La nouvelle principale qui donne son titre à ce re cueil met en scène un repas de minuit (médianoche) où un couple annonce à ses invités leur séparation. Ce rass emblement débouche sur un exercice, puisque à la manière du Décaméron de Boccace les convives doivent raconter une histoire sur le même thème du double ou de la répétition. La première nouvelle, assez longue puisqu’elle comporte une quarantaine de pages, accroche immédiatement l’attention par sa facture f acture originale et mouvante, mouvante, autant que par le thème du mystère amoureux. amoureux. Les amants taciturnes taciturnes s’expriment à tour de rôle, LUI, ELLE, afin d’exposer la quintessence du rapport amoureux, ses fragilités et sa force intrinsèque qui échappe à toute résolution.
SA STRUCTURE La nouvelle se définit comme un court récit en prose, fictif , même si certaines peuvent aller jusqu’à cent pages comme Le Horla de Maupassant, Carmen ou Colomba de Mérimée, ou La Vénus d’Ille de Gautier. Le recueil présente un enchâssement de récits racontés à l’occasion d’un « médianoche », ou repas amoureux, amoureux, par un couple qui n’a plus que ce seul recours pour encore se parler. Cette technique littéraire est un héritage de l’auteur italien Boccace, italien Boccace, qui, dans le Décaméron, datant de 1350, faisait raconter à dix personnes, enfermées dans un château pendant dix jours, un récit par jour, souvent lié à une situation amoureuse. En France, Marguerite de Navarre reprit cette technique, mais sur sept jours, dans l’Heptaméron en 1559, et elle connut ensuite une grande fortune, dans les nouvelles de Maupassant par exemple. Mais l’originalité de Tournier consiste, dans cette nouvelle enchâssée, à enchâssée, à enchâsser d’autres formes littéraires. littéraires . Ainsi le récit intègre récit intègre le discours du discours du Président, qui lui-même insère la lettre du lettre du médecin de campagne, elle-même racontant l’anecdote des chatons, à la façon d’un apologue. Enfin la Enfin la nouvelle se ferme sur un dernier enchâssement, enchâssement, le dialogue téléphonique dialogue téléphonique entre le Président et la jeune fille.
SES CARACTERISTIQUES Le terme « nouvelle » donne à ce genre littéraire une double fonction. fonction. D’une part, il suggère une fonction informative qui le rattache à l’actualité : « apprendre une nouvelle », « écouter les nouvelles » ; d’autre part, il implique une fonction de séduction, séduction, puisque l’idée de nouvelle connote « l’inouï », l’inouï », quelque chose d’inttendu qui doit étonner, surprendre. Ces deux aspects vont parfaitement être illustrés dans « Un bébé sur la paille ». La brièveté de la nouvelle impose cependant à l’écrivain des contraintes. contraintes. D’abord son schéma narratif sera simple et rapide : la situation initiale est posée en quelques lignes dans l’incipit, puis l’élément perturbateur introduit peu de péripéties, une seule dans « Un bébé sur la paille », la recherche d’une solution qui sera apportée par la lettre du vieux médecin de campagne. L’élément de résolution conduit à une situation f inale, le plus souvent surprenante, qui constitue ce qu’on nomme la chute, ici les dernières phrases
du dialogue. De ce fait l’actualisation spatio-temporelle est resserrée : nous n’avons pas de longue description, et, même si d’autres lieux sont évoqués, tout le récit se déroule en un seul, le bureau présidentiel. C’est plutôt l’atmosphère créée qui prend une valeur symbolique Parallèlement, la durée est réduite à l’extrême, le temps des voeux à la télévision, à peine allongé par la lecture de la lettre et le bref dialogue final. De ce fait chaque instant précis prend toute son importance, et l’écrivain peut jouer sur l’analepse, le retour en arrière, ou la prolepse, l’annonce de l’avenir, pour étoffer le récit, comme cela se produit ici. Enfin les personnages sont forcément peu nombreux, et quelques traits suffisent à les caractériser . Dans le cas d’ »Un bébé sur la paille », ils valent surtout pour leur valeur symbolique, puisque la fin de la nouvelle nous ramène dans le temps du mythe, celui de la naissance du Christ. Le choix du narrateur joue un rôle essentiel, absent du premier paragraphe, il se présente comme externe, pour donner ainsi l’impression d’une objectivité et renforcer l’effet de réel. Mais il laisse sa place au discours, pris en charge par le « je » du président de la République. Entre objectivité et subjectivité, au lecteur de se forger son propre jugement…
LE TRAVAIL D’ECRITURE La nouvelle, en raison de sa brièveté même, implique une forme très élaborée puisque chaque élément du récit est concerté pour conduire inévitablement à la chute. Ainsi Baudelaire, qui a traduit et commenté les nouvelles d’Edgar Poë au XIX° siècle, déclare : « Si la première phrase n’est pas écrite en vue de préparer une impression finale, l’oeuvre est ratée. » Cela oblige le lecteur à une lecture particulièrement attentive pour déceler la combinatoire des indices qui, a posteriori, révéleront la logique de la « chute ». Mais cela n’empêche pas l’écrivain de pouvoir faire varier, comme il le fait ici, différentes formes d’énonciation, avec leurs caractéristiques propres : le discours, avec sa forme de persuasion des destinataires, la lettre, ici à la façon d’un discours rapporté qui garde sa forme d’oralité, l’apologue, qui propose d’ailleurs un commentaire sur son rôle, enfin le dialogue, restitué avec sa vivacité. Le titre, enfin, attire l’attention du lecteur en lui suggérant des hypothèses de lecture. « Un bébé » reste bien vague : sera-t-il un des personnages de la nouvelle ? La lecture des premiers paragraphe nous surprend alors… Aucun bébé n’y apparaît… Quant à la précision « sur la paille », s’agit-il de mettre en place un thème, celui de la misère ou de l’abandon, ou doit-elle être prise dans son sens symbolique et être rattachée à la tradition biblique, la naissance de Jésus ? Ce titre n’est donc pas immédiatement transparent, et crée un effet de suspens.