SOMMAIRE
GÉOPOLITIQUE Edito � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 3
POLITIQUE ET SOCIÉTÉ � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � 6 E I analyse l Rui Poui, u puic romp-’œi � � p� 8 S analyse l’oppoiio Rui : u ciquièm coo ? � � � � p� 12 S analyse Qu prpciv émogrphiqu pour Rui ? � p� 16 1 U FOCUs l’égi orhoox ru, 2 u frm cuur ’iuc � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 20 ° R N E I A ÉCONOMIE � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � 22 T L analyse l m érgéiqu ru, u vcur A M ’iuc u cœur jux uropé � � � p� 24 O E géoécoomiqu L tableaU de bORd Écoomi Rui � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 29 P I D analyse Gurr écoomiqu : qu o D E E rm Rui cor ’Occi ? � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 30 D U S R Q GÉOPOLITIQUE � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � 34 E I I S T analyse axio Crimé pr Rui : S I O qu régi u Krmi Ukri ? � � � � � � � � � � � � � � � p� 36 D L PORtFOlIO l mc ru : ’Otan u chv S p Poog � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 41 O D N Coéquc cri ukrii ur P analyse A rio Rui ’Uio uropé � � � � � � � � � � � � p� 42 R O FOCUs l softr G power ru -i mor Ukri ? � � � � � � � � � � � p� 46 É S E L G FOCUs l JO sochi : jux i viri Rui � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 48 P.
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DE LA RUSSIE analyse l É-Ui Rui : r « reset » « bugs » récurr � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 50 FOCUs l’Ir Rui : ’ à ’ic? � � � � � � � � � � � � p� 54 entRetIen Pourquoi Vimir Poui âch--i p sri ? � p� 56 entRetIen l’ér pur urqu u gr voii ru � � � � � � � p� 59 analyse l’Orgiio coopério shghï : u ’iuc r Mocou Péki pour ’ai cr � � � � � p� 61 FOCUs l Chi, miroir u éci ru � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 65
STRATÉGIE � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � 66 P.
analyse déf ru : priorié, vcé, icriu � � � � � � p� 68 PORtFOlIO Frc – Rui : imm v Mir � p� 73 FOCUs Otan – Rui : ’impoi ? � � � � � � � � � � � � � � � � p� 74 analyse l ourir or-cuci : Rui à cour ouio � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 76 analyse l régi ru arciqu : à rchrch grur pé ? � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 80 analyse l Rui, u cur mjur crgurr � � � � � � � p� 84 analyse l Rui - cor u gr puic pi ? � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 87 analyse apc régiqu x ux : u ccéério ériv u coi ? � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 90
Lectures � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 95 Abonnement � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � � p� 97
Stratégie
analyse Défense russe : priorités, avancées, incertitudes
Par Isabelle Facon, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique, maître de conférences à l’École polytechnique.
Photo ci-dessus :
Le 9 mai 2014, des soldats de l’armée russe défilent sur la place Rouge pour célébrer le 69e anniversaire de la victoire de la Russie sur l’Allemagne nazie. La parade militaire comptait plus de 11 000 soldats, 69 avions et hélicoptères et 149 véhicules militaires. Avec 68,9 milliards de dollars en 2013, la Russie disposerait du troisième plus gros budget de défense au monde derrière les États-Unis (582,4 milliards de dollars) et la Chine (139,2 milliards de dollars estimés). Un projet de loi adopté par la Douma prévoit une augmentation du budget à 98 milliards de dollars en 2016. (© Xinhua/ Jia Yuchen)
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La crise en Ukraine, dans laquelle Moscou a abondamment mis en avant sa puissance militaire, fait oublier que l’armée russe est dans un état transitoire qu’il pourrait lui être difficile de quitter, compte tenu des tendances économiques et démographiques du pays. Mais le nucléaire sanctuarise la Russie, qui profite, dans ses rapports avec l’Europe, de la répugnance de celle-ci à recourir aux leviers de force. ans les années quatre-vingt-dix, l’imposant appareil militaire hérité par un État russe incapable de le financer et de le réformer faisait figure d’« armée en haillons » (1), pour ne citer qu’une des nombreuses expressions alarmistes alors utilisées pour décrire la crise – profonde – de la défense russe. En 2014, à l’occasion de la crise ukrainienne, Moscou met considérablement en scène son armée (2), et c’est davantage l’image d’une résurgence de la puissance militaire russe qui marque les esprits. Qu’en est-il dans les faits ? La question se pose d’autant plus que la Russie a lancé en 2008 une réforme qui a transformé son appareil de défense. Sans en modifier totalement la culture, sans mettre fin à toutes les graves difficultés accumulées au
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cours des quinze années précédentes, cette réforme a bousculé les structures traditionnelles de l’armée, amélioré son image auprès de la société russe et sans doute contribué au regain de confiance affiché par le Kremlin en Ukraine. Mais la pente est longue à remonter, même si, par effet de miroir sans doute, l’effort important consenti par le gouvernement russe pour soutenir son armée impressionne l’Europe.
Une réforme soutenue par un État motivé : l’armée russe enn en transition Vladimir Poutine, qui a appuyé sa montée en puissance sur la scène politique russe sur le facteur militaire (cf. la seconde guerre de Tchétchénie), considère que la Russie n’aurait pas
Stratégie subi les revers qu’elle a, selon lui, connus dans les années quatrevingt-dix, si son armée n’avait pas été en déshérence. Chacun a en tête les récits de soldes impayées des mois durant, de cannibalisation des équipements, d’échecs répétés des opérations dans le Caucase du Nord pour cause de désorganisation et d’impréparation des forces, jusqu’aux anecdotes sur les coupures d’électricité dans certaines unités des forces de missiles stratégiques. En outre, la vision du monde de Vladimir Poutine est celle d’un univers hautement compétitif, marqué par une forte concurrence internationale pour l’obtention des ressources stratégiques, dont à son sens la Russie pourrait à terme se retrouver la proie, si elle ne se dote pas des capacités défensives nécessaires. Le développement progressif de la présence militaire russe dans l’Arctique, bien qu’encore assez symbolique, répond certainement à cette lecture (lire à ce sujet l’article de Frédéric Lasserre, p. 80-83 – NdlR).
La pente est longue à remonter, même si, par effet de miroir sans doute, l’effort important consenti par le gouvernement russe pour soutenir son armée impressionne l’Europe. Une nouvelle impulsion Dès que les revenus de l’État russe ont commencé à s’accroître du fait de l’augmentation des prix mondiaux des hydrocarbures, le président russe a revalorisé le budget de défense. Les spécialistes savent combien il est difficile de mesurer de manière fiable les dépenses militaires en Russie. Néanmoins, les données du SIPRI permettent d’établir un ordre de grandeur. Sa Military Expenditure Database (www.sipri.org) propose les valeurs suivantes en prix et taux de change constants (2011) : en 2001, les dépenses militaires russes représentaient, avec 33,7 milliards de dollars, 3,8 % du PIB ; en 2005 : 3,6 % du
PIB avec 46,5 milliards de dollars ; en 2013 : 4,1 % du PIB avec presque 85 milliards de dollars. Soldes et pensions ont été revalorisées en proportion. En 2010, le gouvernement russe a adopté un Programme d’armement 2011-2020 devant assurer le rééquipement des forces sur un budget de plus de 600 milliards d’euros. En 2007, le gouvernement nomme à la tête du ministère de la Défense Anatoli Serdioukov, un civil, ex-responsable de l’administration fiscale. Il mettra en œuvre, à partir de l’automne 2008, une réforme d’une ampleur sans précédent. Sa nomination traduisait en soi la détermination du pouvoir à faire avancer les choses, et elles avanceront en dépit de l’impopularité, au sein des forces, du ministre et de ses mesures. Serdioukov va externaliser nombre de fonctions de soutien et de logistique afin de rationaliser la dépense de défense et de faire en sorte que les personnels soient concentrés sur les missions de combat. Il entreprend une réorganisation des structures en vue de créer des forces de taille plus réduite, mais plus mobiles et modernes. Le corps des officiers fait l’ob jet de coupes considérables. L’unité de base est désormais la brigade, remplaçant les divisions et les régiments ; « légère », « moyenne » ou « lourde », elle bénéficie d’une certaine autonomie et doit être rapidement déployable. La « nouvelle » armée russe, qui doit compter un million d’hommes, se veut plus flexible, plus fonctionnelle en interarmées, et mise davantage sur la guerre de l’information, le renseignement et les moyens cyber (lire à ce sujet l’article de Daniel Ventre, p. 84-86). L’entraînement, réduit à la portion congrue dans les années précédentes, s’est considérablement intensifié (avec un effort particulier sur la mobilité stratégique et le combat interarmées) ; les inspections surprises se multiplient. Des mesures ont également été prises pour « humaniser » le service militaire (possibilité de faire son service à proximité de sa région d’origine, meilleur accès des proches et des ONG aux unités…), même si beaucoup reste à faire pour repopulariser le service, auquel continuent de vouloir se soustraire de nombreux Russes. Écueils et incertitudes De nombreux problèmes perdurent néanmoins, traduisant parfois une planification hasardeuse, voire des blocages
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Affaires stratégiques et relations internationales
Photo ci-contre :
Le SNLE (sous-marin nucléaire lanceur d’engins) Iouri Dolgorouki de classe Boreï a été remis à la marine russe en janvier 2013. Alors que le ministère de la Défense russe a prévu de disposer de huit SNLE de ce type, ces nouveaux sous-marins de quatrième génération doivent constituer la future épine dorsale de la dissuasion nucléaire océanique russe. Ils seront équipés du missile balistique Boulava d’une portée de 8000 kilomètres. Avec environ 8500 ogives nucléaires, la Russie est actuellement le pays qui possède le plus grand arsenal nucléaire au monde. (© DR)
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Stratégie Laptev
MerdeKara Environnement stratégique de la Russie
Alliances stratégiques et puissances nucléaires
Merde Barents Flotte du Nord
La défense russe
Cercle polaire
Flotte de la Baltique
Mer d’Okhotsk
Iekaterinbourg
Océan Atlantique
Biélorussie Ukraine
Rostov
Transnistrie
France
Flotte de la mer Noire X
Kazakhstan
Syrie
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Arménie
Océan Atlantique
Seychelles
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G uy ane française
Les Grands Dossiers de Diplomatie n° 21 (© AREION/CAPRI)
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Mernoire
Océan Indien
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Le 2 décembre 2013, le président russe et son homologue arménien visitent la base russe n o 102 installée dans le pays, à Gumri, et qui compte environ 3500 soldats russes. En 2013, le gouvernement arménien a donné son feu vert au renforcement et à l’agrandissement de cette base avec le déploiement d’environ deux douzaines d’hélicoptères de combat russes, la modernisation des avions de combat MiG-29 et l’installation de missiles balistiques Iskander-M. (© kremlin.ru/Presidential Press and Information Office)
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culturels. Il est impossible de revenir, en quelques années, sur plus d’une décennie de gestion défaillante de l’outil de défense et de l’appareil industriel qui le sert. Les problèmes démographiques (lire à ce sujet l’article de Cécile Lefèvre p. 16-19 – NdlR) continuent à peser sur l’effort de l’institution militaire pour améliorer la qualité des personnels, dont le recrutement repose sur la base d’un système mixte conscrits/ l engagés sur contrat ( kontraktniki ). Ce problème, conjugué à l l des résistances à l’abolition de la conscription, a suscité des l l l ll l fluctuations d’objectifs. Le ministère de la Défense a tenté l l ll d’accroître l progressivement la proportion de kontraktniki avant de constater que leur quantité et leur qualité nel satisfaisaient pas à l’ambition de fournir aux armées des personl nels aptes à utiliser des équipements plus sophistiqués et à participer à des opérations militaires intensives de « nouvelle génération » (3). Dans le même temps, l’armée, invariablement, ne parvient pas à recruter le nombre requis de conscrits – la classe d’âge disponible restant défaillante quantitativement et qualitativement. Du coup, la réalisation de l’effectif d’un million d’hommes est compromise, et l’armée d’ores et déjà ne compterait que 800 000, voire 700 000 hommes. La formation d’un corps efficient de sous-officiers demeure problématique. Ces problèmes ont dicté, entre autres, un ajustement des objectifs initiaux de réduction du corps des officiers. Il devait passer de 335 000 à 150 000 hommes, mais l’objectif a été ramené à 220 000. Les brigades sont loin d’être toutes au plein de leur effectif. Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que la réduction de la durée du service militaire à un an ait suscité de nombreuses critiques, regrettant que ce terme ne permette pas aux conscrits de se former suffisamment aux équipements de l’armée, censés être de meilleur niveau, et que les niveaux d’expérience des personnels n’en soient que plus disparates. En outre, selon certains spécialistes russes, la situation contraint l’armée à recruter des personnes souffrant de problèmes médicaux, d’alcoolisme ou d’autres addictions, ou présentant un bas niveau d’éducation, ce qui se répercute évidemment sur l’état des forces (4). Les capacités logistiques
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500km
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RUSSIE
Crimée
Singapour
Vénézuéla
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Rostov
Vietnam
Abkhazie
Cuba
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Océan Pacifique
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Les freins à la puissance russe
États-Unis
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Corée du Nord
Pakistan Inde
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Flotte du Pacifique
Kirghizstan Tad jikistan Chine
Israël
Algérie
Khabarovsk
Flottille de la Caspienne
GE
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Chypre
Sièges des quatre commandements stratégiques mis en place depuis 2010 QG de flottes et flottilles de la marine russe Autres bases navales russes importantes Bastion de sous-marins nucléaires russes État accueillant sur son territoire une ou plusieurs bases militaires russes État en négociation avec Moscou pour offrir des facilités à l’armée russe Station radar russe de préalerte en cas d’attaque de missiles, installée hors du territoire russe Principales bases de lancement spatial Séparatisme soutenu par la Russie et dont le territoire accueille une base militaire russe
RUSSIE
St-Pétersbourg
Royaume-Uni
État membre de l’OTSC* État membre de l’OTAN** État disposant de l’arme nucléaire
MerdeSibérie orientale
Osséti e du Sud
Géorgie Arménie
Détroit verrouillé par la Turquie qui peut restreindre l’accès en temps de guerre Cercle polaire Banquise d’hiver
* Organisation du traité de sécurité collective ** Autre membre non représenté sur la carte : Canada Sources : IISS, CIA, Atlas géopolitique de la Russie (Éd. Autrement), Global Security.org, Ria Novosti
sont défaillantes. Les quatre grands commandements stratégiques (Ouest, Sud, Centre, Est), qui sont à la base de l’effort l « d’interarmisation » et de décentralisation, souffrent ll apparemment de la superposition avec les régions militaires, qui l l les alourdit de fonctions administratives et de soutien. l l En outre, l’industrie d’armement, dont l’outil de production l l l est largement vieillissant sinon obsolète,l peineI l visiblement à absorber les fonds substantiels que le gouvernement consaI l ltiraillée cre à la commande de nouvel équipement, et semble l l entre la commande nationale et les marchés l export (5). A. Serdioukov avait défrayé la chronique en voulant acquérir des systèmes et des équipements à l’étranger de manière plus large si les industriels nationaux ne donnaient pas davantage
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Stratégie satisfaction au ministère de la Défense. Il escomptait aussi un effet de stimulation des performances de l’industrie nationale, en exigeant que les contrats d’importation, portant plutôt sur de petites quantités, prévoient des transferts de technologies ou que l’assemblage des équipements soit réalisé au moins partiellement en Russie. Si son successeur, Sergueï Choïgou, nommé fin 2012, reprend cette tendance, confortée par le fait que le président Poutine lui-même soit orienté sur la « préférence nationale », elle n’en est pas moins éloquente quant aux problèmes de l’industrie russe. Les experts s’accordent à juger excessives les ambitions affichées dans le Programme d’armement 2011-2020 (y compris sur le plan financier), et relèvent les blocages du système de R&D, qui semblent boucher durablement les horizons de la performance technologique de l’armée russe.
Une puissance militaire « régionale » sanctuarisée par le nucléaire Une armée plus adaptée aux besoins opérationnels prioritaires Si l’armée russe est probablement dans un état ambivalent, elle dispose désormais d’une capacité plus grande à imposer le rôle de la Russie en cas de crise dans son voisinage. Cela cadre avec les priorités diplomatiques de Vladimir Poutine pour son troisième mandat, qui placent en premier le resserrement des liens avec les États de l’ex-URSS. C’est d’ailleurs la guerre en Géorgie qui a servi de « prétexte » au lancement de la réforme de 2008, qui était apparemment dans les cartons depuis quelque temps (ce conflit de basse intensité avait en effet été l’occasion de constater les nombreuses failles de l’armée russe, qui l’avait emporté surtout par l’effet de masse et la faiblesse relative des forces géorgiennes). La nouvelle force dont la Russie tente de se doter vise clairement à permettre à Moscou de répondre plus efficacement à des conflits locaux dans son immédiat voisinage. La Loi sur la Défense dans sa version amendée de 2009 évoque les circonstances justifiant le recours par la Russie à son armée hors du territoire national, dont la nécessité de protéger les citoyens russes en cas d’attaque armée contre eux. Or, la majorité des citoyens russes à l’étranger vivent dans l’ancienne URSS – un point auquel fait écho l’actuelle situation en Ukraine. Par ailleurs, les forces russes se trouvent au cœur des forces que l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), pièce importante du « projet eurasiatique » de Vladimir Poutine, met progressivement en place. Ces forces sont, elles aussi, tournées sur la gestion de conflits et de crises locaux. Dans ce cadre, « l’expérience géorgienne » de 2008 a certes joué son rôle, mais les risques de déstabilisation de l’Asie centrale en conséquence de la détérioration de la situation en Afghanistan que Moscou – et les républiques centre-asiatiques – anticipent pour l’après-2014 sont également un paramètre majeur. Dans les calculs des responsables russes, le nouveau format de forces en cours d’établissement est d’autant plus pertinent qu’il correspond aussi, en théorie, aux besoins opérationnels envisagés dans la perspective de possibles crises d’envergure sur le territoire même de la Fédération de Russie, en particulier sur le théâtre nord-caucasien. Il est symptomatique que la région militaire sud soit prioritaire dans le processus de réorganisation et de rééquipement des forces.
Le nucléaire, sauvegarde face aux risques militaires majeurs La réforme récente ne fait pas l’unanimité, ce qui tient en partie à l’attitude intransigeante de Serdioukov, peu soucieux de dialoguer avec les militaires, ce sur quoi son successeur S. Choïgou, un proche de V. Poutine, a cherché à revenir (6). Au-delà, pour beaucoup de militaires et de spécialistes, la nouvelle structure de l’armée, son effectif réduit, ne conviennent pas à un pays de la taille de la Russie, surtout compte tenu de la longueur – et de la fragilité – de ses frontières terrestres, sans parler du nombre présumé des risques auxquels il est soumis. À cet égard, les armes nucléaires (stratégiques mais aussi non stratégiques) conservent toute leur importance dans la politique de défense russe. D’ailleurs, le statut de puissance nucléaire de la Russie a été abondamment et opportunément mis en valeur par le Kremlin dans le contexte de la crise ukrainienne. Sur fond de prise de contrôle de la Crimée, la Russie a testé, le 4 mars, un missile intercontinental ; planifié de longue date, le maintien de cet essai dans le contexte d’une crise internationale l’impliquant directement a pris une autre dimension. On peut en dire autant de l’exercice nucléaire tenu quelques jours plus tard, fin mars, sur trois jours, pour travailler une « offensive nucléaire majeure ». Le 8 mai, à la veille de la visite de V. Poutine en Crimée pour les commémorations de la victoire sur l’Allemagne nazie, les forces russes réalisaient de nouveau de façon simultanée des exercices mettant en œuvre les trois com-
Pour aller plus loin Dossier spécial « Russia’s Armed Forces’ •
Transformation: 20 Lost Years », Journal of Slavic Military Studies, vol. 27,
nos 1-3, 2014. Jakob Hedenskog, Carolina Vendil Pallin (dir.), Russian •
Military Capability in a TenYear Perspective – 2013, FOI,
Stockholm, décembre 2013. Alexeï Arbatov, Vladimir Dvorkine, La réforme •
militaire de la Russie : état des lieux et perspectives,
Moscou, Centre Carnegie, 2013 (en russe). « La réforme militaire : vers une nouvelle physionomie de l’armée russe », Moscou, Club international de discussion Valdaï, juillet 2012 (en russe). Vladimir Poutine, « Être forts : les garanties de la sécurité nationale pour la Russie », •
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Rossiïskaïa Gazeta, 20
février 2012 (en russe).
posantes de la triade stratégique. On peut ici rappeler que la doctrine militaire (2010) envisage le recours à l’arme nucléaire dans le cadre d’un conflit régional en cas d’incapacité des forces conventionnelles à faire face et si « l’existence même » de l’État russe est menacée. V. Poutine a déclaré en son temps que les armes nucléaires sont l’unique facteur qui a permis de sauvegarder la souveraineté et l’autonomie de la Russie dans les années de disette budgétaire qu’ont subies ses forces conventionnelles. Aujourd’hui, les forces stratégiques sont jugées essentielles, à l’heure où la Russie demeure dans une situation d’important différentiel capacitaire avec l’OTAN, mais aussi avec la Chine. L’effort consenti ces dernières années au profit des capacités nucléaires – accélération du remplacement des missiles les plus anciens, développement de nouveaux missiles stratégiques sol et mer, d’un nouveau bombardier stratégique… – témoigne de la confiance placée par le Kremlin dans la dissuasion nucléaire, qui sous-tend sa vigoureuse opposition aux plans antimissiles otaniens. C’est peut-être aussi ce « capital nucléaire » qui amènera progressivement la Russie à se résoudre à ramener ses forces armées à un niveau inférieur
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Affaires stratégiques et relations internationales
Photo ci-contre :
Un T-50 russe en vol. Cet avion de chasse polyvalent de cinquième génération, construit par l’entreprise russe Sukhoi, réunit toutes les technologies les plus modernes de l’industrie aéronautique militaire russe. Alors que l’appareil devrait être livré à l’armée russe en 2016 (l’achat de 60 appareils est prévu sur la période 2016-2020), l’ex-commandant des forces aériennes russes Piotr Deïnekine a annoncé en septembre 2013 que la Russie avait entamé la conception d’un chasseur de sixième génération. (© Alex Beltyukov)
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Stratégie Conclusion
Photo ci-dessus :
Bombardier lourd Tu-160 en vol. En 2007, le président Vladimir Poutine a annoncé officiellement la reprise des patrouilles de l’aviation stratégique russe de manière permanente, alors qu’elles étaient suspendues depuis 1992. En 2014, ces patrouilles se poursuivront, y compris en utilisant des aérodromes étrangers non précisés. Incluse dans le programme d’armement d’État pour les années 20162036, la conception du futur bombardier supersonique de nouvelle génération russe pourrait être réalisée en collaboration avec la Chine. (© Gafiulin Gennady)
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au million d’hommes toujours considéré comme l’effectif minimal souhaitable pour l’armée russe, voire à abandonner la conscription (ce qui semble cependant délicat, tant du point de vue de la tradition militaire nationale que de celui des intérêts de bien des officiers qui, dans l’armée russe, « se nourrissent » de la conscription). Vers des ambitions plus globales ? L’armée russe se montre relativement peu active dans le « grand monde », notamment dans les opérations de paix de l’ONU. Néanmoins, la Russie n’exclut pas des ambitions plus larges à moyen terme. Depuis le milieu des années deux mille, V. Poutine a d’ailleurs cherché à renforcer la visibilité de son armée sur la scène internationale, même s’il le fait encore largement « à l’économie ». C’est dans cette perspective que s’inscrivent la reprise des patrouilles de bombardiers stratégiques en 2007, ou le retour de la marine russe en Méditerranée et dans d’autres parties de ce que les Russes appellent « l’océan mondial » (mer des Caraïbes, océan Indien…). Pour l’heure, en cohérence avec ses priorités de sécurité et diplomatiques, Moscou concentre sa présence militaire à l’étranger dans l’espace ex-soviétique – il l’a d’ailleurs renforcée récemment dans plusieurs États. Cet état de choses ne devrait pas évoluer sensiblement dans l’avenir proche, la Russie n’ayant ni l’intention, ni, certainement, les moyens de se doter de bases loin de ses frontières. Néanmoins, Sergueï Choïgou a annoncé récemment le souhait de son pays d’étendre sa présence militaire permanente à l’étranger et révélé que son ministère était en négociation avec les Seychelles, Singapour, le Nicaragua, le Vénézuéla, le Vietnam, l’Algérie, Chypre et Cuba pour des accords lui permettant d’élargir la couverture de ses bombardiers et de sa marine (7). L’acquisition des BPC Mistral s’inscrit aussi, théoriquement, dans le souci de Moscou de projeter la puissance militaire russe loin des frontières nationales, notamment dans le cadre de la gestion des crises et d’autres problèmes de sécurité internationaux.
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Juin - Juillet 2014
Alors que, face à la situation en Ukraine, le monde s’interroge sur le renouvellement des capacités militaires d’une Russie qui, vu d’Occident, ne semble pas douter de sa puissance, le vice-amiral Frank C. Pandolfe, Joint Staff’s director for strategic plans and policy , formule un diagnostic assez juste sur l’état de l’armée russe en 2014, après cinq ans d’une réforme que le changement d’équipe à la tête du ministère de la Défense n’a pas fondamentalement remise en question. Les forces conventionnelles, comprenant à la fois des unités d’élite bien entraînées et équipées et des formations au niveau opérationnel bien moins satisfaisant, composent une « puissance régionale », tandis que leur capacité de projection à un niveau global est limitée (8), ce que compense toutefois, au moins au niveau politique, l’imposant arsenal nucléaire auquel le gouvernement russe apporte tous ses soins. Dépasser cet état mitigé prendra du temps, compte tenu des lourds problèmes qui obèrent à la fois l’effort pour améliorer la qualité des personnels et la modernisation de l’équipement des forces, et ce malgré l’effort budgétaire important consenti au profit de la Défense. De fait, le chantier est immense, les priorités nombreuses, et les distorsions liées aux années de crise aiguë de l’appareil militaire (19922003) profondes ; sans parler du conservatisme prégnant au sein de la haute hiérarchie militaire, que le président Poutine ne semble pas vouloir bousculer à l’excès. En outre, si la détermination de ce dernier à redorer le blason militaire de la Russie est évidente, le ralentissement de l’économie, que pourraient aggraver les effets de la crise en Ukraine, pourrait peser sur la dynamique de changement au sein des forces comme de l’industrie de défense. Dans ce contexte, on peut supposer que paradoxalement, le Kremlin aura tendance à surjouer la carte de la puissance militaire, puisqu’il aura pu constater, sur l’Ukraine, que ce n’est pas sans effet sur des pays européens largement moins enclins à miser sur l’intimidation et la démonstration de force... Isabelle Facon Notes
(1) Laure Mandeville, L’armée russe : la puissance en haillons , Paris, Éditions
no 1, 1994.
(2) Le 1er mars 2014, le président Poutine lançait au Conseil de la Fédération
un appel au recours aux forces armées sur le territoire de l’Ukraine tant que la situation ne s’y serait pas stabilisée. Différents exercices ont eu lieu dans la partie occidentale de la Russie, qui a déployé des troupes à proximité de la frontière ukrainienne.
(3) Alekseï Arbatov, « Beskonetchnaïa dilemma : prizyv – kontrakt » [Un di-
lemme sans fin : conscription – engagement sur contrat], Nezavisimoe Voennoe Obozrenie, 5 avril 2013. (4) Ibid . (5) Depuis plusieurs années, la Russie arrive deuxième derrière les États-Unis
dans le classement international des exportateurs d’armement.
(6) Il a tenté de rétablir le dialogue avec les détracteurs les plus « vocaux »
de la réforme parmi les militaires de haut rang. Bien qu’il ne soit pas militaire de carrière, il a rang de général, ce qui porte sa crédibilité auprès de la haute hiérarchie militaire. (7) RIA Novosti , 26 février 2014. (8) Voir « Joint Staff Official Discusses Russian Military Evolution », American
Forces Press Service, 8 avril 2014.
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L’ÉTAT DES CONFLITS 2012
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ATLAS GÉOSTRATÉGIQUE 2012
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GÉOPOLITIQUE DE L’ASIE DU SUD-EST
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o 02 - Géopolitique de l’information
o 05 - Géopolitique de la Russie
o 06 - Atlas géostratégique 2012
o CD 03 - Géopolitique des États-Unis o 04 - Géopolitique du Vatican Grands Dossiers no 17
GÉOPOLITIQUE DU NUCLÉAIRE
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GÉOPOLITIQUE DE L’IRAK
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o 07 - L’état des conits 2012
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o 14 - Géopolitique de l’Inde
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o 18 - Atlas géostratégique 2014
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