénètre dans la veine. Lentement, le piston s'en s'enfo fonc nce. e. Le liqu liquid idee jaun jaunât âtre re dimi diminu nue. e. Le rega regard rd tendu, Robert retient sa respiration.
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Dix secondes... vingt... Encore rien! Mon Dieu! l'expérience va-t-elle échouer? Robert sent trembler la main de son camarade. Tout à coup, il pousse un cri. Quelque chose de vague, de flottant, qui ressemble à une ombre bleue, vient d'apparaître; puis cette ombre prend consistance. Les os du crâne se modèlent ainsi qu'on long trait, la colonne vertébrale, ensuite les humérus, les fémurs que surmontent* les os du bassin. Mais les images qui viennent de se former semblent former semblent s'arrêter là. Robert pense Robert pense tout à coup aux paroles de Sylvain, la veille au soir : « Si je restais réduit à l'état de squelette! » Dix secondes, vingt... Le squelette est parfaitement est parfaitement formé, mais on ne voit que lui; aucune masse de chair ne vient le cacher. C'est épouvantable! Robert jette un coup d'œil vers le chimiste et lit dans son regard la même inquiétude. Vingt secondes encore. Le silence est si grand qu'il fait mal. Sylvain a cessé de trembler, mais sa main dans celle de Robert s'est raidie. Sans doute, s'il regarde ses bras, ses bras, ses jambes, se rend-il compte de la catastrophe. Enfin les os s'estompent, comme englués dans unee mass un massee grisâtre, confuse. Pu Puis is ce cett ttee masse se précise, le contour des bras, des cuisses, du visage, apparaît. Oh! voici les yeux, les yeux démesurément dilatés; voici la bouche, les lèvres. Voici Sylvain, enfin! Robert pousse un cri : 171
« Je te vois! Je te vois! » Puis, presque aussitôt : « Ciel! que tu es bronzé! Et que tes cheveux sont longs! » Sylvain, lui, n'a pas bronché. Il reste hébété, absent, assommé. Il regarde stupidement devant lui comme s'il n'osait abaisser les yeux sur son propre corps. « Sylvain, c'est merveilleux! Comme avant! Tout à fait comme avant! Viens te voir! » Il l'entraîne vers la glace. Tout d'un coup, Sylvain se découvre. Ses yeux se fixent sur ses yeux. Il ne peut plus les en détacher. détacher. « Comme avant!... Je suis comme avant! »
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Et il tombe dans les bras de son camarade en pleurant de joie... * ** Accoudés au balcon de leur petite chambre d'hôtel qui donnait sur un parc fleuri, les deux camarades respiraient l'air moins lourd du soir. « Mon vieux Robert, j'ai tellement pris l'habitude de vivre sans costume que je ne peux supporter mes vêtements; j'étouffe. - Rassure-toi, Paris n'est pas sous les tropiques et nous y serons bientôt. - Bientôt, Bientôt, c'est c'est vite dit; notre "bateau "bateau ne part que dans treize treize jours. - Treize Treize jours de merveille merveilleuses uses vacances, vacances, Sylvain Sylvain ! Nous n'avo n'avons ns pas volé cette petite petite compensation. - J'ai hâte de rentrer, hâte de montrer mon visage à ma mère, à Jacqueline. — Puisqu'elles ont, à cette heure, reçu ton télégramme... - Ce n'est n'est pas pas la même même chose chose,, Robert Robert,, elles elles ne me croiront vraiment qu'en me retrouvant... Et puis, ici, nous dépensons inutilement de l'argent. - Bah! tu ne vas vas pas recomm recommence encerr à ruminer ruminer ça! Fourre tes soucis dans ta valise jusqu'à l'arrivée au 173
Havre... Et tu voudrais partir tout de suite, sans revoir Maria Luisa! Tu ne penses donc plus que samedi prochain elle sera libre toute la journée! la journée! » Sylvain sourit, rougit un peu : « Je n'oublie pas n'oublie pas Maria Luisa ni ce qu'elle a fait pour moi. » Robert lui donna une bourrade une bourrade amicale. « Et maintenant, puisqu'il fait plus frais, qu'en dite di tess-vo vous us,, mo mons nsie ieur ur-1 -1'e 'exx-ho homm mmee-tr tran ansp spar aren ent,t, si nous allions faire un petit tour dans Rio? » Ils descendirent dans la ville. Le soir était splendide. Un soleil moins brutal qu'au cœur de la journée allongeait de grandes ombres sur les trottoirs. Les rues regorgeaient d'une foule bruyante et colorée. « Oui, vraiment, c'est merveilleux de se retrouver comme tout le monde, soupirait Sylvain. Désormais, le Brésil sera pour moi le plus beau pays du monde. » Ils déambulèrent sur les boulevards, voulurent revoir la fameuse « praca de l'Estaçao » (place de la Gare), le lampadaire de sinistre mémoire. De là, ils passèrent sous l'esplanade de « Moro de Castelo ». Puis ils traversèrent un parc peuplé de hauts cactus. Déjà, les lampadaires s'allumaient, les magasins s'illuminaient. Avec l'arrivée brutale de la nuit, la ville changeait d'aspect. Rio ne perdait ses charmes de ville tropicale que pour en retrouver d'autres. Ils s'arrêtèrent à la terrasse d'un café qui, en fait de café, servait surtout des boissons glacées. Comme ils 174
entraient, passa un petit marchand de journaux, pieds nus, la tête encore couverte d'un immense sombrero bien qu'il fît grand-nuit, et qui s'égosillait : « Correo do Brasil !... Le vol de l'ambassade! La police sur une nouvelle nouvelle piste!... » Sylvain s'arrêta pour acheter le journal. En fait de nouvelle piste l'article ne révélait rien de sensationnel^ les voleurs couraient toujours. « Robert, dit gravement Sylvain, il faut, sans tarder, que je dise ce que je sais. C'est malhonnête de me taire. - Pourquoi ne pas attendre notre retour en France? - Il sera peut-être trop tard. - Sylvain, c'est dangereux pour toi. Ton passeport n'est pas en règle puisqu'il n'a pas été présenté à l'arrivée à Rio; ensuite, comment expl ex pliq ique uerr qu quee tu étai étaiss invi invisi sibl ble? e? Pers Person onne ne ne te croira... On te prendra pour un complice de la bande et tu ne t'en sortiras pas. » Sylvain réfléchit. Robert disait vrai; ses révé révéla lati tion ons, s, même même ex exac acte tes, s, pa para raît îtra raie ient nt susp suspec ecte tes. s. Rentré en France, tout serait simple. Et cependant, autant pour être sûr de voir les malandrins sous les verrous que pour sa petite satisfaction d'avoir été utile à quelque chose, il hésitait. Le lendemain, après une bonne nuit sans cauchemar, il déclara à Robert : 175
« Tant pis, arrivera ce qui arrivera, il faut que je prévienne la police. police. » II se rendit au commissariat le plus proche où on lui indiqua le siège de la police d'Etat, un grand bâtiment blanc gardé par une demi-douzaine de sentinelles en casque et gants blancs. Là, on commença par l'envoyer d'un bureau à l'autre, comme pour s'en débarrasser. Son âge, sa qualité d'étranger, n'inspiraient pas confiance. Enfin, il fut reçu par un inspecteur de police qui, devant son insistance, finit par l'écouter par l'écouter : « Les Les bijo bijoux ux de l'ambassad l'ambassade? e? Naturelle Naturellement, ment, vous aussi vous avez quelque chose à dire! — Des indications sérieuses. sérieuses. — Vous allez peut-être allez peut-être me dire que vous êtes en mesure de faire arrêter les cambrioleurs? - Ce n'est pas impossible ! — Nous avons déjà eu la visite d'une demidouz do uzai aine ne de dé déte tect ctiv ives es de vo votr tree es espè pèce ce...... sans résultat, naturellement!... Enfin, parlez! » Sylv Sy lvai ainn av avai aitt lo long ngue ueme ment nt ré réfl fléc échi hi à ce qu'il dirait; la méfiance de Robert lui avait conseillé la prudence. Il avait fabriqué une histoire très vraisemblable pour expliquer comment, expliquer comment, par par hasard, il était entré dans la fameuse librairie. Naturellement, librairie. Naturellement, il n'était pas question d'homme transparent. Il ne tenait pas à passer pour pour fou.
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Son récit inventé tenait bien d'aplomb. Cependant l'inspecteur demeurait sceptique. « C'est bien, fit-il, rions allons voir. En attendant, nous vous gardons à notre disposition, ici-même. » Discrètement, mais efficacement, on le garda à vue dans les locaux de la police, le temps d'aller véri vé rifi fier er ses ses dé décl clar arat atio ions ns.. Cela Cela de dema mand ndaa plus plusie ieur urss heures. Tard seulement à la fin de la matinée, l'inspecteur le fit de nouveau appeler dans son bureau. L'homme avait changé d'attitude à son égard. Il n'était d'ailleurs plus seul, trois autres inspecteurs l'accompagnaient. l'accompagnaient. Sylvain se sentit impressionné. « Vos renseignements étaient exacts, lui dit-on, nous venons de les vérifier. Les malfaiteurs ont été retrouvés à Olaria... ainsi que les bijoux qui y étaient cachés... Mais pourquoi avez-vous tant tardé à faire ces révélations? - Je n'étais pas à Rio, j'ai j'ai appris seulement hier le vol de l'ambassade. — Mais puisque vous avez assisté au retour des cambriole cambrioleurs urs dans la librairie, librairie, voici six jours, jours, vou ouss au auri riez ez pu et dû prév réven eniir immé immédi diaatem temen entt la police? - Je devais devais me rendre rendre à Santos Santos le jour même; je pensais avoir le temps, à mon retour. — Et comment se fait-il que votre passeport ne soit pas en règle? Comment êtes-vous arrivé à Rio! » Cette question, Sylvain l'avait aussi prévue. Il en 177
donna une explication qui ne parut pas satisfaire les policiers. « Ne serait-ce pas plutôt l'attrait de la prime offerte par l'ambassade? - Quelle prime? - Commen Comment! t! Vous Vous ne savez savez pas, pas, quan quandd tous tous les journaux en ont parlé? parlé? — Je n'ai pas lu les journaux, je comprends à peine quelques mots mots de portugais. » Sylv Sylvai ainn co comp mpri rit, t, co comm mmee l'av l'avai aitt préd prédit it Ro Robe bert rt,, qu'on le soupçonnerait d'être un complice, et cette histoire de prime aggravait encore la situation. Il se ressaisit. « Rien ne vous permet de me soupçonner; simple étranger de passage au Brésil, mon seul désir était d'aider votre police. Est-ce ma faute si je n'ai pu le faire plus tôt? Si vous désirez des renseignements, je demande qu'on me conduise au consulat de France, qui en obtiendra de Paris. » En attendant, il fut encore gardé à la maison centrale de la police. Tard seulement dans l'aprèsmidi, alors qu'il commençait à s'inquiéter sérieusement, on consentit -à le conduire au consulat de France. Par une chance extraordinaire, vraiment inouïe, un des employés avait connu son père; ils avaient fait leurs études ensemble au lycée Henri-IV. On télégraphia à Paris et naturellement à Santos, au professeur 178
Rodrigues, qui assura que Sylvain était venu le consulter pour une grave maladie. Tout s'arrangea fin finale alement ment.. Sylv ylvain ain en fut fut quitt uittee po pour ur la peu eur. r..... Quand il retrouva le petit hôtel, qui, en son absence, avait été fouillé, Robert, qu'on avait interrogé, était bouleversé. « Eh bien, mon vieux, tu as failli nous mettre dans de beaux draps! » Ils n'en dormirent pas de la nuit. Le lendemain, ils venaient de se lever, quand un domestique noir frappa à leur porte. « Senhor Rambaud, vite, au téléphone! » Sur le coup, Sylvain crut que là police venait de nouveau lui chercher chicane. Il entra en tremblant dans la cabine. La communication ne venait pas de la police, mais de l'ambassade du Mexique. On invitait Sylvain à s'y rendre pour être félicité et pour lui remettre le montant de la prime de deux cent cinquante mille cruzeiros promise à la personne qui permettrait de découvrir les cambrioleurs. Sylvain faillit s'évanouir d'émotion. Il remonta l'escalier en courant et tomba dans les bras de Robert. « Deux cent cinquante mille cruzeiros! s'exclama celui-ci. Presque une fortune! Il ne te reste plus qu'à te mettre sur ton trente et un et à courir à l'ambassade! » Mais Sylvain secoua la tête : 179
« Non, je n'irai pas! Tu sais que je n'ai pas fait ça pour toucher une prime. Je suis assez heureux de voir que ma transparence m'a servi à quelque chose. » Robert ne fut pas de cet avis : « Tu es stupide, Sylvain! Tu ignorais cette prime, personne ne peut mettre en doute ta bonne foi... Et puis, tu te tracasses toujours pour l'argent dépensé ici. Ne pense pas à toi, Sylvain, mais à ta mère, à ta sœur. Il faut y aller ! » Ce de dern rnie ierr argum rgumen entt touc toucha ha Sylv Sylvaain. in. Rob ober ertt acheva de le décider, et l'accompagna jusqu'à l'ambassade où les attendaient des journalistes qu'ils arrivèrent à grand-peine à dépister. Une heure plus tard Sylvain, que Robert avait attendu dans le vestibule, sortait de l'ambassade, serrant précieusement dans son portefeuille le fameux chèque. « Tu avais raison, Robert. J'ai été reçu par la femm femmee de l'a l'amba mbassa ssade deuur elle elle-m -mêm ême; e; elle lle était tait si heureuse d'avoir retrouvé ses bijoux et de me remettre le chèque, que j'en oublie mes scrupules. — Tu vois, fit Robert en riant, tu as encore raté une vocation, tu aurais fait un fameux détective! La fortune était à tes pieds! — A mes pieds?... Tu oublies simplement que mes pieds étant invisibles, on n'aurait pas su où la déposer! »
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Robert éclata de rire. Ils traversèrent la ville à pied pour en jouir davantage. De petits marchands de journaux annonçaient déjà l'arrestation des voleurs de l'ambassade, découverts par un jeune Français. « Sylvain, déclara Robert, ne rentrons pas encore... Si tu nie payais à dîner dans un bon petit restaurant de la ville, puisque te voilà presque riche!» ... Le surlendemain, samedi, ils devaient retrouver Maria Luisa qu'ils n'avaient revue qu'une seule fois depuis le retour de Santos. Encore, cette rencontre avait-elle été très brève. Aujourd'hui, Maria Luisa serait libre tout l'après-midi. Bien avant l'heure du rendez-vous ils déambulaient sur l'avenue de Pétropolis. Sylvain était très ému. Ils n'attendirent pas longtemps après l'heure fixée. La jeune fille apparut, vêtue d'une simple petite robe à fleurs en coton, à grands ramages, mais qu'elle portait avec grâce. Elle s'était soigneusement coiffée et discrètement fardée. En arrivant près des deux jeunes Français, elle elle se trouva de nouveau nouveau intimidée. « Je suis beaucoup heureuse de vous revoir, ditelle en rougissant. Ah! monsieur Sylvain, j'ai vu sur le journal, les voleurs de l'ambassade ont été arrêtés; on ne disait pas votre nom, je suis sûre que c'est grâce à vous... — Et grâce à vous, Maria Luisa... Car sans vous, comment serais-je sorti d'affaire? »
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Elle secoua ses longs cheveux noirs, l'air incrédule. Robert et Sylvain l'emmenèrent en ville. Le soleil, tamisé par une petite brume venue du large, rendait l'atmosphère très supportable. La jeune fille marchait à côté de Sylvain qui la dépassait de toute la tête. Elle paraissait à la fois heureuse et confuse. Tous les dix pas, elle tournait discrètement les yeux vers Sylvain pour le regarder. « Vous me trouvez bien différent de l'image que vous vous faisiez de moi! » dit-il en riant. Elle rougit encore. « C'est vrai, avoua-t-elle, je vous croyais petit et brun; et vous êtes grand et blond... » Puis d'ajouter :
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« Pardonnez-moi d'être si émue. Depuis que vous êtes redevenu comme tout le monde il me semble que j'ai rêvé, que vous n'avez jamais été invisible, que, dans la cave, ce n'était pas vous... Vous ne reconnaissez pas ma voix? — Justement, votre voix, votre voix seulement me dit que je n'ai pas rêvé. » Tout en bavardant, ils descendaient une large avenue. Tout à coup, Robert s'arrêta. Ils se trouvaient devant un grand restaurant. « Où m'em m'emme mene nezz-vo vous us?? de dema mand ndaa-tt-el elle le av avec ec inquiétude. - Regardez cette horloge... N'est-ce pas l'heure de déjeuner? - Oh! pas ici! - Pourquoi? - C'est trop beau..., trop beau pour moi ! » Sylvain sourit. Il lui prit le bras pour qu'elle consentît à entrer. Le restaurant était, en effet, assez luxueux. Entre les petites tables fleuries, des serveurs tout en blanc circulaient, portant des plateaux garnis. Ils s'installèrent dans un coin, près d'une grande baie donnant sur l'avenue. Maria Luisa s'inquiéta : « Que dirait ma patronne si elle me voyait? — N'êtes-vous pas libre, aujourd'hui? » Elle sourit, partagée entre sa joie de se trouver dans un agréable décor et sa crainte d'être grondée. Comme tout à l'heure, elle ne cessait 183
de se reto retour urnner vers ers Sylva ylvain in.. Elle lle de deme meur urai aitt inqu inquiè iète te.. La pré présen sence dan anss la cave cave,, de l'ho l'homm mmee invisible, l'avait fortement ébranlée, malgré le cour co urag agee qu qu'e 'ell llee av avai aitt mont montré ré.. Sylv Sylvai ainn le co comp mpri rit. t. Pendant le repas, il lui parla encore de l'expérience de Pierrefitte; pour elle, il essaya d'analyser les sentiments qu'il avait éprouvés pendant sa transparence, et les réactions de ceux qui l'avaient approché. La jeune fille écoutait, avec une attention extrême, cette voix qui l'avait fait trembler d'ép d' épou ouva vant ntéé et qu qu'a 'auj ujou ourd rd'h 'hui ui elle elle trou trouva vait it tout toutee simple, toute naturelle. Les paroles de Sylvain achevaient de la délivrer de ce qui restait obscur en elle elle.. Elle Elle sour sourit it d' d'un un sour sourir iree co conf nfia iant nt,, reme remerc rcia iant nt Sylvain de lui apporter ce qu'elle désirait : l'oubli de ces terrifiants souvenirs. « Ah! oui, soupira-t-elle avec naïveté, je vous aime mieux comme vous êtes! » Le repas terminé, ils lui demandèrent où elle voulait aller. « Connaissez-vous le parc du « Palais » ? proposa-t-elle. C'est le plus beau de Rio. Il y pousse des fleurs magnifiques. On dit qu'il ressemble à un jardin de Paris, le jardin... voyons... le jardin jar din des Tuiles!.... — Le jardin des Tuileries! » rectifia Robert en riant. 184
Le parc était très beau, en effet, mais sans doute ne ressemblait-il au jardin des Tuileries que dans l'imagination de la petite Brésilienne. Des arbres aux feuillages dentelés, ouvragés, répandaient sur le sol des ombres vigoureuses et élégantes. Des jets d'eau appo ap port rtai aien entt de dess va vagu gues es de bien bienfa fais isan ante te fraî fraîch cheu eur. r. Rendue volubile par la satisfaction de ses compagnons, Maria Luisa se mit à parler de son pays qu'elle trouvait beau malgré la tristesse de sa propre vie. Elle oublia que dans deux heures elle retrouverait sa cuisine, sa vaisselle et le vieux Noir, toujours là pour la houspiller. « II paraît que la France est un pays encore plus beau que notre Brésil, Brésil, fit-elle. — Qui le dit? - On parle parle souve souvent nt de la Fran France, ce, au au Brésil Brésil.. Les riches Carioques vont tous, au moins une fois, à Paris, et ils en reviennent émerveillés. — Et vous, Maria Luisa, vous aimeriez aller là bas? - Oh! non, pas moi! » Ce n'était pas du dédain, seulement de l'étonnement, comme si pareille chose était impensable pour une petite servante. Ils Ils se pro promenè menère rent nt da dans ns les les allée llées. s. Le tem temps passait. Il passait même très vite. Tout à coup la jeune fille eut un petit cri en regardant une horloge publique : 185
« Déjà! » Elle en perdit sa gaieté et resta silencieuse. Sylvain devina qu'elle pensait à quelque chose mais n'osait l'exprimer. « J'ai été si heureuse, aujourd'hui, dit-elle simplement, je... » Mais elle n'ajouta rien. Sylvain se sentit très malheureux. Brusquement, Brusquement, il lui prit les mains. « Maria Luisa, dit-il, pour nous aussi, pour moi en particulier, cette journée aura été la plus douce que nous ayons passée dans votre pays. Nous aurions aimé vous revoir encore... Hélas! nous allons partir...» Elle ouvrit de grands yeux, le regarda furtivement puis détourna la tête. « Oui, reprit Sylvain, nous devions quitter le Brésil la semaine prochaine par le bateau... Mais vous devi de vine nez, z, ap aprè rèss un unee pa pare reil ille le av aven entu ture re,, av avec ec qu quel elle le impatience on m'attend en France. — Je comprends, comprends, soupira-t-elle. - Nou Nouss avons avons retenu retenu nos places places sur un avion avion qui qui rentre en France, après une escale aux Antilles. » Maria Luisa ne répondit pas. Un voile de tristesse passa sur son visage. visage. « Oui, reprit-elle, je comprends, on vous attend. - Nous partons demain soir. - Demain soir! » 186
Elle baissait la tête pour cacher ses yeux. Sylvain lui reprit les mains. « Maria Luisa, je ne vous oublierai pas, je n'oublierai jamais ce que vous avez fait... Puisque vous aimez la France, peut-être y viendrez-vous un jour... Ne dites pas non. Rien n'est impossible. Vous viendrez en France, vous viendrez à Paris, nous nous reverrons. » Elle soupira longuement et ne répondit pas. Puis elle prit son mouchoir et essuya une larme. « Vous allez partir... Demain soir, je laisserai ouverte la fenêtre de ma cuisine. Quand les avions s'élèvent pour gagner la mer, ils passent toujours audessus de notre quartier. J'essaierai de voir dans la nuit les petites lumières vertes et rouges... Alors je penserai à vous, je vous suivrai dans votre long voyage... - Un vo voya yage ge qu quee vo vous us fere ferezz pe peut ut-ê -êtr tre, e, un jour!» Elle sourit tristement, comme si elle reprochait à Sylvain de lui faire trop envie. Puis elle retira vivement ses mains de celles qui les retenaient. « II faut que je m'en aille, je suis en retard. » Et elle s'enfuit à travers le parc sans se retourner.
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EPILOGUE de banlieue. Au fond, une maison spacieuse, confortable mais sans prétention. Sous un poirier, assis dans un fauteuil d'osier, un homme parcourt des journaux et des revues, un crayon à la main. Trois pas plus loin, un gamin de quatre ou cinq ans s'amuse sur un tas de sable. « Dis, papa, c'est vrai, tante Jacqueline va venir tout à l'heure? — Oui, Pedro. - Et l'oncle Robert aussi? - Bien sûr. - Et Jacques, et Babette? — Eux aussi. UN JARDIN
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Satisfait, le gamin retourne se vautrer dans le tas de sable, tandis que le père se replonge dans ses revues et ses notes... Pas pour longtemps. Un coup de sonnette, à l'entrée, l'interrompt. « Cours vite ouvrir, Pedro, ce sont eux! » Lâchant la boîte qu'il emplissait de sable, Pedro trotte au bout du jardin, tout joyeux, prêt à sauter au cou de ses cousins. Mais la porte à peine ouverte, il revient en courant vers son père. « Un monsieur! » Le père fronce les sourcils et jette ses papiers sur le guéridon, près du fauteuil : « Encore un journaliste! On ne me laissera donc jamais en paix, même même un jour comme celui-ci! » II se lève sans hâte et traverse le jardin à la rencontre de l'importun, ayant grande envie de le mettre à la porte. Mais l'homme, qui a l'air modeste, est sans doute l'envoyé d'un petit journal de vulgarisation scientifique. Il se présente comme tel, en effet. Sylvain Rambaud le prie de s'asseoir à côté de lui sous le poirier. Le reporter ne se le fait pas dire deux fois. « Que désirez-vous? Je vous préviens, je n'ai que que uelq lquues inst instan ants ts à vo vouus acco accord rdeer. J'a J'atten ttends ds des visites. — Quelques notes seulement. C'est spécialement votre dernière découverte qui intéresse notre journal : la congélation de l'eau de mer. » 189
Sylvain soupire; c'est la dixième fois, au moins, qu'on vient le voir pour lui poser les mêmes questions. Evidemment, la solidification de l'eau de mer à n'importe quelle température peut avoir des conséquences extraordinaires, et Sylvain en a étudié un certain nombre, mais il n'aime guère s'en ouvrir à tout venant. Il se contente de répondre aux questions tout toutees pré prépa paré réees du jou journal rnaliiste ste pa parr de dess form formuules les vagues. Le journaliste voudrait savoir, par exemple, s'il serait possible de solidifier une mer comme la Méditerranée ou la Manche, quelle dépense d'énergie récl réclam amee la co cong ngél élat atio ionn d' d'un unee mass massee de cinq cinqua uant ntee mètres cubes d'eau; si, du point de vue économique, cette découverte peut avoir une grande portée, etc. Puis, emporté par sa curiosité professionnelle, l'homme glisse sur d'autres terrains, les découvertes antérieures de Sylvain. « Vo Vous us sav savez, ez, dit-i it-il, l, qu quee la rume rumeur ur pu publ bliq ique ue prétend que vous détenez aussi le secret de l'homme transparent dont on a parlé à la mort du chimiste Pierrefitte et qui a fait beaucoup de bruit à l'époque...» A cette question, le front de Sylvain se plisse durement : « Je me soucie peu de la rumeur publique. Si vous voulez bien, je ne répondrai pas à cette question qui n'a rien à voir avec la congélation des mers. »
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En disant cela, il a regardé l'heure à sa montre et s'est levé. Le reporter a compris. Il rentre son stylo et son carnet. « Mon petit Pedro, va reconduire monsieur jusqu'à la porte. » Sylvain se rassied, étend le bras pour reprendre ses notes, mais, papier en main, s'arrête et réfléchit. Il y a vingt ans aujourd'hui, il débarquait à Orly avec Robert. Vingt ans!... Et l'homme transparent tracasse toujours les hommes! Alors, des souvenirs lui reviennent. Il revoit l'incendie de la rue Laura-Ancin, son long cauchemar de six mois, le Brésil, les rues de Rio, la jeune fille brune qui s'appelait Maria Luisa... et qui est aujourd'hui sa femme II pense à ses études qu'il a pu poursuivre et l'ont poussé vers la biologie et la chimie, à la célébrité naissante, dont il ne se soucie guère, mais dont il est tout de même l'esclave... Mais un nouveau coup de sonnette l'arrache à ses souvenirs. « Cette fois, ce sont eux! Cours vite, Pedro! » La po port rtee du jard jardiin s'o 'ouv uvre re de deva vant nt Jac Jacqu quees et Babette qui précèdent l'oncle Robert et tante Jacqueline. Ce sont des embrassades sans fin. La tradition veut que chaque année, en effet, le 26 juin, les deux familles fêtent tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre, l'anniversaire du retour. Malgré leurs activités différentes, puisque Robert a suivi son père dans l'architecture, l'architecture, les deux hommes sont sont 191
demeurés inséparables et leur amitié s'est encore resserrée le jour où Robert a épousé la sœur de Sylvain. Aujourd'hui, l'anniversaire est encore plus émouvant puisque c'est le vingtième. Le jour est aussi radieux que ce matin de juin où ils atterrissaient sur l'aérodrome d'Orly. Tandis que Jacqueline s'empresse de rejoindre Maria Luisa à la cuisine pour l'aider aux préparatifs du repas et que les trois enfants se ruent sur le tas de sable, les deux hommes demeurent dans le jardin pour bavarder. « Eh oui! mon vieux Robert, déjà vingt ans! Comme le temps passe! Nous étions des gamins et nous voici des hommes mûrs... Pourtant, il me semble que c'était hier... — J'espère tout de même que l'homme transparent a cessé de te hanter. - Me hanter serait beaucoup dire, mais j'y pense parfois... Et si j'oubliais d'y penser, il se trouverait toujours quelqu'un pour me le rappeler. Tiens, il y a quelques instants seulement, un journaliste a encore trouvé le moyen de m'en parler. -— Preu Preuve ve qu quee l'ho l'homm mmee tran transp spar aren entt intr intrig igue ue toujours les foules... Et qu'as-tu répondu? — Rien. L'homme transparent transparent n'existera jamais jamais ! — Ainsi, tu es toujours décidé à garder secrètes les les form formul ulees qu'A qu 'Ant nton onio io Rod odri rigu gues es t'a t'a communiquées autrefois ? 192
— Plus que jamais! Tu comptes les emporter dans ta tombe? — Peut-être... Une découverte est toujours un progrès, un pas de plus vers la connaissance... mais de là à la vulgariser! - Autrem tremen entt dit, it, la réal réalis isaatio tion de l'h l'homme omme transpare transparent nt ne te paraît paraît pas souhaitab souhaitable? le? Je crois que tu penses trop à ta propre aventure. - Vo Vois is-t -tu, u, Robe Robert rt,, j'ai j'ai beauc beaucou oupp réflé réfléch chii aux conséquences de cette découverte. Toi et moi travaillons dans des domaines différents. Dans le tien, tout est clair; tu es un bâtisseur, rien n'est discutable dans to ton œu œuvre, je je ve veux di dire au au po point de vue humain... Nous autres, chimistes, c'est autre chose. A chaque découverte, la même question se pose : estce souhaitable? Quel usage en fera-t-on? » Robert sourit : « Tu ne changeras pas, mon vieux Sylvain, toujours aussi scrupuleux! - A mo moins de de ne ne po posséder aucun se sens de des responsabilités, comment être autrement? - Tu pense pensess à ton angois angoisse se passé passée.. e.... Tu oublies oublies qu'il y a vingt ans tu as amusé follement les cinq cents passagers d'un paquebot et que ta transparence a permis de découvrir découvrir une bande bande de cambrioleurs! — Pardon, Robert; à bord du Tras-Os-Montes ce n'était pas moi qui amusais le public, mais toi... Quant aux gangsters, je les ai fait arrêter, 193
c'est vrai, mais j'aurais pu tout aussi bien... et même plus facilement, commettre un crime ou jeter la panique dans Rio! Imagine un univers où, à chaque instant, on pourrait se croire entouré d'êtres invisibles, surveillé, espionné, menacé! Ce serait tout simplement invivable! » Robert hoche la tête et sourit : « Tu es un sage, Sylvain. - Un sage, non, plutôt...» II va poursuivre son explication, quand une main se pose sur son épaule : « Eh bien, mes enfants, vous n'avez pas entendu qu'on vous appelait? A vous voir si absorbés, je parie quee vo qu vous us pa parl rlie iezz en enco core re de l'ho l'homm mmee tran transp spar aren ent! t! Lais Laisse sezz do donc nc tran tranqu quil ille less ces ces mauv mauvai aiss souv souven enir irs. s..... Vous ne sentez donc pas d'ici ce fameux Arroz de Forno brésilien que notre gentille Maria Luisa vient de sortir du four? » La vieille femme aux cheveux blancs, au front ridé, qui se penche sur Sylvain, c'est sa mère qui vit tantôt chez son fils, tantôt chez sa fille, heureuse de voir grandir ses trois petits-enfants. « Allons, vite, à table... Et vous verrez que le bon plat qui vous attend n'est pas transparent, lui, mais bien doré et consistant! consistant! »
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TABLE
I. II. II. III. III. IV. V. VI. VII. VII. VIII. VIII. IX.
LE SECRET SECRET DE PIERHE PIERHEFIT FITTE TE DISPAR SPARU U! L'AUT L'AUTRE RE LABORA LABORATOI TOIRE RE PANIQU PANIQUE E SUR LE BOUL' BOUL'MIC MICH’ H’ A BORD BORD DU « TRAS-O TRAS-OS-M S-MONT ONTES ES » COMMEN COMMENT T ATTEI ATTEINDR NDRE E SANTOS SANTOS?? UNE CURIEU CURIEUSE SE BOUTIQ BOUTIQUE UE UN PAPIER PAPIER SUR UN LAMPAD LAMPADAIR AIRE E RODRIG RODRIGUES UES REUSSI REUSSIRARA-TT-IL? IL? EPILOGUE
8 28 44 63 82 1055 10 1222 12 1455 14 1599 15 188
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ŒUVRES COMPLETES
Paul-Jacques Bonzon ANNEE TITRE 19511 195 LE VIKI VIKING NG AU BRAC BRACEL ELET ET D'AR D'ARGE GENT NT 19 53 LOUTSI-CHIEN 1953 1953 DU GUI PO POUR CHRIST RISTM MAS 19 53 MAMADI 19 54 FAN-LÔ 1954 1954 LE JON JONGLEUR EUR A L'ETO 'ETOIILE 19 55 DELPH LE MARIN 1955 1955 LES LES OR ORPH PHEL ELIN INS S DE SIMI SIMITR TRA A 1956 1956 LA BALL BALLER ERIN INE E DE MAJO MAJORQ RQUE UE 1956 1956 LE PETIT ETIT PASSE ASSEU UR DU DU LAC LAC 1957 957 MON VERCORS EN FEU 1957 1957 LA PROM PROMES ESSE SE DE PRIM PRIMER EROS OSE E 1957 1957 LA DISP DISPAR ARUE UE DE MONT MONTEL ELIM IMAR AR 1958 1958 LA PRIN PRINC CESSE ESSE SAN SANS NO NOM M 1958 1958 L'E L'EVENT ENTAIL AIL DE DE SEV SEVIL ILL LE 1959 1959 UN SECR SECRET ET DANS DANS LA NUIT NUIT POLA POLAIR IRE E 1960 960 LE CHEVAL DE VERRE 1960 1960 LA CROI CROIX X D'O D'OR R DE DE SAN SANTA TA-A -ANN NNA A 1960 1960 LA RO ROU ULOTTE TTE DU DU BO BONHEUR 19611 196 LES LES COM COMPA PAGN GNON ONS S DE DE LA LA CROI CROIXX-RO ROUS USSE SE 1961 961 J'IRAI A NAGASAKI 1962 1962 LE VOYAGEUR EUR SA SANS VI VISAG SAGE 19 62 TOUT-FOU 1962 1962 LE CHALET LET DU BONH NHE EUR 19622 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LA PILE PILE ATOM ATOMIQ IQUE UE 19633 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET L'HO L'HOMM MME E AU AU GAN GANT T 19633 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S AU AU GOU GOUFF FFRE RE MARZ MARZAL AL 19633 196 LES LES SIX SIX COMP COMPAG AGNO NONS NS ET ET L'HO L'HOMM MME E DES DES NEIG NEIGES ES 19644 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LE PIAN PIANO O A QU QUEU EUE E 19644 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LA PER PERRU RUQU QUE E ROU ROUGE GE 1964 LA FAMI FAMILLE LLE HLM ET L'ÂN L'ÂNE E TULIP TULIPE E (Où (Où est passé passé l'âne l'âne tulipe tulipe?) ?) 1964 1964 LA MAIS MAISON ON AUX AUX MIL MILLE LE BONH BONHEU EURS RS 1965 LES SIX CO COMPA MPAGNO GNONS NS ET LE PETIT PETIT RAT DE L'OPER L'OPERA A 19655 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LE CHA CHATE TEAU AU MAUD MAUDIT IT 19655 196 LE SEC SECRE RET T DE DE LA LA MAL MALLE LE ARR ARRIE IERE RE (HLM (HLM n°2 n°2)) 19666 196 LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS ET L'AN L'ANE E VERT VERT 19666 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LE MYS MYSTE TERE RE DU DU PARC PARC 19666 196 LES LES ETR ETRAN ANGE GES S LOCA LOCATA TAIR IRES ES (HLM (HLM n°3) n°3) 1966 1966 L'HO L'HOMM MME E A LA LA VAL VALIS ISE E JAU JAUNE NE (HLM (HLM)) 19677 196 LES LES SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET L'A L'AVI VION ON CLA CLAND NDES ESTI TIN N 1967 1967 CO CON NTES DE MON MON CH CHA ALET 1967 1967 VO VOL L AU AU CI CIRQ RQU UE (H (HLM n°4) n°4) 1967 POMPON POMPON LE PETIT PETIT ANE ANE DES DES TROPIQ TROPIQUES UES (avec (avec M. Pédo Pédoja) ja) 19677 196 LE MARC MARCHA HAND ND DE CO COQU QUIL ILLA LAGE GES S (HL (HLM) M) 1967 1967 RUE RUE DES DES CH CHAT ATS S SAN SANS S QUE QUEUE UE (HLM (HLM)) 1967 1967 LE RELAI LAIS DES CIGA IGALES LES 1968 1968 LUIS LUISA A CONT CONTRE RE-A -ATT TTAQ AQUE UE (HL (HLM M n°7) n°7) 19688 196 LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS A SCO SCOTL TLAN AND D YAR YARD D 19688 196 LES LES SIX SIX COMP COMPAG AGNO NONS NS ET ET L'EM L'EMET ETTE TEUR UR PIR PIRAT ATE E 1968 1968 LE CHATEA TEAU DE POM POMPON PON 1969 LES SIX CO COMPA MPAGNO GNONS NS ET LE SECRE SECRET T DE DE LA LA CAL CALANQ ANQUE UE 19699 196 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES AGEN AGENTS TS SEC SECRE RETS TS 1969 1969 UN CH CHEV EVAL AL SUR SUR UN UN VOL VOLCA CAN N (HL (HLM) M) 1969 969 POMPON A LA VILLE 19699 196 LE PERR PERROQ OQUE UET T ET SON SON TRES TRESOR OR (HLM (HLM)) 1969 1969 QU QUAT ATRE RE CH CHAT ATS S ET ET LE DIAB DIABLE LE (HLM (HLM)) 1970 1970 LE BATEA TEAU FA FANTOM TOME (H (HLM) 19700 197 LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES PIRA PIRATE TES S DU RAIL RAIL
EDITEUR G.P. Rouge et Or Collection Primevère BOURRELI BOURRELIER-H ER-HACHE ACHETTE TTE MAGNARD ED EDITEUR SUDEL EDITEUR HACHETTE SUDEL EDITEUR HACHETTE BIBLIOTHEQUE RO ROSE HACHETTE SUDEL EDITEUR HACHETTE HACHETTE HACHETTE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE Editions Delagrave IDEAL-BIBLIOTHEQUE IDEA IDEALL-BI BIBL BLIO IOTH THEQ EQUE UE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBLIOTHEQUE RO ROSE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E EDITIONS BIAS BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E
ILLUSTRATEUR Henri DIMPRE Louis LAFFOND Maguy LAPORTE LAPORTE Chri hristian FONTUGNE JEAN TRUBERT Jeanne HIVES Claude JUILLARD Albert CHAZELLE Paul DU DURAND JACQUES POIRIER Igor ARNSTAM PAUL DURAND Philippe DAURE J-P ARIEL Fran Franço çois is BAT BATET ET Henri DIMPRE François BATET Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Daniel DUPUY Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Jeanne HI HIVES Daniel DUPUY Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Daniel DUPUY Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Romain SIMON Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Romain SIMON Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Daniel DUPUY Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Romain SIMON Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Romain SIMON Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE
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LES SIX CO COMPA MPAGNO GNONS NS ET LA DISPAR DISPARUE UE DE MONTE MONTELIM LIMAR AR LE JAR JARDIN DE PAR PARADIS DIS L'HO L'HOMM MME E AUX AUX SOUR SOURIS IS BLAN BLANCH CHES ES (HLM (HLM)) SOLE SOLEIL IL DE MON ESPA SPAGNE LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES ESPI ESPION ONS S DU CIEL CIEL LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LA PRI PRINC NCES ESSE SE NOI NOIRE RE LES LES SIX SIX COMP COMPAG AGNO NONS NS ET ET LA BRI BRIGA GADE DE VOL VOLAN ANTE TE YANI LE SECR SECRET ET DU LAC LAC RO ROUG UGE E (HL (HLM) M) LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS A LA LA TOU TOUR R EIF EIFFE FEL L L'HO L'HOMM MME E A LA LA TOUR TOURTE TERE RELL LLE E (HLM (HLM)) SLAL SLALOM OM SUR SUR LA LA PIS PISTE TE NO NOIR IRE E (HL (HLM) M) LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET L'OE L'OEIL IL D'A D'ACI CIER ER LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS EN CROI CROISI SIER ERE E LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES VOI VOIX X DE DE LA LA NUI NUIT T LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS SE JETT JETTEN ENT T A L'EA L'EAU U LES LES ESP ESPIO ION NS DU DU X-3 X-355 (H (HLM) LE CIRQUE ZIGOTO LE RENDEZ-VOUS RENDEZ-VOUS DE VALENCE LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S DEV DEVAN ANT T LES LES CAM CAMER ERAS AS LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S DAN DANS S LA CITA CITADE DELL LLE E LA RO ROUL ULOT OTTE TE DE L'AV L'AVEN ENTU TURE RE (HLM (HLM)) LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LA CLEF CLEF-M -MIN INUT UTE E DIA DIABOL BOLO LE LE PETI PETIT T CH CHAT DIAB DIABOL OLO O ET ET LA LA FLE FLEUR UR QU QUII SOU SOURI RIT T DIABOLO POMPIER LES LES SIX SIX CO COMP MPAG AGNO NONS NS AU TOUR TOUR DE FRAN FRANCE CE LE CAVA CAVALI LIER ER DE LA MER MER (HL (HLM) M) LES LES SIX SIX COMP COMPAG AGNO NONS NS AU AU CONC CONCOU OURS RS HIP HIPPI PIQU QUE E LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES PIR PIROG OGUI UIER ERS S DIAB DIABOL OLO O ET ET LE LE CHE CHEVA VAL L DE DE BOI BOIS S L'HO L'HOMM MME E AU AU NO NOEU EUD D PAP PAPIL ILLO LON N (HLM (HLM)) DIABOLO JA JARDINIER LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S AU VILL VILLAG AGE E ENGL ENGLOU OUTI TI DIABOLO PA PATISSIER LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LE CIGA CIGARE RE VO VOLA LANT NT AHMED ET MAGALI LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES SKIE SKIEUR URS S DE FOND FOND LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LA BOU BOUTE TEIL ILLE LE A LA MER MER DIABOLO SU SUR LA LA LU LUNE LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LES LES BEBE BEBES S PHOQ PHOQUE UES S LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S DAN DANS S LA VILL VILLE E ROS ROSE E LES LES SIX SIX COM COMPA PAGN GNON ONS S ET LE CAR CARRE RE MAGI MAGIQU QUE E
BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VERT VERTE E DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE IDEA IDEALL-BI BIBL BLIO IOTH THEQ EQUE UE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE DELAGRAVE l es veillées des chaumières BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE DELAGRAVE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQU UE ROSE ROSE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE BIBL BIBLIO IOTH THEQ EQUE UE VER VERTE TE
Albe Albert rt CHAZ CHAZEL ELLE LE Romain SIMON Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Fran Franço çois is BATE BATET T Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Romain SIMON Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Maur Mauric icee PAUL PAULIN IN Jacq Jacque uess FRO FROMON MONT Romain SIMON ???
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THEATRE 1953 Coquett ette ch chambre à louer 1954 Camping in interdit 195 9544 L'insécuri urité soci ociale 1956 1956 Les Les Caro Carott ttes es des des Cham Champs ps-E -Ely lysé sées es 1956 Nous les av avons vus 1956 Aux ur urnes, ci citoyennes ! 1957 1957 Perm Permiis de de con condu duir iree à tou toutt âge âge 1957 La nuit du 3 mars 1957 Madame a son robot 1957 Plus on est de fous ??? Devant le rideau NOUVELLES 1952 Le Grand Lince nceul Blanc (Francs Jeux Africains n°16 du 20 novembre 1952) 1953 1953 Les mons monstr tres es de Mala Malade dettta (Francs Jeux pour les garçons No 174 du 15 Aout 1953) 1959 Le ch chamois de de Zi Zimmis Publiée dans le numéro 30 du 26 juillet 1959 " Ames Ames Vaillantes Vaillantes" , illustrations de Yvan Marié (illustrateur attitré des Editions Fleurus). ??? Le ppèère No Noël n' n'avait pa pas si six aanns
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Paul-Jacques Bonzon Paul Paul-J -Jac acqu ques es Bo Bonz nzon on (31 (31 août août 1908 1908 à Sain Sainte te-Ma -Mari rie-d e-duu-Mo Mont nt (Manche) - 24 septembre 1978 à Valence) est un écrivain français, connu principalement pour la série Les Six Compagnons.
Biographie Paul-Jacques Bonzon est originaire du département de la Manche. Né à Sainte-Mariedu-Mont en 1908, scolarisé à Saint-Lô, Paul-Jacques Bonzon fut élève de l'école normale d'instituteurs de Saint-Lô, promotion 1924-1927. Il fut d'abord nommé en Normandie, dans son département d'origine. En 1935, il épouse une institutrice de la Drôme et obtient sa mutation dans ce département où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt-cinq ans. En poste à Espeluche puis à Chabeuil, il rejoint Saint-Laurent-en-Royans en 1949 et Valence en 1957 où il termine sa carrière en 1961. Il se consacre alors entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants ayant rejoint l'Académie Drômoise des Lettres, des sciences et des arts, association culturelle qui groupe des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois". Son œuvre tranche sur la littérature pour la jeunesse de l'époque par le caractère réaliste et parfois triste de certaines situations : les enfants qu'il met en scène sont confrontés à la misère, au handicap, à l'abandon. Paul-Jacques Bonzon décrit la solidarité qui anime les milieux modestes auxquels ils appartiennent, n'hésitant pas à les insérer dans des contextes historiques marqués comme, comme, Le jongleur à l'étoile (1948) ou Mon Vercors en feu (1957). La plus grande majorité de ses ouvrages ont été publiés à la Librairie Hachette. À ce titre, il se trouve être l'un des romanciers pour la jeunesse les plus représentatifs de cette époque. Plusie Plusieurs urs de ses ouv ouvrag rages es metten mettentt en scène scène le Cotent Cotentin in et plus plus partic particuli ulière èremen mentt Barne Barnevil ville-C le-Cart artere eret, t, qu'il qu'il nomme nomme d'a d'aill illeur eurss Barne Barneret ret et Cartev Cartevill illee dan danss ses ses romans romans.. Les Les cousins de la Famille HLM y prennent leurs vacances. Delph le marin, publié chez SUDEL, se déroule à Carteret (Hardinquet, dans le roman) de même que "Le marchand de coquillages" ,"Le cavalier de la mer" ou encore "Le bateau fantôme". L'auteur connaissait bien la région. Il y venait régulièrement. PaulPaul-Jac Jacque quess Bon Bonzon zon laisse laisse une œuv œuvre re don dontt l'impor l'importan tance ce se mesur mesuree au succ succès ès rencontré notamment par des séries fortement appréciées comme Les Six compagnons, La Famille HLM ou Diabolo, mais pas seulement car ce serait oublier tout un autre aspect de l'œuvre, tout aussi significative de la qualité de l'écrivain. Les ouvrages de Bonzon ont été traduits, adaptés et diffusés dans 18 pays dont la Russie et le Japon. Les premières adaptations
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connues l'ont été en langue néerlandaise pour les Pays-Bas mais également pour l'Indonésie et l'Afrique du Sud. Il l'est encore aujourd'hui. Par exemple, Le roman Les Orphelins de Simitra a été adapté sous forme d'une animation diffusée, en 2008, au Japon, sous le nom de "Porphy No Nagai Tabi" Tabi" (Le long voyage de Porphyras). PaulPaul-Jac Jacque quess Bon Bonzo zonn est aussi aussi con connu nu dans dans les milieu milieuxx scola scolaire ires. s. Il pub publie lie chez chez Delagrave,à partir de 1960, une série d'ouvrages de lectures suivies pour l'école l' école dont l'un, "La roulotte du Bonheur", se déroule dans son département d'origine. Il a écrit en collaboration avec M. Pedoja, inspecteur départemental de l'Éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques". Il décè décède de à Va Vale lenc ncee le 24 sept septem embr bree 1978 1978.. Né Néan anmo moin ins, s, les les édit éditio ions ns Ha Hach chet ette te poursuivront l'œuvre de l'écrivain en publiant, encore quelques années, plusieurs titres de la série Les Six Compagnons, mais sous d'autres signatures. Aujourd'hui, un peu moins d'une vingtaine de titres figurent encore au catalogue de l'éditeur, dans la collection bibliothèque verte, sous une présentation modernisée. En mars 2010, la première aventure de la série Les Six Compagnons a été rééditée en Bibliothèque rose dans une version modernisée. Le 12 mars 2011, la ville de Valence a inauguré un square à son nom, en présence de ses enfants, petits-enfants et admirateurs.
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Paul-Jacques Bonzon
Biographie :
rédi ré digé géee pa parr la de dern rniè ière re ép épou ouse se de Pa Paul ul
Jacques ; Maggy
Paul-jacques Bonzon est né le 31 août 1908 à Sainte marie du mont, Manche, en Normandie. Élève de l'école normale d'instituteur de Saint-lô, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la Drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans. Marié, père de deux enfants : Jacques Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants. Il app appart arten enait ait à l'"Aca l'"Académ démie ie Drômoi Drômoise" se",, assoc associat iation ion cultur culturell ellee qui groupe groupe des des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois".Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquelles il trouvait la documentation qu'il cherchait. Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu. A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur "Loutsi-chien" fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront. Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même. C'est aussi cette connaissance connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), AliAli-B Baba aba-Bik -Bikin inii (La (La mais aison au mille ille bon bonheur heurs) s),, l'Ân 'Âne (sé (série rie des des "Po "Pompon mpon") ").. Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une sœur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste, tous, et en particulier, ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire connaître la France ou les pays étrangers (Sénégal, Laponie, Japon, Portugal, Espagne, Grèce, Italie, Angleterre). La documentation est toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, La princesse sans sans nom, Le jongleur jongleur à l'étoile).
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Ecrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire. Il a écrit écrit en collab collabora oratio tionn avec avec Monsie Monsieur ur Pedoja Pedoja , inspec inspecteu teurr dép départ artem ement ental al de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques". Chacun écrivait un chapitre et le communiquait. Il disparaît le 24 septembre 1978 à Valence, Drôme.
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Paul-Jacques BONZON J'ai demandé à plusieurs personnes si ce nom leur était familier et la plupart m'ont répondu par la négative... Mais lorsque j'ai parlé des "Six Compagnons", tout à coup des souvenirs leur sont revenus dans une bouffée de chaleur et de bonheur de l'enfance...! Paul-Jacques Bonzon a été un auteur très prolifique. Son écriture légère et fluide dest destin inée ée aux aux enfa enfant ntss n'en n'en est est pas pas moin moinss rigo rigour ureu euse se et très très litt littér érai aire re.. Son Son styl style, e, un enchantement et ses histoires toujours bien ficelées jusque dans les moindres détails. Des adultes peuvent trouver grand plaisir à la lecture de ces histoires bien construites et dans lesquelles les grandes valeurs de la morale judéo-chrétienne ont cours. Mystère, tristesse, tendresse, émotion et joie, tout y est...! Nous avons donc réuni dans cette page, un peu en vrac, des informations pêchées à droite et à gauche sur cet écrivain et nous espérons que cela vous donnera peut-être envie de découvrir son oeuvre. ***
Biographie de P-J Bonzon:
Paul-Jacques Bonzon est né le 31 août 1908 à Sainte-Marie-du-Mont, Manche, en Normandie. Aujourd'hui, un bourg de 700 à 800 habitants, situé à deux pas de la baie des Veys, et des plages du débarquement. Fils unique né dans une famille aisée, Paul-Jacques eut cependant une enfance assez difficile face à un père autoritaire qui ne lui laissa pas souvent faire ce qu'il aurait aimé. Elève de l'école normale d'instituteur de Saint-lô, il fut d'abord nommé en Normandie. Pour des raisons de santé, il vint dans la drôme où il fut instituteur et directeur d'école pendant vingt cinq ans. Marié, père de deux enfants : Jacques et Isabelle, il termine à Valence en 1961 sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à son métier d'écrivain de livres pour enfants. Il app appart arten enait ait à l'"Aca l'"Académ démie ie Drômoi Drômoise" se",, assoc associat iation ion cultur culturell ellee qui groupe groupe des des écrivains, des savants, des artistes du "Pays Drômois". Il ne rattachait pas ses livres à un courant historique quelconque, cependant il lisait beaucoup Freud, Bergson, Huxley. Très peu de romans, sauf ceux dans lesquels il trouvait la documentation documentation qu'il cherchait. 202
Pourtant, il aimait Simenon dont il appréciait la psychologie, l'étude d'un milieu. A l'origine de son oeuvre est un concours de circonstances. Pendant la dernière guerre, instituteur dans le Vercors, (mon Vercors en feu), il eut à se pencher sur la condition de vie des enfants réfugiés, des juifs en particulier. Pour les aider moralement et les distraire, il leur lisait des histoires qu'il écrivait pour eux. Envoyé à un éditeur "Loutsi-chien" fut accepté. D'autres romans, tous retenus, suivront. Tout naturellement, l'instituteur qu'il était a écrit pour ses élèves, pour la plupart d'un milieu modeste. Ils se reconnaissaient dans les héros de Paul-Jacques Bonzon, enfants de la rue, sans moyens financiers (la série Six compagnons), mais adroits, dévoués, généreux, chevaleresques même. C'est aussi cette connaissance connaissance des enfants qui lui a fait introduire des animaux dans ses romans : Kafi (Six compagnons), Tic-Tac (Famille H.L.M.), Minet, (La roulotte du Bonheur), AliAli-B Baba aba-Bik -Bikin inii (La (La mais aison au mille ille bon bonheur heurs) s),, l'An 'Ane (sé (série rie des des "Po "Pompon mpon") ").. Les romans sentimentaux, plus psychologiques sont le plus souvent une quête, celle d'une soeur, d'une famille affectueuse, d'ou leur atmosphère un peu triste. Tous et en particulier ceux écrits pour les écoles, s'attachent à faire connaître la France ou les pays étrangers (Sé (Sénéga égal, Lapo aponie nie, Jap Japon, on, Portu ortuggal, Espag spagne ne,, Grè Grèce, Ita Italie lie, Angle nglete terr rree). La documentation est toujours très sérieuse, la vérité historique respectée (Le viking au bracelet d'argent, d'argent, La princesse sans sans nom, Le jongleur jongleur à l'étoile). Ecrits dans un but éducatif et culturel, le livres de Paul-Jacques Bonzon allient à une langue simple, pure, évocatrice, souvent poétique, le souci d'instruire autant que celui de plaire. Il a écrit écrit en collab collabora oratio tionn avec avec Monsie Monsieur ur Pedoja Pedoja , inspec inspecteu teurr dép départ artem ement ental al de l'éducation nationale, un livre de lecture destiné aux enfants des pays francophones "Pompon, petit âne des tropiques". Chacun écrivait un chapitre et le communiquait. Il disparut le 24 septembre 1978 à Valence, Drôme. ***
Article paru à sa mort: Valence. La mort de Paul-Jacques Bonzon va toucher des millions de jeunes et d'enfants à travers le monde. Il était leur écrivain, celui qui avait compris leurs goûts, et qui était devenu leur complice à travers une centaine de romans. Depuis plus de trente ans ( c'est à dire que ses premiers lecteurs sont aujourd'hui des hommes), il a enchanté des générations d'écoliers par ces récits d'aventure clairs, purs et passionnants. Son oeuvre a été traduite dans un grand nombre de pays, y compris le Japon, et partout elle a connu un et connaît encore, un étonnant succès.
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Originaire Originaire de Ste-Marie-du-Mo Ste-Marie-du-Mont nt dans la manche, il était était doué pour la peinture peinture et la musique, mais son père avait voulu qu'il soit instituteur. Et c'est comme tel qu'il arriva un jours dans le Vercors, puis, plus tard, à l'école de la rue Berthelot à Valence, et qu'il commença à écrire des histoires qu'il lisait à ses élèves, guettant leurs réactions, et s'inspirant souvent de leurs remarques.. r emarques.. Ses Ses héros héros les plus plus pop popula ulaire iress sont sont les Six compag compagnon nonss qu' qu'il il entra entraîna îna dan danss des aventures lointaines ou proches, à Valence, à l'Aven Marzal, à la Croix-Rousse, à Marcoules, et qui tiennent aujourd'hui un bon rayon dans la bibliothèque verte. Pour la bibliothèque rose, il mit en scène la famille H. L. M., et écrivit beaucoup d'autres récits comme Mon Vercors en feu, feu, et d'au d'autre tress fict fictio ions ns tel tel l' Even Eventa tail il de Sévi Sévill llee qui qui fut fut adap adapté té pour pour la télé télévi visi sion on.. Paul-Jacques Bonzon avait reçu en France le grand prix du Salon de l'Enfance, puis, à NewYork, le prix du Printemps qui couronne le meilleur livre pour enfants paru aux Etats-Unis. Il avait abandonné l'enseignement assez tôt pour se consacrer à son oeuvre, entouré de son épouse et de ses deux enfants, une fille et un garçon, aujourd'hui mariés. Il travaillait le plus souve souvent nt direct directem ement ent à la machi machine ne dan danss sa tranqu tranquill illee demeu demeure re de la rue Louis-B Louis-Bart arthou hou,, prolongée par un un charmant petit jardin. C'est là qu'il inventait ses belle histoires, et lorsqu'il avait achevé un chapitre il prenait sa pipe et venait faire un tour en ville de son pas glissé, calme et amical. Paul-Jac Paul-Jacques ques Bonzon Bonzon était naturelle naturellement ment membre membre de l'académi l'académiee drômoises drômoises,, vicevice président de Culture et Bibliothèques pour tous. Il était devenu un authentique Dauphinois très attaché à sa province d'adoption. Sa gloire littéraire, qui est mondiale parmi les jeunes, n'avait en rien altéré sa simplicité ni sa bienveillance : et il disparaît comme il a vécu, dicrètement. Pierre Vallier. ***
Autres témoignages: Paul-J Paul-Jac acque quess Bon Bonzon zon est très très con connu nu pou pourr sa série de livres parus dans la bibliothèque verte, sous le titre "Les six compagnons". Outre de nombreux autres ouvrages pour la jeunesse de grande qualité, il a aussi publié des ouvrages scolaires. Paul-Jacques BONZON était instituteur. Paul Paul-J -Jac acqu ques es BONZ BONZON ON est est surt surtou outt conn connuu comme comme grand grand romanc romancier ier de la jeune jeunesse sse,, d'a d'aill illeu eurs rs abondamment abondamment lauré (Second ( Second Prix "Jeunesse" en 1953. Prix "Enfance du Monde" en 1955. Grand Prix du Salon de l'Enfance en 1958). Ses ouvrages suscitent chez nos enfants - et chez bien des adultes - un intérêt croissant. Il sait, de longue expérience, que composer un livre de "lectures suivies" est une entreprise délicate, que le goût des jeunes est à l'action
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rondement menée, aux péripéties multiples voire violentes ou cruelles. Les livres d'évasion, de délassement, de bibliothèque, pour tout dire, laissent paraître ces caractères. Paul Vigroux, Inspecteur général honoraire. *** Paul-Jacques Bonzon Bonzon a réalisé de très nombreux dessins. En fait il voulait à l'origine être dessinateur, dessinateur, peintre ou musicien mais sont père en a décidé autrement! A une certaine époque, il résidait en Suisse et vivait de ces dessins humoristiques vendus sous forme de cartes postales. Un dessin de Paul-Jacques Bonzon:
*** Voici quelques informations supplémentaires, tirées d'un ouvrage de Marc Soriano, aux Éditions Delagrave, 2002. L'auteur nous apprend que Paul-Jacques Bonzon, né dans une famille aisée, fils unique, père autoritaire, a eu eu une enfance enfance difficile. Paul Paul-J -Jac acqu ques es Bo Bonz nzon on,, en écriv écrivan antt pour pour les les enfa enfant nts, s, se réin réinve vent ntee une une enfa enfanc nce. e. Il écrit des aventures sentimentales qui sont des quêtes : une soeur, une famille normale... (Du gui pour Christmas, La promesse de Primerose). Cela plaît particulièrement aux filles, confie Paul-Jacques Bonzon. Il avoue aussi que s'il ne tenait qu'à lui, les ouvrages finiraient mal ! Ce qui plaît plus aux filles qu'aux garçons. Un seul titre finit mal : "L'éventail de Séville". Encore l'adaptation télévisée adoucit-elle la fin. Et des pays étrangers, pour la traduction dans leur langue, demandent "une fin heureuse". 205
Les six compagnons se vendent à 450000 par an en moyenne. L'auteur dit qu'on lui a reproché de "s'être laissé aller" à des séries, comme si c'était une déchéance pour l'auteur et un mal pour le lecteur. Paul-Jacques Paul-Jacques Bonzon reprend : "Il est important d'encourager la lecture à une époque ou elle est concurrencées par toutes sorte d'autres sollicitations". Bonzon avoue aussi son penchant pour les milieux modestes, qui, dit-il plaisent aux enfants. Il comprend, avec le temps, pourquoi sa série des "Six compagnons" a plus de succès que sa série "La famille HLM" : Il I l y a un chien ! Les ouvrages de Bonzon sont traduits dans 16 pays. ***
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Bibliographie:
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Titres hors séries: - Contes de mon chalet - Delph le marin - Du gui pour Christmas (Second Prix "Jeunesse" 1953) - Fan-Lo - J'irai à Nagasaki - La ballerine de Majorque - La croix d'or de Santa Anna - La disparue de Montélimar - La princesse sans nom - La promesse de Primerose - Le rendez vous de Valence - Le cheval de verre - Le jongleur à l'étoile - Le petit passeur du lac - Le secret du lac Rouge - Le viking au bracelet d'argent - Le voyageur sans visage - Les orphelins de Simitra (Prix "Enfance du Monde" 1955) - L'éventail de Séville (Grand Prix "Salon de l'Enfance" 1958) - L'homme à la valise jaune - Loutsi-Chien - Mamadi - Mon Vercors en feu - Saturnin et le vaca-vaca - Soleil de mon Espagne - Tout Fou - Un secret dans la nuit polaire ------------------------------
Les six Compagnons:
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1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38
1961 1963 1963 1963 1964 1964 1964 1965 1965 1966 1966 1967 1968 1968 1969 1969 1970 1970 1971 1971 1972 1972 1973 1973 1974 1974 1975 1975 1976 1976 1977 1977 1978 1978 1979 1979 1980 1980
Les Compagnons de la Croix-Rousse Les Six Compagnons et la pile atomique Les Six Compagnons et l'homme au gant Les Six Compagnons au gouffre Marzal Les Six Compagnons et l'homme des neiges Les Six Compagnons et la perruque rouge Les Six Compagnons et le piano à queue Les Six Compagnons et le château maudit Les Six Compagnons et le petit rat de l'Opéra Les Six Compagnons et l'âne vert Les Six Compagnons et le mystère du parc Les Six Compagnons et l'avion clandestin Les Six Compagnons et l'émetteur pirate Les Six Compagnons à Scotland Yard Les Six Compagnons et les agents secrets Les Six Compagnons et le secret de la calanque Les Six Compagnons et les pirates du rail Les Six Compagnons et la disparue de Montélimar Les Six Compagnons et la princesse noire Les Six Compagnons et les espions du ciel Les Six Compagnons à la tour Eiffel Les Six Compagnons et la brigade volante Les Six Compagnons et l'œil d'acier Les Six Compagnons en croisière Les Six Compagnons et les voix de la nuit Les Six Compagnons se jettent à l'eau Les Six Compagnons dans la citadelle Les Six Compagnons devant les caméras Les Six Compagnons au village englouti Les Six Compagnons au tour de France Les Six Compagnons au concours hippique Les Six Compagnons et la clef-minute Les Six Compagnons et le cigare volant Les Six Compagnons et les piroguiers Les Six Compagnons et la bouteille à la mer Les Six Compagnons et les skieurs de fond Les Six Compagnons et les bébés phoques Les Six Compagnons dans la ville rose
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La famille HLM: Où est passé l'âne Tulipe ? (1966) (publié également sous le titre 208
La famille H.L.M. et l'âne Tulipe) Le secret de la malle arrière (1966) Les étranges locataires (1966) Vol au cirque (1967) L'homme à la valise jaune (1967) Luisa contre-attaque (1968) Le marchand de coquillages (1968) Rue des chats-sans-queue chats-sans-queue (1968) Un cheval sur un volcan (1969) Le perroquet et son trésor (1969) Quatre chats et le diable (1970) Le bateau fantôme (1970) Le secret du Lac Rouge (1971) L'homme à la tourterelle (1972) La roulotte de l'aventure (1973) Slalom sur la piste noire (1974) L'homme aux souris blanches (1975) Les espions du X-35 (1976) Le cavalier de la mer (1977) L’homme au nœud papillon (1978) -----------------------------Série Diabolo: Diabolo le petit chat Diabolo et la fleur qui sourit Diabolo pompier Diabolo et le cheval de bois Diabolo jardinier Diabolo pâtissier Diabolo sur la lune
1976 1976 1976 1977 1977 1977 1979
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A suivre
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Livres scolaires: "Livres de lecture suivie" P.-J. Bonzon et M. Pédoja: - Pompon le petit âne des tropiques. CP. P.-J. Bonzon: - Le château de Pompon (CP) - Pompon à la ville (CP) - Le jardin de Paradis (CP, CE1) - La maison aux mille bonheurs (CE1, CE2) - Le cirque Zigoto (CE1, CE2) - Le chalet du bonheur (CE1, CE2, CM1) - Yani (CM1, CM2) - Ahmed et Magali (CM1, CM2) - Le relais des cigales (CM1, CM2) - La roulotte du bonheur (CM2) ***
Voici quelques photos de couvertures de livres de P-J Bonzon (Cliquez sur une vignette pour voir la photo agrandie, puis sur le bouton "Précédente" de votre navigateur pour revenir à cette page).
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A suivre
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THEATRE 1953 Coquett ette ch chambre à louer 1954 Camping in interdit 195 9544 L'insécuri urité soci ociale 1956 1956 Les Les Caro Carott ttes es des des Cham Champs ps-E -Ely lysé sées es 1956 Nous les av avons vus 1956 Aux ur urnes, ci citoyennes ! 1957 1957 Perm Permiis de de con condu duir iree à tou toutt âge âge 1957 La nuit du 3 mars 1957 Madame a son robot 1957 Plus on est de fous ??? Devant le rideau
NOUVELLES 1952 Le Grand Lince nceul Blanc (Francs Jeux Africains n°16 du 20 novembre 1952) 1953 1953 Les mons monstr tres es de Mala Malade dettta (Francs Jeux pour les garçons No 174 du 15 Aout 1953) 1959 Le ch chamois de de Zi Zimmis Publiée dans le numéro 30 du 26 juillet 1959 " Ames Ames Vaillantes Vaillantes" , illustrations de Yvan Marié (illustrateur attitré des Editions Fleurus). ??? Le ppèère No Noël n' n'avait pa pas si six aanns
Sauf erreur ou omission
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